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Journal Africain d’Imagerie Médicale, 2014, 6,(2) Published Online ** 2014 (http://www.jaim-online.net/) La Numérisation en Imagerie Médicale : État des lieux des Hôpitaux publics de référence de Yaoundé - Cameroun Guegang GE (1, 2), Zeh OF(1,6), Ekobena FH (3), Samba (1,3), Kouam FB (1), Temgoua BA (1), Lounangou KA (1), Nko’o AS (1,5), Gonsu FJ (1,6) (1) Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales - Université de Yaounde I (2) Hôpital Général de Yaoundé (3) Département de Physique et laboratoire de Biophysique et des mesures spéciales- Université de Yaoundé I (4) Hôpital Central de Yaoundé (5) Centre Hospitalier Universitaire de Yaoundé (6) Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé Adresse pour tirés à part et correspondances : Dr GUEGANG GOUJOU Emilienne, Département d’Imagerie Médicale et Radiothérapie, FMSB- HGY, E-mail: [email protected] ; Yaoundé - Cameroun RESUME Objectif : Evaluer le niveau de numérisation des services d’imagerie médicale des hôpitaux de référence de Yaoundé. Méthodologie : Il s’agissait d’une étude transversale descriptive, réalisée dans les services d’imagerie médicale des cinq hôpitaux de première catégorie et dans le service de médecine nucléaire de l’Hôpital Général de Yaoundé. données ont été collectées à l’aide d’un questionnaire standard préétabli, rempli par après vente, technologistes, Les les responsables des services majors, coordonnateurs et chefs de services. L’analyse statistique a été faite à l’aide du logiciel Microsoft Office Excel. Résultats : Parmi les 36 unités existant dans les services d’imagerie médicale de l’Hôpital Général, de l’Hôpital Gy- néco Obstétrique et Pédiatrique, du Centre Hospitalier Universitaire, de l’Hôpital Central de Yaoundé, de l’Hôpital Jamot de Yaoundé et du service de médecine nucléaire de l’Hôpital Général de Yaoundé, 15 (41,7%) étaient conventionnelles, 21 (58,3%) numériques. Parmi les appareils numériques, 7 (33,3%) étaient semi-numériques et 14 (66,7%) numériques directs. Conclusion : Beaucoup reste à faire pour la numérisation des services d’imagerie médicale des formations sanitaires publiques de référence de Yaoundé. Mots clés : Numérisation, Radiologie, Imagerie Médicale. Copyright © 2014 Société de Radiologie d’Afrique Noire Francophone. J Afr Imag Méd 2014 ; vol 6, n°2 E. Guegang Goujou et Al 2 Summary Objective: To assess the level of digitalization in the medical imaging services in tertiary hospitals in Yaoundé. Methodology: It was descriptive and cross-sectional study, carried in a department of nuclear medicine and medical imaging services of four tertiary hospitals in Yaoundé. The data collected from direct observation and administration of standard pre-tested questionnaires to the heads of maintenance departments, technologists, majors, coordinators and service heads were analyzed using Microsoft Office Excel. Results: Of the 36 imaging units that are found in medical imaging services of the General Hospital of Yaoundé, Ob- stetrics and Gyneco-Pediatrics Hospital, University Teaching Hospital, Central Hospital of Yaoundé and Jamot Hospital of Yaoundé, 15 (41.7%) were conventional X-ray and 21 (58.3%) digital. Of the 21 digital equipments, there are 7 (33.3%) semi-digital and 14 (66.7%) digital. Conclusion: Much remains to be done on the digitalization of medical imaging services of Yaoundé public reference Hospitals. Keywords: Digitalization, Radiology, Medical Imaging. . 1. Introduction . La numérisation est le processus par lequel un signal analogique est transformé en un signal numérique. Elle a plusieurs avantages en imagerie médicale parmi lesquels la protection de l’environnement, le traitement de l’image, l’économie de films, le stockage et la transmission des données et comme inconvénient, l’allongement du temps de travail du radiologue [1,2]. L’ère du numérique en imagerie médicale a débuté au Cameroun en 1986 avec l’installation du premier scanner à l’Hôpital Général de Yaoundé (HGY). Vingt-cinq ans après, on est en droit de s’interroger pour savoir la situation actuelle. A notre connaissance, aucune étude n’a été menée au Cameroun sur l’état des lieux des installations numériques dans les formations sanitaires. C’est pourquoi ce travail intitulé : «La numérisation en imagerie médicale : état des lieux des hôpitaux publics de référence de Yaoundé - Cameroun » a été entrepris. L’objectif général était de déterminer l’état actuel de la numérisation dans les services de radiologie et d’imagerie médicale des formations sanitaires publiques de référence de la ville de Yaoundé. 2. Matériels et Méthode Il s’agissait d’une étude transversale, qui avait duré deux mois (d’août à septembre 2009) menée dans les services d’imagerie médicale des hôpitaux publics de référence de Yaoundé et de médecine nucléaire. Etaient inclus dans l’étude, les hôpitaux suivants : Hôpital Général de Yaoundé (HGY), Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé (HGOPY), Centre Hospitalier et Universitaire de Yaoundé (CHUY), Hôpital Central de Yaoundé (HCY) et Hôpital Jamot de Yaoundé (HJY), tous classés à la première catégorie des formations publiques par l’autorité sanitaire du Cameroun [3]. Il existe un seul service de médecine nucléaire à l’hôpital général de Yaoundé Pour chacune de ces formations sanitaires, on procédait par une observation directe du type de matériel, au remplissage d’un questionnaire préétabli sur le niveau de fonctionnement. Les données obtenues étaient colligées et analysées à l’aide du logiciel Microsoft Excel® 2007 pour Windows®. Copyright © 2014 Société de Radiologie d’Afrique Noire Francophone. J Afr Imag Méd 2014 ; vol 6, n°2 E. Guegang Goujou 3. Résultats ET AL. 3 3.2. La visualisation, la reprographie et l’archivage (Tableau II) 3.1. Le profil des appareils existants (Tableau I) Cinq services d’imagerie médicale et un service de médecine nucléaire étaient fonctionnels dans les 5 formations sanitaires incluses dans l’étude. Parmi les appareils disponibles, il y avait 14 (66,7%) appareils en numérisation directe, 7 (33,3%) semi-numériques. Les composantes de la chaîne de numérisation directe du service de Médecine Nucléaire incluaient une Gamma-caméra SPECT (Single Photon Emission Computerized Tomography) comportant un collimateur à trous parallèles, un cristal d’iodure de sodium dopé au thallium, ainsi que des photomultiplicateurs, effectuant des acquisitions planaires et tomographiques directement en mode numérique (Figure 1). Dans les services de radiologie médicale étaient recensées des unités utilisant les rayons x : Numériques directes : des scanners mono et multi barrettes (2 et 16), la table télécommandée et un panoramique dentaire ; - Numériques indirectes : table os-poumons, un mammographe et un panoramique dentaire associés aux salles post-traitement, de développement et d’archivage et des unités numériques directes utilisant les ultrasons : des échographes Doppler. A l’Hôpital Général de Yaoundé, les différents formats de visualisation utilisés étaient les fichiers BMP (Windows Bitmap File), PNG (Portable Network Graphics), JPEG (Joint Picture Experts Group) et DICOM (Digital Imaging and Communication in Medicine). Dans les autres hôpitaux, il y avait les fichiers JPEG et DICOM. Les principaux supports de stockage étaient : le film, le papier et le CD (Compact Disc) utilisés à différents degrés selon les hôpitaux. 3.3. Le Système de fonctionnement des différents services (Tableau III) Tous les services avaient des salles bien éclairées, munies d’ordinateurs en réseau local avec des logiciels d’apprentissage et de traitement d’images. Seuls l’Hôpital Général de Yaoundé et le CHUY possédaient un serveur central de stockage où les images étaient systématiquement transférées après acquisition. Aucun service n’avait de système d’informations radiologiques fonctionnel ni de système PACS (Pictures Archiving Communication System). J Afr Imag Méd 2014 ; vol 6, n°2 Journal Africain d’Imagerie Médicale, 2014, 6,(2) Published Online ** 2014 (http://www.jaim-online.net/) Tableau I : Récapitulatif des différents types d’appareillages présents dans les 5 hôpitaux. HOPITAUX HGY CHUY HCY HGOPY Unités numériques - 01 Scanner 16 barrettes - 01 Gamma-caméra SPECT - 02 Echographes Doppler - 01 Table télécommandée - 01 Panoramique dentaire - 01 Scanner 2 barrettes - 02 Echographes Doppler - 01 IRM 0,2T Unités semi -numériques - 01 Table os-poumons - 01 Mammographe - 01 Panoramique dentaire TOTAL / 9 - 01 Table télécommandée - 01 Panoramique dentaire - 01 Scanner 2 barrettes - 01 Echographe Doppler - 01 Scanner monobarette - 01 Echographe Doppler Unités analogiques pures / - 01 Table télécommandée - 01 Table os-poumons - 02 Mammographes - 02 Panoramiques dentaires - 02 Tables os-poumons - 02 Mammographes - 02 Panoramiques dentaires 11 08 - 02 Tables os-poumons - 01 Mammographe 06 HJY TOTAL / - 01 Table os-poumons 14 (38,9%) 07 (19,4%) Copyright © 2014 Société de Radiologie d’Afrique Noire Francophone. J Afr Imag Méd 2014 ; vol 6, n°2 - 01 Table os-poumons 15 (41,7%) 02 36 E. Guegang Goujou ET AL. 5 Tableau II : Formats de fichiers image, reprographie et archivage dans les 5 hôpitaux. Hôpitaux Format Fichier Image Archivage HGY HGOPY CHUY HCY HJY - BMP - JPEG - JPEG - JPEG - JPEG - PNG - DICOM -DICOM - DICOM - DICOM - CD - CD - CD - Film - Film - Film - Film - Film -Papier -Papier -Papier - JPEG - DICOM Support de Stockage Tableau III : Système de fonctionnement dans les services. Système de fonctionnement HGY Salles (bien éclairées, munies d’ordinateurs dotés Oui Consoles en réseau local HGOPY CHUY HCY HJY Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Serveur d’images Oui Non Oui Non Non Maintenance Oui Oui Oui Oui Oui Recyclage personnel technique et médical Oui Oui Oui Oui Oui Formation du personnel à la manipulation lors de Oui Oui Oui Oui Oui de logiciels d’apprentissage et d’utilisation faciles) l’acquisition appareil et/ou accessoires J Afr Imag Méd 2014 ; vol 6, n°2 E. Guegang Goujou et Al 6 Iconographie 1a. Scanner 16 barrettes – HGY 1b. IRM 0,2 T – CHUY 1c. Gamma-caméra -HGY Figure1 : Quelques appareils à numérisation directe. Copyright © 2014 Société de Radiologie d’Afrique Noire Francophone. J Afr Imag Méd 2014 ; vol 6, n°2 Journal Africain d’Imagerie Médicale, 2014, 6,(2) Published Online ** 2014 (http://www.jaim-online.net/) 4. Discussion Les installations à composantes numériques représentaient 58,3% (n=21). Ce pourcentage élevé s’explique par la petite taille de l’échantillon. Les systèmes semi-numériques étaient faiblement représentés avec 7 (33,3%) appareils. Ce type d’installation a plusieurs avantages tant pour les patients que pour les techniciens et les radiologues : visualisation immédiate de l’image, disparition du développement manuel, réduction du temps d’examen, etc. [1]. Aucun hôpital de référence ne possédait de mammographe numérique alors que cette installation permettrait de réduire les doses d’irradiation délivrées aux patientes et d’obtenir des images de meilleure qualité [4]. Mais l’installation d’une unité de mammographie semi-numérique ou numérique est confrontée au problème du coût élevé de ce type d’appareil [1]. Des contrats de maintenance étaient établis entre les fournisseurs et les hôpitaux. Lors de l’acquisition d’un nouvel appareil, le recyclage, la formation du personnel à la manipulation et au contrôle de qualité étaient assurés par les fournisseurs. Malgré cela, il existait dans les différents services de nombreuses pannes récurrentes, altérant leur fonctionnement normal et entraînant une baisse de productivité [5] à cause du manque de la maintenance préventive, de l’éloignement des constructeurs et des erreurs de manipulation. La création d’un pôle de maintenance préventive au profit de l’ensemble des formations sanitaires publiques et d’une unité de télémaintenance pourrait améliorer cette situation. Seuls le CHUY et l’HGY disposaient de serveurs d’images et de PACS avec réseau de communication dans le service d’imagerie. Le système de communication en réseau inter-service, inter-hospitalier ou interrégional n’est pas encore installé. D’après le rapport de la première Journée Camerounaise d’Informatique Médicale, un pôle d’excellence de télémédecine est en gestation et regroupera virtuellement grâce à un réseau à haut débit, des professionnels de la santé des hôpitaux de référence nationale des villes de Douala et de Yaoundé [6]. Le système d’information radiologique (accueil, enregistrement, consultation, images, résultats), le serveur d’image (banque de données d’images numériques), le système d’information hospitalier (qui permet l’accès aux données de chaque patient dans tous les services d’un hôpital), le PACS (qui assure la liaison intra et inter hospitaliers), deviendraient incontournables pour la gestion de l’ensemble des données sur le réseau [7]. Ces systèmes interviennent, de la facturation jusqu’à l’établissement des comptes rendus, incluant la gestion administrative et financière des services d’imagerie médicale [8] et la télémédecine. L’avènement du système numérique a entraîné une réorganisation des services avec la mise sur pied des salles de consultation des patients, de traitement et d’interprétation des images. Ceci facilite le travail et allonge le temps du radiologue tout en permettant aux personnels en imagerie médicale de se rassurer de la qualité de l’image obtenue. Ce système améliore donc les conditions de travail et la précision des diagnostics qui conditionne la prise en charge thérapeutique des patients et deviendrait nécessaire pour la gestion de l’ensemble des données du réseau. Les données obtenues sur les consoles, étaient regroupées pour la plupart en deux types de formats de fichier image JPEG et DICOM [9], excepté la radiologie numérique de l’Hôpital Général de Yaoundé qui générait des données sous format de fichier image BMP et PNG. Malgré l’établissement de la norme DICOM, chaque constructeur continue de produire ses images dans un format particulier dit «propriétaire» dont les spécifications sont jalousement gardées secrètes [10]. Pourtant, le standard DICOM a pour objectif de normaliser et de faciliter la communication d’images médicales. La mise sur pied du PACS permettra certainement l’uniformisation des formats de fichier image des services au seul format DICOM recommandé actuellement [11]. L’archivage était fait dans les services étudiés sans compression informatique des données. Dans la plupart des cas, il se faisait directement sur films, sur papiers et/ou sur CD. L’archivage des images sous forme numérique a des avantages certains : faibles coûts, faible encombrement, facilité d’accès aux données archivées et possibilité de communication de données non figées. Le CD est un support de stockage irréversible WORM (Write One, Read Many) qui évite que les accès successifs aux fichiers des images ne les rendent peu à peu inexploitables. Mais, la contre partie de ce système WORM est qu’il est plus difficile de conserver avec les images, les modifications pratiquées sur les réglages d’affichage (fenêtre, choix de zoom, annotations) ou les comptes rendus [10]. Copyright © 2014 Société de Radiologie d’Afrique Noire Francophone. J Afr Imag Méd 2014 ; vol 6, n°2 E. Guegang Goujou et Al 8 www.google.com. Date de consultation : 19 Septembre 2006. REFERENCES [1] [2] [3] Hoogewoud H.M, Girard J.M. La révolution numérique en radiologie. Rév Méd Sui Rom 2001; 121(8):591-594. Djientcheu V.P, Njamnshi A.K, Ongolo Z.P, Bissi D.E, Liémeni A.R, Biwole M.S et al. 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