le diner de cons - Cours de theatre Paris

Transcription

le diner de cons - Cours de theatre Paris
LE DINER DE CONS
d’après le film de Francis VEBER
PERSONNAGES : Pierre BROCHANT, François PIGNON
PIERRE BROCHANT:… Il faut absolument que je sache si ma femme est avec lui ! …Mr Pignon, si je
vous dis précisément ce qu'il faut lui dire, vous pensez que vous pouvez le faire?
FRANCOIS PIGNON : Y'a des moments, j ‘ai vraiment l'impression que vous me prenez pour un
imbécile, hein !? (Regard noir de Brochant) Alors, qu'est-ce que je dois dire ?
PIERRE BROCHANT: On pourrait se servir du bouquin qu'ils ont écrit ensemble.
FRANCOIS PIGNON : Oui
PIERRE BROCHANT: Vous appelez Leblanc et vous lui dîtes que vous êtes producteur de film
FRANCOIS PIGNON : Oui
PIERRE BROCHANT: Vous avez lu le roman et vous voulez acheter les droits pour le cinéma.
FRANCOIS PIGNON : (Jubilant) Oui, c'est bien, ça !
PIERRE BROCHANT: Et en fin de conversation, vous lui demandez où vous pouvez joindre sa
collaboratrice.
FRANCOIS PIGNON : Quelle collaboratrice ?
PIERRE BROCHANT: Ma femme ! Je vous ai dit qu'il avait écrit un bouquin avec elle
FRANCOIS PIGNON : Mais oui exact d'accord, excusez-moi.
PIERRE BROCHANT: Ça marchera jamais !
FRANCOIS PIGNON : Mais si, j'ai compris. C'est pas simple mais j'ai compris.
PIERRE BROCHANT: Vous êtes producteur étranger ok ?
FRANCOIS PIGNON : Ok, Américain ? Allemand?
PIERRE BROCHANT: Belge! Voilà c'est parfait ça, belge.
FRANCOIS PIGNON : Pourquoi belge?
PIERRE BROCHANT: Parce que c'est très bien belge! Vous êtes un gros producteur belge,
vous avez lu le Petit Cheval de Manège, c'est le titre du roman, et vous voulez lui acheter les
droits pour le cinéma. 0k?
FRANCOIS PIGNON : C'est un bon livre?
PIERRE BROCHANT: Très mauvais, quelle importance?
FRANCOIS PIGNON : (Triomphant) Si le bouquin est mauvais pourquoi j'irai acheter les droits ?
Hein? Hein ? Ce n’est donc pas pour acheter les droits du livre que vous téléphonez mais pour
essayer de savoir où est ma femme!
FRANCOIS PIGNON : (admiratif) Ouh alors ça c'est très tordu mais bougrement intelligent. C'est quoi
son numéro ?
PIERRE BROCHANT: (Se saisissant du téléphone) Je vais le faire moi-même. Il s'appelle Juste
Leblanc
FRANCOIS PIGNON : Ah bon ? Il n'a pas de prénom?
PIERRE BROCHANT: Je viens de vous le dire : Juste Leblanc….Leblanc c'est son nom et c'est Juste
Son prénom
FRANCOIS PIGNON : (ahuri) Hein?
PIERRE BROCHANT: Monsieur Pignon, votre prénom à vous, c'est François, c'est juste.
FRANCOIS PIGNON : Oui
PIERRE BROCHANT: Et bien lui, c'est pareil, c'est Juste. ( Long silence - L ‘expression d'une
hébétude insondable sur le visage de Pignon désespère Pierre, qui reprend) :
Bon on a assez perdu de temps comme ça. Ma femme a signé son roman de son nom de jeune fille:
Christine Leguirrec
FRANCOIS PIGNON : Bon…
PIERRE BROCHANT: Et vous n'oubliez pas, en fin de conversation, vous lui demandez où
vous pouvez joindre Christine Leguirrec. Ça sonne je vous mets sur haut-parleur, c'est à vous.
FRANCOIS PIGNON : Je prends l'accent belge?
PIERRE BROCHANT: Non!
FRANCOIS PIGNON : ( prenant un accent à Couper au couteau au grand désespoir de Brochant)
Allô ? Pourrais-je parler à Monsieur Leblanc, Juste, Une fois? Bonsoir Monsieur Leblanc Georges
Vanbrùggel à l'appareil. Pardon de vous déranger à une heure si tardive. Je suis producteur belge
n'est-ce pas, j'arrive de Belgique une fois, et je suis très intéressé par votre roman... le roman?
PIERRE BROCHANT: (Soufflant) Le Petit cheval de manège
FRANCOIS PIGNON : (Soufflant lui aussi) Le petit cheval de manège… (se reprenant) et j'aimerai
discuter de l'achat des droits pour le cinéma. Non, non, c’est pas une blague ! Ah, vous faîtes erreur,
je suis bien producteur et j ‘arrive de Bruxelles. (Paniquant) Pardon ? Ma maison de production… Ca
s’appelle : Les Films du Plat Pays!… Ce sera une production jeune et dynamique Monsieur Leblanc.
Absolument, oui, très intéressé.
PIERRE BROCHANT: (Soufflant) cinéma...
FRANCOIS PIGNON : (Content de sa trouvaille à venir) Pour le cinéma, Monsieur Leblanc,
pour le grand écran, pas pour la petite lucarne. .. Non, ça ne devrait pas poser de problème, Monsieur
Leblanc mais vous devez d'abord savoir que nous ne sommes pas une grosse production et que nous
n'avons pas d'énormes moyens mais si vous n'êtes pas trop gourmand...
PIERRE BROCHANT: (Lui rappelant) Ma femme... (Insistant) Ma femme…
FRANCOIS PIGNON : Vanbrûggel, alors écoutez...
PIERRE BROCHANT: Ma femme!
FRANCOIS PIGNON : Je vous appelle demain chez vous et on prend rendez-vous, une fois !
(Triomphant) À demain Monsieur Leblanc ! (Il raccroche) et voilà on a les droits ! Ouh! Oh la la la la la
Et pour pas cher à mon avis ! Il a marché. Il a marché à fond le gars !
PIERRE BROCHANT: (N ‘en revenant pas) Et ma femme?
FRANCOIS PIGNON : (Avant de comprendre) Quoi?
PIERRE BROCHANT: Il a oublié ma femme ! Il fait le clown pendant cinq minutes et il oublie ma
femme!
FRANCOIS PIGNON : Ah ! La boulette !
PIERRE BROCHANT: Ça dépasse tout ce que j'ai pu imaginer.
FRANCOIS PIGNON : Ah oui ! J'ai fait la boulette !
PIERRE BROCHANT: On a repoussé les limites, là.
FRANCOIS PIGNON : (Reprenant le téléphone) Je le rappelle.
PIERRE BROCHANT: (voulant l‘empêcher) Donnez moi ce téléphone!
FRANCOIS PIGNON : Je le rappelle. Je lui dit: à propos Monsieur Leblanc, j'ai oublié de vous
demander où je peux joindre votre collaboratrice Christine Leguirrec. C'est tout simple
PIERRE BROCHANT: Rendez-moi ce téléphone!
FRANCOIS PIGNON : C'est dommage, on allait être fixé
PIERRE BROCHANT: (Hésitant et méfiant) Vous ne lui direz rien de plus que: « A propos, j'ai oublié
de vous demander où je peux joindre votre collaboratrice Christine Leguirrec ?! »
FRANCOIS PIGNON : Pas un mot de plus (il recompose le numéro) Allô Monsieur Leblanc !? Pardon
de vous déranger, c'est encore Monsieur Vanbrùggel à l'appareil. Mon numéro… (Lisant le numéro
marqué sur le téléphone devant ses yeux) Alors… 01 45 nonante 56 03
PIERRE BROCHANT: (Réalisant l'énormité, il débranche l‘appareil) Oh non!
FRANCOIS PIGNON : Allô ? Allô ? Il a coupé
PIERRE BROCHANT: Mais non, c'est moi abruti!
FRANCOIS PIGNON : Comment ça abruti ?
PIERRE BROCHANT: Vous lui avez donné mon numéro de téléphone?
FRANCOIS PIGNON : (Se voulant pédagogue) Et ben oui ! Il me demande où il peut me rappeler...
PIERRE BROCHANT: (après un silence, le regardant fixement)
Vous ne vous reposez jamais, vous, hein?
FRANCOIS PIGNON : (Ne voyant pas ce qu‘il a fait de mal) Excusez-moi, mais j ‘aimerai bien
comprendre…
PIERRE BROCHANT: La classe mondiale ! Peut-être même le champion du monde ! Le champion
du monde !…. Je vais le tuer… ! ! ! ! ! ! (Il se courent après)
FRANCOIS PIGNON : Mais Monsieur Brochant ? ? ? ?…. Mais lâchez moi…Qu’est ce qui vous
prend ?….. »