la deforestation et ses impacts sur le milieu dans la commune rurale
Transcription
la deforestation et ses impacts sur le milieu dans la commune rurale
Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique Université de Toamasina Faculté des Lettres et Sciences Humaines Département de Géographie LA DEFORESTATION ET SES IMPACTS SUR LE MILIEU DANS LA COMMUNE RURALE D’AMBOHITRALANANA, DISTRICT D’ANTALAHA (REGION SAVA) Mémoire en vue de l’obtention du diplôme de maîtrise ès Lettres Présenté par : JAONASY Jean Berchman Sous la direction de Monsieur JAORIZIKY, Maître de conférences à l’Université de Toamasina Année Septembre 2011 Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique Université de Toamasina Faculté des Lettres et Sciences Humaines Département de Géographie Composition de membres du jury : Président du jury : Madame RANDRIANARISON Josette, Professeur titulaire à l’Université d’Antananarivo Juge : Madame RATSIVALAKA Simone, Professeur à l’Université d’Antananarivo Rapporteur : Monsieur JAORIZIKY, Maître de conférences à l’Université de Toamasina Année Septembre 2011 Sommaire Sommaire ................................................................................................................................. i Résumé .................................................................................................................................... ii Liste des tableaux ................................................................................................................ iii Liste des cartes et des figures ......................................................................................... iv Liste des photos .................................................................................................................... v Glossaire................................................................................................................................. vi Les essences forestières les plus utilisées par les paysans locaux .................... vii Liste des acronymes ......................................................................................................... viii Introduction générale ........................................................................................................... 1 PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE ....... 5 CHAPITRE PREMIER : LES COMPOSANTES BIOPHYSIQUES ........................... 6 CHAPITRE DEUXIEME : LES COMPOSANTES HUMAINES ............................. 24 DEUXIEME PARTIE : ......................................................................................................... 33 LA DEFORESTATION DANS LA COMMUNE RURALE D’AMBOHITRALANANA .................................................................................................................................................. 33 CHAPITRE TROISIEME: DYNAMIQUE DE LA DEFORESTATION ...................... 34 CHAPITRE QUATRIEME : LES DIFFERENTES FORMES DE LADEGRADATION DE LA FORETET LES MESURES D’ATTENUATION ........................................... 47 TROISIÈME PARTIE : IMPACTS DE LA DÉFORESTATION SUR LE MILIEU..... 62 CHAPITRE CINQUIEME : CHANGEMENT MICROCLIMATIQUE ET DEGRADATION DU SOL ...................................................................................... 63 CHAPITRE SIXIEME : IMPACTS SUR LES COURS D’EAUETLES ACTIVITES PAYSANNES ........................................................................................................ 71 Conclusion générale .......................................................................................................... 80 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................. 82 ANNEXES............................................................................................................................... 84 I LES TRAJECTOIRES DES CYCLONES ......................................................................... 85 II-PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES.............................................................................. 89 III-L’ARBRE GENEALOGIQUE DES DIRIGEANTS DE LA COMMUNE .................................... 91 Tables des matieres ................................................................................................................ 92 i Résumé La commune rurale d’Ambohitralanana se trouve dans le district d’Antalaha région SAVA. Elle se trouve à 48 km au sud-est du chef-lieu du district d’Antalaha. Elle est caractérisée par une plaine littorale et de paysages collinaires dont ces derniers (les basses, les moyennes et les hautes collines) y dominent. L’altitude de la commune varie de 0 à plus 700 m. La commune rurale d’Ambohitralanana compte dix-huit mille cent quarantesept habitants en 2007 dont plus de la moitié ont moins de 18 ans. La population est dominée par l’ethnie betsimisaraka, dont leur vie quotidienne est basée sur les activités du secteur primaire. Le tavy, la riziculture inondée, la pêche et l’exploitation forestière occupent la majorité de ces paysans. La commune rurale d’Ambohitralanana possède soixante et un mille sept cent soixante-quatre hectares de forêt dont trente-huit mille cinq cent soixante-quatorze hectares sont inclues dans le parc national Masoala et les restes sont éparpillées en série discontinue dans l’étendue de la commune. Cette forêt a un statut de forêt tropicale humide sempervirente. Elle est composée de trois strates plus ou moins imbriquées, dont la canopée mesure plus de 30 m de haut. La forêt de la commune est actuellement menacée par une dégradation quantitative et qualitative. Plusieurs causes sont évoquées lorsqu’on analyse les sources de cette déforestation. Primo, les activités anthropiques telles que le tavy et les exploitations des bois précieux sont les plus importants. Secundo les cataclysmes naturels tels que les cyclones et la sécheresse prolongée la favorisent davantage. Face à une telle déforestation, quelques mesures d’atténuation méritent d’être avancées, telles que l’assistance technique du génie rurale envers les paysans locaux, l’instruction des enfants en matières écologiques ainsi que la responsabilisation avec motivation des paysans riveraines. Et enfin l’apport des solutions adéquates aux problèmes socio-économiques des paysans locaux est l’un des remèdes pouvant limiter les pressions à la forêt de la commune. La destruction de cette forêt a entrainé beaucoup de conséquences négatives sur le milieu. Ainsi le microclimat a fortement changé. La pluviométrie et la température deviennent inhabituelles. Les cours d’eau se sont ensablés, et se tarissent progressivement. Les activités paysannes sont sérieusement menacées. Les mots clés sont : déforestation Tavy, exploitation forestière, bois précieux, ensablement, envasement, changement climatique, cyclones. ii Liste des tableaux Tableau n°01 : Les températures moyennes dans la st ation d’Antalaha, de 19611990 (°C et 1/10) ................................................................................................................... 18 Tableau n°0 2 : La pluviométrie à Cap est de 1951-1 980 (en mm et 1/10) ................. 19 Tableau n° 03 : Humidité relative de l’air à Cap es t (en %) de 1951 à 1980 ............... 21 Tableau n°04 : Les différents types de perturbation s atmosphériques dans les zones tropicales ................................................................................................................................. 22 Tableau n°05 : Les cyclones ayant touché Madagascar entre 2000 et 2009............. 22 Tableau n° 06 : Les naissances dans la commune ......................................................... 26 Tableau n° 07 : Les décès dans la commune ................................................................... 27 Tableau n° 08 : L’accroissement naturel ........................................................................... 27 Tableau n°09 : L’évolution de la population ...................................................................... 28 Tableau n°10 : La distribution par classe d’âge de la population (en 2007) ................ 29 Tableau n°11 : Effectif de la population par fokont any en 2007 .................................... 30 Tableau n°12 : Evolution de la superficie défrichée dans la commune ........................ 39 Tableau N°13 : Evolution de la déforestation dans l a commune rurale d’Ambohitralanana ................................................................................................................ 40 Tableau N°14 : Répartition par commune des stocks d e bois de rose en 2009 ......... 43 Tableau n° 15: Evolution de superficies forestières de 1927 à 2009 ............................ 47 Tableau N° 16: Nombre des campements recensés (de 2 005 à 2009) ....................... 51 Tableau N°17 : Composition démographique des Dalber gia dans un hectare ........... 52 Tableau N°18 : Utilisation des produits forestiers par les paysans du village de Sahafary .................................................................................................................................. 54 Tableau N°19: Variation de température à Antalaha d e 1961 à 2002 .......................... 64 Tableau n°20 : Moyennes mensuelles des pluies à An talaha (1991 à 2003) ............ 65 Tableau N°21 : Les moyennes quinquennales mobiles ( station d’Antalaha) .............. 66 Tableau N°22 : Les cyclones ayant touché notre zone d’étude de 1985 à 1999 ........ 67 Tableau n°23 : Les cyclones ayant touché notre zone d’étude de 2000 à 2009 ........ 67 Tableau N° 24: Calendrier agricole de la rizicultur e inondée ......................................... 76 iii Liste des cartes et des figures 1-Liste des cartes Carte n°01 : Localisation de la commune rurale d’Am bohitralanana, page 4 Carte n°02 : Couverture végétale dans la commune ru rale d’Ambohitralanana, page 14 Carte n°03 : Les catégories de forêts dans la commu ne, page 45 Carte n°04 : Les problèmes des cours d’eau, page 74 Carte n°05 :L’ensablement et l’envasement de rizièr es, page 77 2-Liste des figures Figure n°01 : Les températures moyennes dans la sta tion d’Antalaha de1961-1990 .............................................................................................................................. 19 Figure n° 02 : La pluviométrie moyennes de la stati on Cap est de 1951-1980 ..... 20 Figure n°03 : Courbe ombrothermique de la station d e Cap est ........................... 20 Figure n°04 : L’évolution de la population ........ ..................................................... 28 Figure n° 05 : La répartition de la population par classe d’âges ............................ 29 Figure n°06 : Les populations par fokontany en 2007 ........................................... 30 Figure n°07 : Evolution de la superficie forestière défrichée ................................. 39 Figure n°08 : Evolution de la déforestation....... ..................................................... 41 Figure n°09 : Répartition par commune de stocks de bois de rose à Antalaha en 2009 ...................................................................................................................... 43 Figure n° 10: Evolution de superficies forestières de 1927 à 2009 ....................... 48 Figure n°11 : Nombre des campements recensés (de 20 05 à 2009) .................... 51 Figure n°12 : Répartition par taille de dalbergia . ................................................... 52 Figure N°13 : Utilisation des produits forestiers p ar les paysans .......................... 55 Figure n°14 : Variation de température à Antalaha . .............................................. 64 Figure N°15 : Variation pluviométrique annuelle à A ntalaha ................................. 66 Figure n°16 : Courbes des moyennes quinquennales mo biles (station d’Antalaha) .............................................................................................................................. 67 iv Liste des photos Photo n°1 : Quartz filonien au sud du village d’Amb ohimandresy, page 11 ; Photo n°2 : Sables quartzitiques au village d’Amboh imandresy, page 11 ; Photo n°3 : Bifurcation du fleuve Onive en deux au niveau de Sarandrano, page 12 ; Photo n°4 : Vue de loin de l’embouchure du fleuve O nive et son lit très large, page12 Photo n°5 : Cours supérieur du fleuve Ratsianarana en amont du village Sarandrano, page 13 ; Photo n°6 : Cours inferieur du fleuve Ratsianarana (Andranomahitsy), page 13 ; Photo n°7 : Des rondins de bois de rose attachés av ec des flotteurs sur la riviere Ankavia, affluent de l’Onive, page 42 ; Photo n°8 : Tavy sur de parcelles forestières tout près de Sarandrano dans le bassin versant du fleuve Ratsianarana, page 47 ; Photo n°9 : Forêt sur des versants orientaux de cer taines collines à l’abri des rafales cycloniques, page 49 ; Photo n°10 : Forêt sur des versants occidentaux de certaines collines assaillis par des rafales cycloniques, page 49 Photo n°11 : Piste d’évacuation de bois de rose à l ’intérieur du parc Masoala, page 50 ; Photo n°12 : Bilahy, une espèce végétale en voie de disparition dans cette commune page 54 ; Photo n°13 :Makolaody, flotteur de bois de rose pag e 54 ; Photo n°14 : Eboulement à mis chemin entre Antanand avahely et Marivorano, page 69 ; Photo n°15 : Une érosion marine touchant une route au niveau d’Andrombazaha, page 70 ; Photo n°16 : Formation des ilots de sable sur le fl euve Onive au niveau de Sahafary, page 71 ; Photo n°17 : Maison ancien modèle témoin de l’abond ance des matériaux ligneux, page 78 ; Photo n°18 : Maison nouveau modèle témoin de la rar éfaction actuelle des matériaux ligneux, page 78 ; v Glossaire Andramena : Bois de rose ou dalbergia Borizina : couteau Dina: accord consensuel d’une communauté Fadinaody : Tabous venant du Guérisseur Fadin-dRazana : Tabous hérités de l’ancêtre Falafa : Tige de ravenala sèche utile à la construction des murs Famaky mena : Grosse hache Firaisampokotany : Ancienne appellation d’une collectivité territoriale décentralisée, correspondant actuellement à la commune rurale (en brousse) ou arrondissement administratif (en ville) Fokontany: Collectivité territoriale décentralisée, correspondant actuellement au quartier Joro savoka : Demande d’expiation avant le défrichement Kasaka : Feuille de ravenala sèche qui peut servir des toits des maisons Mpimasy : Guérisseur Mpisikidy : Celui qui fait la divination grâce à des graines d’essences forestières Rapaka : Tronc de ravenala servant du parquet Tangalamena : représentant de l’autorité traditionnelle d’une communauté rurale Tavy : Essart ou culture itinérante sur brûlis Tromba : culte de possession Vary ririnina: Riz d’hiver Vary taona: Riz d’été vi Les essences forestières les plus utilisées par les paysans locaux Noms vernaculaires Noms scientifiques Familles Amaninaombilahy Leptolaenamultiflora SARCOLAENACEAE Ambora Tambourissapurpurea MONIMIACEAE Amborasaha Burasaiamadagascariensis MENISPERMACEAE Foraha Calophyllum inophyllum GUTTIFEREAE Hazinimboalavo Garcinia madagascariensis CLUSIACEAE Hazinimbohitra Garcinia chapelieri CLUSIACEAE Hazinina Symphoniafasciculata CLUSIACEAE Hazoambo Xylopiabuxifolia ANNONACEAE Hazomafana Diospyrosgracilipes EBENACEAE Hazomaintina Diospyroslittoralis EBENACEAE Hazomaintinaberavina Diospyrossphaerosepala EBENACEAE Hendramena Dalbergia maritime FABACEAE Hintsikovika Afzeliabijuga FABACEAE Hodipaso Streblusobovata MORACEAE Hompa Eugenia cloiselii MYRTACEAE Hompagavo Eugenia pluricymosa MYRTACEAE Maintipototra Diospyrospervillei EBENACEAE Mantalanany Rothmanniafoliacea RUBIACEAE Marankoditra Homaliumbrevipedunculatum FLACOURTIACEAE Matrambody Asteropeiaamblyocarpa ASTEROPEICEAE Menahy Campylospermumanceps OCHNACEAE Menavony Campylospermumobtusifolium OCHNACEAE Nantodinga Labramiacostata SAPOTACEAE Nantofotsy Labramialouvelii SAPOTACEAE Nantokapisaina Fauchereahexandra SAPOTACEAE Nantomena Fauchereaglutinosa SAPOTACEAE Nantonengitra Capurodendrontampinense SAPOTACEAE Nantovasia Mimusopslecomtei SAPOTACEAE Nantovoraka Labourdonnaisialecomtei SAPOTACEAE Rahiny Cleisthanthuscapuroni EUPHORBIACEAE Ràrà Brochoneuramadagascariensis MYRISTICACEAE Rotro Syzygiumemirnense MYRTACEAE Rotroberavina Eugenia bernieri MYRTACEAE sakoanala Faguetiafalcata ANACARDIACEAE Tafonana Ocoteacryptocaryoides LAURACEAE Tarantana Campnospermamicrantheia ANACARDIACEAE Tsiaramiramy Protiummadagascariense BURSERACEAE Tsifo Canthiummajus RUBIACEAE Tsilaitraberavina Noronhiagrandifolia OLEACEAE Tsilaitrakeliravina Noronhiaseyrigii OLEACEAE Tsiloparimbarika Dilleniatriquetra DILLENIACEAE Vasia Labramiabojeri SAPOTACEAE Vatoana Premnacorymbosa VERBENACEAE Vintanona Calophyllum laxiflorum CLUSIACEAE Vintanona mena Calophyllum parviflorum CLUSIACEAE Voantsilana Cuphocarpusaculeatus ARALIACEAE Voapakafotsy Uapacalittoralis UAPACACEAE Voapaka mena Uapacaferruginea UAPACACEAE vii Liste des acronymes BV2 : Bassin Versant N°02 (dans les 10 grands fleuv es de Masoala) CR: Commune Rurale CTI : Cyclone Tropical Intense CTTI: Cyclone Tropical Très Intense FAO: Food and Agriculture Organization FTM : Foiben-Toasarintanin’iMadagasikara GCF : Gestion Contractualisée des Forêts GELOSE : Gestion Locale Sécurisée GES: Gaz à Effet de Serre JRC: Joint Research Centre MBG: Missouri Botanical Garden MEF : Ministère de l’Environnement et des Forêts MNP : Madagascar National Park (ex ANGAP) MQM : Moyennes des Quinquennales Mobiles ONG: Organisation Non Gouvernementale PCD : Plan Communal de Développement PCDI : Plan de Conservation et de Développement Intégré PGCM : Plan de Gestion et de Conservation de Masoala RNI: Reserve Naturelle Intégrale SAVA : Sambava-Antalaha-Vohemar-Andapa SRA : Système Rizicole Amélioré SRI : Système Rizicole Intensif STABEX: Système de Stabilisation des Recettes d’Exportation TTM: Tempête Tropicale Modérée WCS: Wildlife Conservation Society viii Introduction générale La biodiversité malgache est mondialement considérée comme un sanctuaire de la nature. Elle possède un taux d’endémisme très élevé. La flore malgache renferme selon les estimations plus de 8500 à 12000 espèces. Mais cette flore unique au monde est fortement dégradée par des actions anthropiques. Actuellement la couverture végétale malgache ne reste plus que de 17 303200 ha (JRC 1999)1, représentant plus de 29% de la superficie de la grande île. Elle est distribuée en une large variété de formations dont 5532 800ha de forêt dense humide et sempervirente, 4118 300ha de forêt sèche, 7199 100ha de formation secondaire complexe et en fin 453 000ha de mangrove (JRC 1999). D’après cette classification, la formation végétale secondaire occupe la plus grande étendue de ces formations. Ceci témoigne que la déforestation à Madagascar est déjà dans une phase alarmante. Elle a une vitesse moyenne de 128000ha par an (encarta 2009).Dans la région d’Ambohitralanana, on assiste à une dégradation à deux vitesses en fonction des zones concernées (dans le parc national Masoala ou à l’extérieur). La commune rurale d’Ambohitralanana se localise entre 15° 12’ et 15° 32’de latitude sud d’une part et 50° 05’et 50°32’ de lon gitude Est d’autre part (carte n°01). Aussi définie, elle a une superficie de 703 km2 dont 61 764 ha (87%) sont couvertes de forêts denses humides et sempervirentes, avec 38 574 ha (54%) sont inclues dans le parc national Masoala et plus de 23 190 ha (32%) à l’extérieur du parc. Située dans le district d’Antalaha, à 48 km au sud-est du chef-lieu du district (Antalaha ville),elle est entourée : au nord par la commune rurale d’Ambalabe ; au nord-ouest par la commune rurale d’Ampohibe ; à l’ouest par la commune rurale de Marofinaritra ; au sud-ouest par la commune rurale de Maroantsetra) ; au sud par la commune rurale d’Ampanavoana ; à l’est par l’océan indien ; 1 Joint Research Centre 1 Mahalevona (district de La commune elle-même occupe 12,02% de la superficie du district d’Antalaha et 16.47% de la superficie de la presqu’île, ainsi que 13.04% du parc national Masoala. Depuis longtemps cette zone en question est le théâtre des nombreux projets d’exploitations forestières (scierie de Hardwick Wilson en 1850, la société Grand moulin de Dakar en 1964…). Ces exploitations à grande échelle, conjuguées par des actions anthropiques locales, détruisent une bonne partie de la couverture végétale de la commune. Cette anthropisation a provoqué une perte progressive de la couverture forestière qui, par la suite, laissant des impacts sur le milieu. La problématique principale peut être formulée par la question : Comment se manifeste-t- elle la déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana ? Quels sont ses impacts sur le milieu ? Les solutions à ces problématiques forment les objectifs du présent mémoire qui s’intitule « La déforestation et ses impacts sur le milieu géographique dans la commune rurale d’Ambohitralanana district d’Antalaha (région Sava) » Et pour mener à bien cette recherche, nous avons adopté la démarche suivante : • La documentation et la recherche bibliographique à Antananarivo, notamment au service de la météorologie à Ampandrianomby pour les données climatiques et au F.T.M pour la documentation cartographique, puis à la bibliothèque de l’Université d’Antananarivo et de Toamasina pour les indications didactiques, au MNP Maroantsetra/Antalaha pour les données récentes concernant la couverture forestière de Masoala et à la mairie pour les renseignements de la commune. • La collecte des informations brutes à partir des enquêtes directes auprès des communautés de base en s’appuyant sur les dialogues. • La collecte des données supplémentaires à l’aide des entretiens effectués auprès des personnels des autorités et des responsables des divers services. • L’analyse de ces données et de ces informations. • La rédaction du mémoire 2 Les résultats de notre recherche se présentent comme suit : une première partie dans laquelle est donnée la présentation générale de la zone d’étude, où sont traitées les composantes biophysiques et les composantes humaines. Ensuite, une deuxième partie qui étudie la déforestation dans la commune. Elle propose la dynamique de la déforestation à travers les quatre grandes périodes. Elle présente aussi les différentes formes de la déforestation ainsi que des mesures d’atténuation. Et enfin, la troisième et dernière partie analyse les différents impacts de la déforestation sur le milieu dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Dans cette partie, on analyse les changements microclimatiques locaux. On y traite également les impacts de la déforestation sur les cours d’eau et les activités paysannes dans cette commune. 3 OCEAN INDIEN Carte n°01 : Localisation de la commune rurale d’Ambohitralanana 4 PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE 5 CHAPITRE PREMIER : LES COMPOSANTES BIOPHYSIQUES 1-1Reliefs, sol et hydrographie 1-1-1 Les reliefs de la commune rurale d’Ambohitralanana Selon la division morpho-structurale de Madagascar la retombée orientale malgache se divise en trois unités morphologiques distinctes, à savoir « le ghât méridional, le rift central et le jambage fléxural septentrional » (Petit (M), 1998), dont fait partie notre secteur de recherche. La Presqu’île Masoala, un demi-horst triangulaire de 65 km à la base et 80kmde hauteur, correspond à un escalier de failles. Elle est constituée d’une zone montagneuse hachée par plusieurs systèmes de fractures issues de la tectonique cassante relative à la séparation de l’Inde avec Madagascar. Cette dernière confère à Masoala un relief extrêmement compartimenté et très accidenté. Le relief de la presqu’île Masoala est très dissymétrique avec un versant occidental très abrupt et un versant oriental beaucoup moins accentué, où se localise la commune rurale d’Ambohitralanana en question. Le relief de la commune peut être regroupé en deux unités morphologiques bien distinctes, à savoir la plaine littorale, et les paysages collinaires 1-1-1-1La plaine littorale sableuse et marécageuse Elle forme une étroite bande rectangulaire longeant les 35km de la côte. Elle est généralement d’origine de la régression marine quaternaire. Elle remonte vers l’intérieur jusqu’aux environs de 2 à 3km de la côte. Elle est essentiellement dominée par des sables anciens et des roches d’épanchements volcaniques (basaltes), qui viennent buter contre les granites monzonitiques à biotite du socle cristallin. La roche basaltique issue de l’épanchement volcanique cénozoïque donne souvent naissance à des plateaux parallèles à la côte. D’altitude variant de 0 à 15m en moyenne, la plaine littorale se limite à l’intérieur par le village d’Ambatobe sur le bassin versant de l’Onive et au niveau d’Ambodiatafana dans le bassin versant de Ratsianarana. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, la plaine littorale n’occupe que 10% de sa superficie. Actuellement, elle porte les diverses plantations, sauf les grands marais d’Andranoanala à l’ouest du village d’Ambodirafia où ce dernier constitue le vestige de la forêt littorale qui est sous la protection de MNP Masoala et il a aussi des fonds sableux qui ne conviennent pas à l’agriculture pérenne. 1-1-1-2 Les paysages collinaires granitiques Les principales unités des paysages collinaires sont les basses, les moyennes, les hautes collines et les bas-fonds. 6 a- Les basses collines Ce sont les zones qui précédent la plaine littorale dans le sens d’Est en Ouest. Elles se caractérisent par une altitude variant de 15 à 120 m. Elles proviennent de la dissection d’une surface d’aplanissement quaternaire (SIII). Dans le secteur de basse colline, les lignes de crêtes ne sont pas encore visibles. Les collines y sont à la fois isolées et très espacées. Leur dénivellation moyenne du bas-fond au sommet est de l’ordre de 30 à 60 m. Entre ces collines s’étendent des bas-fonds larges. Les cours d’eaux y sont faiblement encaissés. Dans le bassin versant du fleuve Onive, les basses collines se trouvent entre le village d’Ambatobe et de Sahafary et puis entre le village d’Ambodiatafana et de Sarandrano dans le bassin versant de Ratsianarana. Actuellement, les basses collines ont été presque défrichées, car elles constituent les zones idéales pour le tavy. Les basses collines occupent environ 20% de la superficie de la commune. b -Les moyennes collines D’altitude variant de 120 à 200m, elles occupent environ 25%de l’étendue de la commune. Dans ce secteur, les collines deviennent de plus en plus denses. Elles sont caractérisées par des sommets d’altitude subégale. Elles sont en général issues de la dissection d’une surface d’aplanissement tertiaire (SIII). Les bas-fonds et les cours d’eau y sont beaucoup plus encaissés que dans les basses collines. Les moyennes collines se trouvent entre les villages de Sahafary et d’Antanandavahely dans le bassin versant du fleuve Onive. c-Les hautes collines Ce sont des collines d’altitudes varie de 200 à 700m, reliées entre-elles par des lignes de crêtes et taillées par des principaux axes de drainage et parsemées de multitudes « facettes » de versants. Les crêtes, constituent les lignes sommitales des hautes collines. Les lignes de crêtes principales sont longues, à mailles très lâches et continues. Elles constituent la vraie source des cours d’eau. A partir des crêtes principales naissent les crêtes secondaires. Ces dernières, plus courtes et beaucoup plus serrées forment avec les crêtes précédentes les versants multifaces forestiers. Ces deux catégories de crêtes peuvent être d’origine de la dissection d’un aplanissement ou d’un alignement structural des roches dures filoniennes (dykes). En général les hautes collines sont caractérisées par : - Une altitude en progression continue vers le sommet, c’est-à-dire on observe une succession de crêtes ; Une évolution par soutirage des versants ; Une prédominance des sols ferrallitiques ; 7 Dans le secteur de hautes collines, les pentes sont fortes. Les versants sont drainés par d’innombrables ruisseaux. Ainsi les multiples facettes ont une pente qui dépasse 30 à 45%. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, les hautes collines occupent environ 40% de sa superficie. En un mot, les hautes collines dans la commune ont des caractères de reliefs disséqués, portant des sols ferrallitiques peu profonds sous forêt dense humide et sempervirente d-Les bas-fonds Ce sont des zones dépressionnaires se trouvant taillées au fond des paysages collinaires par la dissection d’une surface d’aplanissement. Ils sont très étroits et ne représentent qu’une faible étendue dans la commune, 5% environ. En général, les bas-fonds ont: - Un fond plat et assez large Une pente transversale très faible (5%) vers le sens du cours d’eau. Ceci ralentit l’écoulement d’eau vers l’aval Par contre, ils n’ont pas de bourrelet de berge Ainsi les caractères spécifiques des bas-fonds freinent l’écoulement de l’eau lors d’une averse, d’où la formation des sols hydromorphes. L’hydromorphie de type tourbeux caractérise les bas-fonds des zones très humides. Les bas-fonds sont rares et très prisés par les paysans car ils sont susceptibles d’être transformés en rizières. 1-1-2 Les sols et les formations superficielles sableuses Le versant oriental malgache est dominé par des sols ferrallitiques. Mais en fonction des roches-mères sous-jacentes ils sont différents d’une zone à l’autre. En effet quatre types de roches-mères existent dans la presqu’île Masoala. Le granite qui occupe la plus grande partie de la presqu’île correspond à la zone d’altitude et de basses collines et donne des sols de nature ferrallitique rouge et jaune. Les trois autres types de roches-mères (à savoir le basalte, le quartz et les dunes anciennes) sont limités à une mince bande le long de la côte orientale de la presqu’île. Ils donnent soit du sol plutôt riche en alluvions argileuses et sableuses observées le long de la frange littorale, soit du sol plus hydromorphe se rencontrant dans les zones marécageuses (Hottin et al. 1964 ; carte géologique au 1/200000, service Géographique de Madagascar, Du Puy et al. 1996). Ces sols dominant la presqu’île Masoala s’observent aussi dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Ce sont les sols ferrallitiques, les sols hydromorphes, les sols d’apports fluviatiles et les formations sableuses. 8 1-1-2-1Les sols ferrallitiques Ils sont souvent désaturés et riches en concrétion et en résidus d’altération. Ils prennent donc une coloration rouge et jaune du fait de fer qu’ils contiennent. Ils sont composés de fer à l’état lié et de l’alumine. Ce type de sols est très fragile. Ils sont favorables à la formation des lavaka. Ils sont parfois dégradés suivant l’état de la couverture végétale. Mais c’est un sol très évolué, son épaisseur peut atteindre une dizaine de mètres. Ils sont aussi très divers en fonction de la localité géographique. Sur les pentes de collines, ils sont peu profonds et pauvres organiques mais compacts à texture fine. en matières Sur les moyennes et hautes collines, ils sont fortement rajeunis et humifères donc ils sont très sensibles à l’érosion. Leurs propriétés physiques sont bonnes mais leur richesse chimique est faible. Dans les sols ferrallitiques, les éléments métalliques (fer et alumine) sont associés pour donner des minéraux argileux tels que la kaolinite (argile peu gonflante) et la smectite ou montmorillonite (argile gonflante). Ainsi le premier est agronomiquement peu fertile. Tandis que le deuxième est très favorable à l’agriculture. Dans la commune, les pentes restent les facteurs limitant de leur exploitation rationnelle, car ce type de sol couvre le secteur de hautes, moyennes et de basses collines. Dans les zones forestières où se pratique le tavy, ce type de sol est vite dégradé par le rythme accéléré de défrichement. 1-1-2-2Les sols hydromorphes Ce type de sol se rencontre dans les marais à proximité de la côte et les basfonds à l’intérieur. Ils sont en effet toujours imbibés d’eau. C’est un sol à PH très acide(compris entre 5 et 5,5). Ils dégagent souvent une odeur de soufre. En général ils sont de couleur noirâtre, mais les dépôts ferrugineux leur donnent souvent une couleur rouille à la surface de l’eau. Cette situation rend difficile la décomposition des matières organiques. Par conséquent ce type de sol est relativement ingrat : il ne convient pas aux activités agricoles que s’il est bien drainé et ne favorise pas les cultures pérennes. Dans la commune, ce type de sol se localise : - Dans le grand marais d’Andranoanalaà l’ouest du village d’Ambodirafia, Dans les marais à l’ouest du village d’Anjahamarina I, En réalité ce type de sol est favorable aux végétations aquatiques telles le nénuphar (Nymphea stellata), Fandrana (Primus concretus), Viha (typhonodorum lindleanum), Zozoro (cyperus madagascariensis), Herana (cyperus latifolius). 9 1-1-2-3Les sols d’apports fluviatiles Ce sont des sols riches qui se développent surtout dans les vallées, et le long des cours d’eau permanents. Ils sont annuellement enrichis en éléments fertilisants charriés par les fleuves qui débordent en période de pluie et laissent des alluvions sur les bourrelets de berge et les zones basses environnantes. Le profil vertical de ce sol montre la superposition de trois types d’alluvions (de bas en haut): - Alluvions sableuses anciennes Alluvions argileuses anciennes Alluvions récentes et actuelles Dans la commune ce type de sol se localise : - Autour du chef-lieu de la commune de part et d’autre du fleuve Onive. Entre la localité d’Ambodiatafana et de Sarandrano le long du fleuve Ratsianarana En réalité ce type de sol est agronomiquement favorable aux activités agricoles pérennes pour autant qu’il ne soit pas inondable ou peut être aménagé en rizière. C’est pourquoi actuellement, les sols d’apport fluviatiles sont presque aménagés en rizières, mais leurs irrigations y demeurent encore un problème majeur. 1-1-2-4Les formations sableuses Elles sont constituées par les sables marins et les sables quartzitiques a- Les Sables marins Le long de la côte, basse et rectiligne s’observe presque en permanence une formation sableuse marine quaternaire. Cette dernière occupe les 35km de côte de la commune. Elle se présente comme suit, du nord au sud : - De l’embouchure de l’Onive à Ambodirafia : côte sableuse Ambodirafia à Ambohimahery : falaise de l’épanchement volcanique Ambohimahery à Antsambavy : côte sableuse Les modifications climatiques du quaternaire ont laissé des héritages sur les côtes sableuses. Ainsi la régression marine pléistocène a laissé une bande de sables de couleur brune foncée, parfois noirâtre selon la couverture végétale qu’elle porte. Elle vient directement buter contre le socle. Sa teneur en humus colloïdal est plus poussée. Elle a une altitude moyenne de 6 à10m. Ensuite la régression marine de l’holocène a laissé une autre bande de sables de couleur beaucoup plus claire que la précédente et d’altitude 5m environ. Les sables marins ont une granulométrie homogène. En effet leurs grains ont de dimensions subégales et de polissage beaucoup plus poussé, car ils avaient subi des transports fluviatiles et marins. 10 Et enfin les sables actuels ont une couleur beige plus claire et d’altitude inférieure à 5m. Ils constituent la plage où s’effectue le balancement des marées. b- Les sables quartzitiques Photo n° 02 : sables quartzitiques au village d’Ambohimandresy (prolongement du quartz filonien de laphoto n°01) Photo n° 01 : Quartz filonien au nord du village d’Ambohimandresy auprès d’Antanandavahely Source : Auteur, Mars 2010 Les sables quartzitiques et les sables marins se diffèrent par :la granulométrie et le degré de polissage. En effet, les sables quartzitiques ont une granulométrie hétérogène, c’est-à-dire leurs grains ont de dimensions variables. Et en plus, ils sont moins polis, car ils n’ont pas subi des transports fluviatiles et marins comme les sables marins. Les sables quartzitiques proviennent de la désagrégation de quartzite. Ils sont de couleur blanche et leurs grains sont moins polis que ceux des sables marins. La commune dispose d’une petite étendue de sables quartzitiques, qui se trouve dans le village d’Ambohimandresy, à 18 km de la côte. Ceci est le prolongement du filon de quartz qui est encore intact au nord du village d’Ambohimandresy (photo n° 01). Le quartz filonien d’Ambohimandresy est en phase de désagrégation. Tandis sur la photo n° 02, son pr olongement donne des sables quartzitiques au village d’Ambohimandresy, sur le bassin versant du fleuve Onive. 1-1-3 L’hydrographie La commune rurale d’Ambohitralanana est drainée par cinq fleuves, qui constituent les exutoires de cette zone. Ce sont, du nord au sud, Onive, Nasimamangy, Lalôgno, Ratsianarana et Antsahambavy. Parmi eux, seuls Onive et Ratsianarana sont des véritables grands fleuves dans cette commune. 11 1-1-3-1Le fleuve Onive/Iagnobe Photo n°04 : Vue de loin de l’embouchure du fleuve Onive et son lit très large Photo n°03 : Bifurcation du fleuve Onive en deux : Ankavia et Ankavanana, au niveau de Sarandrano(Antanandavahely) Source : Auteur, Mars 2010 C’est un fleuve à caractère rapide dans sa partie supérieure. Il prend sa source environ à 50km de l’embouchure, au niveau d’Ampokafo (commune rurale de Marofinaritra). C’est un fleuve à régime pluviométrique. Ainsi, du mois de décembre au mois de juillet, il connait une période de hautes eaux, les crues sont fréquentes avec une turbidité importante. Tandis que du mois d’août au mois de novembre, le niveau de l’eau est très bas, à peine navigable en pirogue, c’est la période de basses eaux ou l’étiage. Il a un lit à fond sableux et une largeur moyenne de 25 à 30 m. Ce fleuve a deux affluents au niveau d’Antanandavahely qui sont :Ankavia, celui de gauche et Ankavanana, celui de droite comme sur la photo n°3. La rivière Ankavia de caractère torrentiel, a une profondeur moyenne de 1,5m tandis qu’Ankavanana1 m, est presque franchissable à gué. Les rivières Ankavanana et Ankavia ont un fond sablo-caillouteux, avec des rives très abruptes en sillonnant les zones de moyennes et hautes collines. De l’embouchure à Sarandrano, 23km de long, on compte plus de 18 affluents. Par contre Ankavia, 26 km de long environ dispose plus de 30 affluents. Dans ce cas plus le fleuve sillonne la zone de haute altitude, plus leurs affluents deviennent de plus en plus nombreux et serrés. Au total l’Onive et ses affluents forment des arrêtes de poisson et ils ont une direction nord-est. Il est navigable jusqu’à Antanandavahely (à 19km de l’embouchure). Actuellement l’Onive ne traverse la forêt primaire qu’à partir de Sarandrano vers l’amont. Et les 20 premiers kilomètres en aval sillonnent déjà les formations végétales secondaires complexes. 12 1-1-3-2Le fleuve Ratsianarana Photo n° 05 : Cours supérieur du fleuve Ratsianarana, en amont du Sarandrano Photo n° 06 : Cours inferieur du fleuve Ratsianarana tout près du village Ratsianarana(Andranomahitsy) Source : Auteur, Mars 2010 Il prend sa source à 34km de son embouchure. Il n’a pas de grande ramification mais seulement une trentaine de petits affluents divergeant de part et d’autre du fleuve. Il est aussi influencé par le régime pluviométrique comme l’Onive. Il est plutôt un fleuve à méandre, avec un fond sablo-limoneux et de lit rétréci. Il est plus profond que l’Onive aussi bien en amont qu’en aval. Il est navigable pour la moitié inferieure de son cours. Il traverse la forêt primaire depuis Sarandrano, à 12km de l’embouchure. Son cours inferieur a une profondeur moyenne de 2m. En générale, les fleuves de la commune ont une direction Nord Est, qui est en rapport avec la direction dite« côte est » des failles et des dykes. 1-1-3-3Les lacs La commune rurale d’Ambohitralanana dispose de deux petits lacs qui se trouvent tous dans le bassin versant du fleuve Ratsianarana. Ainsi Amparihilava, un lac de 200m de long sur 10m de large et de profondeur moyenne de 1,50 m se trouve près de Sarandrano dans l’ancien lit du fleuve Ratsianarana. Betatamo, lac dans l’ancien lit du fleuve Ratsianarana aussi, de dimension 350m de long sur 60m de large, de profondeur moyenne de 1m, est peuplé d’Harefo (eleocharis equisetina), Tatamo (Nymphea stellata), Viha (typhonodorum lindleanum). Il est presque à sec en saison sèche. 13 1-2 Les formations végétales Carte n°02 : Couverture végétale dans la commune ru rale d’Ambohitralanana FTM MNP Janvier 2011 14 Les formations végétales présentent une grande diversité en fonction des conditions climatiques et pédologiques conjuguées avec les actions anthropiques. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, on a deux types de formations végétales, à savoir les formations forestières et les savoka. 1-2-1 Les formations forestières Il s’agit de la forêt dense humide et sempervirente. Les canopées sont fermées avec une hauteur de 25 à 30m. Les émergeants peuvent dépasser plus de 50m de hauteur. Les sous-bois et la litière au sol sont très pauvres. La lumière ne parvient presque pas au sol, du fait de frondaisons très serrées et continues. C’est une forêt composée de trois strates dont la strate supérieure est dominée par des épiphytes. La composition floristique est caractérisée par : canarium (Burseraceae), Ocotea (lauraceae), symphonia (clusiaceae), Tambourissa (monimiaceae), weinmannia (cunoniaceae), Intsia (fabaceae), Diospyros (ebenaceae),Uapaca (uapacaceae) et d’autres familles telles que les sapotaceae, les euphorbiaceae, les myrtaceae et les sarcolaenaceae. Ce type d’habitat est parmi le plus rare et pourtant le plus menacé aussi bien dans la commune que sur tout le versant oriental malgache. Ce type de forêt occupe la plus grande étendue de la commune avec plus de 38574ha de superficie. Il est très riche aussi bien en espèces qu’en genres et en familles. D’après un inventaire dans la presqu’île, plus de 600 espèces végétales, réparties dans 400 genres et plus de 100 familles, ont été recensées (M.B.G et P.C.D.I. Masoala). Ce type de formation végétale se trouve à partir du village d’Antanandavahely sur le bassin versant de l’Onive et du village de Sarandrano dans le bassin versant du fleuve Ratsianarana. Il est aussi très dense en peuplement forestier. D’après une étude effectuée dans la forêt communautaire de Sahafary, sur une parcelle de 5ha on a pu inventorier 1415 arbres de diamètre supérieur ou égal à 10cm mesuré à 130 cm du sol, (ISAIA RAYMOND, 1999). On estime à 198100 le nombre d’arbres dans 700ha de cette forêt. Ce qui donne une densité moyenne de l’ordre de 283 arbres par hectare. D’après la carte n° 02, les forêts dans cette commu ne sont détruites à partir des cours d’eau. Toutes les forêts avoisinant des cours d’eau sont presque défrichées, mais celles qui se trouvent dans le bassin versant du fleuve Onive sont les plus menacées. Donc les savoka s’élargissent progressivement à partir des cours d’eau. Sur la côte, seule la forêt littorale d’Andranoanala et de Ratsianarana qui sont encore plus ou moins conservées. 15 Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, on observe de formations végétales climaciques. Ce sont des formations végétales qui ne dépendent pas de conditions climatiques mais uniquement des conditions édaphiques et topographiques. Dans la commune ce type de formation se développe sur des sables marins entrecoupés par des marais, qui par la suite formant la forêt littorale. Les arbres de la forêt sur sables se répartissent en quatre strates plus ou moins imbriquées : la voute forestière, la strate arborée, la strate arbustive et la strate herbacée. Les arbres ont une hauteur moyenne de 12 m mais la voute forestière peut atteindre 25 m. Les troncs d’arbres ont un diamètre moyen de 20 cm, mais les troncs d’arbres de la voute forestière peuvent atteindre 50 cm de diamètre. La voute forestière est caractérisée par des symphonia sp (clusiaceae) ; Faucherea (sapotaceae) ; Papourtia sp (anacardiaceae), uapaca( uapacaceae). La strate arborée est caractérisée par des Intsia bijuga (fabaceae) ;Nesogordonia sp (sterculiaceae) ; Labramia sp, Faucherea sp, Sideroxylon sp (sapotaceae) ; Sarcolaena multiflora (sarcolaenaceae), Ambavia sp (annonaceae) et de Suregadaboivinina (euphorbiaceae). La strate herbacée est très discontinue et lâche. Elle est constituée essentiellement par des plantes herbacées et des semis ou des plantules des espèces ligneuses. Elle est caractérisée par des fougères, des acanthaceae et des Nepenthaceae. On note l’absence de graminée. Les épiphytes sont constituées par des platycerium sp, Nephrolepis bisserata, des Orchidae et Medinila. On note l’absence des grosses lianes dans cette forêt littorale. La zone inondée est caractérisée par des Anthostema (euphorbiaceae), symphonia (clusiaceae), Brochoneura sp (myristicaceae), Samadera indica (sumaribaceae), Pandanus (pandanaceae), Typhonodorum lindleanum (araceae) et Nymphea stellata (nympheaceae). Et enfin, les marécages sont caractérisés par des cypéracées, des Ravenala madagascariensis et des typhonodorum lindleanum. Ce type de formation végétale se localise dans le grand marais d’Andranoanala, à l’ouest du village d’Ambodirafia et d’autre près du village de Ratsianarana. 1-2-2 Les formations végétales secondaires : les savoka Ce sont des formations végétales dont la structure initiale a été perturbée ou perdue soit par le prélèvement intensif de certains taxons ou par le défrichement de couvert forestier originel. Elles prennent place à la suite de la disparition de la forêt originelle par la pratique du tavy surtout. Ce sont des formations végétales à apparence forestière où dominent les espèces héliophiles. 16 Ce type de formation varie dans le temps et dans l’espace. En effet dans la commune rurale d’Ambohitralanana, étant exposé au vent d’est humidifiée, la savoka de premier degré est constituée en majeure partie par des harongana (harungana madagascariensis). Puis lorsque le sol s’est épuisé, cette dernière devient de savoka à lingoza (Aframomum angistifolium) et à dingadingana (Psidia altissima).Cette seconde formation végétale tend vers la savanisation. Sur le terrain laissé à l’abandon après les cultures se développent les savoka formées par des végétations arbustives très denses. Elles sont généralement constituées par des peuplements monospecifiques difficiles à pénétrer et composés surtout Afromumsp (lingoza), Trema orientalis (angezoka), Harungana Madagascariensis (Harongana), Nastus capitatus (bambou), Ravenala Madagascariensis et quelques formations herbeuses parsemées de graminées et d’autres espèces comme :cledimia hirta (trotrobato), Lantana Camara (radriaka). En fonction des espèces dominantes, on distingue cinq types de savoka dans la commune. Ce sont : - Savoka à Ravenala qui se trouve autour du chef-lieu de la commune Savoka à Harongana qui répand un peu partout dans la commune surtout en amont des cours d’eau Savoka à Trema orientalis qui couvre le plus souvent le tavy de un à deux ans après la récolte Savokaà Bambous qui se localise généralement autour du village d’Antanandavahely Savoka mixte qui est presque omniprésente dans toutes les localités de la commune Ces formations recouvrent environ 8 536 ha, soit 12% de la superficie de la commune, dont les savoka mixtes qui prédominent. En fonction de l’âge de la jachère, les paysans appellent différemment les savoka : - Le matrangy : formation végétale après la récolte jusqu’à un an environ, Le trematrema : formation végétale en jachère de deux à trois ans, Savo-mody : jachère de quatre à six ans Savo-maitso : jachère de sept à quinze ans, Savo-matoy : jachère de plus de quinze ans, C’est à ce stade que la savoka peut être qualifiée de forêt secondaire. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, elle n’a jamais atteint le stade de Savomatoy, elle se culmine à Savo-maitso, car le cycle répétitif du défrichement est très court (3 à 10 ans). 17 1-3Les conditions climatiques La presqu’île Masoala dans laquelle se trouve la commune rurale d’Ambohitralanana, est soumise à un climat tropical chaud et humide, caractéristique de l’est Malgache. 1-3-1 La température La commune rurale d’Ambohitralanana bénéficie d’un climat tropical chaud et humide de type océanique. L’influence de la mer y est très significative aussi bien sur la pluviométrie que sur la température. En effet, pendant l’hiver la mer plus chaude réchauffe la terre plus froide. Tandis qu’en été, la mer plus froide adoucit la température terrestre plus chaude. Dans ce cas la température de la commune ne va pas être ni trop basse ni trop élevée. Donc la mer demeure un modérateur ou un régulateur thermique pour les zones côtières. Faute de données thermiques sur la commune, nous étions obligés de prendre la température d’Antalaha ville qui est la plus proche de la commune. Tableau n°01 : Les températures moyennes dans la st ation d’Antalaha, de 19611990 (°C et 1/10) Mois J F M A M J J A S O N D Min Max Moyen nes 22,4 30,3 26,3 22,5 30 ,7 26,6 22,4 30,2 26,3 21,9 29,6 25,7 20,4 28,2 24,3 19 26,7 20,8 18,4 25,9 22,1 18,1 25,7 21,9 18,4 26,4 22,4 19,3 27,5 23,4 20,7 28,8 24,7 21,9 30 25,9 moyenn e 20,4 28,3 24,2 Source : service météorologique Ampandrianomby Le tableau n°1, révèle que la température moyenne a nnuelle d’Antalaha est de l’ordre de 24,2°C. Il en résulte aussi que le mo is de février est le plus chaud contre le mois de juin qui est le plus frais, avec de températures moyennes respectives de 26,6°C et 20,8°C.L’amplitude thermiq ue entre le maxima et le minima est l’ordre de 5,8°C. La température la plus basse des minima est de 18,1°C, tandis que la plus élevée des maxima est de 30,7°C. 18 Figure n°01 : Les températures moyennes dans la sta tion d’Antalaha de1961-1990 Mois Cette figure n°1, montre que la température de cett e station augmente dès le mois d’Août jusqu’au mois de février. Puis elle diminue de nouveau du mois de février jusqu’au mois d’Août. On note aussi la nette différence de températures entre l’hiver et l’été. Ainsi la moyenne hivernale est de l’ordre de 22,8°C contre 25,9°C la moyenne estivale. Ceci donne une amplitude thermique de 3,1°C. 1-3-2 Les pluies Tableau n°0 2 : La pluviométrie à Cap est de 1951-1 980 (en mm et 1/10) Mois Pluies Nb de Jrs J 327,7 19 F 203,2 15 M 353,9 19 A 288,2 18 M 256,3 19 J 275,1 21 J 222,5 23 A 197,7 22 S 126,8 18 O 88,1 15 N 118,1 15 D 214,0 16 Source : Service météorologique Ampandrianomby. Le tableau n°02, présente la quantité de pluies à C ap est durant la période de 1951 à 1980. Il révèle que la quantité de pluies qui tombe au mois de mars est la plus abondante de l’année avec 353,9mm. Et le mois d’octobre demeure le plus sec avec 88,1mm. La moyenne annuelle est de 2671mm. Sur la côte Est de la presqu’ile Masoala la pluviométrie augmente du nord au sud, allant de 2212mm/an à Antalaha, 2750mm/an à Cap Est, 3054mm/an à Cap Masoala et 3751mm/an à Maroantsetra1. Cela est dû à la position de l’Anticyclone de Mascareignes par apport à ces stations. Le nombre de jours de pluies varie de 15 à 23 par mois dont la moyenne est de 18 jours durant le période de1951 à 1980.Il pleut pendant 220 jours par an. 1 Ce sont des données pluviométriques de 1936 -1970 19 Total 2671 220 Figure n° 02 : La pluviométrie moyennes de la stati on Cap est de 1951-1980 La figure n° 02, précise que la quantité pluviomét rique dans la commune diminue dès le mois d’avril jusqu’au mois d’octobre. Puis elle croit sensiblement jusqu’au mois de janvier pour diminuer au mois de février. La baisse de la quantité pluviométrique entre les mois de Septembre et novembre résulte de l’affaiblissement de l’Anticyclone de Mascareignes qui laisse la mousson régner à Madagascar. Tandis que dès le mois de décembre l’anticyclone commence à rapprocher la côte est malgache en apportant un vent chaud et humide générateur de pluies diluviennes sur cette zone. Figure n°03 : Courbe ombrothermique de la station d e Cap est 20 Cette figure n°3 est réalisée à partir de la formul e de Gaussen : P= 2T, dans laquelle P désigne la pluviométrie et T indique la température. D’après cette figure n°3,la commune rurale d’Amboh itralanana ne connait pas de mois sec mais juste une diminution de quantité pluviométrique du mois d’Août jusqu’au mois de Novembre. Ceci est dû à la pluie apportée par l’Alizé issu de l’Anticyclone de Mascareignes, qui balaye cette zone presque toute l’année. 1-3-3 L’humidité C’est la quantité de l’eau à l’état de vapeur contenue dans l’air. Elle est variable dans le temps et dans l’espace. Tableau n° 03 : Humidité relative de l’air à Cap es t (en %) de 1951 à 1980 Mois J F M A M J J A S O N Normale 07h 88 88 90 89 87 86 85 84 83 82 84 12h 77 78 80 81 80 80 79 77 75 73 73 17h 82 82 85 85 84 82 81 82 80 79 81 Moyennes/J 82 83 85 85 83 83 82 81 79 78 79 Source : Service météorologique Ampandrianomby. D 86 75 82 80 Moyenne 86 77 82 81 D’après le tableau n°3, le mois de mars est le plu s humide avec une valeur moyenne de 85%, et le mois d’octobre est le plus sec avec 78% en moyenne. Dans la journée, l’humidité de l’air diminue pour atteindre la valeur minimale à 12h et augmente de nouveau. 1-3-4 Les cyclones Un cyclone tropical est un centre de basse pression circulaire très profond avec une valeur en dessous de 1015 hectopascal et d’une centaine de kilomètres de diamètre. Il est caractérisé par : - Un vent violent Une forte humidité de l’air Une pluviométrie très abondante Madagascar en générale et la côte est malgache en particulier connaît les cinq types de cyclones tropicaux (selon la classification du service météorologique), allant de la tempête tropicale modérée au cyclone tropical très intense (tableau n°04 cidessous). 21 Tableau n°04 : Les différents types de perturbation s atmosphériques dans les zones tropicales Appellations Vitesse moyenne du vent Rafales du vent Tempête Tropicale Modérée (TTM) 62à88km/h 95 à 130km/h Forte Tempête Tropicale (FTT) 89 à 117km/h 132 à 176km/h Cyclone Tropical (CT) 118 à 165km/h 178 à 252km/h Cyclone Tropical Intense (CTI) 166 à 212km/h 254 à 330km/h Cyclone Tropical Très Intense (CTTI) >à 212km/h >330km/h Source : Service météorologique Ampandrianomby Le nord-est de Madagascar est le secteur le plus touché par des perturbations cycloniques, comme le montre le tableau n°05 ci-des sous. Tableau n°05 : Les cyclones ayant touché Madagascar entre 2000 et 2009 Cyclones Types Ceux qui ont touché Date notre zone d’étude HUDAH CTTI × 02 Avril 2000 DERA CT Mars 2001 CYPRIEN FTT Janvier2002 HARY CTTI × 09 Mars 2002 KESINY CT Mai 2002 ABAIMBA TTM Septembre 2003 CELA CT Décembre 2003 ELITA CT Janvier 2004 GAFILO CTTI × 06 Mars 2004 ERNEST CTI Janvier 2005 FELAPI TTM Janvier 2005 BOLOETSE CTI Janvier 2006 BONDO CTI Décembre 2006 CLOVIS CTTI Décembre 2006 INDLALA CTI × Mars 2007 JAYA CTI × Mars 2007 FAME FTT Janvier 2008 IVAN CT Février 2008 JOKWE CTI Mars 2008 ERIC TTM Janvier 2009 FANELE CTI Mars 2009 JADE FTT × Avril 2009 FAMI TTM HUBERT FTT Source : Service Météorologique Ampandrianomby 22 Sur les 24 cyclones qui ont touché Madagascar entre 2000 et 2009(tableau n°05), six d’entre eux (x)1 ont traversé le secteur compris entre Vohémar (au nord)et Maroantsetra(au Sud). Parmi ces six cyclones, trois d’entre eux ont de catégories des cyclones tropicaux très intenses(CTTI), deux cyclones tropicaux intenses(CTI) et une forte tempête tropicale(FTT). D’après la monographie de la région SAVA, trois cyclones seulement ont touché cette région durant la période de 1985 à 2000. A partir de l’an 2000, le passage de cyclone y devient de plus en plus fréquent car en neuf ans (2000-2009), six cyclones ont ravagé cette région. 1 Indiquant les cyclones qui touchent notre secteur d’étude 23 CHAPITRE DEUXIEME : LES COMPOSANTES HUMAINES 2-1 Histoire de peuplement, les us et coutumes 2-1-1 L’Origine de la population Le peuplement de la presqu’île Masoala et la partie sud d’Antalaha a concordé avec l’extension du royaume Betsimisaraka vers le nord au début du XVIIIe S.D’après les enquêtes faites auprès des « Tangalamena » , la population de la commune rurale d’Ambohitralanana viendrait de Mananara nord et de Maroantsetra. Ceci est corroboré par l’existence de clan« Antimanagnara »dans la commune qui sont des peuples primitifs de cette région. Ils seraient venus par bateaux. Le premier village de cette commune appelé Andraoka était bâti sur la côte près de l’embouchure du fleuve Onive. Ce dernier serait implanté vers la deuxième moitié du XVIIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle .Faute des sources historiques écrites , on ne sait rien sur ce village . A cause de l’érosion marine, Andraoka fut abandonné vers le début du XIX siècle et les populations s’installèrent à Andrombazaha. e Il est évident que toutes les populations d’Andraoka et d’Andrombazaha sont des pêcheurs . Le moment où Andrombazaha devenait un véritable village , des petits hameaux de pêcheurs s’installèrent le long de la côte vers le sud tel Ratsianarana et Antsahambavy. Ainsi Andrombazaha se développait car il est naturellement un grand port d’échange avec l’extérieur. Il était dirigé par des grands chefs, dont Botovelona, Tsalahatra, Ambaravavy, Koliny et Samisonina. En ce moment-là, Andrombazaha n’était qu’un village d’habitation, mais les champs de cultures se trouvaient à 7km(aux alentours de l’actuel Ambohitralanana). A cet effet la population décida de s’installer dans l’actuel village d’Ambohitralanana pour pouvoir se rapprocher des champs de cultures. C’est la raison pour laquelle en 1911, l’école était transférée à l’actuel cheflieu de la commune. A cette date le chef-lieu de la commune n’était constitué que par quelques grandes familles , dont celles de Samisonina , de Tiady , de Belalahy Sahidy , de Belalahy lava , de Kalasy , de Totozafy , de Vahiny, de Botomitsolava, de Borofotsy et de Rainizafimiharana1. Depuis leur installation définitive à Ambohitralanana , les populations s’intéressent davantage à l’agriculture qu’à la pêche , car cette dernière ne permet plus satisfaire leurs besoins quotidiens . En 1930 Ambohitralanana devenait un chef-lieu de canton délimité par Sahantaha au nord ,Antsandragnonana à l’Ouest et Ratsianarana au sud. Il est à cheval sur les communes d’Ampohibe et d’Ambalabe. 1 Ancêtre de l’auteur 24 En 1974, le Canton devient « Firaisampokontany »et le découpage administratif a été modifié. A cette époque le Firaisampokontany d’Ambohitralanana était limité par : Le fokontany d’Anjahamarina I au nord Le fokontany d’Andranoampaha au sud Le fokontany d’Antanandavahely à l’ouest Depuis 1992, le Firaisampokontany d’Ambohitralanana devient une commune rurale, mais sa délimitation reste inchangée. 2-1-2 Les conditions de peuplement En général le réseau hydrographique favorise la création des hameaux et des villages car il constitue la meilleure voie d’accès et de communication. Au début, les populations s’installèrent sur la côte, puis elles ont remonté vers l’intérieur en empruntant les fleuves et les cours d’eau. Dans la commune, presque tous les villages et hameaux se trouvent aux abords des cours d’eau et de mers. La création de la réserve naturelle intégrale de Masoala en 1927, a aussi des influences sur l’installation humaine dans la commune. Cette réserve intégrale est limitée au nord-ouest par le fleuve Onive, à l’est par la mer (à l’exception du village d’Ambohitralanana, de Ratsianarana et d’Ambodirafia) et au sud par le fleuve Ratsianarana. On constate que tous les villages implantés avant 1927 se trouvent sur la rive droite de l’Onive(sauf Ambohitralanana). Ce sont d’aval en amont : AnjahamarinaI, Ambatobe, Antanambao, Sahafary et Antanandavahely. Après le déclassement de la Reserve en 1964, des nouveaux villages et hameaux viennent s’installer sur la rive gauche de l’Onive. Ils sont d’aval en amont, Ambanimangy, Ambodimangatelo, Sinda, Sahamalaza, Ambalavy et Marivorano. A l’exception de Ratsianarana et d’Ambodirafia, tous les hameaux et villages le long de la côte ne sont devenus de véritables villages qu’à partir de 1964. Ce sont du nord au sud Sahanjahana, Ambohimahery, Maharavo, Analamanga et Andranoampaha. Dans la commune, les reliefs sont très accidentés influençant ainsi les activités agricoles, qui conditionnent à leur tour l’installation humaine. Par ailleurs les villages sont plus denses dans le secteur de plaine que dans la zone montagneuse. Par exemple, autour du chef-lieu de la commune situé sur une vaste plaine, on dénombre quatre villages dans un rayon de 10km environ (Anjahamarina I, Ambatobe, Antanambao, Ambanimangy). 2-1-3 Les us et coutumes Ils s’agissent des tabous, de l’exhumation et partage des biens, la pratique de Tavy et la croyance ancestrale. Ces phénomènes sociaux attachent fortement les populations locales à leurs ancêtres et les nouent énormément les unes des autres. 25 2-1-3-1Les Tabous Les populations dans la commune rurale d’Ambohitralanana sont fortement croyantes et dépendent beaucoup des forces surnaturelle invisibles : les tabous (fady).Ces derniers peuvent venir des ancêtres et transmis de génération en génération. Par exemple, travailler le mardi et le jeudi est formellement interdit dans cette commune. Ces tabous sont littéralement respectés par les populations, qui croient que le non-respect à de ces tabous peut rendre malade et provoquer la destruction des récoltes dans les champs. Dans la commune il y a deux grands types de tabous : les tabous ancestraux (fadin-dRazana) et les tabous venant du guérisseur (fadinaody). Ainsi ils sont très différents car le premier est perpétuel et le second est temporaire. Ils sont aussi différents d’une famille à l’autre. 2-1-3-2L’exhumation et le partage des biens L’exhumation c’est un rite funéraire servant à la « purification » du défunt. Il s’agit du déterrement des ossements dans la tombe. Après la « purification », le défunt doit avoir sa part des biens. Les paysans locaux font du partage des biens aux défunts, car pour eux, la mort est la continuation de la vie terrestre dans l’audelà là. Ils sacrifient des bœufs sans défaut pour le défunt. 2-1-3-3La pratique du Tavy C’est une forme de mise en valeur la plus vieille et la plus répandue dans la commune. Elle n’est pas seulement une technique agricole mais aussi une forme de religion. En effet, avant le défrichement les paysans font des expiations aux ancêtres, c’est le « joro savoka ». Ce dernier est la demande d’accès du terrain aux ancêtres. Pour eux, la négligence de ce rite engendrerait des choses maléfiques et de mauvaises récoltes. 2-1-3-4La croyance ancestrale La majorité de la population locale sont plutôt fidèles à la croyance ancestrale qu’au christianisme, car elles sont très attachées aux ancêtres. Dans cette commune les Tromba , les Mpimasy et les Mpisikidy gagnent du terrain. 2.2 Les caractéristiques de la population 2 .2.1La natalité Tableau n° 06 : Les naissances dans la commune Année 2004 2005 Naissance 264 259 Population totale 16624 16793 Source : CR Ambohitralanana 26 2006 338 17864 2007 358 18147 Le tableau n°6, montre la naissance dans la commune rurale d’Ambohitralanana de 2004 à 2007.Il en résulte que le nombre de naissances annuelles est supérieur à 259.Il est en progression continue durant les trois dernières années. Le taux de natalité (rapport entre le nombre de naissance et l’effectif total de la population, multiplié par cent)dans la commune est de 1,75 % pour les trois dernières années. Il est nettement inférieur au taux de natalité de l’ensemble du district d’Antalaha qui est de 3,7%.1Il est aussi inférieur au taux de natalité de la région SAVA, 3,5%. 2.2.2 La mortalité D’abord, il faut signaler que tous les décès dans la commune ne sont pas déclarés à la Mairie. Donc, le tableau ci-dessous ne donne que le nombre des décès enregistrés à la Mairie. Tableau n° 07 : Les décès dans la commune Années 2004 2005 2006 2007 Décès 40 58 44 42 Population totale 16627 16793 17864 18147 Source : C R Ambohitralanana D’après ce tableau, le nombre des décès dans la commune varie de 40 à 58 par an. Le taux de mortalité (rapport entre le nombre de décès et l’effectif total de la population multiplié par cent)dans la commune est égal à 0,26% durant ces trois dernières années. Il est inférieur à l’ensemble de district d’Antalaha qui est de 0,7%2. Encore plus bas en comparant avec celui de la région SAVA, qui est 0,7% 2.2.3 L’accroissement naturel C’est la différence entre le nombre de naissance et le nombre de décès. Tableau n° 08 :L’accroissement naturel Année 2004 2005 2006 2007 Naissance 264 259 338 358 Décès 40 58 44 42 Accroissement naturel 224 201 294 316 Population totale 16627 16793 17864 18147 1 2 Taux de natalité en 1993 d’après la monographie de la région SAVA Taux mortalité en 1993 d’après la monographie de la région SAVA 27 L’accroissement naturel dans la commune varie de 201 à 316 durant ces trois dernières années. Ce qui fait que chaque année plus de 200 personnes viennent naturellement s’ajouter à la population locale. Le taux d’accroissement naturel (la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité) est donc de 1,49% dans la commune durant les trois dernières années. Il est inférieur à la moyenne du district d’Antalaha qui est de 3%1. A ce rythme d’accroissement naturel très faible,(1,49 %), la population de la commune ne doublera que dans 70 ans, car elle augmente naturellement de 258 habitants par an, en moyenne Tableau n°09 : L’évolution de la population Année 2004 2005 Population 16627 16793 Source : CR Ambohitralanana 2006 17864 2007 18147 Figure n°04 :L’évolution de la population Effectifs 18500 18000 17500 17000 16500 16000 15500 2004 2005 2006 2007 Années Le tableau n°09 et la figure n°04, montrent l’évolu tion de la population dans la commune rurale d’Ambohitralanana durant la période de 2004 à 2007.Il en résulte que la population dans cette commune ne cesse d’augmenter durant les trois dernières années. Elle est passée de 16627 habitants en 2004 à 18147 habitants en 2007 (soit 1520 habitants de plus), mais l’augmentation est particulièrement importante entre 2005 et 2006 (1071 habitants de plus contre 166 entre 2004 et 2005 et 283 entre 2006 et 2007). En 2005, l’exploitation de bois de rose dans cette zone a attiré beaucoup personnes. Et en plus, les exploitants font venir beaucoup de mains d’œuvres dans cette zone. C’est pourquoi donc la montée exponentielle de population de 2005 à 2006. 1 Accroissement naturel en 1993 d’après la monographie de la région SAVA 28 • La répartition par catégorie d’âge de la population Tableau n°10 : La distribution par classe d’âge de la population(en population 2007) Hommes Femmes 0-5 1184 1465 6-10 1732 2042 11-17 2109 2392 18-59 2678 3039 Plus de 60 720 786 Total 8423 9724 Source : CR Ambohitralanana Figure n° 05 : La r épartition de la population par classe c d’âges Effectifs de la population 3500 3000 2500 2000 Hommes 1500 Femmes 1000 500 Classe d'âges 0 0à5 06 à 10 11 à 17 18 à 59 Plus de 60 Statistiquement parlant, parlant plus de la moitié de la population ont moins de 18 1 ans en 2007(10 924 sur 18 147 habitants).Cela ela prouve que la population dans cette commune est jeune. Sur la figure n°5 , ce sont les femmes qui remportent sur les hommes en termes d’effectif dans toutes les classes d’âges. Le sexe sex ratio dans la commune est de 87hommes pour 100 femmes en moyenne. 29 2-2-4 La répartition spatiale de la population Tableau n°11 : Effectif de la population par fokontany en 2007 Fokontany Population Ambohitralanana 4034 Antanandavahely 2040 Sahafary 969 Ambatobe 2520 Anjahamarina I 941 Ambodirafia 982 Sahanjahana 1272 Ambohimahery 740 Maharavo 1637 Ratsianarana 2122 Andranoampaha 890 Total 18147 Source : CR Ambohitralanana Le tableau n°11, résume la répartition spatiale par fokontany de la population dans la commune rurale Ambohitralanana. Il en résulte que plus de la moitié des 11 fokontany, soit 08, ont une population de plus de 1000 habitants. Figure n°06 : Les populations population par fokontany en 2007 Effectifs de la population 4500 4000 3500 3000 2500 2000 1500 1000 500 0 FOKONTANY La figure n°6, montre que la majorité de la population dans la commune se concentrent dans les quatre principales localités, à savoir Ambohitralanana, Ambatobe,, Ratsianarana et Antanandavahely. Par contre, Ambohimahery est la localité le moins peuplé. 30 2-3 Les Activités humaines Il s’agit des activités dans le secteur primaire qui sont l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’artisanat. 2-3-1 L’agriculture Elle est la base des occupations paysannes dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Il y a deux systèmes de mise en valeur qui sont la riziculture irriguée et la culture sur brûlis. 2-3-1-1La riziculture irriguée Elle est caractérisée par des différentes phases de préparation. Tout d’abord, elle commence par la préparation de semis et le pietinage de rizière. C’est après le pietinage que commence le repiquage, suivi ainsi par le sarclage. Le gardiennage, la récolte et le séchage terminent le cycle de cette activité. La riziculture irriguée, demande la maîtrise d’eau et beaucoup de mains d’œuvres. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, les mains d’œuvres sont nombreuses mais les techniques utilisées demeurent encore traditionnelles et rudimentaires. Les paysans ne disposent que de l’Angady, la pelle, le Borizina (couteau) comme outils agricoles. Même à l’heure actuelle, très peu des paysans utilisent déjà la charrue. Faute de la maîtrise d’eau, la riziculture irriguée reste dépendante des pluies. En effet les paysans ne peuvent commencer les travaux qu’à l’arrivée de pluies et au moment où les rizières ont trop d’eau ils ne peuvent aussi rien faire. Dans ce cas, ils ne peuvent corriger ni l’insuffisance ni la surabondance de l’eau dans la rizière. Donc la riziculture irriguée reste toujours tributaire de la maîtrise d’eau dans cette commune. 2-3-1-2La culture sur brûlis Elle est caractérisée par le défrichement suivi par le séchage ainsi que le brûlis. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, le défrichement commence au mois de septembre et octobre et puis le séchage et brûlis se dérouleront entre octobre et décembre. Ainsi le semis se déroule entre novembre et janvier. Et le sarclage ne dure que 2 mois, janvier et février. Le gardiennage au mois d’avril s’enchaine par la récolte aux mois de mai et juin. D’après le PCGM1999, la culture pluviale dans la presqu’île Masoala, y compris notre zone d’étude produirait plus de 600kg à l’hectare. Or dans la commune rurale d’Ambohitralanana, plus de 1424ha de terrains sont exploités en culture de riz pluvial. Ceci donne annuellement une récolte de2397 tonnes avec un rendement de 1,7 tonne à l’hectare (PCD 2007). En plus de la culture du riz, les paysans font aussi des alternatives de cultures telles les vanilliers, les caféiers les girofliers, les bananes, le manioc, la patate, ainsi que des cultures maraichères. 31 2-3-2 L’élevage Après l’agriculture, l’élevage vient en seconde place dans les occupations paysannes dans la commune. L’élevage bovin tient le premier rang. Car les bovidés sont très importants dans la vie des Betsimisaraka d’Ambohitralanana. Ils pratiquent l’élevage extensif et contemplatif avec de méthodes encore empiriques. D’après le PCD 2007, la commune rurale d’Ambohitralanana possède 788 têtes de bœufs, 70 têtes de moutons et 76têtes de porcs. 2-3-3 La pêche Parmi les 11 fokontany dans la commune, huit d’entre-eux sont situés sur la côte, bénéficiant ainsi des produits halieutiques. La pêche est l’activité principale des habitants littoraux. Ils sont encore des petits pêcheurs qui pratiquent la pêche traditionnelle. Ils utilisent à la fois la pêche à filet et la pêche en ligne. Ils utilisent aussi la pirogue monoxyle à ramer ou à voile. Les produits obtenus sont encore traités soit avec de feux ou des sels pour avoir les poissons fumés et les poissons salés. La congélation des poissons est encore absente dans cette zone. 2-3-4 L’artisanat Il s’agit de la transformation des ressources naturelles en objet de consommation. Les matières premières utilisées sont les produits forestiers secondaires tels le penja (cypéracées), horefo (cyperus latifolius), Rambo (pandanus), rafia (raphia madagascariensis). La présence de grand marais engorgé de différents types de cypéracées est l’apanage de cette activité. C’est ainsi que le tressage est omniprésent dans chaque fokontany dans cette commune. Les femmes sont les premières actrices de ce métier. Le tressage est souvent exécuté durant les jours« fady », c’est-à-dire le mardi, le jeudi et le dimanche. Les articles obtenus sont les soubiques, les nattes, les chapeaux et les cartables. D’après le PCD2007, la commune rurale d’Ambohitralanana fournit chaque année 16000 soubiques, 1500 nattes en penja, 1200 nattes en horefo, 800 chapeaux en penjaet 300 cartables. Conclusion partielle : En conclusion, le relief de la commune est essentiellement dominé par des paysages collinaires dont plus d’un tiers sont occupés par les hautes collines. Ce relief généralement recouvert des sols ferrallitiques est extrêmement accidenté. Conjugué par des conditions climatiques rigoureuses, il est presque inhospitalier à l’installation humaine. C’est pourquoi, appart du littoral, la commune rurale d’Ambohitralanana est tardivement colonisée par les hommes. C’est pour cela également qu’elle est encore recouverte d’une grande étendue forestière. 32 DEUXIEME PARTIE : LA DEFORESTATION DANS LA COMMUNE RURALE D’AMBOHITRALANANA 33 CHAPITRE TROISIEME: DYNAMIQUE DE LA DEFORESTATION A l’échelle mondiale, aucun pays n’est à l’abri du phénomène de la déforestation. Mais dans les pays tropicaux, elle atteint la phase critique. Selon la FAO, environ 13 millions d’hectares de forêts disparaissent annuellement sur Terre. C’est l’équivalent d’un terrain de foot Ball toutes les quinze secondes. A Madagascar, elle est encore plus dramatique. Ainsi chaque année de 128000 à 300000 ha de forêts malgaches sont détruites soit par le tavy ou par l’exploitation excessive ou par les feux. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, la déforestation aurait été existée depuis la première installation humaine. Elle peut historiquement classifier en quatre grandes périodes : 3-1 Avant 1927 Depuis la période coloniale, comme l’ensemble de la presqu’île Masoala, la commune rurale d’Ambohitralanana a été le théâtre de nombreuses concessions d’exploitations forestières accordées par le gouvernement malagasy aux étrangers. Les forêts depuis Cap Est jusqu’aux environ d’Antalaha furent les premières victimes. La première scierie de Masoala a été installée en 1850 par un dénommé HARDWICK Wilson, originaire de l’île Maurice. Dès 1887, les autorités malgaches ont délivré aux étrangers de gigantesques concessions pour l’exploitation de bois. Ainsi DESIRE Maigrot, citoyen créole Mauricien et consul d’Italie, a reçu une concession forestière de 2500 km2 à Masoala (soit 3fois la superficie de la commune rurale d’Ambohitralanana) à titre de remerciements pour ses efficaces tractations lors de la guerre franco-malgache de 1883 à 1885. La concession accordée à Maigrot pour une période de 10 ans (1887-1897) s’étendait autour de l’ensemble de la péninsule Masoala. Son principal centre d’activités était dans la région du Cap Est, à Angôntsy. Selon Chapotte en 1898, garde générale de la forêt, Maigrot avait aussi établi d’autres bases autour de la côte. Il les avait utilisées comme centre d’exploitation pour l’ébène, le palissandre, le bois de rose et le latex pour la fabrication des gommes et du caoutchouc. Durant les dix années d’exploitation, Maigrot a soustrait environ 10000 tonnes de bois dans la presqu’île Masoala. A part celle de Maigrot, d’autres concessions ont été aussi attribuées au britannique Kingdom et aux Mauriciens Thomé et Cayeux. Toutes ces concessions d’exploitations forestières léguées étaient liées à une contrepartie de 20% de bois abattus, un tiers de récoltes de caoutchouc et 10% des taxes d’exportations, pour l’Etat. Le garde général de la forêt, CHAPOTTE 1898, a précisé que 512m3 (soit 622t)de bois étaient sortis pour l’exportation du port d’Angôntsy entre le 1erjuin 1897 et le 31mars1898.Il ajoute aussi que l’exportation de bois pour l’ensemble de l’île n’était alors que 5 845t en 1922 dont 419t d’ébènes, 253t de palissandre et 5173tles autres bois. Dans ce cas le port d’Angôntsy détient le 10% d’exportation de bois de la grande île. 34 Le garde général de la forêt, Chapotte, en 1898 a fait une estimation globale du potentiel forestier de la presqu’île Masoala : « la péninsule Masoala et la région qui lui fait suite au nord jusqu’aux environs d’Antalaha peuvent être considérées, dans leur ensemble, comme un immense bloc boisé. L’étendue de ce massif est évaluée à environ 4000 km2 ou 400 000ha. Plusieurs brèches ou enclaves de défrichement y ont été pratiquées depuis, du fait de l’homme. Toutefois, la surface transformée en culture, en pâturages ou broussailles est évaluée à un dixième (soit à 40 000 ha). Chapotte cite que les régions attaquées par l’homme sont les suivantes: vallées d’Antsanadriana et ses affluents (fleuve Ankavia à l’ouest d’Antalaha), celle de Mahalevona et Anonibe (Maroantsetra), Onive (actuel Ambohitralanana), les environs de Fampotabe (Fampotakely, Ampanavoana). Les régions d’Antsambavy, de Ratsianarana et d’Angôntsy (dans la commune rurale d’Ambohitralanana), sans être dépourvues de matériaux ligneux, ont déjà été fortement mises à contribution par les exploitations directes ou indirectes d’anciens concessionnaires » (citée par STEVEN (G), 2008, in Paysages naturels et biodiversité de Madagascar). De Lassalle en 1797, longe la côte de Vinanibe à 7 lieues (38 km environ) au sud d’Angôntsy, immédiatement au nord du Cap est, ce pays est très boisé et peu peuplé. On ne pouvait pas faire ce trajet par terre parce que cette partie est si fourrée qu’elle est impénétrable. Un siècle plus tard M Coignet (1867) prospecte dans la région d’Angôntsy puis se rend d’Angontsy à Maroantsetra. Lors de la première partie du voyage du Cap Masoala à Managnarabe (ancien nom du fleuve Onive), en 1863, toute cette zone était couverte de forêt presque continue : il n’existait de clairières que dans les parties incendiées par les indigènes pour les plantations du riz. Plus à l’intérieur on ne peut pas circuler qu’en remontant les fleuves et les cours d’eau. Faute des données relatives à la déforestation de cette zone à cette époque, nous ne pouvons pas donner des valeurs annuelles des superficies forestières défrichées. Il est certes que, vu le faible effectif de population à cette époque et la présence de plaines rizicoles autour du village d’Ambohitralanana, la déforestation y aurait été très faible. Aux dires des paysans, l’activité principale des paysans à cette époque était la pêche, la chasse et la cueillette de latex. Ce dernier est très recherché par les colons. On l’obtient en coupant une liane appelée « vahampingitra » (Andolphiamadagascariensis). Cette liane est très riche en latex. Elle est actuellement en voie de disparition aussi bien dans la commune rurale d’Ambohitralanana que dans la presqu’île Masoala en général. Mais jusqu’en 1927, environ 2817ha de forêts ont disparu dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Ce chiffre est évalué à 33% des superficies forestières défrichées jusqu’en 2009. 35 3-2 De 1927 à 1964 En 1927,une réserve naturelle intégrale fut créée à Masoala. Elle a une superficie de 27682 hectares de forêt dense humide et sempervirente. Or à cette époque400000 ha de massif forestier restant dans l’ensemble de la presqu’île. Ce qui fait que 372 318 ha de forêts sont exclus de la protection dans la RNI de Masoala. La RNI ne représente que 6,9% de la presqu’île Masoala. Les 94,46% sont destinés à l’exploitation des ressources forestières. La réserve naturelle intégrale de Masoala est délimitée sur les bassins versants du fleuve Onive et Ratsianarana (dans l’actuelle commune rurale d’Ambohitralanana). Elle est limitée au nord par la rive gauche du fleuve Onive et à l’est par la mer(océan indien),à l’exception des villages Ambohitralanana, Ambodirafia, Ratsianarana et Antsambavy. Toutes les forêts à l’intérieur de cette délimitation sont formellement interdites à abattre. Et l’exploitation de forêts en dehors de la réserve est soumise à une réglementation qui nécessite une autorisation préalable du service des eaux et forêts français. D’après une source orale (Manoely Henri)1, la réserve naturelle intégrale de Masoala était formée au début par toutes les forêts à l’est du fleuve Onive jusqu’à la mer. Mais comme ces quatre villages cités ci-dessus étaient installés avant la création de cette réserve, les populations résidentes ont demandé l’exclusion de ces villages et les champs qui les entourent. Ainsi en 1955, une nouvelle délimitation de cette réserve fut adoptée, définissant ainsi la RNI jusqu’en 1964. Elle est limitée au nord par le fleuve Onive mais les bornes sont remontées au niveau de Sahafary. A l’est, elle est fixée sur la côte juste au sud d’Ambodirafia ;Ratsianarana et Antsambavy étaient exclus. Les limites de la RNI définies en 1955 demeurent inchangées jusqu’à la fin de la période coloniale. En 1962 la réserve naturelle intégrale de Masoala était officiellement décrétée à nouveau par le premier gouvernement malgache. Cependant, en 1964 ce décret fut abrogé et la RNI fut déclassée en forêt classée, (décret n° 64-381 du16/09/64 cité dans la direction des eaux et forêts, 1993). Durant la période de 1927 à 1964 la déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana ne touche que la zone à l’ouest du fleuve Onive car la partie sur la rive gauche était minutieusement sous surveillance des services des eaux et forêts à cette époque. Malgré le fait que l’administration forestière se déplace rarement dans la zone forestière, les paysans ont peur d’elle. Un rapport explique d’ailleurs que les villageois éprouvent véritablement de la peur devant les agents forestiers (COEFFOR-KEPEM, 1998). Durant la colonisation, il y avait deux catégories de pratiquants du Tavy. D’un côté, il y a ceux qui peuvent assumer les coûts de transactions avec l’administration forestière et donc agissent presque au vue et au su de tous. Cette catégorie regroupe les colons, les Malgaches riches et instruits. 1 Ancien président du Firaisampokontany d’Ambohitralanana 36 Tandis que de l’autre côté, les simples paysans qui ne faisaient pas partie de ce groupe sont obligés d’aller plus loin dans les zones plus discrètes. Durant la période de 1927 à 1964, la plupart des populations indigènes pratiquent le défrichement illicite dans des vallées plus à l’écart échappant au contrôle de l’administration forestière. C’est la raison pour laquelle que la forêt de Masoala est parsemée de vallons défrichés. De 1927 à 1964 (37 ans), 1 793ha ont été défrichées dans la commune rurale d’Ambohitralanana, donnant en moyenne 48ha par an. Ce chiffre est évalué à 21% de l’ensemble de forêts défrichées dans la commune jusqu’en 2009. 3-3 De 1964 à 1997 Après le déclassement de la réserve naturelle intégrale de Masoala en 1964, elle était accordée en tant que concession d’exploitation forestière à la société Grand Moulin de Dakar. Cette dernière avait établi une importante base à Cap Est (dans l’actuelle commune rurale d’Ambohitralanana) où elle a installé les infrastructures nécessaires à cette exploitation. Elle a implanté deux balises au port d’Andrombazaha pour servir des repères d’accostage de leurs bateaux. Actuellement ces balises sont encore en bon état. Elle a construit aussi une route pour l’évacuation des bois vers le port et a créé des layons à l’intérieur de la forêt. Pour ses hélicoptères, elle a aménagé deux terrains d’atterrissage : Antanandavahely et Marivorano. Quand cette société s’est retirée en 1970, les forêts des plaines de cette région étaient presque entièrement ravagées. Ainsi des milliers de troncs d’arbres abattus non évacués sont laissés pourrir sur place. La forêt littorale de la commune rurale d’Ambohitralanana s’étend jusqu’à 12km de la côte. Cela signifie qu’au moment où la société Grand Moulin s’est retirée, toutes les forêts s’étendant jusqu’à 12km de la côte étaient disparues. A partir du déclassement de la RNI en 1964 les paysans locaux étaient conscients que les textes règlementaires relatifs au défrichement se relâchent davantage. Ainsi la délivrance de permis d’exploitation forestière à la société Grand Moulin a donné raison aux paysans qui pensaient que toutes les forêts de cette zone vont disparaitre. C’est à partir de ce moment qu’ils se sont mobilisés davantage pour approprier des terres par le biais du défrichement de forêts primaires. C’est à partir de ce moment aussi que le défrichement de la forêt à l’est du fleuve Onive avait effectivement commencé, car cette dernière était depuis protégée dans la RNI. L’implantation de 1280ha de palmeraie en 1989 à SahanjahanaAmbohimahery a fait disparaitre 800 ha (62,5%) de forêts denses et humides de la commune et seulement 480 ha (37,5%) de formations végétales secondaires. L’ONG Care International, ancien gestionnaire du parc national Masoala (de 1997 à 2003) a souligné que le taux annuel moyen de la déforestation de la péninsule Masoala de 1950 à 1991 (41 ans) était de 0,02% 37 En 1996, la société Malaisienne Timber Master a même demandé l’autorisation d’abattre toute la forêt de Masoala. Heureusement le gouvernement s’est alors opposé à ce projet et a décidé de protéger cette forêt. De 1989 à 1991, le Missouri Botanical Garden (MBG), le département des eaux et forêts (DEF) du Ministère et la branche de développement de l’église luthérienne Malgache (SAFAFI), commencèrent un projet de conservation de forêts dans la presqu’île Masoala pour être suspendu quelques temps après. En 1992 CARE international assura la réconceptualisation de ce projet de telle sorte qu’en 1993 CARE invita Wildlife Conservation Society (WCS) et Peregruine Found pour prendre part à l’avant-projet de conservation. Finalement, le parc national Masoala a vu officiellement le jour le 02 Mars 1997 sous le décret de création N° 97-141, cité dans le journal officiel N° 2444 du 21/07/97 et don t l’inauguration a été effectuée le 19 octobre 1997. La déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana a fait disparaitre plus de 3841ha de forêts de 1964 à 1997 (33 ans), donnant ainsi une vitesse moyenne annuelle de 116ha. Ce chiffre est évalué à 45% des forêts défrichées dans cette commune jusqu’en 2009. Durant cette période, la déforestation y était dans une phase alarmante. Depuis que l’idée de créer un parc fut véhiculée dans cette zone, les paysans locaux accélèrent l’extension de leurs parcelles par le défrichement, car ils ont cru que les terrains déjà défrichés seront exclus du parc. Dans le bassin versant du fleuve Onive, depuis le village d’Ambohitralanana jusqu’ à Antanandavahely la forêt est fortement endommagée d’une manière discontinue. Pareillement le long des affluents (Sinda, Sahamalaza rive gauche et Antsalovana, Ampandriambe rive droite), toute portion de terrain aménageable est déjà exploitée par les premiers venus. A partir d’Antanandavahely, une dizaine d’hameaux se sont implantés pour les mêmes raisons d’aménagements agricoles. Le long d’Ankavia et d’Ankavanana (Onive), des zones défrichées forment un « collier de défrichement » qui est dû au relief accidenté. Depuis les années 80, l’installation des hameaux s’est multipliée au cœur de la forêt tout le long des cours d’eau. Ainsi de 1986 à 1993 huit nouveaux hameaux ont été recensés dans l’étendue forestière du bassin versant d’OniveRatsianarana. Ce sont Tsararapaka en 1986, trois familles ;Beraesy en 1990, une famille ; Anambatoaka en 1990, trois familles ; Ankavanankely en 1990, trois familles ;Ampandriambe en 1990, trois familles; Bizono en 1993, trois familles ; Ambodivahitra en 1993, une famille. Tous les habitants de ces hameaux sont en quête des bas-fonds fertiles pour la rizière et des parcelles aménageables pour le tavy, la plantation de café et de vanille. La déforestation dans le bassin versant du fleuve Ratsianarana s’est essentiellement effectuée durant les quatre dernières décennies (à partir de 1970). 38 Toute la partie basse est quasiment exploitée, obligeant les nouveaux venus à remonter les fleuves. C’est ainsi que tout le long du fleuve a été défriché d’une manière discontinue jusqu’à Sarandrano (Ratsianarana). Et en plus, les paysans étendent petit à petit la surface qu’ils ont occupée : ils s’emparent d’abord des basfonds le long des cours d’eau et ensuite les zones environnantes. 3-4 De 1997 à 2009 La création du parc national Masoala en 1997 a apporté une grande modification sur le rythme de la déforestation aussi bien dans la commune rurale d’Ambohitralanana que dans la Presqu’île Masoala en général. A la création du parc national Masoala en 1997, une bonne partie de la forêt de la commune a été déjà défrichée et en 2009, elle ne reste plus que de 61 764ha. Tableau n°12 : Evolution de la superficie défrichée dans la commune Années Superficie en ha 1997 3,93 1998 8,4 1999 29,25 2000 15,25 2001 11,75 2002 7,7 2003 7,7 2004 6,7 2005 2,5 2006 3,44 2007 5,23 2008 3,3 Source : MNP Antalaha Figure n°07 : Evolution de la superficie forestière défrichée Superficie en ha 35 30 25 20 15 10 5 0 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 Années Le tableau n°12 et la figure n°7, précisent les sup erficies forestières défrichées dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Il en résulte que depuis 1997 jusqu’en 1999 les superficies défrichées ont doublé chaque année dans la commune. Elles passent de 3,93 ha en 1997 à 8,4 ha en 1998 et puis 29,25 ha en 1999. Elles diminuent brusquement de2000 à 2005 et enfin elles se stabilisent à partir de 2006 jusqu’en 2009. Cette variation de la superficie forestière défrichée dans la commune est due aux faits suivants : De 1997 à 1999, les responsables du parc étaient encore dans la phase de sensibilisation des paysans sur la limite du parc et l’interdiction de pratiquer le tavy dans les forêts primaires. 39 2009 2,65 Au début, ces paysans ne connaissaient pas encore les limites du parc ainsi que l’interdiction d’abattre les forêts primaires dans cette commune, c’est pourquoi ils continueraient à défricher les forêts afin d’agrandir leurs champs. En plus, ils ont cru aussi que les zones défrichées vont être exclues du parc et demeurent la possession du défricheur pour toujours, car c’est le cas lors de la rédélimitation de la RNI en 1955.Ce sont probablement les raisons pour lesquelles que les superficies défrichées dans la commune sont en progression continue entre 1997 et 1999. Par ailleurs, de 1999 à 2005 les superficies ont fortement diminué. Cela est dû au fait que les populations locales ont été sensibilisées à l’interdiction du tavy dans l’étendue forestière de la commune et à la conservation de la forêt de cette zone, sans oublier la peur de cinq ans d’emprisonnement pour les défricheurs pris en flagrant délit. Et en plus, la stabilité depuis 2006 jusqu’en 2009 découle de l’intensification de l’exploitation de bois précieux dans cette zone. En fait l’exploitation des bois précieux tels que les bois de rose, les bois d’ébène et autres, procure plus de revenus aux paysans locaux que les productions agricoles issues du tavy. En douze ans (1997-2009), la commune rurale d’Ambohitralanana a perdus 107,5 ha de forêt par le biais du tavy, donnant en moyenne 8,95 ha par an. Au total, depuis 2000, la déforestation par la pratique du Tavy s’est atténuée dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Tandis que les coupes sélectives par le biais de l’exploitation de bois précieux s’intensifient chaque année. Cela veut dire que la forêt dans la commune rurale d’Ambohitralanana diminue faiblement en superficie mais s’appauvrit rapidement en qualité. Tableau N°13 : Evolution de la déforestation dans l a commune rurale d’Ambohitralanana Périodes Avant 1927 1927-1964 1964-1997 1997-2009 Pourcentages 33% 21% 45% 1,26% de forêts défrichées Menaces Tavy+ Tavy+Exploitation Tavy+Exploitation Tavy+Exploitation Exploitation et Feux Source : MNP Antalaha 40 Figure n°08 : Evolution de la déforestation 1% 33% 45% Avant 1927 1927-1964 21% 1964-1997 1997-2009 Le tableau n°13 et la figure n°8, n° révèlent que 45% des superficies forestières défrichées dans cette commune sont effectuées durant la périodede1964à1997, période contre 21% de 1927 à 1964,et 64,et enfin33% enfin ont été entrepris trepris avant 1927 contre 1,26% 1 seulement de 1997 à 2009. Car de 1964 à 1997 aucun programme de conservation de forêts n’a été installé dans cette commune. 3-5 5 L’exploitation illicite de bois de rose dans la commune rurale Ambohitralanana 3-5-1 Historique L’origine de l’exploitation illicite des de bois de rose remonte monte en 2000 lors des passages des cyclones successifs qui ont ravagé les forêts du versant oriental de la péninsule Masoala. En effet, effet après le passage du cyclone Hudah en avril 2000, une autorisation a été délivrée par le Ministère responsable aux exploitants forestiers à titre de ramassage des bois abattus. Mais cette mesure exceptionnelle a donné à ces exploitants l’occasion pour effectuer la coupe généralisée des bois verts vert encore sur pied au cœur de la forêt. Après le passage du cyclone Gafilo Gafilo en Mars 2004, une autre autorisation de collecte et d’évacuation a été attribuée aux exploitants pour une période de 3 mois durant laquelle les exploitants se précipitèrent à couper des bois encore verts et non à l’évacuation de produits autorisés. A la fin de la date butoir, butoir les exploitants déclarent au Ministère qu’ils ont encore beaucoup de produit à évacuer en brousse ou stocks, d’où la naissance de « stocks élastiques ».. Dans ce cas le Ministère a dû prolonger l’autorisation d’évacuation évacuation des stocks. ocks. C’est pourquoi à la fin de l’année 2006 jusqu’au début de l’année 2007, une nouvelle autorisation d’évacuation d’ fut attribuée aux exploitants. Dès le début de l’année 2009 jusqu’au début de l’année 2010 une autre nouvelle autorisation fut accordée aux exploitants pour leur l permettre d’évacuer leurs stocks. 41 3-5-2 L’exploitation Photo n° 07 : Des rondins de bois de rose attachés avec des flotteurs sur la rivière Ankavia, affluent de l’Onive prêt à evacuer Source : Auteur, Mars 2010 Les travaux d’exploitation de bois de rose sont des tâches dures et pénibles. Les noyaux de bois de rose sont taillés par 2,5 m de long. Les produits commercialisables ont un diamètre variant de 25 à45 cm, mais la taille idéale est de 35 à 40 cm de diamètre sur 2,5 m de long. Les rondins sont trainés avec de lianes spéciales (vahasariba et vahambahegny) depuis sa souche jusqu’à la rivière où ils peuvent être trainés avec des flotteurs. Un rondin de 2,5 m de long et 30 à 45 cm de diamètre, a besoin de deux à cinq jeunes hommes pour sa tractation. Dans les rivières, à partir d’une profondeur à hauteur du bassin, les rondins sont attachés à des flotteurs (photo n°07) pour faciliter leur tractation jusqu’au point où ils seront embarqués dans des pirogues monoxyles, qui par la suite les amènent jusqu’à l’embouchure. Un rondin de bois de rose nécessite 02 à 05 flotteurs selon leur taille. Ainsi trois espèces végétales peuvent servir de flotteur, à savoir Makolaody/Makorômbo (Grewiasp), Harongana (harungana madagascariensis), Angezoka (Trema orientalis). Sur le plan économique, l’évacuation d’une pièce de rondin de bois de rose d’amont vers l’aval (dès sa souche jusqu’à Antalaha) coûte en moyenne 400 000 Ar. Or à nos jours le prix d’un kilogramme de bois de rose brute à Antalaha varie de 1 800 à 5000 Ar suivant leur qualité. Tandis que sur le marché international un kilo vaut 8,5 Euros (soit plus de 20 000 Ar). 42 3-5-3 3 Les produits en stocks Un n inventaire de stocks de bois de rose a été effectué par le cantonnement de l’environnement et de forêt rêt d’Antalaha en novembre 2009. D’après cet inventaire, sur les 16 communes dans le district d’Antalaha, 09 communes disposent de stocks de rondins et de plaquettes. Tableau N°14 :Répartition par commune des stocks de bois de rose en 2009 Communes concernées Nombre de rondins Nombre de plaquettes Antalaha ville 1968346 (22,7%) (22 37068 Ambohitralanana 3237977 (37,3%) 2260 Ambalabe 915737 (10,5%) 580 Ampanavoana 1491699 (17,2%) 238 Ambinanifaho 36676 (0,4%) 15053 Ampohibe 721420 (8,3%) 1149 Marofinaritra 112567 (1,2%) 100 Ampahana 87658 (1,01%) 0 Lanjarivo 93210 (1,07%) 0 TOTAL 8665290 56448 Source : Cantonnement de l’Environnement et Forêt (CEF) Antalaha Figure n°09 : Répartition par commune de stocks de bois de rose à Antalaha Antal en 2009 Effectifs de rondins 3500000 3000000 2500000 2000000 1500000 1000000 500000 0 Communes 43 Le tableau n°14 et la figure n°9 indiquent la répa rtition par commune des stocks de bois de rose dans le district d’Antalaha pour l’année 2009. Ils nous montrent que la commune rurale d’Ambohitralanana détient le plus de stocks, avec 3237977 pièces de rondins de bois de rose soit 37,3% de l’ensemble de stocks du district d’Antalaha. Cela signifie que les forêts dans la commune rurale d’Ambohitralanana sont engorgées de cette espèce végétale, et en plus l’exploitation de cette dernière y est très intense. Aux dires des exploitants, un pied de bois de rose exploitable donne en moyenne 4 à 5 rondins de 2,5m de long. Si on fait un calcul simple à partir des stocks de cette commune, on obtient plus de 600 000 pieds de bois de rose vert. Rien qu’en 2009, les quantités de stocks de bois de rose dans cette commune nous donnent l’idée de l’intensification de l’exploitation de cette espèce végétale. En 2009, les exploitants de bois de rose qui suivent le fleuve Onive d’un côté et Ratsianarana de l’autre se sont déjà rencontrés au cœur de la forêt. Cela veut dire que les exploitants ont presque exploité tous les bois de rose de la commune. Donc sans une mesure drastique, les espèces de dalbergia de grande taille vont bientôt disparaitre dans la commune rurale d’Ambohitralanana. 3-6 L’état actuel de la couverture forestière dans la commune La commune rurale d’Ambohitralanana dispose de 61 764 ha de forêt soit 87% de la superficie de la commune. Mais cette grande étendue forestière ne forme pas un grand bloc forestier continu, mais elle est plutôt discontinue et découpée par des complexes formations végétales secondaires et de plantations. Elle est formée par trois catégories de forêts de statut nettement différent à savoir : les forêts dans le grand parc Masoala, les forêts hors parc et la parcelle détachée d’Andranoanala, carte n°3. 3-6-1 La forêt du grand parc Masoala Elle est rattachée au grand bloc forestier de Masoala, carte n°3. Cette formation forestière dense humide et sempervirente est composée de trois strates plus ou moins imbriquées. La canopée est presque discontinue dans des zones à forte pression d’exploitation de bois précieux. Tandis qu’elle est continue dans les secteurs à l’abri de cette exploitation. Actuellement elle demeure la « zone rouge » à cette exploitation. Elle est aussi pauvre en sous bois sauf dans les zones où les canopées sont ouvertes laissant ainsi les jeunes plants à conquérir les espaces vides. Dans cette zone, les arbres peuvent atteindre 25 à 30 m de haut et les émergeants peuvent même dépasser 50 m. Les canopées sont dominées par des épiphytes et les sous-bois sont presque les plantules des grands arbres de la canopée. La forêt du grand parc Masoala dans la commune rurale d’Ambohitralanana a une étendue de 38 574 ha soit 54% de la superficie de la commune. 44 Carte n°03 : Les catégories des forêts dans la comm une 45 3-6-2 La forêt hors limite du parc Elle a une superficie de 23 190 ha soit 32% de la superficie de la commune. Elle est composée de trois strates. La canopée à frondaison dégradée est très discontinue suite à des passages très fréquents des cyclones. Les strates arborescentes et arbustives y sont très développées. Donc elle est une forêt en phase de régénération. Les émergeants sont rares. Cette catégorie de forêt est très disparate et éparpillée dans les formations végétales secondaires. Zone la plus anthropisée, elle demeure le « réservoir » en produits forestiers pour les paysans locaux. Ils y collectent les bois de construction, les bois d’œuvres. Actuellement elle est « semi- protégée » car seule la collecte des produits forestiers y est autorisée et non le défrichement ainsi que la mise à feu. 3-6-3 La parcelle détachée Andranoanala Elle est composée par une partie incendiée et une autre non. Les deux parties sont auparavant frappées par des cyclones très fréquents. Actuellement la partie brulée est peuplée de fougères herbeuses et parsemée de Mongue macarangana ainsi que des Ravenala plus ou moins espacés. L’essence forestière y est très rare. De l’autre côté, la zone marécageuse est recouverte des cypéracées telles que le Penja et Harefo. Les grands arbres y sont brulés et d’autres meurent sur pied. Au total la partie incendiée ressemble au savoka de deux ans en friche, dans laquelle les espèces héliophiles y dominent. Par contre, la partie non brulée est une sorte de formation végétale en phase de régénération. Sur le plan vertical, elle est composée de deux strates à savoir la strate herbeuse et la strate arborescente. Cette dernière est très serrée et impénétrable, pouvant atteindre jusqu’à 2 ou 3 m de haut. Les arbres qui doivent former la canopée sont assommés par des cyclones et les feux. Il n’y reste plus que des troncs morts sur place plus ou moins espacés. Ces troncs témoignent que cette zone était recouverte de forêt littorale dense. Sur les 1300 ha de la parcelle détachée d’Andranoanala, 281 ha (21,6%) sont déjà partis en fumée. Donc, 1019 ha (78,3%) sont encore conservés pour l’instant. 46 CHAPITRE QUATRIEME : LES DIFFERENTES FORMES DE LADEGRADATION DE LA FORETET LES MESURES D’ATTENUATION Les forêts dans la commune rurale d’Ambohitralanana ont subi diverses pressions humaines et climatiques. Le tavy et les feux accidentels les réduisent en quantité tandis que l’exploitation des produits forestiers par le biais des coupes sélectives les dégrade en qualité. Ainsi la dégradation quantitative et la dégradation qualitative s’observent en même temps dans cette commune. 4-1 La dégradation quantitative 4-1-1 La dégradation provoquée par le tavy Photo n° 08 : Tavy sur des parcelles forestières to ut près de Sarandrano dans le bassin versant du fleuve Ratsianarana. Il est à l’extérieur du parcMasoala Source : Auteur, Mars 2010 Le tavy en tant que forme de la dégradation de la forêt, a réduit au fil des années la couverture forestière de la commune. Chaque année, les paysans locaux défrichent les forêts primaires pour cultiver du riz pluvial. Ainsi les zones défrichées avancent petit à petit au détriment de la couverture forestière. Tableau n° 15: Evolution de superficies forestières de 1927 à 2009 Année 1927 1964 1997 Superficie forestière (ha) 67 494 65 702 61 861 Source : MNP Antalaha 47 2009 61 764 Figure n° 10: Evolution de superficies forestières de 1927 à 2009 Années 2009 1997 1964 1927 58 000 60 000 62 000 64 000 66 000 68 000 Superficies forestieres en ha Le tableau n°15 et la figure n°10montrent l’évoluti on de la couverture végétale dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Ils révèlent que durant la période de 1964 à 1997, la couverture végétale de la commune a subi une forte régression, car durant cette période aucun projet de conservation de la forêt n’y était en place. Par contre de 1997 à 2009, cette régression s’est atténuée. Le tavy fragmente le massif forestier en plusieurs petits blocs dispersés les uns des autres. Dans la commune, la parcelle détachée d’Andranoanala, la forêt communautaire de sahafary… sont toutes actuellement isolées les unes des autres par le tavy. 4-1-2 Les Feux accidentels Après le passage du cyclone Hudah en avril 2000, la forêt littorale d’Andranoanala était gravement affectée. La canopée fermée devient ouverte, favorisant ainsi la régénération des sous-bois. Les feuilles mortes, les branches cassées et les grands arbres déracinés ainsi que le sol sableux qui retient peu d’humidité, constituent des conditions favorables à la propagation des feux. Les arbres morts sur pied conjugués par la sécheresse prolongée à la suite du passage du cyclone y favorisent la progression des feux. C’est pourquoi en 2002 un feu de nettoiement non maitrisé issu de la zone de culture, a ravagé 27 ha (2,07%) de la forêt littorale d’Andranoanala. Après chaque passage de cyclone la vulnérabilité de cette forêt s’accroit toujours. Ainsi après le passage du cyclone Gafilo en mars 2004, encore 2 ha (0,15%) de cette forêt sont partis en fumée. Mais le plus dramatique, c’était en 2007 où un feu de nettoiement d’un champ de manioc non maîtrisé a brulé pendant un mois une grande partie de cette forêt littorale. A cet effet, 251 ha (19,3%) ont disparu de ce petit bloc forestier. Au total, plus de 280 ha (soit 21,5% de la forêt littorale de la commune) ont été brûlés en cinq ans (2002-2007), soit 56 ha par an en moyenne. 48 Par ailleurs, la partie de la forêt inclue dans le parc Masoala est à l’abri des risques aux feux car dans cette parcelle le sol ferrallitique rouge/jaune et la canopée fermée conjuguée e par des pluies abondantes abondant lui confèrent une humidité relativement constante à l’intérieur de la forêt. Cette humidité quasi permanente est défavorable à la propagation de feux. Donc, Donc elle est à l’abri de la menace des feux. Bref, seule la forêt littorale demeure le secteur cible des feux dans la commune. 4-1-3 Les effets cycloniques Photo n° 09 : Forêt sur les versants occidentaux de certaines collines à l’abri des rafales des cyclones (dans le bassin versant de la rivièreAnkavia. Photo n° 10 : Forêt sur des versants orientaux de certaines collines assaillis par des rafales des cyclones (bassin versant de la rivière Ankavia, affluent de l’Onive) Source : Auteur Mars 2010 La commune rurale d’Ambohitralanana Ambohitralanana est une zone fréquemment touchée par des perturbations cycloniques. Ainsi de 2000 à 2009 six cyclones l’ont touché. Le passage d’un cyclone affecte profondément les forêts de la commune. Pour la forêt littorale d’Andranoanala, les dégâts sont très importants. importants Comme elle est tout près de la mer, elle demeure la première cible. En 2000, le cyclone Hudah l’a ravagé à 98%. Presque tous les arbres de cette forêt ont été abattus. Ceux qui ne sont pas déracinés ont perdu toutes ses branches et se e feuillages. Après le passage de ce cyclone, on peut voir très loin jusqu’à 5km à travers cette forêt, ce qui est impossible auparavant. 49 La forêt sur le versant occidental des collines est plus à l’abri des dangers que celle de versant oriental, car les cyclones viennent souvent du nord est. Les rafales issues de l’océan indien remontent le versant oriental en laissant en creux le versant occidental pour sauter sur le versant oriental de la colline suivante. Dans ce cas la physionomie de la forêt sur deux versants opposés d’une colline est nettement différente dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Sur le versant oriental assaillis par de rafales, la canopée y est ouverte, les branches sont cassées et les sous-bois deviennent de plus en plus denses, (photo n°10). Tandis que sur le versant occidental, la can opée encore fermée, faible en sous-bois et les frondaisons restent presque intactes, (photo n°9). En 2002, le cyclone Hary a aggravé les dégâts du cyclone précédent. En effet, les rejets encore très jeunes ont été assaillis par les rafales de vents. Le même scenario s’est produit avec le passage du cyclone Gafilo, en 2004, de l’Indlala et Jaya en 2007 ainsi que celui de Jade en avril 2009.On assiste à une dégradation quantitative très poussée des forêts. Au total les cyclones demeurent une menace sérieuse de la forêt dans la commune rurale d’Ambohitralanana, car ils détruisent les structures physionomiques de la végétation. 4-2 La dégradation qualitative Comme nous l’avons mentionné plus haut, la forêt dans la commune rurale d’Ambohitralanana est soumise non seulement à la dégradation quantitative mais aussi à la dégradation qualitative. Cette dernière se présente sous plusieurs formes : 4-2-1 L’ouverture de canopées Photo n° 11 : Piste d’évacuation de bois de rose em pruntée par les exploitants à l’intérieur du parc Masoala dans le bassin versant du fleuve Ratsianarana. Celle-ci crée une vaste clairière au cœur de la forêt Source : Auteur, Mars 2010 50 L’ouverture de canopées constitue une menace phénoménale dans la forêt de la commune rurale d’Ambohitralanana. Les arbres y sont haubanés par la cime par des lianes qui courent d’un arbre à l’autre. Dans ce cas un arbre tronçonné à sa base ne s’écroule pas toujours. Il reste suspendu par la frondaison à ses voisins. Par contre une trouée naturelle ou anthropique comme le percement d’une piste, la coupe sélective intense qui isole les arbres, peut provoquer des écroulements en série à la suite du passage d’un cyclone. Ce phénomène peut se produire dans un milieu forestier à pente forte. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, l’ouverture de la canopée est la conséquence de l’exploitation illicite de bois précieux et du passage fréquent des cyclones. Les exploitants des bois précieux ont créé des pistes d’évacuation des rondins, photo n°11. En plus, la coupe et le tailla ge d’un pied de bois vert peuvent ouvrir une clairière de 3 à 5 m de diamètre. Les exploitants installent des campements au cœur de la forêt. Ces campement ne font que contribuer à l’ouverture de canopées, dans lesquels où les exploitants défrichent leurs alentours jusqu’à 5 à 10 m de diamètres. Un campement abrite entre 10 et 50 exploitants en moyenne. A Mantazanina, à plus de 500 m d’altitude, aux abords de la rivière Ankavia affluent du fleuve Onive, on y a compté plus de 108 paillotes dans un même campement. Ceci est une sorte de petits hameaux créés au cœur de la forêt. D’après une estimation, ce campement de Mantazanina abrite plus de 1000 exploitants. Depuis 2005 le nombre de campements des exploitants recensés ne cesse d’augmenter jusqu’à nos jours. Tableau N° 16: Nombre des campements recensés (de 2 005 à 2009) Année 2005 2006 2007 2008 Nombre de 13 15 20 82 campements Source : MNP Antalaha Figure n°11 : Nombre des campements recensés (de 20 05 à 2009) Nombre de Campements 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 2005 2006 2007 2008 Années 51 2009 2009 82 Le tableau n°15 et la figure n°11, indiquent le nom bre des campements recensés dans la commune rurale d’Ambohitralanana de 2005 à 2009. Il en résulte que les campements des exploitants y augmentent brusquement depuis 2007. Ceci est dû au fait que les exploitants se multiplient de plus en plus. Depuis 2006, les patrons font venir plusieurs milliers de mains d’œuvres dans la commune, car les mains d’œuvres locales sont insuffisantes. De plus, à partir de 2007 la zone d’exploitation devient de plus en plus éloignée. Dans ce cas les exploitants ne peuvent pas faire le va-et-vient entre leur village et la zone d’exploitation, donc ils doivent camper dans la forêt pour mener à bien leur travail. 4-2-2 Diminution de la taille des arbres Du fait d’une forte exploitation illicite de bois précieux et du prélèvement excessif des produits forestiers, les futaies diminuent en nombre et en taille. Un indicateur palpable de cette diminution est le fait qu’avant l’année 2005, le poids moyen des rondins de bois de rose acheminés à Antalaha est de l’ordre de 200 kg la pièce. Suite à la raréfaction des arbres de grandes dimensions, ce chiffre a diminué. De 2005 à 2007,il se situe aux alentours de 150 kg. Tandis qu’actuellement, il décroit à 100 kg la pièce. Un inventaire de bois de rose réalisé par Raymond Rabevohitra et al, 2010, à Beambazaha secteur Ambohitralanana nous y indique la composition demographique de Dalbergia. Il est effectué en avril 2010 sur une parcelle de 3,5 ha. Tableau N°17 : Composition démographique des Dalber gia dans un hectare Diamètres Andramenaberavina Andramenamadinidravina Andramenavolomborona <5cm 75 6 3 5-10 2 2 0 >10cm 3 2 1 Nombre/ha 80 10 4 Source : MNP Antalaha Figure n°12 : Répartition par taille de dalbergia Effectifs de dalbergia 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 <5cm 5-10 cm Diametres en (cm) 52 >10 cm Le tableau n°16 et la figure n°12révèlent que sur 9 2 individus de Dalbergia recensés dans un hectare, seulement quatre d’entre-eux ont un diamètre mesurant entre 5 et 10 cm et six autres individus de diamètre supérieur à 10 cm. Cela signifie que les individus de grandes dimensions ont été déjà exploités. Donc seuls les individus de taille inférieure à 5cm dominent la population de Dalbergia dans ce secteur. En 2003 et 2004 sur le bassin versant du fleuve Onive, la zone d’exploitation se situait à une heure de marche du village d’Antanandavahely. Mais de nos jours, elle recule à 2jours de marche de ce même village, du fait uniquement de l’épuisement des individus de grande taille. Tandis que sur le bassin versant du fleuve Ratsianarana, elle était à 1 heure de temps du village de Ratsianarana, alors qu’actuelle elle est à une journée de marche de ce village. Ceci nous montre que les individus de grande dimension s’épuisent progressivement dans les deux grands bassins versants de la commune. Les fleuves et les cours d’eau constituent la voie d’accès à cette exploitation. Par suite de l’exploitation excessive, certaines espèces végétales sont en voie de disparition dans la commune rurale Ambohitralanana. Ce sont le Bilahy (Evodia fatraina) photo n°12, Makolaody (Grewia sp) photo n°13, Manarana. Ils sont respectivement nécessaires pour la fermentation de boissons alcooliques, flotteur de bois de rose et confection artisanale. De 2000 à 2008, les exploitants larguent sans se soucier des flotteurs utilisés vers l’embouchure. Or suite à sa raréfaction depuis 2009, ils commencent à les recycler. En effet, ils font remonter les flotteurs en aval pour la prochaine évacuation et ainsi de suite. Photo n° 12 : Bilahy (Evodiafatraina), une espèce végétale en voie de disparition dans la forêt de cette commune. Celle-ci a été domestiquée tout près du village Sarandrano (bassin versant du fleuve Ratsianarana) Photo n° 13 : Makolaody (grewia) écorcée, prêt à être employée à Marivorano ; une espèce végétale servant de flotteurs de bois de rose. Elle est aussi en voie de disparition dans cette commune 53 Source : Auteur, Mars 2010 4-2-3 Destruction des individus de régénération Elle est essentiellement due au prélèvement excessif des produits forestiers par les paysans. Tableau N°18 : Utilisation des produits forestiers par les paysans du village de Sahafary Utilisations Nombre de tiges Nombre de tiges prélevées/ménage/an prélevées/les 134 ménages/an Préparation de boisson 3 45 alcoolique Chapeaux 1 70 Bois de chauffe 22 3101 Fibres 13 1759 Murs 297 40 350 Nattes 1 151 Pirogues 1 99 Planches 12 262 Parquets 4 594 Piliers des maisons 15 1981 Toit de maison 375 50 897 Alimentation 11 1474 Total 755 100 783 Source : MNP Antalaha 54 Figure N°13 : Utilisation des produits forestiers par les paysans Effectifs 60000 50000 40000 30000 20000 10000 0 Type d'utilisation Le tableau n°18 révèle que chaque année, plus de 100 0 783 tiges sont prélevées par les 134 ménages du village de Sahafary. En moyenne chaque ménage prélève annuellement 733tiges pour satisfaire leurs besoins. Or la majorité de ces tiges(les tiges matériaux de toits, de murs, de piliers, de fibres, fibres d’ornement et de parquets) parquets se trouvent dans la strate arborescente qui est le plus touchée par le prélèvement excessif des paysans. En somme ce sont les matériaux relatifs à la construction d’habitation qui sont les plus prélevés. 4-3 Les facteurs de la dégradation de la forêt 4-3-1 Les Facteurs socio-culturels socio 4-3-1-1 Appropriation des Terrains Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, selon la tradition les terrains qui sont encore en friches n’appartiennent à personne. Ils sont donc considérés comme les propriétés de la communauté toute entière mais en réalité c’est le premier défricheur du terrain qui demeure le propriétaire définitif.. A cet effet, effet pour avoir plus des terrains il faut défricher plus de parcelles forestières. Cette ette forme d’appropriation de terrain est aggravée par la croissance démographique. En effet, effet une famille nouvellement fondée a besoin de ses propres terrains. Or ceux appartenant aux parents ne peuvent pluss subvenir en même temps leurs enfants en âge de fonder leur propre famille.. Dans ce cas les jeunes mariés sont obligéss de défricher de nouvelles parcelles forestières. forestière 55 Cette forme d’appropriation de terrains, conjuguée par la culture traditionnelle devient catastrophique pour la couverture forestière dans la commune. La pratique culturale traditionnelle ne donne qu’un faible rendement. Pour avoir une autosuffisance alimentaire, les paysans doivent défricher une grande parcelle forestière. Si le rendement annuel du tavy est estimé à 600 kg/ha dans la commune rurale d’Ambohitralanana, une famille de cinq membres nécessite en moyenne deux hectares pour l’autoconsommation annuelle. Avec un cycle de 3 à 10 ans, une famille devrait cumuler des concessions de 6 à 20 ha. Si elle n’en possède pas encore, elle est obligée de défricher d’autres parcelles forestières pour se subvenir. 4-3-1-2Besoins quotidiens des paysans Les produits forestiers sont indispensables à la survie de la population locale. Elle les utilise pour la construction des maisons d’habitation, le transport (pirogue), l’artisanat et même pour les outils funéraires. Donc les produits forestiers sont omniprésents dans leur vie quotidienne. 4-3-1-3Démonstration de valeurs sociales Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, la possession d’une grande étendue de terrain détermine le rang social d’une famille. Plus elle détient plus de terrains plus elle est considérée par la communauté locale, car cette dernière considère la terre comme une richesse éternelle pour les descendants. C’est pourquoi les paysans se mobilisent davantage pour s’approprier des terrains par le biais du défrichement. Dans ce sens les paysans ont principalement le but d’avoir de terrains plus que les autres sans tenir compte de leur mise en valeur rationnelle. D’où la course aux défrichements. 4-3-1-4Faible niveau d’instruction des paysans La plupart des paysans dans la commune rurale d’Ambohitralanana ne bénéficient pas de l’éducation en matière environnementale. Ils ne sont pas conscients de l’importance d’une couverture forestière en matière écologique. Le rôle écologique de la forêt (génératrice de pluies, frein de l’érosion, régulateur du débit de cours d’eau) échappe à leur connaissance. Vu l’immensité de la forêt de Masoala, ces paysans ont cru qu’elle ne s’épuisera jamais. Ils ne sont pas aussi conscients de l’impact de la déforestation qu’ils ont entreprise. Une telle inconscience paysanne demeure catastrophique pour l’avenir de la forêt dans la commune rurale d’Ambohitralanana. 56 4-3-2Les facteurs physico-économiques 4-3-2-1La topographie Elle favorise la dynamique de la déforestation car l’absence d’une grande plaine à vocation rizicole à l’extérieur de la forêt incite la mobilité de la population à la recherche des bas-fonds dans la zone forestière. C’est pourquoi plusieurs bas-fonds défrichés sont enclavés géographiquement au cœur de la forêt de moyenne altitude. Ce sont par exemple Mantazanina (rivière Ankavia, Onive), Marivorano (rivière Ankavanana, Onive), Ampandriambe (affluent de la rivière Ankavanana, Onive). Ces bas-fonds défrichés fragmentent et fragilisent l’étendue forestière de la commune. En un mot, la présence des bas-fonds aménageables au cœur de la forêt incite les paysans à y pénétrer. 4-3-2-2La pauvreté des paysans locaux La majorité des paysans locaux sont pauvres économiquement. Elle n’atteint le plus souvent que de son autosuffisance alimentaire. Et même certaines familles n’arrivent pas à produire leurs besoins alimentaires annuels. Pour compenser à cette insuffisance, les paysans cherchent à augmenter leurs revenus grâce aux produits forestiers. Dans ce cas, ils fabriquent des planches, des pirogues, et des rapaka (troncs de ravinala). Ils exploitent aussi le bilahy (Evodia fatraina), les fibres et les troncs de fougères arborescentes pour uniquement des raisons économiques. Tous ces produits forestiers procurent aux paysans une somme variant de 5000 à 150 000 Ar la pièce. A l’arrivée de l’exploitation de bois de rose dans cette zone, les paysans espèrent s’enrichir à travers elle, car cette dernière est une activité très lucrative. C’est pourquoi les hommes, les femmes et les enfants se sont rués dans cette nouvelle activité. Au niveau des paysans, le prix d’un rondin ne cesse d’augmenter. Il coûte en moyenne entre20 000Aret100 000Ar de 2000 jusqu’en 2005 et entre50000 et200000Ar depuis 2006 (selon leur qualité et leur taille). Au total la forêt demeure la première source de revenus rapides, abondants et accessibles par tous les paysans locaux. Donc son exploitation est la base de leur survie. 4-3-3Les facteurs politico-institutionnels 4-3-3-1Manque de pouvoir de verbalisation au niveau des agents du parc Le Madagascar National Park (MNP) est le gestionnaire de la forêt de Masoala, y compris celle de la commune rurale d’Ambohitralanana. Ses agents patrouillent et surveillent toute l’étendue de cette forêt. Ils assurent le gardiennage, mais ne disposent pas de pouvoir juridique (établissement des procès-verbaux) face aux délits commis dans le parc. Seuls les gardes des eaux et forêts en disposent. Les agents du MNP doivent alors collaborer avec ceux du MEF pour inculper le délinquant qui entre temps, aura le temps de s’enfuir. Dans ce sens, les agents du MNP ne sont que « des sentinelles » à la surveillance de la forêt. 57 Par contre les agents du MEF qui détiennent le plein pouvoir à l’application de la loi forestière, restent stationner dans leur cantonnement. Ils ne savent pas en réalité ce qui se passe vraiment dans la forêt. 4-3-3-2Insuffisance d’effectif du personnel L’effectif des agents des forêts est largement insuffisant aussi bien pour le MEF que pour le MNP. Pour le cantonnement d’Antalaha, deux agents du MEF seulement assurent la tâche d’administration de 350265 ha. De l’autre côté, le parc national Masoala 240000 ha est sous surveillance de 41 agents de terrains, dans laquelle un agent surveille en moyenne plus de 5853 ha de forêts. Cette insuffisance d’effectif est beaucoup plus accentuée dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Ainsi quatre agents seulement assurent la surveillance de 61764 ha dont un agent assure en moyenne 15441 ha. Ces quatre agents patrouillent une fois par mois pendant 15 jours. Il est certes que certains endroits sont annuellement à l’écart de leurs patrouilles, là où les paysans pratiquent le tavy, car cette forêt si immense dispose beaucoup de vallons discrets. En plus, ce faible effectif du personnel est aggravé par l’insuffisance des moyens matériels. Les agents font les patrouilles soit à pied soit en pirogue. Donc les moyens de locomotion pour traverser cette immense étendue de forêt sont rudimentaires et insuffisants. 4-3-3-3Manque d’appui au développement La politique nationale ainsi que la politique forestière sont incompatibles au contexte actuel. On sait très bien que la majorité de la population locale vit grâce aux produits forestiers. La confiscation d’une parcelle forestière exige en contrepartie la création d’une autre alternative de vivre aux paysans riverains. Elle peut être, soit l’intensification de l’agriculture par des techniques modernes soit une création d’emplois. Or, depuis la colonisation jusqu’à nos jours, l’Etat confisque les parcelles forestières sans se soucier des populations riveraines. Cette politique entreprise depuis longtemps reste encore en vigueur dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Ainsi la création du parc national Masoala en 1997, qui embrasse plus de la moitié de la superficie de la commune, n’a suscité aucun appui au développement à la population locale. Or ce parc met en privé la forêt à l’usage de paysans locaux. Si on compare la rentabilité entre une action de protection et celle de l’exploitation de la forêt, cette dernière trouve une justification rationnelle aux yeux des paysans. Car l’avantage de la protection de la forêt ne contribue pas à l’amélioration de leurs vies quotidiennes. Donc ils sont dépossédés de leur propriété ancestrale. Cette dépossession suivie par l’absence de soutien au développement des paysans locaux rend infructueux les efforts de protection de la forêt dans cette commune, car les paysans continuent secrètement leurs activités dans la forêt. 58 En conclusion la forêt dans la commune rurale d’Ambohitralanana se dégrade à cause des actions anthropiques excessives qui sont aggravées par les formes topographiques et les politiques entreprises par les responsables. 4-4 Les mesures d’atténuations 4-4-1 Amélioration des techniques culturales Les techniques culturales dans la commune rurale d’Ambohitralanana demeurent encore traditionnelles et peu productives. Actuellement peu des paysans utilisent la charrue. Les outils les plus utilisés sont l’angady, le borizina, sans oublier le système de pietinage à bœufs. L’amélioration de ces moyens de production s’avère donc nécessaire voire indispensable. La vulgarisation de l’utilisation de charrues qui est actuellement à la portée des paysans peut être envisagée. Les petites plaines et bas-fonds doivent être aménagés. Faute d’irrigation, la plupart d’entre-eux restent inutilisables. Donc l’irrigation suivie de l’application du SRI ou du SRA assure le meilleur rendement agricole aux paysans. Le système de la STABEX est indispensable à la rénovation de la culture d’exportation comme les vanilliers, les girofliers et les caféiers. Cette amélioration du système cultural doit être aussi suivie de la stabilité de prix. Une telle amélioration doit embrasser le domaine d’élevage en introduisant le système d’élevage intensif à la place d’élevage extensif qui y domine actuel. 4-4-2 Introduction des techniques alternatives viables On peut en citer plusieurs qui sont applicables à la commune rurale d’Ambohitralanana. Ce sont l’utilisation des foyers économiques, la technique de pisciculture et l’amélioration de la technique de pêche. Les foyers économiques sont très utiles à la réduction des bois de chauffe et charbon utilisé par les ménages. Quant à la pisciculture, elle peut à la fois contribuer à l’augmentation des revenus mais aussi servir de l’alimentation. Comme la commune dispose de 35 km de côte, la pêche joue un rôle très important dans la survie des paysans locaux. La pêche traditionnelle y est pratiquée. Elle est peu productive et n’envisage pas l’avenir de cette filière. Donc la mise en place des techniques modernes, respectant les normes requises assure normalement la survie de pêcheurs, car leurs activités deviendront non seulement productives mais aussi durables. Ce sont le respect des mailles de filet, le respect de calendrier de pêche, l’utilisation des pirogues motorisés, le système de congélation, ainsi que l’équipement des petits pêcheurs. D’après nos enquêtes aux petits pêcheurs, ils ont gagné en moyenne de 150 000 à 200 000 Ar par mois selon les conditions météorologiques locales. Dans ce cas, avec une bonne gestion de ses revenus, ils peuvent avoir des pirogues motorisés et des matérielles de conservation. Car s’il le faut une épargne de 100 000 Ar, au bout de trois ans les petits pécheurs auront un « moteur hors-bord » 9 chevaux de puissance. 59 4-4-3 Augmentation des ressources : en personnel et matériel On a signalé que les agents qui assurent la protection de la forêt dans la commune sont largement insuffisants. Cette insuffisance de personnel est exacerbée par le manque de moyens matériels. Dans ce cas l’augmentation d’effectif et des moyens matériels est une bonne solution à envisager à la préservation de cette couverture forestière. Elle doit être suivie par le renforcement de surveillance des forêts en « décentralisant » les agents. En effet, il est nécessaire de mettre un ou deux agents dans chaque fokontany de la commune au lieu de les laisser stationner dans le chef-lieu de la commune. 4-4-4 Sensibilisation et éducation de la population riveraine La plupart de populations riveraines ne savent pas à quel point une couverture végétale est-elle importante en matière écologique. Dans ce cas, il est absolument nécessaire de les sensibiliser, les éduquer et les informer pour qu’elles soient conscientes de l’importance de la forêt. En fait, il est logique qu’on n’arrive pas à respecter surtout à protéger quelque chose qu’on ignore son importance. Et la sensibilisation doit toucher toutes les couches sociales, mais surtout les écoliers. Il faut les apprendre à aimer et à protéger la nature dès son enfance. Pour cela le MNP doit recruter des éducateurs spécialisés en matière écologique et environnementale. 4-4-5 Responsabilisation avec motivation de la population riveraine Depuis la colonisation, les populations riveraines jugées destructrices des forêts, ont été exclues de la responsabilité de la conservation de la forêt. Elles sont privées de droit à cette dernière. Dans ce cas la remise de responsabilités aux paysans avec motivation semble résoudre le problème de la déforestation dans cette commune. Si possible, la gestion de la forêt toute entière dans la commune doit être entre les mains de paysans locaux par le biais de la GELOSE ou GCF. Dans ces deux modes de gestion l’élaboration et l’application des « DINA » est indispensable. Ces deux modes de gestion semblent plus efficaces, car les paysans jugés destructeurs de la forêt, vont assurer la protection et en plus ils tirent les profits de cette protection. 4-4-6 La réorganisation de l’exploitation de palmiers à huile. « Le palmier à huile » à Cap Est, est une plantation de 184 470 pieds de palmes répartis dans 1290 ha de superficie. Cette plantation est installée à Sahanjahana en 1989. Elle avait donné plus de 500 emplois aux jeunes locaux. Elle est presque fermée depuis 2003, c'est-à-dire le responsable actuel ne recrute des ouvriers qu’en période de moisson. A l’absence de récolte les ouvriers sont licenciés. La société responsable actuelle ne s’intéresse qu’à la production. Donc la réorganisation de celle-ci assure à nouveau la création de plus de 500 emplois stables à la population locale. En effet, à l’absence des récoltes, au lieu de licencier les ouvriers, ils doivent entretenir les pieds des palmiers pour que ces derniers produisent plus. En même temps, les propriétaires auront de bon rendement et les paysans locaux ont toujours d’emplois. 60 4-4-7 Application de lois Dans une société, il y a toujours deux groupes de personnes : l’une est consciente par une simple sensibilisation ou éducation et l’autre n’est consciente qu’avec de pressions ou de punitions. Dans le cas de ces dernières, les sanctions des délinquants en matière forestière sont utiles pour la préservation de la forêt dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Ce sont, par exemple la reforestation forcée de parcelle défrichée par les défricheurs eux-mêmes et l’emprisonnement si nécessaire. Pour conclure, les mesures d’atténuation envisagées à la lutte contre la déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana demeurent des solutions relatives aux activités humaines. Elles améliorent directement ou indirectement la vie courante des paysans locaux. Donc la lutte contre la pauvreté est aussi la lutte contre la déforestation. Conclusion partielle : Pour conclure, la vitesse et les formes de la déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana varient en fonction de la situation politique de l’Etat. Avant la période coloniale, la déforestation se progresse sans encombre par le biais du tavy et de l’exploitation des bois précieux. Et après elle se ralentit jusqu’à l’indépendance et de nouveau progresse davantage jusqu’à l’an 2000 par le biais du tavy essentiellement. A partir de l’an 2000, elle se développe par l’intensification de l’exploitation de bois de rose. Donc la déforestation dans la commune est due essentiellement aux actions anthropiques. Mais elle est favorisée par des conditions climatiques et topographiques locales. Dans ce cas, atténuer la déforestation c’est de remédier les problèmes socio-économiques des populations locales. 61 TROISIÈME PARTIE : IMPACTS DE LA DÉFORESTATION SUR LE MILIEU 62 CHAPITRE CINQUIEME : CHANGEMENT MICROCLIMATIQUE ET DEGRADATION DU SOL 5-1 Le changement microclimatique D’après la Direction générale de la météorologie Ampandrianomby, l’évolution des températures de l’air à Madagascar durant le XIXème siècle identifiée dans la moitié sud et nord est comme suit : Les températures ont commencé à refroidir pendant les années 40, atteignant un minimum durant la période 1950-1970 (identique pour les deux régions : nord et sud). Après cette période, il y a eu une augmentation globale de températures. Ce fait est évident car l’augmentation des températures entre 1970 et 2000 est très rapide. A Madagascar le réchauffement a commencé dans la moitié sud du pays à partir de 1950 et s’étend au nord à partir de 1970. En l’an 2000, le niveau de réchauffement de la moitié sud de Madagascar est plus important que la moitié nord. Par apport aux quatre premières décennies du siècle, la température moyenne en l’an 2000 a augmenté approximativement de 0,2°C. Mais pour la moitié nord du pays cette augme ntation est inférieure à 0,1°C. L’évolution de températures à Madagascar est analogue à ce qui s’est passé au niveau mondial. La tendance à l’augmentation de températures est significative à Madagascar. Pour les tendances, selon les résultats des études faites au sein de la Direction de la météorologie et de l’hydrologie de Madagascar, par apport à la période 1961-1990, l’ensemble de Madagascar connaitrait une augmentation de la température vers 2055. Cette hausse varie d’une région à une autre : Une hausse importante dans le sud de 1,6°C à 2,6°C Une augmentation plus faible le long des régions côtières, de 1,1°C à1,8°C Une augmentation comprise entre 1,3°C et 2,5°C sur le reste de l’île. 5-1-1 L’Irrégularité de température Le réchauffement climatique est un phénomène faisant suite au renforcement de l’effet de serre naturel de l’atmosphère. Le responsable de ce réchauffement est l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre qui sont en majorité issues des activités humaines. La réponse du système climatique au réchauffement de l’atmosphère se manifeste sous forme de changement climatique à l’échelle globale ou locale. Donc la manifestation de ce dernier n’est pas identique à la surface de la Terre. 63 Tableau N°19: Variation de température à Antalaha de 1961 à 2002 Période Moyenne Mois le plus Mois le plus annuelle chaud frais 1961-1990 24,4 26,6(Février) 20,8(Juin) 1991-2002 24,7 28,9(Février) 18,6(Août) Amplitude thermiques 5,8 10,3 Source : Monographie de la région SAVA Figure n°14 : Variation de température à Antalaha 35 30 25 20 1961 1961-1990 15 1991 1991-2002 10 5 0 Moyenne annuelle Mois le plus chaud Mois le plus frais Amplitude thermique Le tableau n°19 et la figure n°1 4,, résument les températures de 1961 à1990 et de 1991 à 2002.. Ils en résultent qu’il qu’il y a une légère augmentation de température estivale de 1991 à 2002 par apport de 1961 à 1990.Par contre en hiver, la température diminue beaucoup plus profonde de 1991 à 2002 par apport de 1961 à 1990. Cette forte variation tion thermique entre l’été et l’hiver pour les deux périodes est due aux faits suivants : lis des tavy et d’autres activités anthropiques, les gaz à effet Par suite des brûlis de serre se concentrent davantage dans da l’atmosphère.. Ce sont le dioxyde de carbone(CO2), le méthane (CH4), (CH4) l’ozone (O3), l’oxyde nitreux (NO2), le protoxyde d’azote (NOx), la vapeur d’eau et les composés organiques volatiles non méthaniques (COVNM).. Ces GES qui avaient laissé passer la lumière sans encombre, ont par contre la propriété d’absorber absorber une partie de ces infrarouges. Tout comme la surface de la terre, ils vont dissiper cette énergie en émettant eux aussi des infrarouges dont une partie retourne vers le sol et le chauffant donc une deuxième fois après que le soleil l’ait fait une première fois. 64 Par contre en hiver, le froid excessif est dû :Les végétations assurent la majorité de l’émission de vapeur d’eau dans l’atmosphère, même à l’absence de forte chaleur. A la suite de la déforestation l’air devient de plus en plus sec. Cette sécheresse de l’air s’exacerbe davantage en hiver. Or les vapeurs d’eau contribuent approximativement à l’effet de serre jusqu’à 55%, contre le dioxyde de carbone 29%, ozone 2%, méthane 2%, et oxyde nitreux 2% (www.manicore.com). Dans ce cas la faible proportion de la vapeur d’eau en hiver favorise la diminution profonde de la température. En un mot, la déforestation déstabilise le phénomène thermique. Elle peut entrainer à la fois l’augmentation excessive et la diminution profonde de la température régionale. 5-1-2 L’irrégularité pluviométrique Tableau n°20: Moyennes mensuelles des pluies à Ant alaha (1991 à 2003) Janv Fév Mars Avr Mai Juin Juil Aout Sept Oct Nov Dec 410,4 59,4 1991 394,7 350,4 475 1992 297,8 694,8 130,5 576,6 196,2 180,9 102,1 95,1 1993 180 1994 202,3 198,4 443,6 44,2 303,4 56 217,9 137,5 80,9 101,2 54,4 425,6 2265,4 1995 612,9 399,8 168,4 383 263,9 53,6 179,8 130,1 58 140,2 88,4 282,3 2630,3 1996 243,8 578,8 287,4 53,7 241,4 98,6 127,8 106,6 50,6 91,8 1997 238,7 673,2 213,1 136,4 161 262,6 186,8 12,4 1998 320,4 288,5 249,6 234 66,2 1999 335,3 288,9 254,8 195,1 148,8 114,3 211,3 173,5 86,8 24,7 38,2 162,6 2034,3 2000 19,7 24,3 119 266,5 1974,2 2001 191,5 252,2 230,8 60,3 2002 192 2003 230,9 356,2 304 610,9 189,3 212,9 31,6 39 305,7 373,5 122,3 93,2 89,5 196,6 119,3 80,8 264,3 31,6 293 Total 2765 145,1 50,7 89,4 355,4 2914,6 129,7 219,6 110,2 165,8 77,1 88,5 111,3 2126,9 250 72,4 86,3 33 143,4 242,6 94,9 300,5 132,6 129,7 91,5 Moyenne 288,2 430,1 263,4 227,3 179,6 131,3 168 Source : Service météorologique Ampandrianomby 65 139,9 187,9 43,1 189,1 117,3 93,6 147,3 123,1 79,8 165,2 129,6 210,8 339,5 21,7 104,2 45,1 130,1 136 22,4 158,1 1773,6 10,5 266,4 2044 58,1 156 115,8 67,9 72,2 1855,1 1460,2 81,1 140 405,1 1955,1 44,8 30 122,4 109,7 91 242,8 1999 69,7 244,1 2316,4 Figure N°15 : Variation pluviométrique annuelle à A ntalaha 3500 3000 2500 2000 Pluies 1500 Moyennes annuelles 1000 500 0 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 D’après la figure n°15, la quantité pluviométrique annuelle dans notre zone d’étude ne cesse de diminuer depuis 1991jusqu’en 2003.Mais une forte diminution s’est effectuée à partir de 1996.Sur les douze années étudiées, quatre années seulement (1991, 1992, 1994 et 1995) ont la quantité supérieur ou égale à la moyenne annuelles (2316,4mm). Tableau N°21 : Les moyennes quinquennales mobiles ( station d’Antalaha) Années Moyennes annuelles Moyenne Quinquennale mobile (MQM) 1991 2765 1992 2914,6 1993 2126,9 2548,4 1994 2265,4 2342,1 1995 2630,3 2168 1996 1773,6 2113,6 1997 2044 2067,4 1998 1855,1 1936,2 1999 2034,3 1873,5 2000 1974,2 1855,7 2001 1460,2 1884,5 2002 1955,1 2003 1999 66 Figure n°16 : Courbes des moyennes quinquennales mobiles (station d’Antalaha) Pluies en mm 3000 2500 2000 1500 MQM 1000 Moyennes annuelles 500 Années 0 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 Le tableau n°21 et la figure n°16, montrent les moy ennes quinquennales mobiles de la station d’Antalaha de 1991 à 2003. Même si la période que nous avons étudié est assez courte, mais, on peut voir quand même la tendance pluviométrique à travers cette période. Ainsi, la pluie dans cette zone a une tendance générale à diminuer durant cette période, car sur cette figure la quantité pluviométrique ne cesse de diminuer dès 1993 jusqu’en 2001. En somme la quantité pluviométrique dans notre zone d’étude n’a pas non seulement diminué, mais elle devient aussi inégalement répartie tout au long de l’année durant la période de 1991 à 2003. 5-1-3 La fréquence des cyclones Tableau N°22 : Les cyclones ayant touché notre zone d’étude de 1985 à 1999 Noms des perturbations Date du passage Appellation météorologique NADIA Mars 1994 CT JOSIE Février 1997 CT Tableau n°23 : Les cyclones ayant touché notre zone d’étude de 2000 à 2009 Noms des perturbations Date du passage Appellation météorologique GLORIA Mars 2000 TTM HUDAH Avril 2000 CTTI HARY Mars 2002 CTTI GAFILO Mars 2004 CTTI INDLALA Mars 2007 CTI JAYA Mars 2007 CTI JADE Avril 2009 FTT Source : Service météorologique Ampandrianomby 67 Les tableaux n°22 et 23, montrent les cyclones touc hant notre zone d’étude depuis 1985 jusqu’en 2009 (24 ans). Deux cyclones l’ont touché de 1985 jusqu’en 1999 (14 ans).Tandis que de 2000 jusqu’en 2009 (09 ans), sept perturbations cycloniques ont touché cette zone. Durant cette période, les cyclones deviennent de plus en plus fréquents et puissants. Entre 1985 et 1999, on n’enregistrait que des perturbations atmosphériques de type cyclone tropical (CT). Mais depuis l’an 2000 elles s’intensifient d’où la formation d’autres catégories : cyclone tropical intense(CTI) et cyclone tropical très intense (CTTI).Les passages très fréquents des perturbations cycloniques dans notre zone d’étude sont dus probablement aux faits suivants : par suite de la déforestation, la température atmosphérique augmente. Cette augmentation réchauffe à leur tour la surface de l’océan (océan indien).Et l’océan chaud (26°C au moins),est une condition fav orable cyclones. Plus l’océan est chaud plus les cyclones qui s’y traversent deviennent de plus en plus nombreux et puissants. En conclusion, la déforestation entraine la déstabilisation du régime pluviométrique. Elle favorise la diminution de quantités pluviométriques et l’inégale répartition annuelle des pluies. Elle favorise aussi l’augmentation de températures atmosphériques. Cette dernière affecte celle de l’océan, et donnant ainsi la condition favorable aux cyclones. 5-2 La dégradation du sol 5-2-1L’érosion A la suite du défrichement d’une parcelle forestière, le sol devient sans protège. Même si les formations végétales secondaires viennent s’y installer rapidement, elles ne sont pas si efficaces comme les formations forestières à la protection du sol. Au moment d’une averse, deux cas peuvent se produire, à savoir l’érosion élémentaire et le glissement de terrain. Dans le 1er cas, les formations végétales secondaires n’arrivent pas efficacement à amortir le choc provoqué par les gouttes de pluies. Dans ce cas les eaux, au lieu de s’infiltrer dans le manteau d’altération, vont former les eaux de ruissellement très violent. Ces dernières arrachent les matériaux meubles sur leurs trajets et les déversent dans les cours d’eau. Ces eaux de ruissellement vont rapidement gonfler les cours d’eau en lui donnant ainsi la coloration rouge. Cette dernière témoigne bel et bien la manifestation d’érosion en amont du cours d’eau. Si la même parcelle est défrichée fréquemment, ce phénomène d’érosion s’aggrave par la formation des rill set puis des gulies. Cette forme d’érosion réduit agronomiquement la qualité du sol, car l’horizon A va être décapé progressivement par les eaux de ruissellement. 68 Quant au glissement de terrain, il se produit sur des versants abrupts. A la suite d’une grosse averse, les sols se ramollissent et deviennent visqueux. Sous la force de pesanteur, les sols rengorgés d’eau se détachent du versant de colline, comme sur la photo n°14. Ce phénomène se produit ra rement dans une parcelle forestière. Par contre, il s’observe fréquemment sous la formation végétale herbeuse, car les racines de cette dernière ne pénètrent pas en profondeur pour pouvoir soutenir le sol. Photo n°14 : Glissement de terrain Cette photo n°14, prise sur le bassin versant de la rivière Ankavanana, affluent du fleuve Onive montre un phénomène de glissement de terrain de type en planche. Cette cicatrice a environ 5 m de large sur 30 m de long. Il s’étend du sommet jusqu’à la base du versant. Source : Auteur, Mars 2010 En un mot, la déforestation crée un déséquilibre pédologique. Elle favorise la modification de la structure et de la composition du sol. Elle entraine aussi la pauvreté en qualité mécanique et agronomique du sol. 5-2-2 L’érosion marine De l’embouchure du fleuve Onive jusqu’au village d’Ambodirafia, la côte est sableuse. Elle était recouverte par des végétations dont le filaos (casuarina equisitifolia) est le plus abondant. Ce dernier assure la protection de la côte face à l’érosion marine. Or depuis les années 80, les populations environnantes commencèrent à les détruire pour leurs besoins quotidiens. En plus les récifs frangeants qui protègent les côtes y sont discontinus. Cette discontinuité laisse les vagues déferler directement sur la côte. Ainsi sur cette partie, les vagues vont, sans encombre, déferler sur la côte. Ce déferlement entraine le démaigrissement de cette partie. Aux dires des paysans locaux, le premier village dans la commune, Andraoka, était abandonné au début du XIXème siècle à cause uniquement d’érosion marine. Actuellement le vestige de ce village (affleurement rocheux en marée basse) se trouve environ à 500 m de la côte actuelle. L’anse entre l’embouchure du fleuve Onive et l’ancien village d’Andrombazaha s’enfonce de plus en plus. On voit cette anse sur le fond de la photo n°:15 69 Photo n° 15 : Une érosion marine très active toucha nt cette route au niveau d’Andrombazaha Source : Auteur, Mars 2010 En 2000, cette route reliant le chef-lieu de la commune et le village d’Ambodirafia, était à 20 m de la côte. Actuellement (2010), elle touche cette route telle qu’on observe sur la photo n°15. L’érosion m arine sur cette partie a une vitesse moyenne de 2 m par an. Sur les autres parties de la côte dans la commune, l’érosion marine y est peu importante, car les récifs frangeants empêchent le déferlement des vagues sur la côte. Donc, ils assurent efficacement sa protection contre l’érosion marine. Pour conclure, le changement microclimatique et la dégradation du sol sont les conséquences négatives de la déforestation. A travers ces deux impacts, le premier favorise l’aggravation du second dans la mesure où la sécheresse prolongée accentue la manifestation d’érosion. Donc ils sont en étroites corrélations. 70 CHAPITRE SIXIEME : IMPACTS SUR LES COURS D’EAUETLES ACTIVITES PAYSANNES 6-1 Impacts sur les cours d’eau 6-1-1 Ensablement du lit Le phénomène d’ensablement du lit des cours d’eau caractérise actuellement presque tous les cours d’eau de la presqu’île Masoala. Il est dû essentiellement à la destruction des forêts sur les bassins versants. A l’absence de la couverture végétale sur le bassin versant, les eaux de ruissellement enlèvent les matériaux meubles qui, s’accumulent d’abord dans les ruisseaux et seront ensuite transportés dans les rivières et les fleuves. A chaque crue, ils s’entassent de plus en plus dans les lits. Au début, ces matériaux colmatent d’abord les eaux profondes. Et après, le niveau du lit monte progressivement. Si ce phénomène continue, on aboutit à l’affleurement des bancs sableux et des îlots de sables, comme sur la photo n°16 Photo n° 16 : Formation d’un banc sableux dans le l it du fleuve Onive au niveau de Sahafary. Source : Auteur, Mars 2010 L’exhaussement du lit est très fréquent dans le fleuve Onive, qui finit par l’apparition des bancs sableux et des ilots de sables. Depuis le village d’Antanandavahely jusqu’à l’embouchure, on compte plus d’une dizaine d’îlots de sables, dont le plus grand (photo n°16) se trouve à mi-distance entre le village de Sahafary et celui d’Antanandavahely, a environ 100m de long sur 30 m de large. Depuis l’an 2000, à cause du phénomène d’ensablement, le fleuve Onive devient peu profond. Ainsi plus de la moitié de ce fleuve est franchissable à gué en été, et surtout au mois d’octobre et novembre ; il est très difficile à naviguer même avec de petites pirogues monoxyles. 71 Du fait de l’ensablement, les rapides disparaissent un en un dans le fleuve Onive, car ce phénomène entraine le remblaiement du lit, d’où la disparition des rapides. Depuis le village d’Antanandavahely jusqu’à l’embouchure on avait compté 12 rapides avant l’an 2000. De nos jours, 2010, il ne reste plus qu’un seul rapide, celui d’Andriandava, qui est dû à la présence d’une faille qui recoupe ce fleuve au niveau d’Ambohimandresy. C’est probablement pour cette raison qu’elle est encore actuellement en bon état. Avant l’an 2000, le fleuve Onive était navigable en bateau de 50t jusqu’à 5 km de l’embouchure toute l’année. Mais à cause de l’ensablement il n’est actuellement navigable qu’en bateau de 20 t, et uniquement en marée haute pendant la saison de pluies. Ailleurs, le phénomène d’ensablement du lit est moins important par rapport au fleuve Onive. Il est encore minime dans le fleuve Ratsianarana, car la majorité de leur bassin versant est encore recouverte de forêts primaires. Phénomènes liés à la déforestation GLISSEMENT DE TERRAIN DEFORESTATION ENSABLEMENT DU LIT VEGETATION SECONDAIRE EROSION SOL DEPOURVU DE PROTECTION FORMATION DES RILLS COLMATAGE DES EAUXPROFONDES FORMATION DES EAUX DE RUISSELLEMENT FORMATION DES GULIES REMBLAIEMENT DU LIT APPARITION DES ILOTS DES SABLES LIT A SEC Pour conclure, le phénomène d’ensablement du lit des cours d’eau est le prolongement du phénomène d’érosion. Plus les bassins versants sont érodés, plus les cours d’eau sont ensablés. Or l’érosion est essentiellement due à la déforestation. Donc la déforestation, l’érosion et l’ensablement du lit des cours d’eau sont trois phénomènes en parfaite relation dans le façonnement des paysages. 72 6-1-2 Crues violentes D’après ANDY LIPIKS, président fondateur de « Tree people », à la suite d’une grosse averse, un arbre adulte emmagasine, comme dans une éponge, 216 litres d’eau. Il les purifie et les réintroduit dans la nappe phréatique. A l’absence d’une telle végétation, ces eaux qui doivent s’infiltrer dans la nappe phréatique, vont s’écouler rapidement et violemment dans les cours d’eau entrainant avec elles tous les objets sur son passage. Dans la commune rurale d’Ambohitralanana, les cours d’eau sont généralement en crues une heure de temps après les grosses averses. Dans ce cas, les cours d’eau deviennent très puissants favorisant ainsi l’élargissement de son lit. D’après la carte n°04, le lit du fleuve Onive s’éla rgit progressivement depuis le village d’Antanandavahely jusqu’à l’embouchure. Cet élargissement a environ une vitesse moyenne de 0,5 à 1 m par an selon la position du rivage par apport au courant d’eau. Les terrasses fluviatiles sont les plus touchées par ce phénomène. Actuellement la largeur moyenne du lit du fleuve Onive varie de 50 à 150 m dans son cour inferieur. A travers cet élargissement, deux faits vont se produire : l’érosion latérale et l’alluvionnement. Ils se manifestent parallèlement, c'est-à-dire quant une rive est érodée l’autre en opposée est engraissée. Quant au fleuve Ratsianarana, l’ensablement est encore moins important. Sur ce dernier, très peu de bancs sableux et de rives érodées s’y observent. Pour conclure, la déforestation favorise les crues violentes qui déstabilisent les rives des cours d’eau. 73 74 6-1-3 Assèchement progressif des cours d’eau. La couverture végétale empêche l’évaporation de nappes phréatiques. Or la plupart des sources des affluents de l’Onive et de Ratsianarana sont déjà défrichées. En effet, sur les 48 affluents de l’Onive, 18 (37,5%) ont déjà des sources pratiquement dénudées. A la suite du défrichement de sources des cours d’eau, les nappes phréatiques ne sont plus suffisamment alimentées car le taux d’infiltration diminue. Et en plus ces nappes phréatiques sont exposées à l’évaporation provoquant la diminution progressive de son volume. Or, le débit d’un cours d’eau dépend avant tout de l’importance de la nappe phréatique. La majorité des cours d’eau dans la commune rurale d’Ambohitralanana est actuellement menacée par l’assèchement progressif, notamment le fleuve Onive. Un indicateur palpable à ce sujet est le tarissement progressif du ruisseau Antsalôvana, (à l’ouest du village d’Antanandavahely). Avant les années 80, il est facilement navigable en pirogue jusqu’à 3 km de son embouchure. De nos jours, il n’est navigable qu’en crue seulement. En été, surtout en marée haute, les eaux saumâtres remontent les fleuves. Pour le cas de l’Onive, les eaux saumâtres ne peuvent remonter qu’à 3 km de l’embouchure avant les années 80 et se manifestent uniquement en été. Tandis qu’actuellement, elles peuvent remonter jusqu’à 5 à 7 km de l’embouchure et sont quasi permanentes, (même en hiver).Ces situations sont dues à la diminution du débit de ce fleuve entrainant la diminution de sa force qui repousse les eaux de mer, d’où la montée relativement facile des eaux saumâtres. Aux dires des paysans locaux, les marées hautes ne peuvent pas sentir que jusqu’à Ambanimangy (8 km de l’embouchure environ), avant les années 80. Mais actuellement, elles peuvent se manifester jusqu’à Sahafary (12 km de l’embouchure environ). Pour le cas du fleuve Ratsianarana, il n’y a pas de grande modification, car le débit de ce dernier est encore assez fort pour pouvoir repousser les eaux de mer. En conclusion, à la suite de la déforestation, les cours d’eau tarissent progressivement, les mécanismes des marées changent et Ils deviennent de plus en plus inhabituels. 75 6-2 Impacts sur les activités paysannes. 6-2-1 Les enjeux de la riziculture inondée Dans la commune rurale d’Ambohitralanana les rizicultures inondées ont été aussi touchées par les effets de la déforestation. En été, les fleuves y sont fréquemment en crues durant lesquelles, ils débordent en déposant des tonnes de sables et des matériaux plus fins provoquant ainsi l’’alluvionnement et l’ensablement. Si le premier phénomène assure la refertilisation du sol, le second par contre, endommage les rizières qui deviennent inutilisables, car les sables sont défavorables à la riziculture. Ce phénomène d’ensablement réduit la superficie des terrains cultivable dans la commune, car il affecte beaucoup de rizières le long des fleuves Onive et Ratsianarana (carte n°04), où sont concent rées plus de la moitié des rizières. Seules les rizières à l’écart de ces deux fleuves sont à l’abri à ce phénomène. Or par faute de la topographie dans la commune rurale d’Amboitralanana, très peu de rizières se trouvent à l’écart de cours d’eau surtout les fleuves. A cause de l’irrégularité des pluies, les calendriers agricoles y ont changé. Ils suivent strictement la tombée de pluies. Avant les années 80, les pratiquants de « vary taona » y sont peu nombreux, car la plupart des rizières ont trop d’eau, donc inaccessibles. Dans ce cas, la majorité des paysans pratiquent uniquement le « vary ririnina ». Ainsi le semis se faisait au mois de mai et la récolte au mois de septembre, tableau n°25. Si la récolte se prolonge un peu, les cultures seront endommagées par des crues. Actuellement, le semis de « vary ririnina » se fait au mois de juin, juillet et la récolte au mois d’octobre et novembre. Ainsi de nos jours, tous les ménages pratiquent à la fois le « vary ririnina » et le « vary taona », car les rizières deviennent accessibles en été. Les paysans consacrent même davantage leur temps au second qu’au premier car en hiver les pluies sont insuffisantes pour pouvoir inonder les rizières, alors qu’en été, elles sont satisfaisantes. Tableau N° 24: Calendrier agricole de la rizicultur e inondée CALENDRIER AVANT LES ANNEES 80 Mois J F M A M J J A S O N D VaryRirinina SEMIS RECOLTE VaryTaona Pratiquants peu nombreux (la majorité des paysans pratiquent le tavy) CALENDRIER ACTUEL Mois J F M A M J J A S O N D VaryRirinina SEMIS RECOLTE VaryTaona RECOLTE SEMIS Source : Paysans locaux 76 Carte n°05 : Ensablement et envasement des Rizières Rizières ensablées ou envasées 77 6-2-2 Les enjeux de la culture de rentes La commune rurale d’Ambohitralanana était une zone productrice de café, de girofle et de vanille. Mais les cyclones très fréquents depuis l’an 2000 les ont détruits. Par exemple, le cyclone Hudah en avril 2000 avait détruit à 90% les cultures de rente dans cette commune. Puis les paysans ont réhabilité leurs plantations. Deux ans après, (en 2002), ces mêmes plantations ont été à nouveau ravagées par le cyclone Hary. Ainsi, le même scenario s’est reproduit en 2004, en 2007 et puis en 2009. La destruction répétitive de ces plantations a découragé les paysans. Ainsi, actuellement les paysans locaux s’orientent davantage vers la culture à cycle court, comme le manioc, le maïs, le riz et certains légumes. Les vanilliers, les girofliers et les caféiers sont presque abandonnés dans cette commune. Seules les personnes âgées de plus de 40 ans les pratiquent encore. A titre d’exemple durant la campagne de vanille 2010, cette commune n’a pas produit plus de 2 tonnes de vanilles vertes, alors qu’avant cette date, elle pouvait produire jusqu’à 100 tonnes. 6-2-3 Les enjeux de la construction d’habitation Photo n° 17 : Maison ancien modèle, témoin de l’abondance des matériaux de construction d’habitat dans le village d’Ambohitralanana Photo n° 18 : Maison nouveau modèle témoin de la raréfaction actuelle des matériaux de construction d’habitat à Ambohitralanana Source : Auteur, Mai 2010 A la suite de la déforestation progressive dans la commune, les matériaux de construction deviennent de plus en plus rares. A travers cette difficulté, les paysans locaux ont obligatoirement changé la taille et la forme de leur maison. 78 Avant les années 80 quand les matériaux de construction étaient encore abondants et non loin du village, les paysans construisirent leurs maisons à la dimension qu’ils ont voulue. Ainsi, la plupart ont généralement 6 m de long sur 4 m de large et 4 m de hauteur, photo n°:17. En moyenne ce type d’habitat,« maison ancien modèle »,a besoin de 36 piliers de 4m, 800 pièces de falafa de 4m, 800 pièces de kasaka et 20 pièces de rapaka de 5m. A titre d’exemple, au dire des paysans la zone de collecte de matériaux de construction d’habitation était à une heure de temps de marche du chef-lieu de la commune avant les années 80. Tandis qu’actuellement elle est à 4 ou 5 heures de temps (parfois même plus). Par exemple, on n’obtient le « rapaka »qu’à 12 km du chef-lieu de la commune, au niveau de Sahafary. Actuellement, les paysans locaux adoptent obligatoirement une nouvelle forme d’habitation plus économique en matériaux. Elle a en général la dimension de 4 m de long sur 2,5 m de large et 2,5 m de hauteur. Elle emprunte donc la forme d’un bungalow, photo n°18.Cette nouvelle forme d’habitat ion nécessite en moyenne de 17 piliers de 2m, 400 pièces de falafa de 2m, 300 pièces de kasaka et 10 pièces de rapaka de 3m. En plus de la rareté des matériaux, les passages très fréquents des cyclones ont aussi obligé les paysans à adopter cette nouvelle forme d’habitation. Ainsi comme elle est basse et de taille moyenne, elle devient plus résistante aux dégâts cycloniques. Dans ce cas elle demeure le refuge des paysans locaux. Conclusion partielle : En un mot, la déforestation affecte profondément tous les éléments de la commune rurale d’Ambohitralanana. L’aspect microclimatique a changé dont les pluies et les températures qui deviennent irrégulières. Ceci favorise la dégradation du sol dans laquelle l’érosion élémentaire et le glissement du terrain demeurent les plus caractéristiques. A l’instar du microclimat, les cours d’eau et les activités paysannes sont aussi sérieusement menacés. Les lits et les rizières sont ensablés entrainant ainsi le remblaiement. Ce dernier favorise l’assèchement progressif des cours d’eau et l’inaccessibilité des rizières. 79 Conclusion générale En guise de conclusion, on peut dire que la commune rurale d’Ambohitralanana est parmi les communes vertes à Madagascar, car elle dispose d’une grande étendue de forêt. Mais cette dernière était depuis toujours menacée par plusieurs formes de la déforestation, dont le tavy et l’exploitation forestière qui demeurent les plus importants. La déforestation est une activité par laquelle les paysans ruraux assurent leur survie quotidienne, car leur vie dépend beaucoup des produits forestiers. Donc interdire la déforestation sans mesures d’accompagnement aux profits des paysans riverains, c’est mettre en danger leur vie. A leurs yeux, la déforestation, que se soit par le tavy ou par l’exploitation des produits forestiers trouve des justifications rationnelles que la protection de forêt, car cette dernière ne contribue pas vraiment à l’amélioration des revenus des paysans riverains. C’est pourquoi les efforts de conservation de la forêt étaient depuis toujours, vains dans cette commune. Il est certes qu’actuellement la déforestation a bouleversé les conditions climatiques, les cours d’eau ainsi que les activités socio-économiques de la population riveraine, mais les changements climatiques eux-mêmes favorisent l’ouverture progressive de la couverture végétale. Pour les températures, elles augmentent de plus en plus en été et diminuent profondément en hiver, avec une amplitude qui s’écarte de plus en plus. Quant à la pluviométrie, elle a une tendance générale à la diminution durant la dernière décennie. Et en plus, elle devient inégalement répartie tout au long de l’année, c'est-à-dire l’écart entre le mois pluvieux et le moins pluvieux s’élargit toujours. En plus, les pluies tombent tantôt en avance et tantôt en retard par rapport au calendrier agricole local. Les cyclones deviennent de plus en plus nombreux et puissants sur cette région entrainant ainsi beaucoup de dégâts pour son passage. Appart des conditions climatiques, les cours d’eau et les activités paysannes sont aussi gravement affectés. En effet, certains lits sont ensablés et d’autre sont menacés d’assèchement progressif. Les crues deviennent de plus en plus violentes favorisant ainsi l’érosion latérale des lits. Les crues violentes refertilisent et endommagent les rizières en même temps, dans la mesure où elles déposent à la fois des limons argileux et des sables dans les rizières. 80 Comme la déforestation est en relation directe avec la survie des paysans, sa solution est obligatoirement liée à cette dernière. Pour pouvoir freiner la déforestation dans cette commune il faut résoudre d’abord les problèmes de développement axé sur la survie des paysans locaux. Les changements climatiques sont remarqués par les paysans eux-mêmes car les activités agricoles, pastorales ainsi que l’exploitation des ressources halieutiques sont sérieusement affectées, mais ils ne sont pas convaincus de la part de la déforestation dans ce phénomène. Donc il est absolument nécessaire de les sensibiliser à partir de cet indice pour parachever efficacement la lutte contre la déforestation dans la commune rurale d’Ambohitralanana. Enfin, comme la forêt est encore un des moyens fondamentaux de survie des paysans, l’interdiction totale de la déforestation est actuellement impossible, seule l’atténuation y demeure possible dans la commune rurale d’Ambohitralanana. 81 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES I-OUVRAGES GENERAUX 1- ANGAP, ONE, Monographie nationale sur la biodiversité, édition 1995, 2-DONQUE(G), 1966, Contribution géographique à l’étude du climat de Madagascar, Paris, P.U.F, 356 pages. 3-GEORGES (P), 1970, Dictionnaire de Géographie, Paris, P.U.F, 485 pages. 4-PETIT (M), 2003, L’homme et la forêt à Madagascar, quatre siècles d’évolution du paysage forestier, Institut de civilisation-Musée d’art et archéologie, série de travaux et documents N°28, 332 pages. 5-PETIT (M), 1998, Présentation physique de la grande île Madagascar, FTM Antananarivo, 178 pages. 6-RAJOELISON (L G), 1997, Etude sylvicole de la forêt tropicale Malagasy, ESSATForêt, Université d’Antananarivo, 138 pages. 7-SIGRID (A), RAZAFIARISON, BERTRAND (A), 2003, Déforestations et systèmes agraires à Madagascar, les dynamiques du tavy sur la côte orientale, CIRAD, CITE, FOFIFA, 210 pages. 8-STEVEN (G), 2008, Paysages naturels et biodiversité de Madagascar, 494 pages. II- OUVRAGES SPECIFIQUES A-DOCUMENTS 9-Monographie de la région SAVA, édition juin 2003. 10-Plan communal de développement de la commune rurale d’Ambohitralanana, édition 2003 et 2007. 11-Plan de gestion et de conservation du parc national Masoala, édition 1999 et 2007 12-Proposition des limites du parc national Masoala soumise sous la direction des Eaux et forêts, CARE, édition, Février 1995, Antananarivo. 13-ROGER (G) et al, 2005, Forêt pluviale de Masoala au zoo de Zurich, 164 pages. 82 B-RAPPORTS 14-RABEVOHITRA (R) et al, 2010, Rapport final sur l’inventaire de bois de rose dans le parc national Masoala. 15-Rapport sur l’exploitation illicite de bois précieux, dans le secteur d’Antalaha du parc national Masoala, ANGAP, Mars 2005. 16-RAYMOND(I) et al, 1996, Rapport sur le suivi de l’utilisation des ressources naturelles forestières de Masoala (BV7, BV4, BV5, BV2). 17-RAYMOND(I) et al, 1999, Rapport sur le suivi de l’utilisation villageoise des ressources naturelles forestières. III- MEMOIRE 18-RAYMOND(I), 1995, Approche phytoécologique sur l’évaluation qualitative et quantitative des utilisations villageoises des ressources naturelles en forêts denses humides sempervirentes. Cas du village d’Ambanizana, presqu’île Masoala. Mémoire de diplôme d’étude approfondie en sciences, Université d’Antananarivo. IV-SITESWEB DE REFERENCE 19-site web wikipedia 20-www.cite-sciences.fr 21-www.cnes.fr 22-www.manicore.com 83 ANNEXES 84 I Les trajectoires des cyclones 85 86 87 88 II-Planches photographiques Photo n°01: Andramena madinidravina (Dalbergia Sp) Photo n°02: Andramena beravina (Dalbergia Sp) Auteur, Mars 2010 Photo n°03 : Lit inferieur du fleuve Onive attaqué par l’érosion latérale au niveau du village d’Ambohitralanana Photo n°04 : Vestige d’îlot d’Angôntsy au nord est d’Ambodirafia Auteur, Mars 2010 89 Photo n°05 : Champs de caféier décapé par de crues au niveau d’Ambohimandresy Photo n°06 : Campement des exploitants de bois de rose à Mantazanina (affluent d’Ankavia) Auteur, Mars 2010 Photo n°07 : Exploitants entrain de tirer un rondin de bois de rose à Mantazanina Photo n°08 : Népenthès (Plante insectivore et carnivore), espèce phare de la forêt littorale d’Andranoanala Auteur, Mars 2010 90 III-L’Arbre généalogique des dirigeants de la commune On signale que les personnes ci-dessous sont citées par ordre de succession au pouvoir. Les grands chefsdu village d’Andrombazaha Botovelona, Tsalahatra, Ambaravavy, Koliny, et Samisonina. Les chefs de canton RamonjaJaonary, Lala Andrianarison, Rakotoarimy Eugene, Zara Paul, Tsiahimpa Bazily, Mena Bruno, Rabearison Simon, Rajaonarison Emile Albert, Mena Bruno, Velonasa Ignace, Mandanona, Fanony, Armand Remy, Ravelomanantsoa Victor (Menabaotra), Jocia, Razafimahatratra jean Louis, Rakotoniaina Gervé, Rakotoarison Justin, Ndriantsoa Jerome, Eliane Armanana. Les presidents de Firaisampokotany Manoel Henri, Thomas Kamisy, Begnivo, Bernard Arson, Laibôtra François, Kiva Jean Pierre. Les Maires Tavôno, Laibôtra François, Kiva Jean Pierre, Delien 91 Tables des matieres Sommaire ................................................................................................................................. i Résumé .................................................................................................................................... ii Liste des tableaux ................................................................................................................ iii Liste des cartes et des figures ......................................................................................... iv Liste des photos .................................................................................................................... v Glossaire................................................................................................................................. vi Les essences forestières les plus utilisées par les paysans locaux .................... vii Liste des acronymes ......................................................................................................... viii Introduction générale ........................................................................................................... 1 PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE ....... 5 CHAPITRE PREMIER : LES COMPOSANTES BIOPHYSIQUES ........................... 6 1-1Reliefs, sol et hydrographie ................................................................................................... 6 1-1-1 Les reliefs de la commune rurale d’Ambohitralanana ............................................................. 6 1-1-1-1La plaine littorale sableuse et marécageuse .............................................................................. 6 1-1-1-2 Les paysages collinaires granitiques ......................................................................................... 6 a- Les basses collines ....................................................................................................................... 7 b -Les moyennes collines .................................................................................................................. 7 c-Les hautes collines ........................................................................................................................ 7 d-Les bas-fonds ................................................................................................................................. 8 1-1-2 Les sols et les formations superficielles sableuses ................................................................ 8 1-1-2-1Les sols ferrallitiques .................................................................................................................. 9 1-1-2-2Les sols hydromorphes .............................................................................................................. 9 1-1-2-3Les sols d’apports fluviatiles ..................................................................................................... 10 1-1-2-4Les formations sableuses ......................................................................................................... 10 aLes Sables marins .................................................................................................................. 10 bLes sables quartzitiques ......................................................................................................... 11 1-1-3 L’hydrographie .......................................................................................................................... 11 1-1-3-1Le fleuve Onive/Iagnobe ........................................................................................................... 12 1-1-3-2Le fleuve Ratsianarana ............................................................................................................. 13 1-1-3-3Les lacs .................................................................................................................................... 13 1-2 Les formations végétales ..................................................................................................... 14 1-2-1 Les formations forestières ............................................................................................................... 15 1-2-2 Les formations végétales secondaires : les savoka ........................................................................ 16 1-3Les conditions climatiques ................................................................................................... 18 1-3-1 La température ................................................................................................................................ 18 1-3-2 Les pluies ........................................................................................................................................ 19 1-3-3 L’humidité ........................................................................................................................................ 21 1-3-4 Les cyclones ................................................................................................................................... 21 CHAPITRE DEUXIEME : LES COMPOSANTES HUMAINES ............................. 24 2-1 Histoire de peuplement, les us et coutumes ................................................................ 24 2-1-1 L’Origine de la population ........................................................................................................... 24 2-1-2 Les conditions de peuplement......................................................................................................... 25 2-1-3 Les us et coutumes ......................................................................................................................... 25 2-1-3-1Les Tabous ............................................................................................................................... 26 2-1-3-2L’exhumation et le partage des biens ....................................................................................... 26 2-1-3-3La pratique du Tavy .................................................................................................................. 26 2-1-3-4La croyance ancestrale ............................................................................................................ 26 92 2.2 Les caractéristiques de la population ................................................................................. 26 2 .2.1La natalité ........................................................................................................................................ 26 2.2.2 La mortalité ...................................................................................................................................... 27 2.2.3 L’accroissement naturel................................................................................................................... 27 2-2-4 La répartition spatiale de la population............................................................................................ 30 2-3 Les Activités humaines ........................................................................................................ 31 2-3-1 L’agriculture .................................................................................................................................... 31 2-3-1-1La riziculture irriguée ................................................................................................................ 31 2-3-1-2La culture sur brûlis .................................................................................................................. 31 2-3-2 L’élevage ......................................................................................................................................... 32 2-3-3 La pêche ......................................................................................................................................... 32 2-3-4 L’artisanat ....................................................................................................................................... 32 DEUXIEME PARTIE : LA DEFORESTATION DANS LA COMMUNE RURALE D’AMBOHITRALANANA .................................................................................................................................................. 33 CHAPITRE TROISIEME: DYNAMIQUE DE LA DEFORESTATION ...................... 34 3-1 Avant 1927 ............................................................................................................................. 34 3-2 De 1927 à 1964 ....................................................................................................................... 36 3-3 De 1964 à 1997 ....................................................................................................................... 37 3-5 L’exploitation illicite de bois de rose dans la commune rurale Ambohitralanana ......... 41 3-5-1 Historique ........................................................................................................................................ 41 3-5-2 L’exploitation ................................................................................................................................... 42 3-5-3 Les produits en stocks .................................................................................................................... 43 3-6 L’état actuel de la couverture forestière dans la commune ............................................. 44 3-6-1 La forêt du grand parc Masoala ...................................................................................................... 44 3-6-2 La forêt hors limite du parc .............................................................................................................. 46 CHAPITRE QUATRIEME : LES DIFFERENTES FORMES DE LADEGRADATION DE LA FORETET LES MESURES D’ATTENUATION ........................................... 47 4-1 La dégradation quantitative ................................................................................................. 47 4-1-1 La dégradation provoquée par le tavy ............................................................................................. 47 4-1-2 Les Feux accidentels ...................................................................................................................... 48 4-1-3 Les effets cycloniques ..................................................................................................................... 49 4-2 La dégradation qualitative .................................................................................................... 50 4-2-2 Diminution de la taille des arbres .................................................................................................... 52 4-2-3 Destruction des individus de régénération ...................................................................................... 54 4-3 Les facteurs de la dégradation de la forêt .......................................................................... 55 4-3-1 Les Facteurs socio-culturels ........................................................................................................ 55 4-3-1-1 Appropriation des Terrains ...................................................................................................... 55 4-3-1-2Besoins quotidiens des paysans .............................................................................................. 56 4-3-1-4Faible niveau d’instruction des paysans ................................................................................... 56 4-3-2Les facteurs physico-économiques .................................................................................................. 57 4-3-2-1La topographie.......................................................................................................................... 57 4-3-2-2La pauvreté des paysans locaux .............................................................................................. 57 4-3-3Les facteurs politico-institutionnels................................................................................................... 57 4-3-3-1Manque de pouvoir de verbalisation au niveau des agents du parc ......................................... 57 4-3-3-2Insuffisance d’effectif du personnel ......................................................................................... 58 4-3-3-3Manque d’appui au développement.......................................................................................... 58 4-4 Les mesures d’atténuations ................................................................................................. 59 4-4-1 Amélioration des techniques culturales ........................................................................................... 59 4-4-2 Introduction des techniques alternatives viables ............................................................................. 59 4-4-3 Augmentation des ressources : en personnel et matériel ............................................................... 60 4-4-4 Sensibilisation et éducation de la population riveraine .................................................................... 60 4-4-5 Responsabilisation avec motivation de la population riveraine ....................................................... 60 4-4-6 La réorganisation de l’exploitation de palmiers à huile. ................................................................... 60 93 4-4-7 Application de lois .................................................................................................................... 61 TROISIÈME PARTIE : IMPACTS DE LA DÉFORESTATION SUR LE MILIEU.... 62 CHAPITRE CINQUIEME : CHANGEMENT MICROCLIMATIQUE ET DEGRADATION DU SOL ...................................................................................... 63 5-1 Le changement microclimatique ......................................................................................... 63 5-1-1 L’Irrégularité de température ........................................................................................................... 63 5-1-2 L’irrégularité pluviométrique ............................................................................................................ 65 5-1-3 La fréquence des cyclones ............................................................................................................. 67 5-2 La dégradation du sol ........................................................................................................... 68 5-2-1L’érosion .......................................................................................................................................... 68 5-2-2 L’érosion marine.............................................................................................................................. 69 CHAPITRE SIXIEME : IMPACTS SUR LES COURS D’EAUETLES ACTIVITES PAYSANNES ........................................................................................................ 71 6-1 Impacts sur les cours d’eau ................................................................................................. 71 6-1-1 Ensablement du lit........................................................................................................................... 71 6-1-2 Crues violentes ............................................................................................................................... 73 6-1-3 Assèchement progressif des cours d’eau. ...................................................................................... 75 6-2 Impacts sur les activités paysannes. .................................................................................. 76 6-2-1 Les enjeux de la riziculture inondée ................................................................................................ 76 6-2-2 Les enjeux de la culture de rentes .................................................................................................. 78 6-2-3 Les enjeux de la construction d’habitation ...................................................................................... 78 Conclusion générale .......................................................................................................... 80 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ............................................................................. 82 ANNEXES .............................................................................................................................. 84 I LES TRAJECTOIRES DES CYCLONES ......................................................................... 85 II-PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES.............................................................................. 89 III-L’ARBRE GENEALOGIQUE DES DIRIGEANTS DE LA COMMUNE .................................... 91 Tables des matieres ................................................................................................................ 92 94