LA PRISE DU POUVOIR PAR RICHARD III Eduard Roth

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LA PRISE DU POUVOIR PAR RICHARD III Eduard Roth
15 Octobre 2013
LA PRISE DU POUVOIR
PAR RICHARD III
Dialogue cynique à l’imitation des anciens
entre Phédrus, Posanius, Erymacus, Aristocrate, Acrate, Sophane,
Théotime et Alviade.
Eduard Roth
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DIALOGUE I
L’assassinat comme l’un des Beaux-Arts
Phédrus - Les mythes anglais
De même que les Espagnols ont créé les mythes de Don Quichotte et de
Don Juan, les Anglais ont créé, à leur propre image, les mythes des monstres les plus abominables de la littérature moderne. Ce n’est pas étonnant
si presque tous leurs grands dirigeants politiques sont des criminels. Leurs
créations se réduisent à quatre grands apartés: les monstres, les rois-monstres,
les monstruosités et, finalement, la déroute monstrueuse.
Les monstres: ils sont bien connus: Mister Hyde de Stevenson, le professeur Moriarty de Conan Doyle, Frankestein de Shelley, Lady Macbeth de
Shakespeare, Jacques l’Eventreur, qui est l’initiateur de la saga des ‘serialkillers’, et finalement le ‘Grand-Frère’ de Orwell.
Les rois-monstres: le Roi Lear, obsédé para la parcellisation de son territoire, Barbe-Bleue sous les traits de Henry VIII, qui est aussi le Roi-Pape,
imité para l’Ayatollah Khoméini, Richard III le serial-killer, le roi frivole qui
passe son temps dans les balnéaires de la Côte d’Azur comme Edward VII,
et finalement le roi adultérin Edward VIII. Décidément le chiffre VIII porte
malheur aux rois qui en font ce décompte. Mais là où le génie britannique
a brillé davantage, c’est avec les reines: la reine vierge, veuve, sanguinaire,
qui perd la tête comme Mary Stuart, avec sa contrepartie: le roi qui perd
la sienne comme Charles I ou George III. En fait, toutes les reines anglaises
s’inspirent de Lady Macbeth comme les rois de Richard III.
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Les monstruosités: la flagellation, ou ‘vice anglais’, ou encore ‘discipline
anglaise’ ou plus simplement ‘victorienne’, est un supplice qui peut entraı̂ner
la mort de la victime, par exemple dans un navire de la Royal Navy du
XVIIIème siècle. ‘Naval tradition is rum, sodomy and lash’, avait dit avec
cynisme le Premier Lord de l’Amirauté, Winston Chruchill en l’occurence.
L’humour anglais n’est qu’une forme déguisée de cynisme et qui, appliqué
en politique, donne les Churchill ou les Thatcher. La décollation à la hache,
ou guillotine anglaise, a été la specialité des rois anglais, de Richard III à
Henry VIII. Le thé de 5 heures est une manifestation du mauvais goût gastronomique anglais, tout comme le ‘fish and chips’. La réputation de la
cuisine anglaise est telle qu’elle a donné lieu à des remarques du style: ‘au
paradis, le cuisinier est français, l’organisation allemande et la politesse italienne, et en enfer, le cuisinier est anglais, l’organisation italienne et la politesse
française’. Le mauvais goût artistique est aussi une invention anglaise, il suffit de deux exemples: le Big Ben et les peintres préraphaëlites. Les Anglais
ont inventé la piraterie navale avec Drake, et la piraterie financière avec la
City de Londres, véritable ı̂le Tortuga du crime financier, et les paradis fiscaux des ı̂les du Channel et des Bermudas. Ils ont aussi inventé la piraterie
militaire, qu’ils appellent la ‘cavalerie de Saint Georges’, un précédent de la
Mafia Sicilienne. Ils ont inventé la prison perpétuelle, la Tour de Londres,
face à une Bastille qui a brûlé depuis longtemps. Ils ont inventé la ‘morale
victorienne’, une autre forme de cynisme qui conjugue l’austérité du sacré
avec la débauche du secret. Ils ont inventé l’enfance exploitée avec Oliver
Twist. Ils ont enfin inventé le capitalisme et son antidote, le marxisme,
comme ils ont inventé le crime et son antidote, Sherlock Holmes, ou tout
simplement le bien et le mal, Jeckyll et Hyde. En Angleterre, l’assassinat
est l’un des Beaux-Arts, au même titre que son antidote, la résurrection des
morts, ou Frankenstein.
La déroute-monstre: les anglais ont inventé la défaite absurde, de même
que la victoire absurde. La déroute absurde est celle de son armée coloniale,
équipée de fusils à longue portée et de canons, face aux zoulous ou aux tribus
arabes, armés de lances et de poignards. La victoire absurde est celle de Waterloo, où deux faits improbables se matérialisent simultanément: l’arrivée
des Prussiens et le retard de Grouchy. Mais le comble c’est l’attaque à la
cornemuse de Lord Lovat en Normandie qui provoque la débandade chez
l’ennemi. Et, avec le résultat contraire, la charge de la cavalerie anglaise à
Baklava pendant la Guerre de Crimée, l’une des manœuvres les plus absurdes de l’histoire militaire, en compétition avec les expéditions de Churchill.
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Churchill qui, dans un autre accès de cynisme, avoua: ‘le succès est la capacité
d’aller d’échec en échec sans perte d’enthousiasme’ et pour le démontrer, il
sacrifia des milliers de ses compatriotes à Gallipoli, Dunquerque, Dieppe,
Grèce, Singapour, Montecasino et Arnhem. Dans la foulée, les Anglais ont
inventé la victoire en reculant, une spécialité mise au point par le Duc de
Wellington lors de la guerre d’Espagne, puis perfectionnée par Chamberlain
en Norvège et Churchill à Dunquerque. Ils sont passés maı̂tres dans l’art de la
victoire obtenue par un coup bas, à tel point que, confrontés à eux quelque
part dans le monde, les Français n’avaient d’autre choix que de supplier:
‘messieurs les Anglais, tirez les premiers’. Un autre mythe anglais de grande
tradition est la ‘taupe’ qui, comme le crime, est doublée de son antidope, le
superagent secret James Bond. La taupe est un agent ennemi infiltré dans les
services secrets britanniques, aux noms singuliers de MI5 et MI6. Au dire de
Graham Greene et John Le Carré, qui en savaient quelque chose, ces services
sont les plus corrompus de monde. Les taupes les plus célèbres de l’histoire
de l’espionnage sont des Anglais: Philby, Burgess, McLean et Blunt. En fait,
ces quatres célébrités sont les seuls agents non cyniques et non criminels que
lesdits services aient recrutés, raison pour laquelle ils l’ont fui. Les Anglais
ont aussi inventé le roi déchu qui veut vendre son règne pour un cheval, de
la même façon que Henry IV gagnait le sien par une messe. Et pour achever
tant de mort en beauté, les Anglais ont inventé le mythe de l’explorateur
perdu: Livingstone au cœur de l’Afrique, retrouvé par un trait d’humour
anglais: ‘le docteur Watson, je suppose ?’ aurait dit Stanley, ‘élémentaire,
mon cher Holmes’, aurait répondu Livingstone. Mais encore, Cook achevé à
coups de flèches dans un ı̂lot perdu du Pacifique, comme le Général Gordon
à Khartoum par des lances de bédouins, tous les deux émules du célèbre
Général Custer. Et pour en finir, le plus beau sacrifice: celui de Mallory
et Scott, morts congelés au plus haut et au plus bas du monde, respectivement. Les Anglais ne connaissent pas l’intermédiaire, ils n’ont que des vices
extrêmes. Churchill, en grand connaisseur, avait dit de ses compatriotes: ‘Ils
ont toutes les vertus que je déteste et aucun des vices que j’admire’.
Posanius - La littérature anglaise
La spécialité des écrivains anglais est, on pouvait s’en douter, le crime.
Mawlowe situa son Massacre à Paris, mais Shakespeare le ramena au bon
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endroit avec ses inoubliables Richard III, Macbeth et Hamlet, trois mythes
de la littérature occidentale parmis les plus réussis. Dans la dernière scène
de Hamlet, le Barde réussit à tuer tous ses acteurs, un fait inégalé dans
l’histoire du théâtre: Hamlet, Ophélia, Laertes, Claudius, Gertrudis, Rosencrantz et Guildenstern passent à la trappe, sans compter Polonius. Il égale
son propre record de Richard III, où huit têtes sont coupées: Vaughan, Grey,
Rivers, Prince Edward, Prince Richard, Hastings, Buckingham et Richard
III lui-même. Le mythe du criminel fut porté à sa hauteur suprême par
Conan Doyle, avec son Sherlock Holmes et son Watson, les équivalents du
Don Quichotte et Sancho Panza de la littérature cervantine, mais où l’échec
final de Cervantès se mue en succès, un signe que le romantisme est passé
par là. Agatha Chritie s’y essaya aussi au crime avec talent. Les espions,
la Guerre Froide et la Guerre Chaude, avec taupes et cadavres, trouvèrent
leurs maı̂tres inégalés chez Graham Greene et John Le Carré. Notre Agent à
La Havane et L’Américain Tranquille sont des chefs-d’œuvre qui dénoncent
le cynisme de ces services secrets qui sont devenus des pépinières de criminels. Mais il n’y a pas de taupe sans Karla, le manipulateur, le Grand
Frère, et on revient à Orwell. Le cinéma anglais s’est chargé d’adapter tout
ce monde en films ou séries télévisées, avec les inoubliables Orson Welles
ou Laurence Olivier en personnages shakespeariens. Le XVIIIème siècle a
aussi trouvé ses chefs-d’œuvre dans le Barry Lindon, adapté au Cinéma par
Kubrick, dans les opuscules de Thomas de Quincey et l’histoire du roi-fou
George III. L’épopée anti-napoléonienne a forgé deux mythes: Wellington et
Nelson, invincibles sur terre et sur mer, respectivement. La mer déferle avec
le crime transformé en fait glorieux, dans ‘Master and Commander’, ou reste
à l’état de simple crime dans ‘Billy Budd’, dans le film comme dans l’opéra de
Britten. Mais cette épopée maritime a vite été remplacée par l’aventure coloniale d’écrivains comme Kipling ou Conrad, de nouveau chanteurs du côté
glorieux comme du côté sale. Quand on parle d’aventure coloniale, on n’est
plus dans le crime mais dans le génocide, que ce soit au Soudan, en Afrique
du Sud, en Inde ou en Afghanistan. Tout ceci a généré une centaine de films,
c’est du moins ceux que j’ai vus: des trois lances de Bengale aux quatres
plumes du Soudan, en passant par une charge à cheval bien légère. Tout ce
génocide au ton plutôt épique s’achève para la Première Guerre Mondiale et
son rondeau ‘In Flanders Fields’, qui cherche encore une justification du carnage, tout comme Lawrence d’Arabie justifie par l’amour à un petit nomade
sa chevauchée du desert. Lawrence et devenu mythe en même temps que
les sables d’Arabie. Retournons au XIXème siècle, sa révolution industrielle
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et l’exploitation de l’enfance. Charles Dikens s’en est nourri pour fabriquer
deux des plus grands mythes de notre enfance, Oliver Twist et David Copperfield, qui ne trouvent de compétition que dans la Cosette de Victor Hugo.
Arrivés au XXème siècle, Forster prend les commandes, tout comme Thomas
Mann en Allemagne. Le premier a dénoncé le colonialisme en Inde, comme
le second a dénoncé le nationalisme métamorphosé en nazisme. Forster a
écrit Maurice comme Thomas Mann ‘La Mort à Venise’. Maurice est aussi
une histoire de sexualité réprimée, comme celle de Wilde, de ‘If’, ou de ‘Another country’. Dans l’histoire anglaise récente, Wilde se présente comme
le contrepoids de Churchill, tous deux devenus célèbres par leurs admirables
quotations. Curchill, qui est arrivé au triomphe final, d’échec en échec, et
Wilde, à la défaite finale, de succès en succès. Dans ce subtil jeu de balancier,
l’Irlandais de France, Beckett, oppose son absurde à la rage de Osborne et de
Pinter. Un autre Irlandais, Joyce, transpose Homère à Dublin, cette ville où
les girls are so pretty et où Leopold Bloom et Molly Malone ont remplacé le
Cyclope et les sirènes. La poésie anglaise monte au pinacle avec le trio Auden, Shakespeare, Byron, dont leur mythe dépasse leur biographie. ‘Stop the
clock and the telephone’, ‘the rest is silence’ et ‘si je meurs en terre étrangère,
ce bout de terre deviendra l’Angleterre’. C’est ainsi que tout le monde est
devenu l’Angleterre.
Phédrus - Les Anglais et la finance
L’économie est une science aussi britannique que le petit déjeuner au
bacon, le fish and chips ou le 5 o’clock tea. Seulement trois noms: Adam
Smith, Marx et Keynes. Précisons que Marx était allemand, mais que c’est
à Londres qu’il passa sa vie, qu’il écrivit son œuvre capitale, et qu’il fut
enterré. Les Anglais ont inventé le libéralisme, le communisme et la socialdémocratie. Le libéralisme conduisit au désordre mondial, à l’accumulation
de la richesse par un petit nombre de pays privilégiés et dans ces pays, par
une classe privilégiée, à l’impérialisme économique et au colonialisme, bref,
au génocide. Le Communisme conduisit exactement aux mêmes résultats
par d’autres moyens. Seul Keynes avait raison, mais il ne fut pas écouté.
L’insistance des pays vainqueurs de la Première Guerre Mondiale à faire payer
à l’Allemagne une indemnité de guerre colossale, contre l’avis de Keynes, produisit l’hyperinflation, un phénomène monstrueux qui démontre que l’économie
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n’est pas une science, mais une espèce de casino où l’on joue 1 franc à la
roulette et on en gagne 1 million, ou l’inverse. L’hyperinflation créa un autre
monstre, Hitler qui, par un même jeu du hasard, tua quelque 40 millions de
personnes. Hitler fut abattu par un monstre aussi dangereux que lui, Staline,
qui lui aussi sacrifia un nombre équivalent de victimes dans son Goulag. Le
Stalinisme disparut et fut remplacé par le capitalisme sauvage de l’Ecole de
Chicago, appliqué dans toutes les autocraties du monde, du Chili à la Chine,
en passant par la Yougoslavie. Le nombre de victimes fut comparable à celui
du Nazisme et du Stalinisme. Il y a encore des gens qui pensent que Keynes
est démodé.
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DIALOGUE II
Thatcher ou Lady Macbeth
Erymacus - Le duo Reagan-Thatcher
Quand on fera le bilan du XXème siècle, Reagan et Thatcher seront considérés aussi néfastes que Brezhnez ou Andropov. Ils se sont investis du
pouvoir de massacrer et détruire n’importe qui dans n’importe quel coin du
monde par les mêmes arguments. Les premiers au nom d’un supposé ‘monde
libre’ composé pourtant en sa majorité de dictatures qu’ils ont soutenues,
les seconds au nom de la dictature. Au moins, Brezhnez et Andropov n’ont
pas eu le cynisme de se cacher derrière des idéaux de liberté pour commettre leurs crimes. Reagan et Thatcher l’ont fait. Ils ont été élus par une
infime fraction de la population de la planète et, de ce fait, se sont octroyé
le droit de liquider partout des gens à leur gré. Leur cynisme n’a pas eu de
plancher, et leur action a été applaudie par les grands lobbys financiers et
leur porte-parole médiatiques, par tous les politiciens corrompus du monde
ironiquement appelé ‘libre’, qui n’a poutant engendré que ces monstres. Le
XXème siècle est bien celui du cynisme triomphant.
Aristocrate - Le duo Pinochet-Thatcher (1)
Baltasar Garzón, né en 1955 en Espagne, magistrat à l’Audience Nationale,
luttait contre le crime organisé. Il a combattu le traffic de drogues, l’ETA
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et les crimes d’Etat. Le 10 octobre 1998 il mit en examen Augusto Pinochet
pour avoir torturé des citoyens de nationalité espagnole. Il fit une requête
d’extradition au gouvernement britannique. Pourquoi à Londres ? Parce que
Pinochet s’amusait à faire ses achats dans les grands magasins de la City,
comme tous les grands fraudeurs internationaux, qui y sont les bienvenus.
Et que s’est-il passé ? Pinochet fut mis en état d’arrestation domiciliaire.
Et ensuite la bataille légale dura 16 mois. En Angleterre, les crimes d’un
chef d’Etat ne sont des délits que s’ils sont commis dans l’illégalité, donc jamais. La Chambre des Lords décréta que seuls les crimes commis après 1988
pouvaient être poursuivis, croyant à tort qu’il n’en avait plus commis après
cette date. Thatcher et Bush se solidarisèrent avec Pinochet, car eux-mêmes
avaient commis encore plus de crimes que lui, sans en être poursuivis pour
autant. Qui plus est, la Cour de Justice de La Haye, qui ne poursuit que des
crimes commis par des anciens communistes, se désintéressa de l’affaire. Finalement, le ministre du Foreign Office (Office des Aliénés), Jack l’Eventreur,
refusa l’extradition en invoquant que Pinochet n’était qu’un malade mental,
comme la plupart des dirigeants anglais, sans violation de légalité.
Erymacus - Mensonges de Destruction Massive (1)
Interrogé par le plus grand journal Anglais, ‘The Crimes’, Jack l’Eventreur
s’exprima comme il suit, sans perdre à auncun moment le flegme légendaire
attribué aux locataires d’Outre-Manche: Je suis Jack Straw, né en 1946 et
MP depuis 1973. J’ai été Home Secretary depuis 1997 et secrétaire du Foreign Office depuis 2001, avec Blair comme Premier Ministre. Pourquoi ai-je
libéré Pinochet en mars 2000 ? Je suis aussi criminel que lui, c’est de la
simple solidarité professionnelle. C’est moi qui inventa l’histoire des Armes
de Destruction Massives pour attaquer l’Irak en mars 2003. C’est surprenant
de m’entendre dire cela ? Sans vouloir me blanchir, le travail sale a été fait
par Blair et Bush. Je n’étais pas dans la photo des Açores, mais je vous
fais remarquer que Blair et Bush sont des sots, incapables de prendre une
telle décision. Pour inventer les MDW(A), il faut un cerveau. C’est quoi
ces MDW(A) ? Massive Destruction Weapons (Arms). Pourquoi ai-je donc
inventé ce nom ? Très simple, cher ami, cela s’obtient en réordonnant les
lettres: MDW(A)-BUSH-BLAIR-SIN = SADAM-HUSEIN. Si vous prenez le
W, vous avez W.BUSH, et si vous prenez le A, vous obtenez A.BLAIR, à
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votre choix. En quoi consistaient ces MDW(A) ? Je vais vous le dire.
Erymacus - Mensonges de Destruction Massive (2)
C’était un gâteau fabriqué avec de l’uranium, des gaz vénimeux, des armes
biologiques, et enfin un petit cocktail de tout ce qui est mortel. Mais pour
en faire usage, Sadam avait besoin de missiles. En effet, nous inventâmes
un canon fabriqué en pièces comme les jeux pour enfants. C’était le ‘Projet
Babylon’. Et d’où avais-je tiré cette idée ? De Jules Verne, ‘De la Terre
à la Lune’, aussi simple que cela. Lisez le rapport du MI6 et comparez-le
au roman de Jules Verne. Il est copié mot à mot. Le 14 février 2003, le
ministre français des Affaires Etrangères, Dominique de Villepin, fit un brillant discours devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, où il dénonça notre
guerre criminelle. Oui, j’ai répondu que le Royaume Uni était une vieille
nation fondée par les Français. Oui, une petite frivolité, alors que nous nous
apprêtions à massacrer des dizaines de milliers d’Irakiens, et détruire le pays
pour des décennies. Vous avez raison, mais avez-vous jamais entendu un
criminel autre que Churchill dire quelque chose d’intelligent avant de commettre ses crimes ? Churchill avait dit: ‘Une fois une guerre commencée
il vaut mieux ne pas s’arrêter’, ainsi que: ‘Dans la guerre, il faut aller de
crime en crime sans perte d’enthousiasme.’ Combien d’Irakiens sont morts
? Je n’en vois pas l’intérêt de votre question ! 150 000 me dites-vous ? Vous
mentez, mon cher ami, il y en a eu beaucoup plus.
Aristocrate - Le duo Pinochet-Thatcher (2)
Juan Guzmán Tapia, juge chilien, politiquement conservateur et catholique,
fut un opposant à Allende, puis il découvrit les crimes de Pinochet. Comment
? En 1998, indigné par l’indifférence des juges devant les crimes dénoncés
par la presse, il lança une plainte contre X pour les faits appelés ‘Caravane
de la Mort’. Lorsque Pinochet retourna de Londres en 1998, blanchi de ses
crimes par les Anglais, il le plaça en examen pour crimes contre l’Humanité.
Le procès ne s’arrêta qu’à cause de la mort du dictateur en 2006. Il fit de
nombreuses recherches sur les ‘disparus’, et créa même dans la jurisprudence
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pénale internationale le concept de ‘détenu disparu’ et de ‘séquestré permanent’. Combien de crimes ont été commis par Pinochet et ses subordonnés
? Il y a peut-être eu 200 000 détenus, 100 000 exilés, 50 000 torturés ou internés dans des camps, et 20 000 exécutés ou disparus. Et les fonds secrets
de Pinochet à l’étranger ? Sa femme et son fils Marco Antonio ont volé à
l’Etat 27 millions de dollars grâce à l’entrepise britannique BAE Systems,
qui payait en argent noir à Pinochet pour achat de matériel de guerre. Cet
argent se trouve dans les paradis fiscaux anglais aux Iles Vierges. C’est ce
qu’on connaı̂t, mais la somme totale pourrait bien être très supérieure.
Erymacus - Iron lies (1)
Interrogée par le journal Anglais, ‘The Crimes’, Margaret Thatcher s’exprima
ainsi. Je suis Margaret Thatcher, née en 1925 et de profession alchimiste. J’ai
transmutté le Torysme en Thatchérisme, une idéologie basée sur l’injustice
sociale, la guerre aux démunis, la défense des privilèges sociaux, et la guerre
aux pays faibles pour dynamiser notre économie. Je me suis moi-même transmuttée en fer, sous le nom de ‘Iron Lady’. J’ai inventé l’euroscepticisme sous
la devise ‘Give all the money I stole back’, et j’ai réhabilité le colonialisme en
délivrant les Faklands. Mes crimes sont devenus aussi populaires en UK que
ceux d’Hitler en Allemagne, ce qui m’a permis de gagner toutes les élections
auxquelles je me suis présentée. J’ai occupé le poste de Premier Ministre
pendant le temps record de 11 ans, entre 1979 et 1988, seulement 1 an de
moins que Hitler, mais j’ai fait autant de dégâts que lui dans l’économie
mondiale. Mon record criminel est impressionnant. Quel a été mon modèle
? Mais voyons, quelle question idiote, Lady Macbeth. Pourquoi cette haine
contre les mineurs et les Trade Unions ? Car ce sont des communistes, des
ennemis de la banque frauduleuse et des privilèges sociaux, du libéralisme,
bref, de ce qu’il y a de plus sacré en Angleterre. Pourquoi cette haine contre
l’Europe ? Le RU s’est trompé en rentrant en Europe. Il aurait dû rentrer
aux USA.
Erymacus - Iron lies (2)
Pourquoi ai-je envahi les Faklands ? L’Argentine était une dictature mili12
taire. On ne pouvait pas laisser ce pays envahir un état démocratique. C’était
comme la Pologne en 39. Pourquoi j’ai demandé le soutien de Pinochet? Car
il était un grand démocrate qui a libéré son pays du communisme. Il a fait au
Chili ce que moi au RU. En quoi consistait notre alliance ? L’Armée Chilienne surveillait l’Armée Argentine avec les moyens militaires modernes que
nous lui avions vendus. Qui a vendu ce matériel militaire au Chili et pour
quel montant ? Les entreprises anglaises d’armement, bien sûr, comme BAE
Systems. L’industrie et le commerce anglais ont fait du coup un bon spectaculaire qui a dynamisé notre économie et le prix des actions à la bourse de
Londres s’est envolé. Quel a été mon modèle ? Quelle question idiote, Hitler
évidemment. C’est le triomphe du libéralisme à la Adam Smith, le triomphe
du libre marché. On a fait chuter l’URSS, moi et Reagan. L’Histoire retiendra nos noms à côté de celui d’Hitler, qui n’arriva pourtant qu’aux portes
de Moscou, je vous fait remarquer. Est-ce que notre système économique est
basé sur la guerre ? Oui, mais une guerre qui conduit à notre hégémonie
politique et économique, c’est là la grande différence entre nous et Hitler.
Les pôts-de-vin ? Mais de quoi me parlez-vous ? De Pinochet et sa famille ?
En avez-vous des preuves ?
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DIALOGUE III
Eden ou le malade non imaginaire
Acrate
Churchill avait dit: ‘Je n’aurais jamais fait cela sans l’accord des Américains,
mais une fois lancé je n’aurais jamais osé m’arrêter’. Anthony Eden eut une
carrière politique très brillante. MP à seulement 23 ans, il fut à 35 ans le
ministre du Foreign Office le plus jeune de l’histoire. Il démissionna le 23
février 1938 pour protester contre la politique d’apaisement de Chamberlain.
Peu de gens à l’époque eurent son courage et sa lucidité. En 1940, il rentra
dans le gouvernement Churchill, d’abord à l’armée et ensuite pour remplacer
Lord Halifax, de nouveau au Foreign Office. Lorsque Churchill fut battu en
45, il assuma le rôle de leader de l’opposition Tory. En 51, Churchill revient
de nouveau au pouvoir, et Eden au Foreign Office. En tout, il passa dix
ans de sa vie dans ce ministère. Il attendait sa chance une fois que le vieux
lion fût mis en cage. Son atout principal face aux électeurs était son charme
personnel, les femmes l’aimaient et sa popularité dépassait son propre camp.
Malaparte a décrit ses entretient avec le Duce et le comte Ciano, son ministre des Affaires Etrangères, juste avant l’entrée en guerre de l’Italie en 1940.
Eden était à l’époque un jeune blond qui fascinait l’écrivain italo-allemand,
le Duce beaucoup moins. Lorsque Ciano annoça à l’ambassadeur français à
Rome, André-François Poncet, que l’Italie déclarait la guerre à la France, ce
dernier demanda avec inquiétude: ‘allez-vous bombarder Paris?’, mais Ciano
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le rassura: ‘nous n’avons pas d’avions en état de voler’.
Sophane
Quel malheur pour l’humanité. Le 12 avril 1953, une opération banale de
chirurgie appliquée au ministre du Foreign Office, l’extirpation de sa vésicule,
tourna au cauchemar. Son médecin, Sir Horace Evans, lui avait proposé trois
spécialistes de la colésistectomie, mais Eden écarta les trois et prit la décision
fatale de choisir un médecin à la retraite et sans expérience, Sir Biff Tumor,
qui jadis lui avait extirpé l’appendice sans plus de dommage. Tumor était si
nerveux que l’opération fut arrêtée au moment le plus délicat, et il renonça
même à continuer. Blacktumor, son adjoint, se chargea de la suite, avec un
résultat encore plus noir. Eden fut sur le point de trépasser plusieurs fois au
cours de cette opération longue et traumatique. D’après une étude d’experts
médicaux chargés de l’enquête, on arriva à reconstruire les failles multiples
du processus. On coupa plusieurs parties du corps de la victime sans jamais trouver l’organe recherché. Un étudiant en première année de médecine
générale n’aurait pas commis autant d’erreurs fatales. Churchill intervint et
ressuscita le mourant. Sa réputation de Docteur Jeckyll y était pour quelque
chose, mais Eden n’était plus le même. Il ressemblait étrangement à Mr Hyde
et les sceptiques de cet étrange travestisme allaient bientôt se confronter à
cette dure réalité. Parmi eux se trouvait Churchill lui-même, qui trancha
dans le vif avec mépris: ‘on m’extirpa mon appendice sur une table de cuisine, et je suis encore debout’, après quoi il s’écroula à cause d’un infarctus
cérébral, tandis que Eden s’enfuyait à Boston pour se faire réparer à la Harvard Surgery School.
Acrate
Brain, le médecin de Churchill, soigna successivement le Prime Minister
d’une disartrique, une faiblesse à la main gauche, et un pas chancelant qui
l’empêchait de marcher, mais pas de manger et de boire. L’Angleterre tournait à vide sans guide à l’intérieur ni à l’extérieur. Churhill finit par décrocher
en 1955, et il subit un nouvel infarctus, puis un autre en 56. Récupéré, Eden
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reprit l’Extérieur, mais en 54 et 55 il eut de la fièvre et des refroidissements.
Il pensait malgré tout que son heure était arrivée. Mais l’heure de quoi ?
On va bientôt le savoir. Eden convoqua des élections après la démission de
Churchill, et les gagna. Les électeurs ne savaient rien de ses désordres intestinaux. Il obtint 50% des voix, record absolu dans l’histoire de l’Angleterre
d’après-guerre. Les enquêtes confirmèrent: Eden était l’homme politique le
plus populaire. Staline était mort, et Eisenhower était devenu le Président
des EEUU. Il fallait s’entendre avec ce grossier de Khrushchev, qui enlevait
ses chaussures au milieu d’une discussion. Et cela devant un british gentleman qui n’enlevait jamais sa cravatte en public, et à la toilette impécable. On
parla du nucléaire, de la bombe, de quelque chose qui pouvait donc anéantir
l’humanité. Clarissa, la femme de Eden, écrivit dans son journal: ‘Anthony
est fatigué et déprimé. C’est la presse et la Jordanie qui sont la cause de son
mal’.
Sophane
L’année fatidique de 1956, celle de ma naissance, commença avec de virulentes attaques de presse. Le Daily Telegraph, qui avait soutenu la Droite,
l’accusa de ‘ne pas taper assez fort lorsqu’il cognait la main gauche’ et que
l’opinion attendait un coup fort du gouvernement. Alors, l’affaire de Suez
éclata. Ce fut un coup dur pour les Anglais. Il y a des années qu’ils avaient
renoncé à l’Inde, mais pas à la route qui menait à l’Inde, même si maintenant elle ne menait nullepart. On fit une feuille de route pour récupérer le
road-map dans son intégrité. Eden était de nouveau souffrant au lit, incapable de décider. On l’interpela à la Chambre sur la Jordanie. Il s’énerva et
reprocha à l’opposition de ne pas regarder la carte au bon endroit. Celle-ci
demanda sa démission par manque de vision politique. C’était la géographie
contre l’ophtalmologie. Sa femme insistait: ‘C’est la Jordanie son problème’,
et Eden renvoya le Chef de l’Armée de façon fulminante. Le motif est resté
inconnu malgré les nombreuses recherches des meilleurs spécialistes en cartographie. Eden s’expliqua finalement: Nasser pousse Hussein contre les
Anglais, il faut l’extirper. Tout se réduisait à un problème médical affectant
tout le corps, des yeux à l’intestin. Il fallait opérer et vite. Eden s’écria:
‘je veux la peau de Nasser’. On regarda encore une fois la carte, et la peau
n’apparaissait pas, mais un petit cordon ombilical entre Nasser et Hussein.
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C’est là qu’il fallait tectomiser. On avait finalement trouvé l’obstruction qui
reliait les organes défaillants.
Acrate
Le RU avait gouverné l’Egypte de 1882 à 1952, lorsque le Roi Farouk, un
pion anglais, fut renversé par Nasser. La voie libre à Suez était considérée par
Eden comme vitale, même si on n’avait rien à y faire passer. C’est le passé
qui repasse. Eden s’obstina: ‘C’est Nasser qui est la faute, son Anglais est
fautif, il aurait dû venir se perfectionner à Oxford comme les Rajah Indous’.
La dispute s’envenima lorsque Nasser se présenta sans cravate devant un
impécable Eden en smoking noir. Eden contrattaqua par la pire des insultes,
il parla en Arabe, la langue des mécréants. Nasser ne comprit rien car Eden
parlait un Arabe avec l’accent de Oxford et pas celui des bédouins du désert
recommandé par Lawrence d’Arabie. En fait, Eden parlait l’Arabe Classique
et personne ne lui avait prévenu que seuls les intellectuels le comprennent,
et Nasser ne se comptait pas parmi eux. Après la vision, un problème de
langue, et Eden perdit la tête. Il fallait couper vite avant que le mal empire
et colonise les intérêts vitaux. Nasser eut l’idée sogrenue de faire barrage
au Nil à Assouan, alors que Eisenhower se récupérait de sa nihilite et Eden
des obstructions à son courant sanguin. Foster Dulles, Secrétaire d’Etat
américain, fut inflexible face à l’inondation d’idées soviétiques en Egypte, un
terrain cultivé depuis toujours par le vent d’Ouest et dont la récolte risquait
de pourrir sous un torrent de boue de couleur rougeâtre. Après l’anatomie
et la cartographie, c’est la météorologie qui annonçait l’orage. Mais c’était
un malentendu. Le problème venait en réalité de l’apareil auditif.
Sophane
Fallait-il laisser construire ce barrage du Nil ou barrer la route à cette
construction pharaonique ? Fallait-il laisser libre cours au Soviétiques dans
ce col de bouteille du monde qu’était le Canal de Suez, même si la bouteille
était vide, ou leur faire barrage avant qu’ils n’inondent toute l’Afrique ? On
n’était plus dans l’anatomie, la cartographie ou la météorologie, car la situation avait débouché dans un delta hydrologique à l’image du fleuve mythique
17
où l’histoire de la Haute Egypte s’était donné rendez-vous sans y être solicitée. Ce n’est pas surprenant qu’Eden sombrât dans ce maremagnum de
l’est de l’Afrique. Eden ne s’entendit pas avec les Américains. La langue
imposait encore ses caprices et entre l’Anglais de Oxford du Premier Anglais
et le dialecte Texan de Eisenhower, il y avait une barrière infranchissable,
comme ce stupide canal qui sépare Asie et Afrique. Aucun historien n’a
réussi à ce jour à reconstruire les motifs qui ont poussé Eden à nier la réalité
puis se renier lui-même. Toute tentative de le faire serait vouée à l’échec.
Il y a des événements historiques qui se produisent sans cause, comme ceux
que nous allons raconter. Nasser nationalise le Canal de Suez. On peut
le comprendre, c’était son territoire. Mais pourquoi Eden pensait que cette
décision était une menace contre l’Angleterre et décida d’intervenir militairement, sans l’appui des Américains, qu’il pensait pourtant avoir, sans attendre
d’autre réponse positive que celle des troupes coloniales françaises d’Algérie,
pourquoi cette décision à la fois absurde et fatale a eu lieu, ça on ne le saura
jamais.
Acrate
Churchill, le plus grand expert en expéditions râtées de l’histoire, en
compétion avec Alcibiade, décida qu’il était grand temps de reprendre les
choses en main. Sans cartes à sa disposition, il conseilla l’attaque du Caire,
qui n’est proche ni d’Assouan ni de Suez. On tombe ainsi dans un problème
de distance, ou plutôt de triangulation. En effet, il n’y a pas eu de science qui
n’ait été évoquée dans cette crise. Même l’économie s’invita avec des achats
et des ventes frauduleuses d’actions à la Bourse de Paris. Le 17 août, peu
importe l’année, Eden écrivit à Churchill: ‘Le plus important c’est que les
Américains sont avec nous’, après avoir reçu de Eisenhower le message suivant: ‘L’opinion américaine s’oppose à l’usage de la force’. Vous conviendrez
avec moi qu’il y a un problème de traduction. Cela me laisse rêveur car cet
échec cuisant était peut-être voulu. Borgès avait dit que seul l’échec donne
entière satisfaction. Et si ce n’était qu’un jeu ? Des manœuvres en temps de
paix pour entraı̂ner l’armée à une vraie guerre ? Le docteur Owen lui-même,
dont je suis jusqu’ici le récit avec fidélité, compare cette expédition insensée
avec celle de l’Irak en 2003. Il s’agirait selon lui d’une folie, qu’il appelle
syndrome d’Hybris, qui a corrompu la raison de tous les Premiers Ministres
18
Anglais de Pitt le Jeune à Blair, en passant par Lloyd George, Churchill
et Thatcher. A l’extérieur du monde anglo-saxon on l’appelle paranoı̈a, ou
parfois syndrôme du Général Custer.
Sophane
Le Dr Owen a essayé de justifier le comportement erratique de Eden
par sa maladie. Dans son journal, Eden écrit le 21 août: ‘Je me sens mal.
Je me réveille à trois heures du matin avec des douleurs. Je prends de la
démonica, les médecins arrivent. Virgile est plus optimiste qu’Horace, ce
n’est qu’une métaphore. Il faut changer de traitement. Conclusion: ‘Je devrais prendre des vacances dans un balnéaire de la Mer Rouge’. C’est la
seule explication valable que j’ai trouvée pour l’invasion de Suez: un avis
médical mal interprété. Faisons le point: fautes de traduction, malentendus,
avis médicaux ambigus et, pire encore, prise massive de démonica, de barbituriques, anfétamines, sédatifs, benzédrine, examens aux rayons X, encore
plus d’anfétamines, amilobarbitona, encore des sédatifs, drinamil, aussi appelé dexamil dans certains pays, et dont les effets secondaires sont l’insomnie,
l’agitation, l’anxiété, l’irritabilité, l’excès de confiance, la désinhibition et le
comportement atypique, qui peut aller jusqu’à la paranoı̈a et la perte de
contact avec la réalité. La liste de médicaments ellaborée par le Dr Owen
s’étend sur cinq pages, pas moins. ‘Jamais autant de médicaments eurent
un effet aussi funeste’, aurait dit Churchill. Sa décision d’attaquer Suez fut
prise dans cet état d’âme. Lorsqu’il démmissionna le 9 janvier de l’année
suivante, il invoqua comme raison sa dépendance des drogues. Il souffrait
en plus de colangite, frissons, tremblements, infection hépathique, fièvres et
manque de contrôle du langage. L’échec cuisant de Suez ne figure pas parmi
les causes de sa démission. Churchill, lui-même alcoolique, lui avait conseillé:
‘Ne reconnaissez jamais vos échecs. Il faut toujours invoquer une raison de
santé. C’est ce que j’ai fait moi-même avec succès’.
Acrate
La débâcle de Suez eut de profonds effects sur la politique extérieure britannique et française, qui durent reconnaı̂tre qu’ils n’étaient plus de grandes
19
puissances, mais des pions dans l’échiquier où les pièces maı̂tresses étaient les
Russes et les Américains. Lorsque Eden mourut en 1977, Le Times écrivit:
‘C’était le dernier ministre qui pensa à la Grandre-Bretagne en termes de
grande-puissance, et le premier à prouver qu’elle ne l’était plus’. Des années
après, les historiens ne comprennent toujours pas pourquoi Eden avait attaché autant d’importance au Canal de Suez, à Nasser et à l’Egypte, qui
sont depuis longtemps des problèmes secondaires pour les intérêts britanniques dans le monde. Eden prit en très peu de temps, et alors qu’il était
souffrant, trois décisions fatales: agir poussé par Israël, mentir à la Chambre
des Communes, et mentir aux Américains. De même, lorsque GW Bush prit
en 2003 la décision fatale d’envahir l’Irak, il agit poussé par Israël, en mentant à l’ONU et donc au monde entier.
20
DIALOGUE IV
Churchill ou le Docteur Jeckyll
Théotime - Le Politique (1)
Churchill devint Premier Ministre le 10 mai 1940, à l’âge de 65 ans,
dans une situation désespérée pour l’Angleterre. Il abandonna le pouvoir
en juillet 1945, après une victoire militaire écrasante, qui se traduisit en
défaite électorale aussi écrasante pour son parti. Les deux événements sont
un mystère: pourquoi il affronta avec succès le péril hitlérien, et pourquoi il
perdit des élections où il partait largement gagnant. La situation désespérée
était la suivante: les Allemands avaient réussi à disloquer l’Armée Française
en quatre jours, bien que la victoire finale n’arriva que lorsque Pétain demanda à Hitler un Armistice séparé le 17 juin. Entre temps, l’Italie était
entrée en guerre, ouvrant ainsi un nouveau front en Méditéranée, où l’Angleterre
possédait d’importants intérêts stratégiques: Gibraltar, Malte, Alexandrie
et Suez. Churchill forma un cabinet de guerre avec trois ministres Tory
(lui-même, Halifax et Chamberlain) et deux Travaillistes (Attlee et Greenwood). Son pire ennemi ne fut pas Hitler, mais Halifax, qui proposa la seule
chose raisonnable: négocier avec Hitler et Mussolini en attendant des temps
meilleurs. Churchill s’y opposa, et ce refus l’a fait passer à l’histoire comme
l’un de ses plus grands héros. Les raisons de ce refus sont pourtant restées
obscures. Churchill avait sans doute des cartes dans sa manche qui n’ont
pas été révélées. Son raisonnement était le suivant: 1) Hitler ne peut pas
envahir l’Angleterre sans navires, 2) Mussolini n’a pas d’armée efficace et
21
peut être rapidement neutralisé, 3) La Luftwaffe va bombarder l’Angleterre
et cela coûtera du sang et des larmes. Mais les Hurricane et les Spitfire de
la RAF sont meilleurs que les Me-109 de Goering, qui en plus est un piètre
tacticien. L’Angleterre ne peut pas perdre une bataille dans les airs. Elle
compte en plus avec le radar. Elle peut donc résister efficacement à Hitler,
mais peut-elle vaincre Hitler ?
Alviade - Le Politique (2)
Evidemment non, à moins que... 1) Staline entre en guerre, 2) Roosevelt entre en guerre. La véritable question est donc de savoir quand ces
événements, qui se sont produits en juin et novembre 1941, respectivement,
ont été connus par Churchill. Très probablement au moment de l’armistice
de 1940, mais cela n’a jamais été su, car c’était inavouable. Rappelons que ce
n’est ni Staline ni Roosevelt qui ont déclaré la guerre à Hitler mais l’inverse.
Cependant, Roosevelt fit tout son possible pour que Hitler lui déclare la
guerre, en signant en particulier les accords de Lend-Lease, dès novembre
1940, avec Churchill. Il poussa également le Japon vers la guerre, en lui
coupant tout son ravitaillement en matières premières. Le cas Staline est plus
obscur. Il avait signé avec Hitler le surprenant Pacte Germano-Soviétique,
en réalité un pacte de dupes, auquel ne croyait ni Hitler ni Staline. Pour le
premier, c’était la garantie d’avoir les mains libres à l’ouest, et pour le second
la garantie que Hitler allait attaquer à l’ouest en premier. Or la vitesse avec
laquelle la France s’effondra surprit l’URSS au milieu d’une purge complète
de son armée. Hitler dut prendre la décision d’attaquer l’URSS peu après la
défaite de la France, et en donna des signes à Churchill: il laissa filer le Corps
Expéditionnaire Britannique à Dunquerque. Mais Churchill a dû également
recevoir des informations de la résistance intérieure à Hitler, qui s’organisa
dès la Crise des Sudètes de 1938, et qui comptait parmi ses membres des
personnages aussi hauts placés que le Général Beck, ancien Commandant en
Chef de l’Armée Allemande, et l’Amiral Canaris, Chef des Services Secrets
Allemands. La partie visible de cette trame fut mise à jour lors du coup
râté contre Hitler en juillet 1944, mais il reste encore une partie non visible
où l’on trouve entre autres le baron Weiszäcker, sous-secrétaire d’état aux
affaires étrangères. Il serait étonnant que ce réseau de résistance n’ait pas
informé Churchill à une date précoce des intentions de Hitler envers l’URSS.
22
Théotime - Le Militaire (1)
Churchill était un politicien habile, mais un misérable chef militaire. Il
aurait perdu la guerre si son staff militaire n’avait pas été là pour l’empêcher
d’agir. Il faut rappeler que Churchill avait fait la Guerre des Boers et avait
lancé des offensives absurdes pendant la Première Guerre Mondiale, alors
que l’aviation n’existait pas encore. Il ne connaissait rien à la guerre sur
terre avec des chars, ni à la guerre sur mer avec des avions. Lorsque Paul
Reynaud, beaucoup plus lucide que lui, lui annonça le 15 mai 1940, que la
France avait perdu la guerre, Churchill lui répondit que cela était impossible,
que 100 chars allemands ne pouvaient pas prendre Paris tous seuls et gagner
la guerre. Il se trompa. Tous les témoignages s’accordent sur ce fait: ses
généraux et amiraux ignorèrent ses ordres. Et dans les rares cas où il ne fut
pas ainsi, ce fut l’échec. Les Amiraux Cunningham et Sommerville, basés
à Alexandrie et Gibraltar, respectivement, détruisirent en quelques jours la
Flotte Italienne. L’offensive de Mussolini en Grèce et Egypte fut un échec
d’une ampleur inespérée. Non seulement le Duce ne gagna aucun terrain,
mais encore il perdit une partie du sien. Heureusement pour lui, Hitler arriva à son secours.
Alviade - Le Militaire (2)
Pourquoi Churchill refusa-t-il d’évacuer la Grèce et la Crète, en mettant en péril sa flotte en Méditerranée Orientale ? Pourquoi choisit-il des
généraux plutôt médiocres pour ses offensives en Lybie ? Pourquoi lança-t-il
le débarquement absurde à Dieppe en 1943, où tant de soldats canadiens
périrent ? Pourquoi ordonna-t-il à Montgomery de prendre les ponts sur
le Rhin à Arnhem en 1944, manœuvre qui se solda par un échec cuisant
? Pourquoi ordonna-t-il à ce même Maréchal de prendre Berlin avant les
Russes, contre toutes les règles de la logique ? Pourquoi Roosevelt lui interdit de s’allier à dissidence allemande en 44, pour s’attaquer aux Russes
? Pourquoi voulait-il à tout prix débarquer en Grèce, avant que les Russes
n’arrivent ? Pourquoi déclancha-t-il la guerre civile dans ce pays en octobre 44, lorsque les Allemands évacuèrent les Balkans ? Pourquoi déclara-t-il
23
au même moment que le Général Franco était intouchable ? Oui, Churchill
avait déjà une stratégie, la même que celle d’avant guerre, avec un seul vrai
ennemi: l’URSS. Sur le front du Pacifique, la forteresse imprenable de Singapour tomba en quelques jours avec ses 100 000 hommes. Churchill y envoya
deux cuirassés qui furent coulés en quelques minutes para les Japonais, le
Prince of Wales et le Repulse. Puis il envoya Lord Mountbatten combattre
la puissance aéronavale du japon dans l’Océan Indien avec une flotte obsolète.
Celui-ci eut la sagesse d’éviter l’ennemi.
Théotime - La défaite électorale (1)
Un chef d’état qui gagne une guerre est normalement réélu, souvent avec
une large majorité. Ce fut par exemple le cas de Thatcher après les Malouines. Une exception marquante à cette règle fut la défaite de Churchill
face au travailliste Attlee, défaite qui en plus fut écrasante. On a dit que les
Anglais voulaient la justice en plus de la victoire militaire. Ce n’est peutêtre qu’une partie de la vérité. Klaus Mann raconte dans ses carnets qu’alors
qu’il combattait en première ligne sur le front d’Italie, engagé dans l’Armée
Américaine, il se trouva un jour face à Churchill, et que l’impression que
celui-ci lui causa fut déplorable: un petit vieillard au visage rougi par l’alcool.
Lorsque Churchill perdit les élections, Mann écrivit: c’est la meilleure nouvelle depuis la mort de Hitler. En effet, il était alcoolique, mais il avait aussi
une maladie mentale. Les témoignages de Docteur Owen et de Roy Jenkins
sont formels à ce sujet: son humeur fluctuait entre la dépression et l’euphorie
de façon continuelle, et il a reconnu lui-même des idées suicidaires dans sa jeunesse. Il était probablement un génie dans ses moments de lucidité, mais un
incapable lors de ses dépressions. On ne peut pas laisser gouverner un homme
dans cet état. Les électeurs anglais ont sans doute compris que quelque chose
n’allait pas bien dans sa tête.
Alviade - La défaite électorale (2)
Mais il y avait encore une autre raison pour la défaite de Churchill. Le 24
mai 1944, devant les Communes, il avait dit: ‘Je fais l’éloge du général Franco
24
qui a tellement contribué à la paix en Méditerranée. La politique interne de
l’Espagne est l’affaire des Espagnols, sauf s’il y a un péril communiste, où je
suis là pour intervenir. Comme ce péril ne peut jamais être écarté, je soutiens
Franco. Regardez ce qui se passe en Grèce où la politique interne est l’affaire
des Anglais ? C’est logique, avez-vous bien compris ?’. Stupeurs dans son
propre camp. Qu’est-ce qu’il raconte ? Ricanements dans l’opposition. Il a
encore une fois perdu la tête. En fait, ça fait longtemps qu’il la cherche en
vain. Les travailleurs anglais se mobilisèrent au cri de ‘voter Churchill c’est
voter Franco’. Ils étaient plus lucides que les historiens anglais. Ont-ils au
moins essayé ces derniers de retrouver le rôle sinistre de Churchill dans les
événements de Grèce et d’Espagne ?
Théotime - La Grèce
L’Angleterre considérait la Grèce comme une pièce maı̂tresse de son contrôle
de la Méditerranée Orientale. Churchill craignait que la défaite allemande
en Europe Orientale allait placer la Grèce sous contrôle soviétique, une hypothèse qu’il se refusa toujours à accepter. Il proposa même de débarquer en
Grèce avec plus de priorité qu’en Normandie. Son plan ne fut pas retenu, mais
le débarquement en Grèce eut bien lieu lorsque les troupes d’occupation allemandes abandonnèrent le territoire grec. Cette invasion provoqua la guerre
civile en Grèce. Cette guerre s’annoça dès 1942 car le gouvernement grec en
exil, un pion des Anglais, fut incapable d’arriver à un accord avec la gauche.
Le front de gauche se manifesta à Athènes contre ces ‘libérateurs’ anglais,
et sa branche militaire déclencha la guérilla dès 1946. Elle boycotta aussi
les élections de 1946, truquées par les Anglais. La guerre prit fin en 1949
et la Grèce rentra dans l’ordre, c’est-à-dire l’OTAN. Mais le virus couvait
dans ce corps malade et la tumeur fut de nouveau extirpée, cette fois-ci par
l’OTAN, en 1967. L’antidote se présenta sous la forme d’un gouvernement
démocratique qui est appelé aujourd’hui ‘dictature des colonels’.
Alviade - L’Espagne
Churchill fut le plus ferme soutien du général Franco dès 1944, lorsque
des voix commencèrent à s’élever pour mettre ce monstre hors de la circula25
tion. Lorsque Churchill perdit les élections en 1945, le Américains prirent le
relai, comme en Grèce. En 1956, un pacte entre Franco et Eisenhower permit la survie de la dictature, en échange de bases militaires, qui se prolongea
jusqu’en 1975. Ce fut la dictature la plus longue d’Europe Occidentale,
grâce aux bons offices des Anglais. La célèbre formule de Churchill sur la
démocratie ne s’applique pas à l’étranger, une leçon que les Américains ont
vite fait d’apprendre. Franco a certes été un allié fidèle des Anglais pendant
la Seconde Guerre Mondiale, et cela méritait d’être reconnu. Un certain accord avait dû être passé entre le gouvernement anglais de l’époque et Franco
pour le soutenir pendant la Guerre Civile, en échange du rétablissement de la
monarchie. Mais cela aurait impliqué des élections qu’on risquait de perdre,
un risque que les Anglais ne voulaient pas se permettre, surtout après leur
désastreuse expérience en Grèce.
Théotime - Le talent néfaste de Churchill
Churchill avait dit que la démocratie est le meilleur des régimes politiques,
une fois les autres exclus. Il dit aussi que l’Histoire serait généreuse à son
égard, car lui-même se chargerait de l’écrire. Mais son erreur fut de ne pas
écrire l’Histoire. Ses Mémoires lui valurent le Prix Nobel de Littérature, ce
qui est la meilleure preuve qu’il s’agit bien d’un roman, pas de faits véridiques.
Parmi tous les grands leaders politiques élus lors d’élections impartiales, le
plus néfaste fut sans doute Winston Churchill. On a parlé de ce qu’il fit en
1940-45, mais on n’a pas dit ce qu’il fit avant 1940, ou après 1945, et qui
a été oublié à cause de son action pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
Disons que Churchill s’amusait à déclencher le guerre un peu partout dans
le monde. Pendant sa période finale comme Prime Minister en 1951-55, il
déclancha des guerres en Iran, Malaisie, Kenya, etc... Pendant la Première
Guerre Mondiale, il occupa un poste aussi important que celui de Premier
Lord de l’Amirauté. C’est lui qui ruina la Flotte Britannique, qu’il contrôla
sans avoir embarqué que dans des croiseurs de plaisir en Méditerranée. C’est
lui qui déclancha la folle aventure de Gallipoli qui coûta 500 000 morts. Finalement, c’est lui le Ministre des Finances pendant la période 1924-29, où
il prépara la ruine de l’Angleterre au moment de la crise de 29.
26
Alviade - Le lion en cage
Au début des années 30 et à presque de 60 ans, Churchill était un homme
politique sans aucun avenir. Les conservateurs se méfiaient de lui à cause de
ses volte-faces politiques, où il faisait cause commune avec les libéraux, pour
revenir ensuite au bercail conservateur. Entre 1932 et 1939, il ne se trouva
parmi les ministres d’aucun gouvernement conservateur, et il les fustigea au
parlement à cause de leur complaisance avec Hitler. C’est du moins ce que
l’histoire a retenu, mais la réalité c’est que la guerre était sa seule chance de
revenir au pouvoir. Pendant ces années 30, l’Angleterre fut gouvernée par
des hommes comme Baldwin, Halifax ou Haore, dont le crédo réactionnaire
n’avait rien à envier à celui d’un Pétain ou un Laval. L’Angleterre jouait le
jeu de revigorer les dictatures fascistes dans l’espoir que celles-ci finiraient
par se heuter à leur ennemi commun, l’URSS. Le crédo de Churchill ne semble en rien diférer de cette ligne de pensée, si l’on croit à ses déclarations de
l’époque. Il appuya la politique agressive du Japon en Chine, l’impérialisme
de Mussolini et le coup du général Franco. On a vite oublié qu’en 1937,
un an seulement avant les accords de Munich, il déclara qu’Hitler ‘serait
retenu par l’Histoire comme l’homme qui a restauré l’honneur et la paix
de la Grande Nation Allemande’. Mais quelque chose a poutant changé
lorsqu’après les événements honteux du pacte de Munich, il lança sa célèbre
formule: ‘vous pouviez choisir entre le déshonneur et la guerre, vous avez
choisi le déshonneur et vous aurez la guerre’. L’Histoire a retenu cette formule et oublié le reste. Mais si Churchill a changé si radicalement d’opinion,
c’est parce qu’il voulait lui-même la guerre à tout prix.
Abrégé de philosophie cynique
Je n’aurais jamais fait cette guerre sans l’accord des Américains, mais, une
fois commencée, je n’aurais jamais osé l’arrêter.
Je ne crois que dans les enquêtes que j’ai moi-même manipulées.
Il fallait choisir entre le déshonneur et la guerre. On choisit le déshonneur et
on eut la guerre.
Je suis préparé au martyr, mais je préfère le remettre à plus tard.
Il a toutes les vertus que je déteste at aucun des vices que j’admire.
27
L’Histoire sera généreuse envers moi, car j’ai l’intention de l’écrire moi-même.
Un homme politique est d’autant plus grand qu’il suscite de mépris chez ses
opposants.
Democracy is the worst form of government except all the others that have
been tried.
Je suis toujours disposé à apprendre, mais jamais à recevoir des leçons.
Le succès est la capacité d’aller d’échec en échec sans perte d’enthousiasme.
Le rideau de fer est tombé de la Baltique à Trieste.
La moitié des mensonges qui courent dans le monde sont vrais.
Quand les aigles se taisent, les perroquets parlent.
Naval tradition is rum, sodomy and lash.
Un homme inculte est celui qui lit des livres de citations.
It is not the beginning of the end, it is the end of the beginning.
We shall not show mercy, but we will ask for it.
28
DIALOGUE V
Chamberlain ou le Docteur Frankenstein
Phédrus - Les ministères conservateurs
Bonar Law succéda à Lloyd George en 1922, malgé son cancer à la gorge.
En avril 1923, il ne pouvait plus parler devant la Chambre des Communes, et
décéda en octobre. Son médecin fut élevé au rang de Lord. Baldwin remplaça
Bonar Law. Il retourna à nouveau au pouvoir entre 1929 et 1931, où il dut
faire face à la terrible crise de 29. McDonald se fit un nom en refusant le conseil de Keynes de dévaluer la livre, avec les conséquences fatales que l’on sait.
McDonald fit du travestisme politique et gouverna d’abord avec les travaillistes, puis avec les conservateurs, mais il fut saisi de démence, et préconisa
même le désarmement face à Hitler. Il démissionna finalement le 7 juin 1935,
et Baldwin accéda à la charge de Premier Ministre pour la troisième fois.
Mais Baldwin était sourd physiquement, et aveugle politiquement. Devant
cet état alarmant, il fut remplacé par Chamberlain le 28 mai 1937. L’action
de Chamberlain, l’une des plus néfastes de l’Angleterre moderne, lui valut le
surnom de ‘head in the sand’ pour ses pactes avec Hitler, en particulier après
le célèbre Pacte de Munich, qu’il avoua avoir signé après une crise nerveuse.
Lorsque Chamberlain déclara la guerre à Hitler en septembre 1939, tout le
monde disait qu’il était malade. Après le désastre de Norvège où la toutepuissante Flotte Britannique fut tenue en échec par quelques croiseurs et
destructeurs allemands, il démissionna. C’était le jour le plus mauvais pour
29
ce faire, le 10 mai 1940, jour de l’invasion de la France par Hitler. Chamberlain avait en fait un cancer à l’intestin. Il passa du Cabinet de Guerre au
cabinet chirurgical, et il mourut le 9 novembre 1940.
Posanius - Errare humanum est (S.Zweig)
Selon une loi irrévocable de l’histoire, les contemporains des grands événements
manquent des indices qui déterminent les grands mouvements de leur époque.
C’est pour cette raison que je ne sais pas quand j’entendis parler de Adolf
Hitler pour la première fois, cet homme qui a apporté au monde plus de mal
qu’aucun autre. Mais cela a dû se passer relativement tôt car Salzburg, à
seulement une demi-heure de train, était une ville relativement proche de Munich, et on était rapidement informé des affaires locales. Un jour, sans savoir
préciser la date, un ami me visita, en se plaignant de l’agitation qui y reignait.
Il parlait en particulier d’un agitateur furieux qui célébrait des réunions suivies de bagarres, et qui incitait les gens contre la République et contre les
juifs... C’est ainsi qu’apparut un Deus ex Machina, le général Ludendorff,
le premier parmi les nombreux politiciens qui crurent pouvoir manupuler
Hitler, mais qui en réalité furent trompés par lui... les sociaux-démocrates
ne le virent pas d’un mauvais œil, car ils pensairent qu’il éliminerait ses ennemis mortels, les communistes, et viceversa. Même les juifs allemands ne se
sentirent pas trop inquiets. Ils se trompèrent avec l’illusion qu’un ministre
jacobin n’est plus un jacobin, et que de la même façon un Chancelier du Reich ne pourrait être un agitateur antisémite.... Parmi ces politiciens trompés
se trouvaient tous les dirigeants britanniques de l’époque.
Phédrus - Le monstre de Frankestein
Voici comment le monstre de Frankestein est né. Retour de la Sarre
(1935): Le 13 janvier 1935, 91% des Sarrois votent pour le rattachement à
l’Allemagne. Rétablissement du service militaire obligatoire (1935): En violation des accords de Versailles, Hitler crée une armée de 36 divisions et
500 000 hommes. Accord naval avec les Britanniques: Le 18 juin 1935, Hitler
signe avec les britanniques un accord qui permet à l’Allemagne de construire une flotte équivalente à 35% de la flotte anglaise. Remilitarisation de
30
la Rhénanie (1936): Le 7 mars 1936, les troupes allemandes réoccupent la
Rhénanie. Guerre d’Espagne (1936): Hitler envoie la Légion Condor et un
nombre considérable d’avions pour lutter contre les communistes en Espagne.
Rapprochement avec la Grande-Bretagne (1936): Hitler envoie Ribbentrop
à Londres en octobre 1936 pour signer un pacte d’extirpation du communisme en Europe. L’abdication d’Edward VIII fait échouer le plan. Hitler
signe le pacte anti-Komintern avec le Japon et l’Italie. Anschluss (1936):
Après avoir fait assassiner Dollfuss en 1934, le 12 mars 1938, Hitler pénètre
en Autriche. Un référendum confirme l’annexion de l’Autriche au Reich par
99% des voix. La crise des Sudètes (1938): La Bohême compte 3.5 millions de
citoyens d’origine allemande. Le 30 septembre 1938, Hitler signe les Accords
de Munich avec Mussolini, Daladier et Chamberlain. Ces accords prévoient
l’annexion des Sudètes mais, dans la pratique, Hitler s’empare de toute la
Tchécoslovaquie. Le 23 mars 1939, Hitler occupe Memel, entre la Prusse
Orientale et la Lituanie. La crise de Dantzig (1939): Le 1er septembre 1939,
Hitler envahit la Pologne pour annexer la ville et le corridor de Dantzig....
Posanius - La Conférence de Munich
Le démantèlement de l’Etat démocratique Tchèque par les Accords de
Munich en septembre 1938 fait suite de façon naturelle au démantèlement
des Etats démocratiques en Grèce et Espagne en 1936. Ces Etats furent cédés
en ôtage par l’Angleterre à l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste en échange
de l’invasion de l’URSS par ces derniers. Chamberlain était prêt à tout pour
faire aboutir ce projet, qui probablement était inclus dans les pour-parler
secrets de la Conférence de Munich. L’ invasion de l’URSS par Hitler aurait dû probablement se produire à partir de la Prusse Orientale, comme en
1914, une fois le corridor de Dantzig retouné à l’Allemagne. Lorsqu’en mars
1939 les armées du Reich, en violation des accords passés six mois auparavant à Munich, envahirent la Bohême et la Moravie, cela ne suscita aucune
réaction de la part de l’Angleterre. On se demande pourquoi alors, losque
qu’Hitler envahit la Pologne en septembre 1939, l’Angleterre trouva que cet
acte était une agression intolérable. Elle, qui n’avait rien fait ni en Grèce,
ni en Espagne, ni en Tchécoslovaquie, et avait laissé tomber ces trois Etats
démocratiques, accourut finalement en aide de la dictature des héritiers de
Pilsudski. Une seule chose avait changé: Hitler avait changé d’alliés et avait
31
signé le pacte Germano-Soviétique avec Staline, alerté des intentions anglaises
par ses espions infiltrés à l’intérieur des services secrets britanniques.
Phédrus - La destruction de la Grèce
Le Roi George II de Grèce était le fils de Constantin I et de Sophie
de Prusse. Constantin abdica en 1922 et George fut couronné, mais la
République fut proclamée l’année suivante et le Roi s’exila en Grande-Bretagne.
Entre 1924 et 1935, 23 gouvernements se succédèrent et il y eut pas moins
de 13 coups d’état. En 1935, le général Kondylis fut plebiscité par 98% des
électeurs, et George put rentrer de son exil londonien. Mais il eut le tort de
préférer un autre général, Demertzis. On convoqua de nouvelles élections.
Quel malheur ! Les communistes les ont gagnées ! Kondilys et Demertzis
furent oportunément mis hors jeu par des crises cardiaques foudroyantes et
simultanées. Nous sommes en 1936. Le service secret qui a causé leur perte
n’a rien avoué, il n’est pas d’usage de le faire. On peut tout de même se
demander à qui tout cela a profité. Le 4 août 1936, un nouveau dictateur
nommé Metexas, prend le pouvoir. Il dissout le parlement, interdit les partis
politiques, abolit la constitution et impose la censure. En d’autres mots, il
instaure une dictature fasciste. Mais on aurait tort de penser qu’il a agi sous
l’influence d’Hitler ou de Mussolini. Ce sont bien les Anglais qui sont derrière
lui, à tel point que Mussolini se croit en droit d’envahir la Grèce en octobre
1940. George II repartira en exil à Londres.
Posanius - La destruction de l’Espagne
Le Roi d’Espagne Alphonse XII fut déchu en avril 1931 et la République
proclamée. Son épouse était la petite fille de la Reine Victoria et ce changement de gouvernement ne fut pas apprécié par les Anglais. Cette République
fut destabilisée par quelques coups d’état et de nombreux changements de
gouvernement. En février 1936, on convoqua des élections. Quel malheur !
Les communistes les ont gagnées ! Un coup fasciste se prépara sous la direction des généraux Sanjurjo et Mola, avec l’appui de Hitler et Mussolini. Mais
voici qu’un second coup s’organise, sous la direction du général Franco, plus
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favorable aux intérêts des Anglais. Franco sera transporté, depuis son exil
aux Iles Canaries, en Afrique du Nord en Juillet 1936, pour prendre la tête
de l’armée rebelle. Il le fera grâce à un avion anglais, piloté par des agents
des services secrets britanniques et loué par le chargé de négoce des Anglais
dans la région, connu sous le nom de ‘Dernier Pirate de la Méditerranée’.
Les généraux Sanjurjo et Mola s’écrasèrent dans de malencontreux accidents
d’avion. Le service secret qui a causé leur perte n’a rien avoué, il n’est pas
d’usage de le faire. On peut tout de même se demander à qui tout cela a
profité. Franco dissout le parlement, interdit les partis politiques, abolit la
constitution et impose la censure. En d’autres mots, il instaure une dictature
fasciste. Mais on aurait tort de penser qu’il a agi sous l’influence de Hitler ou
de Mussolini. Ce sont bien les Anglais qui sont derrière lui. Lorsque Hitler,
lors d’une célèbre entrevue à Hendaye en 1940, demanda à Franco d’entrer
en guerre, celui-ci refusa catégoriquement. Les comptes-rendus de cette rencontre étaient le lendemain sur le bureau du Premier Ministre de sa Majesté.
Phédrus - La déclaration de guerre
Le 1er septembre 1939, l’Allemagne envahit la Pologne, et le 17 septembre, l’URSS en fit de même. Le 30 novembre, l’URSS envhahit la Finlande,
et en juin 40 les Etats Baltes et la Bésarabie. Tout en accord avec les clauses
secrètes du Pacte Germano-Soviétique. Chamberlain veut temporiser pour
arriver à un accord, mais cette fois, il n’a plus l’appui des Communes. Il
donne un délai à Hitler pour se retirer de Pologne, auquel celui-ci ne répond
même pas. Ce qui est frappant, c’est le manque de réaction anglaise. Il n’y a
pas de mobilisation, il n’y a pas d’attaques aériennes, pas d’offensive sur un
front ouest dégarni par les Allemands. C’est ainsi que 8 mois se sont écoulés
entre le 1er septembre 1939 et le 10 mai 1940. Rien ne fut fait, sauf aider
les Finois à combattre les Russes. Mais comment pouvait-elle l’Angleterre
agir en accord avec la France, si même la déclaration de guerre fut prise de
façon disloquée ? On eut droit le 3 septembre à deux communiqués séparés.
On ne sait pas lequel des deux est le plus ridicule. Lorsque l’Allemagne ou
le Japon sont entrés en guerre, ils ont attaqué par surprise. A quoi sert de
déclarer une guerre pour se laisser surprendre par l’ennemi 8 mois après ?
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DIALOGUE VI
Lloyd George ou le Roi Lear
Erymacus - Les gouvernements libéraux
Lorsque Henry Campbell-Bannerman accéda à la charge en 1905, après
la démission de Balfour, ce fut le premier membre du cabinet à être appelé
officiellement Premier Ministre. Ses prédécesseurs étaient nommés Premier
Lord, ou Premier Ministre du Trésor, tout simplement. Dans son gouvernement, on pouvait trouver trois futurs premiers ministres: Herbert Asquith,
David Lloyd George et Winston Churchill. Il réussit à obtenir une victoire
écrasante du Parti Libéral en 1906. Son attitude controversée au moment de
la Guerre des Boers lui valut une avalanche de lettres insultantes du type:
‘Canaille, lâche, assassin, j’espère que vous aurez la fin que vous méritez’.
En juin 1907, il souffrit une nouvelle crise cardiaque et Asquith, Ministre du
Trésor, assuma de facto la charge du Premier Ministre. Il mourut le 22 avril
1908 au 10 de Downing Street, qu’il appelait lui-même vieille et dégoutante
barraque. C’est le seul ministre à y être mort. Asquith, son sucesseur, souffrit
un début de crise cardiaque après une grève du charbon, en avril 1911. Son
médecin lui recommanda de réduire l’ingestion d’alcool, qu’il absorbait à forte
dose, même lorsqu’il conduisait les opérations de la Première Guerre Mondiale. En septembre 1916, et après une visite au Quartier Général de l’Armée
Britannique en France, le Maréchal Douglas Haig écrivit: ‘après quelques
coupes de Brandy, ses jambes faiblissaient mais il était encore capable de lire
34
des cartes.’ Le 6 décembre 1916, le Gallois David Lloyd George fut nommé
Premier Ministre. Ce fut un ‘coup d’état’ contre Asquith, soutenu par les
ministres conservateurs du cabinet de guerre. A la différence de la coalition
de Winston Churchill de 1940, où celui-ci pouvait disposer d’une majorité au
parlement, Lloyd George ne disposait que de la moitié des députés libéraux.
Il forma un cabinet libéral avec lui-même, 3 conservateurs et 1 travailliste.
C’était de facto le leader conservateur Andrew Bonar Law qui gouvernait.
Mais le 11 novembre 1918, à la fin de la guerre, Lloyd George fut acclamé en
vainqueur, et le ‘ticket’ Lloyd George-Bonar Law gagna les élections. Lloyd
George commença à expérimenter la folie du pouvoir et assista à pas moins
de 33 conférences internationales entre 1919 et 1922, en même temps qu’il
assumait toutes les charges ministérielles de façon effective, dont le Ministère
de la Guerre de Churchill. Aux accusations de Churchill de trop regarder les
cartes, il lui rappella l’histoire des Dardanelles. Le sécrétaire d’Etat pour
l’Inde accusa Lloyd George d’aristocrate, et il fut démis. Entretemps, le
désastre militaire couvait en Palestine, Turquie et en Mésopotamie. Lloyd
George reçut le surnom de ‘magicien gallois’ ou ‘Grande bête de la forêt’.
Expulsé du gouvernement, il se reconvertit au fascisme et mourut en 1945,
en reniant le parlement.
Aristocrate - Versailles: La grande inflation
La panique éclata et tout l’empire tressaillit. Le mark s’écroula jusqu’à
atteindre la somme fatidique et terrorifique de billions. C’est alors que
commença le cauchemar de l’inflation. Raconter tous ces détails invraisemblables demanderait un livre entier et semblerait une fable pour les lecteurs
d’aujourd’hui. Il y avait des jours où il fallait payer 50 000 marks pour un
journal le matin, et le double le soir. Il fallait des camions pour transporter
des billets depuis la Banque Nationale aux autres banques, et au bout d’une
semaine, on trouvait des billets de 100 000 marks dans un égoût où quelque
mendiant les y avait jetés. Des milliers de chômeurs arpentaient les rues et
levaient le poing contre les traffiquants et les étrangers en berline de luxe, qui
se payaient une rue comme s’ils achetaient une boite d’allumettes. Les Allemands utilisaient toute leur véhemence pour la pervertion. Tout au long de la
Kurfürstendamm on voyait se promener des jeunes maquillés, et pas tous des
professionnels. Ils savaient que leur heure allait venir. La contrerévolution
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se cristalisait déjà autour de Ludendorff, plutôt que d’un Hitler encore sans
pouvoir. Le jour où l’inflation se termina à la fin de 1923, Chaque billion de
marks anciens s’échangea contre 1 nouveau.
Erymacus - Versailles: The economic consequences of peace
The inflationism of the currency systems of Europe has proceeded to extraordinary lengths. The various belligerant Governments, unable, or too
short-sighted to secure from loans or taxes the resources they required, have
printed notes for the balance... but in retrospect it was relatively simple. The
Treaty of Versailles imposed a huge debt on Germany that could be paid only
in gold or foreign currency. With its gold depleted, the german government
attempted to buy foreign currency with German currency, but this caused
the German Mark to fall rapidly in value, which greatly increased the number of Marks needed to buy more foreign currency. This caused prices of
goods to rise rapidly which increased the cost of operating which could not
be financed by raising taxes. The resulting budget deficit increased rapidly
and was financed by the central bank creating more money. When the German people realized that their money was rapidly losing value, they tried to
spend it quickly, which created rapid inflation which created a vicious cycle...
the attempts to avoid both unemploymemt and insolvancy failed when you
had both... when the new currency, the Reichmark, replaced the worthless
Reichsbank Marks, on november 16, 1923, and 12 zeros were cut from the
prices, the new currency remained stable. The German people regarded this
as a miracle...
Aristocrate - Versailles: l’Allemagne paiera
Signé le 28 juin 1919, le Traité de Versailles sanctionna durement l’Allemagne.
George Clémenceau se présenta clairement dans une logique de revanche
selon laquelle ‘le Boche doit payer’. Les pays vainqueurs évaluent la dette
allemande à 132 milliards de mark-or de 1914 dont 50% versés au seul profit
de la France, alors que la richesse du pays n’atteint que 3 milliards de marks.
Keynes préconise la somme de 20 milliards de mark-or, mais sa proposition
36
sera rejetée. Si nous cherchons délibérément à appauvrir l’Allemagne, j’ose
pédire que la vengeance sera terrible avec une montée de l’extrémisme nationaliste allemand, avait-il prédit avec clairvoyance. Le 11 janvier 1923, les
armés françaises occupent le bassin industriel de la Rhur car l’Allemagne n’a
versé que 75 000 millions... on tire sur les ouvriers à Essen... le parti de Hitler
passe de 1 militant à 50 000, à la veille du putsh manqué de 1924...
Erymacus - La parcellisation du monde
Le ‘Syndrome du Roi Lear’ ou de la ‘parcellisation du monde’ peut être
défini comme une ‘folie qui consiste à résoudre un problème simple en le
transformant en une multitude de problèmes insolubles’. Un exemple de
cette folie est la division de l’Europe créée par le Traité de Versailles qui mit
fin à la Première Guerre Mondiale. On créa 16 états en Europe là où il n’y
avait que 3. Tous ces nouveaux états furent la source de problèmes insolubles.
Il en est de même au Moyen-Orient, où un seul Empire se vit éclater en 11
états. Les Empires Centraux et la Russie se trouvèrent divisés en Autriche,
Hongrie, Tchécoslovavie, Yougoslavie, Allemagne, Prusse Orientale, Sarre,
Danzig, Memel, Pologne, Russie, Finlande, Lituanie, Estonie, Lettonie, et
Bessarabie. L’Empire Turc éclata aussi en 11 états: Turquie, Yemen, Oman,
Emirats, Koweit, Syrie, Jordanie, Liban, Palestine, Arabie, et Irak.
Aristocrate - L’Autriche-Hongrie
Pourquoi a-t-on demantelé l’Empire Austro-Hongrois, un conglomérat de
peuples divers qui existait depuis le Moyen-Age ? Ce fut à ce qu’il paraı̂t
une petite manie du président américain Wilson. Quoi qu’il en soit, tout le
monde en sortit perdant car une grande puissance de l’échiquier européen se
transforma en une miriade de petits états impuissants qui devinrent rapidement la proie d’autres états plus grands. Hitler ne fit qu’une bouchée de la
petite Autriche. La Hongrie fut découpée à son minimum, en laissant de côté
ses minoririté un peu partout, en Moravie, en Serbie et surtout en Roumanie.
Les droits de ces minorités sont peu respectés sans susciter trop d’émoi chez
les occidenteux, pourtant si pointilleux en d’autres latitudes. Le fasciste
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Horthy s’empara de cette Hongrie avant que les Russes y fassent tomber le
rideau de fer. L’arrivée de la démocratie engendra d’autres monstres dont il
faudra en reparler. On créa enfin cette pauvre Tchécoslovaquie, qui ne rêvait
que de se libérer des Habsbourg. On ne se rendit pas compte que cet état
était un mélange explosif de Sudètes, citoyens d’origine allemande, Tchèques
et Slovaques. Aujourd’hui, cet état n’existe plus: les Sudètes ont été broyés,
non sans avoir servi préalablement de mèche à un conflit mondial, comme
jadis les Serbes, tandis que Tchèques et Slovaques se sont séparés en deux
piteux états gouvernés par des clowns ridicules.
Eurymacus - La Yougoslavie
Ces mêmes cerveaux malades qui avaient démantelé sans pitié l’AutricheHongrie, s’inventèrent ex-nihilo un nouvel état, la Yougoslavie, à partir de
quelques débris de l’Empire, la Slovénie et la Croatie, auxquels ils rajoutèrent
la Bosnie et la Serbie, qui avait servi de mèche au conflit mondial. Ce
mélange impossible de peuples divers ne pouvait pas survivre, on aurait pu
l’imaginer. Ce qui est étonnant c’est qu’il durât aussi longtemps, plus de
70 ans. Et ce qui est encore plus étonnant c’est la violence avec laquelle
cet Etat implosa. Le point d’arrivée c’est une dizaine d’Etats, là où il n’y
avait qu’un seul. Ces Etats sont la Slovénie, la Croatie, trois Républiques
Bosniaques, le Monténégro, la Serbie, deux Républiques au Kosovo, et la
Macédoine, dont le nom n’est même pas reconnu. Certains de ces Etats ne
sont que des états fântome, non reconnus par la communauté internationale,
comme les Républiques Bosniaques ou le Kosovo. Pour en arriver là, il a
fallu une dizaine de guerres implacables et 100 000 morts. On peut analyser
et même essayer d’expliquer le déroulement de ce conflit. Il est encore une
fois emblématique du cynisme des pays occidentaux et de leurs leaders corrompus, qui se crurent un devoir de bombarder les ponts de Belgrade sur le
Danube, comme jadis Hitler en méprisant l’avis du Conseil de Sécurité de
l’ONU, et dont le ridicule fut poussé à l’extrême de nous faire croire qu’ils
avaient détruit avec des bombes guidées au laser l’émetteur de la Télévision
Serbe, alors qu’il s’agissait de l’Ambassade de Chine. On créa la Yougoslavie
pour récompenser la Serbie d’avoir servi de mèche à la destruction des Empires Centraux, et on la fit éclater pour la punir de ses alliances avec la Russie.
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DIALOGUE VII
Victoria ou ‘the Widow rules Britannia’
Erymacus - La reine veuve
La reine Victoria (1819-1901) régna sur le RU entre 1837 et sa mort en
1901, avec le titre d’Impératrice de l’Inde à partir de 1876. Ce titre égalait
Victoria à César, Auguste ou Napoléon. Elle gouverna pendant 64 ans, un
record seulement approché par Elisabeth I, au XVIème siecle, et Elisabeth II
au XXème. Elle succéda à son frère Guillaume IV, fils du roi fou Georges III,
de façon improbable, car à sa naissance elle n’était que cinquième en ligne de
succession. Elle se maria avec un prince allemand, Albert de Saxe-Coburg
Gotha en 1840, qui mourut en 1860, et donc resta veuve pendant la plupart
de son mandat. Elle eut pas moins de 10 enfants qu’elle maria aux divers
princes royaux des cours d’Europe, en utilisant la politique matrimoniale
comme jadis les Rois Catholiques ou Napoléon. Elle conquit l’Europe pas
l’amour et les autres continents par la force. Elle aurait réussi l’unification du
monde si l’Empereur Allemand Friedrich III, marié à sa fille aı̂née Victoria,
avait vécu assez longtemps au lieu de mourir quelques mois après son couronnement. Son successeur Guillaume II, qui était aussi le petit-fils de Victoria,
se mit en tête de bâtir un empire et disputer sa suprématie au RU, ce qu’il fit
au prix d’une hécatombe de 40 millions de morts entre 1914 et 1918. Jusqu’à
l’unification de l’Allemagne autour de la Prusse en 1870, personne n’avait
contesté la suprématie Britannique. L’empire colonial anglais passa, pendant le règne de Victoria, de quelques comptoirs isolés à 20% de la surface
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du globe terrestre, le plus grand empire jamais connu. La démocratie pourrie
de Pitt le Jeune se transforma progressivement en une démocratie moderne,
qui connut une vingtaine de changements de gouvernement au cours de cette
période. Le RU devint aussi la plus grande puissance économique du monde,
en profitant de la deuxième révolution industrielle. Elle créa le capitalisme
pour canaliser cette richesse vers les mains des privilégiés, en même temps que
Marx trouvait un antidote pour en faire bénéficier les démunis. Les sciences
et les lettres connurent un deuxième siècle d’or après celui de l’Angleterre
Elisabéthaine de la fin du XVIème.
Aristocrate - Le système politique
L’Angleterre du XVIème était une monarchie absolue, non pas de droit
divin où le Roi était choisi par Dieu, mais de Roi divin où Dieu était le
Roi lui-même. Ce Roi fut plus tard changé en dictateur sous le nom de
Cromwell, puis en oligarchie au XVIIIème, avec un premier ministre comme
roi. C’est ce que Victoria trouva en accédant au pouvoir en 1840 et, peuêtre malgré elle, elle créa une alternance entre ces rois-premiers ministres,
Peel, Derby, Disraeli, Salisbury, du parti conservateur, et Palmerston, Russell, Gladstone, du parti libéral. Entre 1868 et 1900, Disraeli et Gladstone
furent constamment au pouvoir au cours d’une dizaine d’alternances. Cette
alternance à l’anglaise a été considérée comme modélique, et copiée par le
système américain actuel. L’avantage c’est qu’elle évite la corruption du
pouvoir, qui se produit inévitablement lorqu’une même persone le garde trop
longtemps. L’inconvénient c’est qu’elle dilue les différences entre partis et
finit par réduire la diversité des options politiques au choix unique.
Erymacus - L’Empire Britannique
Les seules grandes colonies britanniques au XVIIIème siècle, étaient les
13 colonies de la côte ouest de l’Amérique du Nord, de même que celles du
Canada qui, après l’annexion du Québec, devinrent aussi un ensemble territorial cohérent. Les 13 colonies firent bande à part, mais cela n’empêcha pas
l’Angleterre de s’emparer d’une bonne portion du monde entre 1815 et 1914,
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dates qui marquent la fin et le début, respectivemnt, des guerres en Europe.
Le RU colonisa en cette période tout le Canada, l’Australie et la NouvelleZélande, qui, étant des territoires sans populations locales d’importance, se
transformèrent en ‘dominions’ bénéficiant du ‘Home Rule’. Alors que le RU
n’avait pratiquement rien en Afrique, il se donna quelque 40% de son territoire mal connu, qui avait le défaut d’être habité par des arabes ou des
noirs rebelles, qu’il fallut ‘pacifier’. On pouvait voyager Du Cap à Alexandrie sans quitter le territoire anglais. Pendant ce temps, la France s’emparait
d’une fraction de territoire africain presque aussi importante, surtout de territoire désertique. Cela créa des tensions avec les Anglais, qui finalement
s’adjugèrent le Soudan pour barrer la route au Français. En Asie, les Anglais
firent main basse sur l’Inde au sens large, c’est-à-dire le territoire qui comprend l’actuelle Inde, en plus de l’Afghanistan, le Pakistan, le Bangla Desh,
le Sri Lanka, la Birmanie, la Malaisie et Singapour. L’Empire se complétait
par des centaines d’ı̂les, archipels ou promontoires rocheux, tel les Bahamas,
la Jamaı̈que, les Seychelles, les Malvines et les Maldives, Malte, Singapour,
Hong-Kong, Gibraltar, et j’en passe. Aux Iles Britanniques mêmes, tout
était Anglais, l’Irlande comprise. Après la Première Guerre Mondiale, on
rajouta des anciennes colonies allemandes comme le Tanganyka, et des restes
de l’Empire Turc comme l’Irak, la Jordanie, la Palestine, le Yemen, et bien
sûr l’Egypte qui faisait déja partie de l’Empire avant le conflit. Cet Empire
s’étendait sur 26 millions de km2 et comptait 400 millions d’habitants avec
la peau blanche, noire, rouge ou jaune. Des continents, des ı̂les, des déserts,
des forêts. Du jamais vu.
Aristocrate - La décolonisation
Dès 1918, les dominions, Afrique du Sud incluse, se dégagèrent de l’ensemble
de l’Empire, sans trop de traumatisme. En 1945, à la fin de la Deuxième
Guerre Mondiale, l’Empire n’était plus tenable. La décolonisation se fit
non sans traumatisme, mais sans graves conflits armés comme ceux de la
France en Indochine ou Algérie. En fait, tous ces pays restèrent formellement
unis à l’intérieur d’une organisation appelée Commonwealth, qui termina par
mourir de mort lente avec le temps. Après 1960, toute l’Afrique anglaise était
décolonisée sauf l’Afrique du Sud et la Rhodésie et leur système d’Apartheid,
qui s’essoufla lui aussi avec le temps. Lord Mountbatten réussit lui-aussi à
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s’en sortir presque indemne du problème indou. La séparation entre les diverses communautés religieuses fut la source de conflits à venir, mais où les
Anglais n’avait plus leur mot à dire. Le problème irlandais, très sérieux, se
termina en divorce. Aujoud’hui, l’Empire ne se compose plus que des ı̂les
du Channel, Gibraltar, les ı̂les Cayman, les Bermudes, Sainte-Hélène et les
Faklands. Elles ne s’appellent plus colonies mais paradis fiscaux. Le RU est
donc passé de la piraterie de Francis Drake à la piraterie financière.
Erymacus - Les guerres coloniales
Comme on l’a déjà remarqué, les effectifs de l’armée de terre anglaise
étaient très réduits. L’armée coloniale de son immense empire se réduisait
à quelques milliers d’officiers et sous-officiers qui encadraient des milices recrutées parmi les indigènes locaux. Cette armée portait des uniformes rouges
vifs et des casques coloniaux blancs appelés ‘pain de sucre’. Elle se déplaçait
à cheval, en chameau, ou à dos d’éléphant, selon l’endroit. Elle bénéficiait
de l’expérience acquise en matière d’artillerie ou d’armes à feu pendant les
guerres napoléoniennes, les tactiques de 1914 étant à peu près les mêmes
que celles de Waterloo en 1815, un siècle auparavant, avec des uniformes
en couleur comme dans les opéras de Verdi. Les uniformes kaki de camouflages et les casques en acier ne s’imposèrent qu’après 1914. C’est donc avec
ce matériel, rendu célèbre par des films comme: Zulu down, Khartoun, les
lanciers du Bengale, les quatres plumes, Kim, Lord Jim, l’homme qui voulut
être roi, la secte des falsaires et d’autres, que les Anglais se firent massacrer
par des indigǹes qui les attaquaient à la flèche, la lance et le poignard. Comment cela se put-il ? Je dirai ‘excès de confiance’ et ‘mépris de l’advrsaire’.
Au fond, les mêmes raisons qui expliquent les déroutes de Napoléon en Espagne puis en Russie. Rien de nouveau sous le soleil. Il y eut d’autres guerres
plus sérieuses comme celle des Boers où il fallut employer les grands moyens,
à la hauteur des richesses en dispute: les plus grandes mines d’or et de diamants du monde.
Aristocrate - Les guerres en Europe
Entre 1915 et 1914, les Anglais engagèrent, c’est-à-dire gagnèrent, 27
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guerres, contre Népalais, Indous, Afhgans, Sikhes, Cipayes, Persans, Zoulous,
Boers, Zanzibariens, Boxers et Russes. Donc une seule guerre en Europe, celle
de Crimée. Le film ‘La charge de la brigade légère’ la raconte si bien, qu’il
n’y a rien à y rajouter, sinon que sa cause est inconnue, son déroulement absurde, et son résultat nul, comme dans la plupart des guerres. Précisons tout
de même que Napoléon le Petit, ne voulant pas répéter l’erreur de son aı̈eul,
se rallia aux Anglais, ce qui expliquerait la présence française en Crimée mais
non la casuistique du conflit ni son déroulement. En fait, le RU joua avec le
feu en refusant de se mêler aux affaires européennes. Il assista sans broncher à
la naissance de son pire ennemi: l’Empire Allemand. Défaite des Autrichiens
à Sadowa, des Français à Sedan, chute de Napoléon III, Commune de Paris,
proclamation du IIème Reich à Versailles, et finalemnt Guerres des Balkans et
déclaration de Guerre des Austro-Hongrois à la Serbie. Même à ce momentlà, le RU pensait pouvoir rester à l’écart. Il fallut attendre l’invasion de la
Belgique pour que les Anglais se décident à intervenir. Mais ce qui faisait
vraiment peur aux Anglais c’était la flotte de Tirpitz, presque aussi puissante que celle d’un certain Churchill, encore inconnu, devenu premier Lord
de l’Amirauté.
Erymacus - Les explorations
Drake avait piraté les Caraı̈bes avant que les corsaires Anglais les transforment en repaire pour leur butin acquis à l’abordage. Cook avait exploré
le Pacifique avant que les colonisateurs prennent pied en Australie ou en
Nouvelle-Zélande, ainsi que dans des dizaines d’ı̂lots perdus du Pacifique aux
noms exotiques. Vers 1850, l’Afrique restait un continent inconnu, la côte
exclue. On traversa ses déserts en chameau, on se fraya un passage dans
ses forêts tropicales, on remonta ses fleuves en conoë, mais il y avait encore un mystère: où étaient les sources du Nil, qu’Hérodote avait placées
dans les ‘Montagnes de la Lune’ ? Déjà les légions de Néron s’étaient aventuré à remonter le fleuve immense aux crues légendaires. Les troupes de
Napoléon n’avaient pas pu s’avancer au-delà de la deuxième cataracte, aux
confins du Soudan. Il fallut l’admettre: on ne pouvait pas remonter le fleuve
sans s’abimer dans des marécages infranchissables. C’est pourquoi, Burton,
explorateur Anglais connu pour son voyage clandestin à La Mecque et sa traduction des ‘Mille et une Nuits’, choisit Zanzibar comme point de départ de
43
son exploration des sources du Nil. Il finit par se heurter aux Grands Lacs en
1858, d’abord le Tanganyka puis le Victoria. Mais c’est son second, Speke,
qui vit pour la première fois le Nil s’écouler du lac Victoria vers le nord.
Burton nia la découverte en invoquant la hauteur trop basse de la source. La
polémique était servie et la bataille se livra au sein de la Société Géographique
de Londes. En fait, personne n’avait raison. Le Lac Victoria s’alimente à
son tour du courant provenant du dégel des pics montagueux des chaı̂nes de
Centre-Afrique. La neige sous les tropiques ! c’était bien Hérodote qui avait
raison. L’Asie était connue des Européens depuis Marco Polo, mais ses pics
à la hauteur extravagante ne furent découverts que bien plus tard. Ces noms
mytiques de sommets dépassant les 8000 mètres entre la Chine et l’Inde sont
Annapurna, Manga Parbat, K2, Everest,... Les Français connaissent bien
l’ascension du premier 8000 par le récit de Maurice Herzog, mais moins la
lutte effrénée entre Allemands et Anglais pour arriver les premiers au Manga
Parbat ou l’Everest, respectivement. Buhl prit d’assaut le Manga Parbat en
1953, juste deux ans après l’ascension de l’Everest par Hillary et Tien-Sin.
Quant au K2, il fut conquis en 1954 par des Italiens, suivant la route tracée
par le Duc des Abruzes. Ces pics font leur récolte annuelle de victimes, que
les jouneaux ne rapportent plus, tellement c’est devenu banal de mourir en
hauteur. Mais la légende de l’Everest ne s’appelle pas Hillary mais Mallory,
qui se perdit en 1924 à quelques centaines de mètres du sommet, et dont on
n’a retrouvé à ce jour que le sac à dos. Cet athlète éduqué à Cambridge et
qui fréquentait le cercle de Bloomsbury avait, selon témoignage de ces intellectuels au savoir encyclopédique et aux relations sentimentales fluctuantes,
un torse de Praxitèle couronné d’une tête de Boticelli. Il préféra se faire accompagner pour prendre le sommet par son compagnon de chambrée plutôt
que par un alpiniste chevronné. Erreur fatale ? Mais non, il eut la plus belle
des morts et repose aujoud’hui à côté de son amant.
Aristocrate - La deuxième Révolution Industrielle
La première Révolution Industrielle fut celle du textile et la machine à
vapeur, et son foyer l’Angleterre du XVIIIème siècle. Au début du XIXème
siècle, on se mit à construire des trains et des bateaux à la vapeur. Mais
on trouva mieux: le charbon. On creusa partout en Europe pour extraire
cet or noir, solide pour le moment, qui en plus de réchauffer pendant les
44
crudités de l’hiver, servait à alimenter les hauts-fourneaux qui produisaient
des quantités massives d’acier, pas seulement pour des épées et des armures
comme au Moyen-Age. Il fallait donc encore creuser pout extraire la ferrite et l’hématite en tonnes. C’est comme cela qu’on vit naı̂tre les bassins
houillers et les grands ensembles industriels de l’Angleterre,... et de la Rhur.
Oui. l’Allemagne était cette fois aussi au rendez-vous, et les conséquences
vont se faire sentir au tournant du siècle, au sens militaire. Mais finalement,
le moteur de cette Révolution Industrielle ne sera ni la vapeur ni la houille,
mais quelque chose de bien plus puissant, le moteur à explosion inventé par
l’ingénieur allemand Diesel. On aura le bateau, le train,... et la voiture,...
et l’avion, avec des performances insoupçonnées. Qui dit moteur à explosion
dit essence, donc pétrole, or noir cette fois liquide. On creuse à nouveau: en
Irak, en Roumanie, en Mer Caspienne, en Indonésie. Les noms de gisements
de pétrole seront à partir de maintenant des noms de guerres ou graves conflits internationaux, au cours du siècle suivant, le XXème. Pendant ce temps,
la recherche continue à Cambridge et Oxford. Darwin, Faraday, Maxwell, la
nouvelle révolution se prépare: électricité, électronique, génétique.
Erymacus - Libéralisme et Marxisme
L’entreprise coloniale exigeait de répartir des bénéfices immenses entre
très peu de personnes. On inventa les entreprises, les actions, les marchés
financiers et la spéculation. Adam Smith fut le théoricien des lois du marché.
Son système, le libéralisme, nom édulcoré du capitalisme sauvage, conduisit
à l’injustice sociale et à la guerre. On arrive au cœur du problème. Marx,
Freud, Einstein. Voilà les fondateurs de la pensée occidentale moderne. Tous
les trois des petits-bourgeois juifs allemands. Ils sont l’équivalent de Montesquieu, Voltaire et Rousseau, qui ont pensé la Révolution Française. Marx
n’était au début qu’un simple journaliste, qui raconta la prise du pouvoir
par Napolón III puis la Comunne de Paris. Lorsqu’il débarqua à Londres en
1856, à l’âge de 38 ans et sans un sou, il allait devenir le penseur, philosophe
et économiste redouté, l’agitateur de l’Internationale Communiste et de la
révolution prolétarienne. Il démonta les mécanismes du capitalisme et inventa le concept de prolétariat. On l’a rendu coupable des dictatures communistes comme on a rendu Wagner coupable de l’Holocauste. Ce pauvre
Marx, qui passait son temps à la British Library en essayant de comprendre
45
les lois extravagantes des crises périodiques du système capitaliste, ainsi que
l’exploitation par l’Angleterre de l’Inde coloniale, avec des millions de statistiques. Pourquoi tant de chiffres pour expliquer la cupidité et l’agressivité
humaines. En fait, l’économie n’est qu’un problème psychologique doublé
d’un autre de type militaire. Il faut d’abord lire Freud et Clausewitz.
46
DIALOGUE VIII
Pitt le Jeune ou le fou du Roi
Acrate - Le fou du Roi
William Pitt le Jeune est né en 1759 et il est mort en 1806, pour des
raisons inconnues, à l’âge de 46 ans. Pendant sa courte vie, il a vu changer le
monde: Les Etats-Unis sont devenus indépendants, son plus grave échec, et
Napoléon a été vaincu, son plus grand succès. Lorsque Pitt arriva au pouvoir,
l’Angleterre était une puissance moyenne face à une France toute-puissante
depuis Louis XIV. Lorsque Pitt mourut, l’Angleterre était la grande puissance
mondiale, sans ennemi ni sur terre ni sur mer. En 1783 et avec seulement 24
ans, il fut nommé premier ministre, et ne quitta le pouvoir que pour cause de
décès, sauf pour le bref intermède 1801-04. Il gouverna donc pendant 20 ans.
Il dut lécher les blessures de la guerre avec les USA, le joyau de la couronne, et
passa le reste de son mandat à lutter contre les armées françaises, invincibles
sur terre, grâce à sa puissante flotte, la Royal Navy. Comment y arriva-t-il ?
Grâce à la cavalerie de Saint Georges, à la chance, et bien sûr à son habileté
politique pour faire des alliances avec les ennemis de la France, c’est-à-dire
tous les états européens, et en particulier la Russie. Il réhabilita les finances,
puis les ruina pour cause de guerre. Il prépara le RU à l’aventure coloniale et
à la déprédation de ses colonies. Son bilan fut assombri par son échec à abolir
l’esclavage, et resta donc purement militaire. Il n’avait ni femme ni enfants.
Les contemporains ne pouvant parler d’homosexualité, terme trop péjoratif
jusqu’à la fin du XXème siècle, le classaient comme ‘asexué’ ou notaient son
47
‘manque de goût pur les femmes’. Il aimait à s’entourer de charmants jeunes
hommes, lui-même l’ayant été dans sa jeunesse. On connaı̂t au moins l’un
de ses amants, son secrétaire au Trésor Tom Steele. On ne voit plus l’intérêt
de le cacher dans l’armoire, où l’on retrouve aussi le Duc de Buckingham, et
de nombreux rois tels Richard Cœur de Lion, Edward II, Elisabeth I, James
I et d’autres encore.
Sophane - Le Roi fou
George III (1738-1820) fut Roi d’Angleterre, et aussi du Royaume-Uni
à partir de 1760, après l’union administrative des divers territoires. Il était
aussi Prince-Electeur de Brunswick-Lüneburg, avec capitale à Hanovre. C’était
le troisième roi anglais de la Maison de Hanovre, mais le premier né en Angleterre et capable de parler l’Anglais. Son règne de 60 ans, sans précédents
par sa longévité, commença en 1760. Il vit son pays vaincre la France au
Canada et en Inde pendant la Guerre de 7 ans, puis être battu par elle entre 1793 et 1815, avant de reprendre l’avantage après cette dernière date.
Son seul grave échec fut la perte des 13 colonies d’Amérique du Nord, après
la guerre de 1774-1783. Son règne fut donc un long conflit armé contre la
France, une deuxième guerre de cent ans. Il eut 13 premiers ministres, du
Duc de Newcastle à Spencer Perceval, mais l’Histoire n’a retenu que Pitt le
Jeune. Il était fou. On ne sait pas la cause exacte de sa maladie, qui ne
l’empêcha de gouverner qu’à partir de 1810. Mais cela n’avait plus aucune
importance dans un pays où, depuis Cromwell, le Roi avait perdu sa tête.
Acrate - Les colonies anglaises
Les Anglais arrivèrent bien tard à l’aventure coloniale, bien après Portugais, Espagnols, Français et même Hollandais. Ses premiers comptoirs solides
datent du XVIIème siècle, alors que l’Espagne a conquis toute l’Amérique du
Sud et du Centre, et remonte déjà la côte du Pacifique à partir du Mexique
et la côte Atlantique à partir de la Floride. Le Portugal colonise pendant ce
temps les côtes africaine et asiatique, ainsi que le Brésil. Lorsque la France
devient première puissance mondiale vers 1650, elle occupe le Québec et la
48
Luoisiane, en remontant le Saint-Laurent jusqu’àux Grands Lacs et en descendant le Mississipi jusqu’à la Nouvelle-Orléans. Elle s’établit aussi en
Inde. Les Hollandais achètent aux Indiens l’ı̂le de Manhattan où ils fondent
la Nouvelle-Amsterdam, puis s’établissent au Cap, dans la pointe Sud de
l’Afrique, et en Indonésie. Ils est clair que les derniers venus, les Anglais,
devraient combattre pour avoir sa partie du gâteau. Il créèrent de ce fait
une formidable flotte qui fit leur succès dans les nombreux conflits à venir.
Ils attaquèrent la France au Canada et en Inde, et finirent par s’emparer
de la totalité de ces territoires. Leur succès facile sur la côte Atlantique de
l’Amérique du Nord se mua en échec cuisant lorsque ces colonies décidèrent
de s’émanciper. Pour Louis XV, le Canada n’était que les ‘écuries de son
palais’, et pour Gerges III c’était l’Eldorado, c’est ainsi qu’on gagne ou on
perd des guerres. Cook tombait en même temps par hasard sur l’Australie
et la Nouvelle-Zélande. Pas encore d’or en vue. Patience.
Sophane - L’Indépendance des Etats-Unis
C’est une Révolution, comme les Américains aiment à l’appeler, ou une
banale guerre de décolonisation ? En fait, les deux à la fois. La Révolution,
c’est la déclaration de Jefferson ‘Tous les hommes naissent égaux en droits et
veulent faire le bien de bonne foie’ (remarquons tout de suite que les Noirs
y sont exclus), qui est l’aboutissemnt des idées philosophiques du Siècle des
Lumières, et qui aura une suite dans la Déclaration des Droits de l’Homme et
du Citoyen de 1789. Mais point final. Sauf le premier article de 89, les autres
sont manquants. Le reste de la Révolution Américaine n’est que du banal
anticolonialisme, ‘no taxation without representation’. La guerre, entre le
Tea Party de Boston en 1774 et la défaite de Cornwallis à Yorktown, dura 7
ans au total. Le Traité de Paris reconnut l’Indépendace des 13 colonies, qui
deviendront 50 par la suite. Entre le Tea Party et Yorktown, il y a des noms
mythiques: le général Washington, John Adams, Benjamin Franklin, et ainsi
jusqu’à Lincoln qui supprima l’esclavage et Kennedy qui donna aux Noirs
les mêmes droits qu’aux autres races. Lorsque La Fayette ou Rochambeau,
revenus en France, voulurent appliquer les idées de Jefferson, ce sera une
autre Révolution, la Française.
49
Acrate - La Révolution Française vue par les Anglais
On parle souvent des Etats Généraux de Necker ou de la Prise de la
Bastille comme étant le début de la Révolution Française. Or il ne s’agit que
d’une banale révolte. La vraie Révolution c’est la jounée du 4 août 1789, où le
régime féodal est aboli, c’est-à-dire au moins 1000 ans d’histoire. Les auteurs
sont des membres de la noblesse ou du clergé, des illustrés qui ont le courage
de renoncer à leurs privilèges centenaires: La Fayette, Noailles, Beauharnais, Lally-Tollendal, La Rochefoucault, Mirabeau, Sieyès. La Déclaration
des Droits de l’Homme suit. Elle est encore utilisée de nos jours dans les
préambules de nombreuses constitutions démocratiques. La position anglaise
face à ces événements ne se réduit pas à une polémique philosophique entre Burke et Paine. Les Anglais ont peur. Pitt a peur, même très peur,
car l’Angleterre n’est pas une démocratie, mais une oligarchie où la seule
différence avec la France c’est que le Premier Ministre détient le pouvoir et
non le Roi. Certes, il y a un parlement et des élections, mais ces élections
sont pourries et les élus se font appeler eux-mêmes des ‘brigands’, Tories ou
Whigs. En langage moderne ces détenteurs du pouvoir sont des ‘lobbies’, où
les titres de noblesse et l’argent sont les qualités requises pour y accéder. Si
Pitt essaya d’abattre la Révolution Française au prix de 20 ans de guerre, c’est
parce qu’il ne voulait pas renoncer à son propre régime féodal. La Révolution
au sens strict a commencé en août 1789 et se termine le 9 Thermidor 1794. Le
reste jusqu’au 18 Brumaire 99 n’est qu’une longue attente du général Bonaparte, devenu successivement Premier Consul, Empereur, prisonnier à Elbe,
encore Empereur, puis prisonnier à Sainte-Hélène. Entre 89 et 94, le pouvoir
passe des mains de nobles illustrés comme La Fayette, aux mains de la hautebourgeoisie (les Girondins) et finalement à celle de la petite-bourgeoisie (les
Montagnards). Cela s’arrête ici car le prolétariat n’existe pas encore. Le
moment critique de la Révolution c’est l’exécution de Louis XVI en janvier
92. Pitt l’a bien vu, et va jouer les apprentis de sorcier. Pourquoi aider un
Roi qu’il déteste car il lui a enlevé ses possessions d’Amérique ? Pourquoi
sauver une France, son pire ennemi, qui sans roi va sombrer dans le chaos
ou pire, dans un bain de sang ? Il se trompa sur un point: la Révolution
et le Roi vont être engloutis, effectivement, mais il n’a pas vu venir Bonaparte qui sera sur le point d’angloutir l’Angleterre. On connaı̂t aujoud’hui
les négotiations secrètes menées par l’ambassadeur d’Espagne, Oscariz, pour
sauver Louis XVI de la guillotine. Danton demandait 2 millions, une moitié
50
versée par les Anglais et l’autre par les Espagnols. En échange il changerait
le vote d’une vingtaine de montagnards. Le Roi fut condamné à une voix
d’avance. Les montagnards approchés avaient voté la mort. Que s’était-il
passé ? Pitt avait oublié de verser la somme promise.
Sophane - Les Guerres Napoléoniennes
Elles ont commencé par la déclaration de Guerre contre le Roi de ‘Bohème
et Hongrie’ le 20 avril 1792, et se sont terminées par la défaite de Napoléon à
Waterloo le 18 juin 1815. Elles ont donc duré 23 ans, sauf deux brefs répits:
la paix d’Amiens de 1802-03 et le bref séjour de Napoléon à Elbe en 1814.
Le RU est le seul pays qui a été constamment en lutte contre la France.
Les autres: Autriche, Prusse, Russie, Espagne, rentrent ou sortent du conflit
au gré des actions militaires. La tête qui dirige l’action contre la France
est bien à Londres et sa méthode les coalitions à géométrie variable. On
peut en compter 7 phases ou coalitions avec ses faits marquants: Valmy et
paix de Campo-Formio, Bonaparte en Egypte, Trafalgar et Austerlitz, Iena
et invasion de la Prusse, Guerre d’Espagne et invasion râtée de la Russie,
défaite de Napoléon à Leipzig et exil à Elbe, retour et défaite de Waterloo.
L’Angleterre a payé toutes ces guerres avec la cavalerie de Saint Goerges.
Son intervention militaire sur terre a été minime: quelques 50 000 soldats en
Espagne ou à Waterloo, au moment où Français, Autrichiens ou Prussiens
déplaçaient des armées de centaines de milliers d’hommes.
Acrate - The Peninsular War
La guerre d’Espagne (1808-14), est appelé ‘Guerre d’Indépendance’ par
les Espagnols, ‘guêpier espagnol’ par les Français et ‘Peninsular War’ par
les Anglais. Elle opposa les troupes de Napoléon aux Anglais débarqués à
Lisbonne et à une terrible guerrilla déclenchée par les Espagnols, une fois
leur faible armée anéantie. Chaque pays a regardé le conflit de son point de
vue, en ignorant le point de vue des autres. Les Anglais ont loué le génie de
Wellington, qui pourtant est notoirement absent. Les Espagnols ont glorifié
le parti gagnant, c’est-à-dire le parti absolutiste de Ferdinand VII qui, revenu
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au pouvoir, a aboli la constitution de Cadix rédigée par des illustrés inspirés
para la Révolution Française. Ils ont stigmatisé les ‘afrancesados’, comme
des ‘collabos’. Pourtant ce parti comptait dans ses rangs l’élite espagnole
de l’époque, Moratin, Melendez Valdes et Goya lui-même. Ces intellectuels
ont été chassés après 1814 et sont morts en exil en France. Dans le camp
français, les faits ont donné lieu à deux versions opposées. Stendhal reconnaı̂t
la bravoure de la résitance espagnole, mais les accuse de se renfermer sur
eux-mêmes et de ne pas contribuer à la culture occidentale. Chateaubriand,
qui n’arrive pas à caser de vérité dans ses mémoires, fait une éloge ridicule
de l’héroı̈sme des Espagnols lors du siège de Saragosse, où 50 000 habitants
périrent et la belle ville fut réduite à un amas de décombres. On aurait
abouti au même résultat par une reddition, les morts et les destructions en
moins. Cette guerre est peut-être la première sale guerre de l’ère moderne,
avec des violences inouı̈es, des executions sommaires, des représailles contre
les populations civiles, des attentats contre l’envahisseur, et tout ce cercle
vicieux. Goya a laissé un témoignage poignant de cette brutalité dans ses
gravures avec des corps empalés, déchiquetés, mutilés. L’Espagne était gouvernée en 1808 par le Roi Charles VI, un Bourbon descendant de Louis XIV,
et il était l’allié de Napoléon contre les Anglais. Les navires espagnols avaient
combattu Nelson à Trafalgar côte-à-côte avec les Français. Les intellectuels
espagnols étaient des illustrés qui voyaient en Napoléon le véhicule des idées
de la Révolution Française. Lorsque Napoléon envahit l’Espagne, il enfonça
une porte ouverte. Au lieu de remplacer simplement un Boubon par un Bonaparte, ce que tout le monde aurait accepté, il envoya une armée de 200 000
hommes, qui tira sur la foule, et séquestra la famille royale par des arrangements peu dignes. Il transforma une promenade triomphale en cauchemar. Il
avait suivi les conseils de Talleyrand et Fouché, qui ne pensaient qu’à sa perte.
La grande erreur de Napoléon est d’avoir pris comme conseillers ces deux crapules au lieu de Carnot et Sieyès. Napoléon savait choisir ses maréchaux, pas
ses ministres. Il ne fut pas battu à la Bérézina mais à Paris. La ‘Peninsular
War’ des Anglais raconte la guerre menée, d’abord au Portugal, puis en Espagne, par le général Arthur Welesley, devenu Duc de Wellington par la suite.
C’est une suite de petites victoires et reculades entre Torres Vedras en 1810
et Toulouse en 1814, en passant par Ciudad Rodrigo, Salamanca, Burgos,
Vitoria, San Sebastian et Hendaye. Welesley n’affronta que des généraux de
Napoléon de deuxième classe tels Junot, Soult, Suchet, Mortier, Marmont ou
Joudan, qu’il ne réussit à battre qu’avec d’énormes difficultés. L’histoire n’a
pas retenu cette petite épopée sans gloire, mais des événements marquants
52
sans grande importance militaire, comme les révoltes populaires à Madrid le
2 mai 1808, la bataille de Bailen où un obscur général de Napoléon appelé
Dupont se fait battre en essayant de pénétrer en Andalousie, et les grands
sièges de Saragosse et Gérone, qui sont autant d’exemples de défense ‘numantine’, exagération hispanique déjà remarquée par des auteurs latins.
Sophane - Britannia rules the waves
L’Angleterre devient la grande puissance mondiale après trente ans de
guerre contre la France (1783-1815), où en plus des guerres napoléoniennes,
il faut rajouter la Guerre d’Indéndance des USA. Elle perdit sa suprématie au
cours des guerres contre l’Allemagne de 1914-45. Elle domina donc le monde
pendant un siècle, entre 1815 et 1914, comment ? par sa flotte. Les grandes
puissances de l’ère moderne, depuis 1500, ont imposé leur force militaire par
une puissante force terrestre, comme jadis Alexandre ou César dans le monde
antique. Le seul précédent d’une puissance maritime a été l’Athènes de Periclès. Après la frayeur de l’Armada Invincible lancée contre elle par Philippe
II, l’Angleterre se dota d’une véritable flotte de combat, la Royal Navy. Après
des combats incertains face à la France au cours du XVIIIème siècle, elle se
transforma en flotte quasi-invincible et cela jusqu’en 1942. L’Angleterre n’a
pas vraiment d’armée de terre, mais des petits contingents de métier, rien
de comparable aux circonscriptions massives pratiquéss par les armées du
continent. A Waterloo, Wellington aligne quelques 50 000 hommes, et Lord
Gort en 1940 ne dispose que de 150 000 soldats, face aux millions mobilisés
par la France et l’Allemagne. Montgomery a 200 000 hommes à El Alamein
en 1942, alors que des millions de Russes et d’Allemends s’affrontent sur le
front de Stalingrad. La force anglaise est sur mer. Nelson possède déjà 27
navires de ligne à Trafalgar, presque autant que les 33 navires réunis par la
France et l’Espagne, toutes deux grandes puissances maritimes jusqu’alors.
Mais les équipages anglais sont des soldats de métier très bien entraı̂nés, face
aux soldats de fortune de l’adversaire. Le choc décisif suivant est à Jutland
en 1916, après une course folle avec l’Allemagne pour s’imposer militairement
sur mer. Jellicoe aligne 151 navires dont 35 cuirassés ou croiseurs de bataille,
face à Sheer avec 99 navires dont 21 de grande taille. Le combat est incertain, mais ce sont bien les allemands qui se sont retirés. Lorsque commence
la Seconde Guerre Mondiale, la flotte anglaise est encore considérée comme
53
la plus puissante du monde, mais pour peu de temps. Ses succès contre les
bateaux allemands, Graaf Spee ou Bismark, ou Italiens, à Tarente et au Cap
Matapan, se transforment en déroutes contre l’aéronavale japonaise: Repulse
et Prince of Wales coulés, Mountbatten reculant, incapable de faire face à la
flotte japonaise rentrée en force dans les eaux de l’Océan Indien. Lorsque la
guerre se termine en 1945, les Anglais alignent 5 portavions face aux 95 des
Etats-Unis, qui n’en avaient que 4 en 1939. Inutile de nommer la nouvelle
grande puissance.
Acrate - La première Révolution Industrielle
Une grande puissance est tout d’abord une puissance économique. Or,
au cours du XVIIIème siècle, seule l’Angleterre réalise la révolution qui consiste à abandonner l’agriculture au profit de l’industrie. Ses campagnes se
dépeuplent au même rythme que ses villes grandissent. L’outil scientifique
qui sert à faire tourner l’industrie textile est la machine à vapeur mise au
point par l’engénieur James Watt. On ne commencera à voir des bateaux
ou des trains à la vapeur qu’au XIXème siècle. Les ateliers d’apprentis
moyen-âgeux laissent leur place à des usines de centaines, voir des milliers d’ouvriers qui filent du coton importé des colonies et qu’on vend dans
toute l’Europe. Il faut un Empire pour puiser les ressoureces, les matières
premières, et des marchés pour les vendre. Il faut une nouvelle économie,
le capitalisme sauvage. Londres devient la mégapole d’Europe et dépasse le
million d’habitants en 1800, suivie de Manchester, Liverpool, Birmingham,
Sheffield, Leeds, avec les grands Docks de Londres, Bristol, Southampton et
ailleurs. L’Angleterre abrite les deux meilleures universités d’Europe, Oxford
et Cambridge, où Newton a été remplacé par Cavendish, Jenner, Priestly et
l’écomiste Adam Smith. Il faut aussi des théoriciens pour penser un empire.
54
DIALOGUE IX
Henri VIII ou le Crime
Théotime - Le mythe de Jacques l’Eventreur
On appelle ainsi l’homme qui, vers 1890, en pleine époque victorienne,
assassina à Londres au moins cinq prostituées. Ce fait divers a défrayé la
chronique, comme pour les femmes du Roi Henri VIII qui eurent le cou
tranché. En fait, ce sont des variantes du même phénomène, le ‘serial killer’.
Lorsqu’il s’amuse dans les rues de Londres, il passe dans les journeaux, et s’il
prend le pouvoir, il passe dans les manuels d’histoire. Ces ‘serial killers’ sont
des fous, mais des fous à visage humain. Ce sont des paranoı̈acs. Ils peuvent
gagner des élections comme Hitler, ou se glisser subtilement au sommet du
pouvoir comme Staline. Un paranoı̈ac pense être constamment la victime
d’une conspiration, alors que c’est lui le seul conspirateur. Il tue ses ennemis
aussi bien que ses amis. Il se croit l’élu d’une mission divine: le nettoyage
des rues de Londres, la Grande Allemagne, le Petit Père des Peuples. Henri
VIII se prit carrément pour le Pape, il se fit une religion à sa mesure, qui est
suivie par une majorité d’Anglais jusqu’à nos jours.
Alviade - Le mythe de Richard III
Richard III, comme Hitler, fut un météore qui fit beaucoup de mal en très
peu de temps. Il règna seulement deux ans, 1483-85, comme Hitler seulement
55
12, en 1933-45. On a du mal a croire qu’il fut en place si peu de temps, tant
il déclencha de mal. L’ascension au pouvoir de Richard III, comme celle
d’Hitler, a fasciné de grands écrivains comme Shakespeare ou Bertolt Brecht.
C’est un mélange d’intelligeance et d’habileté inegalés, avec un manque total
de scrupules pour liquider tout homme ou institution qui leur fait barrage.
L’ascencion d’Hitler au sommet, entre 1923 et 1933, dure presque le triple que
sa chute en 41-45. Il se tue aussi facilement qu’il tue. C’est comme un alpiniste qui monte péniblement un sommet et, une fois arrivé, dévale la pente en
roulant à une vitesse vertigineuse, entraı̂nant toute sa cordée. L’Histoire a
retenu sept assassinats majeurs de Richard III en 1483, dont les deux Princes
Royaux âgés de 13 et 10 ans. Ces crimes déguisés ont permis à de rares historiens révisionistes de plaider son innocence. Tâche inutile, Richard III est
un mythe, celui du criminel qui s’empare du pouvoir par la ruse autant que
par le crime, qui a une intelligence froide pour créer des complots aussi bien
que pour imaginer des complots contre lui. Qui tue ses ennemis autant que
les alliés qui peuvent l’éclipser. Ces personnages sévissent dans des régimes
dictatoriaux, ou bien s’imposent dans des démocraties qu’ils écrasent par la
suite. Ils peuvent aussi gagner des élections. Avis aux amateurs.
Théotime - Henri VIII
Henri VIII eut six femmes en tout, un record: Catherine d’Aragon, Anne
Boleyn, Jane Seymour, Anne de Clèves, Catherine Howard et Catherine Parr.
Il divorça avec sa première femme, sa seule épouse légitime, si l’on entend
par là reconnue par Rome. C’etait un fou qui rompit avec Charles Quint et
avec le Pape. Les Anglais le voient autrement: il ouvrit la voie qui permit
à l’Angleterre un siècle plus tard de devenir une puissance coloniale, puis
un empire, au lieu d’une province écartée et oubliée de l’Empire des Habsbourg. Le refus anglais est en tout point comparable au refus des Hollandais,
et explique l’adoption de nouveaux dogmes religieux, plus qu’une adhésion
surprenante à des thèses sur l’âme que seul un théologien averti pourrait
discerner. Mais même en adoptant ce point de vue, il faut reconnaı̂tre que
Henry VIII coupa beaucoup de têtes. Pas seulement celles de Anne Boleyn et Catherine Howard, aussi celle de Thomas More, ce qui est bien plus
grave. Il fut trahi par tant de monde ? Il y a une bonne liste d’au moins
50 décollations de personnages célèbres, et des centaines de non célèbres
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pour des motifs souvent futils ou dérisoires. Il était complètemet paranoı̈ac,
et passa à à l’Histoire comme Barbe-Bleue, la version royale du mythe de
Jacques l’Evantreur.
Alviade - Mary the Bloody
Fille légitime de Henry VIII, elle dut attendre quelques années pour
succéder à son père. Le temps que son frère Edward VI, un jeune garçon
maladif, mit à mourir à l’âge tendre de 16 ans. La Reine Mary était à ce
moment dans sa maturité et plutôt laide malgré les efforts du peintre Anthonis Mor pour la faire charmante aux yeux du Prince Philippe d’Espagne,
fils de l’Empereur Charles Quint. Ce fut la dernière chance pour unir les
couronnes d’Espagne et d’Angleterre, une possibilité que les Anglais redoutaient comme la peste, et que Philippe II lui-même négligeait, l’Angleterre
n’étant alors qu’une petite ı̂le au sein d’un Empire déjà immense. Après
un court règne, elle mourut et passa aux manuels sous le nom peu flatteur
de ‘Mary the bloody’, alors qu’elle tua beaucoup moins de monde que son
père. Henri VIII n’est pas appelé ‘le sanguinaire’, titre qu’il a poutant bien
mérité. Appelez donc Mary, la reine catholique d’Angleterre, par son vrai
nom, ‘Mary of England’.
Théotime - Elisabeth R.
Elisabet R. (Regina) est le titre d’une célèbre série pour télévision produite par la BBC sur la longue carrière de cette Reine. Elle fut capricieuse
et insaisissable. Elle demeura vierge, mais on lui attribue autant d’amants
que de maı̂tresses à son père. Parmi eux, le Duc d’Anjou, Walter Essex,
Robert Dudley, Robert Essex (fils du précédent) et peut-être ses secrétaires
William et Robert Cecil. Quelques uns de ces amants supposés eurent une fin
tragique, comme certaines des femmes de Henri VIII. Walter Essex fut empoisonné et Robert Essex eut le cou tranché. Elle eut le goût de grâcier le Duc
de Southampton, mécène et amant de Shakespeare. L’épisode le plus marquant de son règne fut la mise en déroute de l’Armada envoyée par Philippe
II d’Espagne, dite ‘Invincible’. C’est le début du mythe de l’invincibilité de
57
l’Angleterre face à un débarquement par mer, que Napoléon et Hitler contribuèrent à alimenter. Le général Channel protège l’Angleterre, comme le
général Hiver la Russie.
Alviade - James I
Il était en réalité James IV d’Ecosse, et fut couronné Roi d’Angleterre
après la mort d’Elisabeth sans succession. Il unifia donc l’Angleterre avec
l’Ecosse et aborda le problème irlandais avec intelligence. Le bain de sang à
coup de hache tranchante se ralentit considérablement. Il eut le bon goût de
faire cesser la guerre avec l’Espagne et essaya même de séduire une infante
lors d’un voyage secret où se fit accompagner par le Duc de Buckingham.
C’est peut-être un mythe, mais qui dit long sur la personnalité de ce roi.
Il s’entoura de conseillers plus doués par leur physique que par leur savoirfaire politique. Puisqu’il avait lui-même une bonne tête, mieux lui valait un
beau visage que le contraire. A l’époque les amants s’appelaient des favoris.
Parmi les favoris, outre Southampton délaissé par Elisabeth, il y a bien sûr
le très jeune George Villiers, Duc de Buckingham, qui passa à l’Histoire par
le mythe qu’Alexandre Dumas créa de son personnage. En définitive, James
I fut un grand roi, progressiste et mécène des Arts et des Lettres, bref un
Roi investi.
Théotime - La Bastille anglaise
Les constructions plus sinistres ou absurdes sont celles qui ont le plus
de succès: pyramides d’Egyptes, muraille de Chine, châteaux de Louis II de
Bavière,... On critica ces constructions par leur coût faramineux, sans se
douter qu’elles allaient rapporter bien plus comme attractions touristiques.
A Londres, les attractions touristiques sont, par ordre croissant de visiteurs:
le 123 de Baker Street, le Musée Tussaud, et La Tour de Londres. Dans ce
sinistre édifice, on vous montre la ‘Traitors Gate’, les cellules jadis occupées
par des personnalités célèbres avant de dépérir, la chambre où des jeunes
princes furent étouffés, le bloc en bois qui servait de support pour couper des
têtes, et bien sûr la hache à fil tranchant utilisée lors de la dernière exécution.
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Tout est probablement faux, mais que serait la Tour sans les fantômes de ses
trépassés ? Un terrain vague reconverti en Opéra comme la Bastille Française.
Alviade - Athènes à Londres
De grands génies se sont donné rendez-vous à Londres à la fin du XVIème
siècle, comme jadis à Athènes, au Vème siècle avant notre ère. C’est le Siècle
d’Or, connu sous le nom de d’Angleterre Elisabéthaine, comme on parle de
l’Athènes de Périclès. De même qu’à Athènes, cette brillante et fugace explosion culturelle s’exprima surtout par le théâtre. C’est ainsi que surgit le plus
grand dramaturge de tous les temps, Shakespeare. De sa vie on ne connaı̂t
rien, pas plus que de celle de Molière ou Cervantès. Mais eux, au moins, ont
publié de leur vie, alors que les publications de Shakespeare ont eu lieu bien
après sa mort. Son génie ne commença a être reconnu qu’au XVIIIème siècle.
Son nom même est en dispute: Shakespeare est le nom par convention de
l’auteur de Hamlet, mais ce nom pourrait en cacher un autre: Bacon, Marlowe, Edward de Vere, ou qui sais-je. On a essayé de refaire sa biographie
en partant de ses œuvres, mais on tombe vite dans l’absurde: est-il Hamlet,
Ophélia, Roméo, Mercutio, ou un autre ? c’est comme si on demande qui
est Cervantès, Don Quichotte ou Sancho Panza ? la réponse est toujours la
même, ni l’un ni l’autre.
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DIALOGUE X
Elisabeth R or the english vice
List of characters
WALTER (father): Former King of England
GHOST: Ghost of King Walter
ELISABETH: Queen of England
WALTER (son): Son of king WALTER and Queen ELISABETH
DUDLEY: New King of England after marriage with ELISABETH
CECIL: Councillor of the Queen
ESSEX (Earl of): Nobleman
SOUTHAMPTON (Earl of): Nobleman
BERNARDO: Friend of Walter
FRANCESCO: Friend of Walter
HORATIO: Friend of Walter
MARCELLUS: Friend of Walter
STUART: King of Scotland
REYNALDO: Spy of Cecil
ROSENCRANTZ: Courtier
GUILDENSTERN: Courtier
OSRICK: Courtier
AMBASSADOR: English Ambassador
PLAYERS: Actors from a theater company
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Act I - Scene 1
(Enter Francesco, Bernardo)
Bernardo Who’s there?
Francesco Stand and unfold yourself.
Bernardo It is now struck twelve. Get thee to bed, Franceso, you have
migraine. She came upon her hour.
Francesco Yes, I am sick at heart.
(Enter Horatio and Marcellus)
Marcellus If again migraine comes, it will blind your eye.
Horatio It will not appear.
Bernardo Last night of all, it had made his course till illuminate that side of
vision, where now it burns. The bell then beating one.
Marcellus Peace, break thee off. Migraine comes again.
Horatio What are thou that usurpest this time of night, by heaven I charge
thee, go way migraine.
Marcellus It is not gone and will not answer.
Horatio Migraine is to trouble mind’s eye in the most high and palmy state.
I was sick almost to Doomsday with eclipse of my view. But look, migraine
comes again. I’ll cross it though it blasted me. Speak to me.
Marcellus It faded on the crowing of the cock.
Horatio Let us impart what we have seen tonight unto young Walter, for this
migraine will also be part of him.
Act I - Scene 2
(Enter Dudley, Queen, Cecil, Essex, Walter)
Dudley Though yet of king Walter our dear brother’s death the memory be
green and that it us befitted, therefore long live our sometime sister, now
our Queen, the imperial pointress to this warlike state. Now follows what
you know. Young Stuart, holding a weak supposal of our worth. He has not
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failed to pester us with message, importing the surrender of those lands lost
by his father, with all bands of law. Thus the business is: we have here to
write to Scotland, to young Stuart. Bear this greetings to Scotland, farewell
and let your haste command your duty. And now Essex, what’s the news
with you ?
Essex My dread Lord, though my return to Ireland from where willingly I
came to England to show my duty in your coronation, yet now I muss confess,
that duty done, I wish to go again towards Ireland and bow to your gracious
pardon.
Cecil He hath, my lord, wrung from me upon his will and I sealed my hard
consent.
Dudley Take thy fair hour, Essex, time be thine. But now my son Walter is
coming.
Walter Yes, I am his son-in-law.
Dudley How are the clouds still hang on you ?
Walter Not so, my lord, I am too much in the sun.
Queen Good Walter, cast thy nighted colour off and let thine eye look like
a friend of England. Do not for ever with thy vailed lids seek for thy noble
father in the dust. All that lives must die. Let not thy mother lose her
prayers, Walter. I pray thee stay with us.
Walter I shall do the best to obey you, madam.
Dudley It is a loving and a fair reply. Be as ourselves in England. Madame,
come. (Exeunt all but Walter )
Walter O that this too sullied flesh would melt. How weary, stale, flat and
unprofitable. But two months dead, not so much, not two ! Let me not think
on it. Failtry, thy name is woman. A little month, and those shoes were old
with which she followed my poor father’s body. O God, a beast that wants
discourse of reason would have mourned longer-married with my uncle, my
father’s brother, but no more like my brother, within a month she married,
incestuous sheets ! But break my heart for I must hold my tongue.
Act I - Scene 3
(Enter Walter, Horatio, Marcellus, Bernardo)
Walter I am glad to see you well.
Horatio The same, my Lord.
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Walter And what make you from Tower-Hill, Horatio ? Marcellus ?
Marcellus My good lord !
Horatio A truant disposition, my good lord.
Walter I know you are no truant, but what is your affair in London ?
Horatio My lord, I came to your father’s funeral.
Walter You will see my mother’s wedding.
Horatio My lord, I think I saw your father yesterday.
Walter For God’s love, let me hear.
Horatio Two nights together with these gentlemen, Marcellus and Bernardo,
on their watch.
Walter Did you speak to it ?
Horatio My lord, I did.
Walter Did you see his face ?
Horatio O yes. He wore his beaver up.
Walter What, looked he frowningly ?
Horatio A countenance more in sorrow than in anger.
Walter Pale or red ?
Horatio Very pale.
Walter That’s migraine. I’ll speak to it. Upon the platform between eleven
and twelve, the hour that migraine comes, I’ll visit you.
Act I - Scene 4
(Enter Essex, Southampton)
Essex My necessaries are embarked for Ireland but let me ear from you.
Southampton Do you doubt that ?
Essex Walter is violent in the youth of prime nature, for nature does not
grow alone, but with the virtue of will. But you must fear the safety and
health of this whole state, it fits your wisdom so far to believe in it. If with
too credent ear you list his songs, fear it, Southampton, fear it, dear friend.
Virtue itself escapes not calumnious strokes. Be wary then. Best safety lies
in fear.
Southampton I shall the effect of this good lesson keep, as watchmam to my
heart, but good my friend, show me the steep and thorny way of heaven.
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(Enter Cecil)
Cecil Yet here is Essex ? Abroad, abroad, for shame ! The winds sit in the
shoulder of your sail and you are stayed for. There, my blessing with thee.
Look at your character. Give thy thought no tongue. Be thou familiar but
by no means vulgar, bear it that the opposed may beware of thee and be
in Ireland of the best rank and station. Be of a most select and generous
chief in that. Neither be a borrower nor a lender, for loan oft loses itself and
friends. Farewell. My blessing season this in thee !
Southampton So please you, something touching Lord Walter ?
Cecil Be merry, well bethought. What is between you ? give me up the
truth.
Southampton He hath, my lord, of late made many tenders of his affection
to me.
Cecil Affection ? Pooh !
Southampton I dont know my lord what I should think.
Cecil Be merry, I will teach you, think you have these tenders for true pay
which are not sterling. Tender yourself more dearly or you’ll tender me a fool.
Go to, go to. I do know when the blood burns, how prodigal the soul for
Lord Walter believes so much in him, so he is young. In few, Southampton,
do not believe in his rows, for they are brokers. I would not, in plain terms,
from this time forth, have you so slander any moment leisure. Look to it, I
charge you.
Southampton I shall obey my Lord.
Act I - Scene 5
(Enter Walter, Horatio, Marcellus)
Walter The air bites schrewdly. It is very cold.
Horatio Is it a nipping and an eager air.
Walter What hour now ?
Horatio I think it lacks of twelfe.
Marcello No, it is truck.
Horatio Indeed ? I heard it not. I hear trumpets, what does this mean, my
Lord ?
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Walter The king doth wake tonight, he has migraine.
Horatio Is it a custom ?
Walter To my mind and to the manner born, it is a custom. This heavyheaded revel east and west is migraine. It soils in addition, so oft it changes
in particular men that for some vicious mole of nature in them as in their
birth, wherein they are not guilty, since nature cannot choose it’s origin.
Horatio Look, my lord, migraine it comes.
Walter Angels and ministers of grace, defend us ! I’ll call thee Walter, King,
father. O, answer me ! Let me not burst in ignorance. What may this mean,
that thou, dead corps, again in complete steel, revisits thus the glimpses of
the moon, making night hideous and we fools of nature so horridly to shake
our disposition. So why is this ? It will not speak. Then I will follow it.
Horatio Migraine puts toys of desperation, without more motive, into every
brain.
Walter My fate cries and makes each pretty artere in this body to pulse
hardy. I say away ! Go on, I’ll follow thee.
Horatio He waxes desperate, with his migraine.
Marcellus Let follow, it is not fit thus to obey him. There is something rotten
in the state of England.
(Enter Ghost and Walter)
Walter Wether wilt thou lead me ? Speak, I’ll go no further.
Ghost Mark me, when I to sulphurous and tormentous flames must render
up of my own migraine.
Walter Alas, poor ghost.
Ghost I am thy father’s spirit doomed for a certain term to walk in the night
and for the day confined to fast in fires. Defend yourself from migraine, freeze
thy young blood, make thy eyes like stars shine. Listen, listen, O listen ! If
thou didst ever thy dear father love. Revenge his fool and most unnatural
murder.
Walter Murder ?
Ghost It is given out that, sleeping in my cherry orchard, a serpent stung
me. So the whole ear of England is by a forged process of my death abused.
But know, thou noble youth, the serpent that did sting thy father’s life now
wears a crown
Walter My father-in-law ?
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Ghost Ay, that incestous, that adulterate beast with witchcraft of his wit,
with traitorous gifts. So he seduced the will of the Queen, my most seemingvirtous wife. I was sleeping by a brother’s hand. O horrible ! O horrible !
Most horrible ! If thou hast nature in thee, bear it not. Let not the royal bed
of England be a couch of luxuary and damned incest. Adieu, adieu, adieu.
Rememberance.
Walter O all you host of heaven ! O Earth ! What else ? Ay, thou poor
ghost, while memory holds a seat in this distracted globe. Remember thee ?
Within the volume of my migrainous brain. O most pernicious woman ! O
villain, villain ! That one may smile and be a villain in England.
Horatius My Lord !
Marcellus Lord Hamlet ! What news, my lord ?
Walter Wonderful, but you’ll be secret ?
Horatio, Marcellus Ay, by heaven my Lord.
Walter Never make known what you have seen tonight. Swear it upon my
sword.
Horatio, Marcellus We are sworn.
Walter There are more things on heaven and earth, Horatio, that are dreamt
of in your philosophy.
(Exeunt all)
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Act II - Scene 1
(Enter Cecil, Reynaldo)
Cecil Give him this money and notes.
Reynaldo I will my Lord.
Cecil Before you visit him, make enquire of his behavour.
Reynaldo My Lord, I did intent it.
Cecil Enquire me first what English are in Dublin and how and who and
where they keep what company, at what expense and finding. Question if
they do know Essex, know his friends, do you mark this, Reynaldo ?
Reynaldo Very well, my Lord.
Cecil What gorgeries you please. Take heed of that and companions noted
and known for youth and liberty.
Reynaldo As gaming, my Lord.
Cecil Ay, or drinking, fencing, swearing, quarelling, drabbing, you may go so
far.
Reynaldo My Lord, that would dishonour him.
Cecil Mark the man who says ‘I saw him enter such a house of sale’ or so
forth. Your bait of falsehood takes this carp of truth, you have me, have you
not ?
Reynaldo I have, my Lord.
Cecil Good bye, farewell.
(Enter Southampton)
Southampton O my Lord, my Lord, I have been affrighted.
Cecil With what, is it the name of God ?
Southampton My Lord, I was seeing in my closet Lord Walter down, gyred
to his ankle, pale as his shirt, his knees knocking each other and with a look
so piteous as if he had been loosed out of hell.
Cecil It was an attack of migraine. What did he do ?
Southampton He took me by my wrist and pressed me hard, then goes he
to the length of his arm, and with his other hand thus holding my waist, he
put me over his knees. That done, he let me go.
Cecil Come, go with me, I will seek the King. This is the very ectasy of love
whose violent property fordoes itself and leads will to desperate undertakings
as oft as passion under heaven. That does affect our natures. I am sorry.
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Have you given him any glance sparkings lately ?
Southampton No, my Lord. I am always on the receiving end.
Cecil Come, let’s go to the King.
Act II - Scene 2
(Enter Dudley, Queen, Rosencrantz, Guildenstern)
Dudley Welcome dear Rosencrantz and Guildenstern, moreover that we much
did long to see you. The need to use you provokes our hasty sending. Something have you heard of Walter’s transformation so call it, to us unknown
and afflicting him.
Queen Good gentlemen, he hath much talked to you. Your visitation shall
receive such thanks.
Rosencrantz Both majesties might by the sovereign power you have of us put
your dread pleasures into command.
Guildenstern But we both obey and lay our service freely.
Dudley Thanks Rosencrantz and gentle Guildenstern.
(Enter Cecil, exeunt Rosencrantz and Guildenstern)
Cecil The ambassador of Holland has joyfully returned.
Dudley Thou still hast been the father of good news.
Cecil Have I, my Lord ? I found Walter lunatic.
Dudley O, speak of that ! That do I long to hear.
Cecil Give first admittance to the ambassadors.
Dudley He tells me, my dear Queen, that he knows the source of Walter’s
distemper.
Queen I doubt, it is no other than his father’s death and our marriage.
(Enter ambassador)
Dudley Welcome, what from our Dutch brothers ?
Ambassador The officers that her majesty placed at Deventer and Zutphen
went over Duke of Parma along with their fortresses. The English held but
the port of Slvis was also lost. His Majesty has no authority on Dutch allies,
and is irredeemandly in debt because of his personal financing of the war by
more than thousand crowns. But the war is over, thanks to his Majesty’s
return and negotiations with Parma.
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(Exit ambassador)
Cecil This business is well ended. Now, your noble son is mad. Mad call I it,
to define the true madness, what is it but nothing else than madness. But
let that go.
Queen More matter with less art.
Cecil Madam, I swear I use no art at all. That he is mad, a foolish figure,
mad let us grant him then, and now remains that we find the cause of this
defect. For this effect defective comes by cause. Thus it remains and the
remainder thus.
Dudley How is Southampton receiving his love ?
Cecil Do do you think of me ?
Dudley As of a man faithful and honourable.
Cecil I would prove so, but what might you think when I had not seen this
love. He fell into a sadness, then into a watch, then into a weakness, then
into a lightness and, by this declesion, into a madness, wherein now he raves.
Dudley What do you think that is ?
Queen A bipolar disorder.
Cecil Take it from this, if this be otherwise, if circumstances lead me, I will
find where truth is hid, though it were hid indeed.
Dudley Sometimes he walks for hours in the lobby.
Cecil At such a time, I will look south to him and see if he loves him or not.
Dudley We’ll try it.
(Enter Walter)
Cecil Do you know me, my Lord ?
Walter You are a fishmonger.
Cecil What’s the matter you read in, my Lord ?
Walter µωριαζ ǫνκωµιoν.
Cecil Though this be madness, yet there is method in it. Will you walk out
of the air, my Lord ?
Walter Into my grave ? You cannot take from me anything except my life.
But look at these tedious old fools that enter now !
(Enter Rosencrantz and Guildenstern, exit Cecil)
Rosencratz God save you, Sir !
Guildenstern My honoured Lord !
Walter My excellent good friends, what have you deserved at the hands of
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fortune that it sends you to prison hither ?
Guildenstern Prison, my Lord ?
Walter England’s a prison.
Rosencratz Therein is world one.
Walter In the beaten way of friendship, what makes you at London ?
Rosencratz To visit you, my Lord.
Guildenstern What should we say, my Lord.
Walter I know the King and Queen have send you.
Rosencratz To what end, my Lord ?
Walter That you must teach me.
Rosencratz What say you ?
Guildenstern My Lord, we were sent for.
Walter I will tell you why. What is the quintesence of dust ? Man delights
not me nor woman either, though by your smiling you seem to say so.
Rosencratz Mylord, there was not such a staff in my thoughts.
Walter Why did you laugh then when I said ‘woman delights me not’.
Rosencratz Because we know it.
Guildenstern There come the players.
Walter Gentlemen, welcome to London, let me comply with you in this garb.
You are welcome but the King and Queen deceived.
Guildenstern In what, my dear Lord ?
Walter I am mad noth-east-west but I am pleased with my dear south.
(Enter Cecil)
Cecil My Lord, I have news to tell you. The actors coming with me are the
best in the world, either for comedy, tragedy, history...
Walter O Jephtal, Judge of Israel, what a treasure hadst thou !
Cecil What a treasure had he, my Lord ?
Walter Two fair daughters and no more, that he loved well, Susanna and
Judith.
(Enter the players)
Walter You are welcome, masters, welcome all. I am glad to see thee, wellcome good friends. Comest thou to beard me in England ? We’ll be like
french falconeers: love anything you see, come, give us a taste of your quality.
Player What speach, my good Lord ?
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Walter One speach that is not chiefly loved. That of Aeneas tale to Dido.
And thereabout of it especially when he speaks of Priam’s slaughter, if it lives
in your memory. Begin at this time: The rugged Pyrrhus ..., so proceed.
Cecil My Lord, well spoken, with good accent.
Player Among he finds him striking too short...
Cecil This is too long.
Walter Let them be well used for they are the abstract and chief chronicles
of our time.
Cecil My Lord, I will use them according to their desert.
Walter Use everyman after his desert. Take them in.
Cecil Come, Sirs.
Walter Follow him, friends. We will hear the play tomorrow. Can you play
‘The murder of Devereux’ ?
Player Ay, my Lord.
Walter Tomorrow I will insert in it some lines.
Player Ay, my Lord.
(Exeunt all but Walter)
Walter O, what a rogue and peasant slave am I ! Bloody, bloody villain !
Remordless, treacherous, lecherous, kindless villain ! O vengence ! This is
most brave that I, the illigitimate son of a dear father murdered, prompted
my revenge by heaven and hell. For murder, though it has no tongue, will
speak with this miraculous organ. I will have these actors play something
like the murder of my father in front of my present father-in-law. I ’ll observe
his looks. The play is the thing wherein I will catch the conscience of the
King.
(Exit Walter)
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Act III - Scene 1
(Enter Dudley, Queen, Cecil, Southampton, Rosencrantz, Guildenstern)
Dudley And can you by no drift of conference get from him why he puts on
this confusion ?
Rosencrantz He does confess he feels himself distracted, but from what cause,
will he by no means speak.
Dudley Walter will affront here Southampton by accident and looking as he
behaves, we’ll judge if it’s the affliction of his love or not.
Queen For your part, Southampton, I do wish that your good beauties be
the happy cause of Walter’s wildness.
Southampton Madam, I wish it may.
Cecil Southampton, walk you here.
Dudley How smart a lash that speach give to my conscience.
Cecil Here is he coming.
(Enter Walter)
Southampton How does your honour for this day ?
Walter I humbly thank you, well, well, well.
Southampton My Lord, I have rememberances of yours, words of so sweet
breath you composed in your Venus and Adonis or the Rapt of Lucrece.
Walter Are you fair ?
Southampton What means your lordship ?
Walter If you are fair, you should not admit discuss to your beauty. Now the
time gives its proof. I did love you once.
Southampton Indeed my Lord, you made me believe so.
Walter If you be merry, you’ll be a fool.
Southampton O heavenly powers, restore him !
Dudley Love, his affections do not that way tend, nor what he speaks though
it lacked forma, little was like madness. There is something in his soul.
Cecil He shall do well. But yet, do I believe the commencement of his grief
sprung from neglected love ?
(Exeunt all but Walter)
Walter Face is sicklied with pale hue, and enterprises of great pitch and moment with this regard are turned away, and body loses control of action.
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Who would fear those fardels to grunt and sweat under cover ? But rather
bear those ills than fly to others we dont know of and that might bring death,
the undiscovered country from where no traveller returns and puzzles will.
The dread of something after death. The patient could take unworthy drogs
when he himself might cure, simply by staying quiet with bare skin in bed,
with pangs of despised love. But this ill makes life a long calamity. Pain
gives us pause only when we have shuffled off eaten flesh ’til consummation.
To sleep, perhaps to dream. The headache has thousand natural shocks that
one can oppose by sleep, no more, and by sleep say we end. Whether ’tis
nobler in mind to suffer the slings and arrows of migraine or to take action
against this sea of troubles, to sleep or not to sleep, that is the question.
Act III - Scene 2
(Enter Walter and actors)
Walter Speak the speach, I pray you, as I pronounced it to you, trippingly
on the tongue.
Player I warrant your honour.
Walter Be not too tame either, but let your own discretion be your tutor. Suit
the action to the word, the word to the action with this especial observation
that you overstep not the modesty of nature.
Player I hope we have reformed that indifferently with us, sir.
Walter O, reform it altogether ! And let those that play your clowns speak
no more than is set down for them. For there be of them that will themselves
laugh to set on some quantity of barren spectators to laugh too.
Player We will, my Lord.
Walter Well, go make you ready.
(Exeunt players and enter Cecil)
Walter Will the King hear this piece of work ?
Cecil And the Queen too, and that presently.
Walter Bid the players make haste.
(Exit Cecil, enter Horatio)
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Walter What, Horatio ?
Horatio Here, sweet Lord, at your service.
Walter There is a play tonight before the King. One scene of it comes near
the circumstance which I have told thee of my father’s death. I prea thee,
when those see that act afoot, even with the very comment of thy soul,
observe Dudley. If his occulted guilt does not itself unkennel in one speach,
it is a damned ghost that we have seen and my imaginations are as foul as
Vulcan.
Horatio Well my lord.
Walter They are comming to the play, get you at place.
(Enter Dudley, Queen, Cecil, Southampton, Rosencrantz, Guildenstern)
Dudley How fares our son-in-law Walter ?
Walter Excellent. Lord Cecil, you played once at University, you remember
that ?
Cecil That did I, my Lord, and was accounted a good actor.
Walter What did you enact ?
Cecil Julius Ceasar. I was killed in the Capitol. Brutus killed me.
Walter It was a brute part of him to kill so capital a cleric there. Be the
players ready ?
Rosencrantz Ay, my Lord, they stay upon your patience.
Queen Come hither my dear Walter, sit by me.
Walter No, good mother. Here’s metal more attractive.
Cecil Oh ! Do you mark that ?
Walter My dear Lord Southampton, shall I lie on your lap ?
Southampton Yes my beloved Walter.
Walter That’s a fair thought.
Southampton How many my Lord ?
Walter Twice two months.
Southampton So many, are you gai, my Lord ?
Walter I’ll be merry my Lord.
(Trumpets)
Walter The play is as follows: enter a king and a queen very lovingly. He
lies upon a bank of flowers. She leaves him asleep. Another man comes and
pours poison in the sleeper’s ears, then leaves. The queen returns and finds
the king dead. The poisoner woos the Queen with gifts. She seems harsh
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awhile but in the end accepts love.
Southampton What does that mean, my Lord ?
Walter It means mischief.
(Enter prologue and players)
Walter We shall know by this fellow.
Southampton Will he tell us what this show means ?
Walter I’ll not shame to tell you what it means.
Southampton You are naught. I’ll mark the play.
Prologue For us and for our tragedy, here stopping for your clemency, we beg
you hearing patiently.
Player (as the King) My enterprise had inauspicious beginning, a storm dispersed my fleet and drove my vessels as far as Cork. My forces did not reach
the place of rendez-vous till late in the autumn and I was compelled to enter
Belfast for the winter. My troops were disminushed by sickness, famine and
desertion. Intrigues of various sorts and fighting of a guerrilla type followed,
and I had difficulties with both my deputy Fitzwilliam and with the Queen.
My offensive in Ulster took form of raids and brutal massacres among the
O’Neills. I treacherously captured MacPhelim at a conference in Belfast and
had him and his wife executed at Dublin. I arrested William Piers, active
in driving the Scots out of Ulster, and accused him of passing military intelligence to Brian MacPhelim O’Neill. Piers was arrested and MacPhelim
O’Neill executed for treason. I prepared to attack the chief Tirlogh Luineach
but the Queen commanded to break the enterprise. I had time to massacre
several hundreds of Sorley Boy’s, hidden in the caves of Rathlin Island, after
an amphibious assault led by Sir Francis Drake. I returned to England but
was persuaded to return to Dublin, as Earl Marshall of Ireland. Upon my
arrival at Dublin Castle, I died in 1576.
Player (as the Queen) My maternal grand mother was Mary Boleyn, the elder sister of Queen Anne, the mother of Queen Elisabeth. I married Walter
in 1561, but I became soon in love with Leicester. Leicester intrigated to
have my husband sent to Ireland and encouraged him to commit all kind
of murders and massacres. Using his influence on the Queen, Leicester had
my husband removed from Ireland where he returned later. He poisoned my
husband and married me two years later. A commission concluded that my
husband died of dysentry.
Walter Madam, how did you like the play ?
Queen The lady does not protest too much.
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Walter O, but she’ll keep her word.
Dudley Have you heard the argument ?
Walter No, no, they do but jest, poison in jest.
Dudley What do you call the play ?
Walter The Mousetrap.
Southampton You are as good as a chorus, my Lord.
Walter I enjoyed your singing, my Lord.
Southampton You are on my knees my Lord.
Cecil Give to her the play.
Dudley Lights, lights, lights !
(Exeunt all but Walter and Horatio)
Walter Let the strucken deer go weep and hide deep.
Horatio You might have rhymed.
Walter O good Horatio, I’ll take the ghost’s word for a thousand pounds:
didest perceive ?
Horatio Very well my Lord.
Walter Upon the talk of the poisoning ?
Horatio I did very well note him.
(Enter Rosencrantz and Guildenstern)
Guildenstern Good my Lord, vouchsafe me a word with you.
Walter Sir, a whole history.
Guildenstern The King, sir.
Walter Ay, Sir, what of him ?
Guildenstern Is marvellous distempered.
Walter With drink ?
Guildenstern No my Lord, with choler.
Walter You should signify this to a doctor.
Guildenstern My Lord, put your discurse into frame.
Walter Pronounce.
Guildenstern The Queen is in most great affliction.
Rosencrantz She desires to speak with you in her closet.
Walter We shall obey.
(Enter Cecil)
Cecil My Lord, The Queen would like to speak with you.
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(Exeunt all but Walter)
Walter It is now the very witching time of night. O heart, lose not thy nature. Let not hate enter my soul, Let me be cruel, not unnatural. I will
speak daggers to her, but use none.
Act III - Scene 3
(Enter Dudley, Rosencrantz, Guildenstern)
Dudley I like him not, nor stands it safe with us to let his madness range.
Therefore prepare you, he will go to Ireland along you.
Guildenstern We will keep those many bodies safe that live and feed upon
your Majesty.
Rosencrantz The single and peculiar life is bound with the strength and
armour of the mind.
Dudley Arm you, I pray, to this speedy voyage.
(Enter Cecil, exeunt Rosencrantz and Guildenstern)
Cecil My Lord, he is going to his mother closet. Behind the arras I’ll convey
myself to hear the process. I’ll warrant she’ll tax him home.
(Exit Cecil)
Dudley O, my office is rank. It smells to heaven. It hath the primal curse
upon it, a brother’s murder. Pray can I not, with my brother’s blood. Is
there not enough in the sweet heavens to wash white as snow ? Whereto
serves mercy but to confront the visage of offense ! My fault is past. But
what form of prayer can serve my turn ? Forgive me my foul murder ? That
cannot be since I am still possessed of those effects for which I did the murder.
My crown, my own ambition and my Queen.
(Enter Walter, Dudley kneels)
Walter Now might I do it, now that he is praying ? And now I will do not.
And so he goes to heaven and am I revenged. This is hire and salary, not
revenge. No. Up, sword and know thou a more horrid hent. When he is
drunk asleep or in his rage, or in the incestous pleasure of his bed. That has
no relish of salvation in it. This prolongs thy sickly days.
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(Exit Walter)
Dudley My words fly up, my thoughts remain below words without words,
without thoughts that never to heaven go.
(Exit Dudley)
Act III - Scene 4
(Enter Queen and Cecil)
Cecil He will come straight, look you lay home to him. Tell him his pranks
have been too broad to bear with and that your glance hath screened and
stood between much heat. I’ll silence me. Pray you be round with him.
Queen I warrant you. Fear me not. Withdraw. I hear him coming.
(Cecil hides behind the arras, enter Walter)
Walter My Queen, what’s the matter ?
Queen Walter, you have Dudley much offended.
Walter My Queen, you have my father much offended.
Queen Come, come, you answer with an idle tongue.
Walter Go, go, you question with wicked tongue.
Queen What wilt thou do. Thou wilt not murder me ? help !
Cecil (from behind) What help !
Walter(drawing his sword) How now ! A rat ? Dead for a ducat, dead !
(He makes thrust through the arras and kills Cecil)
Cecil O, I am slain !
Queen O, me, what have thou done ?
Walter Nay, I know not. Is it the King ?
Queen O, what a rash and bloody dead is this ?
Walter A bloody deed almost as bad, my Queen. As kill my father and
marry his wife. Thou wretched, rash, intruding fool, farewell ! Look here
upon this picture the two brothers. One has Heperyon curls in the front,
another an eye like Mars. This was your husband. Look now what follows
like a mildewed ear, blasting his whole brother. Have thou eyes ? O shame,
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where is thy blush ?
Queen O Walter, speak no more. These words like daggers enter in my ears.
No more, sweet Walter. Alas, how is it with you that you do bend your eye
on cavancy and with this incorporal air do hold discourse ? Forth at your
eyes your spirits wildly peep and as the sleeping soldiers in the alarm you,
bedded hair like life in excrements, start up and start an end. O gentle son,
upon the heat and flame of thy distemper sprinkle cool patience. Whereon
do you look ?
Walter I had a migraine crisis.
Queen Nothing at all. Yet all that is I see.
Walter My Queen, confess yourself at heaven, repent what’s past. Avoid
what is to come. Forgive me this my virtue. For virtue itself of vice must
pardon beg.
Queen Be assured, if words be made of breath, and breath of life, I have no
life to breath.
Walter I must go to Ireland. You know that ? There’s a letter sealed and
my two fellows whom I will trust as adders fanged, they bear the mandate.
They must sweep my way. Let it work, but I ’ll blow them at the moon. O it
is most sweet when in one line two crafts directly meet. Good night, mother.
(Exeunt all)
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Act IV - Scene 1
(Dudley, Queen, Rosencrantz, Guildenstern)
Dudley There is matter in these sighs, these profound heaves. Where is
Walter ? Elisabeth, how does Walter ?
Queen Mad as the sea and wind when both contend.
Dudley It had been so with us, had we been there.
Queen To draw apart the body he hath killed.
Dudley We will ship him hence. Walter in madness had hath Cecil slain. My
soul is fall of discard and dismay.
(Exeunt Dudley and Queen, enter Walter)
Rosencrantz What have you done with the dead body ?
Walter Compounded it with dust.
Rosencrantz My Lord, you must tell us where the body is and go to the King.
Walter The body is with the King, but the King is not with the body. The
King is a thing.
Guildenstern A thing, my Lord ?
Walter Of nothing. Bring me to him and all after.
(Exit Walter, enter Dudley)
Dudley I have sent to seek him and find the body. How dangerous is it that
this man goes loose !
Rosencrantz Where the dead body is bestowed, my Lord, we cannot get from
him. But where is he ?
Dudley Bring him before us.
(Enter Walter)
Dudley Now, Walter, where is Cecil ?
Walter At supper.
Dudley At supper ? Where ?
Walter Not where he eats, but where he is eaten.
Dudley Alas ! Alas !
Walter A man may fish with the worm that hath eat of a King and eat of
the fish that hath fed of that worm.
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Dudley Where is Cecil ?
Walter In heaven.
Dudley Go seek there.
Walter He will stay till you come.
Dudley Prepare thyself. The bark is ready and the wind at help. Everything
is bent for Ireland.
Walter Ireland ?
Dudley Ay.
Walter Good.
Act IV - Scene 2
(Enter Walter and Stuart, King of Scotland, with army)
Walter Good Sir, whose powers are these.
Stuart They are of Scotland, Sir.
Walter How purposed, Sir, I pray you.
Stuart Against some part of Holland.
Walter Who commands them, Sir ?
Stuart Myself.
Walter Goes it against the main of Holland, Sir, or for some frontier ?
Stuart Truly to speak, we go to gain a little patch of ground.
Walter Why ? The Dutch will never defend it.
Stuart In reality we go to England.
(Exeunt all but Walter)
Walter All occasions do inform against me and spur my dull revenge ! What
is a man if chief good and market of his time be but to sleep and feed ? A
beast no more. Witness this army of such mass and charge, led by a delicate
and tender prince, and let all sleep while to my shame I see the inmminent
death of twenty thousand men that for a trick of fame go to their graves like
beds, fight for a plot whereon the numbers cannot try the cause.
Act IV - Scene 3
(Enter Queen, Dudley, messager)
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Queen Alarm, what noise is this ?
Dudley Where is my swiss guard ?
Messager Save yourself, my Lord. Essex, in a ritous head, erbears your office.
The rabble call him Lord and, as the world were know to begin, they cry:
choose me ! Essex shall be King ! Caps, hands and tongues applaud it to
the clouds: Essex shall be King ! Essex King !.
Queen How cheerfully on the false trail ! They cry ! O, false English dogs !
Dudley The doors are broken.
(enter Essex)
Essex Using my general warrant to return to England, given under the seal,
I sailed from Ireland o and reached London four days later. The Queen has
expressely forbidden my return but I did not pray any attention to that.
Queen Essex, what are you doing in my bedchamber this morning at my
palace, before I am properly gowned ? I’ll call my private council and your
action will be punished with your confinement at York House.
Dudley Essex, I must commune with your grief. Go apart, make choice of
your friends as you wish and they shall hear and judge next to you and me.
If by direct or collateral hand they find us touched, we will our kingdom give,
our crown, our life and all that we call ours to you in satisfaction. But if not,
be you content to lend your patience and we shall jointly labour your soul to
give it due content.
(Exeunt all)
Act IV - Scene 4
(Enter Horatio and messager)
Horatio What are they that would speak with me ?
Messager They say they have letters for you.
Horatio(reading) A pirate gave us chase. I became his prisoner. They are
dealt with me like thieves of mercy, let the King have the letters I have sent.
I have words to speak in thine ear. Rosencrantz and guildenstern hold their
course for Ireland. Of then I have much to tell thee. Farewell. Walter.
(Exeunt all, enter Dudley, Essex and messager)
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Dudley Now must your conscience my acquittance seal and you must put me
in your heart for friend.
Essex It well appears, and so, have I a noble father lost but my revenge will
come.
Dudley I love your father and that, I hope, will teach you to imagine.
Messager Letters, my Lord, from Walter.
Dudley(reading) High and mighty, you shall know I am set naked on your
kingdom asking your pardon thereunto. Walter.
Dudley Essex, there is a gentleman from Normandy that will give you a
masterly report for art and exercise in your defense.
(Exeunt all)
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Act V - Scene 1
(Enter Walter, Horatio and a clown in a cementery with holes on the soil
and a skull on the floor)
Walter That skull had a tongue in it and could sing once. How the knave
jowls it to the ground, as if it was Cain, that did the first murder !
Horatio It might, my Lord.
Walter Or of a coutier which could say ‘good morning sweet Lord’ ?
Horatio Ay, my Lord.
Walter There is another one. Why may that not be the skull of a lawyer ?
Horatio Not a joke more, my Lord.
Walter Is not parchement made of sheep skins ?
Horatio And of calves’ skins too.
Walter (to clown) What man dost thou dig it for ?
clown For no man, Sir.
Walter Who is to be burried in it ?
clown One that was a woman, sir, but rest her soul, she is dead.
Walter How long have you been grave maker ?
clown Of all the days in the year, I came on that day our last Earl Essex
overcame Mary Stuart.
Walter How long is that since ?
clown Cannot you tell that ? It was the very day that young Walter was
born. But now he is mad and sent to Ireland.
Walter Why was he sent to Ireland ?
clown Cause he was mad.
Walter How came he mad ?
clown Very strangely, they say.
Walter How strangely ?
clown Losing his wits.
Walter (looking to skull) Poor Yorick ! I knew him, Horatio, a fellow of
infinite jest, of most excellent fancy. Here hung those lips that I have kissed
I know not how oft. I prea thee, Horatio, tell me one thing.
Horatio What’s that, my Lord ?
Walter Do you think Alexander looked of this fashion in the earth ?
Horatio I think so.
(Enter Dudley, Queen and Essex)
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Essex What ceremony is this ?
Walter That is Essex, a very noble youth. What is the grief that bears
such an emphasis such that phrase of sorrow conjures the wandering stars
and make them stand like wonder-wounded hearers ? This is I, Walter of
England.
Essex The devil take your soul.
Walter Yet have I in me something dangerous which let my wisdom fear.
Hold of thy hand.
Queen Gentlemen ! be quiet ! This is mere madness and thus a while will
work on him.
Dudley I pray thee, Hotatio, wait on him, and you Essex, strengthen your
patience.
(Exeunt all)
Act V - Scene 2
(Enter Walter and Horatio)
Walter An earnest conjuration from Dudley. As Ireland was his faithful tributary, as love like the palm might flourish, as peace should still her wheaten
garland wear without debatment further, you should put these bearers to
sudden death. This was the content of the letter.
Horatio How did you seal it ?
Walter Even on that was heaven ordinant. I had my father’s signet in my
purse, as a model for the english seal. The next day was our sea-fight and
what to this was sequent, thou know already.
Horatio So Guildenstern and Rosencrantz go to death. Why ? What a King
is this ?
Walter Think on him. He that hath killed my father and whored my mother.
Horatio It must be shortly known to him from Ireland what is the issue of
his business there.
Walter It will be short. The interim is mine and a man’s life is no more than
to say ‘one’.
(Enter Osrick)
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Osrick You are not ignorant of what excellence Essex is ?
Walter I dare not confess that, less should compare him with excellence. But
for now, I were a man to know myself.
Osrick I mean, Sir, excellence for his weapon.
Walter What’s his weapon ?
Osrick Rapier and dagger.
Walter That’s two of his weapons, but well !
Osrick The King, Sir, hath given him six french rapiers and poiniards, with
hangers and so. The King, Sir, has laid that affair in a dozen passes between
yourself and Essex, but none shall exceed three hits.
Walter How if I answer no ?
Osrick I mean, my Lord, your person is in trial.
Walter Sir, I will wait here in the hall.
(Exit Osrick, enter messager)
Messager My Lord, Young Osrick brings back to his majesty that you will
attend him in the hall. He sends me to know if your pleasure will charge
Essex of treason in the trial before his peers.
Walter What is the evidence against him ?
Messager In early 1601, he began to fortify his house, his town mansion in
the Strand, and there he gathered his followers. On the morning of february
8th, he marched out of Essex House with a party of nobles and gentlemen
and entered the City of London in an attempt to force an audience with
the Queen, who proclamed him a traitor. Finding no support among the
Londoneers, Essex retreated and later surrendered, as loyal forces besieged
him at Essex House.
Walter I am constant to my purpose to follow the King’s pleasure.
Messager The King and the Queen are coming down.
Walter Since Essex went to Ireland, I have been in continual practice. I shall
win at the odds.
(trumpets and drums, enter officers with daggers, Dudley, Queen, Essex,
Osrick and all state)
Dudley Come, Walter, and take this hand from me.
Walter Give me your pardon if I have done wrong. I here proclaim it was
migraine, I was not myself if I did wrong to Essex. Free me in your most
generous thoughts, if I have shot my arrow over his House, the Hose d’Evreux,
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and hurt my brother.
Essex I am satisfied in nature. But in my terms of honour I stand aloof. I
do receive your offered love like love, and will not wrong it.
Walter Give me the foils. Come on.
Essex Come one for me.
Walter I’ll be foiled, Essex.
Essex You mock me, Sir.
Walter No be this hand.
Dudley Give them the foils, Osrick. Walter, do you know the wager ?
Walter Very well, my Lord.
Essex This is too heavy, let me see another.
Walter This likes me well, These foils have all a length ?
Osrick Ay, my good Lord.
(They play fencing)
Dudley You the judges, bear a wary eye.
Walter Come on, Sir.
Essex Come my Lord.
Walter One.
Essex No.
Walter Judgement ?
Osrick A hit, a very palpable hit.
Queen I’ll take a drink for your fortune, Walter.
Dudley Elisabeth, do not drink !
Queen (drinking) I will my Lord.
Dudley (aside) It is poisoned. Too late.
Walter I dare not drink yet, madam.
Essex (aside) I’ll hit him now.
Walter Come the third, Essex.
Essex Come on.
(Queen falls down)
Queen The drink ! The drink ! I am poisoned (Queen dies).
Walter O, villany ! let the door be locked !
Essex Walter, thou art slain, no medecine in the world can do thee good.
In thee there is not half an hour’s life. The treacherous instrument is in my
hand. Dudley’s to blame.
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Walter (to Dudley) Here, thou incestous, murderous, damned, here drink off
this potion.
(Walter forces Dudley to drink. The King dies. Then Essex drinks also the
poison and dies.)
Walter I am dead, Horatio. Wretched Queen, adieu ! Horatio, thou livest,
report me and my cause aright !
Horatio I’ll do, my Lord.
Walter What noise is this ?
Osrick Young Stuart of Scotland.
Walter I die, Horatio. The rest is silence.(He dies)
Horatio Good night, sweet prince.
(Enter Stuart with his guard, and Ambassador)
Stuart What is this sight ?
Ambassador Our affairs from Ireland come too late. Rosencrantz and Guildenstern are dead.
Horatio You from the Dutch wars and you from Scotland, are arrived. Give
order for these bodies, high on a stage to be placed to the view, and let me
speak to the yet unknowing world how these things came about. All this I
can truly deliver.
Stuart Let four captains bear Hamlet like a soldier to the stage, for had he
ruled, he would have proved most royal.
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.
Epilogue
Here the play shall I close
Take it or throw it away
In anger or laugh dispose
Yours is the choice anyway
If it’s your will to oppose
I will write another play
And your will expose
Wait not, it’s underway
If many faults arose
A last word I say
Forget or forgive those
To the author of this play
England’s not in cause
He loves England in his way
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