LE TELEPHONE PORTABLE par Claude PERRIN
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LE TELEPHONE PORTABLE par Claude PERRIN
LE TELEPHONE PORTABLE par Claude PERRIN LE TELEPHONE PORTABLE par Claude PERRIN ALS et Institut Grand-Ducal (Luxembourg 17 octobre 2004) 21 LE TELEPHONE PORTABLE (Claude PERRIN) Le téléphone portable Il envahit notre vie quotidienne, fait partie du spectacle de la rue, des halls de gare, voire des endroits où il n’aurait jamais du acquérir droit de cité. C’est un bon indicateur du degré d’éducation d’un individu. Susceptible du meilleur et du pire, il permet de dépêcher d’urgence une ambulance sur les lieux d’un accident de la route dont il est, par ailleurs, le responsable. Cet ustensile est la parfaite image de notre société actuelle : à peine sorti du statut de gadget connu des amateurs de science-fiction, il a envahi notre vie quotidienne, faisant partie du spectacle de la rue, des halls de gare, voire des endroits où il n’aurait jamais du acquérir droit de cité comme le restaurant. Il donne naissance à ce qu’on appelle aujourd’hui l’extimité, c’est à dire l’exposé à haute voix et en public des problèmes les plus intimes. Les brouillages prévus dans certains lieux y mettront le holà ! Illustration de la fameuse langue de l’apologue d’Esope, langue dont il est le prolongement, tout comme il est celui de l’oreille, cet appareil est susceptible du meilleur et du pire, nous permettant de dépêcher d’urgence une ambulance sur les lieux d’un accident de la route dont il est, par ailleurs, le responsable. C’est par l’intermédiaire d’un portable qu’ont été opérées les mises à feu des explosifs qui ont tué plus de 200 personnes en mars 2004 en Espagne, à la gare d’Atocha, mais, c’est aussi par des messages S.M.S qu’a pu être réalisé quasi instantanément le rassemblement dans la rue de millions de madrilènes pour protester contre ces attentats. Le portable s’intègre tout à fait dans les critères d’une drogue, et on peut lui en appliquer la terminologie : dépendance, tolérance et nocivité. Introduit chez les jeunes parfois par souci légitime de sécurité des parents , il est susceptible de toutes les dérives, cependant qu’on peut appliquer aux opérateurs le vocabulaire de rigueur chez les dealers ! En juin 2003, Rainer Neumann, président de la Schufa, un observatoire allemand des impayés, s’alarmait de «l’insouciance avec laquelle les jeunes utilisaient leur téléphone portable sans s’occuper des coûts», le nombre de personnes agées de 20 à 24 ans ayant contracté des dettes ayant augmenté d’un tiers pour atteindre 174 000 personnes, les options proposées par les opérateurs de téléphones portables contribuant pour une large part à cette augmentation. L’ampleur du phénomène est tout simplement fabuleuse : il y a actuellement près de 40 millions de portables en France, ce qui dépasse largement le nombre de postes fixes. Les opérateurs se disputent ce marché juteux et 30 000 antennes relais inondent nos paysages, surmontant parfois des édifices où leur implantation est discutable : écoles, crèches, hôpitaux. Chaque antenne relais couvre une portion de territoire constituant une «cellule», d’où le nom de téléphonie cellulaire. ALS et Institut Grand-Ducal (Luxembourg 17 octobre 2004) 22 Comble de la consécration, le portable figure au firmament du vol à l’arraché et fait l’objet, à ce titre, d’un juteux commerce clandestin ! Danger lié à l’exposition aux ondes électro-magnétiques Les radio-fréquences utilisées vont de 400 MHz à 800 MHz pour la téléphonie mobile et de 900 MHz à 1 800 MHz pour le G.S.M. (Global System for Mobile communications). Le champ électrique créé par l’émission de ces ondes peut pénétrer dans les tissus et y déterminer des effets biologiques , déplaçant les charges libres comme les ions, orientant les molécules polarisées comme les acides aminés. La viscosité du milieu s’opposant à ces actions, il en résulte un effet thermique indirect qui est majoré si l’émission électromagnétique est forte (téléphone loin de l’antenne émettrice ou isolé, quand l’utilisateur se trouve dans un édifice à carcasse métallique…). Le danger lié à l’exposition aux ondes électromagnétiques. Tout courant électrique, tant celui qui circule dans les lignes à haute tension, que celui qui alimente les appareils électroménagers, engendre un champ électrique et un champ magnétique. Alors qu’on se protège facilement du premier, qui se mesure en volts par mètre, et qu’arrête pratiquement n’importe quel obstacle, le second, lié à l’intensité du courant qui circule, génère à son tour, lors de ses variations d’intensité, un courant électrique dans tout conducteur et notamment le corps humain. L’intensité du champ magnétique et sa fréquence ont donc un rôle déterminant pour d’éventuels effets biologiques qu’il serait indécent de passer sous silence. Le degré de maturité des tissus vivants, leur croissance et, par conséquent leur taux de mitoses cellulaires (stade de fragilité et d’instabilité) peut les rendre plus vulnérables, de même que leur taux d’absorption, ce qui rend préoccupant l’essor de l’utilisation de ce matériel à proximité du crane d’un enfant. Un rapport au Directeur général de la Santé sur ce sujet est paru le 16 janvier 2001. Sur le plan physique, les téléphones mobiles utilisent les radio-fréquences micro-ondes dont la gamme s’étend de 300 MHz à 3 GHz et plus spécialement, de 400 MHz à 800 MHz pour la téléphonie mobile et de 900 MHz à 1 800 MHz pour le G.S.M.(Global System for Mobile communications) Danger lié à l’exposition aux ondes électro-magnétiques La puissance d’émission des téléphones est limitée au maximum à 2 W pour le GSM 900 (Itineris et SFR) et à 1 W pour le système GSM 1800 (Bouygues). La puissance maximale du champ se situe à 2-3 cm et décroît très rapidement avec la distance. Cette puissance subit un pic lors de la connexion de l’utilisateur avec son correspondant. Il en est de même si l’utilisateur prend le relais de plusieurs antennes successives lorsqu’il se déplace. Le champ électrique créé par l’émission de ces ondes, bien qu’en partie réfléchi, peut pénétrer dans les tissus et y déterminer des effets biologiques, déplaçant les charges libres comme les ions, orientant les molécules polarisées comme les acides aminés. La viscosité du milieu s’opposant à ces actions, il en résulte un effet thermique indirect. Cet effet est majoré si l’émission électromagnétique est forte : c’est le cas quand le téléphone est loin de l’antenne émettrice, ou en est isolé, en cage de Faraday par exemple, quand l’utilisateur se trouve dans un édifice à carcasse métallique. Quoi qu’il en soit, la puissance d’émission des téléphones est limitée à 2 W maximum pour le GSM 900 (Itineris et SFR) et 1 W maximum pour le système GSM 1800 (Bouygues). La puissance maximale du champ se situe à 2-3 cm et décroît très rapidement avec la distance. Cette puissance subit un pic lors de la connexion de l’utilisateur avec son correspondant. Il en est de même si l’utilisateur prend le relais de plusieurs antennes successives comme c’est le cas s’il téléphone en se déplaçant, notamment en voiture, ou dans le train. Chaque changement de relais s’accompagnera d’un nouveau pic de puissance. ALS et Institut Grand-Ducal (Luxembourg 17 octobre 2004) 23 Danger lié à l’exposition aux ondes électro-magnétiques Les dangers résultant de l’exposition aux radio fréquences émises par les téléphones portables ne sont pas clairement établis. Ceux dus à l’échauffement, surtout sur des structures en cours d’évolution comme les structures cérébrales d’un enfant, doivent faire l’objet de recherches qui prendront du temps. Les effets non thermiques sont encore plus hypothétiques. Chez les enfants, risque ultérieur de cumul tout au long de la vie, risque d’autant plus grand que l’utilisation aura commencé plus tôt. Les dangers résultant de l’exposition aux radio fréquences électro-magnétiques émises par les téléphones portables ne sont pas clairement établis. Ceux dus à l’échauffement, surtout sur des structures en cours d’évolution comme les structures cérébrales d’un enfant, doivent faire l’objet de recherches qui prendront du temps (tumeurs, effets auditifs, céphalées, maladies du SNC). Les effets non thermiques sont encore plus hypothétiques. L’atteinte de la barrière hémo-encéphalique, avec, à la clé, augmentation du passage dans les tissus cérébraux des toxiques qu’elle est normalement chargée d’endiguer, a été évoquée. Il n’est pas jusqu’au risque d’atteinte directe des filaments d’ ADN avec, pour conséquence développement de cellules immatures et parmi elles de cellules multi-nuclées, autant dire d’état prénéoplasique qui n’ait été avancé par certaines équipes scientifiques indépendantes. D’âpres discussion entre experts, portant notamment sur les conditions expérimentales et la méthodologie adoptées, ne permettent actuellement de conclure ni sur la réalité des risques ni sur l’innocuité. Et encor moins de chiffrer ce risque ! En fait, chez les enfants, il y a risque ultérieur de cumul tout au long de la vie, risque d’autant plus grand que l’utilisation aura commencé plus tôt. Danger lié à l’exposition aux ondes électro-magnétiques Des experts redoutent que, malgré un risque individuel très faible, le nombre très élevé d’utilisateurs de téléphone mobile n’induise pour l’avenir un risque potentiel d’impact sanitaire collectif élevé. Actuellement, on ne dispose pas de mesures permettant d’édicter des normes de valeurs susceptibles d’atténuer des risques encore hypothétiques. Les experts s’en tiennent donc à des recommandations qui ressortent du principe de précaution, à commencer par des mesures d’ évitement prudent dont nous avons indirectement fait mention. Pour les enfants, recommandation d’usage modéré. Le seul réel danger, stigmatisé par les experts, est l’utilisation du mobile lors de la conduite automobile, car c’est un réel facteur de risque d’accident. Même si le risque individuel est très faible, le nombre très élevé d’utilisateurs de téléphone mobile induit pour l’avenir un risque potentiel d’impact sanitaire collectif élevé, qu’on peut comparer,(du strict point de vue statistique) par exemple au risque carcinologique thyroïdien généré par la catastrophe de Tchernobyl. Mais, on ne dispose pas actuellement de mesures permettant d’édicter des normes de valeurs susceptibles d’atténuer des risques encore tenus pour hypothétiques. Les experts s’en tiennent donc à des recommandations qui ressortent du principe de précaution, à commencer par des mesures d’évitement prudent. Pour les enfant, justement, la recommandation d’usage modéré s’impose, mais l’angle sous lequel nous abordons aujourd’hui ce sujet montrera la difficulté d’application d’une telle mesure. Aux industriels, les experts recommandent, s’en étonnera-t’on ! de réduire les niveaux d’émission des mobiles au plus bas. S’entourant de commissions d’experts à leur solde et dont la mission essentielle est de fournir aux médias un argumentaire lénifiant teinté de vernis scientifique, les constructeurs, obnubilés par un marché planétaire de près d’un milliard d’utilisateurs, restent sourds à tout langage les invitant à un peu de retenue ! ALS et Institut Grand-Ducal (Luxembourg 17 octobre 2004) 24 Des Règles de prudence s’imposent et tout spécialement chez l’enfant : • N’utiliser le téléphone que dans de bonnes conditions de réception, ce qui s’affiche sur l’écran par le nombre de «barettes». Dans le cas contraire, l’appareil est obligé de monter en puissance, ce qui est préjudiciable. Le corollaire de cette affirmation est qu’il vaut mieux ne pas téléphoner dans un parking, un véhicule, un ascenseur, tous lieux jouant le rôle de cage de Faraday et obligeant l’appareil à augmenter sa puissance (de 100 à 1000 fois !). • Le danger est accru quand on téléphone d’un véhicule en déplacement rapide, la succession de branchements à la station-relais la plus proche, créant à chaque fois un pic de puissance. • En toutes circonstances, l’emploi de l’oreillette doit être systématiquement préféré. • Éviter la proximité d’un portable en veille avec le ventre d’une femme enceinte ou le bas ventre d’un adolescent des deux sexes : tous les tissus en voie de développement doivent absolument être protégés de ce genre de proximité. La recommandation est valable pour les stimulateurs cardiaques, les pompes à insuline, les neurostimulateurs, dont il vaut mieux éviter la proximité avec un portable en veille, susceptible d’avoir par interférence un effet sur leur fonctionnement. Dans ces cas là, le portable au poignet sera peut-être la solution. Le porteur de pacemaker ne doit pas garder son appareil en veille au contact thoracique du côté de son stimulateur. Lors des communications il faut tenir l’appareil du côté opposé à l’implant. • Inciter les enfants à une «consommation modérée» de ce matériel, et toujours avec oreillette. Certains vont jusqu’à proposer de restreindre à trois minutes maximum chaque communication avec un écart de plus d’une heure et demie entre chaque communication ! Une telle restriction permettrait de réduire à l’essentiel l’échange d’informations. Un danger immédiat et sans équivoque, stigmatisé par les experts, est bien l’utilisation du mobile lors de la conduite automobile, car c’est un réel facteur de risque d’accident, et nous y reviendrons plus loin. Côtés positifs du téléphone portable On ne peut pas oublier que la téléphonie mobile est aussi un facteur de sécurité sanitaire. La rapidité des alertes (accidents, feux, autres dangers…) et l’efficacité des secours, sont considérablement améliorés par le portable, qui a déjà sauvé de nombreuses vies dans le monde. L’évaluation de ces deux aspects s’intègre dans la balance des risques, s’ils sont réels, et des avantages. Pour conclure ce chapitre qui pourrait apparaître un peu noir, nous n’aurons garde d’oublier que la téléphonie mobile est aussi un facteur de sécurité sanitaire. La rapidité des alertes en cas d’accidents, de feux, ou d’autres dangers, et l’efficacité des secours, sont considérablement améliorés par la large diffusion de cette technologie, qui a déjà sauvé de nombreuses vies dans le monde. L’évaluation de ces deux aspects s’intègre dans la balance des risques, s’ils sont réels,. et des avantages. Le portable, une drogue ? Le portable fait partie des incontournables impedimenta que l’on veut avoir avec soi, toujours et partout, pouvoir appeler qui on veut, n’importe où et n’importe quand. Pour quoi dire ? On ne le sait, s’épancher, faire part de ses états d’âme. C’est une sorte de quête de communication sans but et sans objet , assez révélatrice du malaise de notre société et de la fragilité de nos contemporains. Les affligeants échanges, témoignent autant de l’indigence intellectuelle que des préoccupations les plus dérisoires, sans la moindre retenue. Les échanges écrits impliquaient un minimum d’élaboration et de construction qui font ici totalement défaut. Ce mode de communication paraît devoir leur asséner le coup de grâce. ALS et Institut Grand-Ducal (Luxembourg 17 octobre 2004) 25 Le portable, une drogue ? A partir de quand un produit, par ailleurs d’une incontestable utilité et qui peut rendre d’inestimables services, peut-il être considéré comme une drogue ? Il n’est pas question de nier ce que peut apporter un échange rapide obtenu grâce à cet incomparable moyen de communication : une précision technique indispensable, une modification de programme, un contretemps signalé pour éviter l’inquiétude de proches, la déclaration aux autorités compétentes d’un incident, accident, sinistre auquel il faut rapidement apporter remède et secours. En termes clairs, précis et concis, cela se réduit à un échange de courte durée à haut degré informatif. L’appelant sait ce qu’il a à dire et le fait brièvement, ce qui se passe couramment en navigation fluviale, maritime ou aérienne, où les échanges portent uniquement sur l’action en cours, c’est à dire la navigation. Ce n’est pas le cas de ce que nous observons habituellement : le portable fait partie des incontournables impedimenta dont il est indispensable de se munir en toutes circonstances et impensable de se séparer. On veut l’avoir avec soi, toujours et partout, pouvoir appeler qui on veut n’importe où et n’importe quand. Pour quoi dire ? On ne le sait, s’épancher, faire part de ses états d’âme, c’est une sorte de quête de communication sans but et sans objet, assez révélatrice du malaise de notre société et de la fragilité de nos contemporains. Point n’est besoin d’être indiscret pour être au fait des affligeants échanges, témoignant autant de l’indigence intellectuelle que des préoccupations les plus dérisoires. Et cela sans la moindre retenue. Les échanges écrits impliquaient un minimum d’élaboration et de construction qui font ici totalement défaut. Ce mode de communication paraît devoir leur asséner le coup de grâce. Le portable est une drogue ! L’habitude se prend très vite d’une consommation à haute dose du portable, impossible à réduire sous peine d’état de manque. Le geste téléphonique est devenu automatique, réflexe pour un oui ou un non : il s’agit bien là d’une drogue nouvelle. Elle est là pour aider à passer le temps, à lutter contre l’ennui, les ressources individuelles, la vie intérieure, étant insuffisantes pour pallier ce mal de vivre. Comme pour toutes les drogues, il y a des associations : combien de fois ne voyons nous pas des adolescents, le mégot dans une main et le portable dans l’autre ! Les opérateurs, véritables dealers, font tout pour encourager une consommation galopante avec contrats alléchants offrant au départ un nombre d’heures important à tarif réduit qu’il faut savoir dénoncer à temps (initiative à la charge du consommateur) sous peine de maintien de ce nombre mensuel d’heures, mais à tarif non préférentiel. L’habitude se prend très vite d’une consommation à haute dose, impossible à réduire sous peine d’état de manque. Le geste téléphonique est devenu automatique, réflexe pour un oui ou un non. Et oui, il s’agit bien là d’une drogue nouvelle. Elle est là pour aider à passer le temps, à lutter contre l’ennui, les ressources individuelles, la vie intérieure, étant insuffisantes pour pallier ce mal de vivre. D’ailleurs comme pour toutes les drogues, il y a des associations : combien de fois ne voyons nous pas des adolescents, le mégot dans une main et le portable dans l’autre ? Le téléphone au volant Comme tous les occidentaux, les Français passent beaucoup de temps en voiture, le plus souvent pour raisons professionnelles, et essentiellement en trajets. Les voitures sont confortables, les routes et les rues sont encombrées, ce qui ralentit la circulation. L’indispensable objet est là, sous la main et il s’est créé une véritable habitude de téléphoner en conduisant, sous n’importe quel prétexte Cette habitude a son corollaire, l’appétence du conducteur pour les appels téléphoniques et gare à l’inconscient qui téléphone à un ami au volant pour un long trajet : celui-ci voit là une excellente occasion de se distraire pendant un parcours monotone et fait durer la conversation… ALS et Institut Grand-Ducal (Luxembourg 17 octobre 2004) 26 L’ennui, c’est que la communication téléphonique provoque un accaparement d’attention, voire une tension affective susceptible de répercussions sur la qualité de la conduite. Comme nous l’avons déjà dit plus haut, la nature des échanges téléphoniques ne peut être comparée aux liaisons phoniques des pilotes, marins ou aviateurs, celles-ci étant centrées sur l’activité en cours, c’est à dire pilotage et navigation, ce qui ne fait que renforcer l’attention des intéressés pour cette occupation. Le téléphone au volant La communication téléphonique provoque un accaparement d’attention, voire une tension affective susceptible de répercussions sur la qualité de la conduite. Toutes les études ont démontré l’existence d’un lien entre le fait de téléphoner en conduisant et l’accroissement du risque d’accident • le risque d’accident est multiplié par 4, y compris avec un système “mains libres” • il est multiplié par 6 en début de communication (les cinq premières minutes) • plus des trois quarts des conducteurs en train de téléphoner “oublient” de s’arrêter au passage piétons • à peine un tiers se souviennent des panneaux de signalisation. Les résultats sont là : • Toutes les études, françaises et étrangères, ont démontré l’existence d’un lien entre le fait de téléphoner en conduisant et l’accroissement du risque d’accident. • Globalement, on estime que le risque d’accident est multiplié par quatre, y compris avec un système «mains libres». • Il est multiplié par six en début de communication (les cinq premières minutes). En outre, plus des trois quarts des conducteurs en train de téléphoner «oublient» de s’arrêter au passage piétons. A peine un tiers se souviennent des panneaux de signalisation. Le téléphone au volant La gestion de la charge affective et du contenu intellectuel monopolisent l’attention au détriment de la sécurité de la conduite. • Près de la moitié des conducteurs décrochent dans les deux secondes du retentissement de la sonnerie donnant ainsi la priorité à cette tâche au détriment d’une difficulté de circulation à résoudre simultanément • En conséquence, ils doivent alors lâcher le volant d’une main, sauf s’ils disposent d’un kit “mains libres”. • Même pour une conversation banale, l’attention portée à la conduite diminue : le regard se focalise sur le devant de la route, sur la seule vision centrale. • En conséquence, rétroviseurs et régions latérales du champ visuel sont négligés : – moins d’attention pour piétons et signalisation – le contrôle de la trajectoire s’en ressent et le véhicule a tendance à zigzaguer, à mordre sur la ligne médiane. Sans entrer dans les détails, il semble évident que la gestion de la charge affective et du contenu intellectuel monopolisent l’attention au détriment de la sécurité de la conduite. Si, en plus, la vigilance du conducteur est déjà amoindrie pour d’autres raisons (sommeil insuffisant, charges et préoccupations de travail élevées), il n’y a rien d’étonnant à ce que le risque d’accident soit majoré. Selon une enquête de la Prévention routière, le retentissement de la sonnerie a les effets suivants sur la conduite automobile : • Près de la moitié des conducteurs décrochent dans les deux secondes, c’est-à-dire dans l’urgence, ce qui signifie qu’ils donnent la priorité à cette tâche, éventuellement au détriment d’une difficulté de circulation à résoudre simultanément. En conséquence, ils doivent alors lâcher le volant d’une main, sauf s’ils disposent d’un kit «mains libres». • Même pour une conversation banale, l’attention portée à la conduite diminue : le regard se focalise sur le devant de la route, autrement dit, sur la seule vision centrale. De ce fait, rétroviseurs et régions latérales du champ visuel sont négligés. Piétons et signalisation en pâtissent. Conséquence également, le contrôle de la trajectoire du véhicule s’en ressent. Le véhicule a tendance à zigzaguer, à mordre sur la ligne médiane. Dans le meilleur des cas, le conducteur en a vaguement conscience et ralentit. ALS et Institut Grand-Ducal (Luxembourg 17 octobre 2004) 27 Règles de sécurité proposées par la Prévention routière Le kit “mains libres” évite de lâcher le volant, mais n’évite pas les inconvénients signalés car la conversation téléphonique monopolise l’attention du conducteur. Il faut donc : couper la sonnerie et le vibreur brancher la messagerie. Pour téléphoner ou récupérer des messages, s’arrêter en un lieu adapté qui ne soit pas la bande d’urgence d’une autoroute ou, si l’on est en ville, la double-file ou un feu tricolore ! Si le kit «mains libres» a l’avantage d’éviter de lâcher le volant, il n’évite pas pour autant les inconvénients signalés ci-dessus car c’est la conversation téléphonique qui monopolise l’attention du conducteur. Ajoutons que l’âge, certains médicaments réducteurs de vigilance, certaines drogues (canabis), réduisent encore la capacité de gestion simultanée de deux tâches, surtout s’il n’y a pas de compétition entre elles. Pour pallier ces inconvénients et les dangers en résultant, les règles de sécurité suivantes sont proposées par la Prévention routière qui n’entend nullement proscrire le portable dans les véhicules mais aux conditions suivantes : couper la sonnerie, brancher la messagerie. Pour passer des coups de fil ou récupérer des messages en s’arrêtant en un lieu adapté qui ne saurait être la bande d’urgence d’une autoroute, ou, si l’on est en ville, la double-file ou un feu rouge ! Il y a donc trois bonnes raisons de ne pas téléphoner en conduisant : celle que nous venons d’examiner, ensuite, le fait qu’à l’intérieur d’un véhicule, on se trouve dans une cage de Faraday, ce qui oblige l’appareil à monter en puissance pour être fonctionnel, et enfin, le fait que lors d’un déplacement, il y a changement d’antenne relais et, par conséquent, à chaque fois, pic de puissance. Au Royaume-Uni, le téléphone au volant est interdit depuis le 1 er décembre 2003 sous peine d’une amende de 40 euros . En somme, comme pour toute drogue, conduire ou téléphoner, il faut choisir ! Le rapprochement entre les deux activités n’est pas aussi innocent ni aussi fortuit qu’il y paraît, car c’est au culte de la vitesse qu’elles sont toutes deux dévolues. Et, aujourd’hui, ne confond-on pas trop souvent vitesse et précipitation ? ALS et Institut Grand-Ducal (Luxembourg 17 octobre 2004) 28