Le palais du Commerce - CCI LYON METROPOLE Saint

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Le palais du Commerce - CCI LYON METROPOLE Saint
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Le palais
du Commerce
Histoire d’un édifice
Contexte économique favorable
Les premières années du second Empire se forgent sur les cendres encore mal éteintes
de conflits sociaux et de la Révolution de 1848. La France avance au pas cadencé et rapide
de la musique d’OFFENBACH, des victoires militaires et de la prospérité économique.
Symboles de l’essor et de l’esprit de cette époque, les grands travaux sont réalisés par
les Préfets HAUSSMANN à Paris et VAÏSSE à Lyon, dont l’exemple sera repris par
d’autres villes françaises et européennes.
Le Sénateur Claude VAÏSSE, Conseiller d’Etat chargé de l’administration du département
du Rhône et de la ville de Lyon de 1853 à 1864, rédige un programme de transformation
urbaine issu de la politique menée par NAPOLÉON III. Les objectifs principaux : assurer
la prospérité de Lyon et démolir non seulement pour assainir, mais aussi pour permettre
à la cavalerie de combattre plus efficacement les insurrections populaires. Le réseau de
rues tortueuses est donc voué à être remplacé par de larges et belles voies de circulation.
Pour la mise en œuvre de son programme, le Préfet VAÏSSE travaille en étroite
collaboration avec l’Architecte en chef de la ville, responsable de la voirie : René DARDEL,
puis à partir de 1854 avec Tony DESJARDINS et Gustave BONNET.
Entre construire et moderniser une ville nouvelle sur
la rive gauche du Rhône, ou reconstruire le centre
traditionnel en s’assurant du contentement des
propriétaires fonciers lyonnais, le Préfet a rapidement
fait le choix de l’embellissement de la Presqu’île.
Principal élément de ce programme : le percement de
la rue Impériale (de la place de la Comédie à la place
Bellecour, devenue par la suite rue de la République)
avec la construction d’un palais du Commerce,
emblème économique de la ville, en plein accord avec
le Président de la Chambre de Commerce, Joseph BROSSET.
Le palais du Commerce, dont l’édification a été décidée dès 1853,
était destiné à réunir sous un même toit différents organismes
commerciaux tels que la Chambre de Commerce, le Tribunal de
Commerce, le Conseil des Prud’hommes, la Compagnie des
Agents de change, celle des Courtiers en soie et en marchandises
(partie en 1867), un Musée d’Art et d’Industrie, et à une certaine
époque, d’autres établissements commerciaux publics ou privés,
tels que le Crédit Lyonnais (jusqu’en 1934) ou des magasins.
Auparavant aucune de ces institutions, si ce n’est celle du change,
ne siégeait dans un bâtiment qui lui était exclusivement réservé.
Le Palais fait l’objet de plusieurs projets qui présentent tous
un édifice imposant, rectangulaire, bordé par la Rue
Impériale. C’est l’un des deux projets établis par René
DARDEL, (auquel Lyon doit entre autres le Pont la Feuillée, le
Marché couvert de la Martinière, le percement de l’actuelle
rue Victor Hugo, la Fontaine Saint-Jean et la distribution des
eaux de la ville) qui a été retenu par le Préfet Claude VAÏSSE.
Il résulte de sources d’inspiration nombreuses dont l’hôtel de
ville et le Palais des Beaux Arts de Lyon.
Le 4 août 1854, René DARDEL est nommé Architecte en Chef du Palais dont la première
pierre est posée le 15 mars 1856. Les travaux durent cinq ans. Inauguré par
NAPOLÉON III et l’Impératrice EUGÉNIE le 25 août 1860, le Palais, propriété de la Ville
de Lyon, a été cofinancé par la Ville de Lyon et la Chambre de Commerce, alors présidée
par Joseph BROSSET.
Le 15 août 1861, la Compagnie des Agents de Change s'installe et ouvre la corbeille qui
sera totalement informatisée fin 1991. Dans la même année s’installent le Tribunal de
Commerce, son greffe (jusqu’en 1995) et le Conseil des Prud’hommes (jusqu’en 1927).
Le 15 août 1862, la Chambre de Commerce déménage au Palais du Commerce. Jusquelà, elle siégeait à l’Hôtel de ville, puis à partir du 24 décembre 1802 au Palais SaintPierre, ancien couvent, mis à la disposition de la Nation par la Révolution française.
Aujourd’hui, une grande partie des services est logée dans ce bâtiment, l’autre est située
au 3, place de la Bourse.
Le Palais du Commerce
Architecture extérieure
(57,60 m de large par 64,5 de long, 172 fenêtres)
Sur les façades nord et sud, on peut admirer les sculptures monumentales de Guillaume
BONNET. La façade ouest fut témoin d’un événement national : le Président de la
République Sadi CARNOT, le 24 Juin 1894, fut poignardé mortellement par l’anarchiste
CASÉRIO. Une plaque posée à l’endroit même de l’assassinat au 21 rue de la République
témoigne de cet événement et une dalle rouge insérée dans le sol marque l’emplacement
de l’attentat. Place de la Bourse, les bustes de deux présidents illustres de la Chambre
sont présentés sur des stèles : celui d’Edouard AYNARD, député du Rhône pendant
24 ans et celui d’Auguste ISAAC, ministre du Commerce, sous lequel la Chambre de
Commerce fêta son bicentenaire. Place des Cordeliers, on découvre le bas-relief du
Rhône et de la Saône, réalisé par le sculpteur André VERMARE en 1905.
Le vestibule du Palais du Commerce, place de la Bourse, qui est redevenu l’entrée
officielle, dessert :
• la salle de la Corbeille au rez-de-chaussée,
• et les deux ailes du Palais dont la construction est parfaitement symétrique. On
accède aux étages par un des escaliers monumentaux.
Le Palais est construit sur trois niveaux : dans la salle de la
Corbeille, les deux premiers sont constitués d’arcades
superposées formant des galeries ornées par des statues
représentant les quatre éléments :
• au rez-de-chaussée, côté est : la terre et l’air par JeanMarie BONNASSIEUX exécutés en pierre de Pommiers,
coté ouest : l’eau et le feu par François-Félix ROUBAUD,
sculptés en pierre de Tournus.
• au 1er étage, les figures de pierre symbolisent les quatre
parties du monde. Elles sont sculptées par JosephHugues FABISCH en pierre de Pommiers, teintée parfois
de rose. Seule la statue nord-ouest porte une inscription :
“EUROPE”. Une femme brandit des pinceaux, des règles,
des compas… signes de prédominance scientifique,
artistique et intellectuelle du vieux continent.
La Salle de la Corbeille : un joyau du patrimoine
architectural lyonnais
(490 m2 - Longueur 32 m - largeur 15 m – hors galeries
– hauteur 25 m)
Au pourtour de la salle de la Corbeille, dans les
tympans ou panneaux triangulaires, entre les
archivoltes (face verticale moulurée d’un arc) du
rez-de-chaussée, sont sculptées, en bas-relief, les
armoiries des principales villes commerciales du
monde. Sur le côté sud : les armes de SaintPétersbourg, de Londres, Paris et Vienne, sur le côté
nord : celles de Turin, Madrid, New York et Naples,
sur le côté oriental : Rouen, Mulhouse, Alger,
Genève, Bordeaux, Leipzig, Nantes et Strasbourg et
sur le côté occidental : Lille, le Havre, Francfort,
Marseille, Hambourg, Milan, Reims et Saint-Etienne.
Chacune de ces armoiries est encadrée de feuillage
approprié au pays qu’elle rappelle : des pampres de houblon ou de vigne, des tiges de
roseaux, des palmes de dattier du Sahara entremêlées de drapeaux
arabes, des branches de chêne ou de pommier chargées de fruits,
de rameaux d’olivier ou de mûrier.
Pendant la guerre franco-allemande de 1870, les armoiries des villes
germaniques : Leipzig, Francfort, Vienne, et Hambourg furent
retirées. À la même époque, la plupart des emblèmes impériaux ont
également disparu du Palais, notamment l’aigle peint sur la clef de
voûte du vestibule. Le troisième niveau est décoré de vingt-quatre
cariatides et atlantes (de près de 3 m de haut), exécutés en bois de
tilleul par Guillaume BONNET. Ces figures supportent les voussures
du plafond. Atlantes et cariatides s’alternent.
Le Groupe des Heures
(4 m de haut – 2,80 m de large)
Cette sculpture monumentale en marbre blanc de
Carrare d’un seul bloc, œuvre du statuaire Jean-Marie
BONNASSIEUX, représente les heures et le temps qui
passe symbolisé par trois femmes. Elle surmonte
l’horloge du premier étage du côté sud et surplombe la
salle de la Corbeille. Cet ensemble interrompt la
balustrade de pierre rose de Cruas.
L’Heure future se dressant, regarde l’Heure présente qui
debout, triomphante, l’attire déjà vers elle alors qu’elle
laisse tomber de l’autre main, la regardant encore,
l’Heure passée. Cette dernière, encore accrochée au
présent, semble glisser, emportée par son poids. La
disposition des bras forme un cercle adapté au cadran
de l’horloge et le jeu des regards et des attitudes
accompagne le mouvement des aiguilles.
sonnifiant le Travail, le
Commerce, le Rhône, la
Saône…”, s’étend sur
8,50 m de long et 4,35 m
de large dans le caisson
central à 25 m du sol.
Elle est l’œuvre d’Alexandre HESSE, artiste parisien, dont la signature
apparaît en lettres capitales en bas à droite. Des
putti ailés (angelots) en
stuc, faits sur les modèles de Guillaume BONNET et retenant de
lourdes guirlandes, soutiennent deux caissons
latéraux de forme octogonale de 3,30 m de côté
présentant les armes de
la ville de Lyon et celles
du second Empire, toiles
d’Alexandre DENUELLE.
En haut trône l’allégorie
de la ville de Lyon, coiffée
de la couronne fortifiée,
grand caducée en main,
entouré des sept vertus.
Au centre de la composition, le génie des Arts
brandit torche et couronne de laurier.
Le plafond
Les peintures du plafond constituent
l’un des ensembles décoratifs les plus
remarquables et les plus connus du
palais du Commerce. Il s’agit d’un plafond à compartiments avec toiles peintes à l’huile et tendues sur châssis.
La toile centrale, “apothéose de la ville
de Lyon représentée avec ses attributs
usuels et des figures symboliques per-
En bas, le lion (emblème
de la ville) est situé au
confluent du Rhône (symbolisé par le
célèbre vieillard, et de la Saône sa compagne), derrière lequel se détache une
“scène mercantile” dont les protagonistes représentent les parties du monde
avec lesquelles la ville commerce le plus.
On aperçoit les représentants de la
richesse économique de la région : un
paysan symbolise l’Agriculture et un soldat rappelle la florissante manufacture
d’armes de Saint-Etienne.
Salles d’apparat
Au rez-de-chaussée:
Le Salon des Agents de Change Roger MICHAUX
Le décorateur Alexandre Dominique DENUELLE crée un plafond
voûté avec arcs doubleaux et nervures croisées se réunissant en
une grande rosace, comme dans une nef d’église, décorée par des
allégories du Commerce, des Arts ou des Vertus.
Les menuiseries de bois plein et le lambris en chêne foncé de
Hollande tout autour de la salle sont réalisés par le menuisier BERNARD, et rappellent
le style Renaissance. Sur le mur est se dresse une importante cheminée de marbre blanc
initialement ornée d’un portrait de l’Empereur Napoléon III aujourd’hui remplacé par un
lion armé d’un glaive. Le centre du manteau est orné d’une tête de Mercure ailée
sculptée par ROBERT.
Sur le mur nord, dans les arcs au-dessus des petites portes, on remarque deux peintures
réalisées par le peintre Antoine Claude PONTHUS CINIER. Il s’agit du pont viaduc du
chemin de fer reliant Paris à Lyon sur la Saône à la Quarantaine et de celui reliant Lyon à
Genève sur le Rhône à Saint-Clair.
Au 1er étage :
Salle Jacquard (anciennement le grand Salon devenu la salle des Séances)
(164 m2 - largeur 11 m - longueur 14,9 m)
Dédiée depuis son origine aux Assemblées de la Chambre de
Commerce de Lyon. Deux tableaux monumentaux ornent les murs
est et ouest. Le portrait (en pied) de l’Empereur Napoléon III qui
surmontait la cheminée en marbre blanc fut remplacé par un
bouquet de fleurs de Joanny DOMER. En face se trouve un portrait
de Jacquard de BONNEFOND.
Le plafond est composé de 13 caissons de tailles différentes et séparés
par une guirlande de laurier ponctuée de rosaces. Aux angles, il s’agit
de décor de stuc.
La peinture centrale fut réalisée par Jean-Baptiste BEUCHOT. Trois
figures féminines représentent trois aspects de l’activité commerciale:
la Navigation, l’Agriculture et l’Industrie. La quatrième figure
masculine est l’image globale du Commerce.
De part et d’autre de la tribune, située devant le portrait de Jacquard, l’hémicycle, en
forme d’étrave de bateau, accueille les membres élus et associés de la Chambre de
Commerce et d’Industrie de Lyon.
Salle Ampère (anciennement salle des Réunions industrielles)
(164 m2 - largeur 11 m – longueur 14.9 m)
Cette salle était réservée aux réunions industrielles.
Son décor, dans les tons de blanc, vert d’eau et or est plus sobre que celui
de la salle Jacquard.
La toile principale du plafond à compartiments a été réalisée par
L. BARDAY. La cheminée en marbre blanc, monumentale, adossée sur
le côté est, est ornée du lion, armé d’un glaive et des abeilles, emblèmes
impériaux.
Salle Lumière (anciennement salle des Portraits)
(132 m2 - largeur 11 m - longueur 12 m)
Elle fut occupée jusqu’en 1927 par le Conseil des
Prud’hommes. La Chambre de Commerce l’utilise
comme bibliothèque et y aménage, en 1934, une salle des
Portraits. Dans des médaillons polychromes richement
sculptés, seuls témoins d’un décor primitif identique à
celui de la salle d’audience du Tribunal de Commerce, on
y place les portraits des présidents de la Chambre de
Commerce.
Salle Tony Garnier (ancienne salle d’audience du Tribunal de Commerce)
(116.45 m2 [150 m2 avec l’estrade] - Largeur 10.18 m – longueur 11.44 m)
Le Tribunal, après la Révolution, alors qu’il était logé à l’Hôtel de ville,
insistait sur l’importance de la décoration de la Salle d’Audience. “Elle
[devait] par son sobre, imposer le respect…”. Son décor très riche et
solennel est dans les tons de marron, de rouge et d’or.
Autour de la salle, on découvre 10 médaillons représentant des
portraits de Lyonnais illustres, de prévôts des marchands et
d’échevins qui ornent les pilastres du pourtour de la salle.
À la voussure des plafonds sont installés, dans les lunettes et
pendentifs, les Vertus peintes par BEUCHOT, SCOHY et FRAGNAY.
Dans l’hémicycle, CHENU et BEUCHOT ont représenté des enfants :
au centre, la Loi et la Justice, deux génies tenant les armes des
villes de Beaujeu et de Tarare, à l’ouest, deux autres génies
présentant celles de Belleville et de Villefranche. Le plafond devait
recevoir un grand Christ confié à Michel DUMAS et provisoirement
un ciel ; le ciel seulement fut exécuté.
Une ancienne devise du commerce lyonnais est inscrite au plafond : “Virtute duce, comite
fortuna” (“La vertu pour guide, la fortune pour compagne”).
Entre le ciel et l’hémicycle, Guillaume BONNET sculpta un aigle impérial accompagné de
la couronne et du “N”, auquel fut ajouté l’emblème de la Légion d’honneur. Deux putti,
une palme à la main, soutiennent ces armes d’or.
Salle Maryse Bastié (anciennement salle des juges)
(59 m2 - largeur 8,27 m - longueur 7,18 m)
Avant le départ du Tribunal de Commerce, on l’appelait aussi salle
d’Audience, car elle était réservée aux affaires se faisant à huis clos.
C’est en 1865 qu’un membre proposa de faire une galerie des
portraits des présidents du Tribunal qui furent commandés à Michel
DUMAS. Dans le même esprit, une plaque de marbre blanc
inaugurée le 19 février 1898 réunit les noms de tous les juges
titulaires depuis 1800, tradition qui se perpétua jusqu’au départ du
Tribunal de Commerce. Parmi les motifs décoratifs du plafond de
cette salle réalisés par Jean-Baptiste BEUCHOT, exécutés dans les
tons de vert, on distingue un lion inversé et le “N” impérial.
La dernière rénovation du palais du Commerce fut envisagée dès 1996 sous la mandature
du Président Guy MALHER, et fut achevée en 2004. Les travaux durèrent quatre ans. Le
palais du Commerce fut inauguré à nouveau le 29 novembre 2004 par le Président Jean
AGNES.
Le Palais étant classé monument historique depuis 1994, l’un des deux principaux
chantiers fut ouvert sous la direction de Didier REPELLIN, Architecte en chef des
Monuments Historiques et de Enzo WIEDER, Architecte du Patrimoine au sein du Cabinet
Repellin. Il s’agit de la restructuration intérieure du bâtiment afin de la mettre en
adéquation avec sa principale fonction: l’accueil des entreprises et des visiteurs. L’autre
chantier conduit par Jacques VERGELY, du Cabinet AUREA, porte sur la rénovation des
parties classées, notamment les façades et les salles de réunion.
Les armoiries des quatre villes germaniques (Vienne, Leipzig, Francfort et Hambourg)
qui avaient disparu sont reconstituées par un staffeur lyonnais, d’après les détails
architecturaux décrits dans la monographie de René DARDEL.
La Ville de Lyon et le Conseil Général du Rhône ont notamment financé le ravalement
des façades historiques. L’Etat (DRAC) et les entreprises mécènes ont contribué à la
rénovation de la salle de la Corbeille.
Les cours latérales qui avaient été occultées au fil du temps ont été rétablies. Elles furent
recouvertes d’une verrière laissant entrer superbement la lumière du jour, en préservant
le concept “à ciel ouvert”, pour devenir des couloirs de circulation.
Plaquette réalisée en 2008 par le Service Archives / Direction de la Communication,
à partir de la Monographie de René DARDEL, l’Architecte du Palais,
le mémoire de maîtrise de Françoise ALLAIX, du catalogue de l’Exposition
“De la rue Impériale à la Rue de la République” Archives Municipales de Lyon 1991.
Réalisation : Direction de la Communication de la CCI de Lyon - Illustrations : ©Jean-Jacques Raynal - ©CCI de Lyon - Mars 2008
Rénovation 2000 - 2004