Les mutations PIK3CA sont associées à un plus faible taux de
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Les mutations PIK3CA sont associées à un plus faible taux de
VOLUME 6 . NUMÉRO 5 . NOV/DEC 2014 A R T I C L E Journal of Clinical Oncology O R I G I N A L Les mutations PIK3CA sont associées à un plus faible taux de réponse complète à la thérapie ciblant le récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain (HER2) dans le cancer du sein primitif surexprimant HER2 Sibylle Loibl, Gunter von Minckwitz, Andreas Schneeweiss, Stefan Paepke, Annika Lehmann, Mahdi Rezai, Dirk M. Zahm, Peter Sinn, Fariba Khandan, Holger Eidtmann, Karel Dohnal, Clemens Heinrichs, Jens Huober, Berit Pfitzner, Peter A. Fasching, Fabrice Andre, Judith L. Lindner, Christos Sotiriou, August Dykgers, Sanxing Guo, Stephan Gade, Valentina Nekljudova, Sherene Loi, Michael Untch et Carsten Denkert Publié en ligne avant impression sur www.jco.org le 8 septembre 2014. Financé par la subvention No. 278659 RESPONSIFY du septième programmecadre de recherche. Les termes en bleu sont définis dans le glossaire, qui figure à la fin de cet article et en ligne sur www.jco.org. Présenté en partie en tant que présentation orale au 36e colloque annuel sur le cancer du sein de San Antonio, San Antonio, TX, 10-14 décembre 2013. La déclaration de conflits d’intérêts potentiels des auteurs et les contributions des auteurs figurent à la fin de cet article. Auteur correspondant : Sibylle Loibl, MD, PhD, German Breast Group, c/o GBG Forschungs GmbH, Martin-Behaim-Str. 12; 63263 NeuIsenburg, Allemagne ; e-mail : [email protected]. © 2014 par l’American Society of Clinical Oncology 0732-183X/14/3229w-3212w/$20.00 DOI : 10.1200/JCO.2014.55.7876 Traduit de l’anglais par RWS Group Rédacteur-réviseur : Pr F. Penault-Llorca R É S U M É Objectif Les aberrations dans la voie de la phosphoinositide 3-kinase (PI3K)/AKT sont fréquentes dans le cancer du sein, les mutations de PIK3CA étant les plus fréquentes. Cette étude a évalué l’association entre le génotype de PIK3CA et le taux de réponse pathologique complète (pCR) dans le cancer du sein HER2positif traité par le traitement anti-HER2 en monothérapie ou en bithérapie associé à une chimiothérapie néoadjuvante. Patientes et méthodes La recherche de mutation de PIK3CA a été effectuée sur 504 échantillons tumoraux de patientes ayant participé aux études néoadjuvantes GeparQuattro, GeparQuinto, et GeparSixto. Toutes les patientes HER2-positives ont reçu le trastuzumab ou le lapatinib ou les deux associés en adjonction d’une chimiothérapie anthracycline-taxane. Les mutations de PIK3CA ont été recherchées sur des tissus prélevés par biopsie fixés au formol et inclus en paraffine avec un taux de cellules tumorales ≥ 20 %, par une technique Sanger classique de séquençage des exons 9 et 20. Résultats Globalement, 21,4 % des patientes étaient porteuses d’une mutation de PIK3CA. La détection d’une mutation de PIK3CA a été significativement associée à un taux de pCR plus faible (19,4 % avec une mutation de PIK3CA par rapport à 32,8 % avec le PIK3CA de type sauvage ; risque relatif [RR], 0,49 ; IC à 95 %, 0,29 à 0,83 ; p = 0,008). Parmi les 291 tumeurs à récepteurs hormonaux (HR)-positifs, le taux de pCR a été de 11,3 % avec une mutation PIK3CA par rapport à 27,5 % avec un PIK3CA de type sauvage (RR, 0,34 ; IC à 95 %, 0,15 à 0,78 ; p = 0,011). Chez les 213 patientes présentant une tumeur RH-négative, le taux de pCR a été de 30,4 % avec une mutation de PIK3CA et de 40,1 % sans (RR, 0,65 ; IC à 95 % 0,32 à 1,32 ; p = 0,233 ; test d’interaction p = 0,292). Les statuts des RH et PIK3CA ont fourni une information prédictive indépendante en analyse multivariée. Chez les patientes porteuses d’une mutation de PIK3CA, les taux de pCR ont été respectivement de 16 %, 24,3 %, et 17,4 % avec le lapatinib, le trastuzumab et leur association (p = 0,654) et dans le groupe du type sauvage, ils ont été respectivement de 18,2 %, 33 %, et 37,1 % (p = 0,017). Aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les patients présentant un PIK3CA muté et celui de type sauvage en termes de survie sans maladie et de survie globale. Conclusion Les carcinomes du sein HER2-positifs porteurs d’une mutation PIK3CA sont moins susceptibles d’obtenir une pCR après la chimiothérapie néoadjuvante à base d’anthracycline-taxane associée au traitement anti-HER2, même en cas d’administration de la bithérapie ciblant le HER2. J Clin Oncol 32:3212-3220. © 2014 par l’American Society of Clinical Oncology INTRODUCTION La voie de signalisation de la phospho-inositide 3-kinase (PI3K) est dérégulée dans de nombreux types de cancer1. L’activation de la voie PI3K/AKT/ www.jco.org 329_JCO-5-loibl.indd 329 mTOR a été impliquée dans l’oncogénèse et la progression tumorale, ainsi que dans la résistance aux traitements anticancéreux de référence2-4. Le gène PIK3CA qui régule la PI3K est l’un des gènes les plus fréquemment mutés dans le cancer humain 329 18/12/2014 10:30 Loibl et coll et il est le deuxième gène le plus fréquemment muté dans le cancer du sein5. Le gène qui code pour la sous-unité catalytique p110α des PI3K de classe I est situé sur le chromosome 3q26.3. Quatrevingt-dix pour cent des mutations de PIK3CA sont situées dans l’un de trois points chauds6. Deux de ces points chauds sont dans le domaine hélicoïdal de p 110α (exon 9) et le troisième dans le domaine de la kinase (exon 20)7. Ces points chauds de mutations induisent un gain de fonction dans p110α. Des mutations du gène PIK3CA sont présentes dans environ 20 % de tous les cancers du sein. Cependant, la fréquence des mutations de PIK3CA n’est pas distribuée de manière égale dans les différents sous-types biologiques5. La présence d’une mutation dans ce gène est plus fréquente dans les cancers du sein de type luminal (jusqu’à 40 %) que dans ceux de type basal (< 10 %)8. Une mutation de PIK3CA a été rapportée dans environ 20 à 25 % des tumeurs du HER2-positives3,9. Les tumeurs du sein HER2-positives porteuses d’une mutation de PIK3CA sont particulièrement dépendantes de la voie PI3K et il a été montré que l’activation de cette voie joue un rôle important dans le développement de la résistance au trastuzumab3,10,11. En dépit de résultats précliniques prometteurs, l’intérêt de cet évènement génétique pour la pratique clinique courante est encore peu connu et des résultats variables ont été obtenus par différents groupes2,12-14. Des recherches menées au sein de larges cohortes bien définies dans des essais cliniques prospectifs sont nécessaires pour constituer une base solide à la prise de décision clinique. Une réponse pathologique complète (pCR) suite à un traitement néoadjuvant est un critère synonyme d’une évolution excellente dans le cancer du sein HER2-positif15-17. Les candidats biomarqueurs peuvent être étudiés dans des échantillons tissulaires pré-thérapeutiques et les résultats peuvent être liés à la pCR après un traitement néoadjuvant, ce qui fournit un cadre optimal pour l’identification d’éventuels marqueurs des tumeurs résistantes au traitement. Un traitement néoadjuvant comportant une chimiothérapie à base de taxane avec ou sans anthracycline en adjonction d’un traitement anti-HER2 en bithérapie a entraîné une augmentation du taux de pCR par rapport à celui obtenu avec le trastuzumab en monothérapie18-21. Du fait de cette augmentation de la pCR et de l’effet à long terme prévisible, il est important d’identifier les patientes qui sont résistantes à ces traitements intenses. Cette étude évalue l’association entre le génotype de PIK3CA et le taux de réponse pathologique complète (pCR) dans le cancer du sein HER2-positif traité par le traitement anti-HER2 en monothérapie ou en bithérapie en adjonction de la chimiothérapie néoadjuvante. GeparSixto (N = 588) GeparQuinto HER2+ (n = 616 sur 620) GeparQuattro HER2+ (n = 445 sur 451) TNBC (n = 315) Biomatériel (n = 416) Biomatériel (n = 293) HER2+ par le laboratoire central (n = 91) Statut HER2+ absent (n = 21) HER2+ par le laboratoire central (n = 304) HER2+ par le laboratoire central (n = 273) Taux de cellules tumorales < 20 % (n = 19) Statut non déterminé Statut de PIK3CA (n = 240) Prospective HER2+ par le laboratoire central (n = 191) Taux de cellules tumorales < 20 % (n = 19) Elligible pour l'extraction de l'ADN (n = 285) Elligible pour l'extraction de l'ADN (n = 254) (n = 14) ADN insuffisant Statut non déterminé Statut de PIK3CA (n = 181) HER2+ par le laboratoire central (n = 102) Taux de cellules tumorales absent (n = 7) Taux de cellules tumorales < 20 % (n = 3) Elligible pour l'extraction de l'ADN (n = 181) (n = 76) (n = 28) ADN insuffisant Statut non déterminé (n = 82) (n = 16) Statut de PIK3CA (n = 83) Rétrospective HER2+ avec statut de PIK3CA (n = 504) Fig 1. Diagramme CONSORT. HER2, récepteur du facteur de croissance épidermique humain de type 2 ; TNBC, cancer du sein triple négatif (négatif pour le récepteur d’œstrogène, le récepteur de progestérone et HER2). 330 329_JCO-5-loibl.indd 330 Journal of Clinical Oncology 18/12/2014 10:30 Mutations PIK3CA d’un cancer du sein primitif HER2-positif PATIENTES ET MÉTHODES Critères d’évaluation Le principal objectif de cette étude a été l’évaluation de l’association entre la pCR et les mutations dans les exons 9 ou 20 de PIK3CA chez des patientes atteintes d’un cancer du sein primitif HER2-positif recevant un ou deux traitements ciblant le HER2. Les objectifs secondaires ont été la détermination de la différence entre les cancers du sein à récepteurs hormonaux (RH)-positifs et ceux RH-négatifs/HER2-positifs, la différence entre le traitement antiHER2 en monothérapie et celui en bithérapie et l’influence sur le pronostic de la mutation de PIK3CA en termes de survie. La pCR a été définie comme l’absence de tumeur infiltrante résiduelle dans le tissu et les ganglions lymphatiques (ypT0, ypN0). Patientes et traitement Les échantillons tumoraux pré-thérapeutiques des patientes traitées dans trois essais cliniques randomisés évaluant le traitement anti-HER2 en néoadjuvant dans le cancer du sein primitif de manière prospective ont été utilisés pour la recherche de mutation de PIK3CA. Dans l’étude GeparSixto (G6), la recherche de mutation de PIK3CA a été effectuée chez toutes les patientes de manière prospective au cours de la phase d’inclusion dans l’étude. Dans les études GeparQuinto (G5) et GeparQuattro (G4), la recherche de mutation de PIK3CA a été effectuée de manière rétrospective sur les biopsies archivées, fixées au formol et incluses en paraffine (FFPE) qui ont été collectées de manière prospective dans la biobanque tumorale du German Breast Group. Pour G6, le statut HER2 (immunohistochimie 3+ ou rapport HER2/CEP17 par hybridation in situ > 2,2) et le statut RH (< 1 %) ont été évalués dans le labora- Tableau 1. Caractéristiques au début de l'étude Tous les patientes (N 504) Caractéristiques Age, années 50 50 Stade tumoral cT1 cT2 cT3 cT4a-c cT4d Absent Statut ganlionnaire cN0 cN1 cN2 cN3 Absent Sous-type histologique Canalaire Lobulaire Autre Grade tumoral 1 2 3 Absent Statut RR Négatif Positif Traitement anti-HER2 Trastuzumab Lapatinib Trastuzumab plus lapatinib pCR ypT0, ypN0 ypT0is, ypN0 Mutation PIK3CA type sauvage Toute mutation Exon 9 Exon 20 GeparSixto (n 240) GeparQuinto (n 181) GeparQuattro (n 83) Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % 279 225 55.4 44.6 144 96 60.0 40.0 90 91 49.7 50.3 45 38 54.2 45.8 95 279 67 19 42 2 18.8 55.6 13.3 3.8 8.3 0.4 64 130 25 4 16 1 26.7 54.2 10.4 1.7 6.7 0.4 30 91 33 8 18 1 16.6 50.3 18.2 4.4 9.9 0.6 1 58 9 7 8 1.2 69.9 10.8 8.4 9.6 235 234 24 6 5 46.6 46.4 4.8 1.2 1.0 126 94 14 3 3 52.5 39.2 5.8 1.3 1.3 73 98 6 2 2 40.3 54.1 3.3 1.1 1.1 36 42 4 1 43.4 50.6 4.8 1.2 469 8 27 93.1 1.6 5.4 228 3 9 95 1.25 3.75 162 4 15 89.5 2.2 8.3 79 1 3 95.2 1.2 3.6 3 233 265 3 0.6 46.2 52.6 0.6 2 109 129 0.8 45.4 53.8 1 88 92 0.6 48.6 50.8 0 36 44 3 43.4 53.0 3.6 213 291 42.3 57.7 91 149 37.9 62.1 81 100 44.8 55.2 41 42 49.4 50.6 173 91 240 34.3 18.1 47.6 NA NA 240 49.7 50.3 83 NA NA 100.0 100.0 90 91 0 151 220 30.0 43.7 80 120 33.3 50.0 44 62 24.3 34.3 27 38 32.5 45.8 396 108 42 66 78.6 21.4 8.0 13.1 194 46 19 27 80.8 19.2 7.9 11.3 137 44 15 29 75.7 24.3 8.3 16.0 65 18 8 10 78.3 21.7 9.6 12.0 Abréviations: HER2, récepteur du facteur de croissance épidermique humain de type 2 ; RH, récepteurs hormonaux ; NP, non disponible ; pCR, réponse pathologique complète www.jco.org 329_JCO-5-loibl.indd 331 331 18/12/2014 10:30 Loibl et coll Recherche de mutation PIK3CA La recherche de mutation de PIK3CA a été effectuée sur le matériel tumoral issu des biopsies fixées au formol et incluses en paraffine, prélevées avant le traitement ayant un taux de cellules tumorales ≥ 20 %, par une technique Sanger classique de séquençage des mutations points chauds dans l’exon 9 codant pour le domaine hélical de PIK3CA (E542K, E545K, E547K, A533V, A533T) et dans l’exon 20 codant pour le domaine catalytique (H104R, H104L, G1007S)25. L’ADN a été extrait à partir des biopsies pré-traitement à l’aide du système Siemens Versant. Les oligonucléotides suivants ont été utilisés : exon 9 sens 5’-GGGAAAAATATGACAAA332 329_JCO-5-loibl.indd 332 GAAAGC-3’, anti-sens 5’-GAGATCAGCCAAATTCAGTT-3’, exon 20 partie 1 sens 5’-CATTTgCTCCAAACTgACCA-3’, anti-sens 5’-TgTgCATCATTCATTTgTTTCA-3’, exon 20 partie 2 sens 5’-TTgATgACATTgCATACATTCg-3’, et anti-sens 5’-ggTCTTTgCCTgCTgAgAgT-3’. La réaction par polymérase en chaîne (PCR) a été réalisée dans des conditions standard (94°C pendant 10 minutes, 94°C pendant 40 secondes, température d’hybridation spécifique à 56°C pour l’exon 9 ou à 55°C pour l’exon 20 pendant 1 minute, 72°C pendant 1 minute pour 42 cycles ; et 72°C pendant 10 minutes) en utilisant 250 ng d’ADN matrice dans un volume de PCR de 25 µl. Les produits de la PCR ont été purifiés à l’aide d’un kit Qiagen et la qualité de l’ADN a été évaluée par électrophorèse sur gel d’agarose et coloration au bromure d’éthidium. La réaction de séquençage des brins sens et anti-sens a été réalisée sur un 3100 Avant Genetic Analyzer (Applied Biosystems, Foster City, CA) en utilisant 5 pM de chaque amorce comme décrit précédemment et le Big Dye Terminator Cycle Sequencing Mix v1.1 (Applied Biosystems). L’alignement des séquences et la quantification des séquences mutées ont été effectués à l’aide des logiciels SeqScape 2.1.1 et SeqAnalysis 5.1.1 (Applied Biosystems). Analyse statistique Les associations entre le statut de mutation (type sauvage versus mutant), les caractéristiques clinicopathologiques et la pCR ont été évalués à l’aide des tests χ2 pour les variables catégoriques. Outre l’estimation de l’ampleur de l’effet, une analyse univariée a été réalisée à l’aide d’un modèle de régression logistique binaire. Le risque relatif (RR) et l’IC à 95 % avec les valeurs de p bilatérales sont indiqués. En outre, le modèle multivarié de Cox a été utilisé pour ajuster sur les caractéristiques connues au début de l’étude, telles que l’âge, le stade tumoral, le stade ganglionnaire, le type histologique, le statut du grade RH, le traitement et l’étude. Un test d’interaction de Breslow-Day a été réalisé pour certaines analyses de sous-groupes. Les analyses exploratoires de survie ont été réalisées à l’aide des diagrammes de Kaplan-Meier et des modèles à risques proportionnels de Cox pour tester la valeur pronostique du statut de mutation de PIK3CA (risque relatif et IC à 95 %) pour la survie sans maladie (SSM) et la survie globale (SG). La SSM a été définie comme le délai entre la date de la randomisation et la récidive (locale, distante ou cancer du sein infiltrant controlatéral) ou le décès quelle qu’en soit la cause. La SG a été définie comme le délai PIK3CA muté PIK3CA de type sauvage P = .007 P = .011 P = .493 P = .291 pCR (%) toire central avant la randomisation. Pour G4 et G5, le seuil pour le statut RH déterminé par le laboratoire local a été de 10 % ; le HER2 a été déterminé de manière rétrospective par le laboratoire central et uniquement les tumeurs déterminées HER2-positives par le laboratoire central ont été incluses dans la recherche de mutation. Dans l’étude G6 (NCT01426880), les femmes atteintes d’un cancer du sein antérieurement non traité, unilatéral ou bilatéral, HER2-positif confirmé par le laboratoire central ou infiltrant primitif triple négatif ont été incluses après avoir fourni un consentement éclairé écrit. Toutes les patientes devaient recevoir le paclitaxel 80 mg/m2 associé à la doxorubicine liposomale non pégylée 20 mg/m2, les deux étant administrés une fois par semaine pendant 18 semaines. Les patientes atteintes d’une maladie HER2-positive ont reçu simultanément le trastuzumab à 6 mg/kg de poids corporel après une dose de charge de 8 mg/kg toutes les 3 semaines et le lapatinib à 750 mg une fois par jour pour tous les cycles. Les patientes ont été randomisées entre le schéma simultané avec le carboplatine à la dose de l’aire sous la courbe à 2,0, qui a été réduite à l’aire sous la courbe à 1,5 après le recrutement de 330 patientes, une fois par semaine pendant 18 semaines ou sans traitement additionnel22. Cette étude se concentre exclusivement sur les patientes atteintes d’un cancer du sein HER2-positif. Dans l’étude G5 (NCT00567554), les femmes atteintes d’un cancer du sein primitif antérieurement non traité, déterminé HER2positif par le laboratoire local ont été randomisées entre le trastuzumab à 6 mg/m2 une fois toutes les 3 semaines ou le lapatinib à 1 000 mg une fois par jour pendant quatre cycles simultanément à l’administration d’épirubicine à 90 mg/m2 et de cyclophosphamide à 600 mg/m2 une fois toutes les 3 semaines suivie de quatre cycles de docétaxel à 100 mg/m2 une fois toutes les 3 semaines16. Dans l’étude G4 (NCT00288002), toutes les patientes HER2positives ont reçu le trastuzumab une fois toutes les 3 semaines. Après quatre cycles d’épirubicine et de cyclophosphamide, les patientes ont été randomisées entre quatre cycles de docétaxel 100 mg/m2 une fois toutes les 3 semaines ou quatre cycles de docétaxel 75 mg/m2 associé à la capécitabine à 1 600 mg/m2 les jours 1 à 14 toutes les 3 semaines ou quatre cycles de docétaxel 75 mg/ m2 suivis par quatre cycles de capécitabine à 1 600 mg/m2 les jours 1 à 14 toutes les 3 semaines23. Les critères d’inclusion ont été par ailleurs comparables dans les trois études. Les patientes devaient présenter des tumeurs de T2 à T4a-d ou T1 avec une maladie cliniquement N+ ou une maladie avec ganglions sentinelles positifs. Toutes les patientes ont fourni un consentement éclairé écrit pour la participation à l’étude et la collecte de biomatériel. Les autorités pertinentes et les comités d’éthique ont approuvé l’étude. Les recommandations pour la publication des études pronostiques des marqueurs tumoraux ont été suivies24. Toutes (N = 504) GeparSixto (n = 240) GeparQuinto (n = 183) GeparQuattro (n = 83) Fig 2. Taux de réponse pathologique complète (pCR) en fonction du statut de mutation PIK3CA globalement et dans les trois études séparément. Les valeurs de p indiquées sont calculées par un test χ2 bilatéral. Journal of Clinical Oncology 18/12/2014 10:30 Mutations PIK3CA d’un cancer du sein primitif HER2-positif Toutes GeparSixto PIK3CA muté PIK3CA de type sauvage Pinteraction = .086 P = .006 Pinteraction = .568 Pinteraction = .284 P = .327 pCR (%) pCR (%) PIK3CA muté PIK3CA de type sauvage P = .902 P = .72 pCR (%) P = .231 GeparQuattro PIK3CA muté PIK3CA de type sauvage P = .146 P = .954 pCR (%) Pinteraction = .232 P = .008 GeparQuinto PIK3CA muté PIK3CA de type sauvage Fig. 3. Taux de réponse pathologique complète (pCR) en fonction du statut de mutation PIK3CA et du statut des récepteurs hormonaux (HR). Les valeurs de p indiquées sont calculées par un test χ2 bilatéral. entre la date de randomisation et le décès quelle qu’en soit la cause. Toutes les valeurs de p sont bilatérales, une valeur de p ≤ 5 % a été considérée comme statistiquement significative. Aucun ajustement pour tests multiples n’a été réalisé. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide de SPSS version 21.0 (IBM, Ehningen, Allemagne). RÉSULTAT S Caractéristiques au début de l’étude Le génotypage de PIK3CA a pu être effectué chez 504 patientes ayant un statut HER2-positif confirmé par le laboratoire central et un taux de cellules tumorales ≥ 20 % : 240 patientes de l’étude G6, 181 de l’étude G5 et 83 de l’étude G4 (diagramme CONSORT ; Fig. 1). Les caractéristiques au début de l’étude étaient comparables dans les trois études (Tableau 1 et Annexe Tableau A1, en ligne uniquement). Parmi ces 504 patientes, 240 (47,6 %) ont reçu le traitement anti-HER2 en bithérapie par le lapatinib et le trastuzumab, 173 (34 %) ont reçu le trastuzumab et 91 (18 %) ont reçu le lapatinib. Le taux global de pCR (ypT0, ypN0) a été de 30,0 %. Le taux le plus élevé a été dans la cohorte G6 avec 33,3 % par rapport à 24,3 % dans la cohorte G5 (31,1 % avec le trastuzumab et 17,6 % avec le lapatinib) et 32,5% dans la cohorte G4. Fréquence de mutation et association avec les facteurs clinicopathologiques Une mutation dans l’exon 9 ou l’exon 20 de PIK3CA a été détectée dans 108 (21,4 %) des 504 tumeurs (Tableau 1). Les mutations dans l’exon 20 ont été plus fréquentes (66 [13,1 %] sur 108) que celles dans l’exon 9 (42 [8 %] sur 108) ; aucune des tumeurs n’a eu de mutation dans les deux exons. Aucune corrélation significative n’a été observée entre le statut de mutation de PIK3CA et les autres caractéristiques au début de l’étude, que ce soit globalement (Annexe Tableau A2, en ligne uniquement) ou séparément dans les études (données non montrées). Dans nos cohortes d’étude, les fréquences de mutation ont été semblables dans les tumeurs RH-positives et RH-négatives/HER2-positives (21,3 % des tumeurs RH-négatives et 21,6 % des tumeurs RH-positives ont présenté une mutation de PIK3CA ; p = 0,937 ; G6 : RH-positives, 21,5 % versus RH-négatives, 15,4 % ; p = 0,245 ; G5 : RH-positives, 21,0% versus Tableau 2. Analyse multivariée de la pCR pCR globale Variable PIK3CA Type sauvage Mutant Statut RH Négatif Positif Grade 1-2 3 Traitement anti-HER2 Trastuzumab Lapatinib Trastuzumab plus lapatinib RR IC à 95% 1.00 0.49 0.29 à 0.85 1.00 0.50 0.33 à 0.754 1.00 0.49 0.95 Gepar Sixto P RR .01 1.00 0.32 0.13 à 0.79 1.00 0.40 0.21 à 0.75 .001 NA 0.24 à 1.02 0.53 à 1.70 .055 .86 IC à 95% Gepar Quinto P RR .014 1.00 0.72 0.30 à 1.76 1.00 0.50 0.23 à 1.08 .004 1.00 0.48 NA IC à 95% Gepar Quattro P RR .473 1.00 1.38 0.33 à 5.72 1.00 0.68 0.22 à 2.11 1.00 4.35 1.31 à 14.49 .078 .053 IC à 95% P .655 .510 .017 NA 0.23 à 1.01 Abréviations : HER2, récepteur du facteur de croissance épidermique humain de type 2 ; RH, récepteurs hormonaux ; NP, non disponible ; RR, risque relatif ; pCR, réponse pathologique complète. * Ajusté sur l'âge, le stade T, le statut ganglionnaire, le sous-type histologique, le grade, l'étude et le traitement anti-HER2 (ajouté au tableau si significatif). www.jco.org 329_JCO-5-loibl.indd 333 333 18/12/2014 10:30 Loibl et coll RH-négatives, 28,4% ; p = 0,249 ; G4 : RH-positives, 21,4% versus RH-négatives, 22,0 % ; p = 0,932). RR, 1.065; IC à 95%, 0.54 à 2.086 ; P = .854 PIK3CA muté PIK3CA de type sauvage Trastuzumab Trastuzumab + lapatinib P = .645 P = .017 pCR (%) P = .016 Globalement (N = 504) PIK3CA muté (n = 108) PIK3CA de type sauvage (n = 396) Fig . 4. Réponse pathologique complète (pCR) en fonction de la mutation PIK3CA et du traitement ciblant le facteur de croissance épidermique humain de type 2. Analyse combinée des études GeparSixto, GeparQuinto et GeparQuattro. Les valeurs de p indiquées sont calculées par un test χ2 bilatéral. tion prédictive indépendante et statistiquement significative de l’obtention de la pCR. L’association entre le génotype de PIK3CA et le taux de pCR a également été évaluée en fonction du traitement anti-HER2 administré. Les patientes traitées par le trastuzumab étaient issues des études G5 et G4. Les patientes traitées par le trastuzumab (n = 190) ont obtenu une pCR chez 24,3 % (neuf sur 37) de celles porteuses d’une mutation PIK3CA et chez 33,8 % (46 sur 136 ; p = 0,271) de celles sans mutation, tandis qu’au sein de la cohorte lapatinib, le taux de pCR a été équivalent chez les patientes avec ou sans mutation de PIK3CA. Il apparaît que les effets du traitement anti-HER2 sont moins importants sur les tumeurs porteuses d’une mutation PIK3CA, alors qu’ils ont pu être observés dans les tumeurs de type sauvage (Fig. 4). Dans l’analyse multivariée portant sur les génotypes de PIK3CA ajustée sur les facteurs susmentionnés, l’effet du traitement ciblant le HER2 n’a pu être observé qu’au sein de la cohorte de type sauvage. Le statut RH a fourni une information prédictive indépendante dans les cohortes PIK3CA muté et de type sauvage (Annexe Tableau A3, en ligne uniquement). Association entre le génotype de PIK3CA et la survie à long terme Une durée médiane de suivi de 42,3 mois (valeurs extrêmes, 40,1 à 43,7 mois) a été disponible chez 264 patientes des études G4 et G5 ; le recrutement au sein de l’étude G6 a été clôturé en Survie Globale (proportion) Survie sans maladie (proportion) Association entre les mutations de PIK3CA et la pCR La présence d’une mutation de PIK3CA a globalement été significativement associée à un taux de pCR plus faible. Dans l’ensemble, 21 (19,4 %) des 108 patientes présentant une tumeur PIK3CA mutée ont obtenu une pCR par rapport à 130 (32,8 %) des 396 patientes au sein de la cohorte de type sauvage (RR, 0,49 ; IC à 95 %, 0,29 à 0,83 ; p = 0,008 ; Fig 2). Cette association a été statistiquement significative dans l’étude G6 (RR, 0,357 ; IC à 95 %, 0,158 à 0,807 ; p = 0,013) dans laquelle les patientes ont reçu le traitement anti-HER2 en bithérapie, mais seulement une tendance a pu être dégagée dans les deux essais avec le traitement anti-HER2 en monothérapie (G5 : RR, 0,75 ; IC à 95 %, 0,33 à 1,71 ; p = 0,494 et G4 : RR, 0,52 ; IC à 95 %, 0,154 à 1,77 ; p = 0,297 ; Fig 2). Les taux de pCR ont été plus élevés dans les tumeurs présentant un PIK3CA de type sauvage, en particulier au sein des cohortes RH-positives/HER2-positives (Fig 3). Parmi les 291 patientes de cette cohorte, sept (11,3 %) des 62 patientes présentant une mutation de PIK3CA ont obtenu une pCR par rapport à 63 (27,5 %) des 229 patientes présentant un PIK3CA de type sauvage (RR, 0,34 ; IC à 95 %, 0,15 à 0,78 ; p = 0,011). Chez les 213 patientes présentant des tumeurs RH-négatives, 30,4 % (14 sur 46) de celles présentant une mutation de PIK3CA et 40,1 % (67 sur 167) de celles sans ont obtenu une pCR, respectivement (RR, 0,65 ; IC à 95 %, 0,32 à 1,32 ; p = 0,233 ; p interaction = 0,292). Dans l’étude G6, les patientes présentant une tumeur RH-positive/HER2-positive porteuse d’une mutation ont obtenu un taux de pCR de 6,3 % par rapport à 29,9 % pour le type sauvage (RR, 0,156 ; IC à 95 %, 0,035 à 0,690 ; p = 0,014 ; p interaction = 0,086 ; Fig 3). Dans les études G5 et G4 portant sur un traitement anti-HER2 en monothérapie, il n’y a eu aucune association significative avec le statut PIK3CA que ce soit dans la cohorte RH-positive ou celle RH-négative (Fig 3). Dans le modèle multivarié, le génotype de PIK3CA et le statut RH, après ajustement sur l’âge, le stade tumoral, le statut ganglionnaire, le type histologique, le grade de la tumeur, l’étude et le traitement anti-HER2, ont fourni des informations prédictives indépendantes et statistiquement significatives pour la pCR globalement et dans l’étude G6 (Tableau 2). Dans l’étude G5, aucun facteur prédictif indépendant de la pCR n’a été mis en évidence. Dans l’étude G4, seul le grade de la tumeur a fourni une informa- Lapatinib RR, 0,586 ; IC à 95%, 0.25 à 1.373 ; P = .219 Temps (mois) PIK3CA muté PIK3CA de type sauvage Temps (mois) Fig. 5 : (A) Survie sans maladie et (B) survie globale en fonction du statut de mutation PIK3CA. RR, risque relatif. 334 329_JCO-5-loibl.indd 334 Journal of Clinical Oncology 18/12/2014 10:30 Mutations PIK3CA d’un cancer du sein primitif HER2-positif décembre 2012. Ni la SSM, ni la SG n’ont montré des différences statistiquement significatives entre les patientes avec ou sans mutation de PIK3CA (SSM : risque relatif, 1,07 ; IC à 95 %, 0,54 à 2,09 ; p = 0,854 ; SG : risque relatif, 0,59 ; IC à 95 %, 0,25 à 1,37 ; p = 0,219) avec une tendance à présenter une SG inférieure chez les patientes atteintes d’une tumeur porteuse d’un PIK3CA muté (Fig. 5). DISCUSSION Le principal objectif de l’étude a été d’évaluer l’association entre le statut de mutation de PIK3CA et la pCR dans le cancer du sein primitif HER2-positif traité par une monothérapie ou une bithérapie ciblant le HER2. Les données précliniques ont suggéré que la mutation de PIK3CA peut signifier la résistance au trastuzumab, et nous avons émis l’hypothèse qu’une bithérapie ciblant le HER2 pourrait constituer une meilleure option chez ces patientes. Cependant, notre étude indique que les mutations de PIK3CA ont été statistiquement significativement associées à des taux de pCR plus faibles chez les patientes atteintes de tumeurs HER2-positives recevant un traitement anti-HER2 dans tous les bras de traitement, y compris celui du traitement anti-HER2 en bithérapie3. En particulier, le taux le plus faible de pCR dans le bras de traitement anti-HER2 en bithérapie a été obtenu dans les tumeurs RH-positives/HER2-positives porteuses d’une mutation PIK3CA, avec un taux de pCR de seulement 11,3 % (RR, 0,34). Bien que le test d’interaction ait été négatif, le statut RH et le génotype de PIK3CA ont été statistiquement significatifs en analyse multivariée. Nos résultats sont étayés par les récentes données de l’étude Neo ALTTO (étude Neo ALTTO [Neoadjuvant Lapatinib and/or Trastuzumab Treatment Optimisation]), qui a également rapporté une association entre les mutations de PIK3CA et des taux réduits de pCR quel que soit le traitement et le statut RH26. L’étude TBCR 006 (étude multicentrique de phase II évaluant en situation néoadjuvante l’association lapatinib et trastuzumab avec une hormonothérapie et sans chimiothérapie chez les patientes atteintes d’un cancer du sein surexprimant HER2), qui a évalué l’association d’une hormonothérapie avec le traitement anti-HER2 en bithérapie par le trastuzumab et le lapatinib, a récemment rapporté que la pCR n’a pas été obtenue dans la cohorte PIK3CA muté RH-positive/ HER2-positive27,28. L’étude NeoSphere (efficacité et sécurité du pertuzumab et du trastuzumab en situation néoadjuvante chez des femmes atteintes d’un cancer du sein HER2-positif localement avancé, inflammatoire ou précoce [NeoSphere]) a montré une tendance similaire non statistiquement significative à l’égard des taux de pCR plus faibles et du statut PIK3CA muté29. Il est intéressant de noter que l’association entre la mutation de PIK3CA et le statut du récepteur des œstrogènes positif dans le cancer du sein HER2-négatif est à l’opposé de celle précédemment décrite30,31 (c’est-à-dire, le génotype PIK3CA muté a été associé à un pronostic favorable dans des études comprenant des données de SSM et de SG, bien que les mutations de PIK3CA aient été associées à une réponse clinique à l’hormonothérapie en situation néoadjuvante plus faible chez les patientes RH-positives/HER2-négatives). Cependant, la pCR demeure un critère d’évaluation de substitution par rapport à ceux, plus fiables que sont la SSM et la SG et nos données manquent de puissance pour examiner les effets en fonction du génotype de PIK3CA et du statut RH (et donc l’influence de l’hormonothérapie)17. Dans cette analyse, les mutations de PIK3CA n’ont pas été associées à une SSM réduite www.jco.org 329_JCO-5-loibl.indd 335 mais à une tendance vers une SG réduite. De plus vastes études sont nécessaires pour explorer cette association. L’essai adjuvant FinHer (fluorouracil, épirubicine et cyclophosphamide associés au docétaxel ou à la vinorelbine, avec ou sans trastuzumab, en traitement adjuvant du cancer du sein), qui a examiné le génotype de PIK3CA et le bénéfice du trastuzumab, n’a pas permis de montrer une association statistiquement significative avec le pronostic ou le bénéfice de l’adjonction du trastuzumab. Une amélioration en termes de survie a été observée au cours des trois premières années chez toutes les patientes présentant des mutations6. Dans cette étude, il apparaît que les patientes HER2-positives présentant des mutations de PIK3CA ont obtenu un bénéfice à long terme avec le trastuzumab en situation adjuvante, ce qui indique plutôt une sensibilité qu’une résistance au traitement anti-HER2 ; le nombre de patientes étaient cependant restreint. Les séries de données en situation métastatique sont restreintes et sans effets notables du traitement32,33. En fait, le faible taux de pCR dans la cohorte RH-positive/ HER2-positive PIK3CA muté pourrait refléter une chimiosensibilité plus faible ou une résistance au traitement anti-HER2. Le taux de pCR avec la chimiothérapie seule a été historiquement plus faible chez les patientes RH-positives/HER2-positives21. Dans notre série, les patientes présentant des mutations de PIK3CA ont obtenu des taux de pCR semblables dans tous les bras de traitement anti-HER2. Ce taux de pCR s’est révélé aussi bas que celui obtenu chez des patientes HER2-positives recevant une chimiothérapie sans trastuzumab dans des études antérieures34. Cependant, le trastuzumab étant désormais le traitement de référence, il n’est pas possible, sur la base de nos résultats, de formuler des commentaires à l’égard de l’impact du génotype de PIK3CA chez les patientes n’ayant pas reçu un traitement anti-HER2. À notre connaissance, il s’agit de la plus vaste étude évaluant l’association entre une mutation de PIK3CA et la pCR dans les cancers du sein primitifs HER2-positifs. Le taux de mutation est d’environ 20 % dans les trois études, ce qui confirme les résultats décrits dans la littérature. Même si la recherche de mutation n’a porté que sur l’exon 9 et l’exon 20, ceux-ci couvrent plus de 90 % des mutations du gène PIK3CA2. Dans l’étude G6, la détermination du statut PIK3CA a été réalisée de manière prospective par le laboratoire central, tandis que celui-ci a été déterminé de manière rétrospective dans les deux autres études. Les caractéristiques initiales, avant traitement et le taux de pCR de la cohorte génotypée n’ont pas été significativement différents ni de ceux de l’ensemble des populations HER2-positives de l’étude, nide la cohorte non génotypée21. Pour prendre en compte le fait que les données issues de trois études différentes ont été combinées, les modèles multivariés ont été ajustés sur chaque l’étude et les données sont présentées séparément par étude. Les critères d’inclusion des patientes HER2-positives ne différaient pas dans les trois études. Toutes les patientes ont reçu un protocole à base d’anthracycline-taxane, qui était le même dans les études G4 et G5. Les données de survie sont matures dans les études G4 et G5, avec une durée médiane de suivi de 4 ans35. En conclusion, notre étude rapporte que les patientes atteintes de tumeurs HER2-positives nouvellement diagnostiquées présentant une mutation de PIK3CA sont moins susceptibles d’obtenir une pCR après une chimiothérapie néoadjuvante à base d’anthracycline-taxane associée à un traitement anti-HER2. Cet effet persiste même en cas d’administration d’une bithérapie ciblant HER2 et les taux de pCR sont plus faibles dans les tumeurs HR335 18/12/2014 10:30 Loibl et coll positives/HER2-positives porteuses d’une mutation de PIK3CA. Les données relatives à la mutation de PIK3CA pourraient être combinées avec celles de marqueurs en aval comme le p4EBP1 à l’aide d’algorithmes prédictifs de classe pour améliorer la caractérisation des tumeurs et la sélection des tumeurs appropriées. Nos données suggèrent que l’évaluation de traitements alternatifs (tels que les inhibiteurs de la PI3K) dans les cancers du sein HER2-positifs PIK3CA mutés s’impose. Roche, Celgene; Jens Huober, GlaxoSmithKline; Peter A. Fasching, Novartis, Amgen. Témoignage d’expert : Aucun. Brevets : Christos Sotiriou, Method and kit for the detection of genes associated with PIK3CA mutation and involved in PI3K/AKT pathway activation in the ER-positive and HER2-positive subtypes with clinical implications, US8580496 B2. Autre rémunération : Aucun. CONTRIBUTION DES AUTEURS DÉCL ARATION DE CONFLIT S D’INTÉRÊT S POTENTIEL S Bien que tous les auteurs aient complété la déclaration de conflits d’intérêts, le ou les auteur(s) suivant(s) a (ont) indiqué un intérêt financier ou autre en relation avec le sujet traité dans cet article. Les relations marquées d’un « U » sont celles pour lesquelles aucune indemnisation n’a été reçue, celles marquées d’un « C » ont été indemnisées. Pour une description détaillée des catégories de conflits d’intérêts ou pour plus de détails sur la politique de l’ASCO en matière de conflits d’intérêts, veuillez consulter « Author Disclosure Declaration » et la rubrique « Disclosures of Potential Conflicts of Interest » dans « Information for Contributors ». Emploi ou poste de chef : Aucun. Consultant ou fonction consultative : Sibylle Loibl, Novartis (C); Gunter von Minckwitz, Roche (C) ; Andreas Schneeweiss, Roche (C), Celgene (C); Peter Sinn, Novartis (C) ; Jens Huober, Roche (C), GlaxoSmithKline (C) ; Peter A. Fasching, Novartis (C), Genomic Health (C). Détention d’actions : Aucun. Honoraires : Sibylle Loibl, Roche; Gunter von Minckwitz, Roche; Andreas Schneeweiss, Roche, Celgene, Eisai, AstraZeneca, GlaxoSmithKline, Novartis, Pfizer; Jens Huober, Roche, GlaxoSmithKline, TEVA Pharmaceuticals Industries; Peter A. Fasching, Novartis, Genomic Health, Roche, Amgen. Fondation de recherche : Gunter von Minckwitz, Roche; Andreas Schneeweiss, RÉFÉRENCES 1. Liu P, Cheng H, Roberts TM, et coll. Targeting the phosphoinositide 3-kinase pathway in cancer. Nat Rev Drug Discov 8:627-644, 2009 2. Saal LH, Johansson P, Holm K, et coll. Poor prognosis in carcinoma is associated with a gene expression signature of aberrant PTEN tumor suppressor pathway activity. Proc Natl Acad Sci U S A 104:7564-7569, 2007 3. Berns K, Horlings HM, Hennessy BT, et coll. A functional genetic approach identifies the PI3K pathway as a major determinant of trastuzumab resistance in breast cancer. Cancer Cell 12:395-402, 2007 4. Miller TW, Rexer BN, Garrett JT, et coll. Mutations in the phosphatidylinositol 3-kinase pathway: Role in tumor progression and therapeutic implications in breast cancer. Breast Cancer Res 13:224, 2011 5. Cancer Genome Atlas Network: Comprehensive molecular portraits of human breast tumours. Nature 490:61-70, 2012 6. Loi S, Michiels S, Lambrechts D, et coll. 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Zahm, Peter Sinn, Fariba Khandan, Karel Dohnal, Clemens Heinrichs, Berit Pfitzner, Peter A. Fasching, Judith L. Lindner, August Dykgers, Stephan Gade, Valentina Nekljudova, Michael Untch, Carsten Denkert Analyse et interprétation des données : Sibylle Loibl, Gunter von Minckwitz, Annika Lehmann, Jens Huober, Fabrice Andre, Christos Sotiriou, Sanxing Guo, Stephan Gade, Valentina Nekljudova, Sherene Loi, Michael Untch, Carsten Denkert Rédaction du manuscrit : tous les auteurs Approbation finale du manuscrit : tous les auteurs 8. Banerji S, Cibulskis K, Rangel-Escareno C, et coll. Sequence analysis of mutations and translocations across breast cancer subtypes. Nature 486: 405-409, 2012 9. Cizkova M, Susini A, Vacher S, et coll. PIK3CA mutation impact on survival in breast cancer patients and in ER_, PR and ERBB2-based subgroups. Breast Cancer Res 14:R28, 2012 10. Clark AS, West K, Streicher S, et coll. 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Neoadjuvant chemotherapy with trastuzumab followed by adjuvant trastuzumab versus neoadjuvant chemotherapy alone, in patients with HER2-positive locally advanced breast cancer (the NOAH trial): A randomised controlled superiority trial with a parallel HER2-negative cohort. Lancet 375:377-384, 2010 35. von Minckwitz G, Rezai M, Fasching PA, et coll. Survival after adding capecitabine and trastuzumab to neoadjuvant anthracycline-taxane-based chemotherapy for primary breast cancer (GBG 40–GeparQuattro). Ann Oncol 25:81-89, 2013 Affiliations Sibylle Loibl, Sana Klinikum, Offenbach; Sibylle Loibl, Gunter von Minckwitz, Sanxing Guo, Stephan Gade, and Valentina Nekljudov, German Breast Group, Neu-Isenburg; Gunter von Minckwitz, Universitäts-Frauenklinik; Fariba Khandan, Agaplesion Markus Krankenhaus; Clemens Heinrichs, OptiPath, Frankfurt; Andreas Schneeweiss and Peter Sinn, Nationales Centrum für Tumorerkrankungen, Heidelberg; Stephan Paepke, Klinikum Rechts der Isar der Technischen Universität, München; Annika Lehmann, Berit Pfitzner, Judith L. Lindner, and Carsten Denkert, Charité Universitätsmedizin; Michael Untch, Helios-Klinikum, Berlin; Mahdi Rezai, Luisenkrankenhaus; Karel Dohnal, Centre for Pathology and Cytology, Düsseldorf; Dirk M. Zahm, SRH Waldklinikum, Gera; Holger Eidtmann, Universitäts-Frauenklinik, Kiel; Jens Huober, Universitäts-Frauenklinik, Ulm; Peter A. Fasching, Universitäts-Frauenklinik, Erlangen; August Dykgers, St Josef Hospital, Dortmund, Germany; Fabrice Andre, Institute Gustave Roussy, Villeueve, France; Christos Sotiriou, Institut Jules Bordet, Brussels, Belgium; and Sherene Loi, Peter MacCallum Cancer Centre, Melbourne, Victoria, Australia. Remerciements Nous remercions tous les patients, cliniciens et pathologistes qui ont participé aux études cliniques et à la collecte du biomatériel. Nous remercions également Ines Koch, Britta Beyer, Sylwia Handzik, Petra Wachs, Juliane Büttner et Christiane Rothhaar pour leur excellente assistance technique. nnn GLOSSAIRE Algorithmes prédictifs de classe : Programmes informa- Traitement néoadjuvant : L’administration d’une tiques utilisés pour combiner les données connues des échantillons en vue de prédire leurs caractéristiques inconnues. chimiothérapie avant l’intervention chirurgicale. Une chimiothérapie d’induction a généralement pour but de réduire la taille de la tumeur avant la résection et d’augmenter le taux de résection complète (R0). Exon : Segment d’un gène constitué de la séquence des nucléotides codant pour les acides aminés de la protéine. Les gènes sont souvent constitués de nombreux exons séparés par des introns non codant. Mutation : Un changement au niveau d’une base de la séquence nucléotidique qui peut entraîner un changement dans la séquence des acides aminés. www.jco.org 329_JCO-5-loibl.indd 337 PIK3CA : La sous-unité catalytique de la phospho-inositide 3-kinase impliquée dans la formation du PIP3 qui induit l’activation de l’AKT et d’autres kinases oncogéniques. Les mutations du gène PIK3CA ont été détectées dans plusieurs cancers, y compris les cancers de l’ovaire, du sein, du colon et du poumon. Voir PI3K et AKT/PKB. 337 18/12/2014 10:30