Visions d`Égypte : Émile Prisse d`Avennes
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Visions d`Égypte : Émile Prisse d`Avennes
Richelieu 1er mars I 5 juin 2011 Visions d’Égypte: Émile Prisse d’Avennes (1807-1879) DOSSIER DE PRESSE Sommaire Communiqué de presse 3 Renseignements pratiques 4 Iconographie 5 Présentation 9 Biographie 10 Parcours de l’exposition 11 Publication 15 Autour de l’exposition 16 Richelieu 1er mars I 5 juin 2011 COMMUNIQUÉ DE PRESSE Visions d’Égypte : Émile Prisse d’Avennes (1807 - 1879) Au cours des deux longs séjours qu’il fit en Égypte au XIXe siècle, Émile Prisse d’Avennes voyagea en archéologue et en ethnologue, tout autant fasciné par l’Égypte ancienne que par l’Égypte moderne. Les documents qu’il en rapporta, calques, dessins et aquarelles, estampages, photographies de monuments et de décors aujourd’hui souvent disparus, font l’objet d’une exposition exceptionnelle à la BnF. C’est à une rencontre de civilisations qu’invite cette exposition réalisée en partenariat avec le musée du Louvre et dédiée à la fois à l’art égyptien et à l’art arabe. Elle fait découvrir une Égypte aux multiples facettes, à travers quelque deux cents documents choisis dans le fonds Prisse d’Avennes, une collection d’une rare richesse, à la mesure de la diversité des centres d’intérêt de son auteur Émile Prisse d’Avennes (1807-1879). Si certaines pièces ont servi à la publication de ses ouvrages, beaucoup d’autres, restées inédites sont présentées pour la première fois. De ses deux voyages en Égypte, de 1827 à 1844, où il acquiert une connaissance approfondie du pays et de la langue, puis de 1858 à 1860, Prisse d’Avennes rapporte ce qui figure parmi les plus belles pièces égyptologiques françaises, la Chambre des Ancêtres de Thoutmosis III sauvée d’une destruction certaine et le papyrus qui porte désormais son nom et qui constitue l’un des plus anciens manuscrits littéraires de l’Égypte ancienne, ainsi qu’une documentation incomparable. « Cette exposition va permettre de redécouvrir un pionnier de l’égyptologie, Émile Prisse d’Avennes, qui occupe une place particulière parmi les savants de son époque, pour s’être notamment intéressé autant à l’Égypte ancienne qu’à l’Égypte moderne, et à qui l’on doit l’un des trésors de la Bibliothèque, le papyrus Prisse. » Bruno Racine, président de la BnF. Grâce à la reconstitution partielle de la tombe du grand vizir de Thoutmosis III, Rekhmiré, les visiteurs sont invités à découvrir un ensemble de calques monumentaux réalisés durant la seconde mission en Égypte et à entendre la lecture de la traduction de certaines inscriptions hiéroglyphiques. Le fameux papyrus Prisse, qui réunit deux recueils de sagesse adressés par des vizirs à leurs fils, transcrits au début du second millénaire avant Jésus-Christ, est exceptionnellement présenté. Fragmenté en douze panneaux au XIXe siècle, il retrouve virtuellement, dans l’exposition, sa forme originelle de rouleau tandis qu’une toute nouvelle traduction peut être entendue. Au travers de cinq stations audiotactiles intégrées à la scénographie, cette exposition s’adresse également au public déficient visuel. 3 Visions d’Égypte : Émile Prisse d’Avennes (1807-1879) Dates 1er mars - 5 juin 2011 Lieu BnF I Richelieu Galerie Mansart 5, rue Vivienne - Paris 2e Horaires Du mardi au samedi 10h-19h Dimanche 12h-19h Fermé lundi et jours fériés Entrée: 7 euros, TR: 5 euros Réservations FNAC, tél: 0892 684 694 (0.34 euros TTC / mn), www.fnac.com Commissariat Sylvie Aubenas, conservateur général, directeur du département des Estampes et de la photographie de la BnF Elisabeth Delange, conservateur en chef au département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre Marie-Laure Prévost, conservateur général au département des Manuscrits Chloé Ragazzoli, agrégée d’histoire, chargée de recherches documentaires au département des Manuscrits et à la Sorbonne Marie-Claire Saint-Germier, conservateur à la Réserve des Livres rares de la BnF Mercedes Volait, directeur de recherche au CNRS, directeur du laboratoire In visu Coordination Elisabeth Lourme, BnF, chargée d’expositions Scénographie Loretta Gaïtis Visites guidées Renseignements et réservations au 01 53 79 49 49 Publication Visions d’Égypte, Émile Prisse d’Avennes, (1807-1879) Avec les textes des commissaires de l’exposition et une traduction du papyrus Prisse 160 pages, 120 illustrations Édition BnF Prix: 29 euros Contacts presse Claudine Hermabessière chef du service de presse et des partenariats médias 01 53 79 41 18 - [email protected] Lisa Pénisson chargée de communication presse 01 53 79 41 14 - [email protected] 4 Iconographie Iconographie disponible dans le cadre de la promotion de l’exposition et pendant la durée de celle-ci. Les images ne peuvent faire l’objet d’aucune retouche ni d’aucun recadrage. Émile Prisse d’Avennes, Le plateau de Gizeh, 1er janvier 1832 Aquarelle sur papier vergé BnF, département des Manuscrits Édouard Jarrot, Moulage en cours du buste de la statue de Khephren, mai 1860 Photographie sur papier albuminé BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Sarcophage de l’intendant Montouhotep, 1856-1878 Aquarelle BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Relief d’un portrait de Montouhotep II Crayon et aquarelle sur papier BnF, département des Manuscrits 5 Willem de Famars Testas, Boutiquier et sa cliente, 1858-1859 Aquarelle BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Vases émaillés et mandoline dans un intérieur, 1827-1844 Aquarelle BnF, département des Manuscrits Édouard Jarrot, Tombeau, 1858-1859 Photographie sur papier albuminé BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Retour de la caravane convoyant le tapis sacré de La Mecque, 1858 Aquarelle BnF, département des Manuscrits Édouard Jarrot, Groupe de six diacres Photographie retouchée, papier albuminé BnF, département des Manuscrits 6 Edouard Jarrot, Mosquée d’Ibn Touloun avec le nouvel hôpital, 1858-1859 Photographie sur papier albuminé BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Gma el-Seydeh Zeynab: Chemsab ou vitrail en plâtre ajouré, Le Caire, mosquée el-Seydeh Zeynab, vers1867 Aquarelle BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Poissons, Bercheh, tombe de Djehoutyhotep Calque BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Temple de la Kabah à La Mecque, 1858-1859 Calque BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Denderah, vue intérieure du Pronaos, 1837 Aquarelle BnF, département des Manuscrits 7 Émile Prisse d’Avennes, Portrait d’Hatshepsout, 1858-1860 Aquarelle BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Portrait de Khaemhat relevé dans son tombeau, Abd el-Gournah Estampage BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Le Sphinx ensablé, vers 1832 Aquarelle sur papier vélin, signé à l’encre brune BnF, département des Manuscrits Émile Prisse d’Avennes, Statue de Ranefer, 1860 Aquarelle BnF, département des Manuscrits Papyrus Prisse, Fin de l’Enseignement pour Kagemni, l’un des recueils de sagesse du papyrus , 1800 av. J. - C. BnF, département des Manuscrits 8 Présentation À quelques mois du retour de sa seconde mission en Égypte, le 16 janvier 1860, Émile Prisse d’Avennes écrit à son ami, Félix Caignart de Saulcy, « J’ai parcouru l’Égypte avec l’ouvrage de la commission, celui de Gau & celui de Lepsius : toutes les planches que j’ai été à même de vérifier sont fautives, et ne donnent pas une idée complète de la beauté de l’art égyptien. Je reviens avec des calques soignés des plus belles peintures – des estampages de basreliefs – des coupes, des élévations soigneusement cotées et la plupart inédites grâce aux nouvelles fouilles du Vice-roi – enfin des photographies de tout ce qui était photographiable. Ce que j’ai fait avec les faibles ressources qui m’étaient accordées est immense. Je rapporte 300 dessins parmi lesquels il y a des calques coloriés de 7 à 8 mètres de longueur – plus de 400 mètres d’estampages – 150 photographies […] sans compter mes croquis & mes notes. Sans vantardise, j’ai recueilli de quoi faire le plus bel ouvrage qui ait encore été publié sur l’Égypte. » C’est dans ce fonds considérable, conservé en majeure partie au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, que sont choisies les pièces présentées dans cette exposition ; si les unes ont servi à la réalisation de ses publications, de nombreuses autres sont restées inédites et sont exposées pour la première fois. Au fil des matériaux, calques souvent coloriés, estampages, aquarelles d’une grande fraîcheur, dessins, photographies de monuments aussi divers que temples, mosquées, mausolées mamelouks, habitations…, l’exposition montre l’archéologue à l’œuvre et fait découvrir l’Égypte ancienne comme l’Égypte moderne qui ont fasciné l’égyptologue. Un ensemble de calques, réalisés par Prisse d’Avennes et Willem De Famars Testas, permet de reconstituer ici une partie des décors de la tombe de Rekhmiré, le grand vizir de Thoutmosis III, et l’on peut y entendre la lecture de la traduction des inscriptions hiéroglyphiques. Enfin, le Papyrus Prisse, le manuscrit littéraire sans doute le plus ancien au monde est exposé dans sa quasi-totalité ; l’histoire de sa découverte, de son arrivée en 1844 dans les collections de la Bibliothèque royale, de sa publication, est retracée. Sa forme originelle est reconstituée virtuellement, tandis qu’une lecture d’une toute nouvelle traduction peut être entendue. Le musée du Louvre présente conjointement, au département des Antiquités égyptiennes, salle 12, près de la Chambre des Ancêtres, l’exposition « L’Égypte de pierre de Prisse d’Avennes ». 9 Émile Prisse d’Avennes (1807-1879) Dessinateur de talent, doué de grandes facultés d’observation, Prisse d’Avennes est aussi doté d’une ténacité hors du commun et d’une énergie indomptable – ne va-t-il pas jusqu’à se battre à poings nus, ou même armes à la main, pour défendre l’un des fellahs participant aux fouilles archéologiques qu’il dirige ? Né à Avesnes-sur-Helpe en 1807, ingénieur des Arts et métiers, Émile Prisse d’Avennes, ses études terminées, gagne la Grèce, où il combat dans les rangs philhellènes, puis séjourne aux Indes, en tant que secrétaire du gouverneur général. Il voyage ensuite en Palestine, arrive en Égypte en 1827 où il reste dix-sept ans, jusqu’en 1844. Il entre d’abord au service du gouvernement égyptien comme ingénieur civil et hydrographe, et, pendant neuf ans, acquiert une connaissance approfondie du pays et de la langue : il se fait appeler Edris-Effendi, parle l’arabe et prend l’habitude de porter la tenue locale. En 1836, il quitte ses fonctions et décide d’explorer l’Égypte ; il se mue alors tout à la fois en égyptologue, archéologue et ethnologue, s’intéressant autant aux ruines de l’Égypte pharaonique qu’aux monuments islamiques, aux représentations de la vie quotidienne figurant sur certains monuments de l’Égypte antique, qu’aux scènes de rues du Caire. Il tient un journal qu’il enrichit au fil de ses déplacements. Il rentre en France en 1844, rapportant notamment le fameux papyrus Prisse et la « Chapelle des Ancêtres » de Thoutmosis III, ou Chambre des rois, exposée aujourd’hui au musée du Louvre. Son séjour en France, qu’il pensait de courte durée, va se prolonger quatorze ans durant lesquels il publie en particulier Monuments égyptiens (1847), Oriental album (1848), et commence en 1858 son atlas de l’Histoire de l’art égyptien d’après les monuments. Enfin, en 1858, il repart en Égypte, investi d’une double mission, à la fois par le Ministère de l’Instruction publique, pour poursuivre les recherches archéologiques qui lui permettront d’achever son Atlas de l’art égyptien, et par le ministère du Commerce, pour étudier l’extension possible des relations commerciales de la France avec l’Égypte. Avec l’aide de Willem De Famars Testas, son jeune parent, également dessinateur, et d’un photographe, Édouard Jarrot, il rapporte les matériaux qui lui permettront de poursuivre ou d’entamer de nouvelles œuvres. À son retour, il publie L’Art arabe d’après les monuments du Kaire (1869-1877) et achève en 1878 l’atlas de l’Histoire de l’Art égyptien. Il meurt en 1879, sans avoir pu mener à bien tous les projets qu’il avait mûris. Émile Prisse d’Avennes, Portrait BnF, département des Estampes et de la photographie 10 Parcours de l’exposition Les quelques 200 œuvres rassemblées pour cette exposition ont été choisies pour la quasitotalité dans les collections de la Bibliothèque nationale de France, et en particulier dans le fonds Prisse d’Avennes. Quelques objets, prêtés par le musée du Louvre, comme une palette de scribe avec calames datant de 1450 avant Jésus-Christ environ ou encore un godet à eau en faïence bleue (1279-1213 avant Jésus-Christ) viennent illustrer les documents de la BnF. Les différentes sections de l’exposition mettent en valeur l’exceptionnel travail de l’archéologue et la perpétuelle recherche de précision et d’exactitude qu’il eut toujours dans ses travaux, au travers des procédés qu’il employa pour rendre compte de ses découvertes : Calquer, Estamper, Peindre et dessiner, Photographier. La dernière partie, Publier le plus beau livre sur l’Égypte, met en perspective les différents types de documents réunis et mis en forme par Prisse d’Avennes pour ses grandes publications qui sont également présentées en regard. Le visiteur est invité à découvrir deux œuvres particulières : un ensemble de grands calques de la tombe de Rekhmiré et le papyrus Prisse. Par leur mise en espace, ces œuvres sont traitées différemment du reste de l’exposition et proposent une approche intimiste au plus près des documents avec, en ambiance sonore, la lecture de la traduction des textes qui sont représentés. Une partie d’une paroi de la tombe de Rekhmiré (vizir et directeur des travaux du temple de Karnac) est reconstituée grâce aux grands calques copiés par Prisse d’Avennes. C’est la riche décoration de cette tombe qui fascine Prisse et l’incite à mener une grande campagne de relevés dont certains sont exposés ici. La dernière section est consacrée au papyrus Prisse (vers 1800 avant Jésus-Christ) : rouleau de plus de 7 mètres de long, fragmenté au XIXe siècle pour des raisons de conservation. Une traduction inédite et une présentation graphique permettent au visiteur de le redécouvrir dans sa forme originelle. Une exploration virtuelle du papyrus dans son intégralité est aussi disponible en accompagnement multimédia. Calquer La recherche de la plus grande précision est une constante dans l’œuvre graphique de Prisse d’Avennes et le calque est le mode de reproduction auquel il recourt fréquemment. Lors de sa seconde mission en Égypte, il déclare rapporter plus de 300 mètres de calques. Prisse d’Avennes utilise ce matériau, pour reproduire les décors intérieurs : tombes de la vallée du Nil ou décors de mosquées. Tandis que les calques de petite dimension sont en papier, ceux qui se déroulent sur plusieurs mètres sont tracés sur une sorte de toile cirée translucide venue d’Angleterre. Ces calques sont tantôt monochromes – qu’ils soient tracés au charbon ou à l’aquarelle noire - tantôt polychromes, lorsque Prisse les réalise en vue de la publication. Ils sont rarement entièrement coloriés, seulement par touches, pour permettre de restituer au moment de la publication l’extraordinaire polychromie des décors. Ils sont en outre, souvent abondamment annotés par l’égyptologue. Les conditions d’exécution en sont toutefois extrêmement difficiles pour Prisse et ses compagnons de voyage puisque les relevés sont faits à même la pierre dans des tombes ou des temples. Dans le Journal que Willem de Famars Testas écrit durant la mission qu’il effectue avec Prisse d’Avennes, le jeune artiste hollandais note qu’il travaille à la bougie, allant parfois jusqu’à devoir dormir dans la tombe qu’il calque ! 11 Estamper C’est encore pour obtenir la copie exacte de bas-reliefs, d’inscriptions, de stèles que Prisse d’Avennes utilise l’estampage. Son fils, Émile-Maxime, dans la biographie qu’il consacre à son père, décrit comment l’archéologue procédait : « […] l’estampage ou moulage en papier est un procédé dont Prisse d’Avennes et Nestor L’Hôte se servaient déjà en 1832. C’était du reste un moyen sûr, rapide et peu encombrant, donnant avec une fidélité incontestable la copie de l’original, qu’ensuite on pouvait surmouler en plâtre. Ceux dont le relief était très accentué, étaient préalablement renforcés sur le monument même, à l’aide de plusieurs feuilles de papier mouillées et superposées, sur lesquelles on étendait une légère couche de colle au moment de les appliquer. Chaque feuille était successivement tamponnée à l’aide d’une brosse ou de morceaux de linge formant tampon. Tous les estampages étaient, avant le moulage, enduits d’un vernis spécial qui avait pour but de rendre le papier imperméable. » Ainsi, l’égyptologue peut-il donner à voir en trois dimensions tous les reliefs étudiés, des basreliefs de temples ou de tombes, aux panneaux épigraphiés, aux motifs décoratifs de portes de chaire en bois, de portes en bronze ou de fragments de frise de mosquées. Pour réaliser ces estampages, Prisse et Willem de Famars-Testas utilisent des feuilles de papier d’un format folio, et c’est par leur réunion qu’ils obtiennent la reproduction de motifs atteignant plusieurs mètres de haut ou de large. Certains estampages sont rehaussés de crayon, voire même de couleurs pour la publication. Sans doute ont-ils servi à la réalisation des bas-reliefs en plâtre donnés par Émile Prisse d’Avennes au musée du Louvre. Peindre et dessiner Prisse d’Avennes voyage en artiste, et ne cesse de dessiner. Ses motifs d’inspiration sont multiples, et réalisés avec autant de talent, qu’il s’agisse d’ustensiles, une cuiller à fard d’une collection privée, d’objets comme une lampe de verre émaillée blasonnée au nom du sultan al-Malik al-Achraf Inâl, des nombreuses ruines pharaoniques, d’intérieurs de mosquées, de scènes de la vie quotidienne, tels que ses nombreux dessins du bazar du Caire. Il s’intéresse tout particulièrement aux portraits, tant copiés sur divers sites, que pris sur le vif comme l’Arnaout. Formé à l’Ecole des Arts et métiers au dessin industriel, il témoigne d’une prédilection toute particulière pour les études de colonnes, de chapiteaux, et excelle dans les nombreux plans, coupes, ou relevés auxquels il procède, corrigeant ainsi les erreurs qu’avaient pu faire ses devanciers. Prisse porte un extrême intérêt au respect des couleurs, annotant telle esquisse dont les nuances ne lui semblent pas justes. Dans ses papiers, figure, sous le titre de « Coloriage », une note sur les teintes et leur composition, pour restituer les couleurs d’Égypte. Il rappelle comment il a découvert le rendu de telle ou telle tonalité : « J’ai appris par les colonnes du promenoir que c’est avec un mélange de carmin et de jaune de chrome qu’on obtient un beau rouge d’un maniement facile », et attache une importance toute particulière à « la carnation égyptienne ». « Elle se rend bien avec une teinte préparatoire carmin et jaune de chrome lavée et recouverte d’une teinte d’indian red. La teinte qui répond le mieux aux diverses carnations des hommes ou des femmes se compose avec de l’ocre jaune, de la laque et du carmin. En outre elle s’applique facilement sans laisser de grumeaux. » C’est à ce faisceau de talents de Prisse d’Avennes tout à la fois artiste, ingénieur, historien d’un art qu’il découvre, que l’on doit la grande qualité de ses publications. 12 Photographier Le fonds iconographique de Prisse d’Avennes offre un exemple rare, par sa qualité et son abondance, de documentation photographique constituée très tôt. Ces photographies, plusieurs centaines, se trouvent dispersées parmi près de 2000 images réparties dans 75 dossiers thématiques devant servir de base à l’illustration de ses ouvrages. En 1851, Prisse d’Avennes aide Maxime Du Camp, de retour d’un voyage en Égypte avec Gustave Flaubert, à rédiger le texte accompagnant ses photographies. Du Camp lui offre alors de nombreux tirages. Prisse d’Avennes rassemble ensuite dans les années 1850 d’autres exemples de ces premières photographies d’Égypte : des oeuvres de Teynard, Benecke, Greene, Salzmann, figurent alors dans sa collection. Lors de son voyage de 1858-1860, il se fait accompagner d’un jeune photographe Édouard Jarrot. Celui-ci réalise selon ses indications de très nombreux clichés en utilisant tour à tour des négatifs sur papier et sur verre, les deux techniques étant alors utilisées. Les oeuvres de Jarrot forment la partie la plus personnelle et la plus originale de cet ensemble de photographies : conçues comme une documentation, elles ont acquis à nos yeux une valeur artistique indéniable. Prisse, de retour en France continue à rassembler des photographies sur l’Égypte. S’ajoutent alors des images de Cammas, Aymard de Banville, Hammerschmidt, Le Gray, Braun, Bonfils. Prisse d’Avennes a ainsi assemblé durant près de trente années des oeuvres des plus grands photographes pour les mettre au service de ses études et publications. Publier le plus beau livre sur l’Égypte Dans l’atelier de Prisse En fin d’exposition, sont présentés les calques, dessins, estampages et photographies qui ont servi à la fabrication des grandes lithographies qui illustrent les œuvres maîtresses de Prisse : Monuments égyptiens (1847), Oriental Album (1848), Histoire de l’art égyptien d’après les monuments depuis les temps les plus reculés jusqu’à la domination romaine (1858-1879), L’art arabe d’après les monuments du Kaire depuis le VIIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle (1869-1877). On y découvre un travail minutieux effectué par Prisse d’Avennes à partir des documents récoltés durant ses missions en Égypte qui vont lui permettre de publier des ouvrages de référence pour les égyptologues. Les découpages d’estampes corrigées montrent ses emprunts à la Description de l’Égypte, aux Antiquités de la Nubie de Gau, au Denkmäler aus Aegypten und Aethiopien de Lepsius. Le souci de vérité architecturale que l’on trouve dans chaque livre s’appuie sur les photographies de Jarrot, parfois citées à l’identique, le plus souvent animées de personnages et travaillées pour faire ressortir les détails. Le souci de vérité ornementale s’appuie sur les estampages de reliefs et sur les dessins et calques reproduisant des peintures. Les estampages et photographies sont repris au crayon par Prisse pour fixer le trait de la pierre lithographique, et les rehauts de couleurs servent pour les pierres de teintes des chromolithographies. Estampe corrigée, dessin et photographie construisent ensemble une planche. Enfin, les réductions photographiques d’estampages, de plans ou de calques servent au report de grands sujets. Le répertoire formel passe d’un projet à l’autre aussi reconnaît-on des statuettes, un sarcophage… un fellah, une jeune femme cairote, un pélerin… du mobilier ! 13 Le papyrus Prisse Dans une lettre datée du 25 février 1858, Prisse fait état de sa conviction que ce papyrus, acheté en Égypte, provenait de ses propres fouilles sur la rive ouest de Louqsor, l’ancienne Thèbes, dans la nécropole de Dra Abu el-Naga. Une autre lettre de Prisse, datée de 1843, évoque une acquisition faite au Caire, il reste néanmoins possible que le papyrus ait été acheminé depuis Thèbes pour être vendu à meilleur prix. Les fouilles, officielles ou clandestines, menées dans la première moitié du XIXe siècle dans la zone, mirent au jour les plus beaux manuscrits égyptiens du Moyen Empire. “Le plus ancien livre du monde”, telle est l’épithète associée au rouleau peu après sa découverte, en raison des rois qui y sont mentionnés et qui ont vécu sous l’Ancien Empire égyptien, au troisième millénaire avant Jésus-Christ. En fait, le texte fut certainement composé au Moyen Empire (1975-1640 av. J.-C.) et la copie conservée sur le papyrus Prisse peut être datée du milieu de la XIIe dynastie (1800 av. J-C). Le rouleau est un recueil. En plus d’un long texte effacé, il contient deux livres de sagesses, l’Enseignement pour Kagemni et l’Enseignement de Ptahotep ; ce dernier occupe l’essentiel du manuscrit. Les récits sont faits par des personnages historiques : deux vizirs vieillissants dispensent une série de conseils à leur fils, appelé à leur succéder à la cour du pharaon régnant. Ce papyrus a dû appartenir à un membre de l’élite égyptienne de la XIIe dynastie (c.1938-1755 av. J.-C.), période d’épanouissement de la littérature. Il peut à certains égards être interprété comme un manuel d’étiquette, à destination des courtisans et dignitaires du régime. Néanmoins, malgré sa dimension didactique, l’oeuvre était probablement destinée à être interprétée à voix haute, en petit comité. Le texte est ensuite intégré à la littérature classique et étudié par les apprentis scribes. Des exemples sur ostraca, éclats de calcaire ou de poterie, sont conservés : ils proviennent de la communauté de Deir el-Médineh, village des artisans, souvent lettrés, qui construisaient la tombe du pharaon au Nouvel Empire (c. 1552-1069). À cette époque, le texte occupe une place centrale dans la culture de l’élite lettrée et fait l’objet d’une vaste intertextualité dans la production écrite égyptienne. Peu après la découverte, Prisse publie lui-même un fac-similé du papyrus (1847). Dès lors, les savants se penchent sur le texte, sa traduction et son interprétation. Au début du XXe siècle, la découverte d’autres manuscrits de l’Enseignement de Ptahhotep mène à la recherche d’un texte originel idéal, et virtuel, et à la publication d’éditions synoptiques savantes, qui mettent en regard toutes les versions connues, vers par vers. Par ailleurs, grâce aux traductions dans les différentes langues européennes, le texte trouve une place dans les ouvrages destinés au public cultivé. À l’occasion de l’exposition, le papyrus entre dans la bibliothèque numérique Gallica et une traduction inédite, due à l’égyptologue Bernard Mathieu, est publiée dans le catalogue d’exposition. Audiovisuel À l’intérieur du parcours de l’exposition des bornes multimédia sont à disposition du public, permettant d’approfondir certaines thématiques. En plus de la recontitution visuelle du papyrus Prisse, une borne permet de découvrir une cinquantaine de planches tirées des quatre grandes publications de Prisse d’Avennes. Des interviews de spécialistes : Michel Dewachter (égyptologue - CNRS), Daniel Lançon (enseignantchercheur), Bernard Mathieu (égyptologue), apportent un éclairage complémentaire sur le travail de l’archéologue. Enfin, une vidéo présente la restauration unique des grands calques en couleur réalisée par l’atelier des Cartes et plans de la BnF. 14 Publication Visions d’Égypte Émile Prisse d’Avennes (1807-1879) Avec les textes des commissaires de l’exposition et une traduction du papyrus Prisse 160 pages, 122 illustrations couleur Édition BnF Prix: 29 euros Ingénieur de formation, Émile Prisse d’Avennes devient tour à tour égyptologue, archéologue, ethnologue : il s’intéresse autant aux ruines pharaoniques qu’aux monuments islamiques, et vit à l’orientale au milieu de populations dont il observe les coutumes. Des deux séjours qu’il accomplit en Égypte, de 1827 à 1844, puis de 1858 à 1860, il rapporte des objets, le fameux Papyrus Prisse, intégralement reproduit ici et accompagné d’une traduction inédite, ainsi que la « Chambre des Ancêtres » de Thoutmosis III, installée un temps à la Bibliothèque royale avant de gagner le Louvre. Aquarelles et dessins, calques se déployant pour certains sur plusieurs mètres, estampages, photographies constituent un fonds iconographique sans égal destiné à nourrir les impressionnants recueils qu’il publie sur l’art égyptien et sur l’art arabe, de 1847 à sa mort (Monuments égyptiens, Oriental album, Histoire de l’art égyptien d’après les monuments, L’Art arabe d’après les monuments du Kaire), et dont certaines pièces sont parfois les derniers témoins de monuments ou de décors à présent disparus. Une « Égypte de papier » qui n’a cessé d’enchanter et d’inspirer Théophile Gautier, Maxime Du Camp ou Ernest Feydeau ses contemporains et qui aujourd’hui encore nous invite au voyage… 15 Autour de l’exposition Journée d’étude-INHA L’Égypte de Prisse d’Avennes Ce colloque est organisé en collaboration entre la Bibliothèque nationale de France et l’Institut national d’histoire de l’art (laboratoire In Visu et service des manifestations et de l’édition), sous la responsabilité scientifique de Mercedes Volait, directeur de recherche au CNRS, à l’occasion de l’exposition. Jeudi 31 mars de 9h30 à 18h - Auditorium Colbert - entrée libre 2, rue Vivienne, Paris IIe Activités pédagogiques Pour les classes - un parcours-découverte de l’exposition distribué à l’entrée de l’exposition et téléchargeable sur bnf.fr - un parcours de 20 cartels enfants - fiches pédagogiques thématiques consultables dans l’exposition - visites guidées de l’exposition les mardis et jeudis matin de 10h à 11h30, 70 euros par classe / 40 euros en dessous de 20 élèves Pour les enseignants - un dossier enseignant distribué à l’entrée de l’exposition et téléchargeable sur bnf.fr - présentations gratuites de l’exposition et des outils pédagogiques le mercredi à 14h30 Renseignements au 01 53 79 89 66 ou [email protected] Pour toute visite, réservation obligatoire au service des réservations : 01 53 79 49 49 Visites guidées Visites guidées individuelles, tous les mardis à 15h à partir du 08/03 ; les samedis 05 mars, 26 mars, 16 avril, 07 mai, 28 mai à 11h ; les dimanches 06 mars, 27 mars, 17 avril, 29 mai à 16h Tarif : prix d’entrée de l’exposition +3 euros réservations obligatoires au 01 53 79 49 49 ou [email protected] Accessibilité Au travers de cinq stations audiotactiles intégrées à la scénographie, cette exposition s’adresse également au public déficient visuel. Ainsi, la tombe de Rekhmiré, les différents documents iconographiques qui ont suscité la curiosité d’Émile Prisse d’Avennes comme des décors d’art arabe et les traductions du célèbre papyrus Prisse sont rendus tactiles dans le but d’être accessibles à tous. Visite tactile de l’exposition en direction du public déficient visuel le samedi 16 avril à 15h Sur inscription au 01 53 79 49 49 ou [email protected] Visite interprétée en langue des signes française en direction du public sourd le samedi 28 mai à15h, sur inscription au 01 53 79 49 49 ou [email protected]. Pour tout renseignement sur l’accessibilité de l’exposition : 01 53 79 37 37 ou accueil.handicap@ bnf.fr 16