ECOLE DOCTORALE SCIENCE ET INGENIERIE De l`Université de
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ECOLE DOCTORALE SCIENCE ET INGENIERIE De l`Université de
ECOLE DOCTORALE SCIENCE ET INGENIERIE De l’Université de Cergy-Pontoise THESE Présentée pour obtenir le grade de Docteur de l’Université de Cergy Pontoise Spécialité : Biochimie-Biologie Intégrative ___________________________________________________________________________ Auto-assemblage de la fibronectine induit par l’adsorption caractérisation expérimentale sur l’hydroxyapatite et étude par simulation numérique ___________________________________________________________________________ Par Delphine Pellenc Equipe de Recherche sur les Relations Matrice Extracellulaire Cellules EA 1391 Soutenue le 21 octobre 2005 Devant le Jury composé de Mr. Guy Daculsi Mr. Bernard Senger Mr. Olivier Gallet Mr. Hugues Berry Mme Karine Anselme Mr. Paul Van Tassel Mr. Eric Champion Rapporteur Rapporteur Directeur de Thèse Co-Directeur de Thèse Examinatrice Examinateur Examinateur Vous pouvez tout faire, penser ou croire, posséder toute la science du monde, si vous n'aimez pas, vous n'êtes rien Marcelle Sauvageot (1900-1934) Laissez-Moi Introduction Je remercie le Pr Guy Daculsi et le Dr Bernard Senger d’avoir acceptéde rapporter ce travail ainsi que le Dr Karine Anselme, le Pr Paul Van Tassel et le Pr Eric Champion d’avoir bien voulu l’examiner. Je remercie le Pr Véronique Larreta-Garde de m’avoir accueillie au sein du laboratoire ERRMECe lors de mon DEA puis lors de ces trois années de thèse. L’hydroxyapatite utilisée dans ce travail a été synthétisée et caractérisée au sein du laboratoire des Sciences des Procédés Céramiques et Traitements de surface de l’Université de Limoges. Je remercie le Pr Eric Champion, ainsi que l’ensemble de son équipe, en particulier Mickael Palard, pour leur aide et leur accueil chaleureux au sein de leur laboratoire. Je remercie les Dr Olivier Gallet et Hugues Berry qui ont encadré ma thèse. Merci à vous deux pour la grande marge de manœuvre, la critique mais aussi la prise en compte de mon point de vue. Olivier, merci d’avoir eu souvent confiance en moi, de m’avoir appris l’autonomie et la débrouille, merci pour ton ouverture d’esprit, ton enthousiasme, merci enfin pour ta folie douce aussi parfois… Hugues, merci pour m’avoir appris à défendre mon point de vue mais aussi à en assurer la rigueur par la persévérance et l’auto-critique… merci pour les débats électroniques – parfois animés – et les séances de croquis par telephone...merci enfin pour ta grande disponibilité et ta passion communicative de la science. Je tiens également à remercier Remy Agniel pour son aide dans la réalisation de ce travail Remy, merci pour toute l’aide dans le boulot et surtout pour l’écoute, le soutien et l’amitié Un merci particulier au Dr Franck Carreiras, qui a eu la bonne idée un jour de 2002 de nous suggérer l’utilisation de la fluorescence… Merci pour ca, Franck, et aussi pour ta droiture, ton soutien et tes encouragements constants, en enseignement comme en recherche. Merci à tous les membres du laboratoire ERRMECe et du département de Biologie de l’Université de Cergy-Pontoise, et en particulier Salima, pour la solidarité, les conseils, le modèle que tu donnes à suivre et l’amitie qui nous lie Bastien pour ton recul en recherche et ailleurs, ta patience, ton humour et…nos soirees de décompression enivrees Lucie, pour ton enthousiasme, ton envie d’échanger et tous les bons moments de non-science que nous avons partagés Elisa, pour l’amitié et l’écoute dans les moments de doute. Bast, pour avoir sans cesse motivé les jeunes troupes à échanger des idées, des conseils, des manips, des chopines, des blagues foireuses, des pin’s, des timbres, des… Jo, pour l’écoute, l’empathie, la disponibilité, les conseils, les bulles et l’amitie récente Manu, pour avoir, entre compétition et émulation, contribué au renforcement constant de ma motivation, et pour les nombreux fous rires que nous avons partagés Loraine, Julien, Edefia, pour votre bonne humeur, votre patience et votre aide Caro, Karine, Stephanie, Mireille pour votre aide et votre soutien quotidiens Maman, Papa, le jour de ma soutenance Véronique vous a félicité parce que, je cite, on fait difficilement une thèse si les parents ne sont pas là. Je ne saurais dire, vous l’avez toujours été. Merci de votre conviction qu’apprendre n’est pas un luxe, merci de me l’avoir transmise et de m’avoir soutenue pour l’expérimenter toutes ces années. Enfin, merci à Geoffrey qui a supporté toutes mes angoisses, a passé tant de temps dans les transports ces trois ans, tout en réussisant à soutenir lui-même brillamment sa thèse…Merci pour ta patience, ton soutien et ta compréhension. Introduction Symboles et abbréviations utilisées AFM : Microscopie à Force Atomique BMP : Bone Morphogenetic Protein BMU: Basic Multicellular Unit BSP : Bone Sialoprotein Df : Dimension Fractale DLA : Agrégation Limitée par la Diffusion DRX : Diffraction de Rayons X EDTA : Ethylene Diamine Tetraacetic Acid ELISA : Enzyme-linked Immunosorbent Assay F70 : Fragment N-terminal de 70kDa de la fibronectine Fn : Fibronectine Fn-CBS : site de liaison aux cellules de la Fibronectine, module III10 FRET : Fluorescence Resonance Energy Transfer GAG : Glycosaminoglycane GLA : γ-carboyglutamique HA : Hydroxyapatite IL : Interleukine Ix : xème module de type I de la fibronectine MEB : Microscopie Electronique à Balayage MEC : Matrice Extracellulaire MTT : Methylthiazole-tetrazolium NaCl : Chlorure de Sodium NDiff : Nombre de pas de Diffusion d’une Protéine OC : Ostéocalcine ON : Ostéonectine OPG : Ostéoprotégérine OPN : Ostéopontine PA : Probabilité d’Adsorption PAg : Probabilité d’Agrégation PAGE : Polyacrylamide Gel Electrophoresis PC : Probabilité de Dépliement d’une Protéine au contact d’une autre PC/B : Probabilité de Dépliement au Contact d’une Protéine sous forme de Batonnet PC/D : Probabilité de Dépliement au Contact d’une Protéine sous forme de Disque PD : Probabilité de Dépliement Introduction PE : Polyethylène PI : Probabilité de Dépliement d’une Protéine Isolée PMMA: Polymethyl-metacrylate PMSF : Phenyl-methyl-sulfonylfluoride PNPP : paraNitro-Phenylphosphate PTH : Parathyroid Hormone RANK: Receptor Activator of Nuclear Factor Kappa B RANKL : RANK Ligand RGD: séquence peptidique Arginine-Glycine-Acide Aspartique RLA : Agrégation Limitée par la Réaction RSA : Adsorption Séquentielle Aléatoire SDS : Sodium Dodecylsulfate T50Nx : Tris 50mM, NaCl x mM TCP : Tricalcium Phosphate TGF : Transforming Growth Factor ThT : Thioflavine T Tris: Tris-Hydroxymethyl-aminomethane TRITC: Tetramethyl-Rhodamine-Isothiocyanate Vn : Vitronectine Table des matières Introduction ............................................................................................................................ 15 Etude Bibliographique........................................................................................................... 21 I. L'interaction protéine/hydroxyapatite, du tissu osseux aux matériaux bioactifs........................................ 23 I.1. Tissu osseux ........................................................................................................................................... 23 I.1.a. Introduction........................................................................................................................................ 23 I.1.b. Structure du tissu osseux................................................................................................................... 24 I.1.c. Dynamique de remodelage................................................................................................................ 30 I.1.d. Biominéralisation et Protéines non collagéniques............................................................................ 35 I.2. Biomatériaux hybrides ostéoinducteurs............................................................................................... 38 I.2.a. Pertes osseuses et nécessité d’un comblement prothétique.............................................................. 38 I.2.b. Matériaux de substitution.................................................................................................................. 39 I.2.c. Biomatériaux hybrides ostéoinducteurs ............................................................................................ 43 II. La fibronectine, protéine multifonctionnelle des matrices extracellulaires ............................................... 45 II.1. Introduction.......................................................................................................................................... 45 II.2. Structure modulaire et domaines d’affinités...................................................................................... 45 II.2.a. Unités structurales de la fibronectine : les modules ........................................................................ 46 II.2.b. Ligands de la fibronectine ............................................................................................................... 47 II.3. Conformation de la fibronectine......................................................................................................... 50 II.3.a. Conformation de la fibronectine en solution ................................................................................... 50 II.3.b. Fibrillogenèse de la fibronectine au sein de la matrice................................................................... 52 II.4. Fonctions de la fibronectine................................................................................................................ 58 II.4.a. Introduction ...................................................................................................................................... 58 II.4.b. Fibronectine et fonctions cellulaires................................................................................................ 59 II.4.c. Fibronectine et architecture de la matrice extracellulaire ............................................................... 62 III. Assemblages de protéines induits par l’adsorption, concepts et modèles d’études ................................. 65 III.1. Introduction ........................................................................................................................................ 65 III.2. Adsorption d’une protéine ................................................................................................................. 65 III.2.a. Les protéines, ni colloïdes ni polymères flexibles ......................................................................... 65 III.2.b. Dénaturation induite par l’adsorption ............................................................................................ 67 III.3. Assemblages protéiques induits par l’adsorption............................................................................. 72 III.3.a. Modèles d'adsorption séquentielle.................................................................................................. 72 III.3.b. Diffusion des particules adsorbées................................................................................................. 80 III.3.c. Modèles d’adsorption de colloïdes et changement de conformation ............................................ 83 Matériels et Méthodes............................................................................................................ 87 I. Matériaux............................................................................................................................................................. 88 I.1. Céramiques d’Hydroxyapatite .............................................................................................................. 88 I.1.a. Synthèse............................................................................................................................................. 88 I.1.b. Caractérisation................................................................................................................................... 88 I.2. Autres matériaux ................................................................................................................................... 89 I.3. Microscopie à force atomique............................................................................................................... 89 II. Fibronectine ....................................................................................................................................................... 91 II.1. Purification........................................................................................................................................... 91 II.2. Electrophorèses .................................................................................................................................... 92 II.2.a. SDS-PAGE....................................................................................................................................... 92 II.2.b. Native PAGE.................................................................................................................................... 93 II.3. Conditions d’adsorption ...................................................................................................................... 93 II.4. Dosages et marquages ......................................................................................................................... 94 II.4.a. Immunofluorescence........................................................................................................................ 94 II.4.b. Dosage de la Fibronectine adsorbée par ELISA ............................................................................. 95 II.4.c. Dosage de l’exposition du site de liaison aux cellules par ELISA ................................................. 96 II.4.d. Désorption ........................................................................................................................................ 96 Introduction II.4.e. Marquage des fibres amyloïdes à la Thioflavine T ......................................................................... 96 III. Méthodes de simulation................................................................................................................................... 97 IV. Analyse fractale ................................................................................................................................................ 97 IV.1. Dimension fractale.............................................................................................................................. 98 IV.1.a. Définition ........................................................................................................................................ 98 IV.1.b. méthode de comptage des boites.................................................................................................... 99 IV.2. Traitement des images ....................................................................................................................... 99 V. Adhérence cellulaire........................................................................................................................................ 101 V.1. Culture cellulaire................................................................................................................................ 101 V.2. Tests d’adhérence ............................................................................................................................... 101 V.2.a. Test d’adhérence au MTT sur l’HA .............................................................................................. 101 V.2.b. Test d’adhérence par comptage direct sur différents matériaux................................................... 102 VI. Statistiques ...................................................................................................................................................... 102 Résultats – Discussion .......................................................................................................... 103 I. Hydroxyapatite.................................................................................................................................................. 104 I.1. Pureté du matériau et propriétés biologiques. ................................................................................... 104 I.2. Frittage d’HA commerciales............................................................................................................... 105 I.3. Synthèse par voie sèche....................................................................................................................... 106 I.4. Synthèse par voie humide. (SPCTS, Limoges) .................................................................................. 108 II. Structuration de la fibronectine sur l’hydroxyapatite : dépendance au temps et à la concentration... 109 II.1. Introduction........................................................................................................................................ 109 II.2. Agrégation en solution....................................................................................................................... 110 II.3. Quatre états morphologiques ............................................................................................................ 110 II.4. Séquence de l’assemblage ................................................................................................................. 113 II.5. Discussion........................................................................................................................................... 117 III. Fibrillation de la fibronectine sur l’HA : interactions mises en jeu......................................................... 120 III.1. Implication du domaine N-terminal................................................................................................ 120 III.2. Structures amyloïdes ........................................................................................................................ 121 III.3. Effet de la force ionique................................................................................................................... 123 III.4. Effet d’un surfactant non-ionique .................................................................................................. 126 III.5. Discussion ......................................................................................................................................... 128 IV. Processus de diffusion-agrégation : un modèle de l’assemblage de la fibronectine ? ............................ 132 IV.1. Introduction....................................................................................................................................... 132 IV.2. Conformations de la fibronectine .................................................................................................... 132 IV.2.a. Définitions .................................................................................................................................... 132 IV.2.b. Propriétés ...................................................................................................................................... 133 IV.3. Description du modèle ...................................................................................................................... 134 IV.4. Adsorption séquentielle aléatoire..................................................................................................... 136 IV.5. Changement de conformation et diffusion agrégation .................................................................. 137 IV.5.a. amas DLA à dépliement nul......................................................................................................... 137 IV.5.b. Effet du dépliement sur la morphologie des amas formés .......................................................... 138 IV.6. Discussion ......................................................................................................................................... 147 V. Pertinence du modèle dans l’adsorption de la Fibronectine sur l’HA ...................................................... 148 V.1. Dimension fractale des amas de fibronectine................................................................................... 148 V.2. Agrégats et structures fibrillaires denses .......................................................................................... 149 V.3. Coexistence des agrégats et des fibres............................................................................................... 151 V.4. Fibres isolées et direction de dépliement privilégiée ........................................................................ 153 V.5. Conclusion .......................................................................................................................................... 154 VI. Structuration de la fibronectine adsorbée: dépendance au matériau...................................................... 156 VII. Adhérence cellulaire..................................................................................................................................... 160 Conclusions et Perspectives ................................................................................................. 163 Références Bibliographiques............................................................................................... 171 Annexe 1 : Article I .............................................................................................................. 197 Annexe 2 : Article II............................................................................................................. 211 Annexe 3 : Code informatique ............................................................................................ 225 Introduction Table des illustrations Figure 1. Structure générale du tissu osseux illustrée sur un os long. .................................................................... 24 Figure 2. Arrangement des atomes dans la structure cristalline hexagonale de l’hydroxyapatite. ......................... 25 Figure 3. Organisation structurale de l’os (Rho, 1998). ........................................................................................... 26 Figure 4. Fibres de collagène au sein du tissu osseux observées en MEB. ........................................................... 26 Figure 5. Unité de remodelage du tissu osseux : Basic Multicellular Unit (BMU).................................................... 31 Figure 6. Représentation schématique des différentes phases du remodelage osseux......................................... 31 Figure 7. Interactions entre ostéoblastes et ostéoclastes :activation des ostéoclastes. ......................................... 33 Figure 8. Résorption de la matrice osseuse par un ostéoclaste .............................................................................. 33 Figure 9. Interactions entre ostéoblastes et ostéoclastes :phase d’inversion du remodelage. ............................... 34 Figure 10. Restauration du tissu osseux au contact d’un implant de titane (tiré de Bonel, 1998). ......................... 42 Figure 11. Structure modulaire de la fibronectine. ................................................................................................... 46 Figure 12. Principaux ligands de la fibronectine....................................................................................................... 47 Figure 13. Interactions hydrophobes sur le site d’affinité au collagène, entre Fn I6 et II2,. ..................................... 50 Figure 14. Conformation compacte de la fibronectine d’après (Johnson et al, 1999). ............................................ 51 Figure 15. Transition de conformation de la fibronectine induite par la force ionique. ............................................ 51 Figure 16. Ordres de grandeurs des dimensions de la fibronectine. ....................................................................... 52 Figure 17. Matrices de fibronectine assemblées par des ostéoblastes in vitro et in vivo........................................ 52 Figure 18. Coexistence de conformations compactes et dépliées de la fibronectine au sein de la matrice. .......... 55 Figure 19. Modulation des interactions entre modules par la tension exercée sur la fibronectine.......................... 56 Figure 20.Couplage mécanique de la matrice de fibronectine au cytosquelette via les intégrines......................... 57 Figure 21. Activation de la signalisation intracellulaire via la reconnaissance de la fibronectine par les intégrines. ................................................................................................................................................................ 59 Figure 22. Adhérence et étalement d’une cellule sur son substrat. ......................................................................... 60 Figure 23. Représentation schématique des étapes de la migration cellulaire. ...................................................... 61 Figure 24. Niveaux de structuration d’une protéine.................................................................................................. 66 Figure 25.a. Adsorption d’une sphère dure : entropie du solvant. ........................................................................... 68 Figure 25.b. Adsorption d’une sphère dure : interactions électrostatiques et volume exclu. .................................. 69 Figure 26. Adsorption d’une protéine flexible. .......................................................................................................... 70 Figure 27. Observation de la fibronectine adsorbée en microscopie à force atomique .......................................... 71 Figure 28. Effet de volume exclu lors de (a) l’adsorption de sphère et (b) l’adsorption d’ellipses. ......................... 75 Figure 29. Modélisation de l’adsorption de fibre d’après (Provatas et al, 2000)...................................................... 78 Figure 30. Longueur de surplomb de la surface d’une particule en contact avec une particule adsorbée ............. 79 Figure 31. Amas DLA de 3600 particules sur un réseau carré. Df~1.65 (Witten et Sander, 1981)......................... 80 Figure 32. Amas DLA formés à partir de deux particules origines d’après (Witten et Meakin, 1983)..................... 81 Figure 33. Effet de la probabilité d’agrégation sur la morphologie des amas formés par diffusion agrégation. ..... 82 Figure 34. Principe de fonctionnement de l’AFM ..................................................................................................... 90 Figure 35. Principe de l’immunomarquage fluorescent............................................................................................ 94 Figure 36. Spectres d’émission et d’absorption de la thioflavine T et du TRITC..................................................... 97 Figure 37. Principe d’estimation d’une dimension fractale par la méthode de comptage des boites. .................... 99 Figure 38. Exemples du traitement de deux images de fluorescence. .................................................................. 100 Figure 39. Influence de la composition de surface d’une céramique d’HA sur l’adsorption de la fibronectine et l’adhérence cellulaire............................................................................................................................ 104 Figure 40. Profil de diffraction de rayons X (DRX) d’une poudre d’hydroxyapatite commerciale avant (courbe inférieure) et après (courbe supérieure) frittage. ................................................................................. 106 Figure 41. Profil DRX de l’apatite synthétisée par voie sèche avant frittage. ........................................................ 107 Figure 42. Profil DRX de l’apatite synthétisée par voie sèche après frittage......................................................... 107 Figure 43. Profils DRX de céramiques d’HA réalisées par frittage de l’HA synthétisée par voie humide (SPCTS, Limoges). .............................................................................................................................................. 108 Figure 44. Influence des conditions d’adsorption de la fibronectine sur son agrégation en solution. ................... 110 Figure 45. Etats morphologiques de la fibronectine observés sur l’hydroxyapatite par microscopie de fluorescence. ........................................................................................................................................ 111 Figure 46. Exemple d’un agrégat de fibronectine d’environ 300µm de long. ........................................................ 112 Figure 47. Exemple d’une fibre de fibronectine d’environ 1.2 mm de long............................................................ 112 Figure 48. Séquence de l’assemblage de la fibronectine sur l’HA en fonction de la concentration en solution. .. 114 Figure 49. Adsorption de la fibronectine sur l’HA au cours du temps, en fonction de la concentration en solution .............................................................................................................................................................. 115 Figure 50. Désorption de la fibronectine de l’HA en fonction du temps d’adsorption et de la concentration en solution.................................................................................................................................................. 116 Figure 51. Modèle hypothétique de l’effet de la concentration en solution sur l’agrégation et la fibrillogénèse de la fibronectine. .......................................................................................................................................... 118 Figure 52. Test d’inhibition de la fibrillation de la fibronectine par son fragment N-terminal F70.......................... 120 Figure 53. Marquage des structures amyloïdes par la thioflavine T. ..................................................................... 121 Figure 54. Effet de la force ionique sur l’assemblage de la fibronectine sur l’HA.................................................. 123 Figure 55. Fréquence d’apparitions des différents états de la fibronectine sur l’HA en fonction de la force ionique. .............................................................................................................................................................. 124 Figure 56. Adsorption de la fibronectine sur l’HA en fonction de la force ionique. ................................................ 125 Figure 57. Exposition du segment central de liaison aux cellules de la fibronectine (Fn-CBS) en fonction de la force ionique. ........................................................................................................................................ 125 Figure 58. Effet de la présence d’un surfactant sur l’organisation de la fibronectine sur l’HA en fonction de la force ionique. ................................................................................................................................................. 126 Figure 59. Fréquence d’apparition des états de structuration de la fibronectine en présence d’un surfactant nonionique en fonction de la force ionique................................................................................................. 127 Figure 60. Effet de la présence d’un surfactant non-ionique sur l’adsorption de la fibronectine en fonction de la force ionique. ........................................................................................................................................ 128 Figure 61. Schéma récapitulatif de l’effet de la force ionique et de la présence d’un surfactant sur l’organisation de la fibronectine sur l’HA.......................................................................................................................... 129 Figure 62. Modèle des formes compactes et étendues de la fibronectine. ........................................................... 133 Figure 63. Dépliement de la fibronectine................................................................................................................ 134 Figure 64. Modèle d’adsorption de la fibronectine. ................................................................................................ 135 Figure 65. Exemples de configurations du réseau pour PD=0 et NDiff=0 après l’adsorption de 10, 100, 1000, 7000 et 38000 protéines sur la surface. ........................................................................................................ 136 Figure 66. Cinétique d’adsorption pour PU=0 et Ndiff=0.......................................................................................... 136 Figure 67. Effet du rapport entre la diffusion et l’adsorption, Ndiff/PA, sur la dimension fractale des amas à PD=0. .............................................................................................................................................................. 137 Figure 68. Illustration de la détermination de la dimension fractale, Df, des amas protéiques, par la méthode de comptage de boîtes .............................................................................................................................. 139 Figure 69. Dimension fractale Df des amas en fonction de la probabilité de dépliement PD dans le régime limité par la diffusion (PAg=1). ........................................................................................................................ 141 Figure 70. Détails du réseau pour PD=10-3 dans le régime limité par la diffusion. ................................................ 142 Figure 71. Dimension fractale des amas en fonction de la probabilité de dépliement PD dans le régime limité par la réaction (PAg=10-3). ........................................................................................................................... 144 Figure 72. Fraction de protéines dépliées par amas en fonction de la probabilité de dépliement PD. .................. 145 Figure 73. Calcul de la dimension fractale des amas de fibronectine. .................................................................. 148 Figure.74. Amas de fibronectine observés et simulés de dimension fractale ~1.8. .............................................. 149 Figure 75. Amas de fibronectine de dimension fractale moyenne 1.60................................................................. 150 Figure 76. Amas simulés par les modèles de DLA et RLA. ................................................................................... 150 Figure 77. Amas protéiques simulés de dimension fractale ~1.6 dans le cas du dépliement indépendant.......... 150 Figure 78. Dissociation de la probabilité de dépliement au contact PC, selon la conformation de la protéine voisine................................................................................................................................................... 152 Figure 79. Amas de fibronectine de dimension fractale 1.35-1.45......................................................................... 153 Figure 80. Amas protéiques simulés de dimension fractale ~1.4 dans le régime limité par la diffusion. .............. 153 Figure 81. Choix de la direction de dépliement en fonction de la surface de contact avec la voisine. ................. 154 Figure 82. Marquage immunofluorescent de la fibronectine adsorbée sur le verre, l’acier et le polycarbonate... 156 Figure 83. Fréquence d’apparition (H) d’un revêtement homogène, (A) d’agrégats et (F.tot) de fibres de fibronectine sur différents matériaux. ................................................................................................... 157 Figure 84. Adsorption de la fibronectine sur l’HA, l’acier, le polycarbonate et le verre. ........................................ 157 Introduction Figure 85. Exposition du site de liaison aux cellules de la fibronectine (Fn-CBS) adsorbée sur l’HA, l’acier, le polycarbonate et le verre. ..................................................................................................................... 158 Figure 86. Images de microscopie à force atomique de la surface de l’hydroxyapatite, de l’acier, du verre et du polycarbonate. ...................................................................................................................................... 158 Figure 87. Adhérence des cellules MG63 sur l’HA, en fonction du temps et de la concentration d’adsorption de la fibronectine. .......................................................................................................................................... 160 Figure 88. Exposition du domaine de liaison aux cellules de la fibronectine (Fn-CBS) en fonction du temps et de la concentration d’adsorption de la fibronectine sur l’HA..................................................................... 160 Figure 89. Adhérence cellulaire sur l’HA après adsorption de la fibronectine à différentes forces ioniques, en présence ou en absence de Tween ..................................................................................................... 161 Figure 90. Adhérence des MG63 sur différents matériaux nus ou après adsorption de la fibronectine 2h, 0.1 g/L. .............................................................................................................................................................. 162 Introduction Introduction 15 Introduction Les protéines sont des polymères biologiques dont la fonction dépend directement de la conformation. La conformation d’une protéine dépend de sa localisation et de son environnement. Les changements de conformation des protéines constituent ainsi un moyen de régulation fine de nombreux processus biologiques. Les protéines peuvent être trouvées sous forme circulante, dans les fluides physiologiques, où l’environnement physico-chimique module leur conformation. L’état soluble et relativement dilué des protéines est en général le premier étudié in vitro et est souvent invoqué comme leur état ‘natif’. Cependant, de nombreuses protéines se trouve rarement dans cet état in vivo. L’environnement des cellules au sein des tissus, la matrice extracellulaire (MEC), est par exemple un milieu très dense, constitué de nombreuses protéines et sucres interagissant les uns avec les autres, et l’ensemble est assimilable à un gel. Dans la MEC, la conformation, et donc la fonction, d’une protéine, dépendent par exemple des forces mécaniques appliquées par les cellules, ou des interactions avec les autres constituants matriciels. Outre ces états tridimensionnels, dilué ou dense, les protéines peuvent également se trouver en interactions avec des surfaces. On peut voir ces états comme des états de dimension 2+1, les deux dimensions de la surface et la dimension d’interaction de la protéine avec la surface, c'est-à-dire la dimension d’adsorption. Cet état adsorbé des protéines est en fait implicitement étudié depuis longtemps. Lors d’expériences de biologie cellulaire in vitro, la fonction biologique de certaines protéines est en effet classiquement évaluée par l’ensemencement de cellules sur un revêtement de protéines adsorbées sur une surface. Si la question de la pertinence de ces tests par rapport à l’environnement physiologique tridimensionnel des cellules dans la MEC peut être posée (Zhang et al, 2005; Cukierman et al, 2002), cet état adsorbé des protéines a cependant un intérêt en tant que tel, autant du point de vue fondamental qu’appliqué, et notamment dans le contexte du tissu osseux. L'association étroite des protéines de la MEC à la matrice minérale au sein du tissu osseux participe directement au contrôle de la morphologie et de la croissance du minéral au cours de l'ostéogenèse. Cette interaction fait l'objet de nombreuses études, visant tant à élucider les mécanismes fondamentaux de la minéralisation qu'à élaborer des matériaux bioactifs de substitution du tissu osseux. Le tissu osseux est par ailleurs un tissu capable de se régénérer partiellement, et l’élaboration de matériaux mimétiques, capables d’initier cette 16 Introduction régénération dans le cas de pertes osseuses, constitue une voie majeure de recherche en ingénierie tissulaire. La connaissance des mécanismes d'adsorption et de structuration de protéines sur des surfaces minérales semble donc être un préalable tant à la compréhension de certains phénomènes fondamentaux de la morphogenèse tissulaire qu’à l'élaboration de matériaux de substitution. L’interaction protéine-surface est l’un des premiers évènements suivant l’implantation d’un matériau, ou l’introduction d’une sonde, dans l’organisme et suscite énormément d’attention dans le domaine biomédical en général. L’adsorption protéique a même récemment dépassé le contexte de l’ingénierie tissulaire pour atteindre celui des nanotechnologies (Gray, 2004; Hamada et al, 2004). Les fonctions des couches protéiques dépendent des propriétés structurales de la molécule mais aussi de celles de l’assemblage lui-même. La plupart des protéines subissent en effet des changements de conformation induits par leur adsorption. Ces changements peuvent par exemple moduler l’exposition ou la conformation du site actif d’une enzyme, ou l’accès aux domaines de reconnaissance des cellules de protéines de la matrice. La fonction des protéines adsorbées dépend aussi de leur distribution sur la surface. Par exemple, indépendamment de leur densité totale, le regroupement en amas de peptides est plus favorable à l’adhérence cellulaire que leur distribution uniforme sur une surface (Maheshwari et al, 2000). Si la conformation des protéines et la structure de leur assemblage jouent sur la fonction d’une couche protéique, elles sont en outre interdépendantes, la conformation pouvant également jouer sur les interactions protéine-protéine, et donc sur la structure de l’assemblage. L’étude des revêtements protéiques nécessite donc de considérer à la fois les propriétés de la molécule unique, les interactions entre protéines, et leur distribution. L’étude expérimentale de ces revêtements reste difficile, malgré le développement depuis une vingtaine d’années de techniques microscopiques comme la microscopie à force atomique, permettant, en conditions non dénaturantes, d’observer des protéines adsorbées à l’échelle de la molécule. Une des raisons de la difficulté d’établir un lien entre la structure d’une protéine et les propriétés de son organisation sur une surface pourrait notamment être due au caractère en partie aléatoire, ou stochastique, du phénomène. Il n’est ainsi pas rare d’observer en même temps non pas une mais plusieurs conformations d’une même protéine adsorbée sur une surface (Antia et al, 2005; Bergkvist et al, 2003). Selon la surface, en général, l’une de ces conformations prédomine dans la population mais le phénomène à l’échelle microscopique 17 Introduction semble fluctuant. Des études de modélisation moléculaire prédisent par exemple que la conformation d’une protéine peut dépendre de son orientation initiale lors du contact avec la surface (Raffaini et Ganazzoli, 2004). En complément d’observations expérimentales, les simulations apportent en particulier un moyen d’apprécier les conséquences macroscopiques de changements dans le comportement de tels systèmes à l’échelle microscopique. L’objectif du travail présenté ici est l’étude des propriétés d’assemblage d’une protéine de la MEC, la fibronectine, sur un substitut osseux, l’hydroxyapatite. L’hydroxyapatite est un matériau dont la structure est très proche de la phase minérale osseuse, capable d’induire ou de favoriser la minéralisation, seul, ou en revêtement d’autres matériaux. La fibronectine favorise non seulement l'adhérence de cellules osseuses à un support mais régule également de nombreux comportements cellulaires vitaux. Le revêtement de céramiques d’hydroxyapatite par cette protéine matricielle constitue donc une des voies d'amélioration de l'activité biologique des biomatériaux osseux. La fibronectine est une protéine flexible, capable d’adopter plusieurs conformations au sein des tissus. Ces changements de conformation modulent l’exposition des différents domaines de la protéine et donc sa reconnaissance par les cellules ou ses interactions avec les protéines de la matrice. Les propriétés biologiques de la fibronectine sont non seulement liées à la conformation du monomère mais dépendent également étroitement de l’association des molécules de fibronectine entre elles pour former un réseau fibrillaire. La compréhension des fonctions de la fibronectine apparaît donc indissociable de l’étude de ses propriétés d’assemblages. Nous nous intéressons en particulier au lien entre les interactions entre les molécules de fibronectine, à l’échelle mésoscopique, et les propriétés morphologiques des assemblages de la protéine, à l’échelle microscopique. Notre étude est menée, d'une part à l'aide de l'observation expérimentale de la structuration de la fibronectine sur des céramiques d'hydroxyapatite, et d'autre part au travers du développement d'un modèle proposé d'adsorption de la fibronectine, étudié par simulations numériques. Le premier chapitre de ce manuscrit introduit, par une brève étude bibliographique, le contexte de notre étude. La première partie de ce chapitre décrit les éléments constitutifs du tissu osseux et leurs interactions dans un contexte physiologique. Elle aborde ensuite les pathologies entraînant une perte osseuse et présente, de façon non exhaustive, des exemples de voies de recherche abordées pour constituer des biomatériaux de substitution, en 18 Introduction particulier, par l’utilisation de l’hydroxyapatite. Cette partie est suivie d’une présentation de la fibronectine, de ses propriétés structurales et fonctionnelles au sein des tissus, et du lien étroit entre les deux aspects. Enfin, les concepts et modèles de la littérature utilisés pour décrire et modéliser l’adsorption de protéines sont exposés dans la troisième et dernière partie de ce chapitre. Le deuxième chapitre décrit les méthodes utilisées dans notre étude et en particulier les protocoles nécessaires à la réalisation de la partie expérimentale, ainsi que les méthodes utilisées pour le traitement des données expérimentales et numériques. Le troisième chapitre de ce manuscrit présente et discute les résultats de notre étude. Dans un premier temps, la stratégie d’obtention d’une céramique d’hydroxyapatite pure est exposée. Ensuite, les observations expérimentales, de l’adsorption de la fibronectine sur l'HA et de la dépendance de la structuration de la protéine aux conditions d'adsorption, sont présentées. Ces résultats permettent de discuter d’un scénario plausible quant aux interactions impliquées dans la formation des différents types morphologiques observés. L'impact des propriétés de la molécule, et notamment de sa conformation, sur la morphologie des amas supramoléculaires formés par adsorption, est ensuite étudié par simulation du modèle d’adsorption proposé. Les résultats de ces simulations, décrits dans une quatrième partie, sont discutés par rapport aux modèles de la littérature, puis, comparés aux résultats expérimentaux dans une cinquième partie. La sixième partie des résultats présente ensuite l’adsorption et la structuration de la fibronectine sur des matériaux différents de l’hydroxyapatite. Enfin, dans la septième partie, l’influence de la structuration de la fibronectine sur l’adhérence de cellules osseuses est évaluée. Une discussion générale sur l’ensemble des résultats présentés, et les conclusions et perspectives possibles de ce travail sont exposées dans le dernier chapitre. 19 Introduction 20 Etude Bibliographique Etude Bibliographique 21 Etude Bibliographique 22 Etude Bibliographique I.L'interaction protéine/hydroxyapatite, du tissu osseux aux matériaux bioactifs I.1.Tissu osseux I.1.a. Introduction Le tissu osseux est un tissu conjonctif particulier dont la matrice, comme celle des dents, possède une phase minérale. C’est également un tissu capable de se régénérer partiellement. Il possède trois fonctions principales, mécanique, métabolique et hématopoïétique. Le premier rôle du tissu osseux est une fonction de soutien du corps et de protection des organes. L’ensemble des os forme le squelette qui constitue la charpente du corps et sert d’ancrage aux tissus mous (tendon, muscle, ligament). Le tissu osseux est un tissu très résistant capable de supporter d’importantes contraintes mécaniques. Cependant, loin d’être un tissu statique, il subit un remodelage permanent sous l’action conjointe des ostéoclastes, qui dégradent l’os ancien, et des ostéoblastes qui synthétisent la nouvelle matrice minéralisée. Ce remodelage permet l’adaptation du tissu aux contraintes mécaniques de son environnement. On observe ainsi une diminution de la masse osseuse chez les spationautes, qui peut être limitée par l’application quotidienne de stimuli mécaniques pendant le vol (Goodship et al, 1998). Le remodelage du tissu osseux est également un moyen de réguler la libération ou le stockage de minéraux et d’assurer ainsi, conjointement avec l'intestin et les reins, le contrôle du métabolisme phosphocalcique. L’os contient en effet 98% du calcium de l’organisme dont environ 1 % est échangeable avec les liquides extracellulaires. La densité de l’os de rats ayant subit un régime carencé en calcium diminue ainsi par rapport à un régime normal. Cette carence se traduit en effet par une augmentation du nombre de cellules osseuses différenciées au sein du tissu (Seto et al, 1999). Enfin, le tissu osseux, et en particulier les cellules de la moelle osseuse, fournissent un support structural et fonctionnel aux cellules hématopoïétiques. Les os renferment en effet des cavités, les espaces médullaires, contenant la moelle hématopoïétique, dont les cellules souches, à l'origine des 3 lignées de globules du sang, se trouvent au voisinage des cellules osseuses. Certaines d'entre elles sont des cellules souches pluripotentes, susceptibles de se différencier dans de multiples lignages (fibroblastes, chondrocytes, ostéoblastes, adipocytes). 23 Etude Bibliographique I.1.b. Structure du tissu osseux 1) Os compact et os spongieux Le tissu osseux est constitué de deux types d’os, l’os trabéculaire, ou os spongieux, et l’os cortical, ou os compact (fig.1). L’os compact représente environ 80% de la masse osseuse. Il est organisé en ostéones ou cylindres de Havers. Ces unités structurales sont formées de lamelles concentriques autour de canaux conjonctivo-vasculaires, les canaux de Havers, reliés par des canaux perpendiculaires, les canaux de Volkmann. Ces canaux permettent l’irrigation du tissu osseux. Le second type d’os est l’os trabéculaire ou spongieux. Cet os, beaucoup moins dense que le précédent, est organisé en un réseau tridimensionnel de travées anastomosées. Minoritaire dans le squelette adulte, il est pourtant à la base de tout le tissu osseux. L’os subit en effet un remaniement permanent. Au cours du développement, le premier os formé est spongieux. Il est ensuite dégradé puis remplacé par de l’os compact ou trabéculaire selon sa localisation et sa fonction. Figure 1. Structure générale du tissu osseux illustrée sur un os long. L'os cortical remplit essentiellement la fonction mécanique du tissu osseux et l'os spongieux la fonction métabolique. L’os croît par apposition de cellules et de matrice sur les surfaces libres du tissu rigide. Cette croissance s’effectue par deux voies. L’ossification membranaire des os plats (crâne, omoplate) procède directement d’une différenciation des cellules mésenchymateuses en cellules osseuses, ostéoblastes ou ostéoclastes, tandis que dans l’ossification endochondrale des os longs une matrice cartilagineuse est d’abord formée puis remplacée par de l’os. 24 Etude Bibliographique 2) Matrice minérale Le tissu osseux, comme les dents, est un tissu minéralisé. La phase minérale de l’os représente environ 65% de son poids total. La phase cristalline s’apparente à l’hydroxyapatite Ca10(PO4)6(OH)2 (fig.2), déposée sous forme de petites aiguilles hexagonales associées à la matrice organique. Figure 2. Arrangement des atomes dans la structure cristalline hexagonale de l’hydroxyapatite. Dans l’os, d’autres éléments sont incorporés dans la structure de l’apatite et notamment des carbonates, CO32-, substitués aux phosphates ou aux hydroxydes; des ions fluorure F-, substitués à l’hydroxyde; ou encore des cations, magnésium ou sodium, qui peuvent se substituer à l’ion calcium. L’hydroxyapatite stœchiométrique a un rapport Ca/P = 5/3 ≅ 1,67. Les tissus jeunes de l’organisme, en rapide renouvellement, contiennent de l’hydroxyapatite mal cristallisée, relativement soluble, et riche en carbonates. Son rapport Ca/P est faible et tend vers 1.33. Les tissus âgés, ou moins renouvelés, comme les os plats du crâne, contiennent des apatites plus cristallisées, et leur rapport Ca/P tend vers celui de l’hydroxyapatite (Sodek et al, 2000). 3) Matrice organique Collagène I Le collagène, protéine la plus abondante du corps humain et composant majoritaire des matrices extracellulaires, constitue 90% de la matrice organique de l’os. Plusieurs types de collagène ont été identifiés chez les vertébrés mais l’os est majoritairement constitué de collagène de type I. Ce sont les cellules osseuses qui synthétisent la matrice osseuse et qui contrôlent ensuite sa minéralisation. Le minéral est situé dans et autour de la fibre de collagène (Su et al, 2003). Cette intrication confère à l’os des propriétés mécaniques remarquables et adaptées à sa fonction de charpente. Les propriétés respectives du collagène 25 Etude Bibliographique ou de l’hydroxyapatite laissent penser que la fibre de collagène confère plutôt au tissu osseux une résistance à la traction tandis que le minéral apporte la résistance à la compression. L’association des deux confère au tissu osseux des propriétés mécaniques dont les mécanismes précis restent cependant à élucider (Hellmich et al, 2004; Rho et al, 1998). Le collagène est organisé en fibres parallèles au sein de couches superposées et présentant une alternance de l’orientation des fibres, ce qui donne un aspect lamellaire au tissu osseux. Le collagène est composé de chaînes polypeptidiques enroulées en triples hélices, réticulées et elles-mêmes enroulées en superhélices de pas droit au sein des fibres de collagène mature dans la matrice. Au sein d’une fibre, les fibrilles de collagène sont ordonnées parallèlement, chaque extrémité étant décalée de 67 nm par rapport l’extrémité des molécules voisines. Les cristaux d’hydroxyapatite sont intercalés entre ces fibrilles au sein de la matrice (fig.3). Figure 3. Organisation structurale de l’os (Rho, 1998). L’arrangement des fibres entre elles dépend de leur emplacement dans l’os (fig.4). Elles apparaissent ainsi orientées parallèlement près de l’endoste et de façon plus aléatoire au niveau du périoste des os longs (Su et al, 2003). Figure 4. Fibres de collagène au sein du tissu osseux observées en MEB. Les fibres sont observées au niveau de (a) l’endoste et (b) du périoste d’un fémur humain. On peut distinguer dans les deux cas la périodicité de l’alignement des fibrilles au sein des fibres, indiquée par l’alternance de zones moins denses (d’après Su, 2003). Les fibres de l’endoste apparaissent plus ordonnées que celle du périoste. 26 Etude Bibliographique En plus de ses fonctions mécaniques, le collagène stimule l’adhérence cellulaire (Takeuchi et al, 1997) et participe à la régulation de la différenciation ostéoblastique (Takeuchi et al, 1997; Suzuki et al, 1996). Outre le collagène qui possède un rôle essentiel de structuration, la matrice extracellulaire du tissu osseux est constituée de nombreuses protéines non collagéniques, qui, si elles n’en représentent que 10% en masse, jouent un rôle majeur dans la régulation du métabolisme du tissu osseux. Ostéocalcine (OC, Bone Gla Protein) L’ostéocalcine est la protéine non collagénique la plus abondante de l’os. Elle est synthétisée principalement par les ostéoblastes. Petite protéine de 5.8 kDa, elle est structurée en deux hélices α et possède un pont disulfure (Marque et al, 1996). L’une des deux hélices possède trois résidus γ-carboxyglutamique (résidus GLA) exposés au solvant, et qui ont une affinité importante pour les ions calcium. L’ostéocalcine est également capable de se lier au collagène de type I, mais la fonction biologique d’une telle affinité est mal connue (Prigodich et Vesely, 1997). L’ostéocalcine apparaît comme un inhibiteur de la minéralisation (Hunter et al, 1996; Romberg et al, 1986; Romberg et al, 1985), cette activité dépendant de la présence des résidus carboxyliques (Romberg et al, 1986). Malgré son abondance dans l’os, le rôle exact de l’ostéocalcine est encore mal connu. Un étude récente, qui met en évidence les propriétés angiogéniques de l’ostéocalcine, suggère qu’elle pourrait intervenir dans la vascularisation au cours du remodelage ou de la réparation du tissu osseux (Cantatore et al, 2005). Ostéonectine (ON) Synthétisée par les ostéoblastes, l’ostéonectine est une protéine de 32 kDa qui serait à l’origine de la liaison de l’hydroxyapatite avec le collagène (Termine et al, 1981). L’interaction de l’ostéonectine avec l’hydroxyapatite s’effectuerait via son domaine Nterminal, riche en résidus d’acide glutamique (Fujisawa et al, 1996). Comme l’ostéocalcine, l’ostéonectine serait un inhibiteur de la minéralisation (Romberg et al, 1986; Romberg et al, 1985). Ostéopontine (OPN, Bone sialoprotein I) L’ostéopontine est une protéine de la matrice extra-cellulaire d’environ 65kDa, 27 Etude Bibliographique trouvée majoritairement dans l’os et dans le rein mais également dans de nombreux épithélia ou dans l’urine, la salive, le lait et la bile. Elle est reconnue par de nombreux récepteurs cellulaires d’adhérence et notamment les intégrines αvβ3 des ostéoclastes (Flores et al, 1996). Elle possède également un domaine contenant une séquence d’acide aspartique répétée qui lui confèrerait son affinité pour l’hydroxyapatite (Goldberg et al, 2001). L’ostéopontine est également capable d’interagir avec le collagène (Kaartinen et al, 1999), l’ostéocalcine ou la fibronectine (Giachelli et Steitz, 2000). Dans l’os, elle participe à la régulation de l’adhérence des cellules osseuses (Grzesik et Robey, 1994) et de l’activité de résorption ostéoclastique (Razzouk et al, 2002). Elle possèderait également un rôle d’inhibition de la formation osseuse. In vitro, l’ostéopontine inhibe en effet la formation et la croissance de l’hydroxyapatite (Hunter et al, 1994; Boskey et al, 1993) ainsi que la prolifération et la différenciation ostéoblastique (Huang et al, 2004). L’accumulation de l’ostéopontine dans le cas de lésions athérosclérotiques ou de calculs rénaux par exemple, suggère enfin un rôle de protection de l’ostéopontine contre la minéralisation dans les tissus mous (Wada et al, 1999). Bone sialoprotein II (BSP) La BSP est une protéine d’environ 33kDa, qui possède deux domaines poly-glutamate qui lui confèrent son affinité pour l’hydroxyapatite (Fujisawa et al, 1997). Comme la plupart des protéines de la matrice osseuse, la BSP possède un domaine d’affinité au collagène de type I (Tye et al, 2005). Elle est également reconnue par les récepteurs d’adhérence des cellules osseuses (Flores et al, 1996) ou de fibroblastes (Harris et al, 2000). La BSP est capable d’induire la formation de l’hydroxyapatite in vitro (Harris et al, 2000) et possèderait ainsi un rôle de nucléateur de la minéralisation in vivo, ce que suggère sa synthèse corrélée au début de la minéralisation (Yao et al, 1994). Vitronectine (Vn) La vitronectine est une glycoprotéine de 75 kDa, ubiquitaire des matrices extracellulaires, Elle stimule l’adhérence, la migration ou la prolifération de nombreuses cellules (Schvartz et al, 1999). Elle favorise l’adhérence (Grzesik et Robey, 1994) et la différenciation (Salasznyk et al, 2004) des ostéoblastes. Reconnue par le récepteur principal des ostéoclastes, l’intégrine αVβ3 (Helfrich et al, 1992), elle pourrait également participer, avec l’ostéopontine, à leur ancrage à la matrice. 28 Etude Bibliographique Thrombospondines Les thrombospondines sont des protéines multimériques de 400/500 kDa trouvées dans la plupart des matrices extracellulaires conjonctives. Parmi les 5 thrombospondines identifiées chez les vertébrés, les thrombospondine 1 et 2 sont les plus abondamment synthétisée par les cellules osseuses (Carron et al, 1999). Ce sont des protéines trimériques qui favorisent notamment l’adhérence et la prolifération cellulaire (Adams et Lawler, 2004) et présentent des sites d’affinités pour le collagène, la fibronectine, et les récepteurs d’adhérence cellulaire. Dans l’os elles sont fortement exprimées dans la matrice sécrétée par les ostéoblastes lors de la formation osseuse, et est parfois détectées dans la matrice minéralisée (Robey et al, 1989). Les thrombospondines 1 et 2 favoriserait la résorption ostéoclastique (Hankenson et al., 2005; Carron et al, 1995) Fibronectine (Fn) La fibronectine est une protéine majeure des matrices extracellulaires, impliquées dans de la régulation de nombreux processus cellulaires et dans l’organisation de la matrice. Dans l’os elle possède notamment un rôle dans la différenciation et la survie des ostéoblastes. La fibronectine est particulièrement exprimée au cours du développement endochondral de l’os (Weiss et Reddi, 1981). Les nombreuses fonctions de la fibronectine au sein des matrices extracellulaires des tissus conjonctifs, et du tissu osseux en particulier, seront présentées dans le chapitre suivant. 4) Cellules Ostéoblastes Les ostéoblastes sont des cellules de 20 à 30 µm de diamètre. Ils sont généralement disposés en rangées à la surface de la matrice organique qu’ils synthétisent. Leur différenciation, à partir des cellules mésenchymateuses présentes dans le périoste et dans le stroma de la moelle osseuse, est induite par des facteurs autocrines, les bone morphogenetic proteins (BMP) (Canalis et al, 2003). Ces protéines sont ainsi capables d’induire une synthèse d’os lorsqu’elles sont injectées dans un autre tissu conjonctif (Jane et al, 2002). Les ostéoblastes matures adoptent une forme cuboïdale. Les ostéoblastes, responsables de la formation de l’os, se caractérisent par une synthèse intense de protéines de la matrice et la présence d’une phosphatase alcaline membranaire. 29 Etude Bibliographique Ostéocytes et cellules bordantes. Au fur et à mesure que la matrice est synthétisée et minéralisée, certains ostéoblastes sont emprisonnés dans des cavités, les ostéoplastes. Ces cellules, appelées ostéocytes, sont reliées aux ostéoblastes en surface et assurent la transmission de signaux ioniques, hormonaux et mécaniques dans l’os. Ils synthétisent du collagène I, déposé dans l’ostéoplaste, et joueraient ainsi un rôle de maintenance de la matrice osseuse (Knothe Tate et al, 2004). Les cellules bordantes sont des ostéoblastes au repos, susceptibles, s'ils sont sollicités, de redevenir des ostéoblastes actifs. Elles revêtent les surfaces osseuses qui, à un moment donné, ne sont soumises ni à formation ni à résorption osseuse. Ce sont des cellules aplaties et allongées, possédant peu d'organites et reliées entre elles et avec les ostéocytes voisins par des jonctions communicantes. Ostéoclastes Les ostéoclastes sont, avec les odontoclastes de la dentine, les seules cellules capables de résorber la matrice minérale. Les ostéoclastes sont formés à partir de la fusion de préostéoclastes issus de cellules hématopoïétiques de la moelle (Solari et al, 1996; Jotereau, 1985). Ce sont des cellules très volumineuses, de 20 à 100 µm de diamètre, plurinucléées (entre 4 et 20 noyaux), capables de se déplacer à la surface des travées osseuses d'un site de résorption à un autre. I.1.c. Dynamique de remodelage Environ 5 % de la masse osseuse totale sont renouvelés annuellement chez l’adulte. Ce phénomène appelé remodelage osseux s’effectue dans des unités de remodelage fonctionnellement indépendantes (fig.5) d’environ 100µm de diamètre, appelées, d’après Frost, les Basic Multicellular Unit ou BMU (Parfitt, 2002). 30 Etude Bibliographique Figure 5. Unité de remodelage du tissu osseux : Basic Multicellular Unit (BMU). (d’après US Department of Health and Human Services, Bone Health and Osteoporosis: A Report of the Surgeon General) Au cours de la croissance de l’organisme, la phase de formation est supérieure à la résorption, puis la balance se stabilise jusqu’aux environs de 35 ans. A partir de cet âge la résorption devient supérieure à la formation, et l’organisme subit une perte osseuse, pouvant aller jusqu’à 40% de perte chez une femme après la ménopause. Le remodelage de l’os est en effet sous contrôle hormonal et notamment sous le contrôle de l’œstradiol. Un cycle de remodelage dure quelques mois et commence par une phase de résorption osseuse d’une à deux semaines, suivie d’une période de formation osseuse d’environ trois mois (fig.6). Figure 6. Représentation schématique des différentes phases du remodelage osseux. 31 Etude Bibliographique Quiescence Des ostéoblastes quiescents, les cellules bordantes, recouvrent la surface osseuse et empêchent ainsi son accès aux ostéoclastes. Environ 80% du tissu osseux se trouve dans cet état. Suite à une stimulation, hormonale ou mécanique, le processus de remodelage va être activé. On sait en effet que les cellules osseuses sont sensibles aux stimuli mécaniques (Turner, 1998) qui modulent la signalisation intracellulaire (Granet et al, 2001). Leur activité serait également régie par des facteurs endocrines et auto/paracrines (D'ippolito et al, 2002; Karsenty, 2000). La localisation des BMU n’est d’ailleurs pas corrélée avec celle des microfractures de l’os. Cependant, ces BMU se déplacent une fois le remodelage initié et un modèle mathématique, qui tient compte de ce déplacement à partir de la fracture d’origine, montre ainsi qu’en moyenne les BMU se trouvent plutôt éloignées des fractures, indiquant qu’une stimulation du remodelage exclusivement mécanique n’est pas improbable (Martin, 2002). Certains auteurs suggèrent même que la localisation des BMU pourrait en fait résulter d’un processus stochastique (Parfitt, 2002). Activation La phase d’activation du remodelage consiste en la migration de pré-ostéoclastes qui vont fusionner pour donner les ostéoclastes. La rétraction des cellules bordantes permet l’ancrage des ostéoclastes à la matrice par l’intégrine αvβ3 (Engleman et al, 1997; Lakkakorpi et al, 1993). La sécrétion par les ostéoblastes de protéines matricielles, comme l’ostéopontine, qui favorisent l’adhérence des ostéoclastes, participe à ce recrutement (Uemura et al, 2001). La différenciation et l’activation des ostéoclastes requièrent également la présence de cellules ostéoblastiques (Suda et al, 1997; Jimi et al, 1996). Les ostéoblastes produisent ainsi le mCSF (macrophage Colony Stimulating Factor), facteur de survie des précurseurs ostéoclastiques (Fuller et al, 1993). L'interaction entre un récepteur membranaire des ostéoclastes, RANK (Receptor Activator of Nuclear Factor Kappa B), et un ligand membranaire des ostéoblastes, RANKL, stimule ensuite la différenciation de ces précurseurs et leur fusion (fig.7). L'ostéoblaste sécrète enfin également un facteur soluble, l'OPG (Ostéoprotégérine), qui, en se fixant au récepteur de RANK, inhibe l'interaction avec les ostéoclastes et l'activation de leur différenciation. Les hormones et facteurs locaux, PTH, vitamine D3, ou interleukines de la famille des IL-6, agissent sur l'ostéoblaste en augmentant la balance RANKL/OPG et induisent donc le passage de la phase de formation à la phase de résorption (Quinn et Gillespie, 2005). 32 Etude Bibliographique Figure 7. Interactions entre ostéoblastes et ostéoclastes :activation des ostéoclastes. (d’après le US Department of Health and Human Services, Bone Health and Osteoporosis: A Report of the Surgeon General) Résorption Lorsqu'il est activé, l'ostéoclaste développe son appareil lysosomal et se polarise fortement. Sa membrane plasmique se différencie en deux domaines séparés par un anneau étanche de jonctions cellule-MEC, et le domaine basal développe une bordure en brosse au contact de la surface osseuse (fig.8). La zone de contact de l’ostéoclaste avec la matrice osseuse délimite un compartiment étanche, la lacune de résorption, dont l’acidification, via une ATPase à protons vacuolaire des ostéoclastes, permet la dissolution de la phase minérale de la matrice osseuse et l’activation des cathepsines et collagénases lysosomales, sécrétées par l’ostéoclaste, qui dégradent la matrice protéique (Rousselle et Heymann, 2002; Lerner, 2000; Väänänen et al, 1998). Figure 8. Résorption de la matrice osseuse par un ostéoclaste Inversion Les ostéoclastes libèrent des facteurs de croissance, et notamment le TGF-β, qui active le recrutement des pré-ostéoblastes (Bonewald et Dallas, 1994) et inhibe leur différenciation 33 Etude Bibliographique (Alliston et al, 2001) induisant ainsi l’accumulation de pré-ostéoblastes à proximité de la zone de résorption. Il induit également l’apoptose des ostéoclastes (Greenfield et al, 1999; Roodman, 1999). La diminution du TGF-β qui s'ensuit permet alors au pool d’ostéoblastes précédemment recrutés de poursuivre leur différenciation, et le remodelage bascule en phase de formation osseuse (fig.9). En parallèle, l’afflux de calcium extracellulaire, résultant de la dissolution de la phase minérale pourrait aussi contribuer à l’inhibition de la différenciation et de l’activité ostéoclastique (Kanatani et al, 1999; Kameda et al, 1998). Figure 9. Interactions entre ostéoblastes et ostéoclastes :phase d’inversion du remodelage. Formation Les ostéoblastes tapissent ensuite la lacune de résorption et sécrètent à la surface de la couche matricielle existante une nouvelle matrice. Plusieurs hormones, notamment les oestrogènes (Cao et al, 2003) et les androgènes (Notelovitz, 2002), ainsi que la vitamine D (Bellows et al, 1999), régulent la production de cette matrice. La matrice néoformée, appelée tissu ostéoïde, est ensuite rigidifiée par les dépôts de phosphate de calcium lors de la minéralisation. La nouvelle matrice atteint ainsi environ 20µm d’épaisseur en un mois. Au cours de cette formation osseuse, certains ostéoblastes restent piégés dans la matrice osseuse, ils deviendront les ostéocytes. La minéralisation progressive du tissu ostéoïde s’effectue par transfert du calcium et du phosphate, du milieu extra-cellulaire aux sites de nucléation présents sur le collagène, à la fois par diffusion passive et par transport actif grâce aux pompes à calcium de la membrane de l’ostéoblaste (Francis et al, 2002) et à des transporteurs de phosphate sodium-dépendants (Veldman et al, 1997). Un autre mécanisme implique les phosphatases alcalines membranaires de l’ostéoblaste, qui dégradent les pyrophosphates inorganiques, inhibiteurs de la calcification, et augmente ainsi le taux de phosphates nécessaires à la minéralisation (Hessle et al, 2002). Les protéines non collagéniques de la 34 Etude Bibliographique matrice osseuse, possédant notamment des sites de liaison au calcium, participent également à la mise en route et au contrôle de la minéralisation. I.1.d. Biominéralisation et Protéines non collagéniques 1) Biominéralisation et hétéronucléation Les mécanismes de régulation du processus de remodelage du tissu osseux dépendent des interactions entre ostéoblastes et ostéoclastes. Au niveau moléculaire, la formation osseuse, ou biominéralisation, nécessite l’intervention des protéines de la matrice extracellulaire. La synthèse in vitro d'hydroxyapatite (HA) requiert en effet des conditions de température et de pression drastiques et très contrôlées (Raynaud et al, 2002b). La minéralisation implique la formation puis la croissance de nuclei stables à partir des ions en solutions. Les conditions de réalisation thermodynamique de cette formation minérale dépendent notamment des concentrations et du produit de solubilité des ions considéré. Lorsque la minéralisation est favorisée ou accélérée par l’addition d’éléments différents des composants du cristal (et donc l’addition de protéines) on parle d’hétéronucléation (Ball et Voegel, 2003). La morphologie du cristal biologique présente des caractéristiques qui supposent un contrôle fin (Cuisinier, 1996; Hunter, 1996). La synthèse et la localisation des protéines de la MEC de l'os sont par ailleurs corrélées au processus de minéralisation (Sodek et al, 2000; Sommer et al, 1996). Ces observations ont conduit depuis longtemps à penser que les interactions entre les protéines de la MEC et la matrice minérale dans le tissu osseux sont à l'origine du contrôle biologique de la morphologie et de la croissance du cristal au cours de la biominéralisation chez les mammifères. Certaines activités de ces protéines sur la formation et la croissance de l'hydroxyapatite ont ainsi été mises en évidence in vitro. 2) Activités régulatrices de la minéralisation in vitro Le collagène 1 seul est incapable d’induire la minéralisation in vitro (Couchourel et al, 1999; Saito et al, 1997; Hunter et al, 1986). La Bone Sialoprotein 2 (BSP), en revanche, entraîne la précipitation du calcium et du phosphate en solution, en conditions non saturantes, et active ainsi la nucléation de l'hydroxyapatite (Harris et al, 2000; Hunter et Goldberg, 1993). L'ostéopontine (OPN) inhibe la croissance du cristal (Hunter et al, 1996; Boskey et al, 1993), 35 Etude Bibliographique tandis que l’ostéocalcine (OC) inhiberait la croissance (Romberg et al, 1986) et/ou la nucléation (Hunter et al, 1996) de l’apatite. Le rôle de l’ostéonectine (ON) semble moins clair. Selon les études elle inhibe (Romberg et al, 1986) ou ne modifie pas la croissance (Hunter et al, 1996). L’effet des protéines sur la minéralisation dépend en fait de leur concentration et de leur immobilisation. Ainsi, la Fibronectine en solution inhibe la nucléation de l’HA mais pas sa croissance (Couchourel et al, 1999). Incluse dans un gel, elle ne montre, comme le collagène I, aucun effet sur la nucléation du cristal mais favorise la croissance en présence de cristaux d’HA déjà formés (Couchourel et al, 1999). Le fibrinogène en solution inhibe également la formation d’hydroxyapatite alors que son adsorption sur une surface hydrophobe permet d’activer la nucléation, suggérant une exposition de sites spécifiques de la protéine à la surface (Tsortos et al, 1996). L’activité des protéines sur la minéralisation des phosphates de calcium, et la morphologie des cristaux formés dépendent également de la concentration de la protéine. L’albumine favorise ainsi la croissance d’octacalcium phosphate à faible concentration et l’inhibe à forte concentration (Combes et Rey, 2002). La confusion viendrait en fait de la difficulté à différencier dans les systèmes expérimentaux utilisés, les phases de nucléation et de croissance cristalline (Ball et Voegel, 2003; Combes et Rey, 2002). Une protéine peut ainsi stabiliser les nuclei à faible concentration mais par là même défavoriser la croissance dans un plan du cristal à plus forte concentration, lorsqu’elle est adsorbée sur la surface (Flade et al, 2001). 3) Un motif commun responsable de l’activité protéique? Plusieurs équipes ont essayé de dégager des caractéristiques structurales communes afin de prédire les activités des protéines sur la minéralisation et de comprendre les mécanismes sous-jacents. L’activité d’inhibition de la minéralisation de l’OPN nécessite la présence d’une séquence poly-Asp ainsi que la phosphorylation de la protéine (Jono et al., 2000 ; Hunter et al., 1994). L'une des hypothèses est en effet que l'accumulation locale de phosphate de calcium serait dirigée par les séquences de polyacides des protéines. La distance entre 2 carboxyles dans une structure en hélice GLA de l’ostéocalcine correspond par exemple à la distance entre les ions calcium (0,545 nm) dans le plan de croissance de l'HA (Flade et al, 2001). Des polymères d’acide aspartique inhibent ainsi la croissance de l’hydroxyapatite (Hunter et al, 1994). Certaines protéines dont la structure est proche, comme l'ostéonectine et 36 Etude Bibliographique la BSP, dont les séquences possèdent toutes deux un domaine poly-glutamate qui interagit avec l'HA (Goldberg et al, 2001; Fujisawa et al, 1996), ont pourtant des rôles antagonistes sur la minéralisation (Harris et al, 2000; Fujisawa et al, 1996). Par ailleurs, la BSP possède deux motifs poly-Glu dont seul l’un favorise la nucléation de l’hydroxyapatite (Harris et al, 2000), des séquences poly-glu isolées étant, elles, activatrices de la croissance de l'hydroxyapatite (Fujisawa et al, 1996; Hunter et Goldberg, 1994). Les poly-Asp et les poly-Glu présentent une affinité comparable pour l’hydroxyapatite (Tsortos et Nancollas, 1999) et la différence d’activité entre les deux types d’acides pourrait en fait résider dans la morphologie des cristaux formés (Eiden-Assmann et al, 2002; Matsumoto et al, 2002). Cette interaction entre les acides glutamiques, γ-carboxyliques, aspartique ou phosphoriques, et les phosphates de calcium pourrait cependant constituer un mécanisme général d’interaction entre les protéines et l’HA (Kirkham et al, 2002; Hunter, 1996). L’alignement de groupements carboxyliques en deux dimensions induit ainsi la formation d’hydroxyapatite (Sato et al, 2001). Les effets des protéines matricielles sur la minéralisation ne sont pas clairement élucidés et semblent dépendre du système d'étude, de leur conformation, de leur concentration et de la présence ou non d'autres molécules avec lesquelles elles peuvent interagir (Cuisinier, 1996; Hunter, 1996; Boskey, 1996). Devant l'incohérence apparente de certains résultats expérimentaux, des auteurs ont suggéré que la stabilisation et l'orientation de la croissance des amas de calcium et de phosphate ne dépendraient que des contraintes spatiales imposées par les protéines matricielles et non pas d'interactions spécifiques avec le cristal (Cuisinier, 1996). La stathérine est une protéine de la salive qui participe à la minéralisation du tissu dentaire. Elle possède un motif commun avec l’ostéopontine (Asp-pSer-pSer-Glu-Glu), lieu de son affinité pour l’HA. La stathérine, qui inhibe la croissance de l’hydroxyapatite (Raj et al, 1992) interagit avec le cristal via ce domaine N-terminal dont la structuration en hélice favoriserait l’alignement des groupements phosphates et aspartate sur le motif cristallin de l’HA (Long et al, 2001; Long et al, 1998). Cette activité dépend de l’alignement de charges négatives mais pas d’un motif particulier. La déphosphorylation des serines du domaine Nterminal de la stathérine résulte en effet en une perte de l’activité d’inhibition de la croissance, mais leur substitution par des résidus aspartate permet de recouvrer cette activité (Raj et al, 1992). L’importance du nombre et de l’alignement de résidus porteurs de charges négatives est confirmée par l’étude de peptides recombinants de l’ostéopontine qui montre que l’activité inhibitrice de la croissance de l’HA varie en fonction du peptide, de l’organisation des résidus au sein de la séquence, et de la phopshorylation des résidus Serine (Pampena et al, 2004). 37 Etude Bibliographique Les constituants de la matrice extracellulaire semblent jouer un rôle important dans le processus d’ossification en favorisant et en orientant la minéralisation. Les mécanismes par lesquels les ions calcium et phosphate s'accumulent localement et selon un motif ordonné sont cependant encore mal connus. La déficience en certaines protéines de la matrice extracellulaire conduisant au développement d’un squelette normal à la naissance (Boskey et al, 1998; Liaw et al, 1998) suggère en outre l’existence de mécanismes redondants ou de compensation partielle des différentes activités au sein de la matrice. Si l’étude de l’interaction protéines matricielles/hydroxyapatite est nécessaire à la compréhension de certains mécanismes de la minéralisation, elle est également l’un des aspects de l’élaboration de biomatériaux se substituant au tissu osseux. I.2. Biomatériaux hybrides ostéoinducteurs I.2.a. Pertes osseuses et nécessité d’un comblement prothétique Certaines pathologies du tissu osseux entraînent un excès de formation osseuse, c’est le cas de l’ostéopétrose, qui se traduit par une augmentation générale de la masse osseuse, un épaississement des os, et donc une diminution de la cavité médullaire contenant les précurseurs hématopoïétiques. Cette maladie, qui résulte de mutations de gènes impliqués dans la résorption, et entraine une activité ostéoclastique réduite, reste cependant rare chez l’homme (Bakeman et al, 1998). On trouve également des pathologies, comme la maladie de Paget, dans lesquelles le remodelage osseux est excessif et désordonné et conduit à une dysmorphie du squelette. Cette maladie est liée à une suractivité des ostéoclastes (jusqu’à vingt fois la normale dans les cas les plus graves), qui accélère le remodelage et conduit les ostéoblastes à former une matrice désorganisée (Roodman et Windle, 2005). La cause la plus fréquente des troubles du tissu osseux reste cependant la perte osseuse. Celle-ci peut-être d’origine traumatique, dans le cas de fractures accidentelles, ou indirectement des suites d’un cancer, ou d’une pathologie très fréquente, et notamment chez la femme âgée, l’ostéoporose. Jusqu'à l'âge de 20 ans, la masse osseuse augmente progressivement. A cet âge, le capital osseux est constitué ; il reste stable pendant quelques années, puis diminue lentement avec l'âge, chez la femme comme chez l'homme, la résorption du tissu osseux l'emportant sur la formation, à cause par exemple d’une insuffisance en vitamine D ou un défaut d’absorption 38 Etude Bibliographique du calcium. Chez la femme, la perte osseuse s'accélère nettement à la ménopause, du fait de la carence en œstrogènes. L’ostéoporose est une pathologie du tissu osseux dans laquelle le comblement de la lacune de résorption, au cours de la phase de formation osseuse, est insuffisant, ce qui induit une désorganisation de l’architecture du tissu osseux et le fragilise (Seeman, 2002). L’ostéoporose augmente ainsi considérablement le risque de fracture, et est notamment la cause majeure des fractures du col du fémur. La présence de cellules cancéreuses dans l’os peut également conduire à l’apparition de lésions osseuses localisées appelées ostéolyses. Certaines métastases libèrent en effet des facteurs susceptibles de stimuler localement l’activité de résorption des ostéoclastes (Bendre et al, 2003). Enfin, l’exérèse de ces métastases peut également conduire à une perte osseuse importante (Langlais et al, 2005). L’os est un tissu capable de se régénérer, du moins partiellement. Suite à la destruction tissulaire et à l’hémorragie causées par une fracture, des signaux chémo-attractants et d'angiogenèse attirent sur place les cellules impliquées dans les phases initiales du processus de réparation. Les granulocytes neutrophiles et les macrophages éliminent localement les débris cellulaires. Les cellules mésenchymateuses et les capillaires sanguins prolifèrent et permettent la formation de tissu conjonctif puis de tissu cartilagineux qui forment un cal et comblent le foyer de fracture. Parallèlement, les cellules ostéoprogénitrices (du périoste et de l'endoste) prolifèrent et se différencient en ostéoblastes qui fabriquent du tissu ostéoïde qui progressivement remplace l'ébauche cartilagineuse du cal qui se calcifie. Le cal osseux est ensuite remodelé par les ostéoclastes pour restaurer la forme originale de l'os fracturé. Les deux extrémités d’un os fracturé ont ainsi une tendance spontanée à se souder pour autant qu’il y ait un contact entre eux et une immobilisation relative des fragments. La régénération ‘naturelle’ de l’os est insuffisante dans le cas de pertes importantes, ou d’une diminution de la synthèse osseuse, comme dans le cas de l’ostéoporose. Le comblement de ces pertes nécessite alors l’utilisation de matériaux prothétiques. I.2.b. Matériaux de substitution Un biomatériau se définit comme un matériau qui interagit avec les systèmes biologiques pour traiter, renforcer ou remplacer un tissu. En plus d’être biocompatibles, c’est à dire de ne pas induire de réaction inflammatoire de l’organisme, les biomatériaux doivent résister à l’usure mécanique et à la corrosion. En orthopédie, on distingue essentiellement 39 Etude Bibliographique quatre types de matériaux, les matériaux biologiques, les métaux, les polymères, et les céramiques. 1) Matériaux biologiques : greffes osseuses et risques associés Le comblement d’une perte osseuse peut s’effectuer à l’aide d’os provenant du patient lui-même (autogreffe), d’un donneur d’organes (allogreffe) ou encore d’un individu d’une espèce différente (xénogreffe). Le site de prélèvement d’une autogreffe est le plus souvent l’os spongieux du bassin (os iliaque). Plus rarement, de l’os cortical, plus solide, est prélevé sur la face interne du tibia. La greffe est utilisée pour sa qualité de support naturel à la recolonisation osseuse en cas de perte de substance. Cependant, l’allogreffe pose des problèmes évidents de compatibilité et de rejet, et l’autogreffe, de traumatismes et de risques associés à un deuxième site d’opération chez le patient (fractures de la zone donneuse, pertes sanguines, douleurs). Ainsi, l’autogreffe à partir de l’os iliaque peut-elle parfois entraîner de graves complications, et, beaucoup plus fréquemment, des douleurs persistant à long terme chez le patient (Russell et Block, 2000). C’est pourquoi la recherche s’est considérablement développée afin d’élaborer des matériaux de synthèse répondant aux contraintes mécaniques et fonctionnelles nécessaires à leur substitution du tissu osseux. L’impact du développement de ces substituts osseux sur le plan économique est par ailleurs considérable puisque leur utilisation, si elle réduit les risques pour le patient, permettrait également de réduire la durée du séjour d’hospitalisation. 2) Implants métalliques : résistance mécanique L’emploi de matériaux de substitution du tissu osseux a pour premier objet le comblement de la fonction mécanique du squelette. Dans cette optique, les implants métalliques en majorité à base de titane ou d’acier (Degasne et al,. 1999; Mc Donald et al., 2002) sont largement utilisés. Ces matériaux biocompatibles ne possèdent cependant pas d’activité biologique. En plus d’une certaine résistance intrinsèque, la stabilité mécanique des implants dépend en effet d’une synthèse rapide d’os par le tissu environnant. Le tissu restauré au contact d’une surface de titane, par exemple, forme une capsule fibreuse entourant l’implant et l’isolant du tissu osseux. Cette capsule de tissu fibreux cause l’apparition de micro mouvements provoquant à la longue le descellement des prothèses. Mis en contact avec le milieu biologique, le métal peut également subir une corrosion et libérer des ions dans 40 Etude Bibliographique l’organisme (Okazaki et al, 2004). Ces produits de corrosion peuvent être cytotoxiques, entraîner l’ostéolyse, ou encore favoriser l’apparition de tumeurs selon la nature des métaux (Sargeant et Goswami, 2005). 3) Implants polymères :mise en forme et résorbabilité Il s’agit d’une famille de matériaux très diversifiée et dont les applications thérapeutiques sont très variées. Ils sont le plus souvent utilisés comme matériel de suture ou de comblement. Ainsi, le polyéthylène (PE) est implanté comme matériau de surface de frottement dans les prothèses articulaires (Boileau et al, 2002). D’autres, le plus souvent dérivés du polymethylmethacrylate (PMMA) (Moursi et al, 2002; Filmon et al, 2002; Wyre et Downes, 2002; McFarland et al, 1999), sont employés comme ciments chirurgicaux, assurant une adaptation morphologique des implants à l’os et leur conférant ainsi une stabilité immédiate. Les implants de type polymères présentent cependant des limites dues à l’observation de la contraction du ciment voire un endommagement des tissus dû au dégagement de chaleur se produisant lors de réaction de polymérisation exothermique. La faillite progressive de la fixation de la prothèse menace également l'évolution à long terme des prothèses en particulier de celles qui sont cimentées. Les débris d’usure des polymères, soumis à des contraintes excessives, entraînent alors une réaction macrophagique qui va détruire l'os et desceller la prothèse (Eschbach, 2000). Cependant, outre leur facilité de mise en forme, certains polymères, comme l’acide polylactique et ses dérivés, sont résorbables par l’organisme. Ils favorisent l’ancrage et la synthèse de matrice organique par les ostéoblastes et constituent l’une des voies d’amélioration des propriétés biologiques des polymères, dans le domaine de l’ingénierie du tissu osseux (El Amin et al, 2003; El-Amin et al, 2002; Yang et al, 2001). 4) Hydroxyapatite (HA) Les céramiques sont des matériaux solides, non métalliques et non organiques, obtenus par compression à chaud (frittage). Certaines sont capables de liaison chimique avec l’os. Elles sont utilisées en orthopédie soit comme en revêtement d’autres matériaux, soit directement comme substituts osseux. Chimiquement stables, elles sont quasiment insensibles à la corrosion. Différentes céramiques peuvent être utilisées, comme l’alumine ou la zircone, mais les plus couramment utilisées sont des céramiques de phosphate de calcium, et notamment d’hydroxyapatite (HA). 41 Etude Bibliographique L’hydroxyapatite, constituant majoritaire de la phase minérale osseuse, présente, contrairement à de nombreux autres matériaux, des propriétés d’ostéoconduction, c'est-à-dire la capacité à recevoir la repousse osseuse par invasion vasculaire et cellulaire. L’intégration des implants métalliques au tissu hôte peut ainsi être améliorée par application d’hydroxyapatite en recouvrement des implants afin de combiner les propriétés bioactives de la surface céramique à la résistance mécanique du métal sous-jacent (fig.10). Le recouvrement par de l’hydroxyapatite d’un implant en titane permet ainsi d’établir une liaison directe avec le tissu osseux sans apparition de tissu fibreux (Soballe et al, 1993). Figure 10. Restauration du tissu osseux au contact d’un implant de titane (tiré de Bonel, 1998). (a) Implant en titane dans un tissu osseux. La couche blanche (flèche) autour de l’implant correspond à du tissu fibreux. (b) Implant en titane revêtu d’hydroxyapatite dans un tissu osseux. L’hydroxyapatite améliore la stabilité mécanique de l’implant en favorisant l’apposition de tissu osseux (Lind et al, 1999). Comme les métaux, le recouvrement des polymères par de l’apatite améliore également significativement leurs propriétés biologiques. L’association d’HA au PMMA stimule ainsi la prolifération, la différenciation et augmente le degré de minéralisation ostéoblastiques (Moursi et al, 2002; Dalby et al, 2002a; Dalby et al, 2001). Son adjonction au PE stimule par ailleurs l’ancrage des ostéoblastes au polymère (Di Silvio et al, 2002). Les essais cliniques chez l’homme ont en effet montré que le recouvrement de prothèses de hanches par de l’hydroxyapatite favorise largement l’intégration de l’implant (Geesink, 2002; Geesink, 1990). L’hydroxyapatite peut également être employée seule, sous forme céramisée. A topologie de surface égale, les céramiques de phosphates de calcium présentent en effet une meilleure ostéoconduction que les métaux (Matsuura et al, 2000). L’association de l’hydroxyapatite au titane à la surface d’implant favorise ainsi la différenciation ostéoblastique (Ramires et al, 2001). Les céramiques d’hydroxyapatite sont non seulement ostéoconductrices, mais également ostéoinductrices, c'est-à-dire capables d’induire la formation osseuse. Ainsi, l’implantation d’HA dans le tissu musculaire induit-elle la formation osseuse (Kurashina et al, 2002; Yuan et al, 2001; Yuan et al, 1999; Ripamonti, 1996). 42 Etude Bibliographique L’intégration de l’hydroxyapatite au tissu osseux viendrait en fait de sa capacité d’adsorption de protéines sériques adhésives (Kilpadi et al, 2001). La meilleure adhérence de précurseurs ostéoblastiques sur l’hydroxyapatite par rapport au titane est ainsi directement corrélée à une adsorption plus importante de fibronectine et de vitronectine sur la céramique, cette adsorption impliquant la reconnaissance de récepteurs cellulaires spécifiques (Kilpadi et al, 2001). De plus, l’inhibition compétitive de la reconnaissance de la fibronectine et de la vitronectine diminue l’étalement cellulaire sur l’hydroxyapatite, mais pas sur le titane (Matsuura et al, 2000), confirmant l’intervention de mécanismes cellulaires spécifiques à l’origine de la meilleure biocompatibilité de l’hydroxyapatite. I.2.c. Biomatériaux hybrides ostéoinducteurs 1) Ostéoinduction et Ingénierie tissulaire La recherche en biomatériaux s’attache depuis une vingtaine d’années non plus seulement à élaborer des matériaux capables d’assurer passivement les fonctions essentiellement mécaniques de soutien ou de remplacement d’un tissu endommagé, mais également à fonctionnaliser ces matériaux, à les rendre ‘bioactifs’, dans le but d’accélérer leur intégration au tissu hôte mais également d’induire une fonction au sein de ce tissu. Dans ce cadre, l’ingénierie du tissu osseux est particulièrement développée (Petite, 2002; Hardouin et al, 2000). Le développement de matériaux capables d’induire la synthèse osseuse consiste en l’association d’éléments cellulaires et moléculaires au matériau afin d’accélérer la synthèse du tissu ostéoïde et la minéralisation qui suit, on parle alors de biomatériaux ‘hybrides’. Un biomatériau osseux idéal doit ainsi établir une liaison stable en continuité avec le tissu environnant, favoriser l’activité ostéoblastique de formation osseuse mais également l’activité ostéoclastique de remodelage complémentaire nécessaire à son intégration parfaite au tissu hôte, pour finir par être entièrement substitué par le nouveau tissu dont il aura initié la synthèse. De nombreuses voies de recherche sont étudiées pour parvenir au développement de tels matériaux, de l’association de facteurs de croissance comme les BMP qui doivent être progressivement relargués dans le site d’implantation (Cowan et al, 2005), à la constitution de matériaux mixtes, associant par exemple un polymère (Dalby et al, 2002b), ou un autre phosphate de calcium, le phosphate tricalcique (TCP) (Daculsi et Malard, 2005; Daculsi, 1998; Gauthier et al, 1998; Piattelli et al, 1996) à l’HA afin respectivement d’améliorer les propriétés mécaniques ou de favoriser la résorption de l’implant. 43 Etude Bibliographique Une approche pour assurer la cellularisation d’un matériau consiste notamment en l’association de protéines de la matrice extracellulaire au substitut osseux. 2) Traitement des céramiques par adsorption de fibronectine La corrélation entre la compatibilité de l’hydroxyapatite et l’adsorption de protéines permet d’envisager un traitement des biomatériaux par adsorption de ces protéines, dans le but d’augmenter l’adhérence des cellules et par la même la vitesse de colonisation de l’implant. L’adhérence cellulaire aux protéines de la matrice influe en effet directement sur la prolifération et la différenciation et constitue l’étape critique de la colonisation d’un matériau (Anselme, 2000). L’incubation in vitro des biomatériaux en présence de protéines plasmatiques permet d’accroître le nombre de cellules attachées et d’accélérer la prolifération et la différenciation. L’adhérence des cellules ostéoprogénitrices dépend étroitement des protéines de la matrice sur lesquelles elles sont ensemencées et pour lesquelles elles présentent différentes affinités. La fibronectine favorise l’adhérence de nombreux types cellulaires sur des surfaces abiotiques : des précurseurs ostéoblastiques sur le titane (Yang et al, 2003), de cellules endothéliales sur le verre (Iuliano et al, 1993), d’explants osseux (McFarland et al, 1999), de cellules de moelle osseuse (Yang et al, 2001), de chondrocytes (Wyre et Downes, 2002) ou de fibroblastes (Barbucci et al, 2005) sur des surfaces polymères, ou encore de cellules de moelle osseuse sur des céramiques de phosphate de calcium (Dennis et al, 1992). Sur des céramiques poreuses d’hydroxyapatite, l’adsorption de fibronectine double le nombre de cellules retenues sur le biomatériau et diminue significativement le temps d’apparition d’os néoformé lors de l’implantation du biomatériau (Dennis et Caplan, 1993; Dennis et al, 1992). L’intérêt de la fibronectine dans le cadre du développement de biomatériaux réside non seulement dans sa capacité a promouvoir l’adhérence mais également dans ses fonctions de régulation de nombreux processus cellulaires au sein des tissus conjonctifs en général et du tissu osseux en particulier, détaillées dans le chapitre suivant. 44 Etude Bibliographique II.La fibronectine, protéine multifonctionnelle des matrices extracellulaires II.1.Introduction La fibronectine, première protéine non collagénique de la matrice à avoir été caractérisée, est une glycoprotéine dimérique de 450 à 500 kDa, présente chez tous les vertébrés. Elle est impliquée dans de très nombreux processus physiologiques comme l'embryogenèse, la cicatrisation, et la coagulation. La fibronectine peut être trouvée sous forme soluble, circulant dans le sang à une concentration d'environ 300 mg/L. Cette forme soluble participe notamment au processus de cicatrisation et de coagulation de par son affinité pour la fibrine et les plaquettes. La fibronectine peut également être incorporée sous forme fibrillaire au sein des matrices extra cellulaires des tissus conjonctifs, des membranes basales et des cellules en culture, où ses interactions avec de nombreux autres composants matriciels en font un élément central du maintien de l'intégrité tissulaire. Ses domaines de reconnaissance par des récepteurs cellulaires transmembranaires lui confèrent également un rôle majeur dans des processus comme l'adhérence, la migration ou la différenciation cellulaire. La forme plasmatique de la fibronectine est synthétisée par les hépatocytes. Lorsqu'elle est sécrétée directement au sein des matrices extracellulaires, par les ostéoblastes et fibroblastes notamment, on parle de fibronectine cellulaire. Les fibronectines plasmatique et cellulaire, qui diffèrent peu structuralement (Vuento et al, 1977), se retrouvent toutes deux incorporées au sein du réseau matriciel conjonctif (Peters et al, 1990). II.2.Structure modulaire et domaines d’affinités La fibronectine est un dimère constitué de deux chaînes polypeptidiques reliées en leur extrémité C-terminale par deux ponts disulfures. Chaque chaîne, qui possède une masse moléculaire d'environ 220 kDa, est constituée d'une combinaison d'unités structurales, les modules de type I, II et III (fig.11). 45 Etude Bibliographique Figure 11. Structure modulaire de la fibronectine. Les deux monomères de la fibronectine sont associés par deux ponts disulfures en leur extrémité C-terminale. La combinaison de modules de type I, II et III est représentée pour un seul des deux brins du dimère. A l'intérieur d'un type, chaque module est identifié par un numéro correspondant à sa position dans le monomère, en partant de l'extrémité N-terminale. On notera ainsi I1 pour désigner le premier module de type I. II.2.a. Unités structurales de la fibronectine : les modules Chaque monomère contient 12 modules de type I, 2 modules de type II et entre 15 et 17 modules de type III. Une vingtaine d'isoformes de la fibronectine, résultats de l'épissage alternatif d'un même gène, ont en effet été mises en évidence chez l'homme (Schwarzbauer, 1991). Cet épissage module ainsi la présence de deux modules de type III, EDA et EDB, et d'un domaine variable V (ou IIICS). EDA et EDB ne sont présents que dans les isoformes de fibronectine cellulaire. Chacun des trois types de modules de la fibronectine est retrouvé chez de nombreuses autres protéines. Malgré des homologies de structure primaire qui peuvent être faibles, notamment entre domaines de type III, l'arrangement des structures secondaires de chaque type de module est très conservé (Potts et Campbell, 1996; Marque et al, 1996). Les modules de type I comptent environ 45 acides aminés. Ils sont constitués de 2 feuillets β de 2 et 3 brins antiparallèles repliés sur un petit domaine hydrophobe. Deux ponts disulfures, intra et inter feuillets, maintiennent la structure (Potts et Campbell, 1994; Baron et al, 1990). Les modules de type II sont constitués d'une soixantaine d'acides aminés arrangés en 2 courts feuillets beta antiparallèles de 2 brins chacun, reliés par une boucle irrégulière et associés perpendiculairement l'un à l'autre. La structure des modules de type II, maintenue par 2 ponts disulfures, présente une zone hydrophobe partiellement exposée au solvant (Constantine et al, 1992). Les modules de type III sont retrouvés dans de très nombreuses protéines de la matrice extracellulaire. Ils comptent environ 90 acides aminés arrangés en 2 feuillets beta antiparallèles, de 3 et 4 brins chacun. Ces modules ne contiennent pas de pont disulfure et la structure est maintenue par un cœur hydrophobe compact (Main et al, 1992). 46 Etude Bibliographique II.2.b. Ligands de la fibronectine La structure modulaire de la fibronectine lui confère, directement sur certains modules ou via leur association en domaines, de l'affinité pour de très nombreux ligands de la matrice extracellulaire (fig.12). C'est la résistance de ces domaines à la protéolyse qui a initialement permis leur localisation le long de la chaîne polypeptidique (Ruoslahti et al, 1982; Hahn et Yamada, 1979b). Figure 12. Principaux ligands de la fibronectine. Quand plusieurs sites d'affinité pour un même ligand sont présents, le signe + indique le site de plus forte affinité. 1) Récepteurs cellulaires Intégrines La fibronectine présente plusieurs sites de reconnaissance des récepteurs cellulaires transmembranaires, les intégrines. Ces sites sont majoritairement situés sur les modules de type III et l'on parle ainsi du domaine III2-11 de la fibronectine, fragment de 120-140 kDa isolé par clivage protéolytique par la thermolysine, comme du 'domaine central de liaison aux cellules'. L'un des feuillets du module III10 de la fibronectine présente une boucle flexible saillant hors de la structure (Raj et al, 1992). Cette boucle contient la séquence tripeptidique RGD, qui a été identifiée comme la séquence principale intervenant dans l’adhérence des cellules à la fibronectine (Pierschbacher et Ruoslahti, 1984). La séquence RGD est en fait commune à de nombreuses protéines matricielles, dont la vitronectine, l'ostéopontine, la sialoprotéine osseuse, la thrombospondine-I ou le facteur von Willebrand (Ruoslahti et Pierschbacher, 1987). Cependant, chaque type d'intégrine reconnaît spécifiquement un petit 47 Etude Bibliographique groupe de protéines, indiquant qu’une liaison étroite au récepteur nécessite plus qu’une simple séquence RGD. Les intégrines sont des glycoprotéines constituées de deux sous-unités α et β qui présentent chacune de nombreuses isoformes. L'association d'un hétérodimère αβ particulier confère au récepteur sa spécificité de reconnaissance des protéines matricielles. L’intégrine α5β1 est ainsi un récepteur spécifique de la fibronectine mais nombreuses autres intégrines peuvent interagir avec le module III10 de la fibronectine, notamment celles de la famille αv, qui reconnaissent aussi la vitronectine (Pankov et Yamada, 2002; Marque et al, 1996). D’autres modules de type III de la fibronectine interagissent spécifiquement avec des intégrines, comme le domaine III5 avec les intégrines α4β1 et α4β7, via le motif KLDAPT (Moyano et al, 1997). Ces mêmes intégrines reconnaissent également les séquences LDV et REDV sur le domaine V (Aota et al, 1991). L’intégrine α5β1 interagirait également avec le domaine III1 (Mercurius et Morla, 2001). Plus récemment, la séquence KNEED sur le domaine III8 (Wong et al, 2002), a également été mise en évidence sur la fibronectine. Une étude suggère qu’en fait tous les modules du domaine III1-10 seraient potentiellement capable de participer à l’adhérence cellulaire (Chi-Rosso et al, 1997). Certains d’entre eux agissent de façon synergique comme c’est la cas du domaine III9, via la séquence PHSRN (Aota et al, 1994), dont l’association au domaine III10 optimise l’adhérence (Mardon et Grant, 1994). Si les interactions entre les intégrines et la fibronectine résident majoritairement au sein des modules de type III, certaines études indiquent que le domaine N-terminal I1-5 participe également à la reconnaissance de la fibronectine par les cellules via l'intégrine α5β1 (Hocking et al, 1998; Dzamba et al, 1994; Dzamba et al, 1993). Héparine et glycosaminoglycanes membranaires La fibronectine présente également plusieurs sites d'affinité pour des glycosaminoglycanes (GAGs) comme l’héparine, l’héparane-, le dermatane- et la chondroïtine-sulfate. Le site de plus forte affinité pour ces GAGs est situé à l’extrémité Cterminale de la protéine, sur le domaine III12-14. Deux autres sites de plus faible affinité, I1-5 et III1, sont également retrouvés sur la fibronectine (Smith et Furcht, 1982; Yamada et al, 1980). Les GAGs sont présents sur des protéines membranaires orientées vers la matrice extracellulaire et sont impliqués dans certaines interactions entre les cellules et la matrice. Ces interactions participeraient ainsi notamment à l’adhérence d’ostéoblastes sur la fibronectine (Sim et al, 2004). 48 Etude Bibliographique L’interaction du module III1 avec l’héparane et le dermatane sulfate de ces protéoglycanes membranaires pourrait ainsi médier l’interaction fibronectine-cellule et participer à l’activation de voies de signalisation intracellulaires, au même titre que les intégrines (Mercurius et Morla, 2001). 2) Ligands matriciels Fibrine La fibronectine présente deux sites d’affinité pour la fibrine situés sur les domaines I4-5 et I10-12 (Rostagno et al, 1999). Cette interaction fibronectine-fibrine participe notamment à l’incorporation de la fibronectine aux caillots sanguins lors des processus de cicatrisation et de coagulation. L’incorporation de fibronectine est en effet nécessaire à la migration des fibroblastes au sein du caillot de fibrine lors de la cicatrisation (Greiling et Clark, 1997; Knox et al, 1986). Collagène La fibronectine est capable d’interagir avec le collagène de type I, et particulièrement avec sa forme dénaturée, la gélatine (Hahn et Yamada, 1979a) via le domaine I6-II1-2-I7-9 (Skorstengaard et al, 1984). Le rôle de cette affinité n’est pas clair, aucune interaction directe n’ayant été mise en évidence dans la matrice entre la fibronectine et le collagène. La plus forte affinité de la fibronectine pour la forme dénaturée du collagène a fait émettre l’hypothèse que cette liaison pourrait participer à l’élimination de fragments du collagène dénaturé lors remodelage tissulaire physiologique ou pathologique, lors de brûlures par exemple. La fibronectine est capable d’interagir avec de nombreux fragments du collagène I (Ingham et al, 2002) et aucune séquence spécifique de reconnaissance n’a été mise en évidence à ce jour. 3) Sites d'auto-association Plusieurs interactions entre les domaines de la fibronectine eux-mêmes ont été mises en évidence. L’extrémité N-terminale I1-5 de la protéine montre ainsi de l’affinité pour les deux autres sites de liaison à l’héparine situés sur les domaines III1 (Aguirre et al, 1994; Hocking et al, 1994) et III12-14 (Bultmann et al, 1998). Le domaine III2-3 d’une sous-unité interagirait également avec le domaine III12-14 de l’autre (Johnson et al, 1999). Ces interactions entre sous-unités sont directement impliquées dans la structure tridimensionnelle 49 Etude Bibliographique de la fibronectine en solution. II.3.Conformation de la fibronectine II.3.a. Conformation de la fibronectine en solution La fibronectine est sous une forme compacte dans le plasma (Rocco et al, 1984) et à la surface des cellules (Baneyx et Vogel, 1999). Cette conformation est maintenue par des interactions entre modules distants dans la séquence de la protéine. 1) Interactions hydrophobes L'arrangement entre modules voisins peut faire intervenir des interactions hydrophobes, comme cela a été montré pour la paire I4-I5 (Williams et al, 1982), ce qui limite les rotations entre modules autour de l’axe de la chaîne peptidique. De telles interactions peuvent également être trouvées entre modules distants dans la séquence primaire (fig.13). C’est ainsi le cas du domaine I6-II1-II2 au niveau du site d’affinité pour le collagène (Pickford et al, 2001). Figure 13. Interactions hydrophobes sur le site d’affinité au collagène, entre Fn I6 et II2,. D’après (Pickford et al, 2001) 2) Interactions électrostatiques La conformation compacte de la fibronectine (fig.14) est maintenue par des interactions électrostatiques entre ses deux sous-unités (Benecky et al, 1991). C’est l’interaction entre les modules III2-3 d’une sous-unité et III12-14 de l’autre qui participerait directement à ce maintien (Johnson et al, 1999). 50 Etude Bibliographique Figure 14. Conformation compacte de la fibronectine d’après (Johnson et al, 1999). La forme compacte de la fibronectine est maintenue par des interactions entre le domaine III2-3 d’une sous-unité et le domaine III12-14 de l’autre. Le domaine I6II1-2 est ici représenté replié selon l’hypothèse de (Pickford et al, 2001). Ce repliement du domaine de liaison au collagène pourrait également faciliter une interaction entre les domaines I1-5 et III1. L’une des sous-unités est grisée afin de faciliter la distinction entre les deux chaînes de la fibronectine. La représentation des modules est la même que pour la figure 12. Les modules ayant de l’affinité pour un autre domaine de la fibronectine sont représentés en rose, les sites principaux de reconnaissance des intégrines en bleu. L’augmentation du rayon de giration de la protéine à forte force ionique est associée à la rupture de ces interactions inter-chaînes et au dépliement de la forme compacte vers une forme étendue de la fibronectine, comme illustré sur la figure 15 (Benecky et al, 1991; Erickson et Carrell, 1983; Tooney et al, 1983; Williams et al, 1982). Figure 15. Transition de conformation de la fibronectine induite par la force ionique. La forme étendue présente l’interaction hydrophobe mise en évidence par Pickford, qui résiste à de fortes forces ioniques. La représentation des modules est la même qu’à la figure 12. 3) Ordres de grandeur La conformation de la fibronectine en solution n’est pas résolue à ce jour. Cependant, les techniques de sédimentation, de diffusion de lumière, et de microscopies, électronique et à force atomique, permettent d’estimer les ordres de grandeur des différentes formes de la protéine (fig.16). Ainsi la forme compacte aurait un rayon de giration d’environ 10 à 15nm, celui de la forme étendue serait environ le double. La longueur de contour d’une chaîne de modules repliés est de l’ordre de 60-70nm, tandis qu’une chaîne polypeptidique dans laquelle les modules sont entièrement déroulés atteindrait 600nm. 51 Etude Bibliographique Figure 16. Ordres de grandeurs des dimensions de la fibronectine. Les valeurs données reflètent une moyenne des valeurs de la littérature, qui varient selon les auteurs et techniques utilisées. Dimensions des conformations compacte et étendue d’après (Benecky et al, 1991; Rocco et al, 1984; Erickson et Carrell, 1983; Williams et al, 1982; Koteliansky et al, 1981) ; longueurs de contours d’un monomère d’après (Erickson et Carrell, 1983; Tooney et al, 1983; Erickson et al, 1981) et d’un monomère dans lequel les modules sont dépliés d’après (Oberdörfer et al, 2000). II.3.b. Fibrillogenèse de la fibronectine au sein de la matrice Lorsqu’elle est incorporée dans la matrice extracellulaire, la fibronectine est organisée en un réseau dense de fibres interconnectées et entourant les cellules. De nombreuses cellules sont capables d’assembler la fibronectine en un réseau fibrillaire, au sein des tissus conjonctifs ou en culture (fig.17). Figure 17. Matrices de fibronectine assemblées par des ostéoblastes in vitro et in vivo. (a) Assemblage de la fibronectine en un réseau fibrillaire par des ostéoblastes de rat en culture (Yang, 2002). Après 4 jours de culture, les cellules sont fixées et la fibronectine est marquée par immunofluorescence (champ 100x100µm). (b) Matrice de fibronectine sur une section d’os spongieux chez le rat (Weiss,1981). La fibronectine est présente de façon importante dans toute la matrice extracellulaire. On distingue le réseau fibrillaire autour des ostéoblastes (flèche). (champ 15x15µm). Ce réseau fait intervenir des formes multimériques maintenues par des ponts disulfures (McKeown-Longo et Mosher, 1984). La fibrillation procède en plusieurs étapes: La fibronectine est sécrétée sous forme d’un dimère. Cette forme associée aux cellules est 52 Etude Bibliographique initialement soluble puis la multimérisation de la fibronectine s’accompagne progressivement d’une insolubilisation de la matrice formée, correspondant à l’établissement de ponts disulfures inter-chaînes. (Choi et Hynes, 1979). L’établissement de ces ponts est lié à un changement de conformation de la protéine, les groupements thiols libres étant enfouis dans sa conformation native (Williams et al, 1982). 1) Domaines impliqués De très nombreuses études ont essayé de mettre en évidence le mécanisme d’assemblage de la fibronectine au sein de la matrice, et notamment les interactions entre domaines de la protéine qui initient la fibrillation. Le fragment N-terminal de 70 kDa (F70), incluant les 9 premiers domaines de type I et les modules de type II, inhibe ainsi de façon compétitive l’incorporation de fibronectine à la matrice (Quade et McDonald, 1988; Chernousov et al, 1987; Chernousov et al, 1985). Cette inhibition est essentiellement liée au domaine I1-5 (Quade et McDonald, 1988). L’activité inhibitrice des domaines I9-III1 (Zhong et al, 1998; Chernousov et al, 1991), ou III1-III2 (Morla et Ruoslahti, 1992) laisse penser que parmi les modules du F70, le module III1 joue également un rôle clef dans la fibrillogénèse de la fibronectine. Cette inhibition pourrait être liée à son affinité pour le fragment F70 lui-même (Hocking et al, 1994), le module III10 (Hocking et al, 1996), ou d’autres modules de type III (Ingham et al, 2002). Certains résultats sont contradictoires, ainsi, un anticorps anti-III1 inhibe la formation d’une matrice de fibronectine (Hocking et al, 1996) alors que la délétion de ce module au sein d’une protéine recombinante ne la modifie pas (Sechler et al, 2001). D’autres travaux suggèrent enfin que les modules de type III de la fibronectine ne seraient pas essentiels à son incorporation au sein de la matrice. Ainsi, l’association, au sein de protéines recombinantes, des seules extrémités N-ter et C-ter de la protéine suffit en fait à leur incorporation au sein de la matrice de fibronectine (Sechler et Schwarzbauer, 1998; IchiharaTanaka et al, 1992), la délétion d’une partie des modules de type III conduisant toutefois à l’assemblage d’une matrice dont la morphologie diffère de celle de la protéine entière (Sechler et Schwarzbauer, 1998). De nombreux modules de la fibronectine présentent une affinité pour un ou plusieurs autres modules de la protéine. Si on admet l’hypothèse que les fibres de fibronectine sont constituées par un alignement des chaînes parallèle à l’axe de la fibre (hypothèse suggérée par les plus petits diamètres observés, de l’ordre de 5nm), il ne semble pas étonnant que de multiples interactions entre modules s’établissent tout le long des molécules afin de stabiliser 53 Etude Bibliographique la structure. Dans ce contexte, il est difficile de d’établir le rôle initiateur de certains domaines de la protéine, sans compter que certaines modules peuvent établir plusieurs interactions simultanément, comme c’est la cas du domaine III1, capable d’interagir en même temps avec le fragment N-terminal F70 et le domaine III10 (Hocking et al, 1996). La difficulté d’établir les interactions s’établissant entre molécules de fibronectine au cours de la fibrillogénèse vient également du fait que celles-ci peuvent varier selon l’état de repliement des modules. Les modules dont la dénaturation entraîne l’apparition d’affinités nouvelles par rapport à la conformation native de la protéine, sont qualifiés de sites cryptiques. 2) Sites cryptiques d’auto-association La participation des modules de la fibronectine à son auto-association, dépendrait de leur état de dénaturation. Une forte affinité du fragment N-terminal de 70kDa apparaît ainsi pour le module III1 lorsque celui-ci est dénaturé (Hocking et al, 1994). Le domaine III1 luimême ne reconnaît le module III10 que dénaturé (Hocking et al, 1996). Ces interactions permettent d’envisager un mécanisme séquentiel dans lequel un changement de conformation du III1 suite à sa liaison au III10 optimiserait la liaison du III1 au F70 et permettrait la formation d’un triptyque (Hocking et al, 1996). Le domaine III1 dans sa conformation native n’exprime enfin de l’affinité pour les modules III7 et III15 que si ceux-ci ont préalablement été dénaturés (Ingham et al, 1997). La pertinence physiologique de telles associations est mise en évidence par plusieurs observations qui suggèrent un dépliement partiel des modules au sein des fibres de fibronectine de la matrice extracellulaire de cellules en culture. 3) Fibrillogénèse et transition de conformation Coexistence de formes compactes et dépliées au sein des fibres Le marquage de la fibronectine par deux fluorophores dont le spectre d’émission de l’un des deux (fluorophore ‘accepteur’) recouvre en partie le spectre d’absorption de l’autre (fluorophore ‘donneur’) permet de distinguer différentes conformations de la fibronectine au sein de la matrice. Les fluorophores accepteurs sont spécifiquement situés sur les modules III7 et III15 et les donneurs sont aléatoirement répartis le long de la molécule. Le transfert d’énergie entre les deux peut s’effectuer lorsque ceux-ci sont séparés d’une distance environ 54 Etude Bibliographique inférieure à 10 nm ce qui permet de détecter le dépliement des modules de type III (Baneyx et al, 2001). Cette technique de fluorescence à transfert d’énergie de résonance (FRET) permet d’observer la coexistence de formes compactes de la fibronectine, situées à la surface des cellules, et de formes étendues au sein des fibres de la matrice, dont des formes ‘hyperétendues’, dans lesquelles au moins l’un des modules de type III est déplié (Baneyx et al, 2002). Ces résultats suggère que le dépliement partiel de la fibronectine est un préalable à sa fibrillation (fig.18). Figure 18. Coexistence de conformations compactes et dépliées de la fibronectine au sein de la matrice. Les différentes conformations de la fibronectine sont mises en évidence par la technique du FRET (cf. texte) entre 1h et 24h après l’ensemencement des cellules. La fluorescence rouge indique des formes compactes de la fibronectine localisées à la périphérie des cellules, tandis que les fibres de fibronectine, qui fluorescent en vert, sont constituées de molécules de fibronectine dépliées. La présence d’amas jaunes (indiqués par des flèches à 1, 4 et 24h), à la surface des cellules, indique une conformation intermédiaire de la protéine. (Baneyx et al., 2001). Exposition des sites d’association par une tension mécanique L’exercice d’une force mécanique sur la fibronectine permet de déplier ses modules de façon séquentielle. Des études d’étirement moléculaire sur la fibronectine en microscopie à force atomique, montrent en effet un dépliement successif des modules de type I, puis II et III au fur et à mesure de l’étirement de la molécule (Oberdörfer et al, 2000). Le dépliement des modules de même type serait également séquentiel, le module III10 étant par exemple trois fois moins résistant à l’étirement que le module III1 (Oberhauser et al, 2002). Un étirement mécanique de la fibronectine pourrait donc permettre de réguler les interactions entre modules (fig.19). Au sein de la matrice les fibres de fibronectine sont en effet soumises à d’importantes 55 Etude Bibliographique forces de tension, comme le montre leur rétraction rapide et importante suite à leur rupture (Ohashi et al, 1999). Ces forces de tension pourraient donc permettre l’exposition des sites d’assemblage comme le suggère l’augmentation de l’incorporation au sein de la matrice de la fibronectine, du fragment F70 ou du module III1, suite à l’étirement mécanique de cette matrice (Zhong et al, 1998). Figure 19. Modulation des interactions entre modules par la tension exercée sur la fibronectine. Exemple d’une modulation possible des interactions du module III1 à l’état (a) replié ou (b) dénaturé selon la tension exercée sur la fibre. D’après (Hocking, 1994 et 1996), (Ingham,1997), (Zhong,1998) et (Baneyx,2002). Couplage mécanique du réseau de fibronectine et du cytosquelette L’organisation du cytosquelette d’actine est étroitement liée à celle de la matrice de fibronectine. La partie intracellulaire des récepteurs transmembranaires que sont les intégrines est associée, via un complexe protéique, aux filaments du cytosquelette. L’inactivation d’une protéine impliquée dans l’assemblage des filaments d’actine du cytosquelette inhibe ainsi l’incorporation de fibronectine à la matrice. Cette inactivation diminue également l’exposition du module III1 (Zhong et al, 1998), suggérant que le lien entre le cytosquelette et la fibronectine permettrait l’exposition de sites d’auto-association par changement de conformation des modules, ce que confirme le repliement des modules de type III observé suite à la rupture de la tension du cytosquelette d’actine (Baneyx et al, 2002). Les tensions exercées par les cellules sur la fibronectine pourraient donc résulter d’un couplage mécanique entre le cytosquelette et la protéine via les intégrines. L’inhibition de l’assemblage des filaments d’actine est ainsi corrélée à une diminution de l’activation des intégrines de la famille β1, récepteurs de la fibronectine (Zhong et al, 1998). L’incorporation de fibronectine à la matrice extra-cellulaire nécessite un dépliement de la molécule de sa forme compacte vers une forme étendue, dans laquelle les modules sont 56 Etude Bibliographique exposés. L’initiation de la fibrillogénèse requiert l’intervention des intégrines α5β1 [Wu,1993] et l’interaction entre les deux partenaires pourrait également déclencher l’ouverture de la molécule, via un couplage mécanique au cytosquelette (fig.20) (Wierzbicka-Patynowski et Schwarzbauer, 2003; Pankov et al, 2000). Figure 20.Couplage mécanique de la matrice de fibronectine au cytosquelette via les intégrines. L’interaction de la fibronectine avec les intégrines membranaires pourrait favoriser l’ouverture de la forme compacte de la protéine via un couplage mécanique au cytosquelette. Les tensions exercées induiraient l’exposition de sites d’auto-association sur la protéine, initiant ainsi la fibrillogénèse. Cette hypothèse, non démontrée, est suggérée par de nombreux résultats expérimentaux dont (Baneyx,2001; Pankov,2000 ; Zhong,1998). Ce couplage mécanique de la fibronectine et des cellules serait en fait réciproque. Des études de modélisation moléculaire montrent en effet que l’étirement du module III10, porteur du site principal de reconnaissances des intégrines, la boucle RGD, provoque un changement de conformation de cette boucle et diminue ainsi son accès par les intégrines α5β1 (Krammer et al, 1999). Cette déformation pourrait en fait, via une modulation de la distance entre la boucle RGD et le site synergique PHSRN situé sur le module III9, entraîner le recrutement d’autres types d’intégrines, insensibles à cette synergie (Krammer et al, 2002). Rôle possible des lipides membranaires La technique du FRET a récemment permis de mettre en évidence que la transition de conformation de la fibronectine, de sa forme compacte à sa forme étendue, pouvait être induite par son adsorption à la surface de liposomes de phosphatidylcholine (Halter et al, 2005). La phosphatidylcholine est le composant majoritaire des lipides de la membrane plasmique. Ces résultats suggèrent donc que la fibrillogénèse de la fibronectine pourrait en fait s’effectuer via un dépliement induit par la membrane et non pas par les intégrines. Ce changement de conformation initial pourrait ensuite faciliter l’interaction avec les intégrines, 57 Etude Bibliographique et la poursuite de l’extension de la molécule et de la fibrillation. Si tous les mécanismes n’en sont pas identifiés, l’auto-assemblage de la fibronectine au sein de la matrice implique très vraisemblablement des changements de conformation de la protéine, initiés par son association aux cellules. Les nombreuses interactions possibles entre les modules, et l’interdépendance observée entre la fibronectine et le cytosquelette, suggèrent par ailleurs que la fibrillogénèse de la fibronectine est un processus dynamique, sujet à de nombreuses régulations. Le maintien de l’intégrité de la matrice requiert par exemple une incorporation continue de fibronectine (Sottile et Hocking, 2002). II.4. Fonctions de la fibronectine II.4.a. Introduction La relation entre les cellules et leur matrice est étroite et réciproque. Les cellules sécrètent et participent à l’assemblage des protéines de la matrice, tandis que le réseau matriciel transmet aux cellules des informations positionnelles et environnementales qui modulent le comportement cellulaire. Les senseurs de ces informations sont principalement les intégrines. La liaison des cellules aux protéines extracellulaires, via les intégrines, transmembranaires, génère un signal intracellulaire affectant l’état du cytosquelette, initiant l’assemblage des filaments d’actine et des plaques d’adhésion focale et influençant ainsi l’étalement des cellules sur leur substrat (fig.21). Cette liaison initie également une cascade de réactions cellulaires aboutissant à la synthèse de facteurs de transcription de nombreuses protéines (Bottaro et al, 2002; Stupack et Cheresh, 2002; Yamada, 1997; LaFlamme et Auer, 1996). L’interaction des cellules avec leur environnement, la matrice extracellulaire, affecte ainsi de nombreux aspects du comportement cellulaire. Cette interaction est non seulement nécessaire à la vie, mais aussi à la survie, cellulaires. La disjonction des interactions entre les cellules et leur matrice extracellulaire peut ainsi induire une mort cellulaire par apoptose, l’anoikis (Frisch et Francis, 1994). 58 Etude Bibliographique Figure 21. Activation de la signalisation intracellulaire via la reconnaissance de la fibronectine par les intégrines. L’interaction de la fibronectine avec les intégrines entraîne une cascade de réactions intracellulaires modulant la survie, la prolifération ou la différenciation cellulaire. L’activation des voies de signalisation par la matrice est ici représentée de façon simplifiée, des interactions entre plusieurs récepteurs pouvant notamment également être mises en œuvre. Cette signalisation de la matrice vers la cellule est appelée ‘outside-in’. Une signalisation ‘inside-out’ peut par ailleurs s’établir de la cellule vers la matrice. C’est cette dernière qui interviendrait par exemple dans la polymérisation de la fibronectine (cf. II.3.b) Parmi les protéines de la matrice extracellulaire des tissus conjonctifs, la fibronectine participe à la régulation de très nombreux processus physiologiques au sein des tissus conjonctifs en général et du tissu osseux en particulier. La plupart de ces fonctions dépendent non seulement de l’exposition des différents domaines de la molécule isolée, mais également des caractéristiques des assemblages supramoléculaires de fibronectine au sein du réseau matriciel. II.4.b. Fibronectine et fonctions cellulaires 1) La cellule dans l’espace Adhérence La fibronectine participe à l’ancrage des cellules à leur support via sa reconnaissance par les intégrines et notamment par l’hétérodimère α5β1 (fig.22). La disposition de patchs de fibronectine sur une surface non adhésive dirige ainsi sélectivement l’adhérence de cellules endothéliales sur ces patchs, indépendamment de la topologie du substrat (Mrksich et al, 1996). Cette stimulation de l’adhérence est l’une des premières propriétés de la fibronectine à avoir été mise en évidence sur des hépatocytes (Hook et al, 1977). On sait depuis que la fibronectine stimule l’adhérence de très nombreux types cellulaires, notamment des 59 Etude Bibliographique fibroblastes (Grinnell et al, 1980), des cellules endothéliales (Iuliano et al, 1993), osseuses (Yang et al, 2003; Yang et al, 2001; McFarland et al, 1999; Dennis et al, 1992), ou cartilagineuses (Wyre et Downes, 2002). Par ailleurs, la dénaturation des structures secondaires de la fibronectine (Barbucci et al, 2005) ou une exposition différente de certains de ses sites au solvant (Iuliano et al, 1993) , modulent l’adhérence à un substrat, suggérant une dépendance plus importante à la conformation de la protéine qu’à sa quantité. Incidemment, une même quantité de fibronectine adsorbée peut induire différentes réponses en terme d’adhérence (McFarland et al, 1999). Figure 22. Adhérence et étalement d’une cellule sur son substrat. La reconnaissance entre ls intégrines transmembranires et la fibronectine (en rouge) permet l’ancrage initial de la cellule au substrat. Puis, l’interaction est consolidée par l’étalement de la cellule et l’augmentation du nombre de lien intégrine-fibronectine. Etalement et Migration L’ancrage de fibroblastes sur la fibronectine n’est sensible à l’action d’agents inhibiteurs que pendant la phase initiale d’adhérence. La consolidation de l’interaction entre la cellule et son support, est en partie liée à la capacité d’étalement de la cellule (Carter et al, 1981). L’ancrage initial d’une cellule à la matrice, via les intégrines, entraîne en effet une réorganisation du cytosquelette conduisant à l’émission d’extensions cytoplasmiques et à l’étalement cellulaire. L’adhérence à la fibronectine permet ainsi l’étalement de fibroblastes en 1 heure, via l’activation de voies de signalisation intracellulaires intégrine-dépendantes (Price et al, 1998). Cette liaison de la cellule à la fibronectine peut également favoriser sa migration. La fibronectine permet ainsi de guider les cellules au cours de l’embryogenèse (Beauvais-Jouneau et al, 1997; Winklbauer et al, 1996) ou lors de la cicatrisation (Greiling et Clark, 1997). Certains fragments de la fibronectine favorisent aussi la migration de cellules cancéreuses lors de l’invasion tumorale (Margolis et al, 1996). La migration et l’étalement font en effet appel à des processus similaires. Comme l’étalement, la migration cellulaire procède par une stabilisation de l’interaction cellule/substrat par des regroupements coopératifs des récepteurs, en coordination avec la réorganisation du cytosquelette. 60 Etude Bibliographique Cependant, au cours de la migration cette réorganisation se produit de manière asymétrique. Elle entraîne ainsi une extension cytoplasmique vers un coté de la cellule, le front de migration (fig.23). Le regroupement de récepteurs au niveau de ce front permet à la cellule de se ‘hisser’ vers lui, puis de libérer les interactions avec son substrat à l’arrière du front de migration avant de projeter de nouveau des extensions vers l’avant (Mitchison et Cramer, 1996). La migration est ainsi un phénomène cyclique d’établissement/disjonction des interactions entre la matrice, les récepteurs cellulaires et le cytosquelette (Palecek et al, 1998; Palecek et al, 1996). C’est pourquoi la migration ne peut se produire que pour une valeur optimale de la force de l’interaction avec la matrice, suffisante pour supporter la traction de la cellule, mais réversible pour permettre la disjonction et donc le déplacement (Palecek et al, 1997). Figure 23. Représentation schématique des étapes de la migration cellulaire. La cellule envoie une projection cytoplasmique vers l’avant, stabilise la prise par un regroupement des récepteurs, puis exerce une traction sur cette prise afin de se hisser vers elle, avant de libérer les prises arrières et de procéder à un nouveau cycle extension/glissement/rétraction. 2) La cellule dans le temps Prolifération et cycle cellulaire L’addition de fibronectine exogène dans le milieu de culture de cellules ne la synthétisant pas, augmente la prolifération de ces cellules d’un rapport 2 à 5. L’inhibition spécifique de l’assemblage de la fibronectine en une matrice fibrillaire annule cet effet, suggérant que la stimulation de la prolifération cellulaire est directement corrélée à l’organisation supramoléculaire de la protéine (Sottile et al, 1998). L’assemblage d’une matrice morphologiquement différente de la fibronectine native par délétion du domaine III1-7 provoque ainsi un retard de croissance en bloquant le passage en phase S du cycle cellulaire (Sechler et Schwarzbauer, 1998). La distribution de la fibronectine, et donc des sites de reconnaissance des cellules, influerait directement sur les contraintes tridimensionnelles exercées sur le réseau d’actine, ce qui modulerait les voies de transduction du signal. En présence d’une matrice de fibronectine irrégulière, l’inactivation d’une étape initiale de l’une des voies de transduction intégrine-dépendantes confirme ce rôle majeur de l’agencement de la matrice de fibronectine sur la signalisation intracellulaire (Sechler et Schwarzbauer, 1998). 61 Etude Bibliographique Différenciation Au cours de l’ostéogenèse, la fibronectine est synthétisée et déposée majoritairement dans les régions de recrutement des précurseurs des ostéoblastes (Weiss et Reddi, 1981). La fibronectine jouerait en effet un rôle dans les étapes précoces de l'ostéogenèse et en particulier dans la différenciation des ostéoblastes à la surface de la matrice osseuse. L’inhibition de la reconnaissance de la fibronectine par les cellules empêche ainsi totalement la minéralisation par les ostéoblastes en culture (Moursi et al, 1996), en prévenant leur différenciation (Moursi et al, 1997). L’induction de la différenciation ostéoblastique par la fibronectine passerait par une signalisation via l’intégrine α5β1 (Stephansson et al, 2002; Moursi et al, 1997). La fibronectine serait en fait un signal non seulement de différenciation des ostéoblastes mais aussi de survie une fois ces cellules différenciées, son absence entraînant l’apoptose (Globus et al, 1998). La capacité d’induction de la différenciation cellulaire par la fibronectine dépend de son substrat d’adsorption, ce qui indique une nouvelle fois un lien étroit entre la conformation et la fonction de la protéine (Stephansson et al, 2002). II.4.c. Fibronectine et architecture de la matrice extracellulaire 1) Matrice organique La fibronectine module non seulement le comportement cellulaire mais apparaît également comme un support de l’organisation de la matrice extracellulaire. Le collagène, et en particulier le collagène de type I, est la protéine majoritaire des tissus conjonctifs. Son organisation en fibres au sein des matrices extra-cellulaires confère aux tissus leurs propriétés mécaniques d’élasticité ou de résistance. La capacité du collagène à polymériser in vitro a longtemps laissé penser que l’organisation du collagène in vivo était un processus d’auto-assemblage, indépendant des autres constituants matriciels, et fournissant la charpente nécessaire à leur propre assemblage. Certaines cellules ne forment ainsi que de courtes et éparses fibres de fibronectine en l’absence de collagène I (Dzamba et al, 1993). D’autres résultats suggèrent cependant que l’interaction avec le collagène n’est pas nécessaire à la fibrillation de la fibronectine (McDonald et al, 1982). Sans fibronectine, des fibroblastes sont également incapables d’organiser le réseau de collagène de type I et III. L’addition de fibronectine, rapidement assemblée en un réseau fibrillaire, suffit à promouvoir la 62 Etude Bibliographique fibrillogénèse des deux types de collagène (Velling et al, 2002). Si l’expression des intégrines α11β1 et α2β1, récepteurs du collagène, potentialise cette fibrillogénèse, leur seule présence ne permet, en l’absence de fibronectine, que de produire de courtes fibres non connectées de collagène. La stimulation de la fibrillogénèse du collagène, par la fibronectine, qui ne provient pas d’une stimulation de son expression, pourrait être directement liée à une interaction entre les deux protéines (Velling et al, 2002). Outre le collagène, l’incorporation d’autres protéines à la matrice extracellulaire nécessite également la présence d’une matrice de fibronectine. Lorsque la matrice de fibronectine est désassemblée, la thrombospondine, comme le collagène de type I, sont présents sous forme disséminée dans la matrice extracellulaire. Lorsque la polymérisation de la fibronectine est maintenue, la thrombospondine et le collagène, sous forme fibrillaire, montrent une nette colocalisation avec la fibronectine (Sottile et Hocking, 2002). 2) Matrice Minérale La fibronectine possèderait également une activité de contrôle de la minéralisation. Sa présence en solution régule en effet in vitro la formation de cristaux de phosphate de calcium. Celle-ci est activée par la fibronectine en solution concentrée à moins de 18µg/ml et inhibée pour des concentrations supérieures (Couchourel et al, 1999). Incluse dans un gel, la fibronectine ne favorise la cristallisation qu’en présence de cristaux déjà formés (Daculsi et al, 1999). La fibronectine soluble plasmatique inhiberait donc la précipitation en solution mais favoriserait la minéralisation dans le tissu osseux où elle s’adsorberait sur l’apatite. Le mécanisme de cette régulation reste à élucider. Une hypothèse est que la fibronectine qui possède 28 sites potentiels de fixation du calcium (Amphlett et Hrinda, 1983) appauvrirait le milieu et donc inhiberait la précipitation avec le phosphate en solution. Au niveau de l’os, en présence d’hydroxyapatite, cette liaison modifierait localement le rapport Ca/P et induirait la formation de nouveau cristal (Couchourel et al, 1999). 63 Etude Bibliographique 64 Etude Bibliographique III.Assemblages de protéines induits par l’adsorption, concepts et modèles d’études III.1.Introduction La modification, induite par l’adsorption, de leur structure peut entraîner une diminution importante de l’activité d’enzymes (Karajanagi et al, 2004; Norde et Zoungrana, 1998). Dans le cas de protéines matricielles comme la fibronectine, l’adsorption module l’exposition des différents domaines de la protéine (Yu et al, 1997) et peut en particulier, selon la surface, favoriser ou non l’accessibilité aux sites de reconnaissance cellulaire (Baugh et Vogel, 2004; Iuliano et al, 1993). Les propriétés d’une monocouche protéique dépendent non seulement de la conformation de la protéine, mais également de la distribution des molécules sur la surface. La distribution de fibronectine sur une surface peut ainsi prévaloir, en terme d’adhérence cellulaire, sur la topologie du substrat (Mrksich et al, 1996). L’étalement cellulaire est également corrélé à la géométrie du revêtement de fibronectine (Kam et Boxer, 2001). Enfin, à densité de surface égale, le regroupement en amas de peptides RGD, favorisant l’adhérence cellulaire, organise différemment le cytosquelette et est plus favorable à la migration cellulaire, que la distribution uniforme des peptides sur la surface (Maheshwari et al, 2000). Etant donnée l’étroite relation entre la structure et la fonction d'un revêtement protéique, de nombreux travaux se sont consacrés à l’étude des propriétés des protéines adsorbées, tant au niveau de la conformation du monomère que de la configuration de l’ensemble des protéines les unes par rapport aux autres sur la surface. III.2.Adsorption d’une protéine III.2.a. Les protéines, ni colloïdes ni polymères flexibles La difficulté d’établir des comportements génériques des protéines aux interfaces tient au fait que la majorité des protéines se situent entre les deux extrêmes que sont les particules colloïdales rigides, et les polymères neutres flexibles. Dans le premier cas, la structure fait intervenir de très fortes interactions entre les domaines de l’objet (à l’extrême exclusivement covalentes dans le cas d’une particule solide) 65 Etude Bibliographique et la particule ne peut adopter qu’une seule conformation, très stable par rapport aux variations physico-chimiques de son environnement. A l’inverse, un polymère neutre flexible peut adopter un très grand nombre de configurations, limité seulement, en solution diluée, par des interactions de volume exclu, c'est-à-dire par le volume de la chaîne elle-même (deux monomères ne pouvant se trouver au même endroit au même moment), et par sa longueur de persistance (la longueur au-delà de laquelle l’orientation du nième motif ne dépend plus de l’orientation du premier motif) qui reflète la rigidité intrinsèque (de Gennes, 1993). La plupart des protéines se situent entre ces deux limites. Une chaîne polypeptidique est constituée de résidus d’acides aminés polaires, acides, basiques ou apolaires. De nombreuses interactions s’exercent entre ces acides aminés, voisins ou distants dans la séquence de la protéine. Une protéine est ainsi structurée selon quatre niveaux (fig.24) : La séquence d’acides aminés constitue la séquence primaire, et fait intervenir des liaisons covalentes. Des liaisons hydrogènes peuvent s’établir entre ces acides aminés, les organisant en élément de structure secondaire, hélice α ou feuillet β. Ces éléments de structure secondaire sont enfin positionnés les uns par rapport aux autres dans l’espace pour former la structure tertiaire de la protéine, qui fait majoritairement intervenir des liaisons ioniques ou des interactions hydrophobes entre les chaînes latérales de résidus distants dans la séquence primaire de la protéine. Les interactions hydrophobes constituent ce que l’on appelle le cœur hydrophobe, à l’intérieur de la structure, dans lequel les résidus apolaires sont protégés d’une exposition au solvant aqueux. Enfin, pour certaines protéines, plusieurs chaînes polypeptidiques peuvent s’assembler entre elles pour former les sous-unités de structures quaternaires. Figure 24. Niveaux de structuration d’une protéine (d’après Lehninger et Nelson, Principles of Biochemistry). 66 Etude Bibliographique Les interactions entre acides aminés d’une protéine conduisent à l’établissement d’une conformation particulière, dans laquelle, selon les protéines, certains domaines sont hautement ordonnés, comme dans le cas d’éléments de structures secondaires, et d’autres pouvant rester relativement flexibles. Le nombre de configurations accessibles d’une protéine, par rapport au nombre de configurations possibles, est ainsi relativement petit. La conformation adoptée in vitro par une protéine purifiée, en solution, dans des conditions physiologiques de force ionique et de température, est appelée sa conformation ‘native’. Contrairement aux colloïdes solides, les interactions qui maintiennent cette conformation native sont faibles et peuvent être modifiées, notamment dans le cas de l’interaction d’une protéine avec une surface lors de l’adsorption. Pour comprendre les forces qui gouvernent l’adsorption d’une protéine, et les changements de conformation induits par cette adsorption, il est nécessaire de faire appel à quelques notions de thermodynamique. III.2.b. Dénaturation induite par l’adsorption 1) Rappels de thermodynamique Du point de vue énergétique, l’évolution d’un système, à température et pression constantes, est gouvernée par les contraintes enthalpiques et entropiques associées à un changement d’état selon la fonction de Gibbs qui définit la variation d’enthalpie libre, ∆G, par ∆G = ∆H-T∆S, où H est l’enthalpie, T, la température et S l’entropie du système. A pression et volume constants, le terme enthalpique, ∆H, représente essentiellement la variation des potentiels chimiques des éléments du système et reflète ainsi notamment l’énergie associée à l’établissement (ou à la rupture) de liaisons entre ces éléments. La variation de l’enthalpie libre du système dépend également de la variation d’entropie ∆S. Du point de vue statistique, l’entropie, S, est définie par l’expression S = k ln Ω , où Ω représente le nombre de configurations microscopiques possibles d’un système et k est la constante de Boltzmann. On considère ainsi que l’entropie reflète ‘l’état d’ordre’ du système. Les lois de la thermodynamique impliquent la tendance d’un système à aller spontanément vers les états de plus basse enthalpie libre. Toute autre chose égale par ailleurs, une transition qui augmente l’entropie ou diminue l’enthalpie sera donc énergétiquement 67 Etude Bibliographique favorable. La conformation d’une protéine est le résultat de la balance entre l’enthalpie et l’entropie dans un environnement donné. Le repliement d’une protéine, et en particulier l’établissement des structures secondaires, maintient la conformation dans un état d’ordre, et est donc un processus entropiquement défavorable. Cependant, l’établissement de nombreuses liaisons faibles entre les acides aminés de la protéine peut compenser la perte entropique par une diminution suffisante de l’enthalpie et donc de l’enthalpie libre. Lorsqu’elle arrive au contact d’une surface, ce sont les variations d’enthalpie et d’entropie qui vont également favoriser ou non l’adsorption de la protéine et éventuellement la réorganisation de sa structure. 2) Adsorption d’une sphère dure Energies mises en jeu Dans le cas de sphères dures, la conformation, maintenue par des liaisons covalentes n’est pas modifiée par l’interaction avec une surface. L’adsorption, n’entraîne donc pas de variation d’entropie conformationnelle pour la protéine. Elle peut cependant être favorisée par une augmentation d’entropie, non pas de la particule, mais du solvant (fig.25.a). La libération de contre-ions ou de molécules d’eau de la sphère de solvatation de la protéine et de la surface induit en effet une restructuration des molécules d’eau qui peut être entropiquement plus favorable (induire un plus grand ‘désordre’ des molécules d’eau) que lorsque la protéine est en solution. Figure 25.a. Adsorption d’une sphère dure : entropie du solvant. Avant l’adsorption, les molécules de solvant (ici l’eau, représentée en noir et blanc) sont ordonnées sur la surface et autour de la protéine. L’adsorption entraine une réorganisation des ces molécules et peut ainsi augmenter l’entropie du solvant. Dans le cas de particules chargées, l’adsorption est majoritairement gouvernée par les interactions à longues portées de type électrostatique (fig.25.b). Elle est également alors, de fait, limitée par les répulsions qui s’exercent entre particules. 68 Etude Bibliographique Figure 25.b. Adsorption d’une sphère dure : interactions électrostatiques et volume exclu. Les particules chargées peuvent être soumises à des interactions électrostatiques répulsives entre elles et attractives ou répulsives avec la surface. La sphère autour de l’une des particules adsorbées (représentées en projection sur la surface) représente la sphère de volume exclu, c'est-à-dire la distance minimale à laquelle le centre d’une autre particule peut se trouver, au vu des contraintes stériques et électrostatiques. Protéines assimilables à des sphères dures Certaines petites protéines compactes, comme le lysozyme ou la ferritine, qui subissent peu de changements de forme suite à leur adsorption, ont un comportement qui peut être approché par celui de sphères rigides (Ravichandran et Talbot, 2000; Stenberg et Nygren, 1991). Cependant, si l’adsorption de ces protéines induit peu de changements de compacité, observables en microscopie électronique ou à force atomique, elle peut induire des changements importants de structures secondaires comme c’est le cas du lysozyme par exemple (Sethuraman et Belfort, 2005; Sethuraman et al, 2004). 3) Adsorption d’une protéine flexible Gain entropique et dépliement Si on prend le cas simple d’une surface dont la chimie permet d’établir des liaisons avec la protéine qui compensent exactement les liaisons présentes dans la conformation native de la protéine, on peut considérer nulle la variation d’enthalpie au cours de l’adsorption (fig.26). Ce cas permet (si on néglige par ailleurs les variations d’enthalpie libre du solvant) de comprendre comment l’adsorption d’une protéine, qui établit des liaisons avec la surface, conduit à son dépliement, l’entropie de la protéine étendue étant plus importante que l’entropie de la forme compacte (Fernandez et Ramsden, 2001). 69 Etude Bibliographique Figure 26. Adsorption d’une protéine flexible. Dans le cas simple représenté ici, l’enthalpie d’adsorption est nulle, et l’adsorption est favorisée par l’augmentation d’entropie qu’induit le dépliement de la protéine. A chaque protéine son mécanisme d’adsorption ? Si les contributions thermodynamiques de l’adsorption de différents types d’acides aminés sur des surfaces hydrophobes, hydrophiles neutres ou chargées peuvent être approchées par le calcul (Latour et Hench, 2002), la contribution de l’ensemble de ces acides aminés dans l’adsorption d’une protéine reste difficile à prédire. Dans le cas général, les liaisons qui peuvent s’établir entre une protéine et une surface dépendent de la chimie de la surface et de la composition en acides aminés de la protéine, mais également des liaisons intramoléculaires dans la conformation native de la protéine, de l’accessibilité des acides aminés au solvant, et du solvant lui-même. Tous ces paramètres vont modifier non seulement les états d’équilibre conformationnels de la protéine adsorbée, mais également la stabilité de la conformation native de la protéine par rapport aux interactions qui peuvent s’établir avec la surface, c’est-à-dire la possibilité pour une protéine de basculer d’un état à l’autre. La balance entre les effets entropiques et enthalpiques lors de l’adsorption est donc très subtile et la façon dont une protéine s’adsorbe sur une surface semble en fait dépendante de chaque triptyque protéine/surface/solvant donné. Ainsi, l’adsorption d’une protéine ne conduit-elle pas systématiquement à la perte de structures secondaires. L’adsorption sur une même surface peut induire la formation ou la disparition d’hélices α selon la protéine considérée (Norde et Zoungrana, 1998). La conformation de la protéine adsorbée peut par ailleurs dépendre de l’orientation de la protéine au moment du contact avec la surface (Raffaini et Ganazzoli, 2004) et plusieurs conformations d’une même protéine peuvent être trouvées sur une surface au cours de la même expérience d’adsorption (Bergkvist et al, 2003). Malgré la difficulté de déterminer 70 Etude Bibliographique précisément les comportements de protéines aux interfaces, certains mécanismes communs ont été identifiés. Surface hydrophobe versus surface hydrophile De nombreuses protéines s’adsorbent de façon plus importante sur une surface hydrophobe que sur une surface hydrophile (Tunc et al, 2005; Kim et Somorjai, 2003; Norde et Zoungrana, 1998). Les fluides physiologiques sont des solvants aqueux et la majorité des protéines connues est notamment structurée de manière à prévenir l’exposition des groupements apolaires au solvant, c'est-à-dire via l’enfouissement de ces groupements au cœur de la structure. La déshydratation des groupements hydrophobes de la protéine lors de l’adsorption, induisant une réorganisation du solvant plus importante que lors de l’établissement d’interactions ioniques entre la protéine et une surface hydrophile, serait ainsi énergétiquement favorable. De même, le dépliement nécessaire à l’exposition des groupements polaires, conduit, en général, à l’observation d’une plus grande dénaturation des structures secondaires de la protéine, sur une surface hydrophobe (Tunc et al, 2005; Norde et Zoungrana, 1998). Enfin, l’adsorption peut entraîner des modifications importantes de la structure tertiaire des protéines. On observe ainsi, pour des protéines de haute masse moléculaire, une conformation plus compacte lorsqu’elles sont adsorbées sur une surface hydrophobe que sur une surface hydrophile. C’est le cas du fibrinogène (Tunc et al, 2005), du facteur Von Willebrand (Raghavachari et al, 2000) ou de la fibronectine, illustré sur la figure 27 (Baugh et Vogel, 2004; Bergkvist et al, 2003). Figure 27. Observation de la fibronectine adsorbée en microscopie à force atomique La fibronectine est adsorbée a) une surface hydrophile et b) une surface hydrophobe (Bergkvist, 2003). Chaque image, qui représente un champ de 750x750 nm, illustre la conformation de la fibronectine majoritaire sur chaque surface, étendue sur la surface hydrophile, et compacte sur la surface hydrophobe. 71 Etude Bibliographique III.3.Assemblages protéiques induits par l’adsorption Les processus d'organisation de particules sur une surface font l'objet de nombreux modèles que l'on peut séparer en deux types d'approches : l'adsorption séquentielle de particules en solution sur une surface et la croissance d'amas par diffusion/agrégation sur la surface. III.3.a. Modèles d'adsorption séquentielle 1) Adsorption hors équilibre Modèle de Langmuir Le premier modèle utilisé pour décrire la cinétique d'adsorption de particules sur une surface est le modèle de Langmuir. Ce modèle suppose un système à l'équilibre pour lequel, dans des conditions données d'interactions entre la surface et les particules, la variation de la quantité de particules adsorbée ne dépend que de la concentration en solution. Ce modèle permet de caractériser des systèmes expérimentaux lorsque les temps d'expérience sont suffisamment longs pour que l'équilibre à la surface s'établisse ou lorsque l'échange de particules est très rapide entre le solvant et la surface. Selon le modèle de Langmuir, la cinétique d’adsorption est définie par dθ = kaC0 (θ ∞ − θ ) − kdθ , dt où θ représente la fraction de surface occupée par les particules adsorbées, C0, la concentration initiale en solution, ka et kd, les constantes respectivement d’adsorption et de désorption, et θ∞, la densité de surface maximale. A chaque instant l’adsorption n’est donc limitée que par la fraction totale de surface libre, ce qui suppose un temps caractéristique de diffusion le long de la surface très faible devant le temps caractéristique d’adsorption. De nombreux systèmes d'adsorption de particules expérimentaux sont hors équilibre, les temps de relaxation étant largement supérieurs aux temps d'observation. C’est notamment le cas des protéines. Adsorption irréversible des protéines Les liaisons qui se forment entre une protéine et une surface sont des liaisons faibles, pouvant faire intervenir des forces de van der Waals, des interactions hydrophobes ou électrostatiques, ou encore des liaisons hydrogènes. Toutes ces interactions permettent d’établir des liaisons dont l’énergie est comprise entre 1 et 40 kJ/mole environ (une liaison 72 Etude Bibliographique covalente correspondant à ~300kJ/mole). Les protéines peuvent cependant établir des dizaines de liaisons faibles avec une surface. A une température donnée, la probabilité de rupture simultanée de ces liaisons (et donc de désorption de la protéine) varie comme une loi de puissance de la probabilité de rupture d’une seule liaison. Par exemple, la fréquence de rupture d’une liaison, p, peut être estimée par p= e-E/kT/J, où E est l’énergie de la liaison, e-E/kT la probabilité associée, donnée par la distribution des états d’énergie de Boltzmann, et J la période de vibration atomique en secondes, c'est-àdire que les atomes ont une chance d’être séparés toutes les J secondes. Avec J~10-13s, E~40 kJ/mol pour une liaison ionique, et kT~2,576 kJ/mol à 37°C, il vient p ~1,8.106 s-1. Si on considère maintenant une protéine ayant établi 10 liaisons ioniques avec la surface, la probabilité de rupture simultanée de ces 10 liaisons est alors p = e-10E/kT/J ~3,6.10-55.s-1 La force de l’interaction avec la surface augmente ainsi très vite avec la taille de la particule adsorbée et conduit à une adsorption certainement irréversible dans le temps de l’expérience pour les protéines. Cette approximation n’est bien sûr vérifiée que pour des protéines dont l’adsorption n’induit que la formation de liaisons avec la surface, sans changement majeur de conformation (donc de l’état d’énergie conformationnel) mais elle donne un aperçu du fossé qui sépare l’adsorption de protéines (et les colloïdes en général) de celle d’ions par exemple. Le temps de désorption d’une protéine, s’il n’est pas infini, est cependant largement supérieur au temps d’adsorption. Cette irréversibilité, partielle ou totale, implique une adsorption hors équilibre et donc une dépendance de la cinétique d'adsorption à l'histoire du processus. Une telle dépendance a par exemple été mise en évidence pour l'adsorption de la fibronectine sur le titane (Tie et al, 2003) ou de la sérumalbumine sur l'hydroxyapatite (Mura-Galelli et al, 1991). Les cinétiques dites de Langmuir ne permettent pas d’expliciter cette dépendance, au contraire des modèles d’adsorption séquentielle. Adsorption séquentielle L'adsorption séquentielle sur un réseau 2D s'établit suivant le schéma général suivant : Un site est aléatoirement choisi sur la surface, puis, l'adsorption d'une particule sur ce site est acceptée ou rejetée en fonction d'un certain nombre de règles selon le système considéré et en 73 Etude Bibliographique particulier selon le type d'interactions entre les particules. De façon générale, dans ce type de modèle l'interaction attractive entre un objet et la surface est supposée très grande devant l'interaction entre deux particules. Cette caractéristique des modèles de SA se traduit par une adsorption irréversible et l’impossibilité pour une particule de diffuser dans le plan de la surface une fois adsorbée. La structuration des particules adsorbées ne dépend donc que des interactions entre les particules avant l'adsorption, et éventuellement des mécanismes de transport de la solution à la surface: gravité, mouvement brownien1 ou interactions électrostatiques. 2) Interactions de volume exclu : Random Sequential Adsorption (RSA) Le plus simple de ces modèles, l'adsorption séquentielle aléatoire (RSA), consiste en l'adsorption immédiate sur le site choisi si celui-ci est libre et le rejet de toute adsorption sur un site déjà occupé. Ce modèle ne prend donc en compte que les interactions de volume exclu entre deux particules et conduit à une densité limite de recouvrement de la surface de l'ordre de 55% pour des particules isotropes (Feder, 1980). Cette valeur est très proche des résultats expérimentaux pour des particules colloïdales sphériques rigides (Onoda et Liniger, 1986). La cinétique initiale du processus est proche de celle décrite par le modèle de Langmuir, l’effet de l’encombrement stérique étant limité à faible densité de surface (Schaaf et Talbot, 1989a; Schaaf et Talbot, 1989b), mais dévie largement à l’approche de la saturation où l’écart à la densité maximale varie comme une puissance -½ du temps, en deux dimensions. Les effets de volume exclu sont naturellement sensibles à la forme des particules adsorbées. Pour des particules de forme très étirée, la densité de saturation de la surface varie ainsi comme une loi de puissance du rapport longueur/largeur des particules considérées (Viot et al, 1992). La forme elliptique des particules adsorbées ralentit également la cinétique d’adsorption à l’approche de la saturation, les effets d’orientation exclue s’ajoutant aux effets de volume exclu (fig.28) et augmentant les échecs des tentatives d’adsorption (Talbot et al, 1989). 1 En 1827, le botaniste écossais Robert Brown observe le mouvement rapide et désordonné de grains de pollens en suspension dans l’eau. On appelle depuis mouvement brownien le mouvement aléatoire de petites particules solides sous l'impact des molécules d'un fluide (gaz ou liquide), possédant une énergie cinétique microscopique liée à la température. Le mouvement brownien est ainsi parfois confondu dans l’appellation avec l’agitation thermique qui le provoque. 74 Etude Bibliographique Figure 28. Effet de volume exclu lors de (a) l’adsorption de sphère et (b) l’adsorption d’ellipses. Dans le cas d’ellipses, outre la surface exclue de l’adsorption, du fait de l’encombrement des voisines, certaines orientations sont également exclues. Dans l’exemple, pour une protéine centrée sur la même position, l’orientation (b.1) résulte en un échec et (b2) en la réussite de l’adsorption de la protéine. Dans le cas de protéines, sphères non parfaites et déformables, comme la ferritine (Feder, 1980) ou la transferrine (Ramsden, 1993), la densité maximale de recouvrement prédite par un modèle de RSA de disques, sous-estime les données expérimentales. A partir du modèle de RSA simple, ont donc été développées différentes approches pour retrouver les caractéristiques observées d'un certain nombre de systèmes expérimentaux. 3) Interactions attractives/répulsives entre particules Flocculation/rejection model L'une de ces approches, développée par Provatas et coll. (Provatas et al, 2000; Asikainen et Ala-Nissila, 1999) tient compte des interactions attractives ou répulsives entre deux particules plus proches voisines. Un site est choisi aléatoirement puis l'adsorption d'une particule sur ce site est testée selon deux types de règles: dans le modèle de rejet (Asikainen et Ala-Nissila, 1999), si le site est occupé la particule a une probabilité p de s'adsorber. Si le site est libre, l'adsorption est immédiate. Ce modèle permet de simuler des interactions répulsives entre particules d'autant plus fortes que p est petite. La densité maximale de recouvrement est inférieure à la limite en RSA. Dans le modèle de floculation, au contraire, si le site est occupé, l'adsorption est immédiate et si le site est libre, la particule a une probabilité d'adsorption q. L'adsorption par floculation favorise l'adsorption dans des zones où une adsorption a déjà eu lieu, en permettant les chevauchements entre particules, et entraîne ainsi la formation d’amas. Ce modèle permet de décrire des interactions attractives entre un objet en solution et un objet adsorbé mais également des systèmes dans lesquels des amas sont formés en solution avant l'adsorption proprement dite. Dans le cas où q=0, seule l'adsorption de particules en contact est acceptée et entraîne la formation d'un amas unique à partir d'une particule initialement déposée. 75 Etude Bibliographique Répulsions électrostatiques entre objets chargés Cette approche prend en compte les interactions électrostatiques entre une nouvelle particule et les particules déjà adsorbées. Si l'énergie résultante est supérieure à un seuil, l'adsorption sur un site libre est rejetée. La barrière de potentiel à franchir pour atteindre la surface est fonction de la répulsion avec les autres particules et de l'attraction qu'exerce la surface. Pour chaque configuration et chaque site choisi, il existe une hauteur à laquelle l'énergie d'interaction est maximale. Si les particules déjà adsorbées sont très éloignées du site choisi, cette hauteur est nulle et la barrière correspond alors à l'énergie d'interaction électrostatique calculée en 2D (Oberholzer et al, 1997). Ce modèle est appliqué à l'étude de l'adsorption de sphères de polystyrène chargées positivement sur une surface de mica négative. La densité de sphères de polystyrène adsorbées, mesurée par AFM, augmente avec la force ionique, et donc l'écrantage des répulsions entre particules, ce que décrit correctement le modèle d'Oberholzer. Ce modèle décrit également correctement l’adsorption de billes de latex (Johnson et Lenhoff, 1996). Il semble, en revanche, que la description de l’effet des interactions électrostatiques sur l’adsorption de petites protéines, comme la ferritine, nécessite de tenir compte de l’écrantage de l’attraction entre les protéines et la surface, concomitant à l’écrantage des répulsions entre particules (Johnson et al, 2000). Par ailleurs, dans le cas de protéines assimilables à des sphères rigides, l’asymétrie de la distribution des charges intervient dans la dynamique d’adsorption. Ainsi, la surface du lysozyme est constituée d’une combinaison de domaines de charges négatives et positives et malgré une charge nette positive, l’adsorption du lysozyme, qui peut avoir lieu sur une surface chargée positivement, dépend de l’orientation de la protéine et donc de sa diffusion rotationnelle en solution (Ravichandran et al, 2001). 4) Transport des particules vers la surface Diffusion aléatoire des particules en solution Le choix aléatoire d'un site d'adsorption ne tient pas compte de la façon dont les molécules diffusent de la solution vers la surface. Une façon de la considérer est de faire suivre à chaque particule une marche aléatoire en 3D sur un réseau cubique à partir d'une position aléatoirement choisie dans un plan parallèle à la surface. Si la particule passe par un plan supérieur prédéterminé, on considère qu'elle s'est échappée à l'infini et une nouvelle particule est choisie. Si la particule se trouve en contact avec la surface, elle est 76 Etude Bibliographique irréversiblement adsorbée. Par rapport au modèle original de RSA, dans ce modèle, en cas de chevauchement de protéines lors d’un essai d’adsorption, un nouveau site n’est pas choisi au hasard mais la particule peut continuer de diffuser à partir de sa position précédente. Ce modèle donne en fait des résultats identiques au modèle RSA en terme de densité de surface maximale et de configuration de particules adsorbées (Senger et al, 1991). Seule la cinétique d'établissement varie, plus lente en considérant la diffusion à l'approche de la saturation (Schaaf et al, 1991). La diffusion d’une particule à partir de sa position précédente, en cas de chevauchement, introduit également une corrélation spatiale entre les sites d’adsorption, d’autant plus importante que la diffusion en solution est lente, mais ces effets, qui augmentent la densité de saturation et modifient la cinétique en une dimension apparaissent cependant négligeables en deux dimensions (Luthi et al, 1997). Effet de la gravité (BD, Ballistic Deposition) Dans certains cas, la densité des particules en solution est suffisamment supérieure à celle du solvant, pour que l’effet de la diffusion puisse être négligée devant l'effet de la gravité sur les trajectoires des particules vers la surface qui sont alors considérées toutes verticales. Ce type d'adsorption est dit "balistique". Un site est choisi aléatoirement sur la surface. L'adsorption d'une nouvelle particule est immédiate si le site est libre. Si seule la formation d’une monocouche est autorisée, l'objet peut "rouler" sur la particule avec laquelle il entre en contact pour atteindre la surface si l'un des sites plus proches voisins est libre. Le mécanisme de "rolling" conduit à la formation d'amas connectés de différentes tailles et à une densité maximale de recouvrement de 61 % en 2D (Jullien et Meakin, 1992). Viot et coll. ont généralisé adsorption séquentielle et dépôt balistique (Viot et al, 1993) en considérant p, la probabilité d’adsorption sur un site libre et q, la probabilité d’adsorption sur la surface atteinte après que la particule a roulé si le site choisi est occupé. Avec a =q/p = 0, on retrouve le modèle de RSA, avec a=1, le modèle balistique. Généralisation: Extended RSA (ERSA) Lavalle et coll. ont développé un modèle permettant d'envisager les effets conjugués de la gravité et de la diffusion sur l'adsorption (Lavalle et al, 1999): L'adsorption est immédiate si le site aléatoirement choisi est libre. Si le site est occupé, un nouveau site est choisi à une distance comprise entre 0 et dS du premier site, où dS représente la diffusion de la 77 Etude Bibliographique particule. Si le site est à nouveau occupé, l'étape précédente est répétée. Le nombre maximal d'essais d'adsorption, nS, est prédéterminé. Lorsque nS tends vers l'infini et dS vers zéro, l'effet de la gravité est maximal et on retrouve le modèle balistique. Pour nS = 1, on retrouve le modèle de RSA. L'ajustement des paramètres dS et nS permet notamment de retrouver les caractéristiques d'adsorption irréversible de billes de polystyrène de différentes tailles sur du verre. 5) Formation de multicouches Modèle d'adsorption de fibres: 3D RSA Ce modèle a été initialement appliqué au dépôt de fibres de cellulose dans la constitution de feuilles de papier (Provatas et al, 2000). Les fibres ont une flexibilité maximale finie, correspondant à une différence d'altitude maximale entre 2 sites consécutifs d’une fibre (fig.29). Toutes les fibres sont initialement orientées dans le plan perpendiculaire à la direction de l'adsorption et sont déposées aléatoirement. Lorsqu'un de leur segment se trouve en contact avec une ou plusieurs fibre(s) déjà adsorbée(s), elles sont déformées pour que chaque segment soit à l'altitude minimale en respectant la contrainte de flexibilité. Aucune interaction entre les fibres n’étant considérée, le réseau formé est désordonné. Figure 29. Modélisation de l’adsorption de fibre d’après (Provatas et al, 2000). (a) Les fibres sont modélisées par des enchaînements de Lf segments de taille 1. Tf représente la flexibilité d’une fibre, c'est-à-dire la différence d’altitude maximale entre deux segments consécutifs d’une fibre. (b) Exemple d’un réseau simulé de fibres. Généralisation BD, RSA et formation de multicouches Une généralisation des modèles de RSA et de BD permet d'inclure la formation de multicouches (Yang et al, 1998). Deux paramètres sont définis initialement, δ1, le paramètre d'adsorption et δ2 le paramètre de ‘rolling’. L'adsorption est immédiate sur un site libre. Si le 78 Etude Bibliographique site est occupé par tout ou partie d'une particule adsorbée, on calcule δ la longueur de surplomb de la surface par la particule en contact avec une particule adsorbée : δ Figure 30. Longueur de surplomb de la surface d’une particule en contact avec une particule adsorbée (d’après Yang, 1998). Si cette longueur est inférieure à δ1, la particule s'adsorbe sur le site de contact. Si δ est comprise entre δ1 et δ2, un autre site est choisi. Enfin, si δ est supérieure à δ2, la particule "roule" pour atteindre la surface. Pour δ1=0, on retrouve le modèle balistique, tandis que δ1=δ2=1 correspond au modèle de formation de multicouches par RSA. Modèle balistique La formation de multicouches par dépôt balistique donne des structures plus ou moins compactes selon que l'adsorption d'une particule ne peut se faire que par contact vertical avec une autre, ou qu'un contact latéral suffit à maintenir la particule à une hauteur donnée. Dans le premier cas, si le site choisi est occupé par une particule, et est un maximum local (aucune première voisine n'a une hauteur supérieure), la nouvelle particule roule sur ses voisines jusqu'à atteindre un minimum local (aucune des particules premières voisines n'à une hauteur inférieure). Lorsque ce minimum local est atteint, la particule s'y adsorbe. La particule pouvant rouler sur les autres sans limite de distance, les structures résultantes sont très compactes. Dans le second cas, une position est aléatoirement choisi sur la surface initiale, puis la hauteur attribuée à une nouvelle particule sur ce site correspond au maximum des hauteurs des particules adsorbées sur les sites premiers voisins du site choisi, ce qui conduit à des structures très ramifiées (Meakin et Jullien, 1990). Les différents modèles d'adsorption séquentielle permettent de simuler la formation de multicouches, l'effet de la gravité et/ou de la diffusion brownienne des particules en solution sur le transport jusqu'à la surface. Si les modèles balistique et de floculation produisent des structures réellement connectées, aucun réarrangement après l'adsorption n'est considéré. Le degré d'ordre de certaines structures observées expérimentalement laisse supposer ce réarrangement, envisagé par des modèles incluant une diffusion des particules adsorbées le 79 Etude Bibliographique long de la surface. III.3.b. Diffusion des particules adsorbées 1) Agrégation limitée par la diffusion (DLA) Le modèle de diffusion-agrégation a initialement été développé par Witten et Sander (Witten et Sander, 1981). Leur modèle est basé sur la croissance d'amas par agrégation de marcheurs aléatoires. Une particule origine est positionnée et fixée au départ de la croissance. A chaque étape du modèle une particule est introduite à une distance très grande de l'amas déjà formé. Cette particule suit une marche aléatoire sur la surface jusqu'à s'échapper vers l'infini ou rencontrer l'amas. Dans ce dernier cas, elle reste fixée au point de contact et un nouveau diffuseur est introduit. La probabilité pour une particule d’atteindre l’intérieur de l’amas décroît au fur et à mesure de la croissance de l’amas. Les structures formées sont donc peu denses et ont un aspect dendritique (fig.31). Ces amas ont une dimension non entière, inférieure à la dimension de l’espace, ce sont des structures fractales. Leur dimension fractale, Df, est d’environ 1.7 en deux dimensions. Figure 31. Amas DLA de 3600 particules sur un réseau carré. Df~1.65 (Witten et Sander, 1981). Si une seule particule origine est présente dans ce premier modèle, Witten a par la suite étudié l'effet de plusieurs origines sur la surface au départ de la croissance dans deux cas: Dans le premier, toutes les particules sont déposées sur la surface puis diffusent. Dans le second, chaque particule déposée diffuse jusqu'à rencontrer un amas ou une particule origine avant que ne soit introduite une nouvelle particule (Witten et Meakin, 1983). Dans les deux cas, toute particule qui rencontre un amas connecté à une particule origine, ou l'une des 80 Etude Bibliographique particules origines, reste irréversiblement positionnée au site de contact. Les amas formés autour des sites initiaux de croissance sont très similaires aux structures obtenues en diffusion agrégation avec un seul site de croissance. La connexion des amas formés autour de chaque particule requiert une forte densité de surface de particules dans le premier modèle et est peu probable dans le second, la séparation entre deux amas étant finalement aussi peu probablement accessible par une particule qui diffuse aléatoirement que l'est ‘l'intérieur’ d'un amas dans le modèle initial de Witten (fig.32). Figure 32. Amas DLA formés à partir de deux particules origines d’après (Witten et Meakin, 1983). Les deux particules origines sont initialement séparées par 9 sites. Au fur et à mesure de la croissance des amas, la zone de séparation (entourée en rouge) devient inaccessible, comme l’est l’intérieur d’un seul amas dans le modèle original (fig.31). Dans le cas d’interactions des particules adsorbées avec la surface suffisamment faibles devant les interactions entre les particules elles-mêmes, la diffusion des amas sur la surface peut également être envisagée, ce qui conduit à des structures de dimension fractale inférieure aux amas DLA (Meakin, 1983). Un tel modèle permet ainsi de générer des amas ramifiés et disséminés, comparables aux observations expérimentales d’acides biliaires en microscopie électronique (Shen et al, 2003). 2) Interactions entre particules Le modèle de DLA, initialement développé pour décrire la formation d’amas de particules métalliques autour d’électrodes, s’est avéré refléter un mécanisme universel permettant la description de nombreux phénomènes d’agrégation. Le modèle initial suppose une agrégation immédiate en cas de contact entre deux particules. La prise en compte de différents types d’interactions entre particules permet de décrire des comportements spécifiques d’adsorption de protéines. Par exemple, lorsque l’agrégation de deux particules nécessite plusieurs contacts avant de se produire, le phénomène n’est plus limité par la diffusion mais par la réaction (RLA). En pratique cela revient à associer à l’agrégation une 81 Etude Bibliographique probabilité inférieure à 1. Les particules ayant la possibilité de visiter un plus grand nombre de sites, ont la possibilité de pénétrer les amas. Ceux-ci sont donc plus compacts que les amas DLA et leur dimension tend alors vers la dimension de l’espace (fig.33). Ce type de modèle permet par exemple de simuler l’agrégation de particules soumises à des interactions répulsives à courte portée, qui doivent franchir une barrière énergétique avant de pouvoir s’agréger (Weitz et al, 1985). Figure 33. Effet de la probabilité d’agrégation sur la morphologie des amas formés par diffusion agrégation. Les amas générés pour une probabilité d’agrégation Pag=1 correspondent au modèle DLA. A partir et en deçà d’une probabilité d’agrégation de 10-3, les amas sont très compacts (images tirées du site http://www.physics.uc.edu/~pinskia/dla/DLA.html, d’Andrew Pinski). La diffusion agrégation réversible permet par ailleurs de décrire la formation d'amas de ferritine. Dans ce modèle, l'association et la dissociation possibles d'une particule et d'un agrégat sont dépendantes des interactions latérales avec les particules voisines ce qui génère des amas concordant avec les observations en microscopie électronique d'agrégats de ferritine (Stenberg et Nygren, 1991). Kim et coll. ont simulé la formation d'agrégats de deux types de particules de charge opposée en 3D (Kim et al, 2003). Les particules sont initialement positionnées aléatoirement puis diffusent. La diffusion de chaque particule à chaque pas de temps tient compte de la force thermique aléatoire et de la force électrostatique résultant des interactions attractives/répulsives entre les particules deux à deux. Les structures résultantes sont des amas hétérogènes ramifiés dans lesquels les particules positives et négatives sont disposées en alternance. Si la dimension des agrégats simulés est supérieure a celle des observations expérimentales d'agrégation de sphères de polystyrène chargées, les structures sont néanmoins qualitativement similaires. Enfin, les processus de diffusion-agrégation pourraient être impliqués dans la croissance d’amas fibrillaire de collagène. Un modèle, dans lequel l’agrégation entre deux 82 Etude Bibliographique particules n’est permise que si le recouvrement de ces deux particules correspond à un multiple d’une fraction de la longueur de la particule, permet ainsi de générer des amas dont la morphologie apparaît proche des amas fibrillaires observés expérimentalement (Parkinson et al, 1994). 3) Diffusion des particules adsorbées séquentiellement L'observation expérimentale de structures connectées et d’un recouvrement supérieur à la limite des modèles d’adsorption séquentielle a conduit à l’établissement de modèles dans lesquels les particules peuvent diffuser dans le plan de la surface, une fois adsorbées. La modulation du rapport entre le flux d’adsorption et le coefficient de diffusion d’une particule permet de passer de façon continue de l’adsorption séquentielle simple (longueur de diffusion nulle) à la génération d’amas de DLA (la longueur de diffusion moyenne d’une particule excède la taille du système et un seul amas est constitué) (Jensen et al, 1995; Jensen et al, 1994). Ce modèle peut être adapté à l’adsorption de particules chargées, l'adsorption d'une nouvelle particule sur un site dépendant alors de l'énergie résultant des interactions électrostatiques avec les particules déjà adsorbées, comme dans le modèle développé par Oberholzer et coll. (cf. III 1.a). Une augmentation de la force ionique se traduit par une diminution des interactions répulsives entre particules et donc une augmentation de la densité de particules adsorbées. Ce modèle est appliqué à l'adsorption du lysozyme et les configurations simulées de particules adsorbées résultantes mettent en évidence la formation d’amas et de chaînes, à forte force ionique et à faible concentration. Ceci correspond aux observations expérimentales d'augmentation d'ordre, avec l'écrantage ou avec la diminution de la concentration de protéines en solution (Ravichandran et Talbot, 2000). III.3.c. Modèles d’adsorption de colloïdes et changement de conformation La plupart des protéines subissent une dénaturation suite à leur adsorption (cf. IV.2.b). Cette dénaturation conduit dans certains cas à la modulation des interactions entre protéines ou à la modification de leur structure tridimensionnelle. Dans les deux cas ces changements 83 Etude Bibliographique de structures peuvent donc influer sur la cinétique d’adsorption et la morphologie des monocouches formées. 1) Cinétique d’adsorption En terme cinétique, la dépendance des processus d’adsorption aux changements de conformation induits par l’adsorption avait été observée lors des premières mesures expérimentales de processus d’adsorption séquentielle. L’adsorption de la ferritine est ainsi correctement prédite par un modèle de RSA mais pour des faibles concentrations de protéines (Ramsden, 1993). Lorsque la concentration augmente, la déviation par rapport aux prédictions du modèle de Schaaf et Talbot (Schaaf et Talbot, 1989b) laisse ainsi supposer que la surface de contact entre la surface et la protéine (‘l’empreinte’ de la protéine sur la surface) varie, du fait de l’encombrement stérique sur la surface. Effectivement, un modèle d’adsorption séquentielle qui tient compte de ce dépliement des protéines à la surface, limité par l’encombrement stérique lorsque la densité de surface augmente, parvient à approcher plus justement la cinétique d’adsorption de la ferritine (Van Tassel et al, 1996). Le développement de modèles d’adsorption séquentielle incluant un changement de conformation prédit également correctement les cinétiques d’adsorption de la fibronectine sur le titane. Dans ce modèle, la fibronectine est considérée comme une sphère de rayon 20nm dont le rayon triple après étalement sur la surface. La fraction de fibronectine dans une conformation étendue diminue avec l'augmentation de la concentration de la protéine en solution, et donc du taux d'adsorption (Brusatori et Van Tassel, 1999; Van Tassel et al, 1998). Les modèles plus récents, qui incluent la possibilité de multiples états conformationnels d’une protéine, mettent en évidence une dépendance non monotone de la densité de protéines et du recouvrement de la surface en fonction de la concentration par exemple (Szöllosi et al, 2004). Ce type de comportement reste à démontrer expérimentalement, d’autant que les observations d’adsorption de protéines sur des surfaces montrent en général 1 ou 2 états distincts ce qui suppose que la maximisation de la surface de contact est relativement rapide. 2) Morphologie des amas formés Si plusieurs auteurs se sont intéressés à l’effet du dépliement sur la cinétique d’adsorption d’une protéine, peu d’informations sont disponibles sur l’effet de ce dépliement sur la morphologie des monocouches protéiques résultantes. La plupart des modèles 84 Etude Bibliographique d’adsorption séquentielle considèrent une adsorption irréversible ou une faible désorption de la protéine. Pourtant, la diffusion d’une protéine à la surface est énergétiquement plus favorable que sa désorption et a un effet majeur sur la morphologie des amas, comme le montre les modèles de diffusion-agrégation. Par ailleurs, la fibronectine serait susceptible de diffuser suite à son adsorption. En effet, lors d’une expérience d’adsorption de la fibronectine sur un oxyde de titane, le remplacement de la solution de protéines par une solution de rinçage entraîne une désorption. Après ce rinçage, l’adsorption de la fibronectine est plus rapide que l’adsorption initiale, laissant supposer un regroupement des molécules à la surface et donc une possible réorganisation en amas par diffusion (Tie et al, 2003). 85 Etude Bibliographique 86 Matériels et Méthodes Matériels et Méthodes 87 Matériels et Méthodes I.Matériaux I.1. Céramiques d’Hydroxyapatite I.1.a. Synthèse L’obtention d’une céramique d’hydroxyapatite pure a nécessité de tester des poudres d’hydroxyapatite de diverses origines (cf. partie Résultats I). Les céramiques d’hydroxyapatite commerciales initialement testées proviennent de la société Biocétis et les poudres d’hydroxyapatite des sociétés Biorad, Sigma-Aldrich, et Acros Organics. La poudre d’hydroxyapatite, finalement utilisée pour l’ensemble des expériences d’adsorption de la fibronectine présentées, provient du laboratoire de Science des Procédés Céramiques et Traitement de Surface (SPCTS UMR CNRS 6638, Université de Limoges, France). C’est une apatite synthétisée par voie humide (Raynaud et al, 2002b). Brièvement, une solution de diammonium phosphate est incorporée à une solution de nitrate de calcium dans un rapport molaire final Ca/P de 10/6. Pendant la réaction, qui se déroule sous atmosphère d’argon, le pH est maintenu à 9 par addition d’ammoniaque, et la température à 90°C. Après incorporation de la totalité du phosphate, la maturation de la réaction se déroule pendant 15 à 20 minutes. L’ammoniaque est éliminé par centrifugation et séchage. L’hydroxyapatite est ensuite calcinée 2h à 750°C. La poudre d’hydroxyapatite ainsi obtenue est mise en forme par pressage à l’aide d’une presse isostatique. Les pastilles sont formées par pression entre deux enclumes en acier de 13mm de diamètre, pendant 15 secondes sous 75 MPa de pression. Enfin, les pastilles sont frittées 2h à 1200°C, la vitesse de chauffe étant de 50°C.min-1 (Four Nabetherm B130 ). La veille d’une expérience d’adsorption de la fibronectine, les céramiques sont immergées à 37°C dans le tampon d’adsorption pour permettre l’équilibration thermique et chimique de la surface. I.1.b. Caractérisation La synthèse d’hydroxyapatite peut conduire à la présence de deux contaminants principaux. Si le rapport Ca/P de départ est légèrement au-dessus de 10/6 la phase secondaire formée est de la chaux CaO, si ce rapport est inférieur à 10/6 la phase secondaire est le 88 Matériels et Méthodes phosphate tricalcique, TCP, Ca3(PO4)2 (Wang et al, 2003). La présence de chaux, qui diminue l’acidité du milieu, est détectée par virage d’un indicateur coloré, la phénolphtaléine. La présence de TCP est vérifiée par diffraction de rayons X. Le profil de diffraction est enregistré pour un angle 2θ compris entre 27 et 34°, par pas de 0.04° (Siemens D5000 diffractometer, Germany) avec la radiation Cu Kα. L’hydroxyapatite utilisée ne présente ni chaux ni TCP en quantités détectables. I.2.Autres matériaux Les pastilles d’acier inoxydable, de polycarbonate et de verre sont des disques de 12,7mm de diamètre et de 3mm d’épaisseur (BioSurfaces Technologies Corp., USA). Contrairement aux céramiques d’hydroxyapatite, les pastilles de ces matériaux sont nettoyées et réutilisées. Les pastilles sont nettoyées à l’aide d’un détergent, puis trempées 15 minutes dans de l’acide chlorhydrique 0.2N. Elles sont ensuite nettoyées aux ultra-sons dans de l’eau distillée 15min à 60°C (Ultrasonic cleaner 2510, Branson Ultrasonics Corp, USA), et enfin rincées à l’alcool à 70°. L’inox ne tolérant pas l’acide subit le même nettoyage à l’exception du bain d’acide chlorhydrique. I.3.Microscopie à force atomique Le principe de la microscopie à force atomique est basé sur la détection des forces inter-atomiques (électrostatiques, van der Waals, frictions) s'exerçant entre une pointe associée à un levier de constante de raideur fixe, le cantilever, et la surface d'un échantillon (Binning et Quate, 1986). La pointe est placée à quelques nanomètres de la surface de l'échantillon. Elle est solidaire d'un dispositif qui guide son déplacement. Grâce à un système de transducteurs piézoélectriques (céramiques), elle peut être finement déplacée par rapport à l'échantillon dans les trois dimensions de l'espace. La position de la sonde est mesurée par l'intermédiaire d'un laser focalisé à l'extrémité du cantilever (au dessus de la pointe). La réflexion de ce signal laser, collectée sur un photodétecteur, permet de détecter les variations locales des forces. Le principe de la mesure de la déflection de la pointe balayant l’échantillon est illustré sur la figure 34. 89 Matériels et Méthodes Figure 34. Principe de fonctionnement de l’AFM (Schéma tiré du site de Molecular Imaging, www.molec.com ) L’observation des surfaces des matériaux utilisés dans notre étude est réalisée en mode résonnant, ou mode ‘tapping’, à amplitude constante. La pointe oscille à une fréquence donnée, elle ne touche la surface que par intermittence et le signal enregistré est la variation d’amplitude de l’oscillation. Cette variation est utilisée comme signal d'asservissement afin de corriger le déplacement en z, pour conserver l'amplitude constante et ainsi suivre la morphologie de surface. L’image résultante correspond à la cartographie en fausses couleurs des déplacements de la pointe en z (image ‘hauteur’). Les images sont réalisées sur un microscope à force atomique Dimension 3100 (Digital Instruments, USA). Les surfaces des matériaux sont imagées avec une pointe en nitrure de silicium Si3N4 (Micromash Serie) de fréquence de résonance ~300kHz et de constante de raideur 14N/m. Le nitrure de silicium est couramment utilisé en AFM pour sa dureté et son inertie chimique. La rugosité d’une surface est évaluée par l’écart type de la distribution des hauteurs mesurées (Nanoscope IIIa software). 90 Matériels et Méthodes II.Fibronectine II.1.Purification La fibronectine est purifiée à partir de cryoprécipité de plasma sanguin humain (don du Laboratoire du Fractionnement et des Biotechnologies, Les Ulis, France) d’après le protocole mis au point au sein du laboratoire ERRMECe (Poulouin et al, 1999). Ce protocole permet l’obtention de grandes quantités de fibronectine, pure à plus de 95% en masse. Le protocole de purification par chromatographie est basé sur l’affinité de la fibronectine pour la gélatine et l’héparine. Les domaines principaux d’affinité de la fibronectine pour l’héparine et la gélatine sont respectivement situés à l’extrémité C-terminale et N-terminale de la protéine. Le passage successif sur colonne de gélatine et d’héparine permet ainsi de purifier une protéine à la structure primaire complète. Cette combinaison de deux colonnes permet par ailleurs de ne pas co-purifier avec la fibronectine des protéases possédant également de l’affinité pour la gélatine. Le cryoprécipité, conservé à –50°C, est solubilisé 3 heures dans un tampon Tris 50 mM (Trishydroxymethylaminomethane, Research Organics, USA), NaCl 150mM (Research Organics, USA), pH 7.4, contenant 1mM d’EDTA (Ethylene Diamine Tétraacetic Acid, Research Organics, USA), chélateur de cations divalents inhibant les métalloprotéases à zinc et à calcium, et 1 mM de PMSF (Phenyl-methyl-sulfonylfluoride, Sigma-Aldrich, USA), inhibiteur des protéases à serine. Le cryoprécipité, solubilisé dans un rapport de 30g pour 150mL de tampon, est ensuite centrifugé 10 minutes à 10 000 g et le surnageant conservé. La purification sur chromatographie d’affinité se déroule à 8°C, afin de minimiser les éventuelles dégradations protéolytiques, tout en évitant la précipitation de la fibronectine à 4°C. Le surnageant de centrifugation est chargé sur une colonne de gélatine-cellufine (Chisso Corp., Japon). L’élution est réalisée par un Tampon Tris 50mM, EDTA 1mM (Tampon TE), contenant de l’Urée 3M et du NaCl 250mM. L’éluat est ensuite dialysé contre du TE, afin d’éliminer l’urée, puis chargé sur une colonne d’héparine-cellufine (Chisso Corp., Japon). Après un rinçage au TE-250mM NaCl, l’élution de la fibronectine s’effectue par un tampon TE contenant 500mM NaCl. Enfin, la fibronectine est à nouveau chargée sur une colonne de gélatine, éluée avec du TE-Urée 3M-NaCl 250mM, puis l’urée et le sel sont éliminés par dialyse. 91 Matériels et Méthodes La fibronectine purifiée est filtrée à l’aide d’un filtre 0.2 µm sous atmosphère stérile, et conservée plusieurs mois à 8°C dans un tampon Tris 50mM, à une concentration de 1.5 g/L. Une gamme de quantité de fibronectine de 0.5 à 5 µg est déposée sur gel d’électrophorèse. L’analyse densitométrique de gels SDS-PAGE colorés au nitrate d’argent (voir III.2), sur lesquels sont déposés une gamme de quantités de fibronectine de 0.5 à 5 µg, permet de déterminer la quantité de contaminants. Cette analyse est effectuée à l’aide du logiciel d’analyse de gels d’électrophorèse One-DScan (Scanalytics, USA). La pureté de la fibronectine est de 95 à 98% selon les préparations. Préalablement à chaque série d’expérience, la fibronectine est à nouveau filtrée sur un filtre 0.2 µm. II.2.Electrophorèses II.2.a. SDS-PAGE L’électrophorèse sur gel de polyacrylamide (PAGE : PolyAcrylamide Gel Electrophoresis) permet de séparer des protéines en fonction de leur masse et de leur charge. Son principe repose sur les différences de vitesse de migration des protéines à travers les mailles d’un gel, sous l’influence d’un champ électrique. En SDS-PAGE, les protéines sont préalablement dénaturées par du Sodium Dodecylsulfate (SDS), qui, en s’associant aux protéines, leur confère une charge négative. Le SDS permet ainsi de s’affranchir des différences de migration dues aux différences de charge des protéines et de ne séparer les protéines qu’en fonction de leur taille. Les gels de concentration contiennent 10% de polyacrylamide et sont préparés dans un tampon Tris 0.2M-Glycine0.1M-SDS 0.4%-Glycérol 5%, pH 8.3. Les gels de séparation contiennent 4% de polyacrylamide et sont préparés dans un tampon Tris 50mM-SDS 0.1%, pH 6.8. Les échantillons de protéines sont dilués dans un tampon Tris 50mM contenant du Bleu de Bromophénol 0.04%, du SDS 1.7%, du Glycérol 25% et du β-mercaptoéthanol 5%. Le β-mercaptoéthanol permet de réduire les ponts disulfures et donc notamment de séparer les deux sous-unités de la fibronectine. L’intensité du champ de migration est de 20mA par gel et la migration s’effectue dans un tampon Tris 0.1M-Glycine 0.15M-SDS 0.1%, pH 8.3. Les bandes protéiques sont ensuite révélées par coloration au nitrate d’argent (Silver Stain kit, Biorad) selon le protocole du fabricant. Les poids moléculaires sont déterminés par référence à des marqueurs (High molecular weight standards, Sigma). 92 Matériels et Méthodes II.2.b. Native PAGE Au contraire de la SDS-PAGE, lors d’une électrophorèse en conditions natives (native PAGE) les protéines ne sont pas dénaturées par le SDS ou le β-mercaptoéthanol et leur migration est alors fonction du rapport taille/charge. Cette technique nous permet ainsi de visualiser les multimères de fibronectine qui pourraient s’être formés en solution dans les différentes conditions d’adsorption. A l’exception de l’absence de SDS et de βmercaptoéthanol, le protocole de préparation et de révélation des gels est similaire à la SDSPAGE, le gel de migration ne contenant cette fois que 4% de polyacrylamide pour permettre la migration et la séparation de hautes masses moléculaires. II.3.Conditions d’adsorption L’ensemble des expériences d’adsorption se déroule à 37°C, et, sauf mention contraire, dans un tampon Tris 50mM, pH 7.4 (tampon ‘T50’). L’influence de la force ionique sur l’assemblage de la fibronectine est testée par adsorption dans des tampons Tris 50mM, pH 7.4, contenant différentes quantités de NaCl. La composition des différents tampons et les forces ioniques correspondantes, sont résumées dans le tableau ci-dessous. La force ionique est calculée pour un pH 7.4 et une concentration en fibronectine de 0.1 g/L, sachant qu’une molécule de fibronectine apporte 518 charges. Tampon T50 T50N2 T50N5 T50N15 T50N20 T50N50 T50N150 T50N500 NaCl (mM) 0 2 5 15 20 50 150 500 Force ionique (M) 0.048 0.050 0.053 0.063 0.068 0.098 0.198 0.548 L’influence de la présence d’un surfactant non-ionique sur l’assemblage de la fibronectine est testée par adsorption dans des tampons Tris contenant du Tween 20® (monolaurate de polyoxyethylensorbitane, Sigma-Aldrich, USA). Le Tween est ajouté extemporanément aux solutions de fibronectine, dans un rapport molaire Tween/fibronectine final compris entre 0.1 et 100, la plus forte concentration de Tween utilisée, de 25mg/mL, restant en deçà de la concentration micellaire critique du surfactant de 60mg/mL. L’effet sur l’adsorption de la fibronectine de la présence de son fragment N-terminal est évalué à l’aide du fragment N-terminal de 70kDa (F70) (F0287, Sigma-Aldrich, USA). Le 93 Matériels et Méthodes fragment est ajouté à la solution de fibronectine au début de l’adsorption. La concentration en fibronectine est constante et le rapport molaire Fn/F70 est ajusté entre 0.1 et 1. II.4.Dosages et marquages II.4.a. Immunofluorescence 1) Marquage La détection in situ de la fibronectine adsorbée est réalisée par immunofluorescence. Ce marquage repose sur l’affinité spécifique d’un anticorps, l’anticorps primaire, pour le ligand d’intérêt, ici la fibronectine. Le signal de reconnaissance du ligand est ensuite amplifié par un anticorps secondaire, reconnaissant l’anticorps primaire. L’anticorps secondaire est couplé à une molécule permettant la visualisation du complexe ligand/anticorps. Dans le cas d’un marquage immunofluorescent, il est couplé à un fluorochrome qui permet sa visualisation en microscopie à épifluorescence. Le principe général d’un immunomarquage est illustré sur la figure 35. Figure 35. Principe de l’immunomarquage fluorescent. Suite à l’adsorption de la fibronectine, les surfaces sont saturées 1h à 37°C dans le tampon d’adsorption contenant 3% de lait écrémé (tampon de saturation). Les échantillons sont ensuite incubés 1 heure avec un anticorps polyclonal du lapin anti-Fn plasmatique 94 Matériels et Méthodes (Anticorps F-3648, Sigma-Aldrich) dilué au 1/1000 dans le tampon de saturation. Ils sont ensuite rincés trois fois 10 minutes dans le tampon de saturation et incubés 45 minutes en présence d’un anticorps de chèvre anti-IgG du lapin couplé au TRITC (Anticorps T6778, Sigma-Aldrich) dilué au 1/500 dans le tampon de saturation. Enfin, ils sont rincés deux fois 10 minutes dans le tampon de saturation puis maintenus immergés dans le tampon d’adsorption jusqu’au moment de l’observation. La fluorescence du TRITC est observée à l’aide d’un filtre de bande passante centrée sur 570nm. Les photos sont prises à l’aide d’un appareil photo numérique (Powershot S50, Canon) connecté au microscope à fluorescence (Leica Microsystems, Germany). 2) Fréquence des états morphologiques Entre 5 et 20 champs indépendants de microscopie sont aléatoirement photographiés sur chaque échantillon. La fréquence d’occurrence de chaque état morphologique de la fibronectine est le rapport entre le nombre de champs présentant cet état et le nombre total de champs. Les résultats sont présentés comme la moyenne de cette fréquence sur l’ensemble des échantillons d’une condition d’adsorption donnée. Le comptage des fibres connectées prévaut sur les fibres isolées lorsque les deux sont présentes et la proportion totale de fibres ne contient ainsi pas de doublon. Quelques fibres montrent un changement de direction marquée pouvant laisser supposer que plusieurs fibres sont présentes mais seules les jonctions d’au moins trois fibres sont considérées comme des connexions, c'est à dire quand aucun doute n’est possible quant à la présence de plusieurs fibres jointes. II.4.b. Dosage de la Fibronectine adsorbée par ELISA La technique de dosage ELISA (Enzyme-Linked Immunosorbent Assay) repose sur le même principe que l’immunomarquage fluorescent, c’est à dire l’affinité spécifique d’un anticorps pour son antigène. Dans l’ELISA, l’anticorps secondaire est couplé à une enzyme, la phosphatase alcaline. Ce couplage permet une quantification indirecte du ligand d’intérêt, ici la fibronectine, par dosage du produit coloré d’un substrat de la phosphatase, le PNPP. Les surface sont saturées 1h à 37°C dans le tampon de saturation. Les échantillons sont ensuite incubés 1 heure à 37°C avec un anticorps polyclonal du lapin anti-Fn plasmatique (Anticorps F-3648, Sigma-Aldrich) dilué au 1/5000 dans le tampon de saturation, rincés trois 95 Matériels et Méthodes fois 10 minutes dans le tampon de saturation, incubés 1h à 37°C en présence d’un anticorps de chèvre anti-IgG du lapin conjugué à la phosphatase alcaline (Anticorps A3687, SigmaAldrich) dilué au 1/15000 dans le tampon de saturation, puis rincés trois fois 10 minutes dans le tampon de saturation. Finalement, les échantillons sont incubés 1h à 37°C dans une solution de PNPP (ParanitroPhenylPhosphate) dilué à 0.3% p/v dans de la diethanolamine. Le produit d’hydrolyse du PNPP est détectée par spectrophotométrie à 405 nm. II.4.c. Dosage de l’exposition du site de liaison aux cellules par ELISA Afin d’évaluer si les différentes conditions d’adsorption de la fibronectine modulent la conformation de la fibronectine, l’exposition du module III10, ou ‘site central de liaison aux cellules’ (Fn-CBS), est sondé par un anticorps monoclonal spécifiquement dirigé contre ce site. La reconnaissance de la fibronectine adsorbée par cet anticorps est évaluée par ELISA, selon un protocole similaire à celui décrit précédemment. Dans ce cas, l’anticorps primaire est un anticorps monoclonal de souris anti-Fn-CBS (Chemicon MAB1933) utilisé dilué au 1/1000, et l’anticorps secondaire est un anticorps de mouton anti-IgG de souris conjugué à la phosphatase alcaline (Sigma A5324) utilisé dilué au 1/15000. II.4.d. Desorption Pour évaluer la desorption de la fibronectine des céramiques d’hydroxyapatite, celles-ci sont immergées 24 heures à 37°C dans le tampon d’adsorption. La quantité de protéine désorbée est ensuite mesurée dans le surnageant par dosage colorimétrique (Biorad protein assay) selon les instructions du fabricant. II.4.e. Marquage des fibres amyloïdes à la Thioflavine T La thioflavine T est un marqueur fluorescent des feuillets β intermoléculaires présents dans les fibres de type amyloïdes (Krebs et al, 2005; LeVine, 1993). La thioflavine T (SigmaAldrich, USA) est diluée à 1mM dans un tampon Tris 50mM pH 7.4 puis filtrée trois fois sur un filtre 0.2µm. Cette solution est conservée quelques jours à 4°C et à l’obscurité. Préalablement à l’adsorption sur l’hydroxyapatite, la thioflavine est ajoutée à la fibronectine dans un rapport molaire final ThT/Fn=55. Après élimination du surnageant d’adsorption, l’échantillon est rincé puis un immunomarquage fluorescent de la fibronectine est réalisé selon le protocole décrit précédemment. L’observation des échantillons au microscope est 96 Matériels et Méthodes effectué à l’aide d’un filtre de bande passante centrée sur 480nm ou sur 570nm afin d’isoler respectivement l’émission de fluorescence de la ThT et du TRITC respectivement (figure 36). Figure 36. Spectres d’émission et d’absorption de la thioflavine T et du TRITC. III.Méthodes de simulation Le modèle d’adsorption (cf. partie Résultats III) est décrit selon un processus stochastique, c'est-à-dire un processus dépendant de variables aléatoires, chaque évènement élémentaire (adsorption, dépliement d’une protéine…) ayant une probabilité donnée de se réaliser. Ceci traduit les fluctuations à l’échelle microscopique. Par exemple, si, en moyenne, une protéine se déplie en un temps t sur une surface donnée, pour chaque protéine le dépliement est soumis à des fluctuations résultant de l’agitation thermique, de l’orientation de la protéine au moment du contact, etc. Sur l’ensemble de la population au cours du temps, la fréquence observée de dépliement va effectivement converger vers 1/t, mais le temps de dépliement de chaque protéine est lui a priori inconnu. La traduction de la réalisation d’un évènement dans le modèle est ainsi la suivante : Un évènement E se produit avec une probabilité p=x. La réalisation de E dépend du tirage aléatoire, suivant une loi uniforme, d’un nombre entre 0 et 1. Si ce nombre est supérieur à x, l’évènement ne se produit pas, s’il est inférieur, l’évènement est réalisé. L’implémentation du modèle est réalisée en langage C++ (cf. code source en Annexe 3) et les programmes sont exécutés sur un cluster Beo Wulf. Le générateur de nombres aléatoires du compilateur (g++) est réinitialisé à chaque exécution du programme. IV.Analyse fractale 97 Matériels et Méthodes IV.1.Dimension fractale IV.1.a. Définition Les objets fractals sont des objets présentant des discontinuités dans l’espace, dont la distribution et la taille est invariante par changement d’échelle. Ainsi, grossièrement, un objet fractal présente des ‘trous’, et la taille de ces ‘trous’ est distribuée de telle manière que l’objet est vu de la même façon de près ou de loin. Cette caractéristique d’auto-similarité des objets fractals conduit à une relation en loi de puissance entre la masse et la taille d’un objet. Par exemple, un cube est un objet de dimension 3, une ligne un objet de dimension 1. Dans le premier cas, M ∝ R3, et dans le second M ∝ R, où M représente le nombre de parties de l’objet (la masse) de taille R (la dimension linéaire). Le cube et la ligne sont des objets non fractals. En revanche, une fibre de fibronectine ou un amas formé par diffusion-agrégation sont des objets définis dans un espace de dimension 2, la surface, mais dont la dimension propre est inférieure à 2. Elle est un nombre non entier, une ‘fraction’ de la dimension entière, une dimension ‘fractale’. Ainsi, pour ces objets, M ∝ RDƒ où Dƒ est la dimension fractale et Dƒ < d, où d est la dimension de l’espace. Les fractales mathématiques déterministes sont des auto-similaires vraies et n’ont pas d’échelle propre. En revanche, pour les fractales ‘naturelles’, issues de processus aléatoires, l’auto-similarité est une propriété statistique (il y a des fluctuations) et elle n’est vérifiée que pour un certain domaine d’échelle spatiale. En effet l’auto-similarité est d’abord naturellement bornée par la taille de l’objet lui-même qui n’est pas infini. Elle est aussi bornée par la taille de son élément constitutif, dans notre cas la taille d’une protéine. La dimension fractale est donc estimée entre ces deux bornes. 98 Matériels et Méthodes IV.1.b. Méthode de comptage des boites Nous venons de voir que les objets fractals auto-similaires présentent une relation masse/distance en loi de puissance dont l’exposant est la dimension fractale. Cette propriété permet d’estimer leur dimension fractale par la ‘dimension de boites’. L’espace est recouvert d’un réseau carré de pas R et on compte le nombre de carrés (le nombre de ‘boites’), N, nécessaires pour recouvrir l’objet dont on cherche la dimension (cf. fig.37). Ce processus est itéré pour des tailles de boites variables. N variant avec R selon la relation N ∝ R-Dƒ, la représentation en log-log de N en fonction de R permet de déterminer la dimension fractale par régression linéaire. Figure 37. Principe d’estimation de la dimension fractale par la méthode du comptage des boites. La dimension de boites est déterminée grâce au logiciel Fractal Dimension 1.1, librement téléchargeable sur le site du Center for Polymer Studies, Boston University, http://polymer.bu.edu/ogaf/html/software.htm. IV.2.Traitement des images La détermination de la dimension fractale des structures fibrillaires et agrégatives de fibronectine observées nécessite une transformation des images de fluorescence en couleur en images en noir et blanc. Une image en couleur est codée selon trois composantes, rouge, verte et bleue (image ‘RGB’). L’intensité de chaque composante est représentée par un nombre compris entre 0 et 255 inclus. A chaque position (x,y) de l’image, c'est-à-dire à chaque pixel, correspond donc 99 Matériels et Méthodes un triplet de valeurs d’intensité. L’image est d’abord convertie en niveaux de gris, ce qui consiste à représenter l’image selon une seule composante (‘échelle de gris’), dont la valeur est la moyenne des trois valeurs de l’image RGB. Les niveaux de l’image en gris sont ensuite ajustés afin d’améliorer le contraste. Par exemple, si les intensités d’une image sont comprises entre 30 et 200, on va ré-échelonner les niveaux entre 0 et 255 par une simple transformation linéaire. Ensuite l’image est seuillée, c'est-à-dire transformée en noir et blanc : à tous les pixels inférieurs à une certaine intensité est attribuée la valeur 0 (noir), la valeur 255 (blanc) étant attribuée aux autres. Après cette étape, l’image est éventuellement filtrée afin d’éliminer les bruits de taille en général inférieure à 5 pixels (images 2592x1944 pixels). Toutes ces opérations sont réalisées à l’aide du logiciel Photoshop 7.0.1 (Adobe, USA). Le traitement réalisé est illustré pour deux images sur la figure 38. Figure 38. Exemples du traitement de deux images de fluorescence. Les images originales en couleur (col. gauche) sont passées en niveaux de gris et contrastées (col. milieu) avant d’être seuillées pour obtenir l’image en noir et blanc finale sur laquelle les couleurs ont été inversées (col.droite). Les structures observées de fibronectine sont très irrégulières et les images de qualité variable. La méthode décrite ci-dessus n’a ainsi pas pu être appliquée à toutes. Cette méthode comporte en outre une part de subjectivité (choix du seuil, taille du filtre…) et reste relativement longue (méthode essai/erreur sur chaque image). Une analyse systématique requerrait donc l’amélioration et l’automatisation du traitement. Une collaboration avec l’Ecole Nationale Supérieure de l’Electronique et de ses Applications de Cergy-Pontoise a été mise en place en ce sens mais n’a pour l’instant pas permis d’obtenir de résultats satisfaisants de traitement des images de fluorescence, et n’a donc pas pu être appliquée ici. 100 Matériels et Méthodes V.Adhérence cellulaire V.1.Culture cellulaire Les cellules MG-63 utilisées lors de cette étude sont des cellules ostéoprogénitrices dérivées de lignée cellulaire d'ostéosarcome humain (ATCC). Elles sont cultivées dans le milieu de HAM F 12 (Eurobio 010218), complété avec 10%(v/v) de sérum de veau fœtal, 1%(v/v) de glutamine et 1%(v/v) de pénicilline et de streptomycine. Les cellules sont cultivées à 37°C, sous atmosphère humide à 5% de CO2. Leur temps de doublement en phase exponentielle sur le polystyrène traité pour la culture est d’environ 18 heures. Lorsque les cellules sont à confluence, elles sont décrochées par 1ml pour une monocouche cellulaire de 25cm² (boites Falcon™ T25) d'une solution de trypsine 0.5 g/L -EDTA 0.2 g/L (Eurobio CEZTDA00-0U) pendant 5min à 37 °C. L’enzyme est diluée par ajout de 10 ml de milieu de culture. Les cellules sont ensuite culotées par centrifugation à 200g pendant 5 minutes. Elles sont ensuite resuspendues dans le milieu de culture lors des repiquages, ou dans du milieu sans sérum pour les tests d’adhérence. V.2.Tests d’adhérence V.2.a. Test d’adhérence au MTT sur l’HA Suite à l’adsorption de la fibronectine dans les différentes conditions testées, les cellules sont ensemencées sur les céramiques, à raison de 100 000 cellules par pastille, dans du milieu sans sérum, puis placées 2 heures à 37 °C. Les cellules n’ayant pas adhéré sont aspirées puis les échantillons sont rincés au TBS (Tris buffer Saline : Tampon Tris50mM, NaCl 150mM, pH 7.4). 500µL de MTT (MethylThiazoleTetrazolium, Sigma M5655), dilué à 0,5 mg/ml dans du milieu sans sérum ni antibiotiques, sont ensuite déposés dans les puits, et les plaques de cultures sont placées à 37°C pendant 3 heures au bout desquelles la solution de MTT est éliminée par aspiration. Les cellules sont lysées par 1 ml d’ HCl 0,1N dans de l’isopropanol anhydre libérant ainsi le MTT réduit par les déshydrogénases mitochondriales. La densité optique à 570 nm est alors proportionnelle au nombre de cellules vivantes ayant adhéré aux différents substrats. 101 Matériels et Méthodes L’effet du revêtement de fibronectine sur l’adhérence cellulaire est évalué par comparaison avec l’hydroxyapatite nue. Les résultats sont donc normalisés en pourcentage de l’adhérence sur l’HA nue, la densité optique mesurée lors d’un marquage sans ensemencement de cellules, DO0HA nue, constituant la référence d’adhérence nulle: % d’adhérence i : 100 x (DOi - DOHA nue) / (DOHA nue - DO0HA nue) V.2.b. Test d’adhérence par comptage direct sur différents matériaux Lors des tests d’adhérence sur différents matériaux, l’acier ne supportant pas le milieu acide utilisé pour lyser les cellules lors du test au MTT, l’adhérence est mesurée par comptage direct des cellules décrochées à la trypsine pour l’ensemble des matériaux. Les cellules sont comptées au microscope optique inversé (Leica DMIL) sur une cellule de Malassez. La viabilité est estimée par comptage en présence d’un colorant vital, le bleu trypan. Le pourcentage d’adhérence correspond alors simplement au nombre de cellules adhérentes divisé par le nombre de cellules adhérentes sur l’HA nue. Les test d’adhérence réalisés sur le polystyrène de culture et l’hydroxyapatite nue en utilisant en parallèle la méthode du MTT et le comptage des cellules décrochées à la trypsine ne montrent pas de différence significative dans les adhérences relatives des deux matériaux. Les pourcentages d’adhérence déterminés par les deux méthodes apparaissent ainsi directement comparables. VI.Tests statistiques Les moyennes sont comparées à l’aide d’un test de Student, choisi selon le résultat d’un test de Fischer de comparaison des variances préalable. Le risque de première espèce correspondant est indiqué dans chaque cas. 102 Résultats-Discussion Résultats – Discussion 103 Résultats-Discussion I.Hydroxyapatite I.1.Pureté du matériau et propriétés biologiques. L’hydroxyapatite est un phosphate de calcium proche de la matrice minérale osseuse, couramment utilisé comme matériau de substitution des tissus osseux et dentaires (voir partie I). La pureté de la phase synthétisée est primordiale tant pour la stabilité du matériau que pour ses propriétés de biocompatibilité. Nos premières études d’adsorption de la fibronectine sur l’hydroxyapatite, réalisées sur des céramiques commercialisées, ont ainsi mis en évidence l’influence majeure de la composition de surface sur l’adsorption de la fibronectine et l’adhérence cellulaire (Pellenc et al, 2005). Il est en effet apparu que la présence d’autres phosphates de calcium, les phosphates tricalciques (TCP, Ca3(PO4)2) α et β, à la surface de céramiques d’hydroxyapatite, diminuait d’environ 30% l’adsorption de la fibronectine et de moitié l’adhérence des cellules MG63 sur le matériau (fig.39). Figure 39. Influence de la composition de surface d’une céramique d’HA sur l’adsorption de la fibronectine et l’adhérence cellulaire. L’adhérence des cellules MG63 sur l’hydroxyapatite pure (barres noires) ou contenant du TCP en surface (barres blanches) avant (barres pleines) ou après adsorption de fibronectine (barres rayées) est représentée en % de l’adhérence sur du polystyrène de culture (TCPS). Différence significative entre le matériau pur et le matériau contenant du TCP : ** p<0.01. Différence significative entre le matériau nu et la matériau revêtu de fibronectine : ++ p<0.01. Insert : quantité de fibronectine en mg/m² adsorbée sur la céramique d’HA contenant du TCP (barre blanche), ou sur l’HA pure (barre noire). 104 Résultats-Discussion Les phosphates tricalciques sont plus solubles que l’hydroxyapatite (Lin et al. 2001; Langstaff et al., 2001). La différence d’adhérence entre les phosphates tricalciques et l’hydroxyapatite pourrait ainsi provenir d’une plus grande instabilité de la surface des premiers, qui déstabiliserait l’adhérence cellulaire, comme certains auteurs l’ont suggéré (Suzuki et al., 1999; Suzuki et al., 1997). Ces travaux ont non seulement mis en évidence l’effet de la présence d’une seconde phase sur les propriétés biologiques des céramiques d’hydroxyapatite, mais également le défaut de qualité de certains matériaux commercialisés. La première étape de notre étude de l’interaction fibronectine/hydroxyapatite a donc consisté à s’assurer de la pureté du matériau utilisé. I.2. Frittage d’HA commerciales La synthèse d’une céramique d’HA fait intervenir deux étapes, la synthèse de l’hydroxyapatite elle-même, puis le frittage, c'est-à-dire le traitement thermique de densification du matériau, ou céramisation. La présence de TCP à la surface de l’HA peut provenir, soit d’une seconde phase présente dès la synthèse, soit d’une décomposition de l’hydroxyapatite lors de ce frittage (Kwon et al, 2003; Raynaud et al, 2002a; Petrov et al, 2001). Nous avons dans un premier temps procédé au frittage de poudres d’hydroxyapatite commerciales. Plusieurs poudres d’origines différentes ont ainsi été testées (Sigma, Acros Organics, Biorad). Toutes conduisent à l’apparition de TCP après frittage, comme illustré pour l’une d’elles sur la figure 40. Dans ce cas, la poudre de départ est essentiellement constituée d’hydroxyapatite, mais peu cristallisée, comme le montre l’élargissement des pics (fig.40. courbe inf.). Après frittage, la céramique est majoritairement constituée de β-TCP (fig.40.courbe sup.) 105 Résultats-Discussion Figure 40. Profil de diffraction de rayons X (DRX) d’une poudre d’hydroxyapatite commerciale avant (courbe inférieure) et après (courbe supérieure) frittage. Les lignes verticale indiquent les positions des principaux pics caractéristiques de l’HA (en rouge) et du β-TCP (en bleu). L’hydroxyapatite peu cristallisée avant frittage, est quasiment entièrement décomposée en TCP dans la pastille après céramisation. Outre la décomposition thermique lors du frittage, la pureté du matériau synthétisé est étroitement dépendante du rapport molaire Ca/P de départ (Wang et al, 2003; Raynaud et al, 2002a). L’apparition de β-TCP peut ainsi être le résultat de la synthèse d’une hydroxyapatite déficiente en calcium (Ca10-x(PO4)6-x(HPO4)x(OH)2-x). Le frittage de poudres commerciales conduisant vraisemblablement à une décomposition de l’HA, il est finalement apparu que le contrôle du matériau utilisé nécessitait de synthétiser la poudre d’hydroxyapatite de départ. I.3. Synthèse par voie sèche L’hydroxyapatite peut être synthétisée par différentes méthodes. Notre première approche a consisté en une synthèse dite par voie sèche. Des sels de calcium et de phosphate sont mélangés dans un rapport molaire Ca/P de 10/6, puis portés à haute température. Nous avons utilisé des poudres de carbonate de calcium, CaCO3, et de phosphate d’ammonium dibasique, NH4H2PO4. Ce mélange est porté à 1200°C par paliers de 200°C. La poudre est ensuite lavée à l’eau puis à nouveau portée à 1200°C. L’observation des profils de diffraction de rayons X indique que la poudre synthétisée de cette manière montre une très grande variabilité de composition du matériau avant frittage (fig.41). 106 Résultats-Discussion Figure 41. Profil DRX de l’apatite synthétisée par voie sèche avant frittage. Les profils de poudres résultant de cinq synthèses différentes sont illustrées de haut en bas. Les lignes verticales indiquent les positions des pics caractéristiques de l’HA (en rouge), du β-TCP (en bleu) et de l’α-TCP (en jaune). Le frittage des poudres synthétisées par cette méthode conduit ainsi à des céramiques majoritairement constituées d’α− et de β-TCP (fig.42). Figure 42. Profil DRX de l’apatite synthétisée par voie sèche après frittage. Les résultats de deux synthèses différentes sont illustrés. Les lignes verticales indiquent les positions des pics caractéristiques de l’HA (en rouge), du β-TCP (en bleu) et de l’ α-TCP (en jaune). La synthèse d’hydroxyapatite par voie sèche peut dépendre d’une part de l’homogénéité du mélange de départ, mais également du type de sel utilisé (Silva et al 2003), ce qui pourrait expliquer la faillite de notre utilisation de cette méthode. . 107 Résultats-Discussion I.4.Synthèse par voie humide. (SPCTS, Limoges) L’échec des approches utilisées pour obtenir un matériau pur et constant, nous a conduit à faire appel au laboratoire de Sciences des Procédés Céramiques et Traitements de Surface (Université de Limoges, France) qui nous a fourni une poudre d’hydroxyapatite synthétisée par voir humide (Raynaud et al, 2002b). Cette poudre est synthétisée par addition de diammonium phosphate dans une solution de nitrate de calcium en milieu basique (voir Materiels et Méthodes) Le frittage de cette poudre conduit à des céramiques d’hydroxyapatite pure (fig.43), sur lesquelles l’ensemble des expériences présentées ci-après ont été réalisées. Figure 43. Profils DRX de céramiques d’HA réalisées par frittage de l’HA synthétisée par voie humide (SPCTS, Limoges). Les lignes rouges indiquent les positions des pics caractéristiques de l’HA. 108 Résultats-Discussion II.Structuration de la fibronectine sur l’hydroxyapatite : dépendance au temps et à la concentration II.1.Introduction L’hydroxyapatite est un matériau ostéoconducteur, dont les propriétés biologiques peuvent être améliorées par le revêtement par des protéines adhésives matricielles, et notamment par la fibronectine. La fibronectine favorise non seulement l'adhérence de cellules osseuses à un support, mais régule également de nombreux comportements cellulaires (voir Etude Biblio II). Les propriétés biologiques de la fibronectine en revêtement d’un biomatériau ne dépendent pas seulement de la quantité de protéine adsorbée. Ainsi, une même quantité de fibronectine adsorbée sur des céramiques d’hydroxyapatite conduit-elle à des comportements de cellules souches de la moelle osseuse différents, en termes d’adhérence et d’étalement, selon qu’un peptide stimulant l’adhérence a été préalablement adsorbé sur le matériau ou non. Les différences observées, notamment en fonction de la concentration en peptide, suggèrent une primauté de l’organisation de la fibronectine sur la quantité adsorbée (Sawyer 2005). Sur un même matériau, les conditions d’adsorption de la fibronectine peuvent également entrainer des réponses différentes en terme d’adhérence cellulaire. Par exemple, sur le titane, l’adhérence de cellules mésenchymateuses ostéoprogénitrices dépend du temps et de la concentration d’adsorption de la fibronectine, et ne montre pas de corrélation directe avec la quantité adsorbée (Yang, 2003). Ceci confirme d’une part l’effet majeur de l’organisation de la protéine par rapport à la quantité adsorbée, et indique d’autre part une dépendance de l’organisation de la protéine aux conditions d’adsorption. Au sein des matrices extracellulaires, les propriétés de la fibronectine dépendent étroitement de son organisation en des assemblages supramoléculaires. Les conditions d’adsorption de la fibronectine sur un biomatériau, en particulier sur l’hydroxyapatite, peuvent ainsi moduler les propriétés biologiques résultantes, via la modulation de l’organisation ou de la répartition de la protéine sur la surface. La sensibilité de l’organisation de la fibronectine aux conditions d’adsorption est ainsi suivie par microscopie de fluorescence, cette technique nous permettant de visualiser, à l’échelle d’une cellule, l’éventuelle apparition d’assemblages supramoléculaires de fibronectine sur l’hydroxyapatite. 109 Résultats-Discussion II.2.Agrégation en solution Notre étude de l’organisation de la fibronectine adsorbée sur l’hydroxyapatite implique des conditions d’adsorptions variées, de temps, de concentration en fibronectine, de force ionique et de concentration en un surfactant non ionique, le Tween 20® (Tween). Pour s’assurer que l’observation des différents états de la fibronectine résulte de son adsorption sur l’hydroxyapatite et non pas d’une agrégation ou d’une dénaturation de la protéine préalablement induite en solution, une électrophorèse en conditions non-dénaturantes (native-PAGE) de la fibronectine dans chacune des conditions d’adsorption testées est réalisée. Après 15h à 37°C, ni la présence de Tween, ni la présence de sel, ni l’association des deux aux plus fortes concentrations utilisées, n’induisent la multimérisation ou la dégradation de la fibronectine en solution (fig.44). L’agrégation de la fibronectine ne semble pas non plus induite après 15heures à 37°C à la plus forte concentration utilisée de 1g/L. Figure 44. Influence des conditions d’adsorption de la fibronectine sur son agrégation en solution. Gel native-Page de la fibronectine après incubation à 37°C dans différentes conditions, indiquées au dessus de chaque puits: de haut en bas, la présence de Tween (+), la concentration en fibronectine en g/L, la composition du tampon (T50 : tampon Tris 50mM pH 7.4 ; T50N500 : tampon Tris 50mM, NaCl 500mM, pH 7.4.) et le temps d’incubation. II.3.Quatre états morphologiques Afin d’élucider si l’adsorption de la fibronectine sur l’hydroxyapatite (HA) induit une organisation particulière de la protéine, le revêtement de la fibronectine adsorbée est observé par microscopie de fluorescence. Dans des conditions de température et de pH physiologiques (37°C, pH 7.4), le marquage immunofluorescent de la fibronectine révèle ainsi que la simple adsorption de la fibronectine sur l’HA induit l’auto-organisation de la fibronectine. 110 Résultats-Discussion Figure 45. Etats morphologiques de la fibronectine observés sur l’hydroxyapatite par microscopie de fluorescence. La fibronectine, diluée à 1g/L dans un tampon Tris 50mM, pH 7.4 (T50), est adsorbée à 37°C sur l’hydroxyapatite puis marquée par immunofluorescence. Dans cette condition, on peut observer 4 morphologies distinctes : revêtement homogène (a), agrégats (b), fibres isolées (c, d) ou connectées (e, f). Dans certains cas les fibres de fibronectine sont connectées en de larges amas denses (g, h). Les astérisques en (e) et (f) indiquent des exemples de nœuds ou connexions entre fibres. Les flèches en (e) et (g) pointent vers des structures fibrillaires épaisses suggérant des interactions latérales entre fibres. Fibres et agrégats peuvent fréquemment coexister, comme c’est le cas en (d), (f) et (h). L’échelle est la même sur les huit champs représentés, la barre en (a) représentant 100 µm. 111 Résultats-Discussion Cette fibrillation dépend des conditions d’adsorption et nos observations mettent en évidence différents états de structuration de la protéine. Toutes conditions d’adsorption confondues, quatre morphologies distinctes sont ainsi identifiées : revêtement homogène, agrégats, fibres isolées et fibres connectées, illustrés sur la figure 45. Le revêtement de fibronectine est qualifié d’homogène lorsque le marquage immunofluorescent présente une intensité uniforme sur toute la surface et qu’aucune autre des trois structures n’est observée (fig.45a). Dans ce cas, à l’échelle de la résolution optique, la fibronectine semble uniformément distribuée sur la surface. L’adsorption sur l’hydroxyapatite induit l’agrégation de la fibronectine. Les agrégats sont de petites structures compactes, disséminées sur la surface et de forme irrégulière (fig.45b). Leur diamètre est compris entre quelques micromètres et quelques dizaines de micromètres. Dans de rares cas, de très gros agrégats, de longueur de l’ordre de la centaine de micromètres, peuvent également être observés (figure 46). Figure 46. Exemple d’un agrégat de fibronectine d’environ 300µm de long. Adsorption de la fibronectine à 0.01 g/L dans un tampon T50, pendant 15h (barre d’échelle : 100 µm). L’adsorption de la fibronectine sur l’HA peut également donner lieu à la formation de structures fibrillaires. Ces fibres, de forme tortueuse ou linéaire (fig.45,c,d) ont une longueur en général comprise entre quelques dizaines et quelques centaines de micromètres mais qui peut parfois atteindre le millimètre (figure 47). Figure 47. Exemple d’une fibre de fibronectine d’environ 1.2 mm de long. Adsorption de la fibronectine à 1g/L dans un tampon T50 pendant 30 min (barre d’échelle : 100µm). Les fibres de fibronectine peuvent être isolées (fig.45.c,d) ou connectées (fig.45.e,f,g et h) les unes aux autres. Certaines fibres montrent un changement d’orientation très marqué, pouvant résulter de la jonction de deux fibres. Seuls les points d’où émergent au moins trois 112 Résultats-Discussion fibres sont cependant considérés comme des connexions, ou nœuds du réseau (cf. astérisques fig.45.e,f), c'est-à-dire quand aucun doute n’est permis quant à la présence de plusieurs fibres. Dans certains cas, ces connexions forment des amas fibrillaires très denses (fig.45.g,h) dont la structure est similaire à celle du réseau de fibronectine de la matrice extra-cellulaire (voir Etude Biblio.III.3.b). Certaines structures fibrillaires épaisses suggèrent enfin l’existence d’interactions latérales entre fibres individuelles au sein de ces amas connectés (cf. flèches fig.45.e,g). II.4.Séquence de l’assemblage Certains des états de la fibronectine peuvent coexister à la surface d’un échantillon. La probabilité d’occurrence de ces états semble cependant dépendre des conditions d’adsorption. L’évolution de la structuration de la fibronectine peut ainsi être évaluée par la fréquence d’apparition, dans une condition donnée, de chacun des 4 états morphologiques précédemment décrits. L’assemblage de la fibronectine est en effet un processus tempsdépendant, dont la séquence d’établissement, en fonction de la concentration de la protéine en solution, est présentée sur la figure 48. A faible concentration en solution (fig.48.a), des agrégats de fibronectine apparaissent sur la surface dès 5 minutes et persistent au cours du temps, leur proportion restant constante jusqu'à 15h d’adsorption de la fibronectine. A contrario, quasiment aucune fibre n’est présente sur la surface 5 minutes après le début de l’adsorption. La proportion totale de fibres augmente ensuite significativement après 30 minutes d’adsorption mais demeure environ trois fois inférieure à celle des agrégats. A cette concentration, les fibres sont majoritairement isolées les unes des autres, la proportion de fibres connectées restant inférieure à 10% à tous les temps. 113 Résultats-Discussion Figure 48. Séquence de l’assemblage de la fibronectine sur l’HA en fonction de la concentration en solution. La fréquence d’apparition de chacun des 4 états morphologiques (cf. figure 1) est suivie entre 5 minutes et 15 heures, pour des concentrations en fibronectine de (a) 0.01 g/L, (b) 0.1 g/L et (c)1 g/L. (H) revêtement homogène, (A) agrégats, (F.isol.) fibres isolées, (F. connect.) fibres connectées, (F.tot.) ensemble des fibres isolées et connectées. La fréquence d’un état correspond à la moyenne sur l’ensemble des échantillons du nombre de champs présentant cet état par rapport au nombre de champs total. Les résultats sont la moyenne de 9 expériences; les écarts-types ne sont pas représentés par souci de clarté de la figure. Pour chaque concentration et chaque état, l’évolution temporelle est testée par rapport à la fréquence observée à 5 minutes : t : p<0.05 ; tt : p<0.01. La significativité de l’augmentation de la concentration est testée, pour chaque état et à chaque temps, par rapport à la fréquence observée pour une concentration de 0.01 g/L : augmentation + :p<0.05, ++ : p<0.01, +++ : p<0.001, ou diminution : - :p<0.05, - - : p<0.01 significative de la fréquence. 114 Résultats-Discussion L’augmentation de la concentration en fibronectine de 0.01 g/L à 0.1 g/L résulte en un doublement de la proportion de fibres isolées (fig.48.b). Une seconde augmentation de la concentration d’un facteur 10 déplace l’effet vers les fibres connectées (fig.48.c). Dans ce dernier cas, à 1 g/L, l’augmentation est significative aux temps courts, mais conduit à la même proportion totale de fibres qu’à 0.1 g/L après 15h d’adsorption, suggérant une accélération du processus plutôt qu’une augmentation des fibres formées. La concentration de fibronectine montre un effet inverse sur les agrégats, son augmentation diminuant significativement leur proportion à la surface, et ce d’autant plus que le temps d’adsorption est long. Afin d’établir si l’organisation de la fibronectine dépend de la quantité adsorbée, le dosage de la fibronectine adsorbée sur l’HA est réalisé par ELISA. A faible concentration, malgré des changements d’organisation de la protéine à la surface, et en particulier l’émergence de fibres, la quantité de fibronectine adsorbée sur l’HA n’évolue pas significativement au cours du temps (fig.49. 0,01 g/L). Etonnamment, ce dosage indique en outre que plus la concentration et le temps d’adsorption augmentent, moins la quantité de fibronectine adsorbée est importante (fig.49). Figure 49. Adsorption de la fibronectine sur l’HA au cours du temps, en fonction de la concentration en solution L’adsorption de la fibronectine est évaluée par dosage ELISA. Les résultats, exprimés en densité optique (DO) à 405nm, sont la moyenne de 4 expériences. Pour chaque concentration, l’évolution de la quantité dans le temps est testée par rapport au temps 5 minutes: t: p<0.05. Pour chaque temps, l’effet de la concentration est testé par rapport à la densité optique observée pour une concentration de 0.01 g/L: diminution significative: -: p<0.05; - -: p<0.01. La fibronectine adsorbée est quantifiée par un dosage ELISA dont la réalisation implique plusieurs heures d’incubation des échantillons dans différentes solutions (cf. Matériels et Méthodes). La faible quantité de fibronectine détectée sur l’HA, notamment audelà de 30 minutes à 1 g/L, pourrait résulter autant d’une plus faible adsorption que d’une 115 Résultats-Discussion plus importante désorption de la fibronectine lors du dosage. Afin d’élucider cette question, suite à l’adsorption de la fibronectine, les échantillons d’HA sont immergés dans le tampon d’adsorption pendant 24 heures après lesquelles la fibronectine éventuellement désorbée est dosée dans le surnageant. Figure 50. Désorption de la fibronectine de l’HA en fonction du temps d’adsorption et de la concentration en solution. La fibronectine désorbée des pastilles d’HA est dosée par dosage Bradford. Les résultats sont la moyenne de trois expériences. Dans certaines conditions, l’absence d’écart type indique que les dosages n’ont pu être réalises que sur deux échantillons. Différence par rapport au temps 5 minutes pour une concentration donnée : * : p<0.05. La désorption de la fibronectine est environ quatre fois plus importante après 15h d’adsorption à 1g/L que pour l’ensemble des autres conditions de temps et de concentration (fig.50). Aucune différence significative n’est cependant observée entre ces dernières, alors qu’elles présentent des différences de quantité de fibronectine détectée à la surface de l’HA (fig.49). La quantité de fibronectine détectée aux temps longs à 0.1 g/L décroît de 50% en moyenne au cours du temps et est ainsi significativement inférieure à la quantité détectée pour 0.01 g/L aux temps longs (fig.49) alors que la désorption observée reste faible et du même ordre de grandeur entre ces deux concentrations (fig.50). Si la faible quantité de fibronectine détectée à forte concentration résulte vraisemblablement de la désorption de la protéine, elle n’est probablement pas la seule raison, et des différences lors de l’adsorption peuvent également être en partie impliquées. Le dosage ELISA de la quantité de fibronectine adsorbée est similaire au marquage immunofluorescent, en terme de tampons utilisés et de temps d’incubation dans ces tampons. Il semble donc raisonnable de supposer que, s’il y a désorption de la fibronectine lors de ces expériences, elle est du même ordre de grandeur. L’adsorption de la fibronectine quantifiée reste ainsi pertinente pour discuter de la structuration observée par immunofluorescence. 116 Résultats-Discussion II.5. Discussion A faible concentration, les agrégats de fibronectine apparaissent dans les premières minutes à la surface de l’HA, alors que la proportion de fibres augmente lentement au cours du temps (fig.48.a). Ce délai entre l’émergence des deux types de structures pose la question de savoir si les agrégats précèdent seulement les fibres ou s’ils en sont les précurseurs, en d’autres termes, si les deux états morphologiques appartiennent ou non à la même voie d’organisation de la fibronectine adsorbée. Si les fibres étaient formées à partir des agrégats, la persistance de ces derniers au cours du temps, à faible concentration, impliquerait une augmentation simultanée de l’adsorption de la fibronectine. Nos résultats indiquent pourtant que, dans ces conditions, la quantité de fibronectine sur l’HA reste constante au cours du temps (fig.49). Une hypothèse alternative est que les fibres seraient formées de la réorganisation de molécules de fibronectine adsorbées dès les premières minutes, alors que les agrégats demeureraient des structures amorphes, persistant au cours du temps. En contradiction avec ce point de vue, à forte concentration en solution, la formation de fibres plus rapide est concomitante d’une diminution de la proportion d’agrégats (fig.48.c). Cette diminution ne semble cependant pas résulter directement de la plus forte désorption, puisque alors celle-ci se produirait également à faible concentration. Nos données suggèrent donc un scénario potentiel de fibrillation de la fibronectine plus complexe. L’augmentation de la proportion de fibres induite par l’augmentation de la concentration est majoritairement due à l’apparition de fibres connectées plutôt qu’isolées. Excepté de rares cas, dans lesquels le réseau de fibronectine recouvre entièrement la surface, les fibres connectées sont organisées en des amas isolés les uns des autres. Ceci suggère que les connexions entre fibres résultent d’un mécanisme de branchement, c'est-à-dire que les fibres connectées ont pour origine commune le nœud qui les réunit, plutôt que d’une jonction de fibres indépendantes, qui requerrait en effet une forte densité de surface en fibres. La diminution de la proportion en agrégats pourrait en fait être directement corrélée à l’apparition des nœuds, les premiers constituant l’origine de ces derniers. En accord avec cette hypothèse, les agrégats sont souvent – mais pas exclusivement – positionnés à l’intersection de fibres connectées quand les deux états sont présents à la surface (fig.45.f,g). Une hypothèse possible est donc que différents types d’agrégats de fibronectine soient formés à faible et à forte concentration, les derniers constituant des centres de nucléation de la fibrillogénèse de la fibronectine sur l’hydroxyapatite. Cette hypothèse est résumée sur la figure 51. 117 Résultats-Discussion Figure 51. Modèle hypothétique de l’effet de la concentration en solution sur l’agrégation et la fibrillogénèse de la fibronectine. La discontinuité de notre observation de la structuration de la fibronectine en fonction du temps ne permet pas d’affirmer que les agrégats nucléant les fibres seraient favorisés à forte concentration. De nombreuses données de la littérature appuient cependant l’hypothèse qu’un tel mécanisme pourrait être à l’œuvre dans l’assemblage de la fibronectine sur l’hydroxyapatite. Nos résultats indiquent que les agrégats formés à faible et à forte concentration seraient de natures différentes, et ceci pourrait en fait dépendre de la densité de surface. La plupart des protéines subissent des changements de conformation suite à leur adsorption (Sharp et al, 2002; Engel et al, 2002). Du fait de l’encombrement stérique, ces dénaturations induites par l’adsorption sont réduites lorsque la concentration en solution, et donc la densité de surface, augmentent (Kim et Somorjai, 2003; Kondo et Fukuda, 1998; Kondo et al, 1996). Par ailleurs, des travaux sur l’adsorption de la fibronectine sur un matériau à base de titane montrent une plus importante désorption de la protéine à plus forte concentration d’adsorption (Wittmer et Van Tassel, 2005), en accord avec nos propres observations de la désorption de la fibronectine de l’HA. Cette plus forte désorption résulterait d’une plus faible surface de contact entre la fibronectine et la surface (Wittmer et Van Tassel, 2005). De simples effets de volume exclu pourraient ainsi expliquer comment différentes formes de fibronectine pourraient être trouvées sur l’HA, en fonction de la concentration lors de l’adsorption. Si les mécanismes moléculaires sous-jacents restent à élucider, nous pouvons émettre l’hypothèse que la forme de la fibronectine capable de former des fibres serait favorisée à plus forte concentration, du fait d’une plus grande flexibilité des molécules, résultant de leur plus faible contact avec la surface. A faible densité de surface, la fibronectine présente ainsi une plus 118 Résultats-Discussion grande rigidité qu’à forte densité de surface comme le montrent de récents travaux de mesures des forces d’étirement de la fibronectine, en microscopie à force atomique (Meadows et Walker, 2005). Cette flexibilité pourrait ainsi permettre la réorganisation des agrégats de fibronectine, nécessaire à l’émergence des fibres. 119 Résultats-Discussion III.Fibrillation de la fibronectine sur l’HA : interactions mises en jeu III.1.Implication du domaine N-terminal L’auto-association de la fibronectine au sein de la matrice extracellulaire fait intervenir des interactions entre des domaines particuliers de la protéine, et notamment le domaine N-terminal de 70 kDa ou F70 (Bultmann, 1998 ; Aguirre, 1994 ; voir Etude Biblio. III.3.b). La présence de ce fragment de la fibronectine inhibe en effet de manière dosedépendante l’incorporation de fibronectine à la matrice (Quade et McDonald, 1988; Chernousov et al, 1987). L’effet inhibiteur de ce fragment sur la fibrillation de la fibronectine sur l’hydroxyapatite est testé par addition de quantités croissantes du fragment F70, préalablement à l’adsorption sur l’HA (figure 52). Figure 52. Test d’inhibition de la fibrillation de la fibronectine par son fragment N-terminal F70. Le fragment F70 est ajouté à la fibronectine 0.1g/L dans un rapport molaire Fn:F70 compris entre 1 et 10. Le tampon d’adsorption est du T50. (H) revêtement homogène, (A) agrégats, (F.isol.) fibres isolées, (F.connect.) Fibres connectées, (F.tot.) total des fibres. Différence significative avec la fréquence observée de l’état sans F70: *: p<0.01; **: p<0.001. La présence du domaine N-terminal n’affecte significativement ni la proportion des agrégats ni celle des fibres. Malgré une diminution significative de l’occurrence des fibres isolées, la proportion observée de fibres connectées est sensiblement identique en présence ou en absence du fragment, et la diminution de la proportion totale de fibres n’apparaît finalement pas significative (figure 52). 120 Résultats-Discussion Une interaction spécifique impliquant le domaine N-terminal de la fibronectine ne semble pas mise en jeu dans l’agrégation de la fibronectine à la concentration testée de 0.1 g/L. Les résultats sur la fibrillation ne sont pas concluants mais l’inhibition partielle suggère une possible implication de ce domaine. Les faibles quantités disponibles du fragment n’ont pas permis de tester d’autres conditions, et notamment d’augmenter le rapport molaire fragment/protéine. D’autres expériences apparaissent néanmoins nécessaires afin d’exclure toute participation de ce domaine dans la fibrillogénèse de la fibronectine sur l’hydroxyapatite. III.2.Structures amyloïdes La thioflavine T (ThT) est un marqueur fluorescent des structures amyloïdes, structures protéiques agrégatives, possédant des feuillets β intermoléculaires (LeVine, III, 1993), et impliquées dans de nombreuses maladies neuro-dégénératives (Stefani et Dobson, 2003). La fibronectine possèderait un potentiel amyloïdogénique (Litvinovich SV et al, 1998) et l’apparition de fibres amyloïdes, qui suppose une dénaturation partielle des protéines (Scheibel et al, 2004; Modler et al, 2003), peut être induite par l’adsorption (Zhu et al, 2002). Afin d’examiner la présence de telles structures sur l’hydroxyapatite, la thioflavine T est ajoutée à la fibronectine avant l’adsorption. La fluorescence de la thioflavine est observée en microscopie de fluorescence, en comparaison avec le marquage immunofluorescent réalisé après l’adsorption. Ce marquage est réalisé aux trois concentrations de fibronectine étudiées et pour des temps d’adsorption de 5 minutes à 15 heures. Les résultats pour la concentration 1g/L, sont illustrés sur la figure 53. Figure 53. Marquage des structures amyloïdes par la thioflavine T. La fibronectine, concentrée à 1g/L, est adsorbée 5 minutes, 30 minutes ou 15 heures sur l’HA, en présence de thioflavine T (ThT). La fibronectine est observée par immunofluorescence (champs a-d) en parallèle de l’observation de la fluorescence de la ThT (champs e-h). La barre d’échelle sur l’image h représente 100µm. 121 Résultats-Discussion A forte concentration, excepté aux temps courts (fig.53.a,e), la plupart des agrégats de fibronectine incorporent la thioflavine T (fig.53.b, f). Le marquage des fibres de fibronectine montre une plus grande variabilité, et, dans les mêmes conditions d’adsorption, certaines structures fibrillaires incorporent (fig.53.g) ou non (fig.53.h) la thioflavine T. A plus faible concentration d’adsorption de la fibronectine, la marquage est dans l’ensemble moins intense et montre autant de variation d’un échantillon à l’autre (résultats non présentés). Aucune corrélation évidente n’apparaît entre l’observation de structures de type amyloïdes et le temps, ou la concentration, d’adsorption de la fibronectine. Ceci pourrait laisser supposer, soit, le développement en parallèle de structures morphologiquement proches mais constituées de différentes interactions intermoléculaires, soit, une réorganisation de la conformation de la fibronectine au sein des fibres et des agrégats, postérieure à leur constitution. Cependant, si la thioflavine T est un indicateur de la présence de structures amyloïdes largement utilisées, le croisement avec d’autres techniques est nécessaire, le marquage à la ThT pouvant révéler de faux négatifs ou de faux positifs. Les premiers résulteraient d’une diminution de l’accessibilité du marqueur aux fibres, dans le cas de structures très compactes. Les seconds viendraient du mécanisme même d’incorporation de la ThT au sein de fibres amyloïdes. C’est la liaison de la ThT aux feuillets β intermoléculaires des fibres amyloïdes qui provoque une augmentation de la fluorescence. La ThT peut cependant également s’intercaler au sein de protéines possédant des feuillets β dans leur conformation native, comme c’est le cas de la fibronectine. La fluorescence serait alors moins intense, du fait de contraintes stériques différentes (Krebs et al, 2005). Si la différence d’intensité peut être mesurée par spectroscopie de fluorescence en solution, elle est plus difficile à percevoir en microscopie à épifluorescence sur une surface, la fluorescence dépendant de l’orientation des fibres, à moins de faire appel à des techniques particulières comme la microscopie de fluorescence à réflexion interne (Sokolowski et al, 2003). L’absence de résultats clairs, quant à l’incorporation de la thioflavine T ou la participation du domaine N-terminal de la fibronectine, suggère que la création de feuillets β intermoléculaires ou l’association spécifique de certains domaines de la fibronectine ne sont pas les mécanismes prépondérants à l’œuvre dans la fibrillation de la fibronectine sur l’hydroxyapatite. L’étude de ces mécanismes est poursuivie par l’évaluation de l’implication d’autres types d’interactions, et notamment électrostatiques, sur la structuration de la fibronectine sur l’HA. 122 Résultats-Discussion III.3.Effet de la force ionique Les expériences précédemment décrites ont été réalisées dans un tampon d’adsorption de faible force ionique (Tris 50mM, force ionique I=0.048M). Les interactions électrostatiques peuvent influencer la structure tertiaire de la protéine mais également sa liaison avec l’hydroxyapatite. Une faible augmentation de la force ionique, de 0.02M, provoque ainsi la disparition des fibres de fibronectine à la surface de l’HA, et seuls de petits agrégats disséminés, de taille et de forme relativement régulières, sont observés (fig.54. T50N20). En revanche, une augmentation plus importante, de 0.048 à 0.548, entraîne à nouveau l’apparition de fibres et d’agrégats (fig.15, T50N500), les fibres ne présentant pas de différence morphologique avec les fibres observées à faible force ionique (fig.54, T50 et fig.45). Figure 54. Effet de la force ionique sur l’assemblage de la fibronectine sur l’HA. La fibronectine, concentrée à 0.1 g/L, est adsorbée 2 heures à 37°C dans un tampon T50NX (Tris 50mM, NaCl XmM, pH 7.4). Trois illustrations des structures observées dans chaque condition sont présentées. Barre d’échelle : 100µm. Afin d’examiner plus précisément la variation de la structuration de la fibronectine en fonction de la force ionique, la fréquence d’apparition de chaque état morphologique est suivie sur une gamme de force ionique entre 0.048 et 0.548 M (figure 55). 123 Résultats-Discussion Figure 55. Fréquence d’apparitions des différents états de la fibronectine sur l’HA en fonction de la force ionique. La fibronectine, concentrée à 0.1 g/L, est adsorbée 2 heures à 37°C dans un tampon T50Nx (Tris 50mM, NaCl x mM, pH 7.4). Les résultats sont la moyenne de 7 expériences, les écarts-types ne sont pas représentés par souci de clarté. Différence significative par rapport à la fréquence de l’état dans le tampon de plus faible force ionique T50: * p<0.05; ** p<0.01; *** p<0.001. Les proportions d’agrégats et de fibres de fibronectine évoluent de façon non monotone avec l’augmentation de la force ionique du milieu. Une augmentation des agrégats et une diminution des fibres sont initialement observées, les fibres disparaissant complètement de la surface pour une force ionique comprise entre 0.063 M et 0.198 M. Cette première phase est suivie d’une inversion des sens de variation, les fibres augmentant à nouveau tandis que les agrégats diminuent, jusqu’à la plus forte force ionique testée de 0.548 M (fig.55). L’augmentation de la force ionique en solution conduit par ailleurs à une augmentation de la quantité de fibronectine adsorbée (ou une diminution de la désorption, comme discuté précédemment), qui atteint un plateau à partir de I=0.068 (fig.56). 124 Résultats-Discussion Figure 56. Adsorption de la fibronectine sur l’HA en fonction de la force ionique. La fibronectine adsorbée est dosée par ELISA. Les conditions d’adsorption sont identiques à celles de la figure 55. Les résultats sont la moyenne de 4 expériences. Différence significative par rapport à la densité optique observée lors de l’adsorption dans le T50 : * p<0.05 ; ** : p<0.005. Enfin, l’augmentation de la force ionique est également corrélée avec une modification de l’exposition du segment central de liaison aux cellules, le module III10 de la fibronectine, dont l’accessibilité aux anticorps passe du simple au double à partir d’une force ionique de 0.068M (fig.57). Figure 57. Exposition du segment central de liaison aux cellules de la fibronectine (Fn-CBS) en fonction de la force ionique. La fibronectine adsorbée est dosée par ELISA à l’aide d’un anticorps monoclonal dirigé contre le module III10 (CBS) de la fibronectine. Les conditions d’adsorption sont identiques à celles de la figure 55. Les résultats sont la moyenne de 4 expériences. Différence significative par rapport à la densité optique observée lors de l’adsorption dans le T50 : * p<0.05 ; ** : p<0.005. 125 Résultats-Discussion III.4. Effet d’un surfactant non-ionique La morphologie des structures de fibronectine formées à la surface de l’HA, en présence d’un surfactant non-ionique, le Tween 20®, est présentée sur la figure 58, pour deux concentrations de Tween et trois forces ioniques différentes. Figure 58. Effet de la présence d’un surfactant sur l’organisation de la fibronectine sur l’HA en fonction de la force ionique. La fibronectine, concentrée à 0.1 g/L est adsorbée 2 heures sur l’HA en présence de Tween, pour un rapport molaire Tween/Fn 1 ou 100, et dans trois tampons T50Nx (Tris 50mM, NaCl x mM, pH 7.4) de forces ioniques différentes. Barre d’échelle : 100µm. A faible force ionique, pour un rapport surfactant/fibronectine équimolaire, la morphologie des fibres de fibronectine n’est pas modifiée par rapport à l’adsorption sans surfactant, alors qu’une quantité de Tween 100 fois plus importante résulte en la complète disparition des fibres de fibronectine et seuls de petits agrégats sont observés (fig 58.T50N0). Dans ces conditions, les proportions de fibres et d’agrégats évoluent de manière opposée par rapport à la concentration en Tween, la proportion d’agrégats augmentant subitement à faible concentration, tandis que celle des fibres diminue pour atteindre zéro pour un rapport tween/Fn de 100 (fig.59.a). A force ionique intermédiaire, la présence du surfactant n’a d’effet ni sur la morphologie des agrégats (fig.58) ni sur leur proportion (fig.59.b). A forte force ionique, l’addition d’un surfactant ne modifie pas significativement la proportion de fibres, mais augmente celle des agrégats, de la même manière qu’à faible force ionique (fig.59.c). De façon générale, la présence d’un surfactant favorise l’agrégation de la fibronectine et défavorise sa fibrillation à faible force ionique. 126 Résultats-Discussion Figure 59. Fréquence d’apparition des états de structuration de la fibronectine en présence d’un surfactant non-ionique en fonction de la force ionique. La fibronectine, concentrée à 0.1 g/L, est adsorbée 2 heures à 37°C en présence de Tween, pour différents rapports Tween/Fn compris entre 0 et 100, et dans trois tampons T50Nx (Tris 50mM, NaCl x mM, pH 7.4) de forces ioniques différentes. Les résultats sont la moyenne de 3 expériences. Les écarts-types ne sont pas représentés par souci de clarté. Différence significative par rapport à la fréquence de l’état observée en l’absence de Tween : augmentation + :p<0.05 ; ++ : p<0.01 ou diminution de la fréquence : - :p<0.05 ; - - : p<0.01. 127 Résultats-Discussion La présence d’un surfactant a également tendance à favoriser l’adsorption de la fibronectine sur l’HA, et ce d’autant plus que la force ionique est faible (figure 60). Quelle que soit la force ionique, l’adsorption de la fibronectine atteint en effet la même valeur pour un rapport molaire Tween/Fn de 100. Figure 60. Effet de la présence d’un surfactant non-ionique sur l’adsorption de la fibronectine en fonction de la force ionique. La fibronectine adsorbée est dosée par ELISA. Les conditions d’adsorption sont identiques à celles de la figure 20. Les résultats sont la moyenne de 3 expériences. Différence significative par rapport à la densité optique observée lors de l’adsorption sans Tween: p<0.05 ; ** : p<0.005, et par rapport à l’adsorption dans le tampon T50N0 : §§ : p<0.01 ; §§§ : p<0.001. III.5.Discussion A faible force ionique, la fibronectine est sous une forme compacte, stabilisée par des interactions électrostatiques entre les deux sous-unités (Johnson et al, 1999). De plus, à pH 7.4, la fibronectine, qui est une protéine acide dont le pHi est de 5.5, possède une charge nette négative. Dans ces conditions, les interactions répulsives entre molécules prédominent et la forme qui s’adsorbe initialement est compacte. Une première augmentation de la force ionique va donc diminuer les répulsions entre les molécules adsorbées et les molécules approchant la surface, ainsi que les répulsions entre les molécules adsorbées elles-mêmes, ce qui pourrait respectivement expliquer, l’augmentation de l’agrégation à la surface d’une part, et l’augmentation de l’adsorption de la fibronectine, d’autre part (fig.61). Cette première phase correspond par ailleurs à une absence totale de formation de fibres de fibronectine sur la surface. L’agrégation de la fibronectine sur l’HA est un processus très rapide, les agrégats étant observés dès 5 minutes d’adsorption. Dans l’hypothèse de la formation de deux types d’agrégats sur l’HA (voir III.1), on peut donc supposer que les agrégats formés à force ionique intermédiaire sont des agrégats ‘amorphes’, par opposition aux agrégats nucléants des 128 Résultats-Discussion fibres, lesquels auraient vraisemblablement donné naissance à des fibres après 2 heures d’adsorption. Nous ne pouvons cependant pas exclure l’hypothèse que la formation des fibres dans ces conditions nécessite plus de temps, une étape qui ne serait alors que retardée. Figure 61. Schéma récapitulatif de l’effet de la force ionique et de la présence d’un surfactant sur l’organisation de la fibronectine sur l’HA. Nos résultats suggèrent que les fibres formées à faible et forte force ionique sont différentes (cf. Discussion). Les premières sont ainsi indiquées ici comme étant de ‘type I’ et les secondes de ‘type II’. Une seconde augmentation de la force ionique, au-delà de 0.068M, n’augmente pas plus l’adsorption de la fibronectine, suggérant une possible saturation de la surface, mais favorise la formation de fibres. La transition de conformation de la fibronectine d’une forme compacte vers une forme étendue peut être provoquée par une augmentation de la force ionique (Benecky et al, 1991; Rocco et al, 1983; Tooney et al, 1983; Williams et al, 1982), cette transition s’accompagnant de changements minimaux dans la structure tertiaire des sousunités (Benecky et al, 1991). Les domaines de la fibronectine qui seraient impliqués dans le maintien de la conformation compacte (Johnson et al, 1999; Homandberg et Erickson, 1986) sont également impliqués dans l’auto-association de la fibronectine (Bultmann et al, 1998; Aguirre et al, 1994). Au-delà d’une concentration en NaCl de 50mM, la fibrillogénèse de la fibronectine pourrait donc être favorisée par l’extension des molécules en solution, entraînant une adsorption des molécules dans une conformation dans laquelle les domaines d’autoassociation seraient déjà exposés. De manière similaire, l’induction de la fibrillogénèse de la fibronectine par son adsorption sur une surface polymère chargée résulterait ainsi d’interactions électrostatiques entre les domaines chargés de la protéine, impliqués dans la 129 Résultats-Discussion conformation compacte, et la surface. L’extension de la protéine et son adsorption sous une forme ‘fibrillo-compétente’ seraient ainsi favorisées (Pernodet et al, 2003). Le site de liaison aux cellules de la fibronectine est situé dans la région centrale de la protéine (voir Etude Biblio. III.2.b). L’augmentation rapide de son accessibilité aux anticorps tend non seulement à confirmer l’extension de la fibronectine aux fortes forces ioniques, mais implique également que les fibres formées à forte et à faible forces ioniques ont une structure différente. Confirmant cette idée, l’addition d’un surfactant non-ionique n’altère la formation de fibres qu’à faible force ionique. Des interactions répulsives sont très certainement impliquées dans les interactions fibronectine/fibronectine. Les interactions entre la fibronectine et l’hydroxyapatite sont moins claires. Si des interactions de type hydrophobes étaient présentes entre la fibronectine et l’HA, la présence de Tween n’aurait pas d’effet sur l’adsorption de la fibronectine, ou entraînerait éventuellement une diminution par adsorption compétitive (Fainerman et al, 2004; Wahlgren et al, 1995). L’addition de Tween augmente au contraire l’adsorption sur l’HA. Elle favorise également l’agrégation de la fibronectine sur la surface. Si les mécanismes n’en sont pas élucidés, certains auteurs pensent que le dépliement d’une protéine pourrait être favorisée en présence de surfactant non-ionique via la pénétration de la queue hydrophobe dans la région apolaire. Cette pénétration, exposant les zones hydrophobes, pourrait ainsi promouvoir l’interaction avec une surface (Kamande et al, 2000) ou les interactions entre protéines (Kerstens et al, 2005). Une étude récente suggère même que l’inhibition de l’agrégation d’une protéine en présence d’un surfactant non-ionique serait liée à la stabilisation de petits agrégats, ralentissant ainsi la suite de la croissance, plutôt qu’à une inhibition totale de l’agrégation (Mahler et al, 2005). Des régions hydrophobes ont été mises en évidence au sein (Potts et Campbell, 1994; Main et al, 1992) et entre (Pickford et al, 2001; Williams et al, 1993) les modules de la fibronectine. Ces régions pourraient supporter des interactions avec la queue hydrophobe du surfactant. L’augmentation de l’adsorption de la fibronectine semble être liée à une promotion de l’interaction fibronectine-hydroxyapatite et non pas à une agrégation induite en solution. En effet, aucune agrégation de la fibronectine n’est détectée après plusieurs heures en présence de Tween comme le montre l’électrophorèse de la protéine en conditions natives (fig.44). L’ensemble de nos résultats suggère l’existence non seulement de différents types de fibres mais aussi de différents types d’agrégats de fibronectine formés sur l’HA, une caractéristique partagée par d’autres protéines (Kad et al, 2003; Gast et al, 2003; Khurana et 130 Résultats-Discussion al, 2001). La forte variabilité de l’exposition du domaine CBS et de l’incorporation de la ThT suggère par ailleurs que différents mécanismes pourraient simultanément être à l’œuvre sur la surface. Les conditions d’adsorption peuvent modifier les interactions Fn/Fn, en solution et sur la surface, mais aussi l’interaction Fn/HA, et finalement, la conformation de la protéine adsorbée. Tous ces paramètres se compensent les uns les autres lors de l’adsorption et si nos résultats suggèrent des mécanismes possibles, ceux précisément impliqués dans la fibrillogénèse de la fibronectine sur l’hydroxyapatite restent à élucider. 131 Résultats-Discussion IV.Processus de diffusion-agrégation : un modèle de l’assemblage de la fibronectine ? IV.1.Introduction La fibronectine se trouve sous forme compacte dans le plasma et à la surface des cellules, et sous forme dépliée au sein de fibres de la matrice (voir Etude Biblio.II.3b). Le dépliement de la fibronectine, induit par son adsorption, pourrait ainsi être impliqué dans la fibrillation de la protéine sur l’HA. Par ailleurs, la formation des fibres et des agrégats de fibronectine à la surface de l’hydroxyapatite suppose un regroupement et donc une diffusion des protéines sur la surface. L’adsorption de la fibronectine sur l’HA résulterait ainsi potentiellement de la conjugaison d’un changement de conformation et de la diffusion de la protéine sur la surface. Le développement et l’étude d’un modèle tenant compte de ces deux phénomènes pourraient permettre d’indiquer quels mécanismes à l’échelle de la molécule sont prépondérants dans l’établissement des structures supramoléculaires de fibronectine observées. Notre modèle d’adsorption de la fibronectine est élaboré sur la base des modèles stochastiques d’adsorption séquentielle et de diffusion/agrégation de la littérature (voir Etude Biblio.III.3) et permet d’évaluer l’impact d’une transition de conformation simple sur la morphologie d’amas protéiques formés par diffusion/agrégation des protéines adsorbées. IV.2.Conformations de la fibronectine IV.2.a. Définitions La fibronectine, initialement sous forme compacte, peut se déplier suite à son adsorption sur la surface. Afin d’étudier l’effet général d’une variation importante d’ellipticité, au cours de la structuration d’une protéine sur une surface, les formes modèles des conformations de la fibronectine sont simplifiées. Les formes compacte et étendue de la fibronectine sont ainsi respectivement modélisées par une sphère et un parallélépipède rectangle, soit, en projection sur la surface, par un disque et un rectangle, ou ‘bâtonnet’ (figure 62). 132 Résultats-Discussion Figure 62. Modèle des formes compactes et étendues de la fibronectine. Les forme (a) compactes et étendues de la fibronectine peuvent être approchées, de façon très simplifiée, par (b) une sphère et un parallélépipède rectangle, dont les projections sont représentées par (c) des ensembles de sites sur un réseau bidimensionnel carré au sein du modèle. Les deux conformations couvrent exactement 29 sites du réseau. La forme compacte possède un diamètre correspondant à 7 pas du réseau. Etant donné l’ordre de grandeur du diamètre d’une molécule de fibronectine, d’environ 20-30nm, un pas du réseau représente environ 3.5 nm. IV.2.b. Propriétés La forme compacte de la fibronectine, sous forme de disque dans le modèle, est capable de diffuser sur la surface, de s’agréger avec les protéines voisines et/ou de se déplier pour adopter la forme bâtonnet. La diffusion est modélisée par une marche aléatoire de Ndiff pas, où un pas correspond à la longueur de la maille du réseau, chaque direction libre du reseau étant équiprobable. Le dépliement de la protéine s’effectue selon une direction aléatoirement choisie parmi les directions libres sur la surface, deux protéines ne pouvant occuper un même site. Lorsqu’une protéine est isolée sur la surface, son dépliement s’effectue de façon symétrique à partir de son centre (fig.63.a,b) et il existe au maximum deux directions de dépliement. Deux protéines sont considérées en contact l’une avec l’autre lorsque deux de leurs sites sont plus proches voisins sur le réseau (fig.63.c). Dans ce cas, le dépliement de l’une des deux protéines s’effectue à partir du site de contact (fig.63.d). Comme pour un dépliement de protéine isolée, la direction est choisie aléatoirement parmi les directions libres. Dans l’exemple représenté sur la figure 63.c, seules deux directions de dépliement sont possibles, les deux autres impliquant un chevauchement des deux protéines. De façon générale, lors 133 Résultats-Discussion d’un dépliement au contact d’une protéine, jusqu’à trois directions de dépliement peuvent être accessibles. L’agrégation de deux protéines en contact, qui dépend de la probabilité PAg, correspond au maintien permanent de ce contact. La vitesse de diffusion des amas de protéines sur la surface est d’autant plus faible que l’amas est grand. Dans notre modèle, la diffusion d’amas de plus d’une protéine est considérée suffisamment lente pour être négligée. En admettant que le dépliement d’une protéine permet d’augmenter son interaction avec la surface, on peut également considérer que la diffusion des formes dépliées est faible et négligeable. Finalement, l’agrégation ou le dépliement des protéines conduit à leur immobilisation, seuls les monomères compacts diffusent. Figure 63. Dépliement de la fibronectine. Le dépliement d’une forme compacte se fait de façon symétrique à partir du centre de la protéine (représenté en jaune en a). Dans l’exemple (a), la protéine peut se déplier verticalement, ou horizontalement comme représenté en (b). Contact entre deux protéines : les sites rouge et jaune des deux protéines sont plus proches voisins, les deux protéines peuvent s’agréger (c). Lorsqu’une protéine est au contact d’une autre, son dépliement s’effectue à partir du site de contact (site rouge en c). Dans la situation en c, seules deux directions de dépliement sont libres, vers la droite, comme représente en d, ou vers le bas. IV.3.Description du modèle L’unité de temps est définie par un essai d’adsorption. Entre deux essais d’adsorption successifs, se déroule la séquence d’évènements (le ‘cycle’ d’adsorption) suivante (fig.64) : une nouvelle protéine a une probabilité PA de s’adsorber sur un site aléatoirement choisi, pourvu que celui-ci soit libre, c'est-à-dire que l’adsorption de la protéine ne résulte pas en un chevauchement avec les protéines voisines. Puis, toutes les protéines peuvent diffuser sur la surface selon une marche aléatoire de Ndiff pas. Lorsque deux protéines se trouvent en contact, elles ont une probabilité PAg de s’agréger. Enfin, chaque protéine, agrégée ou non, peut se déplier avec une probabilité PD avant qu’un nouvel essai d’adsorption ne soit effectué. PD 134 Résultats-Discussion dépend de la présence d’un contact avec une autre protéine. Figure 64. Modèle d’adsorption de la fibronectine. A chaque temps, une nouvelle protéine a une probabilité PA de s’adsorber sur un site aléatoirement choisi, puis toutes les protéines peuvent diffuser sur la surface selon une marche aléatoire de Ndiff pas. Lorsque deux protéines sont en contact, elles ont une probabilité PAg de s’agréger. Chaque protéine, agrégée ou non, peut se déplier avec une probabilité PD avant qu’un nouvel essai d’adsorption ne soit effectué. La probabilité de dépliement PD est dissociée en une probabilité de dépliement PI lorsqu’une protéine est isolée et une probabilité PC lorsqu’elle est au contact d’une autre protéine. La dissociation de la probabilité de dépliement PD en probabilité de dépliement d’une protéine isolée, PI (‘dépliement isolé’), et en probabilité de dépliement d’une protéine au contact d’une autre, PC (‘dépliement au contact’), permet d’étudier l’impact de différentes interactions entre protéines sur les structures formées et notamment les trois cas suivants: - Lorsque PD=PC=PI, le dépliement ne dépend pas du voisinage de la protéine. Dans ce cas on parlera de ‘dépliement indépendant’. - L’interaction entre protéines peut stabiliser leur conformation et empêcher ainsi le dépliement. Cette situation correspond à une probabilité de dépliement au contact nulle, c'est-à-dire PC=0 et PD=PI, qui correspond au ‘dépliement inhibé par contact’. - Enfin, l’interaction entre protéines peut favoriser le dépliement. Cette situation est étudiée dans le cas extrême où la surface seule n’induit pas de changement de conformation, c'està-dire dans le cas où PI=0 et PD=PC. Ce cas correspond au ‘dépliement requérant un contact’. La morphologie des structures protéiques formées dans les trois situations de dépliement est étudiée pour deux probabilités d’agrégation PAg=1 et PAg=10-3. 135 Résultats-Discussion IV.4. Adsorption séquentielle aléatoire Lorsque la probabilité de changement de conformation, PD, et le nombre de pas de diffusion, Ndiff, sont nuls en même temps, notre modèle décrit l’adsorption irréversible de disques, il se réduit alors au modèle d’adsorption séquentielle aléatoire (RSA). Les configurations du réseau générées pour ces paramètres sont illustrées à différents temps sur la figure 65. Figure 65. Exemples de configurations du réseau pour PD=0 et NDiff=0 après l’adsorption de 10, 100, 1000, 7000 et 38000 protéines sur une surface de 1500 sites de côté, le diamètre d’une proteine étant de 7 pas du réseau. Afin de s’assurer de la validité de l’implémentation du modèle, il convient de vérifier que les caractéristiques de ce modèle de RSA sont bien retrouvées pour ces valeurs de paramètres. L’adsorption est simulée pour trois probabilités d’adsorption, PA=10-4, 3.10-4, et 10-3 et les cinétiques d’adsorption sont représentées sur la figure 66. Figure 66. Cinétique d’adsorption pour PD=0 et Ndiff=0. La cinétique d’adsorption est suivie pour PA=10-4 (gris clair), 3.10-4 (gris) et 10-3 (noir). L’écart de la densité de surface (θt) à la densité de saturation théorique (θ∝=54.7%) est représenté en fonction du temps à la puissance ½. Les courbes sont la moyenne de 10 simulations. Insert : représentation directe de la densité de surface (θt) en fonction du temps (t en cycles d’adsorption par site du réseau), pour les trois probabilités d’adsorption. 136 Résultats-Discussion Selon la théorie du modèle de RSA, à l’approche de la saturation, la densité de surface θt, ou fraction de sites couverts par une protéine, varie comme le temps à la puissance –½, comportement que notre modèle reproduit correctement (fig.66). Selon ce modèle, la densité de surface maximale, ou ‘jamming limit’, est d’environ 54.7% pour des objets sphériques (Feder, 1980). La densité de surface moyenne simulée par notre modèle, de 53.5 %, diffère peu. IV.5. Changement de conformation et diffusion agrégation IV.5.a. Amas DLA à dépliement nul La dimension fractale des amas de diffusion-agrégation dans un modèle d’adsorption dépend du rapport entre le flux d’adsorption et le coefficient de diffusion des protéines sur la surface, ainsi que de la densité de surface (Jensen et al, 1995; Jensen et al, 1994; Amar et Family, 1994). Dans notre modèle, la dimension fractale varie donc en fonction du nombre de cycles d’adsorption et du rapport Ndiff/PA (fig.67). Un rapport de 106 entre les deux paramètres permet de générer des amas de dimension fractale moyenne 1.652±0.039, soit l’ordre de grandeur de la dimension des amas DLA du modèle original sur un réseau carré (Witten et Sander, 1981). Figure 67. Effet du rapport entre la diffusion et l’adsorption, Ndiff/PA, sur la dimension fractale des amas à PD=0. Les configurations du réseau sont illustrées pour t cycles d’adsorption. La dimension fractale correspondante est indiquée sur chaque image. 137 Résultats-Discussion Pour ce rapport, la dimension fractale augmente avec le temps d’adsorption, et donc la densité de surface. La dimension fractale est celle des amas DLA sur un réseau carré, soit 1.65, pour des densités de surface correspondant à environ 2000 protéines adsorbées sur un réseau de côté L=1500 (fig.67. Ndiff/PA=106 après 1 .125.107 cycles d’adsorption, 2453 protéines sont présentes sur la surface). Au-delà, la dimension fractale augmente avec la densité de surface (fig.67. NDiff/PA=106 après 2.25.107 cycles d’adsorption). Afin de comparer les structures résultantes au modèle de la littérature, l’ensemble des simulations est réalisé pour un nombre de pas de diffusion Ndiff=100, une probabilité d’adsorption PA=10-4, et une densité de surface de 0.013, correspondant à la présence sur la surface de 1000 protéines. IV.5.b. Effet du dépliement sur la morphologie des amas formés 1) Amas fractals Les amas formés possèdent des propriétés d’auto-similarité, comme le montre le comportement en loi de puissance du nombre de boites carrées nécessaires pour recouvrir un amas, en fonction de la taille de ces boites, illustré sur la figure 68 pour 4 jeux de paramètres différents. Ceci nous permet de comparer les morphologies des amas en terme de dimension fractale, pour toutes les valeurs de probabilité de dépliement étudiées. A forte probabilité de dépliement, l’exposant de cette loi de puissance diffère en fonction de l’échelle, comme le montre le changement de pente observé pour une taille de boîte d’environ 30 pixels (fig.68). Ce changement de pente se produit donc pour une dimension de boites de l’ordre de la centaine de nanomètres, soit l’ordre de grandeur de la protéine dépliée. Deux dimensions sont ainsi mises en évidence. La première, proche de 1, à petite échelle, reflète la dimension de petits amas de bâtonnets, constitués de quelques, voire d’une seule, protéines. La seconde, proche de la dimension de l’espace, reflète une distribution uniforme de ces amas sur la surface. Par la suite, seule la plus faible dimension, caractérisant la morphologie des amas protéiques, sera considérée lorsqu’un tel comportement sera observé. 138 Résultats-Discussion Figure 68. Illustration de la détermination de la dimension fractale, Df, des amas protéiques, par la méthode de comptage de boîtes Df, indiquée à coté de chaque courbe, est déduite de la pente de la droite du log du nombre de boites en fonction du log de la taille des boites (cf. Matériels et Méthodes). Deux probabilités de dépliement sont illustrées, PD=1 (losanges blancs) et PD=10-7 (losanges noirs) pour une probabilité d’agrégation (a) PAg=1, et (b) PAg=10-3. Pour PD=1, un changement de pente est observé. La régression linéaire est donc effectuée indépendamment sur chaque partie de la courbe et les deux dimensions correspondantes sont indiquées. Sur chaque graphique, la courbe du haut a été décalée verticalement par souci de clarté. 2) Régime limité par la diffusion La figure 69 illustre la dépendance de l’aspect et de la dimension fractale des amas à la probabilité de dépliement PD dans le régime limité par la diffusion (PAg=1). Dépliement requérant un contact Lorsque le dépliement nécessite un contact entre protéines (fig.69.a), les amas présentent une morphologie ramifiée proche des amas DLA à faible PD, puis deviennent rapidement moins compacts lorsque PD augmente. Contrairement aux amas DLA, les amas formés dans ces conditions présentent également des structures protéiques continues qui 139 Résultats-Discussion créent des espaces fermés à l’intérieur des amas. En corrélation avec leur aspect, la dimension fractale des amas diminue avec PD pour atteindre une valeur moyenne de 1.431±0.025 à partir de PD=10-5. Même à faible probabilité de dépliement, la dimension fractale (Df=1.640±0.011 à PD=10-7) est significativement inférieure à celle des amas du modèle universel d’agrégation limitée par la diffusion. Le dépliement entraîne une extension rapide des extrémités des amas, du fait de la forme en bâtonnet des protéines dépliées. Ceci permet donc à l’amas d’être atteint de plus loin par de nouvelles protéines et diminue ainsi, pour un même nombre de protéines constituant l’amas, la probabilité d’atteindre l’intérieur, par rapport au modèle DLA. Cette croissance rapide de la taille de l’amas, combinée à la création, par le dépliement, de structures fermées au sein de l’amas empêchant la diffusion des protéines vers l’intérieur, semble ainsi à l’origine de la diminution de la compacité des amas et de la dimension fractale correspondante. Dépliement inhibé par contact Dans le cas d’une inhibition de contact du dépliement des protéines (fig.69.c), les amas présentent la morphologie caractéristique du modèle DLA à faible valeur de la probabilité de dépliement, PD. L’augmentation de PD entraîne peu de changement si ce n’est une diminution de la taille des amas formés. La dimension fractale ne change pas non plus jusqu’à PD=10-4. Au-delà de cette valeur, la dimension décroît rapidement pour atteindre un plateau autour de 1.22. Pour des probabilités élevées de dépliement, les amas formés consistent en fait majoritairement en des dimères et monomères de protéines. Le dépliement s’effectuant très rapidement, les protéines diffusent peu à la surface et, à quelques exceptions près du fait de l’encombrement stérique, toutes sont dépliées. A partir de PD=10-1, le réseau tend alors vers une configuration de type RSA de particules en forme de bâtonnet. 140 Résultats-Discussion Figure 69. Dimension fractale Df des amas en fonction de la probabilité de dépliement PD dans le régime limité par la diffusion (PAg=1). (a) dépliement requérant un contact : PD=PC ; PI=0; (b) dépliement indépendant du contact : PD=PC =PI et (c) dépliement inhibé par contact : PD=PI ; PC=0. Les inserts au dessus de chaque courbe illustrent la configuration du réseau pour chaque jeu de paramètres. 141 Résultats-Discussion Dépliement indépendant Lorsque le dépliement ne dépend pas du voisinage d’une protéine, c'est-à-dire lorsque la probabilité de dépliement est la même que la protéine soit en contact avec une autre protéine ou non, la dimension fractale des amas montre une première diminution avec l’augmentation de PD, puis, atteint un plateau autour de 1.43 pour PD comprise entre 10-5 et 10-3 (fig.69.b). Cette diminution est très similaire à la diminution observée quand le dépliement requiert un contact (fig.69.a). Il semble donc que la probabilité de dépliement isolé, PI, a peu d’influence quand le dépliement est peu probable. Une seconde diminution de la dimension est observée à partir de PD=10-3, jusqu’à une valeur de Df~1.18. Le réseau est alors proche d’une configuration de type RSA. La morphologie des amas passe d’une morphologie proche de celle des amas formés par dépliement requérant un contact, à faible valeur de PD, à une morphologie proche de celle issue du dépliement inhibé par contact, à forte valeur de PD. La transition a lieu entre PD= 10-4 et PD=10-2, les trois régimes induisant la formation d’amas dont la dimension est environ 1.43 pour PD=10-3, mais dont la morphologie est pourtant très différente (fig.70). Figure 70. Détails du réseau pour PD=10-3 dans le régime limité par la diffusion. Chaque image représente un réseau de 750x750 pas (soit environ 3x3µm). Dans les trois cas, la dimension fractale moyenne d’un amas est d’environ 1.43. Dans le cas du dépliement indépendant, Df reflète la dimension d’amas de petite taille, parmi lesquels certains présentent une structure étirée très peu ramifiée. Ceci peut être compris en terme d’effet stérique. Si deux amas croissent proche l’un de l’autre, la direction de dépliement d’une protéine s’agrégeant à l’un des deux amas sera biaisée par la présence de l’amas le plus proche. L’augmentation de la probabilité de dépliement d’une protéine isolée, PI, diminuant la distance entre les origines des amas, cet effet stérique a d’autant plus de chances de se produire à forte probabilité de dépliement. Dans le cas du dépliement requérant un contact, les amas se trouvent initialement suffisamment loin les uns des autres pour ne pas subir cet effet, mais certains amas proches, qui ne se joignent pas, ne semblent pas s’interpénétrer. Ceci suggère que le même effet stérique serait exercé au niveau du périmètre 142 Résultats-Discussion de ces amas. De façon générale, on peut penser que cela se produit lorsque la distance entre deux amas est de l’ordre de grandeur de deux fois la longueur d’une protéine dépliée. 3) Régime limité par la réaction Dans le régime limité par la réaction (PAg=10-3, fig.71), les amas protéiques présentent des morphologies différentes de celles observées dans le régime limité par la diffusion mais un comportement similaire en fonction des différents régimes de dépliement. Le dépliement requérant un contact produit des amas denses à PD=10-7, dont la compacité décroît continûment lorsque PD augmente (fig.71.a). Le dépliement inhibé par contact conduit à des amas denses de type RLA à faible PD, dont la taille diminue jusqu’à PD=10-4, valeur au-delà de laquelle le réseau tend vers une configuration de type RSA (fig.71.c). Le dépliement indépendant est proche du dépliement requérant un contact à faible PD et du dépliement inhibé par contact à forte PD, et présente une morphologie d’amas spécifique entre les deux comportements (fig.71.b). La dimension fractale montre également un comportement similaire au régime limité par la diffusion en fonction de PD, c'est-à-dire une petite diminution à faible PD dans le cas du dépliement requérant un contact, et une diminution plus importante et plus tardive dans le cas du dépliement inhibé par contact. Lorsque les dépliements isolé et au contact ont la même probabilité de se produire, la dimension diminue en deux temps, reflétant les influences respectives de PI puis de PC. Comme cela pouvait être attendu, la dimension fractale dans le cas d’une probabilité d’agrégation de 10-3 est de façon générale plus élevée que dans le régime limité par la diffusion, à l’exception des cas où PC est élevée, lorsque les deux régimes convergent vers un modèle de type RSA. Par définition, dans le régime limité par la réaction, une protéine peut poursuivre sa diffusion après un contact avec une autre protéine. Les protéines sous forme compacte sont alors statistiquement plus souvent isolées les unes des autres que dans le régime limité par la diffusion, du moins à faible densité de surface. Il n’est alors pas étonnant que, dans ce régime, la transition vers un comportement similaire au dépliement inhibé par contact se produise pour des valeurs de probabilité de dépliement plus faibles. Des protéines subissant des interactions répulsives entre elles tendraient ainsi plus rapidement vers un revêtement homogène lorsque l’affinité protéine/surface augmente. 143 Résultats-Discussion Figure 71. Dimension fractale des amas en fonction de la probabilité de dépliement PD dans le régime limité par la réaction (PAg=10-3). (a) dépliement requérant un contact : PD=PC ; PI=0; (b) dépliement indépendant du contact : PD=PC =PI et (c) dépliement inhibé par contact : PD=PI ; PC=0. Les inserts au dessus de chaque courbe illustrent la configuration du réseau pour chaque jeu de paramètres. 144 Résultats-Discussion 4) Fraction de protéines dépliées La dimension fractale des amas formés dépend de la façon dont les protéines s’associent entre elles, cette association dépendant elle-même de la forme d’une protéine. La diminution observée de la dimension fractale des amas avec l’augmentation de la probabilité de dépliement pourrait ainsi être directement corrélée avec la proportion de protéines dépliées sur la surface. Afin d’examiner cette possibilité, la proportion moyenne de protéines dépliées par amas est donc observée pour les trois situations de dépliement dans les deux régimes d’agrégation (fig.72). Figure 72. Fraction de protéines dépliées par amas en fonction de la probabilité de dépliement PD. Régime limité par la réaction (lignes continues) et par la diffusion (lignes discontinues) dans le cas du dépliement requérant un contact (ronds noirs), du dépliement inhibé par contact (losanges noirs) et du dépliement indépendant (ronds blancs). Toutes les courbes sont quasiment confondues, excepté dans le cas du dépliement inhibé par contact. Les changements observés en terme de dimension fractale des amas ne semblent pas uniquement dépendre de la proportion de protéines dépliées. Pour les deux régimes d’agrégation, dans le cas du dépliement requérant un contact, la fraction moyenne de protéines dépliées par amas double de PD=10-7 à PD=10-5 pour atteindre son maximum audelà. Dans le cas du dépliement inhibé par contact, elle demeure en deçà de 0.04 jusqu’à une probabilité de dépliement de 10-4 et 10-5 dans le régime limité par la réaction et la diffusion respectivement, à partir de laquelle elle augmente constamment (fig.72). Ces comportements reflètent l’évolution de la dimension fractale pour les deux régimes (fig 69.a,c et 71.a,c), plus la proportion de protéines dépliées est importante, plus la dimension fractale est faible. 145 Résultats-Discussion L’écart entre les régimes limités par la diffusion ou la réaction est également retrouvé. Cependant, la corrélation n’est pas évidente en ce qui concerne le dépliement indépendant. Dans ce cas, contrairement à ce qui est observé pour la dimension fractale, la proportion de protéines dépliées ne présente pas un comportement intermédiaire entre les deux autres types de dépliements, mais semble plutôt adopter une évolution similaire au dépliement requérant un contact. Une même proportion de protéines dépliées entraîne une dimension fractale plus faible, lorsque le dépliement des protéines isolées est permis. Ceci indique que la morphologie des amas formés dépend, non seulement de la fraction de protéines dépliées, mais également du fait que le dépliement survient avant ou après l’agrégation, c'est-à-dire du fait qu’il s’agit d’un dépliement isolé ou au contact. 5) Conclusion Dans notre modèle, la diffusion des protéines dépliées est considérée nulle, donc, plus la probabilité de dépliement est importante, plus la longueur de diffusion d’une protéine est courte. Comme la diffusion des amas est également nulle, le dépliement n’affecte que la diffusion des protéines isolées. Outre le fait qu’il arrête la diffusion de la protéine qui se déplie, le dépliement d’une protéine isolée entraîne également un nouvel obstacle pour les autres protéines diffusives et augmente donc le nombre de rencontres et d’agrégations. A faible probabilité de dépliement, la plupart des protéines peuvent diffuser jusqu’à atteindre un petit nombre d’amas et le dépliement au contact est favorisé. Plus la probabilité de dépliement augmente, plus le nombre d’amas augmente et les protéines ne forment plus que de petits amas, jusqu’au moment où le système converge vers le modèle RSA. Entre les deux, le dépliement des protéines isolées est suffisamment important pour augmenter le nombre d’amas et ainsi favoriser le dépliement au contact, mais suffisamment faible pour permettre la diffusion et l’agrégation. Cette phase constitue un régime intermédiaire entre les modèles de DLA/RLA et le modèle RSA, pour lequel la dimension fractale des amas apparaît stable sur deux ou trois ordres de grandeur de probabilité de dépliement dans le cas du dépliement indépendant (fig.69.b et 71.b). De façon générale, le comportement du modèle dépend de la balance entre la diffusion et le dépliement, et on peut finalement supposer que la transition entre les deux régimes, c'est-à-dire la phase intermédiaire, apparaîtra à des probabilités de dépliement d’autant plus faibles que la diffusion des protéines sur la surface est lente. 146 Résultats-Discussion IV.6. Discussion Le dépliement d’une sphère vers une forme bâtonnet affecte significativement la morphologie des amas formés par diffusion-agrégation et diminue en particulier la dimension fractale de ces amas par rapport au modèle universel de DLA. D’autres modifications de ce modèle peuvent permette de générer des amas de dimension plus faible. C’est le cas pour des objets adsorbés sphériques, lorsque des interactions attractives s’exercent entre les particules adsorbées (Puertas et al, 2004) ou que la diffusion des amas est prise en compte (Meakin, 1983). L’agrégation de particules diffusives en forme de bâtonnets a fait l’objet d’études en deux (Parkinson et al, 1995; Parkinson et al, 1994) et en trois dimensions (Mohraz et al, 2004). Ces études ont montré que la forme étendue induisait une augmentation de la dimension fractale des amas formés par comparaison à des objets sphériques. Dans le modèle en deux dimensions, développé pour modéliser la fibrillation du collagène, l’orientation des bâtonnets est en fait la même et est fixée durant le processus d’agrégation (Parkinson et al, 1994). L’augmentation de la dimension résulte alors simplement de l’empilement obligatoire des bâtonnets en parallèle. Cependant, dans le modèle tridimensionnel, l’orientation des bâtonnets, également fixée, est initialement aléatoirement choisie. L’augmentation de la dimension des amas dans ce cas est alors discutée comme résultant de la possibilité d’agrégation des bâtonnets à des distances inférieures à leur plus grand rayon de giration, c'est-à-dire lorsque les grands axes de deux bâtonnets sont situés dans des plans parallèles (Mohraz et al, 2004). La divergence de ces résultats avec nos observations pourrait en fait résulter d’un comportement d’objets anisotropes différent selon la dimension euclidienne. Dans notre modèle, la diminution de la dimension fractale, par rapport au modèle DLA, provient de la forme même de la protéine dépliée, associée au fait que le dépliement entraîne des boucles fermées à l’intérieur d’un amas, que de nouvelles protéines ne peuvent atteindre. Si des structures similaires sont formées en 3D, de nouveaux bâtonnets peuvent en revanche atteindre la partie interne de la boucle. Que ce soit en recouvrant la boucle ( l’axe du bâtonnet étant approximativement dans le plan de la boucle) ou en passant à travers, cette agrégation va en partie combler le vide et augmenter la dimension. Ce type d’évènements, non permis dans notre modèle, sauf si une protéine s’adsorbe directement au milieu d’une boucle, ce qui est peu probable, pourrait en partie expliquer pourquoi la dimension fractale d’amas de bâtonnets augmente en 3D et diminue en 2D. 147 Résultats-Discussion V.Pertinence du modèle dans l’adsorption de la Fibronectine sur l’HA Le modèle d’adsorption développé prédit des organisations des protéines sur la surface très différentes selon le type et l’intensité des interactions entre les protéines, et entre les protéines et la surface. Afin d’examiner la pertinence de telles interactions dans l’organisation de la fibronectine sur l’HA, la morphologie des structures observées est comparée à celles des structures simulées. V.1.Dimension fractale des amas de fibronectine Du fait du temps de calcul nécessaire, les surfaces simulées ne représentent qu’environ 1/100 ème d’un champ de microscopie de fluorescence. Cependant, comme les amas simulés, les amas de fibronectine présentent des propriétés d’auto-similarité, c'est-à-dire une invariance par changement d’échelle, qui permet la comparaison de leur morphologie à celle des amas simulés, via l’estimation de leur dimension fractale. La dimension fractale des amas de fibronectine formés sur l’hydroxyapatite est estimée par la méthode de comptage des boites (fig.73). Figure 73. Calcul de la dimension fractale des amas de fibronectine. La méthode de comptage des boites est appliquée à un amas de fibronectine formé après 15 minutes (ronds) et 2 heures (losanges noirs) d’adsorption à 0.1 g/L. Dans le premier cas, la dimension à petite échelle correspond à la dimension de la fibre, de 1.365 (ronds blancs). Le changement de pente à plus grande échelle correspond à la dimension du réseau de 0.819 (ronds gris) et traduit la faible densité de surface. 148 Résultats-Discussion Comme dans le cas des amas simulés, pour des amas de petite taille ou peu nombreux, un changement de dimension est observé à grande échelle (fig.73, Df=0.819). La dimension fractale correspondante reflète alors la distribution des amas sur la surface. Dans l’exemple de la figure 73, les amas de fibronectine recouvrent une faible proportion de la surface, et cette dimension est faible. L’estimation de la dimension fractale des structures de fibronectine formées sur l’hydroxyapatite met en évidence trois populations, les amas denses de fibres connectées, les fibres isolées ou connectées en amas peu denses, et les agrégats. V.2.Agrégats et structures fibrillaires denses Les agrégats de fibronectine présentent un aspect et une dimension proches de ceux du modèle RLA (fig.74). Figure.74. Amas de fibronectine observés et simulés de dimension fractale ~1.8. La dimension fractale est indiquée au-dessus de chaque image et les conditions d’adsorption, ou les paramètres de simulation, en dessous. T50: tampon Tris 50mM, pH 7.4. Dans le cas des amas observés comme dans le cas des amas simulés, la taille des agrégats formés est variable. Il semble que les agrégats de fibronectine formés sur l’HA puissent être formés par un processus n’impliquant pas de dépliement, c'est-à-dire un modèle classique de RLA de sphères. Les amas de fibres connectées de fibronectine, quant à eux, ont une dimension fractale moyenne d’environ 1.60 (fig.75). 149 Résultats-Discussion Figure 75. Amas de fibronectine de dimension fractale moyenne 1.60. La dimension de l’amas est indiquée au-dessus de chaque image. Les conditions d’adsorption de la fibronectine sont indiquées en dessous. Les modèles originaux d’agrégation limitée par la diffusion (DLA) et par la réaction (RLA) conduisent à des amas d’aspect différent et de dimension moyenne significativement supérieure à ces amas fibrillaires de fibronectine (fig.76). Figure 76. Amas simulés par les modèles de DLA et RLA. L’addition du dépliement dans le modèle de diffusion-agrégation permet de générer des amas protéiques de dimension analogue à celle observée des amas de fibronectine. Dans les cas étudiés du modèle, ces amas sont obtenus dans le régime limité par la diffusion ou par la réaction, pour des probabilités de dépliement inférieures à 10-6, lorsque le dépliement au contact est permis. Les amas correspondants, résultant du dépliement indépendant, sont illustrés sur la figure 77. Figure 77. Amas protéiques simulés de dimension fractale ~1.6 dans le cas du dépliement indépendant. Les deux exemples d’amas résultent d’une probabilité de dépliement de 10-6 dans le régime limité par la diffusion (à gauche) et 10-7 dans le régime limité par la réaction (à droite). 150 Résultats-Discussion Outre une dimension plus faible, le dépliement au contact permet également de générer des amas présentant des boucles fermées, notamment dans le cas du régime limité par la réaction (fig.77, droite). Cette caractéristique est généralement observée sur les amas de fibronectine (fig.75) et n’apparaît pas dans les amas du modèle DLA (fig.76). Notre modèle permet de reproduire certaines caractéristiques observées des amas fibrillaires de fibronectine formés à la surface de l’hydroxyapatite. Ces caractéristiques semblent plutôt correspondre à un régime limité par la réaction, c'est-à-dire à des interactions plutot répulsives entre protéines, défavorisant l’agrégation. La comparaison des structures observées de fibronectine avec les structures prédites par notre modèle indique également que la structuration de la fibronectine impliquerait un dépliement des protéines, en particulier un dépliement non inhibé par le contact entre deux protéines. La génération de structures compactes correspondant aux agrégats, d’une part, et la génération d’amas fibrillaires denses, d’autre part, correspondent à des probabilités de dépliement différentes. Ainsi, notre modèle suggère que le comportement de la fibronectine selon certaines conditions d’adsorption (par exemple la présence de Tween ou une force ionique intermédiaire qui favorisent l’agrégation aux dépens de la fibrillation), pourrait être lié à un dépliement plus ou moins favorisé de la protéine à la surface. V.3.Coexistence des agrégats et des fibres La croissance des amas simulés s’effectue de manière relativement homogène, la distribution de la taille des amas dans une condition donnée étant étroite. Or, expérimentalement, si les agrégats précèdent les fibres, aux temps longs les deux états coexistent souvent sur la surface du matériau. Cette constatation nous conduit à envisager qu’un évènement critique puisse déclencher la fibrillation localement : Dans notre modèle, la probabilité de dépliement au contact est la même que la protéine voisine soit déjà dépliée ou non. Une hypothèse serait que la probabilité de dépliement soit en fait dépendante de l’état conformationnel de la protéine voisine et soit en particulier plus forte à proximité d’une protéine déjà dépliée. Ceci revient à dissocier PC, la probabilité de dépliement au contact, en PC/B, probabilité de dépliement au contact d’une protéine dépliée en bâtonnet, et PC/D, probabilité de dépliement au contact d’une protéine sous forme de disque. Les premières simulations basées sur ce modèle sont effectuées dans le cas où seule une protéine dépliée peut induire le dépliement d’une protéine voisine, c'est-à-dire pour PC/B=1 et 151 Résultats-Discussion PC/D=0 . Pour des probabilités de dépliement supérieures à 10-3, aucune différence significative n’est observée par rapport au modèle de dépliement indépendant. En revanche, lorsque la probabilité de dépliement d’une protéine isolée diminue, deux types d’amas protéiques coexistent sur la surface dans le régime limité par la diffusion (fig.78, PAg=1). Dans ce cas, on observe en effet de petits amas de type DLA simultanément à des amas dans lesquels les protéines sont dépliées. PC/D étant nulle, tant qu’une protéine ne s’est pas dépliée selon PI, les protéines s’agrègent et forment des amas de type DLA. Le dépliement d’une protéine isolée va entraîner le dépliement des protéines à son contact et former le second type d’amas. Si PI est trop forte, en l’occurrence supérieure à 10-4, seuls des amas du second type sont formés. Dans le régime limité par la réaction, la diminution de PI, entraîne une augmentation de la taille des amas et une diminution de leur nombre mais l’aspect de ces amas reste homogène (fig.78). Dans ce régime, nous avons vu précédemment que le dépliement isolé est favorisé. L’apparition d’amas de deux types différents requiert alors certainement une probabilité de dépliement isolé PI beaucoup plus faible que dans le régime limité par la diffusion. Figure 78. Dissociation de la probabilité de dépliement au contact PC, selon la conformation de la protéine voisine. Simulations réalisées pour des probabilités de dépliement isolé PI croissantes de 10-6 à 10-3 dans les régimes limités par la diffusion (PAg=1, ligne du haut) et par la réaction (PAg=10-3, ligne du bas). 152 Résultats-Discussion Ces résultats sont préliminaires mais l’incorporation d’une dépendance à l’état conformationnel de la protéine voisine du dépliement au contact parait effectivement permettre l’émergence de deux types de structures simultanément sur la surface. V.4.Fibres isolées et direction de dépliement privilégiée En terme de dimension fractale, une deuxième population d’amas de fibres de fibronectine, présentant une dimension moyenne d’environ 1.39, est observée. Cette population d’amas de faible dimension regroupe des amas de fibres connectées mais également les fibres isolées de fibronectine (fig.79). Figure 79. Amas de fibronectine de dimension fractale 1.35-1.45. Les amas simulés de dimension fractale correspondante sont des amas de petite taille dont l’aspect diffère de celui des amas de fibronectine (fig.80). Figure 80. Amas protéiques simulés de dimension fractale ~1.4 dans le régime limité par la diffusion. Pour ces faibles dimensions, quelques amas présentent une structure étirée dans le cas du dépliement indépendant (fig.80, droite) mais ces structures résultent d’un encombrement stérique dû à la proximité des amas voisins, comme discuté précédemment. La présence de longues fibres de fibronectine indique une direction d’élongation privilégiée qu’un simple dépliement de direction aléatoirement choisie ne suffit pas à expliquer. La fibronectine 153 Résultats-Discussion possède de nombreux sites d’auto-association le long de sa séquence et plusieurs combinaisons entre ces sites ont été mises en évidence expérimentalement (voir Etude Biblio II). Il pourrait alors être judicieux de considérer dans le modèle que la direction de dépliement entraînant la plus grande surface de contact entre deux protéines pourrait être plus favorable que les autres directions possibles (fig.81). Figure 81. Choix de la direction de dépliement en fonction de la surface de contact avec la voisine. Lorsqu’une protéine se trouve au contact d’une autre, plusieurs directions de dépliement sont possibles, trois dans l’exemple représenté. Le dépliement P1 entraîne ici un plus grand contact entre les deux protéines que les deux autres directions. Jusqu’à présent, dans un tel cas, le modèle considérait les probabilités P1, P2 et P3 égales. Un développement du modèle consisterait à leur attribuer des valeurs différentes, et notamment à favoriser le dépliement selon P1. Une telle modification du modèle pourrait ainsi favoriser le processus d’élongation aux dépens de la ramification, sans toutefois l’exclure. L’effet de cette modification sur la morphologie des amas protéiques formés, et notamment la conservation d’amas de dimension environ 1.6 à plus forte densité de surface, reste cependant à étudier et constitue une perspective de développement de notre modèle. V.5.Conclusion La comparaison des amas simulés avec ceux observés dans nos expériences requerrait une analyse systématique de la distribution de la dimension fractale des amas de fibronectine, en fonction des conditions d’adsorption. Nos premières analyses permettent cependant de mettre en évidence des caractéristiques communes des amas de fibronectine, dont certaines sont capturées par notre modèle. Le modèle initialement développé considère un dépliement simple, dépendant uniquement des contacts entre protéines et des interactions de volume exclu. La différence entre certaines caractéristiques observées par l’expérience et les résultats des simulations indique que ce modèle minimal doit être enrichi. Le développement d’un modèle d’adsorption de la fibronectine doit vraisemblablement considérer la hiérarchisation des interactions entre protéines, en fonction de leur conformation et de la surface de contact 154 Résultats-Discussion entre elles. Par ailleurs, l’émergence de fibres à forte force ionique, lorsque la conformation de la fibronectine est vraisemblablement étendue en solution, ajoutée au fait que ces fibres auraient une structure différente des fibres formées à faible force ionique, suggère la présence de plus de deux états conformationnels différents, à la surface de l’HA, soit en terme de forme, soit en terme de propriétés. Ainsi, la formation de fibres à forte force ionique pourrait par exemple faire intervenir une forme étendue de la fibronectine capable de diffuser à la surface. 155 Résultats-Discussion VI.Structuration de la fibronectine adsorbée: dépendance au matériau Pour une même protéine et dans des conditions d’adsorption données, le dépliement est directement dépendant des interactions qui peuvent s’établir avec la surface. Les différentes probabilités de dépliement du modèle pourraient ainsi refléter l’adsorption de la fibronectine sur différentes surfaces. Les matériaux de comblement prothétique du tissu osseux se répartissent dans trois grandes catégories, les métaux, les polymères et les céramiques (voir Etude Biblio I.2b). Afin d’étudier la généralisation possible des mécanismes de structuration de la fibronectine sur une surface, l’étude expérimentale est ainsi étendue à d’autres matériaux que l’hydroxyapatite, un métal, l’acier inoxydable, et un polymère, le polycarbonate. Cette étude est également appliquée à du verre, matériau couramment employé en biologie cellulaire. Les observations par immunofluorescence de la fibronectine adsorbée sur ces différents matériaux sont présentées sur la figure 82. Figure 82. Marquage immunofluorescent de la fibronectine adsorbée sur le verre, l’acier et le polycarbonate. La fibronectine, diluée à 0.1 g/L dans le tampon T50 (Tris 50mM, pH7.4), est adsorbée 2h à 37°C. Chaque colone présente deux illustrations du revêtement de fibronectine observés sur chacun des matériaux. Dans les conditions d’adsorption testées (0.1g/L, 2h, T50), seule l’adsorption sur le verre semble pouvoir induire la fibrillation et l’agrégation de la fibronectine. L’adsorption sur l’acier conduit essentiellement à la formation d’agrégats, tandis que sur le polycarbonate, la fibronectine forme un revêtement le plus souvent homogène, les petites taches disséminées apparaissant sur les photos (fig.82) étant également observées sur le témoin. La fibrillation de la fibronectine sur le verre est en moyenne moins fréquente et aussi variable que celle sur l’HA dans les mêmes conditions (fig.83). Des agrégats de fibronectine sont observés sur les trois surfaces, et particulièrement sur l’acier sur lequel leur formation est 156 Résultats-Discussion systématique. Le polycarbonate, en revanche, n’induirait que rarement l’agrégation et jamais la fibrillation de la fibronectine. Figure 83. Fréquence d’apparition (H) d’un revêtement homogène, (A) d’agrégats et (F.tot) de fibres de fibronectine sur différents matériaux. Les conditions d’adsorption sont identiques à celles de la figure 82. La structuration de la fibronectine dépend du matériau sur lequel elle est adsorbée. Les différences observées ne semblent pas résulter de différences d’adsorption. En effet, la quantité de fibronectine adsorbée sur ces matériaux est de l’ordre de la quantité adsorbée sur l’HA et ne diffère pas significativement d’un matériau à l’autre (fig.84). Figure 84. Adsorption de la fibronectine sur l’HA, l’acier, le polycarbonate et le verre. La fibronectine est dosée par ELISA. Les conditions d’adsorption sont identiques à celles de la figure 82. En revanche, l’exposition du site central de liaison de la fibronectine aux cellules (FnCBS) sur l’acier, le polycarbonate et le verre, est significativement supérieure à son exposition sur l’hydroxyapatite (fig.85). 157 Résultats-Discussion Figure 85. Exposition du site de liaison aux cellules de la fibronectine (Fn-CBS) adsorbée sur l’HA, l’acier, le polycarbonate et le verre. L’exposition du Fn-CBS est dosée par ELISA. Les conditions d’adsorption sont identiques à celles de la figure 82. Différence significative par rapport à l’exposition sur l’HA: **p<0.01; ***p<0.001. L’ensemble de ces résultats suggère une organisation de la fibronectine dépendant étroitement du matériau sur lequel elle est adsorbée. Ainsi, aucune corrélation n’est mise en évidence entre la morphologie de la fibronectine et l’exposition du domaine CBS ou la quantité de fibronectine adsorbée. Chaque matériau semble au contraire adopter un profil d’adsorption et de structuration de la fibronectine particulier. Outre une différence de composition de surface, ces matériaux présentent également d’importantes différences de rugosité, comme le montre la figure 86. Figure 86. Images de microscopie à force atomique de la surface de l’hydroxyapatite, de l’acier, du verre et du polycarbonate. Les images sont réalisées en mode tapping, à l’aide d’une pointe en nitrure de silicium. La rugosité est reflétée par l’écart type de la distribution des hauteurs, indiqué sur chaque image. 158 Résultats-Discussion Ainsi le polycarbonate et l’hydroxyapatite présentent une rugosité importante (>300 nm), par comparaison à l’acier et au verre (<25nm). Cette rugosité fait notamment varier la surface totale disponible. Considérer le rapport entre l’exposition du CBS et la quantité totale de fibronectine adsorbée peut permettre de s’affranchir de la différence. Ce rapport moyen est d’environ 0.98 et 0.70 sur l’acier et le polycarbonate sur lesquels le revêtement de fibronectine est homogène ou constitué d’agrégats. Il est d’environ 0.60 sur le verre, et 0.25 sur l’HA, sur lesquels la fibronectine fibrille. L’éventuelle corrélation négative entre l’exposition du domaine CBS et la fibrillation de la fibronectine n’apparaît statistiquement pas significative. D’ailleurs, le verre et le polycarbonate, proches du point de vue de l’exposition relative du CBS, conduisent à des revêtements très différents de fibronectine. La fibrillation et l’agrégation de la fibronectine dépendent de la concentration, du temps d’adsorption, ou encore de la force ionique en solution. Conclure à l’incapacité d’un matériau à induire la fibrillation semble donc prématuré après n’avoir testé qu’une condition d’adsorption, les différences observées pouvant par exemple résulter de délais dans la séquence temporelle de la structuration de la fibronectine. Il serait intéressant de pouvoir poursuivre l’étude de la structuration de la fibronectine sur différents matériaux en fonction des conditions d’adsorption pour, d’une part, comprendre les mécanismes de fibrillation de la fibronectine sur une surface, mais aussi, d’autre part, parce que ces différentes surfaces sont, comme l’hydroxyapatite, utilisées dans des biomatériaux, sondes ou implants, et que l’interaction avec les protéines de la MEC, la fibronectine en particulier, peut participer à leur intégration dans ou leur tolérance par l’organisme. 159 Résultats-Discussion VII.Adhérence cellulaire La structuration de la fibronectine sur une surface peut affecter le comportement cellulaire. Afin d’étudier cette relation, des expériences d’adhérence cellulaire sur l’hydroxyapatite, et les autres matériaux utilisés, ont été réalisées. L’adhérence d’une lignée cellulaire d’ostéosarcome humain, MG63, est testée sur l’HA en fonction du temps et de la concentration d’adsorption de la fibronectine (fig.87). Figure 87. Adhérence des cellules MG63 sur l’HA, en fonction du temps et de la concentration d’adsorption de la fibronectine. L’adhérence est évaluée par le dosage au MTT après 2 heures d’ensemencement des cellules sur l’HA. Les résultats, exprimés en % de l’adhérence sur l’HA nue, sont la moyenne de 3 expériences. Après 2 heures d’ensemencement des cellules sur l’HA, aucune différence significative d’adhérence n’est observée, quels que soient le temps et la concentration d’adsorption de la fibronectine. En outre, l’adhérence montre une grande variabilité pour une condition d’adsorption donnée. De la même façon, l’exposition du domaine central de liaison aux cellules montre une variabilité comparable et aucune différence significative d’exposition de ce domaine n’est observée entre ces conditions d’adsorption (fig.88). Figure 88. Exposition du domaine de liaison aux cellules de la fibronectine (Fn-CBS) en fonction du temps et de la concentration d’adsorption de la fibronectine sur l’HA. L’exposition du Fn-CBS est évaluée par dosage ELISA. Les résultats, exprimés en densité optique (DO) à 405nm, sont la moyenne de 4 expériences. 160 Résultats-Discussion L’exposition de ce domaine de reconnaissance cellulaire montrait en revanche une augmentation significative avec l’augmentation de la force ionique (cf. fig.57). L’adhérence cellulaire des MG63, testée à différentes forces ioniques d’adsorption de la fibronectine sur l’HA, montre pourtant une diminution de l’adhérence avec l’augmentation de la force ionique, la présence de Tween ne modifiant pas sensiblement l’adhérence (fig.89). Figure 89. Adhérence cellulaire sur l’HA après adsorption de la fibronectine à différentes forces ioniques, en présence ou en absence de Tween Le Tween est ajouté à la fibronectine dans un rapport molaire de 100 (Tween/Fn 100). L’adhérence est évaluée par dosage au MTT, après 2 heures d’ensemencement des cellules sur l’HA. Les résultats, exprimés en % de l’adhérence sur l’HA nue, sont la moyenne de 4 expériences. Insert : adhérence sur l’hydroxyapatite préincubée dans chacun des tampons, sans fibronectine. Les résultats de la figure 89 sont présentés en pourcentage de l’adhérence sur le même témoin sans fibronectine, c'est-à-dire l’hydroxyapatite préincubée dans un tampon T50. Or, sans fibronectine, la préincubation dans des tampons contenant du sel et surtout du Tween semble diminuer fortement l’adhérence cellulaire (fig.89, insert). Ces résultats suggèrent d’une part, que l’effet de la fibronectine sur l’adhérence est en fait important lorsqu’elle est adsorbée à une force ionique intermédiaire (T50N20) par rapport à l’adhérence dans ce tampon sans fibronectine. D’autre part, ils suggèrent une possible adsorption du Tween à la surface de l’HA, qui diminuerait l’adhérence cellulaire. Par ailleurs, la structuration de la fibronectine en présence de Tween, pourrait alors résulter de cette adsorption du surfactant, modifiant la surface, plutôt que d’une interaction avec le Tween en solution. Enfin, l’adhérence des MG63, évaluée sur l’acier, le polycarbonate et le verre, indique un effet majeur de la surface sous-jacente, la présence de la fibronectine modifiant peu l’adhérence sur les différents matériaux (fig.90). 161 Résultats-Discussion Figure 90. Adhérence des MG63 sur différents matériaux nus ou après adsorption de la fibronectine 2h, 0.1 g/L. L’adhérence est évaluée par dosage au MTT, après 2 heures d’ensemencement des cellules sur les matériaux. Les résultats, exprimés en % de l’adhérence sur l’HA nue, sont la moyenne de 3 expériences. Différence significative par rapport à l’adhérence sur l’hydroxyapatite: ## p<0.01; # p<0.05. Différence significative par rapport à l’adhérence sans fibronectine *p<0.05. Dans l’ensemble, nos résultats ne mettent pas en évidence d’effet significatif de la présence de la fibronectine sur l’adhérence cellulaire, sur les différents matériaux ou en fonction des conditions d’adsorption. Les cellules sont capables de réorganiser la fibronectine sur laquelle elles sont ensemencées et des différences pourraient être observées pour des temps plus courts d’adhérence. Par ailleurs, si la quantité de cellules est la même, la fibronectine peut modifier la morphologie cellulaire. Les premiers essais, à confirmer, de marquage des cellules adhérentes sur l’hydroxyapatite, suggèrent en effet un impact important de la présence de fibronectine sur la morphologie cellulaire. Ces expériences ont été réalisées sur une seule lignée cellulaire. Il conviendrait également de les étendre à d’autres types cellulaires, notamment des cultures primaires de cellules osseuses. Enfin, la fibronectine régule de nombreux comportements cellulaires. Si sa structuration influence peu l’adhérence, elle peut en revanche influencer d’autres comportements cellulaires, et notamment la migration, la différenciation ou la prolifération. Son influence sur ces étapes plus tardives de la colonisation d’un matériau pourrait constituer une perspective à développer. 162 Conclusions et Perspectives Conclusions et Perspectives 163 Conclusion et Perspectives L’objectif de notre étude est la compréhension des mécanismes qui sous-tendent l’organisation d’une protéine sur une surface et en particulier d’une protéine de la matrice extracellulaire, la fibronectine, sur un substitut osseux, une céramique d’hydroxyapatite. Cette étude s’inscrit dans le contexte du développement de biomatériaux bioactifs nécessitant un contrôle de l’interaction protéine/surface, non seulement en terme de quantité de protéine adsorbée mais également, et surtout, en terme de morphologie du revêtement protéique, dont les propriétés biologiques dépendent. Nos travaux mettent en évidence que la simple adsorption de la fibronectine sur l’HA peut induire l’agrégation et/ou la fibrillation de la protéine. L’occurrence de ces états d’organisation dépend fortement des conditions d’adsorption et notamment du temps et de la concentration. Par ailleurs, nos résultats montrent une dépendance non monotone à la force ionique en solution de l’organisation de la fibronectine sur l’HA. La fibrillation de la protéine est en effet favorisée à faible et forte force ionique mais inhibée à force ionique intermédiaire. Ces observations, associées aux nombreuses études sur la fibronectine et sur l’adsorption des protéines en général, nous ont amenés à faire l’hypothèse que des changements de conformation de la protéine était notamment impliqués dans la formation des différentes structures observées. Sur la base de modèles d’adsorption de la littérature, nous avons ainsi développé un modèle stochastique de diffusion-agrégation permettant d’étudier l’impact, sur la morphologie du revêtement protéique, d’un changement de conformation, et des interactions entre protéines sur ce changement. Un changement de conformation peut entraîner des modifications structurales variées et sa modélisation par une transition ‘sphèrebâtonnet’ peut paraître simpliste. Si, pour être plus réaliste, notre modèle devrait certainement être amélioré de ce point de vue, il semble cependant qu’il rende compte de certaines caractéristiques morphologiques des amas de fibronectine formés à la surface de l’hydroxyapatite. La comparaison entre les simulations et les observations expérimentales permet de supposer que les interactions entre protéines pourraient être impliquées dans le dépliement nécessaire à la fibrillation. Il semble par ailleurs que ce dépliement ne résulterait pas d’un dépliement induit par simple contact mais plutôt d’un phénomène coopératif, le dépliement d’une protéine entraînant ensuite le dépliement de ses voisines. En effet, les premiers résultats considérant cette coopérativité permettent de reproduire la croissance de deux types de structure simultanément sur la surface, observée expérimentalement. Un tel mécanisme pourrait expliquer non seulement que différents états d’organisation puissent coexister mais également, les deux étant liés, la variabilité du phénomène observé. 164 Conclusions et Perspectives En effet, de nombreuses expériences ont été nécessaires pour mettre en évidence des comportements généraux d’évolution de la structuration de la fibronectine, en fonction du temps ou de la concentration par exemple. Les observations de l’exposition du domaine central de la fibronectine, du marquage des fibres à la thioflavine T ou de l’inhibition de la fibrillation par le fragment N-terminal montrent également une grande variation entre les échantillons, ne permettant pas de tirer de conclusions sur les effets observés. L’observation de la fibronectine adsorbée en microscopie à force atomique (Bergkvist et al, 2003) ou, plus récemment, par la technique du FRET2 appliquée à l’étude de molécules isolées, mettent ainsi en évidence une variabilité importante dans le temps et dans l’espace de la conformation de la fibronectine adsorbée (Antia et al, 2005). Si nos résultats permettent d’émettre des hypothèses, de nombreux points restent à élucider quant aux mécanismes impliqués dans la fibrillation de la fibronectine induite par son adsorption. Le – ou les – changement(s) de conformation supposé(s) par nos hypothèses doit être vérifié(s). Les différences d’organisation de la fibronectine peuvent procéder d’une simple extension de la fibronectine ou d’une dénaturation, c'est-à-dire d’une modification des structures secondaires de la protéine. Une étude de la variation des structures secondaires de la fibronectine adsorbée, au cours du temps et en fonction des conditions d’adsorption, en spectroscopie infrarouge pourrait permettre de répondre à cette question. Cependant, d’une part cette technique ne permettrait pas d’identifier l’évolution de la fibrillation dans le temps si celle-ci ne fait pas intervenir de changements de structures secondaires, et d’autre part, cette approche, procurant des données moyennes sur une population, pourrait ne pas permettre d’observer des changements ne concernant qu’une partie de cette population. Cette étude pourrait s’accompagner d’un suivi de la fibrillation en microscopie à force atomique (AFM) par exemple. L’utilisation d’une méthode de visualisation de résolution moléculaire permettrait en effet, d’une part d’observer d’éventuels changements importants de structure tertiaire, mais également de directement suivre l’évolution du revêtement protéique au cours du temps et notamment de déterminer si deux populations d’agrégats, l’une menant à des fibres, l’autre non, sont effectivement formées sur la surface. Les structures de fibronectine observées seraient apparemment plutôt décrites par un régime limité par l’agrégation, ce qui semble cohérent avec le fait que la fibronectine est un objet chargé. L’augmentation de la force ionique, diminuant ces répulsions, favorise 2 La technique du FRET permet de relier une mesure de fluorescence à la distance entre deux flurochromes greffés au sein d’une même molecule (voir Etude Biblio II.3b). Cette technique permet donc de visualiser des changements de conformations au sein de cette molécule. 165 Conclusion et Perspectives l’agrégation. En théorie, cet écrantage des répulsions conduirait alors plutôt à une agrégation de type limitée par la diffusion. La résolution optique, encore limitée par l’amplification par des anticorps, ne permet sans doute pas de discriminer entre la formation d’amas de type DLA ou RLA, lorsqu’ils sont de petite taille, les deux apparaissant vraisemblablement compacts en immunomarquage. L’utilisation de méthodes microscopiques de plus haute résolution pourrait aider à la distinction entre les deux mécanismes. Cependant, un problème rencontré lors d’essais d’observation de la fibronectine sur l’HA par l’AFM est la planéité de la surface. En effet, si les céramiques d’HA sont relativement planes à l’échelle d’une molécule, le suivi du processus d’agrégation nécessite l’observation à une échelle plus importante et la rugosité de la surface ne permet pas toujours de distinguer la protéine adsorbée, même en utilisant les données de déphasage et non pas d’amplitude en mode tapping3. Une façon de suivre la fibrillation de la fibronectine dans le temps pourrait être la microscopie de fluorescence mais en utilisant cette fois une fibronectine marquée par un fluorochrome qui permettrait un suivi cinétique de l’adsorption. Cette étude nécessiterait cependant de s’assurer préalablement que le marquage de la protéine ne modifie pas ses propriétés d’assemblage. Nos résultats suggèrent également une différence de structure possible entre des fibres formées à forte et faible force ionique. L’observation à plus petite échelle pourraient également peut être permettre de faire le distinguo entre les deux. Enfin, le marquage à la thioflavine T suggère une organisation partielle de type amyloïde. L’étude par diffraction X et spectroscopie infra-rouge pourraient permettre là aussi d’apporter des nouvelles informations, sur la présence de structures périodiques et de feuillets β intermoléculaires respectivement. Un problème reste la validation de l’hypothèse suggérée par le modèle, que le dépliement serait induit par la rencontre avec une protéine dépliée. Si une possible corrélation statistique entre le dépliement et l’agrégation pourrait être tirée de méthodes séparées, l’idéal serait de trouver un moyen d’investigation expérimentale permettant de révéler simultanément l’agrégation et l’extension. Une idée, qui nécessiterait toutefois la mise en œuvre de moyens techniques importants, serait d’utiliser des techniques de fluorescence de type FRET, couplées à l’observation de l’agrégation par AFM par exemple. Enfin, les images de fluorescence de la fibronectine adsorbée suggère une profondeur des amas et donc une croissance en trois dimensions. Cet aspect devrait être confirmé par 3 En AFM, le mode tapping, ou mode oscillant, permet d’obtenir une image topographique d’une surface par enregistrement des variations de l’amplitude d’oscillation de la pointe qui balaye la surface, mais également des informations sur la composition d’une surface, par enregistrement du déphasage du à l’amortissement de ces mêmes oscillations. 166 Conclusions et Perspectives l’observation en microscopie confocale par exemple. Un aspect négligé dans notre étude est également le fait que la fibronectine est constituée de deux chaînes. Une piste intéressante serait d’étudier dans quelle mesure la forme dimérique de la fibronectine a un impact sur ses propriétés d’assemblage. Notre modèle d’adsorption permet d’étudier l’effet des interactions entre protéines, facilitant, ou au contraire inhibant, leur changement de conformation. Le changement de conformation est une caractéristique générale des protéines aux interfaces et ce type de modèle pourrait être éventuellement applicable à d’autres protéines que la fibronectine. En général l’interaction entre protéines est plutôt considérée comme stabilisatrice de la conformation native d’une protéine, du fait de l’encombrement moléculaire (Meadows et al, 2003; Kondo et Fukuda, 1998; Kondo et al, 1996). Cependant, l’effet inverse a été mis en évidence dans différents cas. L’assemblage de structures protéiques amyloïdes fait ainsi intervenir des changements de conformation concomitants de l’agrégation (Scheibel et al, 2004; Modler et al, 2003), et peut être induite par l’adsorption (Hoyer et al, 2004; Zhu et al, 2002). De plus, l’induction de la formation de ce type de structures en présence de fibres déjà formées (Xing et al, 2002; Krebs et al, 2000), suggère une propagation du dépliement, qui pourrait correspondre au mécanisme de dépliement induit par contact imaginé dans notre modèle. Ces mécanismes d’agrégation pourraient en fait décrire le comportement de nombreuses protéines. Une hypothèse est en effet que la plupart des protéines aurait en fait un potentiel ‘amyloïdogénique’ (Fu et al, 2004; Dobson, 1999). Outre ces structures particulières, le dépliement du lysozyme adsorbé dépendrait par exemple uniquement de la densité de protéines adsorbées, indépendamment du temps, de la concentration d’adsorption ou de l’hydrophobie de la surface, suggérant une prédominance des interactions entre protéines dans l’induction du dépliement (Sethuraman et al, 2004). Une perspective intéressante de ce travail serait donc d’étendre en parallèle l’étude expérimentale et le développement du modèle à d’autres protéines et d’autres surfaces afin de tester la généralisation possible des mécanismes envisagés. L’induction d’un dépliement par l’adsorption, puis l’amplification du phénomène par interactions entre protéines voisines présente, d’une certaine manière, des similitudes avec la fibrillation de la fibronectine au sein de la matrice. Comme le souligne une revue récente, si ni la structure des fibres de fibronectine, ni les mécanismes qui conduisent à leur formation au sein des matrices ne sont clairement élucidés, il semble en revanche que la clef de voûte du 167 Conclusion et Perspectives processus soit le changement de conformation de la molécule (Mao et Schwarzbauer, 2005). La plupart des études sur le sujet convergent vers l’hypothèse que ce changement de conformation résulterait de l’interaction entre la fibronectine et les intégrines, via le couplage de ces dernières au cytosquelette. Cependant, si l’assemblage d’une matrice de fibronectine requiert la présence du domaine central de liaison aux cellules, ce n’est pas le cas de l’incorporation de fibronectine exogène au sein d’une matrice (voir Etude Bibliographique II). Ces observations suggèrent que l’interaction avec les cellules pourrait induire un changement de conformation initial et qu’ensuite le mécanisme pourrait être en partie coopératif. Si la fibrillation de la fibronectine au sein de la matrice fait intervenir de nombreux partenaires et moyens de régulations, on peut cependant se poser la question de l’analogie possible entre les mécanismes suggérés par nos expériences d’adsorption et la fibrillation de la fibronectine au sein de la matrice. Ainsi, un modèle de fibrillation de la fibronectine à la surface des cellules, développé selon des processus stochastiques de diffusion agrégation, a-t-il été très récemment proposé (Pompe et al, 2005). La structuration de la fibronectine au sein de la matrice extracellulaire influence le comportement cellulaire. Sa structuration ne semble cependant pas significativement influencer l’adhérence sur l’hydroxyapatite. L’adhérence sur l’hydroxyapatite seule est en fait déjà élevée, par rapport au polystyrène de culture par exemple, et la présence de la fibronectine peut n’avoir qu’une faible influence, soit parce que la surface est saturée en cellules, soit parce que la fibronectine ne recouvre pas entièrement la surface et que l’adhérence moyenne reflète finalement essentiellement la surface sous-jacente. Ainsi, l’adhérence sur différents matériaux dépend-elle plus du matériau lui-même que de la quantité de fibronectine ou de sa structuration. Toutes conditions confondues, l’adhérence ne semble étonnamment pas plus corrélée à l’exposition du domaine de reconnaissance des cellules. Au vu de la variabilité de la structuration de la fibronectine, mesurer l’adhérence moyenne ne semble finalement pas le moyen le plus judicieux d’observer l’influence de cette structuration sur l’hydroxyapatite. Cette étude pourrait être poursuivie par des marquages en parallèle de la fibronectine adsorbée et des cellules adhérentes. Ceci permettrait en effet d’étudier directement une éventuelle corrélation entre le comportement cellulaire, d’adhérence, de morphologie ou de migration par exemple, et la fibronectine sous-jacente. Les premiers essais réalisés au laboratoire montrent que la présence de la fibronectine favorise nettement l’étalement des cellules, et cette étude est à poursuivre. Dans le cadre de l’élaboration de biomatériaux osseux, une préoccupation est bien sûr le contrôle du comportement cellulaire 168 Conclusions et Perspectives sur le matériau à plus long terme, notamment en terme de prolifération et de différenciation de cellules osseuses sur lesquelles la fibronectine joue un rôle prépondérant in vivo, et qu’il conviendrait d’étudier, en utilisant probablement d’autres types cellulaires que la lignée d’ostéosarcome utilisée ici, par exemple des cellules de moelle osseuse. L’ensemble de nos résultats souligne la variabilité et la complexité d’un phénomène dont l’étude nécessite clairement l’emploi de plusieurs méthodes en parallèle, mesures d’ensemble et mesures locales, simulations et expérimentations. Nous avons mis certains outils d’étude du système au point, mais la compréhension des mécanismes sous-jacents requiert le développement de ces outils et la poursuite des travaux par d’autres méthodes. Nos résultats suggèrent néanmoins que la fibrillation de la fibronectine sur une surface pourrait être décrite par des mécanismes de diffusion agrégation. 169 Conclusion et Perspectives 170 Références Bibliographiques Références Bibliographiques 171 Annexes Adams, J. C. and Lawler, J., The thrombospondins (2004) Int J Biochem Cell Biol 36:961968. Aguirre, K. M., McCormick, R. J., and Schwarzbauer, J. E., Fibronectin self-association is mediated by complementary sites within the amino-terminal one-third of the molecule (1994) J Biol Chem 269:27863-27868. Alliston, T., Choy, L., Ducy, P., Karsenty, G., and Derynck, R., TGF-beta-induced repression of CBFA1 by Smad3 decreases cbfa1 and osteocalcin expression and inhibits osteoblast differentiation (2001) EMBO J 20:2254-2272. Amar, j. and Family, F., Dynamic scaling of the island-size distribution and percolation in a model of submonolayer molecular-beam epitaxy (1994) Phys Rev B 50:8781-8798. Amphlett, G. W. and Hrinda, M. 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We investigate fibronectin morphological properties induced by its adsorption onto a model mineral matrix of hydroxyapatite (HA). Fibronectin adsorption onto HA spontaneously induces its aggregation and fibrillation. In some cases, fibronectin fibrils are even found connected into a dense network that is close to the matrix synthesized by cultured cells. Fibronectin adsorption-induced self-assembly is a time-dependant process that is sensitive to bulk concentration. The N-terminal domain of the protein, known to be implicated in its selfassociation, does not significantly inhibit the protein self-assembly while increasing ionic strength in the bulk alters both aggregation and fibrillation. The addition of a non-ionic surfactant during adsorption tends to promote aggregation with respect to fibrillation. Ultimately, fibronectin fibrils appear to be partially structured like amyloid fibrils as shown by thioflavine T staining. Taken together, our results suggest that there might be more than one single organization route involved in fibronectin self-assembly onto hydroxyapatite. The underlying mechanisms are discussed with respect to Fn conformation, Fn/surface and Fn/Fn interactions and a model of fibronectin fibrillogenesis onto hydroxyapatite is proposed. Introduction1 Fibronectin (Fn2) is a high molecular weight glycoprotein that is a major component of the extracellular matrix (ECM) of all connective tissues. This multifunctional protein is known to play a role on several fundamental cell functions, adhesion, growth, differentiation or migration [1]. In bone, Fibronectin is involved in the early stages of osteogenesis [2;3;4] and has been suggested to be able to nucleate mineralization [5;6]. Fibronectin has not only a prominent functional role in connective tissues but is also capable of interacting with a number of matrix components, including type I collagen [7], glycosaminoglycans [8], osteopontin [9] and itself [10;11;1], what makes it a central support of matrix architecture. 1 Address correspondence to Olivier Gallet, ERRMECe, [email protected]; tel: +33(0)1 34 25 66 99 2 Abbreviations used: (ECM) extracellular matrix; (EDTA) Ethylenediamine Tetraacetic Acid; (Fn) Fibronectin; (F70) Fibronectin 70kDa N-terminal fragment; (HA) hydroxyapatite; (THT) thioflavine T; (IIIn) nth type III Fn domain; (In) nth type I Fn domain 198 Fibronectin is found under compact form in the plasma [12] and at the cell surface [13]. Both are incorporated in the ECM, where they are found under extended forms, which self-associate into a dense fibrilar network [14]. In vivo, the compact-toextended transition is partly triggered by cellapplied mechanical forces through cell membrane receptors, the integrins [15;16]. Fibronectin is composed of two nearly identical subunits, each of which is a combination of type I, II and III domains (see Fn structure on fig.1). Its compact form is stabilized by inter-subunit ionic interactions between III2-3 and III12-14 or I1-5 domains [17] and Fn extension may be triggered by ionic strength increase [18;19;20;21] or upon adsorption onto hydrophilic surfaces [22;23]. This transition would allow the exposure of Fn self-association domains required for fibril growth but the mechanisms underlying fibril and subsequent network self-assemblies are still under investigation [24;25;10]. Together with the understanding of fundamental processes, Fn self-assembly mechanisms may have relevance in optimizing a biomaterial performance. Annexess physicochemical environment of the protein in order to elucidate the interactions involved in fibronectin adsorption and self-association on HA. Fig.1. Fibronectin schematic structure. The combination of type I, II and III domains is represented for one strand of the dimere. Location of cell-binding site, 70 kDa N-terminal fragment and main Fn self-association sites are indicated. Calcium phosphate matrices are largely studied as hard tissue implants [26] due to their capacity to establish chemical bonds with the surrounding tissue. Hydroxyapatite (HA) is the major inorganic component of mammalian bones and synthetic HA has been shown to have a high biocompatibility, concerning both cell adhesion [27;28] and plasma protein adsorption [29]. It exhibits large osteoconductive properties in vivo [30;31] and may be used as a model matrix to investigate fundamental mechanisms of bone mineralization [32]. Biomineralization is a physiological process involving crystal formation in living organisms. In addition to regulate cellular functions, bone matrix proteins, the synthesis of which is synchronized in time and location with the mineralization process [33;34], are now known to play a direct role on the mineral nucleation and growth [35;36;37;38]. This activity is tightly linked to their structural organization onto the mineral matrix that would provide the confined space and physico-chemical local environment needed for the ordered morphology of the crystals. Investigating not only the adsorption properties of ECM molecules but also their assembling properties at the supramolecular scale on mineral matrices might therefore help the understanding of some mineralization fundamentals. While fibronectin adhesive properties have been extensively used to improve the biocompatibility of hard tissue implants [39;40;41], little is known about the influence of the mineral surface on the protein assembly. Our purpose here is the investigation of fibronectin supramolecular assembly induced by its adsorption onto a model mineral matrix of hydroxyapatite. We characterize the aggregative structures and the sequence of the assembly and try to decipher responses of this assembly to variations of the Materials and Methods Hydroxyapatite ceramic disks Hydroxyapatite powder, synthesized by wet precipitation route, was kindly provided by Pr Eric Champion (SPCTS UMR CNRS 6638, Université de Limoges, France). Hydroxyapatite disks, 13 mm diameter and 3 mm thick, were fabricated by pressing the powder under 80 MPa for 15s. After compression, disks were sintered for 2 hours at 1200°C. Phase composition was checked with X-ray diffraction. Prior to adsorption experiments, the ceramics disks were immersed for 24 hours at 37°C in the adsorption buffer to allow surface chemical and thermal equilibration. Fibronectin Purification Fibronectin was purified from human cryoprecipitated plasma (kind gift from Laboratoire du Fractionnement et des Biotechnologies, Les Ulis, France) according to Poulouin and al. [42]. This purification process has been shown to provide a protein solution exhibiting a purity of about 98% w/w. Fibronectin was stored at 8°C in 50 mM Tris buffer pH 7.4, containing 1mM EDTA. Prior to each series of adsorption experiments, fibronectin was filtered through a 0.2µm sieve to remove large protein aggregates that might have grown in solution. For cell adhesion experiments, filtration was processed under sterile atmosphere. All the adsorption experiments were carried out at 37°C and, unless otherwise stated, for 2 hours with fibronectin diluted 0.1 g/L in 50 mM Tris buffer pH 7.4. Adsorption experiments To assess the influence of ionic strength on fibronectin surface assembly, different NaCl 50mM Tris buffers were made, the composition of which is summarized in table 1. Ionic strengths are calculated for a fibronectin concentration of 0.1g/L at pH 7.4. The influence of a non-ionic surfactant on fibronectin assembly was assayed using poly199 Annexes oxyethylensorbitan monolaurate (Tween 20®, Sigma-Aldrich, USA). Tween 20 was extemporaneously added to fibronectin solutions to a final Fn/Tween20 molar ratio ranging from 0.1 to 100. The highest Tween concentration remains below the surfactant's critical micellar concentration, which is 60 mg/L. Table 1. Table I. Adsorption buffer composition. Each buffer contains 50mM Tris, various amount of NaCl and is buffered at pH 7.4. N-terminal 70kD fibronectin fragment Adsorption experiments involving the Nterminal domain of the fibronectin were performed using the purified 70-kDa fibronectin N-terminal domain (F70) (SigmaAldrich, USA). The fragment was homogeneously added to fibronectin solutions at the beginning of the adsorption experiment. Fibronectin concentration was kept at 0.1 g/L and the Fn/F70 molar ratio ranged from 0.1 to 1.0. ELISA assay The amount of fibronectin adsorbed onto HA samples was quantified using direct ELISA. Ceramic samples were saturated for 1 hour at 37°C in 3 % non-fat milk Tris buffer. They were incubated for 1 hour at 37°C with rabbit anti-human plasma fibronectin polyclonal antibody (Sigma F-3648) diluted 1:5000 in saturation buffer and washed three times with the saturation buffer. Samples were then incubated for 1 hour at 37°C with goat antirabbit IgG phosphatase alkaline-conjugated antibody (Sigma A3687) diluted 1:15000 in saturation buffer, and washed three times in Tris buffer. They were finally incubated for 1 hour at 37°C with PNPP diluted 0.3% w/v in diethanolamine. PNPP hydrolysis product was detected spectrophotometrically at 405nm. Fn cell-binding site (cbs) exposure Fibronectin cell-binding site exposure was estimated by direct ELISA using the same procedure as described above except that the primary antibody was a mouse monoclonal anti-Fn cbs antibody (Chemicon MAB1933) diluted 1:1000, and the secondary one a sheep anti-mouse IgG phosphatase alkaline200 conjugated antibody (Sigma A5324) diluted 1:15000. Desorption – Next to the adsorption experiments, ceramics were rinsed with Tris buffer to remove loosely bound fibronectin. They were then immersed for 24 hours at 37°C in 50mM Tris buffer. The protein amount released in the supernatant was determined by colorimetric protein assay (Biorad protein assay). Immunofluorescent staining In situ detection of the fibronectin coating onto HA ceramics was performed by immunofluroescent staining. Following Fn adsorption, ceramic samples were saturated for 1 hour at 37°C in 3 % non-fat milk Tris buffer, prior to immunodetection assay. They were then incubated for 1 hour at 37°C with rabbit anti-human plasma fibronectin polyclonal antibody (Sigma F-3648) diluted 1:1000 in the saturation buffer, washed three times, and incubated for 45 minutes at room 37°C with goat anti-rabbit IgG TRITCconjugated antibody (Sigma T-6778) diluted 1:500 in the saturation buffer, and finally washed 3 times in Tris buffer. Fluorescence images were obtained with bandpass filter centred at 570 nm. All controls for nonspecific labelling yielded only background fluorescence. Thioflavine T staining Fibronectin fibril structure was investigated using thioflavine T (Sigma Chemical; St Louis, MO, USA), a non-specific stain for amyloid fibrils with a beta-sheet structure [43]. Thioflavine T (THT) was diluted in Tris buffer at a concentration of 1 mM and then filtered three times through a 0.2µm sieve. Prior to the adsorption experiments THT was mixed with Fibronectin to a final Fn:THT molar ratio of 55:1. After supernatant removal and sample gentle wash, fibronectin immunofluorescent staining was performed as described above. Samples were then observed with a fluorescence microscope. Fluorescence images were obtained with bandpass filters centred at 480 nm and 570 nm to isolate spectrally the THT and TRITC probes respectively. Annexess Fig.2. Fibronectin morphological states on hydroxyapatite. Fibronectin was observed by immunofluorescent staining following adsorption of the protein diluted 1g/L in T50 buffer. In this condition, fibronectin exhibits four distinct morphologies: homogeneous coating (a), aggregates (b), isolated (c, d) or connected (e, f) fibrils. In some cases, fibronectin fibrils are connected into large clusters covering the surface (g, h). Asterisks on (e) and (f) show examples of nodes between connected fibrils. The arrows on (e) and (g) indicate thicker structures were lateral interactions between individual fibrils are thought to occur. Note that both isolated and connected fibrils often coexist with aggregates (d, f, h). Scale bar 100 µm. Morphological state frequency From 5 to 20 fields were randomly chosen on each sample, depending on the sample variability. The occurrence frequency of one fibronectin morphological state is expressed as the number of fields presenting this state over the total number of fields observed. The results are then presented as the mean ± sd. of this frequency over the total number of samples in a given condition. Connected fibrils prevailed over isolated ones in counting these state frequencies so that the total fibril proportion does not contain any duplication. Cell adhesion experiments Cell adhesion assays were performed using MG 63 cells. These cells are derived from osteosarcomic human cells and able to differentiate into osteoblastic cells under specific conditions. All cell culture products were purchased from Eurobio. Cells were grown in HAM F12 medium complemented with 10% foetal calf serum, 1% penicillin/streptomycin and 1% glutamine. When cells reached 80% confluence, they were released from the substrate by treating with 2ml of 0.5g/L trypsin in 0.2g/L EDTA, diluted in 25ml complete medium and centrifuged for 5 minutes at 1200g. The pellet was resuspended either in complete medium or in serum-free medium for cell adhesion assays. Cells were then seeded on ceramics, which had been previously coated with fibronectin. After 2 hours incubation, samples were gently washed with TBS to remove unattached cells. 500 µL MTT, diluted 0.5 mg/mL in HAM F 12 medium, were then added to each well and incubated for 3 hours. Reduced MTT was released with addition of 1ml of isopropanol/HCl 0.1N and the number of cells was estimated spectrophotometrically at 570nm. Cell adhesion was expressed as a percentage of the adhesion measured on uncoated HA. Statistics – All statistical differences between mean values were decided by comparing deviations with a Fischer test and then comparing the means using the appropriate Student t-test. Minimal p-value is indicated in each case. Results Four morphological states Fibronectin adsorption onto HA spontaneously induces its aggregation and fibrillogenesis as shown by immunofluorescent staining (fig.2). The different states that are observed are classified into four categories according to their morphological features: Homogeneous Coating, Aggregates, Isolated Fibrils and Connected Fibrils. Homogeneous Coating refers to a state where the fluorescent staining of adsorbed fibronectin presents a uniform intensity, i.e. when none of the other structures is observed (fig.2a). This does not mean that the fibronectin coating does not exhibit any particular organization at all, but 201 Annexes that, if present, its characteristic scale lies below optical resolution so that we may not differentiate it from a truly uniform distribution. Aggregates are small compact structures, exhibiting irregular shapes. Their larger dimension typically ranges from a few to a few tens of micrometers (fig.2.b) but bigger aggregates, about 50µm long, could be observed in few cases. Upon adsorption onto HA, fibronectin also forms elongated fibrilar structures, exhibiting a linear or tortuous shape (fig.2.c, d). Their length ranges from tens to thousands of micrometers on average and may occasionally reach the millimetre (fig.2.d, e). Fibronectin fibrils may be found isolated or connected one to another. Some fibrils exhibit a marked direction change that could let suppose that two fibrils are linked, but we consider fibrils to be connected only when no less than three branches emerge from what is thus referred to as a node, i.e. only when there was no uncertainty about a connexion (see asterisks on fig.2.e, f). Fibronectin may also display thicker elongated structures that suppose lateral interactions between individual fibrils (see arrows on fig.2.e, g). Ultimately, fibronectin connected fibrils may turn into a dense network of highly ramified structures (fig.2.g, h). Time sequence of the assembly Fibronectin assembly onto hydroxyapatite is a time-dependent process, the sequence of which is presented on figure 3. At low bulk concentration (fig.3.a), fibronectin aggregates appear on the surface within the first five minutes of adsorption and persist over hours, their proportion being unchanged with time. Conversely, almost no fibrils are present at the beginning of adsorption. Their total proportion significantly increases after 30 minutes but remains about three times lower than the aggregate one. This proportion represents mostly isolated fibrils as the proportion of connected ones stays below 0.1 at all times. Despite changes in morphology, and especially fibril emergence, at this concentration, fibronectin amount on HA does not significantly change with time, as shown by direct Fn ELISA assay on ceramic samples (fig.4.a). 202 Fig.3. Time-sequence of fibronectin assembly on HA with respect to bulk concentration. The occurrence frequency of each of the four morphological states (see illustrations on fig.1) is followed between 5 minutes and 15 hours at fibronectin bulk concentration (a) 0.01 g/L; (b) 0.1 g/L; (c) 1g/L. Frequencies are calculated from immunofluorescent images as described in Materials and Methods part. (H) homogeneous coating, (A) aggregates , (F.isol.) isolated fibrils, (F.connect.), connected fibrils and (F.tot.) total fibrils. Results are means over 9 samples. s.d bars have been omitted for clarity. For each concentration and type of structure we tested the significance of the time evolution against the time 5minutes t: p<0.05; tt: p<0.01. Statistical significance of the bulk concentration increase is tested against the concentration 0.01g/L: We indicated + p<0.05; ++ p<0.01; +++ p<0.001 when the frequency was found higher than that at 0.01 g/L, or - p<0.05; - p<0.01 when it was found lower. Bulk concentration effect on the assembly Fibronectin concentration in the bulk has significant impact on the protein surface assembly. Increasing Fn bulk concentration from 0.01 to 0.1 g/L results in a two-fold increase in isolated fibrils (fig.3.b). A second increase in concentration displaces the effect towards connected fibrils (fig.3.c). In this latter case, the increase is observed at short times but results in the same total fibril proportion than at 0.1 g/L after 15 hours adsorption, suggesting an acceleration of the process rather than further fibril creation. Fibronectin concentration in the bulk has an opposite effect on aggregates, its increase significantly decreasing their proportion. Annexess Fig.5. Fibronectin desorption from HA with respect to Fn bulk concentration and adsorption duration. Following Fn adsorption at 0.01, 0.1 or 1g/L from 5 minutes to 15 hours, HA samples were immersed for 24 hours in T50 buffer. Fn desorption was then deduced from protein amount detected in the supernatants. Results are mean over 3 samples. Significant difference with desorption at 5 minutes: *p<0.05. Fig.4. Time evolution of fibronectin total adsorption and cell binding site (cbs) exposure on HA with respect to bulk concentration. Fibronectin was let adsorb onto hydroxyapatite for 2 hours in T50 buffer. We quantified (a) Fn adsorption by direct ELISA using a polyclonal anti-Fn antibody and (b) Fn cell binding site (Fn-CBS) exposure using a monoclonal anti Fn-CBS antibody. This was done for three different Fn bulk concentrations 0.01g/L, 0.1 g/L and 1 g/L from 5 minutes to 15 hours. Results are means over 4 samples. For each concentration we tested the significance of the time evolution against the time 5minutes t: p<0.05. Statistical significance of the bulk concentration increase is tested against the concentration 0.01g/L: - p<0.05; - - p<0.01. Surprisingly, when probing fibronectin quantity, the higher the concentration and the longer the adsorption time, the lower the amount of the protein on HA ceramics (fig.3a). Fibronectin is detected using direct ELISA, the procedure of which implies several hours of incubation in Tris buffers. Fibronectin low detected amounts could thus either be due to lower adsorption as well as to a higher desorption during the assay. To settle the question we assayed fibronectin desorption from HA samples with respect to the adsorption time and bulk concentration. This revealed a four-fold higher desorption for 1g/L-15h adsorption, compared with the other time and concentration conditions (fig.5). Between these, no significant differences are observed between desorbed quantities, while there are differences in the amount detected on the surfaces of HA samples (fig.4.a). If desorption is involved, it might therefore not be the only reason for low fibronectin detection, and differences during the adsorption step might be implicated as Fig.6. MG63 cell adhesion on Fn-coated HA with respect to Fn bulk concentration during adsorption. MG63 cells adhered for 2 hours on HA samples previously coated with 0.01, 0.1 or 1g/L Fn during 5 minutes to 15 hours. Cell adhesion was evaluated using MTT assay and expressed in percentage of adhesion on uncoated HA. Significant difference with 5minutes condition: t p<0.05; with 0.01 g/L condition: – p<0.05 well. One should note here, that, despite desorption, since immunofluorescence and ELISA are very similar methods, as far as incubation times and buffer composition are concerned, the amount detected by the latter remains relevant when discussing the former. In order to examine a possible correlation between fibronectin supramolecular organization and conformation, we investigated the accessibility of the fibronectin cell-binding site (cbs) with respect to the adsorption time and concentration but could not find any significant difference amongst adsorption conditions (fig.4.b). Due to a high variability of the staining, no significant change is observed either when relating the cbs exposure to the total fibronectin amount, as shown by the ratio between both detection levels in each condition (not shown). 203 Annexes MG63 cell adhesion Fibronectin layer morphology might directly influence its function and we assessed this relationship by evaluating MG63 cell adhesion with respect to Fn adsorption conditions. MG63 cell adhesion is only poorly affected by Fn concentration or adsorption time (fig.6). Except a higher adhesion after 5 minutes adsorption of 0.01 g/L Fn, compared to other conditions, no other significant evolution is observed. Consistent with the variability in Fn cell-binding site exposure (fig.4.b), we found a high variability of cell adhesion with respect to Fn bulk concentration and adsorption duration, so that we could not show any significant correlation with fibronectin amount or morphological state, and these preliminary results would require further investigations. Ionic strength As electrostatic interactions may influence both fibronectin tertiary structure and binding to the HA surface, we investigated the effect of varying the ionic strength in the bulk on fibronectin assembly on HA. Figure 7 illustrates fibronectin morphological structures observed for three different ionic strengths. At the lowest value (T50, I=0.048), fibronectin exhibits both fibrils and aggregates, as described previously. At higher value (T50N20, I=0.068), fibronectin exhibits only aggregates disseminated all over the surface and with quite regular shape and size. At high ionic strength (T50N500, I=0.548), both morphological states are found again. Note that, in this condition, fibrils are similar in aspect to those observed at low ionic strength. The frequency of each morphological state over a whole range of ionic strength values is presented on figure 8. This shows biphasic behaviours of aggregate and fibril proportion with respect to increasing ionic strength, i.e. an initial increase in aggregate and decrease in fibril proportion, the latter completely disappearing between I=0.063 and I=0.198, followed by a reversal of the effect, i.e. a decrease in aggregate and increase in fibril proportion. The ionic strength increase is correlated with an increase in fibronectin adsorption (that might also be due to a decrease in desorption 204 Fig.7. Ionic strength influence on fibronectin assembly on HA Fibronectin, diluted 0.1 g/L in T50Nx (Tris 50mM, NaCl x mM, pH 7.4) buffers, adsorbed on HA samples for 2 hours at 37°C. Each row presents 3 illustrations of the structures observed in each ionic strength condition. Scale bar: 100 µm. Fig.8. Fibronectin morphological state occurrence on HA with respect to the ionic strength in the bulk. Fibronectin, diluted 0.1 g/L in T50Nx (Tris 50mM, NaCl x mM, pH 7.4) buffers, adsorbed on HA samples for 2 hours at 37°C. Fn state abbreviations are the same as in figure 3. Results are means over 7 samples. s.d. have been omitted for clarity. Difference with respect to T50 condition * p<0.05 ** p<0.01; *** p<0.001. Fig.9. Ionic strength effect on fibronectin adsorption and cbs exposure on HA Fibronectin, diluted 0.1g/L in T50Nx (Tris 50mM, NaCl x mM, pH 7.4) buffers, adsorbed on HA samples for 2 hours at 37°C. Fn total adsorption and cbs exposure are quantified using direct ELISA. Results are means over 4 samples. Significant difference with respect to T50 condition: *p<0.05; **p<0.005. Annexess during detection assay, as seen before), which reaches a plateau value beyond I=0.068 (fig.9.a), where there is a rapid increase in cbs exposure (fig.9.b). Fig.10. Ionic strength and non-ionic surfactant influences on fibronectin assembly on HA. Fibronectin, diluted 0.1 g/L in in T50Nx (Tris 50mM, NaCl x mM, pH 7.4) buffers, containing Tween 20 to a final Tween/Fn molar ratio 1 or 100, adsorbed on HA samples for 2 hours at 37°C. Non-ionic surfactant Further investigation of the interactions at work in fibronectin assembly on HA was carried out by examining the effect of adding Tween 20, a non-ionic surfactant, in three different ionic strength adsorption buffers. Without salt, for an equimolar Tween/Fn ratio, fibronectin fibril morphology is similar to that observed without Tween; while a hundred times higher Tween/Fn molar ratio results in the complete disappearance of fibronectin fibrils on HA and only very small aggregates are observed (fig.10). Both morphological states evolve in a slightly different way with respect to Tween content, as aggregate proportion suddenly increases at low tween content, while total fibril proportion seems to be more gradually lowered with increasing Tween (fig.11.a). At intermediate ionic strength value, Tween has not effect either on aggregate aspect (fig.10) or on their proportion (fig.11.c). At high ionic strength, the presence of a non-ionic surfactant does not change fibril proportion but increases aggregate one in a sudden fashion, in a way similar to the effect observed at low ionic strength. In general, increasing Tween content leads to an in increase in fibronectin adsorption (fig.12) and the lower the ionic strength the stronger the effect. All the ionic strengths generate the same fibronectin amount at the highest Tween content so that Tween and ionic strength appear to have the same promoting effect on fibronectin adsorption. Fig.11. Effect of a non-ionic surfactant on fibronectin morphological state occurrence on HAwith respect to the ionic strength in the bulk Tween 20 was added to each adsorption buffer (a)T50N0, (b)T50N20 or (c)T50N500 to a final Tween/Fn molar ratio ranging from 0 to 100. Fn state abbreviations are the same as in figure 3. Results are means over 3 samples. s.d. have been omitted for clarity. Significant difference with respect to the same ionic strength condition without Tween: higher frequency +p<0.05; ++p<0.01; +++p<0.001; lower frequency - p<0.05 ; - -p<0.01 ; - - p<0.001. Fig.12. Effect of a non-ionic surfactant on fibronectin adsorption onto hydroxyapatite with respect to the ionic strength in the bulk Fn total adsorption is quantified using direct ELISA. Results are means over 3 samples. Significant difference with no Tween condition * p<0.05,**p<0.01 and with T50 condition, at the same Tween content §§p<0.01 §§§p<0.001. 205 Annexes Fn N-terminal domain Fibronectin self-association is known to rely on interactions between specific domains of the protein among which the N-terminal domain is the most prominent [44;45]. We examined the inhibitive potential of a fibronectin 70kD N-terminal fragment (F70) on fibronectin self-assembly onto HA. Whatever its amount, the presence of F70 does not affect the aggregate proportion but significantly reduces the isolated fibril proportion (fig.13). It does not have much effect on connected ones and the decrease in total fibril proportion appear to be not significant. Fig.13. 70 kDa N-terminal Fn fragment (F70) inhibition assay of fibronectin assembly. F70 was added to 0.1g/L Fn to a final Fn:F70 molar ratio ranging from 10 to 1. Significant difference with the frequency without F70 ** p>0.001; * p>0.01. Amyloid-like structures Amyloid fibrils are protein aggregative structures involved in many neurodegenerative diseases [46]. As fibronectin is supposed to have an amyloidogenic potential [47] and as amyloid fibrils may be surface-induced [48], we wondered whether our adsorption-induced fibronectin structures exhibited amyloid-like properties and probed them using thioflavine T (THT), a non-specific fluorescent dye of amyloid structures [49;50]. We observed THT staining, with respect to adsorption time and bulk concentration. The results are exemplified for Fn 1g/L on figure 14. In this condition, except at short time (fig.14.a), most fibronectin aggregates are THT-stained (fig.14.b, c, and e). THT incorporation into fibronectin fibrils appears to be more variable as there may be stained or unstained fibrils in the same adsorption condition (fig.14.d, e). At lower bulk concentration, the staining is 206 overall less significant and as much variable (not shown) and we are not able to decipher Fig.14. Amyloid-like structure in fibronectin aggregates and fibrils on HA 1 g/L fibronectin adsorbed with thioflavine T in T50 buffer. right panel: THT staining; left panel: mmunofluorescent staining. In this condition, at short time, aggregates do not incorporate THT (a) while there are often stained at longer times (b,c,e). In general, fibrils exhibit a quite strong THT staining (b,d) while some connected ones are not stained at all (e) any correlation of the staining with the adsorption time, or fibronectin morphological state. Fibronectin amyloid-like structures seem to form on HA, but this does not appear to be the main mechanism for fibrils assembly. Discussion At low bulk concentration, fibronectin aggregates appear within minutes on hydroxyapatite surface, while fibril proportion increases rather slowly with time. This delay between both structures emergence raises the question whether aggregates only precede or also nucleate fibril formation, i.e. whether both morphological states belong to the same organization path. If fibrils were directly formed from aggregates, the persistence of the Annexess latter with time, at low bulk concentration, would imply a simultaneous increase in fibronectin amount. This is not supported by our results (fig. 4.a). Alternatively, fibrils could be formed from the reorganization of molecules adsorbed within minutes but that are not aggregated, while aggregates would remain amorphous structures. In contradiction with this view, at high bulk concentration, the faster fibril formation is concomitant to a decrease in aggregate proportion with time. This decrease seems however unlikely to occur out of desorption, since there is no reason this would not be the case at low bulk concentration. Hence, our data suggest that the actual scenario of fibronectin fibrillation might be more complex. The concentrationinduced increase in fibril proportion is mainly due to the appearance of connected fibrils. Except in few cases, where the network covers large surface areas, fibrils are connected into small clusters laying separate one from another. This indicates that connexion is more likely to occur through a branching process, i.e. fibrils are grown from the same origin (node), rather than through joining of independently grown fibrils, which would require a high fibril surface coverage for meeting to occur. The decrease in aggregate proportion might actually be directly correlated to the appearance of nodes, the former being the origin of the latter. Consistent with this view, we may observe that aggregates are often –but not exclusively – positioned at the intersection of fibronectin fibrils (see fig.1.f, g) when both are present. Thus, one possibility could be that a different type of aggregates forms at higher bulk concentration and is able to nucleate fibrils (see fig 15.a). Our discontinuous time observation does not allow ascertaining that fibril-nucleating aggregates would be favoured at higher concentration, but several data in the literature point out that such mechanisms might be at work in fibronectin assembly onto hydroxyapatite. Our results indicate that aggregates that form at low and high bulk concentration might be different in nature, and this is likely to be related to surface coverage. It is known that most proteins undergo structural adsorption [51;52]. rearrangement upon Fig.15. Hypothetic model of fibronectin assembly on HA with respect to (a) bulk concentration and (b) ionic strength (see discussion). Out of steric hindrance, the extent of these surface-induced denaturations is reduced as the bulk concentration, and hence the surface coverage, increase [53;54;55]. Incidentally, at high bulk concentration, the lower protein/surface contact area results in a higher degree of desorption [56], in agreement with our observed desorption during the detection assay. Simple excluded volume effects might therefore explain how different fibronectin conformations would arise onto HA with respect to adsorption bulk concentration. Though the underlying molecular mechanism would require further investigation, we may speculate that the 'fibril-competent' form at higher bulk concentration might be linked to a higher flexibility of the molecules weakly bound to the substrate. At low surface coverage, fibronectin exhibits a higher stiffness, when compared to high surface coverage, as shown by force microscopy studies [57]. This flexibility at high bulk concentration might allow the reorganization of fibronectin aggregates that is required for fibril growth to occur. At low ionic strength value, fibronectin is under a compact soluble form that is stabilized by inter-subunit electrostatic interactions [17]. Moreover, at pH 7.4, fibronectin, which is an acidic protein with pHi=5.5, has an overall negative charge. In these conditions, repulsive interactions 207 Annexes between Fn molecules are therefore predominant and, despite structural rearrangement that may follow, the initial adsorbing form is rather compact. Increasing the ionic strength will first decrease the repulsion between adsorbed molecules and incoming ones from the bulk, as well as repulsion between adsorbed molecules themselves. This might respectively explain the observed increases in surface aggregation and fibronectin adsorption (see fig.15.b). This concomitantly leads to the complete disappearance of fibronectin fibrils. As fibronectin aggregation is a very fast process, we conjecture that the aggregates, which are favoured in this case, are amorphous ones, since one might expect they would have lead to fibril growth after 2 hours adsorption if they were nucleating ones. We may not exclude the hypothesis though, that these associated forms may need longer time for fibrils to grow, a step that would then only be delayed. A higher ionic strength does not further enhance fibronectin adsorption but increases again the fibril proportion. Increasing ionic strength triggers Fn transition from compact to extended form [20;58;19;21] with minimal changes in intra-subunit tertiary structure [21]. The Fn domains that would be involved in the compact conformation of the protein [17;59] are also predictably involved in Fn-Fn intermolecular association [45;44]. Above 50mM NaCl, Fibronectin fibrillogenesis onto HA would therefore be favoured by extension of the molecules in the bulk, so that it would adsorb under a conformation where selfassociation domains might already be exposed (see fig.15.b). Consistent with this view, Pernodet et al. observed the induction of fibronectin fibrillogenesis upon adsorption onto charged surfaces. They discuss their observation in terms of bonding between the surface and Fn charged domains implicated in the compact form, thereby allowing Fn arms extension and adsorption under a fibrilcompetent form [24]. Fn cell-binding site is situated in the central region of the protein (see fig.1). Its exposure increase at high ionic strengths tends to confirm the salt-induced Fn arms extension, but also implies the fibrils formed on HA at low and high ionic strengths 208 have different structures. Consistent with this idea, the addition of a non-ionic surfactant alters fibronectin fibrils only when they are formed at low ionic strength. If repulsive interactions are certainly involved in Fn/Fn interactions, interactions between Fn and HA are less clear. The addition of Tween 20 has the exact opposite effect to what could be expected if hydrophobic interactions between Fn and HA were at work – i.e. no effect or a decrease in adsorption out of competitive adsorption [60;61]. In addition to favouring Fn adsorption, the presence of a surfactant also promotes its aggregation. Though the exact mechanisms are not fully understood, some authors tend to think that non-ionic surfactants might promote protein unfolding through the penetration of their hydrophobic tail into the apolar region of the protein, thereby exposing hydrophobic patches and promoting either surface/protein [62] or protein/protein hydrophobic interactions [63]. A recent study even suggests that the nonionic surfactant-induced inhibition of protein aggregation might be linked to the stabilization of small soluble aggregates, preventing further growth, rather than to a complete inhibition of protein association [64]. Hydrophobic regions have been identified inside [65;66] and between [67;68] Fn domains. These regions might underlie Fn interactions with the hydrophobic tail of the surfactant. The observed increase in fibronectin adsorption might be linked either to a direct promotion of protein/surface interactions, or, to surfactant-induced aggregation in the bulk and direct deposition of the aggregates and, if present, Fn/Tween interactions remain to be elucidated. Taken together our results indicate that there might be various both aggregated and fibrilar fibronectin structures formed onto HA (see recapitulation on figure 15), a feature shared by several proteins [69;70;71]. Varying the adsorption conditions impairs not only Fn conformation and Fn/Fn interactions in the bulk, but also Fn/Fn interactions on the surface, Fn/HA binding and ultimately HAinduced Fn conformational change. All these features balance each other and while the present paper suggests some mechanisms that Annexess may be involved, finding out the exact fibronectin surface assembly pathways requires further study. The high variability in cbs exposure, THT staining and cell response to fibronectin fibrils and aggregates with respect to time and concentration suggests moreover that different Fn association mechanisms could take place simultaneously. Ultimately, fibronectin organization is known to influence cell behaviour and elucidating the functional differences between Fn aggregated states, has to be further investigated, as this could yield insights for the creation of new bone biomaterials. References [1] R.Pankov, K. M. Yamada, J Cell Sci 115 (2002) 3861. [2] R.K.Globus, S. B. 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We propose a model including diffusion, aggregation and unfolding of proteins that are randomly adsorbed onto a surface. Our model allows simulating the case where protein-protein interaction favours unfolding and the case where this interaction prevents it. We study the effect of a simple disk-to-rod unidirectional unfolding and investigate the morphology of the resulting clusters in the diffusion- and reaction-limited regimes. A rich variety of structures is produced, with fractal dimension differing from universal diffusive aggregation models. Increasing unfolding probability shifts the system from neighbour-induced to neighbour-prevented unfolding regime. The intermediate structures that arise from our model could be helpful in understanding the assembly of different observed protein structures. I. INTRODUCTION3 Proteins may be found circulating, in physiological fluids, incorporated in a gel, the extra-cellular matrix (ECM), or interacting with solid surfaces. This is the case in bone and teeth were ECM proteins are closely associated with the mineral matrix. This interaction plays a direct role in the mineralization process [1-4] and has been focused on in several studies [5-11]. The surface-protein interaction is also one of the first events following an implant graft and raises much interest in biomedical engineering [12-17]. Protein layer functions depend on both the single molecule conformational state and the self-assembled structure properties. The conformation of a protein depends on its location and surrounding, and adsorption at interfaces may strongly affect it. A protein may indeed undergo surface-induced conformational changes, often referred to as 'surface denaturations' [18-19]. In several 3 Corresponding author: Hugues Berry e-mail: [email protected], tel.: (33)1 72 92 59 22 212 cases, these transitions lead to conformations that have functions differing from the soluble forms. They may for instance result in a loss of activity for enzymes [20-21], or in the modulation of the adhesion-promoting effect of ECM proteins [22-23]. The properties of a protein layer depend not only on the molecule conformation but also on the spatial distribution of the proteins on the surface [24] that may prevail over substrate topology [25]. Maheshwari et al. have for instance shown that, at a given surface density of adhesionpromoting peptides, cell adhesion, cytoskeleton organization and migration speed tend to be favoured by a clustered distribution of the peptides, with respect to their dispersion over the surface [26]. Given the tight correlation between protein layers morphology and their functions, the accurate understanding and prediction of their morphological features appears to be needed in various areas of biology. In that perspective, simulation studies may be a useful tool and several approaches have been developed over the past decade. Annexess FIG.1. Depiction of the model: At each time step, proteins adsorb at random position. They are then allowed to diffuse on the surface unless they unfold or aggregate. Neighbour-required unfolding PI=0; Neighbour-prevented unfolding PN=0; Neighbour-independent unfolding PI=PN. Surface assembly of sphere-shaped particles are well described by diffusion aggregation models derived from Witten and Sanger's model [27] and adapted to random sequential adsorption processes [28]. Briefly, in this kind of models, once adsorbed, particles diffuse randomly onto the surface and two particles may aggregate when meeting one another. Those models are able to describe protein surface assemblies in different bulk conditions provided the adsorption does not induce a large conformational change [29]. It is known though that a number of protein aggregative structures, such as fibrils, the assembly of which may be surface-induced [30], imply partial unfolding [31-34]. Van Tassel et al. developed a sequential adsorption model that includes a symmetrical post-adsorption conformational change of the molecule [35]. This model fits fibronectin adsorption data in terms of kinetic behaviour or surface coverage but does not include surface diffusion. However, their more recent data suggest a post-adsorption clustering that might involve surface diffusion [36-37]. Considering the experimental knowledge of protein adsorption, a model of protein layer formation should take both surface diffusion and unfolding of the adsorbed protein into account. Our focus here is how conformational changes might influence the protein surface clustering process in a diffusion-aggregation model and thus the morphology of the resulting surface assemblies. We propose a model including diffusion, aggregation and unfolding of molecules that are randomly adsorbed onto a surface. We study the effect of a simple unidirectional unfolding from a disk to a rodshaped particle. Unfolding is first considered not to depend on the vicinity of the protein. We also studied the effects of protein-protein interactions on the unfolding events. We investigate the role of unfolding on the morphology of the resulting clusters in both the diffusion-limited (DL) and reactionlimited (RL) regimes. II. MODEL AND SIMULATION PROCEDURES Bulk proteins are modelled as disk-shaped particles of radius α that adsorb onto a square lattice of size L x L at random positions. Figure 1 shows a general scheme of the model. At each time step, a position for the centre of a particle is chosen at random and, provided adsorption results in no overlap with previously adsorbed proteins, the protein adsorbs with a probability Pa per lattice site per unit time. All the adsorbed proteins are then allowed to diffuse according to an Ndiffsteps random walk of their particle centre. We consider the diffusion of a cluster to be slow enough to be negligible and let only monomers diffuse so that the aggregation of a protein results in its immobilization. If a protein diffuses beyond the lattice limits, it is removed. We include unfolding attempts of the adsorbed protein between adsorption events. If allowed to, the protein will then spread into a rod-like particle. The unfolding maximizes the contact between the protein and the surface what increases the binding energy. The unfolded specie is therefore often considered irreversibly adsorbed [38-39]. Consistent with this view, we considered the unfolded protein diffusion to be negligible. If two proteins come in contact, i.e. when at least two sites of theirs become nearest neighbours, they have a probability Pag to irreversibly aggregate. To study the effect of protein interactions on the conformational change, the unfolding of an isolated molecule and that of 213 Annexes a protein that is part of a cluster are considered separately. Unfolding of an isolated protein occurs symmetrically from the centre of the molecule while unfolding of a clustered protein starts from the contact site with the neighbour. Both undergo excluded surface effect and the direction of unfolding is chosen at random among available ones. These two events are referred to as isolated and neighbour-induced unfolding with respective probabilities PI and PN per protein per unit time. The case PI=0 stands for neighbour-required and PN=0 for neighbourprevented unfolding. Hence, PN=PI represents a neighbour-independent unfolding. Each simulation is performed on a square lattice of linear dimension L=1500. The folded proteins are modelled as disk-shaped particles of radius α=3 and the unfolded one as rods of length β=29 and thickness 1. Note that β is taken to keep constant the number of sites occupied by a single protein whether it is unfolded or not. The fractal dimension of deposition-diffusion-aggregation models is known to depend on the relative values of the deposition flux and the diffusion coefficient, as well on the surface coverage [28; 40-41]. We found the ratio Pa/Ndiff=10-6 to allow the generation of isolated clusters in the diffusion-limited regime that are similar in aspect and fractal dimension to the diffusionlimited aggregation (DLA) and reactionlimited aggregation (RLA) clusters when no unfolding takes place. To investigate the effect of the unfolding with respect to these well known DLA and RLA structures, all the simulations are therefore performed with Pa=10-4 and Ndiff=100. The simulations are completed for a final surface coverage θ much below the percolation threshold, θ~0.013, that is for 1000 proteins being present on the lattice at the same time. We specifically study the cases Pag=1 and Pag=10-3. For reading convenience, we refer to these cases as DL and RL regimes even when the unfolding shifts the systems to other behaviour. The fractal dimensions of the resulting clusters are estimated using a box counting method [42]. 214 FIG.2. Illustration of the cluster fractal dimension calculation using a box counting method. The fractal dimension Df is deduced from the slope of the log-log plot of the number of boxes versus the box dimension. Two unfolding probabilities are shown here, P=1 (open symbols) and P=10-7 (filled symbols), in the case of neighbourindependent unfolding, i.e. PN=PI. (a) diffusion-limited regime: Pag=1; (b) reaction limited regime: Pag=10-3. For P=1 a two-scale behaviour is observed, so that each part of the curve is fitted independently and the two corresponding dimensions are indicated. In both panels, the curves have been shifted for clarity III. RESULTS AND DISCUSSION We investigated the effect of the unfolding of the monomer on the morphology of surface protein clusters. We studied separately the effect of the neighbourhood and of the surface on the unfolding. This could be done by dissociating the unfolding probability in a surface-induced unfolding probability, PI, when the protein is isolated, and a neighbourinduced probability, PN, when it is in contact with another one. The case PI=0 represents neighbour-required unfolding, PN=0 neighbour-prevented unfolding, and PN=PI neighbour-independent unfolding. All the simulations are performed for the same final surface coverage and the folded and unfolded monomers cover the same surface fraction. Annexess FIG.3. Cluster fractal dimension Df versus the unfolding probability P in the diffusion-limited regime where Pag=1. (a) Neighbour-required unfolding: P=PN and PI=0; (b) Neighbour-independent unfolding: P=PN=PS and (c) Neighbourprevented unfolding: P=PI and PN=0. The inserts on top of each plot show examples of lattice configurations for each parameter set 215 Annexes This allows us to study the only effect of the conformation change on the cluster morphology. The clusters exhibit auto similarity properties as shown by the power-law behaviour of the number of square boxes needed to cover a cluster vs. the box linear dimension plotted on fig.2. This allows us to compare their morphology in terms of fractal dimension, over the whole range of unfolding probabilities studied here. At high unfolding probability, in both neighbour-independent and neighbour-prevented unfolding, a twoscale behaviour is observed, the first part of the curve reflecting the fractal dimension of small-sized cluster and the second, at larger length scales, reflecting a uniform distribution of these small clusters (fig.2). In the following, only the short-length scale fractal dimension, reflecting the cluster morphology, will be considered, when such behaviour is observed. Figure 3 shows the dependence of the cluster aspect and fractal dimension on the unfolding probability P in the diffusionlimited regime (i.e. Pag=1). In this regime, setting both unfolding probabilities to zero generates clusters with fractal dimension of 1.652±0.039 (not shown), i.e. classical DLA on two-dimensional square lattice [27]. When neighbour-required unfolding (fig.3a) is included, the clusters exhibit a ramified morphology that is close to DLA clusters at low P, but rapidly displays less compact structures, containing void spaces. Consistent with their aspect, the cluster fractal dimension decreases with increasing P to reach the average value 1.431±0.025 at P=10-5, and no further change in the dimension is observed at higher probability. Even at low unfolding probability (1.640±0.011 at PN=10-7), the fractal dimension is significantly lower than the dimension found for the universal diffusive aggregation model. Unfolding causes a large cluster tip expansion, due to the rod shape of unfolded proteins, and this allows the cluster to be reached from farther by incoming proteins. This causes a faster growth, which, combined with the formation of closed structures that prevents incoming 216 proteins from diffusing inside the clusters, may explain the conformational changeinduced compactness decrease and corresponding low dimension. Cluster fractal dimensions lower than DLA cluster dimension may also appear with spherical objects when cluster diffusion [43] or attractive interactions [44] are taken into account. The aggregative behaviour of diffusing rodshaped particles have been studied in two [4546] and three dimensions [47]. These studies showed that the higher the length of a particle, the higher the cluster fractal dimension. In the two dimensional model, the orientation of the rod shape particle are all the same and remain fixed during the diffusion-aggregation process. Therefore, the increase of the fractal dimension simply results form the obligatory parallel packing of the rods. In the three dimensional case though, the rods are initially randomly oriented and then diffuse in a direction depending on their aspect ratio. In this case, the increase of the fractal dimension is thought to arise from the possible aggregation of rods at distances lower than their larger gyration radius [47]. The apparent discrepancy of these results with ours might originate from the aggregative behaviour of anisotropic objects that may vary with the Euclidean dimension. Our lower fractal dimension results from the monomer shape together with the fact that the unfolding produces closed structures, or loops, preventing incoming proteins from diffusing inside the clusters. If a similar loop is formed in three dimensions, incoming rods may still diffuse and reach the inner part of this kind of void. Either by ‘capping the void’ (the axis of the incoming rod being in the plane of the void) or crossing through it, this aggregation will increase the cluster fractal dimension. Such events which are not allowed in our model may in part explain why the fractal dimension decreases in 2D rod clusters and increases in 3D. In the case of neighbour-prevented unfolding, the clusters exhibit the typical morphology of DLA clusters at low P and little change, but a size decrease, is observed with increasing P. Annexess FIG.4. Cluster fractal dimension Df versus the unfolding probability P in the reaction-limited regime where Pag=10-3. (a) Neighbour-required unfolding: P=PN and PI=0; (b) Neighbour-independent unfolding: P=PN=PI and (c) Neighbourprevented unfolding: P=PI and PN=0. The inserts on top of each plot show examples of lattice configurations for each parameter set. 217 Annexes The fractal dimension shows no change either until P=10-4 (fig. 3c). Above this value, it rapidly decreases to reach a plateau value of about 1.22. At high P values, the clusters actually mostly consist in monomers and dimers and when P is 1, the network tends toward random sequential adsorption (RSA) of rod-like particles since almost no diffusion takes places and – except for steric considerations – all the proteins are unfolded. When the unfolding does not depend on the monomer surrounding, i.e. for neighbour-independent unfolding, the fractal dimension shows a first decrease with increasing unfolding probability P and reaches a plateau value of ~1.43 between 10-5 and 10-3 (fig.3b). This decrease is very similar to that observed for neighbourrequired unfolding (i.e. PI=0, fig.3a). The cluster morphologies are very similar as well. It seems therefore that PI does not play a significant role when little unfolding occurs. A second decrease is observed above 10-3 until a final value of ~1.18, where the lattice configuration is close to random sequential adsorption. Cluster morphology crosses over from neighbourrequired unfolding, at low P value, to neighbour-prevented unfolding at high P value. The transition occurs for unfolding probabilities between 10-4 and 10-2, where the fractal dimensions is ~1.43 in the three cases (neighbour-required, -prevented and -independent unfolding). The clusters present however quite different morphologies. For neighbour-independent unfolding, with P=10-3 and 10-2, the dimension reflects the dimension of small size clusters among which a few present an elongated, low-ramified structure. This may be understood in terms of steric effects. If two clusters grow close one from another, the direction of unfolding for a protein joining one of the cluster will be biased by the closest cluster. The neighbour-prevented unfolding probability decreases the distance between two clusters origins and this steric hindrance 218 has a high probability to occur. In neighbour-required unfolding, the clusters are far enough one from another not to feel their neighbour (fig.3a) but close clusters, that do not bridge, do not interpenetrate much. This might thus suggest that the same steric effect is experienced on the cluster perimeter. Incidentally, one may think this simply occurs when the distance between two clusters becomes of the order of 2 fold the length of the unfolded protein. In the Reaction-limited regime (i.e. Pag=1; fig.4), clusters morphologies that are very different from those observed in the diffusion-limited regime (fig.3) are generated. The neighbour-required unfolding produces dense clusters at P=107 , with continuous compactness decrease with increasing P, while the neighbourprevented unfolding leads to dense clusters close to RLA ones at low P, with size decrease until P=10-4, beyond which the lattice resembles RSA configurations. The neighbour-independent unfolding clusters resemble neighbour-required unfolding ones at low P and neighbour-prevented unfolding ones a high P, with a specific intermediate morphology at P=10-5 and 104 . The fractal dimension exhibits the same qualitative behaviour with respect to unfolding probability than in the DL regime, i.e. an early slight decrease with PN (fig.4a), and a later sharp decrease with PI (fig.4c). When both unfoldings are equally applied, the fractal dimension undergoes a two-step decrease with P, reflecting separate PN and PI influences (fig.4b). As expected, the cluster dimension is overall higher than in DL regime, except at high surface-induced unfolding value, where both regimes converge towards random sequential adsorption. Apart from cluster compacity, the RL regime also differs from the DL one regarding the crossover between neighbour- and surface-induced unfoldings, which occurs faster and at lower unfolding probability. By definition, in the RL regime, the monomers are not entirely sticky so that the proteins may jump back after a contact. Folded proteins Annexess are therefore statistically more often found isolated than interacting with another protein, at least at low surface coverage. No wonder then, if, in this regime, the crossover to isolated unfolding is found at lower unfolding probability value. In terms of protein adsorption, slowly aggregative proteins, which experience repulsive interactions, would tend rapidly towards random adsorption with increasing protein surface affinity. FIG 5. Unfolded protein fraction per cluster versus unfolding probability P in the reaction- (continuous lines) and diffusion(dotted lines) limited regimes for neighbour-prevented, required, and –independent unfoldings. The symbols are the same as in figures 3 and 4. All curves exhibit the same shape except in the neighbour-prevented regime (P=PI; PN=0; filled diamonds) where the unfolded fraction increases more slowly with P in both regimes. The changes in fractal dimension observed when increasing the unfolding probability appear to be only partly correlated to the average proportion of unfolded protein per cluster as shown on fig.5. For both RL and DL regimes, in the neighbour-required unfolding case, the unfolded protein fraction slightly increases from 10-7 to 10-5 above which it reaches its maximum value. For neighbour-prevented unfolding, it remains below 0.04 until 10-4 and 10-5 in RL and DL respectively, and then constantly increases. These behaviours reflect the changes observed in cluster fractal dimension for both regimes (fig.3 & 4 a, c), the higher the unfolded fraction the lower the dimension. In the neighbour-prevented case, the unfolded fraction changes reflects the observed differences between the RL and DL regime as well. Yet, the correlation is not obvious for neighbour-independent unfolding. In this case, contrary to what is observed for the fractal dimension, the unfolded fraction does not exhibit an intermediate behaviour between neighbour-prevented and required unfoldings but rather follows neighbour-required unfolding behaviour. The fact that the same unfolded fraction leads to a lower cluster fractal dimension when isolated unfolding is allowed suggests that the morphology of the resulting clusters depends not only on the unfolded fraction but also on whether these unfolding events occurs before or after the aggregation, i.e. whether they are isolated or clustered unfoldings. In our model, we considered the diffusion of unfolded proteins to be negligible, hence, the higher the unfolding probability the shorter the diffusion length. Since cluster diffusion is negligible as well, unfolding only alters diffusion for isolated proteins. More than ending their diffusion, it also creates a new obstacle on the lattice for other diffusing proteins and subsequently increases the rate of aggregative encounters. At low unfolding probability, most of the proteins may diffuse and aggregate to a small number of clusters and unfolding of clustered proteins is favoured. The higher the unfolding probability, the higher the number of clusters, so that proteins mostly form dimers and the system finally tends to a random sequential adsorption of rod particles, where almost no diffusion takes place. Between the two behaviours, the unfolding of isolated monomers is high enough to increase the cluster number and thus favour neighbour-induced unfolding, and low enough to allow diffusion and subsequent aggregation. It may therefore be supposed that the transition zone would be found at lower values the lower the diffusion coefficient of folded monomers. IV. RELEVANCE TO PROTEIN AGGREGATION We developed a depositiondiffusion-aggregation model that accounts for the adsorption-induced conformational 219 Annexes change, which is a generic feature of proteins at interfaces. Though widely described in experimental studies, this unfolding event has however seldom been considered in theoretical ones [35,38]. We aim at investigating conformational changes related to biomacromolecules surface self-assembly. On this purpose, we studied the effect of a very simple disk-torod transition of proteins adsorbing and diffusing on a lattice. FIG.6. Immunofluorescent staining of a fibronectin layer spontaneously formed upon adsorption onto (a),(b) hydroxyapatite or (c) cell culture glass. The cluster fractal dimension, estimated from a box counting method, is indicated at the bottom left of each picture Proteins undergo various structural changes upon adsorption and using a two-state all-or-nothing unfolding process might seem a little simplistic. While, to be more realistic, our model could certainly benefit from some enhancement regarding this point, this simple transition may approximate some proteins behaviours when studying the general effects of an unfolding event. Indeed, in several cases, mostly for high molecular weight proteins, the threedimensional structure of adsorbed proteins may be described as two overall states, compact or extended. This is for instance the case for fibronectin [22,63-65]. Fibronectin is a high molecular weight protein of the extracellular matrix of connective tissues in which it is found under a fibrilar form. The underlying assembly mechanisms are still under investigation but it has been shown that fibronectin fibrillogenesis may be surfaceinduced [63, 66-67]. Figure 6 presents a staining of human fibronectin adsorbed onto a bone substitute material, hydroxyapatite (HA). Adsorption onto HA spontaneously induces fibronectin fibrillogenesis and produces large connected fibrilar structures the fractal 220 dimension of which ranges over 1.5-1.6 (fig 6.a,b). Moreover, unlike classical DLA clusters, fibronectin clusters do not present an open ramified tree-like structure but rather contain closed-loop structures inside the aggregates. All these features are captured by our model, in the DL regime for low unfolding probability (fig3.a,b P=10-6) or in the RL regime at higher unfolding probability (fig4.a, P>10-5; 4.b, P=10-5), both when clustered unfolding is allowed. The conformation change of a protein strongly depends on the surface it is adsorbed on [22, 48-50] and our model allows the investigation of several protein/substrate couples. For instance, fibronectin adsorption onto glass leads to the formation of small compact aggregates (fig.6.c), rather than to the fibrilar clusters observed on hydroxyapatite. These structures are similar to RLA aggregates and our model indicates that the difference with the adsorption structures observed on HA might reflect a difference in the protein unfolding on the two surfaces. In addition to the surface/protein interaction, it is inferred from many experiments that protein interactions themselves play a major role in the conformational change, by either favouring or preventing it. The latter may be intuitively understood in terms of surface crowding [51-53]. This crowding may however have the opposite effect as exemplified by a number of data in the literature. For instance, adsorption-induced denaturation of lysozyme increases with increasing surface coverage, whatever the kind of surface [53]. Moreover, in the assembly of some specific protein structures, such as amyloid fibrils, conformational changes occur concomitantly with aggregation [55-56]. The ability of a native protein to form such structures when seeded by preformed fibrils [57-58] suggests again that unfolded conformations may be stabilized by interactions with their neighbours. These aggregation mechanisms could actually be Annexess appropriate to many other proteins, since the hypothesis that most proteins would have an amyloidogenic potential has emerged [59-60]. The neighbour-required unfolding might ultimately be relevant to oligomerization mechanism such as domain swapping [61-62]. Taken together these results strongly suggest that neighbour-required unfolding might govern several protein aggregation processes. Unfolding has significant impact on diffusive aggregation cluster morphology. Contrary to general diffusive aggregation models, rather leading to open branched structures, it allows the formation of looped structures, a feature shared by some protein fibrilar assemblies [19,6667]. Despite and because of its simplicity, our model is relevant to general protein adsorption features as well as specific protein-protein interactions that may be inferred from experimental observations. We aim at improving the algorithm that is currently quite CPU time-consuming to investigate some singular protein aggregative behaviour. We study here the case were aggregation induces unfolding; the events might occur the other way round and conformational changes may surely alter the sticking and unfolding-inductive properties of a protein. Further investigation of the model will include different sticking properties depending on homotypic or heterotypic contacts between folded and unfolded monomers. We believe this might describe some experimental features such as the simultaneous growth of amorphous aggregates and fibrilar structures that is observed for some proteins at interfaces. REFERENCES 1. V. Ball and J-C. Voegel, l'actualité chimique 10, 11(2003). 2. C. Combes and C. Rey, Biomaterials 23, 2817 (2003). 3. F. Cuisinier F., Curr. Opin. Solid State Mater. Sci. 1, 436 (1996). 4. G.K. Hunter , Curr. Opin. Solid State Mater. Sci. 1, 430 (1996). 5. J. Kirkham et al., Curr. Opin. 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Colloid Interface Sci 223 Annexes 224 Annexes Annexe 3 : Code informatique 225 Annexes Fichier source principal ////////Adsorption : Diffusion Agrégation Changement de conformation/////// ///////////// Init Janvier 2004 / MàJ Juillet 2005///////////////////////// /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// #include "Centroid.h" #include "Site.h" #include "Protein.h" #include "Position.h" #include "Cluster.h" #include<iostream> #include<algorithm> #include<vector> #include<list> #include <stdlib.h> #include <stdio.h> #include <time.h> #include "math.h" #include <fstream> using namespace std; typedef vector<Site> vect_site; typedef vector<double> vect_double; typedef vector<Protein> vect_protein; //variables globales //taille=L+1 Position reseau[1501][1501]; vector<Protein> vect_prot_agregees; vector<Protein> vect_prot_diffusives; vector<Protein> vect_prot_alpha; vector<Protein> vect_prot_beta; /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// int main() { int nb_prot=0; int num_ads=0; int nb_beta=0; vect_double vect_densite_diffusives; vector<vect_double> vect_densite_diff_run; vect_double vect_densite_agregees; vector<vect_double> vect_densite_agreg_run; vect_double vect_densite_alpha; vector<vect_double> vect_densite_alpha_run; vect_double vect_densite_beta; vector<vect_double> vect_densite_beta_run; vector<int> vect_tempsterm_run; //////paramètres ajustables////////////////// int alpha=3; double proba_ads=0.0001; double proba_etal=0; double proba_etal1=0.01; //depli spontané 226 Annexes double proba_depli_induit_alpha=0; //depli induit par compacte double proba_depli_induit_beta=1; //depli induit par depliee double proba_agreg=0.001; int Lo=500; int temps; int Nrun=1; int Ndiff=100; int Nmax=1000; int nombre_de_prot; int L=alpha*Lo; ofstream file1("-4_-2_0_1_-3_N100_N1000_densite.txt"); file1<<"L="<<L<<"; proba ads="<<proba_ads<<"; nb runs="<<Nrun<<"; proba depli spont="<<proba_etal1<<"; proba depli induit par alpha="<<proba_depli_induit_alpha<<"; proba depli induit par beta="<<proba_depli_induit_beta<<"Ndiff="<<Ndiff<<"\n"; file1<<"temps"<<"\t"<<"d diff"<<"\t"<<"d agreg"<<"\t"<<"d alpha"<<"d beta"<<"\n"; ofstream file2("-4_-2_0_1_-3_N100_N1000_position.txt"); file2<<"L="<<L<<"; proba ads="<<proba_ads<<endl; file2<<"Ndiff="<<Ndiff<<"\n"; //file2<<"temps="<<temps<<"\n"; //ofstream file3("_1_1_1_rayongir.txt"); //file3<<"taille amas"<<"\t"<<"rayon giration"<<endl; //ofstream file4("C:/reseau_final.txt"); srand((unsigned)time(NULL)); /////déclarations fonctions////////////// vector<Site> calcul_positions(int,int,int); Protein diffusion(Protein,int,int,int); bool agregation(Protein); int identite_voisine(Protein); //int identite_voisine_beta(Protein); vector<int> directions_depliement(Protein,int); vector<Site> depliement(Protein,int,vector<int>,int); Site site_contact(Protein); vector<int> directions_depli_induit(Protein, Site,int); vector<Site> depli_induit(Protein,Site,int,vector<int>,int); int nb_alpha; nb_alpha=calcul_positions(4,4,alpha).size(); int minimum(vector<int>); int irun; for (irun=0;irun<Nrun;irun++) { int temps=0; //initialiser compteur temps normalise ///// tableau positions à zero////////// int xtab; int ytab; Position init(false,0,false); for (xtab=0;xtab<=L;xtab++) { for (ytab=0;ytab<=L;ytab++) 227 Annexes { reseau[xtab][ytab]=init; } } ////////////////////////////ADSORPTION///////////////////////////////////// double test_ads; int itemps=0; //for (itemps=0;itemps<((temps*L*L));itemps++) while (nb_prot<Nmax) { itemps++; if ((itemps%(L*L))==0) temps++; test_ads=((double)rand()/(double)(RAND_MAX+1)); if (test_ads<proba_ads) //si adsorption { int aleatx; //choix aléatoire site sur réseau int aleaty; aleatx=(nb_alpha)+(int)((L-2*(nb_alpha))*((double)rand()/(double)(RAND_MAX+1))); aleaty=(nb_alpha)+(int)((L-2*(nb_alpha))*((double)rand()/(double)(RAND_MAX+1))); Site site_ads(aleatx,aleaty); /***************test site choisi libre**************************/ bool site_libre=true; if(nb_prot==0) { ;} else{ int x; int y; for (x=aleatx-alpha;x<=aleatx+alpha;x++) { for (y=aleaty-alpha;y<=aleaty+alpha;y++) { Site site(x,y); if ((site,site_ads).distance(site,site_ads)<=alpha) { if (reseau[x][y].retourne_occupation()==true) { site_libre=false; break; } } } } } //fin boucle si pas 1ere => test site_libre if(site_libre==true) //construction nouvelle proteine adsorbée { nb_prot++; num_ads++; vector<Site> positions_prot(nb_alpha); positions_prot=calcul_positions(aleatx,aleaty,alpha); 228 Annexes Protein prot(site_ads.retourne_x(),site_ads.retourne_y(),alpha,false,num_ads, positions_prot); //mise a jour reseau int i; int size=positions_prot.size(); for (i=0;i<size;i++) { int a=positions_prot[i].retourne_x(); int b=positions_prot[i].retourne_y(); Position position(true, num_ads, false); reseau[a][b]=position; } //verif si agrégation avant diffusion if (agregation(prot)==true) { double test_agreg=((double)rand()/(RAND_MAX+1)); if (test_agreg<proba_agreg) { Protein prot2(site_ads.retourne_x(),site_ads.retourne_y(),alpha,true,num_ads,positi ons_prot); vect_prot_agregees.push_back(prot2); int id_voisine=identite_voisine(prot2); int i; for (i=0;i<vect_prot_alpha.size();i++) { int xpv=vect_prot_alpha[i].retourne_xc(); int ypv=vect_prot_alpha[i].retourne_yc(); double Rpv=vect_prot_alpha[i].retourne_rayon(); vector<Site> positions_voisine=vect_prot_alpha[i].retourne_positions(); if ((vect_prot_alpha[i].retourne_identite()==id_voisine)&&(vect_prot_alpha[i]. retourne_statut_agreg()==false)) { Protein prot_voisine(xpv,ypv,Rpv,true,id_voisine,positions_voisine); vect_prot_alpha[i]=prot_voisine; vect_prot_agregees.push_back(prot_voisine); int m; // prot depliee elim de vecteur diffusives for (m=0;m<vect_prot_diffusives.size();m++) { if ((vect_prot_diffusives[m].retourne_xc()==xpv)&&(vect_prot_diffusives[m].ret ourne_yc()==ypv)) vect_prot_diffusives.erase(vect_prot_diffusives.begin()+m); 229 Annexes } // aussi eliminer la voisine des diffusives... } } vect_prot_alpha.push_back(prot2); } else { vect_prot_diffusives.push_back(prot); vect_prot_alpha.push_back(prot); } } else { vect_prot_diffusives.push_back(prot); vect_prot_alpha.push_back(prot); } } } //fin test ads //////////////////////////////DIFFUSION//////////////////////////////////// int idiff; for(idiff=0;idiff<Ndiff;idiff++) //nb pas de MA { int ialpha; int Nalpha=vect_prot_diffusives.size(); for (ialpha=0;ialpha<Nalpha;ialpha++) // test diffusion pour chaque protéine alpha. { Protein prot_diff; prot_diff=diffusion(vect_prot_diffusives[ialpha], nb_alpha,alpha, L); int xprot_diff=prot_diff.retourne_xc(); int yprot_diff=prot_diff.retourne_yc(); //mettre a jour positions du reseau int id_alpha=vect_prot_diffusives[ialpha].retourne_identite(); //liberer positions précédentes int i; for (i=0;i<nb_alpha;i++) { int x; x=vect_prot_diffusives[ialpha].retourne_positions()[i].retourne_x(); int y; y=vect_prot_diffusives[ialpha].retourne_positions()[i].retourne_y(); reseau[x][y]=init; } // eliminer proteine si sortie du reseau int index; int m; for (m=0;m<vect_prot_alpha.size();m++) { int x=vect_prot_diffusives[ialpha].retourne_xc(); 230 Annexes int y=vect_prot_diffusives[ialpha].retourne_yc(); if ((vect_prot_alpha[m].retourne_xc()==x)&&(vect_prot_alpha[m].retourne_yc()== y)) index=m; } if ((xprot_diff>(L((nb_alpha))))||(xprot_diff<((nb_alpha)))||(yprot_diff<((nb_alpha)))||(ypro t_diff>(L-(nb_alpha)))) { vect_prot_alpha.erase(vect_prot_alpha.begin()+index); vect_prot_diffusives.erase(vect_prot_diffusives.begin()+ialpha); //elim prot nb_prot--; ialpha--; //decalage index Nalpha--; //mise a jour taille vecteur pour boucle diff } else { //ou occuper nouvelles positions for (i=0;i<nb_alpha;i++) { int x=prot_diff.retourne_positions()[i].retourne_x(); int y=prot_diff.retourne_positions()[i].retourne_y(); Position pos2 (true,id_alpha, false); reseau[x][y]=pos2; } //verif si agrégation apres diffusion if (agregation(prot_diff)==true) { double test_agreg=((double)rand()/(RAND_MAX+1)); if (test_agreg<proba_agreg) { //bool agreg=true; Protein prot2(xprot_diff,yprot_diff,alpha,true,id_alpha,prot_diff.retourne_position s()); vect_prot_agregees.push_back(prot2); int id_voisine=identite_voisine(prot2); int i; //bool ichange_index=false; /* :::::eliminer prot et sa voisine de diff et MàJ ds alpha :::::::::::::*/ for (i=0;i<vect_prot_alpha.size();i++) { int xpv=vect_prot_alpha[i].retourne_xc(); int ypv=vect_prot_alpha[i].retourne_yc(); double Rpv=vect_prot_alpha[i].retourne_rayon(); 231 Annexes vector<Site> positions_voisine=vect_prot_alpha[i].retourne_positions(); if ((vect_prot_alpha[i].retourne_identite()==id_voisine)&&(vect_prot_alpha[i]. retourne_statut_agreg()==false)) { Protein prot_voisine(xpv,ypv,Rpv,true,id_voisine,positions_voisine); vect_prot_alpha[i]=prot_voisine; vect_prot_agregees.push_back(prot_voisine); int m; for (m=0;m<vect_prot_diffusives.size();m++) { if ((vect_prot_diffusives[m].retourne_xc()==xpv)&&(vect_prot_diffusives[m].ret ourne_yc()==ypv)) { vect_prot_diffusives.erase(vect_prot_diffusives.begin()+m); Nalpha--; if (m<ialpha) { ialpha--; } } } } } /**************MàJ prot diff dans alpha et elim de diff*******************/ vect_prot_alpha[index]=prot2; vect_prot_diffusives.erase(vect_prot_diffusives.begin()+(ialpha-1)); vect_prot_diffusives.erase(vect_prot_diffusives.begin()+ialpha); ialpha--; Nalpha--; } else { vect_prot_diffusives[ialpha]=prot_diff; vect_prot_alpha[index]=prot_diff; } } else { vect_prot_diffusives[ialpha]=prot_diff; vect_prot_alpha[index]=prot_diff; } } } //fin diffusion sur ialpha } //fin temps de diffusion idiff ////////////////////////////DEPLIEMENT///////////////////////////////////// int ialpha; 232 Annexes int Nalpha=vect_prot_alpha.size(); for (ialpha=0;ialpha<Nalpha;ialpha++) // test etalement pour chaque protéine alpha. { int xalpha=vect_prot_alpha[ialpha].retourne_xc(); int yalpha=vect_prot_alpha[ialpha].retourne_yc(); int id_alpha=vect_prot_alpha[ialpha].retourne_identite(); Site centre_alpha(xalpha,yalpha); double test_etal=((double)rand()/(double)(RAND_MAX+1)); vector<Site> positions_alpha=vect_prot_alpha[ialpha].retourne_positions(); //////////////////////////DEPLIEMENT INDUIT//////////////////////////////// if (agregation(vect_prot_alpha[ialpha])==true) { proba_etal=proba_depli_induit_alpha; int xq; int yq; for (xq=xalpha-alpha-1;xq<=xalpha+alpha+1;xq++) { for (yq=yalpha-alpha;yq<=yalpha+alpha+1;yq++) { Site siteq(xq,yq); if (((centre_alpha,siteq).distance(centre_alpha,siteq)>alpha)&&((centre_alpha, siteq).distance(centre_alpha,siteq)<=(alpha+1))) { if ((reseau[xq][yq].retourne_occupation()==true)&&(reseau[xq][yq].retourne_dep liement()==true)) { proba_etal=proba_depli_induit_beta; break; } } } } if (test_etal<proba_etal) { Site site_agreg; site_agreg=site_contact(vect_prot_alpha[ialpha]); vector<int> v_directions; v_directions=directions_depli_induit(vect_prot_alpha[ialpha],site_agr eg, nb_alpha); if (v_directions.size()!=0) { //liberer positions reseau de alpha int k; for (k=0; k<nb_alpha;k++) { int xk; int yk; xk=vect_prot_alpha[ialpha].retourne_positions()[k].retourne_x(); yk=vect_prot_alpha[ialpha].retourne_positions()[k].retourne_y(); Position r(false, 0, false); reseau[xk][yk]=r; } 233 Annexes //deplier alpha nb_beta++; vector<Site> positions_prot; positions_prot=depli_induit(vect_prot_alpha[ialpha], site_agreg, nb_alpha,v_directions, id_alpha); Protein p(xalpha,yalpha,(positions_prot.size()1)/2,true,id_alpha,positions_prot); vect_prot_beta.push_back(p); //prot etalée dans vecteur beta vect_prot_agregees.push_back(p); int m; // prot agrégée elim de vecteur diffusives for (m=0;m<vect_prot_diffusives.size();m++) { if ((vect_prot_diffusives[m].retourne_xc()==xalpha)&&(vect_prot_diffusives[m]. retourne_yc()==yalpha)) vect_prot_diffusives.erase(vect_prot_diffusives.begin()+m); } vect_prot_alpha.erase(vect_prot_alpha.begin()+ialpha); //prot depliee elim de vecteur alpha ialpha--; Nalpha--; } //fin depliement si place } // fin depliement si proba ok // } // fin depliement si non agregee } // fin depliement induit par contact /////////////////////////DEPLIEMENT SPONTANE/////////////////////////////// else { proba_etal=proba_etal1; if (test_etal<proba_etal) { vector<int> v_directions; v_directions=directions_depliement(vect_prot_alpha[ialpha],nb_alpha); if (v_directions.size()!=0) { //liberer positions reseau de alpha int k; for (k=0; k<nb_alpha;k++) { int xk; int yk; xk=vect_prot_alpha[ialpha].retourne_positions()[k].retourne_x(); yk=vect_prot_alpha[ialpha].retourne_positions()[k].retourne_y(); Position r(false, 0, false); reseau[xk][yk]=r; } //deplier alpha nb_beta++; vector<Site> positions_prot; 234 Annexes positions_prot=depliement(vect_prot_alpha[ialpha], nb_alpha,v_directions, id_alpha); Protein p(xalpha,yalpha,(positions_prot.size()1)/2,false,id_alpha,positions_prot); int m; // prot depliee elim de vecteur diffusives for (m=0;m<vect_prot_diffusives.size();m++) { if ((vect_prot_diffusives[m].retourne_xc()==xalpha)&&(vect_prot_diffusives[m]. retourne_yc()==yalpha)) vect_prot_diffusives.erase(vect_prot_diffusives.begin()+m); } vect_prot_alpha.erase(vect_prot_alpha.begin()+ialpha); //prot depliee elim de vecteur alpha Nalpha--; ialpha--; if (agregation(p)==true) { double test_agreg=((double)rand()/(RAND_MAX+1)); if (test_agreg<proba_agreg_beta) { Protein p2(xalpha,yalpha,(positions_prot.size()1)/2,true, id_alpha,positions_prot); vect_prot_agregees.push_back(p2); vect_prot_beta.push_back(p2); int id_voisine=identite_voisine(p2); int i; for (i=0;i<vect_prot_alpha.size();i++) { if ((vect_prot_alpha[i].retourne_statut_agreg()==false)&&(vect_prot_alpha[i].r etourne_identite()==id_voisine)) { int x_voisine=vect_prot_alpha[i].retourne_xc(); int y_voisine=vect_prot_alpha[i].retourne_yc(); double R_voisine=vect_prot_alpha[i].retourne_rayon(); vector<Site> positions_voisine=vect_prot_alpha[i].retourne_positions(); Protein p_voisine(x_voisine,y_voisine,R_voisine,true,id_voisine,positions_voisine); vect_prot_alpha[i]=p_voisine; int j; for (j=0;j<vect_prot_diffusives.size();j++) { if (vect_prot_diffusives[j].retourne_identite()==id_voisine) { vect_prot_diffusives.erase(vect_prot_diffusives.begin()+j); } } } } } else 235 Annexes { vect_prot_beta.push_back(p); //prot etalée dans vecteur beta } }//fin test agreg si contact else { vect_prot_beta.push_back(p); //prot etalée dans vecteur beta } } } } } //fin depliement si place // fin depliement si proba ok // fin depliement spontané //fin boucle depliement for Nalpha ///////////////////ecriture positions/////////////////////// if ((itemps==(temps*L*L)-1)&&(irun==0)) { int x; int y; for (x=0;x<=L;x++) { for (y=0;y<=L;y++) { if (reseau[x][y].retourne_occupation()==true) { file2<<x<<"\t"<<y<<"\n"; } } } } //////////////////////ecriture densités///////////////////////////////// if (itemps%(L*L)==0) { vect_densite_diffusives.push_back((double)(vect_prot_diffusives.size())*nb_ alpha/(pow((double)(L-(nb_alpha-1)),2))); vect_densite_agregees.push_back((double)(vect_prot_agregees.size())*nb_alph a/(pow((double)(L-((nb_alpha-1))),2))); vect_densite_alpha.push_back((double)(vect_prot_alpha.size())*nb_alpha/(pow ((double)(L-(nb_alpha-1)),2))); vect_densite_beta.push_back((double)(vect_prot_beta.size())*nb_alpha/(pow(( double)(L-((nb_alpha-1))),2))); } } //fin boucle tant que nb_prot<max(sur itemps) /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// vect_densite_diffusives.push_back((double)(vect_prot_diffusives.size())*nb_ alpha/(pow((double)(L-(nb_alpha-1)),2))); vect_densite_agregees.push_back((double)(vect_prot_agregees.size())*nb_alph a/(pow((double)(L-((nb_alpha-1))),2))); vect_densite_alpha.push_back((double)(vect_prot_alpha.size())*nb_alpha/(pow ((double)(L-(nb_alpha-1)),2))); vect_densite_beta.push_back((double)(vect_prot_beta.size())*nb_alpha/(pow(( double)(L-((nb_alpha-1))),2))); //mettre vecteur contenant les densités de chaque itemps dans vecteur avant nouveau run 236 Annexes vect_densite_diff_run.push_back(vect_densite_diffusives); vect_densite_agreg_run.push_back(vect_densite_agregees); vect_densite_alpha_run.push_back(vect_densite_alpha); vect_densite_beta_run.push_back(vect_densite_beta); vect_tempsterm_run.push_back(itemps); } //fin boucle echantillonnage irun /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// //moyenner les densités de chaq run/tot runs à chq itemps int imoy; for (imoy=0;imoy<temps+1;imoy++) { int iech; double densite_moy_diff=0; double densite_moy_agreg=0; double densite_moy_alpha=0; double densite_moy_beta=0; for (iech=0;iech<Nrun;iech++) { densite_moy_alpha=densite_moy_alpha+vect_densite_alpha_run[iech][imoy ]; densite_moy_diff=densite_moy_diff+vect_densite_diff_run[iech][imoy]; densite_moy_agreg=densite_moy_agreg+vect_densite_agreg_run[iech][imoy ]; densite_moy_beta=densite_moy_beta+vect_densite_beta_run[iech][imoy]; } densite_moy_diff=densite_moy_diff/Nrun; densite_moy_agreg=densite_moy_agreg/Nrun; densite_moy_alpha=densite_moy_alpha/Nrun; densite_moy_beta=densite_moy_beta/Nrun; if (imoy<temps) {file1<<imoy+1<<"\t"<<densite_moy_diff<<"\t"<<densite_moy_agreg<<"\t" <<densite_moy_alpha<<"\t"<<densite_moy_beta<<"\n";} else {file1<<vect_tempsterm_run[iech]/(L*L)<<"\t"<<densite_moy_diff<<"\t"< <densite_moy_agreg<<"\t"<<densite_moy_alpha<<"\t"<<densite_moy_beta<<"\n";} } //fin calcul/ecriture densités moyennes return 0; } //fin main /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// /////////// //////////////// /////////// FONCTIONS //////////////// /////////// //////////////// /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// //////////////////////// FONCTIONS ///////////////////// /////////////////////// v_positions de protein///////////////////////////// vector<Site> calcul_positions(int x,int y, int taille) { vector<Site> v_positions; v_positions.erase(v_positions.begin(),v_positions.end());//vider v_positions; Site site(x,y); 237 Annexes int i; int j; for (i=x-taille;i<=x+taille;i++) { for (j=y-taille;j<=y+taille;j++) { Site pos(i,j); if ((site,pos).distance(site,pos)<=taille) v_positions.push_back(pos); } } return v_positions; } ///////////////////////////DIFFUSION/////////////////////////////////////// /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// Protein diffusion(Protein p, int nb_alpha, int alpha, int L) { vector<int> v_directions; v_directions.erase(v_directions.begin(),v_directions.end());//vider v_directions; int d1=0; int d2=1; int d3=2; int d4=3; vector<bool> dir; int k; for (k=0;k<4;k++) { dir.push_back(true);} int xc=p.retourne_xc(); int yc=p.retourne_yc(); int id=reseau[xc][yc].retourne_protein_id(); vector<vect_site> v_pos_diff; v_pos_diff.push_back(calcul_positions(xc+1,yc,alpha)); v_pos_diff.push_back(calcul_positions(xc,yc+1,alpha)); v_pos_diff.push_back(calcul_positions(xc-1,yc,alpha)); v_pos_diff.push_back(calcul_positions(xc,yc-1,alpha)); int int for { for d; x; (d=0;d<4;d++) (x=0;x<nb_alpha;x++) { int xx=v_pos_diff[d][x].retourne_x(); int yx=v_pos_diff[d][x].retourne_y(); if ((reseau[xx][yx].retourne_occupation()==true)&&(reseau[xx][yx].retourne_pro tein_id()!=id)) { dir[d]=false; // break; } } } if (dir[0]==true) {v_directions.push_back(d1);} 238 Annexes if (dir[1]==true) {v_directions.push_back(d2);} if (dir[2]==true) {v_directions.push_back(d3);} if (dir[3]==true) {v_directions.push_back(d4);} int t=v_directions.size(); if (t==0) { return p; } int n=(int)(t*(-(double)rand()/(double)(RAND_MAX+1))); int x2; int y2; if (v_directions[n]==0) {x2=xc+1; y2=yc;} if (v_directions[n]==1) {x2=xc; y2=yc+1;} if (v_directions[n]==2) {x2=xc-1; y2=yc;} if (v_directions[n]==3) {x2=xc; y2=yc-1;} vector<Site> v_positions; int j; for (j=0;j<nb_alpha;j++) { v_positions.push_back(v_pos_diff[v_directions[n]][j]); } bool A=p.retourne_statut_agreg(); Protein prot(x2,y2,alpha,A,p.retourne_identite(),v_positions); return prot; } /////////////////////////agregation//////////////////////////////////////// bool agregation(Protein p) { bool aggregation=false; int i; int j; int xc=p.retourne_xc(); int yc=p.retourne_yc(); int id_p=reseau[xc][yc].retourne_protein_id(); for (i=0;i<p.retourne_positions().size();i++) { vector<Site> premiers_voisins_p; premiers_voisins_p=p.retourne_positions()[i].premiers_voisins(); // sur ts les 1ers voisins des sites de la prot for(j=0;j<4;j++) { int x=premiers_voisins_p[j].retourne_x(); int y=premiers_voisins_p[j].retourne_y(); int id=reseau[x][y].retourne_protein_id(); if ((id!=0)&&(id!=id_p)) //pour les positions occupées par une prot differente { aggregation=true; //prot agrégée break; } } } // } return aggregation; } //////////////////identite voisine d'une proteine////////////////////////// 239 Annexes int identite_voisine(Protein p) { int identite_voisine; int identite=p.retourne_identite(); int i; for (i=0;i<p.retourne_positions().size();i++) { vector<Site> premiers_voisins_p; premiers_voisins_p=p.retourne_positions()[i].premiers_voisins(); int j; for (j=0; j<4; j++) { int x=premiers_voisins_p[j].retourne_x(); int y=premiers_voisins_p[j].retourne_y(); if ((reseau[x][y].retourne_protein_id()!=0)&&(reseau[x][y].retourne_protein_id ()!=identite)) { identite_voisine=reseau[x][y].retourne_protein_id(); break; } } } return identite_voisine; } /////////////////////DEPLIEMENT//////////////////////////////////////////// /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// //////////////////////////directions_depliement//////////////////////////// vector<int> directions_depliement(Protein p, int nb_alpha) { vector<int> v_directions; int d1=0; int d2=1; bool dir1=true; bool dir2=true; int xc=p.retourne_xc(); int yc=p.retourne_yc(); int id=reseau[xc][yc].retourne_protein_id(); int x; int y; for (x=xc-(nb_alpha-1)/2;x<=xc+(nb_alpha-1)/2; x++) { if ((reseau[x][yc].retourne_occupation()==true)&&(reseau[x][yc].retourne_prote in_id()!=id)) { dir1=false; break; } } for (y=yc-(nb_alpha-1)/2;y<=yc+(nb_alpha-1)/2;y++) { if ((reseau[xc][y].retourne_occupation()==true)&&(reseau[xc][y].retourne_prote in_id()!=id)) 240 Annexes { dir2=false; break; } } if (dir1==true) v_directions.push_back(d1); if (dir2==true) v_directions.push_back(d2); return v_directions; } //////////////////depliement unidirectionnel/////////////////////////////// vector<Site> depliement(Protein p, int nb_alpha, vector<int> v_dir, int identite) { vector<Site> v_positions; int int int int d1=0; d2=1; xc=p.retourne_xc(); int yc=p.retourne_yc(); x; int y; //int i; int j; int n=(int) (v_dir.size()*((double)rand()/(double)(RAND_MAX+1))); if (v_dir[n]==d1) for (x=xc-(nb_alpha-1)/2;x<=xc+(nb_alpha-1)/2; x++) { Site site(x,yc); v_positions.push_back(site); Position p(true, identite, true); reseau[x][yc]=p; } if (v_dir[n]==d2) { for (y=yc-(nb_alpha-1)/2;y<=yc+(nb_alpha-1)/2; y++) { Site site(xc,y); v_positions.push_back(site); Position p(true, identite, true); reseau[xc][y]=p; } } return v_positions; } /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// /////////////////////////DEPLIEMENT INDUIT///////////////////////////////// /////////////////////////////////////////////////////////////////////////// ///////////////////site en contact avec une autre protéine///////////////// Site site_contact(Protein p) { int xc=p.retourne_xc(); int yc=p.retourne_yc(); int id_p=reseau[xc][yc].retourne_protein_id(); 241 Annexes Site site_contact; Site site(xc,yc); int x2=0; int y2=0; Site site_contact2(x2,y2); int i; int j; for (i=0;i<p.retourne_positions().size();i++) { vector<Site> premiers_voisins_p; premiers_voisins_p=p.retourne_positions()[i].premiers_voisins(); for(j=0;j<4;j++) { int x=premiers_voisins_p[j].retourne_x(); int y=premiers_voisins_p[j].retourne_y(); int id=reseau[x][y].retourne_protein_id(); if ((id!=0)&&(id!=id_p)) //pour les positions occupées par une prot differente { int xp=p.retourne_positions()[i].retourne_x(); int yp=p.retourne_positions()[i].retourne_y(); Site site_prot(xp,yp); site_contact2=site_prot; break; } } } return site_contact2; } ////////// directions libres depliement induit///////////////////////////// vector<int> directions_depli_induit(Protein p, Site site_contact,int nb_alpha) { vector<int> v_directions; int d1=0; int d2=1; int d3=2; int d4=3; bool dir1=true; bool dir2=true; bool dir3=true; bool dir4=true; int xcontact=site_contact.retourne_x(); int ycontact=site_contact.retourne_y(); int xc=p.retourne_xc(); int yc=p.retourne_yc(); int id=reseau[xc][yc].retourne_protein_id(); int x; int y; for (x=xcontact;x<xcontact+nb_alpha; x++) { if ((reseau[x][ycontact].retourne_occupation()==true)&&(reseau[x][ycontact].re tourne_protein_id()!=id)) { dir1=false; break; } } 242 Annexes for (x=xcontact-nb_alpha+1;x<=xcontact; x++) { if ((reseau[x][ycontact].retourne_occupation()==true)&&(reseau[x][ycontact].re tourne_protein_id()!=id)) { dir2=false; break; } } for (y=ycontact;y<ycontact+nb_alpha;y++) { if ((reseau[xcontact][y].retourne_occupation()==true)&&(reseau[xcontact][y].re tourne_protein_id()!=id)) { dir3=false; break; } } for (y=ycontact-nb_alpha+1;y<=ycontact;y++) { if ((reseau[xcontact][y].retourne_occupation()==true)&&(reseau[xcontact][y].re tourne_protein_id()!=id)) { dir4=false; break; } } if if if if (dir1==true) (dir2==true) (dir3==true) (dir4==true) v_directions.push_back(d1); v_directions.push_back(d2); v_directions.push_back(d3); v_directions.push_back(d4); return v_directions; } /////////depliement induit///////////////////////////////////////////////// vector<Site> depli_induit(Protein p,Site site_contact,int nb_alpha,vector<int> v_dir, int identite) { vector<Site> v_positions; int int int int d1=0; d2=1; d3=2; d4=3; int xcontact=site_contact.retourne_x(); int ycontact=site_contact.retourne_y(); int x; int y; int n=(int) (v_dir.size()*((double)rand()/(double)(RAND_MAX+1))); if (v_dir[n]==d1) { for (x=xcontact;x<xcontact+nb_alpha; x++) 243 Annexes { Site site(x,ycontact); v_positions.push_back(site); Position p(true, identite, true); reseau[x][ycontact]=p; } } if (v_dir[n]==d2) { for (x=xcontact-nb_alpha+1;x<=xcontact; x++) { Site site(x,ycontact); v_positions.push_back(site); Position p(true, identite, true); reseau[x][ycontact]=p; } } if (v_dir[n]==d3) { for (y=ycontact;y<ycontact+nb_alpha; y++) { Site site(xcontact,y); v_positions.push_back(site); Position p(true, identite, true); reseau[xcontact][y]=p; } } if (v_dir[n]==d4) { for (y=ycontact-nb_alpha+1;y<=ycontact; y++) { Site site(xcontact,y); v_positions.push_back(site); Position p(true, identite, true); reseau[xcontact][y]=p; } } return v_positions; } 244 Annexes Classes (headers et fichiers sources) Site.h #ifndef Site_h #define Site_h #include<vector> using namespace std; class Site { private: int x, y; public: /** méthodes d'accès aux var de Site ******** */ int retourne_x() const int retourne_y() const {return x;} {return y;} /** struct. attributs de Site********* */ Site(int a, int b) {x = a; y = b;} //constructeur de site ~Site() {} // destructeur de site Site() {} //constructeur par défaut /** déclarations des méthodes de Site ********* */ Site operator= ( const Site ); //surcharge opérateur = double distance( const Site, const Site ); //distance cartésienne entre deux sites vector<Site> premiers_voisins(); // premiers voisins d'un site bool comparer_site(const Site, const Site); //comparaison 2 sites }; #endif Site.cpp #include<iostream> #include "Site.h" #include "math.h" #include <vector> using namespace std; /********* definition constructeur de copie de site**********************/ /*Site::Site(const Site &source) { x=source.x; y=source.y; }*/ /******** calcul distance entre deux points repere cartésien 2D **********/ double Site::distance(const Site s1, const Site s2) { double dist; dist = sqrt(pow((s1.x-s2.x),2)+pow((s1.y-s2.y),2)); return dist; } 245 Annexes /************surcharge opérateur = pour Site **************************/ Site Site::operator=(const Site s) { if (this==&s) //signif du &? return *this; //qd va-t-on se servir de ca ? x=s.x; y=s.y; return s; } /************comparaison 2 sites************************************/ bool Site::comparer_site(const Site s1,const Site s2) { bool meme_site=false; if ((s1.x==s2.x)&&(s1.y==s2.y)) meme_site=true; return meme_site; } /***********premiers voisins site en 2D********************************/ vector<Site> Site::premiers_voisins() { vector<Site> voisins; Site voisin1(x-1,y); voisins.push_back(voisin1); Site voisin2(x,y-1); voisins.push_back(voisin2); Site voisin3(x+1,y); voisins.push_back(voisin3); Site voisin4(x,y+1); voisins.push_back(voisin4); return voisins; } Position.h #ifndef Position_h #define Position_h #include<vector> using namespace std; class Position { private: bool occupation; int protein_id; bool depliement; public: /** méthodes d'accès aux var de Position ******** */ bool retourne_occupation() const 246 {return occupation;} Annexes int retourne_protein_id() const {return protein_id;} bool retourne_depliement() const {return depliement;} /** struct. attributs de Position ********* */ Position(bool a, int b, bool c) {occupation = a; protein_id = b; depliement=c;} //définit constructeur ~Position() {} // définit destructeur Position() {occupation=false; protein_id=0; depliement=false;} //constructeur par défaut }; #endif Centroid.h Centroid.cpp Protein.h #ifndef Protein_h #define Protein_h #include<vector> #include "Site.h" #include "Centroid.h" using namespace std; class Protein { private: int xc; int yc; double Rayon; bool agreg; int identite; vector<Site> v_positions; public: Protein(int a, int b,double R,bool ag, int id,vector<Site> v) { xc=a; yc=b; Rayon=R; agreg=ag; identite=id; v_positions=v;} //constructeur protein ~Protein() {} //destructeur Protein() {} //constructeur par défaut /***********methodes d'accès*********/ int retourne_xc() const { return xc; } int retourne_yc() const { return yc; } double retourne_rayon() const { return Rayon; } bool retourne_statut_agreg() const { return agreg;} int retourne_identite() const { return identite;} vector<Site> retourne_positions() const { return v_positions;} /***********fonctions de protein*******/ Centroid calcul_centroid(); bool comparer_protein(const Protein, const Protein); }; #endif 247 Annexes Protein.cpp #include "Protein.h" #include <vector> #include <iostream> #include "math.h" #include "Centroid.h" #include <algorithm> #include <functional> using namespace std; /*********calcul centroide d'une protéine*************/ Centroid Protein::calcul_centroid() { int i; int size = v_positions.size(); int *y=new int[size]; int *x=new int[size]; int int int int for (i=0;i<size;i++) { x[i]=v_positions[i].retourne_x(); y[i]=v_positions[i].retourne_y(); } xmin =*min_element(x,x+size); xmax =*max_element(x,x+size); ymin =*min_element(y,y+size); ymax =*max_element(y,y+size); Centroid C(((double)xmax+(double)xmin)/2,((double)ymax+(double)ymin)/2); delete[] y; delete[] x; return C; } /******************comparaison 2 proteines*******************************/ bool Protein::comparer_protein(const Protein P1, const Protein P2) { bool meme_protein=false; if ((P1.retourne_xc()==P2.retourne_xc())&&(P1.retourne_yc()==P2.retourne_yc()) ) meme_protein=true; return meme_protein; } 248 Résumé L'association étroite des protéines de la matrice extracellulaire (MEC) à la matrice minérale au sein du tissu osseux participe directement au contrôle de la morphologie et de la croissance du minéral au cours de l'ostéogenèse. Cette interaction fait l'objet de nombreuses études, visant tant à élucider les mécanismes fondamentaux de la minéralisation qu'à élaborer des matériaux bioactifs de substitution du tissu osseux. L'interaction protéine/surface est également l'un des premiers événements suivant l'implantation d'un matériau dans l'organisme et fait l'objet de nombreuses études en ingénierie biomédicale. Fondamentales ou appliquées, ces recherches nécessitent la compréhension et la prédiction des propriétés des revêtements protéiques en deux dimensions. C'est dans ce contexte que nous nous intéressons à la structuration de la fibronectine, protéine majeure de la MEC osseuse, sur une matrice minérale synthétique d'hydroxyapatite (HA). Cette étude est menée d'une part à l'aide de l'observation par immunofluorescence de fibronectine humaine adsorbée sur des céramiques denses d'HA, et d'autre part au travers du développement d'un modèle d'adsorption, étudié par simulations numériques. Nos observations de la fibronectine adsorbée sur l'HA mettent en évidence l'apparition d'états de structuration variés de la protéine, classés en quatre types morphologiques : revêtement homogène, agrégats, fibres isolées et connectées. Dans certains cas l'adsorption sur l'HA conduit à l'établissement d'un réseau fibrillaire dense proche du réseau de fibronectine matriciel synthétisé par des cellules en culture. La fréquence d'apparition de ces différents états dépend des conditions d'adsorption de la protéine et notamment du temps, de la concentration, de la force ionique, ou de la présence d'un surfactant en solution. La corrélation entre la structuration de la fibronectine et la conformation de la molécule est par ailleurs étudiée grâce à des sondes moléculaires spécifiques. Ces études permettent d'avancer un scénario plausible quant aux interactions impliquées dans la formation des différents types morphologiques. L'impact des propriétés de la molécule, et notamment de sa conformation, sur la morphologie des amas supramoléculaires formés est étudié par simulation d'un modèle stochastique décrivant l'adsorption séquentielle de protéines, leur diffusion aléatoire sur la surface, leur changement de conformation et leur agrégation. Notre modèle permet en particulier d'étudier l'effet des interactions entre protéines voisines dans l'induction ou l'inhibition du dépliement. Les configurations simulées, générées par des méthodes de type Monte Carlo, montrent notamment que le dépliement influe significativement sur la morphologie des amas, évaluée en terme de dimension fractale. Si certaines hypothèses doivent être confirmées, l'ensemble de nos résultats concourt à clarifier les mécanismes de fibrillation et d'agrégation de la fibronectine sur une surface. Le lien entre les propriétés morphologiques des structures agrégatives observées et leurs fonctions, en terme de colonisation du support par les cellules par exemple, reste à étudier et constitue l'une des perspectives de ce travail. Le développement de notre modèle, associé à l'extension de l'étude expérimentale à d'autres types de surface et/ou protéines, pourra contribuer à élucider les principes généraux gouvernant l'assemblage de protéines en deux dimensions. ___________________________________________________________________________ Mots Clefs : Adsorption, Auto-assemblage, Biomatériaux hybrides, Fibronectine, Hydroxyapatite, Modèle stochastique. Laboratoire ERMMECe, Université de Cergy-Pontoise 2 avenue Adolphe Chauvin, BP 222, 95302 Cergy-Pontoise CEDEX.