La maladie de Verneuil: Dossier thematique
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La maladie de Verneuil: Dossier thematique
D o s s i e r t h é m a t i q u e F O R M E R La maladie de Verneuil Coordinateur : D. Soudan, Paris ✔ Introduction - D. Soudan ● Épidémiologie - Étiopathogénie - Th. du Puy-Montbrun ● Diagnostic - Formes cliniques - D. Soudan ● Traitements - F. Pigot Introduction ● D. Soudan* a maladie de Verneuil (MV) réalise l’arL chétype d’une maladie dermatologique, d’expression proctologique et de traitement Cliché hôpital Bellan chirurgical. Il a été proposé de réserver la dénomination de MV aux localisations périnéo-fessière et inguino-génitale de l’hidradénite suppurative (HS), (photo 1) ce dernier terme, plus général, concernant également les lésions des autres territoires, en particulier axillaire (photo 2). Il s’agit d’une affection chronique, récidivante, inflammatoire et suppurative, survenant dans le territoire des glandes apocrines. Les glandes apocrines – de même que les glandes sébacées – sont annexées au follicule pileux. Elles ne sont pas ubiquitaires. Ces deux caractéristiques les différencient des glandes sudoripares eccrines, qui sont indépendantes du follicule et ubiquitaires. L’HS n’a pas livré tous ses secrets : le terme HS est impropre, car le primum movens de la maladie n’est pas une infection des glandes apocrines. D’ailleurs, aux yeux des dermatologues, l’HS a quitté le cadre des suppurations bactériennes (anthrax, furoncle...) pour entrer dans celui des pathologies d’occlusion folliculaire, au même titre que l’acné. Sa présentation clinique est stéréotypée, et le diagnostic n’a pas besoin des examens complémentaires. Il faut cependant connaître les pièges diagnostiques rencontrés avec les autres suppurations et en particulier les fistules anales, savoir que le risque de dégénérescence existe, penser à dépister une maladie de Crohn éventuellement associée. Le traitement reste dominé par la chirurgie, même dans les formes de début où l’on serait tenté d’être plus “médical” : cette attitude permet d’éviter des souffrances trop souvent cachées et des complications rares mais redoutables. ■ Photo 1. Cliché hôpital Bellan Photo 2. * Service de colo-proctologie et de gastroentérologie, hôpital Léopold-Bellan, Paris. 9 Le Courrier de colo-proctologie - Volume II - n° 1 - mars 2001 D o s s i e r t h é m a t i q u e La maladie de Verneuil Coordinateur : D. Soudan, Paris ● Introduction - D. Soudan ✔ Épidémiologie - Étiopathogénie - Th. du Puy-Montbrun ● Diagnostic - Formes cliniques - D. Soudan ● Traitements - F. Pigot Épidémiologie - Étiopathogénie ● Th. du Puy-Montbrun* Points forts Points Points forts forts QUELQUES MOTS D’HISTOIRE (1) En 1839, Velpeau (2) décrivit des lésions inflammatoires avec abcès superficiels touchant les régions axillaire, mammaire et ◆ Son étiologie fait intervenir à des degrés divers des facpérianale. C’est en 1854 teurs génétiques, hormonaux (androgènes) et environneque Verneuil (3) (photo) mentaux (tabac) dont les rôles respectifs sont encore en fit une affection des imprécis. glandes sudoripares. En 1922,Schiefferdecker classa ◆ Les études histologiques révèlent le rôle primordial de les glandes sudoripares en l’occlusion folliculaire. glandes eccrines et apocrines et fit de la maladie ◆ L’association très fréquente à un terrain acnéique doit de Verneuil (MV) une faire rechercher une origine commune à ces différents affection des glandes tableaux cliniques. apocrines, localisée dans les régions axillaire, aréoMots clés : Maladie de Verneuil - Hidradénite suppurative laire, inguinale, périnéale - Épidémiologie - Génétique - Hormones - Histologie. et ombilicale. En 1939, Brunsting (4) décrivit comme non exceptionnelle l’association chez une même personne d’une MV, d’une folliculite du cuir chevelu et du cou et d’une acné conglobata. C’est à partir de ces observations qu’il fut supposé que l’anomalie primaire à cet ensemble de troubles pouvait être une hyperkératinisa* Service de colo-proctologie tion du follicule à laquelle s’associerait un proet de gastroentérologie, hôpital Léopold-Bellan, cessus infectieux secondaire, ce que confirParis. Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001 10 Photo. Aristide Verneuil de Saint-Martin (Paris, 28/9/1823 - Paris, 11/6/1895). mèrent Yu et Cook (5). Ainsi a-t-on pu définir la triade folliculaire (MV, folliculite du cuir chevelu, acné) à laquelle s’ajoutera ultérieurement le sinus pilonidal pour former la tétrade acnéique. ÉPIDÉMIOLOGIE La MV reste une affection rare. Dans une série de 1 255 suppurations opérées, elle n’en représentait que 4,7 % (6). L’incidence réelle de la MV demeure inconnue. Certains ont estimé qu’un individu sur 300 pouvait en être atteint (7). Toutes les régions présentant des glandes apocrines peuvent être intéressées par la maladie avec toutefois une certaine prédilection D o s s i e r pour les régions axillaire et inguino-périnéale. Les hommes et les femmes peuvent présenter la maladie, et la plupart des séries soulignent une prépondérance féminine, avec un ratio pouvant atteindre 4 pour 1 (8). La localisation axillaire – encore que, sur ce point, l’accord ne soit pas fait (9) – serait plus fréquente chez la femme, alors que la localisation anopérinéale le serait chez l’homme (1). Le pic d’apparition correspond à l’élévation de la sécrétion androgénique. C’est dire que la MV s’observe après la puberté (deuxième, troisième ou quatrième décade de la vie), bien que d’exceptionnelles formes prépubertaires aient été décrites (10), faisant discuter un statut d’hyperandrogénie prépubertaire (1). L’avis n’est pas unanime quant à l’influence éventuelle de la race, la maladie paraissant plus fréquente chez les Noirs dans quelques séries (11). L’usage de cosmétique, la contraception orale, l’index de masse corporelle ne sont pas apparus comme des facteurs déterminants (9). Enfin, le tabac est considéré comme favorisant (12, 13). ÉTIOPATHOGÉNIE L’étiopathogénie de la maladie de Verneuil reste encore incertaine. Elle relève de multiples facteurs, d’influence et d’importance variables, que nous allons essayer de passer en revue. Les facteurs génétiques ont été avancés par Fitzsimmons et al. qui émirent l’hypothèse d’une transmission autosomique dominante (7). Khönig et al. ont supposé une hérédité de type polygénique (12). Récemment, von der Werth et al. ont confirmé la possibilité d’une hérédité autosomique dominante associée à une pénétrance variable et à une éventuelle influence hormonale sur l’expressivité du gène. Ils ont aussi soulevé la question de l’intervention possible de plusieurs gènes (14). Cela posé, il reste que la question essentielle autour de laquelle débats et controverses se sont organisés demeure, à savoir : la MV estelle une affection suppurative des glandes apocrines ? La mise en cause des glandes apocrines tenait initialement à la localisation des lésions qui ne s’observaient que dans le territoire de ces glandes. Toutefois, cela ne disait rien du primum movens de la maladie. Était-elle une affection primitive des glandes apocrines ? Si t h é m a t i q u e tel était le cas, il fallait s’en remettre à l’hypothèse d’une obstruction du canal glandulaire, car Morgan et Hughes avaient montré que les glandes apocrines des sujets atteints ne se différenciaient pas de celles des témoins dans leur forme et leur nombre (15). Une telle théorie s’appuyait sur les travaux de Shelley et Cahn (16), qui avaient provoqué une occlusion des canaux apocrines par l’application de produits dépilatoires au niveau des creux axillaires. Cependant, les lésions ne s’observaient que dans 26 % des cas et n’évoluaient pas vers la chronicité comme dans l’hidradénite suppurative (HS) : le tableau réalisé ne pouvait donc constituer un modèle expérimental de la maladie. D’ailleurs, la seule maladie connue où existe une oblitération isolée du canal apocrine – la maladie de Fox Fordyce – ne se présente pas comme une MV. En fait, et Yu et Cook furent parmi les premiers à l’avancer, l’obstruction existait bien, mais elle se trouvait en amont, au niveau du follicule pileux (5). Attanoos et al., par l’étude de biopsies cutanées de patients atteints de MV, le confirmèrent en montrant que l’occlusion des follicules par de la kératine était l’étape initiale de la maladie, suivie d’une inflammation folliculaire et d’une destruction secondaire des annexes (17). Ainsi la MV est-elle plutôt considérée comme secondaire à une anomalie de la tige folliculaire de follicules dans lesquels s’abouchent des glandes apocrines (1). Cette analyse se trouve confirmée par l’étude ultrasonographique des follicules pileux qui, dans la MV, présentent des anomalies caractéristiques de forme dans leur partie profonde (18). L’association possible avec une maladie de Dowling-Degos (19) a aussi été avancée pour démontrer la nature folliculaire de la MV. Cependant, on ne peut éliminer ici une association fortuite. Cette hypothèse admise, il reste à essayer de préciser le rôle éventuel des androgènes car, nous l’avons vu, la MV est, dans la quasitotalité des cas, une maladie de la postpuberté. Cette participation androgénique se retrouve chez les femmes atteintes qui décrivent une aggravation des lésions lors des règles et une amélioration pendant la grossesse, suivie d’une aggravation dans le post-partum (20). La maladie de Verneuil n’existe d’ailleurs pas chez les eunuques (21). De plus, les androgènes facilitent la production de kératine, et les études chez l’animal ont montré que 11 l’occlusion folliculaire pouvait être accrue par adjonction systémique d’androgènes (1). Toutefois, il est des auteurs qui discutent le rôle des androgènes dans la MV, arguant de l’absence d’hyperandrogénisme biologique. En fait, il est probable que chez les sujets porteurs de MV existe une sensibilité anormale de la glande apocrine aux androgènes (10). Cependant il n’a pas été montré, entre sujets atteints et contrôles, de différence d’activité enzymatique vis-à-vis des androgènes au niveau des glandes apocrines axillaires (22). On le voit, la relation androgène-maladie de Verneuil n’est pas encore éclaircie. Cette incertitude se retrouve dans les effets inconstants des traitements antiandrogéniques de la MV chez la femme. Qu’en est-il de l’infection ? On le sait, la MV est suppurative, mais l’infection n’est ici que secondaire. Comme dans l’acné, il s’agit d’une colonisation bactérienne de glandes et de leur contenu. Une preuve indirecte du caractère secondaire de l’infection est apportée par l’incapacité des antibiotiques à traiter la MV sur le fond. Dans une étude de 41 patients porteurs de MV, seules 50 % des cultures étaient positives avec l’identification de Staphylococcus aureus, S. epidermidis et S. hominis, Streptococcus milleri, Corynebacterium spp, Acinetobacter, Lactobacillus spp (23). Ce travail n’a pas confirmé l’hypothèse d’un éventuel rôle causal de S. milleri qui avait été avancée par Highet et al. en 1980 (24). Dans une autre étude (25), la même équipe ne retrouvait pas d’arguments pour confirmer le travail de Bendahan et al. (26), faisant de Chlamydozoon trachomatis un agent causal de MV périanale. De même, l’association entre MV et maladies vénériennes s’est avérée fortuite. TENTATIVE DE SYNTHÈSE Au terme de cette revue de la littérature, on peut retenir que la MV n’est pas une maladie primitivement infectieuse, qu’elle se développe dans le territoire des glandes apocrines, mais qu’il est probable qu’il n’existe pas à son origine une atteinte première de ces glandes. Le primum movens en serait l’obstruction folliculaire d’amont dans un contexte hormonal d’une éventuelle sensibilité à l’imprégnation androgénique. À cela il faut ajouter la vraisemblable transmission autosomique Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001 D o s s i e r dominante. Voilà pour ce qui est de la maladie en elle-même. Un autre aspect de la question concerne son environnement et ses associations à d’autres affections. La triade acnéique – plus sans doute que la tétrade – résume la question de l’environnement. Il s’agit bien d’association puisqu’en particulier tout différencie folliculite, acné et MV. À ce sujet, il est clairement établi que, dans la MV, il n’y a pas d’augmentation de la sécrétion sébacée, contrairement à ce qu’on observe dans l’acné (27). Il n’empêche que, d’une part, l’expérience courante – et l’expérience n’est pas sans signification – montre bien que la MV survient volontiers sur un “terrain” acnéique et que, d’autre part, l’on sait qu’acné et folliculite sont hormonodépendants. L’embryologie apporte une possibilité de théorie uniciste permettant de regrouper MV, acné et folliculite et d’en faire une seule affection d’expressions différentes. Dans cette hypothèse, l’anomalie initiale se situerait au niveau du bourgeon épithélial primaire (BEP) (tableau) à l’origine des poils, des glandes apocrines et des glandes sébacées. Finalement, la MV ne serait qu’une expression particulière et limitée d’une “anomalie” du BEP telle que l’a définie Pinkus, anomalie qui, dans sa forme “complète”, donnerait, en association à une MV, une acné et une folliculite. Resterait à expliquer ce qui modulerait l’expression de ■ chacun de ces trois éléments. t h é m a t i q u e Couche germinative embryonnaire Bourgeon épithélial primaire Cellules basales follicules glandes apocrines Épiderme Tableau. Embryologie des éléments cutanés. 4. Brunsting HA. Hidradenitis suppurativa ; abcess of apocrine sweat glands – a study of the clinical and pathologic features with a report of twenty-two cases and rewiew of the literature. Arch Dermatol Syphilol 1939 ; 39 : 108-20. 5. Yu CC, Cook MG. Hidradenitis suppurativa : a disease of follicular epithelium rather than apocrines glands. Br J Dermatol 1990 ; 122 : 763-9. 6. Puy-Montbrun T, Ganansia R, Denis J. Maladie de Verneuil. In : Masson (ed). Proctologie pratique. Denis J, Ganansia R, Puy-Montbrun T. Paris 1999 : 80-4. 7. Fitzsimmons JS, Guilbert PR, Fitzsimmons EM. Evidence of genetic factors in hidradenitis suppurativa. Br J Dermatol 1985 ; 113 : 168. 8. Galen WK, Cohen I, Roger M, Smith MHD. Bacterial infections. In : Schachner LA, Hansen RC Eds. Pediatric dermatology, 2nd ed. New York : Churchill Livingstone ; 1996 : 1206-7. 1. Brown TJ, Rosen T, Orengo IF. Hidranitis suppurativa. South Med J 1998 ; 91 : 1107-14. 2. Velpeau A. Dictionnaire de médecine, un répertoire général des sciences médicales. Bechet jeune 2nd Éd 1839-1845 ; 2 : 91, 3 : 304, 19 : 1. 3. Verneuil A. Études sur les tumeurs de la peau et quelques maladies des glandes sudoripares. Arch Gen Med 1854 ; 4 : 447-68, 693-704. Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001 16. Shelley WB, Cahn MM. The pathogenesis of hidradenitis supurativa in man. Arch dermatol Syphilol 1955 ; 72 : 562-5. 17. Attanoos RL, Appleton MAC, Douglas-Jones AG. The pathogenesis of hidradenitis suppurativa : a closer look at apocrine and apoeccrine glands. Br J Dermatol 1995 ; 133 : 254-8. 18. Jemec GBE, Gniadecka M. Ultrasound examination of hair follicles in hidradenitis suppurativa. Arch Dermatol 1997 ; 133 : 967-70. 19. Bedlow AJ, Mortimer PS. Dowling-Degos disease associated with hidradenitis suppurativa. Clin Exp Dermatol 1996 ; 21 : 305-6. 20. Jemec GB. The symptomatology of hidradenitis suppurativa in women. Br J Dermatol 1988 ; 119 : 345-50. 21. Mortimer PS, Dawber RP, Gales MA et al. Mediation of hidradenitis suppurativa by androgens. BMJ Clin Res Ed1986 ; 292 : 245-8. lence of hidradenitis suppurativa and its potential precursor lesions. J Am Acad Dermatol 1996 ; 35 : 191-4. 22. Barth JH, Kealey T. Androgen metabolism by iso- 10. Mengesha YE, Holcombe TC, Hansen RC. lated human axillary apocrin glands in hidradenitis suppurativa. Br J Dermatol 1991 ; 125 : 304-8. Prepubertal hidradenitis suppurativa : two cases reports and rewiew of the literature. Pediatric dermatology 1999 ; 16 : 292-6. B I B L I O G R A P H I Q U E S glandes eccrines Annexes 9. Jemec GBE, Heidenheim M, Nielsen NH. The preva- R É F É R E N C E S glandes sébacées 23. Jemec GBE, Faber M, Gutschik E, Wendelboe P. 11. Rubin RJ, Chinn BT. Perianal hidradenitis sup- The bacteriology of hidradenitis suppurativa. Dermatology 1996 ; 193 : 203-6. purativa. Surg Clin N Am 1994 ; 74 : 1317-25. 24. Highet AS, Warren RE, Staughton RCD, Roberts 12. König A, Lehmann C, Rompel R, Happle R. SOB. Streptococcus milleri causing treatable infection in perineal hidradenitis suppurativa. Br J Dermatol 1980 ; 103 : 375-82. Cigarette smoking as a triggering factor of hidradenitis suppurativa. Dermatology 1999 ; 198 : 261-4. 13. Wiltz O, Schoetz DJ, Murray JJ et al. Perianal hidradenitis suppurativa. The Lahey clinic experience. Dis Colon Rectum 1990 ; 33 : 731-4. 25. Jemec GBE, Heidenheim M, Nielsen NH. A case 14. Von der Werth JM, Williams HC, Raeburn AJ. The clinical genetics of hidradenitis suppurativa revisited. Br J Dermatol 2000 ; 142 : 947-3. 26. Bendahan J, Paran H, Kolman S et al. The pos- 15. Morgan WP, Hughes IE. The distribution, size and density of apocrines glands in hidradenitis suppurativa. Br J Surg 1979 ; 66 : 853-6. 27. Jemec GBE, Gniadecka M. Sebum secretion in 12 control study of hidradenitis suppurativa in an STD population. Acta Derm Venereol 1996 ; 76 : 482-3. sible role of chlamydia trachomatis in perineal suppurative hidradenitis. Eur J Surg 1992 ; 158 : 213-5. hidradenitis suppurativa. Dermatology 1997 ; 194 : 325-8. D o s s i e r t h é m a t i q u e La maladie de Verneuil Coordinateur : D. Soudan, Paris ● Introduction - D. Soudan ● Épidémiologie - Étiopathogénie - Th. du Puy-Montbrun ✔ Diagnostic - Formes cliniques - D. Soudan ● Traitements - F. Pigot Diagnostic - Formes cliniques ● D. Soudan* Cliché hôpital Bellan Points forts Points Points forts forts ◆ La clinique suffit au diagnostic de la maladie de Verneuil. ◆ La coexistence de lésions d’âges différents, leur caractère récidivant et la formation de cicatrices chéloïdes rétractiles sont les éléments majeurs du diagnostic. ◆ L’association à une maladie de Crohn et à un tableau de spondylarthropathie est possible. ◆ Les complications locales, générales et la cancérisation sont le fait de formes vues tard et négligées. Mots clés : Maladie de Verneuil - Hidradénite suppurative - Périnée - Clinique Maladie de Crohn - Cancer. e diagnostic de la maladie de Verneuil L (MV) est clinique. Il nécessite le constat de lésions typiques, dans des localisations typiques et une évolution récidivante (1). LÉSIONS La lésion initiale de la MV (photo 1) à sa phase de début est l’apparition insidieuse d’un nodule dermo-hypodermique de forme ronde ou oblongue, peu sensible, mesurant 5 à 15 mm, parfois inflammatoire. Il semble enchâssé dans le derme et reste mobile sur les plans profonds. Après un délai variable, au Photo 1. stade d’abcès, il laisse sourdre une faible quantité de pus ou de liquide séropurulent qui ne permet pas de le vider complètement, et son induration persiste (2), prenant une coloration violacée. Un traitement antibiotique est souvent prescrit en première intention : il est en règle inefficace. C’est à ce stade initial que le diagnostic peut ne pas être évident. Les critères cliniques suivants ont été retenus pour étayer le diagnostic (3), à partir d’une série de 70 MV à leur début : abcès récidivants depuis plus de 6 mois dans des zones de glandes apocrines, début après la puberté, non-réponse aux antibiotiques, tendance marquée à la récidive, existence de comédons doubles dans les territoires des glandes apocrines (régions inguino-périnéofessières, axillaires et périaréolaires), absence * Hôpital Léopold-Bellan, Paris. 13 Le Courrier de colo-proctologie - Volume II - n° 1 - mars 2001 D o s s i e r de germe pathogène en cas de culture, antécédents personnels ou familiaux d’acné ou de sinus pilonidal et recrudescence en période prémenstruelle. La récidive est la règle. Elle se fait par extension du processus inflammatoire et suppuratif à partir d’une lésion initiale ou par l’apparition d’une nouvelle lésion, le plus souvent dans le même territoire, aboutissant à un tableau où coexistent des éléments d’âges différents (2) (photo 2). Cliché hôpital Bellan Photo 2. Cette évolution se poursuit pendant plusieurs dizaines d’années. Tôt ou tard, des trajets fistuleux se forment qui restent dans le tissu souscutané. L’évolution cicatricielle de ces lésions, après évacuation spontanée ou incision, prend un aspect chéloïde, en pince de crabe quasi pathognomonique (photo 3). t h é m a t i q u e Histologie L’histologie, au stade de lésion précoce, constate une périfolliculite avec infiltrat de polynucléaires neutrophiles, de lymphocytes, d’histiocytes, aboutissant à l’abcédation et à la destruction première des structures pilosébacées et des autres annexes cutanées (4). Cette folliculite est la conséquence d’une occlusion folliculaire par de la kératine (5). Les fistules se présentent comme des cavités irrégulières, dermo-hypodermiques, entourées d’un tissu de granulation riche en plasmocytes, en macrophages et en granulomes à corps étrangers. Certaines cavités ont un revêtement kératinisé malpighien, dont il est difficile de dire s’il s’agit de restes annexiels, de l’épithélialisation secondaire d’un trajet fistuleux ou d’inclusions épithéliales dysembryoplasiques (6). L’histologie “classique”, où la glande apocrine est dilatée et prend un aspect pseudo-kystique, est de constatation rare et correspond à des lésions très précoces (2). À l’opposé, dans une série de 46 examens de MV, l’appareil des glandes apocrines était normal chez 40 % des patients (5). L’examen histologique n’est donc pas spécifique et doit être confronté au tableau clinique pour étayer le diagnostic. FORMES CLINIQUES Formes associées à d’autres maladies cutanées La MV peut être associée à d’autres maladies affectant primitivement le follicule pilaire. L’association la plus fréquente est celle d’une MV et d’une acné conglobata (AC) qui provoque une atteinte inflammatoire des glandes sébacées et siège au niveau du tronc, de la nuque et du visage (association présente dans 70 % des cas dans certaines séries). L’association d’une MV, d’une AC et de lésions du cuir chevelu réalise la triade acnéique, l’existence d’un sinus pilonidal réalise la tétrade acnéique (tableau I, page suivante). L’association à la maladie de Dowling Degos (7) ou à la pachyonychie congénitale (8) a été décrite mais reste exceptionnelle. Formes compliquées L’extension en superficie se faisant vers la région rétrosacrée, les creux inguinaux et le scrotum (photo 4) ou la région vulvaire, ce tableau s’accompagne toujours d’un retentissement significatif sur la qualité de vie. Cliché hôpital Bellan Photo 3. En l’absence de traitement curatif se constitue, au terme de poussées successives, un tableau de suppuration périnéale extensive à multiples galeries. L’extension en superficie se faisant vers la région rétro-sacrée, les creux inguinaux et le scrotum ou la région vulvaire : le diagnostic est alors évident dès l’inspection. EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Aucun examen complémentaire n’apporte d’argument spécifique au diagnostic de MV. Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001 DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL En règle générale, il n’offre pas de difficultés : • Dans la forme initiale se discutent essentiellement les suppurations d’origine cutanée : furoncle, anthrax, kyste sébacé. • Le vrai problème est de ne pas confondre une MV avec les deux autres suppurations les plus fréquentes : la fistule anale et le sinus pilonidal (qui peuvent parfois coexister avec la MV). C’est dire l’importance d’une exploration soigneuse au bleu de méthylène de tous les trajets au moment du traitement chirurgical. • La MV partage avec la maladie de Crohn (MC) son caractère pluriorificiel extensif et récidivant. Exceptionnellement, on discutera les autres causes plus rares de suppuration chronique : tuberculose, actinomycose, etc. 14 Cliché hôpital Bellan Bactériologie L’étude bactériologique dans la MV n’est pas d’un apport significatif et reste sans intérêt en pratique quotidienne. Photo 4. C’est dans ces formes évoluées que peuvent survenir de façon exceptionnelle des complications locales par extension en profondeur des processus fistulisants : fistules urétrales (9), atteintes osseuses ou rectales (9, 10). Les complications générales sévères sont la conséquence de formes majeures négligées : anémie, amylose, dénutrition (11). MV et cancer La survenue d’un carcinome épidermoïde dans l’évolution d’une MV est une complication redoutable (il est à noter que la MV ne dégénère pas sur le mode de l’adénocarcinome glandulaire apocrine). Depuis la première D o s s i e r t h é m a t i q u e Tableau I. Éléments de la tétrade acnéique (23). Acné vulgaris Acné conglobata Cellulite dissécante Hidradénite Site (glandes) Sébacées Sébacées Sexe M=F M Âge Adolescence Postadolescence Kystes sébacés + + Comédons simples + + doubles – + Abcès discret + + fistulisant – + Cicatrices en pont – + MV et arthropathie Il s’agit d’une association clinique rare dont la première description fut faite en 1982 (16). Les données de la littérature ne permettent pas de différencier les atteintes concernant les manifestations rhumatologiques de la MV avec ou sans AC. Quarante-deux cas sont analysés dans une récente revue de la littérature (17). Les anomalies radiologiques concer- – + – + ± + + + + + nent le rachis (22 sur 25) isolément (12 sur 25) ou associé (10 sur 15) à des manifestations périphériques. Les anomalies périphériques isolées sont rares (3 sur 25). L’atteinte rachidienne est une fois sur deux une sacro-iléite bilatérale. L’atteinte périphérique domine sur les métatarso-phalangiennes et les interphalangiennes proximales. Ce tableau rhumatologique associé à la MV ± AC est un rhumatisme inflammatoire et pose des problèmes diagnostiques essentiellement avec la polyarthrite rhumatoïde et les spondylarthrites séronégatives, en particulier la spondylarthrite ankylosante. La spondylarthrite associée à la MV ± AC est HLA-B27– et HLA-DR4+, ce qui la rapproche de la polyarthrite rhumatoïde ou du rhumatisme psoriasique et pourrait correspondre pour certains (18) à une forme particulière du syndrome SAPHO (synovite, acné, pustulose, hyperostose, ostéite). Ce syndrome, décrit en 1987 (19), inclut les manifestations articulaires associées à l’acné sévère, à la pustulose palmo-plantaire, au psoriasis pustuleux palmo-plantaire et à la maladie de Verneuil. Sur le plan thérapeutique, à côté des AINS, de la cortisone, du méthotrexate, de la D-pénicillamine classiquement utilisés, l’isotrétinoïne s’est montrée efficace dans la guérison des manifestations rhumatismales (dans un cas de tétrade acnéique) (18). MV et maladie de Crohn (MC) (photo 5) Cette association a été décrite pour la première fois en 1991 (20). Les manifestations cutanées des maladies inflammatoires de l’in- 15 Cliché hôpital Bellan description en 1958 (12), une quarantaine de cas ont été publiés. La fréquence du carcinome épidermoïde est estimée de 1,7 % (5) à 3,2 % dans une série rétrospective de 1959 (4 cas sur 125) (13). Cette complication survient en règle après une longue évolution de la maladie (moyenne 20 ans), mais deux cas sont survenus après trois et huit ans d’évolution (14). L’irritation chronique en est la cause. Elle survient à un âge moyen de 47 ans et 3 patients sur 4 sont des hommes. Le territoire de survenue est toujours le périnée même si d’autres territoires sont atteints par la MV. Le diagnostic n’est pas aisé et peut parfois nécessiter plusieurs biopsies (15). Le type épidermoïde de ce carcinome s’explique par la chronicité du processus inflammatoire. La chimiothérapie et la radiothérapie sont cependant soit inefficaces, soit irréalisables devant des lésions très étendues. Le traitement curatif reste donc chirurgical : excision large sans suture avec 30 % de survie à un an (14). Le traitement préventif est, de fait, réalisé par l’excision précoce et répétée des lésions de MV, suivie de l’analyse histologique orientée (15). Sébacées Apocrines M F>M Postadolescence Postadolescence – – testin sont connues, en particulier les manifestations périanales de la maladie de Crohn, qui peuvent d’ailleurs être inaugurales. Plus rare et de diagnostic difficile est l’atteinte métastatique caractérisée par une réaction cutanée granulomateuse à distance de l’anus. Ces deux manifestations peuvent poser de difficiles problèmes diagnostiques avec la MV. Une étude rétrospective (21) fait état de l’existence d’une MC chez 24 sur 61 des MV traitées durant une période de 8 ans (38 %) : 4 fois seulement, les signes de MV ont précédé le diagnostic de MC. Photo 5. Histologiquement, le diagnostic peut également être difficile à établir. Dans une étude prospective (5) concernant 101 cas de MV, et avec un recul de trois ans, des granulomes épithélioïdes ont été retrouvés dans 8 % (soit 10 cas) des pièces histologiques de MV (2 patients sur 8 avaient l’un une MC et l’autre une sarcoïdose). Deux patients sans granulome se sont révélés porteurs de MC ultérieurement. Vingt-cinq pour cent des MV présentaient des granulomes à corps étranger au contact des foyers inflammatoires. Ces similitudes cliniques et histologiques confrontées à la constatation de formes familiales de 3 MV dans 2 familles de MC font rechercher l’hypothèse d’une prédisposition génétique commune (22). Les données de la littérature ne font pas apparaître de différences dans l’évolution de la MV, qu’elle soit associée ou non à la MC. CONCLUSION Le diagnostic de la MV est clinique. Les examens complémentaires sont moins utiles pour faire le diagnostic que pour dépister une éventuelle dégénérescence, voire une MC associée. ■ Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001 D o s s i e r t h é m a t i q u e 8. Todd P Gariochi J, RademakerM et al. Pachyonychia congenita complicated by hidrosadenitis suppurativa : a family study. Br J Dermatol 1990 ; 123 : 663-6. R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Von der Werth JM, Williams HC, Raeburn AJ. The 9. Chaikin DC, Volz LR, Broderick G. An unusual pre- clinical genetics of hidradenitis suppurativa revisited. Br J Dermatol 2000 ; 142 : 947-3. sentation of hidradenitis suppurativa : case report and review of the litterature. Urology 1994 ; 44 : 606-8. 2. Arnous J, Denis J, Arnous N. Les localisations 10. Hurley HJ. Disease of the apocrine sweat glands. périanales de la maladie de Verneuil. Arch Fr Mal App Dig 1973 ; 62 : 591-96. Dermatology. Moshella SL, Hureley HJ. 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Proctologie : Nouveau Une nouvelle “Mégabanque”, ouvrage de bibliographie dont le contenu est issu de la littérature internationale, c’est-à-dire de l’ensemble des articles scientifiques médicaux publiés dans diverses revues de médecine d’audiences nationale et internationale, est mise au point par un groupe d’experts en proctologie (M.A. Bigard, J. Denis, R. Ganansia, F. Pigot, Th. Puy-Montbrun, L. Siproudhis, P. Suduca) et éditée par les Laboratoires Martin–Johnson & Johnson–MSD. Le thème de cet ouvrage est “Maladie hémorroïdaire”. Comme l’indique ce groupe d’experts dans l’éditorial : des milliers d’articles, de livres ont été écrits sur le sujet et pourtant la physiopathologie est mal connue, l’épidémiologie incertaine puisqu’on est incapable de préciser la prévalence et moins encore l’incidence, par manque d’étude méthodologiquement satisfaisante. Le traitement semble bien codifié sur le plan des techniques instrumentales ou chirurgicales. Des études méthodologiquement correctes font défaut dans le traitement médical, bien que 75% des patients soient traités et soulagés per os ou par topiques qui ne sont validés que par le temps et l’expérience quotidienne des prescripteurs et des utilisateurs. De l’abondante littérature consacrée à cette maladie hémorroïdaire il n’a été possible de retenir selon la méthodologie adoptée, que 42 articles, ce qui laisse de superbes perspectives de recherche ! Cette “Mégabanque” va permettre aux praticiens de disposer, en un seul ouvrage, d’un point actuel sur la maladie hémorroïdaire, fondé sur les meilleurs travaux internationaux et cautionné, rédigé et présenté par des experts. Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001 16 D o s s i e r t h é m a t i q u e La maladie de Verneuil Coordinateur : D. Soudan, Paris ● Introduction - D. Soudan ● Épidémiologie - Étiopathogénie - Th. du Puy-Montbrun ● Diagnostic - Formes cliniques - D. Soudan ✔ Traitements - F. Pigot Traitement de la maladie de Verneuil ● F. Pigot* Points forts Points Points forts forts ◆ Les antibiotiques, l’hormonothérapie, l’acide rétinoïque, l’hormonothérapie et les immunosuppresseurs n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. ◆ Le traitement le plus efficace reste l’exérèse chirurgicale des lésions suppuratives de la maladie de Verneuil. Mots clés : Maladie de Verneuil - Hidradénite suppurative - Périnée - Chirurgie. évolution chronique émaillée de pousL ’ sées inflammatoires, la tendance extensive des lésions, l’inconfort secondaire à la douleur, au suintement, à l’odeur et le préjudice esthétique expliquent la demande des malades pour un traitement efficace. Malheureusement, les solutions médicales conservatrices sont peu ou pas efficaces, et un traitement chirurgical sera souvent proposé. Celui-ci doit assurer une guérison de la maladie sans provoquer une immobilisation trop importante ni des séquelles locales. Comme nous le verrons, seule l’exérèse large met à l’abri de la récidive, mais au prix d’une cicatrisation longue car, au moins pour la région périanale, l’utilisation des greffes est peu répandue. TRAITEMENT MÉDICAL * Service de colo-proctologie, hôpital Bagatelle, Talence. Sevrage du tabac Un tabagisme important est souvent associé à la maladie de Verneuil (MV) (1). De cette 17 simple constatation épidémiologique, il est impossible de déduire le rôle réel du tabac : facteur étiologique ou phénomène compensatoire (psychique, leurre odoriférant...). L’influence du sevrage sur l’évolution de la maladie n’a jamais été étudiée mais, au moins pour des raisons de santé générale, on le recommandera. Antibiotiques Ils n’ont pas réussi à faire la preuve de leur efficacité sur cette maladie. Les arguments pour leur utilisation dans la MV étaient la lutte contre une éventuelle surinfection des lésions favorisant la formation des abcès et leur diffusion, l’éradication d’un éventuel germe spécifique de cette maladie et l’activité antiinflammatoire de certains antibiotiques. En fait, la surinfection des lésions est peu fréquente (moins de la moitié des cas), et aucun germe spécifique n’a été rendu responsable de cette maladie (2). Un seul essai clinique a montré l’efficacité de la clindamycine en application locale comparée à un placebo (3). Dans un second travail randomisé, la clindamycine n’a pas été supérieure aux tétracyclines per os prescrites durant 3 mois. Le degré de significativité de l’amélioration rapportée dans ce travail n’est pas précisé (4). Il faut noter que Le Courrier de colo-proctologie - Volume II - n° 1 - mars 2001 D o s s i e r pour les équipes ayant la plus grande expérience de cette maladie, aucun effet des antibiotiques sur l’évolution à long terme n’est à attendre (5). Traitement hormonal Le succès modeste de ce type de traitement, les contraintes qu’il entraîne, sa non-application à l’homme et surtout l’absence de série bien documentée ne permettent pas de le recommander. Le principe reposait sur la constatation d’une hyperandrogénie générale ou locale au cours de la MV. Il existe des petites séries ouvertes optimistes, comme celle relatant la guérison de 4 femmes sous antiandrogènes à forte dose associés à un estrogène (8). Malheureusement, les séries plus importantes ont de moins bons résultats avec une amélioration plus qu’une guérison, souvent limitée aux formes peu sévères. Dans une étude contrôlée, le traitement antiandrogène a ainsi été aussi efficace qu’un traitement estroprogestatif séquentiel, avec 7 femmes guéries sur 24 en 18 mois de traitement (9). Le Courrier de colo-proctologie (II) - n° 1 - mars 2001 Le risque de récidive est plus important après un geste limité qu’après excision large : 6 récidives sur 6 drainages, 6 sur 14 exérèses limitées et 3 sur 11 excisions larges (17). Le même résultat est constaté dans la série de la clinique Lahey (5). Il faut noter que le risque de récidive est bas pour les localisations périanales, alors qu’il est élevé pour les localisations inguino-génitales ou mammaires (17, 18) (photo 2). L’échec des traitements médicaux et les bons résultats de la chirurgie d’exérèse font qu’elle est largement employée. Le problème est de proposer un geste garantissant un taux de récidive bas avec une durée de cicatrisation raisonnable, un résultat fonctionnel et esthétique acceptable. Marsupialisation Pour raccourcir la durée de cicatrisation, certains ont proposé une simple marsupialisation des trajets, éventuellement pratiquée en plusieurs temps. Quatre cas traités de cette façon pour une localisation périanale sont rapportés (12). Excision L’excision incomplète et, pire encore, le simple drainage des lésions abcédées n’apportent qu’un répit très fugace au malade. Il faut donc privilégier l’exérèse de tous les tissus pathologiques. Le risque de récidive des lésions périanales ainsi traitées est très bas. Le prix à payer est une cicatrisation longue ou la confection d’une greffe, pas toujours facile dans cette région anatomique. Certains limitent au plus près le geste de destruction en employant le laser CO2 en une ou plusieurs sessions avec moins de 4 % de récidive à plus de 2 ans dans deux petites séries de 4 et 24 malades (13, 14). Pour d’autres, une exérèse large, avec une marge de sécurité de 1 cm après repérage des trajets par injection de colorant, donne un taux de récidive inférieur à 4 % à 3 et 5 ans dans deux grandes séries de 106 et 104 malades (15, 16) (photo 1). Photo 2. L’importance de la surface cruentée explique la lenteur de cicatrisation : entre 7 et 17 semaines (16, 18), mais avec des maximums à 30 semaines (18), voire 12 mois (5). Malgré ce handicap, la cicatrisation de seconde intention est l’option préférée de la plupart des auteurs concernant les localisations périanales (5, 16, 18). Seules quelques équipes proposent une couverture de la plaie par un lambeau (15) sans augmenter le risque de récidive. C’est dire l’importance des soins postopératoires et l’intérêt de certains pansements favorisant la granulation des plans dénudés (19). La colostomie de protection n’est quasiment jamais employée. Il ne faut pas oublier l’examen histologique des lésions enlevées afin de ne pas méconnaître une dégénérescence maligne (20). CONCLUSION Cliché hôpital Bellan Immunosuppresseurs Nous ne disposons pas de données suffisantes pour leur attribuer une efficacité dans cette pathologie. La ciclosporine a amélioré un malade dans un cas clinique (10) ainsi que quelques cas rapportés issus d’une série de pathologies cutanées diverses (11). TRAITEMENT CHIRURGICAL Cliché hôpital Bellan Acide rétinoïque L’utilisation des dérivés de la vitamine A est limitée par leur efficacité très modeste ainsi que par une morbidité et un risque tératogène élevés. Les arguments pour leur utilisation reposaient sur le parallèle avec l’acné. Or, la physiopathologie de ces deux maladies est différente avec notamment l’absence de rôle reconnu pour l’hyperséborrhée dans la MV (6). Une étude rétrospective de 68 malades traités 4 à 6 mois par de l’acide rétinoïque per os a montré une guérison de moins d’un quart d’entre eux sous traitement et une rémission maintenue chez seulement 16 % 5 ans après arrêt (7). Les autres séries disponibles comptent moins de 10 malades, ce qui en limite fortement la portée. t h é m a t i q u e Photo 1. 18 Le traitement de la MV est encore chirurgical avec une exérèse de toutes les lésions visibles. Ainsi le risque de récidive est-il bas (inférieur à 5 % à 5 ans). La cicatrisation de seconde intention est la plus fréquemment choisie dans cette localisation ; elle nécessite des soins prolongés et attentifs. On peut proposer un fractionnement des temps opératoires en cas de lésions très étendues. ■ D o s s i e r R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Konig A, Lehmann C, Rompel R, Happle R. Cigarette smoking as a triggering factor of hidradenitis suppurativa. Dermatology 1999 ; 198 : 261-4. 2. 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Long term results of wide hidradenitis suppurativa in women using combined antiandrogen (cyproterone acetate) and estrogen therapy. Br J Dermatol 1986 ; 115 : 269-74. surgical excision in 106 patients with hidradenitis suppurativa. Dermatol Surg 2000 ; 26 : 638-43. 9. Mortimer PS, Dawber RPR, Gales MA, Moore RA. A double blind controlled cross over trial of cyproterone acetate in females with hidradenitis suppurativa. Br J Dermatol 1986 ; 115 : 263-8. 10. Buckley DA, Rogers S. Cyclosporin-responsive hidradenitis suppurativa. J R Soc Med 1995 ; 88 : 289P-90P. 11. Gupta AK, Ellis CN, Nickoloff BJ. Oral cyclosporine in the treatment of inflammatory and non inflammatory dermatoses. A clinical and immunopathogenic analysis. Arch Dermatol 1990 ; 126 : 339-50. 12. Brown SCW, Kazzazi N, Lord PH. Surgical treatment of perianal hidradenitis supurativa with special reference to recognition of the perinanal form. Br J Surg 1986 ; 73 : 978-80. 13. Lapins J, Marcusson JA, Emstestam L. 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Br J Surg 1987 ; 74 : 420. ● de colo-proctologie MODULE 1/8 de page Annonces professionnelles TARIFS PETITES ANNONCES MODULES COLLECTIVITÉS PARTICULIERS 1/16 de page 43 mm L x 58 mm H 1 900 F HT 950 F HT 1/8 de page 90 mm L x 58 mm H 43 mm L x 125 mm H 3 800 F HT 1 900 F HT 1/4 de page 90 mm L x 125 mm H 7 100 F HT 3 550 F HT * Abonnés particuliers : profitez d'une deuxième insertion gratuite. * Collectivités : dégressif à partir de deux insertions, nous consulter. * Quadri offerte. ● MODULE 1/16 de page Pour réserver votre emplacement, contactez dès maintenant Franck Glatigny Tél. : 01 41 45 80 57 Fax : 01 41 45 80 45 ÉTUDIANTS, ABONNEZ-VOUS : VOS ANNONCES SERONT GRATUITES ! ... Abonnez-vous... Abonnez-vous... Abonnez-vous... Abonnez-vous...