5 – Sagesse des fables
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5 – Sagesse des fables
5 – Sagesse des fables didactique des fables est analysé (texte 2) puis l’art du fabuliste dans la conduite du récit (texte 3) et le caractère allégorique de la fable (texte 4). Il s’agit de comprendre que les caractéristiques des animaux représentés servent de truchement pour évoquer les hommes et leurs travers. Problématique Des textes amusants pour réfléchir ? Au programme… • Initiation à la poésie Fables, de Jean de La Fontaine (Livres I à VI). > Le corpus Les fables du corpus sont assez courtes pour faciliter la compréhension et la lecture par des élèves de sixième. Présentation de la séquence La séquence a pour objectif de définir les principales caractéristiques des fables à partir d’un corpus de fables de Jean de La Fontaine. Cette séquence constitue une charnière entre plusieurs séquences du manuel : les Fables sont liées à la séquence 6, dédiée à l’initiation à la poésie, par leur forme versifiée et leur aspect allégorique ; elles sont aussi liées aux séquences 1 et 4 dédiées aux contes, les contes et les fables étant tous deux des apologues. La séquence 5 a pour objectif de montrer la fonction narrative des fables, illustrées par des récits courts et efficaces, et leur fonction didactique, souvent exprimée dans une morale explicite. > Pour adapter la séquence Le professeur trouvera trois textes complémentaires : les textes complémentaires n° 1 et n° 3 s’adressent aux bons lecteurs. Avec des élèves d’un bon niveau, le texte complémentaire n° 1 permet d’approfondir les objectifs des textes 2, 3 et 4. Il s’agit d’une fable qui présente des hommes et non plus des animaux. Le texte complémentaire n° 2 est d’un accès facile car il est très court et simple. Avec une classe plus faible, le texte n° 1 permet de répondre aussi aux objectifs 2, 3 et 4. > La progression Elle commence par souligner l’origine ancienne du genre (textes 1A, 1B et 1C) : les élèves sont invités à comparer les textes antiques d’Ésope et de Phèdre, avec une fable du XVIIe siècle pour apprécier la part d’imitation et de création personnelle chez La Fontaine. Pour souligner le lien étroit entre la leçon donnée et le récit qui sert d’exemple, l’aspect Bibliographie Jean de La Fontaine, Fables, Presses Pocket. A. Brian, J. Knappert, J. Muri, Contes et fables d’Afrique, Castor Poche Flammarion. M. Piquemal, P. Lagaudière, Les Philo-fables, Albin Michel. Sagesses et malices de M’Bolo, le lièvre d’Afrique, Ebokéa et Tjoyas Alexios, Albin Michel. Objectifs et ressources pédagogiques Objectifs Dans la séquence 5 Progression proposée Autres ressources Dans les autres séquences – Texte bilan p.118 – « Toujours d’actualité » p. 119 – « Enquêt’art » p.120 – « S’exercer pour l’oral » p. 124 Séquence 10 Origine d’une pièce : texte 5 (Plaute, La Marmite), texte 3 (L’Avare). Séquence 7 « S’exercer pour l’écrit » : 1 texte grec et 3 traductions – Texte d’évaluation p. 126 – « Toujours d’actualité » p. 119 – Textes complémentaires n° 1 et 2 Séquence 1 Textes 4A et 4B Séquence 2 Texte 4 Séquence 3 Texte 1 Séquence 4 Objectif 4 3 Comprendre le rôle Texte p. 114 du récit dans la fable Image p. 115 – « S’exercer pour l’écrit » p. 125 Séquence 1 Texte 2 Séquence 3 Texte 2 Séquence 4 Objectif 1 4 Étudier le caractère Texte p. 116 symbolique des personnages Image p. 117 – Texte p. 112 – Texte p. 114 – Texte bilan p. 118 – Texte complémentaire n° 1 Séquence 1 Texte 1 Séquence 7 Texte 4 Séquence 8 Texte 2 Séquence 10 Texte 3 1 Connaître les origines d’une fable Texte p. 110 Image p. 111 2 Identifier la leçon de la fable Texte p. 112 Image p. 113 5 – Sagesse des fables 70 Étude de la langue dans la séquence 5 Grammaire Les classes de mots Les déterminants articles (> fiche 3) Texte 1 Texte complémentaire n° 1 Les déterminants possessifs (> fiche 4) Texte 2 Texte 4 L’adjectif qualificatif (> fiche 8) Texte 2 Texte complémentaire n° 1 « S’exercer pour l’écrit » Les fonctions Le sujet (> fiche 9) Texte 4 Texte 2 Le GN complément circonstanciel de temps et de lieu (> fiche 14) « S’exercer pour l’écrit » Texte d’évaluation La phrase Phrase simple ou complexe (> fiche 15) Texte 3 Types de phrases (> fiche 16) Évaluation (autodictée) Le verbe Le présent de l’indicatif (> fiche 20) Texte 2 Texte d’évaluation Texte complémentaire n° 1 L’imparfait de l’indicatif (> fiche 21) Texte 3 Le passé simple (> fiche 22) Texte 1 Texte 2 Texte 3 Texte complémentaire n° 1 Texte d’évaluation Le futur simple (> fiche 23) Texte 4 Le présent de l’impératif (> fiche 27) Texte 2 Texte complémentaire n° 1 Les temps du récit (> fiche 29) Texte 3 Orthographe Élisions et lettres de liaisons (> fiche 33) Texte 4 Les voyelles nasales (> fiche 38) Texte 3 Pluriels en -aux, -oux, -eux (> fiche 39) Texte 2 Vocabulaire Les origines de la langue française (> fiche 40) Texte 1 Texte complémentaire n° 1 La formation des mots (> fiche 41) Texte 2 Texte d’évaluation Les homonymes (> fiche 42) Texte 1 Synonymes, antonymes (> fiche 43) « S’entraîner pour l’oral » Texte d’évaluation Les niveaux de langue (> fiche 47) Texte 3 Les reprises lexicales (> fiche 46) Texte complémentaire n° 1 71 p. 106-107 • Lecture d’image d’ouverture Arthur Rackham – Le Lièvre et la Tortue, 1912. Regardez bien – Les personnages sont stylisés mais ils conservent des têtes d’animaux qui permettent d’identifier une tortue, un lièvre avec ses grandes oreilles, un rat, un renard, probablement une belette et deux hérons aux longs becs. On distingue aussi la queue du rat et celle du renard, les pattes postérieures du lièvre, du rat, et des hérons. Regardez mieux – Bien qu’on reconnaisse des animaux, les personnages ont des caractères humains : le rat, le lièvre, la belette et les hérons ont des mains d’homme, avec cinq doigts ; à part la tortue, ils sont vêtus comme des hommes : le rat, le lièvre, le renard et un des hérons portent une veste, la belette a une robe et le deuxième héron un fichu à franges. Ils portent aussi certains accessoires : l’écharpe du rat, les gants du lièvre, le plateau avec une cruche et un verre de la belette, le parapluie ou la pipe des hérons. Leurs visages, leurs gestes ou leur position renvoient au monde des humains : ils sont presque tous debout sur deux pattes, le renard croise ses pattes sur sa poitrine à la manière d’un homme, les deux hérons semblent se parler tout comme le lapin et le rat. La tortue est la seule à ne pas porter d’habits, mais son expression n’est pas celle d’un animal : elle paraît sourire et communiquer avec le rat. Pour finir, ces animaux sont devant une maison qui est un habitat humain. CORRIGÉS [PARCOURS TEXTES ET IMAGES] p. 110 • OBJECTIF 1 – CONNAÎTRE LES ORIGINES DE LA FABLE P. 111 – LIRE LES TEXTES Un texte ancien 1 L’auteur de la première version de la fable est Ésope, qui a vécu au VIe siècle avant J.-C. 2 La Fontaine mentionne Ésope au vers 5 : « Au chien dont parle Ésope il faut les renvoyer ». 3 Ésope a écrit ses fables en grec, Phèdre en latin, La Fontaine en français. Un texte repris et transformé 4 La fable d’Ésope est une traduction écrite en prose, la fable de Phèdre est rédigée en vers, ainsi que celle de La Fontaine. 5 [Texte A] – déterminants possessifs : l. 2 son (ombre) ; l. 6 son (compère) ; l. 7 ses (prises) ; – pronom possessif : l. 5 le sien. [Texte C] – déterminant possessif : [v. 6] : sa (proie). Le chien possède « un morceau de viande » nommément précisé dans les textes A et B : « un chien tenant un morceau de viande » (Texte A, l. 1), « un chien qui, dans un fleuve, portait de la viande » (Texte B, v. 3) et désignée par le mot « proie » [v. 6] dans la fable de La Fontaine. 6 Verbes conjugués au passé simple : [Texte A] : « (il) crut » [l. l. 2] ; « (il) s’élança » [l. 5] ; « (le résultat) fut » ; « (il n’) eut » [l. 6]. [Texte B] : « aperçut » [v. 4]; « (il) crut » [v. 5] ; « voulut » [v. 6] ; « (il) perdit » [v. 7] ; « (il ne ) put » [v. 8]. [Texte C] : « quitta … pensa » [v. 7]; « devint » [v. 8] ; « regagna » [v. 9] ; « eut » [v. 10]. Les trois textes racontent le même récit : un chien tenait un morceau de viande ; dans le reflet de l’eau où il s’aperçut, il s’imagina que le morceau que possédait « l’autre chien » était plus gros ; voulant l’attraper, il lâcha son morceau qui, lui, était bien réel. Avec un tableau, la comparaison sera mise en évidence : 5 – Sagesse des fables 72 Texte A Un chien tenant un morceau de viande traversait une rivière. Texte B Texte C Un chien qui, dans un fleuve, Au chien dont parle Ésope il [ portait de la viande, [ faut les renvoyer. Ayant aperçu son ombre dans l’eau, Dans le miroir des eaux aperçut Ce chien voyant sa proie en [ son reflet : [ l’eau représentée, il crut que c’était un autre chien qui Il crut qu’un autre chien portait [ une autre viande, tenait un morceau de viande plus gros. Aussi, lâchant le sien, il s’élança pour enlever celui de son compère. Il voulut la lui prendre : avide, il La quitta pour l’image et pensa [ se trompait, [ se noyer ; Mais le résultat fut qu’il n’eut ni l’un ni l’autre, Car il perdit ce que, dans sa Et n’eut ni l’ombre ni le corps. [ gueule, il tenait, 7 La morale, chez Ésope, se trouve à la fin : « Cette fable s’applique au convoiteux » [l. 10] ; chez Phèdre et La Fontaine, elle se trouve au début : « Celui qui veut avoir ce qui est à autrui / Finit par perdre aussi le bien qui est à lui. » (Texte B, v. 1 et 2) ; « Chacun se trompe ici-bas. / On voit courir après l’ombre / Tant de fous, qu’on n’en sait pas / La plupart du temps le nombre. » (Texte C, v. 1 à 4). Dans les trois fables, la morale est explicite. 8 La morale est identique : à force de désirer de manière irréfléchie quelque chose de plus gros ou de plus important que ce qu’on possède, victime d’un gain illusoire, on risque de tout perdre. Orthographe (> fiche 42) 9 Dans le texte C, les deux homophones sont : « tant » (adverbe d’intensité) [v. 3] et « temps » (nom commun) [v. 4]. 10 Sont également homophones les 1re, 2e et 3e personnes du singulier du verbe tendre : (je / tu) tends ; (il / elle) tend ; l’impératif présent de la 2e personne du singulier : tends ! Vocabulaire (> fiche 40) 11 – Canis a donné : l’adjectif canin, les noms un caniche, un canidé, une canine. – Fluvium (le fleuve) a donné l’adjectif fluvial. – Carnem a donné les adjectifs carnivore et carné – le verbe incarner (= donner chair donc donner vie) – les noms une incarnation, une carnassière. LIRE L’IMAGE – Le titre de l’aquarelle, « Le chien qui lâche sa proie pour l’ombre » reprend le titre de la fable de La Fontaine et montre qu’il s’agit d’illustrer cette fable. Mais Folon n’a évoqué ni le morceau de viande, ni l’eau dans laquelle le chien a vu son reflet. S’appuyant sur une partie du titre, l’artiste choisit de mettre en valeur le contraste entre le chien qui est figuré en bas à gauche et son ombre, figurée en haut à droite : le chien de petite taille est effrayé par un autre chien, mais qui est énorme, et dont les mâchoires semblent menaçantes. Folon illustre un aspect de la fable, qui met en garde contre le fait qu’on est facilement trompé par des illusions. L’ombre redoutable indique que l’imagination grossit et déforme la réalité. Le petit chien est la proie de sa terreur. L’artiste a réinterprété la fable à sa manière. – Les techniques employées sont différentes puisqu’il s’agit d’une gravure et d’une aquarelle. Mais dans les deux cas, la composition est soulignée par une économie de couleurs : du noir et blanc pour la gravure, un contraste de noir bleuté et de rouge orangé pour Folon. La gravure p. 110 représente le chien des trois fables au premier plan, dans un décor champêtre ; il tient la viande dans sa gueule, se penche vers l’eau et voit son reflet. La gravure est fidèle au récit des textes : le chien est sur le point de perdre sa proie. La présence des maisons à l’arrière-plan rappelle que ce chien est une allégorie d’un défaut humain. L’aquarelle met en scène deux chiens face à face ; ils sont semblables mais de tailles différentes. Séparés par une ligne horizontale, ils sont reliés par des lignes obliques signifiant que l’un est l’ombre de l’autre. Folon montre les sentiments de peur et d’impuissance plus que les événements de cette courte fable. La gravure est narrative et met l’accent sur le récit, l’aquarelle de Folon est suggestive et met l’accent sur la leçon en s’adressant à l’émotion du spectateur. 73 p. 112 et 113 • OBJECTIF 2 – IDENTIFIER LA LEÇON DE LA FABLE Ce texte est proposé en version audio sur le CD (piste 10). Son étude peut être précédée ou suivie par l’écoute en classe. L’élève peut aussi l’écouter seul à la maison. P. 113 – LIRE LE TEXTE Des personnages opposés 1 « Le Roi des animaux » [v. 7] est une expression qui désigne le lion du fait de son allure majestueuse, de sa crinière qui est comme sa couronne, de la crainte qu’ont de lui les animaux de la savane. Cette manière de s’exprimer est appelée une « périphrase ». 2 Le lion beau – grand – puissant – majestueux Le rat sale – petit – faible – laid 3 Les mots « roi » et « rat ». sont des paronymes : ils commencent tous deux par le son [R] et se finissent par le son [a]. Ils sont tous deux monosyllabiques. Cette ressemblance phonétique contraste avec les différences physiques des animaux qu’ils désignent et annonce la morale. 4 [v. 15] Le rat est désigné par le mot « Sire » ; malgré son apparence insignifiante, le rat a pu sauver « le Roi des animaux » ; par son acte digne d’un héros, il a gagné une sorte de noblesse. Les mots « sire » et « monsieur » étaient alors réservés aux nobles. 5 Le lion représente ceux qui sont sûrs d’eux à cause de leur apparence prestigieuse, de leur pouvoir, de leur taille, de leur richesse ou de leur beauté. Dans des circonstances imprévues et désastreuses, leur « supériorité » n’a plus guère d’effet. Le rat représente ceux qui, à l’inverse, sont peu considérés ou mal jugés à cause d’un défaut physique, d’un manque d’assurance ; en cas de grave danger, ils peuvent avoir la présence d’esprit ou la force de caractère nécessaires pour sortir de ce mauvais pas, peut-être parce que, du fait de leur faiblesse réelle ou supposée ou de leur absence de prestige, ils ont appris à combattre leurs difficultés au jour le jour. La leçon 6 [v. 3 et 4] Le groupe verbal « feront foi » a pour sujet « deux fables ». Le verbe « abonde » a pour sujet « la chose ». Le verbe « abonde » indique que le fabuliste va exposer quelque chose qui a été expérimenté par beaucoup de gens et l’expression « feront foi » qu’il va prouver le rôle important de ceux qui sont habituellement considérés comme petits ou insignifiants. 7 Les deux leçons du texte sont « On a souvent besoin d’un plus petit que soi » et « Patience et longueur de temps / Font plus que force ni que rage » : – « On a souvent besoin d’un plus petit que soi » : ce vers veut dire que la puissance a ses limites. Le puissant connaît des moments de grande fragilité, des dangers mortels ; le faible peut se monter utile et même indispensable : dans ces moments-là, grâce à son ingéniosité, il sauve la personne en danger ou même la société. – « Patience et longueur de temps / Font plus que force ni que rage. » : pour remédier à une situation très difficile ou très délicate, l’acharnement rageur fait perdre ses moyens, car on ne voit pas clairement ce qui convient, on s’aveugle ; la patience en revanche permet de bien considérer les choses et de trouver ingénieusement la ou les solution(s). Les deux leçons se trouvent dans la morale au vers 2, au début du texte, puis aux vers 17 et 18, à la fin du texte. 8 Le verbe « font » du dernier vers est au présent de l’indicatif ; c’est un présent de vérité générale, car c’est un fait valable à toutes les époques. 9 Les leçons de la fable s’adressent aux êtres humains en général, aux puissants en particulier car ces derniers ont tendance à se croire invincibles, à l’abri de tous les dangers et ils en arrivent à être égoïstes. La Fontaine les met en garde contre cette sorte d’aveuglement individualiste par cette fable, et en particulier dans le vers 9 : « Ce bienfait ne fut pas perdu. » 5 – Sagesse des fables 74 Orthographe (> fiche 39) 10 Le singulier du mot « animaux » est « animal ». Exemple : son animal préféré est la panthère. Singulier de « des chevaux » ➝ un cheval – « des taureaux » ➝ « un taureau » – « des agneaux » ➝ un agneau. Vocabulaire (> fiche 41) 11 Adjectif dérivé du nom « roi » : « royal ». Noms dérivés du nom « roi » : « royauté » – « royaume ». La lettre du radical qui subit une modification est la voyelle i qui est devenue y. LIRE L’IMAGE – La composition met en valeur le roi des animaux, représenté de face et immobile alors que le rat est vu de dos et en mouvement. Le lion, par sa masse imposante, prend toute la largeur de l’image ; on voit immédiatement sa face grave et majestueuse dont on remarque les détails : crinière, museau, yeux ; il est en position stable, assurée, dominante. Le rat, bien qu’il soit au premier plan, ne se voit pas tout de suite, car on ne distingue que sa silhouette noire, minuscule par rapport au lion ; il lève la tête pour regarder craintivement et avec étonnement le prédateur. Le lion semble à peine s’apercevoir de la présence insignifiante du rat : il regarde ailleurs ; il laisse nonchalamment repliées ses redoutables pattes ; il suffirait de peu pour que ses griffes se saisissent de la faible proie. – Gustave Doré a illustré la première partie de la fable, au moment où le lion laisse la vie au rat. Il choisit de souligner la qualité de ce lion, que sa magnanimité rend majestueux. p. 114 • OBJECTIF 3 – COMPRENDRE LE RÔLE DU RÉCIT DANS LA FABLE P. 115 – LIRE LES TEXTES Le schéma narratif 1 Dans le texte A, [v. 1 à 9] : il s’agit du récit. Dans le texte B, [v. 1 à 6] : il s’agit du récit. 2 Dans le texte A comme dans le texte B, ce qui caractérise le récit par rapport à la morale est qu’il comporte une situation initiale présentant les personnages et des péripéties racontées au passé, qui se terminent fort mal pour les personnages (voir la séquence 1, Texte 2, p. 21). Le récit dans le texte A se déroule en deux phrases (phrase 1 : vers 1 à 4 ; phrase 2 : vers 5 à 9) Le récit dans le texte B se déroule en trois phrases (phrase 1 : vers 1 et 2 ; phrase 2 : vers 3 et 4 ; phrase 3 : vers 5 et 6). 3 [Texte A] Situation initiale Un paon muait ; un geai se servit de ses plumes pour s’en parer. Situation finale Le geai prétentieux fut mis à la porte par ses pareils. [Texte B] Situation initiale « Un bonhomme en sucre et un bonhomme en plomb Se battaient sur un pont. » [v. 1 et 2] Situation finale « L’un fondit, l’autre coula. » [v. 6] 4 [Texte B] « se battaient » [v. 2] : verbe à l’imparfait de l’indicatif. Ce temps du récit au passé a une valeur durative car il exprime un fait passé qui dure, en train de s’accomplir dans le passé. « tombèrent » [v. 3] : verbe au passé simple de l’indicatif. Il s’agit d’un temps du récit au passé : dans le récit un événement soudain, mis au premier plan, est exprimé au passé simple. Dans un récit au passé, les verbes de la situation initiale, souvent descriptifs et ayant une valeur durative, sont généralement à l’imparfait ; les verbes qui expriment des actions de premier plan et / ou un événement ponctuel et soudain sont au passé simple. 75 Les personnages 5 Personnages principaux Personnages secondaires Texte A – un geai – des geais – des paons Texte B – un bonhomme en sucre – un bonhomme en plomb aucun 6 [Textes A et B] Quand les personnages sont peu nombreux, les situations sont plus simples et elles ont plus de force de démonstration : le lecteur comprend mieux la leçon donnée. Dans la fable de La Fontaine, la prétention du geai engendre son exclusion. Dans le poème de Pierre Gamarra, les deux combattants meurent. 7 [Textes A et B] Un geai est moins grand, moins beau qu’un paon : ils s’opposent par la taille et par la beauté. Le plomb et le sucre sont deux matières opposées : le plomb est gris foncé, solide et très lourd ; le sucre est blanc, fragile et léger. Ces oppositions, immédiatement compréhensibles, mettent le doigt sur ceux qui s’attachent aux différences : dans la fable de La Fontaine, le geai prétentieux veut se mettre au-dessus de ses congénères et en est exclu ; dans la fable de Pierre Gamarra, les deux combattants opposés l’un à l’autre par leur physique sont victimes de leurs faiblesses respectives (la lourdeur du plomb, la fragilité du sucre). Orthographe (> fiche 38) 8 Dans le texte A, on peut trouver trois graphies différentes du son [ɑ̃] : – aon ➝ « un paon » [v. 1] – en ➝ « souvent » [v. 11] – « je m’en tais » [v. 13] – « ennui » [v. 13] – an ➝ « croyant » [v. 4] – « s’étant réfugié » [v. 8] – « étrange » [v. 7] Vocabulaire (> fiche 47) 9 Niveau familier – se payer la tête – se ficher – mettre en boîte Niveau courant Niveau soutenu – ridiculiser – se moquer – persifler – railler LIRE L’IMAGE – On identifie la fable représentée par la présence dans les deux illustrations d’un geai et des plumes de paon. Dans l’illustration de gauche, le personnage a une tête de geai et on remarque les plumes de paon dans son dos. Dans la publicité de droite, on distingue deux cadres : dans le plus grand se trouve le texte de la fable, dans le plus petit se trouve un geai portant des plumes de paon. – À gauche, le geai est représenté debout, vêtu comme un homme avec un chapeau, une redingote, un gilet avec cravate ; le bout de ses ailes ressemble à des gants ; il tient une canne dans son aile gauche et il fume. Les autres oiseaux sont également habillés comme des humains, portent des chapeaux et seules leurs têtes avec un bec permettent d’identifier que ce sont des oiseaux. Dans la publicité, ce sont des hommes qui sont représentés. Mais la transposition est indiquée par le médaillon comportant un geai avec des plumes de paon. La présence simultanée du texte de La Fontaine, du médaillon et de la scène avec les humains donne les clés de lecture : La Fontaine met en scène un geai, mais il s’agit de donner une leçon aux hommes. – Les deux compositions soulignent la leçon en mettant en valeur le personnage principal, ridicule et vaniteux. L’illustration de gauche souligne la prétention du geai par sa position cambrée et son affectation : il a un sourire satisfait, sa main posée sur son ventre rebondi. Il est mis en évidence par sa place centrale et sa haute taille. Autour de lui, ses congénères se moquent de lui. La publicité de droite, présente un personnage dans un salon cossu, en costume de soirée, qui parade avec une mine composée soigneusement. Le groupe à l’arrière-plan et le personnage assis à droite se moquent de lui. 5 – Sagesse des fables 76 Dans les deux illustrations, les personnages du premier plan sont dans une position similaire, droits, cambrés, une main sur leur ventre, un air affecté et satisfait ; les autres personnages présents les raillent et soulignent ainsi leur vanité et leur ridicule : les oiseaux autour du geai dans l’illustration de gauche, les autres personnes présentes à l’arrière-plan sur la publicité. p. 116 • OBJECTIF 4 – ÉTUDIER LE CARACTÈRE SYMBOLIQUE DES PERSONNAGES P. 117 – LIRE LE TEXTE Des animaux humanisés 1 Les mots qui s’appliquent d’habitude aux êtres humains sont « sœur » [v. 1] – « seigneur » [v. 2]. 2 On trouve des guillemets au vers 8, puis au vers 11. Les guillemets sont ouverts et refermés au vers 18, dernier vers de la fable. Dans les deux cas, les guillemets indiquent qu’un des personnages prend la parole : il s’agit du lion. 3 Déterminant démonstratif : « ce (droit) » [v. 15]. Pronom démonstratif : « C’est que… » [v. 12] ; « cela » [v. 13] ; « c’est le droit… » [v. 15]. Ces répétitions de démonstratifs insistent sur le droit que s’arroge le Lion ; le roi des animaux s’exprime sur un ton catégorique. 4 [V. 14 et 15] Le mot « droit » est répété trois fois car le lion prévient toutes les contestations ; en évoquant le « droit », il veut persuader son auditoire qu’il a raison et que sa manière d’agir est justifiée. 5 La première raison du lion pour prendre les quatre parts est sa position : le roi doit avoir plus que les autres animaux qui sont ses vassaux. La deuxième raison est un droit qu’il décrète : celui du plus fort. La troisième est son mérite personnel : la vaillance. La quatrième n’est pas une véritable raison mais une menace ; cette menace confirme la deuxième raison, celle du plus fort. Des animaux symboliques 6 La génisse, la chèvre et la brebis sont trois animaux herbivores, face au lion qui est un animal carnivore. Ce sont toutes les trois des femelles, face au lion qui est un mâle. Ce sont trois animaux inoffensifs voire peureux face à un animal puissant et féroce. Elles seront toutes les trois victimes du lion et privées de leur part. 7 Le lion représente le souverain absolu comme l’indique l’expression du vers 2 « seigneur du voisinage » ; la chèvre, la génisse et la brebis sont ici des « sœurs » et représentent les sujets du roi. Ces quatre animaux permettent de souligner la faiblesse et l’impuissance des sujets face à un roi puissant et injuste, qui règne par la force. 8 Le verbe « étranglerai » [v. 18] est au futur simple de l’indicatif. Ce mode et ce temps rendent la menace plus effrayante car elle se réalisera avec certitude en cas de contestation. Ce futur de l’indicatif n’admet pas de réplique. 9 Le lion représente la force et la cruauté des puissants ; à l’opposé, les trois autres animaux représentent ceux qui sont victimes, exploités, terrorisés ; par exemple les sujets d’un roi, les membres d’un groupe victimes d’un chef abusif, les ouvriers sous les ordres d’un PDG injuste. La génisse, la chèvre et la brebis sont toutes les trois faibles, naïves et imprudentes d’avoir fait alliance avec un animal plus puissant qu’elles. Orthographe (> fiches 9 et 33) 10 « dit-on » [v. 3] – « dit-il » [v. 11] Entre le verbe et le sujet inversé pronom personnel, il faut mettre un tiret ; dans les deux cas cités, il faut faire la liaison. Vocabulaire (> fiche 41) 11 Le verbe « choir » signifie « tomber » ; il a donné le nom « chute ». L’expression « le cas échéant » signifie « si le cas se présente, à l’occasion » (Petit Larousse, 1990). Expression écrite Pour la rédaction d’un paragraphe où l’élève devra expliquer la signification de cette fable puis rédiger la morale en utilisant le présent de vérité générale, on peut donner l’exemple suivant : 77 Si, dans un groupe ou une association, un des participants cherche à dominer les autres par la force ou la contrainte, et si ces autres personnes se laissent impressionner, il n’y aura plus aucun partage, ni aucun respect, ni aucun dialogue véritable. Il est imprudent de s’associer à une personne dominatrice, égoïste et de mauvaise foi ; ce type de personne trouve toujours un bon prétexte pour priver l’autre de ses droits. LIRE L’IMAGE – Sur la gravure on reconnaît la chèvre de dos, avec ses cornes et sa barbichette, le lion de face, griffes sorties, la génisse au pelage sombre et la brebis blanche. Sur la pierre, au centre, se trouve le cerf capturé par les autres animaux. – Les animaux sont humanisés par leur position debout sur deux pattes, alors que ce sont des quadrupèdes. Le lion, la génisse et la brebis ont une expression qui leur donne un visage quasi humain : le lion avec ses yeux sévères, la génisse et la brebis qui semblent se parler, tout en esquissant un sourire amical. Chacun a un accessoire qui est utilisé habituellement par l’homme : la chèvre s’appuie sur une canne et porte une carnassière dont on voit la bandoulière de cuir ; le corps du lion est aussi traversé par une large bandoulière ; la génisse tient un cor de chasse ; la brebis porte une gourde en bandoulière. – La toute-puissance du lion est signalée par sa taille très haute et la large place qu’il tient dans l’image. Il se tient très droit, et ses deux pattes sont posées sur le cerf de manière menaçante, toutes griffes dehors. Sa puissance et sa force contrastent avec la faiblesse des autres animaux : la chèvre, la génisse et la brebis sont plus petites, un peu voûtées et leurs sabots sont inoffensifs face aux pattes griffues du lion. Comparaison avec l’image p. 123 : les deux compositions placent les animaux en cercle autour du cerf allongé, prisonnier des pattes du lion ou du tigre. Mais si Grandville donne aux animaux une posture et une expressions humaines, Christoffersen en revanche conserve le caractère animal des personnages. Seul, le tigre est debout. Grandville travaille les détails des corps, des expressions et des accessoires, alors que Christoffersen préfère présenter des silhouettes et s’appuyer sur la symbolique des couleurs et les contrastes. p. 118 • CONSTRUIRE LE BILAN SUR LA FABLE 1 La Fontaine s’est inspiré d’une fable latine ; il est mentionné à la fin : « d’après une fable intitulée De Asino tubicine et Lepore tabellari, “L’Âne trompette et le Lapin messager” ». La phrase écrite en vert foncé est écrite en latin. 2 Le temps des verbes de la morale est le présent de l’indicatif à valeur de vérité générale, car c’est un fait valable à toutes les époques : « sait » – « connaît » – « est ». Cette généralité est également marquée par l’emploi de l’article défini à valeur généralisante et le sujet indéfini « il » au v. 20. 3 Les temps du récit sont l’imparfait et le passé simple. Le dialogue est encadré par des guillemets (v. 10 et v. 16). Le changement de locuteur est marqué par un tiret (v. 13). 4 Le renard représente la ruse : il devait « ménager de secrètes pratiques » [v. 9], l’ours la force (pour les « assauts » v. 8). p. 119 • TOUJOURS D’ACTUALITÉ – SUR LE MODÈLE DE LA FONTAINE… 1 Comparaison de la fable de La Fontaine avec la réécriture de Queneau. Les ressemblances – la situation et les personnages : deux personnages sont mis en scène (La Cigale et la Fourmi ; la Cimaise et la Fraction) dans des situations semblables ; – la construction du récit suit la même organisation ; – la syntaxe et les types de phrases sont semblables, par exemple : « La Fourmi n’est pas prêteuse / C’est là son moindre défaut « [v. 15 et 16] – « La fraction n’est pas prévisible / C’est là son moléculaire défi » [v. 12 et 13] ; – des mots sont repris : « elle alla crier » [v. 7] – « elle alla crocher » [v. 4] – les mots invariables restent inchangés ; – les classes grammaticales des mots ne changent pas : un nom remplace un nom, un verbe un autre verbe, un adjectif un autre adjectif : « prêteuse » (adjectif qualificatif) > « prévisible » (adjectif qualificatif). – des formes verbales similaires : « ayant chanté » [v. 11] – « ayant chaponné » [v. 1]. 5 – Sagesse des fables 78 Les différences Les noms, les verbes et les adjectifs sont remplacés par d’autres noms, verbes ou adjectifs en utilisant la méthode S+7 : la cigale > la cimaise ; la fourmi > la fraction ; chanté > chaponné ; dépourvue > dépurative, etc. 2 Certains détails montrent que le texte a été écrit à notre époque : la cigale a touché de gros cachets dans des casinos [v. 3 et 4] ; elle passe une annonce [v. 9] ; la fourmi veut s’acheter une auto [v. 24 et 25]. p. 120 et 121 • ENQUÊT’ART – ILLUSTRATEURS DE LA FONTAINE 5 La gravure de Grandville (document 3) est proposée en lecture d’image (dans la pochette de transparents et sur le DVD classe). Elle fait l’objet d’une étude approfondie accompagnée d’une exploitation pédagogique. P. 120 – OUVRONS L’ENQUÊTE La comparaison des trois documents souligne la relation entre l’illustration et le texte. Elle sensibilise l’élève à une évolution de la place de l’illustration : d’abord au service du texte, elle devient complémentaire, voire plus importante que le texte et peut s’en affranchir. Comparaison des documents 1, 2 et 3 1 Document 1 XVIIe siècle (François Chauveau travaille avec La Fontaine.) Document 3 L’illustration est aussi importante que le texte. XIXe siècle (La gravure prend ses lettres de noblesse avec le développement des livres pour enfants.) Document 2 XXe siècle (le développement des techniques ouvre de multiples possibilités.) L’illustration est une vignette plus petite que le texte. L’illustration pleine page prend plus de place que le texte. Document 1 : l’illustration est plus petite que le texte ; elle précède le texte, au-dessus duquel elle est placée. L’illustrateur se met au service du texte qu’il illustre et qu’il éclaire. Document 2 : l’illustration encadre le texte qui se trouve placé au centre et occupe peu d’espace par rapport à l’illustration. L’illustrateur souligne l’importance de l’illustration valorisée par la mise en page et la couleur. Document 3 : l’illustration prend toute la place de la page, elle prend tout autant d’importance que le texte. 2 et 3 Document 1 Un seul passage est illustré Fidélité au texte Document 3 Un passage du récit est illustré, mis en abyme dans une illustration de la morale – Fidélité au texte – Prise de position personnelle Document 2 Trois étapes du récit sont illustrées – Fidélité au texte – Ajout de détails personnels Document 1 : l’illustrateur a choisi le passage où les paons se moquent du geai (vers 5 à 7 « Quelqu’un le reconnut ; il se vit bafoué / berné, sifflé, moqué, joué, / Et par Messieurs les paons plumé d’étrange sorte. »). Au premier plan, se trouve le geai, paré des plumes de paons et entouré de quatre paons ; un premier paon, penché sur le geai, semble le railler ; le paon du milieu fait la roue, montrant ses plumes, enjeu de la jalousie du geai. Document 2 : la mise en page découpe l’illustration en trois parties qui se lisent de haut en bas et de gauche à droite. L’illustrateur suit la progression de la fable dont il illustre plusieurs moments. L’œil part du médaillon arrondi à gauche, dans lequel le thème de la fable est mis en valeur : il s’agit d’un geai. Ce médaillon illustre la situation au moment où le récit commence : le geai n’a pas encore pris les plumes de paon. Puis on voit une première leçon donnée au geai : un paon se moque de lui (v. 5 de la fable). On comprend qu’il s’est paré des plumes d’un paon qui avait mué car deux plumes jonchent encore le sol. 79 Dans la dernière partie, une deuxième leçon lui est donnée : le geai se trouve au milieu des autres geais qui se moquent de lui, en lui arrachant ses plumes (v. 8 et 9 de la fable). Document 3 : Grandville présente un « geai-plagiaire », copiant le tableau d’un autre ; la scène illustre la morale des vers 10 à 12 « Il est assez de geais à deux pieds comme lui, / Qui se parent souvent des dépouilles d’autrui, / Et que l’on nomme plagiaires ». Le vol que constitue la copie du travail d’un autre est signifié par la statue d’Hermès, dieu des voleurs, placée sous le tableau et par le rouleau au premier plan sur lequel est inscrit « le voleur ». Sur le chevalet, le tableau copié illustre les vers 5 à 7 du récit. Ce tableau est une « citation » de la gravure de Chauveau (document 1) : les élèves pourront noter les ressemblances de format et de contenu entre les deux. P. 121 – COMPLÉMENT D’ENQUÊTE Observez 1 Les plumes de paon se caractérisent par des ocelles, motifs que les artistes ont repris comme métonymiques des plumes de paon (les ocelles sont des taches arrondies dont le centre et le tour sont de deux couleurs différentes). – Document 4 : on voit des plumes qui se terminent par un motif répété rappelant les plumes ocellées du paon. – Document 5 : les « ocelles » sont représentés par des ronds aux couleurs foncées qui ressortent au milieu des couleurs claires du reste de la toile. 2 – Documents 4 et 5 : les deux artistes ont personnalisé leurs œuvres en stylisant de manière accentuée la représentation des animaux. Les plumes de paon sont les seuls éléments caractéristiques de la fable : il s’agit davantage de variations personnelles que d’illustrations fidèles. – Document 4 : les plumes de paons volent, elles se sont détachées de l’oiseau et le geai présenté en bas s’en approche pour s’en emparer. Sur sa queue se trouvent déjà des plumes dont il s’est paré. – Document 5 : le geai se pavane avec les plumes de paon : aucun autre élément de la fable n’est représenté. 3 Les quatre premières illustrations font toutes un lien entre les animaux et les humains ; le document 5 n’exprime pas de lien explicite avec les humains. – Document 1 : au premier plan sont placés les animaux, en arrière-plan le monde des humains est évoqué par la représentation d’une grange. – Document 2 : Benjamin Rabier dessine des animaux qui expriment des sentiments à la manière des humains. Le paon manifeste sa colère, le geai exprime son dépit. Le lièvre, témoin de la scène, prend la place du spectateur : il exprime son étonnement, puis sa stupéfaction. – Document 3 : le geai, assis sur sa chaise, a une tête d’animal mais une position et des vêtements humains. – Document 4 : l’artiste a présenté les caractéristiques des animaux, avec des plumes, des ailes, des pattes, des corps d’oiseaux. Mais il place un oiseau à tête d’homme en haut de la toile : son visage est expressif, il marque la surprise, il a des yeux avec des sourcils, une bouche et non un bec et il porte des cheveux sur la tête. Exprimez vos sentiments 4 Les deux œuvres de la p. 121 produisent des effets contraires sur le spectateur : le document 4 donne une impression de mouvement et le document 5 de calme et d’immobilité. – Document 4 : l’oiseau du haut est en plein vol, ailes déployées, saisi en plein mouvement. Les plumes sont représentées dans l’ensemble de la toile ; elles sont de couleurs variées, à dominante jaune, rose et blanche et se détachent sur le fond bleu foncé. Leur forme courbe, leurs positions différentes, dirigées vers le bas, vers la droite ou vers la gauche, donnent une impression de mouvement : elles semblent tourbillonner. – Document 5 : les éléments représentés, le geai paré des plumes de paon et les fleurs, sont verticaux. Ils reprennent les mêmes formes : la verticalité du corps de l’oiseau répond à la verticalité des tiges ; le triangle de la queue de l’oiseau se reflète dans les triangles des feuilles des fleurs. Les fleurs sont dans la même position, toutes semblables. De l’ensemble se dégage une impression de calme : tout paraît immobilisé. 5 Pour connaître l’époque et le lieu de réalisation des œuvres, il est nécessaire de lire les légendes qui accompagnent les œuvres. Mais certains indices peuvent renseigner le spectateur : – la gravure en noir et blanc (documents 1 et 3) est une technique ancienne, ce que confirme la légende, puisque l’une date du XVIIe siècle et l’autre du XIXe siècle ; 5 – Sagesse des fables 80 – la toile tissée (document 4) utilise des couleurs vives et une technique de tapisserie qui évoque l’Afrique. Le visage de l’oiseau est un visage africain, ce que la légende confirme : la toile a été réalisée par un artiste africain. Interprétez 6 Dans cette double page, les illustrations de la page 120 poussent le spectateur à réfléchir en mettant l’accent sur la déconfiture du geai (document 1, 2 et 3) et en dénonçant la copie comme un vol (document 3). – Document 1 : le geai au premier plan est démasqué et ridiculisé par les paons. – Document 2 : le geai est démasqué par un paon puis raillé par les autres geais. – Document 3 : le tableau encadré sur le chevalet montre le geai ridiculisé par les paons ; devant le tableau, le geai plagiaire est désigné comme un voleur. Les documents 4 et 5 p. 121 doivent être accompagnés du texte pour permettre une réflexion. Pour faire réfléchir, l’illustration doit être fidèle à la fable et expliciter les éléments narratifs qui servent la leçon. 7 Le document 5, tableau de Willy Aractingi, est sans doute celui propose le moins d’éléments narratifs : le geai paré des plumes est mis en valeur, semblable à une sorte de fleur et rien n’indique comment il sera démasqué ou ridiculisé. P. 121 – RAPPORT D’ENQUÊTE Pour compléter le rapport d’enquête, on peut utiliser le tableau suivant proposant des variantes et des approfondissements : Notions abordées Dans la séquence 5 Dans les autres séquences du manuel Humaniser des animaux « Lire l’image » p. 106 « Lire l’image » p. 115 « Lire l’image » p. 117 « Enquêt’art », p. 120 et 121 Séquence 1 « Lire l’image » p. 25 Séquence 2 « Lire l’image » p. 43 Plans, arrière-plan « Lire l’image », p. 110, p. 115 « Enquêt’art » document 1, p. 120 Séquence 8 « Lire l’image » p. 176, 183, 185 Séquence 10 « Des mots pour lire l’image », p. 239 Opposition entre mouvement et immobilité « Lire l’image » p. 113 Séquence 3 - Comparaison entre le (comparaison entre le lion et le rat) document 3 et le document 4 p. 75 Séquence 6 « Lire l’image » p. 135 Enquêt’art – document 4 et document 5 p. 121 Gravure en noir et blanc Image p. 110 « Lire l’image » p. 113 « Lire l’image » p. 117 « Enquêt’art » p. 120 et 121 Évaluation « Lecture d’image / histoire des arts » p. 127 Séquence 1 « Lire l’image » p. 12 Séquence 2 Document 3 p. 51 À noter : François Chauveau a soumis ses gravures à l’appréciation de La Fontaine lui-même, comme John Tenniel a soumis ses gravures à Lewis Carroll (voir la séquence 2). [ENTRAINEMENT] p. 122-123 • MIEUX CONNAÎTRE LES MOTS ÉTYMOLOGIE – LES MOTS ISSUS DE FABULAM 1 Nom(s) fable Adjectif(s) Verbe(s) fabuleux fabuler fabuliste affabuler fabliau affabulation 81 2 a Ésope et Phèdre sont des fabulistes célèbres depuis l’Antiquité. b J’ai vu un spectacle magique, tout à fait fabuleux. c De nombreux fabliaux ont été écrits au Moyen Âge. d Il se prend pour Napoléon mais tout le monde sait qu’il fabule. e Incroyable ! Les prix sont fabuleux dans ce magasin ! 3 a Pour expliquer son retard à ses parents, il invente un mensonge. b La Fontaine a écrit des récits célèbres. c À cause de sa coiffure bizarre, il est la risée du collège. JOUONS AVEC LES MOTS – PROVERBES CROISÉS > Ventre affamé n’a point d’oreille. Chat échaudé craint l’eau froide. > Qui sème le vent récolte la tempête. Qui vole un œuf, vole un bœuf. > L’occasion fait le larron. L’habit ne fait pas le moine. > Pas de nouvelle, bonne nouvelle. Chose promise, chose due. > Qui va à la chasse perd sa place. Qui se ressemble s’assemble. > Pierre qui roule n’amasse pas mousse. Qui paie ses dettes s’enrichit. ENRICHIR SON VOCABULAIRE – DONNER UNE LEÇON 1 Définition qui résume le sens des différents synonymes : « courte phrase de portée générale qui donne un conseil de prudence, de sagesse populaire. » 2 maxime (n. f.) – morale (n. f.) – proverbe (n. m.) – dicton (n. m.) – adage (n. m.) – précepte (n. m.) 3 a « Qui se ressemble s’assemble » est un proverbe bien connu. b « En avril ne te découvre pas d’un fil » est un vieux dicton. c Selon un ancien adage, « il vaut mieux tenir que courir ». d La maxime des Mousquetaires était « Un pour tous, tous pour un ». e Les fables contiennent souvent une morale. f Les parents rappellent parfois à leurs enfants certains préceptes. DES MOTS POUR LIRE L’IMAGE – LES COULEURS 1 La gueule du tigre est une tache rouge, couleur chaude, vive, que sa couleur complémentaire, le vert, souligne par contraste. L’artiste a représenté le tigre au premier plan (voir « Des mots pour lire l’image » de la séquence 10, p. 239). 2 Le choix des couleurs fait disparaître le cerf de notre vue : il existe à peine, se confondant à la fois avec le sol, avec le ciel et avec la patte du tigre. L’animal, de couleur orangée, se distingue mal du sol où il est couché car sa couleur est la même que celle de la terre. La couleur orange est une couleur très proche du jaune et le cerf orange se distingue à peine du ciel jaune. Elle se distingue mal aussi de la patte gauche du tigre, peint dans un vert tirant sur le jaune. On note que la couleur du cerf est aussi plus éteinte que celle des animaux vivants. On approfondira l’analyse en comparant cette image avec la gravure p. 117. p. 124 • S’EXERCER POUR L’ORAL – DISCUTER ET DÉBATTRE 1 Comprendre et réfléchir à plusieurs : a La fable de La Fontaine présente surtout les qualités de la fourmi : elle est travailleuse, économe ; elle prépare son avenir ; ses aspects négatifs : l’avarice, le manque de gaieté passent au second plan. Le défaut de la cigale est mis en évidence : elle est insouciante. La fable de La Fontaine semble dire qu’il faut être prudent dans la vie et ne pas « foncer tête baissée ». La fable d’Andrée Chedid inverse les tendances de vie des animaux qui ont pris le dessus sur leurs points faibles : la fourmi a décidé de mettre de la gaieté dans sa vie, et la cigale de préparer ses jours futurs. – Faut-il être fourmi ? Faut-il être cigale ? On favorisera l’expression du plus grand nombre d’élèves, afin de ne pas en laisser quelques-uns monopoliser la parole. On leur demandera d’écouter ce que chacun a à dire, le but d’un débat en classe n’étant pas de l’emporter sur l’autre, mais d’échanger. b Pour préparer la réflexion, on insistera sur les caractères contrastés des deux animaux. La liste d’adjectifs proposés invite à se demander si les défauts sont parfois des qualités et à constater qu’il est rare qu’une personne n’ait que des défauts ou que des qualités. 5 – Sagesse des fables 82 2 Préparation des arguments : – La fourmi représente les personnes qui, prudemment, se soucient de l’avenir et font de gros efforts pour ne manquer de rien plus tard. – La cigale représente les personnes qui profitent de l’instant sans se préoccuper de l’avenir. – La fourmi peut être un exemple de sagesse, de prudence. Mais la fourmi est égoïste ; connaît-elle la joie de vivre ? – La cigale profite de chaque instant, elle aime rire. Mais elle est imprévoyante. Pourra-t-elle survivre ? p. 125 • S’EXERCER POUR L’ÉCRIT – RÉDIGER UNE FABLE 1 a – « Celui qui s’associe au plus puissant que lui, peut se mettre en danger. » – « On doit se méfier des puissants qui sont souvent des associés dangereux. » b – « Si on veut arriver à l’heure, il ne faut pas partir en retard » ; – « Celui qui veut arriver à l’heure, ne doit pas partir en retard. » ; – « Les flatteurs sont bien souvent des menteurs. » ; – « N’écoutons pas les flatteurs, ce sont des menteurs. ». c Pour la morale de La Cigale et la Fourmi, p. 124, l’élève choisira celle qui correspond à son interprétation de la fable. Voici quelques exemples : – « Celui qui possède des biens doit aider son prochain et ne pas le laisser dans la misère. » – « Si on veut éviter des situations très périlleuses, il faut se comporter avec prudence. » – « Il est bon de profiter de la vie, mais il faut garder les pieds sur terre. » 2 d Dans la saison d’été, une fourmi rôdant dans la campagne, ramassait des grains de blé et d’orge, et les mettait en réserve pour s’en nourrir en hiver. e Différentes expressions utilisées par La Fontaine pour traduire « la saison d’été » : [v. 2] : « tout l’été » – [v. 11] : « la saison nouvelle » – [v. 13] : « l’août » – [v. 17] : « au temps chaud ». f pendant l’été – quand viendra la saison nouvelle – au moment où règne la chaleur – en pleine saison chaude. g Pour traduire « en hiver », La Fontaine utilise l’expression : « Quand la bise fut venue » [v. 4]. Selon l’objectif poursuivi, on proposera des expressions synonymes du langage courant : « à la saison froide » – « quand la neige arriva » ou des expressions plus littéraires : « à la morte saison » – « au temps des frimas ». 3 Présenter les personnages h a) La Cigale […] se trouva fort dépourvue – b) La Fourmi n’est pas prêteuse. i a) La fourmi est laborieuse, sérieuse, studieuse, zélée. b) La cigale est famélique, infortunée, pauvre, misérable. j L’élève choisira des couples d’animaux bien caractérisés. Par exemple : – La gazelle : gracieuse, fine, souple, agile / L’ours : balourd, gros, raide, pataud. – La puce : minuscule, légère, rapide / L’éléphant : énorme, lourd, lent. [ÉVALUATION] • p. 126-127 Évaluer la lecture de texte 1 L’auteur de cette fable est Ésope ; il est grec. 2 « un jour » : groupe nominal ; complément circonstanciel de temps du verbe « errait » . « dans des lieux déserts » : GN prépositionnel ; complément circonstanciel de lieu du verbe « errait ». 3 [L. 1-2] L’heure indiquée est importante pour le sens de la fable car au coucher du soleil, les ombres s’allongent ; le loup est donc impressionné par la taille de son ombre. 4 Le lion représente la force, la puissance, la royauté. L’adjectif qui le qualifie est « puissant » [l. 5]. 5 Le récit est caractérisé par le passé simple de l’indicatif ; quatre verbes sont conjugués à ce temps : « dit » [l. 2] ➝ verbe dire – « prit » [l. 5] ➝ verbe prendre – « se mit » [l. 5] ➝ verbe se mettre – « s’écria » [l. 5] ➝ verbe s’écrier. 6 [L. 5-6] Cette phrase signifie que l’orgueil nous fait perdre le sens de la réalité, donc la prudence. 7 Dans cette dernière phrase, plusieurs éléments marquent la généralité : le verbe être est au présent de vérité générale, le pronom nous désigne les hommes dans leur ensemble, l’article défini la (« la présomption ») a une valeur généralisante. 83 8 Adjectifs présomptueux orgueilleux fier simple prétentieux modeste Noms ➝ ➝ ➝ ➝ ➝ ➝ la présomption l’orgueil la fierté la simplicité la prétention la modestie On distingue parmi ces mots deux groupes de synonymes : – un groupe de quatre noms : la prétention – la présomption – l’orgueil – la fierté ; – un groupe de deux noms la simplicité – la modestie. Évaluer l’orthographe Autodictée à ponctuer Zeus, célébrant ses noces, régalait tous les animaux. Seule, la tortue fit défaut. Intrigué de son absence, il la questionna le lendemain : « Pourquoi, seule des animaux, n’es-tu pas venue à mon festin ? » – « Logis familial, logis idéal ! » répondit la tortue. Zeus, indigné contre elle, la condamna à porter partout sa maison sur son dos. Ésope, Fables, traduction d’Émile Chambry, Les Belles Lettres, 1985. Évaluer la lecture d’image / Histoire des arts 1 Ce personnage bossu est sans doute Ésope (voir p. 108 « Et si les auteurs nous parlaient ? ») On peut aussi imaginer qu’il s’agit d’une allégorie représentant les défauts des hommes. Jean de La Fontaine est sculpté et placé sur un piédestal. 2 Ésope et La Fontaine sont représentés ensemble car l’un a inspiré l’autre ; l’illustrateur traduit la transmission de l’un à l’autre, en soulignant que La Fontaine a dépassé son modèle, puisqu’il est au-dessus de lui, placé sur un piédestal qui marque son talent. On peut comprendre aussi que le fabuliste fait la critique des travers humains et donne des conseils de sagesse et de prudence aux hommes « enlaidis », « déformés » par leur mauvaise conduite. 3 Les animaux sont ceux des fables de La Fontaine ; on reconnaît : le loup, le chien, le renard, la génisse, la brebis, deux singes, l’aigle et le noble lion. Dans la séquence, les élèves ont rencontré au fil de leur lecture plusieurs de ces animaux : le loup (p. 126), le chien (textes 1A, 1B et 1C p. 110), la génisse et la brebis (texte 4 p. 116), le renard et le singe (« Construire le bilan » p. 118), le lion (texte 2 p. 112, texte 4 p. 116, « Construire le bilan » p. 118). En comparant cette illustration avec l’illustration d’ouverture p. 106, on observera si les mêmes animaux sont présents et les différentes manières de les représenter. On notera par exemple qu’Oudry, contrairement à Arthur Rackham, représente les animaux sans les humaniser, en respectant leurs caractéristiques morphologiques de manière quasi scientifique. Évaluer la connaissance des auteurs et de leurs œuvres Pour répondre, les élèves se reporteront à la présentation des auteurs p. 108-109. 1 Les langues des différents auteurs : a La Fontaine écrit en français. b Phèdre écrit en latin. c Ésope s’exprime en grec. 2 • Ésope > Κόραξ καi α’λώπηξ • Phèdre > Vulpis et Corvus • La Fontaine > Le Corbeau et le Renard 3 Ésope a écrit la première version de la fable. Phèdre a écrit la deuxième version. La Fontaine a écrit la troisième version. 5 – Sagesse des fables 84 VARIANTES ET OUVERTURES Trois autres fables de Jean de La Fontaine sont proposées en textes complémentaires. Les textes complémentaires n° 1 et n° 3 s’adressent à des bons lecteurs. Le texte complémentaire n° 2 est court et ne présente pas de difficultés particulières, il s’adresse à des classes plus faibles. Le corpus étant constitué principalement de fables mettant en scène des animaux, le texte complémentaire n° 1 permet de donner un exemple d’une fable mettant en scène des hommes et ne passant pas par le truchement des animaux pour donner une leçon au lecteur. Texte complémentaire n° 1 – Le Laboureur et ses enfants (Jean de La Fontaine, Fable 9, livre V) Objectifs : identifier la leçon ; – comprendre le rôle du récit ; – étudier le caractère symbolique des personnages. Cette fable pourra au choix se substituer aux textes 2, 3 ou 4 ou, avec de bons lecteurs, s’ajouter au corpus du manuel. On travaillera sur la vivacité du récit et l’art du conteur ; on fera le lien entre la valorisation du travail dans les deux parties de la morale et le propre travail poétique du fabuliste. Le Laboureur et ses enfants 5 10 Travaillez, prenez de la peine : C’est le fonds1 qui manque le moins. Un riche Laboureur2, sentant sa mort prochaine, Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins. Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage Que nous ont laissé nos parents. Un trésor est caché dedans. Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout. Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’août3. Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place 15 Où la main ne passe et repasse. Le Père mort, les fils vous retournent le champ Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an Il en rapporta davantage. D’argent, point de caché. Mais le Père fut sage De leur montrer avant sa mort Que le travail est un trésor. 1. Fonds : la richesse qu’on possède déjà. 2. Laboureur : homme dont le métier est de labourer les champs. Ce nom vient du latin lavorare signifiant travailler. 3. Août : la moisson du mois d’août. LIRE LE TEXTE Un récit vivant 1 À quel vers commence le récit ? En combien de vers La Fontaine présente-t-il la situation initiale ? Relevez les deux verbes conjugués de cette situation initiale et précisez leur temps. (> Verbe, fiche 22) 2 À quel vers, et en combien de mots, La Fontaine présente-t-il la mort du Père ? 3 Combien de temps se passe entre cette mort et l’enrichissement des fils ? En combien de vers La Fontaine raconte-t-il cette durée ? Relevez une phrase nominale. Reprenez-la en la transformant en une phrase comprenant un verbe conjugué. 4 Comment qualifieriez-vous le rythme du récit : vif – lent – alerte ? Des personnages symboliques 5 Le personnage principal du récit – Relevez le groupe nominal qui le présente ; précisez la classe grammaticale du déterminant qui l’introduit. (> Grammaire, fiche 3) – [v. 13] et [v. 16] Par quel groupe nominal est-il repris ? – Qu’est-ce qui montre, dans l’écriture de ces groupes nominaux, l’importance de ce personnage ? – Relevez deux adjectifs qui qualifient ce personnage. (> Grammaire, fiche 8) 6 Quelle qualité cette fable met-elle principalement en valeur : la richesse ou la sagesse ? Pourquoi le Père a-t-il été sage en disant à ses fils qu’un trésor était caché dans le champ ? La leçon 7 La Fontaine a-t-il voulu présenter un certain laboureur ou plus généralement ceux qui travaillent ? 8 Le fabuliste, dans le premier vers, montre l’importance de se donner de la peine. À qui s’adresse-t-il ? 85 À quel mode et à quelle personne sont les deux verbes ? Ce mode indique-t-il un ordre, un conseil ou une invitation ? (> Grammaire, fiche 27) 9 Dans quel vers explique-t-il pourquoi le travail est si important? Justifiez l’emploi du temps du verbe « est ». Orthographe (> fiche 32) 10 Mettez des guillemets au début et à la fin des paroles du père à ses fils. Vocabulaire (> fiches 40 et 41) 11 L’étymologie du mot « laboureur » est le latin laborem qui signifie « travail ». Cherchez un adjectif et un autre nom issus du latin laborem. Donnez la formation du mot « collaborer ». Expression orale « Le travail est un trésor », dit La Fontaine. À quelles conditions peut-il être un « trésor » ? Qu’est ce qu’il peut apporter ? LIRE L’IMAGE Observez le tableau de la p. 91 de la séquence 4. – En quoi consiste le travail dans ce tableau ? – Comment le peintre donne-t-il l’impression que ce travail est effectué dans la bonne humeur ? Corrigé du texte complémentaire n° 1 – Le Laboureur et ses enfants 1 Le récit commence au vers 3. La situation initiale est présentée en deux vers : 3 et 4. « fit » – « parla » : ce sont des passés simples. 2 La mort du père est présentée au vers 13, en trois mots : « Le Père mort ». 3 Il se passe un an : [v. 14] « au bout de l’an », résumé en trois vers. [v. 16] « D’argent, point de caché » Ils ne trouvèrent point d’argent caché. 4 Le rythme est vif, alerte. Des personnages symboliques 5 Le personnage principal est : « Un riche Laboureur ». Le déterminant « un » est un article indéfini. « Le Père » reprend « un riche Laboureur ». Les majuscules : Laboureur – Père montrent l’importance de ce personnage. Les adjectifs qui le qualifient sont : [v. 3] : « riche » – [v. 16] : « sage ». 6 Cette fable met en valeur la sagesse du père. Les fils, voulant chercher le trésor, ont labouré le champ et ont ainsi eu une bonne récolte. Ils se sont enrichis du fait de leur travail. La leçon 7 La Fontaine parle de ceux qui travaillent en général. Le laboureur représente toute personne qui travaille. 8 Le fabuliste s’adresse à tous les hommes, en particulier aux lecteurs. Les verbes « travaillez » et « prenez » sont au mode impératif. 9 La Fontaine explique que le travail est important dans le dernier vers : « …le travail est un trésor ». Le verbe « est » est au présent de vérité générale. Orthographe (> fiche 32) 10 Le père s’adresse à ses fils. Il faut ouvrir les guillemets devant « Gardez-vous… » au v. 5 et fermer après « repasse » au vers 12. Vocabulaire (> fiches 40 et 41 ) 11 Adjectif issu du latin laborem : « laborieux » – nom issu du latin laborem : « laboratoire » ou « labeur ». La formation du mot « collaborer » : col (préfixe) labor (radical) er (suffixe). LIRE L’IMAGE – Le tableau présente trois femmes qui transportent des objets sur leurs têtes. On reconnaît une cruche sur la tête de la première femme, servant sans doute à porter de l’eau. Les deux autres portent des bassines, peut-être avec de la nourriture ou du linge à laver. 5 – Sagesse des fables 86 – La lumière douce qui baigne la scène indique une tâche effectuée dans la bonne humeur. Il s’agit sans doute d’un travail pénible, mais le peintre donne aux femmes une démarche souple, la première n’a pas besoin de tenir sa charge, la troisième ne la tient que d’une main. Texte complémentaire n° 2 – La Poule aux œufs d’or (Jean de La Fontaine, Fable 13, livre V) Cette fable, simple et courte, permet de répondre aux objectifs des textes 2 et 3, qu’elle pourra compléter ou auxquels elle pourra se substituer dans une classe plus faible. La Poule aux œufs d’or 5 L’avarice perd tout en voulant tout gagner. Je ne veux, pour le témoigner, Que celui dont la Poule, à ce que dit la fable, Pondait tous les jours un œuf d’or. Il crut que dans son corps elle avait un trésor : Il la tâta, l’ouvrit, et la trouva semblable 10 A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien, S’étant lui-même ôté le plus beau de son bien. Belle leçon pour les gens chiches ! Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus Qui du soir au matin sont pauvres devenus, Pour vouloir trop tôt être riches ! Texte complémentaire n° 3 – La Colombe et la Fourmi (Jean de La Fontaine, Fable 11, livre II) Ce texte sera lu avec les bonnes classes en complément du texte 2 p. 112 (Le Lion et le Rat), dont il constitue la deuxième partie. La Fontaine annonce deux fables pour illustrer sa morale : cette fable est le deuxième texte. 5 10 […] L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits. Le long d’un clair ruisseau buvait une colombe, Quand sur l’eau se penchant une fourmis1 y tombe ; Et dans cet océan l’on eût vu la fourmis S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive. La colombe aussitôt usa de charité: Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté, Ce fut un promontoire où la fourmis arrive. Elle se sauve ; et là-dessus Passe un certain croquant2 qui marchait les pieds nus. Ce croquant, par hasard, avait une arbalète. Dès qu’il voit l’oiseau de Vénus3, 15 Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête. Tandis qu’à le tuer mon villageois s’apprête, La fourmis le pique au talon. Le vilain4 retourne la tête. La colombe l’entend, part et tire de long5. Le soupé du croquant avec elle s’envole : Point de pigeon pour une obole. 1. Fourmis : orthographe qui est une licence poétique adoptée dans cette fable pour la prononciation. 2. Croquant : paysan. 3. Oiseau de Vénus : périphrase pour désigner la colombe. 4. Vilain : paysan. 5. Tire de long : s’enfuit. 87 6 – « La Poésie, c’est autre chose » > Pour adapter la séquence Chaque séance propose plusieurs textes d’appui : – avec des classes d’un bon niveau, on complétera l’étude et la lecture des textes avec les textes complémentaires proposés en fin de corrigés ; – avec des classes plus faibles, on pourra s’appuyer sur un seul texte par séance, pour l’étudier de manière approfondie, et on réservera les autres textes de la séance pour un entraînement à la lecture. Problématique Comment lire, écouter et regarder un poème ? Au programme… • Initiation à la poésie Au choix du professeur, des poèmes en vers réguliers, des poèmes en vers libres ou variés, des calligrammes, des haïkus ou des chansons, du Moyen Âge au XXIe siècle, pour faire découvrir la diversité des formes et motifs poétiques. D’autres variantes sont possibles avec les textes complémentaires présentés en fin de corrigés : – le texte complémentaire n° 1 est un court poème pour répondre à l’objectif n° 4 sur la musicalité du poème. Il se substituera aux textes proposés dans la séance ou permettra un approfondissement ; – le texte complémentaire n° 2 présente une variante d’exploitation des objectifs 1 et 2, sur les sensations et sur les images. Il approfondit la notion de sens propre et de sens figuré. Présentation de la séquence Au cours de cette séquence, les élèves seront sensibilisés à la diversité de la poésie à travers des poèmes en vers réguliers mais aussi de formes libres. Ils découvriront des textes aux registres divers : humoristiques, lyriques, voire pathétiques. Les poètes considérés comme importants dans l’Histoire littéraire, comme Hugo, Verlaine ou Apollinaire, ont leur place dans la séquence mais aussi des écrivains contemporains. Si les auteurs des textes présentés sont majoritairement français, on trouvera aussi des textes d’écrivains originaires d’autres pays ou cultures comme l’Afrique, Haïti, le Japon, certains de ces auteurs s’étant exprimés directement en français. Bibliographie Louise Labé, Sonnets (1555), La Renaissance en poésie, Gallimard Folio Junior. Victor Hugo, Feuilles d’automne (1831), Les Contemplations. Paul Verlaine, La Bonne Chanson, 1870. Constantin Cavafy, Œuvres, éditions de l’Imprimerie nationale. Apollinaire, Calligrammes (1918), Alcools (en particulier « Le Bestiaire ou Cortège d’Orphée »). Jacques Prévert, Histoires, éditions Gallimard, 1926. Jacques Charpentreau, Jouer avec les poètes, Poésie en jeu, Le Livre de poche jeunesse, 2002. J. H. Malineau, Drôles de poèmes pour les yeux et les oreilles, éditions Albin Michel Jeunesse, 2002. Le Pornithorynque est un salopare, Dictionnaire de mots-valises, Arthème Fayard, collection « Mille et une nuits », Paris, 2004. T. Yamazaki, Ivre de nature et de paysage, éditions Signum, 2006. > La progression La séquence mène l’élève de la découverte à l’observation réfléchie, puis à l’appropriation de notions techniques. L’initiation proposée explore les contenus à travers l’expression des sentiments et des sensations (textes 1A et 1B) –, puis l’utilisation des images (textes 2A et 2B), ainsi que la forme à travers la musicalité des poèmes (textes 3A, 3B et 3C) et la mise en page (textes 4A, 4B, 4C et 4D). Des exercices sont proposés pour entraîner les élèves à une diction correcte et expressive de divers textes. Leur créativité à l’écrit est stimulée par des exercices progressifs, guidés et variés. Objectifs et ressources pédagogiques Objectifs Dans la séquence 6 Progression proposée Autres ressources Dans les autres séquences 1 Explorer sensations Texte p. 132 et sentiments Image p. 133 – Texte d’évaluation p. 148 – Texte bilan, p. 140 Séquence 5 Texte p. 114 et 116 Texte bilan, p. 118. 2 Être sensible aux images d’un poème – Texte d’évaluation, p. 148 – Texte bilan, p. 140 Séquence 5 Texte p. 116 – Texte bilan p. 140 – « S’exercer pour l’oral », p. 146 – « Enquêt’art » p. 142 – Texte d’évaluation p. 148 Séquence 5 Texte bilan, p. 118 Texte p. 134 Image p. 135 3 Écouter la musicalité du poème Texte p. 136 Image p. 137 4 Regarder la Texte p. 138 disposition du poème Image p. 139 6 – « La Poésie, c’est autre chose » – Texte bilan p. 140 Séquence 5 – « S’exercer pour l’écrit », p. 147 Texte 1 p. 110 : poésie-prose ; morale dans une strophe. 88 Étude de la langue dans la séquence 6 Grammaire Les classes de mots Féminin(s) et masculin(s) des adjectifs (> fiche 2) Texte 3 Évaluation (autodictée) Adjectif qualificatif ou nom commun ? (> fiches 2 et 8) Texte 2 Texte 3 Les déterminants articles (> fiche 3) Texte 1 Les déterminants possessifs (> fiche 5) Texte d’évaluation Les fonctions Le sujet (> fiche 9) Texte 1 Texte d’évaluation Évaluation (autodictée) L’épithète (> fiche 10) Texte d’évaluation, autodictée La phrase Phrases simples / complexes (> fiche 15) Texte 3 Le verbe Infinitif et groupes de verbes (> fiche 19) Texte 1 Texte d’évaluation Le conditionnel (> fiche 26) Texte 4A Le présent de l’impératif (> fiche 27) Texte 2A Texte 3 Orthographe L’accent circonflexe (> fiche 35) Autodictée Les voyelles nasales (> fiche 38) Texte 1 Texte complémentaire n° 1 Pluriels en -oux, -eux, -aux (> fiche 39) Texte 2 Texte d’évaluation L’accord adjectif-nom (> fiches 2 et 8) Texte 1 Texte d’évaluation Évaluation (autodictée) Vocabulaire Les origine de la langue : étymologie (> fiche 40) Texte 3 « Enrichir son vocabulaire » La formation des mots (> fiche 41) Texte 2 Texte 3 Les homonymes Texte complémentaire n° 1 Antonymes et synonymes (> fiche 43) Texte 1 Texte d’évaluation Sens propre et figuré (> fiche 44) Texte 2 Texte d’évaluation 89 p. 128-129 • Lecture d’image d’ouverture Raymond Peynet, Le Poète papillon, 1980. Regardez bien Peynet propose une vision magique de la réalité dans laquelle le ciel, la terre et l’eau se mélangent, ainsi que le monde végétal et le monde animal. À droite, des fleurs sortent des cheminées, au lieu de sortir de terre, elles sont devenues aériennes ; en bas à gauche, deux fleurs reposent dans un vase, qui est aussi la carapace d’une tortue en marche vers une jeune femme. Un poisson bleu sort de l’étang ; il va, sur ses deux pattes, à la rencontre de la jeune femme. Un étrange renard à la queue enroulée semble également se diriger vers elle, franchissant l’espace avec tant de légèreté qu’on dirait une plume. Dans l’air bleu, flotte le poète aux immenses ailes de papillon ; il vient offrir son cœur à la jeune beauté qui, elle, regarde un petit enfant ailé. Le poète, ainsi que tout ce qui vit, paraît attiré par cette figure de l’amour et de la grâce : un oiseau au plumage coloré tient la place du cœur de la femme. Regardez mieux Dans le ciel, se trouvent des nuages qui évoquent des montagnes escarpées ; au sommet de la plus haute, se dresse un château imaginaire. Un autre minuscule personnage ailé vole à côté de la face souriante de la lune, image de la bienveillance. CORRIGÉS [PARCOURS TEXTES ET IMAGES] p. 132 • OBJECTIF 1 – EXPLORER SENSATIONS ET SENTIMENTS DANS UN POÈME p. 133 – LIRE LES TEXTES Les sensations 1 [Texte A] Dans les strophes de quatre vers, la vie est comparée à « un petit bateau » qui vogue, au fil des saisons, entre l’océan et le ciel. 2 [Texte A] Dans les strophes de deux vers appelées « distiques » sont évoqués les quatre saisons : le printemps (vers 5 et 6), l’été (vers 11 et 12), l’automne (vers 17 et 18), l’hiver (vers 23 et 24). 3 [Texte A] « scintillent » (infinitif > scintiller) a pour sujets : « La lune, les étoiles » (v. 7) – « murmurent » (infinitif > murmurer) a pour sujet : « les feuilles de châtaignier (v. 17). Le verbe « scintiller » exprime une sensation visuelle, le verbe « murmurer » une sensation auditive. Les sentiments 4 [Texte B] Le poème met en évidence les sentiments opposés que sont la joie et la tristesse, traduits par plusieurs antonymes : les adjectifs « molle » et « dure » (v. 3), les noms « ennuis » et « joie » (v. 4), « plaisir » et « tourment » (v. 6), « heur » (v. 13) et « malheur » (v. 14), les verbes « je ris » et « je larmoie » (v. 5). 5 [Texte B] On dirait actuellement : « J’ai de grands ennuis » (article indéfini), « l’Amour… me mène » (article défini). 6 Sensations Sentiments [Texte A] « la musique » (v. 11) > sensation auditive [Texte B] « brûle » (v. 1) > sensation tactile « froidure » (v. 2) > sensation tactile « la joie » (v. 20) « nos amours » (v. 24) Orthographe (> fiche 38) 7 [Texte A] Les graphies du son [ɑ̃] sont : (le) vent (v. 1), tangue (v. 3), printemps (v. 5). Vocabulaire (> fiche 43) 8 Dans la première strophe, on relèvera : – deux verbes antonymes : « Je vis, je meurs » (v. 1) ; – deux noms antonymes : « ennuis … joie » (v. 4) ; – deux adjectifs antonymes : « molle… dure » (v. 3). 6 – « La Poésie, c’est autre chose » 90 Expression écrite On préparera ce travail par une recherche collective avec des notes prises au tableau : – sur les principaux types de paysages (paysage printanier, estival, automnal, hivernal, campagne, prairies, forêt, montagnes escarpées, désert, océan, rues animées…) ; – sur des exemples de sentiments (gaieté, émerveillement, mélancolie, tristesse, inquiétude, impression de danger… ; on fera trouver les adjectifs correspondants à ces noms). LIRE L’IMAGE – Sur ce carton d’invitation, l’inscription phonétique [mo] correspond aussi bien à des « mots d’amour », manière dont est exprimé l’amour, qu’à des « maux d’amour », douleurs nées d’un amour non partagé, ou jaloux. L’artiste joue sur les deux homophones qui n’ont pas le même sens (> Vocabulaire, fiche 42 sur les homonymes). – Cette invitation convient au poème « Je vis, je meurs » de Louise Labé, car la poétesse y exprime à la fois ses sentiments amoureux et les souffrances qui y sont liées. Le cœur rouge est la métaphore de la vie qui bat et de l’amour ; le tissu semble moelleux : il suggère la douceur et le plaisir. Mais les épingles avec leur pointe piquante renvoient aux flèches que Cupidon plante dans le cœur des amoureux et elles évoquent une douleur. Ces épingles plantées directement dans le tissu moelleux du cœur sont l’image de la blessure amoureuse. Comme dans le poème, se mêlent joie et déception, plaisir et tourment. – Le rouge est une couleur chaude, celle de l’amour vif et ardent qui réchauffe et anime l’être humain. Mais c’est aussi la couleur du sang qui rappelle la blessure. p. 134 • OBJECTIF 2 – ÊTRE SENSIBLE AUX IMAGES DU POÈME p. 135 – LIRE LES TEXTES Comprendre les images 1 [Texte A, v. 5] Les « petits morceaux de papier » représentent les flocons de neige, à cause de leur petitesse, de leur blancheur, de leur légèreté. 2 [Texte B] Les « petits cierges allumés » représentent les jours de la vie à venir, pleins de promesses et d’espoir. 3 [Texte B] Les quatre adjectifs « petits… dorés, chauds, et vivaces » (v. 2 et 3) qualifient les « cierges » : les jours semblent s’écouler rapidement, ce qu’évoque l’adjectif « petits ». On les voit arriver, tellement l’attente et l’espoir sont grands, ce qu’évoque l’adjectif « dorés » ; ils vont prolonger ou même renforcer la vie, ce qu’évoque l’adjectif « chauds ». 4 [Texte B] Le mot « ligne » renvoie à la succession des jours passés puisque, au vers précédent, le poète la situe « en arrière » : c’est la « ligne des cierges éteints ». Le passé, la vie « éteinte », fait peur à Constantin Cavafy, le fait « frémir », si bien qu’il a choisi l’adjectif « noire » pour qualifier cette ligne de jours passés, disparus, engloutis. Identifier les images 5 [Texte A] Les verbes au sens figuré sont : « danse » (v. 1) et « déchirer » (v. 4). 6 [Texte A] « danse » est conjugué au présent de l’indicatif, son infinitif est « danser », 1er groupe ; « déchirer » est à l’infinitif, 1er groupe. 7 [Texte B] Les jours passés sont représentés par l’image de « la ligne des cierges éteints ». L’image est prolongée par une description des cierges « les plus proches » qui fument encore ; de même, les jours qui viennent de s’écouler nous restent en mémoire beaucoup plus nettement que ceux des mois ou années d’un passé plus ou moins lointain. 8 [Texte B] Dans la troisième strophe, le poète évite de regarder les cierges – jours derrière lui : « Je ne veux pas les voir » (v. 8) ; il exprime le sentiment de tristesse qu’il éprouve à l’égard du passé : « leur aspect m’attriste » (v. 8). Dans la dernière strophe, il frémit de voir « la ligne noire […] s’allonger » (v. 12) : plus son passé prend de l’extension, moins il lui reste d’avenir. Peut-être pense-t-il qu’en vieillissant, il se rapproche de la mort. Orthographe (> fiche 39) 9 [Texte A] Le singulier de « morceaux » est « (un) morceau » ; le pluriel de « carreau » est « (des) carreaux ». Vocabulaire (> fiche 41) 10 [Texte B] Les mots de la même famille que le nom « tristesse » sont l’adjectif « triste » et le verbe « attrister » (ou « s’attrister »). 91 LIRE L’IMAGE – Quand un des reptiles « plonge » dans la page, il devient une image du livre : il s’agit de la métaphore de la création artistique qui transforme la vie pour l a mettre en image ou en texte. Escher, l’artiste, était un passionné de mathématiques et de géométrie, c’est pourquoi les dessins des lézards sur la page du livre s’inspirent de formes et de volumes géométriques. – Certains lézards représentés semblent se déplacer et être vivants ; l’un d’eux souffle même par les nasaux. Les lézards représentés avec une perspective de volume, se transforment quand ils deviennent images sur la page : ils sont dessinés sans relief, ni dimension de hauteur ; leurs formes sont géométrisées et réduites à l’essentiel. Mais Escher donne aux images géométriques une sorte de mouvement grâce à leur disposition et aux contrastes : figures blanches, grises ou gris foncé imbriquées les unes dans les autres dans des sens différents (sur cette notion de mouvement, voir le document 4 p. 121 et l’image p. 137). On peut voir d’autres œuvres d’Escher sur les galeries de son site Internet officiel : http://www.mcescher.com/ p. 136 • OBJECTIF 3 – ÉCOUTER LA MUSICALITÉ DU POÈME Ces trois textes sont proposés en version audio dans le CD. Ils pourront être écoutés par les élèves chez eux ou en classe. L’écoute précédera ou complétera l’analyse des textes. Elle permettra un entraînement à la lecture des vers. p. 137 – LIRE LES TEXTES Le rythme 1 [Texte A] Les vers 8, 12, 18 sont mis en valeur par un retrait et se terminent par des points de suspension. Chacun constitue une phrase. Ils expriment l’amour du poète (v. 6), l’invitation au rêve (v. 12), un sentiment de bonheur (v. 18). 2 Le texte A comporte six phrases. La première est complexe (v. 1 à 5) : elle a deux verbes conjugués : « luit » et « part » ; la deuxième est une phrase non verbale (v. 6) ; la troisième (v. 7 à 11) est une phrase complexe avec deux verbes conjugués : « reflète » et « pleure ». La quatrième phrase (v. 12), dont le verbe est « rêvons », est simple. La cinquième phrase (v. 13 à 17) est complexe avec deux verbes conjugués « semble » et « irise ». La dernière phrase (v. 18) est simple avec un seul verbe « est ». 3 [Texte A] Chaque vers de la première strophe comporte quatre syllabes prononcées, comme dans l’ensemble du poème, qui a donc une forme régulière. Cette régularité des vers courts contribue à donner au poème une impression de calme, de sérénité. 4 [Texte C] Le vers 1 comporte cinq mots, tandis que les vers 2, 3, 4, 5 contiennent un mot pour les deuxième, quatrième et cinquième vers, deux pour le troisième vers ; le poète a disposé ces mots « en escalier », en les décalant de plus en plus sur la droite, ce qui donne l’impression de rebondissement, de saccades (on peut utiliser cet exemple pour l’objectif suivant concernant la disposition et la mise en page du poème). Les sonorités 5 Exemples de rimes : [Texte A] : « blanche » (v. 1) rime avec « branche » (v. 3) et « bois » (v. 2) rime avec « voix » (v. 4). En écrivant les mots phonétiquement, on voit que les sonorités finales sont les mêmes. Ces rimes sont croisées. [Texte B] : « déménagent » (v. 1) rime avec « voyages » (v. 2), et « ménage » (v. 3) rime avec « âge » (v. 4). Ces rimes sont plates. [Texte C] : « continents » rime avec « lancinant ». 6 Exemples de sonorités qui sont répétées : – [Texte A] Le son [l] est repris six fois dans la première strophe : la – lune – blanche – luit – les – la, sept fois dans la deuxième > l’étang – reflète – la silhouette – saule – le – pleure – l’heure. L’allitération de ce phonème liquide apporte une fluidité qui évoque la douceur. On note aussi une assonance des sonorités nasales : le son [ɑ̃] > blanche / dans / branche / étang / vent / tendre / apaisement / semble descendre / firmament 6 – « La Poésie, c’est autre chose » 92 – [Texte B] Le poète joue sur de légères variations de sonorités non seulement en fin de vers, mais à l’intérieur des vers . Les sons [m] et [ʒ] se succèdent abondamment ; on observe tout un jeu de sonorités : contrepètries > manège / ménage ; homonymies > Maine / mène ; paronomase > ménagements / déménagements ; répétitions > déménagent (v. 1, 8, 19, 22) Ces variations qui se succèdent indéfiniment évoquent les tours de manèges et donnent un effet de ritournelle. Le rythme produit est alerte, virevoltant, à l’image des vrais manèges que nous voyons sur les places ou dans les foires. – [Texte C] Deux vers se terminent par « tam-tam » ; on remarquera essentiellement l’assonance des nasales [ɑ̃] des mots qui se succèdent en cascade rapide : « bondissant, véhément, lancinant », à l’image des frappes du tam-tam et des battements de cœur du poète happé par un souvenir surgi du plus profond de sa mémoire. 7 Le texte A peut être associé aux adjectifs « calme », « doux ». Le texte B à « amusant ». Le texte C à « dynamique ». 8 [Texte A] Le verbe « rêvons » est au mode impératif : le poète s’adresse à la femme qu’il aime et il l’invite à une rêverie à deux. Orthographe (> fiche 8) 9 [Texte A] Le masculin de l’adjectif « blanche » (v. 1) est « blanc », celui de l’adjectif « exquise » (v. 18) est « exquis ». Vocabulaire (> fiche 43) 10 [Texte B] Exemples de phrases : – « Si on veut parvenir au bout d’un long voyage, il faut ménager ses efforts. » – « José va déménager dans une ville lointaine. » – « La famille de Myriam vient d’emménager dans notre immeuble. » – « Sylvie a aménagé sa chambre avec goût. » Expression écrite Pour préparer l’exercice, on fera d’abord une liste de prénoms commençant par la même lettre : B > Bruno, Basile, Bérengère, Bertrand ; P > Pierre, Perrine, Pétronille, Pauline…, puis on fera une liste d’adjectifs. On cherchera ensuite dans la liste des adjectifs à associer aux prénoms trouvés. Selon le niveau de la classe : – on acceptera les rimes pauvres ou bien, pour rendre l’exercice un peu plus difficile, on demandera des rimes suffisantes ou riches ; – on laissera les élèves trouver les adjectifs ou on leur proposera une liste. LIRE L’IMAGE 7 Cette fresque, proposée dans la pochette des transparents et dans le DVD classe, fait l’objet d’une étude approfondie accompagnée d’une exploitation pédagogique. Dans cette fresque de Keith Haring, plusieurs motifs se répètent. Deux têtes rectangulaires roses, ayant chacune trois yeux ; quatre personnages verts se promenant la tête en bas ; dans la partie inférieure du panneau, huit silhouettes courent, bondissent ou se poursuivent ; on remarque deux rectangles jaunes qui, comme des refrains, viennent s’intercaler entre elles. Ces répétitions rythment le tableau. Cette image est liée à « Jardin de France » et à l’aspect bondissant des personnages. Elle évoque les jeux de rythme et de sonorités du poème « Les manèges déménagent » ; les mots, là aussi, se livrent à une sorte de jeu-poursuite ! p. 138 • OBJECTIF 4 – REGARDER LA DISPOSITION DU POÈME p. 139 – LIRE LES TEXTES Jouer avec l’écriture des mots 1 [Texte A] Le poème se compose de deux strophes. Les vers 5 et 10 sont plus courts : ils ne comportent que 6 syllabes prononcées alors que les autres vers sont des alexandrins. Tous deux commencent par les deux mots « Pour un … » et ont la même structure syntaxique (« Pour un » + nom + préposition « de » + pronom personnel à la 2e personne) : ils constituent une sorte de refrain. 2 [Texte B] Le poète a dessiné une cravate avec les mots du texte : le titre l’indique. L’indication « que tu portes…» convient à un accessoire ou à un vêtement comme la cravate. 93 3 [Texte C] Une anagramme est un mot ou des mots obtenu(s) en gardant les mêmes lettres d’un premier mot, mais en en changeant l’ordre. Autre exemple : anagramme de « chien » ➝ niche, Chine. En grec, anagrammatismos signifie « inversion de lettres ». 4 [Texte D] Le mot en gras est écrit verticalement, il s’agit du mot « EVE ». Un acrostiche est un petit poème où les lettres initiales de chaque vers, lues de haut en bas, composent le nom d’une personne, d’une idée ou d’une chose. Jouer avec le sens des mots 5 [Texte A] Au vers 1, le verbe « donnerais » est au temps présent du mode conditionnel. Le poète exprime par là son souhait d’offrir les plus grands trésors à sa bien-aimée : le verbe « donnerais » a donc ici un sens figuré. 6 [Texte B] La cravate est portée dans des circonstances solennelles, pour une cérémonie ou dans le cadre du travail, par des hommes qui sont habillés en costume. Elle symbolise le travail, les obligations qui parfois sont pesantes. Le verbe « respirer » a le sens propre de prendre de l’air, mais aussi le sens figuré de se reposer, voire de rêver. 7 [Texte D] L’épisode de la Bible évoqué dans ce poème se trouve dans la Genèse : le serpent tente Ève en l’invitant à croquer la pomme du seul arbre défendu du Paradis. (voir le texte 1 p. 64, séquence 3 sur la Bible). Orthographe (> fiche 31) 8 ECRAN ➝ CRANE / NACRE – RELIER ➝ RELIRE / IRREEL – SALIES ➝ LAISSE – IRREL ➝ RELIRE / RELIER Vocabulaire (> fiches 40 et 41) 9 Un calligramme est un poème qui, par la disposition des lettres, forme un dessin ; ce dessin correspond au sujet du poème, à l’idée qui y est contenue. C’est un poème-dessin. Un pictogramme est un dessin utilisé comme un signe graphique, en général très simple. Les pictogrammes « parlent » à la vue ; ce sont des dessins parlants. Expression écrite On proposera aux élèves des exemples qu’on aura soi-même créés, ou des exemples donnés par certains élèves très inventifs, avec leur accord. LIRE L’IMAGE 8 Cette œuvre, proposée dans la pochette des transparents et dans le DVD classe, fait l’objet d’une étude approfondie accompagnée d’une exploitation pédagogique. – Ben, pseudonyme de l’artiste Benjamin Vautier, a recouvert la façade d’un musée avec des plaques émaillées. Il ne s’agit ni d’affiches ni de graffitis à proprement parler. Cependant l’art de Ben trouve sa source dans ces deux supports : les écrits semblent des messages écrits spontanément ; ce qu’il a écrit s’adresse au visiteur, l’incite à se poser des questions. Les plaques sont à l’extérieur, placardées comme des affiches. – Ben est à la fois un peintre, car son œuvre est visuelle, colorée, et un poète car il s’exprime par de petits textes. – Son œuvre est amusante car elle surprend, intrigue le passant ; on a l’impression que la maison offre des quantités de fenêtres qui parlent, diffusent des messages. En n’utilisant que des couleurs vives et contrastées, uniquement des couleurs primaires associées au noir et blanc, en variant les tailles des plaques, il crée une surface animée et joyeuse. p. 140 • CONSTRUIRE LE BILAN SUR LA POÉSIE 1 Les mots évoquant une sensation : « la mer » – « le vent » – l’air = sensations tactiles « chuchoter » – « bêlent » – « entends-tu » = sensation auditive Les mots évoquant un sentiment : « gentiment » (v. 4) = la bonté – « regretterais » (v. 7) = le regret. Les mots évoquant à la fois une sensation et un sentiment : « bouche bée » (v. 12) par exemple. On notera le sens propre : « avoir la bouche grande ouverte » et le sens figuré : « être étonné », en soulignant que cette expression est habituellement employée au sens figuré. 6 – « La Poésie, c’est autre chose » 94 2 Le sens habituel de l’expression « avoir l’eau à la bouche » est « avoir un fort désir de manger un plat ». Dans le texte, il s’agit à la fois du sens propre car l’eau de mer entre dans la bouche, et du sens figuré du fait qu’on aime savourer le plaisir de nager en mer. 3 La dernière syllabe de chaque vers est reprise au début du vers suivant dont elle forme la première syllabe : ce sont des rimes dites « annexées » (voir B. Dupriez, Gradus) Les deux premiers vers sont repris à la fin et forment les deux derniers vers : cette construction circulaire est à l’image des vagues de la mer qui se succèdent, s’en vont et reviennent. 4 Le vers 1 comporte six syllabes prononcées Si / tu / vas / à / la / mer tout comme les vers 5, 7 et 16 ; le vers 3 comporte cinq syllabes prononcées Tes /va / gues / la / belle comme les vers 4 et 9 ; le vers 6 comporte trois syllabes prononcées En / tends / tu, comme les vers 10, 12, 14 et 15. 5 Les vers de ce poème, de longueurs variables, évoquent l’ondulation des vagues (que l’on peut faire dessiner aux élèves en regard du texte), les petites vagues étant suivies de moyennes ou de grandes ; ainsi, les vagues sans fin se succèdent, en avançant et en reculant sur le sable. p. 141 • TOUJOURS D’ACTUALITÉ – LA POÉSIE ET LE QUOTIDIEN 1 Plusieurs objets du quotidien peuvent être identifiés dans les trois documents : – Le document 1 cite des éléments de la réalité urbaine : le « RER » (v. 3), transport en commun connu des élèves de la région parisienne ; le « périphérique » (v. 9), boulevard circulaire présent dans beaucoup de grandes villes ; les feux de signalisation « feux vert algue » (v. 10). Le texte mentionne des plats : le « hamburger » (v. 13), le « steack de thon » (v. 14) et des chaussures : les « tongues » et les « baskets » (v. 20). – Le document 2 énumère de nombreux objets comme le frigidaire, le scooter, le matelas (Dunlopillo), la cuisinière, le four, les couverts, les draps, les gaufres, l’avion. – Le document 3 montre un miroir et une tasse. 2 Le miroir est en même temps une fleur : les bords sont les pétales, une « tige » relie le miroir à son support. Les tasses ont des ailes, d’ange ou d’oiseau. On comparera ces objets avec les éléments insolites de l’image, p. 128. p. 142 et 143 • ENQUÊT’ART – ORPHÉE, UN POÈTE MYTHIQUE 6 Le tableau de François Perrier intitulé Orphée devant Pluton et Proserpine (document 2) est proposé en lecture d’image (dans la pochette des transparents et dans le DVD classe), et fait l’objet d’une étude approfondie accompagnée d’une exploitation pédagogique. P. 142 – OUVRONS L’ENQUÊTE 1 Sur les documents 1, 2 et 3, on identifie Orphée grâce à son instrument de musique (une lyre sur les documents 1 et 3, une lyre à bras sur le document 2). Sur le document 1, on voit aussi son bonnet phrygien1 rappelant qu’Orphée est originaire de Phrygie. 2 On comprend que la poésie était chantée car Orphée, figure mythique, archétype du poète, est toujours représenté avec un instrument de musique qui sert d’accompagnement. 3 Sur le document 2, Orphée use du charme2 de son chant et de sa musique pour émouvoir la déesse Proserpine et Pluton, le dieu des Enfers, afin qu’ils lui permettent de ramener Eurydice, son épouse décédée, de ce lieu de la mort vers le monde des vivants. Leur posture indique qu’ils sont déjà émus, tout comme le féroce chien Cerbère. Sur le document 3, on voit des lions et un crocodile, animaux réputés pour leur sauvagerie, s’approcher d’Orphée d’un air soumis : le poète savait que le pouvoir de son chant calmait l’agressivité des bêtes les plus dangereuses (voir Ovide, Les Métamorphoses, chant X) ; 1. Le bonnet phrygien a été ensuite porté par les esclaves affranchis à Rome. Il sera pour cette raison le symbole de la liberté en 1789 ; il devient ensuite le symbole de la République française, dont la notion de « liberté » est l’un des fondements. 2. Charme (du latin carmen) prend son sens étymologique de « chant magique ». 95 P. 143 – COMPLÉMENT D’ENQUÊTE Description d’Orphée Lien avec l’Antiquité Actualisation du mythe Document 4 La statue du premier plan Au premier plan, on voit la tête aux cheveux bouclés d’une statue est d’inspiration grecque et ses doigts jouent de la lyre. d’Orphée. Au deuxième plan, Jean Marais, l’acteur qui joue le rôle d’Orphée, semble se confondre avec la statue. La coupe de cheveux du comédien et ses vêtements appartiennent à l’époque moderne : il porte une chemise et un foulard autour du cou. Document 5 L’acteur qui joue le rôle d’Orphée est un homme jeune noir brésilien qui joue de la guitare. Il porte une chemise à manches courtes dans un décor modeste : on distingue la peinture écaillée du lit. Le lien est assuré par l’instrument de musique (à cordes) et le titre du film Orfeu negro. L’acteur brésilien est assis dans un décor actuel ; ses vêtements sont modernes, sa coupe de cheveux aussi. Il ne joue pas de la lyre, mais de la guitare. Document 6 Orphée debout est isolé face au groupe devant lui. Immobile, il suscite l’émotion que traduisent les gestes des danseurs, bras levés, têtes renversées. Le danseur a la coiffure courte et frisée de certaines statues antiques ainsi que leur nudité. L’un des danseurs est habillé en costume moderne, avec une veste et une chemise. Exprimez vos sentiments 4 Sur le document 6, la beauté et le charme du Poète attirent la troupe de femmes qui s’approchent de lui ; leur position exprime leur émoi : la surprise, l’admiration, la compassion ou la joie. On voit leurs bras levés, leurs têtes en arrière ; le saisissement de l’une d’elle est traduit par ses deux mains portées à sa bouche, d’autres posent une main sur leur cœur. Ce groupe en mouvement souligne, par contraste, Orphée immobile. 5 Le cinéma attire les gens, car les images ont un pouvoir de fascination renforcé par les voix, les paroles, la musique. La danse charme par la grâce des postures, l’expressivité des gestes, le rythme des déplacements des danseurs, ainsi que par la musique et souvent le décor. Le cinéma comme la danse transportent le spectateur dans un monde imaginaire, ils peuvent faire rêver et susciter des émotions. Interprétez 6 Des artistes ayant vécu à des époques variées et dans des pays différents se sont inspirés de ce mythe : Document Époque de création Pays de création 1 Antiquité Italie hellénisée 2 XVIIe siècle France 3 e XIX siècle e Allemagne 4 XX siècle France 5 XXe siècle France / Brésil 6 XXe siècle Allemagne / France 7 Le mythe d’Orphée a inspiré des artistes divers : peintres, graveurs, cinéastes, chorégraphes. Il devient le symbole de l’art comme le rappellent les différents documents de la double page qui appartiennent à des arts différents : la peinture, la poterie, le cinéma, la danse, la musique, la poésie (voir le tableau ci-dessous). L’art charme le spectateur, exerce sur lui une sorte de pouvoir en l’enchantant : un tableau est capable d’émouvoir celui qui le regarde, le cinéma ou la danse aussi. Ce pouvoir exercé par l’art sur le spectateur est comparable au pouvoir du chant poétique d’Orphée : le chantre devient ainsi l’image emblématique du pouvoir de l’art en général. 6 – « La Poésie, c’est autre chose » 96 Documents Technique artistique utilisée ou évoquée 1 Poterie grecque 2–3 Peinture (huile sur toile / fresque) 4–5 Cinéma 6 Danse 1–2–3–4–5 Musique – Chant P. 143 – RAPPORT D’ENQUÊTE Pour compléter le rapport d’enquête, on peut utiliser le tableau suivant proposant des variantes et des approfondissements : Notions abordées Dans la séquence 6 Dans les autres séquences du manuel Poterie antique « Enquêt’art », document 1 Séquence 7 « Enquêt’art », documents 1 et 2 p. 168 Évaluation – Lecture de l’image / Lecture d’image p. 175 Nu antique ou « à l’antique » « Enquêt’art », documents 2, 3 et 6 Séquence 3 « Enquêt’art », documents 3 et 4, p. 75 Séquence 8 Lire l’image, p. 187 « Enquêt’art », p. 190 et 191 p. 144 • MIEUX CONNAÎTRE LES MOTS ÉTYMOLOGIE – RADICAUX GRECS ET LATINS 1 Le mot poésie vient du grec ποιειν (poiein) = « créer », « fabriquer ». 2 Les noms « anthologie » et « florilège » sont synonymes : le premier vient du grec, le second vient du latin. « anthologie » contient la racine grecque α ’νθος (anthos) fleur, prise ici au sens figuré : ce qu’il y a de plus beau. « florilège » contient la racine latine florem = fleur. 3 Anthologie = recueil de morceaux choisis d’œuvres littéraires ou musicales. Florilège = recueil de morceaux choisis d’œuvres littéraires, en particulier de poésies (voir la p. 151 « De la classe au CDI). Ces définitions sont issues du Petit Larousse illustré. 4 Un octosyllabe contient huit syllabes prononcées (cf. octo > huit), un décasyllabe dix syllabes prononcées (cf. déca > dix). JOUONS AVEC LES MOTS – LES MOTS-VALISES Mots-valises Définitions Une clouche : cloche + louche Instrument de musique et de cuisine, utilisé successivement pour sonner l’heure du repas et pour servir la soupe. Un ouistutu : ouistiti + tutu (de ballerine) Singe que l’on exhibe dans les cirques, déguisé en ballerine. Une basketchup : basket + ketchup Sport consistant à lancer des tomates dans un panier, jusqu’à ce qu’elles soient transformées en sauce. Un épousantail : épouser + épouvantail Fait fuir toutes les femmes qu’il demande en mariage. Un récureuil : récurer + écureuil Petit mammifère rongeur, dont la longue queue touffue sert à nettoyer le fond des casseroles. Un mélodicament : mélodie + médicament Air de musique ayant un effet bénéfique sur le traitement d’une maladie. Un caraméléon : caramel + caméléon Bonbon à base de sucre fondu ayant la faculté de changer de couleur en fonction de la surface sur laquelle on le pose. Une aloumette : allumette + alouette Oiseau de feu. Le Pornithorynque est un salopare, Dictionnaire de mots-valises, Arthème Fayard, collection « Mille et une nuits », Paris, 2004. 97 ENRICHIR SON VOCABULAIRE – S’ENTRAÎNER À LA VERSIFICATION a Le « Roman d’Alexandre » est écrit un poème du Moyen Âge écrit en vers de douze syllabes appelés des alexandrins. b Tout / est / per / mis / en / po / é / sie (> Texte C, p. 138) : ce vers est un octosyllabe. c [Page 132] Les vers du poème de Louise Labé sont des décasyllabes. d [Page 134]Les vers du poème La Neige sont des octosyllabes. e [Page 136] Le poème de Léopold Sedar Senghor est en vers libres car les vers n’ont pas un nombre de syllabes prononcées régulier ; seuls certains vers sont rimés. DES MOTS POUR LIRE L’IMAGE – LA SYMÉTRIE 1 Le personnage symétrique par rapport à la Muse est le Poète, reconnaissable au fait qu’il lève la tête comme s’il cherchait l’inspiration et qu’il écrit l’oeuvre pour laquelle il recevra la couronne de laurier destinée aux artistes glorieux. C’est le petit personnage ailé placé au-dessus de lui qui lui remettra cette couronne. Symétriquement à l’enfant dans les airs, appelé un « putto », se trouve un autre putto placé aux pieds du personnage central. 2 Le dieu au centre est Apollon, dieu des Arts, inspirateur des artistes, des poètes en particulier (voir la double page sur la mythologie en séquence 8, p. 178). On le reconnaît à sa lyre et au laurier dont sa tête est couronnée : la lyre et le laurier sont deux emblèmes d’Apollon (voir le texte d’évaluation p. 56 et l’image p. 57). Il se distingue des autres personnages par sa place assise au centre et par son manteau rouge, signe de puissance. Le geste de sa main en direction du poète indique que le dieu inspire l’artiste. p. 146 • S’EXERCER POUR L’ORAL – LIRE ET RÉCITER UN POÈME b Indication des pauses fortes (//) et les pauses plus légères (/) : Le gardien ne peut supporter des choses pareilles. // Les oiseaux, / il les aime trop. // Alors il dit /: « Tant pis, je m’en fous ! //» Et il éteint tout. // p. 147 • S’EXERCER POUR L’ÉCRIT – ÉCRIRE UN POÈME a Le poème-devinette à compléter est : J’ai des dents, mais ne mange rien J’ai dos, manche, et n’ai pas d’habit Je tiens, je pique, je conduis En bas, en haut, je vais, je viens Qui suis-je ? La Fourchette Jacques Charpentreau, Poésie en jeu, Éditions ouvrières, 1981. b Disposition initiale du poème-devinette : La panse pleine et le dos rond, Je vais, je tourne et je me jette Dans la soupe ou dans le bouillon, Puis je partage mes conquêtes. Qui suis-je ? La Louche Jacques Charpentreau, Poésie en jeu, Éditions ouvrières, 1981. p. 148 • [ÉVALUATION] Évaluer la lecture de texte 1 (v. 2, 3 et 4) Tous les vers de ce poème comportent sept syllabes prononcées : ce sont des « heptasyllabes ». Vers / vo / tre / jar / din / si / beau Si / mes / vers / a / vaient / des / ailes Des / ai / les / com/me / l’oi / seau 2 Le mot « ailes » est repris six fois dans le texte aux vers 3, 4, 7, 8, 11 et 12. 3 On entend les sonorités du mot « aile » dans les mots suivants : frêles (v.1) – étincelles (v. 5) – fidèles (v. 9). 4 L’adjectif « frêles » s’accorde avec le nom masculin pluriel « vers » (v. 1), l’adjectif « beau » s’accorde avec le nom masculin singulier « jardin » (v. 2). 6 – « La Poésie, c’est autre chose » 98 5 Relevé des déterminants : – v. 4 : « des » (ailes) : article indéfini – « l’ » (oiseau) : article défini élidé ; – v. 8 : « des » (ailes) : article indéfini – « l’ » (esprit) : article défini élidé ; – v. 12 : « des » (ailes) : article indéfini – « l’ » (amour) : article défini élidé. 6 Les vers 4, 8, 12 constituent une sorte de refrain parce qu’ils reprennent en anaphore « des ailes comme… », avec comme variantes les mots « oiseau », « esprit », « amour » : ces mots se font ainsi écho, se trouvent liés et mis en valeur par leur sens porteur de douceur et de légèreté. 7 Au vers 4, le mot « ailes » est pris au sens propre car il est associé au nom « oiseau ». Au vers 8, le mot « ailes » est pris au sens figuré car il est associé au nom « esprit ». Au vers 4, le mot « ailes » est pris au sens figuré car il est associé au nom « amour ». 8 Le poète exprime un sentiment d’amour et sans doute d’admiration. Ce sentiment est exprimé au vers 12, où le mot « amour » est cité. 9 v. 1 : « fuiraient » : verbe « fuir. v. 3 : « avaient » : verbe « avoir ». v. 5 : « voleraient » : verbe « voler ». v. 6 : « rit » : verbe « rire ». v. 10 : « accourraient » : verbe « accourir ». 10 Au vers 1, l’adjectif « frêles » est synonyme de « fragiles ». Évaluer l’orthographe Autodictée 2 Les mots comportant un accent circonflexe sont « rêve » et « mâture ». 3 Les accords des mots soulignés : – grandes s’accorde avec le nom féminin pluriel « mers » ; – charmants s’accorde avec le nom masculin pluriel « climats » ; – bleu et profond s’accordent avec le nom masculin singulier « espace » ; – parfumée s’accorde avec le nom féminin singulier « atmosphère » ; – humaine s’accorde avec le nom féminin singulier « peau ». Évaluer la lecture de l’image / Histoire des arts 1 « La Martinique, fleur des Caraïbes » : cette expression emploie le mot « fleur » au sens figuré pour exprimer la beauté de l’île de la Martinique, parfumée et douce comme une fleur. 2 L’image montre une fleur au fond de la mer, dont les pétales sont formés par une multitude de poissons de couleur bleue. Le cœur de la fleur est fait de poissons bleu foncé. En bas à gauche, une algue évoque la tige de la fleur. Cette fleur marine est l’image poétique de la Martinique, car c’est une île au milieu de la mer comme une fleur flottant dans l’eau au milieu des poissons. Évaluer la connaissance des auteurs et de leurs œuvres Pour répondre, les élèves se reporteront à la présentation des auteurs p. 130-131. 1 Victor Hugo est né le premier, en 1802, et Guillaume Apollinaire est né le dernier, en 1880. 2 Victor Hugo, qui est né en 1802, a écrit dans l’un de ses poèmes : « Ce siècle avait deux ans… » en parlant du XIXe siècle, siècle de sa naissance. 3 L’auteur de Calligrammes est Apollinaire. 4 Les poètes et leurs œuvres : Les Contemplations ➝ Victor Hugo La Bonne Chanson ➝ Paul Verlaine Alcools ➝ Guillaume Apollinaire VARIANTES ET OUVERTURES Texte complémentaire n° 1 – Le Poulpe (Guillaume Apollinaire) Objectif : étudier les sonorités et la musicalité du poème. Le Poulpe Jetant son encre vers les cieux, Suçant le sang de ceux qu’il aime Et le trouvant délicieux, Ce monstre inhumain, c’est moi-même. Apollinaire, « Le Bestiaire ou Cortège d’ Orphée », Alcools, 1913. www.gallimard.fr 99 LIRE LE TEXTE Un monstre 1 De quel animal s’agit-il ? Où vit-il ? Quelles sont ses caractéristiques essentielles d’après les encyclopédies ? 2 Quelle est la caractéristique physique décrite dans ce poème ? 3 Comment se comporte ce « monstre » ? À quelle créature imaginaire maléfique fait-il penser? 4 Dans ce texte, est-ce un animal réel ou imaginaire? 5 Relevez les pronoms personnels et démonstratifs du poème en indiquant pour chacun sa classe grammaticale. (> Grammaire, fiches 6 et 7). 6 Dans quel vers le poète révèle-t-il qu’il se compare à ce monstre ? Des sonorités expressives 7 Combien de fois entend-on le son [s] ? 8 Quel lien peut-on faire entre ce son répété et l’animal en question ? Un poème à forme fixe 9 Combien de syllabes prononcées chaque vers comporte-t-il ? 10 Comment appelle-t-on ce type de rimes ? Orthographe (> fiches 36 et 39) 11 Relevez tous les mots qui contiennent le son [s] et soulignez à chaque fois sa graphie. 12 Donnez le singulier de « cieux » (v. 1). Vocabulaire (> fiche 42) 13 Donnez un homonyme pour chacun des mots suivants : « encre » (v. 1), « sang » (v. 2) et employez-les dans une phrase. Expression écrite À la manière d’Apollinaire, présentez un animal avec les caractéristiques que vous voulez mettre en valeur ; établissez ensuite un lien entre cet animal et vous-même ou une autre personne. Vous présenterez votre texte en prose ou en vers libres ; vous utiliserez les notions apprises p. 145 (vocabulaire de la versification) et vous illustrerez votre texte si vous le souhaitez. Expression orale Cherchez dans un livre d’art un tableau ou une sculpture qui représente un monstre. Présentez cette œuvre à vos camarades en citant le nom de l’artiste, son siècle, son pays d’origine. Vous préciserez ce qu’il a voulu mettre en valeur, les effets sur le spectateur, la technique qu’il a employée. LIRE L’IMAGE Observez les créatures effrayantes de la page 163 : – montrez ce qu’elles ont de monstrueux ; – comment l’artiste a-t-il mis en valeur cette monstruosité ? Corrigé du texte complémentaire n° 1 – Le Poulpe Un monstre 1 Il s’agit d’un poulpe, animal marin qui a des tentacules comme la pieuvre. 2 Le poulpe jette son encre quand il se sent en danger, pour se protéger. 3 Ce monstre suce le sang comme un vampire. 4 Le poulpe du poème est un animal imaginaire. 5 Pronoms personnels : « il » (v. 2), « le » (v. 3), « moi » (v. 4) ; Pronoms démonstratifs : « ceux » (v. 2), « c’ » (v. 4). 6 Le poète ne révèle qu’à la fin du texte, au vers 4, qu’il est semblable à ce poulpe mystérieux auquel il se compare. Des sonorités expressives 7 On entend dix fois le son [s] : son – cieux (v. 1) – suçant – sang – ceux (v. 2) – délicieux (v. 3) – ce monstre – c’est (v. 4). 6 – « La Poésie, c’est autre chose » 100 8 Ce son répété évoque la succion, acte d’aspirer un liquide dans la bouche, comme le bruit du poulpe aspirant le sang. Un poème à forme fixe 9 Les vers ont tous huit syllabes orales : ce sont des octosyllabes (voir « Enrichir son vocabulaire », p. 145). Je / tant / son / en / cre / vers / les / cieux Su / çant / le / sang / de / ceux / qu’il / aime Et / le / trou / vant / dé / li / ci / eux, Ce / mons / tr(e) in / hu / main, / c’est / moi / même. 10 Les rimes sont croisées. Orthographe 11 son – cieux – suçant – ceux – délicieux – ce – monstre – c’(est). 12 Le nom pluriel « cieux » a pour singulier « ciel ». Vocabulaire 13 Le navire a jeté l’ancre au large de Belle-Île. Le bus est passé sans s’arrêter. LIRE L’IMAGE Les créatures effrayantes sont Charybde et Scylla. On voit, dans le premier document, Scylla, le monstre à têtes de serpents. L’artiste a multiplié ces têtes et mis au premier plan les crochets redoutables d’une des têtes énormes qui va s’abattre sur les navigateurs. Le deuxième document présente Charybde : sa tête géante engloutit non seulement l’eau de la mer, mais aussi les navigateurs qui passent, proies fragiles, à sa proximité. L’artiste a placé le monstre au premier plan. Texte complémentaire n° 2 – Sensation (Arthur Rimbaud) Objectifs : – explorer sentiments et sensations dans un poème ; – écouter la musicalité du poème. Sensation 5 Par les soirs bleus d’été, j’irai par les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, – heureux comme avec une femme. Arthur Rimbaud, « Sensation », Cahier de Douai, 1870. 101