Marie-Clothilde aventure conjugale énigmatique Méhari et Adrien
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Marie-Clothilde aventure conjugale énigmatique Méhari et Adrien
Marie-Clothilde aventure conjugale énigmatique Méhari et Adrien ballade pour 2 personnages & un side-car Deux courtes pièces de Hervé Blutsch Le Théâtre de la Pacotille revient en force avec deux courtes pièces de Hervé Blutsch, Marie-Clothilde et Méhari et Adrien. Teintées de douleur, de rires, de poésie et de désarroi, ces mises en scène non conventionnelles signées par Gaétan Paré dérangent par la violence de la confrontation des sentiments qu’elles génèrent. Les deux textes de Blutsch sont le portrait de relations interpersonnelles tourmentées empreintes de solitude et de nostalgie. Marie-Clothilde aventure conjugale énigmatique Christian-Bernard parle à Marie-Clothilde de ce qu'il a lu dans le journal, il cache Marie-Clothilde dans un placard, réalise qu'il ne peut pas vivre sans elle. Dans une lettre qu'il écrit à Marie-Clothilde, Christian-Bernard découpe un enfant en morceaux. Christian-Bernard sort Marie-Clothilde de son placard. Christian-Bernard redécouvre l'objet de son amour, il rentre du bureau devant Marie-Clothilde, il constate l'échec de son couple. Christian-Bernard, brillamment interprété par Jonathan Michaud, se voit confronté à un isolement qui le mènera à entretenir un monologue intérieur violent rempli de douleur qu’il tentera de vivre et d’extérioriser sur Marie-Clothilde, incarné avec justesse par Josianne Dicaire qui deviendra la présence féminine tant convoitée. Méhari et Adrien ballade pour 2 personnages & un side-car Un «road theater» mettant en scène deux personnes fugitives. Un meurtre, un mariage, une maladie, une rencontre entre une fille dans une barque et un homme sur un vélo de cirque. Méhari et Adrien, joués avec intelligence et finesse par Bénédicte Décary et Sébastien Dodge, sont des personnages imprégnés de nostalgie et animé par une soif de vivre les entrainant dans un rythme de vie effrené. «Méhari donne un coup de kique; l’engin démarre dans un vrombissement superbe. Elle joue de l’accélérateur, enclenche la première, passe la seconde jusqu’à mener l’engin à grande vitesse.» Le Théâtre de la Pacotille Anciennement La Troupe de théâtre Gemtafam, a vu le jour au printemps 1998 dans le cadre de la deuxième édition des Fêtes Théâtrales du Suroît. Depuis, le Théâtre de la Pacotille a servi des textes tels que Escurial et Trois acteurs un drame, Der Bau, American Buffalo, Philoctète et Gzion (Hervé Blutsch). Issu de l’École des arts visuels et médiatique de l’UQÀM et codirecteur artistique du Théâtre de la Pacotille, Gaétan Paré poursuit une réflexion sur la nature tragique de l’homme. Il signe ici la mise en scène et la scénographie de cette programmation double Marie-Clothilde et Méhari et Adrien textes de Hervé Blutsch. Mise en scène et scénographie de Gaétan Paré Mettant en vedette Bénédicte Décary, Josianne Dicaire, Sébastien Dodge et Jonathan Michaud À l’Espace Geordie, 4001 Berri coin Duluth Billets en vente au 514.840.9379 18$ le billet 15$ pour les groupes de 5 personnes et plus Du 7 au 25 novembre 2006 à 20h Crédit photos : Marie-Claude Hamel par Rébecca Deraspe DEUX COURTES PIÈCES DE HERVÉ BLUTSCH Hervé Blutsch est à l’honneur dans cette création du Théâtre de la Pacotille, anciennement La Troupe du théâtre Gemtafam. C’est d’ailleurs la deuxième fois que le metteur en scène Gaétan Paré choisit un texte de cet auteur français puisqu’en 2004, la Troupe de la Pacotille présentait Gzion de Blutsch. « C’est que l’univers de Blutsch est une catastrophe dans lequel il est possible d’évoluer » Cette fois-ci, c’est dans l’intime salle de l’Espace Geordie que les mots de l’auteur prennent vie. MARIE-CLOTHILDE, aventure conjugale énigmatique Énigmatique, c’est bien peu dire. Dès l’entrée dans la salle, la scénographie plonge le public dans un univers qui, déjà, promet d’être hors du monde qui grouille dehors, dans les rues pluvieuses de Montréal. Une toile de plastique blanche et rigide recouvre les planches et une femme est étendue sur une peau d’ours. Rien de prétentieux et pourtant, la salle de l’Espace Geordie est déjà imprégnée d’une certaine intemporalité. Les lumières s’éteignent. Le silence s’allume. Et Christian-Bernard (Jonathan Michaud) entre en scène pour quitter Marie-Clothilde (Josianne Dicaire). Le mystérieux mutisme de la jeune femme lui confère une présence insondable tout au long de la pièce. C’est Christian-Bernard qui lui parle, qui lui lit le journal, qui découpe un enfant dans ses rêves, qui cuisine un gâteau, qui rentre du bureau. C’est lui qui se rend compte qu’il ne peut vivre sans elle et qu’il doit la reconquérir. Son monologue intérieur empreint d’une violence parfois retenue, parfois explicite, est une ode à la solitude et à l’isolement qui est marquée par l’interprétation vive et rigide, éclatée mais réservée, de Jonathan Michaud. MarieClothilde, dans son silence dérangeant, est interprétée avec une justesse immobile qui attire le regard du spectateur tout au long de la pièce. C’est un périlleux exploit qui est surmonté avec la rigueur corporelle nécessaire. La mise en scène singulière de Gaétan Paré ressemble aux personnages de Blutsch. Elle nous intrigue et génère un sentiment de libre incompréhension nous permettant de plonger tête première dans un monde où l’être humain n’est jamais à l’abri de lui-même. C’est l’entracte, on change de décor ! MÉHARI ET ADRIEN, ballade pour deux personnages et un side-car Un gros ventilateur. Une moto, un side-car. Le ventilateur s’allume, le bruit des moteurs aussi et on embarque. Il y a Méhari (Bénédicte Décary) et il y a Adrien (Sébastien Dodge). C’est instantané, ils nous prennent avec eux, ils nous attachent à leur side-car, et, avoir le vent face, ça fait du bien. On suit leur roadtrip avec un plaisir nostalgique qui prend le visage des deux protagonistes. Ils sont jeunes, ont une soif éperdue de vivre mais portent en eux un malaise innommable. Sur la route, Méhari et Adrien s’impose à la vie avec une candeur si belle que la bulle dans laquelle ils flottent devient tangible. Les comédiens nous offrent une performance généreuse et vivante qui ne manque jamais de nous surprendre. La courte pièce d’environ 45 minutes nous donne à rire, à sourire, mais aussi, pour ma part, à pleurer. C’est la vie quoi ! Avec tout les contrastes que celle-ci contient. La scénographie, encore une fois simple et dénudée d’éléments superflus, est attachante par sa simplicité. La mise en scène est imagée et dynamise chacune des lignes et répliques écrites par l’auteur. Même si on se perd parfois, même si on voudrait tout comprendre, c’est la charge émotionnelle qui reste la ligne conductrice. Les deux courtes pièces se distinguent l’une de l’autre mais elles s’inspirent toutes deux des relations interpersonnelles et de la solitude à l’intérieur même de celles-ci. La première laisse une note aigre et même pas douce (à vous de voir pourquoi !) tandis que la deuxième donne une envie de libre fugue. Malgré quelques problèmes techniques bénins, tout y était. Du théâtre authentique qui donne envie d’appuyer sur rembobiner pour revivre encore et encore, les moments, les vrais moments que le metteur en scène et que les acteurs nous donnent à grosses bouchées. Et ce qui est formidable, c’est que c’est impossible de le faire. 10-11-2006