un marathon de New york - Offre Média de la Cité de la musique
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un marathon de New york - Offre Média de la Cité de la musique
cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général Ce cycle, dont le titre est un clin d’œil à la célèbre épreuve qui se déroule chaque année dans les rues de New York, ne propose pas aux auditeurs une course de quarante-deux kilomètres, mais un parcours à travers quelques « états » de la musique américaine moderne. Les compositeurs invités à ce rendez-vous, s’ils ne sont pas tous nés à New York, y ont vécu et travaillé. Commencé avec l’un des sommets de la musique américaine de l’immédiat après-guerre, les Sonates et Interludes pour piano préparé de John Cage, le cycle se conclut par la Sonate « Concord » de Charles Ives, condensé d’un art où se mêlent toutes les sources sonores du Nouveau Monde. Entretemps, on aura pu entendre les thèmes de l’un des inventeurs du be-bop, Thelonious Monk, revisités par le pianiste Antoine Hervé ; suivre les liens tissés entre les musiques du Vieux et du Nouveau Continent par Richard Stoltzman et le compositeur Lukas Foss, qui transmit à Bernstein et Reich la leçon reçue d’Hindemith ; découvrir deux œuvres pour chœur et orchestre, encore inédites en France, de Morton Feldman, musicien proche de ses amis peintres de l’action painting et dont l’œuvre tout entière se situe aux marges du silence ; ou encore admirer la force émotive des quatuors à cordes de George Crumb et Steve Reich, sans oublier les ragtimes et les mélodies de salon de la Nouvelle Angleterre. Une fin de soirée pour goûter l’art, si américain, de faire à la perfection œuvre de divertissement. Didier Alluard samedi 13 décembre - 15h salle d’art lyrique du Conservatoire de Paris J ohn Ca ge Sonates et Interludes, pour piano préparé (intégrale) Sonates I, II, II, IV Interlude I Sonates V,VI,VII,VIII Interludes II, III Sonates IX, X, XI, XII Interlude IV Sonates XIII, XIV/XV, XVI Gérard Frémy, piano préparé concert sans entracte, durée : 1 heure 10 minutes concert enregistré par France Musique coproduction cité de la musique, Conservatoire de Paris un marathon de New York John Cage Sonates et Interludes, pour piano préparé Pour John Cage l’exploration du piano au XXe siècle passe par la technique du piano préparé, dont il fut indiscutablement l’inventeur même si, avant lui, son compatriote américain Henry Cowell composa dans les années vingt une musique où les cordes de l’instrument pouvaient être pincées ou frappées par des objets divers. A l’occasion d’un ballet qu’on lui commande en 1938, Cage remplace l’orchestre de percussions, que la fosse ne pouvait contenir, par un piano ; entre les cordes, il insère des objets (gomme, chiffon, plastique) et fixe des morceaux de métal, afin de produire de nouvelles sonorités, bruits parasites et résonances inattendues : « Le piano est préparé comme on ramasse des coquillages sur une plage. » Avant la fameuse série des Sonates et Interludes, composées entre 1943 et 1948, Cage reprend déjà cette technique dans deux pièces pour la danse, Bacchanale et Daughters of The Lonesome Isle, ou encore Music for Marcel Duchamp, destinée au cinéma d’Hans Richter. Avec leurs sonorités étranges et carillonnantes, source d’un Orient imaginaire, ces Sonates forment « un orchestre de percussions sous le contrôle d’un seul interprète. » Fidèle de Cage, Gérard Frémy a souvent joué en concert ces Sonates et Interludes - dont il a signé en 1983 le meilleur enregistrement à ce jour (Etcetera/Média 7). Franck Mallet 4 |cité de la musique samedi 13 décembre - 17h - amphithéâtre du musée Thelonious Monk une relecture (création) Antoine Hervé, piano concert sans entracte, durée : 1 heure un marathon de New York Thelonious Monk une relecture Ancien élève du Conservatoire de Paris, Antoine Hervé a, entre autres, étudié le piano avec Pierre Sancan. Il affirme son goût pour le jazz en participant au Concours national de jazz de La Défense en 1981, joue et enregistre en duo - avec Andy Elmer, ils alternent ensemble le piano et la percussion -, en trio, et avec son orchestre Bob 13. Compagnon de Gil Evans, Quincy Jones, Peter Erskine, Carla Bley, Dee Dee Bridgewater ou Didier Lockwood, Antoine Hervé, à la tête de l’Orchestre national de jazz (où il est nommé en 1987), compose dans des domaines multiples, comme la danse avec le chorégraphe Philippe Découflé - Tutti. Récemment, en quintette, avec la chanteuse Yildiz Ibrahimova, il enregistre Paris-Zagreb, et compose Transit, une partition commandée et créée par l’Ensemble Intercontemporain. Figure majeure de la musique américaine de la seconde moitié du XXe siècle, Thelonious Monk laisse une œuvre riche, qui inspire et suscite des lectures variées. Antoine Hervé avait déjà réalisé en 1987 un arrangement de son fameux ‘Round midnight, pour l’Orchestre national de jazz, et, avec le trio Fluide (François Moutin à la contrebasse et Louis Moutin à la batterie), il a enregistré deux titres de Monk. Après Lenny Tristano et Wayne Shorter, Antoine Hervé souhaite restituer une musique qui ne cesse de résonner en lui : « Une musique très pianistique, dont la mélodie est facile à retenir, mais à l’harmonie complexe. Monk détestait le moelleux des cordes de l’orchestre hollywoodien, ses attaques au piano sont franches et brutales et son système harmonique particulier ; il procède par élimination de notes à l’intérieur d’accords complexes. » F. M. 6 |cité de la musique samedi 13 décembre - 18h30 salle d’art lyrique du Conservatoire de Paris George Gershwin Three Preludes (durée : 6 minutes) allegro ben rimato e deciso, andante con moto e poco rubato, allegro ben rimato e deciso Aaron Copland Piano Blues (durée : 10 minutes) Charles Ives In the Morning (durée : 2 minutes) Serenity (durée : 3 minutes) Lukas Foss Three American Pieces (durée : 10 minutes) Early Song, Dedication, Composer’s Holiday pause Steve Reich New York Counterpoint, pour clarinette seule (durée : 12 minutes) Paul Hindemith Sonate pour clarinette et piano (extrait) (durée : 3 minutes) Kleines rondo, gemächlich Leonard Bernstein Sonate pour clarinette et piano (durée : 11 minutes) graciozo, andantino / vivace e leggiero Richard Stoltzman, clarinette Lukas Foss, piano coproduction cité de la musique, Conservatoire de Paris un marathon de New York Lukas Foss a conçu avec son compatriote américain, le clarinettiste Richard Stoltzman, un programme qui reflète en grande partie l’esprit urbain, inspiré par le jazz et les idiomes populaires. Si George Gershwin ne se rattache pas directement au jazz, nombre de ses mélodies fameuses ont été reprises par des musiciens de jazz, trouvant là matière à improviser. Lui-même pianiste et improvisateur (on peut le retrouver sur disque épaulant à l’occasion Adele et Fred Astaire dans les années vingt), Gershwin a été l’un des principaux compositeurs de la scène de Broadway, tout en écrivant pour l’orchestre Rhapsody in blue, Un Américain à Paris et le Concerto en fa. C’est très précisément le 4 décembre 1926 que Gershwin et la contralto Marguerite d’Alvarez donnent en concert, à l’hôtel Roosevelt de New York, la première de Cinq Préludes pour piano et la version originale pour deux pianos de la Rhapsodie in blue. L’année suivante, le compositeur, qui avait entretemps écrit un sixième prélude (joué cette fois à Boston), projetait de les réunir sous le titre évocateur et romantique de Novelettes. Mais finalement il décide de n’en publier que trois qui connaissent dès leur publication un succès constant. La syncope du jazz, la tonalité nostalgique du blues et l’écho d’un thème populaire juif, contenu dans le 2e et repris dans le 3e (souvenir des origines russes du compositeur), animent avec brio ces trois pièces. Il existe de nombreuses transcriptions de cette partition, notamment pour violon et piano, la plus célèbre, réalisée par le compositeur luimême avec la collaboration du violoniste Samuel Dushkin. Don Sebesky et Stanley Silverman arrangèrent ensemble de nombreuses pièces du compositeur pour orchestre, et c’est à Sebesky seul qu’on doit la version pour clarinette et orchestre des Trois Préludes. Guidé par le jazz et le folklore américain, mais également par une certaine tradition française inculquée à Paris par son professeur Nadia Boulanger, Aaron Copland a composé plusieurs pièces pour piano témoignant d’un sens aigu du rythme et de la mélodie. Hormis les suites pour piano tirées de ses ballets symphoniques Billy the kid et Rodeo, le musicien a réuni sous le titre Four Piano-blues des pièces composées entre 1926 et 1948, et dédiées à des proches : la 1ère Freely poetic pour Leo Smit, la 2ème Soft and languid pour Andor Foldes, la 3ème Muted and sensuous pour William Kapell et la 4ème With bounce pour John Kirkpatrick. D’une durée d’à peine dix minutes, cet ensemble de quatre blues pour piano évoque autant les arrangements dépouillés de folksongs par Benjamin Britten que les airs sinueux et entêtants de la chan- 8 |cité de la musique u n m a r a t h o n d e N e w Yor k son noire américaine. Proche du mouvement transcendantaliste d’Emerson et Thoreau, Charles Ives élabore une œuvre unique tournée vers la méditation, à partir d’une conception philosophique, spiritualiste et panthéiste de l’homme. Aussi ses partitions reflètent toutes, sans exception, la personnalité de leur auteur, brassant dans un grand geste fédérateur ses souvenirs, les mélodies populaires de son enfance (hymne, cantiques, chansons, fanfares, etc.). Profondément originale, son œuvre s’inscrit dans une forme polyrythmique où se mêlent le canon médiéval et les structures atonales. Parmi près de deux-cents mélodies composées depuis 1887, In the mornin’ (1929) et Serenity - A unisson chant (1919) reflètent les sources pastorales et religieuses de Ives. A l’opposé, NewYork Counterpoint de Steve Reich est guidé avant tout par des préoccupations stylistiques. La série des Counterpoint de Steve Reich - Vermont (1982) et NewYork (1986) -, confronte un instrument soliste et ses doubles pré-enregistrés. Il s’agit là d’œuvres de transition, où le compositeur cherche à résoudre un problème technique, tel qu’il était déjà exposé dans Piano Phase et Violin Phase (1967). En élaborant un contrepoint rythmique constellé de notes superposées, Reich obtient une musique à la fois dense et fluide. Ecrites initialement pour violon et piano en 1944, les Three american pieces demeurent influencées par le style d’Aaron Copland. Depuis, le compositeur a adapté ses Pièces américaines pour violon et orchestre, pour flûte et piano et pour clarinette et piano. Parmi les dix sonates pour vents et piano de Paul Hindemith, celle pour clarinette et piano (1939) est certainement l’une de ses plus accomplies, avec celle pour trompette et celle pour cor. A propos de ce groupe de sonates, le compositeur écrivit à son éditeur qu’il n’existait « rien de bien sérieux pour les instruments à vent, à l’exception de quelques morceaux classiques » et qu’il lui semblait « à long terme méritoire d’enrichir cette littérature ». Ce programme se clôt sur la première œuvre publiée de Leonard Bernstein, la Sonate pour clarinette et piano, achevée en 1942. Si la partition trahit dans son 1er mouvement (Graciozo) un style d’ornementation qui rappelle l’enseignement de Paul Hindemith dispensé lors des cours de Tanglewood, elle comporte en revanche dans son 2e mouvement (Andantino ; vivace e leggiero) une scansion rythmique caractéristique du compositeur nourri de jazz, exploitée plus tard dans West side story, F. M. On the water front ou la Messe. notes de programme |9 samedi 13 décembre - 20h / salle des concerts Morton Feldman Coptic Light (1986) (création française) (durée : 30 minutes) Luciano Berio Alternatim, pour alto, clarinette et orchestre (1997) (création française) (durée : 25 minutes) entracte Morton Feldman Chorus and Orchestra II (1972) (création française) (durée : 22 minutes) Michael Gielen, direction Barbara Hannigan, soprano Paul Meyer, clarinette Christophe Desjardins, alto Robert Gritton, chef de chœur Chœur de la Radio de Berlin Orchestre Symphonique du Südwestfunk Luciano Berio, le Festival d’Automne de Paris et la cité de la musique dédient ce concert à la mémoire d’André Boucourechliev (28 juillet 192513 novembre 1997) coproduction cité de la musique, Festival d’Automne à Paris (cycle Morton Feldman) en collaboration avec le Südwestfunk, le Konzerthaus Berlin et le Konzerthaus Freiburg u n m a r a t h o n d e N e w Yor k Mor ton Feldman Coptic Light (1986) Chorus and Orchestra II (1972) L’actualité qui accompagne aujourd’hui les œuvres de Morton Feldman ne doit pas cacher la longue période de désintéressement observée en France depuis presque vingt ans. Le compositeur explique lui-même cette incompréhension par le fossé culturel qui sépare les logiques créatrices européenne et américaine, autant que par son propre désir de dépasser, à la manière de Cage, le statut conventionnel de l’œuvre d’art (fonction et matérialité). Il expliquait lui-même les divergences de conception dans l’évolution de l’art entre les esthétiques des deux continents. « La différence entre l’Amérique et l’Europe pourrait être éclairée au mieux avec Voltaire. Prenons un livre comme Candide où il est question de trois paradis. Les deux premiers sont des lieux éminemment sublimes. Dans l’un, le héros découvre les délices de l’amour avec la femme d’un autre et il est expulsé de ce paradis. Ensuite, nous le retrouvons dans le pays d’Eldorado, un autre paradis terrestre qu’il devra également quitter. (…) Les Européens changent parce qu’ils sont chassés du paradis. Il y a des épidémies, des révolutions ; des nouvelles cultures émergent et ils sont obligés de s’en aller, d’abandonner la tonalité, l’atonalité. Les Américains, quant à eux, quittent pour ainsi dire le paradis de leur plein gré, (…) en ayant l’intelligence de partir avant que les choses ne tournent mal… » (Entretien avec Walter Zimmermann, 1976). Le point le plus visible de cette rupture concerne l’utilisation minimaliste des harmonies, tout autant que le gigantisme de leur répétition. Morton Feldman justifie ce paradoxe par un plaisir quasi-hédoniste du son, autant que par une dimension temporelle imposée à lui-même. « J’essaie de répéter simplement le même accord, et cela par le biais des renversements [les mêmes notes dans une disposition différente]. J’aime beaucoup garder vivants les renversements dans le sens que tout et rien ne change. (…) Jusqu’à un certain degré, le fait même d’écrire mes pièces relève de la performance. Je suis hautement concentré lorsque je travaille, et j’ai trouvé les moyens pour y parvenir pleinement. L’un des plus importants est d’écrire à l’encre. Ainsi, lorsqu’en travaillant je vois que je commence à biffer ce que j’écris, je me rends compte que je croyais être concentré sans réellement l’avoir été. L’écriture à l’encre devient ainsi un indicateur de mon état de concentration effectif. Ensuite, notes de programme |11 un marathon de New York je continue d’écrire la pièce tout en réutilisant l’encre comme indicateur. Et si je vois que je procède à des ratures, je m’arrête et je reprends le travail à un autre moment. Pour moi, cette organisation est plus importante que l’organisation des hauteurs, ou toute autre approche conceptuelle que quelqu’un d’autre peut pratiquer dans son travail. » Luciano Berio Alternatim (1997) Dans la lignée de ses grandes œuvres symphoniques, Luciano Berio s’est saisi d’un couple instrumental pour dialoguer avec l’orchestre, en référence au sens premier d’« alternatim » qui désignait, en musique ancienne, une alternance entre la monodie grégorienne et la polyphonie. « Cette alternance, explique Luciano Berio dans une interview accordée à Musica Falsa (novembre-décembre 1997), s’est ensuite muée en un échange entre la polyphonie vocale et l’orgue. Il y avait alors un texte que tout le monde connaissait et qui devenait implicite dans les parties instrumentales. Et donc un jeu de présence-absence auquel s’attache Alternatim de manière indirecte, voire métaphorique. » Mais l’alternance entre les solistes et l’orchestre vaut aussi pour le couple alto-clarinette dont les timbres tour à tour fusionnent ou accentuent leur différences, développant à l’échelle du double concerto un jeu subtil entre le même et le différent. La version interprétée lors de ce concert se présente enfin comme une version remaniée de la création d’Amsterdam. « L’œuvre n’était pas complètement achevée, précise Luciano Berio. Je l’avais terminée sept jours avant sa création à Amsterdam. Des problèmes de balance sont apparus entre la clarinette et l’alto, la clarinette étant plus puissante que l’alto. Il fallait donc rééquilibrer les deux partenaires. Cette nouvelle version permettra également d’espacer le discours. L’entrée de l’orchestre est désormais retardée, permettant de mettre en place les éléments expressifs et structurels de l’œuvre. (…) De toute façon, une partition n’est jamais achevée. L’expérience d’une œuvre se promène de manière plus ou moins explicite dans d’autres œuvres. Elles parlent entre elles. Il y a un processus d’accumulation et d’oubli. Les œuvres sont le sillon d’un parcours. Le mien est celui d’un voyageur : on voyage ici ou là, dans une belle ville ou devant un beau paysage. Chaque œuvre est une trace de ce moment-là. » Emmanuel Hondré 12 |cité de la musique samedi 13 décembre - 22h30 / amphithéâtre du musée ragtimes et mélodies de salon John Philip Sousa The Stars and Stripes Forever El Capitan (durée : 6 minutes) Scott Joplin Bethena, a Concert Waltz (durée : 4 minutes 30) William H. Krell Mississippi Rag (durée : 3 minutes 30) Joseph Francis Lamb Nightingale Rag (durée : 4 minutes) Stephen Foster Beautiful Dreamer Old Folks at Home Gentle Annie (durée : 9 minutes) Eubie Blake The Charleston Rag (durée : 3 minutes 30) Ir ving Berlin I Love a Piano (durée : 3 minutes) Arthur Fields et Walter Donovan Aba Daba Honeymoon (durée : 2 minutes 30) Scott Joplin Solace Maple Leaf Rag Stoptime Rag Elite Syncopations (durée : 10 minutes) John Philip Sousa Washington Post March (durée : 3 minutes) Ernie Burnett My Melancholy Baby (durée : 5 minutes) Geor ge Michael Cohan I want to hear a Yankee Doodle tune Over There ! You’re a Grand Old Flag Yankee Doodle Boy (durée : 3 minutes) Jeff Cohen, piano Peggy Bouveret, soprano Carol Robinson, clarinette Pierre Gillet, trompette Benny Sluchin, trombone Marc Marder, contrebasse u n m a r a t h o n d e N e w Yor k ragtimes et mélodies de salon Aux Etats-Unis, la perfection dans les arts du divertissement atteint un tel niveau qu’elle bouscule les frontières entre musiques populaire et sérieuse. Lorsque Kurt Weill, musicien de la « vieille » Europe, y émigre en 1935, il est fasciné par cette spécificité de la vie américaine : « J’ai très vite compris que la scène de Broadway était au public américain ce que les salles de concerts et d’opéras sont pour les Européens. J’ai donc écrit de plus en plus ma musique à l’intention de Broadway et, aujourd’hui [en 1946], j’ai la conviction que le public américain est prêt à accepter sur scène sa propre forme d’opéra. » A maints égards, l’opéra de George Gershwin Porgy and Bess (1935), composé à la lumière de la réalité - le problème noir, l’interpénétration et l’intégration des cultures européennes par le Nouveau Monde, le rapport à l’argent, etc… -, symbolise cet art si… américain. Stephen Foster (1826-1864), planteur du Sud, laisse transparaître dans la plupart de ses chansons de salon la nostalgie, l’humour et le sens de la dérision propres aux mélodies des Noirs américains (My old Kentucky home, Old Black Joe). Si ses ragtimes ont aujourd’hui fait le tour du monde, Scott Joplin en revanche fut loin d’obtenir une reconnaissance de son vivant. Comme bien des artistes noirs nés au siècle dernier, il n’a pas eu la chance de suivre un enseignement musical classique, alors réservé aux Blancs. Sa formation, empirique, ne l’empêche pas de fonder son premier orchestre à Chicago, en 1893. Un premier spectacle avec jazzband, The Ragtime Dance, est suivi de l’opéra A Guest of Honor (1903). Son second opéra, Treemonisha (livret de Gerhard Muller), donné à New York dans les années dix, ne sera jamais représenté de façon satisfaisante du vivant de Joplin - Mais, ensuite… F. M. notes de programme |15 dimanche 14 décembre - 15h / amphithéâtre du musée George Crumb Black Angels, pour quatuor à cordes électrifié I - Departure (durée : 18 minutes) 1 - Threnody I : Night of the Electric Insects 2 - Sounds of Bones and Flutes 3 - Lost Bells 4 - Devil-music 5 - Danse macabre II - Absence 6 - Pavana Lachrymae (Der Tod und das Mädchen) 7 - Threnody II : Black Angels ! 8 - Sarabanda de la Muerte Oscura 9 - Lost Bells (Echo) III - Return 10 - God-music 11 - Ancient Voices 12 - Ancient Voices (Echo) 13 - Threnody III : Night of the Electric Insects John Cage Freeman Etudes, pour violon (extraits) (durée : 12 minutes) Hae Sun Kang, violon (études XII et XXV) Jeanne-Marie Conquer, violon (études I et XXI) Steve Reich Different Trains, pour quatuor à cordes et bande magnétique America/Before the war, Europe/During the war, After the war (durée : 27 minutes) Quatuor de l’Ensemble Intercontemporain : Jeanne-Marie Conquer, Hae Sun Kang, violons Christophe Desjardins, alto Jean-Guihen Queyras, violoncelle coproduction cité de la musique, Ensemble Intercontemporain u n m a r a t h o n d e N e w Yor k Ce concert réunit trois œuvres emblématiques du XXe siècle, témoignant, à des degrés divers, de l’engagement du compositeur dans une société déchirée par ses conflits. Le quatuor Black Angels (1970) inspiré de la guerre du Vietnam, de l’Américain George Crumb, s’impose par sa beauté glacée et les bruits mystérieux qui le traversent : « Ces treize images du Pays des ténèbres sont conçues comme une parabole sur notre époque troublée. » Entre 1977 et 1990, John Cage a composé trente-deux études pour violon solo, réparties en quatre livres de huit pièces chacun : « Je les ai faites aussi difficiles que possible, car aujourd’hui nous sommes confrontés à de très graves problèmes de société, et on pense généralement que la situation est sans espoir et qu’il n’y a rien à faire. Je pense donc que cette musique, qui est presque impossible, constitue un exemple de l’aspect praticable de l’impossible. » Même s’il est vrai que ces Etudes nécessitent une attention soutenue, jamais la virtuosité de l’interprète ne peut être prise en défaut. Chaque note exige un jeu si complexe d’intonations et de nuances (toutes marquées !), qu’elle semble exister pour elle-même. Œuvre « partiellement autobiographique », où Steve Reich évoque en parallèle les trains de son enfance, entre Los Angeles et New York, et les convois de déportation qui emportaient à la même époque les Juifs d’Europe vers la mort, Different Trains (1988) se singularise à la fois par son propos grave et un emploi original de l’échantillonneur, un clavier électronique qui permet au compositeur d’accorder la mélodie instrumentale sur la hauteur des voix et des bruits enregistrés. F. M. George Crumb Black Angels (1970) J’ai conçu Black Angels (treize images du Pays des Ténèbres) comme une sorte de parabole sur notre époque troublée. On peut considérer la pièce comme une œuvre à programme en ce sens qu’on y trouve de nombreuses allusions symboliques, bien que l’axe essentiel de la pièce - Dieu contre Satan - ait des conséquences autres que sur un plan purement métaphysique. L’image de l’« Ange Noir » était un procédé conventionnel employé par les peintres primitifs pour symboliser l’ange déchu. La structure de Black Angels est comme une notes de programme |17 un marathon de New York grande arche suspendue aux trois pièces intitulées Threnody. L’œuvre dépeint un voyage de l’âme dont les trois étapes seraient le Départ (la perte de l’état de grâce), l’Absence (l’anéantissement spirituel) et le Retour (la rédemption). Il y a plusieurs allusions à la musique tonale dans Black Angels : une citation du Quatuor « La Jeune fille et la mort » de Schubert (dans la Pavana Lachrymae et aussi en un faible écho dans la dernière page de l’œuvre) ; une Sarabanda inédite écrite dans un style synthétique ; la tonalité soutenue en si majeur de God Music et différentes références au Dies irae. On trouvera souvent des symboles traditionnels dans la musique tels que le diabolus in musica (l’intervalle du triton) et le trillo di diavolo (le « trille du diable » de Tartini). L’amplification des cordes dans Black Angels cherche à produire un effet « de nature surréaliste ». Ce surréalisme est rehaussé par l’usage de certains effets inhabituels aux cordes. Par exemple les « sons pédale » (les sons obscènes de la Devil-music) ; le jeu de l’archet entre la main gauche et le sillet (pour produire un effet de consort de viole) ; les trilles sur les cordes avec des dés à coudre. Les musiciens utilisent aussi des maracas, des tam-tams et des verres de cristal accordés qui sont joués à l’archet pour produire un effet d’« harmonica de verre » dans God Music. Black Angels est une commande de l’Université du Michigan et a été créée par le Stanley Quartet. En exergue de la partition sont ces mots : « achevée ce vendredi 13 mars 1970 (in tempore belli) ». George Cr umb John Cage Freeman Etudes Les Freeman Etudes, écrites entre 1977 et 1980, représentent l’étape la plus récente dans l’exploration des instruments à cordes, en particulier du violon, qu’a régulièrement menée John Cage depuis la fin des années 1940. Ces seize études (qui seront finalement au nombre de trente-deux) portent le nom de Betty Freeman, le célèbre mécène et l’amie très proche de Cage. Mais il y a une autre raison pour ce titre : Cage a souvent indiqué l’importance pour lui de la vie et de l’œuvre d’hommes tels que Henry David Thoreau, Daisetz Teitaro Suzuki, R. Buckminster Fuller, Marshall McLuhan et d’autres, qui 18 |cité de la musique u n m a r a t h o n d e N e w Yor k tous étaient vraiment libres (free). Les agrégats de sons qui composent chacune de ces études ont été obtenus par la superposition d’une feuille transparente sur une carte stellaire. Cage avait déjà utilisé ce procédé pour les Etudes australes pour piano et les Etudes boréales pour piano et violoncelle, composées toutes deux durant cette même période. Ce procédé implique beaucoup plus qu’une simple transcription. Cage construisit une grille compositionnelle - en fait une série de grilles, dont certaines entrent en jeu avant, quelques-unes durant, et d’autres après l’acte de transcription. Le premier élément à être mis en place, par exemple, était la « densité » en sons de chaque étude. L’étape suivante consistait à « déposer » des fragments de constellation sur le manuscrit. Finalement cette carte naturelle était élaborée et enrichie de bien des éléments distincts, d’interventions humaines par lesquelles la partition était adaptée au caractère et aux exigences du violon, ce qui permettait de tirer de cet instrument de nouvelles possibilités sonores jamais entendues jusque-là. Ainsi des notesétoiles individuelles furent développées en des intervalles et des agrégats auxquels venaient s’ajouter des indications sur la dynamique, le choix des cordes, etc. Pour le compositeur, donc, les Freeman Etudes impliquaient un jeu subtil et fascinant de (libre) choix par lequel les cartes du ciel étaient transformées en pièces musicales. Mais, pour le violoniste, les Freeman Etudes fournissent également une gamme de choix tout aussi libres et attrayants. Des éléments comme le tempo, le jeu de l’archet et le doigté sont laissés à l’appréciation de l’interprète, en fonction de ses propres considérations techniques et expressives. Ainsi la liberté intrinsèque des Freeman Etudes réside dans un équilibre magique entre ce qui est prédéterminé et ce qui ne l’est pas, entre la nécessité et le libre arbitre. Gigliola Nocera Steve Reich Different Trains J’utilise dans Different Trains une nouvelle manière de composer qui a ses origines dans mes compositions antérieures pour bandes magnétiques : It’s Gonna Rain (1965) et Come Out (1966). L’idée générale est d’utiliser des enregistrements de conversations comme matériau musi- notes de programme |19 un marathon de New York cal. L’idée de cette composition vient de mon enfance. Lorsque j’avais un an, mes parent se séparèrent. Ma mère s’installa à Los Angeles et mon père resta à New York. Comme ils me gardaient à tour de rôle, de 1939 à 1942 je faisais régulièrement la navette en train entre New York et Los Angeles, accompagné de ma gouvernante. Bien qu’à l’époque ces voyages fussent excitants et romantiques, je songe maintenant qu’étant juif, si j’avais été en Europe à cette période, j’aurais sans doute pris des trains bien différents. En pensant à cela, j’ai voulu écrire une œuvre qui exprime avec précision cette situation.Voilà ce que j’ai fait pour préparer la bande magnétique : 1 - J’ai enregistré ma gouvernante Virginia, maintenant âgée de plus de soixante-dix ans, qui évoque nos voyages en train. 2 - J’ai enregistré un ancien employé des wagons-lits sur la ligne New York - Los Angeles, maintenant à la retraite et âgé de plus de quatrevingts ans : M. Lawrence Davis, qui raconte sa vie. 3 - J’ai rassemblé des enregistrements de survivants de l’Holocauste : Rachella, Paul et Rachel, tous à peu près de mon âge et vivant aujourd’hui en Amérique, qui parlent de leurs expériences. 4 - J’ai rassemblé des sons enregistrés de trains américains et européens des années 1930-1940. Pour combiner les conversations sur bande magnétique et les instruments à cordes, j’ai sélectionné des exemples brefs de discours, aux différences de ton plus ou moins marquées, et je les ai transcrits aussi précisément que possible en notation musicale. Ensuite, les instruments à cordes imitent littéralement la mélodie du discours. Les exemples de conversation et les bruits de trains ont été transférés sur bande magnétique à l’aide d’un échantillonnage de claviers, les sampling keyboards, et d’un ordinateur.Trois quatuors à cordes séparés ont aussi été ajoutés à la bande magnétique pré-enregistrée et le quatuor final, joué par des musiciens, vient s’ajouter lors du concert. Different Trains comprend trois mouvements - mouvement étant pris ici au sens large du terme car les tempi changent fréquemment dans chaque mouvement : L’Amérique-Avant la guerre, L’Europe-Pendant la guerre, Après la guerre. Cette composition a donc une réalité à la fois sur le plan documentaire et sur le plan musical et ouvre une nouvelle direction. C’est une direction qui conduira sous peu, je l’espère, à une nouvelle sorte de théâtre multi-média combinant Steve Reich documentaire, musique et vidéo. 20 |cité de la musique u n m a r a t h o n d e N e w Yor k America-Before the war L’Amérique-Avant la guerre from Chicago to New York (Virginia) de Chicago à New York (Virginia) one of the fastest trains l’un des trains les plus rapides the crack train from New York (Mr Davis) le super train de New York (M. Davis) from New York to Los Angeles de New York à Los Angeles different trains every time (Virginia) des trains différents à chaque fois (Virginia) from Chicago to New York de Chicago à New York in 1939 en 1939 1939 (Mr Davis) 1939 (M. Davis) 1940 1940 1941 1941 1941 I guess it must’ve been (Virginia) 1941 je pense que cela devait être (Virginia) Europe-During the war L’Europe-Pendant la guerre 1940 (Rachella) 1940 (Rachella) on my birthday le jour de mon anniversaire The Germans walked in Les Allemands sont entrés walked into Holland sont entrés en Hollande Germans invaded Hungary (Paul) Les Allemands ont envahi la Hongrie (Paul) I was in second grade j’étais à l’école primaire I had a teacher j’avais un professeur a very tall man, his hair was concretely plas- un homme très grand, ses cheveux étaient tered smooth gominés He said, « Black Crows invaded our country Il a dit : « des Corbeaux Noirs ont envahi many years ago » notre pays, il y a de nombreuses années » et and he pointed right at me il m’a montré du doigt No more school (Rachel) Plus d’école ! (Rachel) You must go away Il faut que tu partes and she said, « Quick, go ! » (Rachella) et il a dit : « Va t’en vite ! » (Rachella) and he said, « Don’t breathe ! » et elle a dit : « Ne respire pas ! » into those cattle wagons (Rachella) dans ces wagons à bestiaux (Rachella) for 4 days and 4 nights pendant 4 jours et 4 nuits and then we went through this strange sou- ensuite nous sommes passés par ces ding names endroits aux noms étranges Polish names Des noms polonais Lots of cattle wagons there Là il y avait beaucoup de wagons à bestiaux notes de programme |21 un marathon de New York They were loaded with people Ils étaient bourrés de monde They shaved us Ils nous ont rasés They tatooed a number on our arm Ils nous ont tatoué un matricule sur le bras Flames going up to the sky - it was smo- Des flammes montaient vers le ciel - il y king avait de la fumée After the war Après la guerre and the war was over (Paul) et puis la guerre s’est terminée (Paul) Are you sure ? (Rachella) Etes-vous sûr ? (Rachella) The war is over La guerre est finie going to America partant pour l’Amérique to Los Angeles vers Los Angeles to New York vers New York from New York to Los Angeles (Mr. Davis) de New York à Los Angeles (M. Davis) one of the fastest trains (Virginia) l’un des trains les plus rapides (Virginia) but today, they’re all gone (Mr. Davis) mais aujourd’hui ils ont tous disparu (M. Davis) There was one girl, who had a beautiful Il y avait une fille qui avait une voix superbe voice (Rachella) (Rachella) and they loved to listen to the singing, the et ils adoraient l’écouter chanter, les Germans Allemands and when she stopped singing theu said, et quand elle s’arrêtait de chanter, ils disaient : « More, more » and they applauded « Encore, encore », et ils applaudissaient « Crack » in the older sens of « best » « Crack » au sens ancien de « meilleur » (traduction Isabelle Leymarie) 22 |cité de la musique dimanche 14 décembre - 16h30 salle d’art lyrique du Conservatoire de Paris Charles Ives Three-page Sonata, pour piano (1905) allegro moderato, andante, adagio, allegro/March Time (durée : 7 minutes) The Innate, pour piano et quintette à cordes (1908) (durée : 2 minutes) Largo, pour piano, violon et clarinette (1901) (durée : 5 minutes) Halloween, pour piano, quatuor à cordes et percussions (1906) (durée : 3 minutes) pause Sonate n° 2, « Concord, Massachusetts, 1840-1860 », pour piano et flûte (1911-1915) Emerson, Hawthorne, The Alcotts, Thoreau (durée : 48 minutes) Alexei Lubimov, piano Benoît Fromanger, flûte étudiants du Conservatoire de Paris : Jérôme Voisin, clarinette Damien Petitjean, percussions Quatuor à cordes Diotima : Eiichi Chijiiwa, Fabien Roussel, violons Franck Chevalier, alto Pierre Morlet, violoncelle concert enregistré par France Musique coproduction cité de la musique, Conservatoire de Paris un marathon de New York Charles Ives Géant de la musique américaine du XXe siècle, Charles Ives (18741954), après ses études à l’Université de Yale, composa une série d’œuvres au style académique sous la direction du compositeur Horatio Parker. Abandonnant rapidement cette première manière, et adoptant la philosophie transcendantaliste de Henry David Thoreau - l’auteur de l’hymne épicurien Wladen ou la vie dans les bois -, Ives conçoit son propre langage musical comme le miroir de sa mémoire. La lecture d’un livre, la sirène d’une voiture de pompier, la fête au village, un chœur de fidèles, la rumeur de la rue ou un thème populaire : tout est souvenir, tout est musique. En regard de pièces brèves telles que Halloween - peut-être la première partition aléatoire du XXe siècle, puisque le compositeur précise qu’il faut jouer plusieurs fois la pièce en faisant alterner ad libitum les combinaisons instrumentales ainsi que le choix des tempi et de nuances... -, ou l’un des Largo, le pianiste Alexei Lubimov joue la Sonate n° 2 (1920), hommage aux philosophes et écrivains qui vécurent à Concord, pour laquelle Ives indique que les quatre mouvements ont été « baptisés Sonate, faute de mot plus exact et bien que le terme ne soit peut-être justifié ni par la forme, ni par la substance de l’œuvre. La Sonate entreprend de dépeindre Emerson et Thoreau en tableaux impressionnistes, de faire un croquis des Alcott, et, dans un scherzo, de refléter la légèreté qui caractérise souvent le côté fantastique de Hawthorne. » Franck Mallet 24 |cité de la musique u n m a r a t h o n d e N e w Yor k John Cage (Los Angeles, 1912 - NewYork, 1992) Après avoir hésité entre plusieurs disciplines artistiques, il choisit finalement la musique sur les conseils de Henry Cowell dont il suit les cours de composition, avant de suivre ceux, entre autres, d’Arnold Schönberg en Californie (1934-1937). Se fixant en 1942 à New York, il rencontre Marcel Duchamp et commence à collaborer avec Merce Cunningham. Il s’initie à la philosophie zen et au I Ching à partir de la fin des années quarante. Le piano préparé, le happening, l’indétermination comme principe d’organisation, l’élargissement de la musique à toutes les sources sonores possibles sont quelques-unes des inventions de Cage qui ont progressivement fait de lui, à partir de la fin des années cinquante, l’une des figures marquantes de la musique contemporaine internationale. professeurs de composition. Au cours de l’hiver 1949-1950, il rencontre John Cage qui l’encourage dans une voie intuitive, loin de tout système. Tenté par l’écriture graphique qu’il utilise dans Projection 2, il y renonce entre 1953 et 1958, puis de manière définitive en 1967, avec In Search of an Orchestration, refusant que ses interprètes ne travestissent une telle notation en un art de l’improvisation. Ami du poète Frank O’Hara, du pianiste David Tudor, des compositeurs Earle Brown et Christian Wolff, des peintres Mark Rothko, Philip Guston, Franz Kline, Jackson Pollock et Robert Rauschenberg, dont les noms jalonnent les titres de nombreuses compositions, il est nommé professeur à l’Université de New York/Buffalo (1973-1987), où il occupe la chaire Edgard Varèse. En 1984 et en 1986, il enseigne aux Ferienkurse für Neue Musik de Darmstadt. Il meurt le 3 septembre 1987. Morton Feldman Né le 12 janvier 1926 à New York, Morton Feldman étudie le piano avec Madame Maurina-Press, une élève de Busoni à qui il dédiera Madame Press Died Last Week at Ninety (1970). Ses premières compositions sont influencées par le style de Scriabine.Wallingford Riegger, en 1941, puis Stefan Wolpe, en 1944, deviennent ses Luciano Berio est né à Oneglia (Ligurie) en 1925. Après avoir étudié la musique avec son père, il est, de 1946 à 1951, l’élève de Paribeni et Ghedini au Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan. En 1954, il fonde et dirige avec Bruno Maderna le Studio de Phonologie de la RAI à Milan. De 1953 à 1960, il enseigne au notes de programme |25 un marathon de New York Ferienkurse für Neue Musik de Darmstadt tout en dirigeant, de 1955 à 1958, la revue et les concerts Incontri musicali. Professeur à la Berkshire School of Music (Tanglewood), au Mills College d’Oakland (Californie), où il côtoie Darius Milhaud, à l’Université de Harvard ou à la Julliard School of Music de New York, il crée en 1967 le Julliard Ensemble. De 1973 à 1980, il est directeur du département électroacoustique de l’Ircam, et de 1975 à 1977, directeur artistique de l’Orchestre de Chambre d’Israël et de l’Accademia Filarmonica Romana. En 1980, il crée le Centro Tempo Reale à Florence. Membre de l’American Academy of the Arts and Letters, de la Royal Academy of London, de l’Accademia del Lincei et de l’Akademie der Künste, Luciano Berio dirige la chaire de poètique Charles Eliot Norton à l’Université d’Harvard en 1993-94. George Crumb (Charleston,Virginie occidentale, 1929). Elève du Mason College of Music and Fine Arts en piano et composition, puis à l’Université du Michigan et enfin au Berkshire Music Center où il fait la connaissance de Boris Blacher qu’il suit à Berlin (1955-56). Docteur en musique (1959), il est professeur à 26 |cité de la musique l’Université du Colorado (19591964), puis compositeur en résidence à l’Université de Pennsylvanie. Sa musique, d’une concision webernienne et marquée par l’influence de Debussy et des traditions orientales, est très originale par ses sonorités. Plusieurs de ses œuvres s’appuient sur des poèmes de Federico Garcìa Lorca : Songs, Drones and Refrains of Death (1968), Night of the Four Moons (1969), Ancient Voices of Children (1970), Madrigals (1965-1969). Steve Reich (New-York, 1936). Etudie la composition à la Juilliard School puis au Mills College en Californie avec notamment Darius Milhaud et Luciano Berio. Il met au point à partir du milieu des années soixante une technique de composition fondée sur le déphasage qui le conduit à concevoir la musique comme « processus graduel ». Il introduit, au cours des années 1970, de nouvelles techniques portant sur la modification graduelle des timbres et des rythmes. Sa production des années 1980-1990 est notamment marquée par une intégration originale de la voix parlée dont les intonations sont transcrites par les instruments. Parmi ses œuvres : Piano Phase (1967), Drumming (1971), Music for 18 Musicians (1976), Tehilim (1981), u n m a r a t h o n d e N e w Yor k The Cave (1993), Three Tales/Hindenberg, acte I d’un opéra vidéo (1997). Charles Ives (Danbury, Connecticut, 1874 - New York, 1954). Il apprend la musique auprès de son père et est organiste de sa ville natale dès l’âge de quatorze ans. Il étudie entre 1894 et 1898 à l’Université de Yale. En 1898, il décide d’entrer dans les affaires, et devient ainsi, en toute indépendance, un « musicien du dimanche » qui se consacre à la composition lors de ses week-ends et vacances passées dans sa ville natale. En 1899, il fonde avec Julius Myrick une compagnie d’assurances qui devint l’une des plus importantes des Etats-Unis. Une déficience cardiaque le réduit en 1930 à un état de semi-invalidité. Son œuvre – qui a principalement été écrit entre 1900 et 1918 et qui comporte une centaine de mélodies, quatre symphonies, deux sonates pour piano, deux quatuors à cordes et un grand nombre de pièces instrumentales pour des formations diverses – n’a guère été joué avant les années 1950. notes de programme |27 un marathon de New York biographies Gérard Frémy Pianiste français né à Bois-Colombes le 12 mars 1935. Premier prix au Conservatoire de Paris dans la classe d’Yves Nat, à seize ans, il est désigné par Marcel Dupré et l’Action Française d’Action Artistique comme boursier du gouvernement soviétique. Durant trois ans il étudie au Conservatoire de Moscou dans la classe d’Heinreich Neuhaus et obtient le diplôme d’études, puis devient assistant de Neuhaus durant un an. Quarante concerts en URSS et des enregistrements pour la radio d’Etat, tel est le bilan de son séjour en Russie. Il joue ensuite dans la plupart des pays d’Europe, aux USA, et participe, depuis 1965, aux grands festivals. Lauréat de la Fondation de la 28 |cité de la musique Vocation, Gérard Frémy est aussi le porte-parole de la jeune musique : soliste des ensembles Ars Nova, Musique Vivante, il a joué pendant cinq mois avec le groupe Stockhausen à Osaka (1970). En 1985, il est nommé professeur de piano et de musique de chambre au Conservatoire de Paris. Parmi les créations qu’il a effectuées figurent des œuvres de Luc Ferrari (Société II ; Si le piano était un corps de femme ; Und so Weiter), Maurice Ohana (24 Préludes, 1973), Karlheinz Stockhausen (Pôle pour deux). Antoine Hervé, pianiste, compositeur, chef d’orchestre, directeur artistique et producteur, ne manque pas de cordes à son arc. Né à Paris le 20 janvier 1959, il débute la musique par l’étude du piano à l’âge de huit ans, puis entre au Conservatoire de Paris. Il étudie le piano avec Pierre Sancan, l’orchestration avec Marius Constant, l’écriture avec Daniel-Lesur, Henri Challan, JeanClaude Raynaud et Claude Ballif. Primé au Concours International de Jazz de la Défense, il obtient ses premiers engagements dès l’âge de quinze ans avec son orchestre. Plus tard, il crée son propre label Philoé Music sur lequel il publie Horizons en duo avec Andy Elmer, puis Trio avec M. Benita et P. Gritz. Il crée à Radio France l’orchestre BOB 13 avec lequel il enregistre et produit les albums Live in Paris et Tutti. Prix Django Reinhart de l’Académie du Jazz en 1985, Antoine Hervé est nommé en 1987 à la tête de l’Orchestre national de Jazz. Il le dirigera jusqu’en juillet 1989. Ses années de tournée à u n m a r a t h o n d e N e w Yor k travers le monde (plus de 140 concerts en grand orchestre) avec des invités prestigieux engendrent de nombreuses créations. Compositeur de la musique du ballet Tutti de Philipppe Découflé, Antoine Hervé s’intéresse également au cinéma. Il signe les arrangements de la musique du film d’Eric Rochant Un Monde sans Pitié, puis compose la musique de M.Astaire, pièce de théâtre musical de Gérard Paquet avec Dee-Dee Bridgewater. En 1990, il fonde l’association Hexameron dont le but est de promouvoir l’improvisation sous toutes ses formes, puis, suite à la rencontre avec la chanteuse turcBulgare Yildiz Ibrahimova, le Antoine Hervé Quintet avec lequel il enregistre le CD ParisZagreb. Parallèlement, il crée un certain nombre de spectacles musicaux et chorégra- phiques dont L’Opéra des Pékins avec Dominique Rebaud, Sonate d’Automne avec Anne Carrié, Mes biens chers frères dans lequel il interprète des chansons de Serge Gainsbourg et de son frère François Hervé. Il écrit Hommage à Miles Davis, concerto pour trompette, La Maison brûlée pour quatuor à cordes et Transit, pièce pour percussion et ensemble, commande de l’Ensemble Intercontemporain. Renouant avec l’esprit « duettiste », il monte un duo avec Didier Lockwood. Il collabore avec Michel Portal. En 1997, il crée Mozart, la nuit, spectacle mis en scène par Laurent Pelly, faisant intervenir 120 choristes, ainsi qu’un quartet composé des frères Moutin et Markus Stockhausen à la trompette. C’est avec ces mêmes musiciens et Arnaud Franck aux percus- sions qu’il monte un nouveau quintet à l’occasion du festival de Vienne. Concert retransmis sur M6 dans « Jazz 6 ». Passage remarqué également au Festival InterCeltique en août 1997, où il crée Les Caprices de Morgane avec 19 musiciens dont 9 traditionnels : cornemuses, bombardes, caisses-claires bretonnes et Kristen Noguès à la harpe celtique. Richard Stoltzman a fait ses études à l’Université d’état d’Ohio où il obtient les plus hautes distinctions en musique et en mathématiques. Il obtient ensuite un Master of Music à l’Université de Yale dans la classe de Keith Wilson, puis un doctorat avec Kalmen Opperman à l’Université de Columbia. Richard Stoltzman est un habitué du festival de notes de programme |29 un marathon de New York Marlboro où il a pratiqué la musique de chambre sous l’égide des grands musiciens du moment pendant 10 ans. Il fondera même l’ensemble Tashi en 1973. Depuis cette date, sa virtuosité si particulière l’a propulsé au plus niveau des solistes internationaux. Il a joué en soliste avec plus d’une centaine d’orchestres, a participé à de nombreux projets de musique jazz, et a été le premier clarinettiste à donner un récital au Hollywood Bowl et au Carnegie Hall. Il est également le premier instrumentiste à vent, en 1986, à recevoir le Avery Fisher Prize. Ses talents à appréhender la musique classique autant que le jazz l’ont amené à enregistrer avec Gary Burton, le Canadian Brass, Chick Corea, Judy Collins, Eddie Gomez, Keith Jarrett, the King Singers, Wayne Shorter, Mel Tormé… Ses relations 30 |cité de la musique avec les compositeurs de musique contemporaine lui ont donné l’occasion de créer plus d’une douzaine de concertos et de sonates pour la clarinette. Lukas Foss Pianiste, chef d’orchestre et compositeur américain, Lukas Foss fête cette année ses soixante-quinze ans. Sa formation fut multiple ; il étudie le piano et la théorie en Allemagne, à Berlin, où il est né, avec Julius Goldstein. En 1933, moment où Hitler accède au pouvoir, sa famille émigre en France où il étudie le piano avec Lazare Levy, la flûte avec Marcel Moyse et la composition avec Noël Gallon. Quatre ans plus tard, établi aux Etats-Unis, il achève ses études avec Paul Hindemith (composition) et Serge Koussevitsky (direction d’orchestre). Pierre Monteux l’en- gage comme pianiste au sein de l’Orchestre symphonique de Boston. En 1953, Foss succède à Arnold Schoenberg au poste de professeur de composition, à l’Université de Californie de Los Angeles. Figure forte de l’Amérique musicale des années cinquante, il dirige de nombreuses formations et se consacre très tôt à l’improvisation, au sein d’un ensemble de musique de chambre, puis en créant à Buffalo le Centre pour les arts de création et de reproduction. Marquée à ses débuts par un néoclassicisme à la Aaron Copland, son œuvre se nourrit à partir de 1960 du sérialisme (Time cycle), de procédés aléatoires mêlés au happening (Elytres, Les Fragments d’Archiloque, Pour 24 vents) et de théâtre musical (Paradigm 68). Dans sa récente partition Night music for John Lennon, pour u n m a r a t h o n d e N e w Yor k cuivres et orchestre, Foss, à l’image d’un Brahms admirant la fraîcheur des valses de Strauss, proclame son amour pour une musique « authentiquement juvénile, le rock. » Michael Gielen Né à Dresde en 1927, Michael Gielen quitte l’Allemagne pour l’Argentine en 1940. Il étudie la philosophie, le piano, la théorie musicale et la composition à Buenos Aires. Répétiteur au Teatro Colon en 1947, il est engagé au Wiener Staatsoper en 1950 et ne cesse dès lors de diriger : l’Opéra de Stockholm, l’Opéra de Francforf (1977-87), des Pays-Bas, mais aussi l’Orchestre national de Belgique, le BBC Symphony Orchestra... De 1987 à 1995, il dirige la classe de direction d’orchestre au Mozarteum de Salzbourg. A partir de 1986, il est le chef permanent de l’Orchestre symphonique du Südwestfunk. Il quittera cette fonction en 1999 et deviendra alors principal chef invité, poste qu’il partagera avec Hans Zender. Parmi ses œuvres : Ein Tag tritt hervor (1963), « die glocken sind auf falscher spur » (1969), Streichquartet (1983), Pflicht und Neigung (1989), Sonate pour violoncelle (1991). Paul Meyer Né à Mulhouse en 1965, Paul Meyer étudie au Conservatoire de Paris et à la Musikhochschule de Bâle. Lauréat du Young Concert Artists Competition en 1984, Il est depuis l’interprète d’une centaine de concertos classiques et contemporains. Paul Meyer se produit aussi avec Barbara Hendricks, Maria Joao Pires, Gidon Kremer, JeanPierre Rampal, Mstislav Rostropovitch, Isaac Stern, et différents ensembles dans un répertoire de musique de chambre. Parallèlement à sa carrière de clarinettiste, il s’intéresse aussi à la direction d’orchestre. Robin Gritton Pianiste, violoncelliste et chanteur dans les BBC Singers et le John Alldis Choir avant de se consacrer à la direction, Robin Gritton est nommé chef du Chœur de la Radio Néerlandaise en 1980. Il dirige depuis 1992 le Chœur de la NDR et depuis 1994 le Chœur de la Radio de Berlin avec lesquels il interprète un répertoire qui s’étend de la musique de la Renaissance au Solomon de Haendel, à L’Enfance du Christ de Berlioz, aux Vêpres de Rachmaninov et aux œuvres contemporaines de Berio, Messiaen, Stockhausen ou Xenakis. notes de programme |31 un marathon de New York Chœur de la Radio de Berlin Créé en 1923 avec la première radio allemande, le Chœur de la Radio de Berlin renaît en 1945 sous l’impulsion de Helmut Koch avec lequel il interprète régulièrement différents oratorios de Haendel. Sous la direction de Heinz Rogner,Wolf-Dieter Hauschild et Dietrich Knothe, la formation devient l’une des plus demandées dans toute l’Europe de l’Est. Depuis la chute du mur, le chœur s’est produit sous la direction de Claudio Abbado, Daniel Barenboim, Pierre Boulez ou Georg Solti. Robin Gritton assure les fonctions de chef principal depuis 1994. Orchestre Symphonique du Südwestfunk Fondé en 1946, grâce aux autorités françaises d’occupation et à la ténacité d’Heinrich Strobel, 32 |cité de la musique l’Orchestre symphonique de la Radio de Baden-Baden, SWF, a toujours eu pour mission de porter à la connaissance du public les musiques de notre temps. Dirigé depuis 1986 par Michael Gielen et associé aux Donaueschinger Musiktage, il a été confronté aux styles des principaux chefs et compositeurs de l’après-guerre. Régulièrement invité par le Festival d’Automne à Paris, il y interprète notamment Holliger, Kurtág, Lachenmann, Nunes, Zimmermann. Depuis septembre 1996, l’orchestre est en résidence permanente dans le nouveau Konzerthaus de Freiburg en Breisgau. A partir de 1999, Sylvain Cambreling sera chef permanent, Michael Gielen et Hans Zender étant les principaux chefs associés. Jeff Cohen Né à Baltimore (USA), Jeff Cohen obtient les prix de piano et de musique de chambre au Conservatoire de Paris dns les classes de Reine Gianoli et Geneviève Joy, avant de poursuivre sa formation auprès de Leon Fleisher aux Etats-Unis et Peter Feuchtwanger en Angleterre. Chef de chant à l’Opéra de la Monnaie à Bruxelles, professeur à l’Ecole d’Art Lyrique de l’Opéra de Paris, puis responsable musical au Théâtre du Châtelet, il poursuit sa carrière en se produisant avec de nombreux artistes tels que John Aler, June Anderson, Cecilia Bartoli, Jean-Paul Fouchécourt, Véronique Gens, Ivry Gitlis, Ida Haendel, François Le Roux, Noël Lee, Ute Lemper, Pierre Lenert et Mady Mesplé. Il enregistre plusieurs u n m a r a t h o n d e N e w Yor k disques : des mélodies de Duparc, Fauré, Hahn et Gounod avec François Le Roux ; au pianoforte, des Lieder de Mozart avec Véronique Dietschy ; des chansons de Kurt Weill et de cabaret avec Ute Lemper... Il est directeur artistique pour les enregistrements des œuvres de Brunneau et de Roussel avec Jacques Mercier ; des cantates de Scarlatti avec l’Ensemble Gradiva ; les sonates pour viole de gambe de JeanSébastien Bach avec Marianne Muller et J. Willem Jansen. En qualité de chef de chant, il travaille avec Sir Georg Solti, Christopher Hogwood et Michel Plasson. Jeff Cohen dirige l’orchestre de l’Opéra de quat’sous mis en scène par Giorgio Strehler, assiste Myung-Whun Chung pour Otello à l’Opéra Bastille, collabore avec Patrice Chéreau pour Hamlet et Lucio Silla, et joue dans Impressions de Pelléas de Peter Brook et avec Fanny Ardant dans Masterclass, mise en scène de Roman Polanski. Peggy Bouveret A la suite de ses études universitaires accomplies aux EtatsUnis, Peggy Bouveret perfectionne l’art du chant en Europe, notamment à Londres, à la Guildhall School of Music, puis au Covent Garden London Opera Centre. Sa carrière internationale débute au Metropolitan Opera de New York par le rôle de Mimi dans La Bohème de Puccini et se poursuit sur les plus grandes scènes d’opéra. Elle se produit régulièrement lors de nombreux récitals et concerts de musique contemporaine. De grands chefs la dirigent tels que James Levine, Manuel Rosenthal, Sylvain Cambreling, Julius Rudel,Vittorio Negri, Giuseppe Patane, Jeffrey Tate... Le Metropolitan Opera fait toujours appel à elle pour des rôles souvent difficiles, comme celui de Thérèse dans Les Mamelles de Tirésias ou Jenny dans Mahagonny. Du théâtre musical au concert, au récital à l’opéra, l’activité diversifiée de Peggy Bouveret fait d’elle une artiste complète. Carol Robinson a été formée comme clarinettiste au Conservatoire d’Oberlin aux EtatsUnis. En 1979 elle vient en Europe étudier avec Michel Portal. Elle joue dans de grandes formations, se produit en formation musique de chambre mais se spécialise dans la création contemporaine. Elle crée de nombreuses œuvres en travaillant notamment avec Giacinto Scelsi. Son notes de programme |33 un marathon de New York intérêt pour le théâtre l’incite à travailler avec, entre autres, Georges Aperghis (Enumérations, Atem Paris), le Grupo Accion Intrumentale (Hystérie - Theater am Turm, Francfort et l’Empire de Dadi Palais de Chaillot, Paris), Joëlle Léandre (Silences - Théâtre de la Bastille, Paris) Lambert Wilson (Les Caprices de Marianne Théâtre des Bouffes du Nord, Paris), et Stanislas Nordey (Un Etrange Voyage Théâtre de la ville, Paris). Animée par une vision personnelle du théâtre musical, elle écrit et dirige ses propres spectacles : Le Ruban Rouge (Festival du Théâtre Français, Sarrebruck), C-Show (Centre Georges Pompidou, Paris), Warum eine Klarinette ? (Theater am Turm, Francfort), Lila (Théâtre de la Bastille, Paris), Foule Etroite (Festival Musiques en Scène, Lyon), Piste 34 |cité de la musique (Festival of Musical Action,Vilnius). Pierre Gillet est actuellement cornet solo de l’Orchestre du Théâtre National de l’Opéra de Paris et soliste de l’Ensemble Ars Nova Musique en Scène. Il est par ailleurs membre de l’ensemble de trompettes de Paris Eutépé, directeur musical de l’Orchestre de cuivres de Paris et professeur au conservatoire du xxe arrondissement de Paris. Benny Sluchin a fait ses études musicales au Conservatoire de Tel-Aviv, sa ville natale, et à l’Académie de musique de Jérusalem. Il suit des cours de trombone avec M. Grabler et M. Ostrowski. Parallèlement il étudie les mathématiques et la philiosophie à l’Université de TelAviv et obtient un « Master of Science » avec distinction. Il joue d’abord à l’Orchestre Philharmonique d’Israël pendant deux ans avant d’occuper, quatre ans durant, le poste de co-soliste à l’Orchestre Symphonique de Jérusalem. Une bourse du Gouvernement allemand le mène à Cologne où il travaille avec Vonko Globokar. Depuis 1976, il fait partie de l’Ensemble Intercontemporain. Il joue les œuvres les plus représentatives du trombone contemporain et participe à de nombreuses créations de pièces solistes (Iannis Xenakis,Vinko Globokar, Gérard Grisey, Pascal Dusapin, Frédérick Martin, Luca Francesconi, Elliott Carter...). Parallèlement, il prend part aux recherches acoustiques de l’Ircam et achève une thèse de Doctorat en mathématiques. Il est l’auteur de plusieurs articles et ouvrages pédago- u n m a r a t h o n d e N e w Yor k giques dont notamment Contemporary Trombone Excerpts et Jeu et chant simultanés sur les cuivres, primés par le Prix Sacem 1996 de la Réalisation Pédagogique. Marc Marder a fait ses débuts au Festival de Marlboro où, à partir de 1975, il a joué notamment auprès de Paul Tortelier et Sandor Vegh, tout en étant le plus jeune membre de l’Orchestre du Festival Casals (Mexico). Nommé en 1978 contrebasse solo de l’Ensemble Intercontemporain, il travaille durant deux ans sous la direction de Pierre Boulez et participe ainsi aux festivals de La Rochelle et de Donauschingen, ou aux « Proms Concerts » de Londres. Retourné aux Etats-Unis, il se retrouve comme basse solo l’Orchestre du festival « Mostly Mozart » de New York, puis revient en France où il intègre l’Orchestre national de France. C’est à la suite d’une tournée de musique de chambre en Amérique qu’il décide d’aborder en indépendant les activités et les répertoires les plus variés. Interprète et créateur multiforme, Marc Marder a donné en première mondiale des œuvres de Donatoni, Aperghis,Taïra, Betty Olivero, Dao ; joué West Side Story à Broadway et le tango argentin à Paris et New York ; participé au Montreux jazz festival en Suisse ; abordé la musique baroque au sein de la Grand Ecurie et la Chambre du Roy avec JeanClaude Malgoire et de l’Ensemble Mosaïques avec Christophe Coin ; enseigné la contrebasse au Conservatoire National Supérieur de Lyon de 1984 à 1993 et depuis 1996 la musique de chambre au Conservatoire de Paris ; accompagné la chanteuse Ingrid Caven et fait équipe en musique de chambre avec Rudolf Serkin, Peter Serkin, Felix Galimir, Sandor Vegh,YoYo Ma, Janos Starker, Gidon Kremer, Shlomo Mintz, les Quatuors Hagen et Arditti, Hatto Beyerle, Alain Planès, l’Ensemble Amadeus, Maurice Bourgue, Paul Tortelier... Auteurs de plusieurs pièces de concert et de nombreuses musiques de scène et de film (notamment Sidewalk Stories, long métrage muet de Charles Lane, pour lequel il a remporté le Preis der Deutschen Schallplattenkritik de la meilleure musique de film en 1990 et Les Gens de la Rizière de Rithy Panh, dans la sélection officielle du Festival de Cannes, 1994), il est dessinateur à ses heures et a publié un ouvrage en lithographie, WhileYou Were Out, maintenant dans les collections notes de programme |35 un marathon de New York permanentes du Musée d’Art Moderne (MOMA) de New York et la Bibliothèque de Dresde. Jeanne-Marie Conquer obtient en 1980 le premier prix de violon du Conservatoire de Paris. Après avoir suivi le cycle de perfectionnement elle entre à l’Ensemble Intercontemporain en 1985, elle est également membre du Quatuor de l’Ensemble Intercontemporain. Elle vient d'enregistrer la Sequenza VIII pour violon de Luciano Berio chez Deutsche Grammophon. Hae Sun Kang, née à Pusan (Corée du Sud), débute le violon à l'âge de 3 ans et poursuit ses études au Conservatoire de Paris dans les classes de Christian Ferras (violon) et Jean Hubeau (musique de chambre). Elle obtient 36 |cité de la musique un premier prix de violon et de musique de chambre puis effectue au sein du Conservatoire un 3e cycle de perfectionnement.Titulaire du diplôme supérieur de concertiste de l’Ecole Normale de Musique de Paris, elle travaille avec Félix Galimir, Franco Gulli, Wolfgang Schneiderhan, Josef Gingold et Yehudi Menuhin. Lauréate des concours internationaux de violon à Munich, Montréal, Rodolfo Lipizer en Italie, Carl Flesch en Angleterre,Yehudi Menuhin à Paris et premier violon solo de l’Orchestre de Paris de 1993 à 1994, Hae Sun Kang s’est produite en récital et en soliste en France et à l’étranger. Elle crée Quad de Pascal Dusapin en mars 1996 au Châtelet. Elle entre à l’Ensemble Intercontemporain en février 1994. Christophe Desjardins Né en 1962, Christophe Desjardins est l’élève de Serge Collot au Conservatoire de Paris, où il obtient le premier prix d’alto en 1983, avant de se perfectionner à la Hochschule für Musik de Berlin auprès de Bruno Giuranna. Lauréat du Concours International Maurice Vieux en 1986, il est alto solo au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles et travaille avec le quatuor à cordes du même orchestre. En 1990, il crée Surfing de Philippe Boesmans. Christophe Desjardins est membre de l’Ensemble Intercontemporain depuis 1990. Jean-Guihen Queyras, né à Montréal en 1967, prend sa première leçon de violoncelle à l’âge de neuf ans. Il entre quatre ans u n m a r a t h o n d e N e w Yor k plus tard au Conservatoire de Lyon, qu’il quittera avec le premier Prix et la Mention Spéciale du jury.Tout en poursuivant ses études à New-York et en Allemagne, successivement à la Julliard School et au Mannes College, qui lui décerne le Master’s Degree et un « Prix d'Excellence », il remporte en 1986 le prix du Meilleur Jeune Espoir au concours Rostropovitch et le troisième prix au concours de Munich. La fondation de la Vocation, la fondation Maurice Ravel, la fondation Parke-Davis en Allemagne et le concours international d’Helsinki le récompensent également. Jean-Guihen Queyras a participé à de nombreux festivals en Europe et aux EtatsUnis, et s’est produit en soliste avec, notamment, l’Orchestre de la Radio de Munich, l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, la Philharmonie Morave sous la direction de Lord Yehudi Menuhin. Il entre à l’Ensemble Intercontemporain en 1990. Benoît Fromanger Né à Paris, Benoît Fromanger étudie la flûte au CNR de Versailles dans la classe du regretté Roger Bourdin. Il y obtient les premiers prix de flûte et musique de chambre. Il poursuit au Conservatoire de Paris où il obtient également ses premiers prix, l’un dans la classe d’Alain Marion, l’autre dans la classe de Maurice Bourgue. Il est par la suite lauréat d’importants concours internationaux ainsi que de la Fondation Paribas. Engagé très jeune par l’orchestre du Capitole de Toulouse puis par l’Opéra de Paris comme « super soliste », son intérêt pour l’orchestre et sa curiosité l’emmèneront hors de nos frontières puisqu’il sera engagé également comme super soliste par l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise (Directeur : L. Maazel). Pendant ce parcours, Benoît Fromanger a l’occasion d’enrichir ses connaissances musicales et d’être dirigé par des chefs tels que : L. Bernstein, B. Haïtink, Z. Mehta, C.M. Guilini, D. Barenboim, P. Boulez, C. Davis, G. Solti,... Parallèlement, il joue en soliste dans le monde entier accompagné d’orchestres tels que : La Symphonia de Picardie, l’Orchestre de chambre de Rouen, l’Orchestre de chambre d’Auvergne, le Capitole de Toulouse, l’Opéra de Paris, les Solistes de France, l’Orchestre de chambre Bernard Thomas, les Archets notes de programme |37 un marathon de New York de Paris, l’Orchestre KBS de Séoul, les « Baroques Solistes » de Munich, etc... Jérôme Voisin Après une médaille d’or au CNR de Tours (1989) dans la classe de Didier Delettre, Jérôme Voisin obtient son Diplôme National d’études supérieures de Musique au CNSM de Lyon dans les classes de Jacques Di Donato et Robert Bianciotto (1993). Il entre ensuite au Conservatoire de Paris en cycle de perfectionnement dans la classe de Pascal Moraguès. Il est par ailleurs lauréat de plusieurs concours internationaux à Rome (1992), Prague (1996) et Toulon (1997), et se produit régulièrement dans différents festivals de musique de chambre (Festival des Abbayes, Musique en Scène, 38èmes Rugissants, Rencontres musicales de l’Est tourangeau, Musique en pays 38 |cité de la musique d’Auge, Festival de musique française de Laon). Jérôme Voisin est depuis 1997 clarinette basse solo de l’Orchestre Philharmonique de Radio France. Alexei Lubimov est né en 1944 à Moscou et commence ses études à la Central Music School de sa ville natale. A partir de 1963, il étudie au Conservatoire où il est un des derniers étudiants de Heinrich Neuhaus. Passionné par la musique contemporaine, il se fait remarquer en 1968 en jouant à Moscou des œuvres de John Cage et Terry Riley. Il continuera à faire connaître dans son pays des compositeurs tels que Schönberg,Webern, Stockhausen, Boulez, Ives et Ligeti et il fait les créations mondiales des compositeurs soviétiques : Schnittke, Gubaidulina, Silvestrov, Part... Il fonde à Moscou un festival de musique contemporaine et d’avant-garde « Alternativa » dont il est le directeur artistique. Pendant de nombreuses années Alexei Lubimov n’eut pas le droit de sortir de son pays. C’est pendant cette période qu’il a développé son intérêt pour les instruments d’époque. Il crée en 1965 le Quatuor Baroque de Moscou et donne les toutes premières auditions sur pianoforte d’œuvres de Mozart et Haydn. Il fonde également avec Tatiana Grindenko un ensemble baroque l’« Académie de Chambre de Moscou ». A partir de 1987, il peut rejouer à l’étranger et l’Europe le découvre dans ses multiples spécificités : il joue alors aussi bien sur instruments anciens que sur piano moderne. Il fait ses débuts aux Etats-Unis u n m a r a t h o n d e N e w Yor k en 1991 avec le Classical Band sous la direction d’Andrew Parrott au Lincoln Center. Puis c’est à Los Angeles qu’il se produit en 1993 avec Salonen et plus tard en février 1994 avec le Toronto Symphony. Il retourne en Amérique du Nord chaque saison et donne en octobre 1997 à New York sous la direction de Jukka-Pekka Saraste le 4e Concerto de Rachmaninov. Damien Petitjean Né à Besançon en 1972, Damien Petitjean effectue ses études musicales à l’Ecole nationale de musique de SaintEtienne. Admis au Conservatoire de Paris, il obtient un premier prix à l’unanimité en 1996 dans la classe de Jacques Delécluse et Jean Geoffroy. Il entre en octobre 1996 en cycle de perfectionnement dans la classe de Jacques Delécluse. Il participe à de nombreux concerts tant en soliste qu’en formations de chambre. Membre du quatuor « Percussions d’Aujourd’hui », il effectue des tournées d’animation sous l’égide des Jeunesses Musicales de France. Parallèlement, il se produit au sein de formations prestigieuses comme l’Orchestre de Paris, l’Ensemble Intercontemporain, l’Orchestre des Concerts Lamoureux. En 1997, Damien Petitjean est finaliste au concours international de Münich. Quatuor à cordes Diotima Formé en 1994, le quatuor Diotima a pour ambition de défendre aussi bien le répertoire classique, romantique et moderne que les œuvres écrites aujourd’hui. A ce titre, il a obtenu le Kranichsteiner Musikpreis du Festival de Darmstadt 1994, et crée les deux quatuors de Brice Pauset au cours du Festival d’Automne à Paris en 1996. Le quatuor Diotima est admis en cycle de perfectionnement au Conservatoire de Paris en 1996 dans la classe de Jean Sulem. Son nom est un hommage à Luigi Nono dont le quatuor Fragmente, Stille est dédié à l’héroïne du poète allemand Friedrich Hölderlin : Diotima. technique cité de la musique Noël Leriche Olivier Fioravanti régie générale Christophe Gualde Jean-Marc Letang régie plateau Marc Gomez régie lumières technique EIC Jean Radel technique Ircam Frédéric Prin régie son notes de programme |39