REVUE DE PRESSE
Transcription
REVUE DE PRESSE
REVUE DE PRESSE Compagnie Théâtrale Le Temps de Vivre Direction artistique Rachid Akbal La Compagnie Théâtrale Le Temps de Vivre est conventionnée par la Région Île-de-France au titre de la permanence artistique et culturelle et subventionnée par l'Acsé, la Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France – Ministère de la culture et de la communication, le Conseil Général des Hauts-de-Seine et la Ville de Colombes. Compagnie Théâtrale Le Temps de Vivre - 9, rue de Strasbourg 92700 COLOMBES 01 47 60 00 98 - www.le-temps-de-vivre.org - [email protected] N° SIRET : 390 102 911 000 26 / N° de Licence : 1023244-1023245 / Code APE : 9001Z Rachid AKBAL On reconnaît Rachid Akbal de loin à sa grande silhouette, les pieds bien ancrés dans la terre et le sourire large. Nourri par le théâtre de Shakespeare et de Tchekov, hanté de références cinématographiques, il forge son jeu dans le sillage du théâtre de Grotowski. Sa parole, dénuée d'artifices, précise et sincère, dessine parfaitement les contours de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus lumineux comme dans ses zones d'ombre. Remarquable témoin de son époque, il n'a eu de cesse d’écrire et de raconter, des personnages hauts en couleur tout droit sortis de sa Kabylie ancestrale aux histoires vécues par ses compatriotes algériens pendant la Guerre d'Algérie, les années noires ou les récentes révolutions arabes. Capable d'une rare mobilisation physique, littéralement habité par ses personnages, il occupe la scène dans un véritable don de soi. Humaniste avant tout, son parcours dresse le portrait d'un homme libre et engagé, comme une promesse que la parole reste vive. Cie Le Temps de Vivre Fondée en 1992 par Rachid Akbal, comédien, conteur et auteur, la compagnie Le Temps de Vivre développe des spectacles où la narration occupe une place centrale. C'est ainsi qu'a été créée La Trilogie Algérienne, une oeuvre sur l'immigration, composée des spectacles Ma mère l'Algérie, Baba la France et Alger Terminal 2. Optant généralement pour un théâtre qui offre beaucoup de place au jeu de l’acteur, la dernière création, Samedi, la révolution, sur les révolutions arabes, confirme l'orientation vers un théâtre contemporain et engagé. Implantée à Colombes depuis 15 ans, la compagnie a renforcé son implication auprès des publics autour de trois objectifs : sensibiliser, former, faire circuler. En 2000, la compagnie a aussi créé Rumeurs Urbaines, festival des arts de la parole, devenu une véritable fabrique des arts de la parole rayonnant sur la boucle Nord de la Seine, de Nanterre à Villeneuve-la-Garenne. Rachid Akbal, raconteur sans frontières Comédien, auteur, metteur en scène et conteur infatigable, Rachid Akbal est depuis plus de vingt ans un acteur incontournable de la vie culturelle, à travers sa compagnie théâtrale et le festival Rumeurs urbaines. Quand il n'est pas sur scène, Rachid Akbal aime à rester discret, allusif, sur son enfance, sur son apprentissage de l'art de la parole. « Je suis devenu comédien dans les années 80, en passant », souffle-t-il en guise de confidence. « Ma première expérience artistique a tourné autour de Nasr Eddin Hodja, ce personnage des contes, que me racontaient mes parents ». Formé au Studio 34 à Paris, Rachid Akbal devient Colombien au milieu des années 80. Déjà, le comédien s'intéresse de près à l'art du conte et de la parole. Il rappelle que c'est autour de cet art « premier » que tournent tous les premiers grands récits. Cette discipline le fascine et il développe cette passion à un niveau professionnel dès 1992, avec la Compagnie Le Temps de Vivre, lieu de création et de formation où vont être créés la plupart de ses spectacles. Ils se basent sur l'art du conte pour évoluer vers une véritable pluridisciplinarité artistique, introduisant vidéo et musique pour enrichir son propos. Le conte, un art universel « Quand j'ai commencé à faire du conte, c'était encore un art émergent. C'est différent du théâtre. Il n'y a pas de quatrième mur, on réinvente l'histoire avec le public, en créant des paysages, des ambiances, par la seule force des mots ». L'attrait du conte est universel et durant plusieurs années, Rachid Akbal parcourt la planète avec ses histoires. Les rencontres avec les directeurs de festivals à l'étranger lui donnent l'idée de créer une manifestation similaire, à Colombes, avec l'aide de son complice, Vincent Caillet Lemare. Rumeurs urbaines, le festival des arts de la parole, naît en 2000, et est adopté immédiatement par les habitants, notamment lors de la Nuit du conte. « On touche plus de 4000 spectateurs chaque année, explique-t-il. Le fait d'avoir tourné si longtemps m'a donné envie d'inviter des conteurs. J'avais cette capacité à « ramener l'ailleurs », en partant jouer dans un pays où je rencontrais des artistes. C'est un art qui compte désormais beaucoup à Colombes, et il faut l'entretenir, car on peut toucher tous les âges, culturellement, socialement ». Raconter la révolution Le festival n'a pas empêché l'auteur de continuer « à écrire et à dire », notamment via sa Trilogie Algérienne, où se transmettent les souvenirs de son enfance. Rachid Akbal continue à renouer avec le plaisir immédiat du partage avec le public. L'homme est passionné, attentif et bien entendu maître de ses mots, qu'il veut faire entendre sur des sujets qui le touchent. Il en sera ainsi pour son prochain spectacle, Samedi, la révolution, qui abordera le sujet des printemps arabes. « L'auteur vit en Algérie, il a pris le pouls, pendant un an, de ces révolutions. On va parler des illusions perdues, de la nécessité de continuer la lutte et d'être à l'écoute ». Nul doute que le public, fidèle à l'artiste, sera lui aussi tout ouïe. Mosaïque N° 40 – septembre 2012 Dates 1985 : arrivée à Colombes 1992 : prend la direction de la compagnie théâtrale Le Temps de Vivre 2000 : création du festival Rumeurs urbaines, qui fêtera du 13 au 27 octobre sa 13 e édition 2003 : création du spectacle Ma mère l'Algérie, premier volet de la trilogie Algérienne jeudi 14 et vendredi 15 février 2013 : présentation de sa dernière création Samedi, la révolution, en avant-première à l'Avant-Seine. Sa phrase « Je veux rester un observateur de la vie, et savoir comment traduire artistiquement mes peurs, mes inquiétudes et mes joies. » Ma Mè re l'Alg é rie Sésame n°6 - juillet 2003 La Provence - 5 novembre 2013 La tendresse du conteur pour ses personnages est palpable, et du coup il nous les fait aimer à notre tour. Il y a durant la soirée des rires, des cœurs serrés voire des larmes et de magnifiques et poignants silences. Des moments d’émotions pures et des images restent au cœur longtemps après le spectacle. Je crois que c’est ce que le conteur souhaitait : nous donner à voir, entendre et aimer. (…) Merci Rachid. Les paroles algériennes du conteur Rachid Akbal Le Dauphiné Libéré - mai 2003 Avec une présence remarquable et une faconde intarissable, le conteur manie l’humour et la dérision dans un récit également tout emprunt de poésie. Au travers d’un jeu scénique parfaitement mis au point, la parole et le geste s’accordant en permanence, on passe sans cesse d’un personnage à l’autre. (…) Des récits aux accents enchanteurs et pleins de fraîcheur qui ont su séduire le public. « Ma mère l'Algérie » est le premier volet d'une trilogie sur l'immigration. Ce conte moderne est le récit de son enfance, depuis un petit village kabyle jusqu'à Aulnay-sous-Bois. Comme un jeu de poupées russes, ses souvenirs s'emboîtent, un conte emmène à un autre, et les spectateurs sont entraînés dans cette odyssée de personnages : la belle jeune fille élevant son frère comme son fils, le frère épousant la méchante belle-soeur, la méchante belle-soeur empoisonnant la belle jeune fille avec des oeufs de serpent, le cavalier qui surgit dans la nuit et qui sauve la belle jeune fille et l'épouse, et les vieilles curieuses qui observent tout cela... Et le conteur dénoue le fil de son histoire et incarne tour à tour ces personnages charismatiques et attachants, de ses bonds et des ses mimiques, entremêlant avec agilité le réel et l'imaginaire, le mythe et l'histoire, la douceur et la cruauté. Les spectateurs sont entraînés dans ses histoires, s'attachent à ses personnages. Ils sont invités à participer et l'enthousiasme du comédien franchit naturellement la frontière qui d'habitude sépare la scène de la salle. Alors l'histoire se tisse des nouveaux mots proposés par le public, et chacun se fait conteur aux côtés du conteur. Clémentine Morot-Sir La Tribune - juin 2012 Sur le chemin de mémoire... (…) Et pour l'ouverture de ce festival à Saint-Privat, ils ont été très nombreux à s'être embarqués « dans un voyage dans l'espace et dans le temps » en écoutant le conteur Rachid Akbal « le chercheur de racines ». Fascinés par son rythme, sa voix parlée ou chantée, ses mimiques extraordinaire, son humour, ils ont suivi « le chemin de sa mémoire, de son histoire » de Paris à Marseille, à Alger et enfin sur la place de son village en Kabylie... Baba la Franc e Africultures – 13 septembre 2009 La Terrasse – Hors série Avignon an scène 2009 Coup de cœur – Baba la France Après Ma Mère l’Algérie, Rachid Akbal présente le deuxième volet de sa trilogie consacrée aux rapports entre souvenirs et identité et rend hommage aux pères immigrés avec Baba la France. Sur fond d’événements historiques, Rachid Akbal raconte la vie d’un homme libre devenu un héros malgré lui. Rendant ainsi justice et mémoire à tous ces pères qui vécurent avec leur famille en France ou la laissèrent au pays, Rachid Akbal évoque les foyers de travailleurs, les logements de fortune et le travail acharné de ces damnés du béton en incarnant le personnage de Kaci, un fils marchant sur les traces du passé de son père. Pris dans la spirale des souvenirs et le flot des mots, Kaci recompose l’identité effacée par l’Histoire de ces hommes qui payèrent souvent de leur propre déconstruction leur participation à la reconstruction de la France qui les exploita avant de les reléguer, eux et leurs enfants, aux marges symboliques et sociales d’une société ingrate. C. Robert A la radio... France Culture – Masse Critique le 18 juillet 2009 Radio Soleil Le 23 juillet 2009 Rachid est seul en scène avec ses souvenirs et ses petits pincements, ses sourires aussi. Un spectacle qui raconte l'Algérie et le voyage vers la France, vers l'horizon du bonheur tant espéré, les souvenirs perdus de la terre d'Algérie, les odeurs, les sensations… Le spectacle fonctionne comme un conte, mais l'acteur est capable d'une rare mobilisation physique qui ramène du jeu en force et fait jaillir des images gorgées de couleur et d'émotion. On respire le soleil d'Algérie, au pied des figuiers et des orangers, on tousse la fumée des usines dans la grisaille du nord et de la banlieue parisienne, on trinque avec Baba au comptoir de ses rêves, on partage ses joies et ses déceptions au creux d'une vie faite de déracinement, d'errance, de perte… Rachid Akbal, avec la complicité de Caroline Girard, fait plus que rendre hommage à son père algérien parti au pays de la chance, il nous raconte l'histoire humaine de l'immigration, l'histoire de cette traversée culturelle et morale qui structure la société française d'aujourd'hui et modèle une nouvelle identité, une identité travaillée par l'entre-deux, la conscience diasporique. Ce père contradictoire qui a fait le choix de vivre en France alors que son âme d'enfant était restée en Algérie, dans les rocailles de sa Kabylie natale, ce père que Rachid Akbal entreprend d'inhumer dans les méandres de ses souvenirs et des histoires qui ont bercé sa jeunesse est emblématique de toute une génération du paradoxe, celui de l'histoire coloniale et de la guerre d'Algérie. Et cet homme d'un autre temps, d'un autre espace, exilé au pays des usines renaît à la mémoire de son fils entouré de tout un bestiaire symbolique qui accompagne le voyage initiatique de l'enfant vers le monde des adultes : le bouc, les pigeons, le chat noir, la biche… Plus qu'un hommage à son père, le conte se fait tombeau. "J'ai cherché longtemps avant d'arriver là, j'ai creusé, dans sa vie, pour lui trouver une sépulture sur mesure, j'ai fait ressortir, un à un, ses différents visages, je voulais un lieu qui les raconte tous. Un lieu qui dirait les bonheurs et les tourments de son existence." Et le lieu de cette sépulture est ce tendre et touchant spectacle. Sylvie Chalaye La Revue Marseillaise – juillet 2009 El Watan – 30 juille t 2009 Il y a quelques années, le comédien algérien Rachid Akbal avait décidé de se tourner en plein dans l’oralité. Cela donna un conte, paradoxalement rude et doux, sur le giron maternel, intitulé Ma mère l’Algérie. Directeur artistique de la compagnie Le Temps de Vivre, il empruntait alors son art scénique à divers registres féconds : théâtre classique et contemporain, récit, conte populaire, poésie… Emouvant dans cette histoire, il rappelait depuis le fécond spleen de l’exil, au féminin, l’histoire de ses ancêtres, et la vie difficile mais souriante de l’Algérie d’antan. Il continua par la suite avec un deuxième bouleversant témoignage, celui du père. Cela donna Baba la France, créé en 2007, qu’il a donné encore avec succès au théâtre La Luna à Avignon, durant ce mois de juillet 2009. Il fait là œuvre de comédien époustouflant, de danseur virevoltant, d’humanisme encourageant. L’expression est ici à son paroxysme pour rendre hommage aux « pères », sinon à son propre père immigré en France dans les années 50. Au début du one man show, un homme part à la recherche de l’endroit idéal où il pourra enterrer le souvenir de son père, disparu sur une route de France pendant la guerre d’Algérie du fait de son engagement avec le FLN. A partir de cette simple et douloureuse ébauche, il va se souvenir de cet Algérien « indigène », qui a rejoint la « mère patrie » en1948. La mémoire tendre et heureuse se juxtapose aux éléments plus durs d’une histoire qui a heurté tant d’Algériens, et leurs descendants. Violent, drôle malgré tout par bribes, onirique parfois, le jeu de Rachid Akbal fait ressurgir un passé enfoui. Le texte, co-écrit avec Caroline Girard vient de paraître en France aux éditions Acoria, dirigé par Caya Makhelé, présent à Alger lors du Panaf’ (lire entretien dans El Watan du 15 juillet 2009). Dans le troisième volet à venir Alger Terminal 2, le personnage de Baba La France, Kaci, rentre malgré lui au pays, après 25 ans d’absence, pour chercher une femme à son fils plongé et figé dans la pratique musulmane. Bloqué à l’aéroport d’Alger, il organise des rencontres avec des filles voilées de sa famille… A partir de cette situation, le personnage part dans des digressions sur ces années algériennes de jeunesse. Il se souvient des arbres qu’il était allé planter lors de son Service national. Un épisode de la jeune Algérie aujourd’hui oublié, comme l’élan juvénile qui l’animait alors. Dans cette mémoire qui se déploie, il y aussi l’interdit, qui prend le visage d’un amour de jeunesse, la jeune Aicha, prostituée. Dans ses recherches il apprend qu’elle a été tuée lors d’un massacre pendant les années de terrorisme, en 1997. L’Algérie est-elle à bout de souffle, alors que la démocratie n’a pas rempli toutes ses promesses après des décennies de fermeture ? C’est là toute l’interrogation doucereuse sur l’évolution d’un pays, l’amour qu’on lui porte, ses impasses et les ouvertures espérées. Une œuvre tellement utile. Ce spectacle est la promesse que la parole reste vive. Walid Mebarek Baba. Comme cet air que l’on arbore lorsque l’on reste, bouche bée, devant un constat, un événement… Baba, comme ce spectateur dans la peau duquel on s’insère pour partager – le temps d’une traversée remuante de la Méditerranée, « notre mère à tous » - cette incursion dans la vie d’un homme qui a tenté de s’inscrire dans une condition rêvée et pourtant si naturelle à première vue : celle d’un homme libre. Baba c’est un père, « indigène algérien français » qui apparaît sans fard sur la scène du Théâtre la Luna. Pour retracer cette existence d’un homme par le biais des éléments de son quotidien largement conditionné par les heurts et les aléas de l’Histoire en marche, un comédien - Rachid Akbal co-auteur - endosse le rôle d’un fils : celui de Baba. Sur la scène dépouillée de tout élément scénographique, c’est sur ses épaules que repose la tâche de représenter - c’est bien le mot – les routes tantôt dégagées, tantôt étriquées que son Baba – « Papa » en arabe a empruntées pour arriver sur cette terre d’espoir, un sol français aux contradictions multiples. D’Alger à Aulnay-sous-Bois, avec une escale à Marseille, l’artiste dépose un halo qui laisse se dévoiler avec une subtilité et une cruauté si bien imbriquées l’une dans l’autre les méandres d’un homme qui tout en souhaitant conserver son identité acquiert si facilement un statut autre, celui d’immigré. Cette émotivité, c’est par une force gestuelle et mimique mais aussi beaucoup de charisme qu’elle nous percute de plein fouet, grâce à un média incontournable qui fonde l’une des qualités de cette œuvre très proche du récit de vie conté : un langage poétique qui sert un discours authentique. Si quatre mains ont façonné ce second volet d’une trilogie où l’Algérie et ses caractéristiques possèdent un rôle phare, il aura suffi d’un corps, d’un être pour concrétiser en actes comme en paroles cet hommage aux babas, dont le lyrisme est un des faire-valoir. En cristallisant dans son monologue les détails d’une vie au Maghreb et ceux d’un destin d’« exilé volontaire », l’auteurinterprète nous plonge dans un des épisodes obscurs de la seconde moitié du XXème siècle, un conflit autour duquel la lumière tarde à être faite, en évitant toute caricature et tout esprit de revanche tels qu’on peut les imaginer, en plaçant sous les projecteurs les péripéties d’un homme qui, comme parmi tant d’autres à travers des sociétés diverses, doit s’expatrier et composer avec des cultures qui s’entrechoquent… et des incompréhensions qui ne laissent à vrai dire personne indemne. Christelle Brémond Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme 22 juillet 2009 Le Paris ie n – 10 mars 2007 Vauc lus e Matin – 19 juille t 2009 Allez l'applaudir. C'est un grand moment d'émotion. Dans la peau de ce fils, émigré de la deuxième génération, hanté par le souvenir de son père, un rôle co-écrit pour lui sur mesure avec Caroline Girard, il attrape les grands soubresauts de l'histoire de l'immigration avec amour et humour. Basé sur un récit très autobiographique, le spectacle de Rachid Akbal a enthousiasmé le public. Un de ces rendez-vous touchants et riants à la fois qui mettent du baume au coeur, panse les plaies les plus profondes sans du tout avoir l'air d'y toucher. A ne pas manquer. Marie-Emmanuelle Galfré C'est un cri d'amour pour son père, « Baba », qui a débarqué à Marseille en 1948, « au pays de l'argent et du ventre ». Il fait vivre l'histoire de « son héros »; littéralement habité, de tout son corps, de toute son âme. Il est bouleversant d'authenticité, clamant le droit de rêver, d'être libre. Un récit riche en métaphores, très imagé, empreint de poésie et d'humour, avec l'émotion à fleur de peau. M.P Pourquoi témoigner, pour qui témoigner? Je veux témoigner et je veux rendre hommage à tous ces hommes, ces pères, qui sont venus en France tout au long des Trente Glorieuses, pour participer à sa reconstruction., ils sont des réparateurs de guerre. Je parle aussi bien des pères qui ont pu vivre entourés d’une famille, que des pères ayant laissé leur famille au pays, vivant seuls dans des logements de fortune ou dans des foyers pour travailleurs. Ces pères, je les nomme « Baba », ce qui veut dire en arabe, papa. Merci pour cette immence émotion que vous dégagez pendant le spectacle ! Merci ! Martine Benayoun Bon Plan Théâtre 29 juillet 2009 Le rêve métropolitain L'Est républicain – 16 mai 2009 Après Ma Mère l'Algérie, Rachid Akbal retrace de façon drôle et touchante l'itinéraire de Baba la France. Ce papa « indigène » parti en quête d'une vie meilleure. Baba (« papa » en arabe) la France... c'est un peu l'hommage suprême aux vies et aux rêves éclatés, à la force des liens filiaux. Rachid Akbal plonge le spectateur dans un récit théâtral à la fois drôle et onirique où la violence flirte souvent avec le tendre. Le tout, au fil d'une quinzaine d'années durant lesquelles Baba la France devra affronter les épreuves d'un destin moins glorieux qu'il n'aurait pu l'imaginer. Depuis ses premiers pas sur les planches, le spectacle a été largement salué par la critique. Bel hommage à ce cri du cœur couvert par un chant d'amour pour la Kabylie ! F. VA C’est par cargos entiers, en 1948, que les immigrés algériens sont arrivés en France pour reconstruire le pays. Laissant derrière eux pays, familles, souvenirs. Ils pensaient connaître une vie meilleure. C’est Kaci, fils de "Baba" (papa en arabe) qui nous raconte l’histoire de son père le jour où il vient recueillir sa dépouille pour l’enterrer au pays. Travaux pénibles, logement insalubre, sous payé et souvent humilié, Baba parvient malgré tout à faire venir sa famille et se débrouille tant bien que mal avec le petit Kaci collé à ses basques. Enfance pauvre mais heureuse, scènes drôles dans le café d’à côté où les vieux jouent aux dominos et la patronne fait les lignes de la main. Avec le chômage, tout s’embrouille, l’alcool, la fatigue s’installent et les rêves s’effritent, Baba soupçonné d’accointance avec le FLN, est arrêté par la police et ne reviendra jamais. C’est un récit poignant, un témoignage indispensable de tout un pan de notre sombre histoire française. Rachid Akbal rend un hommage appuyé à tous ces "babas" qu’on ne doit pas oublier. Emouvant, poétique, coloré et sincère, Rachid Akbal nous offre avec Baba la France, le deuxième volet d’une trilogie après Ma mère l’Algérie. Nous attendons le dernier avec impatience. Jeanne-Marie Guillou Le Bien public 2 octobre 2012 Quetigny : un regard singulier sur l'Algérie Le spectacle gratuit Baba la France, qui fait écho à l’exposition et aux diverses animations qui ont lieu à la bibliothèque municipale, a pu être interprété par Rachid Akbal, comédien-conteur, metteur en scène et auteur d’origine algérienne, dans le cadre de Coups de contes en Côte-d’Or. Loin des clichés communautaires, il trace son chemin à la croisée du conte traditionnel et du récit contemporain pour composer un théâtre du dire engagé. Avec la création de Baba la France, Le Temps de Vivre pousse plus loin l’aventure d’une parole scénique. Une parole dénuée d’artifice pour mieux se glisser entre les interstices de l’Histoire et se confronter à la difficulté de parler encore aujourd’hui de la guerre d’Algérie. Pour cela, Rachid Akbal s’est entouré d’une équipe d’artistes qui ont su additionner leurs talents pour composer une œuvre poétique à travers laquelle la rigueur du travail corporel du comédien répond à l’exigence du verbe. Le républicain Lorrain – 8 juin 2011 Rachid Akbal le témoin poète L’ASBH centre social Saint-Exupéry a proposé vendredi soir la seconde partie de la trilogie de Rachid Akbal. Après Ma mère l’Algérie, le public a été enchanté par le récit vibrant de Baba la France. L’ASBH propose un spectacle à travers une rencontre intergénérationnelle sur le thème des événements en France entre 1954 et 1962. L’animation s’est axée autour d’un comédien et auteur Rachid Akbal, avec la présentation vendredi soir de la seconde partie de sa trilogie algérienne. Après Ma mère l’Algérie, voici venu le temps de rencontrer un second personnage, le père. En préambule du spectacle, une rencontre en amont a été menée deux jours avant par Taous Fouhal, responsable de l’ASBH centre social de Farébersviller. « La soirée a été riche en échanges, les personnes ont pu témoigner, commenter ces événements d’Algérie, parler de l’émigration. L’intérêt dans ce genre de projet c’est un travail avec la population. Beaucoup de monde a répondu à notre appel et ils se retrouvent ici ce soir pour voir le spectacle de Rachid Akbal. » Près de 80 personnes étaient présentes pour assister à la seconde partie de la trilogie. L’histoire d’un homme qui part à la recherche d’un lieu où enterrer le souvenir de son père disparu. À travers son récit, le public a pu côtoyer le temps d’une soirée, un homme, son vécu, ses tourments et ses attentes, cheminer avec lui et suivre le destin singulier de Baba la France, un Algérien, qui en 1948 a rejoint la métropole avec dans ses bagages l’espoir d’une vie meilleure. « Je parle du quotidien d’un homme, avec en toile de fond la guerre d’Algérie » confie le comédien. « Il vient reconstruire la France en 1948. Une petite vie, de petites histoires qui ensemble font la grande histoire. Mais comme beaucoup, ceux qui vivaient ici à ce moment-là, c’est un peu le récit de comment notre vie bascule, comment on est pris dans les événements. » Dans cette autofiction comme le décrit le comédien lui-même, la vie des gens se révèle à travers le ressenti d’un fils, souvenirs d’un père, échos d’un retour aux sources. Le public présent a suivi avec grand intérêt ce témoignage poignant d’amour, empreint d’une grande poésie, un récit vibrant d’émotion. L’auditoire a été littéralement entraîné dans un retour en arrière, un pan de l’histoire d’hommes et de femmes, un bouleversement de la société. « La vie des gens d’ici, l’émigration et la dureté de la vie, le travail quotidien, ardu et usant, tout ceci est en fait un thème universel», estime Rachid Akbal. Il ajoute : « Le spectacle, c’est le regard d’un enfant sur son père qu’il considère comme un héros. On peut tous se retrouver dans ce père mais aussi se reconnaître dans ce fils. » À l'issue de la soirée, tout comme lors du premier pan de la trilogie, public et comédien se sont retrouvés ensemble pour un moment d’échanges des plus intéressants. Point d’orgue d’une rencontre hors du commun, avec un homme talentueux, dans l’attente du troisième volet, prochainement. La Terrasse – avril 2012 Baba la France Le comédien conteur, auteur et metteur en scène, Rachid Akbal, reprend Baba la France, récit théâtralisé en forme de vibrant hommage aux pères de l’immigration algérienne. Un poignant seul en scène. « J’ai cherché longtemps avant d’arriver là, j’ai creusé dans sa vie, pour lui trouver une sépulture sur mesure, j’ai fait ressortir un à un ses différents visages, je voulais un lieu qui les raconte tous. Un lieu qui dirait les bonheurs et les tourments de son existence ». Cette quête aussi physique que métaphysique, la recherche d’un endroit idéal où pouvoir permettre à son père de reposer enfin en paix et pour l’éternité, lance Baba la France. Seul en scène, dans la peau du fils, Kaci, Rachid Akbal, auteur et metteur en scène de ce conte théâtral, ressuscite le destin de cet homme, algérien indigène parti de sa kabylie natale pour le « pays de la chance », la France métropolitaine, aux lendemains de la seconde guerre mondiale. De l’enfance faite d’oranges et de figues aux foyers de travailleurs des chantiers de la reconstruction, des pierres sèches du sol natal à la fumée des usines de la banlieue parisienne, des rêves d’affranchissement de la misère à l’étau des « événements » déracinant définitivement, Kaci, ramène le souvenir. Exaltant la beauté et la dignité de ce parcours d’homme, le récit poétique de Rachid Akbal, pour s’attacher à reconstruire une vie singulière d’oublié de l’histoire, touche l’universel des destinées de l’immigration. Telle est bien l’intention : « Je voulais rendre hommage à tous ces pères qui sont venus en France, aidés à la reconstruction d’après-guerre, travailleurs exilés volontaires pris dans les tenailles de la guerre d’Algérie sur le sol français, et définitivement transformés en travailleurs étrangers. Pour moi ces pères sont des héros ». Poignant, le comédien conteur, vêtu d’un Marcel, noyé dans un costume gris à la veste trop large au pantalon flottant retenu par des bretelles, chaussé de mocassins aux vrais faux airs de babouches, retrace cette épopée héroïque en évitant l’écueil du misérabilisme. Engagé et généreux Vi b r a n t , i l donne à entendre l ’ h i s t o i re d’amour : celle d’un fils pour son père. Truculent, variant les tons et les registres, il fait vivre autour de la figure centrale toute une kyrielle de personnages hauts en couleur. Rachid Akbal, qui défend « un théâtre du dire engagé », mouille généreusement sa chemise. Le parti pris d’un plateau nu comme celui de jeux de lumières souvent focalisés sur l’acteur lui-même, n’épargne rien au comédien. Cette générosité ne peut laisser indemne. Elle signe les créations du comédien conteur et intéresse particulièrement les trois textes qui forment La Trilogie algérienne dont Baba la France constitue le second volet, trilogie ouverte avec Ma Mère l’Algérie et refermée par Alger Terminal 2. Avec Baba la France, le théâtre de Belleville, totalement rénové, dirigé par une nouvelle équipe depuis le début de la saison, offre l’opportunité de voir les deux autres pièces en alternance. Marie-Emmanuelle Galfré L'Expression - Novembre 2012 «J'ai voulu rendre hommage à nos pères...» Après Ma mère l'Algérie et Alger Terminal 2 déjà présentée au TRB il y a 18 mois, notre comédien conteur est venu à Béjaïa présenter son nouveau spectacle qui allie le politique au poétique, le passé au présent dans un texte des plus puissants enveloppé de tendresse. Dans Baba la France, il incarne l'âme de son père, mais aussi celle de lui-même enfant racontant les déboires et mal-vie ainsi que l'arrivé de sa famille à Marseille en 1948. Un rôle très physique qu'il aura à décliner sur scène et gagnera toute l'attention du public. On pouvait dès lors boire les mots de cet artiste goulûment tout en se projetant dans un passé fait de guerre, de misère, de souffrance mais d'innocence et d'espoir aussi. Porté sur les frêles épaules de ce jeune garçon, non sans une pointe d'amertume qui ne quittera jamais plus le père, cet épisode fera de l'enfant ce grand adulte aux yeux rieurs qu'est devenu notre conteur à l'allure d'un sphinx. Un homme qui a le don de la métamorphose sur scène et de la parole avec comme seuls éléments scéniques la lumière pour pénétrer les ombres de nos souvenirs et créer la magie du théâtre. Ne partir de rien pour atteindre le summum de notre être, toucher l'esprit et son pendant, le coeur. Un ravissement a été ce spectacle donné jeudi soir dans la petite salle du TRB dans le cadre du Festival international du théâtre. De la mémoire revisitée et beaucoup d'émotion, sans tomber dans le cliché alarmant et larmoyant mais des mots qui sonnent justes pour une cause noble, celle du jeune garçon qui se confond avec celle d'une communauté algérienne toute entière et partant d'un pays... Bravo l'artiste ! O. HIND Alg e r Te rminal 2 El Watan – 1er février 2010 Rachid Akbal crée Alger Terminal 2 A force de tourner autour de l’Algérie, rien d’extraordinaire à ce que le comédien Rachid Akbal y tombe à pieds joints, corps et âme liés. Son nouveau spectacle Alger Terminal 2 achève la trilogie entamée depuis plusieurs années avec Ma Mère l’Algérie et Baba La France. Pour y prendre en pleine figure la pure émotion de l’exilé qui retrouve au pays la réalité du pays qui le fonde. Jusque-là, Rachid Akbal parlait d’exil, à tel point que sa longue carcasse d’acteur s’y confondait. Comédien algérien avec des racines plus solidement accrochées au sol français qu’à celui de ses parents immigrés, il a rendu un hommage émouvant à son père et à sa mère dans Ma Mère l’Algérie et Baba la France, produits par la Compagnie Le Temps de Vivre, dont il est directeur artistique. Le fil des origines l’attachait peu à peu à voir de l’autre côté du miroir dans l’Algérie d’aujourd’hui, celle qui s’est construite sans lui, avec la somme d’interrogations qu’on devine. (…) Rachid Akbal nous l’avait annoncé, il y a quelques mois lors du festival d’Avignon : Alger Terminal 2 serait sa prochaine destination théâtrale. C’est chose faite et nul doute que si les premières pièces ont rarement été vues sur des scènes algériennes, celle-ci pourrait bien propulser Rachid vers un pays qui vibre avec tant d’intensité en lui. Il suffit de voir la lumière de son regard quand il nous en parle pour en être sûr. Le partenariat de la Maison de la Culture de Béjaïa est un autre signe concret qui ne trompe pas. En deux mots, le spectacle est l’histoire de Kaci, de retour en Algérie, mais qui n’ose pas sortir du hall de l’aéroport d’Alger. « Kaci, explique l’auteur, est un fils de l’immigration. Il a aujourd’hui cinquante ans ; il cherche encore sa place et son appartenance. Notre spectacle interroge la place de l’homme dans ce monde égaré ». Kaci est venu à Alger chercher une femme pour son fils, mais c’est le souvenir d'Aïcha, son amour de jeunesse en Algérie, qui s’invite. Il parle à des jeunes filles voilées de la France d’aujourd’hui, mais se retrouve soudain en 1982 dans le bordel de Berrouaghia en Algérie. Bousculer l’intemporalité pour mieux questionner l’instant. La scène, espace du temps présent, s’ouvre avec constance sur le monde de l’immatérialité où s’agitent les souvenirs de Kaci. Ce va-et-vient de la pensée et des souvenirs, face à la présence d’une Algérie bien d’aujourd’hui, est la force du spectacle servi par un texte toujours très fort d’Akbal. Enfin, la nouveauté pour Rachid Akbal, comme Fellag sur un autre registre, est qu’il est accompagné d’une comédienne : Margarida Guia, également musicienne. Le spectacle est mis en scène par Julien Bouffier. Alger terminal 2 sera joué du 8 au 13 février au Hublot, à Colombes, puis du jeudi 18 au dimanche 21 février à l’Espace 89, à Villeneuve-la-Garenne. Alger Terminal 2 vient de recevoir le soutien de la direction des affaires culturelles (DRAC) Ile-de-France - Ministère de la culture et de la communication dans la cadre de l'aide à la production dramatique. Walid Mebarek Midi Libre - Jeudi 31 mars 2011 Un spectacle au milieu des badauds La Paillade | Rachid Akbal a interprété Alger Terminal 2 à Saint-Paul. Installée en résidence au théâtre Jean Vilar, la compagnie Adesso e sempre ne veut surtout pas se comporter en garçon de café mal élevé qui vous retire la carte des menus théâtraux des mains avant le choix, avant l'envie. Alors qu'ils ont joué la pièce Alger Terminal 2 sur les planches de Vilar, mardi et hier soir dans le cadre du festival Hybrides, Julien Bouffier, le metteur en scène de la compagnie, et Rachid Akbal, comédien, ont eu à cœur de ne pas laisser de côté les habitants du quartier. Alors hier, au centre commercial Saint-Paul, à midi et à l'invitation de la compagnie Les Quatre chemins, Rachid a dit un peu de sa vie, un peu de son texte à des passants pas avertis, pas au courant, pas initiés. Une déclamation à l'adresse de ce public qui vit une paisible indifférence à l'égard de théâtre. Et à la fin de la rencontre, des doigts se sont levés, ici ou là, à la terrasse du café. Non pas pour passer commande mais pour en savoir plus sur la pièce... Alger Terminal 2 pourrait être un rendez-vous à l'attention de celui ou celle venue vous chercher à l'aéroport. Créée en 2010, la pièce a souvent changé de lieu mais pas de titre. Rachid Akbal y livre une sacrée performance, dispense un peu de lui, éclate en public et n'oublie pas de continuer de vivre après l'explosion. De s'agiter pour mieux mouiller le spectateur sans l'histoire. Un sacré tour de force. L'Hérault du jour – 1er avril 2011 Carnet d'un douloureux retour au pays natal Hybrides. Rachid Akbal présentait « Alger Terminal 2 » au théâtre Jean Vilar. Une tragédie humaine et politique sur la difficulté de vivre entre deux cultures. Alger Terminal 2 est le dernier volet d'un triptyque consacré à l'Algérie. On y visite la mémoire douloureuse de Kaci, 50 ans, fils de l'immigration né en France, qui a grandit entre la culture française et celle véhiculée par ses parents algériens. Kaci, plus intrigué par le petit Jésus que par les prières à Allah, que son père voulait lui inculquer, s'est rebellé. Il est un homme athée alors que son fils est musulman. « La religion, il y est allé tout seul, comme beaucoup de jeunes en France », dit-il. Ce court résumé en dit long sur la complexité des rapports entre trois générations et sur les multiples questions qui déchirent un esprit partagé entre la terre natale et la terre d'origine. Rêve d'une terre en vie Kaci a fait son service militaire en Algérie à 20 ans et s'apprête à y retourner pour trouver une femme à son fils Omar. Bloqué à l'aéroport, il rouvre les pages difficiles de sa jeunesse et se souvient d'Aïcha, prostituée dont il était amoureux et qui fut assassinée. Révolté, en colère, Kaci plantait des arbres dans une terre blessée qu'il voulait voir revivre. Il rêvait de sauver sa bien-aimée et son pays. Il a perdu « sa foi en la vie ». Ces multiples chemins entre l'Algérie d'hier et d'aujourd'hui, cette sensation de n'être bien nulle part, sont mis en scène par Julien Bouffier et en musique par Margarida Guia. Les fils de la mémoire s'entremêlent dans un récit poignant et traversé d'humour. Viols et meurtres des femmes, massacres de civils, le pays saigne. Défilent des photos d'archives sur les horreurs des années noires (1990-1999) et des mails que son père adresse à son fils. Sur scène, des sacs plastique contenant des photos de femmes sont à la fois le symbole de leur enfermement et leur linceul. La Paillade à Jean Vilar ? « Je parle de la tentative de réconciliation avec la terre algérienne, du choc culturel, d'un impossible retour au pays. Je dénonce les carences du régime depuis 1962. la révolution a été usurpée par les militaires », lance Rachid Akbal, qui jeudi, s'est posé au centre commercial Saint-Paul à la Paillade pour présenter sa pièce aux habitants du quartier. Aux côtes de l'auteur Nourdine Bara et de Julien Bouffier, il a parlé de son travail. Une dizaine de spectateurs prévenus par ce biais sont venus découvrir son spectacle le soir même, dans un théâtre situé à deux pas de chez eux et dont ils ne connaissent pas toujours l'existence. Cette initiative montre qu'il est urgent de sortir des sentiers battus de la diffusion. Il arrive souvent qu'on se dise face à une pièce donnée à Jean Vilar : mais pourquoi la Paillade n'est pas là, dans ce théâtre, qui parle d'elle ? Anne Leray Empreinte n° 2 – 29 mars 2011 Interview de Rachid Akbal Vous présentez à Hybrides le spectacle Alger terminal 2 que vous avez écrit et que vous interprétez, mis en scène par Julien Bouffier. J'ai l'impression que c'est plus que d'avoir écrit un texte pour un metteur en scène, c'est un morceau de vie, quelque chose qui semble incroyablement mélangé à votre vie ? Je me trompe ? Non vous ne vous trompez pas du tout, c'est un texte qui est d'abord un récit autobiographique. Avec de l'autofiction ? Au départ le cadre est autobiographique, puis rapidement j'ai voulu glisser vers l'autofiction. Je me suis appuyé sur du vécu, sur de l'existant pour rapidement me laisser embarquer par la fiction. Par l'histoire des autres ? Exactement. Un mot sur l'histoire justement ? Le titre dit déjà pas mal de choses : Alger terminal 2. C'est une somme de choses. L'idée c'est de créer une trilogie : trois formes différentes pour parler de l'immigration. Ma mère l'Algérie : la mémoire, recevoir l'Algérie par procuration, la souffrance des mères, l'Algérie comme une souffrance. Baba la France : la guerre d'Algérie en France. Donc le père, la mère. Pour un trilogie il fallait parler du gosse, de la troisième génération. Donc je me suis dit : il faut partir de moi et tirer le fil. Vous êtes de cette génération là ? Oui, je suis né pendant la guerre d'Algérie, en 1969, à la toute fin, et le personnage a exactement mon âge, 50 ans. Il rentre en Algérie pour marier son fils qui est musulman. Le père est athée. Il est bloqué à l'aéroport d'Alger et il se souvient de son enfance, de la difficulté de porter la culture. Les cultures, en réalité il est double ! Exactement. Cette difficulté à la fois d'être et de devenir. Puis il se retrouve plongé dans le souvenir de la découverte de l'Algérie, quand on l'a envoyé à 20 ans planter des arbres. Il a rencontré une prostituée pendant cette période là, et on comprend que cette prostituée est morte pendant les « années noires », comme on dit en Algérie, les années 1990-2000, grosse période de terrorisme et de zones d'ombres sur l'Algérie. Lui, c'est donc à la fois l'Algérie d'aujourd'hui, d'hier, et l'espoir de l'Algérie de demain. Justement sur ces trois types d'Algérie, le texte pose une question évidente au fond pour un franco-algérien, un homme tendu entre ces deux cultures, c'est qu'il y a effectivement un certain nombre de valeurs d'ici qui entrent en contradiction avec les valeurs de là-bas, je parle évidement de la question du confessionnalisme, des communautés, des religions qui sont très réactives. Et qui en France ont été organisées de telle sorte qu'elles relèvent de l'ordre privé, et seulement de lui. C'est une distinction riche à analyser. Tout à fait. Je l'ai mise en question et d'ailleurs mon personnage est traversé par ces tensions. Julien Bouffier, le metteur en scène de ce spectacle, a enrichi ce débat en introduisant un échange de mails entre le protagoniste et son fils. De cette façon, on n'est pas dans le didactisme. Le personnage est dans l'inquiétude et le questionnement. Il n'est pas dans le jugement. Le père a juste une autre culture. Il a aussi l'expérience, il a vu où cela peut mener et il en a peur. Ce qui lui permet de poser la question : jusqu'où peut-on aller après ? Dans le spectacle, il y a un acte de mise en scène assez fort qui confronte ce personnage enfermé dans ce huis clos, ce temps suspendu à un dispositif technologique, de média qui a pour fonction d'ouvrir son imaginaire, de poser un certain nombre de questions, d'élargir le spectre de sa pensée ? Comment fonctionne ce dispositif multimédia autour de l'acteur que vous êtes ? Il est assez léger. Julien m'a laissé beaucoup de liberté au niveau du jeu de l'acteur. Si j'ai proposé à Julien Bouffier de travailler avec moi, c'est pour amplifier la logique d'un théâtre documentaire et politique. En contrepoint du récit, s'élabore un dispositif scénique où l'image documentaire nourrit l'autofiction du personnage. Comment avez-vous alimenté ce travail documentaire ? Nous sommes partis en Algérie avec Julien, pour une première session de répétitions. On a répété un peu à Bejaïa, on a pris les images de là-bas à un moment important, où l'Algérie venait de battre l'Égypte et se qualifier pour la coupe du monde de football. C'est une image très forte. L'Algérie qui vient de se déchirer et a du mal à panser les plaies, pleine d'espoir se retrouve autour de l'équipe nationale. Je trouve ça terrible et c'est la vérité. Justement pensez-vous qu'il y a pour l'Algérie un espoir possible en dehors du football et au vu du contexte géopolitique qui vous travaille depuis quelques mois ? J'y crois. Il y a derrière tout cela des choses qui se mettent en mouvement, c'est irréversible, comme si le peuple avait décidé de se prendre en mains. On a plongé la masse du peuple dans le collectivisme et là, chacun peut prendre en main son destin au sein de la collectivité. L'Algérie va suivre le chemin tracé par la Tunisie. Ces deux culture se comportent autrement qu'elles ne l'ont fait depuis des décennies. C'est ça, l'espoir : le soleil se lève en Orient et Moyen Orient, et c'est de cet équilibre du monde dont nous avons besoin. Le fait qu'il se passe quelque chose dans les pays arabes va peut-être nourrir la pensée occidentale. Cette porosité, il faut la souhaiter. Propos recueillis par Bruno Tackels journal du Festival Hybrides Empreinte n° 3 – 30 mars 2011 L'effet papillon Alger Terminal 2. Un homme est bloqué. Il est algérien, mais il est né en France. Il retourne au pays pour le mariage de son fils. Un mariage musulman, dans la pure tradition. Lui qui n'est plus croyant, il ne comprend pas pourquoi son fils est devenu si raide, fermé au monde. Il est bloqué, il peut donc lui écrire, lui demander, chercher à comprendre le fossé qui les sépare, si ce n'est pas un abîme. Peu à peu il nous entraîne dans son histoire, sa jeunesse passée, les plantations d'arbres, les prostituées, l'ami assassiné. Un monde dur, une terre rouge impitoyable, à laquelle il adresse une dernier chant d'amour. Hier, ce spectacle était présenté au Théâtre Jean Vilar, à la Paillade. En écoutant les mots de Kaci, écrits par Rachid Akbal, comme on s'arrache la peau, en entendant résonner les ondes puissantes de cette autofiction, on comprend mieux comment le théâtre peut devenir un « média ». Ce qui se dit là sur la scène fait écho à la vie de milliers d'habitant de ce quartier mélangé. C'est pour eux, en leur nom, que ce poème est écrit. Certes, il n'est pas toujours facile de leur faire savoir... C'est à cette tâche là que s'est aussi attelé le Festival Hybrides en cherchant à rapprocher le théâtre de la réalité la plus immédiate. Si l'on parle de l'actualité, c'est bien pour que celle-ci s'en empare. Alger Terminal 2, comme d'autres spectacles de la programmation, devrait pouvoir tourner dans tous les quartiers de France. Une initiative de salubrité collective. Bruno Tackels journal du Festival Hybrides Empreinte n° 3 – 30 mars 2011 Alger Terminal 2, Rachid Akbal La pièce commence comme un film ou plutôt comme un documentaire. L'écran installé au fond de la scène projette la bande-annonce de ce qui m'est apparu comme un cri d'amour pour un pays : l'Algérie. Rachid Akbal dans la peau de Kaci entre, chargé de sacs transparents vides mais bourrés d'air. Des sacs semblables sont éparpillés sur scène. Certains sont remplis de terre, d'autres d'objets et cinq d'entre eux renferment des photographies de jeunes femmes voilées. Margarida Guia, en charge de l'univers sonore, est assise en tailleur dans un coin de la scène. Elle ne sera ni trop ni pas assez présente durant la pièce. Car Rachid Akbal est avant tout un conteur qui occupe la scène par sa seule présence. Kaci, cinquante ans, fils de l'immigration, athée, en quête de son identité, retourne en Algérie pour trouver une femmes pour son fils converti à l'islam. Mais arrivé à l'aéroport, il n'ose quitter le hall et ce sont les souvenirs de sa jeunesse qui remontent à la surface. Notamment celui d'Aïcha, jeune prostituée dont il était tombé amoureux. Il nous raconte sa vie dans la grotte avec celle qu'il a enlevée et voulu sauver. Mais Aïcha est lucide et n'a pas peur de son sort. Elle se dit déjà « morte de l'intérieur ». Elle m'a fait penser à Nedjma de Kateb Yacine : le personnage enlève et emmène Nedjma dans une grotte. Aïcha, c'est aussi l'Algérie. L'Algérie des « années noires ». « Kaci, si tu reviens un jour en Algérie, mange de la terre. Tu mangeras un peu de moi. » Rachid Akbal nous livre une histoire qui n'est pas la mienne mais qui pourtant m'interpelle et me questionne. C'est bien plus que l'histoire d'un homme, c'est avant tout une recherche d'identité qui peut toucher chacun de nous. Elodie Ferrer journal du Festival Hybrides Le républicain Lorrain - 11 décembre 2011 MAISON DES CULTURES FRONTIÈRES - Alger terminal 2 : théâtre humaniste Vendredi, à l’OMC-MCF de Freyming-Merlebach, près de 200 personnes de tous âges, dont une partie a pu venir grâce à la mise à disposition d’un bus par la mairie de Farébersviller, dont le maire Laurent Kleinhentz était présent, ont pu assister au spectacle Alger terminal 2. Écrit et interprété par Rachid Akbal, mis en scène par Julien Bouffier, ce dernier acte d’une trilogie entamée avec Ma Mère l’Algérie et Baba la France, nécessitait un espace approprié à son envergure ce qui a amené Taous Fouhal (responsable ASBH du centre social Saint-Exupéry de Farébersviller) à entrer en contact avec l’OMC qui a co-produit le spectacle. Un lieu assez vaste pour faire vivre cette œuvre qui offre, dans sa forme, une construction particulière puisqu’elle mêle les supports artistiques… L’histoire de cette auto-fiction est un voyage dans les souvenirs de Kaci, bloqué dans le Terminal 2 de l’aéroport d’Alger… Dans les va-et-vient de sa mémoire se bousculent sa naissance et sa jeunesse en France, la rébellion contre sa culture d’origine, son plongeon forcé dans l’Algérie des années 70, la brutale réalité d’un pays dans l’impasse… Sur scène, Rachid et Margarida réussissent le prodigieux exploit de raconter avec poésie, l’horreur, les questions, les doutes, les peurs, sans jamais tomber dans le pathos tout en restant d’une sensibilité à fleur de peau. Sur scène il y a la vie envers et contre tout ! Puis vient le retour à l’autre réalité. Et Rachid Akbal vient à son public, accessible, répondant à toutes les questions. Et au milieu des questions, les compliments… Alger Terminal 2 une ode à la vie, dans tout ce qu’elle a de plus triste et de plus joyeux, de plus tendre et de plus douloureux. La Trilog ie Alg é rie nne Figaroscope – avril 2012 Rachid Akbal raconte la complexité de l'entre-deux rives. Être ici, en France, penser que ses racines sont là-bas, en Algérie. Jeter un pont par-dessus la Méditerranée et puis se sentir d'une rive à l'autre, un peu étranger. Aimer la France, aimer sa mère. Être toujours un peu en exil. Être ailleurs, être d'ailleurs. Ce malaise que peuvent ressentir les êtres les mieux intégrés, Rachid Akbal le raconte, inlassablement, depuis quelques saisons. Au Théâtre de Belleville, excellente adresse, il a joué les trois volets qu'il a composés. En ce moment, c'est «Baba la France» que vous pouvez découvrir jusqu'à samedi et «Ma mère l'Algérie», dimanche 29. N'hésitez pas ! C'est sensible, drôle, tendre et déchirant. Du beau théâtre qui parle de la vie. Armelle Heliot Sortir à paris.com – avril 2012 Une Trilogie Algérienne, trois courtes pièces écrites et interprétées par Rachid Akbal sur la scène du Théâtre de Belleville, du 21 mars au 29 avril 2012. Pouvons-nous établir, à l'heure d'aujourd'hui, un bilan sur l'immigration algérienne en France ? Pouvons-nous rendre compte du sentiment déstabilisant et ambigu de cette "double nationalité" pour les enfants d'immigrés ? C'est le défi que tient à relever Rachid Akbal, acteur et conteur algérien, d'origine kabyle. Des liens entre nos deux pays, il y en a des tas. Qu'ils soient tendres ou douloureux, ils existent cependant bien. A l'occasion des célébrations des 50 ans de l'indépendance de l'Algérie, quel plus beau cadeau qu'offrir son art au service de la mémoire, mais aussi du constat ? Trois pièces viennent ainsi se compléter les unes les autres, dans l'étude de Rachid Akbal sur sa Terre natale. Ma Mère l'Algérie, est un hommage à la Mère, son pays. Mais c'est aussi un hommage aux femmes de son pays, des femmes fortes et courageuses. Baba La France, seconde pièce, raconte la vie et la mort d'un travailleur algérien en France, à l'heure de la guerre. Comment les immigrés d'Algérie ont-ils vécu la guerre, de l'autre côté de la frontière ? Et enfin, Alger Terminal 2, nous plonge dans un sujet très d'actualité : la difficile conciliation d'une double culture, d'un double pays. Un bel hommage aux saveurs d'Orient constitué d'un récit initiatique par un enfant du pays. De quoi en apprendre un peu plus sur une histoire trop souvent bafouée, et même, dénigrée. Rappels – N°87 - avril 2012 La Trilogie Algérienne Le jeune théâtre de Belleville continue d'impressionner par la qualité de sa programmation. A l'automne, il avait inauguré sa petite salle flambant neuve avec une version survitaminée de l'Ecume des jours. Après Boris Vian et son univers absurde, le Théâtre de Belleville poursuit son exploration de la diversité théâtrale en accueillant un autre genre de poète ; le comédien et conteur d'origine algérienne Rachid Akbal. Dans des registres radicalement différents, ces deux projets témoignent de la même préoccupation d'offrir des spectacles à la fois exigeants et populaires. A ce titre, la programmation de la Trilogie Algérienne dans le quartier de Belleville sonne comme une évidence. Car malgré son récent embourgeoisement ; Belleville reste le quartier très populaire où l'immigration algérienne, et particulièrement kabyle, a trouvé refuge. De façon très personnelle, c'est l'histoire collective de ce petit peuple bellevillois que conte Rachid Akbal. En trois spectacle programmés alternativement (Ma mère l'Algérie, Baba la France et Alger Terminal 2), le comédien parvient à embrasser la complexité du lien indéfectible qui lie la France et l'Algérie. L'histoire et ses soubresauts souvent violents résonnent ici à travers une galerie de destins individuels. Les époques s'entrechoquent, les chemins se croisent, les familles se déchirent et se recomposent. Avec un engagement total et dans une remarquable économie de moyens, Rachid Akbal donne vie à ce monde plein de contradiction. Il évoque sans fausse pudeur la douleur de l'exil, le déchirement entre deux cultures, l'impossibilité de choisir et l'ambivalence des sentiments qui, malgré l'amour et la tendresse, rattachent chaque Algérien à la France. La Trilogie Algérienne de Rachid Akbal est un spectacle indispensable, tout comme celle de Mohammed Dib, incontournable pour la littérature algérienne. Charles Sacy Zibeline - du 13 novembre au 11 décembre 2013 L'Algérie sous toutes ses formes La justesse du jeu d'acteur, mêlée à la beauté et aux détails du texte, co-écrit avec Caroline Girard, aborde de manière subtile et émouvante le parcours semé d'obstacles d'un paysan kabyle immigré en France. C'est aussi toute la complexité du statut d'immigrant qui est habilement traité dans le dernier volet, Alger Terminal 2. Le jeu du comédien prend de l'ampleur, ainsi que la mise en scène, grâce aux effets sonores et à la vidéo, un final tel un véritable feu d'artifice d'émotions dont on ne sort pas indemne. Anne-Lise Renaut La Marseillaise – 4, 7 et 10 novembre 2013 Regards croisés Ce n'est pas un objet simple à appréhender. La Trilogie algérienne se déploie dans le temps : elle a été écrite en 2003, 2007 et 2010, mais surtout elle traverse les décennies, non de façon linéaire mais par le biais d'aller-retours, allusifs ou identifiés, sur une période s'étalant de la guerre d'Algérie à notre époque. Et bien entendu s'agissant d'une histoire d'immigration, elle glisse à plusieurs reprises de la France à l'Algérie, vice et versa. Et même si on n'y verra que très peu de monde sur la scène – l'auteur metteur en scène Rachid Akbal est seul sur deux volets, accompagné sur le dernier - c'est toute une galerie de personnages qui est convoquée. Périple Lui-même, Rachid Akbal, n'affiche pas un parcours linéaire, qui, avec celui de sa famille plus largement, a nourrit la trilogie, ainsi composée de « fiction, auto-fiction, autobiographie ». Il est par exemple français (né en France) de 1959 à 1962, puis devient algérien car son père opte pour ce choix de nationalité au sortir de la guerre d'Algérie. Il passe ensuite au statut de la double nationalité. Il fait un service militaire mouvementé en Algérie. Il voyage aussi entre Colombes dans les Hauts-de-Seine, où est basée sa compagnie Le Temps de Vivre, Marseille, où il habite, et, en schématisant, la France, l'Algérie et d'autres pays du Maghreb pour interpréter ses pièces. Et c'est au théâtre régional de Béjaïa, en Kabylie, où il jouait notamment Baba la France, qu'il rencontre Yvan Romeuf, directeur artistique du Lenche. Voilà comment La Trilogie algérienne a poursuivi son périple, pour s'amarrer au Panier, où elle est proposée du 4 au 10 novembre de façon resserrée, mais en trois parties distinctes. Trois parties – Ma mère l'Algérie, Baba la France, Alger Terminal 2 – ainsi reliées : « c'est une oeuvre sur l'immigration, explique-t-il, sur la manière dont on voit cette terre d'Algérie, sur les répercussions ici des évènements qui se déroulent là-bas... » Autrement dit, dans cette note d'intention, « la trilogie pose son regard sur l'immigration algérienne en France et sur le rapport ambigu et complexe que ces enfants entretiennent avec le pays d'origine et le pays d'adoption ». Trois parties qui évoluent dans leurs formes également, « se théâtralisant de plus en plus jusqu'à la dernière, avec des vidéos, des images d'archives, de la musique... » Terre-mère Poétique, écrite à partir d'un conte traditionnel, le premier volet, Ma mère l'Algérie, tente de faire ressentir le pays et évoque « la recherche de la terre-mère, s'interroge sur l'héritage d'une culture parfois fantasmée par des enfants de l'immigration qui n'y sont jamais allés ». Pour Baba la France, Rachid Akbal, toujours seul en scène, à collaboré avec la romancière Caroline Girard. « Je lui ai demandé d'écrire pour ne pas tomber dans quelque chose de communautariste. J'ai fourni la trame et le texte a fait beaucoup d'aller-retours entre nous ». Avec ce second volet, poursuit-il, « j'ai voulu rendre hommage aux travailleurs, appelés dès 1948 pour reconstruire la France, à ces chibanis obligés d'aller et venir entre la France et l'Algérie en raison du durcissement de certaines lois. Je parle aussi de la Guerre d'Algérie et notamment de ce qui s'est passé en France, au sein de la communauté, au sein des familles, par exemple entre partisans du MNA (Mouvement National Algérien) et du FLN (Front de Libération Nationale). » Passant par les deux pays et les années 70, 90 et l'époque actuelle, le troisième chapitre, Alger Terminal 2 (où, cette fois, Rachid Akbal partage la scène avec Margarida Guia), voit le personnage récurrent Kaci « venu à Alger pour son fils, mais c'est le souvenir d'Aïcha, son amour de jeunesse, tuée dans un massacre à Relizane, qui s'impose et avec elle, l'horreur des années noires... » Bloqué dans le terminal du titre, Kaci, souligne Rachid Akbal, est également « bloqué dans sa mémoire ». A la dure au pays de la chance Comme sur le premier volet, Ma mère l'Algérie, Rachid Akbal est de nouveau seul, mais cette fois la forme est plus théâtrale, bien que dépouillée. Si ce ne sont des projecteurs – le jeu de lumières à son importance, scandant le récit avec la musique - la scène est nue, la forme est cyclique également : Baba la France, écrit par la romancière Caroline Girard, prend des allures « d'aller-retour de la mémoire », de l'Algérie, à Marseille, au Havre alors à reconstruire après guerre jusqu'à la banlieue parisienne où l'on manque de mains dans les usines, pour nettoyer les rues, les marchés... L'écriture pose habilement les décors, avant de se concentrer sur les détails intimes, elle est nette, sans fioriture mais imagée, forte, avec ce qu'il faut d'humour, de poésie, de tragique, d'onirisme malgré le concret des situations : les difficultés à immigrer, à vivre, la guerre d'Algérie et ses répercussions ici (dissensions au sein des familles, impôts levés par le FLN et le MNA, couvre-feu...). Le jeu de Rachid Akbal est très juste, dans son aptitude à se glisser dans la peau des différents personnages, incarnant notamment avec conviction un Baba qui a troqué la misère contre une autre, un jeu très physique – mime, danse... il a cette aptitude aussi à allier aux pans tragiques de l'histoire – par ailleurs souvent drôle – une distance ironique bienvenue qui permet, plus sûrement que le pathos à haute dose, de toucher avec subtilité. Douloureux retour sur terre Dernière incursion au Lenche pour l'auteur et comédien Rachid Akbal, qui clôt ce soir sa Trilogie algérienne par un Alger Terminal 2, puissant et féroce, au cours duquel il raconte, bloqué dans un aéroport, le chemin qui l'a conduit à quitter la France et à traverser la méditerranée. Autre style aussi, plus cinématographique, à l'image de ce générique diffusé d'entrée de jeu, qui place le contexte avant que Rachid Akbal ne se saisisse de la parole. Car si de nombreuses images sont projetées pendant l'heure : archives ou phrases choc, elles ne prennent jamais le pas sur la performance viscérale du comédien, qui se démène comme un beau diable. Parfois, il se cache de honte sous le drapeau algérien, par la suite, il revêtira fièrement le maillot vert de son pays. Aux moments calmes, la fureur succède, faisant éclater, impuissant face à la mort, des sacs de terre. Accompagné sur le plateau de Margarida Guia, qui assure l'ambiance sonore et pose quelques fois sa voix, telle une conscience. Rachid Akbal ne tombe jamais dans la facilité, ni dans ses propos, ni dans son interprétation. Le numéro de funambule est réussi, donc. Antoine Pateffoz et Cédric Coppola Mécènes du sud, novembre 2013 Chroniques de l'impossible retour Rachid Akbal a entamé un travail au long cours depuis 2003. Une série de trois pièces constituant la Trilogie algérienne, dans laquelle ce fils d'immigrés effectue sa catharsis : il y traverse tous les malheurs du pays des origines et de ses enfants lors du dernier demi-siècle. L'auteur et comédien, réside en partie à Marseille, incarne ce récit sans naturalisme, avec la physicalité propre au conteur. Hervé Lucien : Quels ont été les éléments déclencheurs pour écrire et jouer les trois pièces de la Trilogie algérienne ? Rachid Akbal : Je voulais entrer dans ce type de travail, en lien avec l'histoire, pour raconter l'immigration et je l'ai fait à partir d'un conte de la montagne kabyle. J'ai commencé dans Ma mère l'Algérie pour évoquer celle qui sont détentrices de la langue maternelle, de la mémoire. Quand j'étais gosse, ma mère me parlait de la montagne et j'avais du mal à me projeter, les images qu'elle évoquait relevaient du fantasme. Ces histoires se sont déposées en moi, je les avais un peu oubliées... elles me sont revenues lorsque j'ai abordé le registre du conte. Ça a pris du sens par rapport au sujet de l'immigration, de la culture que ma mère m'a transmise. C'est cela qui a construit le socle de la trilogie. H.L : Il y a véritablement une nécessité de dire, de témoigner à la base de ce travail ? R.A : complètement. J'étais arrivé à un âge où il fallait que j'en parle. D'autres personnes de ma génération sont du même avis comme Azouz Begag. Nous sommes les derniers à pouvoir en parler : l'identité des jeunes aujourd'hui, ce n'est plus d'être algérien mais d'être musulman. A l'époque des années 70, on nous forçait à rentrer chez nous, mais c'était ici chez nous. J'appelle cela « l'impossible retour » : on est français, d'origine contrôlée, mais on est français. Ce n'est pa un message : les spectateurs trouveront ce qu'ils veulent bien trouver dans ce texte. H.L : les trois parties ont été écrites chacune a plusieurs années d'intervalles : Ma mère l'Algérie (hommage à la Terre-mère, 2003), Baba la France (vie et mort d'un travailleur algérien en France durant les « évènements », 2007), Alger Terminal 2 (l'impossible retour au pays, 2010), en quel sens forment-elles une unité ? R.A : elles sont différentes mais complémentaires. Dans Ma mère l'Algérie c'est un personnage qui a 20 ans et qui retourne au pays de la mémoire. Lorsqu'il arrive dans la montagne, il devient le personnage d'une histoire que sa mère lui a raconté. Il s'agit d'un aller-retour permanent entre rêve et réalité. La vie de cet enfant issu de l'immigration et la guerre d'Algérie questionnent le choix qu'il doit effectuer : devenir français ou rester algérien ? Baba la France traite plutôt de l'exil et du père il s'agit d'une pièce plus biographique, une histoire que je tisse autour d'un héros ordinaire d'immigré kabyle. Je choisi d'évoquer les répercussions de la guerre d'Algérie en France, mais seulement à travers des scènes de café, de vieux qui jouent aux dominos et qui racontent ce qui se passe... Du point de vue du style, je voulais que Baba la France, soit écrit dans une langue soutenu autant que Ma mère l'Algérie l'est dans une langue très « parlée ». Alger Terminal 2, qui est plus complexe, boucle la boucle : on y retrouve le personnage de Ma mère l'Algérie qui parle à son fils, un aller-retour entre le passé et l'avenir... H.L : Avec Samedi, la révolution, vous avez mené un travail avec des lycéens sur les révolutions arabes, quel bilan en tirez-vous ? R.A : ce travail de transmission nourrit mon travail artistique. D'ailleurs, j'essaie de plus en plus de centrer cette implantation dans les collèges et les lycées autour du travail de création. Une des bases de ce travail, c'est comment on interroge l'information, on analyse l'actualité, on apprend à acquérir un regard critique sur les Printemps arabes et on éclaire les faits avec notre point de vue. H.L : En même temps que la Trilogie, vous donnez une création en espace urbain autour de l'Odyssée : vous accomplissez un parallèle entre ces deux écrits ? R.A : complètement, car aujourd'hui le sujet de l'immigration recoupe plus que jamais la notion d'exil, qui est très présente dans l'actualité : qui sont ces nouveaux immigrés qui s'échouent à Lampedusa ? On y comprend la nécessité de se battre : Ulysse pour regagner son royaume, les immigrés pour sauver leur peau. Ce mythe est parlant car la notion du retour est très présente chez les immigrés, quelle que soit l'époque : ils pensent constamment à ceux qu'ils ont laissé derrière eux et ceux qu'ils ont l'espoir d'aider. Propos recueillis par Hervé Lucien S ame di, la ré volution L'expression - février 2013 De la politique sous forme poétique Cela parle de révoltes, du printemps arabe, mais ne se raconte pas de façon manichéenne, comme nous l'avait si bien dit Rachid Akbal, metteur en scène et comédien français d'origine algérienne. Impulsée du Théâtre régional de Béjaïa d'abord, sa nouvelle pièce de théâtre, Samedi la révolution, d'après un texte d'Arezki Mellal est présente actuellement sur les tréteaux de théâtre en France. Avant, la pièce a été créée et jouée pour la première fois le 4 décembre 2012 au Théâtre régional de Béjaïa. Si nous ne connaissons de Rachid Akbal que la facette du «monologuiste» qu'il est, cette pièce donnera à écouter trois voix distinctes à travers lesquelles le public est invité à mieux connaître l'Algérien, ses envies, ses rêves, ses angoisses, ses amours... La pièce Samedi la révolution se joue dans un décor sobre dépouillé. Elle a pour cadre spatio-temporel Alger, veille du cinquième samedi de manifestation. L'urgence d'être enfin à l'heure au rendez-vous de l'Histoire. Le pitch ? Kamel, Kader et Fatima font le récit de leur vie. Trois destins pressés d'en finir. Kamel, alias Rachid Akbal, après trois ans d'exil volontaire, quitte sa prison refuge de Rotterdam, pressé de rentrer au pays pour assister au grand match de l'Etat contre le peuple. Kader, alias Kamel Abdelli, avec ses cigarettes de contrebande sous les bras, clandestin des cybers, bloggeur fou recherché par la police et la presse, s'active à soulever les foules. Tout Alger l'écoute. Alger rêve d'une nouvelle révolution. Fatima, alias Souhade Temimi est une fiancée abandonnée qui ne peut pas reculer, elle n'a rien à perdre: amoureuse en secret du bloggeur fou, elle devient une meneuse de la cause des femmes, en lutte pour la liberté des femmes envers et contre une société machiste et conservatrice. A la question posée à l'écrivain Arezki Mellal, dans un blog, à savoir pourquoi avoir écrit cette pièce, ce dernier répond: «J'en avais marre d'entendre plein de bêtises dans les médias en France à propos du « printemps arabe''. «J'ai accepté d'écrire cette pièce pour mettre une lumière un malentendu », précisant aussi que c'est «d'une fiction politique, les événements décrits n'ont pas tous eu lieu». Arezki Mellal, arguera que le but de faire jouer cette pièce en Algérie est de «contribuer simplement à la vie démocratique du pays en apportant une voix discordante forcément subversive parce que différente des versions officielles et médiatiques». Comme son nom l'indique, cette compagnie qui prend réellement son temps pour vivre, a créé une belle dynamique récemment avec cette pièce, puisque le metteur en scène et ses comédiens notamment n'ont de cesse d'aller à la rencontre des jeunes lycéens pour en parler. Une initiative louable qui fait entrer le théâtre dans les écoles et permet à ces jeunes d'en parler et surtout d'échanger avec les artistes sur cette question cruciale autour du printemps arabe, de la liberté et la liberté d'expression, dans le Monde arabe sur fond de manipulation occidentale. O. HIND Africultures - février 2013 Samedi, la révolution ou les espoirs de la jeunesse algérienne Samedi, la révolution, pièce de Arezki Mellal, mise en scène par Rachid Akbal, dresse le portrait d'une jeunesse algérienne pour qui les 50 ans d'indépendance n'ont pas répondu à ses aspirations. Sur scène, Rachid Akbal, Souhade Temimi et Kamel Abdelli prennent le spectateur à parti et s'élèvent contre une classe politique corrompue et une société patriarcale. Samedi, la révolution, fruit d'une rencontre entre Rachid Akbal, metteur en scène d'origine algérienne vivant en France, et Arezki Mellal auteur de théâtre resté en Algérie, offre un regard croisé sur la jeunesse algérienne. La pièce s'inscrit dans la continuité de la Trilogie Algérienne de Rachid Akbal. Composée de trois volets, Ma mère l'Algérie, Baba la France et Alger Terminal 2, elle explorait déjà les méandres de l'immigration. À cette thématique de l'exil, chère à Akbal et Mellal, s'ajoute celle de la volonté de changement de la jeunesse. En effet, lorsque les deux auteurs débutent leur collaboration en décembre 2010, les manifestations de la jeunesse algérienne se multiplient et la révolution de Jasmin en Tunisie en est à ses prémices. Samedi, la révolution s'inspire d'une nouvelle écrite par Arezki Mellal en 2001 : Que se passe-t-il à Rotterdam ? Kamel, jeune Algérien de Bab El Oued se fait volontairement arrêter à Rotterdam et jeter en prison dans l'unique but de rester sur le Vieux continent. Sur scène, le spectateur retrouve le jeune homme dans sa cellule à quelques jours de sa sortie de prison. Lui qui n'y avait jamais cru et avait préféré les quatre murs d'une prison néerlandaise à l'Algérie est aujourd'hui rempli d'espoir à l'idée que son pays puisse connaître une nouvelle révolution. Son récit s'entremêle aux histoires de ceux qui sont restés. Kader, son ami d'enfance, et Fatima qu'il a abandonnée le jour de leurs fiançailles pour partir à Rotterdam. Entre ici et là-bas, Samedi, la révolution traite des deux côtés de l'exil. S'exiler c'est trahir. Mais pas seulement, partir c'est aussi "mourir un peu". Le personnage féminin, Fatima, tient le rôle central de la pièce. Elle symbolise la mère patrie. Elle est celle que Kamel quitte et qu'il continue d'aimer. Elle est aussi celle que Kader, resté au pays, aime en secret. Histoire d'amour chère au metteur en scène car comme Rachid Akbal aime à le répéter, il s'agit de "raconter la petite histoire dans la grande". Mais ce qui fait de Fatima le personnage fort de Samedi, la révolution tient davantage à sa détermination comparée à celle des deux personnages masculins. Au fil de la pièce, les récits s'entrelacent sans que jamais les trois personnages ne se rencontrent. La scène, partagée entre la cellule de Kamel, la rue et un cyber café, délimite des espaces-temps différents. "C'est la théorie des mondes parallèles. Chacun dans son univers pense à l'autre, parfois en même temps, sans le savoir", explique l'énergique Rachid Akbal qui interprète également le rôle de Kamel. Dans la ligne de ce que le metteur en scène appelle le "théâtre du dire", qui se veut plus narratif et où les comédiens prennent le public à témoin, les trois personnages racontent le "dégoûtage" des "hitistes" (1), la persistance d'une classe politique corrompue alors que Fatima s'élève plus particulièrement contre la société patriarcale. Grâce à une bande-son réalisée par Margariga Guia et un jeu de lumière imaginé par Hervé Bontemps, le spectateur est tantôt embarqué au milieu d'une foule scandant des slogans, tantôt le bruit des talons d'une femme seule le transporte dans une ruelle sombre. Samedi, la révolution vibre du ras-le-bol d'une jeunesse pour qui les 50 ans d'indépendance n'ont pas répondu à ses aspirations, ni personnelles ni en tant que groupe. Carole Dieterich 1. Le dégoûtage est un néologisme algérien qui connote à la fois l'ennui et la déprime. Un hitiste est littéralement une personne qui s'adosse au mur (el hait) toute la journée.