Curriculum vitae - Institut Fourier
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Curriculum vitae - Institut Fourier
Concours de recrutement maı̂tre de conférences Pierre Dehornoy . Curriculum vitae COORDONNÉES 11 rue Henri IV, 69002 Lyon [email protected] 06 86 71 82 37 http://mathsites.unibe.ch/dehornoy/ CURRICULUM VITAE 1985 Naissance à Évreux (27) 1995–2002 Études secondaires à Évreux 2001 et 2002 Participation aux Olympiades internationales de mathématiques (médaille de bronze) 2002 Premier prix au concours général de mathématiques 2002–2004 Classes préparatoires au lycée Louis-le-grand (Paris) 2003 Prix Fermat junior de recherche en mathématiques 2004–2008 Élève à l’ÉNS Paris 2005 Licence et maitrise de mathématiques et licence d’informatique 2005 Stage d’un mois auprès de J. Matoušek à Prague (Rep. Tchèque) 2006 Agrégation de mathématiques (rang: 17e) 2007 Master de mathématiques 2008 Stage de deux mois à Chennai (Inde) 2008–2011 Allocataire moniteur normalien à l’ÉNS de Lyon 2011 Thèse de mathématiques préparée sous la direction d’É. Ghys soutenue le 23 juin 2011 2011–prés. Post-doctorant/assistant à l’université de Berne (Suisse), auprès de S. Baader TRAVAUX DE RECHERCHE Domaines : systèmes dynamiques, topologie de petite dimension Publications parues ou acceptées [1] Counting moves in knight’s tour, C. R. Acad. Sci. Paris, Ser. I 336 (2003), 543–548. [2] On the 3-distortion of a path. Eur. J. Comb. 29 (2008), 171–178. [3] Les nœuds de Lorenz, L’Enseignement mathématique, 57 (2011), 211–270. [4] A billiard containing all links, C. R. Math. Acad. Sci. Paris 349 (2011), 575–578. [5] Enlacement entre géodésiques sur une orbifold, C. R. Acad. Sci. Paris, 350 (2012), 77–80. [6] On the zeroes of the Alexander polynomial of a Lorenz knot, Ann. Inst. Fourier, à paraı̂tre (30 pages). [7] Almost commensurability of 3-dimensional Anosov flows, C. R. Acad. Sci. Paris, à paraı̂tre (4 pages). Soumis [8] Geodesic flows, templates and linking, arXiv:1112.6296 (59 pages). [9] Genus one Birkhoff sections for geodesic flows, arXiv:1208.6405 (18 pages). 1 2 [10] avec S. Baader, Minor theory for surfaces and divides of maximal signature, arXiv:1211.7348 (20 pages). Autres textes [Q] Composition des tours de cavalier, Quadrature, 55 (2005), 31–42. [T] Invariants topologiques des orbites périodiques d’un champ de vecteurs, Thèse, ÉNS Lyon, 2011, (149 pages). EXPOSÉS - 09/2007 Colloque ”Journées toulousaines autour des tresses” (Toulouse), exposé. - 11/2007 Séminaire de géométrie (Liverpool, GB), exposé et séjour de recherche avec H. Morton. - 12/2007 Algebra-Topology Seminar, (ETH, Zürich, Suisse), exposé. - 02/2008 Séminaire du TIFR (Bangalore, Inde), exposé. - 09/2009 Séminaire de géométrie (Genève, Suisse), exposé. - 11/2009 Séminaire des doctorants (ENS Lyon), exposé. - 03/2011 Séminaire de dynamique complexe (Toulouse), exposé. - 10/2011 Mathematisches Institut (Bern, Suisse), colloquium. - 10/2011 Séminaire de géométrie (Genève, Suisse), exposé. - 11/2011 Séminaire de géométrie, topologie et dynamique (Orsay), exposé. - 11/2011 Séminaire de dynamique et topologie (Dijon), exposé. - 12/2011 Séminaire de géométrie symplectique (Strasbourg), exposé. - 12/2011 Laboratoire de mathématiques (Orléans), colloquium. - 12/2011 Séminaire C*-académie (Orléans), exposé. - 01/2012 Séminaire de topologie (Grenoble), exposé. - 01/2012 Séminaire de topologie (Paris), exposé. - 03/2012 Séminaire de topologie et de géométrie algébrique (Nantes), exposé. - 03/2012 Séminaire algèbre, dynamique et topologie (Marseille), exposé. - 03/2012 Séminaire de géométrie (Lyon), exposé. - 06/2012 Séjour de recherche avec T. Pinski (1 semaine, Haifa, Israël). - 06/2012 Colloque “Autour des systèmes d’Anosov” (CIRM, Marseille), exposé. - 10/2012 Séminaire de géométrie analytique (Rennes), exposé. - 01/2013 Séminaire de topologie (Paris 6 & 7), exposé. - 01/2013 Séminaire de géométrie (ENS Lyon), exposé. - 01/2013 Séminaire de topologie (Beida, Beijing, Chine), exposé. - 01/2013 Conférence de topologie (ECNU, Shanghai, Chine), exposé. - 01/2013 Séminaire de systèmes dynamiques (Tongji, Shanghai, Chine), exposé. ENSEIGNEMENT 2003–2008 2005–2008 2007–2010 2008 2008–2009 2008 Participation à la préparation de l’équipe de France aux Olympiades Khôlles en classes préparatoires Organisation d’un club de mathématiques pour lycéens à l’ÉNS de Lyon Cours ”Théorie des jeux” et organisation d’une école d’hiver pour lycéens (Goutelas) Travaux dirigés de calcul différentiel en L3, ÉNS Lyon Cours ”Combinatorial game theory” à l’école d’été pour lycéens et étudiant Contemporary Mathematics (Dubna, Russie) 3 2009–2010 Travaux dirigés de calcul différentiel en L3, ÉNS Lyon 2010 Travaux dirigés de géométrie hyperbolique à la confrence Discrete Groups in Complex Geometry, (ICTP, Trieste, Italie) 2010–2011 Cours de géométrie pour l’agrégation, ÉNS Lyon 2011–2012 Travaux dirigés d’analyse en L1 et et analyse complexe en L3, université de Berne (Suisse) 2012–2013 Cours de master ”Systèmes dynamiques” Groupe de travail ”Stable commutator length”, université de Berne (Suisse) 4 Description des travaux Le principal sujet sur lequel j’ai travaillé jusqu’à présent est l’étude des flots en dimension 3, à l’intersection des systèmes dynamiques et de la topologie de petite dimension ; la géométrie hyperbolique y joue un rôle central. De façon un peu plus précise, deux articles [3, 6] sont consacrés à l’étude topologique des orbites périodiques du flot de Lorenz, trois autres [7, 8, 9] aux flots géodésiques sur les fibrés unitaires tangents des surfaces, tandis que [10] se situe à la jonction entre théorie des graphes et théorie des nœuds. Chronologiquement, les articles [3, 4, 5, 6] et le début de [8] sont issus de ma thèse [T], préparée entre 2008 et 2011 sous la direction d’É. Ghys. Le résultat final de [8] et ceux de [7, 9, 10] ont été obtenus depuis que je suis à Berne. Parmi les résultats que j’ai obtenus, le plus important est à mon avis le résultat final de [8] (théorème B plus bas) selon lequel, pour toute une classe d’orbifolds hyperboliques explicites (les orbifolds sont des surfaces dont certains points admettent des voisinages isométriques non pas à un disque, mais au quotient d’un disque par un groupe fini de rotations), deux orbites périodiques quelconques du flot géodésique s’enroulent toujours l’une autour de l’autre dans le même sens. Observé par É. Ghys dans deux cas particuliers, ce phénomène est intéressant car il implique l’existence de ce qu’on appelle des sections de Birkhoff et, par là, simplifie grandement l’étude du flot (suivant un schéma que j’ai exploité dans [7, 9]) ; savoir que le phénomène se produit pour beaucoup d’orbifolds (mais certainement pas pour toutes) est un progrès dans la compréhension des flots géodésiques, qui sont des exemples fondamentaux de systèmes dynamiques chaotiques en dimension 3. La description qui suit reprend les travaux dans l’ordre chronologique. Outre les quatre articles principaux [6, 8, 9, 10], les notes [1, 2, 4] contiennent des petits résultats de nature combinatoire, [3] est un article de survey (contenant un résultat nouveau), [5] est une note annonçant [8], et [7] est une note complétant [9]. Tous mes travaux sont disponibles sur http://mathsites.unibe.ch/dehornoy/. En cas d’audition, [6,8,9,10] seront adressés au jury. 1. Combinatoire des tours de cavaliers Un tour de cavalier sur un échiquier contient huit types de mouvements élémentaires. Dans la note [1] et dans l’article [Q] qui est la version développée, on montre Proposition. Les seules restrictions sur le nombre asymptotique de mouvements sont les bornes triviales existant pour tous les tours : pour tout choix de proportions compatible avec ces bornes, il existe une suite de tours réalisant asymptotiquement ce choix. La preuve repose sur des constructions explicites de tours de cavalier dont la composition est extrémale. On déduit l’existence de tours d’indice arbitrairement grand, ce qui répond à une question d’A. Grigis [Gri03]. Ce travail a obtenu le prix Fermat junior 2003. 2. Distorsion dans Rd Il s’agit d’un travail de géométrie algorithmique effectué à l’occasion d’un stage de master à Prague auprès de J. Matoušek. La notion usuelle de distorsion mesure de combien un plongement lipschitzien d’un espace métrique dans un autre contracte les distances. La notion de k-distorsion pour k ≥ 3 en est une 5 variante introduite par U. Feige [Fei00] en vue d’applications à l’informatique et à la théorie des graphes et prenant en compte les k-simplexes. Dans cette note, on montre Proposition. Quand un chemin de longueur n est plongé dans R2 , la 3-distorsion admet une borne inférieure en Ω(n1/2 ). D’autre part, il existe des plongements d’un chemin de longueur n dans Rd dont la 3-distorsion admet une borne supérieure en O(n1/(d−1) ). Pour la borne supérieure, il s’agit essentiellement de construire des suites de points de Rd dont trois quelconques sont le moins alignés possible. 3. Correspondance entre nœuds de Lorenz et orbites du flot modulaire L’article [3] fait suite au stage de master que j’ai effectué avec É. Ghys, prolongé par des recherches effectuées au tout début de ma thèse. Je suis également redevable à H. Morton qui m’a expliqué certains résultats sur les nœuds de Lorenz lors d’un séjour à Liverpool. Le flot de Lorenz dans R3 [Lor63] est un des premiers exemples explicite de flot aux propriétés chaotiques. Ses orbites périodiques forment une famille particulière de nœuds, qu’on appelle les nœuds de Lorenz. Ces nœuds, dont l’étude du point de vue de la théorie des nœuds a été débutée par J. Birman et R. Williams [BiW83], sont ceux qui peuvent être réalisés sur le patron représenté à droite. L’article [3] est un exposé de synthèse sur les nœuds de Lorenz. Il présente les principaux résultats connus sur ces nœuds avec des esquisses de démonstrations, et des développements plus détaillés pour certains points pour lesquels aucune référence n’était disponible, en particulier une preuve complète, basée sur la somme de Murasugi et apparemment jamais publiée, du fait que la clôture d’une tresse positive est un nœud fibré. En outre, l’article contient des résultats nouveaux. La correspondance de Ghys [Ghy06] établit un lien entre les nœuds modulaires, qui sont les orbites périodiques du flot géodésique sur la surface modulaire H2 /PSL(2, Z), et les nœuds de Lorenz. D’autre part, suivant une analyse des formes quadratiques qui remonte à Gauss, les nœuds modulaires sont en correspondance bijective avec les classes d’idéaux de certains corps quadratiques, qui forment un groupe appelé groupe des classes. J’ai montré les deux résultats suivants : Proposition. Via les correspondances ci-dessus, (i) les nœuds modulaires qui sont triviaux sont associés à un sous-groupe du groupe des classes, (ii) les nœuds modulaires qui sont associés à un élément donné du groupe des classes et à son inverse sont isotopes. La principale difficulté de la démonstration est d’expliciter suffisamment les deux correspondances mises en jeu, ce qui n’est ni trivial, ni très difficile. 4. Billard universel La note [4] est une observation indépendante prouvant une conjecture proposée par V. Jones et J. Przytycki [JoP98]. Dans un billard tridimensionnel, les orbites périodiques sans autointersection forment des nœuds. Dans [4], on montre Proposition. Il existe un billard tridimensionnel dans lequel tout nœud peut être réalisé comme orbite périodique. 6 Le point pour ce résultat était de penser à utiliser la notion de patron, et en l’occurence le patron universel de R. Ghrist [Ghr97]. Le billard obtenu est représenté à droite. Le résultat a été depuis amélioré par D. Pecker [Pec11] qui a montré un résultat semblable avec un billard convexe. 5. Polynôme d’Alexander des nœuds de Lorenz Ce travail, principalement effectué durant la première année de ma thèse correspond à l’article [5] et aux chapitres 6 et 7 de la thèse [T]. À nouveau, on s’intéresse aux nœuds de Lorenz, qui sont les orbites périodiques du flot de Lorenz. Le polynôme d’Alexander est un invariant de nœud classique. Ses racines peuvent a priori se répartir dans tout le plan complexe, indépendamment du genre et de l’indice de tresse. En revanche, pour les nœuds de Lorenz, j’ai montré Théorème A. Soit K un nœud de Lorenz de genre g et d’indice de tresse b. Alors les racines du polynôme d’Alexander de K sont situées dans l’anneau ! # " z ∈ C " (2g)−16/(2b−1) ≤ |z| ≤ (2g)16/(2b−1) . Autrement dit, les racines du polynôme d’Alexander s’accumulent sur le cercle-unité quand la taille des nœuds tend vers l’infini, avec des bornes explicites. Ce résultat, qui est apparemment d’un type nouveau, montre la possibilité de résultats sur le comportement asymptotique d’invariants de nœud pour des familles particulières. Les seuls résultats analogues précédemment connus concernaient des invariants (enlacement, signatures, invariants de Vassiliev) dont les comportements asymptotiques sont tous liés à l’hélicité [ArK98], [GaG01], [BaM08]. En revanche, il n’est pas clair que le polynôme d’Alexander ait, en un sens quelconque, un comportement asymptotique mais, par contre, on sait déjà que, s’il existe, ce comportement sera indépendant de l’hélicité. L’un des intérêts du théorème A est d’apporter une indication en faveur de l’existence d’un tel comportement asymptotique (voir projet de recherche). La démonstration du théorème A est basée sur l’interprétation du module maximal des racines du polynôme d’Alexander d’un nœud fibré comme croissance de la monodromie homologique du nœud. Plus précisément, étant donné un nœud de Lorenz K, son origine comme orbite du flot de Lorenz implique que K borde une surface de Seifert S qui peut être réalisée comme somme de Murasugi itérée de rubans de Hopf positifs, ce qui implique que K est fibré. De là, on déduit l’existence d’un certain difféomorphisme h de la surface S, appelé monodromie, et on peut interpréter le polynôme d’Alexander de K comme le polynôme caractéristique de l’application linéaire [h] induite par h sur H1 (S; Z). L’idée de la preuve est de borner la croissance de [h]. Pour cela, la décomposition de S en somme de Murasugi itérée permet d’exprimer la monodromie h comme produit de twists de Dehn, puis la monodromie homologique [h] comme produit de tranvections. L’hypothèse que le nœud K est de type Lorenz implique que le schéma de recollement des rubans de Hopf en somme de Murasugi est très spécial. En utilisant cette particularité et en choisissant une base adaptée astucieuse de H1 (S, Z), on contrôle la croissance de la norme !1 d’un élément quelconque de H1 (S, Z) quand on itère la monodromie [h]. Enfin, la borne sur la croissance de la norme !1 implique une borne sur les valeurs propres de [h], et, de là, une borne sur les modules des racines du polynôme d’Alexander de K. 7 On peut noter que l’argument principal de la démonstration ci-dessus est plus délicat que ce qu’on pourrait attendre a priori. En effet, utiliser la décomposition de Murasugi standard pour la surface de Seifert associée à un nœud de Lorenz (obtenue en ajoutant des disques de Seifert derrière le diagramme standard du nœud) ne peut pas suffire. À la place, on doit utiliser des décompositions mixtes obtenues en alternant des additions de disque devant et derrière le diagramme standard. type VII type VIII type VI Ceci complique fortement la dynamique symbolique sous-jacente exprimée en termes des tableaux d’Young qui codent la situation. Il s’agit d’étudier • type I l’itération d’une transformation de type automate cellulaire sur un tableau d’Young comme ci-contre, • type II • type III et il faut distinguer les comportements à long terme des divers types de cellules marqués. type IV type V 6. Enlacement des orbites du flot géodésique sur une orbifold Ce travail, dont les résultats sont annoncés dans la note [5] et qui est l’objet de l’article [8], contient les résultats les plus sérieux que j’ai obtenus à ce jour. Il correspond aux chapitres 2, 3, 4 de la thèse [T], améliorés ultérieurement pour couvrir une classe élargie d’orbifolds. Étant donné une bonne orbifold riemannienne Σ de dimension 2 (les orbifolds sont des surfaces dont certains points, dits singuliers, admettent des voisinages isométriques non pas à un disque, mais au quotient d’un disque par un groupe fini de rotations, et les bonnes orbifolds sont celles qui sont des quotients de surface par un groupe discret d’isométries), on considère le flot géodésique sur son fibré unitaire tangent T 1 Σ, qui est une variété de dimension 3. On le note ΦΣ . Les collections d’orbites périodiques de ΦΣ forment des entrelacs, dont la topologie semble particulière. Celles qui sont homologiquement triviales (pour l’homologie rationnelle) bordent des surfaces (ou des 2-chaı̂nes rationnelles), et on peut définir l’enlacement entre deux telles collections. C’est un nombre rationnel qui est un invariant topologique de l’entrelacs formé par les deux collections. Un théorème de G. Birkhoff [Bir17] implique que cet invariant est souvent négatif. En 2006, É. Ghys a montré que, pour les orbites périodiques des flots géodésiques sur la surface modulaire H2 /PSL(2, Z) et sur la sphère ronde S2 , cet enlacement est négatif pour toute paire d’orbites périodiques, ce qu’on traduit en disant que le flot est lévogyre [Ghy09]. Il est donc naturel d’étudier, pour d’autres orbifolds riemanniennes Σ de dimension 2, l’enlacement entre orbites périodiques du flot géodésique ΦΣ , et en particulier de déterminer s’il existe d’autres cas que ceux découverts par Ghys où cet enlacement est toujours négatif. J’ai montré que c’est effectivement le cas. Théorème B. Si Σ est le quotient du plan hyperbolique par un groupe triangulaire de Hecke G2,q,∞ , ou par un groupe triangulaire de type G2,3,4g+2 , ou si Σ est un tore muni d’une métrique plate, alors le flot géodésique ΦΣ est lévogyre. Dans le cas du tore, le résultat porte sur les orbites dont la classe d’homologie est nulle, et le terme exact est ”faiblement lévogyre”. En revanche, j’ai aussi montré l’existence de cas où la propriété n’est pas vraie. Proposition C. Si Σ est une surface hyperbolique (donc de genre au moins 2), ou si Σ est une sphère admettant au moins une paire de géodésiques sans point d’intersection, alors le flot géodésique ΦΣ n’est pas faiblement lévogyre. 8 L’intérêt immédiat du théorème B est de fournir de nouveaux exemples de flots lévogyres en plus des flots de Hopf et de Lorenz qui étaient les seuls exemples connus. De tels flots ont des propriétés très intéressantes du point de vue des systèmes dynamiques. En effet, suivant [Ghy09], toute collection d’orbites périodiques d’un tel flot forme un entrelacs fibré et borde une section de Birkhoff, c’est-à-dire une surface plongée dont l’intérieur est transverse au flot [Bir17]. Lorsqu’un flot admet une section de Birkhoff, sa dynamique se réduit à celle de l’application de premier retour sur la section, et par conséquent, son étude se ramène à celle d’un difféomorphisme de surface, un objet a priori beaucoup plus simple qu’un flot en dimension 3. Tout flot n’admet pas des sections de Birkhoff, et lorsqu’un flot admet une telle section, il n’y a pas de raison pour qu’ils en admette beaucoup. Les flots lévogyres apparaissent donc comme des objets d’étude privilégiés, et disposer d’exemples variés est un progrès. Un autre intérêt du théorème et de sa démonstration est de fournir des outils généraux pour l’étude du flot géodésique sur une orbifold. De ce point de vue, même s’il n’est pas difficile à démontrer, le résultat négatif de la proposition C montre que les résultats positifs du théorème B dépendent réellement de la géométrie de l’orbifold considérée. Il est donc peu probable que les preuves relativement compliquées qu’on décrit ci-dessous puissent être trivialisées par un hypothétique résultat général. Voici quelques indications sur les preuves des différents cas. Le cas du tore est le plus simple, et ne fait appel qu’à des outils élémentaires. Le point-clé est de coder chaque collection γ d’orbites périodiques du flot géodésique sur un tore par un polygone convexe Polγ de R2 dont les sommets sont à coordonnées entières. En utilisant le polygone Polγ et les boı̂tes hélicoı̈dales de J. VanHorn-Morris [Van07], on peut décrire précisément les classes d’isotopie de sections de Birkhoff. On en déduit l’existence et la classification complète de ces sections, ainsi que des formules explicites pour le genre et pour l’enlacement entre deux collections homologiquement nulles d’orbites périodiques du flot géodésique. Une fois ces formules disponibles, la négativité de l’enlacement suit facilement. Les preuves dans les cas des orbifolds hyperboliques reposent sur un principe commun, mais demandent des arguments spécifiques dépendant de l’orbifold. Indépendamment de la complexité combinatoire de la situation, la principale difficulté est de comprendre des objets tridimensionnels qu’on doit manipuler sans pouvoir les visualiser directement. La stratégie se décompose en deux étapes. La première étape consiste à montrer qu’on peut utiliser des objets appelés patrons pour l’étude du flot géodésique sur des orbifolds hyperboliques quelconques. Un patron dans une variété de dimension 3 est une surface branchée plongée munie d’un semi-flot. 9 On montre que, partant d’une orbifold Σ qui est un quotient du plan hyperbolique et d’un pavage adapté, il existe un patron PΣ dans T 1 Σ tel que l’ensemble des orbites périodiques du flot géodésique sur Σ est isotope à un sousensemble de l’ensemble des orbites périodiques du patron PΣ , l’idée étant de déformer les orbites du flot en des orbites tracées sur le patron. La figure de droite représente un fragment du patron dans le cas d’une surface de genre 2. De plus, lorsque l’orbifold a au moins un cusp, on peut choisir le pavage de sorte que l’ensemble des orbites périodiques du flot géodésique soit isotope à (tout) l’ensemble des orbites périodiques du patron, ce qui fournit une description combinatoire des classes d’isotopie des orbites périodiques du flot géodésique. Pour compléter la démonstration et montrer la négativité de l’enlacement lorsque Σ est une orbifold de type (2, q, ∞) avec q ≥ 3, on part de l’observation que T 1 Σ est dans ce cas difféomorphe au complémentaire d’un nœud K∞ dans un certain espace lenticulaire. En recollant de façon convenable une copie de K∞ , on obtient une compactification de T 1 Σ. Un pavage adapté du plan hyperbolique fournit alors un patron pour le flot. En décomposant les orbites en arcs élémentaires inclus dans les rubans de ce patron, on peut alors estimer l’enlacement de n’importe quelle paire d’orbites du patron, et montrer que cet enlacement est toujours négatif. Au passage, on calcule l’enlacement entre une orbite périodique quelconque du flot géodésique et le nœud K∞ , une fonction analogue à la fonction de Rademacher [GaG01] qui a des liens avec la théorie des nombres [Ogg69]. Pour compléter la démonstration lorsque Σ est une orbifold hyperbolique de type (2, 3, 4g+2), le cas le plus délicat, on utilise un revêtement de Σ2,3,4g+2 par une surface explicite Σg de genre g (montré ci-contre pour g = 3). Ceci permet de relever le problème en un problème sur certaines orbites du flot géodésique sur Σg . À partir du pavage du plan hyperbolique par un polygone hyperbolique à 4g+2 côtés, on construit un patron P4g+2 pour le flot géodésique sur Σg . Ensuite, on définit, pour chaque collection finie γ d’orbites périodiques de P4g+2 , un code c(γ) qui est une suite de (4g+2)(4g+1) entiers comptant les différents rubans du patron empruntés par les arcs de γ. Une analyse fine du plongement de P4g+2 dans T 1 Σg permet alors de majorer l’enlacement entre deux collections d’orbites périodiquess γ, γ # par la valeur en les codes c(γ) et c(γ # ) d’une forme bilinéaire explicite Qg . Cette forme n’est pas négative sur tout le cône formé par les codes des orbites périodiques du flot géodésique sur Σg (conformément à la proposition C). En revanche, les relevés de géodésiques sur Σ2,3,4g+2 ont de nombreuses symétries dans Σg , de sorte que les codes associés vivent dans un sous-cône sur lequel la forme bilinéaire Qg se trouve être négative. 7. Sections de Birkhoff de genre 1 pour le flot géodésique Ce travail, objet de l’article [9] et de la note [7], est aussi lié à l’étude du flot géodésique sur les orbifolds hyperboliques. Comme mentionné plus haut, une section de Birkhoff pour un flot tridimensionnel est une surface plongée dont le bord est constitué d’orbites périodiques et dont l’intérieur coupe toutes les autres orbites. L’existence d’une section de Birkhoff permet de 10 réduire l’étude d’un flot à celle de l’application de premier retour induite, et plus le genre d’une telle section est petit, plus il est aisé de comprendre le premier retour. D. Fried a montré [Fri83] que tout flot d’Anosov transitif en dimension 3 admet des sections de Birkhoff, mais sa preuve ne fournit aucun contrôle sur le genre des sections. En particulier, la question de savoir si tout flot d’Anosov admet une section de Birkhoff de genre 1 est ouverte. Il existe deux classes principales d’exemples de flots d’Anosov en dimension 3, à savoir les suspensions d’automorphismes du tore et les flots géodésiques sur les fibrés unitaires tangents des orbifolds à courbure négative. Les suspensions contiennent de manière évidente une section de genre 1 (dans ce cas, la section est même sans bord). Par une construction de Birkhoff [Bir17], les flots géodésiques aussi si l’orbifold est une surface hyperbolique sans point singulier. Les cas les plus simples non couverts par la construction de Birkhoff sont ceux d’une sphère avec des points singuliers. S’il n’y a qu’un ou deux points singuliers, l’orbifold n’admet pas de métrique à courbure négative. Dans [9], on montre Théorème D. Pour toute orbifold hyperbolique qui est une sphère à trois ou quatre points singuliers, le flot géodésique admet une section de Birkhoff de genre 1. Lorsqu’un flot d’Anosov en dimension 3 admet une section de Birkhoff, l’application de premier retour induite est un difféomorphisme de type pseudo-Anosov. Si la section est un tore, le difféomorphisme est même d’Anosov, et il agit alors comme une matrice de SL(2, Z). Une question naturelle est alors de déterminer quels éléments de SL(2, Z) apparaı̂ssent comme premier retour d’une section de genre 1 pour le flot géodésique sur une orbifold hyperbolique. Dans [9], on montre également Théorème E. Pour toute matrice A de SL(2, Z) qui est de trace > 2 et produit d’au plus quatre matrices-compagnon, il existe un flot géodésique sur une orbifold et une section de Birkhoff de genre 1 de sorte que l’application de premier retour soit conjuguée à A. Ces deux résultats ont plusieurs intérêts. Tout d’abord, le théorème D accrédite la conjecture sur l’existence de sections toriques pour tous les flots d’Anosov. Ensuite, le théorème E est une étape vers la conjecture de Ghys affirmant que toute classe de conjugaison dans SL(2, Z) peut être représentée comme application de premier retour sur une section torique pour un certain flot géodésique. La note [7] contient un corollaire du théorème E qui va dans cette direction: deux flots Φ, Φ# sur deux variétés M, M # sont dits presque commensurables s’ils admettent deux collections finies d’orbites périodiques Γ, Γ# de sorte que les restrictions de Φ, Φ# à M \ Γ et M # \ Γ# admettent un revêtement commun. Dans [7], on montre la conjecture de Ghys, à revêtement fini près: Théorème F. Toutes les suspensions d’automorphismes du tore et tous les flots géodésiques sur les fibrés unitaires tandent à des orbifolds à courgure négative sont presque commensurables. Enfin, ces résultats ouvrent la voie à d’autres constructions explicites et d’autre calculs de premier retour pour des sections de Birkhoff pour des flots géodésiques. En particulier, le théorème D présente les premiers exemples de sections de Birkhoff pour le flot géodésique dont le bord ne soit pas invariant par l’involution qui renverse le sens des géodésiques, contrairement aux constructions précédentes de G. Birkhoff [Bir17] et M. Brunella [Bru93]. 11 La démonstration du théorème D repose sur la construction d’une certaine surface (représentée ci-dessus pour une sphère à quatre points singuliers) dans le fibré unitaire tangent de l’orbifold considérée. Il s’agit ensuite de montrer que toute orbite du flot géodésique coupe la surface. Enfin, on calcule sa caractétistique d’Euler pour montrer que la surface est un tore troué. L’idée de la construction vient de calculs explicites rendus possibles grâce aux patrons introduits dans [T] et [8]. Pour le théorème E, on repart de la surface du théorème D et on calcule l’application de premier retour induite par le flot géodésique. Pour cela, on introduit des sections de Birkhoff auxiliaires (une, deux ou trois selon les cas) de sorte que l’application de passage d’une section à la suivante induite par le flot géodésique corresponde, dans une base adaptée, à l’action d’une matrice-compagnon dans SL(2, Z). L’application de premier retour associée à une seule de ces sections est alors la composition des deux, trois ou quatre matrices-compagnon obtenues. Enfin, la démonstration du théorème F repose sur le théorème E et sur le fait que deux matrices de même trace induisent des suspensions qui sont commensurables (en tant que variétés de dimension 3). 8. Mineurs de surfaces et signatures des partages En théorie des graphes, on dit qu’un graphe abstrait est mineur d’un autre s’il peut être obtenu par contraction et suppression d’arêtes. Cette notion induit un ordre très riche sur les graphes. En particulier, le théorème de Robertson et Seymour [RoS04] affirme qu’il s’agit d’un quasi-bon-ordre, c’est-à-dire qu’il n’existe aucune chaı̂ne infinie descendante et aucune antichaı̂ne infinie pour la relation de mineur. Comme corollaire, on déduit que toute propriété stable par mineur est caratérisée par un nombre fini de mineurs interdits. C’est par exemple le cas pour la planarité (théorème de Kuratowski). Dans ce travail en commun avec Sebastian Baader [10], nous introduisons un avatar topologique: considérant une surface plongée dans l’espace comme un graphe plongé épaissi, on dit qu’une surface plongée est mineure d’une autre si elle peut être obtenue en coupant le long d’arcs essentiels (autrement dit, si la première est isotope à une sous-surface incompressible de la seconde). Cette relation induit un ordre ≤surf sur les classes d’isotopie de surfaces plongées. Cet ordre est plus faible que l’ordre original sur les graphes, au sens où on exhibe facilement des antichaines infinies. Dans l’article [10], nous restreignons notre attention à une classe particulière de surfaces, les fibres de partages du disque (“divides d’A’Campo”) [A’C98], et nous montrons, dans ce cadre restreint, un avatar du théorème de Robertson-Seymour. Théorème F. La restriction de ≤surf aux classes d’isotopie de fibres de partages du disque est un quasi-bon-ordre. Ce théorème implique que toute propriété des fibres de partages qui est stable par mineur est décrite par un nombre fini de mineurs interdits. La forme de Seifert d’une surface plongée est une 12 forme quadratique sur son premier groupe d’homologie. Le caractère défini positif de la forme de Seifert (ou de manière équivalente, l’égalité entre signature de la forme de Seifert et premier nombre de Betti de la surface) est une propriété stable par mineur. La seconde moitié de [10] est consacrée à exhiber les mineurs interdits pour cette propriété. Nous en trouvons exactement deux. On en déduit une énumération des entrelacs de partage de signature maximale par les diagrammes de Dynkin. L’intérêt principal de ces résultats est d’introduire des outils nouveaux et des questions d’origine combinatoire en théorie des nœuds. La preuve du théorème F repose sur un codage des partages et des surfaces associées à l’aide de graphes planaires coloriés. La relation de mineur sur les surfaces est alors induite par la relation de mineur sur ces graphes, et il s’agit alors de prouver une variante du théorème de RobertsonSeymour pour les graphes plongés. Ceci se fait en repartant du théorème original [RoS04] pour les graphes abstraits (non plongés), par un argument qui n’est pas très difficile, mais nécesssite de bien comprendre les théorèmes de décomposition des graphes planaires. 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[T] Invariants topologiques des orbites périodiques d’un champ de vecteurs, Thèse, Lyon, 2011. Autres références citées [A’C98] [ArK98] [BaM08] [Bir17] [BiW83] [Bru93] [Fei00] [Fri83] [GaG01] [Ghr97] [Ghy06] [Ghy09] N. A’Campo, Generic immersions of curves, knots, monodromy and gordian number, Publ. Math. Inst. Hautes Études Sci. 88, (1998), 152–169. V. Arnold, B. Khesin, Topological methods in hydrodynamics, Appl. Math. Sci. 125 (1998), Springer. S. Baader, J. Marché, Asymptotic Vassiliev invariants for vector fields, arXiv:0810.3870 (2008). G. Birkhoff, Dynamical systems with two degrees of freedom, Trans. Amer. Math. Soc. 18 (1917), 199–300. J. Birman, R. Williams, Knotted periodic orbits in dynamical systems–I: Lorenz’s Equations, Topology, 22 (1983), 47–82. M. Brunella, On the discrete Godbillon-Vey invariant and Dehn surgery on geodesic flow, Ann. Fac. Sc. Toulouse, Sér. 6, 3 (1994), 335–344. U. Feige, Approximating the bandwidth via volume respecting embeddings, J. Comput. 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