Regardez. Fixe ou animée, l`image est omniprésente dans une ère
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Regardez. Fixe ou animée, l`image est omniprésente dans une ère
Dossier Dossier préparé par Karol Barthelemy Regardez. Fixe ou animée, l’image est omniprésente dans une ère technologique qui lui est faste. L’aventure spatiale mérite d’être immortalisée. Pour l’Aventure, pour le rêve, pour la mémoire, pour le formidable outil qu’elle représente. Du «boulon en gros plan» à l’image satellite en passant par le décollage du lanceur, tous les clichés d’une campagne ont leur rôle et leur importance. Technique, sécurité, médiatique, artistique... Photo, vidéo, infographie, 3D... Au CSG, des professionnels de l’image suivent quotidiennement toute la vie de la Base pour satisfaire toutes les demandes. Photo d’inspection revue par Loïc Au bout de la chaîne de lancement, comme un effet miroir, les satellites Spot et Envisat transmettent leurs images à l’antenne SEAS de Montabo. LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 / 15 Numérique ou argentique ? Effet d’optique L e système optique/vidéo assure la production et la distribution des images en temps réel et en temps différé au profit des clients satellites, d’Arianespace, du CSG et de l’ESA durant toute campagne Ariane 5, de l’arrivée des satellites jusqu’à l’installation finale et du décollage du lanceur jusqu’à la fin de visibilité Kourou» décline Alain Pelier, Responsable Technique de l’activité optique/vidéo du CNES/CSG. Cette dernière fonctionne grâce à 34 personnes du groupement IEC/Sarvis, titulaire du Contrat Industriel, et trois agents CNES. Parmi eux, 5 photographes, 3 cameramen monteurs, 4 infographistes. Les images se succèdent des mains de l’un à l’autre selon le traitement et l’urgence pour répondre aux multiples demandes de la Base. L’activité optique/vidéo tend naturellement vers le numérique, qui présente de nombreux avantages et facilite considérablement la chaîne de l’image. «En campagne, nous livrons environ 100 clichés par jour. Le numérique révèle ici tout son intérêt » s’exclame Jean-René Dagois, adjoint au responsable Gestion Médiatique. Mais pour l’heure, il a toujours ses limites. «En zone de lancement, tout le matériel reste argentique, la principale difficulté consistant à visualiser l’intégralité du lanceur au décollage tout en supportant une dynamique lumineuse très importante générée par le moteur et les booster. Celle-ci est équivalente à trois fois celle du soleil ». Les photos du suivi de campagne font également foison. Dès le premier jour, les photographes sont sur le terrain pour saisir sur le vif toutes les phases dynamiques de la campagne : arrivée du lanceur et des satellites, érection EPS et EAP, hissage case, tous les transferts… L’image fixe Si l’image est fixe, le temps de réaction de l’équipe optique lui ne l’est pas, avec une livraison quasi en temps réel des différents travaux d’images. Les photos d’inspection réquisitionnent environ 75% de l’activité photo. Destinées à Arianespace et EADS-Astrium, ces photos techniques viennent figer certaines étapes mécaniques et électriques en présence d’un inspecteur Qualité. Les cinq lancements de 2006 ont donné lieu à 616 inspections qui ont généré 19 899 prises de vues, soit près de cent clichés livrés par jour. Prises de vue d’une arrivée satellite Photo d’inspection 16 / LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 Comme l’explique Jean-Marc Saurel, Responsable du service Gestion Médiatique, «nous les diffusons en temps réel par mail et en basse définition pour alimenter les outils d’information du CNES/CSG, d’Arianespace et de l’ESA Nous les compilons en haute définition sur un CD-ROM interactif qui sort à J+3 auprès de nos trois donneurs d’ordre. Ce CD interactif regroupe des photos, quelques séquences vidéo et des images de synthèse du vol. Les plus belles images, sélectionnées et imprimées, sont exposées au stand de Rochambeau et au Musée de l’Espace ». Les photos de tous les événements de la Base et de suivi des chantiers se réalisent sur demande. «Certaines parutions, dont le Latitude 5, font appel à nos services, au même titre que les services Com’ du CNES et d’Arianespace, selon les différentes opérations organisées et lors de certaines visites de la Base » précise Jean-Marc. Les photos de lancement réclament un traitement infographique rapide pour être livrées à H0+14h après validation du CNES et d’Arianespace, sous format numérique et papier. Ces clichés sont par la suite diffusés dans le monde entier. © Xoxoxo Le boulon en gros plan Roger Hillion, ancien responsable de l’activité optique-vidéo, se rappelle d’un jour de 1995 où «un de nos photographes était dans le dock Ariane 4 entre deux inspections lanceur et tuait le temps en faisant des tests de son objectif macro. En faisant le point sur un boulon interétage du lanceur, il s’est aperçu que celui-ci était fendu, le signalant au responsable qualité présent sur place. Il en résulte qu’il a fallu changer des centaines de boulons sur ce lanceur. Notre photographe a été chaleureusement remercié ». Quand la main reproduit l’image : l’illustration Gouache, aquarelle, crayon… Autant de compléments au traitement d’image qui peuvent passer inaperçus. Pourtant, de temps à autre, Stéphane Quartararo apporte son «coup de patte» pour répondre à certaines demandes. «Je dois alors illustrer un propos ou un thème au travers d’un dessin, retranscrire une idée. Il peut s’agir d’hyperréalisme, en partant de documents existants comme des photos ou des plans pour coller à la réalité, mais selon le cahier des charges, l’illustration peut être totalement imaginaire ! Quelques demandes au CSG émanent surtout d’organes de communication. Réalisable également en 3D, c’est un procédé parfaitement adapté à des documents comme à des affiches ». Destockage EPC LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 / 17 La vidéo La vidéo apparaît au CSG en 1985 lors du Vol 15. Fidèle compagnon de la photo, les binômes sont fréquents sur les reportages. Concrètement, le suivi vidéo permet de capturer visuellement les actions majeures de la campagne, tant au niveau du satellite que du lanceur. Une vidéo habilement montée peut également devenir un document de travail explicite. Par exemple, pour la campagne ATV, un film de 3 minutes est régulièrement monté pour restituer les opérations importantes. Ce montage s’agrémente d’une vidéo accélérée de tous les mouvements de l’ATV opérés sur la même période. Résultat : une visibilité optimale des opérations effectuées en moins de 3 minutes. En outre, un film technique destiné à Arianespace et au CNES/DLA compile toutes les images du lancement prises en Zone de Lancement, ainsi que d’autres points pertinents selon l’heure et la météo. Il est projeté dès le lendemain du lancement à la CRAL (Commission de Revue Après Lancement), avant de rejoindre le film campagne sur DVD qui reprend le suivi des phases dynamiques. Une version légèrement modifiée à destination des agences spatiales et des médias est également diffusée en support des guides pour les visites de la Base. Si les photos figent un événement, la vidéo présente l’avantage de sauvegarder son déroulement. Certaines étapes cruciales, comme la fermeture des trappes de la table de lancement, réclament des analyses menées par un technicien de l’optique/vidéo pour s’assurer qu’il n’y a aucun dérèglement ni défaillance. Si une opération ne se déroule pas correctement, les donneurs d’ordre peuvent venir visualiser certaines images sur les tables de lecture installées à Saturne et où sont archivées les bandes argentiques originales. La chronologie de lancement en image Image, vidéo… impossible d’ignorer la vidéosurveillance ! Si nous faisons logiquement l’impasse sur le parc de caméras de surveillance de la Base Spatiale, l’activité optique/vidéo gère en revanche les images des circuits de caméras de surveillance internes des bâtiments opérationnels. Comme le fait remarquer Jean-Marc Saurel, «ce réseau représente à lui seul la raison d’être du Centre de Diffusion et Production d’Images, régie principale qui permet de visualiser toutes les opérations satellite et lanceur à tout moment de la campagne». Enfin, pour voir des images de l’Espace, les astronomes en herbe peuvent se réjouir puisque Google Earth vient de lancer la fonctionnalité Sky qui permet de visiter le ciel et de zoomer sur plus de cent millions d’étoiles et deux cent millions de galaxies ! 4 Modélisation des phases de lancement Antoine Vergnaud, Responsable Optronique Moyens Spécialisés (ROMS) V177, détaille les principaux moyens optique/vidéo mis en œuvre au Centre de Contrôle CDC. «En chronologie finale, la ZL3 est interdite à toute personne. Place aux cameras vidéo qui permettent d’observer divers équipement critiques dans cette zone. Avant le H0, ces cameras sont braquées sur les stockages, le moteur vulcain ainsi que sur le lanceur. Les images sont retransmises sur le MIO (Mur d’Images Opérationnel) au coté des comptesrendus état base et séquentiel de vol. A l’issue du H0, la trajectoire du lanceur et les différentes phases de vol constituent les informations principales à afficher sur le mur d’image du CDC. Ainsi, tout au long du vol, les courbes de trajectographie permettent aux acteurs et invités au centre de contrôle de suivre l’évolution du lanceur. Lors des premières phases de vol, le lanceur est suivi visuellement par les cameras du CDL2, Toucan et du cinételescope si les contraintes sauvegarde le permettent. Pendant la chronologie de lancement, le ROMS pilote les équipes de prise de vue sur le terrain et, en fonction des conditions météos, coordonne l’affichage des images les plus adaptées. A la perte de visibilité du lanceur, les dernières phases de vol sont illustrées par les images de synthèse préalablement modélisées par les infographistes 3D. Toutes les images transitent par le Centre De Production d’Images avant d’être affichées au CDC ». 18 / LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 Les vidéo Lancement pour soigner Ariane Vol 177 Ariane 5 ECA le 14 août 2007 Jusque sur la table et les carneaux, les caméras rapides en Zone de Lancement enregistrent le puissant décollage d’Ariane. En cas d’anomalie, ces images sont passées au crible pour diagnostiquer et résoudre le problème. Responsable de la SDS Guyane de 2003 à fin 2005, Jacques Bertrand est aujourd’hui à la Sous-Direction Sol de la Direction des Lanceurs du CNES à Toulouse (DLA/SDS/EL). Rencontre avec un Expert Sénior des Ensembles de Lancement (ELA). Latitude 5 - Dans quel cadre la DLA/SDS utilise-t-elle les images techniques ? Jacques Bertrand - En tant qu’autorité de conception des moyens sol des ELA, nous aidons Arianespace à régler certains problèmes rencontrés lors des campagnes. Les installations sol d’Ariane 5 ayant été complètement qualifiées, il s’agit de vérifier que les installations restent dans le domaine de qualification prévu. En 2005, le visionnage des films a par exemple révélé que l’usure de certaines pièces -qui ont été changées depuis- ralentissait la fermeture des caissons LBS de la table de lancement. Nous utilisons ces images pour essayer de comprendre une anomalie. La principale difficulté consiste à trouver un scénario et à le conforter pour proposer une solution fiable à Arianespace. L5 - Concrètement, quand a-t-on recours aux images ? JB - Arianespace exploite systématiquement les images issues des caméras rapides en ZL ; c’est l’exploitation de niveau zéro. Ils nous contactent s’ils détectent quelque chose de suspect, que nous révisons et analysons ensemble. Les films peuvent essentiellement mettre en évidence des problèmes mécaniques, tout particulièrement au niveau du largage des ombilicaux, de l’écartement des bras cryotechniques, de la sortie des tuyères de la table et de la déconnexion des liaisons LBS sous le lanceur. Les anomalies relevées sont souvent des phénomènes violents et rapides. Typiquement, lors du vol 171 l’an dernier, nous avons observé le décrochage d’un flexible qui fouettait dangereusement dans l’environnement du lanceur sous l’effet du souffle au décollage. Mais après un lancement, on ne retrouve pas de trace de cet incident en ZL ! En étudiant les images des caméras, nous avons identifié le flexible concerné, ce qui a entraîné une modification de son système d’accrochage. L5 - Argentique ou numérique? JB - Si l’on considère que l’on va dans le détail de ces images deux ou trois fois par an, leur production coûte cher par rapport au service rendu ! Le système Ariane 5-ELA fonctionne bien, mais lorsqu’un problème surgit, ces images sont capitales. Il n’est donc pas question de réduire cette prestation, aujourd’hui basée sur l’argentique. Nous envisageons de passer à des caméras numériques rapides pour des raisons de coût de mise en œuvre mais aussi d’obsolescence des caméras. Même si elles n’offrent pas les mêmes performances en termes de vitesse et de qualité d’image, cela sera suffisant pour notre application. En outre, leur coût d’exploitation sera plus abordable avec une rapidité d’exploitation accrue des clichés. LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 / 19 Acteur «Un autre regard» Loïc Boyer est un touche-à-tout de l’image ! Photographe à ses heures, il est surtout infographiste modéliste au sein de l’équipe optique/vidéo du CSG. Il déroule son imagination au rythme des pellicules de la Base et la développe grâce à des logiciels. Légère retouche ou création virtuelle, le traitement d’image affiche d’étonnants résultats. Projection. C trl+S pour sauvegarder, Loïc se tourne et fait une mise au point sur son activité : «être infographiste au CSG implique de toucher à plusieurs métiers : illustrateur, dessinateur, maquettiste, et tout ce qui concerne le travail de l’image, qui va du nettoyage de la photo à la rénovation, en passant par la colorimétrie, le recadrage (remise en image)… Au-delà, nous pouvons réaliser de l’infographie pour une vidéo, donc en 2 ou 3 dimensions (2D, 3D), sur laquelle nous allons faire de l’habillage ou encore créer certains calques ou une animation pour la valoriser. Nous devons également maîtriser le multimédia pour réaliser le CD interactif inhérent à chaque campagne de lancement. Ce dernier nécessite de la programmation assortie d’une partie habillage et animation avec création (ou respect) d’une charte graphique ». Selon sa destination et son utilisation, chaque photo va passer différemment sous le clic des infographistes. Pour les photos d’inspection, liées à la Qualité, les retouches sont minimes pour ne pas altérer un éventuel point marquant. «En revanche, nous travaillerons plus une photo média comme pour le Latitude 5 où nous allons nettoyer l’image, affiner la netteté et la colorimétrie, éventuellement la recadrer, gommer des détails gênants qui en altèrent la beauté ou la pertinence » enchaîne-t-il. Loïc et ses collègues réalisent également des travaux d’infographie pour le Web, ou encore les fonds d’écran du CNES/CSG. La 3D, image virtuelle ou encore de synthèse, se crée complètement par ordinateur et requiert pour sa part d’autres compétences : modeleur et animateur 3D. «Modeleur car nous modélisons des formes, c'est-à-dire que nous mettons en volume un objet défini, comme un satellite par exemple, en ayant pour base de modélisation un plan ou une image plane. Animateur 3D car nous faisons appel aux métiers liés à la vidéo, c’est-à-dire la mise en 20 / LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 scène, l’éclairage et la réalisation des scènes tout comme au cinéma » explique Loïc avant de décliner les trois objectifs de la 3D au CSG. «D’abord opérationnel : pour un lancement Ariane nous réalisons des scènes en images de synthèse pour la diffusion et le suivi, en temps réel, des étapes clés du séquentiel de vol diffusé sur le mur d’images à Jupiter. Ensuite, le film campagne et quelques demandes de la Com’ font appel à de l’habillage 3 ou 2D comme le légendage, l’ajout de logo animé ou la création d’un générique… Enfin la 3D s’utilise aussi pour faire de la 2D, ce qui est plus efficace pour le rendu des volumes ou d’éléments difficilement réalisables en 2D selon les perspectives ». Devant deux consoles de régie où s’activent des animations 3D en cours d’élaboration, on prend conscience du potentiel de développement de cette discipline et de la créativité induite. «Nous avons aussi des commandes du Musée de l’Espace en fonction de son actualité. Nous avons notamment entièrement conçu le jeu de l’oie de l’espace, devenu l’une des activités pérennes du Musée. Le plus intéressant pour moi est la création et la 3D qui permettent d’apporter régulièrement des idées neuves. Nous avons la possibilité d’améliorer l’existant tout en apportant notre patte ». Loïc prend pour exemple les photos format poster qui ont été affichées au Salon du Tourisme et aux Journées du Patrimoine. «Je me suis rendu compte que de beaux clichés de notre banque d’images étaient inexploités et présentaient pourtant un fort potentiel visuel. J’ai alors créé un catalogue regroupant des photos techniques originales de par leur cadrage ou leur mode de prise de vue et donnant un attrait esthétique. Cela apporte un autre regard sur le spatial et les métiers qui y sont liés. Les créations qui en découlent relèvent surtout d’une sensibilité et d’une inspiration personnelle ». Si vous ne les avez déjà vues, regardez bien l’ensemble du dossier… 4 Rencontre Les yeux dans l’Espace Résumons : le CSG envoie des fusées dans l’Espace qui mettent des satellites à poste. Certains offrent des services de télécommunications, d’autres explorent le cosmos ou observent notre planète et nous envoient des images de satellites optiques et radar. La boucle est bouclée. A la plateforme de Surveillance de l’Environnement amazonien Assistée par Satellite SEAS, l’ingénieur de l’IRD Jean-François Faure entrouvre l’éventail d’applications et de traitement des images satellites. Le projet SEAS, au service de la recherche, de l’innovation et du développement durable de la Guyane, fournit gratuitement des clichés satellites aux organismes publics après analyse de leurs demandes. Le CNES, qui a co-financé la plateforme à hauteur de 75% (avec le Conseil Régional, la Préfecture sur fonds FEDER et l’IRD) et qui fournit avec l’ESA la télémesure reçue par la station, a déjà bénéficié de clichés. «L’éventail d’applications est extrêmement large et se corrèle avec des données extérieures : la détection de mobiles en mer, d’habitat illicite par superposition des images avec le cadastre, de sites d’orpaillage, d’écosystèmes particuliers, de zones déforestées, etc. Par exemple, en couplant des relevés botaniques avec une étude paysagère de terrain et dans les images, il est possible d’approcher certaines caractéristiques de la biodiversité d’un site. Appliquée à des images antérieures à l’étude botanique, cette méthode conduit à des hypothèses relativement fiables sur l’évolution de la biodiversité du site, confortant son véritable suivi dans le temps. Nous menons d’ailleurs actuellement un suivi de l’évolution du système côtier amazonien, dont les résultats seront livrés aux projets locaux de gestion du littoral ». © Spot A u cœur du projet SEAS à Montabo, Jean-François Faure, Responsable des applications, dévoile sur des moniteurs les images Spot 2, 4, 5 et Envisat qui arrivent en temps réel. En réponse aux demandes reçues, SEAS fournit les clichés bruts les plus pertinents - il y a parfois beaucoup de nuages en Guyane ! L’Institut de Recherche pour le Développement IRD exploite la plateforme pour les usages publics et la société Spotimage pour la vente d’images. Les utilisateurs doivent posséder la technologie suffisante pour effectuer le traitement eux-mêmes ou s’adresser à des entreprises spécialisées. «Nous livrons une image brute, très lourde, avec seulement les prétraitements de calibration requis pour exploiter les images. Pour le traitement à proprement parler, les solutions sont infinies ! Il dépend intimement de la thématique du projet. Quoi que l’on souhaite faire émerger des clichés satellite, la télédétection est indissociable du terrain. Le traitement d’une image consiste souvent à mettre en évidence certains phénomènes naturels ou anthropiques dans telle ou telle région étudiée ; il faut corréler les jeux d’images à des connaissances ou indicateurs de terrain pour confirmer ou ajuster l’interprétation et donc le traitement ». Or, cette maîtrise du terrain, ce sont les utilisateurs finaux qui l’ont. Fusion de 2 images Spot 5 2003 et 2006, montrant l'érosion sur la plage de Zéphir et l'accretion sur le haut de la plage Monjoly. Le trait de côte de 2003 montré en rouge est incrusté dans l'image de 2006. Si les images de satellites optiques s’apparentent à la vision de notre œil, l’interprétation des images radar, synthèses de l’écho du signal envoyé, est bien plus difficile. L’intensité du retour du signal radar dépend de la rugosité des surfaces terrestres (leur aspérité) et de leur teneur en eau. Contrairement aux satellites Spot, le radar n’est pas gêné par les nuages ni la pluie. Jean-François souligne «l’intérêt de réaliser un couplage des deux types de clichés. Grâce à ce type de traitement, nous avons amélioré de 80% la cartographie des sols urbains de Cayenne, ce qui pourrait intéresser de nombreux utilisateurs guyanais ». 4 SEAS en 2006 Depuis l’ouverture de SEAS en 2005, 35 demandes d’images correspondant à autant d’études et projets locaux ont été traitées. A raison de 250 à 550 images reçues par jour rien que par les satellites Spot (carrés de 6O km de côté), les clichés acquis en temps réel sont automatiquement archivés dans une base de données. En 2006, les trois satellites Spot, actifs en permanence, ont envoyé quelques 150 000 images, dont 6 000 de la Guyane, tandis qu’Envisat, qui ne prend «que ce qu’on lui dit de prendre», a transmis 400 images radar. * Pour l’ensemble des informations relatives à SEAS, voir dossier L5N°68. LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 / 21