Chronique du festival - Festival de la Biolle
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Chronique du festival - Festival de la Biolle
Chronique du festival MERCREDI 10 NOVEMBRE Ouverture du 26ème Festival de La Biolle Cinéma et ruralité avec deux films offerts aux écoliers du canton En matinée, 570 petits écoliers et leurs accompagnateurs se sont régalés avec « 4, 5, 6… Mélie pain d’épice », un programme de 4 charmants courts métrages d'animation du studio Folimage. L’après-midi, ce sont 520 CE et CM qui ont vu « Nausicaä de la vallée du vent », l’excellente fable écologique de Miyazaki qui est toujours d’actualité. Les enfants ont pu découvrir aussi le générique du festival : un court dessin d’animation, alerte et plein de fraîcheur, qui a été réalisé par 8 collégiens d’Albens. Inauguration de l’exposition du peintre René Montagnole Mercredi 10 novembre, l’exposition, qui est installée dans le hall de l'Ebène pendant toute la durée du festival, a été inaugurée. C’est le peintre-graveur savoyard René Montagnole qui a été invité cette année à La Biolle pour présenter ses paysages. Il a sélectionné parmi son abondante production plus d’une trentaine d’aquarelles et une vingtaine de gravures, toutes exécutées avec beaucoup de maîtrise et de sensibilité. Ses oeuvres ont été regardées attentivement et admirées lors d’un petit vernissage convivial en présence de Mme Bourdis, adjointe au maire de La Biolle excusé. René Montagnole y a conté avec beaucoup de verve sa passion de 60 ans pour le dessin et la peinture. Rencontre avec le réalisateur du beau documentaire « Le temps des grâces » Mercredi soir était projeté « Le temps de grâces », une enquête documentaire passionnante qui interroge l’histoire et le devenir de l’agriculture française. Et, au delà, traite de notre rapport à la nature. Dominique Marchais, son réalisateur était l’invité du festival pour parler de son film. Ce jeune cinéaste, issu d’une famille d’agriculteurs est resté très concerné par les préoccupations du monde agricole. Puisque « Le temps des grâces », son premier long métrage est consacré à ce monde, qui est pour lui au centre d’interrogations majeures sur l’avenir. Dominique Marchais a échangé longuement, jusqu’à fort tard dans la nuit, avec les 150 spectateurs présents. JEUDI 11 NOVEMBRE Une nouveauté de la 26ème édition : une analyse de film Jeudi après-midi, le road-movie de David Lynch, « Une histoire vraie » a été présenté et finement analysé par Julien Daltoë, le président du Festival et Estelle Bellin-Wetzel, intervenante en éducation à l'image pour l'association Films Singuliers Pluriels. Les 100 festivaliers présents ont été ravis de mieux appréhender ce film culte grâce à leurs intéressants commentaires et leur analyse éclairante de séquences du film. Un débat passionné après « Ces fromages qu’on assassine » Les 220 festivaliers présents jeudi soir ont été conviés à voyager au pays des fromages. Le documentaire « Ces fromages qu’on assassine », à travers un travail d’investigation et de découverte dans diverses régions de France, mais aussi en Italie et aux Etats-Unis, met en lumière deux mondes qui s’affrontent : d’un côté les défenseurs du goût et de la diversité, de l’autre les firmes multinationales et les grandes surfaces. Le débat qui a suivi sur l’avenir des fromages du terroir en présence de Jean-Charles Deniau, un des co-réalisateurs et de Jean Vachoux, ancien président du syndicat du reblochon et ancien membre de l’INAO (Institut national des appellations d’origine) a été fort animé. VENDREDI 12 NOVEMBRE Les collégiens au festival Vendredi matin, une centaine de 5èmes du collège d’Albens a assisté à « Bashu, le petit étranger » de Bahram Beyzai, un film iranien humaniste qui raconte l’histoire d’un orphelin victime de la guerre et de l’ostracisme du village où il échoue. Les jeunes collégiens ont été captivés par ce bel éloge de la tolérance. La surpêche industrielle : un sujet d’actualité Après un road-movie édifiant au pays des fromages, les festivaliers ont été conviés vendredi soir à remonter la filière du sushi avec « Global sushi, demain nos enfants mangeront des méduses ». En prenant comme point de départ le sushi, ce symbole de la « world food », l’enquête décode les impacts de la mondialisation de ce marché et explique en quoi la pêche intensive et destructrice malmène les océans. Jean-Pierre Canet, un des co-réalisateurs du documentaire, un journaliste-reporter originaire d’une famille d’agriculteurs d’Albens était présent pour parler de son enquête et débattre avec les 200 spectateurs présents. L’autre invité, Jacques Morel, ingénieur-enseignant en économie de l’aquaculture et des pêches au lycée agricole de Poisy a aidé à éclairer le débat. SAMEDI 13 NOVEMBRE Deux films plus légers au festival Après plusieurs films qui interrogent et font réfléchir, un peu de légèreté en début de samedi aprèsmidi avec la comédie féroce et malicieuse « Tamara drewe » de Stephen Frears qui a mis en joie les 80 spectateurs présents malgré un beau soleil. En fin d’après-midi, 250 festivaliers se sont laissés captiver par « Vertige d’une rencontre », un film animalier tout à fait hors norme où le réalisateur Jean-Michel Bertrand se met en scène et raconte ses cinq années de travail acharné dans les montagnes, à la recherche des aigles royaux. Dans sa quête, il a approché beaucoup de merveilles cachées dans la nature et offre dans son documentaire des images magnifiques. Les spectateurs se souviendront longtemps d’une époustouflante cavalcade de chamois dans la neige filmée au ralenti. Le festival a eu le plaisir d’accueillir le documentariste qui a parlé de ses années de prise de vue en montagne avec beaucoup de simplicité et de passion. « Small is beautiful », un film en sortie nationale samedi soir Une approche exigeante pour donner à comprendre le système par une documentariste citoyenne ! Le documentaire explique pourquoi, comment et au profit de qui la production agricole s’est industrialisée au point de désertifier les campagnes, d’empoisonner l’eau et les sols, de confisquer les semences et d’affamer des millions de paysans dans le monde. Il révèle pas à pas les mécanismes et les enjeux de la mondialisation et de la financiarisation de l’agriculture. Il montre aussi que ce qui arrive n’est pas une fatalité et que des résistances sont possibles. 300 spectateurs ont assisté à ce tout nouveau film. Le débat qui a suivi la projection avec la participation de Thomas Borrel, administrateur à ATTAC France a été fort passionné et instructif. DIMANCHE 14 NOVEMBRE « L’île nue », un film coup de cœur Une centaine de festivaliers, accueillis avec un sympathique petit déjeuner, ont eu le privilège de découvrir ou de redécouvrir un étonnant film-poème, "L'île nue", sorti en 1960, l'une des oeuvres les plus radicales du réalisateur japonais Kaneto Shindo. Ils ont été bouleversés par ce film austère et poignant, très créatif au niveau visuel, sans aucun dialogue mais avec une musique lancinante. Un court métrage de Marc Rougerie sur Pierre, un paysan montagnard philosophe Marc Rougerie, le directeur de la Cinémathèque des Pays de Savoie a présenté « Le chemin de Pierre », où un éleveur Pierre analyse très finement son rapport à la montagne et à son métier de paysan. « Des olives et des murs », un reportage sur le difficile quotidien des oléiculteurs palestiniens Le long des impressionnants murs qui découpent leurs champs, les paysans palestiniens continuent à cultiver leurs oliviers et à produire de l’huile malgré les humiliations, les contrôles et les brimades. Les deux auteurs du documentaire invités par le festival, Monique Etienne et Kristian Delacroix, qui sont tous les deux allés de nombreuses fois en Palestine et en Israël depuis la première Intifada ont pu répondre aux questions des 150 spectateurs ainsi que l’autre invité du festival Raouf Salti, un palestinien vivant en Savoie. Un réalisateur libanais à la Biolle Le festival a eu le plaisir d’accueillir Simon El Habre, le jeune réalisateur de « The one man village », qui est un monteur renommé au Liban. Dans son film, il observe la vie de son oncle, un paysan excentrique et sympathique, seul habitant d’un village libanais complètement détruit puis vidé de ses habitants durant la guerre civile entre 1975 et 1990. Et essaie de réfléchir à la mémoire collective et individuelle d’un pays qui semble vivre une amnésie collective par rapport à cette époque douloureuse. Simon El Habre a pu répondre aux nombreuses questions des 200 spectateurs de cette dernière séance du festival . Simon El Habre était accompagné d’Elias Sfeir, le distributeur de son film en France.