la chance de pratiquer son art dans la capitale de la photographie
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la chance de pratiquer son art dans la capitale de la photographie
Contacts : Catherine Bernard / 05 61 61 63 34 [email protected] Anne-Laure Klein / 05 34 44 32 54 [email protected] Germaine Chaumel (1895-1982) Profession photographe Du 20/11/2012 au 24/02/2013 Espace EDF Bazacle Totalement oubliée de l’histoire actuelle de la photographie, Germaine Chaumel fut pourtant l’une de ses plus remarquables servantes entre 1935 et le début des années 1950. 20/11/2012 - 24/02/2013 Entrée gratuite. Une photographe méconnue Ouvert du mardi au dimanche De 11 h à 18 h Elle apparaît notamment comme l’une des meilleures représentantes de la « nouvelle vision » photographique qui se développa dans l’entre-deux-guerres, mais n’eut simplement pas la chance de pratiquer son art dans la capitale de la photographie qu’était alors Paris. La mise en perspective de ses images avec celles de ses célèbres contemporaines (comme Yvonne Chevalier, Ergy Landau, Nora Dumas, Denise Bellon ou encore Laure Albin Guillot) montre cependant avec clarté la qualité de son travail et sa modernité. Autodidacte, elle se forme à la photographie en étudiant les travaux de Man Ray et Brassaï, ses références. A partir de 1935, sa passion pour la photographie devient exclusive à tel point qu’elle en fait réellement son métier dès 1936. Très vite, elle mène de front le portrait, en particulier dans le studio qu’elle aménage dans son appartement, et le reportage, au service notamment de journaux nationaux (L’Express du Midi, qui deviendra La Garonne, Paris-Soir, etc.) ou internationaux (New York Times). Membre du « Photo-Club » de Toulouse, elle est également à l’origine avec quelquesuns de ses collègues amateurs éclairés, en 1936, du « Cercle photographique des XII », sous la bannière duquel elle participera à de nombreux salons nationaux et internationaux dans lesquels elle glanera plusieurs prix. Espace EDF Bazacle 11, quai Saint-Pierre 31000 Toulouse 05 62 30 16 00 http://bazacle.edf.com L'espace EDF Bazacle est accessible aux personnes en situation de handicap. Vélô : Faculté de sciences sociales Métro : Compans-Caffarelli Une curiosité insatiable dans une époque en pleine effervescence Archives municipales de Toulouse 2 rue des Archives 31500 Toulouse Tél. : 05-61-61-63-33 Fax : 05-61-26-46-10 [email protected] www.archives.toulouse.fr Armée de son Rolleiflex, elle balaie tous les domaines de la photographie, de la scène de rue à la publicité (avec les conseils de Sougez), de la nature morte au nu, de la mode au paysage urbain. Photojournaliste de qualité, elle couvre les plus grands événements de cette époque troublée : les grandes grèves de 1937, l'exil des républicains espagnols dans les Pyrénées dès 1938, l’arrivée des milliers de réfugiés de l'exode en 1940, les deux voyages du Maréchal Pétain à Toulouse, les grandes manifestations vichystes, la libération de la ville en août 1944 et l’arrivée du général de Gaulle. Témoin d’une situation sociale extrêmement difficile, elle l’est aussi d’une vie culturelle intense qui voit défiler à Toulouse les plus célèbres artistes de l’époque (Louis Jouvet, Maurice Chevalier, Jean-Pierre Aumont, Jean Nohain ou encore Joséphine Baker). Elle s’impose même comme une bonne photographe du sport, suivant régulièrement les rencontres de rugby et de football, mais également le cyclisme, l’athlétisme, la boxe, la natation et même l’escrime. A l’instar de Willy Ronis dans la capitale, Germaine Chaumel a flâné dans les rues de Toulouse, son Rolleiflex autour du cou, à la recherche d’un instant éphémère ou d’une rencontre. Son œuvre, d’une exceptionnelle sensibilité, porte un regard empathique d’une émouvante proximité sur le quotidien des Toulousains. A l’occasion du 30e anniversaire de sa mort, la Ville de Toulouse et l'Espace EDF Bazacle, en collaboration avec le Château d'eau, galerie de photographies de Toulouse, ont décidé de rendre hommage à cette photographe qui fut l’un des grands témoins de son histoire. 1/5 Germaine Chaumel : biographie et portrait (1895-1982) Formation et débuts professionnels Illustration 1: Germaine Chaumel et son Rolleiflex aux Championnats internationaux de ski de Superbagnères (1938) Née à Toulouse le 22 novembre 1895, Germaine Chaumel effectue de brillantes études secondaires au Lycée Saint-Sernin, où elle montre déjà de bonnes prédispositions pour les arts plastiques, et en particulier le dessin. Autodidacte en matière de photographie, elle se forme en étudiant les travaux de Man Ray et de Brassaï, ses références. Elle adhère, certainement au début des années trente, au « Photo-Club toulousain » grâce auquel elle accède à une formation pratique et à une littérature technique et artistique dont elle se nourrit. Petit à petit, l’appartement du n° 21 de la rue Saint-Étienne (n° 39 de la rue Croix-Baragnon actuelle) se transforme en véritable studio, et ses enfants sont ses premiers modèles. A partir de 1935, sa passion pour la photographie devient exclusive, et très vite elle arrive à s’imposer dans le monde du photoreportage régional. Dès 1936, elle travaille régulièrement pour La Dépêche, mais également pour L’Express du Midi, qui prend en janvier 1938 le titre de La Garonne, ainsi que pour le Bulletin municipal de Toulouse. Armée de son Rolleiflex, elle arpente les rues de Toulouse, à l’affût du banal comme de l'exceptionnel, traquant les vedettes artistiques ou sportives aussi bien que les personnalités politiques et religieuses. Elle quitte cependant parfois la ville rose pour assurer de véritables reportages photographiques dans toute la région en fonction de l’actualité. Elle devient alors correspondante du célèbre New-York Times et de sa non moins fameuse agence photographique « Wide World Photos ». Recherches artistiques Mais si Germaine Chaumel s’investit pleinement dans son activité de photoreporter, elle n’en cultive pas moins ses talents d’artiste. Dès 1935, elle participe à des salons internationaux de photographie et à divers concours nationaux où elle glane de nombreux prix. Avec quelques-uns de ses camarades du « Photo-Club toulousain », elle fonde en juin 1936 le « Cercle photographique des XII », dont elle devient la secrétaire. Elle expose bien sûr également à Toulouse, en particulier dans le cadre du Salon des Artistes méridionaux à partir de 1937. Seconde guerre mondiale et travail de studio La guerre, tout au moins dans ses premières années, va freiner quelque peu cette activité. Durant cette période, elle couvre notamment pour La Garonne les deux voyages du maréchal Pétain à Toulouse, ainsi que les nombreuses cérémonies politiques ou militaires qui rythment la vie de la métropole régionale. L’occupation de la ville par les Allemands, en 1942, ne change pas foncièrement la situation de Germaine Chaumel, qui continue ses reportages entre autres pour l’édition toulousaine de Paris-Soir. En revanche, c’est durant cette période difficile qu’elle se lance véritablement dans le travail de studio. Le 1er étage du n° 21 de la rue Saint-Étienne devient l’endroit où toute la bonne société toulousaine doit se faire photographier. Notabilités et vedettes du Théâtre du Capitole, mais également des centaines d’anonymes, passent devant l’objectif de Germaine Chaumel, dont la qualité des portraits est reconnue. Libération Elle continue à la Libération, et pendant quelques mois encore, son travail de reporter, fournissant des images pour L’Espoir, Liberté ou encore Vaincre. Elle nous laisse de cette époque quelques clichés des premiers résistants entrés dans Toulouse ainsi que de la venue à Toulouse du Général de Gaulle, à la mi-septembre 1944. Elle couvre également la réception des « intellectuels de la Résistance » (Aragon, Elsa Triolet, Tristan Tzara, Paul Eluard, etc.) au mois de novembre suivant et réalise en 1945 une couverture photographique des fameuses fresques réalisées par Boris Taslitzky au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe. En cette même année, elle remarque le travail du jeune Jean Dieuzaide (« Yan »). Convaincue de son talent, elle le parraine pour rentrer dans le « Cercle photographique des XII » qui reprend ses activités. Arrêt de la photographie et investissement dans la mode Au débuts des années 1950, elle expose ses derniers clichés avant de partir à Paris et de se consacrer à une autre passion, la mode. Revenue dans sa maison de Blagnac une dizaine d'années plus tard pour y jouir d'une retraite paisible, elle y décède le 12 avril 1982. 2/5 Les photos de studio Petit à petit, Germaine Chaumel va transformer tout un étage de l'immeuble familial de la rue Saint-Étienne en véritable studio de photographie. Le vestibule sert de salle d'attente, le salon d'atelier et la salle de bain de laboratoire. A partir des années de guerre, elle développe fortement cette activité, au détriment du photoreportage qu'elle abandonne au lendemain de la libération. Son travail en studio lui permet d'aborder non seulement le portrait, mais également la mode et la publicité. Germaine Chaumel nous a légué plusieurs milliers de portraits d'anonymes, mais également de personnalités (préfets, fonctionnaires, militaires) et de vedettes, en particulier du Théâtre du Capitole (chanteurs lyriques, danseurs et danseuses, etc.). Utilisant pour ce type de travail une chambre « Faller », elle travaille sur plaque de verre puis sur négatif souple de moyen ou grand format, réalisant parfois 2 ou 4 prises de vue différentes sur chaque support. Ses portraits correspondent tout à fait au goût de l'époque : flou de l'image, travail sur l'ombre et la lumière, épaules souvent dénudées. Mais Germaine Chaumel fait souvent preuve dans cette activité de portraitiste de qualités artistiques évidentes. Très tôt attirée par la mode, elle fournit à certains journaux ou magazines locaux des photographies qu'elle réalise d'ailleurs aussi bien en studio qu'en extérieur devant des bâtiments ou des monuments emblématiques de la ville. En la matière, elle a une prédilection certaine pour la création de chapeaux. De la mode à la publicité, il n'y a qu'un pas, qu'elle franchit certainement grâce à Emmanuel Sougez avec qui elle restera en contact. Dans ce domaine, Germaine Chaumel mettra d'ailleurs entre autre son talent au service de l'entreprise d'électricité de son mari. Illustration 2: Le couple Taverne. Réf. : 187_1_2 Illustration 5: Publicité : gants et pochette. Réf. : 130E_1_1 Illustration 3: Portrait d'homme au globe. Réf. : 289_1_1 3/5 Illustration 4: Portrait de femme avec coiffe. Réf. : 939_1_2 Les reportages L'activité de photo-reporter de Germaine Chaumel est certainement celle qui est, jusqu'à maintenant, la plus connue. Elle s'est en effet déroulée pendant une décennie très particulière de l'histoire de France, celle qui couvre la période allant du Front populaire à la libération du pays. Germaine Chaumel est l'une des rares photographes indépendantes ayant pu exercer son métier en particulier pendant la période de l'Occupation. Bien que cantonnée au début de sa carrière aux faits divers et aux compétitions sportives, elle va progressivement se préoccuper de témoigner des événements marquants de la vie politique toulousaine (grèves, manifestations) mais également de la vie quotidienne de ses congénères. Sa production s'inscrit ici complètement dans les courants de son époque : la nouvelle vision photographique ou encore la photographie humaniste alors naissante. Illustration 6: Une visiteuse-infirmière dans un baraquement (1939). Réf. : 674_2_3 Illustration 7: Allemands place du Capitole le 11 novembre 1942. Réf. : 412_2_3 Illustration 8: Enfants aux légumes (vers 1940). Réf. : 498_2_3 Illustration 9: Salut olympique des gymnastes. Réf. : 720_1_1 4/5 Une artiste Tout en exerçant son activité de photo-reporter, Germaine Chaumel, dès le début de sa pratique photographique, s'engage résolument dans une démarche purement artistique. Elle participe dès 1935 à ses premiers salons, envoie régulièrement ses œuvres pour des concours nationaux et exposera ses tirages au Salon des Artistes méridionaux jusqu'à la fin de son activité, en 1951. Elle fonde avec quelques amis, photographes éclairés comme elle, à la création du « Cercle photographique des XII », qui lui permettra de présenter son travail lors de grandes expositions internationales à Paris ou en province. Elle y glane médailles et diplômes, mais reste cependant extrêmement modeste malgré ces récompenses. Ces manifestations lui permettent de côtoyer de grands noms de la photographie, et parfois d'établir des liens étroits avec certains d'entre eux, comme Emmanuel Sougez. L'éventail de cette création apparaît comme très étendu, du portrait au nu, du paysage à la nature morte. Illustration 11: Le couple. Réf. : 858_3_3 Illustration 10: Nu enchaîné (Mme Taverne). Réf. : 188_1_2 Illustration 12: L'envol (vers 1947). Réf. : 858_2_3 Illustration 13: Arbre dans la neige. Réf. : 428_2_4 5/5