Read the booklet - Festival d`Aix en Provence
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Il Trionfo del Tempo e del Disinganno Georg Friedrich Haendel 1 Les êtres passent, le Festival avance Selon le mot de Jean de La Fontaine, « toute puissance est faible, à moins que d’être unie ». Si nous pouvons nous réjouir aujourd’hui de cette 68ème édition du Festival d’Aix-en-Provence, il nous faut rendre hommage à la collaboration exemplaire qui unit dans cet édifice l’ensemble des équipes du Festival, artistes, techniciens du spectacle, partenaires et mécènes de tous horizons. Année après année, la participation active d’acteurs multiples garantit la bonne santé et la vitalité du Festival, qui se tourne encore un peu plus vers l’international, à travers un partenariat ambitieux avec le Beijing Music Festival. Sûr de ses forces, le Festival poursuit son ouverture au monde que je salue, comme en atteste la création mondiale de Kalîla wa Dimna de Moneim Adwan, qui mélange de façon inédite les langues arabe et française. Accessible dès le plus jeune âge, l’œuvre permet à chacun de réfléchir aux ravages de la désunion. Celle-ci prend place aux côtés de Così fan tutte de Mozart, régulièrement présent au programme depuis 1948, aujourd’hui dans la relecture qu’en fait Christophe Honoré, qui interroge le rapport à l’autre et à l’étranger. Riche de talents aux nationalités diverses, le continent européen est mis à l’honneur par la présence de Krzysztof Warlikowski, pour Il Trionfo del Tempo e del Disinganno de Haendel et de Katie Mitchell, bien connue du festival, qui met en scène Pelléas et Mélisande sous la direction d’Esa-Pekka Salonen. Je renouvelle mes vœux d’encouragement aux réseaux qu’entretient le Festival, enoa, pour l’Europe, et Medinea, pour le pourtour méditerranéen, supports d’une création artistique sans frontières et sans cesse renouvelée. Ils forment aux côtés de l’Académie du Festival et de l’initiative Passerelles, qui favorise la rencontre entre le public et les artistes, des vecteurs d’échange et d’éducation porteurs du souci de la diversité et du vivre-ensemble, dans une interdépendance salutaire. À cet égard, je me réjouis de la présence du Cape Town Opera Chorus et de la création collective et interculturelle de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Enfin, je remercie les partenaires publics et tous les acteurs qui rendent possible par leur implication, la réussite de l’événement. Comment ne pas avoir une pensée particulière en cet instant pour Edmonde Charles-Roux, qui a accompagné avec passion le Festival depuis sa première édition ? Je souhaite aux spectateurs, qu’ils se trouvent dans ou hors les murs grâce à l’engagement de Bernard Foccroulle et au soutien de son conseil d’administration présidé par Bruno Roger, d’investir la ville et la musique, sur les pas de cette grande dame, et de profiter avec la même passion de l’excellent Festival d’Aix-enProvence. Le 68e Festival d’Aix sera le premier sans Edmonde Charles-Roux, l’une de ses fondatrices, disparue au printemps. Nul doute que son souvenir hantera les représentations de cet été. Elle avait été l’une des personnes qui avaient porté le Festival sur les fonts baptismaux, en 1948, avec la comtesse Lily Pastré et Gabriel Dussurget. Gabriel Dussurget, lui, nous a quittés en 1996, voici tout juste vingt ans. Le Musée du Palais de l’Archevêché – anciennement Musée des Tapisseries – et le conservatoire Darius-Milhaud ont décidé de lui rendre hommage, le premier à travers une exposition, le second avec un concert. Les êtres passent, le Festival demeure, et avance. Derrière une immuabilité apparente, il évolue en permanence. L’an dernier, L’Enlèvement au sérail de Mozart avait été transposé au XXe siècle dans un désert du Moyen-Orient ; cette année, c’est Così fan tutte du même Mozart, qui a choisi comme décor une ville africaine de l’époque coloniale. De même, Kalîla wa Dimna, création du musicien contemporain Moneim Adwan, est un opéra d’une forme inédite au Festival d’Aix : parlé en français, chanté en arabe. Et, d’une façon paradoxale, c’est Peter Sellars, l’un des metteurs en scène les plus baroques, les plus déroutants de notre époque, qui adapte Œdipus Rex de Stravinski dans sa version en latin créée en 1927. Si friands de nouveautés et d’originalités, Edmonde Charles-Roux et Gabriel Dussurget auraient sans doute adoré le cru 2016 du Festival. Maryse Joissains Masini Maire d’Aix-en-Provence Vice-présidente à la Métropole Aix-Marseille-Provence Présidente du conseil de territoire du Pays d’Aix Audrey Azoulay Ministre de la Culture et de la Communication 2 3 « L’instrument que je préfère, c’est la voix humaine » Edmonde Charles-Roux Au fil des années, grâce aux efforts de tous et en premier lieu de son Directeur général, Bernard Foccroulle, le Festival d’Aix s’est hissé au premier rang des festivals d’opéra dans le monde. Cela se vérifie tout d’abord dans l’excellence des opéras présentés qui sont à chaque fois de nouvelles productions montées en coproduction avec des opéras de renommée mondiale. Cette reconnaissance réciproque entre institutions musicales de premier plan est une des fiertés du Festival d’Aix. Cette année une fois de plus la magie de Mozart fera vibrer la scène de l’Archevêché. C’est la 68ème édition de ce Festival aux étoiles ; pour la première édition Così fan tutte était représenté dans la cour du Théâtre de l’Archevêché grâce à l’énergie des fondateurs du Festival, la Comtesse Lily Pastré et Gabriel Dussurget. À cette première représentation assistait une grande dame, Edmonde Charles-Roux qui nous a quittés en janvier dernier. Edmonde Charles-Roux avait assisté à toutes les représentations du Festival depuis sa création : elle siégeait au Conseil d’Administration en tant que Présidente d’Honneur et administratrice. Ses conseils nous étaient extrêmement précieux. Je lui rends hommage au nom de tous les amoureux du Festival. Cette année, outre Mozart, vous entendrez Debussy, Haendel, Stravinski et une création mondiale de Moneim Adwan. C’est maintenant la tradition au Festival de commander chaque année un opéra à un compositeur contemporain. L’élargissement du public est une autre mission du Festival. Nous fêtons cette année la 4ème édition d’AIX EN JUIN qui débute le 4 juin, comprend 40 manifestations, tant à Aix que dans la région, et culmine le 26 juin sur le cours Mirabeau où plus de 4 000 spectateurs pourront entendre le Chœur de l’Opéra du Cap. L’Académie du Festival d’Aix, dirigée avec grand succès par Émilie Delorme, prend chaque année de plus en plus d’ampleur. Cette année, 250 jeunes artistes se perfectionneront lors de résidences encadrées par 58 maîtres. Depuis 3 ans, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée a rejoint le Festival et permet à une centaine de jeunes musiciens de se former et de se produire lors d’une tournée de concerts symphoniques. Nous sommes ici au cœur de cette action de diffusion, de rencontre avec le grand public, de formation à laquelle j’attache une très grande importance. Quelques 3000 élèves et étudiants ont découvert tout au long de l’année les bonheurs de l’opéra, notamment grâce à l’accord signé avec l’Université d’Aix-Marseille. Cette diffusion se prolonge avec les retransmissions sur Arte, Arte Concert, France Musique et France Télévisions et bien sûr les projections sur grands écrans dans toute la région. Comme vous le savez, la part du mécénat occupe une place de premier rang dans le financement du Festival. Je remercie tous les mécènes, entreprises et particuliers et tout particulièrement Altarea Cogedim, premier partenaire officiel du Festival, qui nous a rejoints l’an dernier. Je voudrais enfin exprimer toute notre gratitude pour leur soutien constant au Ministère de la Culture et de la Communication, à la Mairie d’Aix-en-Provence, à la Métropole Aix-Marseille-Provence et au Territoire du Pays d’Aix, au Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et au Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. Bruno Roger Président 4 L’ opéra comme expérience de notre humanité Haendel, Mozart, Debussy, Stravinski, et un opéra de Moneim Adwan chanté en arabe et parlé en français : cette édition 2016 du Festival est fidèle à la ligne que nous suivons depuis des années, elle propose la relecture d’œuvres majeures, la mise en lumière d’opéras moins fréquemment présentés, et une création « interculturelle ». En cette période où la Méditerranée est associée à des images de naufrages et de réfugiés fuyant la terreur, il nous semble essentiel de relire l’héritage commun méditerranéen. Les fables animalières de Kalîla wa Dimna ont influencé La Fontaine après avoir durablement marqué les cultures indienne, persane et arabe. Les réalités du pouvoir, la corruption qu’il produit et l’utopie d’un changement radical traversent ainsi les âges. L’opéra s’enrichit aujourd’hui d’une œuvre singulière qui ouvre peutêtre la voie à bien d’autres à venir. Nous aurons le plaisir d’accueillir pour la première fois Emmanuelle Haïm, Krzysztof Warlikowski et Christophe Honoré, et de retrouver Esa-Pekka Salonen, Katie Mitchell, Peter Sellars, Louis Langrée, Jérémie Rhorer. Du côté des chanteurs, Violetta Urmana, Stéphane Degout et Barbara Hannigan, Sandrine Piau et Rod Gilfry, Kate Lindsay et Sabine Devieilhe, Franco Fagioli, ainsi que quelques-uns de leurs plus brillants collègues. Le Philharmonia Orchestra sera cette année en résidence aux côtés du Freiburger Barockorchester et du Concert d’Astrée ; deux pays de grande tradition chorale seront à l’honneur, l’Afrique du Sud représentée par le Chœur de l’Opéra du Cap, et la Suède par trois chœurs réunis pour le cycle Stravinski. Jean-Guihen Queyras et Raphaël Imbert, artistes associés, irrigueront cette édition du Festival de leurs concerts et activités pédagogiques. Durant six semaines, l’Académie accueillera de jeunes artistes en provenance du monde entier. Ne manquez pas leurs concerts et master classes, moments privilégiés de rencontres et de découvertes ! L’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée donnera des concerts en formation symphonique ainsi qu’en petites formations de jazz et de musiques improvisées. Tout au long de l’année, notre service Passerelles a multiplié les activités en partenariat avec le monde éducatif et associatif. Le 4 juin verra l’aboutissement de ce travail au Jas de Bouffan sous forme d’un événement festif baptisé Ouverture[s], associant concerts et cortèges, en collaboration avec la Fondation Vasarely et le Théâtre du Bois de l’Aune. Edmonde Charles-Roux nous a quittés en janvier dernier. Elle avait accompagné passionnément notre Festival depuis sa première année et avait gardé une mémoire extraordinaire de chacune de ses éditions. C’est avec une infinie reconnaissance et une très vive émotion que nous lui dédions cette édition 2016 du Festival d’Aix-en-Provence. Bernard Foccroulle Directeur général 5 GEORG FRIEDRICH HAENDEL (1685-1759) Il Trionfo del Tempo e del Disinganno Le triomphe du temps et de la désillusion Oratorio en deux parties Livret du cardinal Benedetto Pamphili Créé en 1707 à Rome __________________________________________________________ Nouvelle production du Festival d'Aix-en-Provence En coproduction avec l’Opéra de Lille et le Théâtre de Caen __________________________________________________________ Spectacle en italien surtitré en français et anglais – 2h45 entracte compris Théâtre de l’Archevêché 1, 4, 6, 9, 12 et 14 juillet 2016 – 22h __________________________________________________________ Retransmis en direct sur et France Télévisions le 6 juillet à 22h Direction musicale Mise en scène Décors et costumes Dramaturge Lumière Chorégraphie Vidéo Emmanuelle Haïm Krzysztof Warlikowski Małgorzata Szczȩśniak Christian Longchamp Felice Ross Claude Bardouil Denis Guéguin Assistant Musical Répétitrice de langue Assistante à la mise en scène Assistante aux décors et costumes Assistant vidéo David Bates Rita de Letteriis Marielle Kahn Barbara Creutz Fabien Laubry Bellezza Piacere Disinganno Tempo Sabine Devieilhe* Franco Fagioli Sara Mingardo Michael Spyres Avec la participation de Christine Angot Figurants Mama Bouras, Margot Briosne Frejaville, Sherine Colin, Johanna Costa, Léa De Carvalho Massabo, Amani Djelassi, Thaïs Drujon D’astros, Hélène Fouque, Rui Jin, Colette Levron, Elena Parniere, Pablo Pillaud-Vivien, Nangué Sabaly, Marina Saïd, Marie Signoret-Ollive, Emilia Sitek, Juliette Vetillard, Lucie Weller, Clara Weller, Agathe Williamson Orchestre Le Concert d’Astrée Continuo *ancienne artiste de l’Académie Violoncelle Felix Knecht, Oleguer Aymami Contrebasse Nicola Dal Maso Luths Laura Monica Pustilnik, Rémi Cassaigne Clavecins Benoît Hartoin, Philippe Grisvard Orgue Benoît Hartoin 7 Argument Deuxième partie Première partie Seule face à son miroir, une jeune femme, la Beauté, frémit à la pensée que les charmes de son visage sont vulnérables et qu’ils s’effaceront inexorablement. Un jeune homme, le Plaisir, jure que, toujours, Beauté restera belle. Elle lui répond qu’elle accepte de lui demeurer à jamais fidèle sous peine de douleurs accablantes. Plaisir exhorte Beauté à fuir le poison de la mélancolie et de la tristesse. Interviennent alors le Temps et la Désillusion (soit la personnification de la vérité du monde, une fois levé le voile de l’illusion) qui nourrissent les premiers pressentiments angoissés de Beauté. La jeunesse est une fleur fragile destinée à pourrir. De l’affrontement entre les deux camps – Beauté alliée au Plaisir face au Temps et à la Désillusion – jaillira la Vérité. 8 Afin de confirmer Beauté dans son désir de se donner à la volupté du présent, Plaisir fait surgir par la musique une vision idéale où toute idée de tristesse est bannie au profit de la quiétude et de la sensualité. Beauté en est convaincue : Temps ne peut lutter contre les séductions que Plaisir lui présente. Mais Désillusion et Temps n’ont pas disparu. Ils réaffirment leur condamnation et invoquent le partage du monde entre la vie terrestre, qui est sous l’impériale domination du Temps, et la vie éternelle, qui est l’empire de Dieu. Si elle refuse de se résigner à la puissance du Temps, Beauté devra renoncer à espérer une vie au-delà de la vie. Ébranlée, Beauté demande que lui soit révélée la Vérité que vantent Temps et Désillusion. Plaisir craint de voir Beauté s’éloigner des joies réelles qu’il prodigue pour de vains fantasmes réservés aux héros. Temps oppose la Vérité et sa blancheur lumineuse à la vision de Plaisir, lequel pressent que Beauté est sur le point de capituler. En trois parties, le cours de l’existence de Beauté défile sous ses yeux par la volonté de Temps. Le passé, le présent et le futur. Si Beauté se résigne et consent à suivre une existence sous le double pouvoir de Temps et de Vérité, alors une promesse de gloire pourra lui apparaître. Affligée, Beauté avoue qu’elle espérait que Plaisir et Vérité se fondent, mais il n’en est rien. Plaisir assure à Beauté qu’il peut la guérir de son chagrin. Cependant, elle doit se souvenir que la douleur la saisira si elle ne tient pas parole et se détourne de lui. Beauté ne sait que choisir. Elle souhaite se donner à la fois à la joie et à la repentance. Devant le miroir de la Vérité, elle préfère fermer les yeux pour protéger sa beauté et son plaisir. Temps s’emporte à l’écoute des bravades de Beauté, frêle jeune femme qui prétend être en mesure d’échapper au destin qu’il réserve à chacun : finir en effroyable squelette dans une tombe. Une fois encore, Désillusion enjoint Beauté de sauver son âme en se détournant des plaisirs terrestres. Beauté et Plaisir lui rétorquent que la jeunesse doit se détourner de telles pensées, qu’il sera toujours temps ensuite, mais bien plus tard, d’envisager les souffrances et la mort. Une chimère malsaine, voilà ce qu’est le Temps. Ne plus y songer pour mieux le dissoudre. Tel un fragile bateau qui renonce à sortir en mer en raison de la puissance de la tempête, il n’est pas trop tard pour que Beauté se tourne vers la Vérité lorsque gronde la violence du Temps. Mais à condition qu’elle se fie à lui. Dans le cas contraire, elle sera réduite en poussière. Devant tant d’insolence et d’effronterie, Désillusion exige de Beauté qu’elle pense aux cadavres que sont devenus ses ancêtres et au néant dans lequel son enfance s’est engloutie. Beauté, tout en se remémorant les tendresses de la vision de Plaisir, apprend de Désillusion qu’y abondent les pleurs de la folie du monde et les soupirs des amants fous. Les larmes de ceux qui suivent Vérité, quant à elles, sont des perles dans le Ciel. La douleur du martyr, tel sera le destin de Beauté, prévient Plaisir. Et rien ne pourra s’opposer alors à l’emprise de Temps. La décision de Beauté est prise : elle se repent, renonce à Plaisir, suivra Temps et se donnera à Vérité. Convaincue par les arguments de Temps et de Désillusion, Beauté est honteuse des joies qu’elle a connues. Elle se trouve laide désormais, mais heureuse dans la pénitence. À l’avenir, elle attend d’une vie ascétique qu’elle détruise toute la vanité qui l’animait au voisinage de Plaisir. Selon Temps et Désillusion, de la douleur d’un cœur repentant coulent des pleurs plus bénéfiques que la rosée du matin. Beauté se donne à Dieu après avoir proclamé qu’elle rejette jusqu’au nom et au souvenir de Plaisir, puisque celui-ci ne cesse de préférer l’illusion à la Vérité. 9 Vue d’ensemble Au printemps 1707, Georg Friedrich Haendel a 22 ans. Il réside à Rome et compose son premier oratorio, sur un texte du cardinal Benedetto Pamphili, Il Trionfo del Tempo e del Disinganno (Le Triomphe du Temps et de la Désillusion), ouvrage qui sera créé l’été suivant. Nous ne connaissons pas les détails de cette création, ni le lieu où elle prit place, ni ses interprètes, même s’il semble qu’Arcangelo Corelli joua la partie de violon solo et dirigea l’orchestre à cette occasion. Dans les années suivantes, Haendel réemploya une grande partie des airs de cet oratorio dans ses opéras seria, et adapta sa partition pour des effectifs plus grands en vue de nouvelles exécutions à Londres en 1737 (avec un livret traduit en anglais) puis en 1757, sous le titre : The Triumph of Time and Truth. La version italienne d’origine a toutefois été conservée sous la forme d’un manuscrit autographe et a été redécouverte à la fin du XXe siècle. Depuis, Il Trionfo del Tempo e del Disinganno est régulièrement donné en concert et enregistré. Et il est parfois présenté sous forme scénique. C’est ainsi que le Festival d’Aix-en-Provence, qui programme pour la première fois cet ouvrage et conclut ainsi son cycle Haendel inauguré en 2014, le confie au metteur en scène Krzysztof Warlikowski et à la chef d’orchestre Emmanuelle Haïm. Sur cet argument aux visées morales, le jeune Haendel donne le meilleur de son inspiration tout en se conformant aux canons italiens de l’époque. La partition du Trionfo del Tempo, conçue pour un simple orchestre à cordes juste garni d’un continuo et de deux hautbois, se montre toutefois extrêmement virtuose et laisse une place non négligeable à certains soli instrumentaux, notamment le violon et l’orgue à qui est confié un passage ébouriffant (vraisemblablement joué par Haendel lui-même à la création). Cet oratorio sans chœur fait la part belle aux voix solistes. Les personnages de Beauté (soprano), Plaisir (soprano grave) et Désillusion (contralto) ont très certainement été créés par des castrats, les femmes n’ayant pas le droit de chanter dans la Rome de l’époque ; quant à Tempo, il a été conçu pour une voix de ténor. Reprenant les codes et l’esthétique en train de se développer alors dans l’opéra seria de type napolitain, la plupart des airs adoptent la forme da capo, et s’autorisent la plus grande virtuosité dans un style d’écriture brillant et contrasté. Par ailleurs, et à la différence de l’opéra seria, on trouve dans la partition quelques ensembles saisissants : soit deux duos et deux quatuors d’une intense théâtralité. Le livret du cardinal Pamphili met en scène quatre personnages allégoriques : Beauté qui jure fidélité à Plaisir, tandis que Temps et Désillusion s’efforcent de détourner la jeune femme de ses serments en lui faisant prendre conscience de sa finitude. 10 Larry Clark, Sans titre, 1968 ©Larry Clark, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Luhring Augustine, New York 11 que posent la vie et la mort. Jusqu’à ses derniers jours, Haendel a fait preuve d’une énergie vitale extraordinaire. Il a été séduit par les fastes, la réussite, la gloire et la reconnaissance avant de finir sa vie aveugle, physiquement diminué. Le sujet du Trionfo le concerne donc directement comme artiste et comme créateur et on peut comprendre qu’il s’y soit reconnu. Emmanuelle Haïm © Opéra de Lille – Simon Gosselin Pourquoi choisir d’interpréter cette version de 1707 plutôt que les autres ? Parce que j’aime tout particulièrement le début de la vie de Haendel, de même que j’en aime tout particulièrement la fin - sans compter que j’en aime également le milieu ! Pour répondre à votre question, j’ai dirigé cette version aux débuts de la vie de mon ensemble, le Concert d’Astrée, comme d’autres œuvres de la période italienne. J’étais frappée par le fait que ces œuvres de jeunesse n’étaient presque pas jouées. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. C’était le cas du Trionfo, de La Resurrezione, du Delirio amoroso, des duos et cantates de chambre, de ce qu’il a écrit quand il était en Italie et qui est foisonnant d’inspiration. Ces œuvres sont excellentes et doivent être données ! Il n’y a pas un instant de faiblesse dans le Trionfo ni même dans son livret. À Rome, les femmes étaient interdites de scène, d’où le recours aux castrats, et les sujets profanes étaient bannis. On est dans la lignée des oratorios romains en deux parties de Carissimi, Rossi, Scarlatti, Mazzocchi, Caldara, dont les sujets s’inspirent de l’ancien testament, de la vie des saints, de récits de conversion, du nouveau testament (dans ce cas, ce sont fréquemment des passions) ou de sujets allégoriques comme ici. Les débats théologiques sont omniprésents dans la forme de l’oratorio depuis le milieu du XVIIe siècle et jusqu’au premier quart du XVIIIe. Évidemment, les femmes n’avaient pas leur place dans ces célébrations, comme l’interdiction papale (l’édit d’Innocent XI) le précisait, et ce ne sont que des hommes que le public a entendu chanter en 1707. Le triomphe de la jeunesse et de l’insolence Entretien avec Emmanuelle Haïm, directeur musical Le Trionfo del Tempo e del Disinganno est à la fois le premier oratorio de Haendel, créé à Rome en 1707, et son dernier puisqu’il remanie l’œuvre à Londres, une première fois en 1737 et une seconde en 1757, deux ans avant sa mort. Qu’y a-t-il de si fondamental pour Haendel dans ce livret, pour qu’il le réutilise plusieurs fois? La première version du Trionfo est particulièrement frappante, comme les autres œuvres de jeunesse de Haendel, par l’extraordinaire vitalité qui en émane, par la force de l’inspiration qui s’y manifeste, comme un jaillissement spontané, très italien, fortement marqué par le voyage que Haendel fit ces années-là à Rome, Naples et Florence. Cette puissance créatrice va évoluer au cours de la vie de Haendel pour aller vers une intériorité, une maturité, une sagesse, une profondeur nettement présentes dans les œuvres de la fin de sa vie comme Theodora, Jephtha, ou la dernière version du Triumph of Time and Truth, où la virtuosité passe au second plan. Pourquoi choisit-il de remanier cette pièce à 52, puis à 72 ans? Je pense que c’est parce que le sujet porte précisément sur les questions les plus fondamentales 12 Les personnages allégoriques évoquent ceux des prologues d’opéras, bien antérieurs, de Monteverdi ou Lully. En effet, mais je trouve que les personnages allégoriques sont ici particulièrement incarnés, plus encore que dans certains prologues lullistes ou montéverdiens. Les conventions de louange, qui contraignaient Lully et Quinault à remercier leur Souverain dans les prologues, mettant en scène la Gloire, la Sagesse, la Vertu ou bien encore la Fortune, toutes se disputant pour savoir qui d’entre elles était la meilleure qualité du Roi, rendent parfois le discours un peu conventionnel. Dans le Trionfo, la Beauté (Bellezza) et les autres personnages ont le temps de prendre vie. Nous découvrons une Désillusion (Disinganno) pleine de sadisme ; le Temps (Tempo), lui, abuse de son omnipotence. Quant au plaisir (Piacere), ses charmes tentateurs nous séduisent certainement. L’œuvre a une certaine visée pédagogique, mais pour quel public, à la création ? À l’origine, c’était un sermon qui séparait les deux parties de l’oratorio quand celui-ci était donné dans une église. En investissant les palais, l’oratorio s’apparente plus à un divertissement profane, avec les rafraîchissements et autres douceurs qui remplacent la prédication. Il reste tout de même la leçon de morale destinée, dans ce contexte, aux aristocrates, à la bonne société à laquelle on rappelait ce qu’elle avait à entendre. Aujourd’hui, on pourrait penser par erreur que c’est une leçon de morale qui s’adresse aux femmes, puisque la Beauté est chantée par une soprano. Dans notre production, contrairement à la création, la Beauté est chantée non seulement par une femme, mais par une ravissante jeune femme à la voix tout aussi ravissante. Pourtant, je ne crois pas que la question de la perte de la beauté physique ou de nos atouts ne concerne que les femmes, bien 13 au contraire ! Le vieillissement nous concerne tous, non ? Même si le monde d’aujourd’hui nous incite à croire que nous n’avons de valeur que tant que jeunesse et beauté durent. Le vieillissement, le renoncement aux plaisirs immédiats, la relation à la consommation sont des questions fondamentales dans nos sociétés occidentales. Le livret pose aussi la problématique de l’omnipotence de l’image, aujourd’hui, en particulier chez les adolescents. C’est une question d’actualité que pose ce vanitas vanitatum dépeint dans le Trionfo. Ce jeune homme du livret, c’est donc Haendel, présent dans son œuvre comme certains peintres se représentaient dans un coin de leurs tableaux. Toute l’admiration que le Cardinal Pamphili, auteur du livret, avait pour Haendel, est présente dans cette scène. Mais ce n’est pas un autoportrait ; c’est plutôt un hommage au « beau jeune homme » qui chasse « le triste ennui » afin que l’ouïe soit elle aussi flattée (« che l’udito abbia ancor il suo piacere ») et dont les mains ailées volent sur le clavier. Comment s’est passée la création, musicalement ? La date précise de composition de l’œuvre demeure obscure, tout comme les circonstances de sa première audition, mais sans doute se situe-t-elle dans les premiers mois de 1707. Nous savons par ailleurs avec quasi-certitude que Corelli prit part à l’oratorio grâce à une anecdote des Memoirs of the Life of Haendel (1760) de John Mainwaring ; et si l’on se réfère à l’exécution de La Resurrezione, postérieure d’un an, on se figure les autres instrumentistes de haut vol dont Haendel a dû disposer et la qualité extraordinaire de la prestation musicale dont l’auditoire a pu profiter. On peut imaginer dans ce contexte que le nombre de musiciens était important, probablement une bonne trentaine de cordes, avec une forte présence de basses, des contrebasses plus nombreuses que les violoncelles, comme pour l’exécution de cette même Resurrezione en 1708. Les flûtes à bec ont certainement été jouées par les hautboïstes, comme il était d’usage. Les instruments sont-ils utilisés symboliquement, par exemple en étant attachés à des personnages en particulier, qu’ils accompagneraient systématiquement ? Non, cela dépend des moments. Le violon est associé au Plaisir dans « Come nembo », le suivant dans sa course effrénée de vocalises en tierces acrobatiques, mais on le retrouve élégiaque dans le sublime dernier air de la Beauté, tel un contrechant céleste. C’est plus vrai dans La Resurrezione où les trompettes sont clairement liées à l’ange et au Christ triomphant de la mort, et les basses, à Lucifer. Dans le Delirio amoroso, le hautbois personnifie le caractère pastoral du début de la narration de même que le violon accompagne la soprano quand elle évoque le Paradis. L’effectif orchestral est ici plus limité mais extrêmement bien mis à profit : on a, outre l’effectif des cordes, hautbois et bassons, la présence des flûtes à bec, qui vont boiser la couleur des airs très étalés de la Désillusion. L’orgue, les luths et les clavecins complètent l’orchestre. Parmi les violons se trouvait donc le compositeur Arcangelo Corelli, qui a demandé à Haendel de renoncer à son ouverture à la française, depuis perdue... Corelli aurait exigé une ouverture italienne, disant à Haendel qu’il ne connaissait pas le style français (c’est-à-dire le rythme pointé). Dans l’ouverture « à l’italienne », les deux violons solos rivalisent de brio dans l’extrême aigu, les hautbois dialoguent en tierces vélocement, le style est brillant et virtuose. Dans l’ensemble de l’œuvre, l’écriture des cordes est étincelante, chatoyante. La ligne des alti est parfois manquante, ceux-ci doublant fréquemment la partie des basses, « alla napoletana ». Si l’on se réfère aux gravures de l’époque, les claviers étaient disposés de part et d’autre pour encadrer l’orchestre, parfois avec un troisième au centre. Chacun était flanqué d’un violoncelle et d’une contrebasse qui suivaient sur la même partition pour réduire le nombre de copies à réaliser. Ce sont comme des îlots, des pôles rythmiques qui donnent un caractère très dynamique à l’orchestre. Il est aussi possible que la disposition de l’orchestre en gradins ait été adoptée pour le Trionfo comme pour La Resurrezione, avec les chanteurs au centre, devant l’orchestre. Qu’y a-t-il de typiquement italien dans le Trionfo? Il y a beaucoup de formes en trio avec une seule ligne de violon, la ligne de basse et la ligne de chant. La façon de développer les mélodies est aussi très italienne, de même que la vocalité, d’abord et avant tout. Le rythme harmonique, la vitalité et l’écriture des cordes appartiennent à cette Italie-là. Haendel a une capacité étonnante à s’emparer des caractéristiques nationales en un rien de temps : il a à peine 22 ans et vient d’arriver à Rome, à la création du Trionfo. Les contraintes à l’Archevêché sont différentes et dictent une disposition tout autre. Bien sûr, le plein air et la mise en scène ont des incidences sur l’effectif et la disposition de l’orchestre en fosse. Le fait qu’une partie de l’œuvre soit très chambriste est aussi un défi mais le dispositif scénique est très propice, je pense. Par ailleurs, le potentiel théâtral que l’on entend dans l’œuvre, dans les tiraillements de la Beauté, dans son texte très direct, dans la réutilisation par Haendel luimême d’une bonne partie du matériau musical pour des œuvres de théâtre, me semble évident. Toujours à la création, Haendel était lui-même à l’orgue, notamment pour interpréter la « sonate » de la fin de la première partie. Pour évoquer son royaume, le Plaisir décrit une scène voluptueuse et sensuelle : un « essaim » (stuolo) de jeunes hommes, sculptés dans le marbre blanc, vagabondent ; d’autres dorment, couronnés de fleurs. D’autres chassent. L’un d’eux, aux jolis cheveux bouclés, joue de l’orgue. Tous les plaisirs des sens sont flattés, dont celui de l’ouïe, « l’udito ». Commence alors un concerto pour orgue, quasiment le premier de l’histoire de la musique, suivi d’un air poétique et délicieux avec le Plaisir. 14 Y a-t-il un rapport direct entre la tessiture de chaque interprète et les notions qu’ils incarnent dans l’œuvre ? Oui. Le Temps est presque un baryténor : la tessiture est grave, la musique sévère avec un premier air terrifiant. L’image de ces tombes qui s’ouvrent, de ces cercueils, de ces morts grimaçants, de ces squelettes... On se croirait dans un film d’horreur et cela se retouve dans la couleur des tonalités choisies : on est en fa mineur, une tonalité sombre. Les marches harmoniques sont aussi lugubres. Le Temps nous effraie d’un bout à l’autre de l’œuvre, par exemple quand il décrit ses crocs qui n’épargnent personne. Quant à la Désillusion, j’entends en elle quelque chose de très asexué, d’un caractère plus acéré, un certain sadisme, de la manipulation, renforcés par l’ambigüité de sa tessiture. Elle a pu être la Beauté, autrefois, et ne supporte pas de ne plus l’être... Ah oui, peut-être. Dans son air hispanisant « Chi già fu del biondo crine », elle est impitoyable, intransigeante, barbare. Mais son intransigeance est aussi incarnée et habitée. Son air « Crede l’uom ch’egli riposi » est extatique, très beau en même temps que cruel. Le fait que le Plaisir n’ait pas une voix trop éthérée m’intéresse. Il y a quelque chose de sensuel, de puissant, de charnel, d’incarné : tout ce qu’il faut pour le Plaisir ! Et que Franco Fagioli réunit. Pour la Beauté, Sabine Devieilhe est évidemment idéalement intense et élégiaque. Nos quatre interprètes ont une culture de la musique ancienne, de la musique chambriste, de ce répertoire. J’ai été ravie de mieux faire connaissance avec Michael Spyres lors de Mitridate en février dernier : c’est un chanteur qui a tout, à la fois ténor, baryton, un ovni que j’adore ! Sans parler de Sara Mingardo dont le timbre sombre est si beau, dont j’adore l’intelligence humaine et que je connais depuis quinze ans. 15 Qu’est-ce qui a changé dans votre appréhension de l’œuvre, depuis votre enregistrement de 2005 ? Ce sont les répétitions et les représentations qui le diront ! J’essaie toujours d’aller au bout de tout ce que je peux apporter dans un projet avec tous les interprètes, équipe de mise en scène incluse, qui participent à cet échange. Tout dépend des interprètes, il s’agit d’une lecture croisée. J’essaie de repartir de zéro, de tout remettre à plat, de relire le livret, de réfléchir à nouveau aux effectifs, de repenser les ornements en fonction des chanteurs. Tout cela est lié aux interprètes. La dimension créative de l’interprétation de la musique baroque est certainement quelque chose de gratifiant. C’est évidemment un répertoire dans lequel la part de créativité laissée à l’interprète est très grande. Que ce soit en matière de tempo, d’orchestration, de dynamique ou d’ornementation, seules les pratiques de l’époque nous renseignent. Il faut se mettre dans la peau de ces chanteurs qui, en dehors des exercices vocaux, travaillaient l’art de l’ornementation, en pratiquant les diminutions depuis leur plus jeune âge. On doit aujourd’hui fixer un peu plus les choses, surtout dans le cadre d’une production scénique qui mobilise de nombreux méandres de la mémoire et ne permet pas toujours l’improvisation in situ. Nous explorons donc cela en amont avec les chanteurs, repoussant les limites vocales et musicales, comme nous le montrent les exemples d’ornementation d’airs contemporains qui nous restent. Propos recueillis par Jérémie Leroy-Ringuet, le 29 mars 2016. Hirokazu Kore-eda, After life, 1998, COLLECTION CHRISTOPHEL © Engine Film 16 17 Larry Clark, Sans titre, 1992 ©Larry Clark, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Luhring Augustine, New York Philip Sauerland, Nature morte de Vanité, 1709, huile sur toile, inv. no. : MNG/SD/779/M © Muzeum Narodowe, Gdansk, Pologne 18 19 Photo © Warzecha Bartek Il Trionfo est l’œuvre d’un jeune compositeur et musicien qui chercha le succès en descendant en Italie, et qui, par opportunisme, accepta de fréquenter pendant quelques années certaines des grandes et éminentes personnalités romaines. Parmi elles figurait le cardinal Benedetto Pamphili, petit-neveu du pape Innocent X, redoutable pontife portraituré par Velásquez et dont Francis Bacon proposa une version géniale, hurlante et hallucinée. Religieux cultivé, lettré, mécène, le cardinal était le fils d’Olimpia Aldobrandini Borghese dont il hérita la considérable fortune ainsi que le Palazzo Doria Pamphili, sur la Via del Corso, situé à quelques centaines de mètres du Collegio Romano, immense édifice dédié à la propagande de la pensée jésuite dont il était un pur produit. Comme tant d’autres artistes, le jeune Haendel arriva du Nord, de Halle la protestante, avec la volonté d’en découdre et de faire carrière. Dès son premier concert à l’orgue de la Basilique San Giovanni in Laterano, ce jeune amitieux se fit remarquer par son talent et sa jeunesse, et séduisit cet homme d’église de cinquante ans, esthète et moraliste, auteur de poésies et de livrets dans l’esprit du temps, dont les salons et le théâtre privé étaient ouverts aux musiciens de ce début de XVIIIe siècle. Or ce temps, dans la Rome baroque et fastueuse, centre d’une chrétienté puissante, impérialiste, était encore et toujours à l’édification des fidèles sous la forme de grands plafonds peints, d’architectures spectaculaires ou de compositions musicales. Il Trionfo, oui, est le pur produit de son époque ; il y est question, une fois de plus, de souligner la petitesse des hommes face à Dieu et à son Église. Et la femme, depuis toujours cible privilégiée, péché potentiel dès le troisième livre de la Genèse, ne peut être que futile, dévergondée sans la conscience de sa chute, âme fragile à laquelle seul le couvent apportera peut-être le salut. Il Trionfo du cardinal Pamphili, ou l’énième variation sur le double thème de la dépravation féminine et de la victoire de l’Église. Démons Krzysztof Warlikowski, metteur en scène Cet oratorio est un scandale. La lecture de son livret est un choc. C’est une pure œuvre dogmatique au même titre que des créations de l’époque stalinienne. Toute représentation ou exécution du Trionfo devrait être précédée d’un commentaire portant sur son contenu idéologique. Les amateurs de musique baroque, tout à la jouissance de la beauté des sons, de la virtuosité des da capo en sontils conscients ? J’en doute parfois. Ici nous sommes loin de Venise et de ses audaces politiques et littéraires. Nous sommes loin de Monteverdi et de L’Incoronazione di Poppea. Nous sommes loin des Grecs et de leur mythologie. Nous sommes à Rome, au cœur du pouvoir religieux, dans le haut lieu de la Contre-Réforme. Aujourd’hui, à Varsovie, l’Église mobilise les foules, immobilise la pensée et l’esprit critique. La liberté d’expression y est un combat. Même en France, repli sur soi et émergence de nouveaux fondamentalismes menacent une laïcité ouverte sur le monde. Mettre en scène cet oratorio ne peut s’envisager sans une lutte avec son insupportable message. 20 Bellezza, Piacere, Tempo et Disinganno sont les quatre figures allégoriques du Trionfo, oratorio que rien ne destinait à la scène d’un théâtre. Il s’écoute avec délectation dans une voiture, une cuisine, une salle de bain ou de concert en faisant l’impasse sur son objectif avoué : la destruction d’une jeune femme, son anéantissement dans la mâchoire du Temps et du Désenchantement pour avoir trop aimé la vie et ses plaisirs. En dernière année d’un lycée de Szczecin, excellent établissement qui garantissait l’entrée dans les meilleures universités polonaises après le baccalauréat, quatre filles ont été à ce point instrumentalisées par l’Église, lors de camps de vacances, lors de sorties culturelles, qu’elles sont entrées dans un couvent alors qu’elles connaissaient à peine la vie, alors qu’elles n’avaient jamais connu le désir, le sexe, l’amour. Le pouvoir de l’Église sur ces jeunes filles a été criminel. Le pouvoir de l’Église a été et demeure politique. Son influence a marqué les âmes et a façonné les villes. Mettre en scène Il Trionfo dans le Théâtre de l’Archevêché est d’ailleurs assez cocasse. Car quand bien même ce lieu est désormais destiné à la jouissance de Haendel, Mozart ou Rossini, il n’est pas possible d’oublier que l’archevêché d’Aix a été, précisément dans les années de la création de cet oratorio, d’une puissance considérable. Des églises et des couvents y ont été construits pour exprimer une domination spirituelle tout autant que terrestre. Il n’y a qu’à se promener dans les rues de la ville pour le percevoir. Mais alors il faut se rappeler La Religieuse de Diderot ou celle de Rivette. Suzanne Simonin y est une jeune femme oppressée qui refuse son enfermement dans un monastère, qui s’oppose à l’abandon du monde et à la morale culpabilisante. Son sacrifice, au milieu du XVIIIème siècle, est celui de Bellezza. C’est bien dans ce lieu destiné désormais à la beauté de la musique qu’il faut souligner la niaiserie et le danger de ce livret du cardinal Pamphili. Le problème de cette œuvre est précisément sa beauté musicale. Et la célébration de sa beauté, mais aussi sa manipulation commerciale, passent sous silence le dogme qui en est au cœur. Nous le savons, l’opéra est historiquement l’expression d’une société patriarcale. Dans Il Trionfo, créé dans le Palais de la Chancellerie de l’Église, coule le sang de la domination. 21 L’œuvre de Sarah Kane est d’une importance considérable dans ma vie personnelle et dans mon travail de metteur en scène. Les cinq pièces qu’elle a écrites avant son suicide à vingt-huit ans ont généré des questions existentielles et esthétiques fondamentales. En raison de leur violence et de leur crudité, ses textes ne peuvent être mis en scène littéralement. Ils demandent des dispositifs extrêmes pour en exprimer toute la force. Sarah Kane a été très présente pendant la préparation de cette production. La radicalité de son regard sur le monde demeure intacte depuis sa mort en 1999. Elle nous oblige à comprendre les relations humaines au-delà de tous les tabous que notre société nous impose. Quels sont les absolus de la jeunesse contemporaine ? Que représentent pour elle le sexe et l’amour ? Quelles sont ses peurs ? Qu’est-ce qui l’oppresse ? Que signifient pour elle la famille et la religion ? Sous quelles formes pulsion de vie et pulsion de mort s’expriment-elles ? De jeunes et formidables chanteurs ont compris que l’opéra est un lieu d’expression unique, qu’il est un espace de création pour des aventures artistiques fortes et dangereuses où la recherche de la vérité des personnages et des situations vaut bien plus qu’un succès à la Scala ou au Metropolitan Opera. Bellezza est la figure centrale du Trionfo et plus encore dans cette production. Face à la violence des coups de boutoir qu’elle s’apprête à recevoir, Bellezza impose sa fraîcheur et son insouciance, ses passions et ses inquiétudes. À quelques jours du début des répétitions, entamer notre travail avec Sabine Devieilhe qui, malgré sa reconnaissance internationale, demeure encore à l’aube de sa carrière, est un gage de sincérité. Son âge et son enthousiasme rejettent toute forme de mensonge et nous aideront à percer la complexité et les contradictions d’une jeune femme aux prises avec ses démons. Quels qu’ils soient. Propos recueillis par Christian Longchamp, mai 2016. Francis Bacon, Étude d’après le portait du Pape Innocent X par Vélásquez, 1953, huile sur toile © Acquis grâce aux fonds du Coffin Fine Arts Trust ; Nathan Emory Coffin Collection du Des Moines Arts Center, 1980. 1. Crédit photo : Rich Sanders, Des Moines, Iowa. 22 23 Sarah Kane Citations réunies par Graham Saunders dans Love me or kill me : Sarah Kane et le théâtre, L’Arche, 2004 Une représentation est quelque chose de viscéral. Elle provoque en vous un contact direct avec la pensée et les sentiments. Je déteste l’idée que le théâtre ne soit que le passe-temps d’une soirée. Il devrait être une exigence émotionnelle et intellectuelle. Si nous pouvons, grâce à l’art, faire l’expérience de quelque chose, alors il nous est peut-être possible de modifier notre avenir, car l’expérience grave des leçons dans nos cœurs grâce à la souffrance, alors que réfléchir nous laisse intacts… Il est crucial d’enregistrer et de confier à la mémoire des événements jamais vécus – afin d’éviter qu’ils se produisent. Je prendrais plutôt le risque d’une overdose au théâtre que dans la vie. L’art ne provient pas du choc de quelque chose de nouveau. Il provient de l’aménagement de l’ancien de telle manière qu’on puisse le voir d’un œil neuf. Je ne considère pas que les dépressions soient nécessairement malsaines. Pour moi c’est une expression parfaitement réaliste du monde environnant qui s’exprime en elles. Il y a un débat que je poursuis en permanence avec moi-même, car j’ai vécu une éducation chrétienne, et pendant les seize premières années de ma vie, j’étais absolument persuadée que Dieu existe, et plus encore persuadée – car je faisais partie d’une église chrétienne dite « charismatique », très axée sur le Retour du Christ – que je ne mourrais jamais. Je croyais sérieusement que Jésus allait revenir sur terre pendant ma vie et que je n’aurais pas à mourir. Alors quand je suis arrivée à environ dix-huit ou dixneuf ans, ce qui m’a soudain frappée, c’est que la chose dont j’aurais dû m’occuper depuis l’âge de six ans – ma condition mortelle – je ne m’en étais pas occupée du tout. Depuis, il y a ce débat permanent dans ma tête entre n’avoir pas vraiment envie de mourir – en être terrifiée – et aussi éprouver cette chose permanente dont on ne peut pas vraiment se débarrasser parce qu’on y a cru si fort et pendant si longtemps au cours de l’enfance – que Dieu existe et que d’une manière ou d’une autre je serai sauvée. Je suppose que ce dédoublement est en somme un dédoublement de ma personnalité et de mon intellect. Sarah Kane, 1998 © Marianne Thiele / ullstein bild via Getty Images 24 Sarah Kane (1971-1999) a profondément marqué le théâtre contemporain britannique puis européen par ses cinq œuvres - Anéantis, L’Amour de Phèdre, Purifiés, Manque et 4.48 Psychose - où elle souligne combien les relations humaines, amoureuses et sexuelles en particulier, sont marquées par la violence, la manipulation et la mort. Elle s’est suicidée en février 1999. 25 Christine Angot L’amour c’était ça, moi qui m’étais crue incapable de le ressentir, non seulement je le ressentais, mais je le reconnaissais, je n’avais plus aucun doute, je ne me posais plus aucune question sur sa définition. Pourtant, j’étais surprise de la personne pour qui je l’éprouvais. Je prenais acte de ce qui se développait en moi, et je comprenais pourquoi certains avaient pu appeler ça « un événement ». C’en était un. L’image du coup de foudre était mal trouvée. Ce n’était pas un coup qui vous tombait du ciel, c’était une musique, comme une partition, insoupçonnée, que quelqu’un, un parfait étranger, se mettait à déchiffrer à l’intérieur de vous, avec la plus grande facilité, et même une certaine nonchalance, sans que personne la lui ait jamais enseignée, et à la jouer, comme l’aurait fait un enfant sur un piano mécanique, tellement ça avait l’air facile, mon cœur transparent cessait d’être un problème, j’étais d’accord avec Verlaine. Moi aussi, j’étais devenue virtuose de la personne que je rencontrais, et qui m’avait été cachée jusque-là. Au point de n’avoir pas même imaginé son existence. J’en comprenais le timbre, l’accent, les inflexions, les intentions, le langage, le style. Une pause entre deux mots qu’il prononçait pouvait déchirer mon cœur, dont le rythme, suivant les moments, m’était devenu incontrôlable. Léger comme un oiseau qui avait envie de siffler, et trop grand pour sa cage quand j’étais exaltée, ou au contraire si on avait un désaccord, tapant dans mes poumons comme un marteau devenu fou, qui bourrelait et frappait mon intérieur, je ne trouvais plus l’air. Là, c’était autre chose, ça dépassait. J’avais l’impression de retrouver, sans l’avoir jamais porté, un vêtement qui aurait été parfaitement à mes mesures, sans que personne ne les ait jamais prises, et dont je reconnaissais entre mes doigts la texture, jamais un grain de peau comme celui-là n’avait été sous mes doigts, c’était entièrement nouveau, et entièrement normal, j’avais l’impression d’accéder à un droit, à un héritage, dont j’aurais été lésée par le passé, ce sentiment, dont je m’étais crue incapable, m’était en fait familier, on me l’avait caché, personne ne me l’avait dit. Mais, j’avais réussi à déjouer leurs plans. J’avais l’impression d’avoir été jusque-là perdue, à dessein, intentionnellement, sciemment, induite en erreur, par toute une société de comploteurs, qui avait cherché à me perdre, dans un jardin labyrinthique, dont je venais de trouver, ne leur en déplaise, la sortie. Ce texte a été publié dans Libération le 18 octobre 2013 Je ne voulais pas qu’il souffre, le supposer triste, même un tout petit instant, me mettait dans un état de révolte, qui me renforçait comme une arme pour le défendre, et à la fois dans un état de proximité, qui me réduisait à rien, ne déclenchant que des larmes. Ce que je ressentais n’était pas calme. C’était comme de grosses, de très grosses vagues, qui me soulevaient le cœur. Une houle imprévisible. Je ne supportais pas qu’il ait mal, et pourtant je cherchais à lui en faire. Mais quand j’y réussissais, je m’effondrais. Je m’agenouillais, je relevais sa tête, j’épongeais son front, j’essuyais ses larmes, je lui hurlais que je l’aimais et m’excusais. Quand il avait l’air heureux, à l’inverse, j’aurais voulu lui rendre une action de grâce. Pour vivre et me sentir vivante, je n’avais plus rien à faire qu’à regarder ce visage. Je me demandais comment un tel sourire pouvait exister. Il m’arrivait de me demander s’il était naturel, ou le résultat d’un savant calcul, mais je ne croyais pas. J’avais l’impression de ne plus être moi mais lui, et d’être en train de disparaître, de mourir. Ça me plaisait, je ne mourais pas physiquement, mais je n’étais plus là, j’avais autre chose à faire que d’être moi, autre chose à vivre, j’avais des sentiments extérieurs à moi. Je me rendais compte qu’avant je n’avais connu de l’amour que des formes approchantes. J’avais déjà dit « je t’aime » avec sincérité, ce n’était pas une émotion dont j’étais vierge. J’avais déjà regardé quelqu’un dans les yeux en me noyant dedans. Mais, ça ne m’avait pas empêché d’espérer que quelque chose d’autre arrive. Quand je me levais la nuit par exemple, qu’en traversant la salle de bain je me sentais coincée, rêvant d’être enlevée, emportée, ou de je ne sais quel miracle, avant de me recoucher à côté de la personne dans le regard de qui, pourtant, j’étais si souvent arrivée à me fondre. 26 Christine Angot est une écrivaine née à Châteauroux en 1959. Son œuvre compte parmi les plus importantes la littérature française contemporaine. Depuis ses premiers livres, elle n’a eu de cesse de donner des mots, un style, une voix à des événements de sa vie personnelle, traumatiques souvent, à commencer par la domination incestueuse exercée par son père, évoquée dans de nombreux livres, dans Une semaine de vacances en particulier. Elle a notamment publié Vu du ciel et Léonore, toujours chez Gallimard, Sujet Angot, L’Inceste, Quitter la ville, Pourquoi le Brésil ?, Peau d’Âne et Les Désaxés chez Stock, Le Marché des amants au Seuil et Rendez-vous, Une semaine de vacances et Un amour impossible chez Flammarion. 27 Le Triomphe de l’art Ivan A. Alexandre Il Trionfo del Tempo e del Disinganno occupe une place unique dans l’histoire de ce qui deviendra un genre à soi seul, l’oratorio haendélien, dont il est à la fois l’alpha et l’oméga. Premier oratorio d’un jeune compositeur de vingt-deux ans déjà illustre en tous domaines, il sera aussi, un demisiècle plus tard, son dernier, lorsqu’en 1757, aveugle, il dictera à son élève John Christopher Smith une nouvelle mouture rebaptisée The Triumph of Time and Truth, adaptée en vers anglais et mêlée de divers fragments empruntés à ses œuvres antérieures. Entre-temps, l’ouvrage – rebaptisé Il Trionfo del Tempo e della Verità – aura précédé de quelques mois le coup décisif de Saul au moment où, traversant l’une des plus graves crises morales et physiques de son existence, le musicien lâchait peu à peu l’opéra italien pour une forme qui allait, à la cadence d’un chefd’œuvre par an environ jusqu’à Jephtha (1751), donner naissance au plus important édifice de drames strictement musicaux (ou oratorios) de l’histoire moderne. Mais remontons à la source, au Trionfo originel. Durant l’automne 1706, fort de vingt années d’Allemagne et de beaucoup d’Italie dans son encre, le bouillant Saxon traverse les Alpes. Après Florence, enrichi de cent guinées, d’un service en argent et d’un solide renom, Haendel gagne Rome où il fait la connaissance des plus grands maîtres, des plus illustres virtuoses, des mécènes les plus prodigues qui ouvrent à son génie printanier leurs fastueux palais. Le plus fidèle et le plus fortuné de ces hôtes était le marquis (bientôt prince) Francesco Maria Ruspoli. C’est probablement par Ruspoli que le musicien rencontra un autre protecteur, le cardinal Benedetto Pamphili, théologien hiéronymite, philosophe, poète, dont l’orchestre 28 avait été autrefois dirigé par Arcangelo Corelli et qui fit mettre ses vers en musique par Melani, Pasquini ou encore Alessandro Scarlatti. Depuis le ban papal publié en 1681 par Innocent XI interdisant toute représentation d’opéra dans la ville éternelle, fleurissait au bord du Tibre un genre romain par excellence, l’oratorio, né en l’an 1600 d’une Rappresentazione di Anima e di Corpo composée par Cavalieri et que rien ne distinguait de l’opéra, sinon l’origine (plus ou moins) biblique des personnages, ses deux parties au lieu de trois actes et l’absence d’action scénique. Il reviendra donc à Pamphili, auteur d’un Trionfo della Grazia mis en musique par Alessandro Scarlatti en 1685, de fournir à Haendel le texte de son premier oratorio, composé au printemps 1707 parallèlement au Dixit Dominus. Héritier tout à la fois des « moralités » médiévales, des Trionfi florentins en vogue sous Laurent le Magnifique et de leur descendance sacrée, Laude et Devozioni conformes à l’éthique romaine, Il Trionfo del Tempo e del Disinganno tient moins du drame que de l’enjeu. La Beauté, qui a juré fidélité au Plaisir, est rappelée à l’ordre par le Temps et par la Désillusion (Disinganno : « non-illusion », c’est-à-dire « vérité »). D’abord coquette, la Beauté brisera finalement le « miroir trompeur » – qu’elle disait « fidèle » dans sa première aria – pour affronter le « miroir du vrai » que lui tendent la Vérité et le Temps. Si triomphe il y a, ce n’est pas toujours celui du livret, inventif, très musical et jailli d’un cœur prodigue, mais laborieux dans sa construction et naïf dans ses métaphores. En fait d’allégorie, Haendel n’aura sans doute pas trouvé ici les trésors dont L’Allegro et Il Penseroso de Milton allaient combler sa fantaisie trente-trois ans plus tard. Jamais pourtant sa musique n’avait encore paru si spontanée, si foisonnante, si vraie. Malgré cela, l’œuvre ne fit pas grand bruit. On a longtemps ignoré tout de sa création – lieu, date, interprètes, public. Pour quelle occasion particulière une pièce de si vastes proportions a-t-elle été conçue ? En étudiant les comptes de la maison Ruspoli, les allégories du poème, la graphie du compositeur, son papier à musique, les solennités de l’an 1707, la musicologue Ursula Kirkendale est récemment parvenue à une conclusion lumineuse. Ce Trionfo du Temps et de la Désillusion sur le vain Plaisir lors d’une joute dont le prix est la Beauté n’a pu avoir pour dédicataires que... les artistes. Au début du XVIIIe siècle se déroulait chaque année à Rome un concours organisé au Capitole par l’Accademia di San Luca – concours réservé aux peintres, aux sculpteurs, aux architectes garants de la Beauté et, pour les lauréats, futurs modeleurs de la ville. Le scrutin de 1707 ayant eu lieu le 6 mai, Il Trionfo en aurait rappelé l’enjeu et célébré par avance l’issue le 2 mai chez le marquis Ruspoli. Comme souvent, il s’agirait d’une « coproduction » du clergé (Pamphili, membre honoraire de l’Accademia di San Luca) et du fastueux marquis. Un certain nombre de cardinaux considérés jusqu’à présent comme généreux mécènes des musiciens étaient en fait sérieusement endettés auprès de celui-ci ; il n’est donc pas abusif de tenir Ruspoli, commanditaire de soixante et onze oratorios entre 1695 et 1721, pour premier bienfaiteur des arts dans la Rome de 1707. C’est d’ailleurs lui qui paya les trois castrats, le ténor et l’orchestre pour le concert du 2 mai. Tout s’éclaire sous ce jour nouveau. Les innombrables allusions aux arts visuels qui émaillent le livret (« Voici mon royaume : regardez-moi prendre mille formes. Couronné de roses, voyez sculpté dans le marbre blanc le gracieux cortège de jouvenceaux errants. Voyez celui qui dort... »), la présence d’« urnes qui recelez tant de beautés » (les urnes du vote), même l’hommage direct du cardinal au compositeur organiste à l’intérieur de son livret : tout crie l’œuvre d’art adressée aux artistes et dont le thème est l’art en personne. Si Corelli dirigea bien l’orchestre ce jour-là, ce que l’aria finale laisse supposer, il n’est pas impossible que l’occasion ait donné lieu à la fameuse dispute rapportée par le biographe John Mainwaring à propos de l’ouverture. Haendel l’ayant, à son habitude, composée en style « lullyste », Corelli aurait avoué : « Mais cher Saxon, cette musique est dans le style français, auquel je n’entends rien », sur quoi Haendel aurait griffonné l’ouverture « corelliste » que nous connaissons. Mais de stilo francese, nous chercherions en vain d’autres traces dans une partition héritière à la fois des « sanguines » vigoureuses brossées à Hambourg et d’un sfumato italien qui témoigne de l’extraordinaire maîtrise d’un musicien installé à Rome depuis quelques semaines. Toutes les « vertus » transalpines y rayonnent. Virtuosité vocale d’abord, dans les arias des sopranos et le duo qui les unit. Virtuosité orchestrale à l’œuvre dès le petit concerto grosso qui tient lieu d’ouverture – Haendel devait en être assez fier puisqu’il s’en resservira dès son second oratorio romain, La resurrezione. Virtuosité instrumentale requérant plusieurs solistes chevronnés (violon, hautbois) et dont le héros, par un subtil artifice du livret, devient Haendel lui-même puisque, au plus long récitatif de l’œuvre, description minutieuse des États du Plaisir (« Questa è la 29 reggia mia », tribut aux émules de San Luca), succède une Sonata concertante, embryon d’un autre genre nouveau : le concerto pour orgue. Alors la voix s’apaise et laisse la lumière inonder le « gracieux jouvenceau » à son clavier, qui « éveille la félicité » du Plaisir et dont, observe la Beauté, « la main droite porte les ailes ». Virtuosité d’écriture enfin, inégalement effective, sacrifiée quelquefois aux dieux du rythme, de la couleur et de l’exubérance, mais d’autant plus spectaculaire – dans la seconde partie surtout – qu’elle se donne rarement pour telle, jusqu’à la perfection du quatuor « Voglio Tempo », l’un des plus beaux ensembles de l’auteur. L’air qui suit, adapté d’une sarabande instrumentale, composée par Haendel en 1704 pour son Almira hambourgeoise, s’élève peutêtre plus haut encore par la force d’une parfaite simplicité – à peine modifié, il deviendra dès le Rinaldo londonien de 1711 l’une de ses pages les plus populaires, « Lascia ch’io pianga ». Habile à faire sonner les pleins et les creux, à enlever les gigues comme à suspendre les adagios, à affirmer un diatonisme vainqueur (« Un pensiero nemico di pace », « Come nembo che fugge col vento ») comme à évoquer le clair-obscur d’un Caravage harmoniste (« Urne voi », duo « Il bel pianto dell’aurora »), Haendel façonne un drame minéral, moins narratif qu’élémentaire, où puiseront les trente oratorios et odes à venir. Avec un soupçon de malice. Quand, en 1750, Haendel hésitera entre le Plaisir et la Vertu1, le héros choisira la Vertu tandis que le facétieux musicien donnera la victoire – fortuite mais éclatante – au Plaisir. Déjà, en 1707, écoutonsle jouer. Le cardinal a choisi : son chemin sera celui d’une conversion à la Vérité – « Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable », disait Boileau. Haendel poète n’arbitre pas. Il permet. Il convoque ici la Vérité, là le Plaisir, rivaux sans vainqueur. Ou s’il choisit, à la fin – adagio en mi majeur avec violon, «Tu del Ciel ministro eletto », poignant et ambigu –, c’est la Beauté. Musicologue, journaliste et metteur en scène, Ivan A. Alexandre écrit notamment dans Diapason. Grand spécialiste de Haendel, il a également mis en scène des opéras de Rameau, Haendel, Gluck, Mozart et Johann Strauss. 1. The Choice of Hercules, texte d’après Robert Lowth, créé à Londres le 1er mars 1751. 30 Frontispice du livret de Pamphili réutilisé par le compositeur Carlo Cesarini dix-huit ans après la création de l’oratorio de Haendel. Dessin de Giovanni Odazzo, gravure de Hieronymus Rossi, Rome, 1725. 31 Biographies Emmanuelle Haïm / Direction musicale Après des études de piano et de clavecin, Emmanuelle Haïm choisit la direction d’orchestre et fonde en 2000 son ensemble Le Concert d’Astrée. Régulièrement invitée au Festival de Glyndebourne, elle y fait des débuts remarqués en 2001 avec Rodelinda (Haendel), suivi de Theodora (Haendel) et de L’incoronazione di Poppea (Monteverdi). En 2007, elle est la première femme à diriger au Chicago Lyric Opera, avec Giulio Cesare de Haendel. Elle collabore notamment avec l’Orchestre symphonique de Birmingham, l’Orchestre de chambre d’Écosse, l’Orchestre de la Radio de Hesse et l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. Depuis 2008, elle entretient une relation privilégiée avec l’Orchestre philharmonique de Berlin qu’elle dirige régulièrement en tant que chef invité. En 2015/2016, elle dirige deux nouvelles productions lyriques : la recréation de Xerse de Cavalli et Lully à l’Opéra de Lille et au Theater an der Wien, ainsi que Mitridate de Mozart au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra de Dijon. Elle participe également à deux grandes tournées internationales aux côtés de solistes tels que Patricia Petibon, Anne Sofie von Otter et Laurent Naouri, dans un programme dédié aux monstres, sorcières et magiciens dans la musique des XVIIe et XVIIIe siècles. Pour le label Erato/Warner Classics, Emmanuelle Haïm réalise de nombreux enregistrements à la tête de son ensemble. Parmi eux, citons Une fête Baroque ! qui célèbre les 10 ans du Concert d’Astrée, Le Messie et Il Trionfo del Tempo e del Disinganno de Haendel, mais aussi les DVD de Giulio Cesare (Haendel) et d’Hippolyte et Aricie (Rameau) à l’Opéra national de Paris, de L’incoronazione di Poppea (Monteverdi) et de La finta giardineria (Mozart) à l’Opéra de Lille. Elle collabore également avec Philippe Jaroussky et Le Concerto Köln pour l’album Caldara in Vienna. Ces enregistrements lui valent de nombreuses récompenses, dont les Victoires de la Musique Classique en 2008 et en 2009, le Prix Echo pour la musique en Allemagne, ainsi qu’une nomination aux Grammy Awards. Parmi ses prochains engagements, citons ses débuts à la tête de l’Orchestre philharmonique de Vienne dans une série de concerts consacrés à Haendel, La Gran Partita de Mozart en tournée européenne, un nouveau projet de musique française avec la mezzo-soprano Magdalena Kožená ainsi qu’une nouvelle production d’Il ritorno d’Ulisse in patria (Monteverdi) au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra de Dijon. Il Trionfo del Tempo e del Disinganno marque ses débuts au Festival d’Aix-enProvence. Fidèle représentante du baroque et du savoirfaire musical français, Emmanuelle Haïm est Chevalier de la Légion d’honneur, Officier des Arts et des Lettres et Honorary Member de la Royal Academy of Music. Krzysztof Warlikowski / Mise en scène 34 D’origine polonaise, le metteur en scène Krzysztof Warlikowski compte parmi les rénovateurs du langage théâtral en Europe, notamment par les interprétations qu’il propose de pièces du passé. Irriguées de références cinématographiques et souvent d’une utilisation inventive de la vidéo, ses productions entraînent le public dans un processus original de recherche du sens et des sens, et sont jouées dans le monde entier. Krzysztof Warlikowski dirige le Nowy Teatr de Varsovie, centre culturel interdisciplinaire. Au théâtre, il travaille régulièrement sur des pièces de Shakespeare (La Mégère apprivoisée, La Tempête, Contes africains d’après Shakespeare d’après Le Roi Lear, Le Marchand de Venise et Othello) et met également en scène Madame de Sade (Mishima), Les Bacchantes (Euripide), Kroum l’ectoplasme (Levin), Angels in America (Kushner), (A)pollonia (d’après Euripide, Eschyle, Jonathan Littell, Hanna Krall et J.M. Coetzee), La Fin (Koniec) (d’après Kafka, Koltès et J.M. Coetzee), Kabaret warszawski (d’après John van Druten et le film Shortbus de John Cameron Mitchell), Les Français (inspiré de l’œuvre de Proust À la recherche du temps perdu) ou encore Un Tramway (d’après Tennessee Williams) et Phèdre(s) (d’après Sarah Kane, J.M. Coetzee et Wajdi Mouawad) avec Isabelle Huppert. Très actif à l’opéra, il y dirige de nombreuses productions dont Iphigénie en Tauride (Gluck), Parsifal (Wagner) Le Roi Roger (Szymanowski), Le Château de Barbe-bleue (Bartók) et La Voix humaine (Poulenc) à l’Opéra national de Paris, The Rake’s Progress (Stravinski) au Schillertheater de Berlin, ainsi qu’Eugène Onéguine (Tchaïkovski) à l’Opéra de Munich. Il réalise la mise en scène de La Femme sans ombre de Strauss pour célébrer les cinquante ans de la réouverture de l’Opéra de Munich après la seconde guerre mondiale. Il collabore étroitement avec le Teatro Real de Madrid, en particulier pour Le Roi Roger, Poppea e Nerone (Monteverdi, dans une réorchestration de Boesmans) et Alceste (Gluck). Il est également un invité régulier du Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles, où il met en scène notamment de nouvelles productions de Médée (Cherubini), de Lulu (Berg) et de Don Giovanni (Mozart). En 2009, sa mise en scène de L’Affaire Makropoulos (Janáček), produite au Teatro Real, est primée aux Premios Liricos. Sa mise en scène de Macbeth (Verdi), donnée au Théâtre royal de la Monnaie, est quant à elle élue « Meilleure production de l’année 2009-2010 » par le magazine allemand Opernwelt. MaŁgorzata Szcze˛Śniak / Décors et costumes Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Cracovie en 1972, Małgorzata Szcze˛śniak est scénographe et auteur des décors de toutes les productions théâtrales et lyriques du metteur en scène Krzysztof Warlikowski. Étudiante en psychologie à l’Université Jagielloński entre 1972 et 1976, elle anime des cours d’art pour enfants hyperactifs et participe à un projet d’artthérapie pour schizophrènes mené par Noemi Madejska, psychiatre renommée et auteur de livres sur les créations artistiques de personnes atteintes de schizophrénie. En 1981, tout en rédigeant sa thèse sur la psychologie de la créativité, elle débute des études à la faculté de scénographie de l’Académie des Beaux-Arts de Cracovie. Elle y obtient son diplôme en 1984 sous la direction du scénographe Jerzy Skarżyński. Elle décide alors de travailler pour le théâtre et s’installe à Paris. Elle participe à plusieurs manifestations artistiques, dont l’exposition de jeunes scénographes au centre de scénographie polonaise du Musée de la Silésie de Katowice en 1994. Elle prend également part à la Quadriennale de la scénographie de Prague en 1990, puis en 2007. La seconde fois elle y présente « Réalité de la transformation – transformation de la réalité », une œuvre également exposée à la galerie nationale d’art Zache˛ta de Varsovie. Au printemps 2008, une exposition consacrée à son travail de scénographe (Il apparaît et disparaît sans laisser de traces) est dévoilée à Bruxelles. Considérée comme l’une des scénographes les plus inventives en Europe, elle donne des conférences et des séminaires sur des questions de scénographie et d’espace théâtral dans le monde entier. En 2015, elle reçoit des mains du Président de la République de Pologne un prix saluant son accomplissement artistique. Christian Longchamp / Dramaturge Né à Lausanne, en Suisse, Christian Longchamp étudie l’histoire de l’art et la philosophie à Genève et à Paris, avant de travailler comme commissaire d’exposition (Louis Soutter, Si le soleil me revenait et Paris-Godard, la ville, la politique, le langage au Centre Culturel Suisse ; Syberberg / Paris / Nossendorf au Centre Pompidou ; Robert Ryman, Roman Opalka, David Nebreda, Bernd & Hilla Becher, Thomas Flechtner, Sophy Rickett… à la Galerie RENN de Claude Berri). Programmateur à la direction de l’Auditorium du Musée du Louvre, il y conçoit des programmes thématiques (cinéma, littérature, philosophie et théâtre) tels que Sous le regard des dieux, Peer Gynt ou les vertiges du rêve et Visages de Faust. De 2007 à 2013, il est adjoint artistique auprès de Peter de Caluwe à la direction du Théâtre royal de la Monnaie, où il occupe le poste de directeur de la dramaturgie, du développement culturel et de la communication. À l’Opéra national de Paris, il est conseiller de Stéphane Lissner jusqu’en septembre 2014, puis directeur de la dramaturgie, des éditions et de la communication jusqu’en septembre 2015. Il quitte alors ses fonctions pour se consacrer à la dramaturgie de création après avoir mis en place le nouveau projet éditorial et de communication de l’Opéra national de Paris et développé la 3e Scène, avec Dimitri Chamblas et Benjamin Millepied, qui voit le jour en septembre dernier. Comme dramaturge, il travaille notamment avec Romeo Castellucci (Orfeo ed Euridice de Gluck, Orphée et Eurydice de Gluck / Berlioz, Schwanengesang D744 d’après Schubert et Moses und Aron de Schoenberg), Alvis Hermanis (Jenůfa de Janáček et La Damnation de Faust de Berlioz), Joël Pommerat (Au monde de Boesmans) et Krzysztof Warlikowski (Médée de Cherubini, Macbeth de Verdi, Poppea e Nerone de Monteverdi / Boesmans, Lulu de Berg, Don Giovanni de Mozart, Le Château de Barbe-Bleue / La Voix humaine de Bartók et Poulenc). 35 Felice Ross / Lumière Felice Ross conçoit les lumières pour des productions de théâtre, d’opéra ou de danse ainsi que pour des installations artistiques en Europe, en Israël, en Corée, en Afrique du Sud et aux États-Unis. Dans le monde lyrique, elle collabore régulièrement avec l’Opéra Israélien de Tel Aviv (Le Barbier de Séville de Rossini, The Medium de Menotti, Eugène Onéguine de Tchaïkovski et La Traviata de Verdi), l’Opéra national de Varsovie (Otello de Verdi, Eugène Onéguine, La Dame de pique de Tchaïkovski, Don Giovanni de Mozart, Don Carlo de Verdi, Ubu Roi de Penderecki, Wozzeck de Berg et Le Vaisseau fantôme de Wagner), le Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles (Médée de Cherubini, Macbeth de Verdi, Lulu de Berg et Don Giovanni), avec l’Opéra de Munich (Eugène Onéguine Claude Bardouil / Chorégraphie Après une longue pratique de la gymnastique, Claude Bardouil étudie à l’Atelier de formation et de recherche du Centre dramatique national ainsi qu’au Conservatoire et au Centre de développement chorégraphique de Toulouse. Comédien et danseur, il associe naturellement la danse et le jeu d’acteur dans ses propres créations. Il participe à de nombreux projets avec Jacques Rosner, avec qui il joue des pièces de Shakespeare, ainsi qu’avec JeanPierre Tailhade qui le met en scène dans le monologue Le bleu de tes yeux et dans la création collective Molière ou l’Amour en morceaux. Il collabore également avec la chorégraphe Rita Cioffi, avec qui il interprète une série de duos, dont Massacre du printemps, Shopping, Pas de deux et Passengers. Il est à l’origine de la compagnie Parlez-moi d’amour, pour laquelle il joue et met en scène des pièces du répertoire comme Andromaque (Racine), Électre (Sophocle) ainsi que des créations et La Femme sans ombre de Strauss), l’Opéra national de Paris (Iphigénie en Tauride de Gluck, Parsifal de Wagner, Le Château de Barbe-Bleue de Bartók, La Voix humaine de Poulenc, L’Affaire Makropoulos de Janáček et Le Roi Roger de Szymanowski), le Teatro Real de Madrid (Poppea et Nerone de Monteverdi dans une réorchestration de Boesmans et Alceste de Gluck) et le Palais des Arts de Valence (Eugène Onéguine et le ballet L’Amour sorcier de de Falla). Elle travaille également avec l’Opéra national de Washington pour Andrea Chenier (Giordano), le Grand Théâtre de Poznań pour Così fan tutte (Mozart), le Staatsoper de Berlin pour The Rake’s Progress (Stravinski), l’Opéra national du pays de Galles pour Manon Lescaut (Puccini), l’Opéra national de Prague pour Salomé (Strauss), le Festival d’opéra de Savolinna pour La Traviata ainsi qu’avec l’organisation artistique Third World Bunfight du Cap pour Macbeth. personnelles telles que Les Innocents, Les Vaniteux, Brad Pitt et moi, portrait d’un Européen et Désastre. Il anime par ailleurs des stages pour des lycéens de la région Midi-Pyrénées. Depuis plusieurs années, il collabore au théâtre et à l’opéra avec le metteur en scène Krzysztof Warlikowski. Il participe notamment aux productions de The Rake’s Progress (Stravinski) au Staatsoper de Berlin, de La Femme sans ombre (Strauss) à l’Opéra de Munich, de Poppea e Nerone (Monteverdi / Boesmans) et d’Alceste (Gluck) au Teatro Real de Madrid, ainsi que de Lulu (Berg) et de Don Giovanni (Mozart) au Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles. Récemment, il travaille avec Krzysztof Warlikowski en tant que chorégraphe sur les mises en scène du Château de Barbe-Bleue (Bartók) ainsi que de La Voix humaine (Poulenc), toutes deux données à l’Opéra national de Paris. Sa dernière création, Nancy. Interview, en collaboration avec l’actrice Magdalena Popławska, a été présentée au Nowy Teatr de Varsovie ainsi qu’au Festival de l’Opéra de Munich durant l’été 2014. Denis Guéguin / Vidéo 36 Né à Paris en 1961, le réalisateur Denis Guéguin obtient en 1984 une double licence en études cinématographiques et en études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle. Auteur de vidéos expérimentales, il reçoit en 1990 le prix du scénario de court-métrage de Canal+ pour La Bonne Fessée, comédie légère qu’il écrit et réalise. Son courtmétrage L’Accouplement des Licornes obtient la Queer Palm au Festival de Cannes en 2014. Depuis de nombreuses années, il travaille à la réalisation de vidéos pour le spectacle vivant. C’est ainsi qu’il travaille régulièrement avec le metteur en scène Krzysztof Warlikowski, avec qui il collabore au théâtre sur des pièces de Shakespeare (Le Songe d’une nuit d’été et Macbeth), ainsi que sur Death in Venice (Thomas Mann), Madame de Sade (Mishima), La Fin (Koniec, d’après Kafka, Koltès et J.M. Coetzee) et Un Tramway (d’après Tennessee Williams) au Théâtre national de l’Odéon et sur Les Français (d’après Marcel Proust) à la Ruhrtriennale. Toujours avec lui, il participe également à des productions d’opéra comme Ubu Roi (Penderecki) et Wozzeck (Berg) à l’Opéra national de Varsovie, Iphigénie en Tauride (Gluck), L’Affaire Makropoulos (Janáček), Parsifal (Wagner) et Le Roi Roger (Szymanowski) à l’Opéra national de Paris, Médée (Cherubini), Macbeth (Verdi), Lulu (Berg) et Don Giovanni (Mozart) au Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles, Poppea e Nerone (Monteverdi / Boesmans) et Alceste (Gluck) au Teatro Real de Madrid, ainsi que La Femme sans ombre (Strauss) à l’Opéra de Munich. Récemment, il poursuit sa collaboration avec le metteur en scène polonais à l’Opéra national de Paris pour Le Château de Barbe-Bleue de Bartók et La Voix Humaine de Poulenc ainsi qu’au Théâtre de l’Odéon pour Phèdre(s), pièce qui réunit des œuvres de Wajdi Mouawad, Sarah Kane et J.M. Coetzee. Un livre d’entretiens et de photographies, Art vidéo et Opéra, doit prochainement paraître aux éditions Alternatives théâtrales. Sabine Devieilhe, soprano / Bellezza Après des études de violoncelle et de musicologie, Sabine Devieilhe remporte le Premier Prix à l’unanimité avec les félicitations du jury du Conservatoire national supérieur de musique de Paris en 2011. Elle entame dès lors une étroite collaboration avec les ensembles Pygmalion (direction Raphaël Pichon) et Les Cris de Paris (direction Geoffroy Jourdain), ainsi qu’avec Alexis Kossenko et Jean-Claude Malgoire qui lui propose, en 2011/2012, ses premiers rôles à l’opéra avec Amina (La Somnambule, Bellini) et La Folie (Platée, Rameau). Depuis, elle incarne Serpetta (La finta giardiniera, Mozart) au Festival d’Aix-en-Provence, Lakmé (Delibes) à l’Opéra de Montpellier, à l’Opéra Comique, à Toulon et à Avignon, la Reine de la nuit (La Flûte enchantée, Mozart) à l’Opéra national de Lyon et à l’Opéra national de Paris, Constance (Dialogues des Carmélites, Poulenc) à l’Opéra national de Lyon, au Théâtre des Champs-Élysées et au Dutch National Opera, ou encore Euridyce (Orphée et Euridyce, Gluck) au Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles. Elle chante également les rôles d’Adèle (La Chauve-Souris, Strauss) à l’Opéra Comique, de Mélisande (Pelléas et Mélisande, Debussy) sous la direction de J.C. Malgoire, de Nanetta (Falstaff, Verdi) à l’Opéra de Marseille et du Feu, de La Princesse et du Rossignol (L’Enfant et les Sortilèges, Ravel) au Festival de Glyndebourne et en concert avec l’Orchestre de Paris, l’Orchestre Philharmonia et l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise dirigés par Esa-Pekka Salonen. Plus récemment, elle est Ismène (Mitridate, Mozart) au Théâtre des ChampsÉlysées, où elle donne aussi une version de concert de La Somnambule. Affectionnant tout particulièrement le Lied et la mélodie, elle se produit régulièrement en récital avec Anne Le Bozec. Révélation Artiste Lyrique en 2012 puis Artiste lyrique de l’année 2015 aux Victoires de la Musique, Sabine Devieilhe enregistre en exclusivité pour Erato / Warner Classics. Son album Rameau : le Grand Théâtre de l’Amour est récompensé en 2013 du Diapason d’Or, du Grand Prix de l’Académie Charles Cros et du Prix Caecilia ; en 2015, la parution d’Une Académie pour les Sœurs Weber, enregistré avec l’Ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon, donne lieu à une tournée internationale en Europe et en Asie. Parmi ses projets, citons l’enregistrement de L’Enfant et les Sortilèges avec l’Orchestre philharmonique de Radio France, la reprise de La Flûte enchantée et les rôles d’Olympia (Les Contes d’Hoffmann, Offenbach) et de Héro (Béatrice et Bénédict, Berlioz) à l’Opéra national de Paris. Franco Fagioli, contre-ténor / Disinganno Le contre-ténor argentin Franco Fagioli étudie le chant à l’Institut supérieur artistique du Théâtre Colón de Buenos Aires et remporte le dixième Concours international de chant Neue Stimmen de la Fondation Bertelsmann en 2003 ainsi que le Prix Abbiati en 2011. Il fait ses débuts dans Jules César de Haendel à l’Opéra de Zurich (2005), à l’Opéra national de Norvège (2007), au Festival Haendel de Karlsruhe (2008) et à l’Opéra national de Finlande (2012). Il confirme sa veine haendélienne grâce à Ariodante (2010) et à Richard Ier, Roi d’Angleterre (2014) présentés au Festival Haendel de Karlsruhe, au rôle-titre de Poro au Festival Haendel de Halle et à celui de Teseo présenté à l’Opéra de Stuttgart. Le rôle de Bertarido dans Rodelinda, sous la direction de Diego Fasolis au Festival de la Vallée d’Itria, lui vaut d’être élu « Chanteur de l’année » par le magazine italien L’Opera. En concert, Franco Fagioli propose des programmes d’airs virtuoses et se produit entre autres aux côtés de Cecilia Bartoli, avec laquelle il enregistre le Stabat Mater d’Agostino Steffani. Il chante sous la baguette de chefs de premier plan comme Rinaldo Alessandrini, Gabriel Garrido, Nikolaus Harnoncourt, René Jacobs, Marc Minkowski, Riccardo Muti et Christophe Rousset. Sa 37 collaboration avec Riccardo Minasi et Il pomo d’oro donne lieu à la production de Catone in Utica de Vivaldi, tour à tour représentée à Wiesbaden, à Versailles, au Festival de Bucarest et au Theater an der Wien de Vienne. Parmi ses récents engagements, citons Rinaldo au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles et au Théâtre des Champs-Élysées, le rôle de Celio dans Lucio Silla à la Philharmonie de Paris, au Theater an der Wien, au Grand Théâtre de Provence et à l’Opéra royal de Versailles ainsi que Giulietta e Romeo de Zingarelli au Festival de Pentecôte de Salzbourg. On le retrouvera bientôt dans Eliogabalo de Cavalli à l’Opéra national de Paris. Franco Fagioli a publié plusieurs enregistrements, dont Arias for Caffarelli, L’Artaserse et Catone in Utica de Vinci sortis chez Decca, La concordia de’ pianeti de Caldara paru chez Archiv Produktion, ou encore Orphée et Eurydice paru chez Deutsche Grammophon. Sara Mingardo, contralto / Disinganno Née à Venise, Sara Mingardo étudie au Conservatoire de musique de sa ville natale avec Franco Ghitti, avant de poursuivre sa formation à l’Académie Chigiana de Sienne. Lauréate de plusieurs concours de chant, elle obtient le prestigieux « Premio Abbiati » de la part de l’Association des critiques musicaux d’Italie en 2009. Après ses débuts en 1987, elle foule les plus grandes scènes du monde et chante sous la direction de chefs tels que Sir John Eliot Gardiner, Marc Minkowski, Riccardo Muti ou encore Claudio Abbado. Son répertoire lyrique est composé d’œuvres de Gluck, Monteverdi, Haendel, Vivaldi, Rossini, Verdi, Cavalli, Mozart, Donizetti, Schumann et Berlioz. Elle incarne Speranza dans L’Orfeo (Monteverdi) à la Scala de Milan, le rôle-titre d’Armide au camp d’Égypte (Vivaldi) à Paris et à Vienne, Androcino dans Tamerlano (Haendel) à Londres, ainsi que Pénélope dans Il ritorno d’Ulisse in patria (Monteverdi) au Festival international de musique baroque de Beaune et à la Scala de Milan. Elle chante le Stabat Mater de Pergolèse à de nombreuses occasions, notamment avec Claudio Abbado et l’Orchestre Mozart de Bologne. En concert, elle assume la partie d’alto solo dans Le Messie de Haendel à Paris et en Espagne, dans la 3e et la 8e Symphonie de Mahler à Rome, dans le Requiem de Mozart à Venise, dans le Stabat Mater de Dvořák à Paris, ainsi que dans le Magnificat de Bach à Chicago. Récemment, elle est invitée en tant que soliste à Lisbonne et participe à une production d’Il Trionfo del Tempo e del Disinganno (Haendel) dirigée par Diego Fasolis à la Scala. Cette saison, elle se produit à Rome dans la Rhapsodie pour alto de Brahms, au Festival de Musique Sacrée de Münster dans le Stabat Mater de Vivaldi, à Copenhague dans Elias de Mendelssohn ainsi qu’à Genève pour un récital. Prochainement, elle collaborera avec Ottavio Dantone pour Le Couronnement de Dario (Vivaldi) au Théâtre royal de Turin ainsi qu’avec Jean-Christophe Spinosi pour Il ritorno d’Ulisse in patria à l’Opéra de Hambourg. de Londres, ainsi que ceux d’Orlando paladino (Haydn) à l’Opéra de Zurich, des Contes d’Hoffmann au Bayerische Staatsoper de Munich et de La Damnation de Faust (Berlioz) à Tokyo. Il incarne également Don José (Carmen, Bizet) au Théâtre des Champs-Élysées, Rodrigo au Festival Rossini de Pesaro, Pirro (Ermione, Rossini) au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra national de Lyon, Enrico II (Rosmonda d’Inghilterra, Donizetti) au Teatro Maggio Musicale de Florence, et chante le Lobgesang de Mendelssohn au Gewandhaus de Leipzig ainsi que Lélio au Festival Beethoven de Bonn. Le Concert d’Astrée Ensemble instrumental et vocal dédié à la musique baroque, Le Concert d’Astrée est fondé en 2000 par son actuelle directrice artistique, Emmanuelle Haïm. En 2003, il reçoit la Victoire de la Musique Classique du meilleur ensemble de l’année, puis est nommé Alte Musik Ensemble de l’année 2008 aux Echo Deutscher Musikpreis en Allemagne. Allant de Monteverdi à Mozart, ses enregistrements pour le label Warner Classics/ Erato sont largement récompensés. En résidence à l’Opéra de Lille depuis 2004, Le Concert d’Astrée s’illustre dans de nombreuses productions scéniques d’opéras de Haendel (Tamerlano, Giulio Cesare, Orlando, Agrippina), Monteverdi (L’Orfeo, L’incoronazione di Poppea), Rameau (Les Boréades, Dardanus, Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux), Bach (Passion selon saint Jean), Lully (Thésée), Cavalli (Xerse), Mozart (Les Noces de Figaro, La finta giardiniera, Idomeneo, Mitridate) et Purcell (The Fairy Queen), en collaboration avec des metteurs en scène de renom tels que David McVicar, Robert Wilson, Jean-François Sivadier, Laurent Pelly, David Lescot, Ivan Alexandre, Barrie Kosky, Jean-Yves Ruf, Guy Cassiers et Clément Hervieu-Léger. De grandes tournées l’amènent régulièrement à se produire sur les plus grandes scènes internationales aux côtés de solistes tels que Natalie Dessay et Christophe Dumaux, Magdalena Kožená, Patricia Petibon, Anne Sofie von Otter ou Laurent Naouri. La saison prochaine, il jouera deux opéras sous la direction d’Emmanuelle Haïm : la reprise du Trionfo del Tempo e del Disinganno (Haendel) à Lille et à Caen ainsi que Il ritorno d’Ulisse in patria (Monteverdi) au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra de Dijon. Il participera également à une tournée autour de la Gran Partita de Mozart et retrouvera la mezzo-soprano Magdalena Kožená pour un nouveau programme dédié à la musique française des XVIIe et XVIIIe siècles. En parallèle, l’orchestre et ses musiciens mènent un travail d’éveil et de sensibilisation à la musique sur le territoire du Nord. [Mécénat Musical Société Générale est le mécène principal du Concert d’Astrée. En résidence à l’Opéra de Lille, Le Concert d’Astrée reçoit le soutien de la Ville de Lille. L’association Le Concert d’Astrée bénéficie du soutien de la Direction régionale des affaires culturelles du Nord-Pas-de-Calais Picardie, au titre de l’aide à la compagnie conventionnée. Depuis 2012, Le Concert d’Astrée, soutenu par le Département du Nord, est devenu l’Ambassadeur de l’Excellence du Nord aussi bien en France qu’à l’étranger.] Orchestre Michael Spyres, ténor / Tempo 38 Né à Mansfield (Missouri) dans une famille de musiciens, le ténor Michael Spyres étudie d’abord aux États-Unis puis au Conservatoire de Vienne. Sa carrière débute en 2008 lorsqu’il interprète le rôle-titre d’Otello (Rossini) au Festival de Wildbad, ainsi que le rôle de Tamino dans La Flûte enchantée (Mozart) à l’Opéra de Berlin dont il intègre la troupe. Il se produit depuis sur les plus grandes scènes mondiales, telles que la Scala de Milan où il incarne Belfiore dans Le Voyage à Reims (Rossini) et Rodrigo dans La Dame du lac (Rossini). Il foule également les planches du Covent Garden de Londres (La Dame du lac), du Grand Théâtre du Liceu de Barcelone (Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach), de l’Opéra lyrique de Chicago (La Chauve-souris de Strauss et La Veuve joyeuse de Lehár) et du Théâtre des Champs-Élysées à Paris (Mitridate, re di Ponto de Mozart). Il incarne Arnold dans Guillaume Tell (Rossini) au Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles, le Conte de Libenskoff dans Le Voyage à Reims au Dutch National Opera et Gianetto dans La Pie voleuse (Rossini) à l’Opéra de Dresde. Il est invité au Festival de Salzbourg pour une production de Betulia Liberata (Mozart) et chante régulièrement au Festival de Pesaro, où il est Balthasar dans Cyrus à Babylone (Rossini), Rodrigo dans La Dame du lac et Aurélien dans Aurélien en Palmyre (Rossini). En soliste, il se produit notamment aux BBC Proms de Londres dans la Missa Solemnis de Beethoven sous la direction de Sir John Eliot Gardiner. Il collabore régulièrement avec des chefs tels que Riccardo Muti, Valery Gergiev, Alberto Zedda ou encore Evelino Pidò. Sa discographie comporte plusieurs opéras de Rossini ainsi que des œuvres de Donizetti, Verdi, Meyerbeer et Schumann. Au cours de la saison 2016/17, il endossera le rôle-titre de Mitridate, re di Ponto au Covent Garden PREMIERS VIOLONS David Plantier, Stéphanie Pfister, Maud Giguet, Céline Martel, Clémence Schaming, Charles-Etienne Marchand, Sabine Stoffer, Matthieu Camilleri DEUXIÈMES VIOLONS Agnieszka Rychlik, Isabelle Lucas, James Jennings, Emmanuel Curial, Myriam Cambreling, Gabriel Ferry ALTOS Laurence Duval, Michel Renard, Diane Chmela, Delphine Millour, Marta Paramo VIOLONCELLES Felix Knecht*, Oleguer Aymami*, Xavier Richard, Claire Gratton, Julien Hainsworth CONTREBASSE Nicola Dal Maso*, Ludovic Coutineau, Davide Vittone FLÛTES À BEC Meillane Wilmotte, Anaïs Ramage HAUTBOIS Patrick Beaugiraud, Yann Miriel BASSON Philippe Miqueu LUTHS Laura Monica Pustilnik*, Rémi Cassaigne* CLAVECINS Benoît Hartoin*, Philippe Grisvard* ORGUE Benoît Hartoin* * continuo 39 AIX-ARLES-AVIGNON, A3 ET … AVEC VOUS ! La Provence, héritière d’une tradition artistique exceptionnelle, a donné naissance à des festivals qui depuis plusieurs décennies rayonnent dans le monde entier et attirent un public local comme international. L’offre artistique dont sont porteurs chaque année, de juin à septembre, nos trois festivals mais aussi bien d’autres partenaires culturels de cette région, est unique au monde par sa densité sur un territoire aussi concentré. Théâtre, danse, musique, opéra, arts plastiques, photographie : nous vous invitons à découvrir le travail des plus grands artistes en circulant d’un festival à l’autre. Aujourd’hui plus que jamais, nous entendons unir nos forces pour accueillir les publics proches et lointains, et renforcer notre accessibilité aux plus jeunes, comme convaincre ceux qui ne se croient pas concernés de tenter l’expérience. Le développement du numérique nous permet d’expérimenter des techniques innovantes en matière de création artistique, de diffusion, de sensibilisation et de participation des spectateurs. En 2015, nos 3 festivals ont réuni ensemble 336 000 spectateurs. Parmi eux, plus de 130 000 ont bénéficié de places gratuites ou de tarifs extrêmement réduits. Au total, 496 établissements scolaires auront été associés à nos activités. Notre monde affronte aujourd’hui des défis majeurs, sociaux, écologiques, politiques… Nous partageons la conviction que les artistes offrent en partage des propositions essentielles pour une meilleure compréhension de ces enjeux et pour faire émerger les solutions durables qu’il nous faut inventer, aujourd’hui comme demain. Pour le Festival d’Aix-en-Provence Bernard Foccroulle Pour les Rencontres d’ArlesSam Stourdzé Pour le Festival d’AvignonOlivier Py Synopsis Part 1 Alone in front of her mirror, a young woman, Beauty, shudders at the thought that her physical charms are fleeting and doomed to disappear. A young man, Pleasure, swears that Beauty will always remain beautiful. She tells him that she agrees to remain forever faithful to him even if it means she will suffer. Pleasure exhorts Beauty to flee the poisonous embrace of melancholy and sadness. Time and Disillusion (which we could also call Disenchantment) appear and give weight to Beauty’s first anguished forebodings. Youth is a fragile flower that is destined to crumble. From the confrontation between the two camps – Beauty allied with Pleasure against Time and Disillusion – will spring Truth. Time inveighs against the bravado of Beauty, this frail young woman who claims she can escape the fate that befalls everyone: to finish as a hideous skeleton in a tomb. Beauty and Pleasure retort that youth must ignore such thoughts, that there will be time later, much later, to think of suffering and death. They say Time is a pernicious chimera that they will cease thinking of so that he will cease to exist. Faced with such insolence and effrontery, Disillusionment orders Beauty to think of the cadavers that were once her ancestors and of the void into which her childhood has now vanished. To encourage Beauty in her desire to give herself to the delights of the present, Pleasure uses music to paint an ideal vision where any idea of sadness is banished to make way for calm and sensuality. Beauty is won over: Time cannot prevail against the seductive delights that Pleasure shows her. But Disillusion and Time have not disappeared. They reaffirm their conviction and invoke the idea that the world is shared between life on earth, dominated by the power of Time, and eternal life, which is the empire of the Divine. If she refuses to accept the power of Time, Beauty will have to renounce any hope of an afterlife. Perturbed, Beauty demands that the Truth invoked by Time and Disillusion be revealed to her. Pleasure fears that Beauty will turn away from the palpable delights he has shown her to the false illusions reserved for heroes. Part 2 Time compares Truth and her luminous purity to the vision of Pleasure, who senses that Beauty is on the point of surrendering. Time uses his powers to show Beauty the course of her existence in three phases: the past, the present and the future. If Beauty resigns herself and agrees to live her life under the dual power of Time and Truth, a promise of glory will then appear before her eyes. Saddened, Beauty admits that she had hoped that Pleasure and Truth could be merged but that this will not come to pass. Pleasure promises Beauty that he can cure her of her sadness, but that she must remember that suffering will be her lot if she does not keep her word and turns away from him. Beauty is indecisive – she wants to choose both joy and repentance. Before Truth’s mirror, she prefers to close her eyes to protect her beauty and her pleasure. Once again, Disillusion enjoins Beauty to save her soul by turning away from earthly pleasures. Like a frail boat that turns back from the open sea for fear of the power of the storm, it is not too late for Beauty to turn to Truth before the violence of Time overtakes her. But only if she places her trust in him – otherwise she will be ground into dust. Beauty recalls the tender delights of Pleasure’s vision, but Disillusion tells her it is full of the tears provoked by the folly of the world and the sighs of those driven mad by love. The tears of those who follow Truth, on the other hand, are pearls in the heavens. The suffering of the martyr will be Beauty’s fate, warns Pleasure. And then nothing will be able to ward off the domination of Time. Beauty has made her decision: she repents and renounces Pleasure. She will follow Time and give herself up to Truth. Convinced by the arguments of Time and Disillusion, Beauty is ashamed of the joys she once knew. She now sees herself as ugly, but is happy in her penitence. From now on, she hopes that an ascetic life will destroy all the vanity that animated her in the company of Pleasure. According to Time and Disillusion, the tears flowing from a repentant heart are more beneficent than the morning dew. Beauty gives herself to God after proclaiming that she rejects the very name and memory of Pleasure, who continues to prefer illusion to Truth. Merci à tous nos mécènes ! Plus de 200 particuliers et 60 entreprises soutiennent le Festival d’Aix-en-Provence. Leur soutien est essentiel pour le Festival et représente plus de 19 % de son budget. Chaque don est important et lui permet d’accomplir concrètement sa mission : FAIRE VIVRE L’OPERA. Le Songe d’une nuit d’été – Festival d’Aix-en-Provence 2015 © Patrick Berger / Artcomart DEVENEZ VOUS AUSSI MéCèNE DU FESTIVAL D’AIX ! 46 Direction du mécénat et du développement – 01 44 88 59 52 47 Les mécènes du Festival d’Aix-en-Provence De nombreux mécènes français et étrangers soutiennent le développement du Festival d’Aix-enProvence. Nous les remercions pour leur engagement à nos côtés, et plus particulièrement nos grands donateurs : M. et Mme Rupert Hambro et la Fondation Meyer pour le Développement Culturel et Artistique. Mécènes fondateurs M. et Mme Laurence Blackall M. et Mme Christopher Carter M. Nicolas D. Chauvet The Ettedgui Charitable Trust M. et Mme André Hoffmann M. Michael Lunt Grands mécènes M. et Mme Jean Baudard M. Jean-Louis Beffa Mme Diane Britz-Lotti M. et Mme Didier de Callataÿ Mme Ariane Dandois M. et Mme Bechara El Khoury M. Frédéric Fekkai et Mlle Shirin von Wulffen M. et Mme Nicholas L.D. Firth M. et Mme Barden N. Gale M. et Mme Burkhard Gantenbein Mlle Nomi Ghez et Dr. Michael S. Siegal M. et Mme Jean-Claude Gruffat M. et Mme Alain Honnart Baron et Baronne Daniel Janssen M. et Mme Richard J. Miller Mme Marie Nugent-Head et M. James C. Marlas M. et Mme Christian Schlumberger M. Pascal Tallon M. et Mme Henri-Michel Tranchimand Membres bienfaiteurs Baron et Baronne Jean-Pierre Berghmans M. et Mme Jacques Bouhet M. et Mme Walter Butler M. François Casier M. et Mme François Debiesse M. Michel Frasca M. et Mme Charles Gave M. Alain Guy Mme Sophie Kessler-Matière 48 M. et Mme Xavier Moreno M. Alessandro Riva et M. Nicolas Bonnal M. Bruno Roger M. Etienne Sallé M. et Mme Denis Severis Membres donateurs M. Jad Ariss M. et Mme Thierry Aulagnon M. et Mme Thierry d’Argent M. et Mme Erik Belfrage M. et Mme André Benard M. et Mme Michel-Yves Bolloré M. et Mme François Bournerias M. Eric Bowles M. et Mme Jordi Caballé Mme Bernadette Cervinka Mme Christelle Colin et M. Gen Oba Mme Paz Corona et M. Stéphane Magnan M. et Mme Virgile Delâtre M. Roland Descouens M. et Mme Alain Douteaud M. et Mme Dominique Dutreix Mme Christine Ferer M. et Mme Charles-Henri Filippi M. Pierre-Yves Gautier M. et Mme Pierre Guenant Dr. John A. Haines et Dr. Anand Kumar Tiwari Mme Yanne Hermelin M. William Kadouch-Chassaing M. et Mme Raphaël Kanza M. et Mme Samy Kinge M. Jean-Paul Labourdette Mme Danielle Lipman.W-Boccara M. et Mme Michel Longchampt M. et Mme Jacques Manardo Mme Anne Maus M. et Mme Meijer-Bergmans M. Henri Paret M. Philip Pechayre Mme Catherine Stephanoff M. Michel Vovelle M. et Mme Philip Wilkinson M. et Mme Robert Zolade Membres actifs Melle Pascale Alfonsi Mme Laure Ayache Sartore M. et Mme Jean-Paul Bailly M. François Balaresque M. Constant Barbas Mme Patricia Barbizet M. Bernard Barone M. et Mme Christian Bauzerand M. et Mme Olivier Binder Mme Annick Bismuth-Cuenod M. et Mme Daniel Caclin Mme Christine Cayol-Machenaud Mme Marie-Claude Char Mme Nayla Chidiac-Grizot Mme Myriam de Colombi-Vilgrain M. Didier Charlet Mme Nathalie Coll M. Alan Cravitz M. Pierre-Louis Dauzier M. et Mme Olivier Dubois M. et Mme Philippe-Henri Dutheil M. et Mme Peter Espenhahn M. et Mme Christian Formagne Mlle Stephanie French Mme Marceline Gans M. Jean-Marie Gurné M. Elias Khoury Mme Gabriele Kippert M. Didier Kling M. Jean-Pol Lallement M. Jean-Marc La Piana M. Jacques Le Pape M. et Mme Jacques Latil Mme Marie-Thérèse Le Liboux Mme Janine Levy M. Thierry Martinache M. Nicolas Mazet M. et Mme Jean-Pierre Mégnin M. et Mme Guillaume de Montrichard Baronne Sheila et Sir Barry Noakes Mme Sylvie Ouziel M. Didier Poivret Mme Vanessa Quang-Julien Mme Tara Reddi M. Olivier Renaud-Clément M. et Mme Yves Roland-Gosselin M. et Mme Jimmy Roze M. et Mme Anton van Rossum M. et Mme Leonard Schrank M. et Mme Jacques-Olivier Simonneau Mme Ninou Thustrup et M. Jean-Marc Poulin M. et Mme Jean-Renaud Vidal Mme Carole Weisweiller Board of trustees IFILAF USA IFILAF UK M. Frédéric Fekkai Président M. Jean-Claude Gruffat Président M. Jacques Bouhet Trésorier Mme Diane Britz-Lotti M. Jérôme Brunetière M. Jean-François Dubos Mme Edmée de M. Firth Mme Flavia Gale Mme Robin Hambro M. Richard J. Miller Mme Marie Nugent-Head Marlas Dr. Michael S. Siegal The Honorable Anne Cox Chambers Mme Jane Carter Présidente M. Peter Espenhahn Trésorier M. Laurence Blackall M. Jérôme Brunetière Mme Béatrice Schlumberger M. David Syed Honorary member of the founding board Plusieurs de nos mécènes souhaitent conserver l’anonymat. Liste arrêtée au 12 mai 2016. Si vous souhaitez rejoindre les mécènes du Festival, vous pouvez nous contacter au +33 (0)4 42 17 43 56 – [email protected] 49 Les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence se déroulent les 1er, 2 et 3 juillet 2016. Le Club Campra Le Club Campra réunit des entreprises régionales, des commerçants, des professions libérales de secteurs et de tailles variés, désireux de soutenir le Festival. Par un acte citoyen, ils prennent part au rayonnement culturel de la région et favorisent l’accès à la culture pour tous Membre Soutiens GPI & Associés Membres Bienfaiteurs Durance Granulats Société Ricard Membres Donateurs CEA Cadarache Colas Midi-Méditerranée Crédit Agricole Corporate & Investment Bank GrDF Groupe SNEF Original System Orkis Roland Paix Traiteur Membres Associés Affiche + Alpinea Shipping Bellini joaillier – horloger Boutiques Gago Bouygues Bâtiment Sud-Est CG Immobilier Calissons du Roy René Finopsys John Taylor Mas de Cadenet – Grand Vin de Provence Ortec SEMEPA Société de Courtage des Barreaux Partenaires professionnels air france, GROUPE PONTICELLI FRères, LVMH, mécénat musical société générale, saint-gobain Apportent également une contribution au Festival Audiens, British Council, Butard Enescot, Coffim, diptyque, Fondation CMA CGM, Fondation Crédit Coopératif, Les Vins de Provence. Partenaires médias __________________________________________________________ 50 51 BIEN DANS MA BULLE Dans l’intimité de la cabine Premium Economy. AIRFRANCE.FR France is in the air : La France est dans l’air. Renseignez-vous sur airfrance.fr, au 36 54 (0,35 € TTC/min à partir d’un poste fixe) ou dans votre agence de voyages. CONSEIL Les équipes du D’administration Festival 2016 Développement international Responsable du M. Bruno Roger * développement Direction générale Président international M. Jean-François Dubos * Directeur général Christelle Augereau Bernard Foccroulle Secrétaire général Mme Catherine Démier * Directeur général-adjoint Assistante Léonie Guédon François Vienne Trésorière Assistant de direction M. Stéphane Bouillon Direction de la production Louis Geisler Préfet de Région, Préfet Directeur de Production des Bouches-du-Rhône Vincent Agrech Comité de direction Mme Régine Hatchondo Administrateur de Bernard Foccroulle Directrice générale de production François Vienne la création artistique, Stéphan Hugonnier Ministère de la Culture et Jérôme Brunetière Chargée de production Josep Maria Folch de la Communication Julie Fréville Agathe Chamboredon M. Marc Ceccaldi Attachée de production Emilie Delorme Directeur régional des Marion Schwartz affaires culturelles, Assistantes de production Ministère de la Culture et Direction artistique Élise Griveaux Responsable de la de la Communication Célestine Dahan coordination artistique Mme Maryse Joissains Responsable pôle logement Beatrice de Laage Masini et logistique artistes Maire d’Aix-en-Provence, Conseiller artistique et Valeria Brouillet dramaturge Président du Conseil Assistante pôle logement Alain Perroux de Territoire du Pays Directrice de l’Académie, Audrey Meyer d’Aix, Vice-président de l’OJM et d’enoa de la Métropole d’AixSecrétariat général Émilie Delorme Marseille-Provence Attachée à la coordination Secrétaire général M. Gérard Bramoullé Jérôme Brunetière Adjoint au Maire, délégué au artistique Attaché de production au Festival d’Aix-en-Provence Marie-Celine Secrétariat général Lesgourgues M. Jean-Claude Gaudin Paul Cortes Président de la Métropole Attachée de presse Christine Delterme assistées de Guillaume Poupin Laureline Decottignies Sami Dendani Victor Detienne Marie Dufrêne Camille Durand-Mabire RELATIONS AVEC LE Thomas Fermé PUBLIC Aurélien Finart Responsable des relations Timothée-Swann avec le public Goibeault Marjorie Suzanne Thomas Grimaldi Responsable équipe Aliénor Kuhn billetterie Emma Lacrampe Romina Guzman Roméo Lauriault-Lamy Assistante RP collectivités Lucile Leclerc Anne-Sylvie Gautier Victoria Loreto Assistant RP billetterie Pierre-Jacques Lyon Pierre-Hugo Molcard Camille Mahmoud Assistante RP Florian Martino développement du Public Victor Mauro Claire Petit Maryline MeignanOpérateurs billetterie Montels Ishem Rouiaï Jérémie Meyer Julien Grimbert Mathilda Michaud Alice Kopp Eléa Molmeret Yonathan Amouyal Florine Montagnier William Hoche Tsering Onderka Jeanne Roques Ilan Rabaté Kevin Lerou Romain Raso Ketty-Laure Paita Arthur Roseau Daniel Trotman Margot Rouas Estelle Bompard Soukayna Saidi Juliette Huc Léa Salvy Alexandre Sauron ACCUEIL ET Mehdi Sicre PROTOCOLE Victor Tapissier ACADÉMIE/OJM/enoa Aix-Marseille-Provence, DIRECTION DE LA Responsable accueil, Elias Toualbi-Atlan Sénateur des Bouches-du- Directeur adjoint de COMMUNICATION protocole et prospective Olivia Toulcanon Rhône, Maire de Marseille l’Académie Directrice de la publics Margot Valon Paul Briottet M. Philippe Charrin communication Sophie Ragot Claire Viscogliosi Vice-président du Conseil Chargées de production Catherine Roques Adjointe accueil Responsable restauration Académie de Territoire du Pays Responsable Jeanne Rousselle Suzy Lorraine d’Aix, délégué à la culture Marie-Laure Favier communication Assistante protocole Assistante restauration Helen Naulot-Molmerret Mme Martine Vassal Mélanie Sebbak Pauline Airaudi Chargée de production OJM Sylvie Tossah Présidente du Conseil Chargées de communication Opérateurs de billetterie Barmans Foyer Campra Pauline Chaigne départemental des Marie Lobrichon protocole Thibault Appert Coordinatrice enoa Bouches-du-Rhône, Alice Seninck Violaine Crespin Aurélie Germain Fanny Roustan représentée par Mme Cécile Robert Grégoire Nicolet Barmans Intermezzo Chargée du Sabine Bernasconi Chefs de salle Sébastien Geronimi Vice-présidente déléguée développement du réseau Chargée de communication enoa Simon Detienne Paul Grua Medinea à la culture Élise Ortega Anastasia Loreto Alexia Lallement Virginia Pisano M. Christian Estrosi Dramaturges Thomas Martin Yann Le Coz Assistant Président du Conseil Aurélie Barbuscia Hôtes d’accueil Roxane Salles régional Provence-Alpes- Sebastien Pecot Marion Albert Assistante logistique OJM Saskia de Ville Côte d’Azur, Graphiste Arnaud Aragon PASSERELLES Amélie Alessandra représenté par Mme Inès Basse Dajean Responsable service Assistants de production Clément Vial Sophie Joissains Photographes Mélissa Bergès éducatif Adélaïde Chataigner Conseillère régionale et Pascal Victor Baptiste Blanchard Frederique Tessier Vice-présidente déléguée Simon Michel Patrick Berger Maxime Boissière Responsable service à la culture, au patrimoine Maud Morillon Vincent Beaume Julia Bonnet socio-artistique Équipe d’encadrement culturel et au tourisme Jean-Claude Carbonne Camille Briottet Emmanuelle Taurines des musiciens OJM M. Jean-Marc Forneri Barthélémy Cardonne Attachée administrative Laurence Dufresne Aubertin Personnalité qualifiée, PRESSE Louison Cassarino Passerelles Gilles Duparc représentant le Pasino Responsable du service Elsa Chabran Chine Venturi Alexia Garcia d’Aix-en-Provence de presse Coline David Attachée service éducatif Caroline Guibeaud Valérie Weill Elise de Barthes de Montfort Frederique Moullet Lucas Hurtevent * Membre du Bureau 57 Attachée service socioartistique Marie-Laure Stephan Assistante service éducatif Anne-Flavie Germain Direction administrative et financière Directrice administrative et financière Agathe Chamboredon Directrice administrative et financière adjointe Ève Lombart Contrôleur de gestion Ararat Koçu Comptables qualifiées Véronique Boeglin Maria Selles Sandrine Laloix Comptable Benoît de Villoutreys Chargée paie Charlotte Fatou Attachée ressources humaines Sarah Hervé Assistant paie Lucas Olivieri Assistante Catherine Auberget Assistante accueil Anne-Laurence Bonnot Responsable des systèmes d’information Brice Lansard Technicien systèmes et réseaux Vincent Swindells Chargée de mission développement durable Véronique Fermé Agent d’entretien Paris Maria Dos Santos Direction Mécénat et Développement Directrice Mécénat et Développement Marie-Victoire Abbou Directrice adjointe Mécénat et développement Céline Saad Responsable du Mécénat individuel Sarah Goettelmann Chargées de mécénat Marion Milo Amélie Demoustier Maria Ott-Nancy Charlotte Jumelin Chargée des événements Caroline Fischer 58 Attachée à la Direction du Mécénat et du Développement Léa Desbiens Assistante Aude Bauland Direction technique Directeur technique Josep Maria Folch Directeur technique adjoint Philippe Delcroix Régisseur général du Festival Emmanuel Champeau Responsable de l’atelier de construction et du bureau d’études Pascal Thué Technicien DAO/CAO David Vinent Garro Responsable pôle administratif et financier Cécile Moreau Assistantes Valentine Bellone Agnès Champeau Sonia Verdu Régisseur général des tournées Frédéric Amiel Chargée du planning général Mathilde Lamy Assistante planning général Pauline Lagleize Régie des sites permanents Rachid Sidi Youssef CHEFS DE SERVICE Régisseur général en charge de la lumière Jean-Pascal Gauchais Régisseur général en charge de la machinerie Bull Keller Régisseur général service audiovisuel Philippe Roussel Adjoint service audiovisuel Hervé Rico Chef accessoiriste Eric Blanchard Chef de service costumes, perruques-maquillage Véronique Rostagno Adjointe Responsable habillage Amélie Mistler Adjointe Responsable perruques-maquillage Marie Jardiné Régisseur des orchestres François Couderd Adjoints Romuald Deschamps Marie Delebarre Coordinatrice technique OJM Marie-Cécile Leclerc Régisseur du surtitrage Béatrice Arnal ATELIER COSTUMES Chefs d’équipe Aude Amédéo Elisabeth De Sauverzac Liliana De Vito Géraldine Ingremaud Sabine Malatrait Enrique Molina Adjoints chef d’équipe Bérangère Desmarty Stéphane Puault ATELIER DE Marianne Vally CONSTRUCTION Equipe atelier costumes Bureau d’études Céline Batail Alice Deneux Françoise Carton Pauline Pécard Lydia Corvasier Régisseur de construction Muriel Debaets Jérôme Verdon Karine Dubois Chef menuisier Claire Durand Benoît Latil Nina Langhammer Menuisiers Coline Privat Benjamin Adaoust Sabine Richaud Frédéric Bertrand Hélène Sabis Antoine Bonnand Coursière Laurent Brillanti Elisa Penel Philippe Chedotel Christophe Dubasque ARCHEVÊCHÉ Christine Lusetti Régisseur général Geoffroy Martin Christian Lacrampe Bertrand Mascaras Adjoint régisseur général Lola Roze Khalil Bessaa Eric Volfer Assistante administration Chef serrurier technique Liazid Hammadi Amélie Faure Serruriers Régie de production Mohamed Sadec Alaoui Magali Ruelle Jean Marie Faugier (Il Trionfo del Tempo e del Alain Laurent Disinganno) Sophie Urbani Julie Serre (Così fan tutte) Chef Peintre Régie de scène Denis Charpin Diane Clément Peintres décorateurs (Il Trionfo del Tempo e del Tifenn Delville Disinganno) Annette Fastnacht Claire Deville Charles Grossir (Il Trionfo del Tempo e del Ariane Guérin Disinganno) Philippe Guillaud Lise Labro Christophe Kuhn (Così fan tutte) Julie Maret Elsa Ragon Andréa Nemeth (Così fan tutte) Francis Ruggirello Chef machiniste Emeline Ternaux Joachim DIAZ Isabelle Viallon Adjoints chef machiniste Grégory Wattebled Emmanuel Duvivier Peintres de décors Stephan Mercier Julien Moncadel Abdoulaye Sima Marc Tessier Chef cintrier Pierre Tragni Michaël Piroux Medhi Zaouia Pupitreurs Adjoints accessoiristes Sofiane Alamy Johanna Benedetto Adrien Geiler Isabelle Dolivet Victor Lapierre Nathalie Fonrouge Machinistes Bastien Thépot Charlotte Brotier Emérantine Vignon Axel Brugeron Florent Calvet Olivier Caranta Edouard Lopes Federico Pagano Marc Tessier Manon Trompovski Chef électricien Laurent Quain Régisseurs lumière Cécile Giovansili Pierre Lafanechère Adjoint régisseur lumière Marco Mirtillo Electriciens Jérémie Allemand Antoine Baumann Julie Bardin Salvatore Casillo Arnaud Cormier Morgane Corre Léo Grosperrin Cathy Pariselle Stéphane Salmon Régisseurs son vidéo Frédéric Bielle Claire Charliot Laurent Cristofol Maxime Imbert Pierre Vidry Accessoiristes Adeline Bargeas (Il Trionfo del Tempo e del Disinganno) Aurélie Guin (Il Trionfo del Tempo e del Disinganno) Andréa Nemeth (Così fan tutte) Fleur Pomié (Così fan tutte) Damien Visocchi (Così fan tutte) Chefs habilleurs Véronique Grand (Così Fan tutte) Minok Terre (Il Trionfo del Tempo e del Disinganno) Habillage Marie Courdavaut Nadine Galifi Claudine Ginestet Fanny Hachouch Cécile Jacquemin Anna Martinez Lingères Anne-Fleur Charrodeau Hélène Sabis Chefs d’équipe Perruques- Maquillage Dominique Segonds (Così fan tutte) Emilie Vuez (Il Trionfo del Tempo e del Disinganno) Machinistes Juliette Corazza Pierre-Arnaud De Job Tifenn Delville Léo Denquin Guy Figuière Cyrille Laurent Pascal Liardet Christophe Robert Chef électricien Eric Leroy Régisseurs lumière Gilles Bottacchi Philippe Roy Adjoint régisseur lumière Yves Joubert Electriciens Mathieu Bigou Grégoire Bos Amélie Bouchie Claudine Castay Fabian Darand Jérémie Pinna Thomas Rebou Julian Rousselot Régisseurs son vidéo Romain Gauchais Nicolas Hurtevent GRAND THÉÂTRE DE Matthieu Maurice PROVENCE Accessoiristes Régisseur général Sophie Lassechère Aude Albigès Adjoint régisseur général (Pelléas et Mélisande) Pauline Squelbut Frédéric Lyonnet Assistante administration (Pelléas et Mélisande) Emeline Ternaux technique (Pelléas et Mélisande) Jeanne Bonfort Grégory Wattebled Régie de production (Pelléas et Mélisande) Anne Dechène Chefs habilleurs (Œdipus Rex) Nadia Brouzet Aurélie Maestre (Agon) (Œdipus Rex) Jackie Morgan Jean Coinel (Pelléas et Mélisande) (Pelléas et Mélisande) Régie de scène Habillage Danièle Haas Linda Amirat (Œdipus Rex) Aurélie Maestre Catherine Cocherel (Œdipus Rex) Marina Cossantelli Alexandre Mesta Luc Devouassoux (Œdipus Rex et Agon) Françoise Dupin Marion Rinaudo Claire Reinhardt (Pelléas et Mélisande) Chefs d’équipe perruques Laura Rodriguez maquillage (Pelléas et Mélisande) Patricia Debrosses Chef machiniste (Pelléas et Mélisande) Jérôme Lasnon Marie Laure Sérafini Adjoints chef machiniste (Œdipus Rex) Mohamed Benrahou Maquillage coiffure Raphaël Caron Oriane Boutry Chef cintrier Delphine Boyer Laurent Brillanti Bettina Haas Cintriers Régisseurs d’orchestre Ondine Acien Philémon Dubois Mathieu Cormont Bertrand Schacre Patrick Derdour Adjoints régisseur Eddy Penalba surtitrage Maquillage coiffure Leslie Baxa Laure Camara Moulin Pierre Duchemin Marjorie Gandophe Zurano Pauline Lavandera Virginie Mizzon Régisseurs d’orchestre Pablo Corunfeld Diane Loger Adjoint régisseur surtitrage Mahyar Mivetchian Régisseur de site Christian Jouffret Adjoints Valéry Andriamialison Stéphane Duclos Nicolas Piechaczek Stéphane Portanguen Eric Volfer Accueil Igliona Duveau Clémentine Le Roi Ophélie Sciandra Sarah Koechly (Pelléas et Mélisande) Douglas Martin (Œdipus Rex) Régisseur de site Anthony Deroche Adjoints régie de site Patrice Almazor Olivier Lissonnet Stéphane Monaury Accueil et gestion des espaces de répétitions Damien Knipping Hélène Lascombes Tristan Sere de Rivières Sarah Zemiro Régisseur général Valérie Benedetto Régisseurs adjoints Maël Barthélémy Armand Croze Techniciens instruments Léandre Benedetto Christophe Dubasque Julien Moncadel Marianne Perrin SERVICES GÉNÉRAUX Régisseur Lumière Eric Meslay Electriciens Antoine Baumann Louis Bonfort THÉÂTRE DU JEU DE Maël Darquey PAUME Olivier Solignac Régisseur général Aline Tyranowicz Aurélie Valle Laurence Verduci Assistante administration Volante son / vidéo / technique surtitrage Alice Pons Ludovic Boyer Régie de production Bruno di Cioccio Sophie Petit Aurélie Granier (Kalîla wa Dimna) Régisseurs orchestre OJM Régie de scène Jean-Philippe Barrios Victoria Duhamel (Kalîla Elise Sut wa Dimna) Volante machinerie Chef machiniste Rosa Aguilera Sandy Tissot Astrid Avenard Cintrier Jérémie Blanchard Issa Belem Jean Pierre Costanziello Patrick Blais Cyril Dalex Régisseur lumière Emmanuelle Dastrevigne Laurent Irsuti Dominique Dauchart Adjoint régie lumière Louis Daurat Tony Leroux Christophe Eustache Electriciens Miranda Karlsson Siméon Fieulaine Philippe Mazerbourg Didier Manca Goran Mitkovic Régisseurs son vidéo Cécilia Moine Jonathan Piat Mathias Mopty Adjoint régisseur David Nemeth surtitrage Charles Pasternak Amine Soufari Alexandre Pluchino Habilleuse Aurélia Ripert Marie Pasteau Erik Taildeman Maquilleuse Régisseur général adjoint Laurence Abraham logistique Yaegger Philippe Chioselli Régisseur des transports CONSERVATOIRE techniques Régisseur de site Frédéric Féraud Hugues Barroero Régisseur principal Accueil Studios Thierry Lefebvre Thu Ngan Trang Régisseur adjoint des WORKSHOP SEVEN répétitions STONES Stéphane Monaury Régie de production Machinistes répétitions Danièle Haas Roland Reine Patrice Almazor ACADÉMIE DU Machinistes transport FESTIVAL D’AIX Pierre Astic Jean Brillanti Erwan Freudenreich Mehdi Zaouia Régisseur général Parade[s] Brice Giardini CONTRAT DE PROFESSIONNALISATION Alexandre Keiniger Rafaël Talva (machinistes constructeurs) STAGIAIRES Sun Hua (développement international) Cécile Dufeu (production) Mathilde Boniface (logement) Floriane Brignagno Mona Heiler Sara Luengas (Passerelles) Remy Tartanac (presse) Valentina Lievore (protocole) Sylvain Cothenet (restauration) Enzo Aiguier (atelier de construction) Romain Baudroit (son / vidéo) Maurine Derrier (couture) Miranda Karlsson (atelier de construction) Céleste Langré (accessoires) Marjolaine Mansot (couture) Rocio Pietro (espaces réceptifs) Cassandre Pouget (vidéo) Magali Richard (atelier de construction) Katharina Stuebe (accessoires) Jade Zimmerman (atelier de construction) 59 Pour leur précieuse collaboration au recrutement de ses artistes, le Festival d’Aix-enProvence et son Académie 2016 remercient : Théâtre du Châtelet – Paris, Philharmonie de Paris – Paris, Komische Oper Berlin – Berlin, Det Kongelige Teater/ Operaakademiet – Copenhague, Bayerische Theaterakademie – Munich, Curtis Institute – Philadelphie, Wiener Staatsoper – Vienne, Jette Parker Young Artists Programme — Londres, Covent Garden – Londres, National Opera Studio – Londres, English National Opera – Londres, Fondation de Monaco – Paris, Cité internationale universitaire de Paris – Paris, Fundação Calouste Gulbenkian – Lisbonne, CNSMD – Lyon. Le Festival d’Aix-en-Provence remercie : L’Association des Amis du Festival ([email protected]), les services administratifs et techniques de la Ville d’Aix-en-Provence, les services administratifs et techniques du Pays d’Aix, les équipes du Théâtre du Jeu de Paume et du Grand Théâtre de Provence, M. et Mme Roure, l’équipe du Théâtre du Bois de l’Aune et du Patio, le Conservatoire Darius Milhaud, la Cité du Livre d’Aix-en-Provence, la Fondation Vasarely, le site Gaston de Saporta, l’IMPGT, le Musée de l’Archevêché, le Musée Granet, le Théâtre des Ateliers, l’Institut de l’Image, le collège Campra, le centre social et culturel Château de l’Horloge, les bénévoles de l’Église Saint-Jean-de-Malte et de la Cathédrale SaintSauveur, le Centre communal d’Action Sociale d’Aix-en-Provence, la plate-forme Ensemble en Provence du CD13, la Cité de la Musique de Marseille, les services de polices et de médiations, les Clubs Rotarien et Lions Aix-en-Provence, Sciences Po Aix, la Mission Culture de l’Université Aix-Marseille, le Conservatoire de Marseille, l’Opéra municipal de Marseille. Le Festival d’Aix-en-Provence et l’Académie du festival recoivent le soutien de : Partenaire du Festival d’Aixen-Provence depuis 1948 Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication n’engage que son auteur et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues. Directeur de la publication Coordination éditoriale Conception graphique et maquette Couverture Traduction Imprimé en France © Festival d’Aix-en-Provence Bernard Foccroulle Catherine Roques – Alain Perroux – Aurélie Barbuscia – Marie Lobrichon Laurène Chesnel Détail de l’affiche du Festival d’Aix-en-Provence 2016 © Brecht Evens Alto International (anglais) par STIPA Le Festival d’Aix-en-Provence a réduit son empreinte environnementale grâce au soutien du dispositif AGIR+ de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Nous vous invitons à participer à cette démarche environnementale en triant vos déchets, en conservant les sites du Festival propres et en remettant aux hôtesses d’accueil les programmes que vous ne souhaitez pas conserver. Le présent document est réalisé par un imprimeur Imprim’vert, qui garantit la gestion des déchets dangereux dans les filières agréées, avec des encres bio à base d’huile végétale sur du papier certifié FSC fabriqué à partir de fibres issues de forêts gérées de manière responsable. Siège social : Palais de l’Ancien Archevêché – 13100 Aix-en-Provence N° de Licence entrepreneur du spectacle : 1- 1085 612 / 2- 1000 275 / 3- 1000 276 60