Ventilation basse pression dans des locaux existants
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Ventilation basse pression dans des locaux existants
concevoir & installer CHANTIER Rouen Descriptif : installation d’une ventilation basse pression dans deux immeubles • Conception : société MVN • Coût : 140 000 € HT • Spécificité : réhabilitation avec conservation des conduits shunts existants. Ventilation basse pression dans des locaux existants 1 N ous voulions que les travaux soient le moins traumatisant possible pour nos locataires, explique Eric Forni, responsable réhabilitation à Rouen Habitat (office public d’habitat). Opter pour un système haute pression à ventilation mécanique contrôlée signifiait percer les dalles en béton donc beaucoup de bruit et aussi une plus longue durée d’intervention dans les appartements. » Une attention toute légitime au vu de la moyenne d’âge des habitants du groupe Arago, 70 % ont plus de 60 ans, dans les deux immeubles de logements sociaux sis rue de l’abbé Lemire à Rouen. Certains des locataires y habitent depuis leur construction en 1955. Pour rénover la ventilation, Rouen Habitat a donc choisi le système Seren’Air développé par la société Mécanisation de Ventilation Naturelle (MVN) et ses deux associés, Michel Bodin et Guy Urvoy. Seren’Air est un système d’assistance mécanique de la ventilation basse pression. Il présente l’intérêt de s’adapter aux conduits shunts existants (air vicié et échappement gaz) sans nécessité d’un chemisage complémentaire et il permet aussi 30 jdc159 p30a 32chant1.indd 2 la conservation des appareils à gaz à tirage naturel. Le groupe Arago compte au total 76 logements répartis dans une tour (R+10, 42 logements) et une barre (R+3, 34 logements) et bénéficie actuellement de travaux de rénovation générale : réfection gaz et électricité, remplacement des chauffe-eau gaz, du mobilier de salle de bain et de cuisine, remplacement des fenêtres bois par des fenêtres PVC et pose de persiennes. Les parties communes sont également mises aux normes (désenfumage, gaines électriques, éclairage). Précisons que le chauffage est collectif et se fait par radiateur traditionnel. Les appareils à gaz présents dans les cuisines produisent l’eau chaude sanitaire seulement. La ventilation des logements (F1 à F4) se faisait jusque-là par balayage pièce par pièce et seulement dans les pièces humides. Ainsi dans les cuisines, une grille basse située dans un placard donnait directement sur l’extérieur et une grille haute donnait sur le shunt. Ces grilles de ventilation basse sont désormais bouchées par plaques PVC. Dans la nouvelle confi- L’INSTALLATEUR « La réhabilitation fait intervenir l’humain » © CRÉDIT « MICHEL BODIN dirigeant associé de la société MVN. « Nous avons choisi de travailler exclusivement pour des travaux de réhabilitation. Et ce pour au moins trois raisons. D’abord parce que le marché de la rénovation est prometteur au vu des mises à niveau énergétiques suscitées par le Grenelle Environnement. Là où l’on isolera mieux, il faudra mieux ventiler. C’est la condition sine qua none de la sécurité et du confort des occupants. Ensuite parce que les systèmes que nous avons développés s’adaptent sur l’existant et viennent en renfort du tirage naturel présent dans les immeubles d’ancienne génération. Enfin, travailler pour la rénovation, c’est profiter de la complexité des situations de chantier. Aussi bien du point de vue de la conception, puisque nous devons nous adapter à des configurations d’immeuble dont la rationalité nous échappe aujourd’hui… Et d’un point de vue terrain, les chantiers dépendent toujours du facteur humain. Le gardien joue un rôle essentiel dans l’atmosphère du chantier. Les habitants aussi bien sûr. D’autant que ceux-ci travaillent plus fréquemment chez eux que par le passé. Ces aspects humains sont essentiels dans la rénovation et c’est un peu le sel du métier. » guration mise en place, le flux d’air circule dans l’ensemble de l’appartement. La ventilation se fait de façon naturelle et permanente avec entrée d’air en menuiserie des pièces sèches et extractions dans les pièces humides par les conduits shunts. Des entrées d’air sont positionnées en haut des fenêtres du séjour et des chambres, un détalonnage des portes (1,5 cm minimum partout et 2 cm en cuisine) permet la circulation entre les pièces. L’extraction, elle, se fait en JDC • mars 2009 • N° 159 24/02/09 17:59:52 FONCTIONNEMENT EN TIRAGE NATUREL (ÉTAT ALARME) 1 L’extracteur mécanique est installé en terrasse et sera bientôt relié par des conduits aérauliques aux conduits shunts air vicié et gaz. 2 Le système Seren’Air décrit par l’avis technique est composé d’extracteurs statiques, de volets équipés d’un dispositif d’ouverture à sécurité positive, d’un ensemble d’entrées d’air, d’un ensemble de bouches d’extraction, d’un caisson d’extraction basse pression et d’un réseau de conduits aérauliques. FONCTIONNEMENT EN TIRAGE ASSISTÉ Extracteur statique de classe B SDP Volet de sécurité Gaz brûlés Registre d’équilibrage Extracteur basse pression Registre d’équilibrage 3 L’ensemble de quatre extracteurs statiques est positionné au sommet des shunts gaz. Au niveau de bouche des conduits aérauliques, les volets SDP (sécurité de protection), breveté, contrôlent le fait que la vitesse d’air est supérieure à 2 m/s. En l’absence de flux, le volet de sécurité s’ouvre et les extracteurs statiques prennent le relais en tirage naturel. Vers shunts Conduit spiralé aluminium Chaudière à gaz à tirage naturel 3 à 10 Pa Entrée (s) d’air autoréglables (s) faible perte de charge Bouches salle de bains - WC faible perte de charge 15 à 30 m3 de 10 à 40 Pa Appareil à gaz Fenêtre Portes 4 Les trappes d’accès au conduit shunt permettent de vérifier que l’on a bien un conduit shunt pour 5 niveaux. Le dernier étage de ce bâtiment R+10 dispose de son propre conduit individuel. Conduit shunt ventilation Basse pression : 10 à 40 Pa Pièces de service : cuisine Conduit shunt gaz Sortie d’air par coupetirage Pièces de service : salle de bains, WC Couloir 5 Le volet SDP contrôle la vitesse d’air. Le boîtier électronique de contrôle situé en général au niveau de l’extracteur mécanique surveille le fonctionnement de l’ensemble. Pièces principales : chambres, séjour, salle à manger 2 3 DEUX INNOVATIONS POUR UNE SOLUTION SÛRE Non contente de rétablir, en cas de panne de l’extracteur mécanique, une ventilation gaz par tirage naturel, la société MVN a conçu un volet de sécurité qui en améliore l’efficacité. « Nous avons breveté un volet de sécurité à la forme d’ail d’avion qui permet l’accélération du flux d’air », précise Michel Bodin. Cette récente innovation a valu une deuxième version de l’avis technique. Le système comprend donc au sommet du conduit shunt gaz un extracteur statique associé au fameux volet de sécurité. « Des essais réalisés par le CSTB montrent que le coefficient de perte de charge de l’ensemble est inférieur à 1 pour des débits allant de 80 à 600 m3/h », souligne Guy Urvoy. Autre innovation, au lieu d’un traditionnel pressostat vérifiant l’existence d’un flux d’air au niveau de l’extracteur mécanique, c’est un débitmètre à palette dit SDP (sécurité de protection), breveté lui aussi, qui contrôle le fait que la vitesse d’air reste supérieure à 2 m/s et qui informe le coffret de sécurité en cas d’avarie. Le CDS actionne alors le volet de sécurité qui s’ouvre. En permettant de retrouver le tirage naturel, le système Seren’Air évite l’arrêt des appareils à gaz au sein de l’immeuble. L’intervention technique n’a alors plus de caractère d’urgence. JDC • mars 2009 • N° 159 jdc159 p30a 32chant1.indd 3 4 5 trois points : dans la cuisine, par le coupe-tirage de l’appareil gaz, et dans les WC et salle de bain par des bouches d’extraction raccordées au shunt air vicié. Entrées d’air et bouches d’extraction (de type autoréglable avec un débit constant pour une plage de dépression de 10 à 40 Pa) sont spécialement conçues pour un fonctionnement basse pression. « L’avantage de la basse pression dans cette configuration est de garantir un maximum de confort en évitant toute sensation de courant d’air, souligne Michel Bodin. La basse pression permet également, particulièrement en réhabilitation, de ne pas subir les nuisances sonores dues à la pression de fonctionnement de la ventilation mécanique en général. Lors d’une récente visite de chantier à Lyon, nous avons dû mesurer le flux d’air pour prouver au maître d’ouvrage que cela fonctionnait bien car on n’entendait aucun bruit d’aspiration. » Limiter les pertes de charge Contrepartie de cette circulation douce, MVN fait la chasse aux pertes de charge dans les conduits. « La plage de dépression au niveau des bouches est de 10 à 40 Pa, contre des dépressions de 50 à 80 Pa pour de la VMC, explique Michel Bodin. Il nous faut assurer un minimum de perte de charges tout au long des shunts pour garantir à l’extracteur situé sur le toit un fonctionnement à 80-100 Pa et une consom- (•••) 31 24/02/09 18:00:17 6 En terrasse de la barre R+3, à gauche des collecteurs ont été positionnés au sommet des conduits individuels gaz avec un extracteur statique pour quatre appartements. A droite, les conduits shunts évacuent l’air vicié des locaux sanitaires. 7 Les bouches d’extraction de WC et salle de bains fonctionnent à débit constant (15 ou 30 m3/h en fonction du nombre de pièces de l’appartement) pour une plage de dépression de 10 à 40 Pa. 8 L’appareil gaz est situé dans la cuisine. La bouche d’extraction située initialement en haut à droite de l’appareil a été bouchée par une plaque PVC. L’extraction se fera désormais exclusivement par le coupe tirage de l’appareil gaz. 6 7 (•••) mation optimale (400 W en standard). » Sur le chantier rouennais du groupe Arago, le bâtiment A (R+10, 44 logements) est équipé de 4 groupes d’extraction, d’une puissance de 800 à 1 100 W après réglages et raccordés aux conduits shunt gaz et air vicié existants. Pour le bâtiment B (R+3, 32 logements), l’échappement des chauffe-eau gaz se fait initialement par conduit individuel tandis que l’évacuation de l’air vicié passe par des conduits shunt collectifs. Les conduits individuels gaz, groupés par 4, sont donc repris en terrasse par un collecteur chapeauté par un extracteur statique. Chaque cage d’escalier dessert 8 logements qui sont ventilés (gaz et air vicié) avec l’aide d’un unique moteur de 32 jdc159 p30a 32chant1.indd 4 400 W de puissance maximale. Cette configuration est reproduite pour chacune des 4 cages d’escalier du bâtiment. « L’utilisation des moteurs se fait à une puissance bien inférieure à la maximale, précise Guy Urvoy. C’est d’ailleurs l’un de réglages que nous réalisons préalablement à toute mise en route. » Comme mentionné dans l’avis technique, la vitesse de fonctionnement du moteur doit être réglée de façon à obtenir des dépressions à la buse des appareils à gaz raccordés comprises dans la plage recommandée par les fabricants de chaudières (en général de 3 à 10 Pa). « Cela revient en fait à régler le moteur de façon à retrouver la configuration de tirage naturel pour laquelle est initia- 9 Dans la cuisine, les entrées d’air basse ont été bouchées par plaque PVC. Les entrées d’air se font désormais dans les pièces sèches (séjour et chambres). 8 lement conçu le shunt, explique Michel Bodin. Notez que le CSTB a classé notre système comme assistance mécanique de la ventilation basse pression et pas comme ventilation mécanique basse pression. Cette petite nuance a son importance. » Un premier réglage à 5 Pa est donc effectué avec les appareils à gaz éteints. Puis une fois en fonctionnement, on veille à ne pas dépasser les 10 Pa de dépression au niveau des buses des appareils gaz. Les débits sont alors compris entre 45 et 100 m3/h. Fort de leur avis technique initialement obtenu en octobre 2006 et complété d’un additif (14/06 – 1092*V1) en décembre 2007, les systèmes Seren’air (air vicié et échappement des appareils à gaz) et 9 Aven’Air (évacuation de l’air vicié seulement) font leur trou sur le marché de la réhabilitation d’habitat collectif. Un « petit » marché de 4,2 millions de logements gérés par 800 organismes dans toute la France qui offre beaucoup d’espoirs à la société MVN. Antoine Hudin LES INTERVENANTS Maître d’ouvrage : Rouen Habitat, Rouen. Bureau d’études : Thermi-Clim (Cabinet Fritz-Charrel), Grand Couronne. Assistant Maître d’ouvrage : Jacques Vantol, Forges-les-Eaux. Fabricant : MVN, Périgueux. Installateur : Air C2, Saint-Jean-du-Cardonnay. JDC • mars 2009 • N° 159 24/02/09 18:00:35