cd flute 54 - Naxos Music Library
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cd flute 54 - Naxos Music Library
DEBUSSY • POULENC • RAVEL • ROUSSEL DEBUSSY • POULENC • RAVEL • ROUSSEL Musique française pour flûte - French Flute Music Musique française pour flûte - French Flute Music Rampal • Gallois • Moraguès • Dufour Rampal • Gallois • Moraguès • Dufour 1-2. Poèmes de Ronsard pour flûte et voix ..............................................8’59 CD Saphir Productions LVC 1017 - ROUSSEL Michel Moraguès (flûte) - Sandrine Piau (soprano) 3. Aria pour flûte et piano ................................................................................ 2’40 CD Saphir Productions LVC 1017 - ROUSSEL Mathieu Dufour (flûte) - Adrienne Krausz (piano) 4. Introduction et Allegro pour harpe, avec accompagnement de quatuor à cordes, flûte et clarinette ..........................................10’37 CD Saphir Productions LVC 1044 - RAVEL Marielle Nordmann (harpe) - Patrick Gallois (flûte) Florent Héau (clarinette) - Quatuor Parisii 5-7. Sonate pour flûte et piano FP 164 “à la mémoire de Madame Sprague-Coolidge” ......................................11’39 CD Saphir Productions LVC 1040 - POULENC Michel Moraguès (flûte) Émile Naoumoff (piano) 8-10. Sérénade, op. 30 pour flûte, harpe, violon, alto et violoncelle ................................17’35 CD Saphir Productions LVC 1017 - ROUSSEL Mathieu Dufour (flûte) - Julie Palloc (harpe) Trio Joachim 11-13. Sonate pour flûte, alto et harpe .......................................................... 16’49 CD Saphir Productions LVC 1008 - DEBUSSY Jean-Pierre Rampal (flûte) Bruno Pasquier (alto) Marielle Nordmann (harpe) Et : Marielle Nordmann - Sandrine Piau - Émile Naoumoff - Quatuor Parisii Bruno Pasquier - Florent Héau - Julie Palloc - Trio Joachim - Adrienne Krausz www.saphirproductions.net Musique française pour flûte Découper en périodes l'histoire de la musique, comme de l'art en général, est souvent contestable. Parler d'âge d'or est trompeur, un art pouvant s'épanouir alors que la société tout entière est marquée par les ténèbres de catastrophes ou de guerres ; Adolphe Hennebains (1862-1914), illustre flûtiste ayant vécu une époque privilégiée pour son instrument, mourut quasiment de chagrin en apprenant le décès de ses élèves durant les premiers combats de la Grande Guerre. Ces réserves énoncées, deux dates, 1894 et 1957, peuvent cependant délimiter un âge d'or français ayant marqué trois domaines relatifs à la flûte traversière : la composition, la facture instrumentale et l'interprétation. En 1894, Claude Debussy achève de composer son Prélude à l'Après-midi d'un faune. La création a lieu le 22 décembre. Le flûtiste soliste de l'orchestre est Georges Barrère (1876-1944), qui imposera plus tard le jeu français de la flûte aux États-Unis et pour lequel écrira Edgar Varèse. Avec Debussy, le XIXe siècle finissant livre au siècle suivant un créateur hors norme et un géant de la composition ; Pelléas et Mélisande, son opéra de 1902, le confirmera. Le solo de flûte initial du Prélude à l'Après-midi d'un faune devient pour tous les flûtistes un grand classique de leur répertoire. Telle une étincelle, il embrase un terrain propice pour que l'instrument revienne au premier plan auquel la fin du XVIIe siècle et le XVIIIe l'avaient hissé. La nouvelle flûte du bavarois Theobald Boehm, qui doit sa popularité et ses lettres de noblesse au talent du facteur français Louis Lot (1807-1896), apparaît entre 1832 et 1847 ; elle ne changera plus, dans son principe, jusqu'à nos jours. En 1855, Louis Lot ouvre à Paris un atelier vite devenu célèbre. Cent cinquante ans plus tard, luthiers et interprètes le considèrent encore comme le parfait représentant d'un apogée de la facture. Celle-ci s'épanouit : Richard Bonneville concurrence Lot, les ateliers de fabrication de flûtes et de vents, notamment réunis autour de La Couture-Boussey (Eure), emploient plusieurs milliers d'ouvriers. Après presqu'un demi-siècle de désintérêt, Paul Taffanel (1844-1908) remet à l'honneur le quintette d'instruments à vent en 1879. Sa nomination comme professeur de flûte au Conservatoire de Paris quelques mois avant la création du Prélude à l'Après-midi d'un faune ouvre l'une des plus belles pages de l'instrument : l'École de flûte française est née. Elle s'imposera pendant près d'un siècle dans le monde entier et marquera de son empreinte, jusqu'à nos jours, le jeu de bien des flûtistes, des États-Unis jusqu'au Japon.1 Sans l'étincelle du Prélude à l'Après-midi d'un faune, les œuvres pour flûte seraient peut-être longtemps restées confinées dans un répertoire purement instrumental sans envergure. En France, s'engouffrant dans MICHEL MORAGUÈS Soloist with the Orchestre national de France, flaustist Michel Moraguès, who was born in 1963, is assistant professor of chamber music at the Paris Conservatoire since 1989, where he had enrolled at the age of 14. He studied in the class of Jean-Pierre Rampal and Alain Marion. After having taught for ten years at the International Music Academy in Les Arcs, Michel Moraguès is now regularly invited to give master classes throughout Europe and in Japan. Michel Moraguès appears in recital with partners such as Barbara Hendricks, Renaud Capuçon, Marielle Nordmann, Frédérique Cambreling, and ensembles including the Wanderer Trio, the Ysaÿe, Castagneri and Parisii quartets, the Chamber Orchestra of Auvergne, and the orchestras of the Côte-Basque, and the RadioTelevision of Montevideo (Uruguay). Michel Moraguès has played under the direction of such prestigious conductors as Leonard Bernstein, Seiji Ozawa, Eugen Jochum, Riccardo Muti, Pierre Boulez, Evgeny Svetlanov, Georges Prêtre... Michel Moraguès has recorded for numerous labels including BNL, Le Chant du Monde, Auvidis-Valois, Saphir productions and Disques Montaigne. JEAN-PIERRE RAMPAL Jean-Pierre Rampal was born in Marseilles, where he won his first prizes that he would later confirm at the National Music Conservatory in Paris. As of 1945, he began a prodigious career that has taken him round the world, after giving up his position as solo flute in the Orchestra of the Opéra de Paris (1956-62). He created chamber music groups—the Quintette à Vents français (‘French Wind Quintet’), Ensemble Baroque de Paris—but also continued his solo career. After a long partnership with Robert Veyron-Lacroix, he more recently formed a duet with John Steele Ritter, and they have since been joined by flautist Claudi Arimany. He frequently plays and records with Isaac Stern and Mstislav Rostropovich. He has conducted numerous orchestras and appears regularly at the head of the National Symphony Orchestra of Washington. He has made more than 300 recordings and obtained a great number of prizes: Académie Charles Cros, Académie du Disque Français, Edison Prize, Prix Mondial du Disque, etc. 1 Fils du légendaire Marcel Moyse (1889-1984) et témoin de la vie musicale de l'entre-deux-guerres, Louis Moyse estime que près d'une dizaine de flûtistes parisiens des années vingt et trente auraient pu devenir, s'ils avaient bénéficié des conditions de carrière d'aujourd'hui, des gloires internationales 2 15 MATHIEU DUFOUR Born in Paris in 1972, Mathieu Dufour enrolled in the class of Madeleine Chassang at the National Regional Conservatory of Paris when he was eight, obtaining a unanimous gold medal at the age of 14. In 1990, he earned a first prize at the National Conservatory in Lyon, in the class of Maxence Larrieu. He won second prizes at the Jean-Pierre Rampal and Kobe (Japan) international competitions and third prize at the Budapest International Competition. A grant-holder from the Cziffra and Juventus foundations, which participate in promoting young European soloists, he has given numerous recitals and concerts in Europe and Japan and appeared at several festivals. At 20, he was appointed solo flute of the Orchestre National du Capitole de Toulouse, then in 1996, became principal in the orchestra of the Paris National Opera. He has been solo flute with the Chicago Symphony since 1999. PATRICK GALLOIS Patrick Gallois is one of the outstanding flautists of his generation. His very French personality gives a refined and delicate quality to his music-making, placing him among the elite of European musicians, both as soloist and chamber player. He studied under Jean-Pierre Rampal and Maxence Larrieu at the Paris Conservatoire where he obtained a unanimous first prize. Patrick Gallois_ became principal flautist of the Lille Orchestra straight out of university and went on to become principal flautist and soloist with the French National Orchestra, a position he held for seven years, enabling him to play under some of the greatest international conductors. His name is frequently found at many of Europe’s international music festivals. He has recorded a number of discs for JVC, EMI, Saphir Productions and BIS. 14 la voie fraîchement tracée, Fauré, Caplet, Pierné, Ravel, Roussel, Bonis, Emmanuel, Cartan, Cras, Schmitt, Ferroud, Kœchlin, Ibert, Honegger, Martinu, Milhaud, Migot, Varèse, Jolivet, Françaix, Messiaen, parmi d'autres, enrichissent en un feu d'artifice musical d'une grande variété d'écriture, durant plus d'un demi-siècle, le répertoire de l'instrument. En 1957, Francis Poulenc écrit sa sonate pour flûte. Son succès est immédiat et ne cessera jusqu'à nos jours. Mais l'après-guerre marque un tournant, pour l'art comme pour bien des secteurs de la société. En 1951, l'atelier de Louis Lot ferme ses portes. Les responsables de la majorité des nombreuses marques de flûtes françaises en feront bientôt autant. En 1946, Pierre Boulez compose sa Sonatine pour flûte et piano et, en 1958, Luciano Berio achève en Italie sa Sequenza I pour flûte seule : une page de l'histoire de la flûte vient d'être définitivement tournée. Les deux compositeurs en ouvrent une nouvelle, que viendront signer de nouveaux créateurs, de nouveaux luthiers et interprètes, dessinant un nouveau visage à la flûte et de nouveaux horizons. Pour la facture comme pour les interprètes ou les compositeurs, les spécificités ne relèvent désormais plus d'un espace géographique et culturel précis. ■ Maurice Ravel compose en 1905 une pièce pour harpe avec accompagnement de flûte, clarinette et quatuor à cordes. Il vient, une nouvelle fois, d'échouer au concours de composition du Prix de Rome. C'est un scandale dont le président du jury, le compositeur Charles Lenepveu, paiera les conséquences en étant écarté de la direction du Conservatoire de Paris au profit de Gabriel Fauré, professeur de Ravel. Des quatre heureux élus de la villa romaine, l'un se nomme Philippe Gaubert. Compositeur et chef d'orchestre, il est aussi l'un des plus illustres représentants de l'École française de flûte et sa nomination à la place de Ravel ne l'empêchera pas de jouer, diriger et promouvoir les pages du plus célèbre des recalés. Après Debussy, dont les Danses sacrée et profane pour harpe chromatique* et cordes datent de 1904, Ravel va inscrire une page célèbre au répertoire des harpistes, en répondant à une commande de la maison Érard. C'est l'année de la Sonatine pour piano, qui le voit hissé au premier rang des compositeurs français. Du septuor nouveau naît une féerie raffinée, de facture classique – avec un Allegro de forme sonate – et proche de l'esprit de Shéhérazade, pour soprano et orchestre (1903). Qu'il s'agisse de la mise en valeur du jeu de la harpe, du traitement des timbres de la flûte et de la clarinette ou des cordes, des modes de jeu propres aux instruments (en particulier les pizzicati des cordes) comme de leur tessiture, ces pages, qu'Hélène JourdanMorhange qualifiera de « petit ballet-conte de fées où tous les rêves eussent trouvé à s'alimenter dans le climat irréel de la musique », confinent à l'enchantement. André Caplet, pour illustrer Edgar Poe dans Le masque de la mort rouge (1908 puis 1919), se souviendra de la puissance évocatrice de la harpe de Ravel accompagnée par un effectif de chambre (quatuor à cordes). Introduction et Allegro sera créé plus d'un an après sa composition, le 22 février 1907, à l'Hôtel de la 3 Société française de photographie, à Paris, par Micheline Kahn, harpe, Philippe Gaubert, flûte, M. Pichard, clarinette et le quatuor Firmin Touche. Ravel offrira aux flûtistes d'autres pages de musique de chambre, comme les Chansons madécasses pour voix, flûte, violoncelle et piano (1925-1926, commande d'Elizabeth Sprague Coolidge), et d'orchestre. Parmi ces dernières, on trouve les solos du Boléro (1928) – la page de flûte la plus jouée dans le monde – et de Daphnis et Chloé (1911-1912), dont le solo dit « de Daphnis » (Chloé danse sur les accents mélancoliques de la flûte du dieu Pan), considéré par beaucoup d'auditeurs de l'entre-deux-guerres, dont le jeune Pierre Boulez, comme une carte de visite de la flûte, est reconnu comme l'un des plus beaux solos jamais écrit pour l'instrument. ■ Parmi les œuvres présentées dans ce disque, la Sonate de Claude Debussy est, du point de vue de l'écriture, la plus importante. Singulière, elle est écrite, après une période de doute, dans une rage de composer aussi fiévreuse que fertile, par un auteur dont la dernière pièce maîtresse de musique de chambre, le Quatuor à cordes, date de plus de vingt ans, et qui renoue consciemment, en pleine Grande Guerre, avec une tradition musicale française séculaire, avant que la maladie ne l'emporte. La Sonate, divisée en trois parties – Pastorale, Interlude (Menuet) et Finale –, se veut un hommage au classicisme français de Rameau et de Couperin. Son originalité en fait une œuvre visionnaire. Qualifiée d' « affreusement mélancolique » par son auteur, elle est d'une modernité telle qu'aujourd'hui encore, certains auditeurs peuvent être déroutés à sa première écoute. Composée en septembre et octobre 1915, elle est interprétée pour la première fois en France chez l'éditeur de musique Jacques Durand, le 10 décembre 1916, par Albert Manouvrier, flûte, le compositeur Darius Milhaud, alto, et Suzanne Dalliès, harpe chromatique. Le 20 mars 1917, Albert Manouvrier, flûte, Sigismond Jarecki, alto, et Pierre Jamet, harpe Érard à pédales cette fois-ci, en assurent la création publique à Paris. Deuxième d'une série de six sonates dont la disparition du compositeur en 1918 ne nous laisse qu'une moitié, elle succède à la Sonate pour violoncelle et piano (1915) et précède la Sonate pour violon et piano (1917). Les trois autres devaient être écrites pour hautbois, cor et clavecin, pour trompette, clarinette, basson et piano, et pour un effectif réunissant les effectifs des cinq premières, plus une contrebasse. Associer les vents, les cordes et la harpe est nouveau. L'effectif retenu par Ravel dans son Introduction et Allegro n'a pratiquement pas intéressé ses successeurs. En revanche, la formation en trio choisie par Debussy allait connaître un autre destin. Pour les trois instruments réunis, la Sonate représente un chef d'œuvre et un acte de naissance. En 1916, le Britannique Arnold Bax compose pour elle son Trio élégiaque, sans connaître la partition de Debussy (les deux trios sont créés à Londres par les mêmes interprètes à sept semaines d'intervalle, en 1917). Tant de compositeurs leur emboîtent le pas qu'il serait vain de les citer tous. * Cette harpe sans pédale, avec deux rangées de cordes croisées, inventée par Gustave Lyon, directeur de la maison Pleyel, fut pratiquement abandonnée par la suite. 4 ■ The link connecting Debussy, Ravel and Roussel can be perfectly illustrated by Maurice Delage (1879-1961). This fervent admirer of Debussy and student of Ravel—a rare privilege he shared with Manuel Rosenthal, Roland-Manuel and Ralph Vaughan Williams—composed a trio for voice, flute and piano entitled À Roussel. The edifice raised, thanks to those three pillars, would nonetheless not be complete without a fourth: Francis Poulenc. This group of Six in which he was placed along with Milhaud, Honegger, Auric, Tailleferre and Durey matters little: Poulenc was as free as he was independent, and what great creator is not? Heir to a well-known family of industrialists and son of the banks of the Marne, a child of his century and his region, going from melancholy and loftiness to humour and ribaldry, just as Mozart went from laughter to tears, and aware of the spaces hidden behind the apparent lightness, the composer wrote a Sonata for Flute and Piano, now one of the works for flute most often played, recorded and known by the general public. It was composed between the Milan premiere, in January 1957, of Dialogues des Carmélites, his opera and masterpiece, inspired by the Georges Bernanos novel, and the first Parisian performance the following 21 June. In 1956, the Elizabeth Sprague Coolidge Foundation—the patroness having died—commissioned the composer to write a chamber work. Too busy with his opera, Poulenc initially refused but, during the summer, accepted and decided to go back to the rough draft of a piece for flute and piano dating from 1952. The works was first performed by flautist Jean-Pierre Rampal and the composer on 17 June 1957 at the Strasbourg Festival. ‘You’ll see that it’s very young. There’s an Allegretto melancolico3 , a Cantilène, and I still have an Allegro giocoso left to finish,’ wrote Poulenc on 9 March 1957. Laying claim to the free spirit of the Debussy Sonatas, he added: ‘the writing is simple but subtle, and the harmony recalls Sister Constance4’. Two 1962 works, primarily the Clarinet and Oboe Sonatas, would be reminiscent of the Flute Sonata, related thematically to the opening Allegro and harmonically to the Cantilena. Wind instruments, like the voice and piano, were favoured by Poulenc at the end, as they had been throughout his life. Amongst his 14 chamber works, ten are for winds, four of them with clarinet. The flute is found in the Sextet for piano and wind quintet (summer of 1939). Let us add that the orchestra of Aubade, a concerto for piano and 18 instruments, has no violin and brings the woodwinds to the fore. Pascal Gresset ©2005 Traversières magazine French Flute Association ‘La Traversière’ http://www.traversieres.com Author’s notes 3 ‘Allegro malinconico’ or ‘Allegretto malincolico’ depending on the edition. 4 The Cantilena confirms this kinship, amongst others, with the Dialogues. 13 Translated by John Tyler Tuttle their London premieres by the same artists seven weeks apart, in 1917). So many other composers followed suit that it would be futile to mention them all, but the history did not stop there. In 1922, flautist René Le Roy and harpist Marcel Granjany, soon replaced by Pierre Jamet, founded the legendary Quintette Instrumental de Paris, expanding the trio to include violin and cello. André Jolivet would add a string quartet to the flute and harp in his Chant de Linos (1944). The ‘vast, twin reed, played beneath the sky’, to which Stéphane Mallarmé alludes in his Symbolist poem l'Après-midi d'un faune, caught Debussy’s attention, and, to the great delight of flautists and their listeners, he wrote the Chansons de Bilitis, for two flutes, two harps and celesta (1901), and La flûte de Pan for solo flute (1913), re-baptised Syrinx in 1927, a veritable hymn to the flute if ever there was one. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. En 1922, le flûtiste René Le Roy et le harpiste Marcel Granjany, rapidement remplacé par Pierre Jamet, fondent un légendaire quintette, le Quintette instrumental de Paris, élargissant la formation en trio au violon et au violoncelle. André Jolivet, en composant en 1944 son Chant de Linos et pour ne citer que lui, ajoute à la flûte et à la harpe tout un quatuor à cordes. Le « jonc vaste et jumeau dont sous l'azur on joue », auquel fait allusion Stéphane Mallarmé dans son poème symboliste l'Après-midi d'un faune, retient également l'attention de Debussy, pour le plus grand bonheur des flûtistes et de leurs auditeurs, lorsqu'il écrit les Chansons de Bilitis, pour deux flûtes, deux harpes et un célesta (1901), et La flûte de Pan (1913), rebaptisée Syrinx en 1927, pour flûte seule, véritable hymne des flûtistes s'il doit en exister un. ■ It is surprising to observe how a new type of formation created by performers can, having barely taken form, rapidly find some of the loveliest pieces at its disposal. The aforementioned Paris Instrumental Quintet would see the birth of a major work in 1925, Albert Roussel’s Sérénade, Op.30. A miniature symphony divided into three movements (Allegro in sonata-form, Andante, and Presto in rondo-form), a marvel of balance and grace, its Andante is imbued with an ineffable poetry representing one of the highpoints of chamber music. Dedicated to Le Roy, the work was first performed on 15 October 1925, at a festival organised by the Société Musicale Indépendante in honour of Roussel, by the dedicatee, René Bas (violin), Pierre Grout (alto), Roger Boulmé (cello) and Pierre Jamet (harp). The latter, after 35 years and nearly 1,800 concerts with the Quintet, would speak of the ‘apostolate’ of his work and the imperishable works created. Listening to the Sérénade, one measures how many gems this apostolate was at the origin of. Composer of Le Festin de l'araignée, a Sinfonietta, Symphonies, Bacchus et Ariane and Padmâvatî, the former naval officer and intrepid traveller Albert Roussel provided lovely settings for the flute on many occasions; from his pen came the Divertissement, Op.6 for wind quintet and piano (1906), Joueurs de flûtes, Op. 27, four pieces for flute and piano played by all flautists since 1925, the Trio, Op. 40, for flute, viola and cello (1929), dedicated to Elizabeth Sprague Coolidge, the American patroness of the arts (to whom we also owe Poulenc’s Flute Sonata), Andante et Scherzo, Op. 51, for flute and piano (1934) and Elpénor, Op. 59, the prelude to a radio poem, for flute and string quartet (first broadcast, posthumously, in 1947). In April 1924, the year of the 400th anniversary of Pierre Ronsard’s birth, Roussel wrote 2 Poèmes de Ronsard, Op. 26 for flute and soprano. ‘Rossignol, mon mignon’, a free, luminous levitation felicitously playing on the two timbres and their tessitura, and ‘Ciel, aer et vens’, a rich counterpoint, voluptuous, pure and almost Ravelian, were sung at their Paris premieres that year respectively by Ninon Vallin (15 May) and Claire Croiza (28 May). ■ Il est étonnant de constater combien un nouveau type de formation créé par des interprètes peut, à peine éclos, disposer de pages parmi les plus belles. Le Quintette instrumental de Paris, ci-dessus mentionné, dispose dès l'été 1925 d'une œuvre majeure, la Sérénade opus 30 d'Albert Roussel. Symphonie miniature divisée en trois mouvements (Allegro de forme sonate, Andante, Presto en forme de Rondo), merveille d'équilibre et de grâce, elle contient un Andante dont la poésie, en tendant à l'ineffable, représente l'un des plus hauts états de la musique de chambre. Dédiée à René Le Roy, l'œuvre est créée le 15 octobre 1925, lors d'un festival organisé par la Société musicale indépendante en l'honneur de Roussel, par René Le Roy, flûte, René Bas, violon, Pierre Grout, alto, Roger Boulmé, violoncelle, et Pierre Jamet, harpe. Ce dernier, après trente-cinq années et près de mille huit cents concerts à l'actif du Quintette, parle de l'apostolat de son travail et des œuvres impérissables créées. En écoutant la Sérénade, on mesure de quels joyaux l'apostolat est à l'origine. Auteur du Festin de l'araignée, de la Sinfonietta, des Symphonies, de Bacchus et Ariane, de Padmâvatî, l'ancien officier de marine et intrépide voyageur Albert Roussel sert la flûte à maintes occasions et de sa plume naissent le Divertissement opus 6 pour quintette à vent et piano (1906), les Joueurs de flûtes opus 27, quatre pièces pour flûte et piano jouées depuis 1925 par tous les flûtistes, le Trio opus 40, pour flûte, alto et violoncelle (1929), dédié à Elizabeth Sprague Coolidge (mécène nord-américain à qui l'on devra la Sonate pour flûte et piano de Poulenc), l'Andante et le Scherzo opus 51, pour flûte et piano (1934), Elpénor opus 59, prélude à un poème radiophonique pour flûte et quatuor à cordes (première diffusion, posthume, en 1947). En avril 1924, l'année du quatre centième anniversaire de la naissance de Pierre Ronsard, Roussel écrit pour flûte et soprano Deux poèmes de Ronsard opus 26 : Rossignol, mon mignon, lévitation libre et lumineuse jouant avec bonheur des deux timbres et de leur tessiture, et Ciel, aer et vens, riche contrepoint voluptueux et pur, presque ravélien, sont respectivement chantés lors de leur création à Paris, cette année-là, par Ninon Vallin (15 mai) et Claire Croiza (28 mai). 12 5 ■ Le lien unissant Debussy, Ravel et Roussel peut parfaitement être illustré par Maurice Delage (1879-1961) : fervent admirateur de Debussy, cet élève de Ravel – rare privilège qu'il partage avec Manuel Rosenthal, Roland-Manuel et Ralph Vaughan Williams – compose un trio pour voix, flûte et piano intitulé À Roussel. L'édifice élevé grâce à ces trois piliers ne saurait néanmoins être complet sans un quatrième pilier, Francis Poulenc. Qu'importe ce groupe des six, dans lequel il a été rangé en compagnie de Milhaud, Honegger, Auric, Tailleferre et Durey : Poulenc est aussi libre qu'indépendant, et quel grand créateur ne l'est pas ! Fils de la célèbre famille d'industriels et des bords de Marne, enfant de son siècle et de sa terre, passant de la mélancolie et de l'élévation à l'humour et à la gaillardise comme Mozart passait du rire aux larmes et conscient des espaces dissimulés sous l'apparente légèreté, le compositeur est l'auteur d'une sonate pour flûte et piano aujourd'hui inscrite parmi les œuvres pour flûte les plus jouées, enregistrées, et connues du grand public. Elle est composée entre la création à Milan, en janvier 1957, des Dialogues des carmélites, (janvier 1957), son opéra et chef d'œuvre inspiré du roman de Georges Bernanos, et sa Première parisienne du 21 juin 1957. En 1956, la fondation Elizabeth Sprague Coolidge – le mécène était décédé – commande au compositeur une œuvre de musique de chambre. Trop occupé à son opéra, Poulenc refuse d'abord, mais, durant l'été, il accepte et décide de reprendre une ébauche pour flûte et piano de 1952. Jean-Pierre Rampal, à la flûte, et l'auteur, au piano, créent l'œuvre le 17 juin 1957 au Festival de Strasbourg. « Vous verrez c'est très jeune. Il y a un « Allegretto melancolico » (Allegro malinconico ou Allegretto malincolico selon les éditions, NDLR), une Cantilène et il me reste à faire un « Allegro giocoso », écrit Poulenc le 9 mars 1957, après s'être réclamé de l'esprit libre des sonates de Debussy et avant d'ajouter « l'écriture est simple mais subtile et l'harmonie se souvient de Sœur Constance3 ». La Cantilène nous confirme cette parenté, parmi d'autres, avec les Dialogues des Carmélites. Deux œuvres, principalement la Sonate pour clarinette et piano, mais aussi la Sonate pour hautbois et piano, se souviendront, en 1962, de la sonate pour flûte : parenté thématique avec l'Allegro initial et harmonique avec la Cantilène. Les instruments à vent, comme la voix et le piano, ont été privilégiés par Poulenc à la fin comme tout au long de sa vie. Parmi ses quatorze œuvres de musique de chambre, on en dénombre dix pour les vents, dont quatre avec clarinette. La flûte se retrouve dans le Sextuor de l'été 1939 pour piano et quintette à vent. Ajoutons que l'orchestre d'Aubade, concerto pour piano et dix-huit instruments, ne compte aucun violon et met au premier plan les instruments à vent. 3 Pascal Gresset ©2005 Traversières magazine La Traversière, Association française de la flûte http://www.traversieres.com Héroïne du Dialogue des Carmélites. 6 the music’s unreal atmosphere’.) André Caplet, to illustrate Edgar Allan Poe’s Le masque de la mort rouge (1908 then 1919), would remember the evocative power of Ravel’s harp accompanied by a chamber group (string quartet). Introduction et Allegro was not premiered until more than a year after its composition, on 22 February 1907, at the Hôtel de la Société française de photographie, in Paris, by Micheline Kahn (harp), Philippe Gaubert (flute), M. Pichard (clarinet) and the Firmin Touche Quartet. Ravel would give flautists other chamber works such as the Chansons madécasses, for voice, flute, cello and piano (1925-26, commissioned by Elizabeth Sprague Coolidge) and orchestral scores, wherein one finds flute solos. Boléro (1928), is the most frequently played flute piece in the world, and Daphnis et Chloé (1911-12), whose so-called ‘Daphnis solo’ (when Chloé dances to the melancholy tones of Pan’s flute), considered by many listeners of the betweenthe-wars period, including the young Pierre Boulez, a calling card for the instrument, is recognised as one of the most beautiful solos ever written for it. ■ Amongst the works present on this disc, Claude Debussy’s Sonata is, from the writing point of view, the most important. This singular score was written after a period of doubt, in a fit of composing that was as feverish as it was productive, by a composer whose last chamber music masterpiece, the String Quartet, had been written twenty years earlier. In the middle of the Great War, Debussy was consciously reviving an age-old French musical tradition, but illness would soon put an end to his plans. The Sonata, divided into three parts—Pastorale, Interlude (Menuet) and Finale—, is meant as a tribute to the French classicism of Rameau and Couperin although its originality makes it a visionary work. Described by Debussy as ‘horribly melancholy’, its modernity is such that even today, some listeners may be disconcerted at first hearing. Composed in September and October 1915, it was played for the first time in France at the home of music publisher Jacques Durand, on 10 December 1916, by Albert Manouvrier (flute), composer Darius Milhaud (viola), and Suzanne Dalliès (chromatic harp). On 20 March 1917, Manouvrier gave the first public performance in Paris, this time accompanied by Sigismond Jarecki (viola), and Pierre Jamet (Érard pedal harp). Second in a series of six sonatas, only half of which were finished at the composer’s death in 1918, it followed the Sonata for Cello and Piano (1915) and preceded the Sonata for Violin and Piano (1917). The three others were to have been written for oboe, horn and harpsichord, trumpet, clarinet, bassoon and piano, and a group bringing together the protagonists of the first five plus double bass. Combining winds, strings and harp was new. The instrumentation chosen by Ravel for his Introduction et Allegro interested few of his successors; on the other hand, Debussy’s trio formation would have another destiny. For the three instruments combined, the Sonata constitutes a masterpiece and a birth certificate. In 1916, Arnold Bax used it for his Elegiac Trio, without knowing Debussy’s score (the two trios were given 11 Without the spark of the Prélude à l'après-midi d'un faune, works for flute would perhaps have long remained confined to an insignificant, purely instrumental repertoire. In France, rushing into the path recently opened up, Fauré, Caplet, Pierné, Ravel, Roussel, Bonis, Emmanuel, Cartan, Cras, Schmitt, Ferroud, Koechlin, Ibert, Honegger, Martin_, Milhaud, Migot, Varèse, Jolivet, Françaix and Messiaen, amongst others, produced highly different scores and enriched the flute repertoire with highly varied musical fireworks for more than a half-century. In 1957, Francis Poulenc wrote a sonata for the instrument; its success was immediate and has never waned. But the post-war period marked a turning point, for art as for many sectors of society. In 1951, Louis Lot’s workshop closed its doors, and most of the numerous French brands of flutes would soon do the same. In 1946, Pierre Boulez composed his Sonatine for flute and piano and, in 1958, Luciano Berio finished his Sequenza I for solo flute: a chapter in the history of the flute had just definitively been turned. These two composers opened a new one that would be signed by new creators, new makers and musicians, giving the flute a new face and opening up uncharted horizons. Henceforth, for instrument making as for musicians and composers, the specificities no longer depended on a precise geographical and cultural space. MATHIEU DUFOUR ■ In 1905, Maurice Ravel composed a piece for harp accompanied by flute, clarinet and string quartet. He had just—yet again—failed at the composition competition for the Prix de Rome, a scandal for which the president of the jury, composer Charles Lenepveu, would pay the consequences by being brushed aside for the direction of the Paris Conservatoire in favour of Gabriel Fauré, Ravel’s professor. Of the four new residents at the Villa Médicis, one was named Philippe Gaubert. Composer and conductor, he was also one of the most illustrious representatives of the French flute school, and his nomination in place of Ravel would not prevent him from playing, conducting and promoting works by the most famous of the failing candidates. After Debussy, whose Danses sacrée et profane for chromatic harp2 and strings date from 1904, Ravel would add a well-known piece to the repertoire of harpists, in response to a commission from the Érard firm. This was the year of the Sonatine for piano, which raised him to the top rank of French composers. The new septet gave rise to a refined enchantment of classic construction—with an Allegro in sonata-form—and, in spirit, akin to Shéhérazade, for soprano and orchestra (1903), in which the flute plays a solo role in the second poem (‘La flûte enchantée’). Whether showing to best advantage the harp’s playing, the treatment of the timbres of the flute and clarinet or strings, playing methods suitable for the instruments (especially the string pizzicati) and for their tessitura, these pieces verge on enchantment. (Hélène Jourdan-Morhange would describe the score as a ‘little fairytale-ballet in which all dreams could find something to feed on in PATRICK GALLOIS 2 Né en 1972 à Paris, Mathieu Dufour entre à huit ans dans la classe de Madeleine Chassang au Conservatoire national de Région de Paris, où il obtient, à l'âge de quatorze ans, une médaille d'or à l'unanimité. Il obtient en 1990 un premier prix au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon dans la classe de Maxence Larrieu. Il obtient un deuxième prix au concours international Jean Pierre Rampal, un troisième prix au concours international de Budapest et un deuxième prix au concours international de Kobé au Japon. Membre des fondations Georges Gziffra et Juventus qui participent à la promotion des jeunes solistes européens, il donne de nombreux récitals et concerts en Europe et au Japon, et participe à plusieurs festivals. À vingt ans, il est nommé flûte solo de l'Orchestre national du Capitole de Toulouse puis en 1996, devient supersoliste à l'Orchestre national de l'Opéra de Paris. Depuis 1999, il est flûte solo de l'Orchestre symphonique de Chicago. Patrick Gallois est l’un des plus remarquables flûtistes de sa génération. Sa personnalité très française crée dans son jeu un raffinement et une délicatesse propre à lui-même. Il fait partie de l’élite des musiciens européens tant comme soliste que comme chambriste. Il a été l’élève de Jean-Pierre Rampal et de Maxence Larrieu au Conservatoire de Paris où il obtint le premier prix à l’unanimité. Patrick Gallois fut premier flûtiste à l’Orchestre de Lille, puis à l’Orchestre national de France durant sept ans ce qui lui valut de jouer sous la direction des plus grands chefs internationaux. Il est souvent invité par les principaux festivals européens. Il a enregistré chez JVC, EMI, Saphir Productions et BIS. This cross-strung harp without pedals was invented by Gustave Lyon, head of the Pleyel firm, but subsequently almost abandoned. 10 7 French Flute Music MICHEL MORAGUÈS Soliste à l’Orchestre national de France ; professeur-assistant de musique de chambre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris depuis 1989. Michel Moraguès est né en 1963. Il entre à quatorze ans au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dans la classe de Jean-Pierre Rampal et Alain Marion. Après avoir enseigné pendant dix ans à l’Académie internationale de musique des Arcs, Michel Moraguès est aujourd’hui régulièrement invité en Europe et au Japon pour donner des classes de maître. Michel Moraguès se produit en récitals avec des partenaires tels que Barbara Hendricks, Renaud Capuçon, Marielle Nordmann, Frédérique Cambreling, le trio Wanderer, les Quatuors Ysaÿe, Castagneri, Parisii, l’Orchestre de chambre d’Auvergne, l’Orchestre de la Côte-Basque, l’Orchestre de la radio-télévision de Montevideo (Uruguay). Michel Moraguès a joué sous la direction de chefs prestigieux tels que Leonard Bernstein, Seiji Ozawa, Eugen Jochum, Riccardo Muti, Pierre Boulez, Evgueni Svetlanov, Georges Prêtre… Michel Moraguès a déjà enregistré pour les labels, BNL, Le Chant du Monde, Auvidis-Valois, Saphir Productions, et les Disques Montaigne. JEAN-PIERRE RAMPAL Né à Marseille, il y obtient ses premiers grands prix qu’il confirme au Conservatoire national supérieur de Paris. Dès 1945, il commence une prodigieuse carrière et parcourt le monde entier après avoir abandonné son poste de flûte solo à l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Il crée des formations de musique de chambre (Quintette à vent français, Ensemble baroque de Paris, Duo Rampal – Veyron Lacroix) mais continue en parallèle sa carrière de soliste. Plus récemment, il a formé un duo avec John Steele Ritter, duo qui a été rejoint par la flûtiste Claudi Arimany. Il joue très souvent en concert comme en enregistrement avec Isaac Stern et Mstislav Rostropovitch. Il a dirigé de très nombreux orchestres et s’est produit régulièrement à la tête du National Symphony Orchestra de Washington. Il a enregistré plus de trois cents disques et a obtenu de très nombreux prix (Académie Charles Cros, Académie du Disque Français, Prix Edison, Prix Mondial du Disque etc.) 8 Breaking up the history of music—or of art in general—into periods is often questionable. Speaking of a ‘golden age’ can be misleading, as an art can blossom whereas the entire society is marked by the shadows of catastrophes or war. Adolphe Hennebains (1862-1914), an illustrious flautist having lived in a privileged era for his instrument, almost literally died of grief upon learning of the death of his students during the first combats of the Great War. With these reservations in mind, two dates—1894 and 1957—can nonetheless delimit a French golden age, during which three spheres relative to the transverse flute shone: composition, instrument making and interpretation. In 1894, Claude Debussy finished his Prélude à l'après-midi d'un faune, with the first performance given on 22 December. The orchestra’s solo flautist was Georges Barrère (1876-1944), who would later impose French flute playing in the United States and for whom Edgar Varèse would write. In the person of Debussy, the waning 19th century turned over to the Twentieth an unconventional creator and a giant of composition, which would be confirmed in 1902 by his opera Pelléas et Mélisande. The opening flute solo of Prélude à l’après-midi d’un faune has become a great classic of the flautist’s repertoire. Such a spark set afire a favourable terrain for the instrument to return to the foreground as had been the case in the late-17th and 18th centuries. The new flute by the Bavarian Theobald Boehm, which owes its popularity and pedigree to the talent of the French instrument maker Louis Lot (1807-1896), appeared between 1832 and 1847; it would not change further in its principle up to the present day. In 1855, Louis Lot opened his famous Paris workshop and 150 years later, instrument makers and musicians still consider him the perfect representative of an apogee in instrument making. This industry blossomed: Richard Bonneville competed with Lot, and the workshops where flutes and other wind instruments were made, especially around La Couture-Boussey (Eure), employed several thousand workers. After nearly a half-century of disinterest, Paul Taffanel (1844-1908) reintroduced the wind quintet in 1879. His appointment as professor of flute at the Paris Conservatoire a few months before the premiere of Debussy’s Prélude à l'après-midi d'un faune opened one of the finest periods in his instrument’s history: the French flute school was born. It would impose itself for nearly a century throughout the whole world and mark, up to the present day, the playing of a large number of flautists, from the United States to Japan1. Louis Moyse, the son of the legendary Marcel Moyse (1889-1984), was a great witness to the development of the French flute and musical life between the wars. He recently declared to us that almost ten Parisian flautists in the 1920s and ‘30s could have become international celebrities had they benefited from today’s career conditions. 1 9 French Flute Music MICHEL MORAGUÈS Soliste à l’Orchestre national de France ; professeur-assistant de musique de chambre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris depuis 1989. Michel Moraguès est né en 1963. Il entre à quatorze ans au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, dans la classe de Jean-Pierre Rampal et Alain Marion. Après avoir enseigné pendant dix ans à l’Académie internationale de musique des Arcs, Michel Moraguès est aujourd’hui régulièrement invité en Europe et au Japon pour donner des classes de maître. Michel Moraguès se produit en récitals avec des partenaires tels que Barbara Hendricks, Renaud Capuçon, Marielle Nordmann, Frédérique Cambreling, le trio Wanderer, les Quatuors Ysaÿe, Castagneri, Parisii, l’Orchestre de chambre d’Auvergne, l’Orchestre de la Côte-Basque, l’Orchestre de la radio-télévision de Montevideo (Uruguay). Michel Moraguès a joué sous la direction de chefs prestigieux tels que Leonard Bernstein, Seiji Ozawa, Eugen Jochum, Riccardo Muti, Pierre Boulez, Evgueni Svetlanov, Georges Prêtre… Michel Moraguès a déjà enregistré pour les labels, BNL, Le Chant du Monde, Auvidis-Valois, Saphir Productions, et les Disques Montaigne. JEAN-PIERRE RAMPAL Né à Marseille, il y obtient ses premiers grands prix qu’il confirme au Conservatoire national supérieur de Paris. Dès 1945, il commence une prodigieuse carrière et parcourt le monde entier après avoir abandonné son poste de flûte solo à l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Il crée des formations de musique de chambre (Quintette à vent français, Ensemble baroque de Paris, Duo Rampal – Veyron Lacroix) mais continue en parallèle sa carrière de soliste. Plus récemment, il a formé un duo avec John Steele Ritter, duo qui a été rejoint par la flûtiste Claudi Arimany. Il joue très souvent en concert comme en enregistrement avec Isaac Stern et Mstislav Rostropovitch. Il a dirigé de très nombreux orchestres et s’est produit régulièrement à la tête du National Symphony Orchestra de Washington. Il a enregistré plus de trois cents disques et a obtenu de très nombreux prix (Académie Charles Cros, Académie du Disque Français, Prix Edison, Prix Mondial du Disque etc.) 8 Breaking up the history of music—or of art in general—into periods is often questionable. Speaking of a ‘golden age’ can be misleading, as an art can blossom whereas the entire society is marked by the shadows of catastrophes or war. Adolphe Hennebains (1862-1914), an illustrious flautist having lived in a privileged era for his instrument, almost literally died of grief upon learning of the death of his students during the first combats of the Great War. With these reservations in mind, two dates—1894 and 1957—can nonetheless delimit a French golden age, during which three spheres relative to the transverse flute shone: composition, instrument making and interpretation. In 1894, Claude Debussy finished his Prélude à l'après-midi d'un faune, with the first performance given on 22 December. The orchestra’s solo flautist was Georges Barrère (1876-1944), who would later impose French flute playing in the United States and for whom Edgar Varèse would write. In the person of Debussy, the waning 19th century turned over to the Twentieth an unconventional creator and a giant of composition, which would be confirmed in 1902 by his opera Pelléas et Mélisande. The opening flute solo of Prélude à l’après-midi d’un faune has become a great classic of the flautist’s repertoire. Such a spark set afire a favourable terrain for the instrument to return to the foreground as had been the case in the late-17th and 18th centuries. The new flute by the Bavarian Theobald Boehm, which owes its popularity and pedigree to the talent of the French instrument maker Louis Lot (1807-1896), appeared between 1832 and 1847; it would not change further in its principle up to the present day. In 1855, Louis Lot opened his famous Paris workshop and 150 years later, instrument makers and musicians still consider him the perfect representative of an apogee in instrument making. This industry blossomed: Richard Bonneville competed with Lot, and the workshops where flutes and other wind instruments were made, especially around La Couture-Boussey (Eure), employed several thousand workers. After nearly a half-century of disinterest, Paul Taffanel (1844-1908) reintroduced the wind quintet in 1879. His appointment as professor of flute at the Paris Conservatoire a few months before the premiere of Debussy’s Prélude à l'après-midi d'un faune opened one of the finest periods in his instrument’s history: the French flute school was born. It would impose itself for nearly a century throughout the whole world and mark, up to the present day, the playing of a large number of flautists, from the United States to Japan1. Louis Moyse, the son of the legendary Marcel Moyse (1889-1984), was a great witness to the development of the French flute and musical life between the wars. He recently declared to us that almost ten Parisian flautists in the 1920s and ‘30s could have become international celebrities had they benefited from today’s career conditions. 1 9 Without the spark of the Prélude à l'après-midi d'un faune, works for flute would perhaps have long remained confined to an insignificant, purely instrumental repertoire. In France, rushing into the path recently opened up, Fauré, Caplet, Pierné, Ravel, Roussel, Bonis, Emmanuel, Cartan, Cras, Schmitt, Ferroud, Koechlin, Ibert, Honegger, Martin_, Milhaud, Migot, Varèse, Jolivet, Françaix and Messiaen, amongst others, produced highly different scores and enriched the flute repertoire with highly varied musical fireworks for more than a half-century. In 1957, Francis Poulenc wrote a sonata for the instrument; its success was immediate and has never waned. But the post-war period marked a turning point, for art as for many sectors of society. In 1951, Louis Lot’s workshop closed its doors, and most of the numerous French brands of flutes would soon do the same. In 1946, Pierre Boulez composed his Sonatine for flute and piano and, in 1958, Luciano Berio finished his Sequenza I for solo flute: a chapter in the history of the flute had just definitively been turned. These two composers opened a new one that would be signed by new creators, new makers and musicians, giving the flute a new face and opening up uncharted horizons. Henceforth, for instrument making as for musicians and composers, the specificities no longer depended on a precise geographical and cultural space. MATHIEU DUFOUR ■ In 1905, Maurice Ravel composed a piece for harp accompanied by flute, clarinet and string quartet. He had just—yet again—failed at the composition competition for the Prix de Rome, a scandal for which the president of the jury, composer Charles Lenepveu, would pay the consequences by being brushed aside for the direction of the Paris Conservatoire in favour of Gabriel Fauré, Ravel’s professor. Of the four new residents at the Villa Médicis, one was named Philippe Gaubert. Composer and conductor, he was also one of the most illustrious representatives of the French flute school, and his nomination in place of Ravel would not prevent him from playing, conducting and promoting works by the most famous of the failing candidates. After Debussy, whose Danses sacrée et profane for chromatic harp2 and strings date from 1904, Ravel would add a well-known piece to the repertoire of harpists, in response to a commission from the Érard firm. This was the year of the Sonatine for piano, which raised him to the top rank of French composers. The new septet gave rise to a refined enchantment of classic construction—with an Allegro in sonata-form—and, in spirit, akin to Shéhérazade, for soprano and orchestra (1903), in which the flute plays a solo role in the second poem (‘La flûte enchantée’). Whether showing to best advantage the harp’s playing, the treatment of the timbres of the flute and clarinet or strings, playing methods suitable for the instruments (especially the string pizzicati) and for their tessitura, these pieces verge on enchantment. (Hélène Jourdan-Morhange would describe the score as a ‘little fairytale-ballet in which all dreams could find something to feed on in PATRICK GALLOIS 2 Né en 1972 à Paris, Mathieu Dufour entre à huit ans dans la classe de Madeleine Chassang au Conservatoire national de Région de Paris, où il obtient, à l'âge de quatorze ans, une médaille d'or à l'unanimité. Il obtient en 1990 un premier prix au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon dans la classe de Maxence Larrieu. Il obtient un deuxième prix au concours international Jean Pierre Rampal, un troisième prix au concours international de Budapest et un deuxième prix au concours international de Kobé au Japon. Membre des fondations Georges Gziffra et Juventus qui participent à la promotion des jeunes solistes européens, il donne de nombreux récitals et concerts en Europe et au Japon, et participe à plusieurs festivals. À vingt ans, il est nommé flûte solo de l'Orchestre national du Capitole de Toulouse puis en 1996, devient supersoliste à l'Orchestre national de l'Opéra de Paris. Depuis 1999, il est flûte solo de l'Orchestre symphonique de Chicago. Patrick Gallois est l’un des plus remarquables flûtistes de sa génération. Sa personnalité très française crée dans son jeu un raffinement et une délicatesse propre à lui-même. Il fait partie de l’élite des musiciens européens tant comme soliste que comme chambriste. Il a été l’élève de Jean-Pierre Rampal et de Maxence Larrieu au Conservatoire de Paris où il obtint le premier prix à l’unanimité. Patrick Gallois fut premier flûtiste à l’Orchestre de Lille, puis à l’Orchestre national de France durant sept ans ce qui lui valut de jouer sous la direction des plus grands chefs internationaux. Il est souvent invité par les principaux festivals européens. Il a enregistré chez JVC, EMI, Saphir Productions et BIS. This cross-strung harp without pedals was invented by Gustave Lyon, head of the Pleyel firm, but subsequently almost abandoned. 10 7 ■ Le lien unissant Debussy, Ravel et Roussel peut parfaitement être illustré par Maurice Delage (1879-1961) : fervent admirateur de Debussy, cet élève de Ravel – rare privilège qu'il partage avec Manuel Rosenthal, Roland-Manuel et Ralph Vaughan Williams – compose un trio pour voix, flûte et piano intitulé À Roussel. L'édifice élevé grâce à ces trois piliers ne saurait néanmoins être complet sans un quatrième pilier, Francis Poulenc. Qu'importe ce groupe des six, dans lequel il a été rangé en compagnie de Milhaud, Honegger, Auric, Tailleferre et Durey : Poulenc est aussi libre qu'indépendant, et quel grand créateur ne l'est pas ! Fils de la célèbre famille d'industriels et des bords de Marne, enfant de son siècle et de sa terre, passant de la mélancolie et de l'élévation à l'humour et à la gaillardise comme Mozart passait du rire aux larmes et conscient des espaces dissimulés sous l'apparente légèreté, le compositeur est l'auteur d'une sonate pour flûte et piano aujourd'hui inscrite parmi les œuvres pour flûte les plus jouées, enregistrées, et connues du grand public. Elle est composée entre la création à Milan, en janvier 1957, des Dialogues des carmélites, (janvier 1957), son opéra et chef d'œuvre inspiré du roman de Georges Bernanos, et sa Première parisienne du 21 juin 1957. En 1956, la fondation Elizabeth Sprague Coolidge – le mécène était décédé – commande au compositeur une œuvre de musique de chambre. Trop occupé à son opéra, Poulenc refuse d'abord, mais, durant l'été, il accepte et décide de reprendre une ébauche pour flûte et piano de 1952. Jean-Pierre Rampal, à la flûte, et l'auteur, au piano, créent l'œuvre le 17 juin 1957 au Festival de Strasbourg. « Vous verrez c'est très jeune. Il y a un « Allegretto melancolico » (Allegro malinconico ou Allegretto malincolico selon les éditions, NDLR), une Cantilène et il me reste à faire un « Allegro giocoso », écrit Poulenc le 9 mars 1957, après s'être réclamé de l'esprit libre des sonates de Debussy et avant d'ajouter « l'écriture est simple mais subtile et l'harmonie se souvient de Sœur Constance3 ». La Cantilène nous confirme cette parenté, parmi d'autres, avec les Dialogues des Carmélites. Deux œuvres, principalement la Sonate pour clarinette et piano, mais aussi la Sonate pour hautbois et piano, se souviendront, en 1962, de la sonate pour flûte : parenté thématique avec l'Allegro initial et harmonique avec la Cantilène. Les instruments à vent, comme la voix et le piano, ont été privilégiés par Poulenc à la fin comme tout au long de sa vie. Parmi ses quatorze œuvres de musique de chambre, on en dénombre dix pour les vents, dont quatre avec clarinette. La flûte se retrouve dans le Sextuor de l'été 1939 pour piano et quintette à vent. Ajoutons que l'orchestre d'Aubade, concerto pour piano et dix-huit instruments, ne compte aucun violon et met au premier plan les instruments à vent. 3 Pascal Gresset ©2005 Traversières magazine La Traversière, Association française de la flûte http://www.traversieres.com Héroïne du Dialogue des Carmélites. 6 the music’s unreal atmosphere’.) André Caplet, to illustrate Edgar Allan Poe’s Le masque de la mort rouge (1908 then 1919), would remember the evocative power of Ravel’s harp accompanied by a chamber group (string quartet). Introduction et Allegro was not premiered until more than a year after its composition, on 22 February 1907, at the Hôtel de la Société française de photographie, in Paris, by Micheline Kahn (harp), Philippe Gaubert (flute), M. Pichard (clarinet) and the Firmin Touche Quartet. Ravel would give flautists other chamber works such as the Chansons madécasses, for voice, flute, cello and piano (1925-26, commissioned by Elizabeth Sprague Coolidge) and orchestral scores, wherein one finds flute solos. Boléro (1928), is the most frequently played flute piece in the world, and Daphnis et Chloé (1911-12), whose so-called ‘Daphnis solo’ (when Chloé dances to the melancholy tones of Pan’s flute), considered by many listeners of the betweenthe-wars period, including the young Pierre Boulez, a calling card for the instrument, is recognised as one of the most beautiful solos ever written for it. ■ Amongst the works present on this disc, Claude Debussy’s Sonata is, from the writing point of view, the most important. This singular score was written after a period of doubt, in a fit of composing that was as feverish as it was productive, by a composer whose last chamber music masterpiece, the String Quartet, had been written twenty years earlier. In the middle of the Great War, Debussy was consciously reviving an age-old French musical tradition, but illness would soon put an end to his plans. The Sonata, divided into three parts—Pastorale, Interlude (Menuet) and Finale—, is meant as a tribute to the French classicism of Rameau and Couperin although its originality makes it a visionary work. Described by Debussy as ‘horribly melancholy’, its modernity is such that even today, some listeners may be disconcerted at first hearing. Composed in September and October 1915, it was played for the first time in France at the home of music publisher Jacques Durand, on 10 December 1916, by Albert Manouvrier (flute), composer Darius Milhaud (viola), and Suzanne Dalliès (chromatic harp). On 20 March 1917, Manouvrier gave the first public performance in Paris, this time accompanied by Sigismond Jarecki (viola), and Pierre Jamet (Érard pedal harp). Second in a series of six sonatas, only half of which were finished at the composer’s death in 1918, it followed the Sonata for Cello and Piano (1915) and preceded the Sonata for Violin and Piano (1917). The three others were to have been written for oboe, horn and harpsichord, trumpet, clarinet, bassoon and piano, and a group bringing together the protagonists of the first five plus double bass. Combining winds, strings and harp was new. The instrumentation chosen by Ravel for his Introduction et Allegro interested few of his successors; on the other hand, Debussy’s trio formation would have another destiny. For the three instruments combined, the Sonata constitutes a masterpiece and a birth certificate. In 1916, Arnold Bax used it for his Elegiac Trio, without knowing Debussy’s score (the two trios were given 11 their London premieres by the same artists seven weeks apart, in 1917). So many other composers followed suit that it would be futile to mention them all, but the history did not stop there. In 1922, flautist René Le Roy and harpist Marcel Granjany, soon replaced by Pierre Jamet, founded the legendary Quintette Instrumental de Paris, expanding the trio to include violin and cello. André Jolivet would add a string quartet to the flute and harp in his Chant de Linos (1944). The ‘vast, twin reed, played beneath the sky’, to which Stéphane Mallarmé alludes in his Symbolist poem l'Après-midi d'un faune, caught Debussy’s attention, and, to the great delight of flautists and their listeners, he wrote the Chansons de Bilitis, for two flutes, two harps and celesta (1901), and La flûte de Pan for solo flute (1913), re-baptised Syrinx in 1927, a veritable hymn to the flute if ever there was one. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. En 1922, le flûtiste René Le Roy et le harpiste Marcel Granjany, rapidement remplacé par Pierre Jamet, fondent un légendaire quintette, le Quintette instrumental de Paris, élargissant la formation en trio au violon et au violoncelle. André Jolivet, en composant en 1944 son Chant de Linos et pour ne citer que lui, ajoute à la flûte et à la harpe tout un quatuor à cordes. Le « jonc vaste et jumeau dont sous l'azur on joue », auquel fait allusion Stéphane Mallarmé dans son poème symboliste l'Après-midi d'un faune, retient également l'attention de Debussy, pour le plus grand bonheur des flûtistes et de leurs auditeurs, lorsqu'il écrit les Chansons de Bilitis, pour deux flûtes, deux harpes et un célesta (1901), et La flûte de Pan (1913), rebaptisée Syrinx en 1927, pour flûte seule, véritable hymne des flûtistes s'il doit en exister un. ■ It is surprising to observe how a new type of formation created by performers can, having barely taken form, rapidly find some of the loveliest pieces at its disposal. The aforementioned Paris Instrumental Quintet would see the birth of a major work in 1925, Albert Roussel’s Sérénade, Op.30. A miniature symphony divided into three movements (Allegro in sonata-form, Andante, and Presto in rondo-form), a marvel of balance and grace, its Andante is imbued with an ineffable poetry representing one of the highpoints of chamber music. Dedicated to Le Roy, the work was first performed on 15 October 1925, at a festival organised by the Société Musicale Indépendante in honour of Roussel, by the dedicatee, René Bas (violin), Pierre Grout (alto), Roger Boulmé (cello) and Pierre Jamet (harp). The latter, after 35 years and nearly 1,800 concerts with the Quintet, would speak of the ‘apostolate’ of his work and the imperishable works created. Listening to the Sérénade, one measures how many gems this apostolate was at the origin of. Composer of Le Festin de l'araignée, a Sinfonietta, Symphonies, Bacchus et Ariane and Padmâvatî, the former naval officer and intrepid traveller Albert Roussel provided lovely settings for the flute on many occasions; from his pen came the Divertissement, Op.6 for wind quintet and piano (1906), Joueurs de flûtes, Op. 27, four pieces for flute and piano played by all flautists since 1925, the Trio, Op. 40, for flute, viola and cello (1929), dedicated to Elizabeth Sprague Coolidge, the American patroness of the arts (to whom we also owe Poulenc’s Flute Sonata), Andante et Scherzo, Op. 51, for flute and piano (1934) and Elpénor, Op. 59, the prelude to a radio poem, for flute and string quartet (first broadcast, posthumously, in 1947). In April 1924, the year of the 400th anniversary of Pierre Ronsard’s birth, Roussel wrote 2 Poèmes de Ronsard, Op. 26 for flute and soprano. ‘Rossignol, mon mignon’, a free, luminous levitation felicitously playing on the two timbres and their tessitura, and ‘Ciel, aer et vens’, a rich counterpoint, voluptuous, pure and almost Ravelian, were sung at their Paris premieres that year respectively by Ninon Vallin (15 May) and Claire Croiza (28 May). ■ Il est étonnant de constater combien un nouveau type de formation créé par des interprètes peut, à peine éclos, disposer de pages parmi les plus belles. Le Quintette instrumental de Paris, ci-dessus mentionné, dispose dès l'été 1925 d'une œuvre majeure, la Sérénade opus 30 d'Albert Roussel. Symphonie miniature divisée en trois mouvements (Allegro de forme sonate, Andante, Presto en forme de Rondo), merveille d'équilibre et de grâce, elle contient un Andante dont la poésie, en tendant à l'ineffable, représente l'un des plus hauts états de la musique de chambre. Dédiée à René Le Roy, l'œuvre est créée le 15 octobre 1925, lors d'un festival organisé par la Société musicale indépendante en l'honneur de Roussel, par René Le Roy, flûte, René Bas, violon, Pierre Grout, alto, Roger Boulmé, violoncelle, et Pierre Jamet, harpe. Ce dernier, après trente-cinq années et près de mille huit cents concerts à l'actif du Quintette, parle de l'apostolat de son travail et des œuvres impérissables créées. En écoutant la Sérénade, on mesure de quels joyaux l'apostolat est à l'origine. Auteur du Festin de l'araignée, de la Sinfonietta, des Symphonies, de Bacchus et Ariane, de Padmâvatî, l'ancien officier de marine et intrépide voyageur Albert Roussel sert la flûte à maintes occasions et de sa plume naissent le Divertissement opus 6 pour quintette à vent et piano (1906), les Joueurs de flûtes opus 27, quatre pièces pour flûte et piano jouées depuis 1925 par tous les flûtistes, le Trio opus 40, pour flûte, alto et violoncelle (1929), dédié à Elizabeth Sprague Coolidge (mécène nord-américain à qui l'on devra la Sonate pour flûte et piano de Poulenc), l'Andante et le Scherzo opus 51, pour flûte et piano (1934), Elpénor opus 59, prélude à un poème radiophonique pour flûte et quatuor à cordes (première diffusion, posthume, en 1947). En avril 1924, l'année du quatre centième anniversaire de la naissance de Pierre Ronsard, Roussel écrit pour flûte et soprano Deux poèmes de Ronsard opus 26 : Rossignol, mon mignon, lévitation libre et lumineuse jouant avec bonheur des deux timbres et de leur tessiture, et Ciel, aer et vens, riche contrepoint voluptueux et pur, presque ravélien, sont respectivement chantés lors de leur création à Paris, cette année-là, par Ninon Vallin (15 mai) et Claire Croiza (28 mai). 12 5 Société française de photographie, à Paris, par Micheline Kahn, harpe, Philippe Gaubert, flûte, M. Pichard, clarinette et le quatuor Firmin Touche. Ravel offrira aux flûtistes d'autres pages de musique de chambre, comme les Chansons madécasses pour voix, flûte, violoncelle et piano (1925-1926, commande d'Elizabeth Sprague Coolidge), et d'orchestre. Parmi ces dernières, on trouve les solos du Boléro (1928) – la page de flûte la plus jouée dans le monde – et de Daphnis et Chloé (1911-1912), dont le solo dit « de Daphnis » (Chloé danse sur les accents mélancoliques de la flûte du dieu Pan), considéré par beaucoup d'auditeurs de l'entre-deux-guerres, dont le jeune Pierre Boulez, comme une carte de visite de la flûte, est reconnu comme l'un des plus beaux solos jamais écrit pour l'instrument. ■ Parmi les œuvres présentées dans ce disque, la Sonate de Claude Debussy est, du point de vue de l'écriture, la plus importante. Singulière, elle est écrite, après une période de doute, dans une rage de composer aussi fiévreuse que fertile, par un auteur dont la dernière pièce maîtresse de musique de chambre, le Quatuor à cordes, date de plus de vingt ans, et qui renoue consciemment, en pleine Grande Guerre, avec une tradition musicale française séculaire, avant que la maladie ne l'emporte. La Sonate, divisée en trois parties – Pastorale, Interlude (Menuet) et Finale –, se veut un hommage au classicisme français de Rameau et de Couperin. Son originalité en fait une œuvre visionnaire. Qualifiée d' « affreusement mélancolique » par son auteur, elle est d'une modernité telle qu'aujourd'hui encore, certains auditeurs peuvent être déroutés à sa première écoute. Composée en septembre et octobre 1915, elle est interprétée pour la première fois en France chez l'éditeur de musique Jacques Durand, le 10 décembre 1916, par Albert Manouvrier, flûte, le compositeur Darius Milhaud, alto, et Suzanne Dalliès, harpe chromatique. Le 20 mars 1917, Albert Manouvrier, flûte, Sigismond Jarecki, alto, et Pierre Jamet, harpe Érard à pédales cette fois-ci, en assurent la création publique à Paris. Deuxième d'une série de six sonates dont la disparition du compositeur en 1918 ne nous laisse qu'une moitié, elle succède à la Sonate pour violoncelle et piano (1915) et précède la Sonate pour violon et piano (1917). Les trois autres devaient être écrites pour hautbois, cor et clavecin, pour trompette, clarinette, basson et piano, et pour un effectif réunissant les effectifs des cinq premières, plus une contrebasse. Associer les vents, les cordes et la harpe est nouveau. L'effectif retenu par Ravel dans son Introduction et Allegro n'a pratiquement pas intéressé ses successeurs. En revanche, la formation en trio choisie par Debussy allait connaître un autre destin. Pour les trois instruments réunis, la Sonate représente un chef d'œuvre et un acte de naissance. En 1916, le Britannique Arnold Bax compose pour elle son Trio élégiaque, sans connaître la partition de Debussy (les deux trios sont créés à Londres par les mêmes interprètes à sept semaines d'intervalle, en 1917). Tant de compositeurs leur emboîtent le pas qu'il serait vain de les citer tous. * Cette harpe sans pédale, avec deux rangées de cordes croisées, inventée par Gustave Lyon, directeur de la maison Pleyel, fut pratiquement abandonnée par la suite. 4 ■ The link connecting Debussy, Ravel and Roussel can be perfectly illustrated by Maurice Delage (1879-1961). This fervent admirer of Debussy and student of Ravel—a rare privilege he shared with Manuel Rosenthal, Roland-Manuel and Ralph Vaughan Williams—composed a trio for voice, flute and piano entitled À Roussel. The edifice raised, thanks to those three pillars, would nonetheless not be complete without a fourth: Francis Poulenc. This group of Six in which he was placed along with Milhaud, Honegger, Auric, Tailleferre and Durey matters little: Poulenc was as free as he was independent, and what great creator is not? Heir to a well-known family of industrialists and son of the banks of the Marne, a child of his century and his region, going from melancholy and loftiness to humour and ribaldry, just as Mozart went from laughter to tears, and aware of the spaces hidden behind the apparent lightness, the composer wrote a Sonata for Flute and Piano, now one of the works for flute most often played, recorded and known by the general public. It was composed between the Milan premiere, in January 1957, of Dialogues des Carmélites, his opera and masterpiece, inspired by the Georges Bernanos novel, and the first Parisian performance the following 21 June. In 1956, the Elizabeth Sprague Coolidge Foundation—the patroness having died—commissioned the composer to write a chamber work. Too busy with his opera, Poulenc initially refused but, during the summer, accepted and decided to go back to the rough draft of a piece for flute and piano dating from 1952. The works was first performed by flautist Jean-Pierre Rampal and the composer on 17 June 1957 at the Strasbourg Festival. ‘You’ll see that it’s very young. There’s an Allegretto melancolico3 , a Cantilène, and I still have an Allegro giocoso left to finish,’ wrote Poulenc on 9 March 1957. Laying claim to the free spirit of the Debussy Sonatas, he added: ‘the writing is simple but subtle, and the harmony recalls Sister Constance4’. Two 1962 works, primarily the Clarinet and Oboe Sonatas, would be reminiscent of the Flute Sonata, related thematically to the opening Allegro and harmonically to the Cantilena. Wind instruments, like the voice and piano, were favoured by Poulenc at the end, as they had been throughout his life. Amongst his 14 chamber works, ten are for winds, four of them with clarinet. The flute is found in the Sextet for piano and wind quintet (summer of 1939). Let us add that the orchestra of Aubade, a concerto for piano and 18 instruments, has no violin and brings the woodwinds to the fore. Pascal Gresset ©2005 Traversières magazine French Flute Association ‘La Traversière’ http://www.traversieres.com Author’s notes 3 ‘Allegro malinconico’ or ‘Allegretto malincolico’ depending on the edition. 4 The Cantilena confirms this kinship, amongst others, with the Dialogues. 13 Translated by John Tyler Tuttle MATHIEU DUFOUR Born in Paris in 1972, Mathieu Dufour enrolled in the class of Madeleine Chassang at the National Regional Conservatory of Paris when he was eight, obtaining a unanimous gold medal at the age of 14. In 1990, he earned a first prize at the National Conservatory in Lyon, in the class of Maxence Larrieu. He won second prizes at the Jean-Pierre Rampal and Kobe (Japan) international competitions and third prize at the Budapest International Competition. A grant-holder from the Cziffra and Juventus foundations, which participate in promoting young European soloists, he has given numerous recitals and concerts in Europe and Japan and appeared at several festivals. At 20, he was appointed solo flute of the Orchestre National du Capitole de Toulouse, then in 1996, became principal in the orchestra of the Paris National Opera. He has been solo flute with the Chicago Symphony since 1999. PATRICK GALLOIS Patrick Gallois is one of the outstanding flautists of his generation. His very French personality gives a refined and delicate quality to his music-making, placing him among the elite of European musicians, both as soloist and chamber player. He studied under Jean-Pierre Rampal and Maxence Larrieu at the Paris Conservatoire where he obtained a unanimous first prize. Patrick Gallois_ became principal flautist of the Lille Orchestra straight out of university and went on to become principal flautist and soloist with the French National Orchestra, a position he held for seven years, enabling him to play under some of the greatest international conductors. His name is frequently found at many of Europe’s international music festivals. He has recorded a number of discs for JVC, EMI, Saphir Productions and BIS. 14 la voie fraîchement tracée, Fauré, Caplet, Pierné, Ravel, Roussel, Bonis, Emmanuel, Cartan, Cras, Schmitt, Ferroud, Kœchlin, Ibert, Honegger, Martinu, Milhaud, Migot, Varèse, Jolivet, Françaix, Messiaen, parmi d'autres, enrichissent en un feu d'artifice musical d'une grande variété d'écriture, durant plus d'un demi-siècle, le répertoire de l'instrument. En 1957, Francis Poulenc écrit sa sonate pour flûte. Son succès est immédiat et ne cessera jusqu'à nos jours. Mais l'après-guerre marque un tournant, pour l'art comme pour bien des secteurs de la société. En 1951, l'atelier de Louis Lot ferme ses portes. Les responsables de la majorité des nombreuses marques de flûtes françaises en feront bientôt autant. En 1946, Pierre Boulez compose sa Sonatine pour flûte et piano et, en 1958, Luciano Berio achève en Italie sa Sequenza I pour flûte seule : une page de l'histoire de la flûte vient d'être définitivement tournée. Les deux compositeurs en ouvrent une nouvelle, que viendront signer de nouveaux créateurs, de nouveaux luthiers et interprètes, dessinant un nouveau visage à la flûte et de nouveaux horizons. Pour la facture comme pour les interprètes ou les compositeurs, les spécificités ne relèvent désormais plus d'un espace géographique et culturel précis. ■ Maurice Ravel compose en 1905 une pièce pour harpe avec accompagnement de flûte, clarinette et quatuor à cordes. Il vient, une nouvelle fois, d'échouer au concours de composition du Prix de Rome. C'est un scandale dont le président du jury, le compositeur Charles Lenepveu, paiera les conséquences en étant écarté de la direction du Conservatoire de Paris au profit de Gabriel Fauré, professeur de Ravel. Des quatre heureux élus de la villa romaine, l'un se nomme Philippe Gaubert. Compositeur et chef d'orchestre, il est aussi l'un des plus illustres représentants de l'École française de flûte et sa nomination à la place de Ravel ne l'empêchera pas de jouer, diriger et promouvoir les pages du plus célèbre des recalés. Après Debussy, dont les Danses sacrée et profane pour harpe chromatique* et cordes datent de 1904, Ravel va inscrire une page célèbre au répertoire des harpistes, en répondant à une commande de la maison Érard. C'est l'année de la Sonatine pour piano, qui le voit hissé au premier rang des compositeurs français. Du septuor nouveau naît une féerie raffinée, de facture classique – avec un Allegro de forme sonate – et proche de l'esprit de Shéhérazade, pour soprano et orchestre (1903). Qu'il s'agisse de la mise en valeur du jeu de la harpe, du traitement des timbres de la flûte et de la clarinette ou des cordes, des modes de jeu propres aux instruments (en particulier les pizzicati des cordes) comme de leur tessiture, ces pages, qu'Hélène JourdanMorhange qualifiera de « petit ballet-conte de fées où tous les rêves eussent trouvé à s'alimenter dans le climat irréel de la musique », confinent à l'enchantement. André Caplet, pour illustrer Edgar Poe dans Le masque de la mort rouge (1908 puis 1919), se souviendra de la puissance évocatrice de la harpe de Ravel accompagnée par un effectif de chambre (quatuor à cordes). Introduction et Allegro sera créé plus d'un an après sa composition, le 22 février 1907, à l'Hôtel de la 3 Musique française pour flûte Découper en périodes l'histoire de la musique, comme de l'art en général, est souvent contestable. Parler d'âge d'or est trompeur, un art pouvant s'épanouir alors que la société tout entière est marquée par les ténèbres de catastrophes ou de guerres ; Adolphe Hennebains (1862-1914), illustre flûtiste ayant vécu une époque privilégiée pour son instrument, mourut quasiment de chagrin en apprenant le décès de ses élèves durant les premiers combats de la Grande Guerre. Ces réserves énoncées, deux dates, 1894 et 1957, peuvent cependant délimiter un âge d'or français ayant marqué trois domaines relatifs à la flûte traversière : la composition, la facture instrumentale et l'interprétation. En 1894, Claude Debussy achève de composer son Prélude à l'Après-midi d'un faune. La création a lieu le 22 décembre. Le flûtiste soliste de l'orchestre est Georges Barrère (1876-1944), qui imposera plus tard le jeu français de la flûte aux États-Unis et pour lequel écrira Edgar Varèse. Avec Debussy, le XIXe siècle finissant livre au siècle suivant un créateur hors norme et un géant de la composition ; Pelléas et Mélisande, son opéra de 1902, le confirmera. Le solo de flûte initial du Prélude à l'Après-midi d'un faune devient pour tous les flûtistes un grand classique de leur répertoire. Telle une étincelle, il embrase un terrain propice pour que l'instrument revienne au premier plan auquel la fin du XVIIe siècle et le XVIIIe l'avaient hissé. La nouvelle flûte du bavarois Theobald Boehm, qui doit sa popularité et ses lettres de noblesse au talent du facteur français Louis Lot (1807-1896), apparaît entre 1832 et 1847 ; elle ne changera plus, dans son principe, jusqu'à nos jours. En 1855, Louis Lot ouvre à Paris un atelier vite devenu célèbre. Cent cinquante ans plus tard, luthiers et interprètes le considèrent encore comme le parfait représentant d'un apogée de la facture. Celle-ci s'épanouit : Richard Bonneville concurrence Lot, les ateliers de fabrication de flûtes et de vents, notamment réunis autour de La Couture-Boussey (Eure), emploient plusieurs milliers d'ouvriers. Après presqu'un demi-siècle de désintérêt, Paul Taffanel (1844-1908) remet à l'honneur le quintette d'instruments à vent en 1879. Sa nomination comme professeur de flûte au Conservatoire de Paris quelques mois avant la création du Prélude à l'Après-midi d'un faune ouvre l'une des plus belles pages de l'instrument : l'École de flûte française est née. Elle s'imposera pendant près d'un siècle dans le monde entier et marquera de son empreinte, jusqu'à nos jours, le jeu de bien des flûtistes, des États-Unis jusqu'au Japon.1 Sans l'étincelle du Prélude à l'Après-midi d'un faune, les œuvres pour flûte seraient peut-être longtemps restées confinées dans un répertoire purement instrumental sans envergure. En France, s'engouffrant dans MICHEL MORAGUÈS Soloist with the Orchestre national de France, flaustist Michel Moraguès, who was born in 1963, is assistant professor of chamber music at the Paris Conservatoire since 1989, where he had enrolled at the age of 14. He studied in the class of Jean-Pierre Rampal and Alain Marion. After having taught for ten years at the International Music Academy in Les Arcs, Michel Moraguès is now regularly invited to give master classes throughout Europe and in Japan. Michel Moraguès appears in recital with partners such as Barbara Hendricks, Renaud Capuçon, Marielle Nordmann, Frédérique Cambreling, and ensembles including the Wanderer Trio, the Ysaÿe, Castagneri and Parisii quartets, the Chamber Orchestra of Auvergne, and the orchestras of the Côte-Basque, and the RadioTelevision of Montevideo (Uruguay). Michel Moraguès has played under the direction of such prestigious conductors as Leonard Bernstein, Seiji Ozawa, Eugen Jochum, Riccardo Muti, Pierre Boulez, Evgeny Svetlanov, Georges Prêtre... Michel Moraguès has recorded for numerous labels including BNL, Le Chant du Monde, Auvidis-Valois, Saphir productions and Disques Montaigne. JEAN-PIERRE RAMPAL Jean-Pierre Rampal was born in Marseilles, where he won his first prizes that he would later confirm at the National Music Conservatory in Paris. As of 1945, he began a prodigious career that has taken him round the world, after giving up his position as solo flute in the Orchestra of the Opéra de Paris (1956-62). He created chamber music groups—the Quintette à Vents français (‘French Wind Quintet’), Ensemble Baroque de Paris—but also continued his solo career. After a long partnership with Robert Veyron-Lacroix, he more recently formed a duet with John Steele Ritter, and they have since been joined by flautist Claudi Arimany. He frequently plays and records with Isaac Stern and Mstislav Rostropovich. He has conducted numerous orchestras and appears regularly at the head of the National Symphony Orchestra of Washington. He has made more than 300 recordings and obtained a great number of prizes: Académie Charles Cros, Académie du Disque Français, Edison Prize, Prix Mondial du Disque, etc. 1 Fils du légendaire Marcel Moyse (1889-1984) et témoin de la vie musicale de l'entre-deux-guerres, Louis Moyse estime que près d'une dizaine de flûtistes parisiens des années vingt et trente auraient pu devenir, s'ils avaient bénéficié des conditions de carrière d'aujourd'hui, des gloires internationales 2 15 DEBUSSY • POULENC • RAVEL • ROUSSEL DEBUSSY • POULENC • RAVEL • ROUSSEL Musique française pour flûte - French Flute Music Musique française pour flûte - French Flute Music Rampal • Gallois • Moraguès • Dufour Rampal • Gallois • Moraguès • Dufour 1-2. Poèmes de Ronsard pour flûte et voix ..............................................8’59 CD Saphir Productions LVC 1017 - ROUSSEL Michel Moraguès (flûte) - Sandrine Piau (soprano) 3. Aria pour flûte et piano ................................................................................ 2’40 CD Saphir Productions LVC 1017 - ROUSSEL Mathieu Dufour (flûte) - Adrienne Krausz (piano) 4. Introduction et Allegro pour harpe, avec accompagnement de quatuor à cordes, flûte et clarinette ..........................................10’37 CD Saphir Productions LVC 1044 - RAVEL Marielle Nordmann (harpe) - Patrick Gallois (flûte) Florent Héau (clarinette) - Quatuor Parisii 5-7. Sonate pour flûte et piano FP 164 “à la mémoire de Madame Sprague-Coolidge” ......................................11’39 CD Saphir Productions LVC 1040 - POULENC Michel Moraguès (flûte) Émile Naoumoff (piano) 8-10. Sérénade, op. 30 pour flûte, harpe, violon, alto et violoncelle ................................17’35 CD Saphir Productions LVC 1017 - ROUSSEL Mathieu Dufour (flûte) - Julie Palloc (harpe) Trio Joachim 11-13. Sonate pour flûte, alto et harpe .......................................................... 16’49 CD Saphir Productions LVC 1008 - DEBUSSY Jean-Pierre Rampal (flûte) Bruno Pasquier (alto) Marielle Nordmann (harpe) Et : Marielle Nordmann - Sandrine Piau - Émile Naoumoff - Quatuor Parisii Bruno Pasquier - Florent Héau - Julie Palloc - Trio Joachim - Adrienne Krausz www.saphirproductions.net