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Entre cloître et cité
Evocation musicale du Couvent des Sœurs Noires
Harmonia Sacra
Capucine MEENS, soprano
Stéphanie REVILLION, soprano
Camille DUPONT, violoncelle
Yannick LEMAIRE, orgue et direction
www.harmoniasacra.com
HARMONIA SACRA
1, rue Emile Durieux
F-59300 Valenciennes
Les Sœurs Noires, entre cloître et cité
« La mesure de l'amour, c'est d'aimer sans mesure. » Saint Augustin
Face aux épidémies qui épuisent l’Europe médiévale, l’idéal de charité de la vita apostolica
incarné notamment par la figure de François d’Assise suscite des comportements héroïques.
Des hommes et des femmes abandonnent la sécurité de leur demeure pour se dévouer à
soigner les malades et les mourants. En ce début de XIVe siècle, certaines laïques pieuses et
charitables de Mons, des béguines, s’organisent en communauté et se fixent à Cantimpret.
En 1483, les Béguines de Cantimpret embrassent l’ordre de saint Augustin et revêtent son
habit noir.
Les « Sœurs Noires » entament en 1498 la construction d’un nouveau couvent avec l’aide du
Magistrat de la ville, et se partagent dès lors entre vie de prière et actes de charité - entre
cloître et cité. Elles édifient les populations par leur dévouement et leur abnégation. Elles
soignent les malades et se spécialisent dans le soin à domicile, payant souvent de leur vie
leur désintéressement. Leur engagement n’est d’ailleurs pas qu’hospitalier : les religieuses
développent également des activités d’éducation, allant jusqu’à accueillir à demeure une
quarantaine de jeunes filles pensionnaires à la fin du XVIIIe siècle.
Dès le XVe siècle, le rayonnement spirituel du couvent montois est important, suscitant de
nombreuses vocations, si bien qu’elles essaiment notamment à Binche, à Lessines, Maubeuge
et Cambrai. Leur réputation est telle, que les sœurs survivront aux troubles
révolutionnaires. Elles quitteront leur couvent montois en 1985.
Note d’intention :
Durant leur présence à Mons, les Sœurs Noires ont ainsi vécu au rythme de la cité,
partageant ses joies et ses peines. Au cœur du quartier, leur modeste couvent a autant
résonné des voix des sœurs à l’Office que des suppliques des habitants, des pas des pèlerins
de passage, des sonneries des clairons de la caserne militaire voisine, ou des criées de
l’abattoir tout proche… Par leurs vies données et leurs prières, les Sœurs Noires n’ont eu de
cesse d’intercéder pour cette cité et pour les intentions qui leurs étaient confiées.
Le programme de ce concert évoque l’histoire de ce couvent et les voix multiples qui se sont
élevées des voûtes séculaires. Après avoir évoqué les figures fondatrices qui ont inspiré et
guidé la communauté (la charité de saint François, la règle de saint Augustin, la protection
de la Vierge Sainte), les œuvres vocales et instrumentales évoqueront quatre aspects de la
vie des Sœurs Noires :




La Contemplation : face à face avec le Christ dans l’intimité de la cellule ;
L’Intercession : cris, prières et lamentations au milieu des pestes du monde ;
La Joie : récréation joyeuse entre sœurs ou avec les pensionnaires ;
La Prière : liturgie quotidienne au chœur, sommet et source de leur dévouement.
Programme
FONDATION
Dans la charité joyeuse de François
Sacerdotes Dei
Ivan LUKACIC (ca.1585-1648)
Avec l’habit noir d’Augustin
Nigra sum
Claudio MONTEVERDI (1567-1643)
Sous le regard de Marie
O intermerata
Alessandro GRANDI (ca1577-1630)
Sonate « da chiesa » en sol
Domenico GABRIELLI (1651-1690)
pour violoncelle et basse continue
ENTRE CLOITRE ET CITE
Dans l’intimité de la cellule, Epouse du Christ
O Jesu mi
In lectulo meo
Au milieu des pestes du monde
Livre d’orgue
3e leçon de ténèbres
Ave maris stella
Domine refugium factus es nobis
Récréation avec les pensionnaires
Sonate pour violoncelle et basse continue
extrait de « Les délices de la solitude »
Office au Choeur
Tristis est anima mea
Adoro te
Hodie Christus natus est
Louis LE QUOYNTE (1652-1717)
Louis LE QUOYNTE (1652-1717)
André RAISON (ca 1640-1719)
François COUPERIN (1668-1733)
Jean-François DANDRIEU (1682-1738)
Louis Nicolas CLERAMBAULT (1676-1749)
Michel CORETTE (1707-1795)
Marc-Antoine CHARPENTIER (1643-1704)
Louis LE QUOYNTE (1652-1717)
Louis Nicolas CLERAMBAULT (1676-1749)
AU SEUIL DE LA NUIT
Petite suite (en ut)
Henry PURCELL (1643-1704)
Bonne nuit, ô monde !
An evening hymn
Henry PURCELL (1643-1704)
Traductions
FONDATION
Dans la charité joyeuse de François
Sacerdotes Dei,
Benedicite Dominum.
Sancti et humiles corde
Laudate, laudate eum.
Consacrés du Seigneur,
Bénissez le Seigneur !
Saints et humbles de cœur,
Louez, louez-le !
Avec l’habit noir d’Augustin
Nigra sum, sed formosa, filiae Jerusalem.
Ideo dilexit me rex
et introduxit me in cubiculum suum,
Et dixit mihi : surge amica et veni.
Iam hiems transiit, imber abiit et recessit,
flores apparuerunt in terra.
Je suis noire mais belle, o filles de Jérusalem.
C’est pourquoi le roi m’a aimée
et introduite dans son lit,
Et il m’a dit : debout, ma compagne, et viens-t’en.
Voici que l’hiver passe, la pluie cesse, elle s’en va,
Les fleurs sont apparues dans le pays.
Sous le regard de Marie
O intermerata et in aeternum benedicta,
singularis atque incomparabilis Virgo
Dei Genetrix Maria.
O Maria Dei genitrix et Virgo gloriosa.
O quam pulchra, O quam suavis,
O quam decora, O quam amabilis,
O dulcissima Virgo, O sanctissima mater,
O beatissima Maria, intercede pro nobis
apud Dominum nostrum, Jesum Christum,
O Maria, Dei genitrix et Virgo gloriosa.
O immaculée et bénie de toute éternité,
unique et incomparable Vierge,
Mère de Dieu, Marie.
O Marie, Mère de Dieu et Vierge glorieuse.
O toute belle, O toute suave,
O toute parée, O toute aimante,
O très douce Vierge, O très sainte mère,
O bienheureuse Marie, intercède pour nous
auprès de notre Seigneur, Jésus Christ,
O Marie, Mère de Dieu et Vierge glorieuse.
ENTRE CLOITRE ET CITE
Dans l’intimité de la cellule, Epouse du Christ
O Jesu mi quid volo praeter te
Vulnera cor meum
ut colliquescam ignem Caritatis tuae
Ite fontes, ite flumina
amo flammas, amo faces
O telum amoris
O rivi cruoris
O vulnus amantis
O poenae languentis
O poenae dolentis.
Te sponsum requiro
dilectum suspiro
accure languenti
succure clamanti.
O mon Jésus, qui dissipe à part toi
Les blessures de mon cœur
en les faisant fondre du feu de ton amour.
Coulez fontaines, coulez fleuves,
j’aime les flammes, j’aime les ardeurs !
O flèche de l’amour
O rivières de sang
O blessures amies
O peines languissantes
O peines douloureuses
Je te cherche mon époux
Je soupire vers toi mon bien-aimé
Accours vers mes détresses,
Secours mes cris !
In lectulo meo per noctes
quaesivi quem diligit anima mea
quaesivi et non inveni.
Surgam circuibo civitatem
Curram per devia
quaeram per invia
donec veniam.
Siste quo vadis
quo volas ô pulcherrima mulierum.
Jesum quaero sponsum meum
Fontem vivum pietatis
in flammatum charitatis pio ardore
verum Deum.
Revertere, Sunamitis, revertere ;
non juvat abire in montes.
Latescit in spinis : require.
Require : in Cruce latescit.
O crux amabilis suscipito me.
O sponsa amabilis accurrito ad me.
Spinas charrissima transfigite me
Voces dulcissimae quid cultis a me
ut introducar in cellaria tua
his in ebrier et osculer te.
Ingredere amplectere et osculare me.
Laeta ingredior sponsa cara ô dilecta mea.
Veni sponsa mea
sponsa cara dilecta mea
Non deseram te
Alleluia
Ecce ingredior sponse care Jesu dilecte mi.
Ecce venio ad te, dilecte me
Sponse care dilecte mi.
Veni care, care sponse dilecte mi.
Ne deseras me.
Alleluia
Dans mon lit, durant les nuits
j’ai cherché celui que mon âme aime.
Je l’ai cherché et ne l’ai pas trouvé.
Je me lèverai et ferai le tour de la ville
Je courrai dans les lieux inaccessibles
Je chercherai dans les lieux impénétrables
jusqu’à ce que je l’atteigne.
Reste ! Où vas-tu ?
Où cours-tu, ô toi la plus belle des
femmes ?
Jésus, je te cherche mon fiancé,
Fontaine vivante d’amour
dans la flamme de la pieuse charité ardente
du vrai Dieu.
Reviens, Sunamite, reviens. Il ne t’est pas
utile d’aller dans les montagnes.
Il se cache dans les épines ; recherche-le.
Recherche-le sur la Croix ; il s’y cache.
O aimable croix, réponds-moi !
O aimable fiancée, accours vers moi !
Transperce-moi des épines de la charité.
Que les douces voix qui me travaillent
m’introduisent dans ton domaine
afin que je m’enivre et que je te couvre de baisers.
Entre ! Enserre-moi et embrasse-moi !
Entre joyeuse ma chère fiancée, ô ma bienaimée ! Viens ma fiancée,
ma chère fiancée, ma bien-aimée !
Je ne t’abandonne pas.
Alléluia !
Voici que j’entre cher fiancé, Jésus, mon bien-aimé.
Voici que je viens vers toi, mon bien-aimé.
Cher fiancé, mon bien-aimé.
Viens cher fiancé, mon bien-aimé.
Tu ne m’abandonnes pas.
Alleluia !
Au milieu des pestes du monde
JOD. Manum suam misit hostis
ad omnia desiderabilia ejus:
quia vidit gentes ingressas sanctuarium suum,
de quibus praeceperas
ne intrarent in ecclesiam tuam.
CAPH. Omnis populus ejus gemens, et quaerens panem:
dederunt pretiosa quaeque pro cibo ad refocillandam
JOD. L’ennemi s’est emparé
de tout ce qu’elle avait de plus précieux ;
parce qu’elle avait laissé entrer dans son
sanctuaire des nations au sujet desquelles vous
aviez ordonné qu’elles n’entreraient pas dans votre
assemblée.
CAPH. Tout son peuple gémit et cherche du pain :
ils ont donné tout ce qu’ils avaient de plus précieux
animam.
Vide Domine et considera, quoniam facta sum vilis.
pour avoir de quoi vivre.
Voyez, Seigneur, et considérez l’avilissement où je
suis réduite.
LAMED. O vos omnes qui transitis per viam,
attendite, et videte si est dolor sicut dolor meus:
quoniam vindemiavit me, ut locutus
est Dominus in die irae furoris sui.
LAMED. O vous qui passez par ce chemin,
considérez, et voyez s’il est douleur pareille à la
mienne : mon ennemi m’a dépouillée, comme
une vigne que l’on vendange, ainsi que le Seigneur
m’en avait menacée, au jour de sa colère.
MEM. De excelso misit ignem
in ossibus meis et erudivit me:
expandit rete pedibus meis,
convertit me retrorsum;
posuit me desolatam,
tota die maerore confectam.
MEM. Du haut des cieux, il a envoyé le feu
dans mes os, et il m’a châtiée ;
il a tendu un filet à mes pieds,
et m’a fait tomber en arrière :
il m’a jetée dans la désolation :
je suis accablée de douleur pendant tout le jour.
NUN. Vigilavit jugum iniquitatum mearum:
in manu ejus convolutae sunt,
et impositae collo meo: infirmata est virtus mea :
dedit me Dominus in manu,
de qua non potero surgere.
NUN. Le joug de mes iniquités est venu fondre sur
moi : la main du Seigneur en a fait une chaîne,
qu’il m’a mise au cou ; ma force est anéantie.
Le Seigneur m’a livrée à une puissance dont je ne
pourrai me défendre.
Jerusalem, Jerusalem, convertere ad Dominum Deum tuum.
Jérusalem, Jérusalem, reviens vers le Seigneur ton
Dieu.
Domine, refugium factus es nobis.
Mirifica misericordias tuas,
qui salvos facis sperantes in te.
Intende in adjutorium meum, Domine,
Deus salutis meae.
Domine est salus,
et super populum tuum benedictio tua.
Seigneur ! Tu as été pour nous un refuge.
Signale ta bonté,
toi qui sauves ceux qui cherchent un refuge.
Viens en hâte à mon secours, Seigneur,
Dieu mon salut !
Le salut est auprès du Seigneur :
Que ta bénédiction soit sur ton peuple !
Récréation avec les pensionnaires
Office du soir au Choeur
Tristis est anima mea usque ad mortem:
sustinete hic, et vigilate mecum:
nunc videbitis turbam, quæ circumdabit me:
Vos fugam capietis, et ego vadam immolari pro vobis.
Ecce appropinquat hora, et Filius hominis
tradetur in manus peccatorum.
Mon âme est triste jusqu'à la mort :
Restez ici et veillez avec moi.
À présent vous verrez une foule, qui m'entourera :
Vous, vous prendrez la fuite, et moi j'irai pour être
sacrifié pour vous.
Voici l'heure qui approche et le fils
De l'homme va être livré aux mains des pécheurs.
Adoro te dulcedo ineffabilis.
Te quaero ô Jesu mi dulcissime
in quem desiderant Angeli prospicere.
Te quaero ô Jesu mi dulcissime.
Vivifica me, conforta me,
ô Jesu, spes animae mea.
Intra vulnera tua absconde me mi Jesu
Absconde me ut ibi laetetur cor meum.
Et exultet anima mea in Deo salutari meo.
Je t’adore, douceur ineffable.
Je te cherche, ô mon très doux
en qui les anges désirent plonger leurs regards.
Je te cherche, ô mon très doux
qui me vivifie, qui me réconforte,
ô Jésus, espérance de mon âme.
Dans tes blessures cache-moi, mon Jésus
Cache-moi là où mon cœur se réjouit,
Et mon âme exulte en Dieu mon Sauveur.
Alleluia.
Alléluia.
Hodie Christus natus est
hodie Salvator apparuit.
Hodie in terra canunt Angeli,
laetantur Archangeli.
Hodie exultant justi, dicentes :
Gloria in excelsis Deo,
alleluia !
Aujourd’hui, le Christ est né ;
Aujourd’hui, le Sauveur est apparu.
Aujourd’hui sur la terre chantent les anges
et se réjouissent les archanges.
Aujourd’hui exultent les justes, en disant :
Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
Alleluia !
AU SEUIL DE LA NUIT
Bonne nuit, ô monde !
Now that the sun hath veil'd his light
And bid the world goodnight;
To the soft bed my body I dispose,
But where shall my soul repose?
Maintenant que le soleil a voilé sa lumière
Et souhaité bonne nuit au monde,
Sur le doux lit je déploie mon corps,
Mais où mon âme se reposera-t-elle ?
Dear, dear God, even in Thy arms,
And can there be any so sweet security!
Then to thy rest, O my soul!
And singing, praise the mercy
That prolongs thy days.
Cher, cher Dieu, dans tes bras mêmes,
Et peut-il y avoir de sécurité aussi douce ?
Alors à ton repos, ô mon âme !
Et en chantant, loue la miséricorde
Qui prolonge tes jours.
Hallelujah!
Alléluia !