La scène qui va suivre, et qui me hante, est une des raisons pour

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La scène qui va suivre, et qui me hante, est une des raisons pour
La scène qui va suivre, et qui me hante, est une des raisons pour lesquelles on m’a accordé de
redescendre. Je viens de nulle part, on m’a ôté du paradis, et je fais une descente directe aux enfers. On
accorde très peu la réincarnation, surtout pour les gens comme moi, qui n’ont pas été exemplaires. On
accorde très peu la réincarnation, et sur la longue liste d’attente sont prioritaires les gens qui veulent se
venger. Ce qui est mon cas. Je suis donc la réincarnation de ma propre vengeance. Le théâtre du crime,
comme le dit Poe, j’en suis victime. J’en suis d’ailleurs le personnage principal. Ce qui s’est passé avant
ne compte plus. Ce qui se passera ensuite ne compte pas.
La dernière fois qu’Arthur et moi avons fait l’amour. Retour en arrière de quelques heures, peutêtre même quelques jours. Portishead tournait en boucle dans notre petit lecteur CD minable. Arthur
enlevait ses vêtements très doucement pendant que ses doigts glissaient sur ma peau brulante. Les
volets étaient à demi-fermées, la pièce baignait dans une sorte de lumière rougeâtre. Il était
probablement très tard, ou très tôt. Arthur faisait des allers-retours, ses cheveux bruns retombant sur
mon visage. Cela durait des heures et des heures, chaque fois plus intense. Le CD redémarrait, parfois
rayait, ou bien même le lecteur s’éteignait brutalement.
Et puis il y avait ensuite la cigarette. Celle que je cherchais à chaque instant, celle qui fait tourner la tête,
comme la première que l’on prend, tellement fort qu’on finit par tousser et virer vermillon. C’est pour
cette raison qu’Arthur ne m’appelait jamais par mon prénom. Toujours Vermillion. Nous étions nus, et
aucun mot ne sortait de notre bouche. Nous étions plongés dans un silence qui chaque fois donnait à
réfléchir. Puis je prenais une douche rapide, je m’habillais et nous partions quelque part rencontrer les
amis d’Arthur. Les vampires. Les gens nous appelaient de cette manière, parce que nous vivions la nuit.
Nous étions permanente insomnie et manque de sommeil.
Le jour, Arthur et moi travaillions au même endroit. J’étais, comme on dit maintenant pour bien
faire, technicienne de surface dans un hôtel snobinard, et Arthur était réceptionniste. Il avait jusque là
toujours eu du mal à trouver du boulot, pour délit de sale gueule. Livide, pale comme un linge, ses
cheveux retombant devant son visage, des yeux minuscules et souvent rouges. La plupart des
employeurs avec qui il passait des entretiens étaient persuadés qu’il était stone à longueur de journée.
J’ai du faire une centaine d’heures supplémentaires pour qu’on l’accepte à la réception. C’est comme ça
que cela marchait à l’hôtel Régence. Donnant-donnant.
Nous commencions à la même heure et finissions à la même heure. 7h-20h, avec une pause de
2h le midi. Là, en général, nous trainions dans des bars gays ou lesbiens, parce que les gens ne nous
regardaient pas de travers. Les gens ne nous regardaient même pas. Comparé à ce qu’on pouvait voir,
nous étions même inexistants, inintéressants. Puis nous sommes devenus des habitués et l’un de nous
faisait quelques extras le week-end ou la soirée pour arrondir les fins de mois. Arthur et moi, c’est une
longue histoire assez compliqué. Une histoire qui commence sur de mauvaises bases. Une histoire
complexe et qu’on ne peut définir. Il trompait ses ex avec moi. J’étais la petite salope de l’histoire, celle
qu’on appelle pour passer un petit moment avant de voir l’autre. Je participais à une vie double, j’en
étais même l’héroïne. J’étais persuadée que la maitresse était plus importante que l’autre, qu’elle
apportait tout et comblait ce qui manquait. J’étais persuadée que la maitresse était la muse. Arthur n’a
fait que m’en apporter la preuve pendant quelques années.
Puis je me suis trouvé un type de 5 ans mon ainé quand j’en ai eu marre. Ce que je voulais,
c’était Arthur. Et c’était le seul moyen de l’avoir. Je suis toujours navrée pour l’autre type. D’autant plus
qu’il me filait sans arrêt de l’argent parce qu’il savait que je ne pouvais pas combler l’énorme découvert
sur mon compte, qui se soldait à plus de quatre chiffres. Ca a duré deux semaines, Arthur n’a pas
supporté, bien évidemment. Et je me suis bien gardée de lui dire à combien ça pouvait être difficile
d’être la maitresse, l’amante. Celle qui attend à longueur de journées que son téléphone sonne ou que
l’on frappe à la porte. Celle qui se lève seule le matin, quand elle arrive à dormir un minimum. Celle qui
passe sa journée devant la télé pour ne pas voir le temps passer ou pour ne pas rater une visite. Celle qui
laisse des petits mots sur la porte en sachant qu’ils seront toujours là au retour. Celle qui dépense
compulsivement ses thunes en CD, DVD, fringues ou shooters les soirs où l’absence est plus dure que
tout le reste. Voilà comment j’en suis arrivée à un découvert affriolant. Parfois, il m’arrivait de passer des
journées totalement bourrée. Quand je ne travaillais pas. Quand je ne savais pas encore que j’avais un
découvert aussi important. Junk food, crasse et paquets de clopes vides. Un triste constat pour une
pauvre fille comme moi. Mon père a fini à la rue quand j’avais 6 ans. Quand j’avais 8 ans, il faisait le
tapin. Je filais droit dans la même direction.
Arthur, lui, était tout le contraire. Arthur avait un prénom composé. Un nom de famille qui commence
par un de. Un bourge rebelle. A 12 ans, il a découvert l’anarchie. Il portait quelques uns de ces tee-shirt
ridicules et clichés avec un portait de Che Guevara. Ces gens qui prêtent à sourire lorsqu’on les croise
dans la rue. Jeune et ignorants. Jeune et plein d’espoir. C’était tellement cool d’être un mec fade et sans
personnalité qui ressemblait à une centaine d’autres. A 15 ans, il a eu sa période gothique. Ongles noirs
et tee-shirt de vieux groupes. Iron Maiden et tout le gratin hard-rock. Là encore, il ressemblait à une
centaines d’autres mecs, mais c’était déjà mieux que Slipknot et sûrement plus crédible qu’un pseudo
révolutionnaire qui aurait fini dictateur. Au moins il ne répondait pas que Che était un chanteur quand
on lui posait la question. Puis à 17 ans, il a découvert le plaisir du mystérieux et indescriptible Lovecraft.
Pendant des mois, il a passé son temps à faire des recherches sur internet. Il s’était mis en tête de
retrouver Cthulu. Dieu merci, ça lui a passé au fil des années. Puis Arthur, 19 ans, a décidé que la société
de consommation nous pourrissait de l’intérieur, que rien ne vaut un bon Do-It-Yourself, que le punk
sauvera le monde et que Brody Dalle est une déesse. Il n’a pas trouvé ça tout seul. Brody Dalle, la
sauvageonne et irrésistible nana des Distillers. C’est grâce à elle que je l’ai rencontré, c’est ça le plus
drôle. Je me trimballais tranquillement dans la rue. Il s’est approché de moi et a commencé à me parler
en anglais. Je ne sais pas pourquoi, mais je lui ai répondu en espagnol. Sur le moment, je trouvais ça très
drôle. Lui en revanche, n’a même pas souri. Deux jours plus tard, je finissais dans son lit qui grince à
chacun de nos mouvements, chacun de nos gestes.
La vérité, c’est que je suis totalement dingue d’Arthur. Que je ne peux pas me passer de lui. Je
suis accro. Même si je trouve cela délicat, déjà vu et un tantinet mielleux. Mais il n’y pas d’autres mots.
Il y a souvent très peu de mots pour décrire ce que l’on ressent, à vrai dire. Moi qui avait toujours
détesté les gamins, je savais qu’au fond de moi, c’est avec lui que je voulais finir ma vie misérable de
pauvre fille fauchée en permanence et perdue où qu’elle aille.
La vérité, c’est qu’Arthur a besoin de moi. Que personne d’autre que moi ne le comprend. Je sais
toujours quoi faire et quand, même si cela m’a pris des mois pour savoir comment il fonctionnait. La nuit
où on m’a pris, cela faisait pile 3 ans qu’on était vraiment ensemble. Et probablement 5 ou 6 ans qu’on
se fréquentait clandestinement. En 3 ans, Arthur a eu le temps de me tromper 2 fois les premiers mois.
J’ai foutu le camp pendant une semaine. Aucune nouvelle. Absolument aucune. Il n’a plus jamais
recommencé.
Pourquoi je me suis acharnée comme ça pendant des années ? Parce que, j’en suis persuadée,
quand on commence quelque chose avec que quelqu’un, il faut le terminer, pour ne pas que les
fantômes du passé frappe à la porte. Je suis persuadée que l’âme sœur existe, que dire qu’on est trop
jeunes ou trop vieux ne sont que des conneries. Et à ce que je sache, Arthur et moi n’avons pas encore
mis le mot FIN. Pas encore. Et surtout pas maintenant.
Avant Arthur, il n’y avait rien. Il y avait eu l’enfance solitaire à jouer aux billes face à un ami
imaginaire. Personne ne m’approchait, parce que mon papa était une pute. On m’appelait fille de pute.
Je ne savais pas ce que ça voulait dire, et quand je le demandais à mon papa, il me répondait qu’une
pute, c’était être comme lui. J’étais contente, parce que j’aimais mon papa et j’étais fière d’être sa fille.
Puis il a eu l’adolescence solitaire, je regardais les filles se maquiller dans les toilettes et parler de
garçons. J’avais mon lecteur CD dans ma poche, je lisais en permanence ou au CDI. J’ai eu quelques amis,
quelques copains, mais jamais de filles. Je n’aimais pas les filles, parce que je n’étais pas comme elle. Je
n’étais pas une fille, sinon une fille de pute. Et quand j’en ai appris le sens, bien sûr, ça m’est resté en
travers de la gorge. Depuis, je déteste tout le monde, les enfants en particulier. Je méprise ces gens qui
disent que les enfants sont pleins d’innocence et de candeur, parce que c’est faux. Ils sont encore pires
que les adultes. J’ai eu quelques amis, quelques copains, mais pas suffisamment pour avoir une épaule
sur laquelle se reposer, pas suffisamment pour savoir que quelqu’un écouterait attentivement. Il y avait
ce genre de questions qui restaient en suspens. Savoir ce qui était le pire entre ceux qui n’appelaient pas
ou ceux qui ne répondaient pas. Savoir ce qui était vrai entre l’enfer c’est les autres ou l’enfer, c’est
l’absence des autres. Quand j’ai eu mon bac, je savais ce que je voulais faire. Je voulais emménager dans
un petit appartement avec ma pute. Trouver un boulot à plein temps pour le sauver de cette misère. Je
me voyais rester avec lui jusqu’à la fin de ma vie parce que mon papa, c’était ma vie, c’était la seule
chose que j’avais. Mon seul espoir, mon seul courage, ma seule force. Et puis il est parti quelques jours
après les résultats du bac. Il m’a laissé 500 euros, juste assez pour me trouver un appartement. Il n’y a
rien eu quelques mois sinon la solitude totale, les boites de mouchoirs qui duraient quelques heures. Il y
a eu les personnages de série télé et de film. Il y avait les documentaires falsifiés et poussés à l’extrême
de M6. Marilyn Manson est la réincarnation de Satan. Les gens qui aiment les mangas sont tous des
cons. Les piercings et la scarification ne font aucune différence. Les documentaires animaliers, les soapoperas, les pornos soft chaque vendredi du mois, les films du lundi soir, les téléfilms. Je détestais la télé,
mais je connaissais le programme par cœur. Et je n’avais pas le choix. J’essayais de sortir les soirs du
week-end mais je rentrais toujours seule sans jamais avoir parlé à personne. Puis j’ai découvert Tracks,
le soir sur Arte. La seule chose qui valait à peu près la peine de regarder, alors je ne sortais plus.
Et Arthur est arrivé, un après-midi pluvieux, bredouillant avec un très mauvais anglais, ne parlant
probablement pas un seul mot d’espagnol. Avant Arthur, il n’y avait rien. Et si je comprends bien, dans
ma situation actuelle, après Arthur, il n’y aura rien. On m’a accordé quelques semaines en bas si je
réussissais mon coup. Mais je sais que je vais le réussir. Il y a toute cette rancœur et cette haine en moi,
contre ceux qui ont fait ça, et ceux qui n’ont rien pour moi. D’où je viens, ils ont dit qu’ils n’avaient
jamais vu quelqu’un comme moi. Je n’avais plus de l’ambition, j’avais de la rage. Ils m’ont donné toutes
les informations dont j’avais besoin. Des noms, des adresses, des habitudes. Et un opinel. Maintenant je
suis en bas. Je suis devant la porte d’Arthur. Et je sonne.
Arthur ouvre, et reste devant la porte quelques instants, sans rien dire. Il ne croit pas ce qu’il
voit. Il ne voit pas ce qu’il croit. Ses yeux se plantent dans les miens. Je lui parle en espagnol, puis en
anglais, puis en français. Bonjour, je suis Brody Dalle du groupe Les Distillers. Veux-tu me sauter en
backstage ? Arthur ne dit rien. Il me regarde. Il répète Vermillion, dans le vide. Vermillion, Vermillion,
Vermillion. Est-ce que c’est toi ? Et il se met à pleurer. Il tombe en avant et pleure à mes pieds. Ses mots
sont confus, je ne comprends pas ce qu’il dit. Je répète Arthur dans le vide. Arthur, Arthur, Arthur. Tu
croyais vraiment que Brody Dalle viendrait à ta porte pour te proposer une petite partie de jambe en
l’air, en ayant un accent français parfait ? Bien sûr que c’est moi. Et je me mets à pleurer, je me jette
dans ses bras et je respire son cou. Les rares fois où Arthur réussissait à trouver le sommeil, ce qui était
rarement mon cas, je me surprenais à le regarder. Il y avait cette odeur, son odeur, que je n’oublierai
jamais. Nous pleurons longtemps, je sèche ses larmes et je mets un CD de Portishead. Ensuite, et
seulement ensuite, je lui raconte tout. Je lui raconte tout ce qui s’est passé depuis qu’on m’a laissé dans
une rue déserte près d’une poubelle, me vidant de mon sac. Ils ne m’ont pas violé, ils m’ont juste frappé,
ils ont déchirés mes vêtements, ils ont voulu me prendre mon fric, mais tu sais que je suis fauchée en
permanence. Ils m’ont tabassé, ils ont fracassés mon visage et ma mâchoire. Ils y sont allés à la main. Ils
étaient trois, je sais où ils habitent, je sais qui ils sont, je sais où ils vont. Je dois faire ça ce soir sinon je
repartirai demain à la première heure. Où repartiras-tu ? Ne repars plus jamais, Vermillion, plus jamais.
Je ne peux pas t’expliquer, Arthur, je n’ai pas le droit, et puis, tu ne comprendrais rien. Regarde, il fait
déjà nuit. C’est le moment. Viens avec moi. Fais le avec moi. Je suis revenue pour toi, tu as le droit à ta
part toi aussi. Bien évidemment que je viens, tu n’as même pas à le demander. Mais je ne te le demande
pas. Ce n’est pas une question, c’est une affirmation. Et nous parlons comme dans un livre de Selby. Sans
ponctuation, sans alinéa, sans retour à la ligne.
L’heure de la vengeance a sonné. On dit souvent dans les téléfilms et les films du lundi soir que
les assassins reviennent sur leur pas. Et bien, c’est effectivement le cas. Ils sont revenus dans ce bar
crasseux. Ils sont tous les trois au comptoir, ils s’enfilent pinte sur pinte. Arthur n’est pas baraqué, mais
ils sont déjà bourrés, ce qui ne fera que rendre la chose plus facile. Ils sont l’archétype des mecs qui ont
raté leur vie. Ca tombe bien, ce soir, nous y mettons fin. Arthur s’assied à droite, je m’assieds à gauche.
Nous les encerclons. Je commande un shooter de vodka pur. Arthur fait de même. Le type à ma gauche
me regarde et me sourit. T’es joli, toi tu sais ? Ensuite je vois se décomposer. Il m’a reconnu. Je
m’approche de son oreille et murmure : je crois qu’on a des choses à dire, mon joli. Et j’éclate de rire.
Arthur et moi allons nous asseoir à une table. Le mec à ma gauche, qu’on appelle Charlie, est totalement
livide. Les deux autres abrutis ne se rendent compte de rien. L’adrénaline monte. Ils sortent par la porte
de derrière. Arthur paye et nous sortons. La poubelle est là, c’est la même petite rue. Arthur les appelle,
les insulte, les cherche. Et en quelques secondes, c’est parti. Je suis devenue très forte, ils m’ont donné
ça, là d’où je viens. Ca ne prend pas longtemps. Nous nous contentons de frapper très fort, là où ça fait
mal, nous fracassons leurs visages et leurs mâchoires. C’est trop facile. C’est même jouissif. Le moment
le plus intense de nos vies, et nous le prolongeons un peu, juste parce que c’est devenu un jeu. Je ne me
sers même pas de mon opinel. Je ne veux pas les achever. Mais Arthur, lui, veut les achever. Il a le droit à
sa part, et j’ai le droit de l’accepter. Ces types ont un casier déjà bien rempli à ce qu’on m’a dit. Et ce
qu’on m’a également dit, c’est que demain, quand on retrouvera les corps, on ne fera rien. Ils n’auront
même pas le droit une petite ligne dans le journal, si ce n’est à la rubrique nécrologique. Tout le monde
fermera les yeux, tout le monde s’en foutra. Tout le monde s’en fout déjà. Il y a des mecs dans la rue qui
nous regarde. Arthur est paniqué, je le rassure. Ces mecs ne parleront pas. Tout ce qu’ils veulent, c’est
regarder. Nous sommes dans un roman de Selby. Comment est-ce que tu le sais ? C’est ce qu’ils m’ont
dit. Comment peux-tu en être sûre ? Parce que d’où je viens, contrairement à ici, personne ne ment.
Tout le monde est honnête.
Notre moment de gloire terminé, nous finissons dans un bar gay. Juste le temps de boire un
dernier verre, et nous rentrons. Ce soir on est samedi, et j’ai réussi à enregistrer Tracks. Dans les films du
lundi soir, il y a souvent cette question qui reste en suspens : Quelle image voudrais-tu garder avant de
mourir ? Je vais vous donner ma réponse. Je voudrais voir Arthur en pleine rue, s’approcher de moi avec
son regard maladroit. Excuse me, are you Brody Dalle ?