la ré-si danse - PUM Presses Universitaires du Midi
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Il suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne à partir de 1973, où il dirige en 1975 un atelier de jazz. Il joue dans des ensembles de musique contemporaine tels l’Ensemble Intercontemporain, l’Ensemble 2E2M. En 1976 il crée Rhizome, influencé par Gilles Deleuze, un groupe de musique improvisée réunissant musiciens classiques et jazz. En 1978, avec François Jeanneau, Jacques Di Donato et Philippe Maté, il crée le Quatuor de saxophones qui va tourner dans toute l’Europe et aux U.S.A. (dont le musée Guggenheim de New York) et obtenir avec son album « Mad Sax II » le Grand Prix de l’Académie Charles Cros. En 1981, l’Ircam lui propose une soirée où ce quatuor joue Vinko Globokar, Paul Mefano et une pièce de sa composition : From a saxophonological point of view. Il compose de nombreuses musiques de scène dans les années 1990, devient directeur de la collection l’Art de l’improvisation aux éditions Salabert. En 1995, il est directeur musical de L’Opéra de quat’sous de Brecht/Weil monté par Charles Torjmann. Il écrit avec Christian Gauffre un livre sur Charlie Parker (1995). En 1997, il joue les musiques de Nietzsche à Radio France. Depuis le début du XXIe siècle, il est devenu rédacteur en chef des Cahiers du jazz, a enregistré plusieurs cartes blanches pour France Culture, et a participé mensuellement à l’émission Black and Blue animée par Alain Gerber (toujours sur France Culture). Born in 1931, Jean-Louis Chautemps is a tireless seeker after knowledge, possessed with boundless curiosity. A jazz musician since 1950, he was able to rub shoulders with jazz greats, playing with Django Reinhardt, Sidney Bechet, Chet Baker, Lester Young, Dizzy Gillespie, Don Byas, Martial Solal, Kenny Clarke… ... His love of philosophy, reading, culture and human thought led him to study classical saxophone from 1961 to 1967, and flute between 1968 and 1974. He worked at the Groupe de Recherches Musicales with Pierre Schaeffer and François Bayle. He took a dual degree in musicology and philosophy at the Sorbonne in 1973, where he led a jazz workshop in 1975. He played in contemporary music ensembles such as Ensemble Intercontemporain, Ensemble 2E2M. In 1976 he created Rhizome, influenced by Gilles Deleuze, an improvised music group bringing together classical and jazz musicians. In 1978, with François Jeanneau, Jacques Di Donato and Philippe Maté, he founded the Saxophone Quartet which toured Europe and the United States (including the Guggenheim Museum in New York), and for his album “Mad Sax II” received the Grand Prix of the Académie Charles Cros. In 1981, at a concert promoted by Ircam, the quartet played works by Vinko Globokar, Paul Mefano and a piece of his own composition: From a saxophonological point of view. He composed for the theatre in the 1990s, and became director of the collection The Art of Improvisation published by Salabert. In 1995 he directed the Brecht /Weil The Threepenny Opera, staged by Charles Torjmann. He wrote a book on Charlie Parker with Christian Gauffre (1995). In 1997, he played the music of Nietzsche on Radio France. Since the turn of the century, he has become editor of Cahiers du Jazz, recorded several programmes in the ‘carte blanche’ series on the french radio station France Culture, and participated in the monthly programme Black and Blue hosted by Alain Gerber (again on France Culture). La Ré-Si Danse pour cor seul de Jean-Louis Chautemps La Ré-Si danse for solo french horn by Jean-Louis Chautemps En 2011, le département de musique de l'université accueille en résidence le saxophoniste et compositeur Jean-Louis Chautemps. Pendant ce séjour, notre invité compose plusieurs morceaux que les étudiants créent en concert. L'une de ces pièces, La Ré-Si danse, jeu phonétique avec le titre qui en contient les clés d'élaboration, vient opportunément élargir le répertoire soliste des cornistes. Comme le précise l'auteur, c'est une pièce d'esprit proche de celles de l'Oumupo (Ouvroir de Musiques Potentielles), une déclinaison musicale de l'Oulipo, lequel rassemble de talentueux écrivains adeptes de l'écriture avec contrainte, genre que Georges Perec illustre magistralement avec La Disparition, véritable passepasse littéraire excluant totalement une lettre extrêmement courante, le e. Perec s'était également aventuré en des terres musicales, avec l'opéra l'Art Effaré (La Ré Fa Ré) et, selon J-L Chautemps, l'idée d'une musique née de contraintes trouve ses germes en cette œuvre restée inachevée. Construire, comme le titre le laisse supposer, une pièce avec deux notes seulement (version initiale), n'en ajouter qu'une autre (version définitive), et cependant faire en sorte que l'œuvre s'épanouisse en une danse d'une liberté rythmique toute de contraste avec l'engrenage rigoureux, voire inéluctable, de l'écriture, est une gageure que le compositeur relève brillamment. Les notes retenues se présentent toutefois avec leurs altérations – dièse et bémol. En conséquence, le réservoir des possibles comprend toutes les notes chromatiques descendantes depuis ré # jusque la !, échelle réduite, de l'intervalle d'une quinte, engendrant l'entièreté de l'œuvre. In 2011, the music department of the university welcomed saxophonist and composer Jean-Louis Chautemps as artist in residence. He composed several pieces for the occasion, which students performed in concert. One of these piece, for horn solo, is La Ré-Si danse, whose title plays upon Residence (his status) and on the notes la (A) ré (D) and si (B). As its author explained, it is a piece similar in spirit to those of the Oumupo (Workroom of Potential Music), musical variation of the Oulipo (Workroom of Potential Literature), a gathering of promising writers who were adepts of a writing constrained by rules, an approach brilliantly illustrated by the late Georges Perec in his novel La Disparition (published in English as A Void), a literary tour de force which entirely foreswore the most common letter of the alphabet , ‘e’. Perec had himself also ventured into music, with his opera l'Art Effaré (Frightened Art - La Ré Fa Ré – A D F D). For Chautemps, the notion of music written within certain predetermined constraints finds its seeds in this sadly incomplete work. Thus, Chautemps built his piece (in its final version, which he further developed after his stay in Toulouse) using only three notes, which nevertheless can occur under different guises. He thus permits himself to sharpen or flatten the natural notes, giving a total of eight notes, constituting the entire chromatic sequence between A! and D#. The work then develops all imaginable variations from this pool of somewhat limited possibilities and succeeds in finding a genuine balance between the rigorous framework of writing and the rhythmic and melodic freedom of dance. Une lecture superficielle de ce morceau permet de se rendre compte facilement de l'absence d'une note (deux, en réalité) puisque celle-ci transgresserait les règles que le compositeur s'est imposées. L'élimination de cette note – syllabe initiale de notre quartier universitaire, Le Mirail – est une garantie de parfaite cohérence : de cette manière, l'enchaînement des dessins mélodiques, que leur matrice commune génère et apparente de manière invisible, respecte nécessairement les contraintes compositionnelles. Lorsque l'interprète curieux examine, voire essaye d'analyser La Ré-Si Danse, quelques surprises l'attendent. En effet, rien ne laisse transparaître les savantes permutations de notes que le compositeur agence de sorte que les figures sonores se As the performer will appreciate, the author omits one note, E, (in fact, he also omits another, F) since it does not belong to the set initially chosen. Thus, the sequence of melodic motifs, generated from their common matrix, absolutely respects the constraint adopted as point of departure. Chautemps explains this in his witty comment: “It goes without saying that the E (mi) finds itself, from the outset, quarantined, excluded. The E (mi) constantly rails against this fate, and in so doing, derails the composition” [publisher’s note: the composer was teaching this to students of the University of Toulouse II – Le Mirail] Without attempting a detailed analysis of the piece, it must first be remarked that nothing would permit us renouvellent continuellement. Que les idées musicales semblent fluides, comme improvisées, bien éloignées d'une sécheresse toute mathématique de déductions logiques ! C'est l'artiste en personne que l'œuvre met en scène, espiègle jeune homme de quatre-vingt années, virtuose jongleur de notes assemblées d'une discipline stricte, clé de voûte d'une poésie musicale véritablement originale. to guess the ingenuity of permutations which allow for a constant re-invention of the musical material. The ideas seem so fluid, seeming almost improvised, so far removed from the mechanical rigidity that this constraint might have implied! As with the masters of serial music – a form of writing which he has also practiced – the composer manages not to sacrifice his creativity to the rigour of the process. Les changements de tempo déterminent une forme générale tripartite : une sorte de prélude, avec uniquement les notes naturelles la, ré et si, auquel succède une partie centrale rapide d'une certaine fébrilité, complexe et virtuose, animée de figures rythmiques et mélodiques variées. Enfin, le postlude très bref, sorte de prologue en écho, reprend les notes initiales, de nouveau dépourvues d'altérations. La Ré-Si danse is organised in three parts, identifiable by their changes in tempo. Following a kind of prelude (employing only the unmodified notes A, D and B), comes the central part, much faster, more complex and making virtuoso demands, where the variety of rhythmic and melodic figures have a febrile feel. The fragments are frequently built on repetitions related to the same elements, allowing for the conservation of the original three-note motto, while at the same time introducing necessary variations into the dynamics of the discourse. The very short postlude, like an echo of the prelude, returns to the three notes without alterations. Avec une rigueur d'architecte mêlée d'une certaine espièglerie, le compositeur se réjouit de conduire l'interprète vers des chemins que les cornistes fréquentent généralement peu, ceux des musiques improvisées, l'absence de barres de mesures en version originale – cette variante éditée en comporte toutefois – suggérant une certaine souplesse d'exécution rythmique, que l'instrumentiste averti appréciera de lui-même. Le saxophone, instrument de prédilection de J.-L. Chautemps, est également gratifié d'une version spécialement adaptée. Dédicataires de l'œuvre, Bernard Magné, Ludovic Florin et Jean-Michel Court, enseignants en Littérature française et Musicologie de Toulouse II – Le Mirail, remercient Jean-Louis Chautemps de ce témoignage d'amitié. Jean-Michel Court Maître de conférences Université Toulouse II – Le Mirail Despite the brevity of the piece, JL Chautemps manages to go beyond a mere exercise of style, to compose a piece of real character, showcasing every timbral nuance of the instrument. Combining the rigour of an architect with a certain playfulness, the composer leads the performer on roads less travelled by horn players, the roads of improvisation, the absence of bar lines (even if there exists one version which includes them) suggesting a certain flexibility in the rendering of rhythm, which is left to the player’s discretion. It is also possible to play La Ré-Si danse the soprano saxophone. The piece is dedicated to Ludovic Florin, Jean-Michel Court and Bernard Magne all of whom teach at the University of Toulouse II – Le Mirail.. Jean-Michel Court Associate Professor University of Toulouse II – Le Mirail (France) French Horn La RÉ-SI Danse q = 80 A ? 44 ‰ (Music by Jean-Louis Chautemps) ma a piacere œ œ œ. & ‰ j# œ ‰ œ œ œ œ œ 5 w 1 œ. œ 3 ‰ œj &# w 9 œ j ‰ j œ #œ œ œ q = 160 &‰ #œ œ 17 œ. j ‰ œ bœ #œ &‰ j‰ j˙ bœ œ 21 & ˙. 25 Œ ‰#œ . w ‰ j#œ . œ œ ‰ j ‰ j# œ œ ˙ œ œ œ œ œ ?‰ #œ J ˙ j j ‰ ‰ ‰ œ œ & j #œ œ #œ œ ˙ œ œ œ 13 B & ‰ ˙ ˙ ‰ j‰ j œ b œ œ œ# œ n œ . œ. Œ ‰ œJ œ #œ ˙ Nœ ˙ #œ . 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Ne pas l'oublier. Il reste surtout un impératif. Un impératif catégorique : il faut que cela danse. Ce qui n'implique pourtant, en aucun cas, un tempo continu. The bar lines are purely indicative and assist in the reading of the score (there is also a version without bar lines). Regarding the dynamic markings: they are not included on the score, but this doesn't mean that they don't exist. On the contrary, the composer chose to leave the decision to the musician, who, in turn, must accept this responsibility by inventing an entire range of dynamics. An indication is given at the beginning of the score: a piacere. Let's not forget it. This leaves us with only one imperative. A categorical imperative: it must be danceable. Which does not suggest, in any case, a steady tempo.