DOSSIER DE PRESSE Paris, le 5 janvier 2012 POUR LA

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DOSSIER DE PRESSE Paris, le 5 janvier 2012 POUR LA
DOSSIER DE PRESSE
Paris, le 5 janvier 2012
POUR LA RATIFICATION PAR LE SENAT
DE LA PROPOSITION DE LOI
VISANT A REPRIMER LA CONTESTATION DE L'EXISTENCE
DES GENOCIDES RECONNUS PAR LA LOI
Contact Presse :
Paris : Mourad Papazian, 06 11 04 88 34, Ara Toranian, 06 03 86 78 05
Lyon : Michaël Cazarian, 06 07 95 16 23
Marseille : Pascal Chamassian, 06 78 93 38 54
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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
SOMMAIRE
Appel au respect du génocide arménien............................................... 3
Avant-Propos.......................................................................................... 4
De quoi s’agit-il ?.................................................................................... 5
La proposition de loi............................................................................... 6
Qu’est-ce qu’un génocide ?.................................................................... 7
Dix réponse à dix contre-vérités............................................................ 8
Reconnaissance internationale du génocide des Arméniens
par des lois et des résolutions................................................................. 11
Dernières déclarations des représentants de l’Etat turc…….…......... 12
Annexe………………………………………………………………….. 13
Les actes négationnistes commis en France
Quelques discours et récentes tribunes parue dans la presse
Contact Presse .......................................................................................... 24
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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
Appel au respect du génocide arménien
« Comme l'a écrit Elie Wiesel, "tolérer le négationnisme, c'est tuer une seconde fois les victimes". Aussi convient-il de saluer le vote à l'Assemblée nationale du 22 décembre 2011 qui
s'est prononcée en faveur de la transposition de la décision-cadre de l'Union européenne
contre le racisme, la discrimination et le négationnisme. Contrairement aux lieux communs
qui ont circulé à la faveur de la discussion publique autour de ce texte, ce dernier ne constitue pas une loi dite mémorielle, l'histoire ayant déjà été écrite par les historiens. Ce document
relève du Droit. En donnant suite à cette directive européenne, les députés ont accordé aux
garants de la mémoire des victimes de "tous les génocides reconnus par la loi" (Shoah, génocide arménien), la possibilité juridique de les défendre contre les formes les plus outrancières
du déni. Est notamment visé le négationnisme d'Etat dont les autorités turques successives
organisent la promotion jusque sur le territoire de la République française. Ainsi les élus
sont-ils restés dans leur fonction qui consiste à préserver la dignité humaine, première phrase
du Préambule de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme et à légiférer pour prévenir tout risque de trouble à l'ordre public.
Pour qu'enfin ce texte prenne force de loi, nous encourageons le Président de la République,
le gouvernement ainsi que les principaux partis, de gauche comme de droite, qui ont soutenu
l'adoption de cette loi à confirmer leur geste en permettant sa ratification par le Sénat dans la
législature actuelle ».
Charles AZNAVOUR, artiste,
Robert GUEDIGUIAN, cinéaste,
Serge KLARSFELD, avocat,
Bernard-Henri LEVY, philosophe,
Michel ONFRAY, philosophe,
Erol OZKORAY, écrivain.
Appel paru dans « Le Journal du Dimanche », du 1er janvier 2012.
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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
Avant-Propos
Mesdames, Messieurs
Nous vous prions de trouver ci-joint un dossier de presse en faveur de la ratification
par le Sénat de la proposition de loi visant à réprimer la contestation de l'existence des
génocides reconnus par la loi.
Comme vous le savez, la question est sensible et complexe. Elle mérite cependant
mieux que les lieux communs, les idées préconçues et autres contre-vérités qui prolifèrent un peu partout.
Ce que nous avons entendu et lu jusqu'à maintenant est aux antipodes de la nature
réelle du problème posé par cette proposition de loi. Cette dernière ne relève pas de
l'Histoire, mais du Droit. Comme vous le constaterez, les mots « arménien » et « Turquie » ne sont pas mentionnés dans les articles de la loi. Et pourtant, le problème est
devenu celui du génocide des Arméniens. Parfois par maladresse, parfois par ignorance ou indifférence, mais aussi parfois pour faire diversion.
Notre intention est donc de clarifier une situation, avec sagesse, responsabilité et sens
civique, au nom des valeurs de la République, de la démocratie et de la défense des
Droits de l'homme.
Notre intention est de donner des faits pour élever le débat au niveau où il doit être, à
savoir la lutte contre le négationnisme sur notre territoire national. En l'espèce, le négationnisme est une diffamation au même titre que le racisme et la xénophobie. Il faut
une loi pour le punir.
Nous n'attaquons personne. Nous ne cherchons pas à froisser la dignité des individus,
ni à imposer une conviction, juste à tracer une limite entre ce qui relève de la liberté
d'expression et ce qui relève de la diffamation et l'atteinte à la dignité humaine dans
l'espace public.
Nous vous invitons à lire ces quelques pages pour vous faire une idée juste et précise
de la nature du problème.
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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
De quoi s’agit-il ?
Sur le fondement, de l’article 34 du Traité sur l’Union européenne, une décision cadre
2008/913/JAI sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal a été adoptée par le Conseil de l’Union européenne le
28 novembre 2008. Le but de cette décision cadre est de faire en sorte que la xénophobie et le
racisme soient passibles de sanctions pénales effectives, proportionnées et dissuasives au sein
de l’Union européenne.
En France, plusieurs textes nationaux définissent et sanctionnent les génocides, crimes de
guerre et crimes contre l’humanité. La loi n° 2001-70 du 29 janvier 2001 a instauré la reconnaissance officielle de la France du génocide arménien de 1915 et la loi n° 2001-434 du
21 mai 2001, la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre
l’humanité.
Cependant en l’état actuel du droit, seule la contestation du génocide juif perpétré durant la
seconde guerre mondiale constitue un délit, de sorte que les victimes rescapées de crimes
contre l’humanité se trouvent inégalement protégées. En effet, l’article 24 bis de la loi sur la
liberté de la presse du 29 juillet 1881, introduit par la loi Gayssot du 13 juillet 1990, incrimine
et réprime d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la contestation de
l’existence des seuls crimes nazis, à l’exclusion des autres crimes contre l’humanité, et notamment ceux reconnus par les lois précédemment citées.
Dans ce contexte, une proposition de loi tendant à réprimer la contestation de l’existence du
génocide arménien avait été adoptée par l’Assemblée nationale le 12 octobre 2006. Cependant, le Sénat l’a rejetée le 4 mai 2011 par l’adoption d’une exception d’irrecevabilité.
Afin de combler le vide juridique existant, la députée des Bouches du Rhône Valérie Boyer a
déposé une proposition de loi portant transposition du droit communautaire, en punissant d’un
an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement
ceux qui auront publiquement fait l’apologie, contesté ou banalisé les crimes de génocide, les
crimes contre l’humanité et crimes de guerre, tels que définis aux articles 6, 7 et 8 du Statut de
la Cour pénale internationale, à l’article 6 de la charte du Tribunal militaire international annexée à l’accord de Londres du 8 août 1945, ou reconnus par la France.
Il convient de souligner la dimension générale de ce texte qui s’applique à tous les génocides
reconnus par la loi française. Il ne se borne aucunement au Génocide des Arméniens. On note
en ce sens qu’aucune mention n’est faite au « génocide arménien » et que ni la Turquie, ni le
peuple turc ne sont expressément nommés dans ce texte.
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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
La proposition de loi
N° 229
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2011-2012
Enregistré à la Présidence du Sénat le 22 décembre 2011
ADOPTÉE PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
visant à réprimer la contestation de l'existence des génocides reconnus par la loi,
TRANSMISE PAR
M. LE PRÉSIDENT DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
À M. LE PRÉSIDENT DU SÉNAT
(Envoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale
dans les conditions prévues par le Règlement.)
L'Assemblée nationale a adopté la proposition de loi dont la teneur suit :
Article 1er
Le paragraphe 1er du chapitre IV de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse est complété
par un article 24 ter ainsi rédigé :
« Art. 24 ter. - Les peines prévues à l'article 24 bis sont applicables à ceux qui ont contesté ou minimisé de façon outrancière, par un des moyens énoncés à l'article 23, l'existence d'un ou plusieurs crimes
de génocide défini à l'article 211-1 du code pénal et reconnus comme tels par la loi française.
« Le tribunal peut en outre ordonner l'affichage ou la diffusion de la décision prononcée, dans les conditions prévues à l'article 131-35 du code pénal. »
Article 2
L'article 48-2 de la même loi est ainsi modifié :
1° Après le mot : « déportés », sont insérés les mots : « , ou de toute autre victime de crimes de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité ou de crimes ou délits de collaboration avec
l'ennemi » ;
2° À la fin, les mots : « l'infraction prévue par l'article 24 bis » sont remplacés par les mots : « les infractions prévues aux articles 24 bis et 24 ter ».
Délibéré en séance publique, à Paris, le 22 décembre 2011.
Le Président,
Signé : BERNARD ACCOYER
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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
Qu’est-ce qu’un génocide ?
Un génocide est l’extermination physique, intentionnelle, systématique et programmée d’un groupe ou
d’une partie d’un groupe en raison de ses origines ethniques, religieuses ou sociales.
L’article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide*, adoptée par
l’assemblée générale des Nations unies, le 9 décembre 1948, énonce :
« Dans la présente Convention, le génocide s’entend de l’un quelconque des actes ci-après commis
dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux,
comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe ;
b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction
physique totale ou partielle ;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »
*Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, approuvée et soumise à la signature et à la ratification ou à l’adhésion par l’Assemblée générale dans sa résolution 260 A (III) du
9 décembre 1948, entrée en vigueur le 12 janvier 1951, conformément aux dispositions de l’article
XIII.
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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
Dix réponses à dix contre-vérités
Depuis l’adoption par l’Assemblée nationale, le 22 décembre 2011, de la loi visant à pénaliser la
contestation à outrance des génocides reconnus par la loi française, nous n’entendons et ne lisons
que des mensonges, des inepties et des insultes, tous frappés d’ignorance à propos du génocide des
Arméniens. Dix réponses à ces contre-vérités.
Contre-vérité 1 : « Il n’appartient pas au Parlement de faire l’histoire ». L’histoire a déjà été écrite.
Il appartient en revanche au Parlement de protéger les citoyens du négationnisme de l’Etat turc sur le
territoire de la République française. Le négationnisme sévit aujourd’hui. Contester les génocides c’est
assassiner les victimes une deuxième fois. C’est attenter à la dignité des survivants et c’est menacer
l’ordre public. Parce que le génocide et sa négation est le crime suprême commis par un Etat, il importe d’apporter une réponse politique. Pourquoi les législateurs seraient-ils compétents pour voter une
loi contre le clonage alors qu’ils ne sont pas scientifiques, et incompétents pour adopter un texte contre
le négationnisme alors que l’Histoire est une science ? Il existe un principe de précaution morale qui
est valable aussi bien dans la bioéthique que contre le négationnisme.
Contre-vérité 2 : « Il faut mettre un terme aux lois mémorielles ». La proposition de loi adoptée par
les députés n’est pas une « loi mémorielle », mais juste la transposition d’une directive-cadre de
l’Union européenne, adoptée par Bruxelles en 2008, sur la lutte contre la contestation des génocides.
En toute liberté et sans offenser personne puisque les mots « Turquie » et « arménien » ne sont même
pas mentionnés. C’est un texte à caractère juridique, pas historique. Il fait du négationnisme un délit.
Contre-vérité 3 : « Le Parlement n’a pas à voter un texte portant sur un fait étranger à la France ».
Les relations étroites entre la France et l’Arménie remontent aux premiers siècles de notre ère pour ne
plus jamais se desserrer. Elles ont eu de cesse de se confondre. En 1914, la France était en guerre
contre l'Empire ottoman. Et le 24 mai 1915, la Triple Entente (France, Russie et Grande-Bretagne)
adresse une missive à l’Empire ottoman dans laquelle Paris, Saint Petersbourg et Londres lui indiquent
qu’il devra répondre après la guerre des crimes contre l’humanité commis sur sa population arménienne. La France a toujours été fortement présente et interventionniste dans cette région. Elle a apposé sa signature au bas de multiples traités en faveur des droits des minorités de l’Empire ottoman. De
leur côté, les Arméniens ont payé au prix du sang versé leur tribut à cette histoire particulière d’amitié.
On ne rappellera pour mémoire que les milliers de volontaires de la Légion arménienne tombés aux
côtés des soldats français lors de la Première Guerre mondiale, les milliers d’engagés arméniens dans
l’armée française en 1939, en 1946 ou en 1954 alors qu’ils n’étaient pas citoyens de la République, ou
encore les résistants du groupe Manouchian, rescapés du génocide de 1915 et fusillés par la police de
Vichy pour s’être battus pour la liberté et la libération de la France. Si tous les peuples sous domination impériale ont gagné leur indépendance aux XIXe et XXe siècles, cela s’est fait au nom des valeurs
universelles que la Révolution française incarne. A chaque fois que les Arméniens ou d’autres peuples
ont voulu s’approprier ces messages de Liberté et de dignité pour s’affranchir du joug turc, l’Empire
ottoman, des Sultans comme des Jeunes-Turcs, leur a répondu par le fer et le feu !
Contre-vérité 4 : « La France n’a pas à se mêler des problèmes des autres ». Que cessent alors toutes
les diplomaties du monde. Que les ONG françaises stoppent leur action humanitaire à travers le
monde. Que l’on arrête de se mêler du génocide du Darfour. Que l’on cesse de parler de la tragédie du
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Tibet en Chine. Que l’on ferme les yeux sur toutes les violations des droits de l’homme dans le monde.
Ce serait un comble pour notre République, berceau des droits de l’homme ! Par ailleurs, cette contrevérité induit que les Français d’origine arménienne ne seraient pas des citoyens à part entière mais les
représentants d’un corps étranger à la communauté nationale. Regrettable maladresse révélatrice
d’ignorance ou pensée dangereuse car discriminante, donc nauséabonde car hasardeuse.
Contre-vérité 5 : « Ce texte est de nature électoraliste ». Qu’est-ce qui n’est pas de nature électoraliste aujourd’hui ? Pourquoi lorsqu’un gouvernement, à la recherche de popularité, légifère en faveur
des agriculteurs, des enseignants, des médecins ou des laboratoires pharmaceutiques, personne ne
parle d’approche électoraliste et qu’arrivée « aux Arméniens », la démarche ne serait qu’électorale de
la part de ce même gouvernement ?
Contre-vérité 6 : « Ce texte va porter atteinte aux relations économiques avec la Turquie ». Près de
onze ans après la loi reconnaissant en France le génocide des Arméniens (2001), le volume des relations économiques et commerciales entre la Turquie et la France s’élève à près de 11 milliards d’euros,
alors que la Turquie avait vigoureusement protesté contre la loi en 2001. L’argument mercantile tombe
donc tout seul. Pourquoi s’enthousiasmer à travers le monde en faveur du mouvement des Indignés
fondamentalement porté par une éthique internationale et contester le choix des députés quand ils mettent la morale au-dessus du pouvoir de l’argent ? Cela fait près d’un siècle que les Arméniens sont les
Indignés sans sépulture et traînés dans la boue par ce négationnisme de l’Etat turc. Ce texte est un acte
fort en faveur d’une moralisation des relations internationales, au moins à l’échelle européenne.
Contre-vérité 7 : « Il faut créer une commission d’historiens turcs et arméniens pour régler ce différend ». Pourquoi mettre en place une commission d’enquête sur 1915 alors que tous les Instituts spécialisés dans la recherche sur les génocides confirment la réalité du génocide des Arméniens. Cette
demande correspond à une manœuvre de la propagande négationniste turque. Visant à noyer le problème, elle induit en outre que le génocide serait sujet à caution. Accepter cette idée, c’est faire le jeu
des révisionnistes et négationnistes. Cette même demande est également utilisée par l’Iran
d’Ahamadinejad pour contester la Shoah. D’ailleurs, pourrait-on tolérer une commission d’historiens
sur la réalité de la Shoah ?! Fort heureusement non. En 2001, le Département d’Etat a favorisé un dialogue arméno-turc, noué entre ex-diplomates des deux pays. Il a saisi le Centre international pour la
justice transitionnelle (CIJT), basé à New York, en vue de déterminer si les tueries et déportations des
Arméniens de l’Empire ottoman constituaient un génocide au regard de la Convention des Nations
Unies de 1948. Lorsque le CIJT a répondu « oui, le génocide des Arméniens est une réalité incontestable », la délégation turque a claqué la porte des négociations et mis fin aux discussions. Voilà un
exemple de dialogue avorté par la Turquie, que nous portons à votre connaissance.
Contre-vérité 8 : « Ce texte porte atteinte à la liberté d’expression et est anticonstitutionnel ». Ce
texte ne porte nullement atteinte à la liberté d’expression. Toute personne a le droit de penser et de dire
ce qu’elle veut. Le juge condamne, le cas échéant la « contestation ou la minimisation de façon outrancière l’existence d’un ou plusieurs crimes de génocide (…) reconnus par la loi française ». On peut
être raciste, xénophobe ou négationniste, c’est malheureusement le droit de chacun de l’être et de le
rester. Mais diffuser du racisme, de la xénophobie ou du négationnisme est inadmissible dans l’espace
public. Ce texte n’est en rien anti-constitutionnel. Il se fonde sur le Préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme et sur l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
de 1789, partie intégrante du Préambule de la Constitution de 1958.
Extrait du Préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme : « Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux
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Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF)
et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde. » A lire
les déclarations négationnistes de la Turquie en France et d’individus à sa solde dans l’hexagone, la
dignité humaine est meurtrie au quotidien.
Article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Nul ne doit être inquiété
pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. » A lire les actes négationnistes sur le territoire de la République et les menaces de mort
proférées contre Valérie Boyer et d’autres personnes, le risque de trouble à l’ordre public est flagrant.
Nous avons à votre disposition quantité d'articles de revues spécialisés en Droit sur la constitutionnalité de la Loi Gayssot et l'adéquation entre le respect de la liberté d'expression et la lutte contre le négationnisme par la loi.
Contre-vérité 9 : « Les lois mémorielles ne servent à rien ». Il n’existe pas de « lois mémorielles ».
C’est une expression fourre-tout, un raccourci comme tant d’autres pour simplifier une problématique.
La mondialisation a déconcentré les histoires nationales et confronté les points de vue. L’histoire globale, qui incarne un nouveau « nous » mondial, et non plus occidental, se fonde sur la prise en compte
de la mémoire des peuples meurtris par l'Histoire et le respect de leur dignité. Les vaincus et les humiliés ont autant de droits que les vainqueurs à écrire l’Histoire. Aucun Etat ne peut vivre à l’abri de
cette confrontation. Là où certains dénoncent une loi mémorielle, il n’y a qu’une manifestation
d’Histoire globale contre toute domination. Ne pas comprendre ce tournant épistémologique, c’est ne
pas comprendre le XXIe siècle.
Contre-vérité 10 : « La France est la seule à pratiquer le sport législatif des lois mémorielles ». C’est
faux. Près de trente pays et organisations régionales (Conseil de l’Europe, Union européenne, Mercosur) (voir page 11 de notre dossier de presse) ont à ce jour reconnu par un texte parlementaire la réalité
du génocide des Arméniens. Encore une fois, un génocide constitue le stade suprême des crimes contre
l’humanité. Il regarde donc toute l’humanité. 75% de la population arménienne a été massacrés par le
régime jeune-turc entre 1915 et 1917. Cela constitue la pire catastrophe de la Première guerre mondiale.
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Près de 30 Etats et institutions ont reconnu le génocide des Arméniens par
des lois et des résolutions
Liste des Etats : Uruguay (1965) ; Chypre (1984) ; Russie (1995) ; Grèce (1996) ; Belgique (1998) ; Liban (2000) ; Le Vatican (2000) ; France (2001) ; Italie (2001) ; Suisse (2003) ; Argentine (2004) ; Canada (2004) ; Slovaquie (2004) ; Pays-Bas (2004) ; Pologne (2005) ; Venezuela (2005) ; Lituanie (2005) ;
Chili (2007) ; Suède (2010).
Liste des Régions : Nouvelle-Galles du Sud, Pays Basque, Australie du Sud, Ecosse, Irlande du Nord,
Catalogne.
Listes des organisations régionales et internationales : La sous-commission des Droits de l’Homme
de l’ONU (1985) ; le Parlement Européen (1987) ; le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay)
(2007) ; Le Tribunal permanent des peuples (1984)
Liste des 43 Etats fédérés des Etats-Unis d'Amérique : Alaska, Arizona, Arkansas, Californie, Colorado, Connecticut, Delaware, Floride, Géorgie, Hawaï, Idaho, Illinois, Kansas, Kentucky, Louisiane, Le
Maine, Maryland, Massachusetts, Michigan, Minnesota, Missouri, Montana, Nebraska, Nevada, New
Hampshire, New Jersey, Nouveau-Mexique, New York, Caroline du Nord, Dakota du Nord, Ohio,
Oklahoma,Oregon, Pennsylvanie, Rhode Island, Caroline du Sud, Tennessee, Texas, Utah, Vermont,
Virginie, Washington, Wisconsin.
A deux reprises les Etats-Unis ont légiféré jusqu’à leur terme des résolutions portant sur la reconnaissance du génocide : 1975 et 1984. En 1981, Ronald Reagan, en tant que président des Etats-Unis a
reconnu le génocide arménien.
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Les dernières déclarations de représentants turcs
Abdullah Gül , président de la République : «Il n'est pas question pour nous d'accepter cette proposition de
loi (...) qui dénie le droit de rejeter des accusations infondées et injustes contre notre pays et notre nation», a
réagi le chef de l'Etat turc, Abdullah Gül, demandant à la France de renoncer à une loi «inacceptable». Décembre 2011 à Ankara.
« Nous ne pensons pas que le mot de génocide soit le terme approprié ni qu’il y a eu un génocide. Nous affirmons clairement qu’il est nécessaire de créer une commission, d’ouvrir toutes les archives et d’étudier tous les
documents et je serai d’accord avec toute décision venant de cette commission. Il y eu beaucoup de souffrances
cent ans avant, et cela est désolant […] quand on parle de génocide, on entend meurtre délibéré. Or, il n’y a
rien eu de ce genre ». 25 Janvier 2011 à Strasbourg au Conseil de l’Europe.
Recep Tayyip Erdogan, premier ministre turc : « Si le président français M. Sarkozy ne sait pas qu’il y a eu
un génocide, il peut le demander à son père Pal Sarkozy... qui a été légionnaire en Algérie dans les années
1940 ». « Les Algériens ont été brûlés collectivement dans des fours. Ils ont été martyrisés sans pitié. » Décembre 2011, Ankara
« Cette loi est politiquement fondée sur le racisme, la discrimination et la xénophobie »
"Je souhaite exprimer clairement que si ces démarches arrivent à terme, les conséquences sur les relations politiques, économiques, culturelles et dans tous les domaines avec la France seront graves", dans une lettre envoyée au chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy.
« La Turquie a accompli des réformes historiques, particulièrement dans le domaine de la démocratisation. Le
gouvernement a également œuvré à faire disparaître les restrictions sur la liberté. Les libertés ont été renforcées
cette dernière décennie et de nombreuses questions qui n’auraient pu être débattues il y a dix ans sont maintenant discutées librement. Il y a une tolérance zéro pour la torture et les barrières à la liberté d'expression ont été
levées. Certains ont allégué qu'il y a des restrictions concernant la liberté d'expression, mais c'est faux. La
presse est libre et critique librement quiconque. En Turquie, 26 journalistes ont été détenus ou arrêtés, parce
que ce sont des criminels et non parce qu'ils sont journalistes." 13 avril 2011 devant l’Assemblée parlementaire
du Conseil de l’Europe (APCE) à Strasbourg.
En marge du Sommet sur la Sécurité nucléaire, le premier ministre turc a affirmé que « la Turquie ne reconnaîtra jamais les événements de 1915 comme étant un génocide. »- Avril 2011
« La France vous a donné le droit à la double nationalité, pourquoi vous ne la demandez pas ? Ne soyez pas
réticent, ne soyez pas timide, utilisez le droit que la France vous donne. Prendre un passeport français ne vous
fait pas perdre votre identité turque ! Personne ne peut vous demander d’être assimilé. Pour moi, le fait de demander l’assimilation est un crime contre l’humanité. Personne ne peut vous dire : “Renonce à tes valeurs. Je
demande à chacun d’entre vous de faire plus d’efforts comme représentant de votre pays afin de mieux promouvoir la Turquie ici.”- 7 avril 2010 au Zénith de Paris.
Ahmet Davutoglu, ministre des affaires étrangères : « Ceux qui ne sont pas capables d’affronter leur propre
histoire parce qu’ils ont mené une politique colonialiste pendant des siècles, parce qu’ils traitent leurs étrangers
comme des citoyens de seconde zone, n’ont pas à donner une leçon d’histoire à la Turquie ». « Aujourd’hui en
France », octobre 2011.
“Il serait mieux, pour la sérénité en France, en Europe et dans le monde que M. Sarkozy abandonne le rôle de
l’historien et se creuse un peu la tête pour sortir son pays du gouffre économique dans lequel il se trouve et produise des projets pour l’avenir de l’Union européenne“, Octobre 2011, Agence de presse Anatolie.
Egemen Bagis, ministre turc aux affaires européennes : « Il n’y a jamais eu de génocide arménien en Turquie ». 6 avril 2011, au Sénat à Paris.
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Annexe 1 : Les actes négationnistes commis sur le territoire français
Avril 2002 à Alfortville et Grenoble : Dégradations des monuments dédiées au génocide arménien.
24 avril 2003 à Marseille : Un membre de la communauté arménienne est sauvagement agressé par un déséquilibré d'origine
turque lors de la manifestation devant le consulat de Turquie.
25 avril 2003 à Vienne : Dégradations sur la stèle dédiée au génocide arménien.
Fin avril 2003 à Paris : Le monument dédié au Révérend Père Komitas, inauguré le 24 avril 2003 par le Maire de Paris, a
été recouvert à plusieurs reprises de drapeaux turcs par des groupes de militants nationalistes turcs.
27 novembre 2004 à Valence : Des jeunes Français d’origine arménienne qui faisaient signer une pétition demandant que la
reconnaissance du génocide arménien figure dans les critères d’adhésion de la Turquie dans l’Union européenne, se sont fait
agresser par une vingtaine de nervis turcs qui les ont molestés et menacés de mort eux et leur famille.
11 avril 2005 à Marseille : La stèle située dans le quartier de Beaumont (12°), en face du mémorial a été profanée et souillée
avec une inscription homophobe.
5 mars 2006 : Selon l’agence de presse turque Anatolie les associations turques de France ont décidé de se regrouper pour
faire retirer la loi reconnaissant le génocide des Arméniens. La « Pensée Kémaliste » appelle 300 associations franco-turques
à réfuter les « allégations du soi-disant génocide arménien ». Publication dans plusieurs quotidiens à grand tirage d’une page
entière niant le génocide Arménien.
18 mars 2006, à Lyon : Dans la capitale de la résistance française, les extrémistes ultra-nationalistes Loups Gris, de concert
avec les associations franco-turques téléguidées par le Consulat de Turquie, manifestent avec une violence inquiétante, grâce
à l’aval de la Préfecture, sous des mots d’ordre négationnistes. Ils se heurtent aux étudiants anti-CPE : la police charge les
étudiants !
17 avril 2006, à Lyon : le Mémorial dédié à la mémoire des victimes du génocide des Arméniens en 1915, est profané juste
avant son inauguration prévue le 24 avril.
2 mai 2006 : Le ministre des affaires étrangères Abdullah Gul a vivement critiqué la France pour sa proposition de loi à venir, prévoyant jusqu'à un an d'emprisonnement ainsi que des amendes pour punir la négation du prétendu génocide arménien.
Gul a rencontré son homologue français Philippe Douste-Blazy pendant la réunion des ministres des affaires étrangères de
L'OTAN à Sofia.
« Si des politiciens turcs au cours d'une visite officielle en France, sont interrogés par les journalistes à propos du prétendu
génocide arménien, et qu'ils répondent que les allégations ne reflètent pas les faits. "Alors mettrez-vous ces politiciens en
prison ?", a demandé Gul.
4 mai 2006 : sur Radio Classique : débat autour du thème "faut-il sanctionner la négation du génocide arménien?" Le président des associations franco-turques Anatolie a tenu des propos ouvertement négationnistes "prétendu génocide arménien"
et "ce qu'ici vous appelez génocide...", s'est également fait l'écho de la propagande turque sur le Karabakh : "les Arméniens
occupent...et les Turcs ne sont pas insensibles à la situation de leurs frères azéris...".
8 mai 2006 : Dans l'émission "A Vos Risques et Périls" de la station Radio Méditerranée des propos haineux ont été proférés
à l'encontre de la véracité du génocide des Arméniens en 1915. Cette intervention malveillante n'a pas été désapprouvée par
les animateurs l’émission et a été relayée dans la méthode négationniste habituelle cherchant à présenter "une autre version
des faits".
9 mai 2006 : La Turquie, qui nie le génocide arménien, fait pression et rappelle ses ambassadeurs à Paris et Ottawa : depuis
dix jours, Ankara mettait en garde contre l’éventuelle adoption, le 18 mai au Parlement français, d'une proposition de loi
pénalisant tout déni du génocide arménien d'un an de prison et de fortes amendes.
17 juin 2006, à Valentigney (Doubs) : Exposition photo d’Antoine Agoudjian censurée sur pression de la communauté
turque.
5 septembre 2006 : Négationnisme sur Internet : le CDCA avait assigné le Consul Général de Turquie à Paris ainsi que la
société Wanadoo France Télécom, hébergeur du site Internet du Consul, le 9 juillet 2004. En effet, sur les sites Internet
http://www.tcparbsk.com ou http://perso.wanadoo.fr/tcparbsk/ hébergés en France dans les pages personnelles de Wanadoo,
le Consul Général de Turquie à Paris met en ligne, accessible de la page d’accueil, un pamphlet à vocation clairement négationniste destiné aux internautes à la recherche d'informations générales sur la Turquie.
13 au 14 Octobre 2006, à Paris : Vol d’ordinateurs chez des dirigeants de la communauté arménienne. Les fichiers informatiques volés contenaient une mine de renseignements sur la communauté arménienne. Dans la nuit du 13 au 14 octobre, soit
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au lendemain de l'adoption par les députés de la loi sanctionnant la négation du génocide arménien. Des vols similaires se
sont également produits à Paris.
14 Octobre 2006, à Chaville : Profanation du Mémorial Arménien. Une sculpture en bronze ornant le monument arménien
de Chaville (Hauts-de-Seine) a été dérobée dans la nuit de vendredi à samedi, annonce un représentant de la communauté
arménienne.
18 octobre 2006 à Paris : Le Comité Talaat Pacha du parti des travailleurs de Dogu Perinçek organise une manifestation le
21 octobre 2006 à 13: 00 sur la place de la Bastille à Paris, contre le vote intervenu au Parlement français pour la pénalisation
de la négation du génocide arménien.
21 octobre 2006 à Paris : le Comité Talaat Pacha organise un rassemblement négationniste place de la Bastille en déployant
une immense banderole : « Il n’y a jamais eu de génocide arménien ». Les forces de l’ordre sur place laissent se dérouler
cette manifestation pourtant non-autorisée.
22 octobre 2006 à Paris : Plus d'une centaine de personnes, d'origine turque à en juger par les drapeaux fièrement arborés,
s'est rassemblée sur les marches de l'Opéra-Bastille à Paris pour hurler son négationnisme puisqu'elle en a encore le droit :
"Génocide? Mensonge!", "Arménie assassins", "non au génocide", "liberté d'expression", "Génocide non non non", en déployant une banderole : "Il n'y a jamais eu de génocide arménien" et en faisant le salut des Loups-Gris, groupe ultranationaliste turc... Les forces de l'ordre ont exigé le retrait des banderoles négationnistes.
30 octobre 2006 : Des Turcs attaquent la France... sur le Web. Plusieurs attaques de pirates informatiques Turcs ont été
commises sur des sites gouvernementaux français en réponse à une loi française votée récemment au Parlement. Un nouveau
type d’expression qui se fait de plus en plus courant
9 Novembre 2006 à Paris : Dans le procès en appel du CDCA contre le Consul Général de Turquie à Paris et France Télécom-wanadoo, le jugement du TGI (du 15 novembre 2004) est confirmé. L’argumentation du Tribunal pour ne pas donner
suite à la demande à l’encontre de l’hébergeur wanadoo est la suivante :
1)
le TGI indique que le génocide arménien ne fait pas partie des crimes dont la contestation est punissable
2)
la loi du 29 janvier 2001, reconnaissant l'existence du génocide arménien de 1915, ne crée pas de délit de contestation de ce génocide.
15 Novembre 2006 à Ankara : Le Ministre turc des Affaires étrangères Abdullah Gül annonce en commission budgétaire du
parlement turc que le gouvernement turc se prépare à une nouvelle politique vis-à-vis des « allégations de génocide ». Il envisage entre autre la mise en place d’un tribunal d’arbitrage international, et d’attaquer la France devant le Tribunal international de La Haye. Il veut s’efforcer, par ces nouvelles initiatives, de régler le problème arménien aux yeux du monde.
26 novembre 2006 à Marseille : Profanation de tombes arméniennes dans un cimetière de Marseille. Trente huit tombes ont
été profanées dimanche après-midi dans un cimetière de Marseille, dont 18 de citoyens d’origine arménienne.
26 novembre 2006 à Valence (Drôme) : Agression turque contre de jeunes arméniens.
15 décembre 2006 à Valence : Cinq jeunes Français d'origine arménienne qui tenaient un stand d'information sur le génocide arménien devant la Mairie de Valence (Drôme) avaient été violemment agressés par une vingtaine de jeunes Turcs. A
l'issue du procès, deux des inculpés sont condamnés à 1 € symbolique, le Juge accordant même une dispense de peine alors
que le Procureur Nahon avait requis une peine de 4 et 6 mois de prison avec sursis !
27 janvier 2007 à Paris : à 15h, environ 400 personnes se sont réunies, à l’appel de l'association turque ACORT (L'Assemblée Citoyenne des Originaires de Turquie) pour une marche silencieuse en mémoire du journaliste arménien assassiné, et
sont allées de la place de la République à la place de la Bastille, sous la banderole "Nous sommes tous des Hrant Dink",
"Nous sommes tous des Arméniens". Le Président d'Accort a soigneusement évité l'utilisation du mot "génocide", lui préférant - suivant la terminologie turque habituelle -, celui d'"événements". Certains, parmi les signataires mêmes de cet appel,
sont des négationnistes n'ayant rien à envier à un Faurisson. Une manifestation avec peut-être des bons sentiments mais également de forts relents de récupération.
7 mars 2007 à Paris : En appel, le CDCA est débouté dans le procès qui l’oppose au Quid, la Cour d'appel estimant que "la
simple relation de thèses ‘révisionnistes'" ne pouvait "engager la responsabilité de celui qui, ne niant pas lui-même la réalité
du génocide arménien, ne prend pas parti sur le bien-fondé des opinions visant à en contester la réalité, ne les reprend pas à
son compte et n'entend ni légitimer la position turque sur la question arménienne, ni lui donner du crédit".
7 mars 2007 : Génocide arménien : le négationnisme dirigé par le Ministère de l'Education Nationale de Turquie
L'Union européenne – qui finance une grande partie des programmes scolaires turcs au titre des budgets alloués aux pays en
voie d'adhésion - sait-elle que la Turquie institutionnalise (en catimini) le déni et le mensonge autour du génocide arménien
dans les établissements scolaires ? Une circulaire confidentielle officielle, datant du 7 mars 2007 et émanant du Ministère de
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l'Education Nationale turque, indique les arguments qui doivent être pris en considération dans l'organisation des activités
éducatives, culturelles et sociales : « L'Arménie a détruit les produits culturels turcs ; la population turque a été exilée d'Arménie ou annihilée ».
13, 14 et 15 Avril 2007 à Paris : Un "Mouvement Jeunes-Turcs" appelle à manifester. Les nationalistes turcs du Comité
Talaat Pacha (Dogu Perinçek) organisent samedi 14 avril à 13:00, une conférence négationniste.
25 août 2007, Lyon : Profanation du Mémorial arménien
6 janvier 2008, Paris : Dimanche 6 janvier 2008, en ce jour de Noël arménien, l'Eglise Apostolique Arménienne de la rue
Jean-Goujon à Paris 8ème, a été la cible d'une alerte à la bombe. La police a procédé à l'évacuation des fidèles réunis dans
l'église avant de fouiller les lieux. Une foule nombreuse a été maintenue à l'écart dans les rues avoisinantes.
4 février 2008 : Dans le cadre d’une « formation » dispensée à de futurs juristes, politologues, hauts fonctionnaires par un
établissement supérieur de l’Education nationale vient de se tenir à la Faculté de Droit de l’Université René Descartes (Paris
V), une table ronde en présence de l’ambassadeur de Turquie en France : "La Turquie et l’Europe : un destin commun ?",
était de l’aveu même de ses organisateurs, destinée à promouvoir l’entrée de la Turquie dans l’UE. Mission accomplie : les
interventions étaient d’un faible niveau académique, et erreurs, omissions et approximations - et surtout manquements
éthiques sidérants n’ont pas manqué. Est-il acceptable qu’un établissement de l’enseignement supérieur français abrite entre
ses murs la justification de la négation du génocide arménien ?
24 avril 2008 : Les sites français Imprescriptible.org, Imprescriptible.com, Imprescriptible.info et Imprescriptible.net ont fait
l’objet de sabotages par des hackers turcs ce 24 avril 2008 à 17h48. Ce n'est pas la première fois que des négationnistes turcs
piratent des sites dédiés à la mémoire des Arméniens. Mais ce vandalisme sur internet prend, en ce 24 avril, un sens particulier : c'est en effet le 24 avril 1915 qu'a débuté le génocide des Arméniens vivant dans l'Empire ottoman et qui fit 1 500 000
victimes sur une population de 2 millions d'habitants.
21 mai 2008 : La communauté arménienne, le MLGA et le Conseil de Coordination des Organisations Arméniennes de
France (CCAF) déplorent une nouvelle fois la dégradation du Mémorial dédié au génocide des Arméniens et à tous les génocides, survenue dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 mai 2008 à Lyon. Des inscriptions racistes et particulièrement ordurières en langue turque ont été tracées sur plusieurs stèles du monument.
10 octobre 2008 : Pierre Nora signe dans Le Monde un article "Liberté pour l'Histoire !" à propos de ce que l'on a coutume
d'appeler à tort "les lois mémorielles ", dans lequel il mentionne la loi "de 2001 reconnaissant le "génocide" arménien de
1915 et, la même année, la loi Taubira qualifiant de crime contre l'humanité la traite et l'esclavage perpétrés à partir du XVe
siècle par les nations occidentales". Sans entrer dans l'analyse de ce texte, un triste constat s'impose : pourquoi des guillemets
à génocide arménien, si ce n'est pour nier la dimension génocidaire de l'extermination du peuple arménien ?
28 novembre 2008 : Une pleine page de publicité en page 9 du quotidien Le Monde daté du 28 novembre 2008, voilà ce qu'a
pu se payer Liberté pour l'Histoire, Collectif d'historiens présidé par Pierre Nora, pour remercier les signataires de l'appel de
Blois dont les noms sont affichés, barrés d'un énorme "Merci". On remarquera dans cette liste, le nom de l'Américain Guenter
Lewy, auteur du livre "The Armenian massacres in Ottoman Turkey : a disputed genocide", où l'auteur tente de démontrer
que les Arméniens n'ont pas été victimes d'un génocide.
20 mai 2009 : Des tags anti-arméniens ont été retrouvés à l'intérieur de l'Eglise Saint-Pierre de Saint-Chamond (Loire).
L'église du XVIIe siècle, monument historique, particulièrement connue pour son plafond de style Renaissance italienne et
ses boiseries, avait accueilli un concert de la chorale Gomidas organisé par le Centre Culturel Arménien de Saint-Chamond et
l'Espace Culturel Arménien de Saint-Etienne dans la soirée du 25 avril, lendemain du jour de commémoration du génocide
arménien.
28 mai 2009 : Aveu du premier ministre turc - Le Premier ministre turc Erdogan a déclaré : "Pendant des années, divers faits
se sont produits dans ce pays, au détriment des minorités ethniques qui y vivaient. Elles ont été nettoyées ethniquement, parce
qu’elles possédaient une identité culturelle ethnique différente. Ce comportement est le résultat d’une conception fasciste."
Le directeur de CNN-Turk News, Ridvan Akar est sceptique quant aux véritables intentions d’Erdogan : "Bien sûr, Erdogan a
fait un pas en avant avec cette déclaration. Mais la sincérité de ses paroles dépendra des actes qui s’ensuivront, tels que la
restitution des droits de ceux qui ont été expulsés, le retour des bien confisqués, ou des compensations." Dans une déclaration
audacieuse, le Premier ministre Rejep Erdogan a admis pour la première fois que l’expulsion de Turquie de dizaine de milliers de Grecs au siècle dernier était un acte "fasciste", a rapporté l’agence Reuters.
30 juin 2009, à Paris : Lancement de la Saison turque en France - Le mardi 30 juin 2009 à 16h45, Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, a lancé officiellement, en présence de M. Ertugrul Günay, ministre de la Culture
et du Tourisme de la République de Turquie, la saison de la Turquie en France (juillet 2009 - mars 2010Un "détail" de l'histoire pas si anodin que ça, puisqu'à ce jour, le site du ministère de la culture de Turquie présente, dans sa rubrique histoire,
une grossière propagande négationniste du génocide arménien.
29 juillet 2009: Un ambassadeur français se doit de représenter son pays et les lois de la République. C’est même là sa fonction première. François Dopffer, ancien ambassadeur français en Turquie de 1991 à 1996, ne respecterait-il pas la loi fran-
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çaise ? Il a signé un article « La Turquie et l’Union européenne » dans un dossier global intitulé « Turquie : Acteur majeur
des relations internationales ? », mené sous la direction de Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, et dans lequel il parle de
« la réunion d'une commission d'experts sur les massacres de 1915 » en précisant entre parenthèses : « (génocide pour les
Arméniens) ». François Dopffer est à même de savoir que des centaines de chercheurs et historiens internationaux de renom
ont validé les « massacres de 1915 » comme génocide avéré. Et comme tout ambassadeur, il ne peut ignorer la loi républicaine n°2001-70 du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915. Elle stipule : « La France
reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915. »
30 juillet 2009, à Marseille : A l'arrivée du bateau turc "Kybele", jeudi 30 juillet 2009 dans le Vieux Port de Marseille, Daniel Herman, adjoint au maire de Marseille chargé de la culture, a parlé avec embarras du génocide arménien comme étant la
"tragédie de 1915".
14 août 2009 : La Coalition des Turcs d’Amérique (TCA) a lancé une campagne en ligne pour faire pression sur le géant
Internet ‘Google’, afin de le rendre complice dans son déni du génocide arménien. Cette action est entreprise pour soutenir la
récente décision de Google, conformément à sa devise ‘ne pas se mettre à mal’, d’arrêter la publicité placée par la TCA, qui
redirigeait le trafic Internet vers des sites Web niant le génocide arménien.
19 février 2010 : A l’approche du 24 avril 2010, alors que les enfants et petits-enfants des survivants s’apprêtent à commémorer le génocide des Arméniens, nous constatons que le négationnisme connait un regain d’activité. Les négationnistes sont
beaucoup plus actifs sur Internet où ils exploitent la liberté de communication pour nier le génocide des Arméniens et diffuser l’idéologie nationaliste turque. Ainsi les sites internet, blogs, groupes sur les réseaux sociaux (tels que facebook) et autres
forums, sont assaillis par des internautes niant le génocide des Arméniens. L’argumentaire classique des négateurs consiste à
nier le crime, minimiser les souffrances des victimes, relativiser la responsabilité du coupable voire accuser les Arméniens
d’être eux-mêmes les « génocideurs » du peuple turc. Pour résumer leurs argumentaires qui sont très souvent identiques : «
en 1915, il ne s’est rien passé, mais les Arméniens l’ont bien cherché ».
17 mars 2010 : le Festival Travelling Istanbul s’est déroulé à Rennes du 9 au 16 février 2010, dans le cadre de la Saison de la
Turquie en France et « a ainsi profité d’un soutien financier et logistique bienvenu », selon l’éditorial de l’Association Clair
Obscur, organisatrice de ce festival de cinéma de Rennes Métropole. Les programmes officiels du Festival Travelling Istanbul, imprimés par l’Association Clair Obscur, qui contenaient à l’origine en page 3, une présentation chronologique de
l’Histoire de la Turquie, signalant pour les années 1915-1917, le génocide des Arméniens, ont tous été censurés.
23 mars 2010, à Strasbourg : Une collégienne contredit son professeur sur le génocide des arméniens : D.E, professeur
d’éducation musicale d’un collège à Strasbourg, a pour habitude d’éveiller ses élèves au devoir de mémoire. « Un travail
transversal », explique-t-il. Ce jour là, en classe de troisième, l’éducateur, en référence au tremblement de terre qui a endeuillé Haïti (12 janvier 2010), diffuse la chanson de Charles Aznavour « Pour toi Arménie », puis il distribue le texte aux élèves
avec un avenant sur le génocide. Outre le contexte de la chanson, il explique que le peuple arménien a souffert auparavant
d’un génocide. C’est alors qu’une jeune fille, prénommée Edanur, interpelle le professeur qui explique les événements de
1915 : « Monsieur, ce que vous dites est faux. Les Arméniens sont responsables, ils ont trahis la Turquie. »
5 Juin 2010 à Avignon : Profanation du Mémorial arménien
2010 : Publication d’un ouvrage négationniste sur le sol français
25 Janvier 2011 à Strasbourg au Conseil de l'Europe : Le président turc Abdullah Gül nie le génocide des Arméniens
Mars 2011 : L’État turc édite en 11 langues, dont le français, un ouvrage promotionnel consacré à la Turquie dans lequel un
chapitre affirme la négation du génocide arménien
18-21 Mars 2011 à Paris : Salon du Livre : Distribution gratuite de « 2000 ans d’Histoire de la Turquie », dans lequel est nié
le génocide arménien
6 Avril 2011 à Paris : Au Sénat: Le Secrétaire d’État turc Egemen Bagis déclare « Il n’y a jamais eu de génocide arménien
en Turquie »
22 décembre 2011, à Paris : Alors que les Députés Français débattaient de la proposition de loi réprimant la contestation des
génocides reconnus par la France, des milliers de manifestants négationnistes turcs s’étaient rassemblés devant le Palais
Bourbon, brandissant des drapeaux turcs et des panneaux négationnistes.
En permanence sur le réseau Internet : Facebook, You Tube et autres publications de presse, blogs, d’origine turque, en
langue française, contestent, parfois en termes insultants et racistes l’existence du génocide des Arméniens.
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Annexe 2 : Quelques discours publics et tribunes
parues dans la presse française
La négation, objet légitime du droit, Docteur Sévane Garibian, juriste, Paris-X-Nanterre, « Libération », 3 novembre 2006.
Le texte de Jérôme de Hemptinne (Libération du 25 octobre) pose une question importante et nécessaire, dont la
réponse permettrait de combler un trou creusé par le débat actuel sur la négation saisie par le droit : comment
cette négation est-elle définie en droit ? Autrement dit, quel est le sens de l'interdit posé par la proposition de loi
récemment adoptée à l'Assemblée nationale visant à pénaliser la négation du génocide des Arméniens, sur le
modèle de la loi Gayssot ?
Tant le langage courant que le langage historiographique ont longtemps défini le négationnisme comme une doctrine ou une position idéologique consistant à nier la réalité du génocide du peuple juif et, plus particulièrement,
l'existence des chambres à gaz. Depuis plusieurs années déjà, au regard de la réalité et de l'actualité d'un phénomène qui s'étend, l'usage du mot «négation» est élargi à la contestation d'autres génocides ; un «assassinat de la
mémoire», comme étape ultime du processus génocidaire, dont tout le monde s'accorde à dire, à la suite de Pierre
Vidal-Naquet, qu'il perpétue le crime.
La négation devient objet du droit avec l'adoption de la loi Gayssot en 1990. L'interprétation des juges français et
européens en la matière permet de dégager les limites qui cadrent l'interdit et garantissent sa conformité aux libertés fondamentales. La jurisprudence relative aux affaires de négationnisme est fort éclairante quant à la signification, restrictive, attribuée à ce terme : la négation ne tombe sous le coup de la loi que dans la mesure où elle
constitue un «trouble illicite de nature à porter atteinte à l'ordre public», dont le droit au respect de la dignité
humaine est une composante. Et les juges ont, par ailleurs, eu l'occasion de souligner que les intérêts protégés
par l'interdit comprennent notamment «les fondements d'une société démocratique».
L'élément clé dans la définition juridique de la négation est l'intention de nuire du contestataire, dont la mauvaise
foi, non présumée, doit être prouvée par l'accusation. Ce n'est pas l'opinion en tant que telle qui est punie, mais la
diffusion de cette opinion en tant qu'acte idéologique, de mauvaise foi, exprimant sous couvert de scientificité
une propagande antisémite, raciste ou haineuse, susceptible de produire des effets indésirables dans une démocratie. L'absence d'une présomption de mauvaise foi en matière de négationnisme constitue, en outre, une différence fondamentale entre ce délit et d'autres délits de presse pourtant proches, tels que la diffamation ou la provocation à la discrimination raciale. Elle vise, précisément, la préservation du principe de la libre recherche
scientifique, lequel principe, s'il permet de revisiter des faits historiques, implique, aussi, une responsabilité.
Il s'agit de distinguer la contestation idéologique et dangereuse du doute ou du questionnement, propres à toute
recherche scientifique. Contrairement à ce que semble craindre Jérôme de Hemptinne, il n'est pas question de
«rester muet». Mais d'être responsable lorsque l'on remet en cause la réalité d'un crime de génocide, dont la spécificité, tout comme celle du délit de négationnisme, est déterminée par l'intention qui motive l'acte.
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Discours de Bernard-Henri Levy, lors d’un meeting à la Mutualité, le 17 janvier 2007.
On dit : « Ce n'est pas à la loi d'écrire l'Histoire »... Absurde. Car l'Histoire est déjà écrite. Que les Arméniens
aient été victimes, au sens précis du terme, d'une tentative de génocide, c'est-à-dire d'une entreprise planifiée
d'annihilation, Churchill l'a dit. Jaurès l'a crié. Péguy, au moment même où il s'engage pour Dreyfus, parle de ce
commencement de génocide comme du « plus grand massacre du siècle ». Les Turcs eux-mêmes l'admettent.
Oui, c'est une chose que l'on ne sait pas assez : dès 1918, Mustapha Kemal reconnaît les tueries perpétrées par le
gouvernement jeune-turc ; des cours martiales sont instituées ; elles prononcent des centaines de sentences de
mort. Et je ne parle pas des historiens ni des théoriciens du génocide, je ne parle pas des chercheurs de Yad Vachem, ni de Yehuda Bauer, ni de Raoul Hilberg, je ne parle pas de tous ces savants pour qui, à l'exception de
Bernard Lewis, la question de savoir s'il y a eu, ou non, génocide ne s'est jamais posée et ne se pose pas.
Il ne s'agit pas de « dire l'Histoire », donc. L'Histoire a été dite. Elle a été redite et archi-dite. Ce dont il est question, c'est d'empêcher sa négation. Ce dont le Sénat va discuter, c'est de compliquer, un peu, la vie aux insulteurs.
Il y a des lois, en France, contre l'insulte et la diffamation. N'est-ce pas la moindre des choses d'avoir une loi qui
pénalise cette insulte absolue, cet outrage qui passe tous les outrages et qui consiste à outrager la mémoire des
morts ?
On dit : « Oui, d'accord ; mais la loi n'a pas à se mêler, si peu que ce soit, de l'établissement de la vérité car elle
empêche, lorsqu'elle le fait, les historiens de travailler. » Faux. C'est le contraire. Ce sont les négationnistes qui
empêchent les historiens de travailler. Ce sont les négationnistes qui, avec leurs truquages, brouillent les pistes.
Prenez la loi Gayssot. Citez-moi un cas d'historien, un seul, que la loi Gayssot, sanctionnant la négation de la
destruction des juifs, ait empêché de travailler.
C'est une loi qui empêche Le Pen ou Gollnisch de trop déraper. C'est une loi qui met des limites à l'expression
d'un Faurisson. C'est une loi qui gêne les incendiaires des âmes type Dieudonné. C'est une loi qui, par parenthèse, nous évite des mascarades du type de ce procès du super-négationniste David Irving qui eut lieu à Londres
il y a sept ans et où, précisément faute de loi, l'on vit juges, procureurs, avocats, journalistes à scandale, affairés à
se substituer aux historiens et à semer, pour de bon, le trouble dans les esprits. Mais c'est une loi qui ne s'est jamais mise en travers de la route d'un seul historien digne de ce nom. C'est une loi qui, contrairement à ce que
nous disent, je n'arrive pas à comprendre pourquoi, les « historiens pétitionnaires », les protège, oui, les protège
de la pollution négationniste. Et il en ira de même avec l'extension de cette loi Gayssot à la négation du génocide
arménien.
On dit : « Où s'arrêtera-t-on ? Pourquoi pas, tant qu'on y est, des lois sur le colonialisme, la Vendée, les caricatures de Mahomet ? Est-ce qu'on ne s'oriente pas vers des dizaines de lois mémorielles dont le seul résultat sera
d'interdire l'expression des opinions non conformes ? » Autre erreur. Autre piège. D'abord, il n'est pas question
de « lois mémorielles », mais de génocide ; il n'est pas question de légiférer sur tout et n'importe quoi, mais sur
les génocides et les génocides seulement ; et des génocides, il n'y en a pas cent, ni dix - il y en a quatre, peut-être
cinq, avec le Rwanda, le Cambodge et le Darfour, et c'est une escroquerie intellectuelle de brandir l'épouvantail
de cette multiplication de nouvelles lois attentatoires à la liberté de pensée.
Et puis, ensuite, soyons sérieux : il n'est pas question, dans cette affaire, d'opinions non conformes, incorrectes,
etc. ; il est question de négationnisme, seulement de négationnisme, c'est-à-dire de ce tour d'esprit très particulier
qui consiste non pas à avoir une certaine opinion quant aux raisons de la victoire d'Hitler ou des Jeunes-Turcs,
mais qui consiste à dire que le réel n'a pas eu lieu. Pas de chantage, donc, à la tyrannie de la pénitence ! Arrêtons
avec le faux argument de la boîte de Pandore ouvrant la voie à une inquisition généralisée ! Le fait que l'on punisse le négationnisme anti-arménien n'impliquera en aucune façon cette fameuse prolifération, en métastases, de
lois politiquement correctes.
On dit encore : « Attention à ne pas tout mélanger ; il ne faut pas prendre le risque de banaliser la Shoah. » Ma
réponse, là-dessus, est très claire. Il est vrai que ce n'est pas pareil. Il est vrai que, et le nombre de ses morts, et le
degré d'irrationalité atteint par les assassins, et le type très particulier de rapport à la technique qu'implique l'invention de la chambre à gaz, il est vrai, oui, que tout cela confère à la Shoah une irréductible singularité. Mais, à
cette évidence, j'ajoute deux remarques.
Primo, ce n'est peut-être pas « pareil », mais le moins que l'on puisse dire est que cela se ressemble. Et le premier
à le savoir, le premier à en prendre acte, fut un certain Adolf Hitler, dont on ne dira jamais assez combien le gé-
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nocide antiarménien l'a frappé, fait réfléchir et, si j'ose dire, inspiré. Ce génocide arménien, ce premier génocide,
le fut – « premier » – à tous les sens du terme : un génocide exemplaire et presque séminal ; un génocide banc
d'essai ; un laboratoire du génocide considéré comme tel par les nazis.
Et puis j'ajoute, secundo, cette autre observation. Lorsque je me suis plongé dans la littérature négationniste touchant les Arméniens, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que c'est la même littérature, littéralement la
même, que celle que je connaissais et qui vise la destruction des juifs. Même rhétorique. Mêmes arguments.
Même façon, tantôt de minimiser (des morts, d'accord, mais pas tant qu'on nous le dit), tantôt de rationaliser (des
massacres qui s'inscrivent dans une logique de guerre), tantôt de renverser les rôles (de même que Céline faisait
des juifs les vrais responsables de la guerre, de même les négationnistes turcs expliquent que ce sont les Arméniens qui, par leur double jeu, leur alliance avec les Russes, ont fait leur propre martyre), tantôt, enfin, de relativiser (quelle différence entre Auschwitz et Dresde ? quelle différence entre les génocidés et les victimes turques
des « bandes armées » arméniennes ?)
Bref. A ceux qui seraient tentés de jouer au jeu de la guerre des mémoires, je veux répondre en plaidant pour la
fraternité des génocidés. C'est la position de Jan Patocka, le philosophe de la « solidarité des ébranlés ». C'était la
position des pionniers d'Israël, qui, tous, se sentaient un destin commun avec les Arméniens naufragés. La lutte
contre le négationnisme ne se divise pas. Laisser une chance à l'un équivaudrait à ouvrir une brèche à l'autre...
On dit enfin - et cela se veut l'argument définitif : « Pourquoi ne pas laisser la vérité se défendre seule ? N'estelle pas assez forte pour s'imposer et faire mentir les négationnistes ? » Eh bien non, justement ! Parce que ce
négationnisme anti-arménien a une particularité que l'on ne trouve pas, pour le coup, dans le négationnisme judéocide : c'est un négationnisme d'Etat ; c'est un négationnisme qui s'appuie sur les ressources, la diplomatie, la
capacité de chantage, d'un grand Etat.
Imaginez un instant ce qu'eût été la situation des survivants de la Shoah si l'Etat allemand avait été, après la
guerre, un Etat négationniste ! Imaginez leur surcroît de détresse s'ils avaient eu, face à eux, une Allemagne non
repentante menaçant ses partenaires de rétorsions s'ils qualifiaient de génocide la tragédie des hommes, femmes
et enfants triés sur la rampe d'Auschwitz ! C'est votre situation, amis arméniens ; et il y a là une adversité qui n'a,
cette fois, pas d'équivalent et à laquelle je ne suis pas sûr que la vérité, dans sa belle nudité, ait assez de force
pour s'opposer.
Un tout dernier mot. Vous vous souvenez d'Himmler créant, en juin 1942, un commando spécial, le commando
1005, chargé de déterrer les corps et de les brûler. Vous connaissez les euphémismes utilisés pour ne pas avoir à
dire « meurtre de masse » et pour effacer donc, jusque dans le discours, la marque de ce qui était en train de
s'opérer.
Eh bien, cette loi qui est celle de la Shoah, ce théorème que j'appelle le théorème de Claude Lanzmann et qui
veut que le crime parfait soit un crime sans trace et que l'effacement de la trace soit partie intégrante du crime
lui-même, cette évidence d'un négationnisme qui n'est pas la suite mais un moment du génocide et qui lui est
consubstantiel, tout cela vaut pour tous les génocides et donc aussi, naturellement, pour le génocide du peuple
arménien. On croit que ces gens expriment une opinion : ils perpétuent le crime. Ils se veulent libres-penseurs,
apôtres du doute et du soupçon : ils parachèvent l'œuvre de mort.
Il faut une loi contre le négationnisme parce que le négationnisme est, au sens strict, le stade suprême du génocide.
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La Turquie déboussolée et la France en analyse, Philippe Kalfayan, juriste, ancien secrétaire
général de la FIDH et spécialiste du Sud Caucase et de la Turquie, Le Monde, 30 décembre 2011.
L’adoption le 22 décembre 2011 de la “proposition de loi visant à réprimer la contestation de l’existence des
génocides reconnus par la loi“ par l’Assemblée Nationale a débouché sur un incroyable spectacle. Ankara a mis
à exécution ses représailles à l’encontre de la France après avoir vainement essayé de prévenir cette décision
souveraine par une vague déferlante de menaces, pressions et d’ingérences inédites et inintelligibles, complétées
par l’envoi de deux délégations et, le jour même du vote, une manifestation de rue orchestrée par son ambassade
en France. Les Français, quelle que soit leur origine, sont bien entendu choqués par l’agressivité et la violence de
la réaction turque. Mais ils n’en sont pas vraiment surpris, notamment ceux d’origine arménienne. Mieux que
quiconque ces derniers savent ce que la Turquie moderne a engendré par son déni vieux de 97 ans. Si l’Empire
ottoman est responsable de ce crime des crimes, c’est la République turque actuelle qui écrit la version officielle
de l’histoire turque. C’est sous son auspice que le journaliste arménien Hrant Dink a été tué en 2007, que le prix
Nobel Orhan Pamuk et le chercheur turc Taner Akcam sont poursuivis par la justice turque. Le premier partisan
du dialogue arméno-turc a été assassiné pour avoir parlé du génocide. Le deuxième est poursuivi pour avoir évoqué le génocide des Arméniens. Le troisième, pour ses travaux inédits sur ce crime.
L’ingérence turque est pour le moins maladroite, contradictoire et malvenue. Maladroite, car elle montre à quel
point la Turquie est éloignée dans l’esprit du droit communautaire européen et de son éthique, alors qu’elle ne
cesse de rappeler son appartenance à la famille européenne. Contradictoire, quand les représentants du commerce et de l’industrie turcs contestent le droit des élus français de légiférer sur le négationnisme alors qu’ils
interviennent dans un domaine bien éloigné du milieu des affaires. Malvenue car la Turquie a multiplié ces derniers mois les arrestations d’élus, de journalistes, d’avocats, d’éditeurs, au nom des lois anti-terroristes. 40 personnes, dont 20 journalistes étaient encore arrêtées la veille du vote.
En France, le spectacle auquel nous assistons frise l’indécence, tant les déclarations d’hommes politiques français, qui plutôt que de s’indigner de l’outrance de la réaction turque contre la République française, son président
et ses élus, y vont de leur attaque politicienne contre le chef de l’Etat, se répandent de manière inculte, ou
s’aplatissent devant la menace turque. Outre que ces personnalités abordent un sujet qu’elles ne connaissent pas,
elles expriment des contre-vérités historiques et juridiques. N’en déplaise à certains, la négation du génocide
arménien concerne bien l’ensemble de l’humanité. Il est singulier de constater qu’à l’heure de la mondialisation,
des personnalités politiques ou issues de la société civile n’en retiennent qu’une dimension communautaire et
électoraliste, ce qui est bien loin d’être vérifié.
D’autres s’exercent à dénoncer le caractère anticonstitutionnel de l’objet du délit. Si leur argument technique est
respectueux, alors qu’ils aillent jusqu’au bout de leur raisonnement et remettent en cause la constitutionnalité de
la loi Gayssot. Les contorsions intellectuelles qui nous sont proposées par certains défenseurs des droits de
l’homme et d’autres bien-pensants pour nous expliquer que ladite loi ne combattrait pas la négation des crimes
jugés à Nuremberg mais plutôt l’antisémitisme sont bien fragiles pour défendre une position indéfendable, celle
du deux poids deux mesures. Il est utile de rappeler qu’au terme des procès de Nuremberg, le mot génocide
n’existait pas encore. Il fut créé en 1948. La qualification de génocide pour les crimes contre l’humanité jugés à
Nuremberg est intervenue ensuite. Et à y regarder de plus près, la nouvelle loi votée le 22 décembre 2011 fournirait un meilleur cadre juridique de protection contre la négation du génocide juif.
Leur dernier argument serait que la France n’a été ni victime ni complice du génocide arménien. Si la France n’a
pas été complice du crime, elle a, comme la Grande Bretagne et la Russie, envoyée une missive aux autorités
turques le 24 mai 1915 en vertu de laquelle la Triple Entente leur exigeaient des comptes après la guerre pour les
crimes contre l’humanité commis sur leurs populations arméniennes. La France, tout comme les autres Etats de
la communauté internationale, ont une responsabilité historique : celle de faire respecter la dignité humaine et
une moralisation du système international.
Quant à ceux qui agitent le spectre de la pensée unique, il faut rappeler que cette loi n’entrave pas la liberté de
recherche, mais elle pénalise la diffusion publique de propos négationnistes outranciers. On peut être raciste ou
négationniste. Mais on n’a pas le droit de diffuser ce poison dans l’espace public. Le négationnisme est une diffamation.
Dans toute cette affaire, la presse a malheureusement peu relayé les voix turques discordantes de la ligne officielle. L’association turque des droits de l’Homme (IHD) a appelé au vote de cette loi. Le fils et les amis de
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Hrant Dink ont demandé au gouvernement turc de se pencher plutôt sur la liberté d’expression en Turquie plutôt
que d’attaquer la France. Enfin, les politologues turcs Baskin Oran et Mehmet Ali Birand ont souligné l’urgence
d’abandonner cette politique hasardeuse de négation. Tous s’accordent pour dire que cette loi doit servir au
changement radical de posture d’Ankara. La Turquie veut l’Europe mais sans son droit, ni son éthique. A Ankara
de s’adapter, pas aux Européens de plier.
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Le négationnisme ravive les souffrances du génocide arménien, Patrick Devedjian, Député
et Président du Conseil Général des Hauts-de -Seine, « Le Monde », 31 décembre 2011.
Dans Le Monde du 28 décembre, Pierre Nora a publié une tribune intitulée “Lois mémorielles : pour en finir
avec ce sport législatif purement français“. Décidément, l’Histoire est trop importante pour en laisser le monopole aux historiens. Même le titre de la tribune est totalement faux. Ce “sport législatif“ n’est pas “purement
français“. Plus de trente pays ont reconnu le génocide des Arméniens, reconnaissance qualifiée de “loi mémorielle“, qui serait interdite au législateur. Apprécions la subtilité et la délicatesse du raisonnement de Pierre Nora,
qui écrit : “Pour la Shoah, en effet, la responsabilité de la France vichyste est engagée, alors que, dans le cas de
l’Arménie, la France n’y est pour rien.“ Ainsi notre pays ne pourrait condamner que les crimes dans lesquels il
est “engagé“ ! Mais c’est, en outre, bien mal connaître l’histoire qu’on prétend défendre que d’affirmer que la
France n’est pas engagée dans les événements de la première guerre mondiale où elle et la Turquie s’affrontaient
militairement. Voici quelques faits qui mériteraient de longs commentaires : le prétexte à l’extermination des
Arméniens était leur francophilie issue de leur éducation reçue dans les institutions religieuses françaises.
Le 24 mai 1915, la France et ses alliés notifient à la Turquie que les auteurs des crimes contre l’humanité commis seront jugés à la fin de la guerre : engagement non tenu ; en 1916, à la suite des accords Sykes-Picot, la
France occupe une partie de la Turquie orientale, recueille des populations arméniennes en fuite, lève parmi elles
une légion arménienne, puis replie ses troupes et abandonne les réfugiés à leur sort.
En 1920, la France signe le traité de Sèvres qui institue une Arménie indépendante et prévoit la poursuite des
criminels de guerre : il restera lettre morte. En 1923, à la suite de la victoire de Mustapha Kemal, la France signe
le traité de Lausanne qui prévoit la protection des minorités de Turquie par les Alliés : disposition jamais mise en
oeuvre...
M. Nora écrit : “La décision française ne peut qu’exacerber le nationalisme turc et bloquer toute forme
d’avancée vers la reconnaissance du passé.“ Dois-je en conclure qu’il faut s’incliner devant le nationalisme turc,
y compris quand il s’exerce sur le territoire français à l’encontre d’une partie de ses citoyens ? Dois-je considérer
que, depuis près de cent ans, il faut attendre encore ?
Aucune garantie d’objectivité
A propos d’une commission d’historiens, M. Nora écrit : “Les Arméniens avaient refusé au nom de leurs certitudes...“, en fait, c’est le refus supposé du gouvernement de l’Arménie qu’il évoque. Les citoyens français
d’origine arménienne doivent-ils attendre la défense de leurs droits du gouvernement de l’Arménie ? Quant aux
“certitudes des Arméniens“, elles sont issues des témoignages innombrables et de la transmission familiale, des
milliers de documents officiels établis par des pays étrangers pendant la guerre, de la reconnaissance par
l’Allemagne alliée de la Turquie et elle-même impliquée dans le génocide, de la reconnaissance des éléments
constitutifs par le gouvernement légal de la Turquie et de ses juridictions en 1919... Force est de constater qu’en
France, à l’exception remarquable d’Yves Ternon, le sujet n’a pas beaucoup intéressé les historiens, en dépit de
tous ces matériaux historiques.
Les historiens ont naturellement le droit de contester toute vision officielle de l’Histoire, c’est même leur devoir,
mais ils n’offrent pour autant aucune garantie d’objectivité : ainsi il a fallu attendre François Furet pour avoir
une histoire de la Révolution française sans présupposés partisans. La vision qu’un peuple a de son Histoire a sa
légitimité, car elle est souvent l’assise de son projet politique : en France, pour la droite comme pour la gauche,
aujourd’hui le projet constant est celui des droits de l’homme. Mais le procès que M. Nora fait au texte de loi est
malvenu : ce qui peut être poursuivi, c’est seulement le négationnisme exprimé “de façon outrancière“. Les historiens sérieux n’ont donc rien à redouter de la loi, quelles que soient leurs analyses. Ce qui est visé, c’est principalement le négationnisme d’Etat, celui d’un Etat étranger qui déverse et organise sur le territoire français une
propagande qui vise notamment une catégorie de ses citoyens. Car le négationnisme ravive les souffrances du
génocide, il en est le stade ultime. Mais puisque M. Nora est un militant de la liberté pour l’histoire, qu’il me soit
permis de lui signaler le cas de Taner Akçam, historien turc poursuivi par son gouvernement pour avoir écrit un
livre sur le génocide arménien à partir de documents turcs qui étaient inconnus : le livre s’intitule Un acte honteux (Denoël, 2008)...
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Oui, les lois mémorielles sont indispensables, Serge Klarsfeld, président de l'Association des fils
et filles des juifs déportés de France, Le Monde, 3 janvier 2012
Dans les principaux quotidiens, on assiste à un déferlement de points de vue hostiles aux lois mémorielles et à la
pénalisation des négationnismes auxquels elles font barrage. Claude Lanzmann a eu raison récemment de dénoncer l'offensive plus ou moins dissimulée au sein de l'éducation nationale contre l'usage du mot "Shoah" pour désigner spécifiquement l'extermination systématique des juifs. Pierre Nora, président de l'association Liberté pour
l'Histoire, se dévoile (Le Monde du 28 décembre 2011): "Tous les historiens sérieux sont réticents à utiliser le
mot génocide, lui préférant selon les cas "anéantissement", "extermination", "crime de masse""... Et certains
"points de détail".
Les lois mémorielles ne font pourtant peser aucune menace sur la recherche historique : j'en ai fait l'expérience,
puisque j'ai ramené sans problème aucun le bilan établi par le ministère des victimes de guerre des juifs déportés
de France de plus de cent mille déportés raciaux à soixante-quinze mille. Si la loi Gayssot n'avait pas été adoptée, on assisterait depuis vingt ans à une avalanche d'articles et d'ouvrages niant la Shoah, alors que cette loi,
arme contre l'antisémitisme, a muselé l'historien Robert Faurisson et ses émules, sauf sur Internet où les opinions
exprimées en ce sens n'ont pas à être plus prises en considération que les lettres anonymes.
Concernant la loi qui sanctionne pénalement la négation des génocides contemporains et, en particulier, celui des
Arméniens, le principal argument des opposants à cette loi est que la France n'est pas concernée par ce génocide.
C'est oublier que lorsqu'il a été perpétré, la France était en guerre contre l'Empire ottoman et qu'elle a condamné
les terribles massacres visant à l'extermination systématique des Arméniens.
La France, à l'époque, réclamait déjà des sanctions contre les auteurs turcs et leurs complices allemands de cette
abomination. La France ouvrait ses portes aux rescapés et facilitait leur immigration. Les descendants de ces
survivants sont confrontés en permanence à un négationnisme d'Etat. S'imagine-t-on quelle aurait été la réaction
des juifs si l'Allemagne avait adopté un pareil comportement ? Ceux qui, en France, condamnent cette nouvelle
loi au nom de la liberté de l'histoire, ne veulent pas savoir qu'en Turquie ceux qui luttent pour la reconnaissance
de ce génocide, Arméniens ou Turcs, risquent leur liberté et leur vie et parfois les perdent.
Morale politique
Militant du projet Aladin qui s'oppose au négationnisme en terre d'islam, je reconnais l'intervention en faveur de
juifs turcs vivant en France de consuls turcs qui sont allés à l'encontre de la politique restrictive et hostile de la
Turquie envers les juifs pendant la seconde guerre mondiale. La recherche de la vérité historique m'a engagé
depuis longtemps au côté de ceux qui réclament de la Turquie une véritable confrontation avec son passé.
Quant à notre Parlement, il ne s'arroge pas le droit de dire l'histoire ; il a toujours posé des bornes de morale politique, ne serait-ce qu'en commémorant par des jours fériés la Révolution du 14-Juillet, la victoire du 11Novembre, la chute du nazisme le 8-Mai. Il ne s'agit pas de régenter l'histoire mais, à la suite d'événements exceptionnellement tragiques et à partir du travail des historiens sérieux, d'indiquer aux citoyens la route à suivre
dans l'histoire en tenant compte de ce qui est juste et de ce qui ne l'est pas.
Le génocide des Arméniens représentait un acte de barbarie réfléchi et d'une ampleur plus grande que le massacre de Chios (perpétré par les Ottomans contre la population grecque en avril 1822), qui avait indigné l'Europe
au XIXe siècle. Si ce génocide avait été sanctionné internationalement comme la France le souhaitait alors, la
Shoah n'aurait probablement pas eu lieu.
Si la négation des génocides contemporains n'était pas sanctionnée, en application de la décision-cadre de
l'Union européenne du 28 novembre 2008, cette lacune handicaperait moralement l'espace politique européen,
qui repose sur l'opposition aux nationalismes chauvins, à tous les totalitarismes et aux paroxysmes de violence
qu'ils entraînent nécessairement.
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Contact Presse
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Paris :
Mourad Papazian, co-président du CCAF Paris Ile-de-France, Tél : 06 11 04 88 34
Ara Toranian, co-président du CCAF Paris Ile-de-France, Tél : 06 03 86 78 05
Lyon :
Michaël Cazarian, membre du Conseil national du CCAF, Tél : 06 07 95 16 23
Marseille :
Pascal Chamassian, secrétaire national du CCAF, Tél : 06 78 93 38 54
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