La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le
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La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat Adaptation du Guide de recommandations ESCCAP no. 5 pour la Suisse, février 2013 1 La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat Adaptation du Guide de recommandations ESCCAP no. 5 pour la Suisse, février 2013 TABLE DES MATIÈRES PRÉAMBULE .............................................................................................................3 1. INTRODUCTION ..................................................................................................4 2. PRÉVENTION ET LUTTE CONTRE LES AGENTS PATHOGÈNES VECTORISÉS ..............7 2.1. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES TIQUES 2.1.1. Les babésioses ..........................................................................................................7 2.1.2. L’ehrlichiose ............................................................................................................11 2.1.3. Les anaplasmoses .................................................................................................. 14 2.1.4. La borréliose de Lyme ............................................................................................17 2.2. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES MOUSTIQUES ET LES PHLÉBOTOMES 2.2.1. La leishmaniose ......................................................................................................20 2.2.2. Les dirofilarioses et autres filarioses ...................................................................27 2.3. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES PUCES 2.3.1 La bartonnellose .......................................................................................................34 2.4. LES AGENTS PATHOGÈNES VIRALS TRANSMIS PAR DES VECTEURS ...................36 Annexe: Contexte de l’ESCCAP .....................................................................................................38 2 PRÉAMBULE Le Guide de recommandations ESCCAP no. 5 (La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat) traite les maladies vectorielles comme suit: les babésioses (piroplasmoses), l’ehrlichiose, les anaplasmoses, la borréliose, la leishmaniose, les dirofilarioses, les autres filarioses et la bartonnellose. Les Guides de recommandations ESCCAP • No.1(Laluttecontrelesnématodesetlescestodesdescarnivoresdomestiques) • No.3(Laluttecontrelesectoparasiteschezleschiensetleschats) sont déjà publiés comme adaptation pour la Suisse. Ils sont disponibles sur www.esccap.ch. Cette publication, intitulée «La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat», présente la version suisse du Guide de recommandations ESCCAP no. 5. Elle a été élaborée par le Groupe ESCCAP Suisse en collaboration avec Auteurs ayant participé à l’adaptation: • Pr.DrPeterDeplazes,DipEVPC,DirecteurInstitutdeParasitologie,FacultéVetsuisse, Université de Zurich et représentant de l’ESCCAP Europe • Pr.DrBrunoGottstein,DirecteurInstitutdeParasitologie,FacultéVetsuisse,UniversitédeBerne • Pr.DrRegulaHofmann-Lehmann,Laboratoirepourlamédecinevétérinaire,FacultéVetsuisse, Université de Zurich • Drméd.vét.JeanC.Pfister,vétérinairepourpetitsanimaux,Présidentdel’AssociationSuisse pourlaMédecinedesPetitsAnimaux(SVK/ASMPA) • Drméd.vét.CarolineF.Frey,DipEVPC,FVH,InstitutdeParasitologie,FacultéVetsuisse, UniversitédeBerne • Drméd.vét.ManuelaSchnyder,DipEVPC,FVH,InstitutdeParasitologie,FacultéVetsuisse, Université de Zurich 3 1. INTRODUCTION Lesmaladiesvectoriellessontduesàunegrandevariétéd’agentsinfectieux:virus,bactériesouparasites(protozoairesetnématodes),quisonttransmisàl’animalpardesarthropodesvecteurs,principalementlestiques,lesdiptères(moustiques,phlébotomes,Muscidés)oulespuces.Ilaégalement étédémontréquecertainsdecesagentsinfectieux(Leishmania, Anaplasma, Ehrlichia) peuvent être transmisdirectementlorsd’unetransfusionsanguine,d’oùl’intérêtdetesterlesdonneursdesang pourcesinfections. Les maladies vectorielles ont une importance majeure car: • lesagentsresponsablespeuventêtrehautementpathogèneschezlechienetlechat; • leurdiagnosticetleurcontrôlepeuventêtredifficiles; • lesdiverssignescliniquesdecesmaladiesapparaissentengénéralaprèsunelonguepériode d’incubationetsontrarementpathognomoniques; • l’infectionpeutpersisterchezlesanimauxatteintsquiserventalorsderéservoirs; • plusieursd’entreellessontdeszoonosescommelaleishmaniose,laborréliose,larickettsiose, la bartonellose et la dirofilariose. Leschangementsclimatiquesetécologiques,lesprogrammesnationauxdecontrôledeschienset chats errants ou l’augmentation des déplacements des animaux de compagnie peuvent influencerl’épidémiologieactuelledesmaladiesvectorielles.C’estainsiquedesmaladiespeuventdevenir plusfréquentesdanscertainesrégions,enraison,p.ex.del’importationd’animauxinfectés,de l’implantationetdelapropagationdevecteursainsiqued’agentspathogènesversdeszonesjusquelà indemnes. Une extension des zones d’enzootie a déjà pu être observée pour plusieurs maladies parasitairesdontladirofilariose,lababésioseetlaleishmaniose.Plusieursfoyersdebabésioseontpu êtreobservésdepuisquelquesannéesenEuropecentrale,ycomprisenSuisse. Lesmaladiesvectoriellesnepeuventêtrecontrôléesefficacementquesil’onpossèdeunebonne connaissancedesagentsinfectieux.Ceguideestunerevuedelaplupartdesmaladiesvectorielles du chien et du chat. Elle est plus particulièrement consacrée aux maladies importantes suivantes: les babésioses (piroplasmoses), l’ehrlichiose, les anaplasmoses, la borréliose, la leishmaniose, les dirofilarioses, les autres filarioses et la bartonnellose. D’autresmaladiesvectoriellesnesontpasprésentéesendétaildansceguidemaissontmentionnéesdanslestableaux1aetb:p.ex.lesrickettsioses(Rickettsia conorii, R. slovaca, R. felis), l’hépatozoonose (Hepatozoonspp),lesinfectionsauxmycoplasmeshémotrophesetlathélaziose oculaire (Thelazia callipaeda). 4 Tableau 1a: Agents pathogènes transmis par des insectes en Europe Maladies ou infections Agents pathogènes Vecteurs Hôtes Répartition géographique en Europe Chien, chat Europe du Sud MALADIE DuE à un PRoTozoAIRE Leishmaniose Leishmania infantum Phlébotomes MALADIES ou InfECTIonS DuES à DES HELMInTHES Dipylidiose Dipylidium caninum Puces, mallophages Chien, chat Ensemble de l‘Europe Filariose Dirofilaria immitis Culicidés Chien, chat Europe du Sud et de l’Est Dirofilaria repens Culicidés Chien, chat Europe du Sud et de l’Est Acantocheilonema resp. Dipetalonema Puces Chien Europe du Sud Thelazia callipaeda Drosophiles Chien, chat Italie,France,SuisseduSud Thélaziose MALADIES ou InfECTIonS DuES à DES bACTéRIES Rickettsioses Rickettsia felis et autres Puces Chien, chat, hérisson Ensemble de l‘Europe Bartonellose (Maladie des griffesduchat) Bartonella henselae et autres Puces,Tiques Chat (hôteréservoire) Ensemble de l‘Europe Bartonellose Bartonella vinsonii et autres Arthropodes Chien Ensemble de l‘Europe Tularémie Francisella tularensis Culicidés, Tabanidés Chat (chien) Europe du Sud et Europe Centrale Culicidés Cheval,Homme, (chien, chat), réservoir: oiseaux Roumanie,République tchèque,Italie,France, Portugal et autres pays InfECTIon DuE à un VIRuS VirusWestNile VirusWest-Nile (Flavivirus) Tableau 1b: AgentspathogènestransmispardestiquesenEurope Maladies ou infections Agents pathogènes Tiques vectrices Hôtes Répartition géographique en Europe Sévérité des signes cliniques MALADIES DuES à DES PRoTozoAIRES Babésioses (Piroplasmoses) Hepatozoonose 1 2 Babesia canis Dermacentor reticulatus Chien Europe Centrale et duSudjusqu’aux paysbaltiques Modéré à sévère B. vogeli Rhipicephalus sanguineus Chien Europe du Sud suivant la répartition du vecteur Bénigneàmodéré B. gibsoniet„gibsoni-like“ Haemaphysalis spp., Dermacentor spp. Chien Sporadiqueetrare en Europe Modéré à sévère Babesia (Theileria) annae Ixodes hexagonus 2 Chien NordetOuestde l‘Espagne Modéré à sévère Hepatozoon canis 1 Rhipicephalus sanguineus Chien Europe du Sud Infectionslégères, asymptomatique Hepatozoon spp. Inconnu Chat Espagne Asymptomatique La transmission de Hepatozoonspp.sefaitparingestiond‘unetiqueinfectée Pas encore démontrée expérimentalement 5 Tableau 1b: AgentspathogènestransmispardestiquesenEurope Maladies ou infections Agents pathogènes Tiques vectrices Hôtes Répartition géographique en Europe Sévérité des signes cliniques Chien Europe du Sud Mineure MALADIES DuES à DES néMAToDES Filariose AcanthocheiloneRhipicephalus ma (Dipetalonema) sanguineus dracunculoides, Cercopithifilaria spp. MALADIES DuES à DES bACTéRIES Bartonellose Bartonella spp. Tiquesensuspicion Nombreuses Ensemble de l‘Europe espèces d‘animaux, chien, chat, homme souventinfection asymptomatique, endocardite chronique Borreliose (Maladie de Lyme) Complexe Borreliaburgdorferi (en Europe, en particulier B. garinii et B. afzelii) Ixodes ricinus I. hexagonus I. persulcatus Dermacentor reticulatus Nombreuses Ensemble de espèces l‘Europe d‘animaux, en particulier rongeur, chien, chat, homme souvent asymptomatique, raressymptômes comme malaise et boiterie chez le chien Ehrlichiose monocytaire canine Ehrlichia canis Rhipicephalus sanguineus Chien (chat) modéré à sévère Anaplasmose (Ehrlichiose granulocytaire canine) Anaplasma phagocytophilum Ixodes ricinus (I. trianguliceps) Nombreuses Europe espèces d‘animaux, chien, chat, homme fréquemmentlégèreà asymptomatique, rarement de modéré à sévère Anaplasmose Anaplasma platys (thromoncytopéniecyclique) Rhipicephalus sanguineus 3 Chien Europe du Sud, suivant la répartition des vecteurs fréquemmentasymptomatique Fièvreboutto- Rickettsia conorii neuse méditerranéenne Rhipicephalus sanguineus Chien Europe du Sud suivant la répartition des vecteurs infectionasymptomatiqueoumodérée Coxiellose (fièvre Q) Coxiella burnetti Ixodes spp.4 Dermacentor spp.4 Rongeurs, chien, chat, homme Europe Infectionasymptomatique Tularémie Lièvre, chat Francisella tularensis Ixodes spp.4 Dermacentor spp.4 Haemaphysalis spp.4 Rhipicephalus sanguineus 4 Europe du Centre et du Sud Infectionasymptomatique, occasionnellement modéré à sévère chez les jeunes chats Europe du Sud, suivant la répartition des vecteurs MALADIES DuES à DES VIRuS 3 4 6 Encéphalite européenne à tiques VirusTBE(flavivirus) Ixodes ricinus I. persulcatus Nombreuses Europe Centrale, signesneurologiques, espèces de l’Est et du jusqu‘àmodérés,sont d‘animaux, Nord rarement observés rongeurs, chien Louping Ill VirusLouping-ill(flavivirus) Ixodes ricinus Nombreuses GrandeBretagne, espèces d‘animaux, Irlande surtout moutons, chien L‘importance comme vecteur est soupçonnée mais pas prouvée Lestiquesnesontpaslesseulsvecteurspourcesagentspathogènes signesneurologiques, jusqu‘àmodérés,sont rarement observés 2. PRÉVENTION ET LUTTE CONTRE LES AGENTS PATHOGÈNES VECTORISÉS 2.1. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES TIQUES 2.1.1. Les babésioses Agents et vecteurs Les protozoaires du genre Babesiasontdesparasitesstrictementintra-érythrocytairestransmispar destiquesdures,delafamilledesIxodidés(tableau1b). Biologie et modes de transmission Les parasites du genre Babesiasontengénéraltrèsspécifiquesdeleurshôtesquecesoitpourles espècesdetiquesvectricesouleshôtesmammifères.LesBabesiasontingéréesparlestiquesau cours du repas sanguin. Une reproduction sexuée se produit et les parasites pénètrent rapidement dansl’épithéliumdigestifdelatiqueoùilssemultiplientavantdegagnerdifférentsorganes,et notammentlesovairesoulesglandessalivairesdelatique. Pour les Babesia«degrandetaille»(>2,5μm)unetransmissiontransovariennedelatiquefemelle infectéeàsadescendanceestpossible.C’estpourquoileslarvespuislesnymphesdetiquespeuvent êtreunesourcedeparasitespourlesmammifères.LatransmissiondessporozoïtesdeBabesia des glandessalivairesdelatiqueauchiennécessiteundébutderepassanguin.Ilaétédémontréqueles tiquesmâlespeuventégalementtransmettrelesBabesia spp. Cependant, l’importance épidémiologiquedestiquesmâlesdanslatransmissiondecesparasitesn’apasencoreétéétablie. LessporozoïtesdeBabesiainfectentexclusivementlesérythrocytes,oùilssedifférencientenmérozoïtespuissedivisentparfissionbinaire.Ilsgagnentensuited’autresérythrocytespoursemultiplier ànouveau,provoquantainsil’hémolyseintravasculaire. Répartition géographique en Europe Les zones d’enzootie de babésiose canine correspondent potentiellement aux zones de distribution destiquesvectrices.Lazoned’enzootiedeB. canis canis s’est étendue en Europe centrale et en régionsbaltiquescesdernièresannées.LesBabesia «de petite taille» (< 2,5 μm) peuvent également êtreretrouvéesdefaçonsporadiqueenEurope. EnSuisse,desenquêtesépidémiologiquesontmontréquedescasaccumulésdebabésiosecanine sontobservésdanslarégionlémaniqueainsiquedansplusieurssitesdelaSuissealémanique (commelesrégionsd’Aarau,Dotzigen,ObergösgenetWangs). Signes cliniques chez le chien Lesbabésiosescaninessontgénéralementobservéessousuneformeaiguë(voiresuraiguë).Ilexiste cependantdesinfectionsasymptomatiquesbeaucoupplusdifficilesàdétecter.Parailleurs,lesdifférentesespèces,sous-espècesousouchesdeBabesia présentent un pouvoir pathogène variable. 7 Laformeaiguëestcaractériséeparuneincubationde1à3semaines,suiviedesignescliniques modérés à sévères: hyperthermie importante (42°C), abattement, anorexie, ictère, vomissement et parfoisurinedecolorationrougeàbrun.Lessignespathologiqueslesplusfréquemmentobservés sontuneanémiehémolytique,unethrombopénie,uneneutropénie,parfoisunehémoglobinurie. Unehématurieassociéeàl‘ictèrepeutégalementêtreobservée.Desformesatypiquespeuventêtre associéesàdeshémorragiesdiffusesetuneCIVD,accompagnéesdegravestroubleslocomoteurs, cérébraux,oculaires,gastro-intestinauxetvasculaires. Laformechroniqueestcaractériséeparunabattementmodéré,hyperthermieintermittente,anémie, parfoismyositeetarthrite. Les babésioses félines Plusieursespècesetsous-espècesdeBabesiaontétémisesenévidencechezlechatdomestique, unpeupartoutdanslemonde(enparticulierenAfriqueduSud).Trèspeudecasontétédécritsen Europe et les espèces de Babesiaimpliquéesdanscesbabésiosesnesontpasbiendécrites. Lessignescliniquesincluentuneléthargie,uneanorexie,unefaiblessegénéraleetunediarrhée.La fièvreavecunictèreestrare.Cessignespeuventn’apparaîtrequ’àdesstadesavancésdelamaladie. Chezlaplupartdeschatsinfectés,lababésioseestassociéeàd’autresinfections,enparticulierpar lesrétrovirusfélinsetlesmycoplasmes. En conclusion, les babésioses restent exceptionnelles chez le chat et très mal décrites. Diagnostic L’examen microscopique: Lediagnosticdelababésioseaiguëpeutêtreconfirméavecunegrandesensibilitéparl’examen microscopiqued’unfrottissanguinaprèscoloration.Unprélèvementdesangcapillaireauniveau dupavillondel’oreilleoudelapointedelaqueueestindiqué.LesparasitesB. canis apparaissent comme des éléments de grande taille (> 2,5 μm), observés seuls ou par paire à l’intérieur des érythrocytes. Les parasites B. gibsoni et B. annae apparaissent comme des organismes de petite taille (<2,5μm),deformerondeàl’intérieurdesérythrocytes,seulsouoccasionnellementpargroupe de4(en«croixdeMalte»;avecparasitémiesouventfaible).Lediagnosticchezleschiensporteurs chroniquespeutêtredifficiledufaitd’uneparasitémiebasseetsouventintermittente. Sérologie: lesanticorpsspécifiquessontdétectablesau-delàde2semainespost-infection.Lerésultatdela sérologieneseradoncconcluantequependantundélailimité,lorsdel’infectionaiguë.Latechniquelaplusutiliséeestladétectiondesanticorpsparimmunofluorescenceindirecte(IFI). Diagnostic par PCR: l’identificationdegenre,espèceetdesous-espècedesBabesiapeutêtrefaitparPCR(conventionnelleouentempsréel).LasensibilitédelaPCRestsupérieureàcelledel’examendirectdu sang,enparticulierlorsdebabésioseévoluantdefaçonchronique,maislesrésultatsfaux-négatifs restentpossibles.L’identificationdesespècesetsous-espècesdeBabesia présente un intérêt pour le choix du traitement, la définition d’un meilleur pronostic et dans le cadre des études épidémiologiques. 8 Schéma 1: Diagnosticdelababésiose Suspicion d‘une babésiose Infectionchroniqueet/oudated‘infection remontent à plus de 2 semaines Infectionaigüeet/oudated‘infection remontent à moins de 2 semaines TestsérologiquecontrelaBabesia 1 Examenmicroscopiqued‘unfrottissanguin après coloration négatif positif négatif testPCR positif Clarification des diagnosticsdifférentiels 1 Babésiose, probable traitement négatif Clarification des diagnostics différentiels,éventuellement testsérologique1 Remarquesurlasérologie:Unesérologiepositivechezunchienprécédemmentvaccinén‘apasdesignification Traitement La chimiothérapie doit être mise en place le plus rapidement possible. LesproduitsefficacespourletraitementdesbabésiosesenSuissesonténumérésdansletableau2. Ilfautnoterqueleschienstraitésnedéveloppentpasdeprotectionimmunitairesuffisanteetpeuventrestersensiblesàuneréinfection,cequiestparticulièrementdangereuxpourleschiensvivants en zone d’enzootie. Danstouslescas,untraitementdesoutiendoitégalementêtremisenplace,incluantuneréhydratationet,sinécessaire,unetransfusionsanguine. Peud’informationssontdisponiblessurletraitementdesinfectionscauséesparlesBabesia de «petite taille» chez le chien et Babesiaspp.chezlechat.Lachimiothérapieclassiquedisponiblepeutêtre utiliséedanscescas,auxmêmesdoses,pourdiminuerlagravitédessymptômesetletauxdemortalité suite à la maladie. Cependant, d’autres traitements ont été proposés (tableau 2). La résistance contre des molécules utilisées pour le traitement des babésioses canines n’a jamais été décrite. 9 Enrevanche,descasderechute,cliniquementsimilairesàlapremièreinfection,sontfréquemment observés. Ces cas sont dus à la multiplication récurrente du parasite rendue possible après l’élimination du piroplasmicide. Il ne s’agit pas d’une chimiorésistance mais de la soustraction du parasiteàlasubstancethérapeutiqueetausystèmeimmunitairedel’animal.Cesrechutesrelèvent d’unethérapiespécifiqueidentiqueassociéeàunethérapiesymptomatiqueplussoutenue. Prévention et lutte Laréductiondurisqued’infectiondeschiensvivantsenzoned’enzootie,oudeschiensdepassage dans ces zones, passe avant tout par la mise en place de méthodes de protection active contre les tiquesvectrices. Laprotectionimmunitairerésultantd’infectionsrépétéesestengénéralincomplèteetsonétablissement peut même être limité par l’administration de traitements. Lachimioprophylaxiepeutêtreindiquéepourleschiensséjournantenzoned’enzootiependantun tempslimité;cettepratiqueestparticulièrementrecommandéepourlesanimauxsplénectomisés, immunodéprimés ou les chiens ayant déjà contracté une babésiose. La chimioprophylaxie consiste enl’administrationdedipropionated’imidocarbeàladosede1x5-6mg/kgIMouSCenuneseule injection. Ce traitement permet de limiter la sévérité de la maladie causée par B. canis chez l’animal pendant environ 4 semaines. Lesrecommandationsspécifiquespourchaquepayssontindiquéessurlesitewww.esccap.org. Lachimioprophylaxiepeutêtreestunealternativeutiledanslescasoùlavaccinationoulalutte tectionactivecontrelestiquessontcontre-indiquées,oudanslespaysoùlavaccinationn’estpasdisponible.Lachimioprophylaxiedoitêtremiseenplaceaumieuxquelquesheuresavantl’introduction en zone d’enzootie. Un vaccin est disponible en Suisse, le Pirodog®(undeuxième,leNovibac® Piro, a été retiré): le vaccinpermetparfoisseulementdelimiterlasévéritédessymptômesdebabésiosesansempêcher l’infectionparB. canis.Laprotectionimmunitaireconféréeestspécifiqueetsonniveaupeutvarier selonlessous-espècesetlastructureantigéniquedessouches. Tableau 2: Traitement des babésioses canines Principes actifs Posologie Efficacité/Effets indésirables éventuels Imidocarbe (diproprionate) 1 5-6mg/kgIMouSC; à renouveler après 2 semaines B. canis: amélioriationcliniquedansles48heures,en l‘absencedecomplicationshépatiques,rénalesouvasculaires.Effetsindésirables;„anticholinestérase“pouvant inclure hypersalivation, tachycardie, dyspnée, vomissement et diarrhée. B. gibsoni et B. annae: efficacitéfaibleàmoyenne,voire nonefficace. Doxycycline2 10mg/kgperos 1foisparjourpendant 4 semaines Intérêtdansletraitementdesinfectionsduesà B. gibsoni ou B. annae Phénamidine (isothionate) 15-20mg/kgSCtoutesles 24 heures pendant 2 jours Intérêtdansletraitementdesinfectionsduesà B. gibsoni ou B. annae Pentamidine 16.5mg/kgIMtoutesles 24 heures pendant 2 jours IntérêtdansletraitementdesinfectionsduesàB. gibsoni ou B. annae Pourpréveniroutraiterlesréactionsindésirables:administrerdel‘atropine(0.02-0.04mg/kgSC)dansles30min. précédant ou suivant l‘administration d‘imidocarbe 2 DisponibleenEurope,maispaspourcetteindication 1 10 Un rappel de vaccination est préconisé tous les ans, ou tous les 6 mois pour des chiens particulièrement exposés (chiens de chasse en zone d’enzootie par exemple). L’utilisation de ces vaccins chez les chiennes gestantes ou allaitantes n’est pas recommandée. Santé publique Aucuncasd’infectionparlesBabesiaspp.descarnivoresn’aétésignaléchezl’Homme. 2.1.2. L’ehrlichiose Agents et vecteurs Le genre Ehrlichia est composé de bactéries Gram négatives, intracellulaires strictes, transmises par unvecteuràleurhôtemammifère.Ellesappartiennentàl’ordredesRickettsiales.EnEurope,on retrouve chez le chien Ehrlichia canis.Cesbactériesinfectentlesleucocytesoulesplaquettesoùelles formentdesmicrocoloniestypiques(morulae)quipeuventêtreobservéesaumicroscopeoptique danslescellulesinfectées. Biologie et transmission L‘hôtemajeurdeE. canisestlechien,maisd‘autresCanidéspeuventfonctionnercommehôte réservoir.Touslesstadesdedéveloppement(larves,nymphes,adultes)delatiqueRhipicephalus sanguineus se nourrissent de sang et peuvent être contaminés par E. canis lors d’un repas sanguin prissurunchieninfecté.Unetransmissiontrans-stadialedelabactériepeutavoirlieu(delalarveà lanympheet/oudelanympheàlatiqueadulte).Latransmissiontrans-ovarienne(delatiqueàses œufs)n’apasétéobservée. L’incubationchezl’hôtedurede8à20jours,durantlesquelslesbactériessemultiplientparfission binaire,formantdesmorulaetypiquesàl’intérieurdesmonocytescirculants.Lesbactériesdiffusent danstouslestissusdusystèmedesphagocytesmononuclés,notammentlefoie,larateetlesganglionslymphatiques.Lescellulesinfectéescirculantesadhèrentàl’endothéliumvasculaireenparticulier danslespoumons,lesreinsetlesméninges,induisantunevasculariteetuneinfectiondutissusousendothélial.Celapeutconduireàuneactivationplaquettaire,àl’originedelaséquestrationetdela destructiond’ungrandnombredeplaquettes. Répartition géographique en Europe Larépartitiondesinfectionsduesà E. canis est liée à celle de son vecteur R. sanguineus. Même si seulement2à4%destiquessontporteusesdecetagentpathogènedanslesrégionsendémiques (France,Italie,Espagne,Portugal,BulgarieetGrèce),lafréquencedesdéplacementsdespopulations humainesetdechiensestresponsabledelamiseenévidenced’infectionsendehorsdeszonestraditionnelles d’enzootie. Signes cliniques Chien Laphaseaiguëdel’ehrlichiosemonocytairecanineestprincipalementliéeàlavascularitéetdurede 2à4semaines.Siaucuntraitementn’estmisenplace,lamaladiepeutdevenirasymptomatique: lesanimauxneprésententpasdesymptômesmaisrestentporteursdelabactérie,etcela,pendant parfoisplusieursmoisouannées. 11 Laphasechroniquedelamaladieestliéeàl’atteintedelamoelleosseuse.Lanatureetlasévérité dessignescliniquesdépendentalorsdesinfectionssecondairesquis’installent.L’immunodéficience induitepeutentraîneruneaggravationdessignescliniques,avecunplusgrandnombredemorulae infectantlesmonocytesquechezdesanimauximmunocompétents. IlfautnoterunesensibilitéparticulièreduBergerAllemandàl’infectionparE. canis,lesyndrôme observédanscetteraceétantengénéralplussévèreetdepronosticplussombrequechezlesautres races. Quelquesrarescasd’infectionsà E. canisontétérapportéschezlechat,chezlequellessignescliniquessontmalconnus. Diagnostic LediagnosticdesinfectionsduesàE. canis chez le chien repose sur le croisement de données concernantlaprobabilitéd’expositionauxtiques,l’observationdesignescliniquescompatiblesetles résultatsd’analysesdelaboratoire(hématologie,biochimie,sérologieet/ouPCR).Unrésultatdesérologieet/ouPCRpositifdoittoujoursêtreinterprétéavecprécaution,card’autresagentspathogènes peuventégalementêtreprésents.Lestiquespeuventeneffetêtreporteusesetdonctransmettreà leurshôtesplusieursagentspathogènessimultanément.Lesélémentsdudiagnostic(tantclinique quebiologique)associésàuneinfectionparunagentuniquepeuventêtresignificativementdifférentsdeceuxretrouvéslorsd’infectionsmultiples.Enparticulier,desmaladiescommelaborréliose deLymeetl’anaplasmosegranulocytairefontappelaumêmevecteuretontdessignescliniques similaires,cequipeutconduireàuneerreurdediagnosticlorsdeco-infection. Microscopie Lediagnosticpeutêtreétablilorsd’unexamendirectd’unfrottissanguinparl’observationdes morulaedansleslymphocytes,monocytes,granulocytesouplaquettes.Chezl‘ehrlichiosemonocytairecanine,àl’inversedesinfectionsàA. phagocytophilum,lesmorulaesontrarementobservées; etsionlesretrouve,ellessontprésentesplusfréquemmentdansdeslymphocytesquedansles monocytes.Lasensibilitédel’examendirectpeutêtreamélioréeeneffectuantunconcentréleucocytaireouunfrottissursangcapillaire.Lesmorulaepeuventégalementêtreobservéessurdes ponctionsdeganglionslymphatiquesoudelarate.Ladétectiondesmorulaeresteuneméthode relativementdifficileetchronophagequidoitêtreréaliséeparunpersonnelexpérimenté. Sérologie Desanticorpsspécifiquespeuventêtredétectésparimmunofluorescenceindirecte,enutilisant des antigènes d’E. canis. La séroconversion est observée dans un délai de 1 à 4 semaines après inoculation.Deplus,enzoned’enzootie,laséropositivitépeutêtrelerefletd’uneexposition ancienneetnonpasenrapportavecuneinfectionaiguë.Ilestdoncrecommandédanscescasde répéterlasérologieàuneouplusieurssemainesd’intervalle.Desréactionscroiséespeuventêtre observéesselonlazonegéographiqueetlesagentspathogènesprédominantsdanslarégion.Le titre d’anticorps contre E. canisdiminueen6à9moisaprèsuntraitementantibiotiqueapproprié. Siletitred’anticorpsestsuiviaucoursdutemps,lestestssérologiquesdoiventêtreréalisésparle même laboratoire pour permettre une étude comparative. 12 PCR Ladétectiond’ADNd’E. canisparPCRestréaliséedansleslaboratoiresspécialisés.UnrésultatPCR positifpermetdeconfirmeravecquasi-certitudeuneinfection.UnrésultatPCRnégatifn’exclut àl’inversepaslapossibilitéd’uneinfection:unrésultatpeuteneffetêtrenégatifsil’échantillon testén’estpasprélevédansunorganeinfecté,lalocalisationdesbactériespouvantêtreréduiteà certainscompartimentsdel’organisme;unrésultatpeutégalementapparaîtrenégatifsilaPCR estréaliséeàunmomentoùlachargebactérienneestenfortedécroissance,parexempleaprès le début d’un traitement. Schéma 2: Diagnosticdel‘ehrlichiosecanine Suspicion d‘une ehrlichiose TestsérologiquecontreEhrlichia canis positif signescliniques négatif pas de signes cliniques signescliniques d‘uneinfection chronique signescliniques d‘uneinfection aiguë Clarificationdesdiagnosesdifférentielles Répétitiondelasérologie2-3semaines plustard,pourcontrôledel‘évolutiondu titre(alternative:directementPCR) titre augmente titre n‘augmente pas testPCR positif traitement négatif une Ehrlichiose n‘est pas encore exclue, suividecontrôlesou même traitement à discuter Traitement Letraitementdel’ehrlichiosemonocytairecaninereposesurl’utilisationd’agentsanti-rickettsienset d’unethérapeutiquedesoutien.Lestétracyclinessontlesmédicamentslespluscourammentutilisés, ladoxycyclineunefoisparjouràladosede2x5mg/kgparjourpendant3semainesétantleprotocolethérapeutiquederéférence.Chezleschiensinfectéspar E. canis, la disparition de la thrombopé13 nieconstitueunbonindicateurd’uneréponsefavorableautraitement.Lescasd’ehrlichiosemonocytairecaninechroniquessévèreschezlechiensontdemauvaispronostic. Prévention Actuellement,aucunmoyenmédicaldepréventionn’estdisponiblecontrelesinfectionsduesà E. canischezlechien.Ainsi,laprincipaleméthodedepréventiondecesinfectionsestbaséesurune protectionactivecontrelestiques.Lesvoyagesdechiensprovenantdezonesindemnesversouà travers les zones d’enzootie doivent être limités. Si ces voyages ne peuvent pas être évités, les chiens doiventêtreprotégéscontrel’infestationdestiques,avantleurdépart. Leschiensayantdéjàétéatteintsd’ehrlichioseetquiontguérirestentcandidatsàunenouvelleinfection.Laprotectionimmunitairedéveloppéelorsdel’infectionresteengénéralincomplète. Santé publique DesinfectionshumainesconfirméesàE. canis (ou à un organisme très proche) sont en nombre très limité et E. canisn’estpasconsidérécommeunrisquezoonotiqueimportant. 2.1.3. Les anaplasmoses Agents et vecteurs Le genre Anaplasma est composé de bactéries Gram négatives, intracellulaires strictes, transmises par unvecteuràleurhôtemammifère.Ellesappartiennentàl’ordredesRickettsialesetàlafamilledes Anaplasmataceae. En Europe, on détecte chez le chien l’Anaplasma phagocytophilum (anciennement Ehrlichia phagocytophila) et l’Anaplasma platys (anciennement Ehrlichia platys).Cesbactériesinfectentlesleucocytesoulesplaquettesdanslesquellesellesformentdesmicrocoloniestypiques(morulae)quipeuventêtreobservéesaumicroscopedanslescellulesinfectées. Tableau 3: BactériesdugenreAnaplasmapathogènesaffectantlechienetlechatenEurope 1 Agents pathogènes Maladie Hôtes Réservoir Anaplasma phagocytophilum Anaplasmose (ehrlichiose granulocytaire) Plusieurs espèces, chien, chat, homme Petits rongeurs, Ixodes ricinus, lynx (Ixodes trianguliceps) Vecteur Anaplasma platys Anaplasmose (thrombocytopéniecyclique) Chien – Rhipicephalus sanguineus 1 suspecté comme vecteur, mais pas prouvé Biologie et transmission Anaplasma phagocytophilum Unetransmissiontrans-stadialed’Anaplasma phagocytophilumestpossibledanslevecteur(tiques du genre Ixodes).Unrepasdesangdeplusieursheuresestengénéralnécessairepourquelatransmissiondelabactériedelatiqueinfectéeauchienpuisseseproduire. L’incubationchezl’hôtedurede1à2semaines.LesbactériesA. phagocytophiluminfectentprincipalementlesgranulocytesneutrophiles,maisaussileséosinophiles.Lescelluleshôtesinfectéesavec A. phagocytophilumpeuventêtreretrouvéesdanslesang,ainsiquedanslarate,lefoieetlamoelle osseuse. 14 Anaplasma platys Le mode de transmission de cette bactérie n’est pas encore totalement élucidé, mais l’intervention de tiques(R. sanguineus) ou d’autres arthropodes vecteurs est probable. Lorsd’infectionsexpérimentales,onobserveuneincubationde8à15jours.L’infectionsetraduitpar unethrombopénieintermittenteou«cyclique».Lachargebactérienneestplusfortelorsdupremier «pic»dethrombopénie;danslescyclessuivants,seulement1%desplaquettesestinfectéalorsque lathrombopénieresteaumêmeniveau.Aufuretàmesuredescycles,l’intensitédelathrombopénie diminue. Répartition géographique en Europe LarépartitiondesinfectionsduesàA. phagocytophilum et A. platys est liée à celle de leurs vecteurs respectifs.DuaufaitqueIxodes ricinusseretrouveubiquitairementdanstoutel‘Europe,celle-cidoit êtreconsidéréecommezoneendémiquepourA. phagocytophilum. Signes cliniques Chien Concernant A. phagocytophilum chez le chien, on observe un accroissement de la sensibilité à la maladieenfonctiondel’âgedel‘animal.Lessignescliniqueslesplusfréquentssontlessuivants: fièvre,anorexie,apathie,léthargie,refusdesedéplacer,boiterie,raideur,splénomégalie,hépatomégalie,signesneurologiques.L‘infectionestaussisouventasymptomatiqueetlessignescliniques sontobservéslorsd‘immunosuppressionoud‘infectionsconcomitantes.Lessignesbiologiquessont: thrompopénie, hypoalbuminémie modérée, augmentation du taux de PAI, neutropénie occasionnelle ouformesimmatures(déviationàgauche),polyarthriteneutrophilique,infiltrationneutrophiliquedu LCR,pléocytose. Lessignescliniquesobservéslorsd’infectionpar A. platys peuvent varier selon les régions. Par exemple,auxÉtats-Unis,lamaladieestconsidérée,laplupartdutemps,commeasymptomatique alorsqu’elleestconnuepourprovoquerdifférentssyndrômescliniquesdanscertainspaysdubassin méditerranéen.Lessignescliniquessont:fièvre,léthargie,muqueusespâles,pétéchies.L‘infectionest aussisouventasymptomatiqueetlessignescliniquessontobservésencasd‘immunosuppressionou d‘infectionsconcomitantes. Chat Quelquesrarescasd’infectionsàA. phagocytophilum ont été rapportés chez le chat. Les signes cliniqueschezlechatsontmalconnusmaissemblentêtreengénéralsimilairesàceuxobservéschez le chien. Diagnostic LediagnosticdesinfectionsduesauxbactériesAnaplasmataceaechezlechienreposesurlecroisementdedonnéesconcernantlaprobabilitéd’expositionauxtiques,l’observationdesignescliniques compatiblesetlesrésultatsd’analysesdelaboratoire(hématologie,biochimie,sérologieet/ouPCR). Unrésultatdesérologieet/ouPCRpositifdoittoujoursêtreinterprétéavecprécautioncard’autres agentspathogènespeuventégalementêtreprésents.Lestiquespeuventeneffetêtreporteuseset donctransmettreàleurshôtesplusieursagentspathogènessimultanément.Lesélémentsdudiagnostic(tantcliniquequebiologique)associésàuneinfectionparunagentuniquepeuventêtre significativementdifférentsdeceuxretrouvéslorsd’infectionsmultiples.Enparticulier,desmaladies 15 commelaborréliosedeLymeetl’anaplasmosegranulocytairefontappelaumêmevecteuretontdes signescliniquessimilairesquipeuventconduireàuneerreurdiagnostiquedel’unauprofitdel’autre etinversementlorsdeco-infection. Microscopie Lediagnosticpeutêtreétablilorsd’unexamendirectd’unfrottissanguinparl’observationdes morulaedansleslymphocytes,monocytes,granulocytesouplaquettes.Lasensibilitédel’examen directpeutêtreamélioréeeneffectuantunconcentréleucocytaireouunfrottissursangcapillaire. Lesmorulaepeuventégalementêtreobservéessurdesponctionsdenœudslymphatiquesoude rate.Ladétectiondesmorulaeresteuneméthoderelativementdifficileetchronophagequidoit êtreréaliséeparunpersonnelexpérimenté.L’évolutioncycliquedelabactériémielorsd’infectionà A. platyspeutrendrel’observationdesmorulaeparticulièrementdifficile. Sérologie Desanticorpsspécifiquespeuventêtredétectésparimmunofluorescenceindirecte,enutilisantdes antigènes d’A. phagocytophilum oumoinsfréquemmentd’A. platys. La séroconversion est observéedansundélaide1à4semainesaprèsl’inoculation.Deplus,enzoned’enzootie,laséropositivitépeutêtrelerefletd’uneexpositionancienneetn’avoiraucunrapportavecuneinfection aiguë.Ilestdoncrecommandé,danscescas,derépéterlasérologieàuneouplusieurssemaines d’intervalle.Desréactionscroiséespeuventêtreobservéesselonlazonegéographiqueetles agents pathogènes prédominants dans la région. Le titre d’anticorps contre A. phagocytophilum diminueen6à9moisaprèsuntraitementantibiotiqueapproprié.Siletitred’anticorpsestsuiviau coursdutemps,lestestssérologiquesdoiventêtreréalisésparlemêmelaboratoirepourautoriser une étude comparative. PCR Ladétectiond’ADNd’A. phagocytophilum et A. platysparPCRestréaliséedansleslaboratoires spécialisés.UnrésultatPCRpositifpermetdeconfirmer,avecquasicertitude,uneinfection. Al’inverse,unrésultatPCRnégatifn’exclutpaslapossibilitéd’uneinfection:eneffet,unrésultat peutêtrenégatifsil’échantillontestén’estpasprélevédansunorganeinfecté.Lalocalisationdes bactéries peut être réduite à certains compartiments de l’organisme et un résultat peut également apparaîtrenégatifsilaPCRestréaliséeàunmomentoùlachargebactérienneestenforte décroissance, par exemple après le début d’un traitement. Traitement Letraitementdelathrombopéniecycliqueetdel’anaplasmosegranulocytairereposesurl’utilisation d’agentsanti-rickettsiensetd’unethérapeutiquedesoutien.Lestétracyclinessontlesmédicaments lespluscourammentutilisés.Leprotocolethérapeutiquederéférenceutiliseladoxycyclineunefois parjouràraisonde2x5mg/kgpcpendant4semaines. Prévention Actuellement,aucunmoyenmédicaldepréventionn’estdisponiblecontrelesinfectionsduesà A. phagocytophilum et A. platys chez le chien et le chat. La méthode principale de prévention de ces infectionsestbaséesuruneprotectionactivecontrelestiques. Santé publique DesinfectionshumainesconfirméesàA. phagocytophilum ont été rapportées chez l’homme. Cet agentesttransmisnaturellementàl’homme,auchienetauchatparlestiquesdugenre Ixodes.On nesaitpassileschiensouleschatsinfectésparA. phagocytophilumpeuventreprésenterunrisque zoonotiquepourl’hommepartransmissiondirecte. 16 Schéma 3: Diagnosticdel‘anaplasmosecanine Suspicion d‘une anaplasmose TestPCRet/oudétectiondemorulae(frottissanguin,buffycoat) positif négatif sérologiestoutesles2-3semainespourdétection d‘anticorps contre Anaplasma titre augmente traitement titre n‘augmente pas anaplasmose improbable, clarificationapprofondiedes diagnosesdifférentielles 2.1.4. La borréliose de Lyme Agents et vecteurs Le complexe Borrelia burgdorferi(=sensulato)comprendactuellement11espèces/génotypes.Ces bactériesspirochètesinfectentdenombreuxmammifèresetoiseauxetsonttransmisespardestiques (Ixodesspp).Lesinfectionshumainessontd’importancemajeureensantépublique,etbienquedes infectionsaientétémisesenévidencechezlechien,ellesnesontpasd’uneimportanceclinique majeure. Biologie et transmission Actuellement,lestiquesdelafamilledesIxodidésetprincipalementdugenre Ixodes sont reconnues comme des vecteurs de B. burgdorferi sensu lato. Danslestiques,lesBorrelia sepropagentauxglandessalivairesetsonttransmisesdefaçontransstadialemaisiln’yapasdetransmissiontrans-ovarienne. Lestiquesdoiventresterfixéespendantaumoins16à24heuresavantquelatransmissionàl’hôte vertébré puisse se produire. Les Borreliarestentdansletissucutanédel’hôteavantdedisséminer.Dansquelquescas,celapeut prendrejusqu’à4semainesavantquel’infectionnedeviennesystémique. 17 Répartition géographique en Europe Au cours des vingt dernières années, plusieurs études ont été publiées sur la prévalence et la variabilitégénétiqueauseinducomplexeB. burgdorferi en Europe. La borréliose de Lyme est présente dans toutel’Europe,àl’exceptiondeszonesextrêmementchaudesauSudoufroidesauNord. Signes cliniques LaborréliosedeLymeestunemaladiebienconnuechezl’hommealorsqu’ellen’estpasclairement définiechezlechien.Une«arthropathiedeLyme»semanifestantparuneboiterie,touchantuneou plusieursarticulations,aétédécrite.Lesmanifestationscliniqueschezleschatsnaturellementinfectés sont rares. Diagnostic Sérologie Lesanticorpsanti-Borrelia apparaissent habituellement 3 à 5 semaines après l’inoculation et peuventêtredétectésenutilisantplusieurstestsimmunodiagnostiques,qualitatifsetquantitatifs,commercialementdisponibles.Cependant,desrésultatspositifsindiquentsimplementune expositionàlabactérie,plutôtqu’unevraiemaladie.Sileschienssuspectsd’avoiruneborréliose deLymesontpositifsàlasérologie,ilestrecommandédefaireuntestparimmuno-empreinte (Western-blot)pourvérifierleprofilsérologique.Enfin,lesréactionsanticorpsaupeptideC6sont spécifiquesdel’expositiondeschiensàB. burgdorferi sensu lato. PCR Ladétectiond‘ADNde BorreliaparPCRestpossibleetindiquéelorsdemanifestationauniveaude plusieuresorganes,nécessitantdesbiopsiescutanéesouliquidesynovial. Traitement Les études concernant le traitement de la maladie de Lyme chez le chien ont donné des résultats variablesmaisuneréponseàlathérapeutiqueantibiotiquepeutêtreattendueen1ou2joursencasde polyarthrite,alorsquelaréponseprendraplusdetempschezleschienssouffrantdenéphropathie. Lesétudeschezleschiensexpérimentalementinfectésontmontréqueletraitementantibiotique n’éliminepasl’infectioncheztousleschiens.Lemédicamentdechoixestladoxycycline,à2x5mg/ kgperosunefoisparjourpendant1moisauminimum. Prévention Une sérologie positive chez les chiens sains peut conduire à une erreur de diagnostic ou à un traitementinutile,denombreuxanimauxinfectésnedéveloppantjamaisuneborréliosedeLyme.Undépistagesérologiquepeutcependantattesterdelaséroprévalenceetfournirdesdonnéessentinelles quipeuventaugmenterlaprisedeconscienceparlepropriétairedurisqued’infectionparlestiqueset del’importancedeleurcontrôle.L’utilisationdevaccinsanti-Borreliaestencoreunequestioncontroversée en raison de la présence de plusieurs espèces de Borreliasurleterrainetparcequelesvaccins protègent seulement contre B. burgdorferisensustricto.Laprotectionactivecontrelestiquesest actuellementlaméthodedechoixpourprévenirl’infection. 18 Schéma 4: Diagnosticdelaborréliose Suspicion d‘une borréliose TestsérologiquecontreBorreliaenutilisantdeskitsELISAcommercialisés (enalternative,directementutilisationdukitC6-Snap-Test) positif Western-BlotouC6-Snap-Testpour confirmation de la sérologie initiale négatif positif considérer un traitement, éventuellementconfirmationparPCR borréliose exclue clarificationdesdiagnosesdifférentielles Santé publique Les chiens et les chats ne sont pas des réservoirs de B. burgdorferi et donc ne posent pas de problèmedesantépublique. 19 2.2. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES MOUSTIQUES (CULICIDÉS) ET LES PHLÉBOTOMES 2.2.1. La leishmaniose Agents et vecteurs En Europe, la leishmaniose généralisée du chien est causée par le protozoaire flagellé Leishmania infantum. Les vecteurs de ce parasite sont de petits diptères du genre Phlebotomus. Lechienestl’hôteprincipaldeL. infantum. Cependant, le parasite a également été isolé chez de nombreuxautresmammifères,enparticulierl’Homme,plusieursespècesderongeurscommelerat et l’écureuil, le cheval, les bovins, la chèvre, le mouton, le chat et plusieurs Canidés sauvages tels le renard, le loup et le chacal. Seullechien(etpeut-êtrelesCanidéssauvages)constitueunesourcedémontréedeparasitespour les vecteurs. Lesphlébotomessontlargementrépandusenrégionméditerranéenne,enAfriqueetauMoyenOrient.Certainesespècessontégalementadaptéesauxclimatstropicauxetsubtropicauxoumême arides.DanslaSuisseduSud,l‘espècevectrice P. perniciosus a été trouvée à plusieurs occasions. en AllemagneduSuduneseulefois. Biologie et transmission • Lesleishmaniessemultiplientsous2formesdifférentes:lestadeamastigoteintracellulairedans lescellulesdeshôtesvertébrés;etlestadepromastigote(avecflagellebienvisible)extracellulaire dansletubedigestifdesphlébotomes(ouaprèsmiseencultureaulaboratoire). • Lesleishmaniessonttransmisesàleurshôtesvertébrésparlesphlébotomesfemelles,lorsdu repasdesangsurseshôtes.L’activitéduvecteurestmaximaleàlatombéedujouretàdes températuresminimalesde18-22°C.Aucunautrearthropoden’estimpliquédanslatransmission naturelle de L. infantum. • Ledéveloppementduparasitechezlevecteurnécessite7à14joursà18°Cauminimum. • Latransmissionverticaledelachienneauxchiotsainsiquepartransfusionetaccouplementest démontrée. En zone d’enzootie, ces modes de transmission demeurent sans doute minoritaires (par rapport à la transmission vectorielle). • Certainesracesdechienontdéveloppéunerésistanceàlamaladie(parexempleuneracedesîles Baléares),alorsquecertainesracessemblentplussensibles(Bergersallemands,Rottweilerset Boxers).Aucunedifférencesignificativedesensibilitén’acependantéténotéeconcernantl’âge oulesexedeschiens.Lesanimauxinfectésasymptomatiquesetleschienspréalablementtraités, sont des réservoirs de parasites. • L’incubationestgénéralementlongue(plusieursmois,voireplusieursannées),etlesfacteursqui conduisentàl’expressioncliniquedelaleishmaniosedemeurentméconnus. • Aprèsunemultiplicationdanslescellulesdendritiquesetlesmacrophagescutanés,lesparasites sont disséminés dans l’ensemble du corps. Les leishmanies peuvent être retrouvées dans la peau, lesnoeudslymphatiques,larate,lefoie,lamoelleosseuseetpotentiellementdanstouttissuet organe. 20 • Lerisqueprincipalenzoned’enzootieestenrelationavecl’expositionauxpiqûresdephlébo- tomes, l’abondance des réservoirs (dont les chiens vivant à l’extérieur, les chiens errants, les chiens adoptésprovenantderefugessituésenzoned’enzootie,leschiensdechasseetsansdouteles carnivores sauvages). Répartition géographique en Europe LaleishmaniosecanineestenzootiquedansleSuddel’Europe(figure1).Endehorsdecettezone,de nombreuxcasimportésontétéobservésettraités.Quelquescaschezdeschiensn’ayantjamaisvoyagé en zone d’enzootie ont également pu être observés. Ponctuellement, une transmission «locale» delaleishmaniosecanineendehorsdelazoned’enzootiesemblepossible,silapressioninfectieuse liéeàlaprésencedenombreuxcas«importés»estsuffisanteoudufaitd’unetransmissionverticale dans certains élevages de chiens. Fig. 1 : Zone d‘enzootie approximative de la leishmaniose canine en Europe. Larégioncoloréeenbleuecorrespondàlasuperficieapproximativeendémiquedelaleishmaniosecanine.Aunordde ces régions (régions en grisé), il existe des rapports sur des cas importés ou présumément autochthones. 21 Signes cliniques Unegrandepartiedeschiensinfectéspeutêtreasymptomatique. L’expressioncliniquedelaleishmaniosecanineestextrêmementvariableselonlaréponseimmunitairedel’hôte,del’existenced’autresmaladies,del’anciennetédelamaladie,oud’autresfacteurs non encore connus. Le premier signe observé, avant même la dissémination des leishmanies dans l’organisme, est en généralunelésioncutanéetransitoiredueàlapiqûreduphlébotomeinfectant.Lessiteshabituels depiqûredesphlébotomessontlafaceexternedupavillondel’oreilleetlechanfrein.Ceslésions localespassentsouventinaperçuesousontconfonduesavecdesimpleslésionsdepiqûredetiques oud’insectes.Ils’agitdelésionsuniquesoumultiples,ulcératives,appelées«chancred’inoculation». Ces lésions peuvent persister plusieurs mois et disparaissent spontanément. Laleishmaniosegénéraleduchienestunemaladiepolymorphequiassocieclassiquement: • unétatgénéraldégradé:abattement(deplusenplusaccuséavecl’évolutiondelamaladie), amaigrissementetanorexie; • dessignescutanés:alopécie(zonesdeformeetd’étenduevariables),squamosis(grandes squamesbrillantes),ulcères(enparticulierdansleszonesexposéesauxtraumatismes:zones interdigitéesoureposantsurdessailliesosseuses); • uneatteintedusystèmedesphagocytesmononucléés:poly-adénomégalie(nœudslympha- tiquesprofondsetsuperficiels),splénomégalie; • desmodificationssanguines:anémie(a)régénérative,lymphopénie,thrombopénie,hyper protéinémieaveceffondrementdurapportalbumine/globulinesdûàl’augmentationdes γ-globulinesetvisiblesurleprofilélectrophorétiquedesprotéinessanguines. • desmodificationsbiologiquesindiquantundysfonctionnementrénal:urémieetcréatininémie, hyposthénurie, protéinurie. Àcôtédecetteforme«classique»,ilfautnoterdessignesmoinsfréquentsàl’originedeformes atypiquesdediagnosticdifficile: • unecongestionetulcèresmuqueux,épistaxis, • uneuvéitebilatérale, • uneatteintedesgriffes:croissanceanormale(onychogryphose),atteintedelatruffe (décoloration, ulcère), • uneatteintearticulaireetosseuse(arthrites,ostéolyse),boiteriesambulatoires, • unecolitehémorragique, • desmanifestationsnerveusesépileptiformes, • unepyodermiteouunedermatosenodulaire(nodulesnonadhérents,nondouloureux, non fistulisés, riches en parasites). Diagnostic L’objectifdudiagnosticestdepouvoirentreprendreuntraitementprécoceetd’éviterlatransmission du parasite aux autres chiens et à l’homme. 22 Sérologie Lesexamenssérologiquesrévélantlaprésenced’anticorpsspécifiquesreprésententlesdémarches primairesd‘undiagnostic:immunofluorescenceindirecte(IFI)etELISA(hautessensibilitéetspécificité),testsrapidesd’immunodiffusionetWestern-Blot.Unrésultatsérologiquepositif,enrévélantla réponseimmunitaireàuneinoculationdeparasites,prouveuneinfectionactive,maispasdirectement une maladie. Dansuncontexteépidémiologiqueetcliniqueévocateur,l’hypothèsedeleishmaniose,initialement indiquéparsérologie,peutêtreconfirméepardiversexamenscomplémentairesconstituantun faisceaudepreuves: • desexamensbiologiquesnonspécifiques:numérationetformulesanguines,protéinémieet électrophorèsedesprotéinessanguines,explorationdelafonctionrénale;enoutre,ces analysessontutilespourpréciserlepronosticetassurerlesuividel’animalaprèsletraitement; • desexamensdirectsrévélantlaprésenceduparasiteoudesonADN:(a)laPCR,àpartirde ponctiondenœudslymphatiques(poplitéal)oudemoelleosseuse,révèlelaprésencede matérielgénétiquespécifiquedansleprélèvementanalysé,cequin’estpassynonymede parasitesvivantsenmultiplication.ParPCR,onpeutaussiobtenirdesinformationssupplémentairessurl‘espèceetlegénotypedeLeishmania;(b)biopsiecutanée(lecturedifficileet peusensiblemêmesiellepeutêtreamélioréeparl’immunohistochimie),ponctiondeliquide céphalorachidien,articulaire,denodules,depustulesoud’humeuraqueuse:aprèscoloration GiemsaouDiff-Quick,lesleishmaniesseprésententcommedepetitséléments(2-4μm)ovoïdes associantsystématiquementuncerclefoncé(lenoyau)etunpetitbâtonnetdemêmecouleur (lekinétoplaste).Cesélémentssontprésentsdanslecytoplasmesurtoutdesmacrophages. Enraisondemanquedesensitivité,unePCRoffreplusdepossibilitéspourcessubstrats diagnostiques. • C’estl’associationd’argumentsépidémiologiques,cliniquesetparasitologiquesquipermet d’établirundiagnosticdecertitudeetunebasepronostique. Traitement Avantlamiseenplaced’untraitementspécifique,lespropriétairesdechiensdoiventêtreinformés dupronostic,ducoût,etdufaitqueleschiensrestentinfectésendépitdutraitementetce,mêmesi uneaméliorationcliniqueestobtenue.Enoutre,lecaractèrezoonotiquedelaleishmaniosedoitêtre expliquéaupropriétaire,pouvantainsiconduirecelui-ciàdéciderdel’euthanasiedesonanimal(par exempleprésenceauseindufoyerd’unindividuimmunodéprimé). Letraitementdeconsensusdelaleishmaniosecanineestindiquédansletableau4. Denombreusesétudesdepharmacocinétiqueontdémontréquel’injectiondel’antimoniatede méglumineparvoiesous-cutanéeouintramusculairepermetd’obtenirunemeilleurebiodisponibilitéquel’injectionparvoieintraveineuse.Larépétitiondesinjectionsintramusculairespeutconduire àlaformationd’oedèmesdouloureux.Lavoiesous-cutanée,présentantunemeilleureinnocuitéet n’entraînantpasdedouleuraupointd’injection,estpréférable. Différentsdosagesd’antimoniatedeméglumineontétéproposés,laposologielapluslargementrecommandéeestindiquéedansletableau4.Lestrictrespectduprotocole(dose,fréquenceetdurée, voied’administration)estlaconditionsinequanond’unebonneefficacité,d’unetoxicitéminimale etdemoindresrisquesd’apparitiondesoucheschimiorésistantes.Uneintoléranceàl’antimoniatede méglumineestparfoisobservéeàcausedel’accumulationduproduitdansl’organisme,elle-même 23 conséquenced’uneinsuffisancerénale.Silemoindreeffetsecondaire(vomissement,apathie…)est observé,lacorrectiondel’insuffisancerénaledoitêtreinstauréedèsquepossible. L’allopurinolestadministréparvoieorale2foisparjour,àladosede20mg/kgparprise,defaçon prolongéepourdiminuerlerisquederechute.L’allopurinolseulpeutêtredécevant,enparticulierlors deleishmanioseévoluantdepuislongtemps,chezdesanimauxdontl’étatgénéralestfortementdégradé. En revanche, l’association avec l’antimoniate est considérée comme le traitement de consensusetl’administrationcontinuedel’allopurinolpermetdediminuerlesrisquesderechute. Deseffetssecondairestelsquelaformationdeconcrétionsdexanthinedanslesurinespeuvent apparaître.Leseffetssecondairessontengénéraltousréversiblesàl’arrêtdel’administrationdu produit. Commeavectouslestraitements,lesrechutessontfréquentesmaislesanimauxpeuventengénéral être traités de nouveau avec le même produit et selon le même protocole. Cesdernièresannées,plusieursétudescliniquesontétémenéespourtesterl’efficacitéd’unenouvellemolécule:lamiltéfosine.Cettemoléculeaététestéepourletraitementdechiensnaturellement infectésparL.infantum,montrantuneefficacitécomparableàcelledel’antimoniatedeméglumine. Ilfautnoterquelamiltéfosineesthautementtératogène.Enoutre,seposelaquestionéthiquede l’utilisationdemoléculesprescriteschezl’homme:leurutilisationchezl’animalrisquedefavoriser l’émergence de souches résistantes susceptibles d’être transmises ensuite à l’homme. Enplusd’untraitementspécifique,untraitementsymptomatiqueestrecommandé.La«réanimation rénale»peutparfoisêtreobligatoire(perfusionsrépétées,corticoïdes:prednisolone1-2mg/kg/jper osdurant5-8joursfreinantlacomposanteimmunopathologiquedelaglomérulonéphrite). Prévention Lapréventiondespiqûresdephlébotomesparl’applicationd’insectifuges/insecticidessurleschiens, sousformedecolliers,despraysoudespot-onestunestratégieefficace.L’objectifestd’interrompre latransmissiondesleishmaniesetainsideprévenirl’infectiondeschiens.Lasaisond’activitédesphlébotomes en zones d’enzootie est variable d’une année à l’autre ou d’une région à l’autre. La saison àrisquedémarreengénéralaumoisd’avriletseterminefinnovembre. Denombreusesétudesontpermisdeprouverl’efficacitédespyréthrinoïdescontredesphlébotomes. Les colliers imprégnés de deltaméthrine possèdent une action répulsive contre les phlébotomes àpartird’unesemaineaprèslapose,etdurantplusde5mois.L’applicationdespot-onàbasede perméthrinepermetuneprotectioncontrelespiqûresdephlébotomesàpartirde24heuressuivant l’application et pour une durée de 2 à 3 semaines. Aucune résistance des phlébotomes aux pyréthrinoïdesn’aétérapportéejusqu’ici. D’autresmesuresdeprotectionsontefficacesdanslaréductiondelatransmissiondelamaladie: notammentlefaitdegarderleschiensàl’intérieurpendantlanuitpendantlasaisonàrisque(en particulieràlatombéedujouretàl’aube),l’utilisationdespraysinsecticidesdanslesbâtiments,la miseenplacedemoustiquaires(maillesde0,3-0,4mm²)surlesportesetfenêtresdeshabitations,ou l’utilisationdemoustiquairesimprégnéesdepyréthrinoïdesautourdeszonesdecouchage.Toutesces mesures permettent une diminution significative des populations de phlébotomes pouvant contaminer les chiens. 24 Lavaccinationcontrelaleishmaniosecaninepourraitêtreuneméthodeefficacedanslecontrôlede cette maladie. Un vaccin est maintenant disponible en Suisse (CaniLeish®).Desétudesenvisageantà démontrerl‘efficacitéduvaccin„surleterrain“sontencours. Santé publique La leishmaniose viscérale humaine à L. infantum est une zoonose majeure dans le sud de l’Europe. L’issuedelaleishmaniosehumaineesttrèssouventfataleenl’absencedetraitement,enparticulier chezlesenfantsetlespatientsimmunodéprimés.Àl’inverse,laplupartdespersonnesimmunocompétentesinfectéesnedéveloppentpaslamaladieetacquièrentuneprotectionimmunologique efficace. Schéma 5a: Diagnosticdelaleishmaniosecaninechezleschiensmalades Diagnostic de la leishmaniose chez les chiens sains après séjour en région endémique TestsérologiquecontreLeishmania(IFI,ELISA) positif analyse du sang et de l‘urine répétition de la sérologie lors de suspicion claire de leishmaniose négatif testPCRàpartir de ponction de moelle positif fortesindicationspour une leishmaniose infectionavec Leishmania démontrée négatif répétition de la sérologie 3-6moisoulorsd‘éruption de symptomes 25 Schéma 5b: Diagnosticdelaleishmaniosecaninechezleschiensmalades Diagnostic de la leishmaniose chez les chiens avec symptomes typiques et/ou insuffisances d‘organes TestsérologiquecontreLeishmania(IFI,ELISA) négatif à discuter avec le propriétaire résultatstypiquespourleishmaniose positifavectitre très élevé négatif positifavectitre bas ou modéré testPCRàpartirdeponctiondenoeudslymphatiques,demoelleosseuseoudelésionscutanées positif fortesindications pour une leishmaniose négatif infectionavecLeishmania démontrée clarification des diagnoses différentielles Tableau 4: Traitement de la leishmaniose canine 26 Principes actifs Posologie Voie d‘administration Remarques Allopurinol 2x10mg/kgparjour, pendant6-18mois Orale L‘associationavecl‘antimoniateoulamiltéfosine est considéré comme le traitement de consensus,maislamonothérapieestaussiappliquée. Miltéfosine 2mg/kgparjour,pendant 4 semaines Orale(mélangée avec la nourriture) DisponibleenSuissepourcetteindication.En zoneendémique,recommandéen association avec Allopurinol. Antimonate de méglumine 75-100mg/kgparjour, injections journalières pendant4-8semaines. Injection subcutanée Contre-indicationchezleschiensavecdéficiencesrénalesouhépatiques. 2.2.2. Les dirofilarioses et autres filarioses Agents et vecteurs Lesfilairesduchienetduchatsontdesnématodesparasitesdutissuconjonctif,delacavitépéritonéaleoudusystèmecardio-vasculaire.Laplupartdesespècessonttransmisesparlesmoustiques, quelques-unespardesmouchesoudestiques(tableau5).Dirofilaria immitis, à l’origine de la dirofilariosecardio-pulmonaire,estl’espècelapluspathogène;D. repens, à l’origine de la dirofilariose sous-cutanée,estpeupathogènepourlescarnivoresmaisdemeurel’espècelaplusfréquemment impliquéedanslesinfectionszoonotiquesenEurope. Tableau 5: Principales espèces de filaires parasites du chien et du chat en Europe filaires Vecteurs Période prépatante Longueur moyenne des filaires adultes Localisation des filaires adultes Dirofilaria immitis Moustiques 120-180jours Mâles:12-18cm Femelles:25-30cm Artèrespulmonaires/ Coeur droit Dirofilaria repens Moustiques 189-259jours Mâles:5-7cm Femelles:10-17cm Tissusous-cutané/fascias musculaires Acanthocheilonema (antérieurement Dipetalonema) reconditum Poux et puces 427-476jours Mâles:0.9-1.7cm Tissusous-cutané/fascias Femelles:2.1-2.5cm musculaires Acanthocheilonema (antérieurement Dipetalonema) dracunculoides Tiques (R. sanguineus) 120 jours Mâles:1.5-3.1cm Cavité péritonéale Femelles:3.3-5.5cm Cercopithifilaria (antérieurement Acanthocheilonema) grassii Tiques (R. sanguineus) Inconnue Inconnue Tissusous-cutané/fascias musculaires Biologie et transmission Lesfilairessontdesparasitesdescarnivoresdomestiquesetsauvages,principalementdesCanidés. Leurfaiblespécificitéenversleurshôtesvertébréspermetnéanmoinsl’infestationdenombreuxmammifères,ycomprisdel’Homme.Chezceshôtes,leparasiten’atteintpas,engénéral,saformeadulte. • LesmicrofilairesdesespècesD. immitis et D. repens se développent dans l’utérus des filaires adultesetsontensuitelibéréesdanslacirculationsanguinedel’hôte,oùellespeuventêtre absorbéesparlesmoustiquesaucoursdurepasdesang.Lesmicrofilairessedéveloppenten stadeinfestant(L3)chezlevecteur.Leslarvesinfestantessontensuitetransmisesàl’issuedu repassanguin.Chezl’hôtemammifère,leslarvesdeD. immitiseffectuentunemigration activedanslestissussous-cutanés,sous-séreuxetmusculairespourgagnerlesartèrespulmo nairesetlecœurdroitoùellessedéveloppentenadultesetsereproduisent.Chezlechien,la périodeprépatenteestde6mois.Leslarvesinfestantesde D. repensn’effectuentqu’une courtemigrationdansletissusous-cutanéetyatteignentleurmaturité.Lesfilairesadultessont retrouvéesdansl’ensembledel’organisme,entreletissusous-cutanéetlestissusconjonctifs plusprofonds:ellespeuventêtreàl’originedenodulesnon-inflammatoires.Lesfilairesadultes peuventsurvivreplusieursannéeschezl’hôte. • Acanthocheilonema (synonyme: Dipetalonema) reconditum et Cercopithifilaria grassii sont des parasitesdutissusous-cutanéetdesfasciasmusculairesdesCanidés,notammentduchienet du chacal. Acanthocheilonema dracunculoides parasite la cavité péritonéale des Canidés. 27 Répartition géographique Lafréquencedetransmissionetl’extensiondesdirofilariosesdépendentdenombreuxfacteursenvironnementauxcommelatempératureetladensitédepopulationdemoustiques.Cettedistribution peutégalementêtreinfluencéepardesfacteurssocio-économiques,commeladensitédepopulation canineetledéplacementdeschiensinfestésréservoirsdemicrofilaires;lesmouvementsd’animaux sont liés au tourisme, aux adoptions et au transport de ces animaux à partir des zones d’enzootie. D. immitis et D. repenssontsympatriquesdanslaplupartdecesrégions(Figure2). Ilfautnoterqueladensitédemoustiquesetletauxdematurationdeslarvesinfestanteschezle moustiquepeuventfortementvarierenfonctiondesconditionsclimatiques.Unaccroissementdes températuresmoyennespeutainsientraîneruneextensiondeszonesàrisquesetdelasaisonà risque.AinsirécemmentdescasprobablementautochthonesontétédiagnostiquésenAllemagne, auxPays-BasetenAutriche. Ladirofilariosefélinepeutêtrerencontréedansleszonesdeforteprévalencedeladirofilariose canine. Laprévalencedel’infestationpar A. dracunculoides peut atteindre 14 % des chiens de chasse ou vivant à l’extérieur dans certains pays européens comme l’Espagne. Ce parasite a également été identifiédanslesuddel’Italie(Sicile)maisavecuneprévalenceinférieure. A. reconditum estassezfréquentenSardaigneavecuneprévalenceallantde3à19%. Signes cliniques Les filaires adultes de D. immitispeuventprovoquerunemaladiesévère(mortelleenl’absencede traitement) chez le chien et le chat. La durée de vie des filaires adultes est de 5 à 7 ans chez le chien, quiestl’hôtedéfinitifprincipal.Lesfilairesadultesselocalisentessentiellementdanslesartèrespulmonaires mais peuvent aussi être retrouvées dans le cœur droit et dans les gros vaisseaux adjacents commelesveinescavescaudaleetcrâniale.Unelocalisationectopiquedansl’encéphale,lesyeux,les testicules ou l’aorte est possible dans de rares cas, et principalement chez le chat. D. immitis: infection chez le chien Chezlechien,l’évolutioncliniquedeladirofilariosecardiaqueestengénéralchronique.Laplupart deschiensparasitésnemontrentaucunsignecliniquependantdesannées.Ledélaid’apparition dessignescliniquesdépenddunombredefilairesinfestantl’animal,delatailleduchienetdeson niveau d’exercice. Les lésions artérielles sont généralement plus sévères chez les chiens soumis à une activitéphysiqueintense.Lessignescliniquesdelamaladieapparaissentprogressivement:lepremier signeestsouventunetouxchronique,parfoissuivied’unedyspnéemodéréeàsévère,defaiblesseet parfoisdesyncopesaprèsunexercicephysiqueouunephased’excitation.Àcestadedelamaladie, l’auscultation permet de percevoir des bruits pulmonaires anormaux (crépitements) des lobes pulmonairescaudauxetundoublementanormaldusecondbruitcardiaque.Plustard,lorsquel’insuffisance cardiaquedroiteestinstallée,unœdèmepassifdel’abdomenetparfoisdesmembress’installe,en associationavecanorexie,pertedepoidsetdéshydratation.Unsoufflecardiaqueàdroiteàcause d’uneinsuffisancedelavalvetricuspideetunrythmecardiaqueanormaldûàunefibrillationatriale sont également observés. Une mort soudaine est possible en cas de détresse respiratoire ou d’amaigrissement très sévère. 28 Figure 2: Zones approximatives d’enzootie de D. immitis ou D. repens en Europe D. immitis D. repens Durantl’évolutionchroniquedelamaladie,desphasescliniquesaiguëspeuventsurvenir:parexemple,aprèsunethrombo-emboliesévèreliéeàlamortnaturelledenombreusesfilairesdanslacirculation veineuse, les chiens peuvent présenter une dyspnée et une hémoptysie brutales engageant le pronostic vital. Chez les chiens de petite taille, le déplacement des filaires adultes des artères pulmonaires vers le cœur droit (à cause de l’hypertension pulmonaire et d’une soudaine chute de débit cardiaquedroit)estfréquent.Danscecas,leschiensatteintsprésententun«syndromecave».Les symptômeslesplusfréquentssontunedyspnée,unsoufflecardiaquetricuspideetunehémoglobinurie,liéeàunehémolyse«mécanique»danslescavitéscardiaquesdroites.L’issueesttrèssouvent fatale. D. immitis: infection chez le chat Lessignescliniquesobservéschezlechatsontdifférentsdeceuxobservéschezlechien.Laplupart deschatsneprésententaucunsignecliniquedurantunelonguepériodeaprèsl’infestation.Ceschats peuvent même guérir spontanément après la mort naturelle des parasites, sans jamais avoir exprimé lemoindresigneclinique.Àl’inverse,ilspeuventprésenterbrutalementunsyndromerespiratoire aigugraveavectoux,dyspnée,hémoptysieetparfoisvomissements.Lamortsubitedechatsjusquelà apparemment sains est possible. L’infestationchezlechatestcaractériséeparunfaiblenombredefilairesadultes(2à4),unepériode prépatentepluslonguequechezlechien,untauxfaibleetuneduréedesurvieréduitedesmicrofilairesdanslesangetuneduréedesurviedesversadultespluscourtequechezlechien(maximum 2 ans). 29 Infection avec D. repens Dirofilaria repensestlaprincipaleespèceimpliquéedanslescasdedirofilariosesous-cutanéedu chienetduchat.Danscertainscas,desnodulessous-cutanéscontenantdesversadultesoudesmicrofilairespeuventêtrevisiblesàlasurfaceducorpsdeshôtesinfestés,principalementauniveaudu tronc.Cesnodules«froids»nesontpasdouloureuxetnesontpasadhérents.Lesparasitespeuvent êtreobservésdansletissusous-cutané,danslesfasciaspérimusculaires,danslagraissepéri-rénaleou lacavitéabdominalelorsdechirurgies.Dansderarescas,lorsd’infestationsmassivesetchezdesanimauxsensibilisés,despustules,desulcérationsoudeslésionsévoquantlagalesarcoptiquepeuvent être associées à la présence de microfilaires dans la peau. Autres filaires chez le chien et le chat LesinfestationsàA. reconditum, A. dracunculoides et C. grassii sont la plupart du temps asymptomatiques. Rôle des bactéries Wolbachia, symbiotes des filaires Les bactéries gram négatives du genre Wolbachiaviventdefaçonsymbiotiquedansl’organismedes filaires;ellesjouentunrôleimportantdanslapathogénieetlaréactionimmunitaire. Les Wolbachia libérées par D. immitisinduisentlasynthèsedechémokinesetdecytokinespro-inflammatoires par les neutrophiles du chien. Les Wolbachiapeuventêtreéliminéesdesfilairesentraitantl’hôteinfestéavecdesantibiotiques.Un traitement à base de tétracyclines peut réduire radicalement (mais jamais complètement) le nombre de ces bactéries chez les filaires. La disparition des Wolbachiachezleurhôtesymbiotiqueentraîneun neteffetanti-inflammatoireavecinhibitiondudéveloppementlarvaireetactionsurlesversadultes, notammentunestérilitédesversfemelles. Ainsi,untraitementantibiotiquepeutêtrepréconiséenassociationdestraitementsanthelminthiques adulticides.Plusieursprotocolesefficacessontactuellementendéveloppement. Diagnostic chez le chien L’infestationparlesfilairespeutêtrediagnostiquéepardifférentesméthodesd’examendirectdu sang pour rechercher les microfilaires circulantes, ou par la recherche des antigènes des vers adultes. Plusieursméthodesdiagnostiquesdoiventengénéralêtremisesenœuvrepourdéterminerprécisément la gravité de la maladie et les possibilités de traitement (schéma 6). • Détection de microfilaires:Pourl’examenmicroscopiquedirectdusang,leséchantillonsde sangdoiventêtreexaminésaprèsconcentration(testdeKnottoufiltration).Uneplusgrande probabilité de retrouver des microfilaires existe lors d‘une prise de sang le soir. Chez plus de 30 % des chiens parasités par D. immitis, on ne retrouve pas de microfilaires circulantes alors qu’ilshébergentdesversadultes.Lasensibilitédel’examendirectn’estdoncpassuffisante pourécarterlapossibilitéd’uneinfestationencasderésultatnégatif. • 30 Mise en évidence des antigènes circulants des filaires femelles adultes: Les méthodes ELISAouparimmunodiffusionpermettantdedétecterlesantigènesdesfilairesadultessont hautementspécifiques.Cesméthodespermettentdedétecterlaprésencedefilairesfemelles adultesetpeuventdonneruneinformationquantaunombredeparasitesprésentschezl’hôte. Lesantigènessontdétectablesàl’issuedelapériodeprépatente(6à8moispost-infestation). Lasensibilitédecestestssérologiquesesttrèsélevée,maisdesrésultatsfaux-négatifssont Schéma 6: DiagnosticdeDirofilaria immitis et d‘autres filaires chez le chien Suspicion d‘une infection avec D. immitis Détection de macrofilaires de D. immitis (1er choix) Détection de microfilaires de D. immitis (2ème choix) Frottissanguin,oupréférablementtestdeKnottoufiltration négatif Test antigénes circulants positif Traitement (à la base des donnés del‘échocardiographie et de la radiologie) positif Différentiationdesmicrofilairesdans un laboratoire spécialisé négatif positif D. immitis positif D. repens Répéterl‘échocardiographie et la radiologieainsique test antigènes circulants aprés 6-8semaines Traitement (à la base des donnés del‘échocardiographie et de la radiologie inoffensif; recherche de nodulessouscutanés et éventuellement résection chirurgicale possiblesenpériodeprépatenteouencasd’infestationtrèsfaibleouencorelorsd’uneinfesta- tionuniquementpardesfilairesmâles. Lesméthodessérologiquesdedétectiondesanticorpssonttroppeuspécifiques,etn’ontdonc actuellementaucunevaleurdiagnostiquechezlechien. • échocardiographie:L’échocardiographiepermetlavisualisationdirectedescavitéscardiaques et des gros vaisseaux, et donc l’observation de parasites. La méthode peut permettre de préciserl’étatd’avancementdelamaladieetd’estimerlaquantitédefilaires. • Radiographie:Àunstadeavancédel’infestation,desradiographiesthoraciquespeuvent permettred’observerl’élargissementdesartèrespulmonairesouunaspectanormalduparenchymepulmonaire,ouencore,danslescassévères,unecardiomégaliedroite.Siuneinsuffisancecardiaqueestinstallée,lesépanchementspéritonéaletpleuralpeuventêtremisen évidence. La radiographie est intéressante pour évaluer la sévérité de la maladie. 31 Diagnostic chez le chat • Lamiseenévidencedesantigènescirculantsdesfilairesfemellesadultespeutapporterla preuved’uneinfestationchezlechat.Iln’estcependantpasrared’observerdesfaux-négatifs chezlechat,lapopulationdefilairesadultesinfestantl’animalétantengénéraltrèsfaibleou uniquementcomposéedefilairesmâles,ouencoreparcequelessymptômesobservéssont uniquementdusàlaprésencedesformesimmatures. • Ladétectiondesmicrofilairesdanslesangdeschatsinfestésestlaplupartdutempsimpossible. Traitement de la dirofilariose cardio-pulmonaire (D. immitis) chez le chien Lamélarsominedemeurelaseulemoléculeefficaceàl’encontredesadultesdeD. immitis. Élimination des filaires adultes Leprotocolestandardconsisteenl’administrationde2dosesde2,5mg/kgdemélarsomineà 24heuresd’intervalle,parinjectionintramusculaireprofonde,enrégionlombaire.Chezleschiens fortementinfestés,cetraitementdoitêtreplusprogressifafinderéduirelerisquedethromboembolie pulmonaire : après une injection initiale, le protocole standard (2 injections à 24 heures d’intervalle)estmisenœuvre30joursaprèslapremièreinjection.Ilaétémontréqu’uneinjection uniquedemélarsomineàladosede2,5mg/kgpermetd’éliminerenviron50%delapopulation parasitairetotale.AuxÉtats-Unislerecoursautraitementprogressif(unepremièreinjectionsuivie, unmoisplustard,d’untraitementadulticidecomplet)estmaintenantrecommandéquelquesoitle nombredefilairesetquellequesoitl’intensitédessignescliniqueschezlechien(AmericanHeartworm Society). Lerisquedecomplicationspeutêtrelimitéenréduisantl’activitéphysiquedel’animal. L’administrationd’héparineetdefortesdosedeglucocorticoïde(prednisolone:2mg/kg/j,pendant 4-5jours)permetégalementderéduirelessignescliniquesassociésàlathrombo-embolie. Uneinterventionchirurgicalepeutêtreutilelorsquedenombreusesfilairesontatteintlescavitésdu cœur droit et sont à l’origine de l’apparition brutale d’un « syndrome de la veine cave ». La chirurgie est réalisée sous anesthésie générale, à l’aide d’une pince flexible introduite par la veine jugulaire souscontrôlefibroscopique.Cettevoiepermetunaccèsverslescavitéscardiaquesdroitesmais également vers les artères pulmonaires principales. Unreposdedécrochagependantaumoins2-4semainesestindiquépourtousleschienssous traitement. Élimination des microfilaires Ilestrecommandédemettreenplaceuntraitementcontredesmicrofilairesauplustôtunmois aprèsletraitementadulticidecomplet.Leslactonesmacrocycliquessontactivescontredesmicrofilaires.Aveclesfaiblesdosesutiliséesdanslecadredelaprophylaxie,l’éliminationdesmicrofilaires estpossiblemaissefaitsurunetrèslonguepériode(9à12mois). Traitement de la dirofilariose D. immitis chez le chat Letraitementadulticiden’estpasrecommandéchezlechatdufaitd’unrisquetropélevéde thrombo-embolieetdemortbrutaledurantlapériodepost-traitement. 32 Siuntraitementestquand-mêmeenvisagé,untraitementàdosesdégressivesdeprednisolonedoit êtreutiliséchezlechatpouréviterunedétresserespiratoire,ladoseinitialeétantde2mg/kg,une foisparjour. Traitement de l’infestation par D. repens Aucuntraitementefficacen’aétédécrit.Lesnodulescontenantdesfilairespeuventêtreretiréschirurgicalement. En cas de lésions inflammatoires résultant d’une sensibilisation, un traitement à base de doxycycline peut être envisagé pour réduire les réactions inflammatoires associées aux bactéries Wolbachia. Prévention Prévention des dirofilarioses chez les chiens et chats qui voyagent Letraitementpréventifdevracommencerdanslemoisquisuitl’arrivéedel’animalenzone d’enzootieetêtrepoursuivimensuellement.Letraitementpréventifindiquéestletraitementlarvicide àbasedelactonesmacrocycliques(voirci-dessous).Pourlesanimauxséjournantmoinsd’unmoisen zoned’enzootie,unseultraitement,engénéraljusteaprèsleretouràlamaison,estsuffisant. Prévention des dirofilarioses chez les chiens et chats dans les zones d’enzootie L’administrationmensuelled’unelactonemacrocycliquedurantlasaisonàrisque,permetd’éliminer les larves de D. immitis,quisesontdéveloppéesdansles30joursprécédents,empêchantainsi l’apparition de la maladie causée par les nématodes adultes. Dansleszonesd’enzootie,ilestconseillédetestertousleschiensaudébutdechaquesaisonà risque,danslebutd’identifierlesanimauxinfestéspardesfilairesadultes,suiteàunéchecdes mesures de prévention de la saison passée. Avantdemettreenplaceuntraitementprophylactique,destestsdedétectiondesantigènesde filaires adultes et d’observation des microfilaires de D. immitis ou de D. repensdoiventêtreeffectués. Ilexiste,parailleurs,destraitementsinsecticidespermettantdelimiterlenombredepiqûresde moustiquesvecteurs.Cestraitementsnesontengénéralpassuffisantspourprévenirlatransmission des filaires. Santé publique En Europe, D. repensestleprincipalagentdesinfestationshumainesparlesfilaires.Danslaplupart descas,l’infestationdemeureasymptomatiqueetnenécessitedoncpasdetraitement;lediagnostic est souvent établi après le retrait chirurgical d’un nodule contenant des filaires adultes. L’infestationdel’Hommepar D. immitisestpossiblemaisplusrare.Ellesetraduitclassiquementpar laformationdenodulespulmonairesisolés. 33 2.3. LES AGENTS PATHOGÈNES TRANSMIS PAR LES PUCES 2.3.1. La bartonellose Agents et vecteurs L’espèce la plus importante dans le cadre de ces recommandations est la bactérie Bartonella henselae,connuecommel‘agentcausantlamaladiedesgriffesduchat(CatScratchDisease,CSD) de l‘homme. Les chats sont le principal réservoir, entre autres pour B. henselae et B. clarridgeiae. Les vecteurs pour de nombreuses espèces de Bartonella, comme B. henselae, sont les puces, en particulier le puce du chat, Ctenocephalides felis felis. Bartonella spp. ont aussi été trouvés dans d‘autres arthropodes hématophagescommelestiquesetlesmouches,maisdontlerôledanslatransmissionn‘estpasclair à ce jour. Danslagrandemajoritédespersonnesatteintesdelamaladiedesgriffesduchat,delapéliose bacillaire ou de l‘angiomatose bacillaire, B. henselae et B. quintana ont été détectés comme agents infectieux.Surlabasedetestssérologiques,B. clarridgeiae a été suspectée comme agent causal d’unemaladieressemblantfortementcelledelamaladiedesgriffesduchat. Biologie et modes de transmission Les Bartonella sontdesbactérieshémotrophe,facultativementintracellulairesdanslesglobules rouges et les cellules endothéliales. Chez le chat, le pathogène a été détecté dans le sang et dans les griffesetdeséchantillonsdesalive.Lemodedetransmissionexactede B. henselae n‘est pas encore précisémentélucidé.Crucialpourl‘infectionestlecontactaveclespucesetleursexcréments.Dans lesfècesdepucesinfectées,l‘agentpathogènepeutsurvivreetrestercontagieuxjusqu‘àneufjours. Pouruneinfectionhumaine,desblessuressuiteàdesgriffesoudesmorsuresdechatsjouentun rôledécisif.Uneautrevoiedetransmission(iatrogène)pourraitêtrepartransfusionsanguine. Répartition géographique en Europe L‘agent pathogène B. henselaeainsiquesonvecteurprincipalC. felis felis sont distribués dans le mondeentier.Laprobabilitélaplusélevéed’uneinfectionà Bartonella est chez les chats de moins dedeuxans,chezleschatserrantsainsiquechezlesménagesàplusieureschats.Lafréquencede détection de Bartonella varie selon les populations de chats et dépend de la méthode diagnostic utilisée. Signes cliniques chez le chien LaplupartdesinfectionsàBartonellaspp.chezleschatssontasymptomatiques.Généralement,une bactériémiesedévelopeuneàtroissemainesaprèsl‘infectionetpersisteàniveauchroniquejusqu‘à 21mois.Lessignescliniques,eux,nesedéveloppentnormalementquechezleschatsimmunodéprimés:fièvre,lymphadénopathie,gingivite,uvéiteetendocardite;uneanémietransitoireetune éosinophilie persistante ont aussi été décrits. Un rapport avec les maladies de l‘appareil urinaire ainsi qu’avecuneréductiondelaperformancedereproductionaégalementétédémontré. 34 Diagnostic Procédure de diagnostic recommandée: 1)Présencedesignescliniquespouvantêtreassociésàunbartonellose. 2)Exclusiond’autrescausesenrelationavecl‘imagecliniqueactuelle. 3) Tests de laboratoire: a)Hémocultureentantqueteststandardpourlabartonellose.Alternativement,détectionde l‘ADNde Bartonelladanslesang,lestissus,leliquidecéphalorachidienoul‘humeuraqueuse parPCR. b)Sérologiepositiveenviron10joursàdeuxsemainesaprèsl’infection.Unrésultatsérologique positifsindiqueseulementquelechatadéjàétéencontactavecBartonellaspp.Undiagnostic sérologiquenepeutdoncqu’êtreàlabased‘uneétuderépétée(sérumsappariés). 4. Traitement de diagnostic par rapport à Bartonellaspp.avecunantibiotiqueefficace.Cepen- dant,cesantibiotiquesàlargespectrepeuventégalementagirsurd’autresagentsinfectieux, ainsi, le diagnostic de la bartonellose n’est pas toujours évident. Traitement Unethérapieaveclesmédicamentsactuellementdisponiblesréduituniquementlabactériémie,mais n’arrivepasàcomplètementéliminerl‘agentpathogène.Letraitementn’estdoncrecommandéque pourleschatsquiprésententdessymptômescliniqueset/ouquiontuncontactaveclespersonnes immunodéprimées. Mesuresthérapeutiquespossibles: •amoxicilline-acideclavulanique22mg/kgp.o.toutesles12heurespendant7jours •doxycyclineàladosede10mg/kgtoutesles12ou24heurespendant2-4semaines •enrofloxacineàladosede5mg/kg1xparjourpendant2-4semaines. Sil’animalréagiàlathérapie,celle-cidevraitêtrepoursuivieaumoinspendant28joursouprolongée pendant2semainesaprèsladisparitiondessymptômes. Silechatcontinuedemontrerdessignescliniquesaprès7jours: •azithromycine10mg/kgp.o.1xparjourpendant10jours Danscecaségalement,letraitementdoitêtrepoursuivijusqu‘àdeuxsemainesaprèsladisparition dessymptômes. Prévention Lesmesuresprimairespourlapréventiondel‘infectionàBartonella spp. sont: - protectionefficacecontrelespuces - traitementdetouslesanimauxinfestéspardespucesetbonnehygiènechezcesanimaux traitésafindeminimiserlacontaminationdel’animaletsonenvironnementaveclesexcré- ments de puces (voir recommandation ESCCAP no. 3: La lutte contre les ectoparasites chez les chiens et les chats). 35 Danslesménagesavecdespersonnesimmunodéprimées,desprécautionsparticulièresdoiventêtre respectées: • N’acquérirquedesnouveauxchatsâgésdeplusd’uneannée,libresdepucesainsiquenégatifs pour Bartonella dans un test de laboratoire. • Leschatsdevraientalorsêtrecontenusdanslamaisonouavecaccèscontrôléàl’extérieur. • Evitertouteblessureduesàdesgriffagesouàdesmorsuresdechats.Sicelles-ciseproduisent, ellesdoiventêtreimmédiatementlavéesetsoigneusementdésinfectées. Santé publique Latransmissionàl‘hommesefaitparcontactavecdeschatsinfectésmaisnon-symptomatiques(par griffuresoumorsures).Unetransmissionàlabased’excrémentsdepucesquientrentencontactavec des lésions cutanées est possible. L‘infectionparB. henselae chez l‘homme ne mène pas toujours à la maladie. Si la maladie se développe,celle-cisemanifestedifféremmentchezlespersonnesimmunocompétentesquechezles immunodéprimées: - Chezlesimmunocompétents,onretrouvenormalementlaformeclassiquedelamaladiedes griffesduchat(maladiedesgriffesduchat,CDD)avecdespustulessurlesitedel‘infection, lymphadénopathierégionale,laformationd‘abcès,etpeut-êtredelafièvre.Laplupartdescas desimpleCDDsontspontanémentrésolutifs,maispeuventdurerjusqu‘àunecicatrisation complètequipeutdurerdesmois.Cesformesneréagissentquefaiblementoupasdutoutàla thérapie antimicrobienne. - Chezlespersonnesimmunodéprimées,ilyabeaucoupplusdecomplications,commeune péliosebacillaire,uneangiomatosebacillaire,uneendocardite,etdesencéphalopathiespeu- ventsedévelopper.Danscescas,untraitementanti-microbienestefficaceetindiqué. 2.4. LES AGENTS PATHOGÈNES VIRAUX TRANSMIS PAR DES VECTEURS CesinfectionsnesontpaspertinentesdanslecabinetvétérinaireenSuisse,maisunaperçuest présenté dans le Tableau 6a, b et c. Tableau 6a :VirusàtransmissionvectoriellechezleschiensetleschatsenEurope Infection Agent causatif hôte(s) vecteur(s) Encéphalite européenneàtiques (TBE) VirusTBE (flavivirus) Chiens,humains,chevaux;réservoirs: rongeurs,oiseaux,renards,ruminants; pas chez les chats Ixodes ricinus Louping-ill VirusLouping-ill1 (flavivirus) Maladie naturelle, en particulier chez les Ixodes ricinus (éventuelleovinsetfoulques;occasionnellementchez ment d‘autres moyens de les chiens 2, humains, chevaux, porcs, transmission) bovins,chèvres,cerfsdansdesenclos; pas chez les chats. VirusduNil occidental VirusWestNile (VWN)3 (flavivirus) Chevaux, humains, chiens et chats 4; réservoir: oiseaux Culex spp. et d‘autres Moustiques(VWNaaussi étéisoléchezdestiques) Etroitementapparentéauvirusdel‘encéphaliteàtiques Leplusfréquentchezdeschiensdebergerouchiensdechassependantleur„travail“ 3 Appartient au complexe de l’encéphalite japonaise 4 VWNaétéassociéavecdesmaladiessporadiquesdansquelques‚autresespèces,ycomprischiensetchats,pendant les périodes de circulation intense du virus 1 2 36 Tableau 6b : Répartitiondelatransmissionvectorielledesinfectionsviraleschezleschiensetles chats en Europe Infection Pays avec des cas signalés Encéphalite européenne à tiques(TBE) Suède,Norvège,Suisse,Autriche,Allemagne,RépubliqueTchèque,ItalieduNord, EstdelaFrance,Grèce Louping-ill Royaume-Uni,Irlande¹ VirusduNiloccidental Jusqu‘àprésent,aucunrapportdecascliniqueschezleschiensetleschatsen Europe. Au cours des deux dernières décennies, des vagues d‘épidémies ont été rapportéeschezd‘autresespècesdansdifférentspayseuropéens². Europejusqu‘en1999:http://www.cdc.gov(Volume5No.5EmergingInfectious Diseases,publiéSeptembre-Octobre1999) ¹Unvirusquiprovenaitprobablementd‘unisolatdeLouping-Illbritanniqueacausédesmaladieschezlebétailet leshumainsenNorvège.Desvirusdifférents,maisétroitementliésontégalementétédétectéschezdesovinsoude caprinsmaladesdansd‘autrespayseuropéenscommel‘Espagne,laTurquie,laGrèceetlaBulgarie. ²Roumanie(humains,1996-97),Républiquetchèque(humains,1997),Italie(chevaux,1998),France(chevaux,1962, 2000, 2006), Portugal (chevaux, 2010) Tableau 6c : Lesmanifestationscliniquesdesinfectionsviralestransmisespardesvecteurschez les chiens Infection Aspect clinique Encéphalite européenne àtiques Suraiguëmortelle(3à7jours),aiguë(1à3semaines),chronique-asymptomatique (mois)¹;lesRottweilerssontapparemmentsurreprésentésdanslescasdeTBErapportés. Fièvre²,léthargie,dépression,anorexie,possiblementencéphalitegraves:signesneurologiquesmultifocaux,ycompriscrisesmyocloniques,paralysie,engourdissement,hyperesthésie,déficitsdesnerfscrâniensetréductiondesréflexesspinaux. Louping-ill Encéphalomyéliteviraleaiguë,maispeutégalementêtreasymptomatique¹, Tremblements musculaires, spasmes, ataxie, fièvre, dépression, paralysie. Le virus Louping-IlIestprincipalementassociéàdesmaladieschezlesovins,bovinsoudeshumains, lamaladieaégalementétésignaléechezdeschevauxdansleszonesLIV. Desinfectionschezlesanimauxdomestiquesonsurtoutétésignaléesparmislesîles britanniques,maisonpeuts‘yattendreaussidansd‘autrespaysendémiquesI. ricinus. VirusduNiloccidental Lamaladiecliniquechezleschiensesttrèsrare(seulementcinqcassignalésauxÉtatsUnisetenAfrique).Fièvre,léthargie,anorexie,dessignesneurologiquesprogressifs,y compris démarche raide, ataxie, paralysie, tremblements, troubles du comportement et troublesderéflexproprioceptif. ¹L‘infectionparlesflavivirusetlaséroconversionsansinfectionapparentesontfréquentes. ²Chezlechien,ledéveloppementendeuxphases,commeilaétédécritchezl‘homme,n‘existepas. 37 Annexe: Contexte de l’ESCCAP L’ESCCAP (European Scientific Counsel Companion Animal Parasites) est une association indépendantedevétérinairesparasitologues,dontl’objectifestdeformulerdesrecommandationspourla lutte contre les parasites chez les animaux de compagnie. Ces recommandations sont destinées à préserverlasantédeschiensetdeschats,protégerlespersonnesdeszoonoses(maladiesinfectieusestransmissiblesdel’animalàl’Homme)etainsiaméliorerlacohabitationanimaleethumaine. Àlongterme,l’ESCCAPapourobjectifderéduirel’importancedesparasites,pourlespetits animauxetl’Homme,enEurope. Les parasites présents en Europe sont nombreux et leur importance variable. Les recommandationsESCCAPeuropéennestiennentcomptedesdifférentessituationsrégionalesetnationaleset lesabordentdemanièreglobale.Làoùcelas’avèrenécessaire,ellesmettentenévidencecesdifférences régionales importantes et proposent des recommandations nationales adaptées. ESCCAPconstatequedanslaluttecontrelesparasites: • Lespropriétairesassumentlaresponsabilitédeprendredesmesuresefficacespourprotéger leursanimauxdomestiquescontreuneinfestationparasitaire.Lesvétérinairesetleurperson nelontpourtâched’assisterlespropriétairespartouslesmoyens. • Lesvoyagesàl‘étrangeravecdeschiensetdeschats,toutcommeleurimportation,aug- mententlerisqued‘introductiondeparasitoses.Lesvétérinairesetlespropriétairesassument cetteresponsabilitéetdoiventprotégerlesanimauxdecesrisquesainsiquedeleursconsé quences. • Lespropriétairesd’animaux,lesvétérinairesetlesmédecinsdoiventcollaborer,afindeveiller àcequelespersonnessoientprotégéescontrelesparasitesetleursconséquencessurla santé. • Lesvétérinairesetleurpersonnelontledevoird’informerlespropriétairessurlesparasites etleursrisques,ainsiquesurlesmesuresthérapeutiquesetpréventives.Ilsdoiventégale mentencouragerlespropriétairesàassumerlaresponsabilitéqu’ilsportent,surleursani- maux et leur entourage. • Lesvétérinairesontledevoird’identifieruneinfestationchezleschiensetleschats,pardes moyensappropriés,afindeprendre,lecaséchéant,desmesuresprotectricesefficacespour l’Hommeetl’animal. Les deux versions sont disponibles sous www.esccap.org et www.esccap.ch. Clausedenon-responsabilité: Lesdonnéesdecesrecommandationssontfondéessurl‘expérienceetlesconnaissancesdesauteurs.Ellesontétésoigneusementcontrôléesdansleurexactitude.Lesauteursetl‘éditeurdéclinentcependanttouteresponsabilitéquantauxconséquencesduesàunemauvaiseinterprétation decesinformationsetnefournissentenaucuncasdegarantie.ESCCAPattireparticulièrement l’attentionsurlefaitqueleslégislationsnationalesetlocalesdoiventtoujoursêtrerespectées,lors de la mise en place de ces recommandations. 38 Lestravauxdel´ESCCAPsontàbutnonlucratifetconduitsgrâceàdesparrainages. Nousadressonsnospluschaleureuxremerciementsà: 39 La lutte contre les agents pathogènes vectorisés chez le chien et le chat Adaptation du Guide de recommandations ESCCAP no. 5 pour la Suisse, février 2013 éditeur: ESCCAP Europe Malvern Hills Science Park, Malvern Worcesterhire, WR14 3Sz, united Kingdom Traduction et adaptation suisse de la version originale anglaise du Guide ESCCAP no 5: Control of Vector-borne Diseases in Dogs and Cats, avec l’aimable permission d’ESCCAP. Contact ESCCAP Suisse: fp-consulting Ausstellungsstrasse 36 CH-8005 zürich Tél: +41 44 271 06 00 fax: +41 44 271 02 71 E-Mail: [email protected] Web: www.esccap.ch En coopération avec 40 ESCCAP Company no: 5821601 Registered in England and Wales Registered office: Granta Lodge, 71 Graham Road, Malvern, Worcestershire, WR14 2JS, united Kingdom