DADA EAST - Lille3000

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DADA EAST - Lille3000
Dossier de presse
DADA EAST ?
CONTEXTES ROUMAINS DU DADAÏSME
Tristan Tzara
Marcel Janco
Arthur Segal
Irina Botea
Mircea Cantor
Ştefan
Constantinescu
Harun Farocki
Ion Grigorescu
Sebastian
Moldovan
Ciprian Mureşan
Dan Perjovschi
Lia Perjovschi
Cristi Pogăcean
Florin Tudor
Andrei Ujică
Mona Vătămanu
12 mars > 12 juil. 09
COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION
ZOFIA MACHNICKA ET ADRIAN NOTZ
COMMISSARIAT GENERAL
EVELYNE- DOROTHEE ALLEMAND,
CONSERVATRICE EN CHEF
YANNICK COURBES
ATTACHE DE CONSERVATION
SUEVA LENOTRE
ATTACHEE DE CONSERVATION
CONTACT PRESSE
EVELYNE- DOROTHEE ALLEMAND,
CONSERVATRICE EN CHEF,
TEL : +00 (0)3 20 28 91 61
EDALLEMAND @VILLE-TOURCOING .FR
MUSEE DES BEAUX-ARTS
TEL : +00 (0)3 20 28 91 60
ILLUS. © DAN PERJOVSCHI, DADA DRAWING, 2008
1
SOMMAIRE
DADA EAST ?
CONTEXTES ROUMAINS DU DADAÏSME
Communiqué de presse
3-4
Zofia Machnicka, DADA-Geist
5-7
Adrian Notz, Quatre petits hommes venus d’Orient
Entretien avec Zofia Machnicka : Ex Oriente Dada, Tom Sandqvist
Catalogue
8
9-12
13
Liste des œuvres
14-16
Le Regard a la Parole
17
Au même moment au musée : Robert Devriendt, Peintures & Scénarios
18
Au même moment au musée : SCRIPTORIA
19
Contact presse
Informations pratiques
20
Liste des visuels disponibles pour la presse
2
COMMUNIQUE DE PRESSE
MUSEE DES BEAUX-ARTS DE TOURCOING
DANS LE CADRE DE LILLE3000 EUROPEXXL
DADA EAST ?
Contextes roumains du dadaïsme
Tristan Tzara, Marcel Janco, Arthur Segal.
Irina Botea, Mircea Cantor, Ştefan Constantinescu,
Harun Farocki, Ion Grigorescu, Sebastian Moldovan,
Ciprian Mureşan, Dan Perjovschi, Lia Perjovschi,
Cristi Pogăcean, Florin Tudor, Andrei Ujică, Mona Vătămanu
12 mars > 12 juillet 09
ZACHETA, GALERIE NATIONALE D’ART DE VARSOVIE, CABARET VOLTAIRE DE
ZÜRICH ET MUSEE DES BEAUX-ARTS DE TOURCOING
COPRODUCTION
Le mouvement Dada est officiellement né le 5 Février 1916, lorsque Hugo Ball et Emmy
Hennings ont ouvert un cabaret littéraire et artistique, le Cabaret Voltaire, dans le
restaurant Meierei, sur la Spiegelgasse à Zurich. Quatre réfugiés ayant fui une Roumanie
de plus en plus nationaliste et empêtrée dans la guerre ont marqué cette soirée cruciale :
Marcel Janco, Tristan Tzara, George Janco et probablement George Arthur Segal. Ces
jeunes artistes ont presque immédiatement été impliqués dans les spectacles de Cabaret
Voltaire et dans la création d'une nouvelle avant-garde qui devait finalement
révolutionner le monde de l'art. Pourtant, chose peu compréhensible, les chercheurs
occidentaux ont souvent passé sous silence ces racines roumaines du dadaïsme. Avant la
Première Guerre mondiale en effet, il existe à Bucarest une scène artistique vivante,
fédérée par les revues qu’animent Tzara et Marcel Janco, Simbolul et Chemarea, autour
de valeurs qui allaient plus tard devenir fondamentales pour le mouvement Dada. Tom
Sandqvist est l'un des rares experts en la matière à avoir effectué ses recherches en
Roumanie, pour saisir les traces de cette évolution artistique dans le «petit Paris des
Balkans». À son avis, les sources de l’avant-garde roumaine incluent non seulement le
symbolisme, le futurisme et le folklore, mais aussi la culture Yiddish d'Europe de l'Est qui,
effectivement, doit être considérée comme significative pour le développement de
l’identité artistique des Roumains du Cabaret Voltaire.
Le Musée des Beaux-Arts de Tourcoing interroge l'exposition conçue par le cabaret
voltaire de Zurich et la Galerie Nationale d’Art Zachęta de Varsovie, qui a pour objectif de
décrire le contexte artistique et personnel dans lequel ont travaillé Tzara, les frères Janco
et Arthur Segal, avant et après leur départ de Roumanie ; nous avons également voulu
utiliser la partie historique et documentaire du projet comme point de départ d'une
interrogation sur la façon dont les racines roumaines du dadaïsme peuvent être
considérées dans le contexte contemporain. En outre, nous tenons à étudier le potentiel
et l'importance de la conception de «Dada East » pour la scène culturelle roumaine, à
découvrir comment les artistes contemporains ont trait à l'histoire de Dada. Le dialogue
entre l'histoire et le présent que ce projet a permis nous aide à comprendre combien le
dadaïsme, et surtout ses principales personnalités artistiques, leurs stratégies et leurs
3
attitudes, ont influencé l'art contemporain et quelle importante source d'inspiration, ils
constituent aujourd'hui.
Les installations in situ de Dan Perjovschi, Lia Perjovschi, Mona Vătămanu, Florin Tudor,
les oeuvres de Mircea Cantor et Ciprian Mureşan, et le texte de Ion Grigorescu, qui ont
tous été réalisés spécialement pour cette exposition, sont une sorte de réponse, une
réaction directe à la question que nous nous sommes posée, et qui reste en suspens sous
l’ère Ceausescu, celle de l'importance et de l'actualité de l'histoire du dadaïsme. C'est
pourquoi, l'exposition présente entre autres des œuvres illustrant les paradoxes du
système communiste, qui représente le cadre où se transmet et se lit la question des
avant-gardes roumaines du début du siècle. Le fait que l'histoire oubliée des Roumains
de Cabaret Voltaire trouve un résonance actuelle dans ces œuvres contemporaines
indique clairement - peut-être mieux encore que plus d'un texte historique ou critique –
toute l'actualité et la l'importance de l'art Dada et de son histoire.
COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION :
ZOFIA MACHNICKA, ZACHĘTA, GALERIE NATIONALE D’ART DE VARSOVIE
ADRIAN NOTZ, CABARET VOLTAIRE DE ZÜRICH
COMMISSARIAT GENERAL : EVELYNE-DOROTHEE ALLEMAND, YANNICK COURBES ET SUEVA LENOTRE
www.musenor.com
www.zacheta.art.pl
www.ville-tourcoing.fr
www.cabaretvoltaire.ch
4
www.tourcoing-tourisme.com
www.lille3000.com
Zofia Machnicka
DADA-Geist – Pour une nouvelle réception du dadaïsme
(texte catalogue)
« Affirmation – négation : le formidable tohu-bohu de l'existence enflamme des nerfs du véritable
dadaïste – ainsi se trouve-t-il là, couché, chassant , faisant de la bicyclette – mi-Pantagruel, miSaint François, riant aux éclats. Au diable l'attitude esthéto-éthique ! Maudite l’abstraction
anémique de l'expressionnisme ! Maudits les littérateurs avec leur tête creuse et leurs théories
pour améliorer le monde ! 1 »
Pendant des décennies, le mouvement Dada a été perçu à travers l’image réductrice de sa légende.
Dada a été identifié avec le nihilisme, une volonté de destruction, le manque de sérieux, ou tout
simplement le comique. Il a également été interprété comme un premier pas vers le surréalisme :
la première phase, la phase négative d'un mouvement qui, selon ce qu’on dit souvent, a finalement
réussi, après cette mise en jambe, à surmonter ses doutes et construire une vraie pensée
culturelle. Aujourd'hui, la réhabilitation du dadaïsme est devenue une réalité, notamment grâce à
la célèbre exposition DADA organisée par le Musée National d'Art Moderne du Centre Pompidou de
Paris, la National Gallery of Art de Washington, et le Museum of Modern Art de New York. Même si
les concepteurs de l’exposition ont eu le mérite de présenter et décrire le mouvement comme une
vaste constellation d'idées et d’identités, il semble que certains non-dits persistent, comme par
exemple la question de ses racines roumaines. Bien définir le dadaïsme est pourtant fondamental :
Dada n'était pas seulement un mouvement artistique, mais plutôt un vaste phénomène culturel
(l'un des plus importants du XXème siècle), qui tissait des liens étroits entre l'art, la vie et la pensée
et dont la problématique reste aujourd’hui étonnamment actuelle.
Pour illustrer l'importance du mouvement dans l'histoire de l'art et de la pensée du XXème siècle, il
suffit de mentionner les artistes dont l'identité s’est forgée dans le cercle Dada : Hans Arp, Hugo
Ball, Marcel Duchamp, Max Ernst, George Grosz, Raoul Hausmann, Hannah Höch, Richard
Huelsenbeck, Marcel Janco, Francis Picabia, Man Ray, Kurt Schwitters, Tristan Tzara… Il ne fait
aucun doute que ces personnalités puissantes ont exercé une influence profonde sur la littérature
et l'art de la deuxième moitié du XXème siècle, bien au delà de l'époque surréaliste. Les artistes
travaillant à Zurich, Cologne, Hanovre, Berlin, Paris et New York ont créé différents centres
d’activité artistique qui, néanmoins, se retrouvaient dans une même communauté de valeurs, peutêtre même d’idées. C'est précisément ce caractère multiforme et ce pluralisme identitaire qui ont
toujours permis au phénomène Dada d’échapper aux interprétations simplistes.
En fait, les dadaïstes ont souvent insisté sur le caractère antidogmatique du mouvement. Tristan
Tzara écrit en 1921 que « Dada ne signifie rien ». Il n'est « pas un dogme ou une école, mais
plutôt une constellation d'individus et de facettes libres2». Il ne semble pas que cette lutte contre le
dogmatisme ait entraîné, comme on a essayé de le dire, la « mort du dadaïsme ». Au contraire,
elle a empêché le mouvement d’être catalogué, assigné dans les catégories stables élaborées par
l'histoire de l'art occidental, et sources d’interprétations erronées. Certes, les dadaïstes voulaient «
détrui[re] les tiroirs du cerveau et ceux de l'organisation sociale », « démoraliser partout », et
« jeter la main du ciel à l'enfer», mais ils ont également voulu « rétablir la roue féconde d'un cirque
universel… et la fantaisie de chaque individu3 ». L’art qui doit être condamné, est l'art devenu
institution cautionnant l’ordre social bourgeois, cautionnant donc ce qui a provoqué une guerre
mondiale et a permis qu’elle se transforme en un abattage systématique. Dada est une violente
protestation contre toutes les théories esthétiques qui imposent une distance entre l'art et la vie et
qui considèrent l’œuvre d’art comme un objet de contemplation à la valeur déterminée par le
marché. Selon les mots de Jean Arp, Dada dénonce « les ruses infernales du vocabulaire de la
raison officielle », « Dada est pour l’insensé, ce qui ne veut pas dire le non-sens. Dada est insensé
comme la nature. Dada est pour la nature et contre l'art. Dada est pour le sens infini et les moyens
définis4. » La pratique artistique de Dada est le reflet de cette attitude, ce n'est pas un anti-art ou
une contre-culture - il est tout simplement différent de ce qui, au tournant du XIXème et du XXème
siècles, a pu être considéré comme « art ».
À la lumière de la réflexion post-moderne sur les nouvelles conditions de vie dans le monde
postindustriel, les intuitions artistiques du dadaïsme se révèlent être beaucoup plus que de simples
critiques culturelles typiques de la philosophie et de la culture du début du XXème siècle. Je pense
1
Richard Huelsenbeck, « Dadaistisches Manifest », in Dada Almanach, Berlin 1920. Traduction française dans
Dada Almanach / éd. bilingue, Champ Libre, Paris, 1980.
2
Tristan Tzara, ‘Authorization’, New York Dada, April 1921, p. 3. On en trouve le facsimile dans The Dada
Painters and Poets: An Anthology, édité par Robert Motherwell, The Belknap Press of Harvard University Press,
Cambridge and London,1989, p. 216.
3
Tristan Tzara, « Manifeste Dada 1918 », Dada 3, Zurich, Décembre 1918, p. [2].
4
Jean Arp, « De plus en plus je m’éloignais de l’esthétique », in Jours effeuillés, Gallimard, Paris, 1966.
5
que l'une des perspectives envisageables pour réinterpréter le mouvement Dada est celle du
nihilisme, considéré selon la proposition de Gianni Vattimo, non pas comme destruction mais plutôt
comme un mode de vie caractéristique de la pensée postmoderne. Dans le cadre d'une telle
méthode d'analyse, le but serait d’appréhender le nihilisme dadaïste en faisant abstraction des
jugements de valeur habituellement associés aux concepts de déclin, de disparition, de destruction,
de négation et de toute connotation négative : il s’agit alors de donner un sens positif à ce
nihilisme parce qu’il constitue une chance, une possibilité d'ouverture vers un horizon historique et
culturel dans lequel nous avons une place et la possibilité de nous reconnaître. Il me semble que le
nihilisme Dada représente l'une des premières tentatives vers ce nouveau statut ontologique, si
caractéristique de notre époque. D'où l'actualité de la problématique du mouvement, autour du
quel il reste beaucoup à découvrir et à comprendre.
Malgré l’incompréhension générale à laquelle leurs pratiques ont été confrontées, de la part du
public mais aussi de la communauté artistique, les artistes Dada ont déclenché un processus
irréversible dont le point culminant est le paradigme culturel contemporain. Tzara était convaincu
que l'indépendance et la liberté que les dadaïstes s’étaient accordés dans le domaine de l’art, de la
vie sociale et de la morale, allaient « devenir la norme » et que « ces libertés ne seront plus
considérés comme des crimes, mais comme des démangeaisons5 ». Il avait raison. C'est peut-être
pourquoi il nous est si difficile aujourd'hui d'apprécier l'importance de la révolution Dada et de
reconnaître, pour les futures générations d'artistes, l'importance des transgressions dadaïstes dans
les différents domaines de la culture. Performance, assemblage, collage, montage, installation,
readymade ou mystification ont une importance tellement fondamentale dans l'art de la seconde
moitié du XXème siècle et dans les pratiques artistiques contemporaines que nous avons du mal à
apprécier, avec le recul, la nature novatrice et révolutionnaire des stratégies employées par les
artistes Dada. Leur conception de l’œuvre d’art, le questionnement auto-ironique de ses propres
principes, la mise en doute du statut de l’artiste, et la citation, parodie et réécriture de sa propre
tradition, est étonnamment actuelle.
La valorisation de l'acte artistique reste un des apports les plus marquants du dadaïsme. La
décision de s'éloigner de la production non seulement de l'image - le paradigme par excellence de
l'œuvre d'art - mais aussi de l'objet en général, constitue un changement radical qui a révolutionné
la conception de l'art. Comme l’a très pertinemment remarqué Leah Dickerman, c'est au sein de
Dada que la pratique artistique a été interprétée « comme une forme de tactique6 ». Elle n’est donc
plus production d’objets ''tangibles'' remplissant une fonction dans le marché de l'art et dans les
institutions artistiques. Dans ce contexte, l’opposition et la dérision dadaïstes ne sont pas
destructrices : ces stratégies artistiques très efficaces visent à secouer le public, à perturber la
sécurité et l'équilibre de son existence confortable et mécanisée, créant un éveil en lui, provoquant
"malaise et démangeaisons" qui le forcent à réagir, à prendre position.
Même si les dadaïstes remettaient en question la modernité tardive et la société de consommation
naissante, ils acceptaient leurs règles du jeu et utilisaient leurs moyens d’expression, ne cherchant pas
à conceptualiser cette transgression dans la construction d’un programme artistique (comme l’ont fait
plus tard les surréalistes), ce qui serait revenu à rester enchaîné aux conceptions typiquement
modernes de la logique de progrès, et de l'histoire humaine vue comme progressive «illumination» et
maturation. L'art de dada ne souffre pas du pathos de l'authenticité qui caractérise la modernité, il est
plutôt marqué par un doute profond, une sorte de cynisme et de désillusion face à la civilisation et à la
culture environnante il se montre courageux en prenant la réalité telle qu'elle apparaît, sans la modifier
mentalement ou émotionnellement, sans la transformer pour la rendre plus acceptable. Ce doute et
cette désillusion, ne sont-ils pas contemporains ?
Le mouvement Dada est officiellement né le 5 Février 1916, lorsque Hugo Ball et Emmy Hennings
ont ouvert un cabaret littéraire et artistique, le Cabaret Voltaire, dans le restaurant Meierei, sur la
Spiegelgasse à Zurich. Quatre réfugiés ayant fui une Roumanie de plus en plus nationaliste et
empêtrée dans la guerre ont marqué cette soirée cruciale : Marcel Janco, Tristan Tzara, George
Janco et probablement George Arthur Segal. Ces jeunes artistes ont presque immédiatement été
impliqués dans les spectacles du Cabaret Voltaire et dans la création d'une nouvelle avant-garde
qui devait finalement révolutionner le monde de l'art. Pourtant, chose peu compréhensible, les
chercheurs occidentaux ont souvent passé sous silence ces racines roumaines du dadaïsme. En
effet, il existe à Bucarest avant la Première Guerre mondiale, une scène artistique vivante, fédérée
par les revues qu’animent Tzara et Marcel Janco, Simbolul et Chemarea, autour de valeurs qui
allaient plus tard devenir fondamentales pour le mouvement Dada. Tom Sandqvist est l'un des
rares experts en la matière à avoir effectué ses recherches en Roumanie pour saisir les traces de
5
Tristan Tzara, « Authorization », New York Dada, April 1921, p. 3.
‘Introduction’, in DADA: Zurich, Berlin, Hanover, Cologne, New York, Paris, édité par Leah Dickerman,
National Gallery of Art, Washington, 2006, p.8.
6
6
cette évolution artistique dans le «petit Paris des Balkans». Selon l’auteur, les sources de l’avantgarde roumaine incluent non seulement le symbolisme, le futurisme et le folklore mais aussi la
culture Yiddish d'Europe de l'Est qui effectivement doit être considérée comme significative dans le
développement de l’identité artistique des Roumains du Cabaret Voltaire.
L'exposition aux Musée des Beaux-Arts de Tourcoing a pour ambition de prendre part au débat sur
le dadaïsme. Notre intention n'est pas uniquement d'insister sur la nature complexe du mouvement
Dada en posant la question souvent tue de ses racines roumaines, ni seulement de documenter le
contexte artistique et personnel dans lequel ont travaillé Tristan Tzara, les frères Janco et Arthur
Segal, avant et après leur départ de Roumanie. Effet, nous voulons également utiliser la partie
historique et documentaire du projet comme point de départ d'une interrogation sur la façon dont
les racines roumaines du dadaïsme peuvent être considérées dans le contexte contemporain. En
outre, nous tenons à étudier le potentiel et l'importance de la conception de «Dada East » pour la
scène culturelle roumaine, à découvrir comment les artistes contemporains ont trait à l'histoire de
Dada. Le dialogue entre l'histoire et le présent que ce projet a permis nous aide à comprendre
combien le dadaïsme et surtout ses principales personnalités artistiques, leurs stratégies et leurs
attitudes, ont influencé l'art contemporain et quelle importante source d'inspiration, ils constituent
aujourd'hui.
Les installations in situ de Dan Perjovschi, Lia Perjovschi, Mona Vătămanu, Florin Tudor, les œuvres
de Mircea Cantor et Ciprian Mureşan ainsi que le texte de Ion Grigorescu, qui ont tous été réalisés
spécialement pour cette exposition, sont une sorte de réponse, une réaction directe à la question
que nous nous sommes posée, celle de l'importance et de l'actualité de l'histoire du dadaïsme qui
reste en suspens sous l’ère Ceausescu (c'est pourquoi l'exposition présente des œuvres illustrant
les paradoxes du système communiste qui représentent le cadre où se transmet et se lit la
question des avant-gardes roumaines du début du siècle). Le fait que l'histoire oubliée des
Roumains du Cabaret Voltaire trouve un résonance actuelle dans ces œuvres contemporaines
indique clairement - peut-être mieux encore que plus d'un texte historique ou critique – toute
l'actualité et la l'importance de l'art Dada et de son histoire.
7
Adrian Notz
Quatre petits hommes venus d’Orient
(texte catalogue)
Officiellement, Dada est né le 5 février 1916 à Zurich, quand Hugo Ball et Hemmy Hennings ont
inauguré le café littéraire et artistique Cabaret Voltaire, au cœur du restaurant Meirei de la
Spiegelstrasse. Dans son journal La Fuite hors du temps, Hugo Ball raconte cette soirée, non sans
entretenir la légende: « La salle était bondée ; beaucoup de gens n’avaient pas pu entrer. Vers 18
heures, alors qu’on était encore affairé à accrocher à coups de marteau les affiches futuristes, une
délégation de quatre petits hommes à l’allure orientale fit son apparition, cartons à dessins et toiles
sous le bras ; ils saluèrent l’assemblée, discrètement mais avec application. Puis ils se
présentèrent : il y avait le peintre Marcel Janco, Tristan Tzara, George Janco, et un dernier dont je
n’ai pas compris le nom. Il se trouvait qu’Arp aussi était là. Nous conversions à mots couverts. Peu
après, on accrocha les grands « archanges » de Janco à côté d’autres œuvres remarquables et,
durant la soirée, Tzara lut de ses poésies roumaines, qu’il avait sorties, plein d’élégance, de sa
poche de veste». Ces quatre petits hommes, encore jeunes – le « quatrième » devait être Jules,
l’un des frères Janco – avaient tous fui la Roumaine. Tristan Tzara (né en 1895 à Moinesti,
Roumanie ; mort à 1962 à Paris), ce « dompteur des acrobates » et Marcel Janco (né en 1895 à
Bucarest ; mort en 1984 à Tel Aviv), cet avant-gardiste raisonné, allaient exercer une influence
capitale sur l’évolution de Dada à Zurich.
Nous disposons de nombreuses cartographies mentales des prédécesseurs et précurseurs de
Dada. Mais les ramifications du mouvement en Europe de l’Est n’ont été l’objet que de peu
d’attention. Il revient au livre de Tom Sandqvist Dada East ; The Romanians of Cabaret Voltaire,
publié au printemps 2006, d’avoir mis en évidence le contexte culturel et historique roumain, et
son impact significatif sur les activités de Zurich.
Conçu comme la recherche archéologique de ces traces, le projet de l’exposition prend en compte
de façon scientifique le contexte personnel et artistique de Tristan Tzara et Marcel Janco. IL s’agit
de donner sens aux indicateurs suggérés par Tom Sandqvist et d’interroger la nécessité originelle
de Dada, et à travers elle le sens historique du mouvement et du Cabaret Voltaire, à l’époque
comme aujourd’hui. Dans le même esprit que l’exposition originelle du Cabaret Voltaire à Zurich,
les grandes lignes historiques du projet sont tracées par un petit hommage à Janco et Tzara, avec
quelques unes de leurs œuvres conçues dans le sillage des Saisons zurichoises de Dada – parmi
elles, la seconde partie d’une œuvre, joyau encore jamais exposé.
En exploitant tous ces indices comme une occasion de se demander comment ce sujet peut être
interprété dans le contexte contemporain, nous recherchons l’influence et le sens du Dada de l’Est
pour la scène culturelle roumaine. Notre travail s’inscrit donc dans une perspective très actuelle.
Nous voulons découvrir pourquoi ceux qui sont en ce moment engagés dans un travail culturel
s’intéressent à ce Dada du passé. C’est une des principales questions que le Cabaret Voltaire a le
pouvoir de poser encore et toujours. [ …]
Pour terminer, je voudrais adresser de chaleureux remerciements aux artistes impliqués dans le
projet : leur engagement et leur générosité ont été sans faille. C’est un honneur de pouvoir
travailler avec Irina Botea, Mircea Cantor, Stefan Constantinescu, Harun Farocki & Andrei Ujica, Ion
Grigorescu, Sebastian Moldovan, Ciprian Muresan, Dan Perjovschi, Lia Perjovschi, Cristi Pogacean
and Mona Vatamanu & Florin Tudor.
8
Ex Oriente Dada
Tom Sandqvist : entretien avec Zofia Machnicka
(texte catalogue)
Zofia Machnicka: Tom Sandqvist , votre livre, Dada East. The Romanians of Cabaret
Voltaire a le grand mérite, à mon avis, de détailler l’influence roumaine dans l’émergence
du mouvement Dada. Votre recherche peut être considérée comme une preuve de
l’intérêt croissant que les historiens d’art occidentaux montrent pour l’avant-garde de
l’Europe du Centre et de l’Est. Je pense notamment au livre de Steven Mansbach Modern
art in Eastern Europe : From the Baltic to the Balkans ca. 1890-1939 et à une exposition
importante, organisée par le Los Angeles County Museum of Art, Central European
Avant-gardes : 1910-1930. Le sujet intéresse depuis longtemps les critiques dadaïstes,
mais vous êtes l’un des rares à étudier les origines roumaines de l’avant-garde Dada.
Comment expliquez-vous ce silence, assez paradoxal si l’on se souvient que la moitié des
premiers dadaïstes étaient roumains ?
Tom Sandqvist : Je ne suis pas très surpris que cela soit si ardu de remonter aux racines du
mouvement, surtout que ces racines sont roumaines. Les dernières recherches ont souvent
mentionné que Tristan Tzara mais aussi les trois frères Janco étaient nés en Roumanie, ce qui n’est
pas le cas d’Arthur Segal… Comme d’autres critiques, j’ai moi-même consciencieusement noté que
Tzara et les frères Janco étaient roumains de naissance dans un livre consacré à l’histoire d’amour
d’Hugo Ball et Emmy Hennings, sans réfléchir au sens de cette origine. Cela va de soi que c’est très
frustrant. Les anciens régimes communistes ont perverti les conditions de recherche, alors que la
tradition eurocentriste s’est focalisée davantage, voire exclusivement, sur l’Europe de l’Ouest,
entraînant un manque d’intérêt, renforcé par un manque de communication entre les chercheurs
roumains et les autres – ces chercheurs roumains ayant été, pour la plupart, attentifs à ne pas
remettre en cause l’idée que l’avant-garde roumaine n’était pas née de la civilisation roumaine. De
plus, pendant mes recherches actuelles en Roumanie, j’ai remarqué que parmi le peu d’étudiants
roumains intéressés par l’avant-garde de leur pays, la bonne volonté et l’empressement à m’aider
allaient rarement au-delà des bonnes intentions.
ZM : Vous parvenez pourtant à réunir des documents très éclairants sur l’avant-garde
roumaine. Une grande partie de votre livre est consacrée à l’hypothèse que les futurs
dadaïstes Rosenstock, Iancu et Sigalu ont travaillé dans une atmosphère artistique
roumaine, favorable aux expériences et inventions les plus audacieuses, préparant ainsi
le terrain pour la révolution qui éclate à Zurich. Vous montrez aussi que le fameux terme
« dada », utilisé par Tzara pour baptiser le nouveau mouvement a des racines
roumaines… Selon vous, quelles caractéristiques de la scène culturelle roumaine ont pu
influencer la forme du futur mouvement dadaïste. ?
TS : Pour faire court, avant tout, je pense au « grotesque » et à « l’absurde », courants sousjacents à la culture populaire roumaine, mêlés à la plus ou moins
« absurde »littérature
symbolique roumaine, avec des auteurs comme Macedonski ou Minulescu. A cette époque, le juge
Demetru Demetrescu-Buzau devient célèbre chez les écrivains roumains, les journalistes, et les
artistes, sous le pseudonyme Umuz . Il écrit des histoires courtes, absurdes et fantastiques, qui ont
dû avoir une grande influence sur les futurs dadaïstes roumains, qui préparaient leurs projets
avant-gardistes dans la revue Simbolul, fondée en 1912 par, entre autres, Samuel Rosenstock et
Marcel Iancu. Enfin, Marinetti à qui l’on doit le premier manifeste futuriste, publié dans le quotidien
roumain Democratia en 1909 exactement le même jour qu’à Paris dans le Figaro.
ZM : Ce que vous voulez dire, arrêtez-moi si je me trompe, c’est que l’avant-garde
roumaine était, au moment où Tzara, Segal et les frères Janco ont quitté Bucarest, un
mouvement artistique bien formé, fondé en particulier sur quelques traits de civilisation
spécifiquement roumains, mais à l’époque en pleine mutation.
TS : Oui, vous avez raison de suggérer un lien fort entre cette approche historique « importée » à
Zurich conjointement par Tzara, les frères Janco, et dans une certaine mesure aussi Arthur Segal
et un mouvement artistique plus ou moins mature qui était florissant en Roumanie – que l’on
pourrait appeler « Dada avant la lettre », et qui puise son inspiration dans une tradition roumaine
spécifique aussi bien que dans des échanges internationaux rarement associés avec la Roumanie.
Ainsi la Roumanie mais aussi d’autres parties d’Europe Centrale et Orientale a été ouverte aux
recherches artistiques au début du XXème siècle. Les influences donc n’allaient pas seulement
d’Ouest en Est mais aussi Est-Ouest. Ceux-ci constituent le sujet de mon prochain livre, publié au
printemps 2009.
ZM : Votre livre s’ouvre sur l’évocation littéraire d’un festival de colinde dans un village
moldave, ce qui prouve l’intérêt que vous portez au folklore local en tant que source
9
d’inspiration de ces jeunes Roumains ayant participé à la création du mouvement Dada.
Dans quelle mesure, à votre avis, l’ « internationalisation » dadaïste et – comme vous le
dites – le recours aux arts et littératures dits primitifs ont pu être influencées par les
Roumains du Cabaret Voltaire ? Quelle culture originelle était profondément influencée
par différentes formes d’expression de la culture populaire ?
TS : Il existe des similitudes évidentes entre, par exemple, les festivals de colinde et les
performances sur la petite scène du cabaret Voltaire de Zurich, mais il ne faut pas oublier la
tradition, parmi d’autres, du théâtre expressionniste allemand, ni celle du vaudeville français,
importées à Zurich par Hugo Ball et Emmy Hennings. Par ailleurs, l’ « intégration » de la culture
« primitive » ne faisait pas simplement partie du Zeitgeist, en particulier en Europe Centrale, elle
est reliée à la culture juive ; n’oublions pas que tous les Roumains dadaïstes de Zurich ont grandi
au cœur de la culture juive de l’Europe de l’Est et qu’il connaissaient donc très bien, par exemple,
le judaïsme hassidique d’Europe de l’Est, lui-même réécriture d’une culture populaire « primitive ».
Les masques et les costumes grotesques des performances Dada ressemblent aux masques et
costumes des festivals de colinde, mais ils ressemblent aussi à ceux que portaient, à cette époque,
les acteurs, dans les troupes ambulantes du théâtre Yiddish d’Europe de l’Est. Faisant référence à
mon livre, M. Michael March a suggéré à Prague que le Cabaret Voltaire était une aubaine pour
l’assimilation juive, en ce qu’il posait un masque sur les racines, en réponse à l’anti-sémitisme
roumain. On est donc face à une sorte de double-bind : le folklore roumain et le judaïsme
constituent conjointement la culture native des dadaïstes roumains jouant sur la scène du Cabaret
à Zurich.
ZM : Les caractéristiques Dada que vous mentionnez dans votre livre - un certain
absurde, les plaisanteries, les attaques satiriques, l’oralité de la poésie et du théâtre
dadaïstes – plongent-elles donc leurs racines à la fois dans la culture populaire roumaine
et dans la culture juive ?
TS : Oui, sans aucun doute, mais – bien sûr – pas uniquement, parce que les Dadaïstes étaient
aussi influencés par la tradition du vaudeville français, autant que par celle du théâtre
expressionniste allemand (Wedekind par exemple). Pour ce qui concerne les racines populaires
roumaines, je pense en particulier aux festivals de colinde, durant lesquels les jeunes du village se
déguisent, et portent des masques grotesques, très semblables aux masques du théâtre Yiddish.
Dans la culture juive, on porte aussi des déguisements semblables, lors du festival de Purim. Pour
ce qui concerne l’absurde, je pense, par exemple, à ce qu’on appelle l’humour juif, à mi-chemin
entre une pensée intellectuelle et la pure plaisanterie, cette façon de faire face à la dure réalité de
la diaspora dans les pauvres villages d’Europe de l’Est, en Russie, en Ukraine, en Roumanie.
ZM : Puisque vous faites référence à l’importance de la culture juive pour l’évolution
artistique des Roumains du Cabaret Voltaire, j’aimerais bien revenir sur cette question
plus en détail. Comme cous le soulignez, les Roumains à Zurich, en 1916, Tristan Tzara et
les trois frères Janco, aussi bien que Arthur Segal, ont grandi dans des familles juives,
pour lesquelles la culture juive a dû jouer un rôle plus ou moins important, dans un pays
où la population juive comptait 800 000 personnes sur un total de six millions pour
l’entre-deux guerres. Quels éléments de la culture juive ont pu jouer un rôle dans la
fabrication des personnalités artistiques de Tzara, Janco et Segal ?
TS : Je m’attendais à cette question, qui en fait, trouve sa réponse dans mon livre quand il évoque
la culture juive et son rôle dans la constitution de l’approche artistique de Tzara, Janco et Segal.
Pourtant, j’ai oublié un aspect crucial dans mon livre : l’importance du processus d’assimilation
chez les Juifs d’Europe Centrale et Orientale. De nombreux témoignages attestent qu’au cœur des
Juifs de l’Europe du Centre et de l’Est, il y avait une double personnalité forgée par l’assimilation et
des efforts parallèles pour maintenir une culture spécifique propre. Par conséquent, il y avait une
sorte de collage de signes conflictuels, de messages, d’histoires, d’idées et pensées, tenus
ensemble par la conscience que ce paradoxe est en fait l’essence de la vie même. Pourquoi Samuel
Rosenstock était-il obsédé par ses rêves de non-existence pendant son enfance ? De même,
pourquoi Tristan Tzara a-t-il choisi de cacher son origine juive, mais pas ses origines roumaines ?
Dans le Manifeste de Monsieur Aa l’anti-philosophe, il semble jouer le même jeu de cache-cache
qu’à cette époque tant de Juifs assimilés, faisant tout son possible pour se fondre dans la culture
dominante, en même temps qu’il combat la mauvaise conscience que fait naître en lui le déni de
son origine culturelle. En même temps, Tzara semble s’adresser à la fois à la majorité non-juive, et
indirectement aux Juifs non encore assimilés, quand il leur recommande de ne pas suivre son
exemple, ce qui est aussi une façon de révéler sa propre stratégie pour masquer son identité.
L’assimilation dans la Roumanie profondément antisémite n’était pas chose aisée. Samuel
Rosenstock a choisi de changer de nom pour s’intégrer, comme on l’a récemment découvert. Mais
son pseudonyme ne signifie pas uniquement « triste dans son propre pays » en roumain – en
10
référence aux persécutions antisémites de la majorité – il évoque aussi le nom du poète français
Tristan Corbière. Il reste un autre lien remarquable avec son origine juive puisque, le mot Yiddish
‘tzure’ veut dire « misère » ou « trouble » et ce même mot se prononce ‘Tzara’ en hébreu.
ZM : Pour moi qui ai grandi dans un pays de l’Est dans lequel la culture juive a joué un
rôle fondamental, et dans lequel son absence après la seconde Guerre Mondiale se fait
lourdement ressentir, ces détails semblent très importants. Pourtant, on les évoque
rarement dans la recherche occidentale et roumaine. Comment expliquer un tel silence ?
TS : On ne peut pas répondre à cette question sur le silence de façon satisfaisante sans détailler le
fonctionnement de l’antisémitisme. D’un point de vue roumain, et si l’on pense au fait que la
plupart, sinon tous les membres de l’avant-garde étaient Juifs et donc catalogués « étrangers »
dans leur propre pays, les sentiments antisémites ont été si efficients que même aujourd’hui, on
peut cataloguer l’avant-garde comme ennemie de la « spiritualité » que la culture nationale voulait
exprimer. En ce qui concerne la recherche internationale, je n’ai pas de réponse claire à la
question, parce que cela fait longtemps que l’on devrait savoir que les Dadaïstes roumains ont
grandi au cœur de familles juives, dans un pays à la culture Yiddish très marquée. L’attention
portée aux sources d’Europe occidentale de Dada, l’Expressionnisme allemand ou le Vaudeville
français, a constitué une réponse commode à ces interrogations. On ne voit pas ce qu’on ne veut
pas voir.
ZM : En effet, des chercheurs roumains, comme Andrei Cornea, refusent de penser qu’il
existe des qualités inhérentes capables de spécifier l’art juif. Il considère, par exemple
dans le cas de Tzara, que son dadaïsme ne peut pas être introduit par un quelconque
rapport avec sa naissance juive. Un critique d’art et conservateur, Magda Radu, se
montre aussi dubitative face à l’hypothèse que le dadaïsme de Tzara doit être mis en
relation avec ses origines juives. Et je ne suis pas certaine que ce soit là de
l’antisémitisme ! Je dois dire que c’est particulièrement difficile de saisir dans quelle
mesure le mouvement de Zurich concilie sa dimension internationale avec son allégeance
aux traditions régionales ou nationales, ou même aux différents origines ethniques de
ses protagonistes. Selon moi, par exemple, la culture hybride du mouvement (Vaudeville
français et culture de l’intelligentsia, expressionnisme allemand et anarchisme, tradition
de l’absurde d’Europe de l’est) et son identité plurielle sont fondamentales pour
expliquer son importance dans l’histoire de l’art du XXème siècle. Dans ses intentions,
Dada voulait transgresser les frontières nationales et lutter contre les nationalismes.
Comment réagissez-vous donc à ces réserves ?
TS : En théorie, vous avez raison. Malheureusement je ne connais pas bien les thèses d’Andrei
Cornea ou de Magda Rudu, mais, d’après ce que vous en dites, elles ont l’air très, très courantes,
proches de l’opinion publique roumaine, souvent soupçonnée pour cette raison d’anti-sémitisme.
Au risque de me répéter, si je me réfère globalement à la « Modernité » du Centre et de l’Est de
l’Europe, je pense que l’apport juif est essentiel ; c’est ce que je montrerai dans mon prochain
livre. Les Juifs intégrés depuis longtemps constituaient une part essentielle du Bildungsbürgertum
d’Europe Centrale et Orientale et ils ont ainsi joué un rôle plus ou moins décisif dans les
mouvements de la modernité, dont celui de Roumanie. Là – au cœur de la culture juive assimilée –
est née puis s’est étendue la Modernité artistique et littéraire de l’Europe. Ce n’est pas un
coïncidence, fruit d’un hasard heureux, que la majeure partie de ces artistes impliqués dans les
avant-gardes tchèques, polonaises et roumaines aient grandi dans des familles à la culture juive
plus ou moins prononcée et ainsi véhiculé des caractéristiques et des valeurs de la culture juive
dans l’art contemporain.
Pourquoi Tristan Tzara, par exemple, cache-t-il effectivement ses origines juives et non ses
origines roumaines ? Ne se moque-t-il pas de lui-même et conjointement du cliché du pauvre Juif
de l’Est marchand de fripes ambulant, quand en 1920 il nous pousse à acheter les vêtements de
Monsieur Aa, son alter ego, ce M. Aa qui brade toute sa marchandise, avec ses yeux bleus ? Quand
dans le Manifeste de M. Aa, l’ antiphilosophe, il revendique n’être rien d’autre qu’un caméléon aux
opinions et aux couleurs changeantes, adaptées à chaque occasion, aux dimensions variables,
recommandant aux autres de ne pas l’imiter, il semble tout faire pour s’intégrer à tout prix à la
majorité.
En d’autres mots, cette double identité, à la fois en–dehors et en-dedans, dont parlent de
nombreux Juifs, et parmi eux Franz Kafka, peut-elle contribuer en même temps à l’éclectisme
spécifique à l’Europe de l’Est et du Centre et à la vision synthétique qui combine nationalisme et
messianisme, que la culture juive partage avec les intellectuels des cultures dominantes d’Europe
de l’Est et du Centre, bien plus que dans celle de l’Ouest ?
Est-ce que la réalité peut se résumer simplement ainsi : cette manière de s’exprimer spécifique et
synthétique d’Europe centrale et orientale était liée à la présence des Juifs assimilés et leur
« souvenir » du syncrétisme hassidique, et tout ceci en rapport avec le nationalisme
11
ethnocentrique dans les états-nations naissantes grâce aux élites intellectuelles au sein desquelles
les artistes rencontraient des Juifs, puis des comtes hongrois, puis des barons polonais, ou un
industriel de Bohème, et dont les enfants deviennent des artistes, ou des écrivains, et qui
embrassaient l’éclectisme tout en essayant de s’intégrer le plus possible dans la culture dominante,
pendant qu’elles tentaient de rattraper les avant-gardes d’Europe de l’Ouest ?
ZM : Oui, ça me paraît en effet très important d’éclairer l’importance des artistes juifs
dans les différents mouvements d’avant-garde, en Europe centrale et orientale. J’ai
remarqué que la question intéresse de plus en plus les chercheurs et les conservateurs
de musée, tout au moins en Pologne, et j’espère que cela portera très vite ses fruits.
Mais c’est un autre sujet, dont nous pourrons débattre tous ensemble. Merci beaucoup
pour cet entretien.
12
Catalogue publié à l’occasion de l'exposition
DADA EAST ?
CONTEXTES ROUMAINS
DU DADAÏSME
Musée des Beaux-Arts de Tourcoing
12 mars – 12 juillet 2009
COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION / CURATORS :
ZOFIA MACHNICKA, ZACHETA GALERIE NATIONALE D’ART, VARSOVIE
ADRIAN NOTZ, CO- DIRECTEUR DU CABARET VOLTAIRE, ZÜRICH
Commissariat général / Exposition organisers :
Evelyne-Dorothée Allemand
Yannick Courbès
Suéva Lenôtre
Scénographie / exhibition design :
Kunstumsetzung GmbH & Adrian Notz
Catalogue / Catalog
Direction de la publication / Editor : Zofia Machnicka
Auteurs / Texts : Ion Grigorescu, Zofia Machnicka,
Adrian Notz, Ion Pop, Alina Serban, Tom Sandqvist
Traductions / Translations : Frederic Maillard,
Dominic Ockenden, Marcin Wawrzyńczak
Conception graphique / Graphic design : Tomasz Bierkowski
Surveillance technique / Technical supervisor : Dorota Karaszewska
Mise en page / Layout exécution : Krzysztof Łukawski
Crédits photographiques / Photography credits :
artistes / artists
Kunsthaus Zürich
Musée national d’Art moderne – Centre Georges Pompidou
Muzeul Naţional al Literaturii Române, Bucureşti
Impression / Printed by : ARW A. Grzegorczyk
ISBN 2-901440-26-6
© Musée des Beaux-Arts de Tourcoing
Prix unitaire : 15 euros
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LISTE DES ŒUVRES EXPOSEES
ET REALISEES IN SITU
Revues Dada et d’avant-garde roumaine / Dada and Romanian avantgarde magazines :
Cabaret Voltaire, numéro unique / unique issue, 1916, Zurich, édité par /edited by Hugo Ball,
Bibliothèque Paul Destribats, Paris
Contimporanul, nº 16, 4 novembre 1916 (22), Bucarest/Bucharest, inv. RP 38 GF, Centre
Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky,
Paris
Contimporanul nº 27, janvier 1923, Bucarest/Bucharest, inv. RP 38 GF, Centre Pompidou, Musée
national d'art moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Contimporanul, nº 53-54, février 1925, Bucarest/Bucharest, inv. RP 38 GF, Centre Pompidou,
Musée national d'art moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Contimporanul nº 64, Bucarest/Bucharest, inv. RP 38 GF, Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Contimporanul nº 66, Bucarest/Bucharest, inv. RP 38 GF, Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Contimporanul nº 72, janvier 1927, Bucarest/Bucharest, inv. RP 38 GF, Centre Pompidou, Musée
national d'art moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Dada 1, 1917, Zurich, édité par/edited by Tristan Tzara, Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Dada 2, 1917, Zurich, édité par/edited by Tristan Tzara, Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Dada 3, 1918, Zurich, édité par /edited by Tristan Tzara, Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Dada 4–5, 1919, Zurich, édité par /edited by Tristan Tzara, Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Punkt, nº 6-7, 3 janvier 1925, Bucarest/Bucharest, inv. RP 40, Centre Pompidou, Musée national
d'art moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Punkt, nº 5, 20 décembre 1924, Bucarest/Bucharest, inv. RP 40, Centre Pompidou, Musée national
d'art moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Unu, nº31, nov. 1930, Bucarest/Bucharest, inv. RP 239 , Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne-Centre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Urmuz, nº2, c Bucarest/Bucharest, inv. P 271, Centre Pompidou, Musée national d'art moderneCentre de création industrielle/Bibliothèque Kandinsky, Paris
Œuvres des trois Roumains du Cabaret Voltaire :
Marcel Janco, affiche / poster, 1ère Exposition Dada, 1917, Zurich, linogravure / linoleum cut,
42,5 x 26,4 cm, avec l’aimable autorisation de / courtesy of Bibliothèque Paul Destribats, Paris,
© Kunsthaus Zürich. Tous droits réservés
Marcel Janco, Tristan Tzara lira de ses œuvres et le Manifeste Dada 1918 [affiche], Zurich, Zur
Meise, 23 juillet [1918], Bibliotheque Paul Destribats, Paris
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Marcel Janco, Masque, 1919, assemblage, papiers collés, fibres de bois, retouches pastel et
gouache / papers, board, twine, gouache and pastel, 35 x 27 x 5cm, inv. AM 1220 OA, Centre
Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, Paris
Marcel Janco, Réminiscence / Reminiscence, 1919, aquarelle sur papier / watercolor on paper, 21 x
15,5 cm, inv. AM 3568 D, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création
industrielle, Paris
Marcel Janco, Projet pour « Miracle », 1919-1920 collage de cartons gouachés et collés sur carton /
paper, gouache, board, 59 x 42cm, inv. AM 1222 OA, Centre Pompidou, Musée national d'art
moderne/Centre de création industrielle, Paris
Arthur Segal, Intérieur / Interior, 1918, huile sur toile / oil on canvas, 52,5 x 65,5cm, inv. AM 4398
P, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, Paris
Tristan Tzara, Volt. Poème et croquis, 1915, encre sur papier / ink on paper, inv. AM 3564 D,
Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, Paris
Tristan Tzara, Composition, 1915, aquarelle sur papier / watercolor on paper, inv. AM 3564 D
Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, Paris
Tristan Tzara, Vingt-cinq poèmes (avec 10 bois gravés / with 10 woodcuts by Jean Arp), Zurich,
1918, Collection Dada, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne-Centre de création
industrielle/Fonds Brancusi, Paris
Œuvres contemporaines :
Irina Botea, Auditions for a Revolution, 2006, DVD PAL. 24 min, avec l’aimable autorisation de
l’artiste / courtesy of the artist
Mircea Cantor, Sans titre, 2006, affiche / poster concu pour l’exposition / designed for the
exposition Dada East ?
Ştefan Constantinescu, Dacia 1300 – Moje pokolenie / Dacia 1300 - My Generation, 2003, Video
PAL sur / on DVD, 62 min, avec l’aimable autorisation de l’artiste / courtesy of the artist
Harun Farocki & Andrei Ujică, Videograms of a Revolution, 1992, 16mm sur / on DVD, 106’,
avec l’aimable autorisation de l’artiste / courtesy of the artists
Ion Grigorescu, Box, 1977, 8 mm sur / on DVD, avec l’aimable autorisation de l’artiste /
courtesy of the artist
Ion Grigorescu, Dialogue with Ceauşescu, 1978, 8mm on DVD, 7’10’’, avec l’aimable
autorisation de l’artiste / courtesy of the artist
Sebastian Moldovan The Paris, 2005 /2006, interventions dans l’espace public, performence,
vidéo / interventions in the public space, performance, video, avec l’aimable autorisation de
l’artiste / courtesy of the artist
Ciprian Mureşan, Leap into the void, after three seconds, 2004, affiche / poster, avec l’aimable
autorisation de l’artiste / courtesy of the artist
Ciprian Mureşan, The Communist Manifesto, 2007, 25 wydruków A4 / A4 prints, 180 x 130 cm,
installation in situ, réalisée pour la première fois à la Galerie Zachęta de Varsovie, 2008
Ciprian Mureşan, Choose..., 2005, DVD PAL, avec l’aimable autorisation de l’artiste / courtesy of
the artist
Dan Perjovschi, PostDada, 2008, installation in situ
Lia Perjovschi, CAA / CAA (Contemporary Art Archive / Center for Art Analysis), 1985 – ongoing,
installation in situ
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Cristi Pogacean, Breaking Heart, 2004 / 2005, médaillon en or / golden medallion, avec
l’aimable autorisation de le galerie PlanB / courtesy of the PlanB Gallery
Cristi Pogacean, The Abduction from Seraglio, 2006, tapisserie / carpet, avec l’aimable
autorisation de le galerie PlanB / courtesy of the PlanB Gallery
Mona Vătămanu & Florin Tudor, Natural Resistance, Hală Obor, 2006, série de 3 photographies /
series of 3 photographs, avec l’aimable autorisation de l’artiste / courtesy of the artist
Mona Vătămanu & Florin Tudor, Dust square, installation in situ, réalisée pour la première fois à
la Galerie Zachęta de Varsovie, 2008, béton, colle / concrete, water glue
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LE REGARD A LA PAROLE
RENCONTRE
CREATION
ART THEATRE MUSIQUE
WEEK-END TELERAMA
go DADA go !
21-22 MARS 2009
DADA EN FAMILLE
SAMEDI 21 MARS 2009
15h THEATRE
Petite forme théâtrale, avec
l’Ineffable Compagnie
Mounya Boudiaf, Chloé André
et Marion Laboulais
autour des écrits de Tristan Tzara
16h Visite commentée et atelier enfants
Visite commentée de l'exposition DADA EAST ?
pour les parents, grands-parents… et
atelier go DADA go ! pour les enfants de 6 ans à 11 ans.
DIMANCHE 22 MARS 2009
15h THEATRE
Petite forme théâtrale, avec
l’Ineffable Compagnie
Mounya Boudiaf, Chloé André
et Marion Laboulais
autour des écrits de Tristan Tzara
16h Visite commentée et atelier enfants
Visite commentée de l'exposition DADA EAST ?
pour les parents, grands-parents… et
atelier go DADA go ! pour les enfants de 6 ans à 11 ans.
Ouverture exceptionnelle 10h à 18h
THEATRE
Dada est tatoo
Jeudi 9 avril 2009, 19h
Petite forme théâtrale, avec
l’Ineffable Compagnie
Mounya Boudiaf, Chloé André
et Marion Laboulais
autour des écrits de Tristan Tzara
CONFERENCE-DEBAT
Dadatranseuropa
Jeudi 16 avril 2009, 19h
Conférence-débat par Michel Giroux
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AU MEME MOMENT AU MUSEE
ROBERT DEVRIENDT
PEINTURES & SCENARIOS
12
MARS
> 15
JUIN
09
_La première rencontre de l'œuvre de Robert Devriendt au Musée des Beaux-Arts de Tourcoing se déroula en
2004, lors de l'exposition Amicalement Vôtre. Une œuvre oblongue, Metaview 3, présentait le profil d'un chamois
scrutant un paysage en suspension, irréel. Cette pièce (légère par son format) et son accrochage (seule sur une
cimaise imposante du musée) marquait par sa radicalité et son audace. Mais plus que la radicalité, l'œuvre
intriguait, et finissait par chahuter l'esprit. En effet, passer le premier regard, persistaient des interrogations,
persistaient des images, bref, sans cesse elle nourrissait l'imagination, le rêve et la fiction. Comment, dès-lors, ne
pas penser à l'œuvre d'Eugène Leroy, dont le musée des Beaux-Arts de Tourcoing travaille à une très importante
donation. Il existe dans l'œuvre de ces deux peintres une certaine persistance rétinienne: couleurs, lumière dans
ce qu'elle contient de sublimation, mais aussi souvenirs – sans nostalgie –, et projection de soi.
_Le projet d'exposition Peintures & Scénarios
Dans cette exposition, sont rassemblées 7 "séquences" de Robert Devriendt, des séries de mini tableaux qui se
regardent comme des fragments de film. L'artiste a demandé à 7 écrivains belges d'imaginer, pour son catalogue,
un récit se rapportant aux séquences exposées. Le résultat forme un croisement entre la littérature et la peinture.
Les récits, notamment de Saskia De Coster, Peter Verhelst, Céline Luchet, Bernard Dewulf, Koen Peeters,
Annelies Verbeke et Oscar van den Bogaard, sont de véritables petits bijoux littéraires, des scènes d'un récit
qui attisent la curiosité du lecteur. Ils montrent comment le visiteur, qui regarde l'œuvre de Devriendt, construit
spontanément une histoire et interprète les images qui l'intriguent. Les peintures de Robert Devriendt sont toutes
petites, et souvent ne dépassent pas 6 x 9 cm. Il les présente en séries, qu'il appelle lui-même des "séquences":
4 à 7 tableaux placés l'un à côté de l'autre, comme des images fixes d'une même séquence de film. Un verre à
vin brisé, une chaussure de dame d'un rouge feu, une amaryllis en fleurs, une voiture abandonnée dans un bois,
un visage de femme, la tête d'un carnassier... Tel un metteur en scène, Robert Devriendt assemble des images,
qui dégagent une charge dramatique et souvent même érotique, sans pour autant imposer un scénario
déterminé. A ses yeux, il est important que le spectateur établisse une relation avec son œuvre, qu'il invente son
propre récit ou au moins qu'il ait le sentiment qu'un récit est possible. L'artiste n'apprécie pas les interprétations
imposées, il veut laisser libre cours à l'imagination.
"C'est pourquoi je trouvais intéressant de demander à des écrivains d'imaginer une histoire en voyant les œuvres.
Mais j'aurais tout aussi bien pu le demander à ma mère. Parfois, je suis très agréablement surpris de voir ce que
mes séquences peuvent évoquer. Les récits des écrivains ne sont pas seulement des histoires purement
fortuites, mais elles concernent également leur vision, leur vie. Et elles racontent aussi littéralement quelque
chose au sujet de mon œuvre, peut-être même de manière plus complète que le meilleur critique d'art!". Robert
Devriendt
COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION : YANNICK COURBES
COMMISSARIAT GENERAL : EVELYNE-DOROTHEE ALLEMAND, YANNICK COURBES ET SUEVA LENOTRE
CATALOGUE 62 p., 20 €
Contact presse : Yannick Courbès, attaché à la Conservation
Tél. +00 (0)3 20 28 91 65 [email protected]
Musée des Beaux-Arts 2, rue Paul Doumer 59200 Tourcoing
Tel.+ 33 (0)3 20 28 91 60 - fax +33 (0)3 20 76 61 57 [email protected]
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AU MEME MOMENT AU MUSEE
Scriptoria
12 mars > 8 mai 2009
Avec
Julien Baete / Raphaël Collin / Honoré Daumier / Auguste Herbin / Thomas Hirschhorn / Alfred Jarry / Huan Yong
Ping / Francis Picabia / Jacques Villeglé / Jean-Joseph Weerts / Christian Zeimert
Workshop : David Evrard
Installation : Jean-Philippe Convert
Commissariat : Nathalie Stefanov – Gilles Froger
et les étudiants de l'ERSEP – Ecole Régionale Supérieure d'Expressions Plastiques de Tourcoing
http://art-ecriture.over-blog.fr
Scriptoria : l’exposition
Scriptoria présente un ensemble d’œuvres de diverses époques choisies dans le fonds du Musée des beaux-arts
de Tourcoing. A priori, rien ne semble les unir. Et pourtant, un lien profond, celui de l’art à l’écrit, les inscrit dans
une même histoire, si discontinue soit-elle. Cette présence – visible ou non – de l’écrit dans des œuvres si
diversement attachées au mot, à la lettre ou au son, invite à des dialogues inédits.
Scriptoria a été conçue par des étudiants 3ème, 4ème et 5ème années de l’Ersep rassemblés dans un atelierséminaire de culture générale, animé par Gilles Froger et Nathalie Stefanov,. Au cours de cet atelier, ils ont été
conduits à mener des recherches sur la problématique et sur les œuvres choisies, à créer des vidéos, puis à
réfléchir à la présentation des œuvres de l’exposition.
Le workshop : David Evrard
Les trois derniers jours précédant l’ouverture de l’exposition, les étudiants participent à un workshop proposé par
l’artiste belge David Evrard qui réunit, en une pièce sonore diffusée par un « sound system », des fragments de
textes prononcés par les étudiants lors de leurs exposés ainsi que la lecture d’écrits présents sur les œuvres
retenues. A ces mots devenus sons, s’ajoute, sous la conduite de l’artiste, un catalogue d’exposition qui
rassemble des images et des écrits issus des recherches des étudiants.
Jean-Philippe Convert : « AEIOU »
Artiste français vivant à Bruxelles, Jean-Philippe Convert conçoit pour cette exposition une chambre d’écoute
dans laquelle on l’entend inventer une langue à partir d’un jeu sur des voyelles et des consonnes projetées sur le
plafond de la salle. Cette pièce fait ainsi écho, au sens propre du terme, au « sound system » du workshop de
David Evrard, et rappelle le plaisir que des artistes comme Alfred Jarry, Francis Picabia, Jacques Villeglé,
Auguste Herbin et d’autres ont eu à jouer avec la langue et l’écrit.
Vernissage le jeudi 12 mars de 17h à 21h
Contact presse : Nathalie Stefanov
Tél. 00 32 486 98 08 97
19
[email protected]
INFORMATIONS PRATIQUES
Exposition
DADA EAST ?
CONTEXTES ROUMAINS DU DADAÏSME
Lieu
Dates
Horaires
Musée des Beaux-Arts de Tourcoing
12 mars > 12 juillet 2009
Ouvert tous les jours, de 13h30 à 18h00
Sauf mardis et jours fériés
Commissariat
Commissariat général
Evelyne-Dorothée Allemand,
Conservatrice en chef du
Musée des Beaux-Arts de Tourcoing
Yannick Courbès, attaché à la conservation
Suéva Lenôtre, attachée à la conservation
Contact Presse
Evelyne-Dorothée Allemand,
Conservatrice en chef,
Tél : +00 (0)3 20 28 91 61
[email protected]
Service des publics :
Responsable : Suéva Lenôtre
Tél :+33 (0)3 20 28 91 64
[email protected]
MUSEE DES BEAUX-ARTS DE TOURCOING
Adresse
Musée des Beaux-Arts
2, rue Paul Doumer
59200 Tourcoing
tel : + 33 (0)3 20 28 91 60 - fax : +33 (0)3 20 76 61 57
email : [email protected]
www.musenor.com
www.tourcoing.fr
www.tourcoing-tourisme.com
Accès
Métro, ligne 2 direction Hôpital Dron, station Tourcoing-centre
Tramway, direction Tourcoing, station terminus Tourcoing-centre
Voiture, de Paris ou de Lille : autoroute A 22/N227 dir. Villeneuve
d'Ascq/Tourcoing
sortie 10 Centre Mercure, puis dir. Centre Ville-boucle est
Train, de Paris : gare du Nord – Tourcoing (+8 minutes à pied)
Droits d’entrée
entrée gratuite
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