Regardez. Fixe ou animée, l`image est omniprésente dans une ère

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Regardez. Fixe ou animée, l`image est omniprésente dans une ère
Dossier
Dossier préparé par
Karol Barthelemy
Regardez. Fixe ou animée, l’image est omniprésente dans une ère
technologique qui lui est faste. L’aventure spatiale mérite d’être
immortalisée. Pour l’Aventure, pour le rêve, pour la mémoire, pour
le formidable outil qu’elle représente. Du «boulon en gros plan»
à l’image satellite en passant par le décollage du lanceur, tous les
clichés d’une campagne ont leur rôle et leur importance.
Technique,
sécurité,
médiatique,
artistique...
Photo, vidéo,
infographie, 3D...
Au CSG,
des professionnels
de l’image suivent
quotidiennement
toute la vie de la Base
pour satisfaire toutes les demandes.
Photo d’inspection revue par Loïc
Au bout
de la chaîne
de lancement,
comme un effet miroir,
les satellites Spot et
Envisat transmettent
leurs images à l’antenne
SEAS de Montabo.
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Numérique ou argentique ?
Effet
d’optique
L
e système optique/vidéo assure la production et la distribution
des images en temps réel et en temps différé au profit des
clients satellites, d’Arianespace, du CSG et de l’ESA durant toute
campagne Ariane 5, de l’arrivée des satellites jusqu’à l’installation
finale et du décollage du lanceur jusqu’à la fin de visibilité Kourou»
décline Alain Pelier, Responsable Technique de l’activité
optique/vidéo du CNES/CSG. Cette dernière fonctionne grâce à
34 personnes du groupement IEC/Sarvis, titulaire du Contrat
Industriel, et trois agents CNES. Parmi eux, 5 photographes,
3 cameramen monteurs, 4 infographistes. Les images se
succèdent des mains de l’un à l’autre selon le traitement et
l’urgence pour répondre aux multiples demandes de la Base.
L’activité optique/vidéo tend naturellement vers le numérique,
qui présente de nombreux avantages et facilite considérablement
la chaîne de l’image. «En campagne, nous livrons environ 100
clichés par jour. Le numérique révèle ici tout son intérêt » s’exclame
Jean-René Dagois, adjoint au responsable Gestion Médiatique.
Mais pour l’heure, il a toujours ses limites. «En zone de lancement,
tout le matériel reste argentique, la principale difficulté consistant
à visualiser l’intégralité du lanceur au décollage tout en supportant
une dynamique lumineuse très importante générée par le moteur et
les booster. Celle-ci est équivalente à trois fois celle du soleil ».
Les photos du suivi de campagne font également foison. Dès le
premier jour, les photographes sont sur le terrain pour saisir sur
le vif toutes les phases dynamiques de la campagne : arrivée
du lanceur et des satellites, érection EPS et EAP, hissage case,
tous les transferts…
L’image fixe
Si l’image est fixe, le temps de réaction de l’équipe optique lui ne
l’est pas, avec une livraison quasi en temps réel des différents
travaux d’images.
Les photos d’inspection réquisitionnent environ 75% de l’activité
photo. Destinées à Arianespace et EADS-Astrium, ces photos
techniques viennent figer certaines étapes mécaniques et électriques
en présence d’un inspecteur Qualité. Les cinq lancements de 2006
ont donné lieu à 616 inspections qui ont généré 19 899 prises de
vues, soit près de cent clichés livrés par jour.
Prises de vue d’une arrivée satellite
Photo d’inspection
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Comme l’explique Jean-Marc Saurel, Responsable du service
Gestion Médiatique, «nous les diffusons en temps réel par mail et
en basse définition pour alimenter les outils d’information du
CNES/CSG, d’Arianespace et de l’ESA Nous les compilons en haute
définition sur un CD-ROM interactif qui sort à J+3 auprès de nos trois
donneurs d’ordre. Ce CD interactif regroupe des photos, quelques
séquences vidéo et des images de synthèse du vol. Les plus belles
images, sélectionnées et imprimées, sont exposées au stand de
Rochambeau et au Musée de l’Espace ».
Les photos de tous les événements de la Base et de suivi des
chantiers se réalisent sur demande. «Certaines parutions, dont le
Latitude 5, font appel à nos services, au même titre que les services
Com’ du CNES et d’Arianespace, selon les différentes opérations
organisées et lors de certaines visites de la Base » précise Jean-Marc.
Les photos de lancement réclament un traitement
infographique rapide pour être livrées à H0+14h après validation
du CNES et d’Arianespace, sous format numérique et papier.
Ces clichés sont par la suite diffusés dans le monde entier.
© Xoxoxo
Le boulon en gros plan
Roger Hillion, ancien responsable de l’activité
optique-vidéo, se rappelle d’un jour de 1995 où
«un de nos photographes était dans le dock
Ariane 4 entre deux inspections lanceur et tuait
le temps en faisant des tests de son objectif
macro. En faisant le point sur un boulon interétage du lanceur, il s’est aperçu que celui-ci était
fendu, le signalant au responsable qualité présent
sur place. Il en résulte qu’il a fallu changer
des centaines de boulons sur ce lanceur.
Notre photographe a été chaleureusement
remercié ».
Quand la main reproduit
l’image : l’illustration
Gouache, aquarelle, crayon… Autant de
compléments au traitement d’image qui
peuvent passer inaperçus. Pourtant,
de temps à autre, Stéphane Quartararo
apporte son «coup de patte» pour répondre
à certaines demandes. «Je dois alors
illustrer un propos ou un thème au travers
d’un dessin, retranscrire une idée. Il peut
s’agir d’hyperréalisme, en partant de
documents existants comme des photos
ou des plans pour coller à la réalité, mais
selon le cahier des charges, l’illustration
peut être totalement imaginaire ! Quelques
demandes au CSG émanent surtout
d’organes de communication. Réalisable
également en 3D, c’est un procédé
parfaitement adapté à des documents
comme à des affiches ».
Destockage EPC
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La vidéo
La vidéo apparaît au CSG en 1985 lors du Vol 15. Fidèle compagnon
de la photo, les binômes sont fréquents sur les reportages.
Concrètement, le suivi vidéo permet de capturer visuellement
les actions majeures de la campagne, tant au niveau du satellite
que du lanceur. Une vidéo habilement montée peut également
devenir un document de travail explicite. Par exemple, pour la
campagne ATV, un film de 3 minutes est régulièrement monté
pour restituer les opérations importantes. Ce montage
s’agrémente d’une vidéo accélérée de tous les mouvements de
l’ATV opérés sur la même période. Résultat : une visibilité
optimale des opérations effectuées en moins de 3 minutes.
En outre, un film technique destiné à Arianespace et au
CNES/DLA compile toutes les images du lancement prises en
Zone de Lancement, ainsi que d’autres points pertinents selon
l’heure et la météo. Il est projeté dès le lendemain du lancement
à la CRAL (Commission de Revue Après Lancement), avant de
rejoindre le film campagne sur DVD qui reprend le suivi des
phases dynamiques. Une version légèrement modifiée à
destination des agences spatiales et des médias est également
diffusée en support des guides pour les visites de la Base.
Si les photos figent un événement, la vidéo présente l’avantage
de sauvegarder son déroulement. Certaines étapes cruciales,
comme la fermeture des trappes de la table de lancement,
réclament des analyses menées par un technicien de
l’optique/vidéo pour s’assurer qu’il n’y a aucun dérèglement ni
défaillance. Si une opération ne se déroule pas correctement,
les donneurs d’ordre peuvent venir visualiser certaines images
sur les tables de lecture installées à Saturne et où sont archivées
les bandes argentiques originales.
La chronologie de lancement
en image
Image, vidéo… impossible d’ignorer la vidéosurveillance !
Si nous faisons logiquement l’impasse sur le parc de caméras de
surveillance de la Base Spatiale, l’activité optique/vidéo gère en
revanche les images des circuits de caméras de surveillance
internes des bâtiments opérationnels. Comme le fait remarquer
Jean-Marc Saurel, «ce réseau représente à lui seul la raison d’être du
Centre de Diffusion et Production d’Images, régie principale qui
permet de visualiser toutes les opérations satellite et lanceur à tout
moment de la campagne».
Enfin, pour voir des images de l’Espace, les astronomes en herbe
peuvent se réjouir puisque Google Earth vient de lancer la
fonctionnalité Sky qui permet de visiter le ciel et de zoomer sur
plus de cent millions d’étoiles et deux cent millions de galaxies ! 4
Modélisation des phases de lancement
Antoine Vergnaud, Responsable Optronique
Moyens Spécialisés (ROMS) V177, détaille les
principaux moyens optique/vidéo mis en œuvre au
Centre de Contrôle CDC. «En chronologie finale,
la ZL3 est interdite à toute personne. Place aux
cameras vidéo qui permettent d’observer divers
équipement critiques dans cette zone. Avant le
H0, ces cameras sont braquées sur les stockages,
le moteur vulcain ainsi que sur le lanceur.
Les images sont retransmises sur le MIO (Mur
d’Images Opérationnel) au coté des comptesrendus état base et séquentiel de vol. A l’issue du
H0, la trajectoire du lanceur et les différentes
phases de vol constituent les informations
principales à afficher sur le mur d’image du CDC.
Ainsi, tout au long du vol, les courbes de
trajectographie permettent aux acteurs et invités
au centre de contrôle de suivre l’évolution
du lanceur. Lors des premières phases de vol,
le lanceur est suivi visuellement par les cameras
du CDL2, Toucan et du cinételescope si les contraintes sauvegarde le permettent. Pendant la chronologie de lancement, le ROMS pilote
les équipes de prise de vue sur le terrain et, en fonction des conditions météos, coordonne l’affichage des images les plus adaptées.
A la perte de visibilité du lanceur, les dernières phases de vol sont illustrées par les images de synthèse préalablement modélisées par
les infographistes 3D. Toutes les images transitent par le Centre De Production d’Images avant d’être affichées au CDC ».
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Les vidéo Lancement pour soigner Ariane
Vol 177 Ariane 5 ECA le 14 août 2007
Jusque sur la table et les carneaux, les caméras rapides en
Zone de Lancement enregistrent le puissant décollage
d’Ariane. En cas d’anomalie, ces images sont passées au crible
pour diagnostiquer et résoudre le problème. Responsable
de la SDS Guyane de 2003 à fin 2005, Jacques Bertrand
est aujourd’hui à la Sous-Direction Sol de la Direction
des Lanceurs du CNES à Toulouse (DLA/SDS/EL). Rencontre
avec un Expert Sénior des Ensembles de Lancement (ELA).
Latitude 5 - Dans quel cadre la DLA/SDS utilise-t-elle
les images techniques ?
Jacques Bertrand - En tant qu’autorité de conception des
moyens sol des ELA, nous aidons Arianespace à régler certains
problèmes rencontrés lors des campagnes. Les installations sol
d’Ariane 5 ayant été complètement qualifiées, il s’agit de
vérifier que les installations restent dans le domaine de
qualification prévu. En 2005, le visionnage des films a par
exemple révélé que l’usure de certaines pièces -qui ont été
changées depuis- ralentissait la fermeture des caissons LBS
de la table de lancement. Nous utilisons ces images pour
essayer de comprendre une anomalie. La principale difficulté
consiste à trouver un scénario et à le conforter pour proposer
une solution fiable à Arianespace.
L5 - Concrètement, quand a-t-on recours aux images ?
JB - Arianespace exploite systématiquement les images issues
des caméras rapides en ZL ; c’est l’exploitation de niveau zéro. Ils
nous contactent s’ils détectent quelque chose de suspect, que
nous révisons et analysons ensemble. Les films peuvent
essentiellement mettre en évidence des problèmes mécaniques,
tout particulièrement au niveau du largage des ombilicaux,
de l’écartement des bras cryotechniques, de la sortie des tuyères
de la table et de la déconnexion des liaisons LBS sous le lanceur.
Les anomalies relevées sont souvent des phénomènes violents et
rapides. Typiquement, lors du vol 171 l’an dernier, nous avons
observé le décrochage d’un flexible qui fouettait dangereusement
dans l’environnement du lanceur sous l’effet du souffle au
décollage. Mais après un lancement, on ne retrouve pas de trace
de cet incident en ZL ! En étudiant les images des caméras,
nous avons identifié le flexible concerné, ce qui a entraîné
une modification de son système d’accrochage.
L5 - Argentique ou numérique?
JB - Si l’on considère que l’on va dans le détail de ces images
deux ou trois fois par an, leur production coûte cher par
rapport au service rendu ! Le système Ariane 5-ELA
fonctionne bien, mais lorsqu’un problème surgit, ces images
sont capitales. Il n’est donc pas question de réduire cette
prestation, aujourd’hui basée sur l’argentique.
Nous envisageons de passer à des caméras numériques
rapides pour des raisons de coût de mise en œuvre mais aussi
d’obsolescence des caméras. Même si elles n’offrent pas les
mêmes performances en termes de vitesse et de qualité
d’image, cela sera suffisant pour notre application. En outre,
leur coût d’exploitation sera plus abordable avec une rapidité
d’exploitation accrue des clichés.
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Acteur
«Un autre regard»
Loïc Boyer est un touche-à-tout
de l’image ! Photographe à ses
heures, il est surtout infographiste
modéliste au sein de l’équipe
optique/vidéo du CSG.
Il déroule son imagination au
rythme des pellicules de la Base
et la développe grâce à des
logiciels. Légère retouche ou
création virtuelle, le traitement
d’image affiche d’étonnants
résultats. Projection.
C
trl+S pour sauvegarder, Loïc se tourne et fait une mise au
point sur son activité : «être infographiste au CSG implique
de toucher à plusieurs métiers : illustrateur, dessinateur,
maquettiste, et tout ce qui concerne le travail de l’image, qui va du
nettoyage de la photo à la rénovation, en passant par la colorimétrie,
le recadrage (remise en image)… Au-delà, nous pouvons réaliser de
l’infographie pour une vidéo, donc en 2 ou 3 dimensions (2D, 3D),
sur laquelle nous allons faire de l’habillage ou encore créer certains
calques ou une animation pour la valoriser. Nous devons également
maîtriser le multimédia pour réaliser le CD interactif inhérent à
chaque campagne de lancement. Ce dernier nécessite de la
programmation assortie d’une partie habillage et animation avec
création (ou respect) d’une charte graphique ».
Selon sa destination et son utilisation, chaque photo va passer
différemment sous le clic des infographistes. Pour les photos
d’inspection, liées à la Qualité, les retouches sont minimes pour
ne pas altérer un éventuel point marquant. «En revanche,
nous travaillerons plus une photo média comme pour le Latitude 5 où
nous allons nettoyer l’image, affiner la netteté et la colorimétrie,
éventuellement la recadrer, gommer des détails gênants qui en
altèrent la beauté ou la pertinence » enchaîne-t-il. Loïc et ses
collègues réalisent également des travaux d’infographie pour le
Web, ou encore les fonds d’écran du CNES/CSG.
La 3D, image virtuelle ou encore de synthèse, se crée
complètement par ordinateur et requiert pour sa part d’autres
compétences : modeleur et animateur 3D. «Modeleur car
nous modélisons des formes, c'est-à-dire que nous mettons en volume
un objet défini, comme un satellite par exemple, en ayant pour base
de modélisation un plan ou une image plane. Animateur 3D car
nous faisons appel aux métiers liés à la vidéo, c’est-à-dire la mise en
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scène, l’éclairage et la réalisation des scènes tout comme au cinéma »
explique Loïc avant de décliner les trois objectifs de la 3D au CSG.
«D’abord opérationnel : pour un lancement Ariane nous réalisons des
scènes en images de synthèse pour la diffusion et le suivi, en temps réel,
des étapes clés du séquentiel de vol diffusé sur le mur d’images à Jupiter.
Ensuite, le film campagne et quelques demandes de la Com’ font appel
à de l’habillage 3 ou 2D comme le légendage, l’ajout de logo animé
ou la création d’un générique… Enfin la 3D s’utilise aussi pour faire
de la 2D, ce qui est plus efficace pour le rendu des volumes ou
d’éléments difficilement réalisables en 2D selon les perspectives ».
Devant deux consoles de régie où s’activent des animations 3D
en cours d’élaboration, on prend conscience du potentiel de
développement de cette discipline et de la créativité induite.
«Nous avons aussi des commandes du Musée de l’Espace en
fonction de son actualité. Nous avons notamment entièrement conçu
le jeu de l’oie de l’espace, devenu l’une des activités pérennes du
Musée. Le plus intéressant pour moi est la création et la 3D qui
permettent d’apporter régulièrement des idées neuves. Nous avons
la possibilité d’améliorer l’existant tout en apportant notre patte ».
Loïc prend pour exemple les photos format poster qui ont été
affichées au Salon du Tourisme et aux Journées du Patrimoine.
«Je me suis rendu compte que de beaux clichés de notre banque
d’images étaient inexploités et présentaient pourtant un fort
potentiel visuel. J’ai alors créé un catalogue regroupant des photos
techniques originales de par leur cadrage ou leur mode de prise de
vue et donnant un attrait esthétique. Cela apporte un autre regard
sur le spatial et les métiers qui y sont liés. Les créations qui en
découlent relèvent surtout d’une sensibilité et d’une inspiration
personnelle ». Si vous ne les avez déjà vues, regardez bien
l’ensemble du dossier… 4
Rencontre
Les yeux dans l’Espace
Résumons : le CSG envoie des fusées dans l’Espace qui mettent des satellites à poste. Certains offrent des services
de télécommunications, d’autres explorent le cosmos ou observent notre planète et nous envoient des images
de satellites optiques et radar. La boucle est bouclée. A la plateforme de Surveillance de l’Environnement
amazonien Assistée par Satellite SEAS, l’ingénieur de l’IRD Jean-François Faure entrouvre l’éventail
d’applications et de traitement des images satellites.
Le projet SEAS, au service de la recherche, de l’innovation et
du développement durable de la Guyane, fournit gratuitement
des clichés satellites aux organismes publics après analyse
de leurs demandes. Le CNES, qui a co-financé la plateforme
à hauteur de 75% (avec le Conseil Régional, la Préfecture sur
fonds FEDER et l’IRD) et qui fournit avec l’ESA la télémesure
reçue par la station, a déjà bénéficié de clichés. «L’éventail
d’applications est extrêmement large et se corrèle avec des
données extérieures : la détection de mobiles en mer, d’habitat
illicite par superposition des images avec le cadastre, de sites
d’orpaillage, d’écosystèmes particuliers, de zones déforestées, etc.
Par exemple, en couplant des relevés botaniques avec une étude
paysagère de terrain et dans les images, il est possible d’approcher
certaines caractéristiques de la biodiversité d’un site. Appliquée
à des images antérieures à l’étude botanique, cette méthode
conduit à des hypothèses relativement fiables sur l’évolution de
la biodiversité du site, confortant son véritable suivi dans le temps.
Nous menons d’ailleurs actuellement un suivi de l’évolution
du système côtier amazonien, dont les résultats seront livrés
aux projets locaux de gestion du littoral ».
© Spot
A
u cœur du projet SEAS à Montabo, Jean-François Faure,
Responsable des applications, dévoile sur des moniteurs
les images Spot 2, 4, 5 et Envisat qui arrivent en temps
réel. En réponse aux demandes reçues, SEAS fournit les clichés
bruts les plus pertinents - il y a parfois beaucoup de nuages en
Guyane ! L’Institut de Recherche pour le Développement IRD
exploite la plateforme pour les usages publics et la société
Spotimage pour la vente d’images. Les utilisateurs doivent
posséder la technologie suffisante pour effectuer le traitement
eux-mêmes ou s’adresser à des entreprises spécialisées.
«Nous livrons une image brute, très lourde, avec seulement
les prétraitements de calibration requis pour exploiter les images.
Pour le traitement à proprement parler, les solutions sont infinies !
Il dépend intimement de la thématique du projet. Quoi que
l’on souhaite faire émerger des clichés satellite, la télédétection
est indissociable du terrain. Le traitement d’une image consiste
souvent à mettre en évidence certains phénomènes naturels ou
anthropiques dans telle ou telle région étudiée ; il faut corréler les
jeux d’images à des connaissances ou indicateurs de terrain pour
confirmer ou ajuster l’interprétation et donc le traitement ». Or,
cette maîtrise du terrain, ce sont les utilisateurs finaux qui l’ont.
Fusion de 2 images Spot 5 2003 et 2006, montrant l'érosion sur la
plage de Zéphir et l'accretion sur le haut de la plage Monjoly. Le trait
de côte de 2003 montré en rouge est incrusté dans l'image de 2006.
Si les images de satellites optiques s’apparentent à la vision
de notre œil, l’interprétation des images radar, synthèses de
l’écho du signal envoyé, est bien plus difficile. L’intensité du retour
du signal radar dépend de la rugosité des surfaces terrestres
(leur aspérité) et de leur teneur en eau. Contrairement aux
satellites Spot, le radar n’est pas gêné par les nuages ni la pluie.
Jean-François souligne «l’intérêt de réaliser un couplage des deux
types de clichés. Grâce à ce type de traitement, nous avons amélioré
de 80% la cartographie des sols urbains de Cayenne, ce qui pourrait
intéresser de nombreux utilisateurs guyanais ». 4
SEAS en 2006
Depuis l’ouverture de SEAS en 2005, 35 demandes d’images
correspondant à autant d’études et projets locaux ont été traitées.
A raison de 250 à 550 images reçues par jour rien que par
les satellites Spot (carrés de 6O km de côté), les clichés acquis
en temps réel sont automatiquement archivés dans une base de
données. En 2006, les trois satellites Spot, actifs en permanence,
ont envoyé quelques 150 000 images, dont 6 000 de la Guyane,
tandis qu’Envisat, qui ne prend «que ce qu’on lui dit de prendre»,
a transmis 400 images radar.
* Pour l’ensemble des informations relatives à SEAS, voir dossier L5N°68.
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