Analyse de l`adaptation du travail aux individus dans un souci de
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Analyse de l`adaptation du travail aux individus dans un souci de
Analyse de l’adaptation du travail aux individus dans un souci de santé et sécurité des employées ainsi que de l’efficacité de l’organisation du travail. Centre de la petite enfance (Québec) RÉSUMÉ Au fil des ans, le CPE a procédé à plusieurs aménagements physiques selon l’approche en ergonomie. L’activité de travail qui fait l’objet du présent mandat est celle de la personne qui occupe le poste de cuisinière au CPE. Le travail d’analyse de l’étudiante a permis de brosser un tableau d’ensemble, de documenter les bonnes pratiques et de suggérer quelques pistes d’amélioration en ce qui a trait aux tâches associées à la préparation des repas et des collations. Les détails touchant des personnes ou des situations spécifiques ont été enlevés afin de préserver la confidentialité de certaines informations. RÉALISÉ PAR Marilou Morin-‐Lévesque, étudiante au MBA en gestion de la santé et de la sécurité du travail, dans le cadre du cours « Apport de l’ergonomie à la prévention et à l’efficacité ». SUPERVISÉ PAR Sylvie Montreuil, professeure titulaire au département des relations industrielles HIVER 2013 Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 3.0 non transposé. 2 L’objectif du mandat rédigé par Accès savoirs en collaboration avec un CPE de la ville de Québec était de brosser un tableau d’ensemble en adoptant l’approche ergonomique qui devait comprendre une documentation des bonnes pratiques et des suggestions de pistes d’amélioration en lien avec les critères de l’intervention en ergonomie, soit l’efficacité, la santé et la sécurité. Il s’agit donc d’analyser l’adaptation du travail à l’individu et l’efficacité de l’organisation du travail. L’activité de travail retenue pour ce mandat est celle de la cuisinière du CPE, qui comporte les tâches associées à la préparation des repas et des collations; le lavage et l’essuyage des outils et équipements utilisés; la réception et le placement de la commande; la rotation et le roulement des produits dans les armoires, le réfrigérateur et le congélateur; le classement et la distribution des lingettes; le maintien de l’hygiène et la salubrité de la cuisine; la planification des menus; les interactions avec les éducatrices pour planifier et organiser les repas; le maintien des bonnes relations avec les usagers et les enfants; puis le remplacement occasionnel des éducatrices pendant leur pause. Ce sont vraisemblablement les trois premières tâches mentionnées qui semblent les plus difficiles et qui sont davantage susceptibles d’entrainer des répercussions négatives sur l’individu. Plusieurs conditions d’exécution qui modulent et régulent l’activité de travail de la cuisinière ont été mises en évidence dans le cadre de l’analyse. Celle-‐ci a permis de faire ressortir les déterminants qui influencent le plus l’activité de travail et qui entrainent les conséquences les plus importantes et fréquentes sur l’individu et l’entreprise. Ces conditions sont répertoriées dans le tableau suivant. Conditions d’exécution Nature des tâches et exigences Éléments importants Objets tranchants, chauds, lourds et/ou difficiles à manipuler Grande quantité de travail requise Grande qualité de travail requise Commande : caisses de dimensions variées (parfois assez larges) et pas de prise pour les mains (mauvaise préhension) Environnement physique Espace libre très restreint -‐Espace et aménagement Rangement limité et parfois difficile d’accès -‐Rangement Outils, machines et équipements qui peuvent être plus ou Dispositif technique (outils, machines, moins en bon état équipements) Organisation du travail Parfois difficile de trouver un remplaçant; besoin -‐Système de remplacement d’encadrement -‐Formation Pas de formation en ergonomie -‐ Pauses Pas de pause formelle durant l’avant-‐midi -‐Aide, support Pas d’aide pour l’exécution des tâches Tableau 1 : Déterminants qui influencent le plus l’activité de travail et qui entrainent les conséquences les plus importantes et fréquentes sur l’individu et l’entreprise 3 En réaction à ces conditions d’exécution et dans le but de s’y adapter, l’activité de travail de la cuisinière comporte indubitablement des actions, gestes et postures qui lui permettent de satisfaire un niveau élevé de qualité et de quantité de production en cuisine. Certains d’entre eux m’ont paru davantage problématiques en termes de facteurs de risques de problèmes musculo squelettiques. Ils font référence aux trois tâches identifiées comme étant les plus pénibles antérieurement. Tableau 2 : Actions, gestes et postures davantage problématiques en termes de facteurs de risques de problèmes musculo squelettiques Préparation des repas et des collations Chargement et déchargement du lave-‐vaisselle Réception de la commande Bras éloignés du corps Cou penché vers l’avant Bras et mains très sollicités Mouvements répétitifs Soulèvement et transport de charges Station debout prolongée Bras et mains très sollicités; surtout le côté droit vu la position du lave-‐ vaisselle Flexion et torsion du tronc Fréquence très élevée (15 à 20 fois par jour la séquence complète) Répétitivité Flexion du tronc Flexion et rotation du tronc Position agenouillée ou accroupie Bras très sollicités Grande force déployée 30 à 40 chargements et déchargements 10 à 20 objets pour chaque Une journée normale peut impliquer de placer ou retirer un objet jusqu’à 400-‐500 fois. Charges entre 5 et 45 livres environ 10 à 15 caisses au total Une seule commande peut contenir jusqu’à 400 livres à soulever. Il résulte de ces conditions d’exécution et de ces actions, gestes et postures apparemment de la fatigue, de l’inconfort et des douleurs, surtout à la fin de la journée de travail, qui peuvent à leur tour engendrer des problèmes musculo squelettiques. Ces problèmes peuvent être engendrés suite à de l’usure et à de l’accumulation de microtraumatismes, mais également suite à un traumatisme ou accident unique plus grave. C’est ce qui s’est passé entre autres à l’occasion de l’entorse lombaire de la cuisinière et de sa tendinite à l’épaule droite. Ainsi, l’adaptation au travail s’effectue relativement bien de la part de la cuisinière et peu d’effets se font sentir au niveau de l’entreprise, puis de l’efficacité et de la productivité en cuisine, puisque la cuisinière utilise sa marge de manœuvre pour réaliser son activité de travail. Il n’en demeure pas moins que certains effets sont vécus au point de vue individuel. 4 À la lumière de mon analyse et des éléments ressortis dans les tableaux, il est tout de même possible d’entrevoir des pistes de solutions. Certaines d’entre elles sont déjà mises en pratique de façon plus ou moins importante. Tableau 3 : Pistes de solutions en ce qui concerne les tâches et les exigences Acheter des aliments pré préparés (fromage râpé, pommes de terre pelées, légumes préparés, etc.). Revoir les procédures et les méthodes de travail. Par exemple, portionner le plat de chaque groupe (utiliser 6 plus petits contenants au lieu d’en utiliser un seul, plus gros et plus lourd); utiliser 2 chaudrons de grosseur moyenne plutôt qu’un seul gros; glisser les chaudrons sur le comptoir au lieu de les soulever. Pour le lave-‐vaisselle, alterner la méthode « un objet à la fois » et la méthode « bouger tout le plateau ». Équilibrer et planifier les menus en tenant compte du temps de préparation, des gestes répétitifs, des tâches de nettoyage et de rangement et de la réception de la commande. Par exemple, offrir un repas facile à préparer le lundi; préparer une collation simple si le repas exige beaucoup de temps; faire un pain de viande plutôt que 100 boulettes de viande. Tableau 4 : Pistes de solutions en ce qui concerne l’environnement physique et le dispositif technique Évaluer l’espace et le rangement. Par exemple, serait-‐ce préférable que le four et l’évier soient situés sur le même côté du comptoir ? Serait-‐ce possible d’ajouter des espaces de rangement ? Placer les chaudrons dans des tiroirs ou des tablettes coulissantes. Envisager la possibilité d’installer une partie du comptoir qui serait plus basse (pour travailler avec le mélangeur et le robot culinaire) et sous laquelle pourrait s’insérer un banc ou une chaise. Évaluer régulièrement l’état et la qualité des équipements (mélangeur, robot culinaire, électroménagers, etc.). Établir un protocole simple d’évaluation. Aiguiser les couteaux régulièrement. Installer des tablettes coulissantes (sous le comptoir pour y mettre les ingrédients secs), utiliser des bases à roulettes au sol. Ajouter des tablettes au lieu d’empiler les denrées. Surélever le lave-‐vaisselle et le placer sur le comptoir. Envisager la possibilité de mettre un comptoir en acier inoxydable si le four et l’évier sont du même côté, afin de pouvoir glisser les chaudrons au lieu de les soulever. 5 Tableau 5 : Pistes de solutions en ce qui concerne l’organisation du travail Essayer d’obtenir toujours la même personne remplaçante. Suivre une formation en ergonomie une fois par année (voir avec l’ASSTSAS). Prendre plus souvent des petites pauses. Demander de l’aide pour le déchargement de la commande. Vérifier la possibilité d’augmenter la fréquence des livraisons pour en diminuer la charge. 6