Aucun homme n`est une île

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Aucun homme n`est une île
Document d’accompagnement pour les enseignants
Isabelle VOISIN – professeure missionnée Théâtre d’Arras- octobre 2013
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Aucun homme n’est une île
Texte de Fabrice Melquiot. Mise en scène de Roland Auzet
Spectacle tout public à partir de 8 ans
Théâtre d’Arras – 17 et 18 octobre 2013
AVERTISSEMENT :
Ce dossier d’accompagnement n’a pas d’autre vocation que d’amener les élèves et les enseignants à être
acteurs de leur parcours de spectateur. Je n’ai pas cherché à intellectualiser ma démarche mais seulement
à proposer quelques pistes pour faire entrer les jeunes spectateurs dans le spectacle.
Isabelle VOISIN
SOMMAIRE
I.
En préambule : d’où vient le titre du spectacle ?
II.
Fabrice Melquiot
III.
Pour nous éclairer sur l’histoire : note d’intention de Fabrice Melquiot.
IV.
Les thèmes
V.
Les personnages
VI.
La forme du spectacle
VII.
Pistes pour impliquer les élèves avant le spectacle
page 2
page 3
page 4
1) Questionnement à partir :
-
du titre
d’un extrait
de photos
pages 5 à 8
2) Entrer dans le spectacle par la pratique théâtrale
page 9
VIII. Quels prolongements possibles après le spectacle ?
page 11
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En préambule : d’où vient le titre du spectacle ?
I.
Fabrice Melquiot, pour donner ce titre, s’est inspiré d’un texte de John Donne : « Aucun homme n’est une
île » ( traduction de “No Man is an Island”, 1624)
John Donne (1572-1631) : prédicateur et poète anglais qui a donné son impulsion à la poésie métaphysique.
« Aucun homme n’est une île, un tout, complet en soi ; tout homme est un fragment du continent, une partie de
l’ensemble ; si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie, comme si les flots avaient emporté un
promontoire, le manoir de tes amis ou le tien ; la mort de tout homme me diminue, parce que j’appartiens au genre
humain ; aussi n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne. »
John Donne, Devotions upon Emergent Occasions, 1624)
Cette citation porte l’idée que chaque être humain fait partie d’un tout : l’humanité ;
agresser autrui revient donc à s’agresser soi-même.
II.
Fabrice Melquiot:
« Né en 1972 à Modane, Fabrice Melquiot est aujourd'hui l'un des auteurs de théâtre contemporains
les plus joués et les plus traduits à l'étranger. Il est connu à la fois pour son théâtre cru et poétique, où
la fiction est dense et puissante, et pour ses pièces destinées au jeune public - Bouli Miro a ainsi été le
premier spectacle jeune public à être sélectionné et présenté par la Comédie Française en 2002.
Les pièces de Fabrice Melquiot sont traduites en une douzaine de langues. »
Publiés dans la collection « Théâtre Jeunesse » chez Arche Éditeur :
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Perlino Comment, 2001.
Bouli Miro, 2002.
Le Gardeur de silences, 2003.
Albatros, 2004
Bouli redéboule, 2005.
Catalina in fine, 2005.
Otto Witte, 2005.
Alice et autres merveilles, 2007.Wanted Petula, 2008.
Bouli année zéro, 2010.
SOURCE : http://fondation-facim.fr/france/DT1308577604/page/Fabrice-Melquiot-bio-bibliographie.html
III.
Pour nous éclairer sur l’histoire : note d’intention de Fabrice Melquiot.
« Ce que nous voudrions découvrir, ce sont les modalités d’un dialogue singulier ; peut-être une dyade* :
le virtuel et le vivant trouveraient au cœur de la représentation à se déployer à égalité d’espace, de
parole et de temps. Soit un personnage qui n’existe (peut-être) pas : Oscar (peut-être) quatorze ans –
donne-t-on un âge à quelqu’un qui n’existe (peut-être) pas ? Mettons qu’on lui donne un âge incertain.
Soit Oscar, personnage virtuel. Etre-machine, condamné à vivre la vie des programmes informatiques,
sur un écran de quelques mètres carrés. Soit Jacques, (assurément) quinze ans. Jacques est un
personnage de théâtre habitant une fiction ; il est interprété par un comédien de chair et d’os. Oscar et
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Jacques s’attirent, se rencontrent, se confient l’un à l’autre, se complètent, aiment soudain la même fille
de quatorze ou quinze ans, (peut-être le même public de quatorze ou quinze ans ?), alors Oscar et Jacques
s’en veulent, se jalousent et s’affrontent - à mains nues contre écran plat ; image contre viande. Il s’agit
donc d’un dialogue qui tourne mal, un face à face qui aurait pu devenir dyade, s’il n’avait fini en duel.
Et si c’était Oscar qui rêvait Jacques ? Si Jacques était l’habitant d’une surface produite par Oscar ? Si
nous étions, nous, humains, les objets entêtants des machines ? Si nous étions leurs seuls amis ? Et si elles
cessaient de rêver, que ferions-nous? Si elles nous abandonnaient, où irions-nous ? Les enfants, les
adolescents, savent vivre avec les spectres : spectres de voix dans les téléphones, fantômes dans les
écrans. Comme si c’était quelqu’un. Comme si quelqu’un était là. Comme s’il fallait que quelqu’un soit
là, toujours. Comme s’il y avait un diable dans la solitude. Comme si la solitude convoquait un réel
menaçant. Comme si le réel était le diable. »
Fabrice Melquiot
*dyade : couple de deux éléments en interaction
Pour résumer, il s’agit donc d’une amitié virtuelle entre deux adolescents, réels ou fictifs, d’un
dialogue amical qui tourne au conflit, et qui pose des questions liée aux thèmes suivants :
IV.
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V.
Les thèmes :
adolescence
solitude
amitié/ double
force de l’image
nouvelles technologies
humanité / homme-machine ; incarnation/désincarnation
frontière entre le réel et le virtuel
Les personnages :
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Oscar (personnage virtuel de 14 ans, être-machine issu d’une programmation informatique)
·
Jacques (15 ans) : personnage de théâtre
VI.
La forme du spectacle :
·
Spectacle fondé sur un texte à l’écriture dramatique particulière, mêlant théâtre, musique et
vidéo (effets spéciaux)
·
Dialogue qui vire au conflit entre deux personnages : un comédien en chair et en os, sur scène +
un personnage virtuel sur un écran de quelques mètres carrés.
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VII.
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Pistes pour impliquer les élèves avant le spectacle
1) QUESTIONNEMENT
-
à partir du titre « Aucun homme n’est une île » :
§
C’est une phrase (pas un nom propre ni un groupe nominal) à la forme négative : mystère,
que cache cette phrase ? elle sonne comme un proverbe ou une citation.
§
Signification du nom homme (sexe masculin/ féminin OU humain/ humanité ?)
§
Caractéristiques d’une île (terre perdue dans l’océan, isolement, pas un continent, parfois
un refuge pour les naufragés… voir personnage de la littérature comme Robinson…)
A partir des questions formulées sur le titre, proposer une interprétation, formuler des hypothèses sur le
spectacle (quels lieux, quels personnages, de quoi parle l’histoire ?…)
-
à partir d’un extrait du texte
Extraits :
1) « Souris pas, sinon je te bute. »
2) « Je vais dire à mon père ce que tu m’as dit. Je vais le dire à mon père,
et mon père va te dérouiller, il va te cramer le logiciel, il va te passer la
tronche dans Photoshop. OFF ! Il va appuyer sur le bouton OFF, et tu
seras OFF ! Y’a forcément un bouton OFF. Mon père va le trouver, OFF,
tu seras OFF ! OFF ! OFF ! »
§
§
§
§
§
§
Quel type de personnage pourrait prononcer ces mots ?
A qui peut-il s’adresser ?
Quel ton est employé ?
Quel niveau de langue ?
Que ressent le personnage ?
Quel champ lexical utilise-t-il?
L’ADOLESCENCE :
Caractéristiques de l’adolescence (entre deux âges- changements- révolte- mal-être, parfois - rapport avec les autres
adolescents – amitié, amour - rapport au monde : nouvelles technologies)
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à partir de photos : découverte des thèmes, des personnages, de l’histoire, de la
scénographie
Observation :
Combien de personnages ? particularité de chacun d’eux : le cadrage, les proportions, les couleurs, la
lumière, la position des personnages l’un par rapport à l’autre, l’expression du visage, l’impression
générale dégagée par l’image…
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NOUVELLES TECHNOLOGIES
§ Qu’appelle-t-on les nouvelles technologies ?
informatique, Internet, vidéo numérique, jeux vidéo, téléphonie, réseaux sociaux, images en 3D…
§ Pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ont-ils autant recours aux nouvelles technologies ?
§ Que signifie :
-
« réel » ? (qui existe, n’est pas un produit de la pensée )
-
« réaliste » ? (qui ressemble à la réalité )
-
l’adjectif « virtuel ? » (qui est à l’état de simple possibilité, ou d’éventualité = possible, potentiel)
-
qu’est-ce qu’une image virtuelle? (simulation d’un environnement réel par des images tridimensionnelles (en
3D)
-
un « personnage fictif » ? (personnage imaginaire, inventé : personnage de roman, de théâtre, de film…)
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2) ENTRER DANS LE SPECTACLE PAR LA PRATIQUE THEATRALE
Rien de tel pour former un bon spectateur que de le mettre à « l’épreuve » du plateau !
Il saura ensuite apprécier en connaissance de cause le jeu du comédien, le texte, et être sensible à
la mise en scène, à la scénographie.
Voici quelques pistes, quelques exemples d’exercices à mettre en place avec les élèves :
Equilibre du plateau (exercice à effectuer dans le plus grand silence)
Expliquer aux élèves que l’on va tenter de se mettre dans la peau d’un comédien.
Pour commencer : choisir un lieu vaste et pas encombré de meubles.
Délimiter très clairement un espace de jeu, qu’on appellera scène ou plateau.
Les participants se répartissent de manière équilibrée sur le plateau (comme sur un bateau qui risquerait
de sombrer si trop de monde au même endroit).
Se déplacer dans l’espace en adoptant une position, une attitude neutre : bras le long du corps, tête droite
(un fil imaginaire la retient au-dessus du crâne) et le regard placé sur la ligne d’horizon. Toujours tenter
de préserver l’équilibre du plateau. Tout le monde adopte la même allure de déplacement.
Expression corporelle : Doubles « virtuels » et machines
§
la démarche du robot
En partant de l’exercice d’équilibre du plateau, raidir de plus en plus la démarche pour ressembler à un
robot (travail sur les articulations, tout en raideur, gestes saccadés)
§
marionnette/ marionnettiste
Travail en binômes . Un élève marionnette/ un élève marionnettiste. Des fils invisibles permettent au
marionnettiste d’animer sa « marionnette » : doigts, mains, bras, épaules, tête, pieds…
§
Variante : sculpteur et statue (destinée à des élèves déjà « aguerris »)
Travail en binômes . Un élève « statue » les yeux fermés / un élève sculpteur : il observe, modèle et anime
peu à peu sa statue. Exercice à faire dans le respect de l’autre, dans la retenue et la pudeur ; pas de
« modelage » brusque. La statue doit se sentir en confiance pour se laisser animer.
§
exercice du miroir
Face à face ; l’un est le meneur, l’autre le miroir. Les yeux dans les yeux, comme s’il y avait un fil entre
les deux regards, qu’il ne faut pas rompre (nécessite de la concentration et de la maîtrise)
Le meneur effectue des gestes très lents ; le miroir reproduit chacun des gestes, en même temps que le
meneur.
§
La machine
Une personne va se placer sur le plateau et propose un geste très simple et répétitif, accompagné d’un
son. Une autre personne va compléter le geste en faisant un son. Une troisième s’imbrique dans la
« machine » et ainsi de suite.
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§
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Objet virtuel
En cercle. Je ramasse par terre une balle imaginaire. Elle est lourde, très lourde ; je la fais circuler dans
le cercle. Elle est très grosse et encombrante.
Elle devient un petit objet fragile, précieux, il ne faut pas le casser.
Mise en voix du texte : pour s’approprier les mots de l’auteur
A partir de phrases extraites du texte, on peut imaginer différents types d’exercices oraux individuels, par
binômes ou en chœur.
PHRASES :
Souris pas, sinon je te bute.
Je vais dire à mon père ce que tu m’as dit.
Mon père va te dérouiller.
Il va te cramer le logiciel.
Il va te passer la tronche dans Photoshop.
OFF ! Il va appuyer sur le bouton OFF, et tu seras OFF !
Y’a forcément un bouton OFF.
§
Variations sur une phrase:
-
débit (de très lent à très rapide)
-
intensité (du chuchotement à la déclamation)
-
intention, le ton (colère, menace, plaisanterie, tendresse…)
-
adresse (au public, à un partenaire, à un groupe…)
§
Travail de chœur
o En cercle.
1) Un élève dit une des phrases tout bas, mais en l’articulant au maximum. Le groupe répète en chœur, en
murmurant aussi.
2) On refait l’exercice une 2ème fois mais en déclamant, en parlant très fort.
3) On refait l’exercice une 3ème fois mais cette fois, l’élève parle fort tandis que le chœur murmure.
o Face à face, confrontation des choeurs
Deux groupes, deux clans face à face. Chaque clan s’attribue une ou deux phrases du texte. Dans chaque
groupe, un meneur, suivi de son chœur. (On pourra changer de meneur en cours d’activité)
Un meneur avance d’un pas vers l’autre chœur, et prononce une phrase du texte en l’accompagnant d’un
geste ; les autres derrière lui, en chœur, suivent en répétant la phrase et le geste.
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L’autre groupe répond en appliquant la même consigne.
§
Improvisation ( groupe de 2, 3 ou 4 élèves) dans laquelle ils doivent placer une phrase du
texte ou à partir d’une des phrases.
Réel / virtuel
Pour aller plus loin…
Quelques exemples pour faire dialoguer être virtuel /être virtuel
§
robot incarné par un élève + humain incarné par un autre élève : rencontre entre ces êtres
§
personnage de vidéo : l’élève ou les élèves s’adressent à un personnage sur écran
§
doublage : extrait de film : dialogue dans lequel on coupe les répliques de l’un des
personnages ; les élèves font le doublage…
§
Improvisation : imaginer une scène de jeu vidéo.
VIII. Quels prolongements possibles après le spectacle ?
§
« Je me souviens »
En cercle, les yeux fermés, chacun se remémore le spectacle, tel qu’il l’a vécu. On ouvre les yeux. Chacun
à son tour va énoncer de manière audible un souvenir à propos du spectacle vu. Chacun commence sa
phrase par « je me souviens », et un élève n’a pas le droit de répéter quelque chose qui a déjà été dit.
Il faut écouter chacun et se taire. Tout souvenir peut être évoqué.
Le spectacle vivant est une aventure à la fois sensible et intellectuelle, à la fois individuelle et collective,
à la fois immédiate et durable.
§
Créer un carnet du spectateur individuel ou collectif, sur papier ou support
numérique
§
Rejouer des scènes du spectacle
§
Approche analytique :
- Texte : écriture dramatique, thèmes, personnages, histoire
Qu’est-ce que l’élève a appris, compris ? pas compris ? Possibilité de proposer des activités orales ou
écrites en prolongement : affiches, exposé, atelier d’écriture…
-
Représentation : mise en scène, scénographie, choix artistiques
Remarques sur : lieu de la représentation + espace scénique, sons et lumières, couleurs dominantes, vidéo,
musique, images, décors, costumes, accessoires…
Elaboration d’un lexique du spectacle vivant
§
Proposer la lecture de textes de science fiction…
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