SELECTION DVD
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SELECTION LOVE ETC … Drames passionnels torturés, amours compliquées, love story naissantes, romantisme fleur bleue, le cinéma a toujours su se parer d’atours bien différents sur le thème de l’amour : la preuve avec notre sélection de nouveautés de ce trimestre. Avec Her (F JON) et son histoire d’amour improbable entre un célibataire et une voix virtuelle, Spike JONZE réussit le tour de force de parvenir à transmettre et faire partager une grande et très belle histoire d’amour : voici une merveille d’élégance narrative, dystopie poétique qui capte pourtant quelque chose de très contemporain, sorte de documentaire mélancolique sur la moderne solitude. Joaquin Phoenix en cœur brisé y est absolument bouleversant. FIL’cinOCHE SELECTION DVD Autre réussite issue du cinéma indépendant, The spectacular Now (F PON), 1er film de James PONSOLDT, transcende la sacro-sainte romance adolescente : passé inaperçu lors de sa sortie en salle sous ses faux airs de teen-movie, ce joli film se révèle moins limpide et simpliste que prévu, renfermant une amertume et une complexité déroutantes. Kyoshi Kurosawa avec Real (F KUR) signe une fable élégante et stylisée entre histoire de fantôme japonais et réminiscences de la catastrophe de Fukushima sous couvert de SF en contant l’histoire d’un homme qui rejoint par amour un programme novateur permettant de pénétrer l’inconscient de sa compagne plongée dans le coma. Magnifique. Enfin, Jacques DOILLON avec Mes séances de lutte (F DOI) met en valeur la relation d’un couple dans ce qu’il a de plus charnel : l’émotion naît du mouvement de ces corps qui se cherchent, se frottent, s’attrapent ou se tordent comme de la glaise entre les mains du cinéaste. Un jeu impudique et fascinant dont on devient peu à peu les voyeurs complices. #12- AUTOMNE 2014 MADE IN FRANCE S’il ne fallait en garder qu’un, ce serait évidemment celui-ci : Tonnerre (F BRA) de Guillaume BRAC est, sans hésiter, le plus beau film français de 2014 : le jeune cinéaste brouille les repères en tirant en douceur sa passion amoureuse vers le polar, sans perdre totalement de vue la légèreté et l’insouciance initiales. Comme des bulles délicates, éclosent alors des moments touchants, inattendus puis peu à peu surprenants. C’est très beau, d’une précision de geste assez rare et d’une grande intelligence. A découvrir absolument. Pour son nouveau film Dans la cour (F SAL), Pierre SALVADORI explore à nouveau les petites fêlures du quotidien en contant la belle amitié qui rassemble deux êtres fragiles et maladroits (une jeune retraitée, impeccable Deneuve, et un gardien d’immeuble, touchant Gustave Kervern) : un tandem cocasse et émouvant qui traverse cette chronique tendre sur le mal être, sans jamais verser dans le pathos. Aimer, boire et chanter (F RES) sera donc le dernier opus d’Alain RESNAIS : comment mieux quitter la scène qu’avec un tel bijou d’humour, de créativité, de gravité aussi et de désinvolture feinte ? D’un argument de boulevard, le cinéaste disparu en Mars 2014, a composé une comédie audacieuse et drôle, en forme de dernière pirouette avant son adieu à la scène. Enfin, impossible de taire le succès (autant public que critique) de quelques comédies bien de chez nous, redonnant toute sa noblesse à l’adjectif « populaire » : Les gazelles (F ACH) de Mona ACHACHE réussit l’improbable : faire une comédie girly sur des jeunes trentenaires tout en jetant un regard acéré sur leurs émois (et nous faire découvrir l’excellente humoriste Camille Chamoux) ; Lucas BELVAUX étonne avec son étude de mœurs très fine en signant Pas son genre (F BEL) ; Benjamin GUEDJ livre avec Libre et assoupi (F GUE) une sympathique comédie sociale qui n’oublie pas d’être farfelue ; et enfin Baby-sitting (F LAC) de Philippe LACHAU casse littéralement la baraque, divertissement délirant et burlesque assez inédit. CURIOSITES ET AUTRES PEPITES Comme chaque trimestre, La Filoche vous propose un classique du cinéma, souvent méconnu ou oublié, présenté dans une très belle réédition : l’honneur revient cette fois-ci à Coup de cœur (F COP), de Francis Ford COPPOLA : dans cette évocation formellement superbe de la rupture d’un couple d’habitants de Las Vegas, se dispute l’intime et le monumental, la modestie et la mégalomanie du réalisateur du Parrain. Dernier vestige du Nouvel Hollywood, Coup de cœur fut en 1982 un échec retentissant qui plongea les studios dans une faillite irrécupérable, spectacle trop singulier et novateur pour son époque et dont la virtuosité éclatante reste encore aujourd’hui profondément déconcertante. Autre réédition, moins ancienne tout de même (1996), mais tout aussi excitante : Tesis (F AME), le premier film du surdoué espagnol Alejandro AMENABAR. Une jeune étudiante en communication qui écrit une thèse sur la violence audiovisuelle est embarquée malgré elle dans un trafic de snuff movies (enregistrements de meurtres réels). Sous couvert de thriller palpitant, Amenabar s’intéresse à l’idée que la société est complètement soumise à l’image, que cette dernière est partout, commente tout, dirige tout. Tesis marque ainsi autant par son efficacité en terme d’effroi que par sa vision sans espoir d’une humanité sacrifiée au culte des images. Rayon curiosité, seriez-vous tentés par un western kurde ? Au carrefour de l’Iran, l’Irak et la Turquie, dans un village perdu, lieu de tous les trafics, un officier de police fraîchement débarqué, va tenter de faire respecter la loi dans l’iconoclaste My sweet Pepperland (F SAL) de Hiner SALEEM : le réalisateur s’empare des codes du film de genre sans sombrer dans un pur exercice de pastiche. Il livre un film fort qui, derrière ses moments jouissifs de pur spectacle, gros plans et règlements de comptes, livre une réflexion féroce sur ces incorrigibles humains, aveuglément soumis à leurs contradictions. Pêle-mêle, la Filoche n’oublie pas non plus d’inviter les plus grands cinéastes contemporains dans ses rayons : CRONENBERG (le brûlot Maps to the stars F CRO), Wes ANDERSON (le débridé Grand Budapest Hotel F AND), HERZOG (l’inédit Dans l’œil d’un tueur F HER), Bill PLYMPTON (le cartoon Les amants électriques FA PLY), Kelly REICHARDT (le polar engagé Night Moves F REI) ou David Gordon GREEN (signant avec Joe le come-back de Nicolas Cage F GRE) et vous offre une sélection variée de films documentaires : La cour de babel (D 325 BER) de Julie BERTUCCELLI (traitant de l’immigration), Manchester 92-99 (D 796.3 TUR) de Benjamin TURNER (la période de gloire d’un club de foot), Twenty feet from stardom (2 NEV) de Morgan NEVILLE sur le travail, dans l’ombre des chanteurs stars, des choristes, et un très curieux docu-fiction Joshua Tree 1951 (F MIS), portrait impudique de James DEAN.