janvier 2006 - Guts Of Darkness
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Guts Of Darkness Les archives du sombre et de l'expérimental janvier 2006 Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com © 2000 - 2008 Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/143 Les chroniques Page 3/143 DEBUSSY (1862-1918) (Claude) : Préludes I et II / Images I et II / Children's corner Chronique réalisée par Trimalcion Claude Debussy est l'homme qui a inventé le piano moderne. Liberté rythmique et mélodique absolue, harmonies nouvelles et envoûtantes, paysages musicaux en forme d'impressions indicibles et bouleversantes... Bien sûr, ces caractéristiques ne sont pas propres à sa musique pour piano, elles existent aussi dans sa musique de chambre et ses pièces pour orchestre. Pourtant, à titre personnel, je n'ai jamais ressenti cette magie d'une manière aussi intense qu'ici : peut-être parce que l'instrument soliste est propice à la recherche d'une plus grande intimité, peut-être à cause du timbre du piano, dont la richesse est exploitée avec un raffinement ensorcelant. Peut-être aussi parce que dans beaucoup de ces pièces, composées pour être jouées non pas en salle de concert, mais "entre quat'z yeux", on a tout le loisirs de se laisser aller à la mélancolie la plus introspective et la plus profonde. Peut-être... Cette musique est plus que du "piano moderne", qui recueille en même temps l'héritage d'un Chopin et d'un Satie, pour s'élever vers des sommets tellements plus hauts que la neige et le brouillard les rendent inaccessibles ; elle est plus qu'une musique qui a à un point tel révolutionné l'instrument qu'on en entend parfaitement les échos chez les jazzmen d'aujourd'hui (Bill Evans, Keith Jarrett, Brad Mehldau...) aussi bien que chez un Mompou ou un Ligeti ; elle est plus que cette fameuse musique "impressionniste" qui trouve ses correspondances évidentes chez les peintres de l'époque (le génie de Debussy a d'ailleurs été reconnu plus tôt par eux que par ses collègues musiciens) ; oui, elle est plus que tout cela... Elle constitue une expérience exaltante à vivre pour elle-même. Bien entendu, dans ce répertoire plus encore que dans n'importe quel autre, les mots ont peu de poids pour évoquer la musique : trouble des contours, allusions descriptives fugaces, jeux de frictions de timbres et d'harmonies, envols des mélodies, rythmes insaisissables... et surtout, surtout, l'émotion, la nostalgie poignante qui au détour d'une phrase vous enserre le coeur, la confusion des sentiments que l'on remarque tout d'abord à peine, mais qui vous fait frissonner ou vous met au bord des larmes lorsqu'elle se fait entendre au moment propice, crépuscule, pensée de l'absence d'un être cher... Ainsi le recueil des "Images" va-t-il bien au-delà de la simple évocation sous-entendue par le titre de chacune des pièces : "Reflets dans l'eau", "Cloches à travers les feuilles"... c'est une tristesse douce-amère qui en émane, aussi bien que le regret d'une enfance perdue, mais sans l'urgence ou l'inquiétude : la souplesse du discours et la beauté de ses circonvolutions sont telles que la guérison vient en même temps que la blessure. Même chose pour "Children's corner" : description du monde de l'enfance, bien sûr, mais d'un monde idéalisé, où la palette des couleurs et des sensations est infiniment plus vaste que celle du monde adulte : "le vert paradis des amours enfantines" décrit par Baudelaire, exactement : "Doctor Gradus ad Parnassum", "The snow is dancing"... le souvenir de ces instants à lui seul suffit à me coller des frissons. Et il en va de même pour les Préludes : les notes plongent dans d'obscures abysses ou s'envolent en myriades d'hirondelles, retentissent comme un celesta divin ou s'enroulent frénétiquement sur elles-mêmes dans un mouvement spiralé... l'abstraction du geste ne nuit jamais à l'éclat infini de ces nymphéas musicaux : "Voiles", "Des pas sur la neige", "Ce qu'a vu le vent d'ouest"... Et les accords solennels de "La cathédrale engloutie" dont les échos sont répercutés à l'infini dans des eaux si calmes... Je vous envie vraiment si vous ne connaissez pas encore ces pièces ; il vous reste à vivre la formidable et extatique expérience de leur découverte. Si je ne devais garder que trois disques de musique classique pour m'embarquer sur cette fabuleuse "île déserte" (l'Isle joyeuse ?), celui-ci ferait assurément parti Page 4/143 du lot. Note : 6/6 Page 5/143 ROTA (1911-1979) (Nino) : Music for film Chronique réalisée par Trimalcion La musique "sérieuse" de Nino Rota, qui comporte tout de même quelque cent cinquante numéros d'opus, est peu connue et jouée, hormis dans son Italie natale. Il en va tout autrement de sa musique de film, qui a, par la force du medium cinématographique, fait le tour du monde, et dont les thèmes les plus célèbres restent gravés dans la mémoire collective. Compositions de facture très classique, utilisant des motifs récurrents, déployant une large orchestration néo-romantisante selon les canons très souvent en vigueur au cinéma, hélas (hélas pour les audaces que les compositeurs pourraient s'y permettre), les oeuvres de Nino Rota se distinguent par la nostalgie poignante et douloureuse qu'elles véhiculent toujours au plus fort de leur développement, ainsi que par leur lyrisme parfois un peu grandiloquent, avec une verve mélodique dignement héritée de la tradition italienne. Il n'y a pas de meilleure illustration à tout cela que la célèbrissime musique de la non moins célèbre saga du Parrain, de Francis Ford Coppola : la valse triste, annonciatrice d'événements funestes, la fameuse musique de la scène d'amour, le thème de l'émigré et celui du générique de fin (Le Parrain II), moins connus mais qui n'en sont pas moins bouleversants de grandeur lyrique pour évoquer le terrible arrachement au pays natal. Ce disque s'attarde ensuite longuement sur la fructueuse collaboration entre Nino Rota et l'immense Federico Fellini : on y ré-entend la musique de parade rocambolesque de la séquence finale de "8 1/2", qui recèle, elle aussi, sous le feu d'artifice de son thème principal, des trésors de tristesse et de nostalgie, de même que le thème de trompette de "La dolce vita". Plus étonnante est la présence de la musique de "Prova d'Orchestra", film beaucoup moins connu de Fellini, où la musique occupe pourtant une place centrale, puisqu'il s'agit du récit d'une répétition d'orchestre - la partition préparée par Nino Rota réserve de bons moments, de la "malinconiche" enjouée qui ouvre le bal jusqu'au furieux galop. Enfin, l'accent est mis sur le travail avec un autre très grand metteur en scène italien, Luchino Visconti, dont on sait qu'il aimait à utiliser dans ses films (et de quelle manière !) un répertoire romantique crépusculaire et déchirant (adagio de la septième symphonie de Bruckner dans "Senso", adagietto de la cinquième de Mahler dans "Mort à Venise", une révélation pour beaucoup de mélomanes à l'époque, mais il faut dire que le film de Visconti est aussi en soi un chef-d'oeuvre absolu). Il demanda donc à Nino Rota de se montrer digne de tels maîtres (mission impossible) pour la bande-son de "Rocco et ses frères" et du "Guépard". Dans "Rocco...", l'introduction, ouvertement tendue et dramatique, laisse place à une de ces mélodies qui semblent directement issues du folklore italien ; là encore, Nino Rota peut librement décliner l'appel du pays, de même que dans "Terra lontana" (qui présente de troublantes similitudes avec un thème du "Parrain"), et dans un final très pathétique. La musique du "Guépard", longue suite symphonique, m'intéresse moins, sans doute parce qu'elle se rapproche trop des canons de la musique classique qu'elle veut imiter et d'une boursoufflure néo-romantique rappelant Hollywood. Un disque très agréable au demeurant, et sans doute la meilleure des compilations possibles pour découvrir la musique de film de Nino Rota, grâce à une interprétation et une qualité sonore qui surpassent celles des versions originales. Note : 4/6 Page 6/143 DORMOY (Yves) : J'ai longtemps détesté les villes Chronique réalisée par Trimalcion Continuons notre exploration du stimulant label de Radio-France "Signature", avec ces compositions du saxophoniste de jazz contemporain Yves Dormoy, surtout connu pour sa fructueuse collaboration avec Rodolphe Burger. Une chronique à la fois aisée et délicate : aisée parce que cette musique possède un caractère si singulier qu'il ne faut pas essayer de donner des points de comparaison sous peine d'induire le lecteur en erreur ; et délicate... pour la même raison : comment décrire ces objets musicaux qui semblent aller de soi mais qui ne ressemblent à rien de connu ? La tapisserie rythmique patiemment tissée tout au long de chaque titre est tantôt faite de percussions électroniques, de beats electro ("J'ai longtemps détesté les villes", "D'une culture aussi", "Un instant d'inattention"...), tantôt d'échantillons sonores dont le mystère de la provenance n'a d'égal que la captivation qu'ils suscitent (grésillements et drones d'"Avec les extrémités", "D'immenses escaliers", sorte d'OVNI electro-jazzy expérimental survolant les rues d'une grande ville indienne, ou américaine, on ne sait pas très bien), tantôt d'instruments orientaux tels que le tabla, le zarb, le oud ou d'autres instruments plus exotiques encore dont je serais bien incapable de donner le nom ("Duende", "L'ombre tragique des ormes"...), et le plus souvent de tout cela à la fois (fascinantes "Ondes", "Nuit de rêves"...). Le vibraphone, les ensembles complets de bois entendus simultanément grâce au re-recording, installent parfois une ambiance nocturne, immédiatement tempérée par des ritournelles électroniques au caractère ludique ("L'ingénieur", le merveilleux "Velvette"). Sur cette trame riche et en perpétuelle mutation, Yves Dormoy greffe ses motifs au saxophone ou à la clarinette, de manière totalement imprévisible, alternant sauvagerie et retenue, mélodies consonnantes voire catchy et free jazz débridé, tout en veillant malgré tout à la cohérence du discours. L'atmosphère qui en résulte ? Une exploration de paysages exotiques, de steppes arides ou de sommets montagneux, dont une vision excentrique mais parfaitement claire nous est donnée. Il n'y a en effet rien de psychédélique ici : le contrepoint, la polyphonie, la distinction des voix... tout est transparent et lumineux. C'est simplement l'étrangeté des couplages qui surprend constamment, et parvient toujours à séduire. Ce caractère bizarroïde et hors-champs pourrait tout aussi bien être illustré par le fait que ces musiques furent composées pour les dramatiques de France-Culture (dimanche après-midi, 14 heures, pour ceux que ça intéresse). Une sorte d'illustration ethno-musicologique ludique et décalée, de parade de cirque savante, de musique de film déconstruite, de jazz expérimental vivifié par une approche éloignée de toute sévérité et de toute routine. Chaudement recommandé. Note : 5/6 Page 7/143 DEAD OR ALIVE : Youthquake Chronique réalisée par Twilight Après des débuts plus que confidentiels, c'est en 1985 que Dead or Alive éclate au grand jour avec un hit colossal moult fois repris et dont l'original continue de faire un malheur sur tous les bons dancefloors dark: 'You spin me round'. Etrange parcours d'ailleurs pour ce groupe vaguement gothique et hype à la fois qui décide soudain d'injecter une bonne dose de new wave dansante dans ses compositions, à commencer par le choix des producteurs, Stock, Aitken et Waterman coupables des pires daubes commerciales des 80's (Jason Donovan, Rick Astley, Kylie Minogue...). Un tel choix laisse d'ailleurs des traces sur deux ou trois chansons, à commencer par l'infect 'D.J hit that button' avec ses insupportables cuivres disco, ainsi que 'Big daddy of the rythm' et 'Cake and eat it' (les choeurs y sont écoeurants) proprement designés comme des tubes. Mais ce ne sont pas eux qui sont intéressants dans 'Youthquake', c'est plutôt cette new wave électronique dans une veine très New Order/OMD emmenée par la voix profonde du charismatique Pete Burns, androgyne gothico-glam (qui après moult chirurgie finira avec le visage de Lolo Ferrari): rythmique synthétique hâchée, nappes de clavier, mélodies directes mais efficaces (il faut dire que le but de Dead or Alive n'est pas de révolutionner la philosophie, vu le niveau très bas des textes mais bien de faire bouger)...Même à ce niveau, ce sont les pièces les moins connues (exception faite de 'You spin round') qui se dégagent à mon avis le plus des autres. Je citerais une face B, le bon 'In too deep' au feeling un brin plus mélancolique et surtout l'excellent 'It's been a long time', le plus riche de l'album. Moins calibré dancefloor, ses orchestrations se rapprochent davantage de formations comme les Bollock Brothers et ses très belles mélodies lui confèrent une touche triste complétée par le timbre de Pete Burns pour le côté grave, presque goth. Les autres morceaux comme 'I wanna be a toy' ou ' Lover come back to me' sont plaisants mais moins marquants car assez proches dans l'écriture de 'You spin me round'. Alors, certes non, 'Youthquake' n'est pas un chef-d'oeuvre (sans le chant, d'ailleurs, aurait-il eu le même impact ?) mais reste malgré tout un classique incontournable du meilleur aspect d'une new wave 'dancefloor' électronique typique des 80's. Note : 4/6 Page 8/143 ARTICA : Ombra e luce Chronique réalisée par Twilight Ca y est, encore un groupe de goth italien, sûr que l'ami Twilight va lui coller une bonne note...Ben oui, je ne puis m'en empêcher, pas ma faute si ce pays regorge à ce point de groupes cultes. A ce jeu, Artica s'en sortent vraiment très bien avec cette touche que l'on retrouve chez leurs compatriotes de Bohemien quelques années plus tôt, soit un parfait croisement d'éléments cold wave (la basse surtout) et de gothic rock tirant presque du côté du deathrock au niveau des guitares ('Honiria'). Il y a quelque chose de profondément triste et déséspéré chez Artica; est-ce dû au chant ? Probablement, mais il y a également quelque chose dans le son, même sur les titres les plus pêchus. Ce sentiment de spleen est décliné de diverses manières, le chant féminin sur 'Lorelei', les claviers de 'Honiria' quand ce n'est pas carrément toute la mélodie (les excellents 'Leila (nell'Ade') ou 'Dahlia'). Parfois pourtant, le désespoir se fait colère ('Sarajevo', 'Indomita'). Je parlais du chant, il sait être triste sans être plaintif, c'est quelque chose de différent, une forme d'appel résigné. Cette réédition est une aubaine car outre le travail incomplet de distribution de leur premier label qui l'avait rendu difficile à trouver, elle propose un inédit ('7 anni') tiré d'une k7 démo de 1994. Encore un de ces petits chefs-d'oeuvre discret fort peu commenté dans les cercles gothiques. Note : 6/6 Page 9/143 MASTODON : Lifesblood Chronique réalisée par Chris 2001. Premier EP des américains Mastodon (dont le line up comporte plusieurs membres du groupe Today Is The Day), ce "Lifesblood" se situe dans une veine métal brutal très énergique croisé avec pas mal d'influences hardcore, voire stoner. Bref du bon gros metal qui avoine sec : batteur déchainé et hyper-technique, guitares incisives et grassouillettes à souhait, chant ocsillant entre cris gutturaux limite death et déchirements des cordes vocales plus typés hardcore. Comme on l'a déjà vu 100 fois, quelques samples tirés de films agrémentent les intros des morceaux un peu à la manière du "EDC" de Satchel. En 16 minutes et 5 morceaux le groupe démontre un certain talent en matière d'agressivité sonore mais aussi une faculté de jouer sur plusieurs registres glissant quelques passages mid-tempo plus mélodiques au hasard de la tempête. Pour autant, "Lifesblood" se révèle assez inégal et du coup au final on reste sur une impression plutôt mitigée. Un coup d'essai honnête, mais sans plus. Note : 3/6 Page 10/143 LYDIA LUNCH & ROWLAND S. HOWARD : Shotgun Wedding Chronique réalisée par Estëe 1991 compta pas moins de quatre sorties musicales pour Lydia Lunch. Parmi celles-ci, "Shotgun Wedding". La reine de la "no-wave" a travaillé cette fois-ci avec Rowland S. Howard (The Birthday Party) sur un album rock, un des plus rock auxquels elle ait contribué, avec ses collaborations avec Sonic Youth. Les compos de Howard sont brutes, écorchées et teintées de spleen. Elles s'inspirent tant du post-punk (l'excellent "Black Juju", post-punk mais pourtant reprise d'Alice Cooper) que du rock des années 70 ("Burning Skulls") et 90 ("Solar Hex"). Un tantinet psychédélique ("In time of dying", reprise de Led Zeppelin), elles laissent derrières elles une atmosphère fièvreuse, alimentée par les mots non moins fièvreux de Lydia Lunch. Sa voix écorchée-vive, mi-spoken-words, mi-chant, hypnotise et séduit. Elle dévoile une femme vénéneuse et énigmatique. Elle capte l'atmosphère qui l'entoure et y apporte sa touche si particulière. Elle séduit pour mieux vous assener un coup de couteau dans le dos ensuite. "Shotgun Wedding" est un album séduisant, terrifiant, et addictif. Le parfait reflet de Lydia Lunch. Note : 5/6 Page 11/143 ARTICA : Natura Chronique réalisée par Twilight Non contents de nous avoir livré un premier chef-d'oeuvre, les Artica décident de remettre ça aussi sec sur un second opus. Le ton s'est durci, les influences cold wave sont restées passablement en arrière (exception faite de 'Boemia') et le groupe s'est surtout immergé dans le gothique, alourdissant toutefois les guitares et se permettant de très brèves incursions goth métal sur les vocaux ('Inferno'). Pourquoi ne pas en profiter pour s'adjoindre également un violon ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais nos Italiens aiment le désespoir et ils ont souhaité conserver cet aspect en priorité, ils n'ont donc pas de manière inconsidérée cédé aux sirènes gothic metal, il s'agissait simplement d'apporter une touche différente à leur son (l'usage de riffs, sur 'Angelica', par exemple). Pour le reste, c'est du Artica dans toute sa splendeur, basses plombée, claviers tristes, chant résigné et profond, renforcé par des lignes de violon et des choeurs féminins judicieusement placés ('Boemia') mais également une noirceur énergique subtilement amenée par des arrangements impeccables (l'intro de 'Lucrezia' au clavecin). Ce spleen a quelque chose de véritablement envoûtant et vu l'efficacité des mélodies, il n'est pas bien difficile de se laisser séduire. Note : 5/6 Page 12/143 ARGINE : Le luci di Hessdalen Chronique réalisée par Twilight C'est le public dark folk qui a dû tirer la gueule: Argine, groupe italien généreux et passionné, Argine qui avait su captiver par son splendide second opus 'Luctamina in Rebus', Argine aux musiciens issus de milieux divers (gothique, rock, néoclassique...) réfractaires aux carcans et aux images trop tailées pour leur tempérament sanguin et enthousiaste, Argine a décidé de brouiller les pistes. Attention, ils ne se sont pas mis au rap pour autant mais ont décidé d'injecter une bonne dose de rock dans leur musique. Ayant conservé violon et vocaux féminins, ils se rapprochent donc davantage d'un rock gothico-folk à la New Model Army. Si toutes les chansons n'ont pas perdu leurs orchestrations dark folk ('Le luci di Hessdalen', 'In silenzio'...), certaines frisent le post punk ('Girotondo', 'Spina nel fianco') mais la plupart oscillent entre deux, mêlant à merveille touches électriques, batterie marquée, avec un violon possédé (Alfredo Notarlberti est une sorte d'alter ego italien de Matt Howden) et alterance de chant masculin (parfois avec effet) et féminin. S'il n'a pas autant de charme que son prédécesseur, 'Le luci di Hessdalen' de par la générosité et la passion de ses interprètes séduit néanmoins par une énergie qui démontre également un talent pour se renouveler, loin des stéréotypes pour cols serrés. Note : 4/6 Page 13/143 CURRENT 93 : Nature unveiled Chronique réalisée par Twilight Etes-vous prêts ? Prêts à contempler la nature dévoilée dans toute son horreur ? Les pires cauchemars de l'inconscient ? Les sonorités obscures de vos questions sans réponses ? Les chants infernaux que dissimule la nuit ? Alors, écoutez donc 'Nature unveiled', l'un des meilleurs travaux de la période industrielle de Current 93, une sorte de messe noire et grinçante où chants religieux inquiétants sont noyés dans des grognements sourds, des bruits glauques et les incantations mi-folles, mi-mystiques d'un David Tibet complètement allumé. Les atmosphères sont oppressantes à souhait et le noir est la couleur qui prédomine dans cette chapelle malsaine. On atteint-là un très haut niveau d'industriel old school tel qu'on peut le trouver sur 'New form of Beauty' des Virgin Prunes, une musique intense et malsaine qui n'a pas besoin de violence pour mettre mal à l'aise. Là où 'Live at Bar Maldoror' et 'Dogs blood rising' péchaient par une trop grande linéarité des compositions, 'Nature unveiled' réussit à rester mytérieux et intéressant du début à la fin. En effet, après trois pièces mystiques en diable et complémentaires, la quatrième prend une teinte rituelle de par sa percussion répétitive et son patchwork de sons enfantins et de montées aigues. Ce genre de climat pas toujours si éloigné de certaines pratiques chamaniques se retrouve sur 'LAShTAL' et son pendant 'Salt'. Pour conclure, cette édition cd propose deux versions live dont la qualité ne satisfaisait pas David Tibet mais qu'il tenait à voir figurer ici pour contrer les prix excessifs demandés par les bootlegers. Personnellement, je trouve le son acceptable et ces deux titres constituent un bon témoignage de l'intensité terrifiante des concerts de Current 93 ancienne époque. A présent souhaitez-vous refermer le rideau ou replonger dans ce terrible exorcisme sonore ? Note : 4/6 Page 14/143 VERDI (1813-1901) (Giuseppe) : Rigoletto Chronique réalisée par Trimalcion Cet opéra aurait pu (aurait dû !) s'appeler "La malédiction", titre qui lui aurait bien mieux convenu. Au lieu de ça, Verdi et son librettiste choisirent ce mot idiot : "Rigoletto", qui ne signifie rien pour un Italien (le verbe "rigolare" n'existe pas) et qui est susceptible de nous induire en erreur, nous francophones. Car cette oeuvre, créée en 1851 au légendaire théâtre de la Fenice à Venise, premier volet d'une "trilogie populaire" qui se continuera avec "Le trouvère" et "La Traviata", est l'une des plus sombres du maître. Et elle constitue également un tournant dans l'histoire de l'opéra italien. Le jeune Verdi voulait déjà se démarquer de l'art du bel canto, porté par ses aînés (Rossini, Bellini, Donizetti) à son plus haut degré de perfection : la maestria du chant, les prouesses vocales insensées qui finissent par se servir de l'argument théâtral comme du plus futile prétexte... Si Rossini parvenait encore occasionnellement à se rappeler les leçons de Mozart concernant la mélodie mise au service de la narration (à défaut de profondeur psychologique), les autres avaient fini par les oublier totalement. Verdi, lui, remet le drame au centre de ses préoccupations : les tours de force, les excès, la folie romantique parfois débridée... tout cela ne doit plus être gratuit : il y a l'action, tout doit s'y plier ; tout doit se soumettre à la recherche de l'expression juste, au sein de la tourmente incessante qui emporte toujours les protagonistes. De fait, les livrets mis en musique par Verdi font rarement dans la subtilité (celui du Trouvère, par exemple, opéra au demeurant brillantissime et jouissif à l'extrême, est accablant de bêtise). Mais il en va autrement de Rigoletto, son premier grand et incontestable chef-d'oeuvre, dont le livret est une excellente adaptation du "Roi s'amuse" de Victor Hugo. Eh oui, il y a eu des choix plus mauvais. Le poète français détesta cordialement cette idée qu'on puisse mettre de la musique sur ses vers, estimant bien évidemment qu'ils devaient se suffire à eux-mêmes. Et pourtant, ironie de l'histoire mais juste retour des choses, on ne parlerait plus guère de la pièce en question (dont le héros ne se nomme pas Rigoletto mais Triboulet) s'il n'y avait eu Verdi pour en faire un opéra. Même Hugo le grincheux dut reconnaître, lorsqu'il entendit le quatuor de l'acte III, que les possibilités de la musique pouvaient en certains points surpasser celles du "simple" théâtre. "La malédiction", donc, c'est celle qui plane sur la tête du bouffon qui a eu l'outrecuidance de se moquer d'un comte dont la fille a été déshonorée par le duc de Mantoue, son maître. La propre fille du bouffon subira la même mésaventure, et Rigoletto voulant se venger et faire assassiner le duc finira par se retrouver avec le cadavre de sa propre fille dans les bras. Voilà pour le résumé de l'intrigue. A présent place au génie de Verdi. Dès les premiers accords de l'ouverture, c'est le motif de la malédiction qui résonne, fracassant. Puis, contraste oblige, l'auditeur est projeté brusquement dans un bal qui bat son plein... et c'est le fameux thème de la fête interrompue par un invité inattendu (cf. Don Juan ou La belle au bois dormant...), porteur de présages funestes, qui soudain vient glacer les ardeurs de tout le monde. Un comte réclame vengeance, puis maudit le Duc et son bouffon : ce passage violent d'un extrême à l'autre illustre magnifiquement l'essence du génie verdien, comme s'il avait voulu concentrer dans ce moment tous les drames à venir. La sentence horrifiante qui s'abat, le choeur menaçant des invités qui plane sur les lamentations du bouffon superstitieux... Je ne m'en lasserai jamais. Le "nocturne" qui suit est dans un autre genre tout aussi somptueux : orchestration ciselée dans la pénombre, pizzicati équivoques, air populaire détourné en ritournelle aussi légère que malsaine... encore un bel exemple du raffinement et de l'intelligence du compositeur, que certains mélomanes distingués continuent parfois à lui refuser, ne voulant garder de lui qu'une prétendue vulgarité ou je ne sais quels "flons-flons", Page 15/143 aveuglés qu'il sont par leur snobisme crasse... Mais passons. Les excès du monologue qui suit, l'épaisseur devrais-je dire la grandeur ? - du trait (éternel motif du bouffon tourmenté et malheureux) : cela s'appelle le romantisme, tout simplement. Même chose lorsqu'il s'agit de peindre un caractère en quelques touches fulgurantes, mais toujours justes : ainsi l'insouciance et l'impétuosité du Duc résonnent-elles en autant de phrases qui font mouche, et c'est son masque superficiel qui est peint avec le trop célèbre "La donna è mobile", aria que l'on s'empresse en général de retenir au détriment de tout ce qu'il y a de meilleur dans cet opéra. Et le duo d'amour entre le duc et Gilda, la fille du bouffon : toujours chanté dans l'urgence - autre geste typique qu'il faut savoir apprécier, dépêchons-nous de jouir avant qu'il ne soit trop tard. L'admirable scène du kidnapping dévoile quant à elle un merveilleux sens du récit, avec les ajustements de son thème principal en autant de variations mi-scélérates mi-burlesques, qui se prolongent dans l'acte II dans un jouissif (quoique trop fameux) choeur des brigands. Lorsque Rigoletto cherche sa fille, la mélodie se confond avec ses errements dans l'espace aussi bien qu'avec les errements de son âme en peine... ou comment la Verdi's touch scelle si bien la fin du bel canto. Lorsque arrivent l'éclatement de la vérité et l'emportement des cordes, la trame rythmique impétueuse qui se met en place est comme un nouveau symbole de cette force mélodique et dramatique presque exagérée, puissance de l'excès dévastatrice, peinture d'une irrésistible passion, et emportement typique des âmes latines. En même temps, Verdi sait constamment entretenir la variété des climats : écoutez cette atmosphère lugubre et désolée qui plane sur l'acte III : la brève et sombre introduction orchestrale, tout à coup interrompue par une célèbrissime aria formant un contraste absolu avec ce qui l'entoure (voilà d'ailleurs ce qui lui donne son sel, et qui est perdu lorsqu'elle est entendue hors-contexte !) ; ce fameux quatuor qui réussit à plaire à Hugo (oui, cet intermède presque mozartien, s'il n'y avait ce caractère plus abrupt, est génial, dans la confusion des sentiments, et dans les quatre lignes de chant distinctes entendues simultanément, chacune traduisant une motivation radicalement différente - un des sommets de l'art verdien de cette période) ; et cette ahurissante scène de l'orage qui fait monter la tension aussi bien dans les lignes vocales que dans l'orchestration, pour aboutir à l'explosion de démence et au meurtre final - morceau de bravoure tant marqué par un romantisme en furie. J'en arrive à la fin de l'oeuvre : une autre histoire - les douze coups de minuit qui sonnent doucement, la quiétude apparente qui succède à l'horreur d'une profonde nuit - les plaintes pathétiques du protagoniste, le chant étoilé de Gilda dans son agonie, et le bouffon qui s'écroule sur le corps de sa fille morte, alors que résonnent une dernière fois au-dessus de sa tête les accords terribles de la malédiction... Note : 6/6 Page 16/143 COOPER (Alice) : Constrictor Chronique réalisée par Nicko En 1983, c'est pas la joie dans le camp d'Alice Cooper. Niveau artistique, c'est proche du néant total qualitativement parlant (parce quantitativement, il sort 1 album par an !) et niveau psychologique, le sieur va de séjour en hôpital psychiatrique en séjour en hôpital psychiatrique ! Et de plus, c'est un alcoolique notoire ! Bref, Alice est dans une très mauvaise passe, c'est le moins qu'on puisse dire. C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons qu'il fait un break musical pendant environ 2-3 ans. En 1986, le voilà, il est requinqué et il revient en fanfare sur le devant de la scène avec ce "Constrictor". Et ce come-back ne doit pas rester inaperçu, voici Alice en plein dans la vague haurd FM US avec, enfin, le retour du bon vieux rock avec de vraies guitares et un style rentre-dedans. De plus, les tournées qui suivent la sortie de l'album se font à grand renfort de pyrotechnique et, pour en rajouter une couche, le morceau "He's back" fait office de BO au sixième volet (!) des aventures de Jason dans le film "Vendredi 13" ! Bon, alors c'est bien joli tout cela, mais concrètement, est-ce qu'il vaut vraiment le coup ce nouvel album ? Eh ben non ! Désolé, mais outre le style plus punchy et moins ridicule, les compos sont insipides, il n'y a rien derrière, aucune atmosphère (un comble pour Alice Cooper !), la production est froide. On n'a juste un enchainement sans saveur de morceaux simples, rapides, directs sans recherche et pas du tout inspirés. Voilà, tout à fait l'album typique estampillé années 80's avec les refrains chantés et repris en choeurs, les solos de guitares rock n' roll, le tout formaté en 3-4 minutes par titre. C'est tout à fait le genre d'album "pétard mouillé". Au suivant... Note : 2/6 Page 17/143 XASTHUR : Suicide in dark serenity Chronique réalisée par pokemonslaughter Sorti peu de temps avant "The funeral of being", "suicide in dark serenity" est our beaucoup considéré comme un des meilleurs enregistrements de Xasthur. Ma fois, si je trouve celui-ci fort honnête (pour une fois avec Malefic), je n'irai pas jusque là. Passé la traditionnelle intro glauque typique du projet, une espèce d'aspiration vers un monde brumeux et sans espoirs, Xasthur nous refait le coup de la "seconde version" avec "suicide in dark serenity" (et même à la fin, avec une "rehearsal version"... un comble pour un one-man-band). Et là mouarf, autant toutes ses auto-reprises étaient auparavant correctes sans plus, autant là, s'il y a de l'idée, le résultat est complètement gaché par ce clavier omniprésent , se payant même l'outrecuidance d'être faux par moments c'est dire... Dommage car le morceau initial était vraiment bon. Heureusement, la suite relève facilement le niveau avec des morceaux dans la lignée d'un "Nocturnal poisoning", froids et plus axés sur la mélancolie. On notera d'ailleurs une nette amélioration de la prod', sa meilleure à ce jour, crade, étouffante mais très audible et aérée, assurément la réussite du disque. Les harmonies dépressives sont toujours là, cette guitare en son clair que l'on croirait désaccordée intervient toujours à bon escient, le chant se fait beaucoup plus discret, et c'est tant mieux tant il se résume ici à un vieux râle inaudible du fin fond de la salle de bain... Niveau compos, elles se font riches, moins répétitives, fondées sur des tempos plus lents, le meilleur exemple pouvant être ce "middle ages return" résumant à lui seul le cd : mystique, sombre, désespéré. Bref, du bon Xasthur, ici beaucoup plus porté sur les atmosphères tristes et nostalgiques. Peut-être bien le seul enregistrement du groupe qu'il est possible de faire entendre à un public non-averti sans les faire hurler à l'arnaque. Note : 4/6 Page 18/143 ADULT : Gimmie trouble Chronique réalisée par Twilight J'avoue que si je n'avais pas lu un article d'Elegy sur ce groupe, j'aurais pu passer des dizaines de fois devant cette étrange pochette sans même y jeter un oeil. Adult, à l'instar de formations comme The Vanishing ou The Sixteens remonte au goût du jour une sorte d'esprit post punk emballé dans un habillage de new wave minimale froide et de touches batcave. Pour traduire, les rythmes sont assurés par une boîte à rythmes endiablée au son assez typique des 80's, laquelle est complétée tantôt d'une basse, tantôt de nappes de synthés, avec de temps à autres des touches grinçantes de guitare et mille autres petits bruits électroniques bizarres. Le chant féminin rappelle volontiers celui de la Siouxsie des débuts, parfois également The Vanishing en raison de son aspect déjanté. Si l'atmosphère est bien là, la faiblesse de ce disque est son manque de mélodies prenantes, les morceaux s'enchaînent avec un feeling efficace mais aucun d'eux ne ressort suffisamment pour dissiper un sentiment de trop grande linéarité, c'est dommage. Note : 3/6 Page 19/143 THE YOUNG GODS : Only heaven Chronique réalisée par Twilight Après un album plus accessibles au niveau mélodique, presque rock ('TV sky'), les Jeunes Dieux ont décidé une fois de plus de réinventer leur son. Influencés par le côté ambient de la techno, ils ont cherché à travailler cet aspect-là en se donnant le temps et les moyens de leurs ambitions. Débutant par un très (trop) court morceau vaguement rituel et étouffé (le bon 'Outside'), nos Hélvètes trompent leur monde de belle façon. Comment ? Hé bien, en plongeant l'auditeur dans une fausse sécurité pour le mettre à l'aise. Je parle de 'Strangel', très efficace et réussi mais également très typique du son Young Gods, rythmique tendue, explosions de samples de guitare, chant puissant...Et ce n'est pas la chanson suivante, très proche du feeling 'L'eau rouge' qui dissipe cette impression de 'déjà entendu', pourtant...après une batterie bien martelante, une avalanche d'électricité, le tempo se casse, des nappes organiques se faisant rythmique, les sonorités prennent une forme d'envol...vite reprise par les percussions et la violence interne. Fausse impression ? Non, cette fois, le virage atmosphérique, organique même, est amorcé pour de bon. 'Donnez les esprits' débute sur un simple beat, la musique n'étant composée que de collages vaporeux, une sorte de rituel proche de la transe...la voix est plus calme, presque récitative dans son message. L'auditeur est prêt pour laisser son esprit s'élever. C'est bien ce que propose le superbe 'Moon revolutions' qui reprend ces structures quasi tribales avec une touche de violence en plus, comme pour franchir un échelon supplémentaire. En effet, si les samples de guitare électrique sont de retrour, ils n'explosent plus, ils se glissent, comme des guides spirituels jusqu'à l'épreuve suivante, 'Kissing the sun' qui se fait plus intense et rythmé...qu'importe, le corps et l'âme sont préparés pour cette danse plus énervée. Vidé de l'énergie physique, il convient maintenant de bercer l'esprit pour qu'il puisse voler à son aise; c'est ce que proposent les climats tès ambient et la voix chuchotante, un brin lointaine, de 'Dreamhouse'. 'Lointaine' qui poursuit le travail en devient presque un moment paisible. 'Gardez les esprits' reprend exactement le même petit rythme rituel qui débutait le disque sous le nom de 'Outside'. Fin du voyage ? Hélas, non. Ce merveilleux périple renferme une faute de goût, une chanson pop acoustique, 'Child in the tree' parfaitement insupportable. Ce n'est pas bien grave, pour conserver l'émotion intacte, il suffit de sauter ce titre pour arriver au très bon et purement ambient remix de 'Kissing the sun'. Les Young Gods seront tellement motivés par ces recherches au niveau des atmosphères qu'ils n'hésiteront pas à sortir un album complet de remixes des pièces de 'Only heaven'. Note : 5/6 Page 20/143 THE YOUNG GODS : Second nature Chronique réalisée par Twilight 'Dans nos sociétés, l'usage des drogues a pour but la destruction de l'esprit, dans les sociétés primitives, il a celui d'ouvrir la conscience'. Cette phrase à la fin du clip de 'Lucidogen' résume un peu l'atmosphère de ce disque très attendu. Il aura en effet fallu patienter quatre longues années pour qu'il n'aboutisse dans les bacs. Dans cet interval, le groupe a perdu son batteur, heureusement remplacé par un successeur visiblement très à l'aise dans l'univers Young Gods, Bernard Trontin. Comment transcrire mon sentiment à la première écoute ? Disque de résumé, peut-être...Les Jeunes Dieux y ont compilé le résultat de leurs recherches sonores, il subsiste un aspect âpre, rêche, proche de la terre, que l'on retrouve surtout dans le rythme et certains samples, mais aussi et surtout quelque chose de plus atmosphérique tourné vers le ciel cette fois ('Attends'). Ca ne suffit pas, le trio ne fait jamais exactement deux fois la même chose et il le prouve une fois de plus en injectant dans ses compositions un feeling très électro...si, si, ils parviennent à sonner électro sans faire de l'électro. Tout se joue beaucoup sur le travail des samples composant la basse et leur adéquation avec la batterie ('The sound in your eyes', 'Supersonic', 'Toi du monde'...), laquelle oriente ses coups vers des structures rappelant de vagues échos breakbeat ('The sound in your eyes'), voir technoïdes (au sens intéressant du mot). Si les samples de guitare sont moins présents, le goût dans l'expérimentation sonore me semble plus marqué que sur 'Only heaven'. Les young Gods prouvent qu'ils sont à l'écoute de leur époque mais qu'ils savent aller bien plus loin et éviter toute forme de facilité dans leur création. Note : 4/6 Page 21/143 VERDI (1813-1901) (Giuseppe) : Don Carlo Chronique réalisée par Trimalcion Attention, voici le chef-d'oeuvre sombre de la maturité de Verdi : Don Carlos ("Don Carlo" dans cette version italienne) est un monument de pesanteur (au meilleur sens de ce terme) et de noirceur, qui brasse, au travers de la pièce de Schiller adaptée, le politique et le religieux, le dramatique et le tragique, mais qui amène surtout le compositeur à se dépasser sur tous les plans : mélodies presque constamment inspirées, orchestration qui marie des palettes expressives inouïes jusque là chez Verdi, construction dramatique de la musique qui fait toujours monter la tension jusqu'à des sommets d'intensité parfois insoutenables... Jamais Verdi ne fera mieux (du moins dans un tel registre... Falstaff, c'est pour ainsi dire un autre monde). Les conditions de la création de l'oeuvre furent assez complexes : une commande de l'Opéra de Paris en 1867, qui exigeait le respect d'un certain nombre de conventions lourdes et contraignantes (5 actes, à l'origine plus de 5 heures de musique, la présence d'un ballet...) ; une oeuvre qui du coup fut remaniée, coupée, adaptée, à de nombreuses reprises par Verdi lui-même puis par ses interprètes après sa mort... Bref, de quoi être rebuté. Et pourtant, pourtant, rien n'y fait... rien n'entache l'éclat de ce diamant noir, même pas un premier acte court et pour le coup un peu conventionnel (la rencontre amoureuse en forêt entre Don Carlos, Infant d'Espagne, et Elisabeth de Valois, qui lui est promise... beau duo d'amour ; et voilà-t-il pas qu'on annonce que c'est finalement au roi d'Espagne lui-même, Philippe II, qu'elle devra se marier, "heure fatale"). Non, c'est au début de l'acte II que l'opéra débute vraiment : les cuivres seuls s'élèvent lentement et solennellement d'un tombeau, puis les cordes basses viennent les appuyer d'un abîme plus profond encore, avant que le choeur des moines de Saint-Just (lieu où s'était retiré l'ancien empereur Charles-Quint, et où Don Carlos est en visite) ne retentisse dans le lointain, offrant bientôt l'accompagnement à la prière de l'un deux, magnifique partie pour voix basse (bien évidemment la tessiture dominante dans cet opéra). Le contraste n'en est que plus frappant avec la scène de retrouvailles entre l'Infant et son ami d'enfance Rodrigue, d'une ardeur toute verdienne, qui ne va jamais dans cette oeuvre sans une certaine majesté. Le duo de l'acte II entre Don Carlos, encore amoureux, et celle qui est désormais sa mère après son mariage forcé, est un des plus tendus, fulgurants, et aussi célestes, jamais écrits par Verdi, passant par les confusions et les tourments les plus extrêmes, et toujours de plain-pied dans la musique d'action. Tous les ensembles (duos, trios, quatuors) sont à ce titre révélateurs : le moteur musical emporte tout sur son passage, ramasse dans une même violence les mobiles de chacun, qui finissent par se confondre à l'image de lignes de chant éloignées qui se rejoignent tôt ou tard. C'est une lutte perpétuelle et frénétique entre sentiments contraires, qui porte, même lorsqu'il s'agit du dilemme amoureux, tout le poids des enjeux politiques qui sous-tendent l'intrigue (Don Carlos, avec Rodrigue, veut prendre, face à Philippe II son père, la défense de la Flandre protestante, mise à feu et à sang pour avoir osé se rebeller contre le joug espagnol. Subissant la pression religieuse de l'Eglise catholique et de son inquisition, Philippe finira par sacrifier son propre fils). Bon, il faut aussi se pencher sur ce fameux premier tableau de l'acte IV, une extraordinaire et terrifiante accumulation de force : une aria de basse bouleversante, chantée comme en plein rêve, puis ce fameux duo de basses, pièce unique, la confrontation entre Philippe II et son grand Inquisiteur : faut-il que le roi fasse exécuter son propre fils qui a osé se rebeller pour défendre la Flandre ? Chaque mot de l'Inquisiteur assomme l'auditeur, la musique se pétrifie à l'image de son dogmatisme impitoyable. L'Inquisiteur lui demande aussi la tête de Rodrigue. Le roi s'emporte... Cette joute féroce entre deux puissances est le sommet absolu de Page 22/143 l'oeuvre de Verdi - on ne s'en relève pas. Jamais traduction musicale d'un conflit aux enjeux aussi importants n'a trouvé pareille intensité et pareille noirceur. Il faudrait en analyser chaque phrase. Et ce n'est pas fini... La scène qui suit où Philippe accuse Elisabeth d'adultère, le quatuor entre les époux, Rodrigue et Eboli la traîtresse, digne de celui de Rigoletto, l'aria finale d'Eboli, c'est claque sur claque. Cette version "réduite" de l'opéra accusant tout de même trois heures vingt de musique, on y décèle fatalement des faiblesses, mais peu importe. Pris dans son ensemble, Don Carlos reste selon moi le plus haut sommet verdien de la période allant jusqu'à Aïda. Terrible. Note : 6/6 Page 23/143 DARK FUNERAL : Attera totus sanctus Chronique réalisée par Nicko Mine de rien, il aura fallu tout de même plus de 4 ans pour voir débouler le successeur du mitigé "Diabolis interium". Au milieu de tout ce temps, on aura quand même eu un live bien sympa à se mettre entre les oreilles, mais faut l'admettre, ça fait un peu maigre pour 4 années. Ce qui m'a frappé en premier avec cet "Attera totus sanctus", c'est sa pochette, très proche de celle du précédent album, dans les mêmes tons de couleur en légèrement plus clair. Mais ce qui est aussi très clair, c'est que la pochette n'est pas la seule chose qui m'ait surpris ! Quand on met le CD dans sa chaine, on est directement scotché par le son très puissant et ample. Il renvoye directement à la période de "Vobiscum Satanas" avec, par contre, un son de gratte un peu plus aggressif donnant moins cet effet "grosses nappes de guitares rythmiques". Après, les compos sont vraiment excellentes, plus longues, la plupart durant 5-6 minutes. Ca commence avec deux morceaux super-intenses et inspirés, "King Antichrist", un véritable hymne typé Dark Fu, et "666 voices inside", parfait pour chanter sous la douche ! La suite n'est pas en reste avec une intensité qui ne baisse jamais. Emperor Magus Caligula, qui a définitivement abandonné la basse, possède toujours un chant aussi écorché et crié. Aussi, sur cet album, s'il doit y avoir un instrument qui a été mis en valeur, c'est bien la batterie. Elle possède un son tout simplement parfait, elle est très percutante et on peut même noter, chose rare dans le black metal, quelques petites expérimentations sur les toms comme sur "Angel flesh impaled". De plus, Matte Modin se surpasse avec une vitesse d'exécution et une dextérité hors du commun. L'album possède aussi un titre lent très typique, avec en guise d'intro un véritable lead heavy-metal (!), "Atrum Regina", magnifique et hypnotique. Bref, du calibré lors des concerts à venir ! Alors même si l'album s'avère manquer légèrement d'originalité (on a affaire à Dark Fu, faut pas l'oublier !), qu'est-ce que c'est bon quand même du bon black metal suédois "de base" mais si intense et si inspiré ! Un excellent cru que ce Dark Funeral 2005 ! Note : 5/6 Page 24/143 COOPER (Alice) : Raise your fist and yell Chronique réalisée par Nicko Alice Cooper est bel et bien de retour, un an après "Constrictor", voilà déjà son successeur, "Raise your fist and yell". C'est sûr, maintenant, Alice fait du hard 80's, du rock boosté avec de la bonne guitare, des titres enlevés et des refrains repris en choeurs. La principale différence avec "Constrictor", c'est l'inspiration. Voilà un album un peu plus réfléchi ! La deuxième différence, c'est l'ambiance ! Ca y est, la machine revient, doucement. Alice réussit à faire un peu plus que du rock. On retrouve ces atmosphères sombres, inquiétantes, typiques de l'univers de Vincent Furnier au travers de titres comme "Prince of darkness" ou même et surtout "Gail", un titre court, limite interlude, qui renvoye directement l'auditeur au "Mary-Ann" de "Billion dollar babies" de 1973, démontrant qu'Alice Cooper ne fait plus simplement que du rock n' roll de base. Seulement (car il y a un 'mais'), et c'est bien là le problème ici, il n'y a pas de hits, de morceaux frappants. Bref, l'album s'écoute bien, mais il ne tient pas la durée. Pas étonnant dès lors que cet album ne soit pas très connu, on parle plus souvent du précédent "Constrictor" (pas vraiment à juste titre selon moi !) ou alors de son successeur, "Trash". Au moins, avec cet album, on peut dire qu'Alice Cooper est définitivement sur la bonne voie, celle qui va l'amener une deuxième fois à la gloire et au succès, une quinzaine d'années après ceux des années 70's ! Note : 3/6 Page 25/143 THIS MELODRAMATIC SAUNA : ...et les fleurs éclosent à l'ombre Chronique réalisée par Trimalcion Ce disque de Jonathan Seilman, musicien breton (la précision n'est pas tout à fait inutile) ayant choisi de donner un si étrange nom à son projet, est un OVNI, un vrai. Et pourtant, c'est de la pure pop, qui fait naître une bienheureuse mélancolie. Un mystère difficile à expliquer autrement que par les moyens mis en place pour procurer ce doux émerveillement : choeur a capella en guise d'ouverture, quatuor à cordes qui fait tomber une délicate pluie de pizzicatti ou qui chante les harmonies les plus simples, les plus douloureuses aussi, chant sensible déposant délicatement de suaves mélodies, guitare acoustique égrenant les arpèges d'une petite boite à musique qui fait illico retomber en enfance, la batterie qui tout à coup se déchaîne de pair avec le piano (procédé qui n'est pas sans rappeler une folk lo-fi à la Will Oldham), parfois une rythmique electro des plus chatoyantes, fantômes échantillonnés, sons pastoraux, un piano, des bois. De la volupté... Pour un premier album (car c'en est un), c'est vraiment extrêmement bien foutu et maîtrisé : les compositions sont excellentes (la complexité et le caractère progressif de certaines ne nuisent jamais à leur fluidité - "L'alchimie alcoolique", par exemple, avec sa montée en puissance, est une perle, de même que "Fin de partie"), les arrangements constamment changeants et inventifs. On sent que le bonhomme a été à bonne école. S'il fallait vraiment chercher des influences directes à cette musique teintée à la fois de néo-psychédélisme, de folklore breton, de musique de cabaret savante, d'harmonies vocales digne des classiques de la pop anglo-saxonne, je serais tenté de citer en premier les Belges de Venus, pour l'atmosphère véhiculée par les cordes, les structures, la voix, le chant souvent en Anglais (et ça, c'est bien dommage, que l'influence musicale aille aussi se nicher dans les paroles, comme pour Syd Matters) ; peut-être aussi Yann Tiersen, pour l'aspect parfois minimaliste et hypnotique, et bien sûr certains artistes mis en lumière par le petit label nantais. Bref, après l'excellente surprise d'Audiopixel (Miguel Constantino a d'ailleurs également officié sur ce disque en tant qu'ingénieur du son, et on reconnaît sa patte aquatique), j'avoue que j'attends avec de plus en plus d'impatience les prochaines pépites qui sortiront de chez Effervescence. Note : 5/6 Page 26/143 JOHN-KROL (Louisa) : Apple pentacle Chronique réalisée par Trimalcion En guise d'introduction, je ne résiste pas au malin plaisir de vous parler du personnage "mythique ancestral" au centre de ce disque : "L'homme Vert, un être surnaturel et sauvage qui protège la Nature. Ce personnage a traversé les âges et les cultures sous des identités telles que Robin des bois, Osiris chez les Egyptiens, Sylvebarbe chez Tolkien ou Vishnu en Orient." Rien que ça... Bref, cet univers très factice, fondé sur un certain revival des légendes celtes agrémentées d'une sauce mystique venue d'Orient, ne m'a jamais inspiré. Et j'en dirai tout autant, hélas, de la "féérie" pop en carton-pâte proposée par la dame Louisa John-Krol. Fondée sur une voix veloutée, enrobante (avec harmonies chorales hautement réverbérées, comme il se doit), accompagnée d'un instrumentarium folklorique/médiéval pour rire en forme de harpes, mandolines, clavecin, et cloches, ainsi que d'une discrète touche electro, cette musique ne parvient pas vraiment, sous les oripeaux qu'elle se donne, à se démarquer d'une pop FM mielleuse limite insupportable à mon goût. Bien sûr, la dame a une belle voix, et elle a appris à s'en servir ; certes, mais on pourrait en dire autant de Céline Dion... Je ne retrouve ici ni les entrelacs hypnotiques de Dead Can Dance, ni la grâce éthérée des Cocteau Twins, ni les compositions qui tuent de... je ne sais pas, moi... Paul MacCartney dans son dernier album (bah oui, après tout, quand on dit faire de la pop, il faut en assumer toutes les composantes). En définitive, donc, plus grand-chose pour me séduire, excepté peut-être un Finale réellement expressif et sombre, où la voix s'extirpe progressivement d'une atmosphère glauque. Mais quoi qu'il en soit, cet univers frelaté n'est décidément pas pour moi. Sur ce, je m'en vais réécouter le "Circlesongs" de Bobby McFerrin. Note : 2/6 Page 27/143 VAILLANT (Franck) : Benzine Chronique réalisée par Trimalcion Franck Vaillant est un batteur (et pas n'importe lequel, vu la qualité des invités présents sur ce disque) ; ça s'entend à la primauté donnée au rythme dans ces pièces électroniques mâtinées d'échantillons concrets (ha, les balles de ping-pong de "Jioeke", dont les rebonds montés en boucle forment le beat, et quel beat !) Franck Vaillant est aussi un admirateur de John Cassavetes ; ça s'entend à cette volonté de saisir la fulgurance de l'instant, de donner à l'electro fluctuante qu'il développe des espaces de liberté, puisés dans les paysages orientaux ou africains que sa musique évoque en filigrane (samples de percussions traditionnelles, de voix, de scènes de rue...) La pulsation implacable qui gouverne chaque titre, interrompue en certains moments par des ambiances jazzy éthérées ou déjantées (Yves Robert au trombone sur "Shibuya II", ce n'est pas rien), n'est jamais obtenue de manière conventionnelle, ce qui fait tout le sel de la chose. Quelques exemples : le ravissement qui vous saisit lorsque déboulent les cordes de "Fa ngoum quay", donnant une couleur nostalgique à ces sons capturés en terre d'Afrique ; le sitar qui se mêle doucement aux buzz à la fin de "Super drago" ; les beats ultra-saturés de "The party with Derrick", qui tournoient pour créer une ambiance des plus inquiétantes avec des moyens minimaux (un des morceaux les plus fascinants du lot, il faut dire qu'avec un titre pareil...) ; ou bien "Siz zarb" qui marie zarb et drum 'n' bass ; l'hypnotique "Honey clone", qui présente une véritable dentelle d'échantillons pour former la trame rythmique à laquelle s'ajoutent sans cesse, en toute transparence, de nouveaux éléments... Bref, ce disque d'electro avant-gardiste présente le profil type de pas mal d'opus du catalogue "Signature" : indescriptible, entre improvisation et recherche formelle, entre plastique du son pour lui-même et évocation d'un ailleurs, familier et étrange à la fois. Celui-ci, outre qu'il offre un véritable trip, n'est jamais ennuyeux, malgré son caractère brouillon et hétérogène - ou peut-être grâce à lui. Note : 4/6 Page 28/143 LOUDBLAST : Fragments Chronique réalisée par pokemonslaughter Après plusieurs années d'absence, c'est donc en 1998 que Loudblast effectue son (premier) come-back avec ce "Fragments". Fidèle à sa non-ligne directrice (si vous me permettez l'expression), le groupe "mélodise" son thrash comme il était de coutume à l'époque. Et ma foi, bien que mes gouts en matière de Loudblast apparaissent pour beaucoup forts originaux, je dois bien avouer que cet album m'a bien séduit. Le groupe trouve la bonne balance entre riffing heavy/thrash et mélodies accrocheuses, originales, propres aux groupes, se permettant même de balancer une mega bombe sur la piste 4 : "Taste me", futur emblème du groupe. C'est sur ce morceau que l'alchimie se fait le mieux (quoiqu'un "Man's own" assure bien aussi), dynamisme, accroche, structure riche en breaks bien placés, et surtout la sensation que le groupe s'est trouvé un style qui lui est propre, entre heavy, thrash et avancées death. La grande réussite de ce disque est de proposer un bon mélange entre morceaux énergiques sans jamais être bourrins (le rythme est très heavy) et d'autres beaucoup plus posés et mélodiques ("Frozen tears", "Worthy of angels"...). Ces derniers se montrent réellement inspirés avec de ci de là des voix féminines, des leads aériennes, tout en restant résolument heavy metal sur la base, de vrais petits tubes qui évitent l'écueil du "formaté"... Tout autour de cela, le groupe a su poser une ambiance sur l'album, plus sombre que la moyenne, mélodique sans jamais sonner "suèdois", nostalgique par moments, le genre de disque qui peut facilement toucher certaines personnes... Oui mais le problème est que "Fragments" commence sur les chapeaux de roues et que la reste ne suit pas. Car de mon côté, je trouve que la première partie de l'album annonce quelque chose de grand, avec son lot de morceaux excellents ("Taste me", "Frozen tears", "Flesh"...), dès "Labyrinth" le niveau baisse significativement pour parfois sombrer dans le banal. Attention, cela ne veut pas dire que soudainement tout est à chier, juste qu'on ne retrouve plus ce riffing percutant ou ces mélodies particulières. Peut-être que les fans de l'album précédent s'y retrouveront car la recette semble proche mais il est indéniable que le groupe a perdu quelque chose en route (l'inspiration ?). Et ce n'est pas ce "Carpe diem" qui ressemble à une mauvaise chute de "Sublime dementia" qui laissera une bonne impression pour la fin du disque (d'autant plus dommage que le dernier riff est superbe). Déçu donc, car Loudblast a su pondre quelques grands morceaux ici, mais le niveau ne tient pas tout du long... D'où ma note bien sévère... Note : 4/6 Page 29/143 CRIME AND THE CITY SOLUTION : Room of lights Chronique réalisée par Twilight La ville grise nappée de ses linceuls de béton en guise de décor alors que la nuit est tombée sous les lumières pâles; c'est au fond des cafés sales et enfumés dans un verre de wiskey qu'il tente d'oublier, oublier cette blessure indéfinissable, cette douleur un peu trop près de l'âme...Et un groupe joue, un groupe qui a su capter ce spleen urbain, la caresse rugeuse de cette tristesse brumeuse, un groupe aux guitares lentes et écorchées, aux orgues maladifs, à la rythmique blombée, berçant une voix cassée et grave qui tente encore de décrocher une étoile dans ce gris absolu...Ce groupe, c'est Crime and the Solution; cet album, c'est Room of lights. On songe à Brithday Party, Inca Babies, aux premiers Nick Cave...et pour cause puisque ce sont justement des ex-Birthday Party qui sont à la base de ce projet. Leur musique est profondément urbaine car elle sait capter les souffles, la souffrance à vif qui se traîne le long des murs; puisant ses racines dans le spleen du blues et le désespoir du punk qu'elle a tenté de noyer dans quelques larmes gothiques, elle a cette noirceur et cette intensité profonde qui se glisse à l'intérieur et donne envie de pleurer. Essayez donc de résister au magnifique 'Six bells chime' (oui, oui, les cinéphiles ne se trompent pas, c'est bien ce morceau que le groupe interprète dans 'Les Ailes du désir' dans un club berlinois), à la colère grinçante de 'Hey sinkiller', la poésie funèbre de 'The brother song' (aaah, ce piano) ou le rock presque 'Crampisant' de 'Her room of lights'. Et le whiskey est amer, et la fumée âcre...mais comme celà fait du bien de pleurer, de croire qu'il reste une étoile à contempler au bout de cette nuit sans fin...Et quand on sait que la version cd propose six bonus...Crime and the City solution ou la beauté mise à nu. Note : 6/6 Page 30/143 THE DAMNED : The Black album Chronique réalisée par Twilight Les rééditions, c'est beau, c'est bon ! 'oilà, c'est dit avec la rime et l'assent...Des preuves ? Ce 'Black album' des Damned qui nous est reproposé sous forme d'un double cd (le second étant composé de versions live et d'inédits) accompagné d'un livret richement illustré et documenté. Je vois déjà des truffes suspicieuses renifler dans ma direction, du genre 'ouais, ouais, histoire de gros sous, tout ça. Un groupe qui ne sait plus comment tirer profit de ses souvenirs', etc etc. Peut-être bien mais en fouillant un peu dans les archives, on découvre aussi qu'il a toujours été du souhait du groupe de fournir cet album sous forme d'un LP accompagné d'un disque live bonus gratuit, projet qui n'a jamais dépassé le stade du double LP et encore, aux USA uniquement. L'erreur est comme réparée à présent. Mais l'aspect le plus important est la place qu'occupe ce disque dans la discographie des Damned. Nos allumés viennent en effet de conclure trois albums de punk rock, le troisième ('Machine gun etiquette') témoignant déjà d'un léger éloignement des racines. Bien qu'il ne soit pas leur meilleur disque, le 'Black album' représente un point de contact entre ce que le groupe avait été et allait être et constitue de ce point de vue une référence incontournable. Nos Anglais y ont placé tout ce qu'ils savaient et aimaient faire. On y trouve donc en toute logique quelques bonnes touches de punk rock ('Wait for the blackout', 'Drinking about my baby', Hit or miss'...), quelques touches gothiques (l'excellent 'Twisted nerve', 'Dr.Jekyll and Mr.Hyde' ou le bon '13th floor vendetta'), des expérimentations pop ('Silly kid's games', 'History of the world' et son aspect grandiloquent,...), le tout parfumé de relents glam et baroques (les orgues psychédéliques, le piano, les cuivres...) et d'humour noir. C'est certes très panaché au niveau des atmosphères mais les Dammned ont toujours été imprévisibles et surtout, ce sont d'excellents songwriters en ce qui concerne les mélodies et même s'il est un peu kitsch, le 'Black album' se révèle vites séduisant de par cet aspect-là justement. La production et les arrangements sont réussis et Dave Vanian qui n'a cessé de progresser vocalement arrive de plus en plus vers son plein potentiel. Mais la chanson la plus surprenante, celle qui marqua l'évolution du 'Black album' est sans conteste 'Curtain call', une pièce de rock épique expérimental (avec de long passages d'orgue, des délires au violon...) de près de 18 minutes ! C'est ainsi que germa l'idée d'un second Lp bonus avec ce morceau sur une face et du matériel live sur l'autre face, projet aujourd'hui pleinement achevé. On pourrait en dire beaucoup encore mais le plus important à retenir de tout ça est que les Damned sont un grand groupe, pas toujours reconnu à sa juste valeur, une formation sans limite qui n'a jamais eu peur d'être différente...culte tout simplement. Note : 5/6 Page 31/143 HYKES & THE HARMONIC CHOIR (David) : A l'écoute des vents solaires Chronique réalisée par Trimalcion La fission nucléaire... l'acte de fendre, de couper en deux ce qui auparavant était considéré par définition comme insécable, l'atome et son noyau. Cette expérience révolutionnaire dans le monde de la physique, vous pouvez la connaître dans le monde de la musique : "A l'écoute des vents solaires" ("Hearing Solar Winds", pour le titre original) n'est ni plus ni moins qu'une tentative de fission musicale : couper une note, une MEME note, en de nombreuses parties, et livrer ces parties à l'oreille de l'auditeur. Un truc assez fascinant, je dois bien l'admettre. En clair : il s'agit d'un choeur qui chante a capella des harmoniques autour d'une seule note dominante. Et comme il s'agit d'harmoniques très proches (nous sommes dans le domaine des micro-tons) et qu'elles interviennent progressivement dans le déroulement de la musique, on a l'impression, que cette note unique, ce son ample et imposant (un choeur qui chante dans une abbaye aux réverbérations impressionnantes) s'écarte, se fragmente peu à peu, s'offre dans une multiplicité infinie alors qu'il est Un. Bien sûr, cette démarche musicale, entreprise à la fin des années 1970, est à replacer dans le contexte historique du new-age : musique de libération de l'âme, de méditation, de contemplation mystique... mise en rapport avec le bouddhisme et l'hindouisme, avec le "om", cette fameuse syllabe qui doit contenir en elle seule tous les sons de l'univers (idée de l'unité du multiple, centre éternel de toutes les méditations). De fait, ce choeur harmonique de David Hykes se rapproche bien souvent d'une sorte de chant grégorien ou de chant monastique bouddhiste... sauf qu'il ne s'agit ni de plagiat, ni d'une musique "relaxante" insipide, creuse et chiante. Non, il s'agit d'un enregistement historique qui eut en son temps de fortes répercussions, c'est du sérieux, David Hykes est un grand musicien, pas un guignol ni un gourou, et c'est réellement une sensation unique que l'on ressent à l'écoute de ce disque : les harmonies micro-tonales vont en montant ou en descendant, s'enrichissant perpétuellement de leurs nouvelles fluctuations : on n'entend que des voix (avec juste une clochette pour signaler le changement de parties, et... le chant des grillons de temps en temps !) et pourtant, ce n'est pas quelque chose d'humain : le début notamment, où une seule voix retentit avant d'être bientôt rejointe par le choeur, est véritablement hallucinant : c'est un nouvel instrument de musique que l'on entend, une trompe d'outre-tombe, incroyable. Puis, à mesure que la diffraction du son originel se produit, on ne réfléchit plus trop au véhicule de ce son (obtenu à partir d'une voix de gorge dont la technique fut primitivement exploitée en Mongolie et au Tibet), on se concentre sur le phénomène en lui-même. Personnellement, je suis imperméable à la philosophie new-age (mélange parfois un peu indigeste), mais cela ne m'empêche pas de goûter les expériences sonores les plus sidérantes ; et celle-ci en est une, indiscutablement. Note : 4/6 Page 32/143 NOKTURNAL MORTUM : Weltanschauung Chronique réalisée par Alex Etape importante dans la carrière d’un groupe non moins important. Le genre d’étape dont on se demande ce qui va vient pouvoir lui succéder. Car cette fois, ça y est : le pagan et le folk, on y baigne jusqu’au cou, pour de bon. Après le black symphonique dévastateur et souverain de « To The Gates Of Blasphemous Fire », le virage folk étourdissant magistralement négocié par « NeChrist » et la tournure inopinée et plus posée prise par « The Taste Of Victory », cet album montre Nokturnal sous un jour encore une fois différent, encore une fois très sûr de lui, parfaitement conscient de ce qu’il veut, avec toujours suffisamment de talent pour proposer une musique très difficilement comparable, non seulement en termes de qualité mais surtout en termes d’identité. On aurait déjà pu avoir l’impression que le groupe fût arrivé à maturité avec chacun de ses deux derniers albums ; l’impression qu’il n’aurait ni pu faire mieux, ni se renouveler sans se casser la gueule, évoluer sans se vautrer dans sa recherche folk ou se renier dans son identité black. Or, ce que « The Taste... » laissait présager, « Weltanschauung » le confirme avec un panache qui confine à l’insolence : Nokturnal est ENCORE en train d’avancer. Sans aller trop loin dans l’incorporation des éléments folk, mais en s’en servant pour magnifier sa musique ; sans renier son ancrage black, mais en le transcendant. Les passages folk sont parfaitement intégrés, s’enchaînent à merveille aux plans black (tantôt tranquillement sympho, tantôt vaguement atmos) ; l’amalgame est impeccablement réalisé. La personnalité – ô combien forte – de ce groupe prend ici, encore une fois ! une dimension nouvelle, immense, exceptionnelle, que « NeChrist » ne pouvait à la rigueur que laisser vaguement imaginer et que « The Taste... » se chargea de dévoiler. Et avec cet album, Nokturnal continue de démontrer avec une maestria déconcertante qu’il sait faire ce dont personne d’autre n’est capable. Il montre une fois encore l’étendue de son ambition (énorme), et prouve qu’il dispose des ressources nécessaires à justifier son colossal orgueil. « Weltanschauung », donc, confirme et approfondit la rupture consommée par « The Taste Of Victory » : le groupe poursuit sur cette lancée et se contente de défricher le terrain sur lequel il s’est engagé. Les blast beats effrénés et assourdissants, c’est bel et bien terminé ; les riffs barbares vrillant de haine, on n’en parle plus ; les envolées symphoniques à faire pleurer Emperor, on oublie. En revanche, l’instrumentation folk atteint désormais un degré d’intelligence et d’efficacité suffisant pour que l’album soit digne de ses glorieux prédécesseurs sans employer la même recette. La dimension folk, son incroyable fraîcheur, sa légèreté, sa finesse, sa coloration brillante et lumineuse parent cet album d’atours sans équivalent. En fait, les compositions elles-mêmes semblent puiser dans cette dimension une nouvelle jeunesse : elles dégagent le plus souvent une impression de spontanéité totalement inattendue, désarmante d’enthousiasme et de fraîcheur (cf. l’étonnante « The New Era Of Swords », d'une vivacité jubilatoire). De la mélancolie ? Guère. Excepté dans le dernier titre, imprégné de colère contenue et d’une profonde tristesse, pour ne pas dire de recueillement. Pour le reste, la fureur se fait gaillarde, allègre, entraînante... pas brutale, mais joviale... une fureur qui fait avancer plutôt qu’enfoncer dans le marasme et le dégoût... Une haine dépassée, en quelque sorte, transcendée parce que – comme chez tous les grands – mise au service d’une ambiance épique et fiévreuse, d’une majesté enfiévrée, dont l’emphase – tantôt solennelle et volontiers mystique, tantôt triomphante et farouchement guerrière, – rappelle que Nokturnal était un maître du black symphonique avant de devenir également un maître du black folk. Le niveau d’inspiration alterne l’excellent et le génial ; la dynamique est brillante (« Weltanschauung », « Hailed... », « The New Era... ») sans toujours être Page 33/143 parfaite (à cet égard comme au niveau de la puissance d’inspiration, sans doute « The Knots Upon The Thread Of Fate » constitue-t-elle une moindre réussite) ; et la production, pour la première fois, est limpide – pêchue, à la fois ronde et claquante. Les intermèdes instrumentaux n’apportent ni ne gâchent grand-chose, contribuant simplement à renforcer le climat général de l’album. Bref, et comme à l’accoutumée, on se retrouve avec un objet très dense et très fouillé, d’une profondeur et d’une ampleur peu communes, à la personnalité exceptionnelle, dégageant une aura à nulle autre pareille. Note : 6/6 Page 34/143 THINE EYES BLEED : In The Wake Of Separation Chronique réalisée par Alex « Il est temps pour le monde d’entendre ce que ces guerriers canadiens du metal ont à dire », balance pompeusement leur site. Eh bien non : moi je dis qu’on n’en a rien à foutre. Ce qu’ils ont à dire, on l’a déjà entendu cent cinquante mille fois. Toujours pareil. Des rythmiques heavy/thrash faciles, compassées et chiantes, des solos fades, inodores et sans saveur, une voix banale et monotone à en bâiller, pas le moindre gramme de poussière d’originalité, des bonnes idées qui se comptent sur les doigt d’une main et qui s’évanouissent au bout de quelques secondes... Rideau. Ca bouffe un peu à tous les râteliers, leur affaire, avec de forts relents hardcore assez fatigants. Tout cela tourne allègrement en rond avec un acharnement déconcertant. En fait, il aurait sans doute pu y avoir quelques plans très vaguement intéressants, une ch’tiote rythmique bien écrasante par-ci, un ch’tiot lead bien senti par-là, hélas très vite recouverts d’un flot de merde instantané juste au moment où l’on commençait à se dire, incrédule, « ah tiens, c’est pas mal, ça » – et puis blaf, la médiocrité et le mauvais goût reprennent imparablement le dessus. En plus d’être singulièrement dépourvus d’inspiration, ces ploucs-là pètent tellement plus haut que leur cul qu’ils en ont de la merde derrière les oreilles : c’est-à-dire qu’ils manifestent des ambitions diverses et variées ma foi fort louables (toucher à tous les genres, heavy, thrash, hardcore, progressif aussi, allez soyons fous) sans toutefois montrer un seul instant qu’ils soient capables de faire autre chose qu’un exaspérant copier-coller de riffs moches, bâtards et convenus à souhait, enchaînés le plus artificiellement possible, soutenus par une batterie sans aucune personnalité et devancés par cette voix qui tape sur le système à force d’avoir déjà été entendue des milliards de fois auparavant. Et puis alors, même pas la peine d’évoquer la dynamique, apparemment ils ont très vite oublié que ça existait, tout leur joyeux bordel trépigne, trépide, ne tient pas en place, part dans tous les sens à toute vitesse et en même temps, et les riffs se suivent à toute blinde et se ressemblent de leur mieux, avec ces phrasés éculés au possible, ah ! putain alors... Enfin bref, tout ça c’est bien gentil mais ça vaut pas grand-chose. Note : 2/6 Page 35/143 INCA BABIES : Evil hour / Opium den Chronique réalisée par Twilight A leurs débuts, les Inca Babies ont été considérés comme une sorte de version anglaise de The Birthday Party. Il est vrai que comme eux, ils oeuvraient dans un post punk blues torturé et lourd aux guitares grinçantes. Par la suite, le groupe va conserver ce style mais avec une touche moins pesante et des rythmes plus soutenus ce qui les rapproche de Gun Club, voir d'une version sérieuse des Crampes ('Bad Hombre'). Ce cd compile (sauf erreur de ma part) les deux derniers travaux du groupe, soit des bases plus rock, sans pour autant perdre l'aspect post punk blues mais il est clair qu'une touche de noirceur a été perdue en chemin, même si ça ne respire pas la franche gaieté non plus. Si mélodiquement, les Inca Babies n'ont pas l'intensité de Birthday Party ou d'un Nick cave, certains morceaux ont un feeling discret, un petit goût de 'reviens-y', notamment le blues vaporeux de 'Devil in my room', 'Evil hours' ou 'Ramblin'man' plus cabaret dans ses orientations, sans parler du bon 'Dresden'. Pour être honnête, je regrette malgré tout la noirceur lourde des débuts mais ce cd n'en demeure pas moins agréable à l'écoute. Note : 4/6 Page 36/143 WOLFSBLOOD : Twilight of the world Chronique réalisée par Twilight Wolfsblood est un personnage incontournable de la scène néofolk russe qui, aux dires de certains, n'existerait pas sans lui. Il est certain en tous cas que notre homme multiplie les casquettes, photographe, journaliste et maintenant musicien. 'Twilight of the world' s'écoute comme un véritable rite d'initiation aux légendes nordiques, aux atmosphères chamaniques et aux rituels ésotériques. Principalement atmosphérique, sa musique s'articule autour de nappes glauques, de bruitages divers (eau, loup, vent, cris d'oiseau...) souvent rythmées par des tambours chamaniques. A celà s'ajoutent quelques instruments traditionnels comme la guitare sèche, la flûte qui confèrent à certains titres une petite touche dark folk. Wolfsblood récite des textes de sa composition ou d'autres empruntés à Crowley ('Baphomet'), à la mystique scandinave ('Völuspa'). S'il assure la grande partie des instruments et des vocaux, il s'est également entouré d'invités prestigieux de la scène russe comme Count ASH (Moon far away), Peter Sviridov (Embrace of branches) ou Veronika (Languor). Parfois, l'atmosphère est franchement noire comme sur 'The last avatar' où les incantations féminines de Vigdis Sol évoquent des échos de Aghast, 'The Call' où piano mélancolique et guitare luttent avec des vagues grondantes et inquiétantes, sans parler de 'Witches' voices' hanté de sons angoissants et de vocaux diaboliques. Si au niveau ambiance, il n'y rien à dire quant à l'efficacité des compositions (ce côté chamanique est assez jouissif), l'aspect monotone et répétitif des titres peut dégager un sentiment d'ennui à la longue; il convient donc d'aborder ce disque comme une musique de rituel. Note : 4/6 Page 37/143 VLKODLAK : Temná cesta Chronique réalisée par Twilight Ce qui m'a frappé la première fois que j'ai vu Vlkodlak sur scène, c'est la diversité de leurs influences; voilà en effet un groupe aux inspirations métal qui joue sans guitare électrique, qui a une touche folk mais une batterie très rock, un clavier qui pourrait ajouter une larme gothique au tout bien que l'ensemble n'ait rien à voir. En d'autres termes, ils piochent à bien des rateliers pour assembler le tout en un son qu'ils espèrent le plus personnel possible. Si ce mini ne me semble pas refléter au mieux le potentiel du groupe, il constitue néanmoins une bonne introduction à leur univers, un monde empli de trolls qui se battent avec d'étranges bêtes du fond des âges, de landes balayées par le vent des légendes, de dieux et de déesses dont les noms se sont perdus au fil des siècles, bref tout pour plaire aux amateurs de Tolkien, des Chevaliers de la Table Ronde et autres. A priori, éviter toute forme de linéarité semble le mot d'ordre, les musiciens n'hésitant pas, à l'intérieur de la même chanson, à passer d'atmosphères agressives à des moments plus folk pour glisser vers quelque chose de plus épique ensuite. Il en va de même pour la voix qui alterne entre vocaux black et chant clair profond. Si la guitare électrique n'est pas présente sur scène, elle l'est sur ce mini mais évite les clichés du riff. Pour le reste, on retient l'adéquation entre rythmique et clavier qui mènent l'aspect mélodique, parfaite réponse aux jeux schizophrènes du chant. Vlkodlak c'est un melting pot de viking metal, de black épique, de rock sombre, de folk metal avec une touche gothique, sans oublier une bonne louche d'humour (comme le prouve le morceau caché), soit un parti assez audacieux que les métalleux bornés trouveront trop soft et que les goths trouveront trop metal. Pourtant des chansons comme l'excellent 'Tri krize', 'Troll' ou 'Zavoj temnosti' devraient inciter chacun à jeter une oreille à cette galette. Note : 4/6 Page 38/143 VIOLET STIGMATA : Dyskronik circus Chronique réalisée par Twilight Vous êtes-vous déjà interrogé sur votre rapport avec le temps ? Imaginez que l'on vous vole une heure ou quelques minutes, un trou noir dont votre mémoire ne conserve aucune trace, une sorte de voyage vers un endroit que vous ne connaissez pas...Les épileptiques connaissent et c'est ce thème que Nico a choisi pour trame du nouvel opus de Violet Stigmata. Pas évident de trouver par où commencer, tant il y a à dire sur cet album qui est sans conteste LE chef-d'oeuvre du groupe. Il devait être au départ un travail collectif; au final, c'est Nico qui reste le compositeur, chacun travaillant ensuite ses arrangements. On reconnaît donc bien la patte Violet Stigmata, ce mélange de deathrock et d'incursions électroniques, sauf que la palette de sonorités s'est considérablement enrichie. Le fait que Nico ne joue plus de tous les instruments permet à chacun de se concentrer sur ses parties d'où une plus grande fluidité de jeu, et la présence d'une vraie batterie amène de la pêche et de la souplesse dans l'interprétation. La production est excellente et permet à chaque atmosphère de développer tout son potentiel. C'est particulièrement impressionnant sur les passages ambient entre certains morceaux ou les diverses tonalités de voix (réellement effrayantes parfois, notamment sur le schizophrénique 'Plusieurs', malsain à souhait). Outre les influences deathrock, les musiciens se sont autorisé quelques incursions cabaret ('No me recuerdo'), jazzy déjanté ('Wer sind sie denn ?'), dark ambient...Quel que soit le style choisi, aucune faiblesse, c'est noir, puissant, terrifiant, intense, fou avec des sommets comme sur la valse hantée de 'Chrysalis waltz', 'Trouble-fête' et son orgue d'anniversaire funèbre, la noirceur des riffs métalliques de 'Plusieurs', sans oublier 'In the evening mist' ou 'Rock around the coffin'...Un seul mot pour définir ce terrifiant voyage dans l'oubli, chef-d'oeuvre ! Non seulement, les Violet Stigmata nous livrent un disque parfait mais qui confirme en plus leur originalité, la maturité et la personnalité de leur son. Un achat indispensable ! Note : 6/6 Page 39/143 CAPRICORNS : Ruder forms survive Chronique réalisée par Møjo Capricorns, c'est l'histoire d'une bande d'anglais qui voulaient être Pelican à la place de Pelican... Alors ils ont sorti un premier EP... de plutôt bon aloi... post-isant et gentillement lourd et rondouillet... Et juste mélodique... Et cet EP était plutôt pas mal, notamment du fait d'un son bien grondant comme il faut... Aujourd'hui, ces vilains petits canards sont de retour... et ça tombe bien, comme aujourd'hui Pelican c'est l'histoire d'une bande d'américains qui voulaient devenir Mogwai à la place de Mogwai... il n'y aura probablement pas trop de souci à faire, pour l'un comme l'autre des groupes anglais et comprenne qui pourra... Le premier de ces groupes, Capricorns, donc, revient à la charge du haut de ce Ruder Forms Survive... Ils ont sévèrement réajusté leur dosage de plomb, et de ce qui s'avérait être qualifiable de doom instru à l'époque, il reste un son nettement plus léger, plus post-isant. Les ambiances se veulent plus souvent démarrer sur les chapeaux de roue et moins profondes, si l'on excepte quelques titres dont notamment le tordu "1969", là où y'a Eugeune Robinson qui vient même déblatérer quelque palabres incompréhensibles comme à son habitude... Dans l'ensemble ça reste avalable, on reste un peu déçu de la perte de vitesse de cette fucking-heavyness qui faisait tout le charme de l'EP, et des structures qui deviennent plus progressives et moins rentre dedans, et on suppose que voilà juste un bambin dont les deux parents viendraient de divorcer, et d'entre Isis et Pelican, Isis se serait barré à regret, sans rien laisser au gamin. Note : 3/6 Page 40/143 RUNEMAGICK : Envenom Chronique réalisée par Møjo Il a du se passer quelque chose, dans la tête de Nicklas Rudolfsson, pour qu'il foute dans un coin tous les disques issus de sa passion pour l'old school suédois, qu'il fonde un groupe comme The Funeral Orchestra, et qu'il décide de faire prendre la même voie à toutes ses ambitions musicales, comme le supputaient déjà depuis un moment ces albums de Runemagick... Soit & Certes. Malheureusement pour le bonhomme, tout ça est très loin d'être au point, et si The Funeral Orchestra officie déjà dans un doom metal des plus douteux (poussif ?), quel interêt d'essaier de nous refourguer la même came (merde) avec cette nouvelle mouture de Runemagick ? En quoi justifie-ce cette voix death si fanée qu'on a besoin de passer par une pléthore d'effets pour péniblement espérer sonner comme un grunt Shape of Despairien de 6ème tamis ? Qu'est-ce que vous voulez qu'on vous raconte à l'écoute de cet enchaînement de titres plus chiants et emmerdants les uns que les autres, qui s'inscrivent pile poil dans la belle vague de revival extrême doom à vestes à patches à la con dont l'inspiration laisse ici plus que jamais à désirer ? Et si la plupart des formations dans la frange arrivent encore à palier à leur manque de créativité en s'offrant un son qui va faire vomir son déjeuner à ta mère, ce n'est même pas le cas ici, et à l'écoute de ce Envenom, on est bien en droit de se dire que ce bon gros tas de chiasse est un peu à l'extreme doom ce que The Darkness est au heavy metal. Note : 1/6 Page 41/143 GOTHIC LOGIC : Gothic logic Chronique réalisée par Twilight D'habitude, j'ai tendance à me méfier lorsque un groupe a le mot 'gothic' dans son nom car généralement, cela a rarement à voir avec le style en question (exception faite de Gothic sex); d'un autre côté avec les Japonais, on peut s'attendre à tout. Ayant une commande à complèter, je me suis risqué pour arrondir le chiffre de ma facture et bien m'en a pris car Gothic logic s'est averé une sacrée découverte. Loin de toute forme de Visual Kei, leur musique se rapproche d'une forme de post punk goth occidentale mais traitée à la sauce nippone, ce qui donne quelque chose d'unique, riche et diversifié. Prenons par exemple le morceau 'Shock' qui débute par des samples de discours de Hitler hâchés ensuite par une percu lourde sur laquelle se greffe un duo halluciné de vocaux féminins et masculins qui alterne ensuite avec des roulements de batterie plus proches du post punk, le tout secondé d'une basse plombée et d'une guitare presque deathrock. 'Church of fire' démarre avec une ligne électro qui rappelle le thème de Halloween avant que n'éclate une rythmique punkoïde et des guitares soutenues; on songe volontiers à quelque chose au croisement de Antiworld et Babes in Toyland, le feeling goth en plus. 'Mystery box' est plus doux et rappelle des échos du premier album de Switchblade symphony. C'est vraiment très bon. Avec 'Gishiki', nous voilà replongés dans l'atmosphère du premier Cocteau twins couplé avec une touche de Skeletal Family; c'est sulfureux, rampant, glauque, envoûtant, sentiment renforcé par une production assez brute. Le disque se termine par deux morceaux live dans une pure tradition deathrock mais ne sonnant comme rien d'américain ('Mother fucker' faisant même preuve d'audace en greffant un rythme quasi breakbeat en introduction avant que qu'une batterie roulante ne prenne le dessus). Le son n'est pas excellent, c'est un peu dommage, mais celà ne nuit pas trop à l'écoute. Voilà un groupe qui sait mêler une déjante toute asiatique tout en conservant un sens puissant de la mélodie, j'aime ! Note : 5/6 Page 42/143 THE WAKE : Death-a-holic Chronique réalisée par pokemonslaughter Dans la vie, il y a ceux qui créent et ceux qui copient. Il y en a des inspirés et d'autres qui le sont beaucoup moins. The Wake fait sans aucun doute partie de la première catégorie, ceux qui repompent allègrement mais qui le font de façon fort correcte mais sans âme véritable. Alors ouais, le son est énorme, l'ensemble est varié, riche, mais franchement où est l'interêt de repomper aussi allègrement At The Gates période "Slaughter of the soul" ? Mêmes rythmiques, mêmes riffs mélodiques, mêmes structures... C'est à la fois affligeant et quelque part rassurant : la soi disante nouvelle école connait ses classiques. Oui certes, mais passées les premières écoutes fort sympathiques, séduit par ces mélodies complètement At The Gates-ienne, ce dynamisme et son efficacité, on se demande où se trouve l'interêt d'écouter ça puisque l'on possède l'original... Alors oui, les fans vont beaucoup aimer, cela leur permettra de conforter le vide musical laissé par les maîtres désormais disparus, mais de mon côté je crie au scandale et à l'overdose de ces groupes sans personnalité qui ne font que reprendre ce qui a déjà été fait. Parfois cela fonctionne (Casketgarden sur son premier disque), d'autres fois beaucoup moins, et si ce disque se montre tout à fait recommandable pour les amateurs d'At The Gates, les autres n'ont qu'à se procurer "Slaughter of the soul"... Note : 3/6 Page 43/143 NAILDOWN : World domination Chronique réalisée par pokemonslaughter Dans la vie, il y a ceux qui créent et ceux qui copient. Il y en a des inspirés et d'autres qui le sont beaucoup moins. Naildown fait sans aucun doute partie de la première catégorie, ceux qui repompent allègrement mais qui le font de façon fort correcte mais sans âme véritable. Alors ouais, le son est énorme, l'ensemble est varié, riche, mais franchement où est l'interêt de repomper aussi allègrement Children Of Bodom période "Follow the reaper" ? Mêmes rythmiques, mêmes riffs mélodiques, mêmes structures... C'est à la fois affligeant et quelque part rassurant : la soi disante nouvelle école connait ses classiques. Oui certes, mais passées les premières écoutes fort sympathiques, séduit par ces mélodies complètement Children Of Bodom-ienne, ce dynamisme et son efficacité, on se demande où se trouve l'interêt d'écouter ça puisque l'on possède l'original... Alors oui, les fans vont beaucoup aimer, cela leur permettra de conforter le vide musical laissé par le maître ayant désormais changé de style, mais de mon côté je crie au scandale et à l'overdose de ces groupes sans personnalité qui ne font que reprendre ce qui a déjà été fait. Parfois cela fonctionne, d'autres fois beaucoup moins, et si ce disque se montre tout à fait recommandable pour les amateurs des anciens Children Of bodom, les autres n'ont qu'à se procurer "Follow the reaper"... Note : 3/6 Page 44/143 IKON : A moment in time Chronique réalisée par Twilight Ce qui frappe d'emblée chez Ikon, c'est la smilitude de la voix de Michael Carrodus avec celle de feu Ian Curtis, à tel point qu'on flaire une histoire de réincarnation. Fondés sur les cendres de Death in the dark, le groupe joue une cold wave passablement inspirée par Joy Division et les Cure ('Alone', 'A moment in time'). On y retrouve ce feeling triste, presque doux parfois, articulé autour d'une rythmique simple, des claviers mélancoliques et des guitares aériennes. Nos Australiens ne dédaignent pas non plus jouer dans un registre plus gothic rock pêchu, tant au niveau vocal que musical ('As time goes by', 'Under the watchful eye', 'Headspin',...). Je dirais de la musique de Ikon qu'elle n'est pas de celles qui vous donnent des coups de coeur à vous rouler par terre, d'autant qu'elle ne brille pas par l'originalité. Elle a pourtant un charme certain, dû principalement au chant et à l'efficacité des lignes de guitare, qui fait que, mine de rien, on y revient sans s'en lasser. Plutôt mature, cet album reste bien ficelé et cohérent avec quelques titres marquants (le très bon 'Why', 'Dreaming', 'Echoes of silence', 'Reality is lost'...) et au final, pas vraiment de faiblesse à déplorer. Note : 5/6 Page 45/143 HURTLOCKER : Fear in a handful of dust Chronique réalisée par pokemonslaughter Autant je me plains souvent que les groupes n'apportent rien à ce qui a déjà été fait, noyant un style dans une masse de sous groupe, responsable du cycle des styles (revival doom, les vieux briscards du death qui reviennent), autant parfois certains ont la jugeotte de foutre des couilles et leur sueur dans leur musique pour rendre l'ensemble plus intéressant. Hurtlocker, franchement, ça dépote, ça bastonne, ça arrache la gueule avec un plaisir de vrai masochiste. D'entrée de jeu avec "Symptoms" on comprend que les gars ne rigolent pas. Son épais, tranchant sans jamais verser dans le surproduit, le surfait, blast à la Cannibal Corpse, riffs death à l'ancienne, je défie quiconque de ne pas avoir de crises de headbanging à l'écoute de ce "Fear in a handful of dust". Car si l'on met de côté le chant arraché typé hardcore (genre un Jamey Jasta qui se met au death), ce disque c'st du pur death/thrash comme on n'en entend plus beaucoup ces derniers temps. Rageur, ultra efficace, un coup de poing dans la gueule de l'auditeur qui lui reste le sourire béant. Breaks vicieux, accélérations opportunes, Hurtlocker maîtrise son sujet sur le bout des doigts. Alternant passages complètement thrash, digne du Sepultura de la grande époque ("Beneath the remains"), d'autres plus typés death old school (autant côté suèdois que ricain), des ralentissements plus fait pour tuer que pour headbanguer (l'influence hardcore s'y fait sentir), cet album marque déjà ma première grosse claque de l'année. Mais merde écoutez moi ce "Painted red", tout droit sorti du meilleur des Slayer ! Solos qui partent en couilles, structures faciles et instantanées, cette impression que le groupe vous en veut personnellement argh qu'est ce que c'est bon ! Je le répète, la hargne est ici palpable, et c'est ce que l'on demande dans ce style. Car si le riffing est ici milles fois entendus, il reste toujours inspiré et efficace, fait plutôt rare ces derniers temps (bon sang "I am everything" possède une intro absolument renversante)... Difficile d'en dire plus, on tient là un grand disque de death/thrash, implacable et indéniablement un groupe qui sait ce qu'il fait. Et si les grands ne craignent rien, ils peuvent trouver en Hurtlocker un digne représentant du style qu'ils ont porté aux nues (pour peu que l'on ne soit pas hermétique au feeling hardcore se dégageant de certains breaks). Pour reprendre une phrase si souvent galvaudée : A écouter d'urgence ! Note : 5/6 Page 46/143 UMBRA NIHIL : Gnoia Chronique réalisée par Møjo C'est amusant comme parfois, il s'en faut de très peu. Vous avez une idée vous, de pourquoi Aarni a fait timidement parler de lui, tandis que Umbra Nihil est resté terni dans l'ombre ? Pourtant les deux groupes ont partagé un split... leurs albums respectifs sont sortis dans des périodes très très proches, et sur le même label qui plus est... Est-ce que vous saviez qu'en plus de partager tous ces faits, Umbra Nihil et Aarni sont en fait purement et simplement l'oeuvre d'un seul et même type, à savoir Markus Marjomaa ? Musicalement d'ailleurs, les deux projets ne sont pas si éloignés... Au niveau du son notamment, et même si Umbra Nihil se veut plus teinté de guitares et de saturation, le grain des prod est relativement similaire et un peu artificiel... Umbra Nihil, concrètement, pourrait être un Aarni débarassé de toutes ses écailles reptileuses plantées de façon absurde et moche sur le dos du machin... Umbra Nihil s'apparente à une espèce de metal aux longues longues plages atmosphériques, généralement ménées par un gros riff boomant sur lequel viennent se greffer quelques leads, des lignes de basses rondouillardes, des attaques rythmiques, et grunts profonds et abominables ; l'atmosphère est à la féérie tristement sinistre, à la fois légère et très sombre, c'est sans doute l'effet des saturations bel et bien doom metal qui viennent casser régulièrement la structure de titres qui se voulaient vous emporter un peu trop haut. On pense peut-être à une version un peu moderne et moins extrême d'un early-Katatonia, plus fouillé, plus posé et moins blafard... En tout cas moi j'aime bien, c'est sacrément doux à l'oreille, les atmosphères développées sont pas piquées des vers et plutôt peu communes, et ce Gnoia m'évoque plus que jamais la meilleur équivalent musical qu'on puisse jeter à un mouton : gerbant et baveux de près, adorable et touffu quand on en décrit les contours. Bêêêêê... Note : 4/6 Page 47/143 SOILENT GREEN : Sewn Mouth Secrets Chronique réalisée par pokemonslaughter En additif, et comme réclamé par certains (ne les nommons pas), je me permets d'ajouter quelques lignes à la chronique de saïmone concernant la réédition de ce "Sewn mouth secrets" avec en bonus le "String of lies". Si on peut se poser des questions quand à l'interêt de cette réédition (le disque est-il introuvable ? Il ne me semblait pas...), le seul attrait qu'il peut montrer sont donc ces trois morceaux bonus. Et bien ici pas de réelles surprises, on a droit au Soilent Green de 98, mélangeant avec joie grind, passages stoner (même si peu présents sur les morceaux bonus), breaks tout en contre temps, et alternances de chant. il est à noter que la prod' plus crue sur ces morceaux apporte une dimension plus roots qui sied au groupe. Et quand on entend "Cat with nine claws" ou "Felt nothing" on comprend tout de suite de quoi il s'agit : du gros grind qui aime bien s'ouvrir à autre chose de plus "fumant" si vous me passez l'expression. Blasts, coupures brusques, explosions, et plaf break stoner-ien avec ces accords qui semblent mourrir sous un paquet de camel, Soilent Green aime casser tout ce qu'il entreprend, et ce, avec une brutalité assez inhabituelle. Il est par ailleurs à noter que le chant ultra profond se fait plus proéminent, et ce n'est pas un mal. Bref, un additif honnête, qui ne porte pas préjudice à l'album initial. Je doute que ceux possédant l'original se jettent dessus mais bon, sous l'effet de quelques substances on peut faire de vraies folies... Note : 4/6 Page 48/143 OVERSELF : Tre Chronique réalisée par Møjo Alors Overself c'est du metalcore moderne et ça me fait chier. Ca se qualifie de post-nu-metal et ça leur va très bien. Un type qui braille comme un veau sur des riffs saccadés, de la grosse rythmique dans ta face, des breaks atmosphériques avec des guitares et du chant clair, diluant parfois des ambiances assez étranges et décalés, avec des harmonies et tout ce qui est de bon goût, et c'est comme cette chronique, c'est compact sans toutefois rentrer dans l'ultra bourrin. Note : 3/6 Page 49/143 SUBLIMINAL FEAR : Demo 2005 Chronique réalisée par pokemonslaughter Allez et un de plus. Subliminal Fear en est encore au stade de la démo, et pourtant, les voilà avec un son et des compos déjà professionnelles. En tout cas, si leur death mélodique, renvoyant bien vite à "The mind's I" de Dark Ttranquillity, il n'est pas non plus franchement transcendant. Très heavy metal dans l'approche, SF appose des rythmiques plus typées death metal tout en conservant cette composante mélodique typique du genre. Bon, soyons honnête, si la démo passe comme ça, heureusement qu'elle ne dure que 16 minutes. non parce que quand même, il n'y a pas grand chose à retenir. Toujours le même type de riffs, le même genre d'harmonies, le chant est affreusement monotone... Une sorte de heavy metal survitaminé qui aurait choppé un gros brailleur fan de Tomas Lindberg à défaut d'avoir choppé un type qui sait chanter juste et en plus le chant extrême, il le fait mal). Bref, le truc sympa mais qui a interêt à sacrément bosser son style pour proposer quelque chose qui sortira la tête de la mare de merde ambiante, parce que là désolé mais c'est pas ça encore... Note : 2/6 Page 50/143 IKON : In the shadow of the angel Chronique réalisée par Twilight 'In the shadow of the angel', d'une certaine manière, constitue le frère noir de ' A moment in time'; les deux albums sont sortis la même année, arborent le même decorum gothique, ont le même line-up...Celui-ci est pourtant légèrement supérieur en qualité selon moi. Plus obscur, plus dynamique, il se place clairement dans une ligne plus gothic rock en délaissant les influences 'Curesques' (encore que l'instrumental 'In the shadow of the angel' pourrait démontrer le contraire) sans perdre sa profonde mélancolie. La voix de Michael Carrodus, véritable jumelle de celle de feu Ian Curtis (par moment, c'est assez stupéfiant) y est pour beaucoup et donne à Ikon cette patte spéciale empreinte de goth et de cold wave. Mais ce n'est pas le seul atout de 'In the shadow of the angel' car les mélodies sont vraiment excellentes et inspirées. Les lignes de guitare sont très bonnes et mises en valeur par une rythmique bien mixée; associées au timbre désenchanté de Carrodus, elles forment un cocktail des plus réussis. Des morceaux marquants ? Il n'y a que ça, à commencer par une superbe reprise gothic rock du 'Fall apart' de Death in June (le groupe confirmera par la suite son goût pour le dark folk), 'Black roses', 'Condemnation', le très beau 'Suicide'...Le chef-d'oeuvre de Ikon selon moi. Note : 6/6 Page 51/143 IKON : Flowers for the gathering Chronique réalisée par Twilight Après deux bons albums, 'Flowers for the gathering' semble marquer un certain essoufflement chez Ikon, non pas qu'il soit mauvais mais le groupe paraît tourner en rond. La première constatation est qu'il s'agit d'un disque plus calme dans ses sonorités. Les guitares gothiques de 'In the shadow of the angel' se sont effacées, elles se sont devenues plus cristallines, les claviers ont pris plus de place au mixage, ce qui n'est pas toujours heureux car leur présence sur certains refrains ('Camouflage heart', 'Somewhere else') donne un côté un brin pompeux gâchant l'atmosphère crée par les couplets. En règle générale, la tendance musicale du groupe se rapproche plus de Clan of Xymox, surtout lorsque Chris chante ('In trust I return') et montre même un certain goût pour les structures dark folk dans l'écriture ('Somewhere else', 'Camouflage heart'). Heureusement des titres comme 'Call of despair' ou 'Stranger I've become' viennent prouver que Ikon n'a pas perdu toute inspiration mélodique et apporter une touche plus noire à un album décidément trop cool pour être mélancolique. Dommage car les idées abondent ('On the trail of tears') mais ne sont jamais menées au bout, pire, elles sont parfois popisées de triste manière par des claviers mal utilisés. Faut-il y voir le signe d'un malaise grandissant entre Carrodus (qui quittera le groupe peu après) et ses collègues ? Toujours est-il que sans être franchement mauvais, 'Flowers for the gathering' est un opus bien peu inspiré. Note : 3/6 Page 52/143 IKON : The final experience Chronique réalisée par Twilight Mode X-Files obligeant, Ikon se découvre soudain un intérêt pour les extraterrestres, ce qui explique l'artwork de la pochette et n'en a aucun avec ce disque. Il s'agit simplement d'une édition limitée proposant diverses versions et remixes des chansons de leurs cinq ans de carrière. Soyons clairs, cet objet est destiné aux fans hardcore avant tout car on y trouve vraiment du lard et du cochon. Le pire (la techno stupide et sautillante de 'In the shadow of the alien') côtoie l'intéréssant (le remix martial de 'The final experience') mais surtout l'inutile ( la plupart des versions démo et acoustiques, à peine différentes qui n'apportent strictement rien à l'édifice). Une compilation sans intérêt dont je peine à m'expliquer la sortie. Note : 2/6 Page 53/143 ASTAROTH : Organic Perpetual Hatework Chronique réalisée par Alex Yeah ! Alors ça, c’est l’esprit mes frères ! Après une superbe intro atmosphérique, aérienne et mélancolique, dominée par un clavier planant et un piano discret et très élégant, déboulent d’un seul coup un putain de blast énorme et furibard, un riff d’une ampleur infernale et une voix bien glaireuse et teigneuse comme on les aime. C’est parti ! « Bloodwork » s’avère aussi brillante que son démarrage en trombe le laissait espérer ; la suite est variée, les breaks efficaces, la dynamique irréprochable. L’intro au synthétiseur du brûlot suivant confirme l’originalité de ce black metal très atypique : le clavier joue un rôle important, soit qu’il accroisse l’ambiance développée par les leads de guitare, soit – surtout – qu’il prenne à son compte la direction mélodique du morceau. L’emploi que fait Astaroth du clavier démontre en tout cas qu’il ambitionne autre chose pour sa musique que l’habituel déferlement de bestialité primaire plus ou moins dépourvue d’âme qui caractérise souvent le black. Un black de toute façon nourri de très heureuses influences heavy metal (et parfois thrash), qui imprègnent avec cohérence et efficacité leur travail (cf. « Soulcloned », tout bonnement excellente). En plus du synthé et de ses mélodies ultra rafraîchissantes (il y en qui sonnent franchement pop, ce qui constitue l’un des piliers de l’identité musicale du groupe autant qu’un maître atout dans son jeu), Astaroth s’efforce de varier ses structures d’une façon non conventionnelle pour le style, avec des ruptures et des rebondissements adroitement gérés qui entretiennent la dynamique de façon assez inattendue. Il y a beaucoup de passages (notamment avec piano et synthé) qui m’ont évoqué l’Arcturus de « La Masquerade Infernale », d’autres qui brillent d’une majesté toute heavy métallique, d’autres encore dont le lyrisme symphonisant pourrait sans problème soutenir la comparaison avec un Dimmu Borgir. Tout cela est parfaitement maîtrisé, l’inspiration, d’un niveau constant, est bonne – voire par moment excellente, la production est terrible, claire et puissante... Le résultat est assez impressionnant : cet album témoigne d’une très forte personnalité, dégage une ambiance énorme et bien particulière, et constitue en somme la réjouissante tentative d’un black original, frais, ambitieux, très personnel et d’une grande profondeur. Note : 5/6 Page 54/143 IKON : Dawn of the Ikonoclast (1991-1997) Chronique réalisée par Twilight Dans la série des compilations limitées de Ikon, en voici une bien plus intéréssante que l'insipide 'The Final experience'. Composée de deux cds, elle propose sur l'un d'eux différentes remixes, un certain nombre d'entre eux n'étant disponibles que sur single. S'ils n'apportent pas toujours beaucoup plus que les originaux, ils n'en restent pas moins tout à fait corrects. Le second cd s'avère, lui, nettement plus indispensable car il inclut plusieurs titres de Death in the dark, la première formation des membres du groupe, ainsi que des inédits de Ikon. On a par exemple 'Alive' tiré de la toute première session d'enregistrement, un excellent morceau très calibré gothic rock ou 'Seventh heaven' qui frappe par la présence de la batterie (l'un des rares morceaux co-écrits par leur ancien batteur). Citons aussi 'Hour glass' écrit par Chris McCarter durant une pause de Ikon en 1992 qui s'avère quelque peu annonciateur du futur son (après le départ de Carrodus), soit plus proche de Clan of xymox dans le chant et les sonorités. Quant à Death in the dark, c'est très calibré goth mais avec une touche plus mélancolique que je ne l'aurais pensé et à ce niveau, Ikon se révèle une continuité parfaite de ce premier projet. Certes, certains de ces essais sont un brin maladroits, le timbre de Michael Carrodus n'est pas toujours assuré (et il lui manque parfois cette touche Ian Curtis si particulière) et la qualité de production correspond à celle d'enregistrements maison. Si on comprend pourquoi certaines chansons n'ont jamais franchi le cap du cd, d'autres en revanche auraient été une perte ('We walk alone' très inspiré du 'They walk in line' de Joy Division, 'Alive', 'The awakening' ou encore 'Your obsession'). Qui plus est le livret fournit pas mal d'informations sur chaque morceau ainsi que quelques vieilles photos. Pour les fans, c'est donc un beau document d'archive pour découvrir les débuts du groupe. Note : 4/6 Page 55/143 IKON : Subversion Chronique réalisée par Twilight Cette fois, ça y est, Michael Carrodus a quitté Ikon qui se trouve réduit à un duo. Qu'à celà ne tienne, Chris McCarter décide d'assumer les vocaux, ce qu'il avait déjà fait une ou deux fois par le passé. Le son change aussi, exit les atmosphères de guitares gothiques (à part sur la nouvelle version de 'Condemnation'), nos Australiens font flèche de tous bois s'essayant tour à tour au dark folk ('Glory of Justice'), à une dark wave proche de Clan of Xymox (le timbre de Chris se rapproche pas mal de celui de Ron Mooring d'ailleurs) sur 'Subversion' ou le remix de 'In trust I return' ou quelques touches 'Curesques' ('Time and illusion'). A priori, c'est plutôt correct, tout laisse à penser que le groupe a encore un avenir, McCarter se révèle un chanteur tout à fait valable même si moins charismatique que Carrodus. Reste qu'un mini, c'est encore peu pour se faire une idée définitive de la direction de IKon, c'est juste une belle promesse qui ne demande qu'à être confirmée... Note : 3/6 Page 56/143 CRIMES OF PASSION : Rites of burial Chronique réalisée par Twilight Crimes of passion est la partie la plus noire de Ikon. Dernier projet auquel Michael Carrodus ait participé avec ses collègues, il semble en effet compiler toutes leurs influences les plus sombres, notamment un goût certain pour des structures plus martiales et des sonorités lourdes et saturées. C'est peut-être là le fil conducteur du disque car pour le reste, c'est assez panaché et une visite guidée s'impose. L'instrumental 'Life begins' démarre avec une sorte de pulsation (qui ressemble à un coup de fouet) traversée de glockenspiel avant de céder la place au meilleur morceau, 'Firt experience'. Percussions martiales, synthés inquiétants, récitation froide, les influences Death in June, Boyd Rice ne sont pas bien loin. Climats très différents pour 'Flowers for the gathering', pièce pour guitare et basse qui évoquerait plutôt des échos de Cocteau Twins période 'Victorialand'. 'No order' se rapproche davantage du son traditionnel de Ikon, du très bon Ikon, cold wave en diable. 'Predator', autre instrumental, concilie atmosphère tranquille, synthés angoissanst et percussions martiales en arrière-fond. 'A tale of two murders' est le morceau le plus rapide du disque, on y trouve une rythmique électro qui me fait penser à 'Goliath' de Mentallo and the Fixer traversée de sons étranges et grinçants. 'Red dragon' retrouve les atmosphères glauques et la récitation glaciale de 'First experience', saturations de guitares, voix sombre...jamais on aurait cru Ikon capable de tant de noirceur. Avec 'Kaos', c'est le retour à un excellent gothic rock pêchu, dommage qu'il n'y ait pas de chant. 'Emptiness' est encore plus expérimental: vocaux chuchotés noyés d'échos, montées de sons étranges, bruits bizarres...J'aime beaucoup aussi 'Darkened room' pour ses percussions rituelles et lourdes entourées de sonorités inquiétantes dans laquelle la voix de Carrodus, hypnotique et répétitive semble se perdre, lointaine. Curieusement, malgré son titre, 'Trance until death' est presque le plus joyeux de l'album avec son côté New Order. La visite s'achève sur un 'Life ends' oscillant entre nappes tristes et sonorités plus noires (encore un instrumental). Aussi panaché soit-il, voilà un disque de grande qualité qui révèle un côté particulièrement torturé de Ikon auquel on ne songerait pas forcément mais qui montre bien les goûts écclectiques des musiciens et leur capacité à expérimenter sur d'autres territoires. Note : 5/6 Page 57/143 IKON : Secrets within Chronique réalisée par Twilight Quoi ?!? Encore une compilation ? Ben oui, mais rassurez-vous, dans ce cas-là, elle se révèle aussi intéressante qu'un album studio. Pourquoi ? C'est très simple, elle groupe toutes les participations de Ikon à différentes compilations et est donc composée aux trois quarts d'inédits dont la plupart valent largement le détour. On peut commencer par les nombreuses reprises, le groupe ayant participé à de plusieurs hommages (Joy Division, of course ! The Damned, Kraftwerk, Dead can dance, Bauhaus...). On passe du ratage rigolo ('The Model', 'I Can't be happy today') à quelques réussites ('She's in parties' quoiqu'un peu poussif, 'Shadowplay' ou 'In power we entrust the love adocated', intéréssante variation rythmée comparée à l'original). Nous avons aussi quelques croustillants inédits comme le superbe mix de 'Stranger I've become' ou l'excellent 'Ballad of Gillians Islands', adaptation gothic rock d'une ballade de marins, ainsi qu'une version live de 'Reality is lost' (pas intutile, les enregistremenst live de Ikon étant rarissimes). Pour le reste, ce sont des compositions que l'on retrouve sur les albums réguliers, en général avec des mixes intéressants ou en version originale. Qui plus est, le tout sonne assez homogène, c'est le côté gothic rock de Ikon qui prédomine. Ce 'Secrets within' est donc un achat qui se justifie pleinement. Note : 4/6 Page 58/143 GOREFEST : Mindloss Chronique réalisée par pokemonslaughter les trois B vous connaissez ? Enfin, voyons ! Tout bon death metalleux devrait les connaître : brutal, bestial, bourrin. Voilà la première leçon que semble avoir bien compris Gorefest. Sur ce premier opus, le niveau de violence est franchement élevé. Pas une violence faite à coups de grands blasts, de cassures multiples et riffing ultra recherché, non juste un pavé direct dans la gueule, instantané et déoulatoire. Dès le mythique "Mental misery", on rentre dans le vif du sujet, et on va en bouffer pendant plus de 40 minutes. Un son rugueux, sale mais non dénué de puissance, des riffs entre death old school et instant quasi grind (vous savez ces riffs de trois notes répétés ilassablement), une batterie bloqué dans le rouge et surtout un chant absolument ignoble ! Voilà clairement le point qui m'a fait tomber amoureux de cet album malgré son conformisme évident. Franchement, voilà bien un modèle du genre niveau "chant primaire", une espèce d'éructation crachée dans le micro, gutturale comme pas deux et qui se paye le luxe d'être inimitable (je n'ose même pas imaginer la gueule des cordes vocales de jan chris...)... Franchement, je ne suis pas sûr qu'un buffle doué de cordes vocales soit aussi efficace. Pour revenir à la musique, nous ne sommes pas encore en présence du Gorefest de "False". Les compos sont très simples, directes et facilement assimilables, tout à fait dans la mouvance death de l'époque. Si le groupe arrive à décocher deux petits classiques du genre avec "Mental misery" et "Confessions of a serial killer", le reste du disque est sensiblement du même niveau sans jamais vraiment casser la baraque. Reste donc au final un disque jusqu'auboutiste, résolument primaire qui à titre personnel revient souvent dans la platine dans les moments d'énervement. Et croyez-moi je me sens bien mieux au bout de deux morceaux... Note : 4/6 Page 59/143 TYRANNY : Bleak vistae Chronique réalisée par pokemonslaughter Avec Tyranny, on rentre dans la catégorie poids lourd du funeral doom. Et quand je dis lourd, c'est LOURD. Récemment porté au grand jour avec la sortie de "Tides of awakening", c'est pourtant avec ce premier maxi (enfin... 45 minutes le bougre) "Bleak vistae" que Tyranny s'est fait connaître. Sur ce dernier, tous les prémices d'un groupe sont déjà là. Il n'est pas ici question de mélancolie profonde ou autres niaiseries très en vogue, non Tyranny c'est du minimaliste, du tonitruant... du lourd ! Les trois morceaux présentés ici font plus figure de voyage dans l'espace que d'une introspection suicidaire. A la fois ultra pesant par sa rythmique ultra lente et aérien avec ses claviers en nappes et autres leads fantômes, Tyranny navigue entre deux eaux. Evocateur de lieux inconnus, de secrets inavouables, le duo commence dès ce maxi à se créer son univers sonore, quelque part entre l'onirisme d'un Esoteric, l'aspect etouffant d'un Skepticism et l'inventivité mélodique d'un Evoken. On se surprend à rêver de bêtes endormis, totalement informe, suggérées par ce chant régurgité et chuchotté à la fois. Au cours de l'écoute, nous sommes ainsi trimbalé entre ces claviers toujours opportuns (le plus souvent en nappes, mais parfois quelques notes de pianos) et ces moments d'énervements où les guitares prennent le contrôle ("The leaden stream", "Drown") le tout recouvert par cette ambiance à la fois abyssale et éthérée. Le morceau phare, tout à fait évocateur de ce qui vient d'être écrit, est ainsi "The leaden stream" qui brille par ses ambiances variées, sa batterie qui se transforme en martèlement rituel, cette mélodie en son clair si simple et pourtant soulignée par le clavier avec un talent rare. A coup sûr l'un des plus gros morceaux du groupe. Ceci étant dit, si le groupe se pose comme un créateur d'ambiance hors du commun (et il poussera le bouchon plus loin encore sur le suivant), la répétitivité, la linéarité de la musique proposé risque d'en rebuter plus d'un. Les guitares grésillent, la même recette rythmique/mélodique (que ce soit claviers ou guitares) est toujous utilisée, le chant peut se montrer franchement monotone au fil des écoutes, le rythme est ultra minimaliste, bref clairement pas le disque idéal pour commencer le genre. A côté de cela, on sent que sur ce maxi Tyranny n'arrive pas encore à se dégager se son influence principale, à savoir Skepticism, la première moitié de "Drown" en atteste sans problème, tant il sent la repompe pure et simple. Heureusement, dès l'apparition des claviers le groupe se retrouve alors dans son univers si particulier. Au final donc, un maxi frappant par l'atmosphère qu'il dégage, un générateur de cauchemars vraiment puissant, aux éléments ambient parfaitement distillés, encore assez conventionnel dans la forme mais demeurant un excellent achat pour tout amateur d'experiences musicales sombres et déconnectées de la réalité. Note : 4/6 Page 60/143 INFERNAL POETRY : Beholding the unpure Chronique réalisée par pokemonslaughter Voilà bien une galette que les conservateurs et autres die hard du death ne vont pas apprécier. Derrière cette étiquette "schizo death metal" auto attribuée par le groupe, se cache un groupe qui d'une base death fait son truc, bien barré et ultra carré. Décrire la musique d'Infernal Poetry n'est de ce fait franchement pas aisé. Imaginez une sorte de mix entre le "Spheres" de Pestilence, du Coprofago, quelques riffs à la suèdoise, un batteur epileptique de la double, des grattes qui ne peuvent d'ailleurs s'empêcher de suivre cette dernière, et un ensemble qui verse beaucoup plus dans le mélodique que le brutal. J'imagine bien sûr qu'avec cette mauvaise phrase bancale, vous n'avez rien compris et vous demandez toujours ce que peut bien donner Infernal Poetry. Et bien, en fait, après un paquet d'écoutes, je me le demande aussi en fait. Soyons clair, nous n'avons pas pour une fois affaire à un disque de genre. L'écoute fait passer quelque chose, certaines harmonies sont vraiment bien senties et le groupe a pensé à composer des chansons plutot que des collages de riffs (le groupe tombe tout de même souvent dedans) "The unpurifier". Il m'arrive souvent de penser au "Sound of perseverance" de Death dans une version je le répète ultra carré, le batteur sonne comme une BaR, c'en est presque regrettable. Les solos sont superbes, une vraie oeuvre de techniciens qui parviennent cependant à atteindre les non fans de virtuosité. Cependant, dès que le groupe veut se faire plus brutal, ou s'essaie à des échanges de voix (souvent les couplets) le résultat est assez foireux ("insane vein..." est complètement loupée)... Non, voici clairement un album qui ravira les fans des derniers albums de Death et Pestilence ou encore Carcariass. Un album riche mélodiquement, un peu gâché par cette batterie trop synthétique et ce côté déshumanisé mais dont l'aspect moderne lui confère un cachet particulier... "Beholding the unpure" peut ainsi se targuer d'être une oeuvre de qualité dans cette mode du "techno death" qui ressemble plus à un fourre-tout de techniciens qu'autre chose... Une découverte foutrement intéressante ! Note : 4/6 Page 61/143 SKUMRING : De glemte tider Chronique réalisée par pokemonslaughter Quand je vous dis que le doom est à la mode. Si l'on voit des formations comme Tyranny émerger pour notre plus grand bonheur (malheur devrais je dire), il y a aussi des formations comme Skumring qui déboulent... Et là c'est bien différent. Skumring évolue dans la sphère la plus mélodique du genre. Chant féminin, jolies leads mélancoliques, guitare rythmiques connaissant deux accords, batterie lente et binaire, quelques grattes acoustiques... Skumring maîtrise le sujet et parvient à dégager un feeling tristounet (triste est un peu fort...). On pense immédiatement à Funeral, pour cette alternance guitares acoustiques/electriques et surtout pour ce chant féminin aérien, d'obédience classique, qui pose instantanément un cadre d'apaisement et de rêveries d'un meilleur monde. Seulement Skumring n'est pas Funeral, du moins pas encore. Car tous ces ingrédients utilisés ici ne sont utilisés qu'à 25% de leur capacité, on sent clairement que le groupe pourrait aller plus loin. Ces leads qui sentent le déjà-vu (Forest of shadows par exemple), ces parties acoustiques un poil trop cheaps pour se montrer convaincantes sur la durée, ce chant féminin qui finit par vite lasser car pas contrebalancé, Skumring s'égare dans sa mélancolie et son romantisme. Trop répétitif ("De glemte tider"), pas assez inspiré dans ses leads, trop simpliste dans ses patterns rythmiques, le combo montre son potentiel tout en gachant ce qu'il pourrait offrir. D'autant plus dommage que le feeling est bel et bien là, le message passe, l'introspection est immédiate... J'espère donc que Skumring saura approfondir sa musique, trouver le petit truc qui nous fera vibrer car pour le moment, malgré sa talentueuse chanteuse et l'ambiance mignonne, on finit quand même par bien s'ennuyer... Note : 2/6 Page 62/143 IKON : Psychic vampire Chronique réalisée par Twilight Pour être honnête, depuis le départ de Michael Carrodus, j'avais suivi assez distraitement les pérégrinations de Ikon. Certes, Chris McCarter s'était révélé un chanteur tout à fait valable et les titres entendus sur diverses compilations plutôt corrects. Une certaine lassitude ? Peut-être bien, je ne sais pas...Et puis ce débat sur un forum où l'on accusait Ikon de faire de la propagande pour une secte satanique nazie...N'importe quoi, Dieu merci ! La vérité est que les membres du groupe ont effectivement rejoint l'Eglise de Satan et que sur cet avant-dernier album, il traient du thème du 'vampire psychique' (obscure notion reprise par des groupuscules sectaires assez dangereux semble-t-il...allez savoir). Qu'importe, la démarche d'Ikon reste personnelle et ce 'Psychic vampire' n'a strictement rien d'une quelconque propagande, ils ne font que refléter les interrogations de Chris McCarter. Toujours est-il que, intrigué par cette inhabituelle pochette, je me suis offert le cd et que j'ai bien fait. Musicalement, c'est un peu toujours la même chose mais je dois dire que les mélodies et arrangements sont plutôt efficaces. On a affaire ici à une sorte de goth rock assez soft dans la lignée de Clan of Xymox avec de-ci de-là quelques influences In my Rosary (les bons 'Crucified' et 'As fate decrees'). Pour le reste, nous trouvons quelques morceaux bien rythmés dont certains se rapprochent du son des débuts ('I never wanted you' ou le bon 'Blue murder' aux arrangements 'Curesques') où Chris parvient à marier synthés et mélancolie en évitant le piège pop de certains de leurs morceaux précédents. De pop, il n'est en tous cas nullement question dans la pièce finale, 'Purgatory', collage glauque de hurlements, grognements et autres bruits. Sont-ce ces nouvelles interrogations mystiques ? Toujours est-il que la musique a regagné une forme de maturité profonde qu'elle avait un peu perdue. Au final, on retrouve du bon Ikon, ça fait plaisir. Note : 5/6 Page 63/143 IKON : Destroying the world to save it Chronique réalisée par Twilight Visiblement, le culte du malin réussit bien à Ikon. Depuis qu'ils ont sympathisé avec l'Eglise de Satan, l'inspirations semble revenue au galop. Musicalement, le ton s'est durci et se rapproche davantage des débuts, soit un bon gothic rock pêchu et efficace. Les guitares ont regagné leur place d'honneur, les synthés légers se sont effacés, la noirceur est revenue. Bon, il est clair que Ikon n'a guère changé sa ligne de conduite et que au niveau originalité, on peut faire mieux, il n'empêche qu'ils font ce qu'ils savent faire et qu'ils le font bien. 'Destroying the world to save it' ne contient pas de réelle faiblesse et réserve même quelques petites surprises comme une apparition de Louisa John-Kroll aux vocaux sur 'Ashes of blue' (Dieu, que sa voix fait penser à kate Bush), l'un des titres les plus tranquilles. Seule petite ombre au tableau, les musiciens de Ikon sont sincères jusqu'à la naïveté; qui d'autre qu'eux pouvait penser impressionner qui que ce soit avec de grotesques images d'un type à masque de chèvre supposé représenter le diable ? On leur pardonne aisément vu la qualité de l'album, d'autant qu'au niveau grand-guignol, l'Eglise de Satan et son décor à deux balles sont assez réputés... Note : 5/6 Page 64/143 TRAGIC BLACK : Burnt black Chronique réalisée par Twilight Vision me l'avait confirmé lors d'une interview, Tragic Black aimerait beaucoup venir jouer en Europe mais le manque de moyens et de label constituait un obstacle des plus sérieux. Ayant signé avec Strobelight, il se pourrait qu'un tel projet ne soit bientôt plus une fiction. D'ailleurs le groupe a décidé d'empoigner le taureau par les cornes; pour récolter des fonds, il propose à la vente un cd live autoproduit. Hé bien, oui, pourquoi ne pas se faire une idée de leurs prestations live ? En tous cas, le son est bon, rien à dire, qui plus est, on trouve en avant-première quelques morceaux inédits pour l'heure qu'on peut espérer trouver sur leur prochain album ('Suburbian dytopia', 'Circuit 3'...). Pour résumer, je dirais que c'est assez proche de l'atmosphère de 'Sixx premonitions', soit un batcave pêchu, un brin expérimental, entre post punk et expérimentation gothico-électronique, mené par le chant possédé, parfois presque hystérique d'un Vision en grande forme. Le groupe a voulu bien faire et a remixé proprement ses titres; j'aurais pour ma part préféré une production plus brute et spontanée mais je cherche un peu la petite bête, 'Burnt black' est une alléchante mise en bouche. Si vous souhaitez voir le groupe jouer en Europe, vous savez ce qu'il vous reste à faire, non ? Note : 4/6 Page 65/143 CRUCIFIX NOCTURNAL CHRISTIANS : Circus of angels Chronique réalisée par Twilight Avec ce second cd (sorti en 2003, c'est moi qui suit lent, ou simplement suisse diront certains), Crucifix Nocturnal Christians prouvent à tous ceux qui croyaient en eux qu'ils avaient raison. Si le groupe a légèrement modifié son axe d'attaque par des percussions plus électroniques, il se maintient dans son domaine de prédilection, soit un bon gothic rock rythmé, assez classique mais bien ficelé. L'autre atout important est la très belle voix de Alejandra Mucaled mise en valeur par un mixage qui donne l'impression qu'elle survole le tout (ce qui au final colle bien avec le thème des anges). Je ne puis m'empêcher, comme sur 'Sacrifice', d'établir un parallèle avec les premiers Ikon; on y retrouve en effet cette même énergie sombre doublée d'un feeling mélancolique apporté par le chant, masculin chez les Australiens, féminin chez les Argentins. Les compositions sont solides, que ce soit dans un registre plus calme ('Strange lands') ou plus rythmé ('For you', 'Here and hide' et ses riffs plus appuyés, 'Pray in vain' et sa bonne programmation,...). Pas vraiment de faiblesse pour un album qui assure les bases d'un groupe qui a tout pour se montrer confiant pour sa suite de carrière. Note : 5/6 Page 66/143 HEROES DEL SILENCIO : Senderos de traición Chronique réalisée par Twilight A la base, les Espagnols de Heroes del silencio avaient tout du jeune groupe de rock sympathique, plein de bonne volonté, ayant beaucoup écouté les Doors. Et soudain, quelle mouche les pique donc ? Voilà qu'ils subissent une mue vaguement gothique pour leur second opus; bye bye looks gentillets, les voilà qui s'habillent à la Mission, portent des perfectos, plombent leur guitares, améliorent leurs compositions, se mettent à dégager un feeling plus profond et délivrent ce qui reste probablement leur plus belle galette (la production de l'ex-Roxy Music, Phil Manzanera, y est-elle pour quelque chose ?). Autant le dire, 'Senderos de traicion' est un foutu bon disque de rock sombre, mature et soigné dans ses mélodies. On navigue ici entre Litfiba et The Mission avec ce petit plus que le groupe, refusant tout compromis, chante entièrement dans sa langue, d'où une sonorité particulière des paroles qui, contre toute attente, fonctionne à merveille et participe à leur identité. A partir de là, les morceaux parlent d'eux-mêmes, que ce soient les excellents 'Entre dos tierras', 'La carta' ou encore 'Hechzio', 'Decadencia' ou 'El cuadro II' avec son intro au clavecin, tout est là, une bonne énergie avec la touche de mélancolie nécessaire...a-t-on besoin de plus ? Note : 5/6 Page 67/143 IN CAMERA : 13 ( lucky for some) Chronique réalisée par Twilight Certains cds sont presque des petits miracles; dans le cas de In Camera, il a fallu aller quêter le moindre bout de single de leur maigre discographie pour parvenir à rassembler de quoi faire un album mais ça valait le coup. Ma première impression à l'écoute de leurs compositions est d'entendre une version ralentie de Play Dead ('Apocalypse') mais couplée avec des structures minimales proches de Joy Division ('Legion'). Le son est noir, brute, écorché, étouffant, le chant évolue au fil du rasoir...In Camera, c'est toute la noirceur du post punk goth, cette musique blessée, organique, qui souffre...jouissif ! Et voilà qu'arrive le coup de massue ! Quatre morceaux datant de la période 1991...A-t-on affaire au même groupe ? D'où sortent ces infectes daubes électro-pop juste bonnes pour des soirées dance ou évoluant dans un registre Happy Mondays ? Pour ma part, je tiens à préciser que ma note ne porte que sur les neuf premiers titres; le groupe aurait mieux fait de rester sur son split en 1981, gardant le mythe intact. Note : 5/6 Page 68/143 WURDULAK : Ceremony in flames Chronique réalisée par Nicko Alors pour moi, Wurdulak reste une énigme. Pourquoi avoir créé ce groupe ? Parce que, honnêtement, c'est une véritable copie de Necrophagia ! Bonne, oui, mais une copie conforme quand même ! Pas étonnant dès lors que quasiment l'intégralité du line-up de Wurdulak se retrouve dans Necrophagia quelques mois avec la sortie de ce "Ceremony in flames" ! Après, pas grand chose à dire honnêtement sur cet opus, vous prenez "Holocausto de la morte" de qui-vous-savez, sans le feeling, vous y mettez des riffs thrash metal slayeresque (parties lentes principalement...), une bonne rythmique variée et lourde, vous y ajoutez Maniac au chant aux côtés de Killjoy et vous enlevez les références aux films gore et ça y est, vous y êtes. Sinon, ça permet quand même de voir que Maniac (de Mayhem à l'époque) a absolument le même chant que celui de Killjoy, on a même du mal à les différencier ! Aussi, et c'est là que le bas blesse, contrairement à The Ravenous, par exemple, qui a réussi à inclure une touche perso à leur musique, Wurdulak ne propose rien de neuf. Voilà tout simplement ce qu'on appelle un all-star band inutile mais honnête avec de bonnes ambiances horifiques et sombres et qui fera parler de lui juste par le fait qu'il inclut des personnalités connues, norvégiennes et américaines, du monde du metal qui tâche ! Pas mauvais, mais pas transcendant non plus. A noter par contre une pochette souvent censurée, comme seul Killjoy est capable d'en réaliser !!! Bref, seuls les fans de Necrophagia s'y retrouveront. Note : 3/6 Page 69/143 CHIEKO (Mori) : Jumping rabbit Chronique réalisée par Nicko Haha ! Voilà une curiosité qu'il est parfois bien fun de proposer sur Guts Of Darkness. En tout cas, c'est à coup sûr un disque pour Saïmone !!! Mori Chieko est en effet une demoiselle, japonaise de surcroit, qui aime les lapins et qui est signée sur Tzadik ! Tout cela est déjà bien sombre et expérimental ma foi. Quand en plus on ajoute que la fi-fille fait tout toute seule, que le "tout" en question, c'est du koto, un instrument exotique traditionnel de son coin (sorte de croisement entre de la harpe et de la guitare sèche) et qu'elle nous interprète un "Au clair de la lune" (!) délirant, moi, je me dis qu'il n'y a que John Zorn pour la signer ! Après, c'est vrai, c'est relaxant, c'est sympa à l'écoute, ça fait un joli fond sonore lors de réceptions chez l'ambassadeur (du Japon of course !) - même si c'est parfois oripilant - je ne discute pas vraiment le principe, mais c'est juste qu'à la longue, ça peut éventuellement dans certaines situations devenir très vite... chiant ! Parce que voilà, c'est un brin répétitif ! Cependant, ça va, par moment, quand on est en pleine séance de yoga intensif, ça peut aider. Bref, quand j'écoute à l'instant, et pour la dixième fois, cet album, je me dis qu'il n'y a que mon cousin pour m'offrir un truc pareil !! Merci cousin pour cette découverte méditative intense !!! Note : 3/6 Page 70/143 TRANCE TO THE SUN : Venomous Eve Chronique réalisée par Twilight Trance to the sun est une version gothique des Cocteau Twins. Je pourrais m'arrêter là tant les structures de composition sont semblables: rythmes saccadés répétitifs et hypnotiques, basse lourde, tout aussi envoûtante, bruits étranges presque psychédéliques en arrière-fond, guitares inquiétantes, voix féminine hantée aux intonations très Elizabeth Fraser ('Phosphorella')...Là où les choses diffèrent, c'est dans le feeling car là où les Cocteau twins se sont dirigés de plus en plus vers des climats heavenly et vaporeux, Trance to the sun développe des ambiances sulfureuses, légèrement malsaines mais de manière ambigüe. Ecouter 'Venomous Eve', c'est comme respirer des vapeurs d'amanite ou sentir un serpent s'enrouler le long du corps...c'est insidieux, progressif, hypnotique, presque étouffant par moment et pourtant, on reste paralysé, partagé entre la transe et la crainte. La faiblesse, c'est cette parenté avec les Cocteau Twins, on se dit que Trance to the sun n'étaient pas les premiers...D'un autre côté, pour ceux qui, comme moi, n'apprécient pas l'évolution toujours plus heavenly pop des Ecossais, les volûtes bizarres et empoisonnées des Américains constituent une alternative intéressante, surtout qu'au niveau mélodique, les compositions tiennent largement la route ('Phosphorella', 'Olive the slut','Devil's club'...), même si elles n'évitent pas toujours quelques longueurs ('Far flung Saturnine'). Note : 3/6 Page 71/143 MOTÖRHEAD : Live at Brixton '87 Chronique réalisée par Nicko Avec ses droits un peu partout dans la nature, on voit fleurir assez souvent des lives plus ou moins officiels de Motörhead. C'est parfois si difficile de faire les différences que j'ai bien cru en achetant ce "Live at Brixton '87" qu'il s'agissait d'une ré-édition totalement officielle ! Et bien non ! Ce live est un véritable bootleg légal. L'avantage de ce genre d'album, c'est d'avoir un son de bonne qualité. Dans notre cas, il est tellement de bonne qualité qu'à lépoque de son enregistrement la bande à Lemmy avait voulu les utiliser pour leur album live de cette époque. Au final, et pour une raison qui m'ait inconnu, ce sont els bandes d'un festival en Finlande qui ont servi au "Nö sleep at all". Ici, ce qui est très sympa, c'est d'avoir un live n'utilisant qu'une seule date, avec les merdes que peuvent rencontrer les groupes lors de leurs performances !! Pour le reste, Motörhead reste Motörhead, c'est-à-dire un très bon groupe de rock n' roll bien puissant et qui balance la patate. Cependant, c'est pas trop ma période préférée du bombardier. Le concert fait suite au médiocre (selon moi) "Rock n' roll" dont les morceaux sont ici bien plus boosté qu'en version studio. Le côté intéressant de ce bootleg, à l'instar de l'officiel "NÖ sleep at all", c'est d'avoir une set-list un peu originale avec pas mal de morceaux plus ou moins oubliés vingt ans plus tard comme par exemple "Rock 'n' roll", "Dogs" ou "Stone deaf in the USA". Par contre, je trouve que le quatuor n'est pas au top de sa forme, je n'ai jamais été un grand fan de la paire Würzel/Campbell, le gallois se débrouillant bien mieux tout seul ! Voilà un bootleg pas indispensable, surtout qu'il existe un officiel de la même période, mais ne boudons pas notre plaisir, un live de Motörhead, c'est toujours bon ! Note : 4/6 Page 72/143 SCARS OF CHAOS : Daemonic alchemy Chronique réalisée par Nicko Je suis très partagé concernant cet album. On est en effet en face d'un groupe très au point, affuté, avec des morceaux inspirés, efficaces, prenants et tuot simplement bons. Il n'y a pas à dire, Scars Of Chaos maitrise son sujet, du black metal symphonique. L'album est varié, très pro, avec de bons breaks, des enchainements pertinents, au poil, bref, il y a tous les ingrédients pour faire un très bon album. Les atmosphères sont véritablement réussies, très sombres, le chant quant à lui, en anglais mais aussi en français, est puissant et juste. Voilà, tout ça pour dire que Scars Of Chaos a de l'ambiation, se donne les moyens our réussir, avec ce premier album vraiment très pro. Je n'ai qu'un seul reproche à faire, celui de proposer un son de guitares manquant parfois de consistence et de clarté, mais rien de grave. Non, en fait, LE véritable problème ici, c'est sa trop grande ressemblance avec Anorexia Nervosa. Un tel mimétisme est rare, on y retrouve le même son et les mêmes plans de claviers/synthés, la même rage dans le chant - quand c'est en français, on a par moments l'impression d'entendre R.M.S. Hreidmarr !! - les mêmes passages destructeurs en blast avec les enchainements vers les parties mid/up-tempos. Aussi, le fait que l'album soit enregistré au Drudenhaus Studio (celui d'Anorexia Nervosa) n'arrange rien non plus à l'affaire, même si, il faut bien l'avouer, il est en grande partie responsable de la très bonne production de l'album. Alors oui, cet opus est indéniablement de qualité avec un réel talent de composition et d'interprétation, mais il me semble qu'il faudrait vite se trouver une identité propre pour sortir de cette trop grande influence. A noter aussi un très bel artwork... Note : 4/6 Page 73/143 SVARTSKOGG : Helvete 666 Chronique réalisée par Nicko Je dois vous avouer qu'en mettant ce disque dans ma platine la première fois, je pensais avoir affaire à du true black norvégien (même si il y a la mention "thrash black metal attakk" au dos du CD !). Que nenni ! Svartskogg, c'est du vieux thrash old school venant directement de Norvège. Il faudrait cependant plutôt dire du vieux Slayer période '83-'86 avec un son de gratte très caractéristique de cette période et des riffs tout droit tirés de "Hell awaits" ou de "Reign in blood" ! Le chant, par contre, est très black metal du début des années 90, pas trop poussé, puissant ni extrême, un peu comme sur les vieux Immortal, mais bien démoniaque comme il faut. L'originalité du groupe, c'est de sortir au milieu de leurs morceaux des solos de guitare typiquement guitar hero heavy-metaaaawwwl, aérien, sur du mid-tempo, tout en décalage avec le reste du morceau. Ca fait vraiment bizarre et c'est étonnant, mais ça donne toute son originalité à Svartskogg. Pour le reste, c'est du gros thrash old school tout ce qu'il y a de plus conventionnel et basique. Un petit album d'une demi-heure pour les fans de thrash des 80's boosté au black avec quand même quelques petites surprises. Note : 3/6 Page 74/143 THE FAINT : Wet from birth Chronique réalisée par Twilight The Faint ont quelque chose de plus, c'est certain. C'est ce que je me disais à l'écoute de leur précédent opus 'Danse macabre' et c'est ce que je me dis toujours à l'écoute de celui-ci. Et le fait que 'Desperate guy' démarre avec la ligne de violon de 'Will-o-the wisp' de Christian death n'y est pour rien. Ce n'est un secret pour personne, j'adore ce revival 80's incarné par Interpol, Bloc Party, The Rakes, Moving Units et autres Kaiser Chiefs et ces éléments, je les retrouve dans The Faint mais couplés avec une bonne dose d'expérimentation electroclash. C'était déjà le cas sur 'Danse Macabre' et la sauce prend toujours sur 'Wet from birth', les mélodies sont en béton, les arrangements d'une efficacité redoutable car outre le mélange de post punk pop wave et d'électro contemporaine, le groupe s'est donné les moyens de ses ambitions en adjoignant des lignes de cordes (violon, violoncelle...) parfaitement intégrées dans les chansons ('Desperate guy', 'Southern belles in London sing') qui confèrent une touche épique sans chercher à monopoliser l'attention. Ca fait bouger mais ça contient la dose de tristesse nécessaire pour donne une réelle profondeur aux morceaux. Après,tout est question de goût mais pour ma part, je suis déjà totalement accro à 'I disappear', le plus new wave froide 'Erection', 'Southern bells in London sing', 'Desperate guys' ou 'Birth'...Comment qualifier tout ça ? Post punk électro cold wave pop ? Note : 5/6 Page 75/143 THE PHANTOM LIMBS : Random hymns Chronique réalisée par Twilight Nom: Phantom Limbs; profession: groupe génialement déjanté. Après nous avoir régalé de deux albums fabuleux, les Américains nous reviennent avec un mini album de cinq pièces, tout aussi bien que les précédents mais moins évident à la première écoute. Les trois premières chansons sont assez typiques de leur style, soit une bonne dose de goth post punk rythmé accompagné de claviers hantés (légérement tournés vers le psychédélisme et le blues) et du chant particulier de Hopeless (sorte de Tom Waits punkoïde). Les mélodies sont prenantes, intenses, décalées...normal...Vient la surprise 'Jakalope rising', véritable fourre-tout expérimental, drôle et fascinant, qui consiste en un assemblage de samples délirants, de prises de son, de passages de composition collé en un patchwork complètement délirant.'Cobrador minutero' termine avec brio sur des atmosphères plus cabaret où piano jazzy et cuivres mexicains côtoient parfaitement les rythmiques post-punk. Si après le génial 'Displacement', ce mini smeble moins efficace, au fur et à mesure des écoutes, il distille un charme vénéneux et fou dont il devient difficile de se passer. Note : 5/6 Page 76/143 AND ALSO THE TREES : Further from the truth Chronique réalisée par Twilight 'Further from the truth' est un album délicat, intime, mélancolique. Il a la saveur d'un matin d'aurore brumeux, un peu froid, quand le silence permet la réflexion, où les couleurs se dessinent lentement tandis que l'on frissone, l'oeil fatigué. A l'image d'une introspection personnelle, il n'est pas forcément aisé d'approche de suite, il demande un esprit ouvert, une âme en quête prête à recevoir. Rythmique jazzy, guitares cristallines vaporeuses, arrangements dépouillés...Simon aurait-il exorcisé ses démons ? Si la musique sonne apaisée, son chant l'est aussi, plus triste et sensuel que vraiment désespéré, ce qui n'est pas une surprise car cette démarche a été amorcées de longue date. Je trouve néamoins que les compositions de cet album ont retrouvé une forme de gravité qui manquait sur 'Angel fish'. La musique de And also the trees refait corps avec la nature, se fond dans le murmure du ruisseau, glisse dans la rosée, se fait porter par le vent...Et pour qui se laisse imprégner par ces climats, de petites perles se dessinent lentement ('The reply', '21 York Street', 'In my house',...) comme des caresses à la fois fraîches et apaisantes...Plus loin de la vérité...peut-être faut-il en passer par là pour comprendre enfin l'essence des choses. Note : 4/6 Page 77/143 PROPAGANDA : A secret wish Chronique réalisée par Twilight Laidies and gentlemen, dans la lignée rétrospective des 80's, j'ai le plaisir de vous présenter Propaganda...C'est fou les trucs de qualité qui passaient dans les hit-parades de l'époque, encore que je me demande si les gens qui écoutaient 'P.Machinery' s'étaient risqués à découvrir la richesse de l'album. Selon les paroles du clavier, le groupe voulait produire une musique identifiable comme germanique pour se différencier des sonorités de la pop anglaise, rien d'étonnant donc à ce qu'elle soit truffée de références à Fritz Lang, Kraftwerk, Die Krupps (Ralf Dorper a d'ailleurs travaillé avec eux à leurs débuts), la froideur des imageries industrielles...Pourtant, n'en déplaise au monsieur, leurs compositions vont bien au delà tant leurs strucutres et leurs lignes sont riches. La base reste bien entendu électronique pour ensuite emprunter tant à la pop qu'au néoclassique en passant par le jazz et le cabaret le tout baigné d'un aspect très cinématographique. C'est pourquoi si la musique de Propaganda semble avoir une accroche directe à la première écoute, l'auditeur se rend très vite compte qu'elle est bien plus perverse et tordue en réalité. Pour essayer de décrypter ce panorama un brin complexe (à l'image des morceaux qui sont tout sauf linéaires), je présenterais 'Jewel' comme une structure rythmée dans la lignée des premiers Krupps. 'Frozen faces' semble reprendre ce genre d'éléments, en moins agressifs et plus froid, si ce n'est que les sons de la fin oscillent vers quelque chose de plus pop, voir jazzy (toujours sur fond électro, vous suivez ?). J'adore 'P.Machinery', LE hit du groupe, véritable mise en musique de 'Metropolis': atmosphères mi-grandioses, mi-inquiétantes, hantées par les machines. 'Dream within a dream' ou 'Duel' piocheraient plutôt des influences cabaret, lesquelles servent à merveille la voix de Claudia Brücke dont le timbre profond est indissociable de l'identité Propaganda. 'Sorry for laughing' est nettement plus glauque et flirte avec des touches industrielles soft, voir gothiques (au sens littéraire), pareil pour 'Murder of love'. Mais là encore, l'atmosphère établie n'est jamais définitive. Que dire de l'excellent 'Dr Mabuse' et son rythme hanté (je songe à de lointain échos de In the Nursery) ? Que les groupes électroniques de l'époque étaient mille fois plus créatifs que ceux d'aujourd'hui avec des synthés moins perfectionnées. Aucun rythme binaire, des sonorités toujours diversifiées, des mélodies complexes et accrocheurses à la fois. Si peu de gens se souviennent de Propaganda, leur son est pourtant si unique que je peine à lui trouver des comparaisons, si ce n'est In the Nursery mais seulement dans la démarche (quoique sur 'Strength to dream') car les deux formations évoluent dans des registres totalement différents. Le mieux serait encore d'écouter par vous-même... Note : 6/6 Page 78/143 ROLAND (Paul) : Pavane Chronique réalisée par Twilight Et c'est sous couvert de masques vénitiens que ce bon Paulo nous livre une nouvelle galette qui n'a rien de nouveau mais qui distille ce charme si typique de notre Anglais qu'il faut bien s'y laisser prendre. Hommage à Michael Nyman ? Le disque démarre sur une petite suite baroque au clavecin, mélancolique à souhait pour céder la place au trompeur 'Dark Carnival'. Pourquoi trompeur ? Car en dépit de son rythme entraînant, le morceau dissimule une touche bien glauque, il suffit d'écouter le refrain pour s'en convaincre ('Like a funeral procession, the parade winds down Main Street, to a wheezing pipe organ, dark carnival comes to town'). Comme le titre l'indique, 'Musette' a la douceur d'une musette de taverne avec accordéon, mandoline etc, si ce n'est qu'elle est attristée de touches de violon qui lui donnent vite un côté moins léger. Pour écrire 'Dice with the devil', ballade folk torturée, Paul Roland s'est inspiré tant du foklore italien que de la country (attention, hein ?) mais en tournant le tout à sa sauce; ce n'est pourtant pas son meilleur morceau. Je préfère 'Lucifer'servant' qui combine clavecins baroques et rythmique jazzy. 'Pavane', valse ultra lente, a un charme triste et feutré, presque intimiste. Visiblement, notre Anglais a voulu que 'Pavane' soit un disque calme car 'Phantoms' n'accélère nullement le tempo, il poursuit dans la lignée ballade mélancolique. Pareil pour 'Easter 1916' qui y mêle des éléments traditionnels vaguement médiévaux (mandoline, flûte). 'Hymn' me plaît davantage par son côté poignant; il s'agit d'une sorte de prière chantée sur fond d'orgue et ce type d'ambiance me séduit toujours. 'Voodoo doll', sa rythmique jazzy bien balancée et ses arrangements dépouillés conservent intacte cette séduction dans un registre différent (miam !). Quel est donc le secret de Paul Roland pour parvenir à décliner à chaque fois cette même tristesse tranquille et douce. ? C'est le clavecin baroque qui aura le fin mot de l'histoire pour une reprise du thème d'entrée. Soyons honnête, ce n'est de loin pas le meilleur disque de notre ménestrel dandy, il est un peu trop calme et manque de relief. On ne peut pas dire pour autant qu'il soit mauvais car comme à chaque fois, la musique nous ouvre les portes d'un monde, un peu cruel et noir certes, mais dans lequel on se réfugie si volontiers. Note : 3/6 Page 79/143 GOLGATHA : Kydos - Reflections on heroism Chronique réalisée par Marco Ceux qui ont cru au potentiel de :Golgatha: à l'écoute de leur étonnante première démo (dont la production l'éloignait à vrai dire de cet exercice) étaient dans le vrai. Athanor ne s'y est pas trompé qui signa les allemands peu après pour ce 'Kydos' qui confirme tout le bien que l'on pouvait déjà penser d'eux. Pour ce premier album officiel un concept fort qui aurait pu sembler rebattu et surtout trop typique de la scène martiale industrielle et qui à l'arrivée s'avère maîtrisé en raison de références variées et d'un souci de ne pas céder à la facilité. 'Kydos' signifie en grec 'émerveillement', à la limite de la subjugation. Partant du constat que la notion d'héroïsme est pour nos civilisations modernes essentiellement rattachée à la mort et empreint d'inutilité, :Golgatha: s'attache à explorer ce concept en se référant à l'histoire vécue (le Japon sur 'Kamikaze', 'Fields of honour' et particulièrement l'oeuvre de Mishima sur 'Icarus' et 'Worldserpent') comme à la mythologie grecque dans ses attraits les plus épiques et tragiques ('Death march', 'Icarus' encore) mais également au côté le plus désespérement noir et absurde de la quête héroïque (perte des illusions sur 'Bury all hope', soif de pouvoir sur 'In the name of...'). La grande classe de 'Kydos' est ainsi de se concentrer beaucoup plus sur les atmosphères délétères et graves que sur un gimmick martial trop facile et de recourir à cet aspect bande-son qui caractérisait déjà 'Waste land'. Cette qualité prend ici un atour encore plus réaliste avec des boucles de samples d'actus et documents sonores d'époques et des nappes bien présentes mais très bien dosées. Un contraste s'opère en outre entre ce réalisme et un certain onirisme renvoyant à l'idéalisation du 'Héros', onirisme personifié par des titres dark-folk comme 'Icarus', 'Final age of heroism' (qui sonne comme un croisement entre Lycia et Death In June) et 'Heldentag', très bonne reprise de Sol Invictus chantée par Patrick Leagas dont le timbre si particulier hante encore les amoureux du Death In June des débuts. La production de 'Kydos' offre de plus un réel plaisir d'écoute, formant un tout d'une subtile homogénéité dans la diversité des titres qui apparaissent tels les chapitres d'un livre poussiéreux que les générations futures découvriraient et compulseraient avec ce sentiment d'émerveillement et d'admiration. Si vous vous êtes rendus malades par excès de clones et de clichés 'Kydos' est un excellent remède à l'effet immédiat et durable. Note : 5/6 Page 80/143 ARTEFACTUM : Chaos elements Chronique réalisée par Marco Le temps donne souvent raison aux oeuvres qui évoluent et se construisent dans le seul but d'exister hors du temps. Composé en 2002 et édité seulement aujourd'hui 'Chaos elements' n'aurait pu trouvé mieux de par sa thématique hérmétique que le label français Athanor dont le patronyme explique à lui seul l'intérêt porté à cette oeuvre. De Artefactum on ne connaissait que peu de choses, un cd-r sorti de façons confidentielles, quelques participations à diverses compilations (dont une récente célébrant Aleister Crowley) et particulièrement le split avec Moan et Desiderii Marginis. On retrouve d'ailleurs quelques influences de ce dernier sur 'Terra' et la plupart des titres de 'Chaos elements'. Influence discrète cela dit, le concept sur les éléments indiquant une direction musicale beaucoup plus éthérée et un peu moins onirique. Artefactum célèbre l''Ars Regia' et sa quête de maîtrise et de transformation de la matière dans une volonté de transcendance et d'élévation. L'alchimie s'opère par un jeu de nappes très volatiles et mélodieuses, témoins du mystère des éléments insaisissables et pourtant signes distinctifs de toute vie physique et spirituelle. L'eau, la terre, le feu et l'air s'unissent ou s'affrontent pour le plus grand bonheur de l'alchimiste jusqu'à l'apothéose ('From sulphur to mercury'), tendant vers cet improbable conclusion de la matière domptée et ne faisant plus qu'un avec la chair et l'esprit. Un très bel album d'ambient rituelle, judicieusement équilibré et qui dégage une sensation de sérénité malgré le tumulte au coeur de l'athanor. Note : 5/6 Page 81/143 STUMPFF (Tommi) : Mich kriegt ihr nicht ( back up 1982-1985 ) Chronique réalisée par Twilight Aaaargh, pourquoi Tommi Stumpff n'est-il pas plus connu de par nos francophones contrées ? Du coup, ses disques sont aussi faciles à trouver que des bouclettes sur le crâne d'Achille Talon. Enfin, j'ai tout de même réussi à mettre la main sur cette sympathique compilation groupant quelques maxis et autres titres épars. On pourrait qualifier Tommi de punk électronique en précisant que sa révolte n'est pas à chercher dans la violence mais l'intensité et l'aigreur du discours, sans oublier une bonne dose d'humour noir et grinçant. Sa musique affectionne tantôt les structures ultra minimales, quelque part entre les premiers Die Krupps, Fad gadget et Liaisons Dangereuses; c'est le cas sur les excellents 'Crève petit con' et 'Zu spät' (désenchanté à souhait). Parfois le propos se fait plus agressif avec des effets saturés sur le chant (plus colèrique lui-aussi) et des sonorités plus grinçantes et électriques comme sur le bon 'Contergan punk' ou le génial 'Letzte Idiot' et ses nappes aiguës, sans parler de 'Mich kriegt ihr nicht' aux échos punkoïdes ou 'Seltsames Glück'. Car c'est là le talent de Tommi, toujours placer un sample de violon au mileu du chaos, de la mélodie dans la saturation, accompagner la froideur du discours de tristesse... Parlons encore de ses expérimentations ironiques ('Die Stimme des Herrn', collage de vocalises divers, sur un beat étouffé très Deutsche Welle) et de sa reprise électro-indus de 'Mäckie Messer' et tout sera dit. Bien sur, il y a bien une ou deux faiblesses, quelques structures similaires à la longue mais rien que pour les quelques hits, cet album vaut l'achat. Note : 4/6 Page 82/143 THIS SLOW MOTION : This slow motion Chronique réalisée par Twilight Il en est des chroniques que l'on repousse, que l'on repousse...Regardez donc la pochette, vous pouvez en tirer quoi, mmm ? J'adore This slow motion mais leur musique est si atypique qu'elle est franchement difficile à décrire; imaginez de croiser Mike Oldfield avec des ryhtmiques post punk ou de l'éclectro batcave avec des touches de grandiloquence néoclassique. Vous y arrivez ? Alors collez-y un chanteur au timbre passionné capable d'atteindre des notes aiguës que n'aurait pas renié Klaus Nomi. C'est plus clair ? Non ? Je réessaie. Prenez des roulements de batterie, une basse plombée, des synthés hantés, parfois épiques, une voix chantant tour à tour en anglais, tour à tour en allemand (alors que le duo est grec !) qui vire franchement à l'hystérie parfois ('Alles ist schön in der Hölle')...Je dirais encore que l'excellent et très batcave 'Decay's requiem' a tourné en boucle plus de vingt fois le jour où j'ai reçu le disque, que 'Deserts of the night' me fait penser aux premiers essais de Tuxedomoon, que 'Rapid decompression' baigne dans l'esprit Throbbing gristle, que j'adore la mélancolie des orgues de 'Invocation' et sa mélodie qui a tout d'une version gothique de Kraftwerk et que le chant de 'Curtain waves' est si haut perché que je songe à Ataraxia. En résumé, c'est culte, original, vraiment bien et surtout très allumé... Note : 4/6 Page 83/143 SIGUR ROS : Takk... Chronique réalisée par Nicko Après un album acclamé et extrêmement réussi sorti en 2002, "()", les islandais de Sigur Rós sont de retour avec ce "Takk...". Autant dire qu'ils étaient attendus au tournant. Après les avoir vu en concert en juillet dernier à l'Olympia, trois mois avant la sortie de cet album, je restais sceptique. Ce concert permettait au quatuor de présenter l'album et je n'avais pas réussi à accrocher durant cette soirée. Ce constat s'est confirmé quand l'album est arrivé, hélas. Sigur Rós a trouvé sa voie, son style personnel, à mi-chemin entre ambient, post-rock et folk. La machine est bien rodé, tout comme les émotions et montées en puissance. Et c'est un peu cela que je reproche au groupe, la trop grande facilité. J'ai trouvé qu'avec l'album précédent, ils avaient atteint un sommet, avec un son et une atmosphère unique, une construction très préparée. En quelques sortes, ils transcendaient le travail déjà fort réussi réalisé sur "Agætis byrjun". Là, j'ai l'impression d'entendre un groupe qui essaye de copier Sigur Rós. Le même type de chant, les mêmes intonnations, les mêmes montées, ce même style à la fois doux et naïf, mais c'est tout ! Je ne retrouve pas cette fibre qui faisait que la musique transportait l'auditeur dans des sphères élevées, très loin. Alors oui, c'est beau, c'est bien réalisé et produit. L'album présente de la bonne pop aérienne d'inspiration islandaise, mais non, ça ne passe pas ! L'impression de redite est trop grande, je n'ai trouvé aucune surprise, les titres s'enchainent sans liens entre eux et il y a bien peu d'intensité, en tout cas, rien en comparaison du choc que j'avais ressenti avec "()". Voilà, "Takk..." est tout simplement un album de Sigur Rós très (trop !) conventionnel, presque trop prévisible. J'en attendais peut-être trop, mais le constat est là, il manque de force et de prise de risque ! Note : 3/6 Page 84/143 ROLAND (Paul) : Gaslight tales Chronique réalisée par Twilight Après près de 25 ans de carrière et une bonne douzaine d'albums, il paraissait normal que Paul Roland ait lui-aussi sa compilation. De la part d'un tel perfectionniste, nulle surprise à lui voir prendre la forme d'un double cd. 'Les Contes du réverbère' nous emmènent ainsi de 1980, date de 'Werewolves of London', son premier disque (pratiquement introuvable actuellement) à 1997 avec 'Gargoyles' ('Pavane' n'est pas inclu, sa préparation n'étant pas achevée au moment de la sortie de la compilation). On y découvre ainsi les multiples facettes d'une démarche qui a su conserver le même intérêt et la même saveur tout au long de ces années. Le mystère, l'inexplicable, l'occulte, l'excentricité et le rêve sont et restent les thèmes centraux de l'oeuvre de Paul (par ailleurs guide spirituel et écrivain en plus d'être musicien) qui les a traités sous toutes les formes possibles. On découvre ainsi le rock sombre et gothique de 'Nosferatu', 'Gargoyles', 'Werewolves of London', 'Witchfinder generals' ou 'Come to the sabbath', les ballades mélancoliques comme 'Berlin', 'Madelaine', 'The poets and the painters', 'Ophelia' ou 'Wyndham Hill', sans parler de touches plus folles comme 'Cousin Emilia' et les titres échappant à ces simples classifications, ainsi 'Blades of Batte143urg' sorte de rock gothique new wave, 'Pharaoh', pièce ambient et atmosphérique, la valse de 'Waltzing the square ring again' ou la surprenante new wave électro 80's de 'The cars that ate New York'. Quelque soit le genre abordé, il y a dans l'écriture de Paul Roland ce charme triste d'un autre âge, cette nostalgie qui vous serre le coeur, ces sourirs à la pensée de ces excentriques pour lesquels notre Anglais a toujours eu une profonde affection. Mêlant instruments électriques et acoustiques, strucutres rock, folk, cabaret, néoclassiques, voir un brin médiévales parfois, il a tissé un univers unique où sa voix un brin Beatles s'est fait conteuse de magie, de bizarrerie pour notre plus grand bonheur. Lorsque l'on connait la difficulté à se proccurer ses premiers travaux, cette compilation prend une importance supplémentaire. Paul Roland, un artiste à découvrir, redécouvrir, écouter, apprécier sans aucune modération, pour longtemps encore, souhaitons-le. Note : 5/6 Page 85/143 ROSETTA STONE : An eye for the main chance Chronique réalisée par Twilight Pour comprendre l'impact de Rosetta Stone, je me vois forcé de me projeter dans le temps, en 1991 plus précisément. Pour nous-autres goths (neuchâtelois en tous cas), c'était une drôle d'époque...Les Sisters reformés arrivaient à bout de course, Bauhaus, Joy Division, Virgin Prunes n'existaient plus, Rozz Williams était tenu pour mort (stupide rumeur !)...Londres, notre ville de référence, commençait à trembler sous les premiers beats Aciiiiiiiid, et de là-bas justement, un pote ramène cette démo d'un groupe baptisé Rosetta Stone...En des temps où la presse musicale britannique prompte à tourner sa veste tous les deux ans faisait passer toute formation gothique pour des délires d'ados mal dans leur peau, le trio ose s'affirmer: 'Nous sommes des goths !'. Pour nos lascars, comme pour le 80% des corbeaux de l'Ile, gothique= Sisters of mercy. Hop ! Perfectos noirs, Ray-Bans, boîte à rythmes (une batterie ? Horreurrrr !), le tour est joué. Si mon ton est un peu ironique, je réctifie en précisant que les morceaux de la démo en question nous ont tous scotchés: beats secs et tranchants, guitares glacées, vocaux caverneux (moins que ceux d'Eldtrich quand même) et surtout des mélodies drôlement efficaces...tout pour reprendre le flambeau des Sisters. Car c'est bien de ça dont il s'agit, regardez le design de la pochette (jusqu'au style de la calligraphie), les Rosetta Stone n'ont rien d'innovant, rien d'original; leur rôle a été d'arriver au bon moment pour ramasser la torche au moment où les maîtres du genre allaient la laisser tomber. Mais que reste-t-il de ce premier opus en dehors de la nostalgie ? Un bon album de gothic rock aux arrangements maîtrisés, aux mélodies soignées avec une mini touche de personnalité (pas facile de copier ses idôles à 100 %...). Le son des Rosetta Stone doit tout aux Soeurs de charité mais sonne un brin moins glauque, le chant est moins caverneux et puis le trio s'y connaît pour ficeler de bonnes chansons ainsi l'excellent 'An eye for the main chance' et ses claviers, le sombre 'Shadow', les riffs de 'Leave me for dead' et même un 'Something strange' dont les lignes de guitare sont repompées à fond sur la bande à Eldritch. Voilà quelques-uns des éléments qui ont poussé chacun de nous à se ruer sur ce disque durant les vacances à Londres. Malgré tout, si la sauce prend au début, les dernières chansons s'essoufflent un peu, les structures ayant tendance à tourner en rond, et Rosetta Stone resteront d'éternels second couteaux (des bons !). Je constate pourtant que cet album tient bien le test du temps, probablement grâce à la qualité des compos, bien des clônes 'Sistersiens' n'ont pas eu ce talent. Note : 4/6 Page 86/143 PARADISE LOST : Shades of god Chronique réalisée par pokemonslaughter Difficile exercice que la chronique de ce "Shades of god" tant on tient le disque charnière du groupe. Et oui c'est dès cet album (et non sur "Draconian times" ou "One second") que le groupe entame son premier virage à mon sens. Le groupe quitte définitivement ses aspects death et doom pur pour se lancer dans une musique pronfodément heavy, pesante aux ambiances poisseuses et mélancoliques. Le souci avec ce disque, c'est qu'il se montre sérieusement atypique dans le type de composition du groupe. Les morceaux sont longs, complexes, riches en breaks et riffs alambiqués, on sent une véritable recherche dans la construction des morceaux. Seulement voilà, c'est bien la première fois pour Paradise Lost, qui nous avait toujours habitué à des morceaux faciles à appréhender, exercice qu'ils maîtrisaient d'ailleurs à merveille. Sur ce "Shades of god", les morceaux se perdent un peu en longueur et surtout... L'ambiance n'a rien à voir avec ce que le groupe a pu proposer (ou proposera par la suite). La mélancolie n'est clairement pas évidente, sauf au détour d'arpèges clairs, de breaks acoustiques ("Daylight torn") ou d'harmonies bien trouvées ("Your hand in mine"). L'ensemble sonne beaucoup plus poisseux, lorgnant parfois prsque du côté d'un vieux Cathedral pour cet aspect doomy particulier... De mon côté, cela ne me convainc pas du tout, mais pourtant les écoutes répétées finissent par m'accrocher. Ce disque dégage une classe certaine et pourtant le voilà pourri de défauts à mon sens indéniables. "Shades of god" est aussi mou, limite chiant par moments, le chant de Holmes a le cul entre deux chaises (heavy et death) ne sachant pas trop comment se montrer et pourtant... Il est aussi super travaillé ce disque, avec des montées bien senties, des riffs originaux, les plus alambiqués du groupe d'ailleurs. Les leads sont toujours caractéristiques du groupe, Holmes entame son évolution vocale, la rythmique est ultra basique, la basse est bien présente et pourtant, on sent poindre quelque chose de nouveau. L'album du changement, une charnière je vous disais. Et puis tout de même... Il y a "As I die" !! Dans le genre tube interplanétaire, en voilà un qui se pose en leader. Voilà bien Le morceau de Paradise Lost. Clairement calibré "hit" avec sa structure en couplet/refrain, ce morceau dégage quelque chose d'unique qu'on ne retrouve justement pas sur le reste de l'album (d'où ma note d'ailleurs). Une accroche, une tristesse palpable, tragique que ce morceau a su parfaitement mettre en avant, et ce avec une facilité déconcertante. Un morceau qui justifie d'ailleurs sans soucis l'achat de l'album. Dommage donc pour le reste de l'album qui alterne trop à mon goût entre éclairs de génie ("Your hand in mine", "Daylight torn", le final de "The word made flesh" avec ce côté force tranquille et surtout "As I die") et ambiances chiantissimes. Heureusement pour nous "As I die" préfigure de la suite... Note : 3/6 Page 87/143 ROSETTA STONE : Foundation stones Chronique réalisée par Twilight Si la Pierre de Rosette a permis de déchiffrer les hiéroglyphes, je ne suis pas certain que Rostta Stone permette de décrypter les méchanismes du gothique. En revanche, 'Foundation stones' explique en sons la genèse du groupe. Je parlais dans ma chronique de 'An eye for the main chance' de cette fameuse démo qui nous avaient scotchés à l'époque...Hé bien, elle est là, sur ce cd ! Et croyez-moi, elle a toujours un charme fou, non seulement par la qualité d'écriture mais car elle permet à Rosetta Stone de quitter quelque peu (pas trop non plus !) son carcan de clône des Sisters of mercy. 'Evolution' par exemple, qui, grâce à son beat très rock'n'roll, ses choeurs féminins et ses vocaux appuyés, quitte presque le moule 'Sistersien' pour se rapprocher un brin des Cramps (si, si !). 'Hit' me plaît beaucoup aussi de par son début lent, moite, à la basse et à la boîte à rythmes avant que l'ensemble n'éclate. Niveau mélodique, c'est vraiment bon, pareil pour 'Whispers' et 'Summer', même s'ils sont moins originaux. Le son d'origine a été conservé, ce qui renforce la qualité de l'ensemble paradoxalement, en développant ce petit côté spontané. Si les composantes du son doivent tout à la bande à Eldritch pour le côté sec des percussions et froid des guitares, le chant est moins guttural et me fait penser à Corpus Delicti. En plus de la démo, cette compilation propose le premier single, 'Cimmerian', une chanson correcte mais un peu trop classique. 'If only and sometimes' se retrouvera sur l'album 'An eye for the main chance', quant à 'Chapter and verse', bien meilleure à mon avis, elle est ici présentée dans sa version chantée, celle de la démo étant instrumentale. Pour remplire le reste, quelque morceaux live qui n'apportent pas grand chose de plus à l'édifice, le son étant assez moyen et Rosetta Stone ayant un jeu assez froid sur scène (d'ailleurs vu le son métallique des applaudissements, j'en viens à me demander s'ils sont naturels). Il n'empêche, cette compilation n'a rien d'inutile et me paraît assez indispensable pour bien saisir la personnalité du trio à ses débuts. Note : 4/6 Page 88/143 WAGNER (1813-1883) (Richard) : Parsifal Chronique réalisée par Trimalcion Il est intéressant de remarquer que les deux plus grands compositeurs d'opéras du XIXème siècle, Verdi et Wagner, ont longtemps suscité la controverse. Wagner la suscite toujours, mais lui pour des raisons la plupart du temps extra-musicale. Inutile de revenir sur l'accusation d'antisémitisme, sur la récupération du festival de Bayreuth par Hitler afin de mieux servir son nationalisme pangermanique, son idée de retour aux valeurs "aryennes" du paganisme ancien... Il suffit de savoir que Wagner était bel et bien antisémite (la lecture de ses nombreux écrits sur la musique ne laisse, hélas, aucun doute à ce sujet) mais que cela ne transparaît pas dans ses oeuvres musicales elles-mêmes. Fin de la mise au point ; début de la chronique. Wagner a totalement repensé l'opéra : de ce qui était une suite un peu décousue d'airs et d'ensembles reliés entre eux par des récitatifs, il a fait un long flux musical ininterrompu (l'inventeur de cette fameuse "mélodie infinie", et aussi de la musique de film avant même l'apparition du cinéma !) Alors que les chanteurs tenaient le premier plan, accompagnés par un orchestre souvent discret, il a donné la vedette à la fosse avec des orchestrations énormes, une plastique nouvelle, des effectifs instrumentaux monumentaux que les chanteurs ont parfois peine à couvrir, et surtout l'utilisation systématique, continuelle, du leitmotiv, phrase orchestrale récurrente évoquant un personnage, une instance, un état d'esprit, un lieu, etc... ces leitmotive refaisant sans cesse surface font que la musique elle-même, autant que le déroulement de l'action sur scène, raconte le drame. Wagner écrit lui-même tous ses livrets car pour lui, l'opéra doit être un spectacle total, union de tous les arts, mu par une seule vision : on ne peut plus séparer le texte de sa musique - il faut penser l'unité du tout. Il eut en outre la chance de pouvoir se faire construire de son vivant un théâtre à sa gloire, spécialement conçu pour représenter son oeuvre, Bayreuth, aujourd'hui encore lieu de pélerinage obligatoire pour tous les amoureux de son art. Son langage mélodique et harmonique fut lui-même profondément novateur. A partir de Tristan et Isolde, il eut recours à un chromatisme de plus en plus affirmé, faisant en quelque sorte de lui le précurseur de l'effacement de la tonalité dans la musique occidentale. Il faut aussi évoquer son univers qui renoue, dans la tradition romantique, avec la mythologie nordique (le Ring), avec le Moyen-Age (les Maîtres chanteurs...) ainsi qu'avec des légendes médiévales (Tristan) elles-mêmes en liaison avec le cycle arthurien : Lohengrin et ce Parsifal. Il faut enfin rappeler la séduction primitive qu'exerça sur un Nietzsche cette rénovation artistique. L'auteur de "La naissance de la tragédie" voyait en Wagner la parfaite illustration moderne de ses thèses, mais Nietzsche, un peu plus tard, ne lui pardonna pas Parsifal, limbé d'une magie qui réoriente ces vieux mythes vers une approche chrétienne mystique. Parsifal, oeuvre-testament de Richard Wagner, n'est plus un opéra, c'est une messe, une cérémonie sacrée. A Bayreuth, on considère comme un impie celui qui applaudit lorsque le spectacle s'achève. Car on n'applaudit pas la venue du Saint Esprit. Ce dernier opus de Wagner exprime à mon sens, mieux que tout autre, l'essence de son génie, même s'il s'éloigne en bien des points des opéras antérieurs. Il est en effet doté d'une ferveur unique dans son oeuvre, de cette foi qui l'anime et qui transcende le maelstrom romantique. Une musique de célébration mystique plus libre et plus mouvante, habitée comme jamais, pesante comme le roc, majestueuse comme le cygne, aérienne comme l'Esprit. Même les instants les plus vibrants invitent au recueillement. Ne vous attendez pas à retrouver ici une chevauchée des Walkyries ou une mort de Siegfried. Laissez ces instants trop célèbres aux ignares qui croient connaître le compositeur grâce à deux extraits tirés d'une compilation, ou qui aiment à citer Woody Allen ("Quand j'écoute Wagner, j'ai Page 89/143 envie d'envahir la Pologne"). Répondez-leur avec cette citation de Parsifal : "Zum Raum wird hier die Zeit" (Ici, le temps devient espace) qui s'applique si bien à la représentation de cette oeuvre. Il faudrait bien évidemment consacrer un livre entier à l'analyse détaillée du seul livret, allégorie qui s'inspire à la fois de Chrétien de Troyes, de Wolfram von Esche143ach et du Mabinogion : Parsifal (forme germanique douteuse du nom "Perceval") est cet innocent au coeur pur qui vient en aide à la confrérie des chevaliers du Graal, à Monsalvat. Amfortas, fils du roi Titurel, chef des gardiens du Graal, a voulu aller combattre le magicien Klingsor, leur plus terrible ennemi. Hélas, il s'est fait dérober la sainte lance par Klingsor, qui a provoqué en lui une blessure qui restera toujours ouverte, à moins qu'elle ne soit refermée par la lance elle-même. Parsifal ira reprendre la lance à Klingsor, vaincra ses filles-fleurs et le sortilège de Kundry possédée par le magicien, guérira Amfortas et pourra dévoiler le Graal lors de la célébration du Vendredi Saint. Ajoutez à cela le personnage ambigu de Kundry qui tantôt aide les chevaliers du Graal, tantôt est utilisée par Klingsor pour les séduire et les perdre (elle sera finalement délivrée et baptisée par Parsifal). En tant que drame sacré, cette oeuvre fonctionne parfaitement : les moments d'enchantement religieux se font ressentir comme jamais auparavant chez Wagner : le prélude orchestral, exposant avec une lenteur solennelle les principaux leitmotive (motifs du sacrement, du Graal, de la foi...), la première entrée dans la salle du Graal (une "vision", une vraie), la grandeur sacrée de l'instant, célébration d'un rite mystique, que l'on retrouve lors de l'enchantement du Vendredi saint de l'acte III, lorsque Parsifal baptise Kundry. Wagner sait donner à chaque époque de l'action et à chaque lieu sa couleur particulière. Ainsi l'acte II prend-il une tonalité fort différente, beaucoup plus sombre, avec l'entrée dans le château de Klingsor, que l'on imagine noir et haut perché sur un à-pic, tel un corbeau de pierres, guettant le saint qui tombera dans l'abîme : la peinture des moeurs les plus noires sied si bien à l'orchestre romantique wagnérien et à sa pâte orchestrale (le "dressage" de Kundry, qui doit perdre Parsifal). Et alors que le voluptueux enchantement des filles-fleurs tente de séduire le héros, survient tout à coup la beauté diaphane de l'intervention de Kundry, qui lui révèle son nom telle une incantation magique... le sortilège se mêle aux brumes nordiques, la foi chrétienne au sens romantique du sacré ; par un baiser qui devait l'ensorceler à tout jamais, Kundry rend Parsifal conscient de sa mission... L'acte III revient quant à lui aux mélopées parfois plus bucoliques du commencement ; outre la fameuse scène du baptême et de l'enchantement du Vendredi saint, cela se termine par la majesté et l'angélique simplicité : la marche funèbre avec ces cuivres énormes quand est porté le cercueil de Titurel, accompagné par le choeur des chevaliers, venu des profondeurs du temps, l'ultime miracle de Parsifal qui guérit Amfortas, avec ces cordes qui vous emoignent d'une manière quasi-physique... Il y aura toujours pour moi une certaine réticence à se laisser bêtement subjuguer par une telle musique - c'est à un lourd héritage que l'on s'accole (et je pense à Nietzsche et à Stravinsky qui détestaient ça). Mais je parviens avec le temps à effacer de telles considérations. L'intelligence et la sensibilité humaines sont un réceptacle pour l'Absolu. Note : 6/6 Page 90/143 XASTHUR : Telepathic with the deceased Chronique réalisée par pokemonslaughter Bon, "Telepathic with the deceased", c'est du Xasthur pur et dur. Je me suis déjà bien fait chier à essayer de décrire ce que faisaient ressentir ceux d'avant, et franchement sur celui je n'ai pas envie du tout. Peut-être parce qu'il ne me procure rien ? Ca doit être ça, à force d'enchaîner les sorties (cf les innombrables splits réalisés), le projet allait forcément se planter à un moment par manque d'inspiration. Malefic prolifique, Malefic... Euh pas comique ? En tout cas, si l'on doit cependant pointer du doigt un progrès net, c'est bien sur ces instrumentales qui deviennent désormais poignantes. Sonorités kitschs, harmonies douteuses, et pourtant, voilà qu'en trois notes, on se retrouve plongé dans des abîmes de noiceur... Parenthèse refermée, repassons au véritable contenu du disque, et là ça se gâte. Xasthur s'auto-parodie. Le son est mauvais mais cette fois-ci cela dessert le projet, les guitares grésillent sans qu'on puisse y comprendre grand chose, l'ensemble sonne parfois affreusement faux ("Abysmal depths are flooded") et le "chant" n'exrime vraiment rien... Bref une cruelle déception. Malefic refait encore une fois lecoup de l'auto-reprise avec "A walk beyond utter blackness, cette fois-ci carrément foirée, et atteint même le sommet du "raté" avec ce "Drown into eternal twilight" carrément ridicule... Dans le lot, à part le superbe final de "Slaughtered useless beings..." (cet arpège m'a hanté des heures), l'épique "Cursed revelations" ou l'intro/outro, on ne retiendra finalement pas grand chose... C'est le genre de disque où il faut faire attention, tant la limite entre génie et foutage de gueule est proche... Combien de fois ai-je failli me planter à cause de ces gens qui crient au génie à chaque disque sous produit ? J'imagine bien que des gens doivent trouver ce disque génial, d'autres ne doivent voir aucune différence entre celui-ci et le précédent.. Et pourtant, voilà bien un projet qui réclame une écoute différente. Dommage que sur celui-ci le résultat soit décevant. En soit, si le talent de Malefic n'est pour moi pas à remettre en cause, sa capacité à sortir un bon disque se voit ici remise en question. Note : 2/6 Page 91/143 ABIME : Echos de gloire Chronique réalisée par Sheer-khan Avec "Echos de gloire", Abime n'apporte rien. D'ailleurs, il ne le prétend sans doute pas. Le style est ultra classique : du true black metal oscillant entre le mid et le blast, une production dégueulasse et sans relief avec laquelle s'accorde magnifiquement la boîte à rythme, des vocaux très hurlés parfaitement louables, et que l'on trouve aussi bien sur des bouses que dans d'illustres chefs-d'oeuvres... les mystères de l'alchimie black, sans doute. Niveau riffs rien de notable : ni catastrophe ni grand génie, Abime oeuvrant plutôt dans le dépressif haineux que dans l'assault, malgré leur pochette; une prédisposition qui confère à l'album un aspect mélodique et mélancolique pas désagréable, mais qui ne rattrape guère le manque cruel d'intérêt que représente cet anecdotique exercice de style. Nul doute que le groupe est sincère, et il serait malhonnête de nier ses qualités standards de contruction; lorsqu'on se laisse aller aux riffs, au son, à la voix, "Echos de gloire" sonne comme du bon black originel... mais l'album ne parvient pas à garder l'attention. Des titres comme "Constellation du sens" sont de bonnes pièces de black cradingue, desespéré et haineux... mais il y en a tant d'autres. Mention spéciale néanmoins comme il s'agit d'une totale autoproduction qui ne démérite en rien face à l'océan des parutions black metal... il faut dire que style se prète au son de merde. Note : 3/6 Page 92/143 KIODYSSEA : Les océans de Psyché Chronique réalisée par Trimalcion Après le splendide "Vox in vitro" de Michel Redolfi, voici la seconde grande découverte en matière de musique concrète qu'il m'ait été donné de faire grâce au label de Radio-France. Sous le nom de "Kiodyssea" se cache Jacques Derégnaucourt, violoniste et compositeur concret qui nous fait basculer par le biais de ce projet dans un univers sonore d'une beauté plastique, d'une homogénéïté, d'une cohérence et d'un pouvoir de suggestion assez inouïs. Loin de tout formalisme et de toute intellectualistaion, nous sommes véritablement ici dans le domaine du rêve, d'une "poétique" du son, au sens étymologique de ce terme : l'artisanat, la fabrication patiente... Jacques Derégnaucourt n'utilise pas d'ordinateur, tout comme Pierre Henry, il préfère s'attacher au sculptage manuel d'une matière sonore brute mais en elle-même fascinante, pour la transfigurer, pour lui faire suivre un cheminement d'impressions. D'autre part, le Français a recours à deux autres instruments fascinants, eux aussi "traités" : son violon, tout d'abord, dont les errements dissonants, les envolées lyriques, les pluies de pizzicati ou les grincements sinistres, s'intègrent parfaitement à cet univers, lui ajoutant une dimension supplémentaire ; ensuite, sa voix : eh oui, Jacques Derégnaucourt chante, ou plutôt il ulule dans des registres suraigus, en voix de tête, comme pour faire planer de mystérieuses incantations sacrées sur un rite dont nous n'avons pas la clef. Autre atout, et véritable gage de réussite : "Les océans de Psyché" suscitent, tout au long de leur déroulement, des images nombreuses et multiples, des impressions quasi-picturales (on pense souvent à Dutilleux) ; tantôt d'une dureté minérale tantôt d'une douceur aquatique, les couleurs ne cessent de s'y mêler dans une profusion indescriptible. Il n'est pas faux de dire que dans sa chaleur et son abstraction, dans son mouvement et ses nuances de lumière, cette oeuvre nous offre presque un équivalent musical aux Nymphéas de Monet. Une grande et fascinante réussite. Note : 5/6 Page 93/143 EXTREME NOISE TERROR : From one extreme to another Chronique réalisée par Trimalcion C'est une erreur d'aiguillage qui m'a conduit à ce groupe. Disons que le nom m'attirait, et que je voulais écouter une formation que Naked City citait parmi ses influences, aux côtés de Charles Mingus, Bernard Herrmann, les Ruins, Funkadelic ou Napalm Death. Napalm Death, justement, c'est bien dans ce giron-là que viennent s'inscrire les fous furieux de Extreme Noise Terror, formés en 1985 ; ils opèrent eux aussi dans un registre d'une violence inouïe et d'une brutalité éructante. Outre qu'il ont à leurs débuts compté Mick Harris dans leurs rangs, on peut même dire qu'ils sont avec leurs comptriotes les co-inventeurs du grindcore ; mais eux restent plus proches de ce qui constitue, à tout considérer, les racines de ce genre, à savoir le punk et sa rage bouillante et nihiliste. Le son du groupe en cette fin des années 1980 est quand même étonnamment proche de celui de la première partie de "Scum"... enfin d'après le peu que l'on en discerne sur ce live, dont le son exécrable, digne d'un bootleg pourri, rend la performance des Britanniques à peine audible. On pourrait me répliquer qu'un son crade sied bien à ce type de musique, mais là non, impossible de l'apprécier à sa juste valeur (ce qui vaut cette note moyenne). Mieux vaut sans doute se reporter à leur premier album datant, tout comme "Scum", de 1987 : "A holocaust in your head", pour avoir une meilleure idée du répertoire joué ici. A noter que ce disque court mais (très) explosif s'accompagne d'une interview déconnante (et pas très intéressante) du groupe à ce même festival de Fulham Greyhound (il n'y a donc que 22 minutes de musique en fait), ainsi que d'une vidéo des musiciens y interprétant "Murder" - performance digne de ce que l'on était en droit d'attendre. Note : 3/6 Page 94/143 UNKLE : Psyence fiction Chronique réalisée par Trimalcion UNKLE est le projet de James Lavelle, patron du très prisé (à l'époque) label Mo' Wax - projet conçu pour cimenter le "son" Mo' Wax et son breakbeat nouveau genre. Après bien des changements de personnel, Lavelle, pour le premier disque longue durée d'UNKLE, fait appel à son poulain l'Américain DJ Shadow, qui avait pignon sur rue depuis le remarqué "Endtroducing", disque certes intéressant, et très certainement fondateur dans ses vélléïtés expérimentales, mais que j'ai toujours trouvé pour ma part brouillon et peu abouti (mais je me trompe sans doute...) Avec le présent album, c'est pour ainsi dire le son d'un décennie entière qui est synthétisé à merveille, au travers de titres oscillant entre rap gargantuesque et bien agressif (l'insensé "Guns blazing"), trip-hop, electro/pop, metal ("Nursery rhyme" et sa rythmique folle, "The knock" avec un certain Jason Newstead à la guitare !), ambient, rock... Ce côté un peu touche-à-tout s'explique en partie par la présence de nombreux invités prestigieux : Thom Yorke, Richard Ashcroft, Mark Hollis, Alice Temple, Kool G Rap... DJ Shadow coordonne et compose l'essentiel. Ses beats démentiels trouvent un nouveau terrain pour se déployer, de manière plus discrète que sur "Endtroducing", certes, mais aussi plus efficace, côté "pop" oblige, une pop qui ravira aussi bien les amateurs de Massive Attack et des cordes de "Unfinished Sympathy" ("Lonely soul", "Celestial annihilation", qui vire au jeu de massacre), que les amoureux de Radiohead ("Rabbit in your headlights") ou même du Pink Floyd période Ummagumma. Pour tout dire, l'inspiration est présente de bout en bout ("Bloodstain" et sa sublime guitare psychédélique, la pop minimaliste et si touchante de "Chaos"). UNKLE s'est prolongé ensuite de manière moins convaincante. Mais "Psyence fiction", c'est toute la musique d'une époque, époque pas si lointaine, finalement... Note : 5/6 Page 95/143 COOPER (Alice) : Trash Chronique réalisée par Nicko Le succès, les stades remplis, les invités prestigieux, le retour au premier plan, les p'tits fours ! Voilà grosso modo, et en exagérant à peine (!), le résultat de ce nouvel album dans al carrière d'Alice Cooper ! Avec "Trash", Vincent Furnier est de nouveau inspiré. Tout commence d'ailleurs avec un véritable tube, le premier depuis plus d'une décennie, l'énorme "Poison". Là, on se dit que c'est reparti pour de bon. Et limite, c'est le cas, les morceaux sont vraiment bons, mais putain ce son... Ah la la, le ravage des années 80... Du hard rock FM qui a vieilli, mais vieilli... Avec des synthés Bontempi comme on en fait plus ("This maniac's in love with you" en tête), ces choeurs, ces mélodies faciles avec le p'tit côté aggressif, bref les années 80 ! Et c'est bien le seul reproche qu'on puisse faire tant l'album est accrocheur et entrainant. Niveau invités, on a la rythmique d'Aerosmith sur "Trash" (d'ailleurs, le morceau aurait très bien pu être interprété par la bande à Steven Tyler... lequel est présent au chant sur le slow endiable "Only my heart talkin'"), ainsi que Jon et Richie de Bon Jovi. Plutôt sympa tout ça ! Donc voilà, ce qu'on perd en atmosphères sombres, on le gagne en efficacité et en inspiration. Même si le disque b'est pas parfait, il est plutôt réjouissant de voir Alice Cooper de retour avec un album véritablement réussi. Note : 4/6 Page 96/143 NAER MATARON : Disciple manifesto Chronique réalisée par Nicko Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise sur ce troisième album des grecs de Naer Mataron ? Encore une sortie de Black Lotus Records... Ca s'annonce passionnant. Bref, le quatuor, qui tient en son sein un membre dévoué aux "Satanic noise effects" (!), jouent du black, du brutal. Et dedans, y'a pas grand chose. c'est un melting pot de tout ce qui se faisait il y a une dizaine d'années. On y retrouve pelle-melle du Marduk, du Darkthrone, du vieux Satyricon, mais à un niveau bien bas. C'est plat, linéaire et sans originalité, mais au moins, ils maitrisent plus ou moins leur truc. On peut même y trouver aussi un léger côté Cirith Gorgor du point de vue de la longueur et de la structure des morceaux, mais contrairement aux hollandais, Naer Mataron n'a aucune intensité dans sa musique. Et en plus, la production et le mix sont vraiment mauvais, ça casse littéralement les oreilles. Un album de black qui n'apporte rien ! Mais vraiment rien ! Note : 1/6 Page 97/143 MALICIOUS SECRETS / ANTAEUS / MUTIILATION / DEATHSPELL OMEGA : From the entrails to the dirt Chronique réalisée par Nicko En voilà un 4-way split intéressant et beau. Déjà le format... A l'origine, il s'agit de 3 LP (1 EP + 1 LP 10" + 1 LP) avec à chaque fois sur une face un titre de Malicious Secrets et sur l'autre, un groupe français à chaque fois différent (respectivement Antaeus, Mutiilation et Deathspell Omega). Ces 3 LP, vendus ensemble, ont la même pochette et des artworks magnifiques, réellement de l'excellent boulot. Rien que cela vaut le prix des LP ! Par la suite, à la fin de l'année 2005, ces 3 LP ont été ré-édités sur un simple CD Digipack. Sur cette dernière édition, ça commence par les trois titres de Malicious Secrets, regroupés. Ces morceaux sont bizarres, très dérangeants, un peu lourds par contre, avec des structures à géométrie (et tempos !) variables ! L'ambiance est extrêmement malsaine avec un son de guitares très spécial. En les écoutant, j'ai vraiment eu un sentiment de répulsion, de rejet. Vraiment quelque chose de bizarre. Ils sont assez semblables, mais ont cette particularité d'être repoussants, réellement. Je ne susi pas du tout fan, mais ils ont le mérite de faire un truc original et un peu curieux. Ca enchaine avec un morceau d'Antaeus très convaincant. J'avais été un peu déçu par leur précédent EP, mais là, le morceau est bien destructeur et aggressif. Il est vraiment massif, dès le début on est scotché, avec un chant très bon. Les variations et braks sont énormes, la partie speed du début est franchement terrible ! Le break du milieu est plutôt original avec un pattern de batterie peu commun (ZvN dans ses oeuvres !). Du très bon boulot et surtout un morceau qui est foncièrement différent de ce qu'ils faisaient dans le passé tout en gardant cette même atmosphère oppressante et compacte. On passe ensuite à Mutiilation qui entâme sa partie avec une reprise du fameux "My way" de Paul Anka (la version anglaise du "Comme d'habitude" rendue célèbre par Claude François !) complètement déjantée !! Encore plus que celle des Sex Pistols ! Le deuxième titre est plus traditionnel, du bon true black à la Judas Iscariot avec une alternance entre blasts et mid-tempo, le tout baignant dans un son bien crade, mais tout à fait audible, bref, un son de true black quoi ! L'atmosphère est bien maitrisée, bien que la boite à rythmes soit un peu cheap. Enfin, pour finir, on a LE morceau de l'année ! Deathspell Omega nous a pondu ici un truc de 20 minutes tout simplement hallucinant ! Très religieux dans l'ambiance, grandiose à tous les sens du terme, on dépasse le cadre du black metal. Avec "Kénôse" déjà, on avait vu que le groupe voulait se démarquer des autres groupes du genre en incluant des structures alambiquées, lourdes et pesantes (!). Je considère d'ailleurs ce "Mass grave aesthetics" comme étant le quatrième morceau de "Kénôse" (le meilleur en plus !). C'est un peu une sorte de black "progressif" (au sens premier du terme !) qui garde une atmosphère destructrice et poisseuse. Les structures et les rythmes sont très travaillés, peu orthodoxes (!) avec des parties monumentales, pleines de feeling, limites ambient/planantes et une lourdes avec notamment une basse magique. Deathspell Omega réinvente ici une certaine vision de l'essence du black metal, la répulsion et la Mort, avec une fin de vision d'apocalypse. Du très grand art de la première à la dernière seconde et qui vaut à lui seul l'achat de ce très intéressant et bel objet qui nous propose plusieurs facette du prisme... Note : 5/6 Page 98/143 CURRENT 93/ DEATH IN JUNE/ SOL INVICTUS : Live in Frankfurt 24.03.1991 Chronique réalisée par Twilight A l'origine, cet album était un pirate intitulé: 'Day of the dawn'; enregistré à Francfort le 24 mars 1991, il a de quoi faire défaillir...réunir Death in June, Current 93 et Sol Invictus...waow ! Rien que ça. Histoire de conserver un minimum de contrôle artistique, une édition officielle en a été pressée par World Serpent. Le concert se divise en deux parties, la première étant celle de Death in June et Current 93 jouant ensemble et alternant les titres des deux formations, la dernière étant constituée de trois morceaux de Sol Invictus. C'est un pirate à la base et le son est vraiment déplorable, ce qui est bien dommage car la track-list est des plus alléchantes. Hélas, pas évident d'en tirer le meilleur avec une telle qualité sonore même si globalement, on distingue de bons moments ('Heaven Street' en guitare sèche et percussions, 'Summer of love', les violons de 'Death of the corn'...). Pareil pour Sol Invictus. C'est frustrant car 'Black easter' n'est plus joué en live actuellement. Ce cd est donc plus un collector pour les fans et son intérêt réside dans la combinaison mytique d'artistes ayant évolué chacun de leur côté par la suite. Comme on regrette que cette performance n'ait pas fait l'objet d'un enregistrement officiel et professionnel ! Note : 3/6 Page 99/143 DEATH CULT : Death cult Chronique réalisée par Twilight Le lien entre Southern Death Cult et The Cult s'appelle Death Cult (quelle surprise !). Après le split du premier projet, Ian Astbury crée un nouveau groupe avec des musiciens qui finalement resteront le line-up de The Cult. Il semblerait que le 'death' ait disparu juste avant une émission de TV, nos lascars ayant souhaité tempérer leur image gothique et attirer un public plus large. Il reste néanmoins quelques enregistrements qui témoignent bien que Death Cult a existé en tant que groupe, même si de manière éphémère...D'un point de vue musical, outre le fait que c'est très bon, Death Cult tourne dans des zones proches de Southern Death Cult, soit un goth post punk de qualité tout en rythmiques roulantes et en guitares torturées. Pourtant, par bien des aspects, le son de The Cult pointe déjà le bout de son nez (exception faite de 'God's zoo' et ses faux airs de Sisters of mercy), notamment de par le jeu de Billy Duffy. Ceux qui connaissent 'Dreamtime', première sortie officielle sous le nom de The Cult, noteront d'ailleurs pas mal de similitudes. Bon, toujours est-il que ce mini est très inspiré, les mélodies sont excellentes et le chant si particulier de Ian Astbury, à la fois désespéré, passionné et mélancolique, les porte dans les plus hauts sommets. Note : 5/6 Page 100/143 DEAD KENNEDYS : Frankenchrist Chronique réalisée par Twilight Voilà du Dead Kennedys comme je l'aime. Si 'Bedtime for democracy' m'avait déçu par la linéarité de ses lignes, 'Frankenchrist' me plaît autant si ce n'est plus que 'Fresh fruit for rotten vegetables'...Si il contient moins de 'hits' à priori, on est en mesure de se demander pourquoi car l'aspect mélodique y est très développé (l'excellent 'At my job', 'Chicken farm', 'Soup is good food'...). Le groupe insiste moins sur le côté rapide de sa rythmique (exception faite de 'MTV-get off the air', 'Hellnation'...) et l'atmosphère générale est celle d'un excellent punk rock aux guitares sales et torturées. Niveau vocal, Jello gère mieux son chant en évitant les touches de folie, ce qui met davantage en valeur, me semble-t-il, l'aspect hanté de son timbre. Au risque de choquer les punks puristes, ce disque se rapproche dans ses sonorités des franges les plus punkoïdes du deathrock ('Goons fo Hazzard') ou du post punk goth, même si des titres comme 'Jack-o-rama' évoquent également les Cramps dans le jeu de guitare. Un esprit intact, une pêche présente, pas mal d'humour corrosif ('MTV-get off the air') et des mélodies soignées, tout pour prouver que dans l'histoire du punk les Dead Kennedys occupent le trône des formations les plus cultes. Note : 5/6 Page 101/143 REED (Lou) : New York Chronique réalisée par Trimalcion "New York"... on s'étonnerait presque de ce qu'il n'ait pas eu avant l'idée de revêtir sa poésie urbaine, mythifiée par le rock 'n' roll, de ce titre simple mais éloquent au possible. Car au fond, tous ses disques ne parlent que de ça. Passé par pertes et profits au cours de cette éprouvante décennnie des eighties, Lou Reed se pose, l'âme enfin en paix. Le regard qu'il porte sur sa ville-monde est plus distancié, plus acéré, moins théâtral. C'est l'heure des bilans. Lou livre également avec "New York" (son meilleur disque depuis belle lurette) une vision sociologique (voire politique) de son pays, à laquelle il ne nous avait pas tout à fait habitués - une grosse envie de chier sur le double mandat de Ronald Reagan, sans doute. Musicalement (et c'est assez symptômatique de cette tranquillité retrouvée), l'album est d'un très grand classicisme rock, produit de manière presque lisse : deux guitares, une basse, une batterie. Point barre. Structures toujours simples et sempiternelles colorations blues. Cela donne l'impression que tous les morceaux se ressemblent plus ou moins - et c'est justement (et paradoxalement) ce qui fait la force et la grandeur de cet album : il s'agit d'un livre dont on ne peut que tourner les pages en continu ; d'une saga dont tous les épisodes ont la même tonalité, mais qui parviendrait cependant, au fil des péripéties qu'elle narre, à maintenir l'auditeur en haleine tout au long de son heure de musique. Autre mystère... On ne s'ennuie jamais - même pas besoin de comprendre toutes les subtilités de cette "Last great American whale" ou de ce "Dime store mystery"... Simplement se laisser porter, se laisser enchanter par ces contes d'une autre Amérique (éloignée dans une dimension légendaire mais aussi terriblement réelle) un peu de la même manière que par un roman de Paul Auster, talentueux recyclage post-moderne de mythes éternels, avec en toile de fond ce personnage omniprésent : New-York. Note : 4/6 Page 102/143 VAN ZANDT (Townes) : Live at the Old Quarter, Houston, Texas Chronique réalisée par Trimalcion Un type tout seul qui chante et qui s'accompagne à la guitare sèche. En public. Pendant une heure et demie. Certains auront toujours des réticences à admettre que ce type de musique puisse être aussi sombre, dépressif et suicidaire que n'importe quel disque de black metal ou de dark ambient. Bandes de sans-coeur, va. Alors si pour vous Neil Young ou plus encore Will Oldham n'ont pas encore gagné la bataille, vous pouvez toujours vous pencher sur le cas Townes Van Zandt : un vrai, un roots, celui-là. Personnellement, je l'ai découvert complètement par hasard, au visionnage du film des frères Coen "The Big Lebowski", lorsqu'au générique de fin retentit une reprise complètement hantée de "Dead flowers" des Rolling Stones, avec un chanteur à la voix aussi rocailleuse, aride et mortelle que la Death Valley. Sacré choc. Renseignements pris, ce titre était issu de "Road songs" (1994), recueil de reprises très tardif dans la carrière du bonhomme (mort prématurément en 1997, à l'âge de 52 ans). L'essentiel de son répertoire propre, il l'avait en fait déjà composé avant d'enregistrer ce live à Houston en 1973 ; il avait alors sorti, depuis 1968, dans l'anonymat quasi-complet, quelque chose comme six albums en six ans. La voix n'est d'ailleurs pas la même que celle de ce fameux "Road songs" : moins rocailleuse, certes, parce que plus jeune, mais mieux timbrée, plus chaude, profonde comme un gouffre... Les chansons sont presque toutes gravées pour l'éternité : lamentations pathétiques, entre amours contrariées, rêves d'une vie meilleure dans l'au-delà, et revers de fortunes. Sans oublier le petit clin-d'oeil en prime. "Two girls", "To live is to fly", "Waiting 'round to die", "Tecumseh Valley"... même la reprise du traditionnel "Cocaine blues" est bouleversante ("Are you all cocaine ?") Je n'ai pas grand-chose d'original à formuler, en fait. Dites-vous que le blues blanc existe, c'est tout. En ce qui concerne ce disque (qui dut attendre quatre ans avant de sortir, faute de maison de disque pour l'artiste, alors qu'il est aujourd'hui considéré et chéri comme son plus grand classique), c'est somme toute la compilation idéale - et en plus un moment véritablement privilégié qui permet de partager la complicité que le Texan entretenait avec son public. Prestation rapprochée, étonnamment humaine, inoubliable. Note : 5/6 Page 103/143 SHINKIRO : Deep blue Chronique réalisée par Marco Le Pays du Soleil Levant est connu pour sa mythologie riche en spectres et âmes en peine que la mort n'a pas totalement délivré. 'Deep blue' est ainsi présenté comme une bande-son adéquate pour les 'Cure', 'Kairo' et autres 'Dark water', explorant les insondables profondeurs aqueuses du Japon pour tenter d'en ramener les mystères à la surface. Si l'atmosphère générale semble sereine en apparence, notre capacité à l'apnée est mise à rude épreuve au fur et à mesure que l'on nage vers les abysses, et c'est progressivement que les nappes profondes et d'une rare délicatesse engourdissent nos sens. Des voix sorties de nulle part tentent d'avertir le plongeur insconscient de ce qui l'attend et l'on peut imaginer les récits des morts subites, violentes ou programmées. Les percussions subtiles sonnent comme des vibrations à l'origine inconnue, perdues dans l'immensité des eaux ténébreuses. Entre ambient rituelle pour son coté hypnotique et errance sous-marine illustrée magnifiquement 'Deep blue' se pare d'un visuel de toute beauté et d'un disque-bonus comprenant des remixes par Hybryds, autre entité culte aguerrie à la rudesse des éléments. La perfection n'est pas loin... Note : 5/6 Page 104/143 LEAETHER STRIP : After the devastation Chronique réalisée par Marco Annoncé tièdement par le sympathique mais pas renversant 'Suicide bombers' le retour du danois culte a en tout cas sucité diverses réactions, la plus enthousiaste venant à plus d'un titre du label Alfa-Matrix qui sort carrément le grand jeu avec les diverses éditions dignes d'un marketing à la :Wumpscut: ! Mais rassurez-vous, la seule édition normale contient plus de deux heures de nouveautés, suffisantes pour constater que Claus Larsen n'a rien perdu de sa capacité à pondre des mélodies qui font mouche. Ceux qui s'attendent à un retour vers l'époque 'Solitary confinement' ou 'Underneath the laughter' seront déçus, 'After the devastation' est plutôt le prolongement des trois derniers albums sur lesquels le travail des atmosphères et des mélodies prenaient le pas sur l'agression pure. A l'exception du style typé EBM sur 'Suicide bombers', 'Slam', 'Happy pills' ou 'Junkie do' et des rampants et excellents 'Gaza strip', 'Rip like cat claws' et 'One man's gain...', l'album renouvelle la recette orchestrale et mélodieuse du Leaether Strip post-'Serenade for the dead'. Les incursions 'transe' du raté 'Rebirth of agony' sont ici beaucoup plus heureuses ('Death is walking next to me', 'Homophobia', 'This is where I wanna be', 'One for one for one') tandis que les tentatives synth-pop ('Empty space') ou la nouvelle version du dernier effort du danois avant son retrait de la scène en 2000, 'Carry me', s'avèrent franchement mauvaises. Beaucoup de titres calmes et mid-tempo donc qui attestent de la sincérité du bonhomme et de sa motivation ! A noter les superbes instrumentaux 'Inner exploration' et 'Leaether Strip part 3' qui renouent avec les instants les plus épiques de 'Underneath the laughter'. Les possesseurs de l'édition 3 cds apprécieront les remixes en bonus qui bien que loin d'être indispensables remplissent leur rôle (le très bon remixe de 'Back in control' et son clin d'oeil à 'Japanese bodies'). Finalement le danois tire son épingle du jeu honorablement sans surprendre véritablement mais les améliorations côté technologie et la qualité d'écriture compensent malgré tout. Peut-être aurait-il pu nous épargner une dizaine de compositions inutiles, mais après un break de 5 ans, allez lui dire de se réfréner ! Note : 4/6 Page 105/143 SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION : 2 Chronique réalisée par Nicko Après un premier album acclamée par la presse spécialisé, les grindeux parisiens sont signés sur le label de metal extrême Osmose Productions. Ce deuxième album, sobrement intitulé "2", est donc le résultat de deux années de composition représentant 22 morceaux pour un peu plus d'une trentaine de minute de grind bien brutal. Et la claque est impressionnante ! Mais réellement ! Je ne suis pas fan du genre, mais alors cet album m'a mis une baffe dès la première écoute ! Je ne m'y attendais pas du tout. Leur premier album m'avait plu, mais de là à avoir un album aussi inspiré et mature, il y avait un fossé. J'avais peur d'avoir affaire à un album de "néo-grind", très technique et syncopé avec un son super propre. Et bien non, que nenni ! Le style musical est certes saccadé, mais il reste suffisamment limpide et direct pour rentrer dedans dès la première écoute. La production est plus claire que sur le premier opus, mais elle laisse quand même ce gros son aggressive et aigüe propre au grind. Les compos sont courtes (qui a dit forcément ?), mais vont à l'essentiel avec des breaks for judicieux et des rythmes destructeurs. Il y a une pêche et une énergie dans cet album, c'est vraiment rare de nos jours ! Tout s'enchaine à la perfection, sans temps mort, mais sans bourrinage bête intempestif, les parties lentes, curieusement proches de Mortician (surtout au niveau des gros riffs pachydermiques !), permettent vraiment de souffler entre les énormes déferlantes de blasts. On peut aussi noter quelques petites incursions dans le camp Antaeus sur quelques riffs (que je qualifierais de "pendulaires" - oui, je me comprends !), comme sur le morceau "xx.02.02" (!). Bref, moi en grind, je pensais qu'il était impossible de faire un album aussi bon voir mieux que le "Chainsaw dismemberment" de Mortician, ben voilà, j'ai tort ! Ce "2" de SCD est là pour me le rappeler ! Un très gros 5... Note : 5/6 Page 106/143 SIGUE SIGUE SPUTNIK : Blak Elvis Chronique réalisée par Twilight Voilà, je suis équipé: combinaison anti-tomates, masque de protection contre les oeufs pourris, boîte noire pour laisser mes dernières volontés au cas où...Car pour toute personne respectant un tant soit peu Elvis Presley, dire du bien de ce qui a toutes les apparences d'une insulte vis-à-vis de sa musique mérite châtiment immédiat, conspuations et autre huées en bonne et dûe forme. C'est ce que je vais essayer de faire sur un site où Sigue Sigue Sputnik et Elvis Presley ne sont pas forcément super populaires en utilisant des arguments qui...euh...bon, ben, vous verrez. Premièrement, d'un point de vue 'Presleyien', ce disque est infect et mérite la poubelle...et c'est pour ça que je le trouve bien. Comprenez-moi bien, le sortir, il fallait oser et c'est ce que Sigue Sigue Sputnik a fait ! Parce que je sais pas pour vous, mais les reprises de Elvis, on connaît...les meilleures accentuent l'aspect pêchu, les pires...euh...'veux même pas en parler. Nos cow-boys spatiaux sont allés plus loin; voulant retrouver les émotions primales, ils se sont débarrassés de toute technologie trop sophistiquée, axé la démarche sur le minimalisme et la défonce totale. Pour ce faire, ils ont conservé le côté rock'n'roll des guitares, le reste par contre, c'est de l'électro dans la plus pure tradition Sputnik, boîtes à rythmes minimales (dommage qu'elles ne soient pas plus percutantes), déluge de samples et d'effets, vocaux noyés d'échos...à tel point que je défie quiconque qui, sans être un spécialiste du King, m'identifie les morceaux d'origine dans ce bidouillage électro-spatialo-roll. Il est donc certain que ceux qui n'aiment pas le style SSS vont détéster, Tony James le dit, c'est un retour aux sources. La faiblesse du cd est plutôt de montrer une fois de plus ce que nos Anglais doivent à Suicide, bien plus qu'à Elvis. On aurait en effet pu espérer, sur album tournant autour du King ressentir davantage sa présence (quoique sur le tordant 'Kan't help falling in love'...). Au final, ça reste du Sigue Sigue Sputnik, pas du meilleur, mais intéressant néanmoins...'Si Elvis avait une crête rose, lisait 'The wild boys', avait un ordinateur pour baiser avec HAL, fumait de l'herbe avec Tapper Zukie et dansait avec Donna Summer'...on pouvait attendre plus trash et on se retrouve avec une kitscherie icônoclaste, toujours bonne à prendre pour ma part. Note : 3/6 Page 107/143 INQUISITION / PROFANE CREATION : Summoning the black dimension in the Farallones / Nema Chronique réalisée par Nicko J'ai acheté ce CD car je connais la suite de la carrière d'Inquisition et c'est la seule raison ! Sur ce split, on peut y découvrir donc les premiers travaux (après quelques démos & EP's) des colombiens (à l'époque, cela se limite à Dagon et quelques membres de sessions !) ainsi que d'une trentaine de minutes d'un groupe brésilien totalement inconnu, Profane Creation ! Bref, un split, 100% sud-américain ! Sur la partie Inquisition, on peut déjà dire une chose ! Si à l'apoque du premier album, en 1998, le style si singulier et original d'Inquisition était en place, ce n'était pas le cas en 1996 ! Sur ce "Summoning the black dimension in the Farallones, Dagon joue du black/thrash très influencé par le premier album d'Immortal, surtout aux niveaux des vocaux et de l'ambiance. Vous le savez peut-être, mais je n'aime pas du tout le premier album des norvégiens, donc là, forcément, ça ne passe pas ! Ca a beau être sombre, je trouve le style vide. La production est digne d'une démo estonienne de la fin des années 80, on a donc une puissance proche du néant avec des guitares... qui font peur ! Les compos sont tout ce qu'il y a de plus banal et je ne parle même pas des paroles tant elles sont clichesques ! Ca faisait peut-être son effet à l'époque, mais 10 ans plus tard, c'est bien mauvais ! Et ce ne sont pas les intermèdes aux claviers et (surtout !) à la flûte qui vont améliorer le constat, bien au contraire ! Ils desservent leur partie du split, plus qu'autre chose en étant en total décalage avec le reste ! On passe maintenant à Profane Creation. Et là encore, c'est pas la joie... Les brésiliens jouent une sorte de heavy/doom/black bien pauvre. Alors oui, l'ambiance est très sombre, noire, comme sur la partie d'Inquisition, mais à part ça, non, il n'y a rien ! C'est du heavy metal (et même, y'a quelques riffs de thrash !) typé 80's joué lentement ! Avec par dessus, du chant typiquement black ! Ce n'est pas pourri, mais c'est juste long et à la longue ennuyeux. Il y a ici et là quelques parties pas mauvaise comme sur le final "No mercy" et sa partie en arpège, mais ça manque de rythme, c'est toujours plus ou moins le même mid-tempo, et au bout de 25 minutes, ça gonffle ! Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus, mais avec ce "Nema", je doute que cela suffise pour sortir de la masse. Un split bien fade qui ne vaut que pour son ambiance vraiment inquiétante et noire. Le reste, à oublier ! Note : 2/6 Page 108/143 ALMOND (Marc) : Stories of Johnny Chronique réalisée par Twilight 'Stories of Johnny' est assez comparable dans son esprit à 'Mother fist and her five daughters' qui sortira deux ans plus tard, c'est du Marc Almond totalement cabaret. Dandy ou diva, voyou ou crooner, ou tout à la fois, notre excentrique Anglais mène le show de voix de maître entre pop décadente, jazz hanté, cabaret baroque et glam. Ce qui chez des artistes moins talentueux sonnerait vite comme trop kitsch et sirupeux prend de par sa voix et sa personnalité une profondeur parfois poignante ('This house is haunted', I who never'), sulfureuse ('Flesh is willing'), toujours envoûtante. Marc a cette présence vocale extraordinaire qui le rapproche d'artistes de scène comme Juliette Greco, Jacques Brel, Barbara...lesquelles ont toujours été une influence énorme dans sa carrière. Cette réédition fournit en outre en bonus pas moins de trois vidéos mais l'efficacité mélodique des chansons, entre mambas, violons, accents gospels, piano cabaret... suffisait à elle-seule à justifier un tel achat. Marc Almond ou la preuve que la pop peut sentir le souffre... Note : 5/6 Page 109/143 LEAETHER STRIP : Positive depression Chronique réalisée par Marco 'Positive depression' ou le petit frère de 'Serenade for the dead' avec du chant. Fort de sa nouvelle expérience symphonique et mélodique Claus Larsen en remet une couche avec ce 4 titres pas déplaisant. 'Torture' offre déjà l'aperçu de cette évolution avec pour soutenir le chant saturé et criard des arrangements neoclassiques un peu moins 'cheap' que sur l'album précédent et se révèle une sorte d'hymne electro-dark épique et lourd. La surprise arrive avec un 'We deserve it all' aérien, tempo très posé mais appuyé et une tentative de chant réel. La voix du danois dans cet exercice n'a rien d'exceptionnel mais on ne peut que lui reconnaître le mérite d'oser faire bouger les fondations de son electro. L'instru 'Dead on arrival' aurait très bien pu figurer sur 'Serenade', tempi variés, piano et nappes déclinés dans un schéma explosion/retenue jusqu'au crescendo final. Enfin une version 'parlée' sur un fond minimaliste du tube 'Don't tame your soul' clôt ce mini sans vraiment apporter d'eau au moulin, surtout quand on connait la puissante version d'origine. Rien de nouveau, mais ça ne fait pas de mal. 3,5/6 Note : 3/6 Page 110/143 LEAETHER STRIP : Yes I'm limited Chronique réalisée par Marco Le succès phénoménal de 'Solitary confinement' dans la scène electro de l'époque confirme le statut de Zoth Ommog dans son rôle de catalyseur. Culte, certes, mais avisé ! Ce ep à l'intention promotionnelle à peine voilée est une belle occasion de redonner un coup de jeune à trois vieilles compositions. Un lifting plutôt efficace, dans le sillage de l'album acclamé. du coup les aspects rêches des versions d'origine se trouve gommés et l'entêtante mélodie de 'Japanese bodies' voit son effet décuplée par des basses dignes de ce nom. Le vicieux 'Razorblades' et le très 'body' 'Touchdown breakdown' subissent les martèlement métalliques de la rythmique rame,nant l'auditeur à l'époque des premiers enregistrements mais en mieux produit. Anecdotique peut-être, mais bien défoulant ! Note : 4/6 Page 111/143 ALMOND (Marc) : Tenement symphony Chronique réalisée par Twilight Rien que la pochette, j'adore. Cette présentation typique d'un disque de musique classique et pourtant, à y regarder de plus près, on voit que la baguette de chef d'orchestre est une tige de rose avec épines, que le jeune Marc a une bague en forme de crâne et qu'il est écrit 'Grès et paillettes' en français, anglais et allemand sous 'Tenement symphony'. Niveau musical, c'est de la bonne pop qui s'éloigne des influences cabaret pour flirter avec des sonorités vaguement électroniques (attention ! J'ai pas dit 'techno', ni 'dance' !), sans perdre un certain feeling entre grandiloquence music-hall et spleen baroque vaporeux ('Champagne'). La voix de Marc, une fois de plus y est pour beaucoup car si les compositions sont solides, lui-seul parvient à conférer une telle profondeur à des morceaux assez dansants au final. Ces commentaires sont valables pour la première partie car la fameuse 'Tenement symphony' (constituée de reprises) ne démarre qu'à partir de la piste 6 par un prélude tout en cordes sirupeuses. S'ensuit ce qui aurait pu être un sacrilège et qui n'en est qu'un demi au final, une reprise de Jacques Brel sur fond de rythmes techoïdes. Fort heureusement, l'interprétation impeccable de Marc et les arrangements de cordes et d'orgues qui montent derrière rattrapent le tout. J'apprécie moins 'What is love' qui n'est pas mal mais pue trop les structures 'dance' pour être honnête. Notre dandy ne chante pas sur 'Trois chansons de Bilitibis' d'après Debussy laissant les vocaux à la poignante Sally Bradshaw pour un interlude quasi néoclassique bien trop court avant que le rythme de 'Days of Pearly Spencer' ne relance la machine. 'My hand over my heart' achève de manière tranquille dans des harmonies très Soft Cell. Celà n'est pas si étonnant puisque Marc s'est fait aider tout au long du disque par son ancien complice Dave Ball. 'Tenement symphony' est un bon disque, de loin pas le meilleur mais il constitue un pont entre ce que notre Anglais a produit durant les 80's et le son qu'il développera durant les 90's. Note : 4/6 Page 112/143 GOREFEST : Chapter 13 Chronique réalisée par pokemonslaughter Ouch, certes "Erase" noyus avait préparé à un changement significatif de style mais là... "Chapter 13" ne conserve de Gorefest plus que la voix rocailleuse de Jan Chris. Pour le reste, métamorphose totale : adieux grosses distorsions, bienvenue le gros son rock/stoner bien graveleux, exit les riffs metal, bonjour l'influence rock bluesy et... Et bien en fait, il apparait difficile de reconnaître le groupe ici. Tout y est ultra binaire, profondément inspiré par le stoner/rock, tant dans ces structures ultra simples, que dans le son complètement rock sudiste genre "les paul sans effet su gros marshall vintage". Les morceaux font trois minutes en moyenne, avec son lot de gros hit, le morceau éponyme en tête, de compos plus sombre ("Bordello") voire de quasi ballades ("FS 2000" ou JC nous montre qu'il sait chanter clair, "Burn out" et son intro acoustique)... On pense beaucoup, voire énormément au Entombed de "Same difference", voire à un Firebird par moment pour cette alternance de titres rock rentre dedans et morceaux plus posés, le tout recouvert d'ambiances bluesy. Seulement si Entombed parvenait à conserver une inspiration constante et un dynamisme permanent, Gorefest s'enfonce dans des compos répétitives et bien trop binaires. Pas mauvais pour autant, mais franchement pas genial non plus, "Chapter 13" s'écoute sans broncher mais malheureusement sans vraiment laisser de traces durables (excepté le morceau titre franchement cool)... Un album qui à l'origine devait être le dernier. Heureusement qu'ils se sont reformé pour nous sortir "La muerte". Note : 3/6 Page 113/143 DARK ANGEL : We have arrived Chronique réalisée par pokemonslaughter Tout le monde encense Dark Angel et son "Darkness descends", mais ce que tout le monde ne sait pas forcément, c'est qu'il s'agit du second album du groupe. Et oui, il y a ce "We have arrived" qui l'a précédé. Seulement le Dark Angel que l'on retrouve ici n'est pas vraiment celui que l'on connaîtra par la suite. Le style est ici beaucoup plus thrash traditionnel, sans réelles surprises, mais avec une efficacité qui caractérise déjà le groupe. Tout commence par une intro sous forme de gros riff efficace avant de lancer le morceau titre. Et là le ton est donné, du thrash typique façon "tout en power chord", bien rapide sans atteindre encore les sommets de vitesse de "Darkness descends". Le chant officie ici dans une veine plus heavy/thrash avec son quota de "yaaaaaahh" que nous, fans de vieux thrash affectionnons tant, et si ce dernier n'atteint pas des sommets, il se révèle au final fort efficace pour headbanguer brutalement dans son salon. Bref, voilà un disque standard du genre, dans lequel on retrouve une première version de "Merciless death" (ici un peu plus lente), des morceaux très bay area thrash ("Vendetta", l'excellent "No tomorrow" gros hit thrash/speed) que les fans des premiers Slayer et Metallica devraient adorer ou encore l'inévitable passage acoustique sur "No tomorrow". Au final donc, un disque tout à fait honnête avec son lot de riffs mortels tout en doubles croches ("Welcome to the slaughter house"), ne préfigurant pas réellement de la radicalisation qui suivra. Un album qui montre cependant un groupe vindicatif, doué d'un sacré sens du riff qui casse, et que je préfère à titre personnel à "Darkness descends" pour cette fraicheur, cette jeunesse respirant l'énergie qu'on ne retouve que dans les disques de l'époque... Conseillé ! Note : 4/6 Page 114/143 THE STRANGLERS : The collection 1977-1982 Chronique réalisée par Trimalcion Les étrangleurs de Guilford... Il eût été dommage qu'un site comme le nôtre passât sous silence les méfaits d'un groupe de punk qui se baptisait ainsi. Introduisant dans le genre, dès leurs débuts, une bonne dose d'ironie, le quatuor britannique (avec un petit gars de chez nous à la basse), entre 1977 et 1982 (leurs meilleures années, même si le groupe a continué de tourner jusqu'à aujourd'hui), est aussi passé par une période noire (mais toujours un peu pour rire). Formés dès 1974, avec un son oscillant d'abord entre celui des Doors (l'orgue...) et de Television, puis irrésistiblement entraînés dans un courant nettement plus pop/new wave, avec basse énervée, guitares tressautantes, compositions courtes et accrocheuses, ils ont cependant su conservé une identité propre, forgée par cette ambiance cauchemardesque et décadente qui domine souvent. Les quatre premiers titres de cette compilation essentielle (il vous faudra passer outre une pochette ignoble) opèrent encore dans un registre rock 'n' roll/punk sombre, une musique balancée avec mépris à la face de l'auditeur ("Hanging around" est un hymne incontournable du genre) ; déjà l'orgue donne à ces ritournelles des allures de caroussel fou tournant dans une foire monstrueuse. Le délirant "Waltzin' black" en illustre mieux encore les particularités, de même que "Bear cage". S'il faut revenir sur l'atmosphère complètement décalée, idyllique, de "Golden brown" (une autre valse à l'ancienne jouée par des vieux punks depuis le village de Casimir) ou bien sur l'étrange et troublant soliloque de séduction nocturne (en Français) de Jean-Jacques Burnel dans "La folie", bercée par des nappes de synthé en écho lointain, il n'en demeure pas moins que c'est la reprise du standard de Burt Bacharach "Walk on by" qui retient le plus l'attention : un morceau démentiel, lyrique au départ, où la basse se fait ogresse, la guitare rythmique gratte jusqu'au sang, et l'orgue part dans des délires indescriptibles. Ces étrangleurs-là n'ont peut-être jamais tué personne, mais ici, jamais session plus brûlante n'était venue tempérer leurs ricanements moqueurs et glaçants. Grand disque. Note : 5/6 Page 115/143 SIEBEN : The line and the hook Chronique réalisée par Twilight 'The line and the hook' est un album hanté, hanté par la mémoire des soldats morts au combat, les réflexions que suscitent les conflits, les idées de sacrifice, la détresse...Est-ce ce qui explique ce mélange de spleen et de percussions roulantes ? Comparé aux disques suivants, je trouve celui-ci plus sombre, grinçant, moins mélancolique (encore que 'Christmas 1914' et 'A name' fassent bien fonctionner les glandes lacrimales avec ses violons déchirants pour l'un et ses choeurs féminins pour l'autre). Parfois, comme sur 'Back to the fire', le ton est violent, torturé, le violon produit des sons écorchés comme des gémissements de douleur. On ressent un malaise plus que de la tristesse et les roulements de tambour n'aident pas à se sentir mieux...Si Matt sait déjà se servir de sa voix , il n'a pas encore développé ce timbre mélancolique qui fera la richesse des disques suivants. Pourtant notre Anglais sait jongler entre climats intimes, quasi jazzy ('My ideology') et atmosphères froides, tranchantes ('Old gods',...) mais la touche magique n'est pas encore là. Certes, le jeu de violon virtuose épate, séduit, terrifie, les compositions sont solides mais lorsque l'on connaît le niveau qu' atteindra Matt sur ses prochains travaux, les qualités de cet opus, bien que réelles sont légèrement étouffées. Note : 4/6 Page 116/143 SIGUE SIGUE SPUTNIK : 21st Century Boys - the best of Chronique réalisée par Twilight Dossier: Sigue Sigue Sputnik; ordre de mission: enfin éditer en cd une kyrielle de titres rares car sortis uniquement en vinyl, souvent en single, voir carrément en face B; rapport de mission: de l'aveu même de Tony James, pourtant plus que très beaucoup méfiant vis-à-vis des grosses boîtes comme EMI depuis que le groupe s'autogère et vend ses disques par le net, les responsables ayant travaillé sur le projet de cette compilation étaient fans et on donc fait du bon boulot, d'où un plein soutien de notre homme plutôt satsifait du packaging et du produit final. Il y a de quoi; '21st century boys' rassemble pratiquement tous les singles du groupe jusqu'en 1989, soit des faces B, des raretés, des mixes de single. Qui plus est, vu qu'ils sont présentés dans un ordre chronologique, ils permettent de suivre le parcours d'une formation inspirée par Suicide, le rock'n'roll et les excès du nouvel âge audiovisuel, capable du meilleur (l'album 'Flaunt it') comme du pire ('Dress for excess'). Pour la chronique, c'est d'ailleurs facile, les dix premiers morceaux issus de la première partie de carrière sont indispensables: minimalisme électronique absolu à la Suicide, guitares rock, chant nappé d'effets et un déluge de samples. Formation maudite, détestée et culte, Sigue Sigue Sputnik a tout pour incarner une race nouvelle de punks futuristes personnalisant les excès de la société de consommation et un hédonisme creux et extrême; au lieu de poursuivre cette auto-destruction annoncée, le groupe commet la bourde en appelant les faiseurs de tube de l'époque Stock, Aitken et Waterman pour produire un insipide second LP pop commercial, 'Dress for excess' dont les singles sont du coup dépourvus du moindre intérêt. On peut donc zapper sans scrupule sur 'Success', 'Dancerama' et 'Barbarandroid' dont n'auraient même pas voulu Duran Duran. Nettement plus intéressant (et carrément génial), l'iconoclaste mélange de l'adagio de Albinoni avec diverses sonorités spatiales. Pour moi, celà reste un des must de la carrière de SSS: beats lents, interprétation du thème au synthé, samples de voix, touches de guitare...c'est grand ! Rien à voir avec le pitoyable 'Rio rocks', ridicule adaptation de la Bamba à la sauce Sputnik. Bien que plus correct, l'instrumental ambient 'Aliens' reste un brin trop léger pour être honnête, quant au remix 2000 de 'Love Missiles F1-11', il n'est pas franchement indispensable. Résultats de la mission: malgré quelques défaillances techniques, fautes de goût, faiblesses du moteur, l'objet tient ses promesses et s'avère une compilation indispensable tant pour les fans que ceux qui souhaiteraient mieux cerner l'univers du groupe. Note : 4/6 Page 117/143 REVOK : Program medics and cathode clinics Chronique réalisée par Chris Deuxième EP du groupe, "Program medics and cathode clinics" fait suite à "Bicarbon amalgamate" sorti en début d'année 2005. Revok nous balance ici 4 nouveaux titres efficaces et percutants dans une veine hardcore / noise bien convaincante. On y découvre un groupe totalement maître de son univers ; un univers sombre et malsain à souhait, surprenant, lancinant et saturé. Les compositions font preuve d'inspiration et réservent toutes leur lot de surprises : breaks judicieux, riffs de malades et passages plus ambients très réussis. Pour ma part je n'ai pas constaté les faiblesses vocales qu'avait déploré mon collègue Saïmone sur "Bicarbon amalgamate". Au contraire, je trouve la partie chant assez convaincante et surtout incivive quand il le faut. Notons, histoire d'enfoncer le clou, que Revok s'est également doté d'une forte identité graphique qui résume parfaitement l'esprit du groupe. Une chose est sûre : Revok est sur la bonne voie, et on attend avec impatience la confirmation de tout ce potentiel sur un album longue durée. Note : 4/6 Page 118/143 THE DAYS OF THE MOON : The Prince Chronique réalisée par Twilight Vous voulez de l'ovni inclassable ? Vous allez en avoir car trouver une ligne directrice à ce fourre-tout conceptuel sur le thème du 'Prince' de Machiavel relève de la gageure. L'homme derrière ce projet, David Mellor (connu pour sa participation aux premiers Sol Invictus), mélange absolument tous les genres sans le moindre scrupule. Aucune chanson ne ressemble à la suivante et il est pratiquement impossible de chroniquer cet opus sans se taper la traditionnelle visite guidée. Nous avons donc du gothic rock très électrique (le bon 'Black day'), une sorte de dark wave synthétique mystique ('River of fortune' mené par un battement très appliqué, des montées de synthé et un duo vocal féminin/masculin), sytle repris mais de manière plus heavenly sur 'Droit du seigneur' (quelque part entre les Bollock Brothers et Annie Lenox avec quelques touches hispaniques). Bon jusque là, ok, mais quand débarque le folk gitan de 'Of good and evil' (le pire est que j'adore...mmm, ce timbre féminin, cette mélodie...) ou le jazz motown / blues de 'The deceiver' tout en roulements et en 'tidedouda' et je ne parle pas de l'ambient quasi religieux de 'Voyagers' ou de 'We are' qui prend tous les ingrédiens d'une pop mainstream avec vocaux prêchants et refrains variété... Le problème est que même dans les style mentionnés, David tourne tout à sa sauce que ce soit dans sa manière de jouer un riff, dans la construction d'un rythme où la façon de poser le chant. Tout est identifiable, rien ne semble à sa place et tout est au bon endroit...avouez que c'est plutôt surprenant, sans être désagréable qui plus est...David Mellor qui est un homme bon nous délivre une piste cachée instrumentale dans la lignée This Mortal Coil pour nous permettre d'y réfléchir...machiavélique, c'est certain ! Note : 4/6 Page 119/143 DAS ICH : Feuer Chronique réalisée par Twilight Après trois albums brillants, les Das Ich décident de nous enregistrer un album live constitué de titres interprétés lors de divers concerts dans toute l'Allemagne. Première nouveauté par rapport aux cds, l'adjonction d'une batterie qui donne une plus grande fluidité au jeu sans modifier les sons (grand soin ayant été apporté pour que le rendu final sonne comme les programmations d'origine) et d'un second clavier pour seconder Bruno et assurer les choeurs. Franchement, je ne sais trop quoi dire, ok tout est bon (presque un peu trop) mais un disque live de Das Ich, c'est comme une salade sans sauce; quand on sait quel extraordinaire showman est Stefan Hackermann, le son sans l'image, c'est un peu fade. Malgré de gros efforts pour sonner le moins préprogrammé possible, Das Ich reste un groupe électro à la base et comme toutes les formations du genre peine à donner à sa musique une différence notable (si ce n'est quelques touches de piano). C'est en général le visuel qui fait la différence, ce qui nous manque justement...En résumé, même si c'est tout à fait correct, on peut s'interroger quant au bien fondé de ce disque. Cet objet est destiné aux fans, pour les autres, mieux vaut se rabattre sur le DVD que produira le duo quelques années plus tard (disponible sur l'édition limitée de 'Lava' également). Note : 4/6 Page 120/143 LADYTRON : Light & magic Chronique réalisée par Trimalcion Le charme qui émane de ce genre d'objets... charme désuet qui pourtant provient d'une démarche ouvertement post-moderne : retrouver la naïveté et la simplicité touchante de la pop électronique du Kraftwerk des débuts, avec mélodies entêtantes, voix vocodées et arrangements minimalistes ; ne pas hésiter à y mêler des sonorités synthétiques cheap qui rappellent le pire de la new wave des eighties (sans oublier un brin de psychédélisme en prime) ; et y mettre la petite touche d'ironie qui sauve tout et qui fait qu'on peut s'abandonner sans trop de honte aux vocalises de ces deux "divas disco", dont l'accent est-européen de l'une ne fait qu'ajouter aux charmes. Parce qu'ils ont emprunté leur nom à une chanson fameuse de Roxy Music, on compare souvent ce quatuor de Liverpool à la bande à Bryan Ferry. Pourtant, mis à part un certain souci d'"esthétisme" sur scène (sauf qu'eux préfèrent le noir aux paillettes), je vois moins le rapport avec Roxy Music qu'avec un Depeche Mode ou un New Order qui auraient enregistré depuis le pays des Bisounours. Dans ce deuxième album du groupe, des titres comme "Seventeen", "Light and magic" ou "Blue jeans" font preuve du pouvoir d'enchantement d'une pop si mielleuse qu'elle en devient écoeurante (on en redemande). En même temps, c'est peu dire que ce groupe souffle le chaud et le froid, le feu des compositions et la glace de beats simplistes et robotiques, d'arrangements synthétiques si pétrifiés qu'ils en deviennent effrayants, surtout lorsqu'en sourdent des relents industriels qui viennent rompre l'harmonie rectiligne d'une partition trop parfaite. Une gourmandise tout de même agréable. Note : 4/6 Page 121/143 GUIGNOL'S BAND : Galdr Chronique réalisée par Twilight Rien de très ludique chez Guignol's band, leur musique s'approchant plutôt d'un mélange de dark folk et d'ambient martial mélancolique. On songe volontiers à Ordo Equitum Solis, ce qui n'a rien d'étonnant puisque ce sont eux qui ont supervisé l'enregistrement. Certaines chansons ont un climat plutôt triste et apaisant, généralement articulé autour de plages de claviers enrichies d'instruments accoustiques ('Cello song', 'Galdr', 'Come away'...), sentiment renforcé par le côté répétitif et un brin hypnotique des lignes. Le ton peut se faire plus mystique mais également plus grave et martial avec importance accrue des percussions ('Einheriar', 'Alce Nero'...). Si la récitation masculine est profonde, un peu fraîche, elle évite pourtant d'être trop tranchante, d'où peut-être cet aspect apaisant pas toujours évident dans ce type de musique. L'ensemble est donc plaisant à l'écoute et favorable à l'introspection par ses alternances d'instrumentaux et de récits mais n'évite pas le piège d'une certaine monotonie. En effet, si certaines mélodies frappent juste ('The last waltz', 'Alce nero'...), à trop dilluer les atmopshères dans la mélancolie de nappes un peu longuettes, le duo perd de son potentiel et ne sonne au final que comme une bonne copie de Ordo Equitum Solis, la touche martiale en plus et les vocaux féminins en moins. Note : 3/6 Page 122/143 STRENGTH THROUGH JOY : The force of truth and lies Chronique réalisée par Twilight Death in June et ses bâtards...enfin pas si bâtards que ça dans notre cas puisque Douglas P. himslef a produit ce disque et joué dessus et que Richard Leviathan (quel doux sobriquet !) collaborera au projet Kapo ! Pour l'heure, le duo nous propose un dark folk apocalyptique et pessimiste à souhait très inspiré par la musique de qui vous savez. Les ingrédiens de base sont assez classiques, une ligne de guitare sèche, des nappes de claviers mélancoliques, quelques notes de piano, un peu de percussions mais aussi des ajouts de samples ('Master and slave', 'The force of truth and lies', 'The blond beast'). Je le précise car on trouve chez Strength through joy cette touche expérimentale qu'on retrouve chez Death in June, certains travaux de Sol Invictus, voire Current 93, particulièrement sur 'The blonde beast' tout en nappes grondantes, vocaux déformés, violon mourant en arrière-fond ou sur les passages dissonants qui s'élèvent sur la mélodie de base sur 'Force of truth and lies'. Vous l'avez compris, le duo ne révolutionne pas le genre mais cet album est bon, leur meilleur même de mon point de vue. Les mélodies sont simples, incisives et efficaces ('Rosin dudh', 'Force of truth and lies', 'Absolute power' ou 'A grave for burning wings' avec Douglas P.), le timbre de Richard Leviathan claque et les atmosphères sont sombres à souhait. Celà vaut donc la peine de passer outre l'infecte pochette fluo pour se pencher sur la musique. Note : 4/6 Page 123/143 TELEVISION : Marquee moon Chronique réalisée par Trimalcion Quoi dire sur ce disque ? Qu'il s'agit du plus important manifeste de punk rock américain (à égalité avec le fameux "Blank generation" de Richard Hell) ? Que Tom Verlaine est un grand poète, doublé d'un musicien de génie, qui s'inscrit dans la veine littéraire et "intellectuelle" du mouvement, pressé davantage par Patti Smith que par Johnny Thunders ? Que tout est affaire d'entrelacs de guitares hypnotiques (rehaussés par la séparation stéréophonique) et d'une véritable télépathie entre Lloyd et Verlaine qui déploient leurs arpèges spiralés comme autant de motifs improvisés, sur le troublant canevas de compositions parfaites ("Marquee moon" étant un disque de punk/pop qui s'écoute comme un album de jazz) ? Ce groupe de BONS musiciens (il y en a parfois dans le punk), formé en 1973, n'a sorti qu'un unique single deux ans plus tard (l'insolent "Little Johnny Jewel", présent à titre de bonus sur cette réédition) avant d'enregistrer ce premier album légendaire. Et pourtant, musicalement : "It's just two guitars, bass and drums", comme s'est plu à le rappeler Tom Verlaine à un producteur interloqué. Certes, mais on est loin du hard rock british encore en vogue à l'époque, aussi bien que des structures plus complexes du progressif. La magie de ce disque réside dans la fluidité de son déroulement et dans l'élévation des guitares en boucles tournoyantes, dont le son dépouillé et extraordinairement clair met si bien en valeur les ritournelles mélodiques de ces New-Yorkais, autres fils spirituels du Velvet. Il n'y a guère d'apparats ni d'apprêts, simplement quatre types intelligents qui mettent leur âme dans chaque solo et dans chaque note. Richard Lloyd, extraordinaire guitariste qui aurait pu se laisser aller à des velléïtés plus jazzy dans ses envolées, privilégie le "filage", joue la complémentarité parfaite avec son acolyte, ce qui leur permet à eux deux, malgré tout, de décoller, de se détacher de l'oppression entretenue par la rythmique basse/batterie. Nombreuses seront les formations de pop/rock/post-punk/new-wave qui tenteront de marcher sur les traces de Television (qui cessera hélas d'exister dès l'année suivante, non sans avoir laissé un second album plus dispensable : "Adventure"), pourtant, aucune n'est parvenue à recréer l'urgence de ce lyrisme tendu, la beauté hypnotique de cette tapisserie de guitares, la mélancolie fiévreuse et noire émanant de la formidable spirale ascendante du son. Comme beaucoup de grands disques, ce classique ne se révèle pas immédiatement, mais le temps passé à l'apprivoiser ne sera pas du temps perdu. Note : 6/6 Page 124/143 BLUTENGEL : Seelenschmerz Chronique réalisée par Twilight Riez si vous voulez mais j'avais de la sympathie pour BlutEngel et le premier album, 'Child of glass', bon concentré de dark wave teutonne, m'avait suffisamment plu pour que j'achète celui-ci les yeux fermés, en édition limitée qui plus est. D'après ce que j'avais pu en lire, Chris Pohl s'était donné plus de moyens au niveau de la production. Succès grandissant obligeant et grosse distribution assurée, notre homme pouvait songer à cesser de bricoler sur son home studio; c'est peut-être bien là le problème. Bon à priori, les premières chansons tendent plutôt à mettre en confiance, délivrant rapidement un échantillon des multiples facettes du projet: titres dansants avec vocaux féminins ('Seelenschmerz'), plus agressif dans une voie Wumpscut: ('Der Spiegel'), des instrumentaux gothiques glacés ('Welcome to the suicide', 'Schmerz I-Liebe')...dans lesquels l'ami Chris mêle sans originalité mais avec un certain talent des sonorités électroniques froides héritées de l'ebm, des notes plus glauques mais aussi quelques sonorités un brin plus 'dance' ('Die with you'): un monde aux confins de Das Ich, Wumpscut: et Covenant. Le problème est que même si l'efficacité est bien au rendez-vous ('Run away', 'Welcome to the suicide', 'Soul of ice' ou' Children of the night') sont superbes), la profondeur que l'on pouvait trouver sur 'Child of glass' s'estompe peu à peu. Ok, Chris n'a jamais prétendu faire autre chose que de la dark wave pour dancefloor mais il essayait de le faire bien, ce qui est encore le cas ici, mais...comment dire ? Lorsque l'on connaît la suite de carrière du projet qui glissera toujours plus dans la facilité, les rythmes binaires et une imagerie de vampire d'opérette pour gothopouffes, on ne peut s'empêcher d'en déceler ici les premières traces. Si on peut encore danser cette fois encore sans arrière-pensée sur 'Bloody pleasures' ou 'Soul of ice', le danger d'une trop grande aisance pointe le bout de son museau. Ok, les sons sont froids, niveau rythme, ça remplit son rôle, les lignes sont bien écrites mais c'est aussi plus lisse, plus couru d'avance, sans surprise et si j'aime ce disque, il ne m'a pas donné envie de suivre d'avantage la carrière de BlutEngel (le maxi suivant 'Black roses' confirmera d'ailleurs mes craintes). 'Seelenchmerz', un testament ? Pour moi, assurément. Heureusement comme chant du cygne, ce n'est pas si mal, d'autant que la version limitée propose un maxi bonus de quatre chansons plutôt bien ficelées et un brin plus brutes. Je tenais à chroniquer un jour ce cd, c'est fait; fin de l'aventure BlutEngel en ce qui me concerne. Note : 4/6 Page 125/143 TUMOR : Seelenfresser Chronique réalisée par Twilight A priori, Chris Pohl avait plutôt l'air d'un bon gars, réellement intéressé par la musique, qui aimait à se diversifier dans sa composition. Il avait déjà son projet dark électro Terminal choice, son groupe plus mélancolique, BlutEngel, mais il souhaitait explorer des voies plus extrêmes dans une veine industrielle, intéressé qu'il était par les signatures de l'écurie Ant-zen. C'est tout à son honneur. Problème: grâce à ses deux autres formations, notre Allemand a obtenu du succès et une position d'icône de la scène allemande à la traîne de Das Ich et Wumpscut:...Pourquoi problème ? Parce que si l'on sent sa volonté de diversifier ses lignes d'attaque, il peine aussi à aller jusqu'au bout de ses idées...s'agirait pas non plus de trop froisser le public...Du coup, si ce 'Seelenfresser' ne manque pas d'une certaine efficacité ('Seelenschmerz') mêlant lignes rythmiques puissantes (le bon 'Come to daddy') et hypnotiques, effets crades, samples et autres touches vaguement indus, avec parfois un brin de tristesse ('Meister des Blutes'), on ne peut s'empêcher d'y voir un dernier de classe qui se place à la suite des autres. Tumor, c'est un peu le Ant-Zen du pauvre, il manque au projet la finesse et l'extrêmisme de groupes comme Imminent Starvation, Synapscape, Vromb pour qu'il puisse prétendre se hisser à leur niveau. Alors ok, Chris essaie, notamment avec 'I love my chainsaw', expérimentation bruitiste, mais ça ne suffit pas, pire la fin du cd est carrément ennuyeuse et brouillonne avec une furieuse impression d'improvisation ratée. Pas mal mais sans plus. Note : 3/6 Page 126/143 EILERA : Precious moment Chronique réalisée par pokemonslaughter Eilera sur spinefarm, à vrai dire je ne l'aurai jamais cru. Et pourtant, le duo français (ex chrysalis, Kalysia), par le biais des connaissances a réussi à se faire signer et produire cet Ep intégralement en finlande au Finnvox studios. Inutile donc de vous dire qu'en terme de prod', il n'y a rien à redire bien evidemment. Seulement, cela fait bien longtemps que l'on sait, au vu des nombreux disques qui en sortent, que le gros son made in Finnvox ne veut pas dire, loin de là, grosse qualité. Pour Eilera, on assiste à une certaine conformisation depuis l'album "Facettes". Retour des grosses guitares typées metal, structures faciles, orchestrations sympas (cordes, claviers en tous genres, samples) mais assez convenues, l'Ep se révèle alléchant sans réellement concrétiser. Quelque part entre pop, rock et metal grand public, Eilera propose tout de même une musique inspirée tout du long, très mélodique (principalement grâce aux cordes) et aux arrangements très bien mis en valeur par cette prod' monstrueuse dont la principale qualité serait d'allier à la fois accroche et une relative profondeur (pour le genre). Alors oui le disque est assez facile, mais il en demeure assez riche pour ne pas gonfler au bout de la troisème écoute. Non en fait, le seul élément rébarbatif dans ce disque, c'est bien le chant de Aurélie. Si la damoiselle semble s'être calmée depuis son premier album et a tendance à en foutre moins partout, voire à etre parfaitement inspirée sur un "The angel you love.." tout à fait convaincant dans sa structure en deux mouvements, son côté Bjork-ien devient tout de même vite pénible (les capacités vocales sont ici bien moindres). Reste tout de même un progrès net dans l'accroche, un adieu clair aux sonorités celtiques (en même temps pour des gens du sud...) et quatres morceaux qui se complètent bien, homogènes en terme de qualité bien qu'un peu trop calibrés grand public malgré leurs pseudos experimentations. Résultat, une durée de vie bien mince malgré ces qualités. A voir sur un album entier. Esperons que le groupe ne tombera pas dans l'écueil du projet "à chanteuse", et qu'il évitera les albums "à single" en osant plus de choses... Note : 3/6 Page 127/143 LOS LOS : Viva Los Los ! Chronique réalisée par Nicko Los Los, un groupe énigmatique... et pathétique ! Voilà le topo : Suivant leur bio, Los Los est un groupe mexicain d'immigrés allemands. Ils ont débuté au Mexique il y a quelques années, mais suite à une prise d'otage qui a mal fini (!), ils sont partis in-extremis en Allemagne et les voilà qui nous sortent en guise de premier album (sur un label allemand), un CD de reprises de tubes d'étés tel que "La macarena" ou "La cucaracha"... Bref, après une telle présentation, 2 possibilités s'offrent à nous. Soit on a affaire à un groupe bien fun qui veut s'amuser et qui fait des reprises destroy massacrées marrants, soit Los Los sont des opportunistes à deux balles qui inventent une histoire à la con (mais vraiment !) et qui font un truc bidon pour se faire remarquer. Clairement ici, c'est dans la deuxième catégorie qu'il faut classer les mexicains de Los Los. Les reprises sont pitoyables, du néo-metal mécanique avec une petite touche electro/indus. Ca ressemble à un mélange nul entre Rammstein et Type O Negative. Tous les morceaux sont en mid-tempos (ou carément en tempo lent - pas loin du doom à ce niveau-là !) sans AUCUNE variation ! C'est d'un chiant... Je ne sais pas, mais quand il s'agit de faire un album de reprises de ce type (c'est-à-dire clairement parodique), autant faire un truc bien déconnant et marrant. Bah non, là, c'est soporifique au possible ! Pourtant les titres sont tous d'un format court (3-4 minutes pas plus), mais j'ai même du mal à les écouter en entier. Bref une blague bien nulle ! A EVITER !!! Note : 1/6 Page 128/143 SOULGRIND : Lust and death in Tuonela A.D. 1999 : Black industrial holocaust through the pandemonium of the biza Chronique réalisée par Nicko Putain... Y'a pas à dire, à leurs débuts, Soulgrind, c'était vraiment un truc à part. Sur ce deuxième album, qui détient chez moi la palme du titre le plus long : "Lust and death in Tuonela A.D. 1999 : Black industrial holocaust through the pandemonium of the bizarre" et qui est plus "connu" par ses initiales "LADIT A.D. 1999 : BIBTTPOTB" (!), c'est une variation du premier album en quelque sorte. De l'indus death metal très complexe avec beaucoup d'éléments perturbateurs. En fait, c'est totalement sans queue ni tête. On a toujours ce style si froid et inquiétant, mais force est de constater que le sieur Lord Jussi Heikkinen a encore une fois très mal exploité son affaire. L'album manque énormément de rythme et malgré une atmosphère assez unique, je trouve ce CD complètement imbuvable dû à sa complexité, ses longueurs et son manque de cohérence générale. Le chant death est aussi vraiment mauvais, sans profondeur et puissant. Soulgrind sera selon moi bien plus intéressant et efficace sur le prochain album, bien différent, "Whitsongs". Là, ce deuxième album est à l'image du premier, anecdotique et loupé ! Note : 1/6 Page 129/143 TUMOR : Welcome back, asshole ! Chronique réalisée par Twilight Je ne sais pas trop ce qui m'a poussé à redonner une chance à Tumor mais je ne suis pas certain d'avoir bien fait. Ayant lu les pires critiques sur le précédent opus où l'ami Chris Pohl avait cru bon d'adjoindre des vocaux passablement ratés, que pouvais-je attendre de bon ? Vu la pochette (adorable, ce petit crâne à chapeau !), un peu de sauvagerie...Dès les débuts, j'avais reproché à Tumor son manque d'audace par rapport aux lignes de conduite et ce n'est pas ce cd qui me fera changer d'avis hélas. Complètement bouffé par sa grosse maison de disque et son succès grandissant avec un BlutEngel toujours plus commercial, Chris a perdu le peu de créativité qu'il lui restait et vu certains morceaux où il chante ('Raising hell', 'Jesus Christ'), on en vient à se demander ce qui différencie les deux projets. Le Tumor contemporain n'est en effet rien d'autre qu'une resucée des structures de BlutEngel soit une dark wave électro facile, vaguement plus technoïde. Les effets sales ont pratiquement disparu et on cherche en vain de potentetielles traces d'indus. Certes, notre Allemand tente bien de nous balancer du plus lourd ('Showtime', 'Fuck you everybody') mais le style est connu, il ne se renouvelle pas d'un iota, que ce soit dans l'écriture ou les sonorités, et la facilité binaire, les sonorités 'dance' sont par trop présentes; même les vagues touches d'humour noir ('Killer TeKKKno') ne font pas prendre la sauce. Les morceaux s'enchaînent sans la moindre surprise et sans que l'on ne comprenne non plus la raison d'être de ce disque. Malgré un titre agressif, il n'est rien d'autre qu'une daube à frissons faciles pour minettes; triste de voir les ravages du succès... Note : 2/6 Page 130/143 SOULGRIND : The origins of the paga143lood Chronique réalisée par Nicko Soulgrind est de retour en 2005 avec un nouvel album qui doit faire oublier selon moi le relatif échec d'"Into the dark vales of death". Sur cet "Origins of the paga143lood", je dois avouer que la première partie du CD m'a agréablement surpris. Les 3-4 premiers titres m'ont directement rappelé aux bons souvenirs de "Kalma" (leur meilleur opus pour moi) avec un style plus thrash metal percutant et moderne, très aggressif avec quelques virées black metal. Vraiment, pendant un moment, je m'étais dit que c'était bon, Soulgrind avait (re-)trouvé sa voix. Mais voilà, la deuxième partie de l'album ne réussit pas à concrétiser ce bon début et le groupe retourne vers ses vieux travers avec des compos beaucoup moins directes, laborieuses et bien moins inspirées. Les compos possèdent aussi des parties plus indus et atmosphériques. Et finalement, l'inégalité de ce nouvel opus me laisse un vieux goût d'inachevé et j'ai pas mal de difficultés à remettre ce CD dans ma platine. Cependant, on ne peut que louer l'initiative d'Holy Records d'ajouter à l'album un DVD avec un concert (honnête) datant de 2005 d'une quarantaine de minutes ainsi que les clips du groupe et une gallerie de photos. Une excellente idée qui permet au disque de gagner une boule jaune supplémentaire. Note : 4/6 Page 131/143 MARDUK : Warschau Chronique réalisée par Nicko "Warschau" est le troisième album live officiel de Marduk, mais le premier avec le nouveau line-up (avec notamment Arioch/Mortuus de Funeral Mist au chant). En fait, ce live a été fait rapidement pour marquer le coup des 15 années d'existence de la bande à Morgan Steinmeyer Håkansson. L'objet est limité et n'a pas été "sur-produit" loin de là, il est plutôt destiné aux fans du groupe. "Warschau" représente un concert entier, sans coupure ni overdub, du groupe lors de sa dernière tournée européenne en septembre 2005. Le son est bien raw comme il faut et laisse réellement transpirer la noirceur d'un concert du quatuor suédois. Ce qui est frappant justement est de voir les différences flagrantes d'ambiance avec le DVD "Funeral marches and warsongs", sorti il y a 1 an et demi seulement. Je n'ai jamais vu une performance du groupe aussi macabre et sombre. L'alrrivée de Mortuus y est pour beaucoup avec un chant très vindicatif, direct et haineux. Ce gars vit littéralement le concert et sa performance. Allié à la production bien roots, c'est ce qui rend ce live si authentique et brut de décoffrage. La révélation de ce disque est aussi le jeu de batterie ultra-destructeur d'Emil. Il est tout simplement époustoufflant, il n'y a pas de mots pour décrire la manière dont il joue tant on reste scotché par tant d'énergie de de dextérité. A mon avis, ce live va aussi permettre au groupe de ravir à nouveau les vieux fans du groupe car l'atmosphère présente est plus que jamais haineuse, véritablement Noire et aussi très guerrière (il suffit de voir l'artsork de l'objet !). Je pense que la formation retrouve une atmosphère plus proche de l'essence du black metal, qu'elle avait un peu délaissé sur les derniers album (pourtant très bons) du groupe avec Legion et qui en avaient déçu plus d'un. Il suffit d'écouter des titres de cette période comme l'énorme "With Satan and victorious weapons" ou "Azrael" pour comprendre ce retour aux sources. Un excellent live de black metal ! Note : 5/6 Page 132/143 SAVAK : The Taliban pistol Chronique réalisée par Twilight Ca a une pochette à la Muslimgauze, un thème à la Muslimgauze mais ce n'est pas du Muslimgauze. En fait, la raison d'être du projet Savak (nom tiré des Services Secrets Iraniens) est la réflexion sur le terrorisme. Suite aux attentats du 11 septembre, Scott Beeb a souhaité se pencher sur la question de Osama Ben Laden. Farouchement opposé à toute forme de terrorisme, il n'en dénonce pas moins les abus du contre-terrorisme et les mensonges délivrés à la population. Dans ce cas précis, une notice explique le parcours de Ben Laden, de son combat contre les Sovétiques en Afghanistan à ses proclamations de Jihad contre les USA, Israel et tous les 'ennemis' de l'Islam. Pourtant à l'instar de Bryn Jones, Scott Bee n'a pas souhaité que ses positions n'interviennent dans sa création, purement instrumentale en toute logique. 'The Taliban pistol' est un album drôlement efficace se déclinant autour de deux pôles principaux, l'un plus ambient avec des morceaux écrits autour de nappes sombres, de déclinaisons de bruits, accompagnés de boucles de rythme un peu dans la lignée Muslimgauze en moins arabisantes ('Kabul', 'The taliban pistol'), un autre plus agressif avec des structures plus proches de Sonar ('Regime in tension', 'Inside the mind'). Déclinant toute l'efficacité qu'on peut attendre d'une musique ambient indus rituelle, les titres ont une touche hypnotique en évitant le piège de la linéarité par des montées progressives toutes en subtilité. On songe parfois même aux sonorités de l'écurie Ant-Zen (l'excellent' Persia'), surtout dans les remixes et l'ensemble s'enchaîne en toute cohérence. Et pour ne pas accuser Scott Bee d'avoir voulu profiter de l'émotion engendrée par les attentats pour se faire de l'argent, sachez que tous les bénéfices des ventes iront aux familles des victimes des dits attentats. Note : 5/6 Page 133/143 TERMINAL CHOICE : In the shadow of death Chronique réalisée par Twilight Celà fait du bien de revenir aux sources, de se projeter en 1993, époque à laquelle un jeune goth allemand du nom de Christian 'Chris' Pohl se lançait en musique avec son projet Terminal Choice. Oui, celà fait du bien car on se souvient que notre homme a su être créatif et sombre avant de découvrir qu'il était plus lucratif de produire de la pop darkounette pour minettes en chaleur. Contrairement à des formations comme Das Ich ou The Eternal Afflict, Terminal choice est un pur rejeton de la tradition ebm. Pas à tergiverser, dès 'The Awakening' les sons s'affirment secs, tranchants, glacés, les beats sont violents, rapides, le chant est traffiqué, agressif...le genre de musique qui donne envie de se trémousser sauvagement. D'un autre côté, Christian aime l'aspect gothique des choses et essaie de donner une touche plus noire de par des samples de chant grégorien sur 'The Awakening' ou 'Kiss you', les montées d'orgue des géniaux 'Flesh in chains' (avec sa rythmique piquée à No more) et 'Bodylation' (parfait avec ses percussions martiales). Techniquement, c'est très simple, les lignes sont épurées et basiques, les transitions sont brusques, sans le moindre écho mais cette sécheresse électronique développée dans l'état d'esprit gothique fonctionne plutôt bien et contribue à l'atmosphère générale du disque. On certes loin du génie de Das Ich mais 'In the shadow of death' est un bon album qui rendrait presque nostalgique. Note : 4/6 Page 134/143 KILLING JOKE : Killing Joke Chronique réalisée par Twilight C'est donc par là que tout a commencé...Killing Joke, un groupe adulé, vénéré qui aujourd'hui encore n'a rien perdu de sa noire aura...mais qu'est-ce qui le plaçait ainsi au dessus des autres ? Son évolution ? Sa passion ? A l'heure de ce premier opus, on pourrait le classer dans ce qu'on appelle le post punk goth, soit une musique héritée de la première vague punkoïde mais plus sombre et torturée dans ses sonorités. Ca, torturés, les morceaux le sont. Dans le cas de Killing Joke, on peut carrément parler d'intensité car il faut bien le reconnaître, il y a quelque chose de particulier chez ce groupe. Le jeu de guitare tout d'abord, sale, sombre, grinçant; ensuite, il y a cette alternance à l'intérieur d'un même titre de sauvagerie quasi rituelle et de passages mélodieux ('The wait', 'War dance'); ou alors c'est cette rythmique trompeuse qui se joue de l'auditeur par un aspect presque 'tranquille' ('Bloodsport', 'Complication') pour se muer en véritable frappe guerrière ('The wait'), parfois juste quelques secondes dans la même chanson comme un hoquet organique...Le son Killing Joke, c'est quelque chose de malsain, une sorte de rage triste qui se tord entre la froideur des climats cold wave, la noirceur du gothic rock et la colère passionnée du punk avec en son sein une touche plus primitive encore. Et il y a le chant de Jaz Coleman, et il ya les mélodies...du coup, il devient difficile de ne pas aimer. Note : 5/6 Page 135/143 ZMIYA : Solmamdenlo Chronique réalisée par Twilight Voilà un disque qui fleure bon les sables du désert, le vent de mer, les horizons lointains...Le collectif de Zmiya fait partie des projets, d'ailleurs assez nombreux chez Prikosnovénie, qui tentent de mêler musique ethnique et touches électroniques. Ils usent pour ce faire de nombreux instruments traditionnels tels que la vielle, le didjeridoo, des flûtes arabes dont l'emploi est parfaitement maîtrisé qu'ils couplent avec des beats programmés et quelques samples. On songe bien entendu à Orange Blossom, Von Magnet ou The Atlas Project, encore que je trouve l'aspect ethnique bien plus important chez Zmiya. C'est d'ailleurs les rares fois où le groupe s'en écarte (le couplet de 'Magical time', heureusement sauvé par les accents arabisants du refrain ou les vocaux un brin 'ragga' de 'Zmiya', eux aussi rattrapés par le rythme formidable du refrain) qu'il rate son coup et sonne maldroit. Celà ne signifie pas pour autant que les six musiciens soient coincés dans un quelconque carcan puisque les différentes pièces nous transposent aussi bien du côté de l'Asie que de l'Afrique du Nord, avec une incursion vaguement urbaine de temps à autre (la touche lounge du très beau 'Douma'). J'avoue qu'au départ, j'étais un brin méfiant...après tout, on commence à en être saturé de ces groupes électro-ethniques...pourtant après écouté ce disque, rêvé sur ses sonorités, je n'ai pu que me laisser séduire par son charme entre énergie, magie et mélancolie. Je vous invite à faire de même. Note : 4/6 Page 136/143 FAR FROM FINISHED : East side of nowhere Chronique réalisée par Twilight Le punk a certes plusieurs facettes (du ska punk au punk hardcore, il y a tout un monde) mais ce n'est probablement pas le genre duquel il faut attendre le plus d'originalité. Ce ne sont en tous cas pas les gars de Far from finished qui vont révolutionner quoi que ce soit. Nos lascars jouent un punk rock assez mélodique dans la lignée de Bad Religion, sans audace, avec tous les clichés du genre (notamment les choeurs) mais également une certaine efficacité. Ca a la pêche, un son très correct (les puristes hurleront que c'est trop bien mixé, pas assez crade) et des mélodies qui tiennent la route. Bref, le genre de combo qui plaira à ceux qui trouvent le genre Exploited trop violent, sans qu'on parle de pop pour autant. A l'heure des Good Charlotte, Sum 41 et autres imposteurs, autant pousser ce genre de formation à la passion intacte... Note : 3/6 Page 137/143 THE CLASH : London calling Chronique réalisée par Twilight J'avoue ne jamais me sentir très à l'aise lorsqu'il s'agit de chroniquer des monuments de l'histoire du rock tels que ce cultissime 'London calling'...Mon Dieu, tant de gens ont écrit des louanges à son sujet, on se demande si on tapera juste, si la critique sera pertinente...Puis, en y réfléchissant bien, on se dit que le rock n'est pas une chapelle sacrée, on a le droit de toucher, de malaxer, d'avoir un avis...Lorsque l'on suit la fin de carrière de Strummer qui, quelques mois avant sa mort, voyageait d'hôtel en hôtel avec ses Mescaleros par amour de la musique, on se dit que 'London calling' est une porte ouverte et non un sanctuaire fermé. Pourquoi cet album est-il un chef-d'oeuvre ? 1979. Quel rapport ? Reportez-vous à l'époque où les Clash sont encore considérés comme une formation punk et vous comprendrez...'London calling' n'est pas un disque de punk et c'est là toute sa beauté, sa richesse, car Strummer et ses camarades ont complètement décloisonné le genre, ont transgressé toutes leurs limites, touché à moult genres qu'ils ont assemblé à leur sauce. C'est hallucinant,chaque chanson présente une atmosphère différentes des autres. Prenons le plus évident, les restes punkoïdes, les géniaux 'London calling', 'Spanish bombs', 'Hateful', des tubes intemporels car les Clash y ont injecté une dose de pop au niveau de la mélodie. Le groupe n'a jamais caché son goût du reggae ('Revolution rock') et des musiques latino, ce qui nous donne les influences dub du fabuleux 'Guns of Brixton' ou 'Rudie can't fail', les cuivres de 'The right profile'...Restent encore les influences rock'n'roll, comme sur' Brand new Cadillac' et 'Four horsemen', ou blues et jazzy sur 'Jimmy Jazz', 'Koka kola', sans oublier une touche quasi music-hall ('The card cheat')...Le groupe se donne les moyens en n'hésitant pas à ajouter des cuivres, du piano, de l'orgue, ce qui n'est pas à prendre comme un dillution du feeling, au contraire, les Clash ont la passion et celà s'entend de la première à la dernière note. Quand j'y pense, outre leurs formidables mélodies, le fait qu'ils aient influcencé des générations, été les précurseurs de plusieurs genres, le principal talent de Strummer et ses complices est peut-être aussi d'être capables de me faire écouter et apprécier des styles musicaux qui ne sont pas forcément les miens car, entre nous, le dub, le jazz ou le latino, à priori ce n'est pas ma tasse de thé. Note : 5/6 Page 138/143 Informations Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com. © 2000 - 2008 Page 139/143 Table des matières Les chroniques ........................................................................................................................................................................... 3 DEBUSSY (1862-1918) (Claude) : Préludes I et II / Images I et II / Children's corner.................................................... 4 ROTA (1911-1979) (Nino) : Music for film ...................................................................................................................... 6 DORMOY (Yves) : J'ai longtemps détesté les villes ......................................................................................................... 7 DEAD OR ALIVE : Youthquake....................................................................................................................................... 8 ARTICA : Ombra e luce .................................................................................................................................................... 9 MASTODON : Lifesblood............................................................................................................................................... 10 LYDIA LUNCH & ROWLAND S. HOWARD : Shotgun Wedding.............................................................................. 11 ARTICA : Natura ............................................................................................................................................................. 12 ARGINE : Le luci di Hessdalen ....................................................................................................................................... 13 CURRENT 93 : Nature unveiled...................................................................................................................................... 14 VERDI (1813-1901) (Giuseppe) : Rigoletto .................................................................................................................... 15 COOPER (Alice) : Constrictor......................................................................................................................................... 17 XASTHUR : Suicide in dark serenity .............................................................................................................................. 18 ADULT : Gimmie trouble................................................................................................................................................ 19 THE YOUNG GODS : Only heaven ............................................................................................................................... 20 THE YOUNG GODS : Second nature ............................................................................................................................. 21 VERDI (1813-1901) (Giuseppe) : Don Carlo .................................................................................................................. 22 DARK FUNERAL : Attera totus sanctus......................................................................................................................... 24 COOPER (Alice) : Raise your fist and yell...................................................................................................................... 25 THIS MELODRAMATIC SAUNA : ...et les fleurs éclosent à l'ombre .......................................................................... 26 JOHN-KROL (Louisa) : Apple pentacle.......................................................................................................................... 27 VAILLANT (Franck) : Benzine....................................................................................................................................... 28 LOUDBLAST : Fragments .............................................................................................................................................. 29 CRIME AND THE CITY SOLUTION : Room of lights ................................................................................................ 30 THE DAMNED : The Black album ................................................................................................................................. 31 HYKES & THE HARMONIC CHOIR (David) : A l'écoute des vents solaires.............................................................. 32 NOKTURNAL MORTUM : Weltanschauung ................................................................................................................ 33 THINE EYES BLEED : In The Wake Of Separation...................................................................................................... 35 INCA BABIES : Evil hour / Opium den.......................................................................................................................... 36 WOLFSBLOOD : Twilight of the world ......................................................................................................................... 37 VLKODLAK : Temná cesta............................................................................................................................................. 38 VIOLET STIGMATA : Dyskronik circus ....................................................................................................................... 39 Page 140/143 CAPRICORNS : Ruder forms survive............................................................................................................................. 40 RUNEMAGICK : Envenom ............................................................................................................................................ 41 GOTHIC LOGIC : Gothic logic....................................................................................................................................... 42 THE WAKE : Death-a-holic ............................................................................................................................................ 43 NAILDOWN : World domination ................................................................................................................................... 44 IKON : A moment in time................................................................................................................................................ 45 HURTLOCKER : Fear in a handful of dust..................................................................................................................... 46 UMBRA NIHIL : Gnoia................................................................................................................................................... 47 SOILENT GREEN : Sewn Mouth Secrets....................................................................................................................... 48 OVERSELF : Tre ............................................................................................................................................................. 49 SUBLIMINAL FEAR : Demo 2005 ................................................................................................................................ 50 IKON : In the shadow of the angel................................................................................................................................... 51 IKON : Flowers for the gathering .................................................................................................................................... 52 IKON : The final experience ............................................................................................................................................ 53 ASTAROTH : Organic Perpetual Hatework.................................................................................................................... 54 IKON : Dawn of the Ikonoclast (1991-1997) .................................................................................................................. 55 IKON : Subversion........................................................................................................................................................... 56 CRIMES OF PASSION : Rites of burial ......................................................................................................................... 57 IKON : Secrets within ...................................................................................................................................................... 58 GOREFEST : Mindloss.................................................................................................................................................... 59 TYRANNY : Bleak vistae................................................................................................................................................ 60 INFERNAL POETRY : Beholding the unpure................................................................................................................ 61 SKUMRING : De glemte tider......................................................................................................................................... 62 IKON : Psychic vampire .................................................................................................................................................. 63 IKON : Destroying the world to save it ........................................................................................................................... 64 TRAGIC BLACK : Burnt black....................................................................................................................................... 65 CRUCIFIX NOCTURNAL CHRISTIANS : Circus of angels ........................................................................................ 66 HEROES DEL SILENCIO : Senderos de traición........................................................................................................... 67 IN CAMERA : 13 ( lucky for some)................................................................................................................................ 68 WURDULAK : Ceremony in flames ............................................................................................................................... 69 CHIEKO (Mori) : Jumping rabbit .................................................................................................................................... 70 TRANCE TO THE SUN : Venomous Eve ...................................................................................................................... 71 MOTÖRHEAD : Live at Brixton '87 ............................................................................................................................... 72 SCARS OF CHAOS : Daemonic alchemy....................................................................................................................... 73 SVARTSKOGG : Helvete 666......................................................................................................................................... 74 Page 141/143 THE FAINT : Wet from birth .......................................................................................................................................... 75 THE PHANTOM LIMBS : Random hymns.................................................................................................................... 76 AND ALSO THE TREES : Further from the truth.......................................................................................................... 77 PROPAGANDA : A secret wish...................................................................................................................................... 78 ROLAND (Paul) : Pavane................................................................................................................................................ 79 GOLGATHA : Kydos - Reflections on heroism.............................................................................................................. 80 ARTEFACTUM : Chaos elements................................................................................................................................... 81 STUMPFF (Tommi) : Mich kriegt ihr nicht ( back up 1982-1985 )................................................................................ 82 THIS SLOW MOTION : This slow motion..................................................................................................................... 83 SIGUR ROS : Takk.......................................................................................................................................................... 84 ROLAND (Paul) : Gaslight tales...................................................................................................................................... 85 ROSETTA STONE : An eye for the main chance........................................................................................................... 86 PARADISE LOST : Shades of god.................................................................................................................................. 87 ROSETTA STONE : Foundation stones.......................................................................................................................... 88 WAGNER (1813-1883) (Richard) : Parsifal.................................................................................................................... 89 XASTHUR : Telepathic with the deceased...................................................................................................................... 91 ABIME : Echos de gloire ................................................................................................................................................. 92 KIODYSSEA : Les océans de Psyché ............................................................................................................................. 93 EXTREME NOISE TERROR : From one extreme to another ........................................................................................ 94 UNKLE : Psyence fiction................................................................................................................................................. 95 COOPER (Alice) : Trash.................................................................................................................................................. 96 NAER MATARON : Disciple manifesto......................................................................................................................... 97 MALICIOUS SECRETS / ANTAEUS / MUTIILATION / DEATHSPELL OMEGA : From the entrails to the dirt ... 98 CURRENT 93/ DEATH IN JUNE/ SOL INVICTUS : Live in Frankfurt 24.03.1991.................................................... 99 DEATH CULT : Death cult ........................................................................................................................................... 100 DEAD KENNEDYS : Frankenchrist ............................................................................................................................. 101 REED (Lou) : New York................................................................................................................................................ 102 VAN ZANDT (Townes) : Live at the Old Quarter, Houston, Texas ............................................................................ 103 SHINKIRO : Deep blue ................................................................................................................................................. 104 LEAETHER STRIP : After the devastation................................................................................................................... 105 SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION : 2 ....................................................................................................... 106 SIGUE SIGUE SPUTNIK : Blak Elvis.......................................................................................................................... 107 INQUISITION / PROFANE CREATION : Summoning the black dimension in the Farallones / Nema..................... 108 ALMOND (Marc) : Stories of Johnny ........................................................................................................................... 109 LEAETHER STRIP : Positive depression ..................................................................................................................... 110 Page 142/143 LEAETHER STRIP : Yes I'm limited............................................................................................................................ 111 ALMOND (Marc) : Tenement symphony...................................................................................................................... 112 GOREFEST : Chapter 13 ............................................................................................................................................... 113 DARK ANGEL : We have arrived................................................................................................................................. 114 THE STRANGLERS : The collection 1977-1982 ......................................................................................................... 115 SIEBEN : The line and the hook .................................................................................................................................... 116 SIGUE SIGUE SPUTNIK : 21st Century Boys - the best of......................................................................................... 117 REVOK : Program medics and cathode clinics ............................................................................................................. 118 THE DAYS OF THE MOON : The Prince.................................................................................................................... 119 DAS ICH : Feuer............................................................................................................................................................ 120 LADYTRON : Light & magic ....................................................................................................................................... 121 GUIGNOL'S BAND : Galdr .......................................................................................................................................... 122 STRENGTH THROUGH JOY : The force of truth and lies ......................................................................................... 123 TELEVISION : Marquee moon ..................................................................................................................................... 124 BLUTENGEL : Seelenschmerz ..................................................................................................................................... 125 TUMOR : Seelenfresser ................................................................................................................................................. 126 EILERA : Precious moment........................................................................................................................................... 127 LOS LOS : Viva Los Los !............................................................................................................................................. 128 SOULGRIND : Lust and death in Tuonela A.D. 1999 : Black industrial holocaust through the pandemonium of the biza 129 TUMOR : Welcome back, asshole ! .............................................................................................................................. 130 SOULGRIND : The origins of the paga143lood.............................................................................................................. 131 MARDUK : Warschau ................................................................................................................................................... 132 SAVAK : The Taliban pistol.......................................................................................................................................... 133 TERMINAL CHOICE : In the shadow of death............................................................................................................ 134 KILLING JOKE : Killing Joke ...................................................................................................................................... 135 ZMIYA : Solmamdenlo.................................................................................................................................................. 136 FAR FROM FINISHED : East side of nowhere ............................................................................................................ 137 THE CLASH : London calling....................................................................................................................................... 138 Page 143/143