Jeanne d Arc - Martin Charpentes
Transcription
Jeanne d Arc - Martin Charpentes
600ème anniversaire Jeanne d’Arc est passée par Reims Il y a six cents ans aujourd’hui, Jeanne la Pucelle, sainte Jeanne d’Arc maintenant, venait au monde dans un petit village de Lorraine. Elle allait devenir une figure chrétienne de l’Histoire, notamment pour avoir sauvé le royaume de France et, au terme d’un périple périlleux, fait sacrer Charles VII à Notre-Dame de Reims. Sa statue près de la cathédrale rappelle sa proximité avec la ville, tandis que les Fêtes johanniques perpétuent cet épisode rémois qui la rendit si célèbre. Avec son étendard sur la route du sacre Elle vient faire sacrer le roi Charles VII à Notre-Dame, convaincue que l'onction le conduira à la victoire. Comment vit-on à Reims au printemps 1429 alors que le royaume vacille et que la pression anglaise rend l'avenir incertain ? Dopées par la victoire inattendue de Patay, un certain 18 juin, les villes françaises se reprennent à espérer et on y fait sonner les cloches tandis que se multiplient les cérémonies d'actions de grâces. Depuis plusieurs semaines l'inquiétude grandit, là où l'Anglais a ses plus fidèles soutiens. À Reims pour soutenir le duc de Bedfort, oncle d'Henri d'Angleterre, avec le soutien du capitaine rémois Guillaume de Châtillon, de strictes mesures d'ordre public sont adoptées par le conseil de ville. Elles font aujourd'hui sourire parce qu'elles ne garantissent en rien l'hermétisme réclamé de la cité. On tend des chaînes dans les rues la nuit, on renforce les effectifs du guet, on filtre l'arrivée d'étrangers en ville et les aubergistes sont tenus de livrer aux autorités une liste complète des gens qu'ils logent. On anticipe même le siège possible de la métropole en accumulant des vivres et en procédant dans l'urgence aux indispensables travaux de restauration des remparts ! Charles, celui qu'on surnomme avec un mépris certain le roi de Bourges va-t-il venir jusqu'ici avec cette femme qu'on dit guidée par les anges et peut-être inspirée par Dieu ? Les informations les plus folles circulent. Dans les camps français, les victoires printanières, la levée du siège d'Orléans, la ténacité de la Pucelle et la confiance que lui manifeste Charles tonifient une armée royale qui s'épaissit du côté de Gien. Elle est prête à prendre la route du sacre, celle de Reims. Près de trois cents kilomètres séparent la troupe de la cathédrale Notre-Dame. Jeanne fait pression sur le roi pour accélérer le rendez-vous champenois. Tant qu'il n'aura pas été sacré, il ne sera que le Dauphin. Elle joue de diplomatie pour inviter à Reims les « gentils loyaux Français de la ville de Tournai », le duc de Bourgogne. On envisage même de faire venir sous les voûtes de Notre-Dame, la reine Marie d'Anjou mais son déplacement depuis Bourges est jugé trop risqué et l'initiative d'un couronnement conjoint abandonnée. Vers la Champagne L'armée se met en mouvement le 29 juin. Beaucoup d'informations inexactes sont propagées sur sa progression. Sans doute les Troyens sont les mieux informés. Le 2 juillet, Charles est devant Auxerre. L'Ile-de-France où l'Anglais est solidement implanté est contournée. Le 5, le roi arrive près de Troyes et requiert de ses sujets qu'ils rentrent dans l'obéissance. Jeanne est plus abrupte à leur endroit. Elle les menace d'une action armée s'ils ne se soumettent pas. C'est dans cette ville qu'a été signé en mai 1420, le traité qui faisait d'Henri V l'héritier du trône de France. Et pour se rendre à Reims, il faut passer par Troyes. La ville ne se résout pas à laisser passer la troupe royale. Le 8 juillet, l'archevêque de Reims fait devant Charles un résumé alarmant de la situation. On envisage de s'en retourner vers Gien mais on consulte toutefois Jeanne. Elle refuse et prépare la bataille. Le 9, la Pucelle est prête avec ses soldats à donner l'assaut. Les Troyens prennent peur et demandent la médiation de leur évêque Jean Léguisé. Un accord amiable est trouvé. Les habitants bénéficient d'un pardon général. Même la garnison ennemie est autorisée à quitter les lieux et ses gens sont même dédommagés par le roi ! A son tour Châlons se soumet et adresse un message bienveillant à Charles. Le 12, le roi quitte Troyes ovationné. Le 14, il est reçu à Châlons par l'évêque Jean de Sarrebruck qui est un de ses soutiens. La route de Reims est désormais ouverte. Le 15, il fait une halte au château fort de Sept-Saulx puis le lendemain vers 16 heures, il entre dans la cité des sacres. Le chroniqueur assure que dans le cortège : « Jeanne fut moult regardée de tous » ! L’Union Presse Paru le vendredi 6 janvier 2012