Musique et Web 2.0
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Musique et Web 2.0
Sylvain RIZ ISTS 3SA3 Mémoire de fin d’études Sous la direction de Nicolas Mercier Musique et Web 2.0 Groupe ESRA Institut Supérieur des Techniques du Son 2007-2008 1 Sommaire p. 2 Introduction p. 4 I. L’utilisation d’Internet par les artistes p. 6 A. Internet est un moyen de diffusion pour les artistes 1. Une nouvelle façon de vendre de la musique 2. Une nouvelle façon de promouvoir la musique B. Le Web permet de réaliser une autoproduction indépendante 1. Un moyen de vente inhabituel p. 6 p. 6 p. 7 p. 8 p. 8 a. L’exemple de Radiohead, voie à suivre pour l’avenir ? p. 8 b. Une autoproduction libératoire p. 8 2. Le Do It Yourself, une utopie ? p. 9 II. L’accès à la musique en ligne : de nouveaux moyens de diffusion pour les Webconsommateurs de musique A. L’offre de musique en ligne sur Internet : historique et enjeux 1. Les débuts de la diffusion en ligne : offre et piraterie p. 10 p. 10 p. 10 2. Le Peer to Peer : analyse, impacts et tentatives de régularisation p. 12 a. Le principe p. 12 b. La pratique p. 13 i. Les précurseurs p. 13 ii. L’amplification du phénomène p. 14 c. L’impact réel sur l’industrie du disque remis en question aujourd’hui p. 16 d. Une évolution des comportements des consommateurs : l’apparition des « Webconsommateurs » p. 17 2 B. Les nouvelles voies de l’offre de musique en ligne : une offre légale régularisée 1. La diffusion en ligne ou streaming p. 19 a. Du streaming à la demande : le succès de Radioblog p. 19 b. Deezer p. 21 c. Jiwa p. 23 2. Les plates-formes de vente en ligne p. 24 a. Les plates-formes commerciales p. 24 b. Les réseaux sociaux p. 26 3. Le podcast, un moyen de diffusion de masse III. p. 19 p. 28 L’avenir de la musique sur Internet : la naissance d’une nouvelle culture musicale A. L’apparition de nouvelles formes d’utilisation du Web 2.0 p. 31 p. 31 1. MyMajorCompany p. 31 2. Jamendo, les artistes offrent leur musique sur le réseau. p. 34 3. Fair Trade Music, la musique éthique et équitable p. 35 B. Vers une nouvelle civilisation musicale p. 36 1. Le sort des maisons de disques : entre incertitude et reconversion p. 36 2. De nouvelles législations pour faire face à l’évolution technologique p. 37 a. Un développement de l’offre légale p. 37 b. Riposte graduée : du mail à la suspension d'abonnement p. 37 c. Une forte opposition p. 38 Conclusion p. 39 Annexe I : Les formats de compression audio p. 41 Annexe II : Glossaire p. 46 Annexe III : Bibliographie p. 50 3 Introduction Si la radiodiffusion a été, au milieu du vingtième siècle, un bouleversement social et économique profond pour l’industrie musicale, pour les artistes et pour la diffusion musicale, il est certain que la révolution de l’Internet1 a eu un impact violent et durable sur le monde de la musique. De même qu’à l’époque, la société avait du s’adapter à de nouveaux modes de diffusion, à une médiatisation internationale de la musique, à une commercialisation rénovée, à une promotion nouvelle des artistes et de leurs œuvres, elle a du faire face, en à peine 10 ans, à une diversification et à une explosion de toutes les habitudes en matière musicale. On remarque d’ailleurs que les critiques adressées à Internet dans ce domaine font écho aux réactions autrefois exprimées contre la radiodiffusion (sentiment d’être dépassé par les avancées technologiques et par l’évolution des habitudes musicales, perte d’identité de l’artiste qui s’efface devant une communauté mondiale d’acteurs du milieu musical, représentation de l’auditeur comme d’un simple consommateur, perdu au cœur d’un monde nouveau dont il ne peut appréhender les limites…). Plus qu’une simple révolution technique, Internet a en effet contraint tous les acteurs musicaux à envisager l’intégration de la musique dans un nouvel univers de réseau2, se développant rapidement, et offrant des spécificités encore jamais connues. Les développements continus d’Internet contraignent à une adaptation constante. En effet historiquement, on distingue plusieurs versions du Web : Le Web 1.0, statique, est composé de pages affichant du texte et éventuellement des images et des liens. Les pages Web statiques sont rarement voir même jamais mises à jours. Le Web 1.5, dynamique, par opposition au Web statique, possède une navigation grandement simplifiée et le contenu des pages est généré à la demande en se référant à une base de donnée en constant changement. Le Web dynamique offre la possibilité de créer des forums de discussion ou des albums photos. 1 Cf. Glossaire 2 Cf. Glossaire 4 Le Web 2.0, Web interactif, offre des interfaces permettant aux internautes d’interagir à la fois avec le contenu des pages mais également entre eux. Le Web était considéré comme un outil de diffusion et de visualisation de données, où des aspects comme le nombre de pages consultées ou l’esthétique revêtaient une très grande importance. Le Web 2.0 résulte d’une volonté d’orientation vers l’interaction entre utilisateurs, le partage des informations et la création de réseaux sociaux, qu’il y ait ou non un réel rendu visuel et interactif. La première et la plus grande évolution vers le Web 2.0 concerne la syndication de contenu, en utilisant des protocoles standardisés permettant aux utilisateurs de faire usage des données d’un site dans un autre contexte. La syndication consiste à vendre le droit de reproduire un contenu ou de diffuser un programme à plusieurs diffuseurs. Le Web 2.0 est donc un terme vague ne désignant pas une technologie précise mais un ensemble d’évolutions apportées par différentes personnes et différentes utilisations. La dernière révolution du Web 2.0, à laquelle nous nous intéresserons, a permis à l’outil Internet de devenir un passage obligé de la création, de la promotion et de la diffusion musicale. L’objet de ce mémoire est d’analyser l’impact de la dernière révolution du Web 2.0 sur le monde de la musique. Si l’évolution technique du Web 2.0 est l’axe principal de notre étude, par l’analyse des divers logiciels, serveurs3, ou services informatiques que le Web 2.0 a engendré, nous nous intéresserons également à tous les impacts d’Internet sur le monde de la musique. Il est ainsi possible non seulement d’envisager Internet comme un outil, et en évaluant son impact sur la production, sur la création musicale, et sur la promotion des artistes (I), mais aussi de considérer Internet comme un nouveau medium, en analysant son impact sur la consommation et la diffusion musicale (II), et enfin de prolonger la réflexion jusqu’à l’avenir d’Internet comme fait de société, en s’attachant à son impact sur la perception de la musique dans la société (III) 3 Cf. Glossaire 5 I. L’utilisation d’Internet par les artistes A. Internet comme moyen de diffusion pour les artistes 1. Une nouvelle façon de vendre de la musique Internet est le nouvel outil multimédia de la fin du vingtième siècle. Il s’est rapidement imposé comme l’un des plus importants média mondiaux, supplantant la plupart des autres moyens de diffusion de l’information. Il est par conséquent également devenu une grande vitrine publicitaire, promouvant parfois tout et n’importe quoi : beaucoup de sites peuvent aujourd’hui être considérés comme de simple portails cherchant à attirer le plus possible de visiteurs afin d’augmenter le prix de l’encart publicitaire, exactement comme le font la radio ou la télévision par le moyen des indices d’écoute ou d’audimat. Cela n’empêche pas pour autant certaines plateformes d’offrir un réel service aux utilisateurs, dont les créateurs de musique. Myspace Music4 offre ainsi par exemple un système de diffusion sans intermédiaires entre l’artiste et son public, sans barrière géographique. Seule la barrière de la langue subsiste encore. Cependant, l’importance de la fréquentation de la page d’un artiste reste fonction de sa notoriété préexistante. Voyons quel est le fonctionnement de cette plateforme : l’inscription à Myspace Music est gratuite et ouverte à tous, sans contrôle des administrateurs du site ; une fois le compte créé, il est possible de diffuser sur sa page personnelle des morceaux encodés en mp3 dont il est obligatoire, cependant, posséder les droits. A l’artiste de construire sa célébrité, en faisant parler de lui, en distribuant son adresse, en contactant d’autres groupes ou encore en se manifestant sur chaque page d’utilisateur dans une sorte de porte à porte virtuel. Myspace permet à chaque utilisateur de tenir un compte de ses « amis » virtuels ainsi que du nombre d’écoutes de chaque morceau diffusé. Certains exemples montrent que l’on peut acquérir par ce seul moyen une véritable popularité. Le groupe Arctic Monkeys a ainsi réussi à se faire connaître dans le monde entier en à peine 3 mois, et fut ensuite signé par un label5 indépendant. La semaine de la sortie de 4 Cf. Glossaire 5 Cf. Glossaire 6 leur premier album, le groupe a vendu 363 735 exemplaires en Angleterre. Même si, depuis, l’album n’a pas gardé sa notoriété de l’époque cela montre bien qu’une nouvelle façon de vendre et de diffuser la musique est née. De la même façon, de nombreux groupes se sont fait connaître grâce à un seul clip original diffusé sur Internet, les exemples ne manquent pas : Ok Go et le titre Here It Goes Again ou encore Kamini et sa chanson Marly Gomont. Ce dernier a d’ailleurs été signé ensuite par Sony BMG et a obtenu la victoire de la musique du meilleur clip vidéo en 2007. Ceci montre bien qu’il est possible d’utiliser internet comme un outil de production indépendante des circuits traditionnels. 2. Une nouvelle façon de promouvoir la musique Ces cas illustrent ce qu’on appelle la gestion du « buzz6 ». Le buzz est la rumeur, le bouche à oreille, la vague d’attention qui se propage dans les réseaux au sujet d’un événement ou d’un individu. Provoquer et tirer profit d’un buzz est un savoir faire des plus importants pour générer la célébrité sur Internet. Le succès dépend de la façon dont ses initiateurs gèrent la vague médiatique qu’ils ont fait naître. La célébrité de l’artiste peut cependant n’être qu’un effet de mode. Par exemple, les internautes s’échangeront le lien d’une chanson, qui sera rapidement partagée dans un groupe d’utilisateurs plus ou moins restreints, mais, après une phase de propagation rapide un nouvel événement vient capter l’attention et l’effet de mode se dissipe. Mais ce qu’espère chaque artiste, c’est un engouement qui sera suivi par une renommée plus profonde qui mènera l’artiste à une étape de reconnaissance supérieure. Le nombre grandissant de consultations intéressera des professionnels et un cap sera franchi dans la notoriété de l’artiste. On parle de célébrités construites grâce au Web. On comprend donc que les ventes d’un artiste peuvent augmenter, voir même exploser, si il arrive à se faire connaître par internet. Mais cette reconnaissance vient-elle vraiment de la qualité de la musique ou bien seulement d’une situation ponctuelle, d’un coup médiatique ? 6 Cf. Glossaire 7 B. Le Web comme moyen de réalisation d’une autoproduction indépendante 1. Un moyen de vente inhabituel a. L’exemple de Radiohead, une voie à suivre pour l’avenir ? Le 1er octobre 2007, le groupe Radiohead annonce par l’intermédiaire de son blog7 la sortie prochaine de son album In Rainbows malgré l’absence de tout contrat le liant à une maison de disques. Dix jours plus tard, l’album est en téléchargement sur internet : en contrepartie d’une participation libre, et de façon tout à fait inédite, Radiohead proposait son nouvel album dans son intégralité. Le 3 décembre 2007, il était possible de commander une version CD augmentée d’un livret, de 8 titres supplémentaires et de supports en vinyle. Le 31 décembre, l’album était disponible chez les disquaires. Une tournée autonome sous chapiteau a suivi. Ce mode de diffusion tout à fait inhabituel marque la rébellion des artistes face aux majors. Ils démontrent ainsi qu’il n’est pas obligatoire d’avoir une grosse maison de disque pour être diffusé. Il va de soi que cette façon d’agir ne peut pas exister si le groupe est sous contrat d’exclusivité avec une maison de disque. Cependant, on peut se demander quelle serait l’efficacité de cette méthode pour un groupe moins connu que Radiohead et surtout, seraient-ils parvenus à leur actuelle célébrité s’il n’avait jamais été aidé par une maison de disque ? b. Une autoproduction libératoire Le chanteur Prince, dès les années 90, a montré les multiples aspects de la confrontation qui peut exister entre les artistes et les maisons de disques. Il claque la porte de Warner Bross en 1993, un an après la signature d’un des plus gros contrats de l’histoire de la musique. Il annonce dès 1995 qu’il utilisera Internet pour mettre sa musique à disposition des fans. En 2004, lors de la sortie de l’album Musicology, Prince le fait distribuer à l’entrée de ses concerts. Il réitère l’opération en 2007 pour l’album Planet Earth lors d’une série de dixhuit concerts à guichet fermé. Au même moment, cet album est distribué en Grande-Bretagne avec l'hebdomadaire Mail of Sunday, tiré pour l'occasion à trois millions d'exemplaires. Ce procédé lui attirera le courroux des disquaires britanniques qui retirèrent immédiatement l'album des rayons. 7 Cf. Glossaire 8 Incontestablement, Internet a profondément modifié les rapports entre artistes et maisons de disques. Prince a créé un nombre important de précédents, dans le domaine de l'autoproduction et de la distribution directe du musicien vers les consommateurs de musique. L’autoproduction peut certainement donner de réels résultats. Toutefois tous les artistes ne disposent pas de la renommée de Prince avant de se lancer dans l’aventure de l’autoproduction. Les maisons de disque affirment qu’elles ont seules le savoir faire nécessaire à une campagne de publicité efficace et les moyens financiers qu’elle nécessite. On peut donc remettre en cause ce nouveau moyen d’autoproduction qui, s’il permet à certains grands de se passer des maisons de production, incite ces dernières à une grande frilosité en matière de création musicale. 2. Le Do It Yourself, une utopie ? On peut alors s’interroger sur l’impact, sur la création musicale, d’une utilisation d’Internet comme un nouveau moyen d’autocréation totalement libéré de toute contraintes matérielles. L’importance du nombre de logiciels offerts au grand public pour la création de musique, les bases de sons préenregistrés, de rythmes et d’effets sonores de tous genres donnent parfois l’illusion que tout un chacun peut devenir compositeur. Le rêve du succès aisé, qu’il soit véhiculé soit par l’ascension fulgurante de certains artistes ou même par des émissions comme la Star Academy ou la Nouvelle Star, pousse les gens à s’essayer à la création artistique pour le meilleur… et pour le pire. Un des arguments de vente d’Apple envers le grand public est ainsi le « tout en un » : sur chaque ordinateur vendu, l’acheteur dispose d’un « studio virtuel » et peut accéder à la diffusion de podcast8 sur internet. Il est évident qu’Apple joue ainsi sur l’illusion d’un accès facile à la célébrité. Internet représente une immensité virtuelle sur laquelle on peut se croire capable de diffuser ses créations. Pourtant la réalité est têtue et il est peu probable qu’un particulier autodidacte saura effectuer un mastering, ou qu’il pourra se passer des conseils artistiques d’un producteur ou même d’un ingénieur du son. Internet est donc une grande ouverture à un nouveau mode de création musicale, et la technologie associée peut offrir un très bon tremplin médiatique. Il importe désormais de savoir ce qui est diffusé. 8 Cf. Glossaire 9 II. L’accès à la musique en ligne : de nouveaux moyens de diffusion pour les Webconsommateurs de musique A. L’offre de musique en ligne sur Internet : historique et enjeux 1. Les débuts de la diffusion en ligne : offre et piraterie De fait, les produits culturels numérisés sont actuellement omniprésents sur le réseau internet et accessibles sous différentes formes. La dématérialisation des supports, associée à l'apparition du haut débit, et maintenant des réseaux en fibre optique, ont bouleversé l’accès aux contenus culturels, multiplié les offres en ligne mais aussi les possibilités de piratage. L’offre de musique en ligne apparaît à la fin des années 1990 sous la forme de sites Web vendant des fichiers audio. En septembre 1997, MP3.com est lancé pour permettre la promotion de groupes et interprètes indépendants, mais c'est eMusic qui, en juillet 1998, est le premier site à vendre de la musique sous la forme de fichiers MP3. Le MPEG-1/2 Audio Layer 3, plus connu sous son abréviation de MP3, est la spécification sonore du standard MPEG-1, du Moving Picture Experts Group (MPEG). C'est un algorithme de compression audio capable de réduire drastiquement la quantité de données nécessaire pour restituer de l'audio, mais qui, pour l'auditeur, est censé ressembler à une reproduction du son original non compressé, c'est-à-dire avec perte de qualité sonore significative mais théoriquement acceptable pour l'oreille humaine. Un fichier MP3 n'est soumis à aucune mesure technique de protection. Abordons à présent l’exposé de la diversité des innovations technologiques de ces dernières années et leur impact tant sur les comportements des consommateurs que, sur un plan plus juridique, sur la protection de la propriété intellectuelle des artistes et sur le droit commercial. Parallèlement aux offres marchandes se développe en effet une offre basée sur la mise à disposition libre de fichiers au sein d’un réseau. 10 L'apparition de Napster9 en juin 1999 et de KaZaA10 en septembre 2000, va permettre l’échange de fichiers musicaux : dans ces systèmes, chacun des postes reliés sert à la fois de client et de serveur. Les deux logiciels reposent donc sur la technologie du peer to peer11 que l’on peut traduire par pair-à-pair ou poste-à-poste et est parfois noté P2P. Le peer to peer permet, par l’intermédiaire d’une plateforme logiciel, d’effectuer des échanges de fichiers entre deux utilisateurs en utilisant le réseau Internet. Ce système va attirer l’attention de l'industrie du disque vers la distribution en ligne. L’échange de fichiers par des logiciels de pair-à-pair a pris, à partir de 2002, une ampleur considérable. On estimait, en 2003, à plus de 150 milliards le nombre de fichiers musicaux échangés dans le monde via ces logiciels. Une étude faisait apparaître que le trafic P2P représente 60 % du trafic de l’ensemble de ces échanges. D’après l’OCDE, les utilisateurs simultanément actifs de ces réseaux dans le monde étaient près de 10 millions en avril 2004. Outre la musique, le phénomène s’est étendu aux films et aux programmes de télévision, notamment aux séries. L’industrie musicale fut donc la première frappée de plein fouet par cette pratique mais ce n’était que le début d’un phénomène plus vaste. Selon les chiffres publiés par le SNEP, Syndicat National de l’Edition Phonographique, le chiffre d'affaires des producteurs de disques, qui était en 2002 de 1 302 millions d’euros, a chuté à 819,2 millions d’euros en 2006. Au premier semestre 2007, les ventes physiques ont baissé de 20 % par rapport à 200612. Si le marché de l’offre musicale légale dématérialisée commence à croître – pour la musique, par exemple, on passerait de 43,5 millions d’euros pour la France en 2006 à 100 à 120 millions en 2010 – cette progression est loin de compenser la perte de revenus liée à l’effondrement du support physique. Ce qui est vrai de la musique depuis cinq ans est également vrai aujourd’hui pour les œuvres audiovisuelles et cinématographiques. Cette situation remet en cause le financement de la production et donc de la création culturelle. C’est pourquoi il faut remonter aux origines 9 Cf. Glossaire 10 Cf. Glossaire 11 Cf. Glossaire 12 Voir le site du SNEP : http://www.disqueenfrance.com/actu/ventes/vente2007_06_07.asp 11 de ce phénomène et de ses dérives pour comprendre l’impact profond qu’a provoqué la mise en réseau de la diffusion musicale. 2. Le Peer to Peer : analyse, impacts et tentatives de régularisation a. Le principe La désignation Peer to Peer renvoie à deux termes différents : Le terme de système pair-à-pair permet de nommer un ensemble constitué d'utilisateurs, en nombre parfois indéfini et qui peut ne pas être fixe, et de manière pus générale le protocole qui leur permet de communiquer (Gnutella, BitTorrent, CAN, etc.), et le fonctionnement du protocole; Le terme de réseau pair-à-pair permet de désigner les machines elles-mêmes et leur interconnexion à un moment donné, avec un nombre défini de machines et d’utilisateurs. On peut considérer que le piratage utilise principalement deux types de techniques, en elles-mêmes neutres et qui peuvent également servir à des fins légales. Le téléchargement par un réseau de peer to peer, constitue un procédé d’échange de fichiers directement entre des postes individuels d’utilisateurs connectés à Internet, lesquels mettent à disposition leurs bibliothèques multimédias et, réciproquement, téléchargent des fichiers rendus disponibles par d’autres utilisateurs. Les contributeurs, des membres apportant du contenu nouveau, représentent une part mineure dans la communauté. Les utilisateurs, majoritaires, se contentent de télécharger des fichiers mis à disposition sans avoir d’ailleurs nécessairement conscience que, ce faisant, ils mettent souvent automatiquement à disposition des autres utilisateurs les fichiers qu’ils ont eux-mêmes récupérés sur leur propre ordinateur. Des contenus illégaux sont parfois mis à disposition des utilisateurs, par l’intermédiaire de sites hébergeant des contenus. Chacun de ces sites présente des différences légères mais le principe reste le même. Dans ce cas, des éditeurs ou des 12 hébergeurs stockent sur leurs serveurs des fichiers multimédias, soit envoyés par des utilisateurs ayant créé le contenu piraté, soit récupérés à partir d’un support ou d’une offre légale. Il s’agit principalement de serveurs dédiés, des sites communautaires et de partage, ou encore de newsgroups. L’attention s’est d’abord portée sur les sites internet « classiques », avec une mise à disposition centralisée (comme Napster), puis sur les réseaux de pair-à-pair qui, fondés sur un réseau en étoile, permettent d’éviter le risque de fermeture du site central. Désormais, ces supports de la distribution d’offre illégale sur le réseau tendent à diminuer au profit des mises à disposition, tels les newsgroups appelés également systèmes usenet. Les newsgroup sont un système de forums de discussion à l’interface graphique très légère permettant également le transfert de fichiers de serveur à utilisateur à des débits très élevés. b. La pratique i. Les précurseurs Une nouveauté technologique apparaît avec Internet, révolutionnant la diffusion musicale : le logiciel d’échange de fichiers compressés. Au début de l’année 1999, Shawn Fanning, un étudiant américain âgé de 18 ans, commence à développer seul « Napster », un logiciel d’échange de fichiers MP3, qu’il compte distribuer à son cercle d’amis. Quelques mois plus tard, en juin 1999, la première version de Napster est disponible. Shawn Fanning la met en ligne sur le site download.com et le succès est immédiat. Le nombre d’utilisateurs de Napster croît de manière exponentielle et, après deux ans d’existence, le logiciel d’échange compte 60 millions d’utilisateurs dans le monde. En fait, le phénomène MP3 avait précédé l’apparition de Napster. Avant lui, des sites Internet proposaient déjà des MP3 en ligne, et des moteurs de recherche, comme Lycos, permettaient de découvrir ces sites. La recherche de fichiers MP3 était cependant plus difficile qu’avec Napster ou ses successeurs, et le phénomène MP3 ne prendra son essor qu’avec l’apparition du premier logiciel d’échange. Déjà sous le coup d'attaques des majors de la musique et de divers artistes tels par exemple Metallica et Dr. Dre , Napster est condamné à ne plus permettre l'échange de fichiers 13 protégés par des droits à travers leurs serveurs. Pour des raisons juridiques, Napster sera définitivement fermé en 2002. D’autres logiciels d’échange de fichiers se substituent alors rapidement à Napster, comme Gnutella ou Kazaa, contribuant ainsi au développement des échanges de fichiers musicaux au format MP3. ii. L’amplification du phénomène Il est à noter que Napster a, depuis sa condamnation, été racheté par l’éditeur de logiciel Roxio. Napster est depuis devenu un magasin de vente en ligne légal lancé en octobre 2003 aux Etats-Unis. Cependant, la chute de Napster a laissé libre le marché du téléchargement P2P que d’autres clients se sont empressés d’investir. Nous dressons ici une liste chronologique non exhaustive des clients P2P mondiaux principaux pour le téléchargement de musique. KaZaA : une amplification des téléchargements Dès 2001, tandis que les premières pressions juridiques pèsent sur Napster, les utilisateurs se replient sur KaZaA, un réseau de Sharman Networks, basé sur une architecture pair-à-pair décentralisée (les internautes sont reliés directement entre eux et non plus par l'intermédiaire de serveurs centralisés), ils sont donc plus à l’abri de la justice, le créateur se déchargeant des activités des utilisateurs. Il sera téléchargé à plus de 342 millions d'exemplaires, un véritable record de nombre de téléchargements pour un programme à l’époque. KaZaA est caractérisé par son réseau FastTrack à l’architecture décentralisée. Il y a quelques années, FastTrack était considéré comme le réseau P2P le plus utilisé au monde (environ 3 millions d’utilisateurs connectés en moyenne). Il sera aussi confronté à la justice, mais il pourra toutefois continuer son activité car seul le comportement fautif des utilisateurs est condamnable, et KaZaA n'en est pas responsable. Malgré cela, KaZaA prit dès 2001 la suite de Napster comme référence incontournable dans le grand public. Cependant, les attaques judiciaires contre le téléchargement illégal sur 14 KaZaA poussèrent de plus en plus les utilisateurs à le délaisser pour d'autres logiciels, tel eMule. En 2007, la base d'utilisateurs de KaZaA est quasiment nulle. eDonkey / eMule : une nouvelle avancée technique En 2003, eDonkey2000 (et ses évolutions, eMule, Overnet) surpasse KaZaA et le remplacent dans les habitudes des utilisateurs. Grâce à l’expérience du pair-à-pair, les programmeurs qui utilisent ces systèmes développent la technique du fractionnement des fichiers. A peine un téléchargement est débuté que la partie récupérée est déjà disponible à l’envoi. Parallèlement à ces logiciels, une multitude d'autres permettent l'accès aux mêmes réseaux (Kazaa Lite, Bearshare, WinMX, LimeWire, Shareaza…). Dans la lignée de Napster, ces logiciels offrent aux internautes des interfaces simples et utilisables par tous. Du fait de la vitesse, de l’avancée technique et de l’étendue mondiale d'Internet, les œuvres sont disponibles dès leur sortie commerciale. La taille des fichiers disponibles augmente (750, 800 Mo) avec la réduction des risques d’échec de téléchargements, mise en place par divers mécanismes de contrôles d'intégrité et de récupération de fragments corrompus. L’équipement en graveurs et l’accès au réseau haut débit augmentant, puisque tout nouvel ordinateur personnel acheté en est équipé, et le prix des supports de données chutant, il en résulte une diminution très importante du commerce illégal de disques gravés. C'est donc avec de meilleurs moyens, un plus grand choix de média, et une rapidité de téléchargement accrue que les internautes échangent des fichiers protégés par droit d'auteur. La nouvelle génération de P2P : le téléchargement pour tous La dernière génération de logiciels représentée par Bittorent, Overnet et GrabIt, que certaines sources créditent de près de 35% des échange de fichiers sur Internet, reprend le flambeau de leurs prédécesseurs, avec un succès croissant. Ils optimisent au maximum la bande passante en envoi et réception. Ils ne sont pas des concurrents directs d’eMule car ils ne proposent pas une diversité de sources aussi importante. Ils ne misent pas sur la disponibilité temporelle, les œuvres sont accessibles quelques mois au plus, mais sur un débit maximal en 15 flux continu. Ces nouvelles applications sont technologiquement plus avancées. Elles proposent un partage de fichiers découpés donc moins lourds et plus rapides à télécharger. On assiste à une augmentation de la taille des fichiers disponibles (plusieurs gigaoctets) du fait du flux presque continu entre les pairs du réseau. Les supports pouvant stocker ceux-ci se banalisent également : l'équipement des foyers en lecteurs/graveurs DVD, platines DVD et DivX de salon augmente. Le pair-à-pair ouvre et dynamise de nouveaux marchés : celui des baladeurs mp3, des autoradios mp3 où l’on branche une clé USB et enfin les baladeurs multimédias avec Windows media Center « embarqué »… c. Un impact réel sur l’industrie du disque remis en question aujourd’hui L’International Federation of the Phonographic Industry (IFPI) estimait en janvier 2004, à 800 millions le nombre de fichiers musicaux qui étaient disponibles sur les réseaux P2P. Une étude de 2004 sur le système pair-à-pair eDonkey2000 montre qu'en terme de nombre de fichiers échangés, le premier médium est la musique, qui représente à peu près la moitié des fichiers disponibles, tandis que les vidéos en représentent approximativement 15%. Le format le plus diffusé est le MP3, mais d'autres formats propriétaires (WMA, RealMedia, etc.) ou formats libres (Ogg, etc.) sont également présents. En effet les réseaux P2P donnent accès à différents types de fichiers : fichiers musicaux, fichiers vidéos (films), documents, logiciels, etc. Autre indicateur du succès de ces réseaux, les logiciels qui permettent d’y accéder ont été massivement adopté par les internautes. En juin 2004, sur le site kazaa.com, le logiciel Kazaa avait été téléchargé plus de 350 millions de fois. A la même période, sur le site download.com, le logiciel Morpheus avait été téléchargé plus de 124 millions de fois et le logiciel iMesh plus de 75 millions de fois. A titre de comparaison, sur le même site, le logiciel iTunes13 n’avait été téléchargé que 1,3 million de fois. 13 Cf. Glossaire 16 Naturellement, le nombre de téléchargements de ces logiciels donne une mesure très imparfaite de l’usage réel de ces logiciels. Une étude du Pew Internet & American Life Project réalisée entre mars et mai 2003 estime que 29% des internautes américains, soit plus de dix millions de personnes, ont déjà téléchargé des fichiers musicaux pour pouvoir les écouter souvent. La même enquête indique qu’une plus petite fraction des internautes (21%) propose des fichiers (de tous types) en partage. En majorité, il s’agit de fichiers téléchargés et laissés en partage. Seulement 5% des internautes auraient fourni sur un réseau P2P. Parallèlement au développement des échanges de fichiers MP3 sur Internet, les ventes de musique enregistrée ont baissé sur certains marchés locaux, parfois fortement. Entre 1999 et 2003, d’après les données de la Recording Industry Association of America (RIAA), les ventes unitaires de CD ont chuté de 26% environ aux Etats-Unis. En France, l’évolution des ventes est beaucoup moins marquée. Selon le Syndicat National de l’Edition Phonographique en France (SNEP), sur la même période, les ventes d’albums en France ont baissé de 3%. Les échanges de fichiers MP3 sur les réseaux d’échange, qualifiés de « pirates », sont tenus responsables de cette crise par les associations professionnelles, comme la RIAA ou le SNEP. La chute des ventes de disques doit-elle réellement être imputée exclusivement à l’essor des logiciels de peer to peer ou bien d’autres raisons peuvent-elles être invoquées? De nombreuses études sont été faites sur la question mais les réponses apportées sont plus souvent fonction de ce qu’attend l’instigateur de la recherche que de la réalité des chiffres récupérés. d. Une évolution des comportements des consommateurs : l’apparition des « Webconsommateurs » La facilité d’utilisation de Napster en terme de téléchargement / envoi / recherche de titres et le fait qu’il ne soit pas réservé à des spécialistes, lui assuraient un succès rapide. L’augmentation fulgurante du nombre d’utilisateurs a provoqué une augmentation aussi considérable du nombre de chansons disponibles. Dès lors, le téléchargement "illégal" fait partie intégrante du phénomène Internet et les logiciels pair-à-pair deviennent les nouvelles applications à la mode. Toutefois la « disponibilité temporelle » était encore faible, l'abonnement illimité n'ayant pas encore été créé, beaucoup d'utilisateurs payaient encore leur connexion Internet à 17 la minute, ils ne laissaient donc pas leur ordinateur personnel connecté en permanence, et fermaient Napster dès qu’ils surfaient . En effet le débit était encore souvent trop faible pour permettre d'utiliser les deux applications simultanément. Le comportement des utilisateurs était donc défini et limité par des facteurs technologiques et financiers. On arrive à un certain moment à ce que techniquement le téléchargement de médias soit performant dans les entreprises et universités, alors que ce sont les foyers qui en sont les consommateurs et acteurs. Il y a décalage entre la technique et l’utilisation. A la fin des années 90, on a assisté à l’émergence d’un comportement nouveau des internautes qui a une fois de plus renforcé le téléchargement : le commerce illégal de CD gravés (les graveurs sont disponibles, mais les médias vierges et graveurs demeurent chers) a suscité, par l’attrait du gain de la vente, un engouement pour la pratique et poussé de plus en plus d’utilisateurs à utiliser Napster et à s’équiper. KaZaA, en comblant les lacunes techniques et la faiblesse juridique de Napster, s’assure un succès et une popularité tout aussi importants en séduisant les utilisateurs de ce dernier. La possibilité nouvelle de reprendre un téléchargement interrompu et le fait de pouvoir télécharger de plusieurs sources un même fichier afin d'augmenter la vitesse, toujours couplée à une augmentation des débits (c’est l’époque des débuts du câble en France), permettent de pallier les inconvénients de la disponibilité temporelle. Ce facteur commercial provoque l’émergence de nouveaux comportements sur les réseaux pair-à-pair, les internautes laissant KaZaA fonctionner pendant qu’ils font autre chose, surfer par exemple, puis laissant dans un second temps leur ordinateur personnel connecté en permanence. On assiste donc à une augmentation de la disponibilité temporelle et quantitative des médias. En parallèle, le débit des connexions Internet augmente, par le câble puis grâce à l'ADSL. La technologie est disponible dès 2000, les offres publiques sont en place très rapidement. eDonkey / eMule provoque un réel changement des mentalités de certains utilisateurs : si autrefois ils étaient plutôt consommateurs, ils se sentent de plus en plus acteurs et ont vocation à alimenter le réseau, à y être reconnus. Ils signent les fichiers mis à disposition avec 18 leurs pseudonymes, et se regroupent en équipes (teams). Ces signatures deviennent un gage de qualité des fichiers pour les utilisateurs, les équipes y gagnent alors en prestige. Certains achètent des médias originaux pour avoir le bénéfice de les mettre en premier à disposition sur le réseau après en avoir retiré les éventuelles protections (Cracking ou craquage des logiciels). L’augmentation des débits ADSL (128k au départ, 2048 kbit/s puis 5 à 8 Mbit/s) ainsi que le fractionnement des fichiers a renforcé la concurrence entre utilisateurs du réseau pour récupérer un même fichier. Des manipulations afin de maximiser le ratio réception/envoi deviennent plus fréquentes : modifications sur Napster ou blocage des ports d’envoi pour tromper KaZaA ou eMule. De plus, l’augmentation des téléchargements massifs (plusieurs dizaines de disques complets à la fois) aboutit à généraliser le comportement de connexion 24h/24 à Internet. B. Les nouvelles voies de l’offre de musique en ligne : une offre légale régularisée 1. La diffusion en ligne ou streaming a. Du streaming14 à la demande : le succès de Radioblog Radio blog club est le nom d'un programme permettant d'écouter gratuitement de la musique de toutes sortes sur Internet. Ces « radioblogs » sont tous indexés sur le site Web radioblogclub.fr. Radioblog aurait été le cinquième terme le plus cherché comme occurrence sur Google en 2006 et est visité par environ vingt millions d'internautes par mois. Radio blog club est un script utilisant les technologies Javascript, Flash et PHP afin de permettre d'insérer un lecteur de musique sur une page personnelle ou un blog. Les fichiers musicaux sont encodés au format MP3 avec un taux d'échantillonnage à 22050 Hz, un débit de 64 kb/s, et renommés en « .rbs ». Ils sont stockés sur les serveurs FTP des membres. Les fichiers sont ensuite lus en streaming. 14 Cf. Glossaire 19 Le site radioblogclub.fr référence une centaine de sites et blogs par jours, qui utilisent ce script, et permettait d'écouter début 2007 plus de 300 000 morceaux mis en ligne par les membres. Le 14 mars 2007, radio blog club ferme pourtant pendant plusieurs jours, suite à une demande de la SACEM qui réclame 8% de ses recettes publicitaires mondiales. Mubility, la société détentrice de radio blog club, refuse, et le site reprend quelques jours plus tard. Les deux organismes sont actuellement en négociations. Radio Blog Club n'héberge en effet techniquement aucun morceau : ils sont tous stockés sur les différents sites des utilisateurs. Les premiers responsables de violations de droits d’auteur sont donc les utilisateurs et non le site lui-même. Ce dernier cherche d’ailleurs autant que possible à empêcher les utilisateurs de connaître l'adresse réelle des fichiers afin qu'ils ne soient pas tentés de les télécharger et de les graver. Comme ce sont les utilisateurs qui mettent à dispositions des internautes leurs fichiers, ils ne sont normalement pas autorisés à mettre en ligne des fichiers protégés au titre de droit d’auteur sans l’accord des ayants droits. Dans la pratique, Radio Blog Club est et devrait rester une réserve de fichiers sous copyright. Se pose donc le problème de la définition de Radio Blog Club : Est-ce une (/des) Webradio(s), sans diffusion continue ? Est-ce un réseau de mise à disposition de fichiers musicaux ? Cela dépend du savoir-faire de l'utilisateur. Dans ses conditions d'utilisation, les éditeurs du logiciel prétendent que « Radio.blog n'est pas un "logiciel manifestement destiné à la mise à disposition du public non autorisée d'œuvres ou d'objets protégés" au sens de l'article L. 335-2-1. du Code de la Propriété Intellectuelle » et demandent à ce que « toute personne [...] qui fait usage du logiciel Radio.blog pour mettre une ou des œuvre(s) musicale(s) à la disposition du public s'engage à le faire dans le strict respect du Code de la Propriété Intellectuelle ». La société Mubility se défend contre toute accusation en indiquant que « la société Mubility ne pourra être recherchée ou poursuivie pour avoir mis elle-même à la disposition du public une œuvre musicale qui sera reconnue avoir été communiquée au public en infraction du droit de ses ayants droit » 20 Ces assertions provenant de l'éditeur lui-même ne permettent évidemment pas de conclure que le site Radio Blog Club et son logiciel sont légaux en l’absence, d'une part, de tout accord avec la SACEM sur la rémunération des ayants droit, et, d'autre part, de l'accord des maisons de disque au titre des droits voisins du droit d'auteur, et enfin de toute jurisprudence concernant la question (pénale) de la qualification de "logiciel manifestement destiné à...". Ce sont ces incertitudes relatives au cadre juridique du site et du logiciel qui ont probablement conduit leurs fondateurs à fermer (définitivement ?) le service en France, aux USA et au Royaume-Uni en mars 2008. On ne peut cependant pas à proprement parler de fermeture du site, puisque depuis mars la page d’accueil annonce que des modifications sont effectuées et que le site reviendra, plus performant, d’ici quelques jours. Quelques jours qui s’éternisent. b. Deezer Mettre en ligne de la musique gratuite à la demande, en toute légalité, est l'objectif affiché de Deezer. Ce site fait partie des premières Web radios du paysage audiovisuel français. En 2006, une première version, baptisée Blogmusik, s’était faite rappeler à l’ordre par la Sacem et avait disparu en février 2007. Ses fondateurs avaient alors fait le pari de la légalité. Ils parviennent alors à conclure un accord avec la Sacem, devenant ainsi le premier site français de musique gratuite à trouver un arrangement avec une société de gestion des droits d'auteurs. Restait à obtenir le feu vert des maisons de disques. Quelques unes ont déjà accepté de lui ouvrir leur catalogue, comme Sony-BMG. Mais d'autres résistent encore. Quoi qu'il en soit, à l’été 2007, Deezer ouvre les portes d’un énorme juke-box de quelque un million et demi de titres. L’écoute, entièrement gratuite, est financée par la publicité. Un accord de promotion avec Free parachève le dispositif de lancement. La formule séduit indéniablement. Le site, disponible dans plus d’une quinzaine de langues, revendique déjà 2 millions de membres inscrits, et 6 millions de visiteurs uniques chaque mois dans le monde, dont à peu près la moitié pour la France. Ici, pas de téléchargement. La musique s’écoute exclusivement en streaming. 21 Trois modes d’écoute sont proposés. Le premier s’appuie soit sur une recherche alphabétique du titre ou de l’artiste souhaité, soit en parcourant le catalogue. Le second fonctionne à partir d’une sélection de thèmes musicaux : chanson française, électro/techno, jazz, rock, soul/funk… Enfin le troisième, baptisé Smartradio propose une navigation à travers l’ensemble du catalogue du site. L’utilisateur choisit un premier titre, puis la machine prend le relais : la programmation est alors confiée à des algorithmes. Ceux-ci réagissent en fonction des titres écartés à l’écoute par l’auditeur: la sélection proposée s’affine au fur et à mesure afin de proposer à l’utilisateur des titres correspondants à ses goûts. Cette intelligence artificielle va encore se perfectionner, la plate-forme évolue en permanence. Des développements sont en cours pour que la machine puisse également se fonder sur les goûts personnels de l’utilisateur. Son profil, les commentaires qu’il laisse sur le site, ses échanges avec d’autres « Deezernautes », ses playlists, tout peut être exploité pour permettre à la radio de lui offrir une programmation encore plus pertinente. Outre des informations sur un artiste écouté, sa discographie, et une sélection d’artistes similaires, l’utilisateur peut également commenter les choix proposés, et monter des playlists à partir de la programmation radio ou en y ajoutant des titres tirés de sa bibliothèque. Enfin, une espace communautaire offre aux utilisateurs la possibilité de dialoguer avec d’autres fans, de les inviter en tant qu’amis ou de partager leurs playlists avec eux. Après Sony-BMG, Because Music, Believe, et Iris Distribution aux Etats-Unis, Deezer poursuit son travail de conquête auprès des autres maisons de disques. Les négociations avec Universal, difficiles au départ, sont aujourd'hui en bonne voie. En août 2007, la major avait dénoncé la disponibilité d'une partie de son répertoire sur Deezer alors qu'aucun accord n'avait encore été conclu. Il faut dire qu'Universal Music est partenaire de Neuf Télécom sur une offre de musique illimitée en téléchargement baptisée Neuf Music. Les fondateurs du site se sont fixés comme objectif de proposer cinq millions de titres d’ici la fin de l’année 2008. 22 c. Jiwa Nouveau venu sur le segment des services d'écoute de musique en ligne gratuite et illimitée, Jiwa entend se démarquer de ses concurrents tels que Deezer ou l'historique Radioblogclub grâce à un catalogue fourni, des fonctionnalités communautaires et une qualité d'encodage supérieure. Jiwa ouvre ses portes au grand public, en annonçant la signature d'un accord avec le numéro un des maisons de disques, Universal. Uniquement financé par la publicité, Jiwa tente un pari risqué. Le principe de fonctionnement de Jiwa est similaire à celui de Deezer. Un moteur de recherche permet de localiser les titres ou les artistes de son choix, et de les écouter immédiatement, en streaming, ce qui signifie que les fichiers ne sont théoriquement pas téléchargés sur la machine de l'utilisateur. Après création d'un compte, l’utilisateur se voit proposer la création de listes de lecture, ainsi que diverses fonctionnalités communautaires, comme l'échange de messages avec d'autres membres du service ou la recommandation de morceaux. Jiwa intègre enfin des dispositifs de recommandation automatiques, basés par exemple sur la coïncidence entre les goûts des différents utilisateurs. Aux côtés de la musique à la demande, l'internaute dispose de la possibilité de lancer des flux de contenus sélectionnés par le moteur du service, comme s'il écoutait une radio traditionnelle. Comme la plupart de ses concurrents, Jiwa utilise un lecteur audio basé sur la technologie Flash d'Adobe. Les morceaux profiteraient d'un encodage en MP3 dont le « bitrate » varierait de 128 à 192 Kb/s : compromis idéal, selon Jiwa, entre la qualité de l'expérience utilisateur et les contraintes de type stockage ou bande passante. Le service étudierait toutefois la possibilité de se tourner vers un format libre comme l'Ogg Vorbis, de façon à proposer une qualité d'écoute supérieure sans pour autant augmenter ses frais de fonctionnement. Jiwa est le premier service français d’écoute à la demande à avoir signé avec Universal. Jiwa aurait également réussi à convaincre Believe (qui regroupe plusieurs dizaines de labels indépendants) ainsi que des sociétés de producteurs comme la SCPP et la SPFF. Enfin, la société serait en train de finaliser l'indispensable accord passé avec la Sacem, pré requis indispensable au lancement d'un tel service. En parallèle, elle aurait d'ores et déjà bien 23 entamé les négociations avec Sony BMG et Warner Music. Le catalogue comprend plus d’un million de morceaux et croit rapidement. Une fois les ayants droit convaincus de donner accès à leurs catalogues, reste la principale difficulté : les rémunérer pour l'usage qui est fait de leur musique. Comme en radio, un décompte précis des titres diffusés est effectué par Jiwa. Une partie des recettes générées par la publicité est ensuite reversée aux différentes maisons de disque et sociétés d'auteur. Aujourd'hui, la publicité se limite à l'affichage de bannières, dont l'achat est négocié par la régie Influence, particulièrement active dans le domaine des blogs. Des publicités audio pourraient un jour venir les compléter, de façon à augmenter ses recettes. Mais les représentants de Jiwa admettent eux même que l'expérience utilisateur en pâtirait forcément. Aujourd'hui, les contrats passés font que le service de musique à la demande de Jiwa n'est accessible que depuis une adresse IP française. L'objectif est toutefois de se déployer rapidement à l'international, en commençant par l'Europe. Soumis à des accords impliquant le versement de minimums garantis aux maisons de disques concernées ainsi qu'aux frais engendrés par l'hébergement et la diffusion des morceaux, Jiwa devra rapidement trouver son public pour parvenir à la rentabilité. Fort d'un fonds de départ d'environ 450.000 euros, la société s'apprête à organiser un second tour de table auprès de fonds spécialisés. L'équilibre financier pourrait être atteint d'ici deux ans, estime Jiwa, qui compte sur des accords avec des fournisseurs d'accès (à l'image de ce qu'a fait Deezer avec Free) pour se faire connaitre du plus grand nombre. 2. Les plates-formes de vente en ligne Un magasin de musique en ligne est un service en ligne de vente de musique, généralement par morceau, par album, ou par abonnement mensuel. a. Les plates-formes commerciales Le modèle qui semble obtenir le plus de succès actuellement est celui du téléchargement. Le prix fixe par morceau (99 cents aux États-Unis, 99 eurocents dans la zone euro) a attiré de nombreux consommateurs qui peuvent désormais acheter un morceau seul sans avoir à acheter l'album entier. Ce modèle est employé par iTunes Store ainsi que par la plupart des sites de vente français. 24 Un autre modèle s'est développé, notamment aux États-Unis, sur le modèle de l'abonnement. La nouvelle offre de Napster permet ainsi par exemple, moyennant 9,95 dollars US par mois, de télécharger sur un PC de la musique à volonté. Pour 80 cents par morceau, la musique peut être transférée sur un baladeur ou gravée sur CD. L'offre "Napster To Go" permet enfin, pour 14,95 $ de transférer la musique sur un baladeur compatible avec le format WMA sécurisé. Certains fournisseurs d’accès internet français proposent à leurs abonnés des abonnements gratuits à des services de téléchargement en ligne. Apple semble avoir confirmé son statut de leader dans le domaine de la musique en ligne, avec une part de marché de plus les 70% aux États-Unis en 2005, numéro un en France avec quelque 40% de parts de marché et 60% au Japon. L’iTunes Music Store, puis l’iTunes Store est en effet la première plate-forme de vente de musique numérique depuis son lancement : Apple annonçait le 2 mars 2005 avoir dépassé les 300 millions de morceaux vendus, puis le 17 juillet, les 500 millions. Le 23 février 2006, le milliardième téléchargement était atteint, et en janvier 2007 Steve Jobs annonçait que plus de 2 milliards de morceaux avaient été vendus. Début 2008 l'itunes music store franchit le cap des 6 000 000 de chansons disponibles et des 4 milliards de titres vendus. L'iTunes Music Store doit son succès au fait que son utilisation soit indispensable au baladeur iPod. Le baladeur peut lire différents formats, notamment le MP3, le WAV, l'Apple Lossless, l'AIFF ou les fichiers au format Audible. Les fichiers musicaux téléchargés sur le magasin en ligne d'Apple sont au format AAC protégé, que l'iPod est le seul baladeur numérique à pouvoir lire. La gestion des droits numériques utilisée par Apple dans iTunes et son iPod est en effet une solution propriétaire, FairPlay. La plupart des baladeurs concurrents ont adopté le format WMA protégé de Microsoft et sont compatibles avec le logiciel Windows Media Player. Napster, VirginMega ou FnacMusic vendent des fichiers musicaux à ce format, qui n'est pas compatible avec iTunes ou l'iPod. Remarquons que seul l'iTunes Music Store est compatible avec les utilisateurs de Ipod d'Apple. Les magasins de musique en ligne concurrents (à l'exception de eMusic dont nous expliquons le fonctionnement ci-après) nécessitent une configuration Windows afin de pouvoir jouer et transférer la musique sur un baladeur. La plupart de ces services permettent cependant la gravure de la musique téléchargée sur disque compact, qui peut être ensuite lu sur la quasi-totalité des lecteurs relativement récents. Le nombre de gravures est cependant généralement limité par le système, notamment pour les albums. 25 Le nouveau site eMusic se distingue de ses principaux concurrents par la vente de morceaux au format MP3 sans gestion des droits numériques (GDN, traduction française des DRM15, Digital Rigths Managements), mais ne distribue que la musique de labels indépendants, car n'arrive pas à trouver d'accords avec les Majors, qui sont opposés à la distribution globale de leurs catalogues à ce format. b. Les réseaux sociaux Imeem et MySpace, sites communautaires d'origine américaine, ont développé leurs offres respectives autour d'une communauté d'artistes et de musiciens. Imeem est à la fois un réseau social et une plate-forme d'écoute en continu. Ses membres peuvent créer des playlists et les partager avec leurs contacts. L'accès est gratuit, le service est financé par la publicité. D'après Hitwise, avec 25 millions de visiteurs par mois, Imeem serait le 4ème site de divertissement multimédia le plus populaire aux Etats-Unis, derrière YouTube16, Google Video et MySpace. Leader du marché mondial des réseaux sociaux, MySpace (News Corp.), initialement formé en 2004 aux Etats-Unis, avant de s'ouvrir au monde, a confirmé début avril 2008 avoir formé une société commune (joint venture) avec trois des quatre majors du disque : Universal, Warner et Sony BMG. Les partenaires veulent lancer « dans les prochains mois » un service légal de musique en ligne qui entrera en concurrence avec l'iTunes Store. Basée à Los Angeles, Californie, la coentreprise devrait porter le nom de la plate-forme existante MySpace Music. Seront mis en ligne l'intégralité des catalogues des majors partenaires, du streaming gratuit audio et vidéo financé par la publicité, du téléchargement de MP3 sans DRM, ainsi que des services annexes (personnalisation, création de playlists, sonneries de terminaux mobiles, places de concert, etc.) Dans ce cadre, un service payant de téléchargement par abonnement sera également proposé. MySpace entend ainsi bouleverser un marché en croissance dominé par iTunes, en associant à la diffusion légale et au téléchargement de musique, des fonctions d'échange et de collaboration. Il s'agit également pour le réseau social et sa maison mère, News Corp, de ne 15 Cf. Glossaire 16 Cf. Glossaire 26 pas se laisser voler la vedette par Facebook. Concurent de MySpace, Facebook négocie également avec les majors du disque. Pour ces dernières, il est urgent de ne pas se limiter au modèle et aux exigences d'Apple dans la musique numérique. MySpace revendique, à travers le monde, 220 millions d'inscrits et moitié moins de membres actifs, contre 70 millions d'utilisateurs actifs pour Facebook. Certaines plates-formes de téléchargement légal ont fait quant à elles, le choix de l'interopérabilité en optant, exclusivement ou partiellement, pour des fichiers aux formats MP3 (MPEG Audio Layer 3) sans DRM facturés à la carte et/ou au forfait. Les fichiers pourront ainsi être utilisé sur de multiples terminaux et des copies « privées » illimitées. Parmi ces plates-formes, Amazon MP3. Lancé en septembre 2007 aux Etats-Unis, le service propose depuis janvier 2008 des fichiers sans DRM des quatre majors du disque et de très nombreux labels indépendants. A l'heure actuelle, plus de 2 millions de titres sont accessibles. Amazon occuperait désormais la seconde place du marché US derrière l'iTunes Store... En Europe, le lancement d'Amazon MP3 doit se faire progressivement durant l’année 2008. La question des formats est un sujet intéressant. Pourquoi, alors que les débits de connexion sont toujours plus rapides, maintenir un format compressé ? Les sites de vente privilégient l’augmentation de leurs catalogues plutôt qu’une amélioration de la qualité. Arguant du coût des serveurs stockant les fichiers numériques ou même de la qualité bien suffisante des fichiers proposés. L'interopérabilité entre services de musique en ligne et baladeurs numériques est l'un des points qui furent débattus notamment en France à l'Assemblée nationale dans le cadre de la loi DADVSI, Droits d’Auteurs et Droits Voisin dans la Société de l’Information, puis lors de l'examen du texte par le Conseil constitutionnel fin juillet 2006. Le texte voté par le Sénat prévoyait ainsi une exception aux peines encourues par le contournement des technologies de GDN à des fins de recherche ou d'interopérabilité, mais le Conseil constitutionnel, estimant que le concept d'interopérabilité n'avait pas été suffisamment défini dans le texte du projet de loi, supprima cette exception. La musique numérique progresse, mais ne rééquilibre pas la chute des ventes de supports physiques. Selon la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI), les ventes de musique en ligne ont progressé de 40% en 2007 pour s'établir à environ 3 27 milliards de dollars (contre 2,1 milliards en 2006), soit 15% du chiffre d'affaires global du secteur de la musique enregistrée. Enfin, l'IFPI estime le rapport entre le nombre de morceaux téléchargés illégalement et les titres achetés légalement d'environ vingt pour un. Les portails de vente de musique en ligne sont la solution proposée par tous pour lutter contre le piratage. Proposant ainsi à l’utilisateur une interface aussi simple qu’avec son ancien logiciel de peer to peer et sans l’angoisse d’être dans l’illégalité. Le prix proposé est suffisamment bas pour que les utilisateurs téléchargent sans trop d’a priori les morceaux qu’ils veulent. C’est donc un moyen pour l’industrie du disque de se recycler et de passer outre la crise du disque tout en conservant les mêmes méthodes. 3. Le podcast, un moyen de diffusion de masse Le podcasting, en français « baladodiffusion », est un moyen gratuit de diffusion de fichiers audio, vidéo ou autres sur Internet Ces fichiers sont nommé podcasts (francisé en « balados »). Par l'entremise d'un abonnement aux flux RSS ou Atom, la baladodiffusion permet aux utilisateurs de télécharger automatiquement des émissions audio ou vidéo afin de les écouter, immédiatement ou ultérieurement, sur un baladeur numérique. Ces flux sont basés sur la technologie xml qui permet à l’utilisateur de s’abonner à un flux et d’en consulter gratuitement les nouveautés par l’intermédiaire d’un logiciel agrégateur sans avoir à se connecter à nouveau au site internet. La baladodiffusion se différencie donc de la radiodiffusion et de la télédiffusion par le fait que la distribution du son ou de la vidéo se fait non pas par un mécanisme centralisé qui enverrait un flux vers ses auditeurs ( « un à tous »), mais par l'action des auditeurs qui font la démarche de venir individuellement chercher les fichiers balados qu’ils désirent (« tous par un » ) : les auteurs publient des fichiers et c'est aux auditeurs que revient le rôle de gérer une liste de lecture avec leurs différentes souscriptions. Le téléchargement des fichiers est alors automatisé et issu des multiples sources qu'ils ont choisies. En d'autres termes, c'est l'auditoire qui choisit des auteurs de balados, et les mises à jour des nouvelles émissions seront faites automatiques par leur agrégateur. 28 Les deux acteurs de la baladodiffusion sont donc : * Ceux qui cherchent eux-mêmes les fichiers audio ou vidéo (l’utilisateur). * Ceux qui publient sur Internet ces fichiers audio ou vidéo (le diffuseur). Ce schéma17 illustre la chaine de transmission entre le créateur de contenu baladodiffusé et l’utilisateur cherchant à récupérer le dit contenu. La baladodiffusion utilise, en plus du contenu audio ou vidéo, des données descriptives et des métadonnées liées aux fichiers (les étiquettes ID3 pour les MP3) telles la date, le titre, un résumé, des liens, des photos, un découpage en chapitres bien utile pour arriver directement à une séquence particulière lorsque le contenu lu est assez long ou segmenté en plusieurs rubriques, etc. Ces fonctionnalités avancées sont disponibles sur les fichiers au format MPEG-4, tels que ceux dont l'extension fini par .m4a, .m4b, .mp4, .m4p, ou encore .m4v. Adaptant la technologie de téléchargement automatique aux fichiers audio et vidéo, la baladodiffusion a été popularisée par les blogs ainsi que par les sites de certains diffuseurs «traditionnels ». La banalisation des baladeurs numériques et le fait que les diffuseurs de masse (radio et télévision) aient adopté ce nouveau mode de diffusion a permis d’en augmenter rapidement la popularité. 17 Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Image:Podcast-Schema-fr.svg 29 Les blogs, souvent des sites Web personnels, sont pour leurs auteurs un moyen facile de publier eux-mêmes leurs balados. Le format RSS donnait auparavant un moyen de résumer ou lister les éléments fraîchement ajoutés au site. Les bloggueurs utilisaient également les flux RSS pour ajouter à leur page des contenus issus de sites tiers. Aujourd’hui s'ajoutent, grâce à une nouvelle utilisation de la technologie xml, à un simple contenu écrit, l'audio, la vidéo et le téléchargement automatique de ces fichiers vers les ordinateurs personnels et les baladeurs capables de les lire. Le tout dernier système d’Apple, Leopard, offre de nouveaux outils pour la création et l’écoute de balados : la possibilité d’exporter une création directement au format balado, le référencement immédiat du balado sur iTunes et la mise à disposition d’une URL18 sur le même logiciel. Les versions serveur de mac OS X Leopard proposent un logiciel de production de balados offrant des solutions pour les portails Wiki19 et les blogs. Apple espère à terme faire du balado un outil de radiophonie, de télévision, d’éducation et bien évidemment aussi de publicité. Les balados audio et vidéo sont de plus en plus répandus, on pouvait donc s’attendre à ce que la publicité s’engouffre dans ce nouveau medium en créant des spots de publireportages, contenant du son, des images, des vidéos, et des liens directs vers Internet. Apple a également mis à disposition sa technologie pour certaines universités, iTunes U, qui offrent à leurs étudiants l’accès à un réseau diffusants certains cours sous la forme de balados chapitrés. L’accès, réservé pour certains utilisateurs, à une base de donnée offrant de régulières mises à jour est une des clefs de l’économie musicale de demain. 18 Cf. Glossaire 19 Cf. Glossaire 30 III. L’avenir de la musique sur Internet : la naissance d’une nouvelle culture musicale A. L’apparition de nouvelles formes d’utilisation du Web 2.0 1. MyMajorCompany Suite à ces évolutions, de nouvelles solutions, proposées par des start up s’affirmant au service des artistes, voient le jour. MyMajorCompany20, une simulation de major en grandeur nature, propose ainsi un label participatif, souhaitant offrir à chacun l’opportunité de soutenir et de « produire » l’artiste qu’il apprécie. On constate ainsi une évolution de la production de musique en ligne sous l’influence du Web 2.0. MyMajorCompany annonce ainsi sur son site : MyMajorCompany est un label communautaire qui permet aux internautes de produire directement ses artistes. Il a pour ambition de devenir le portail principal de découverte, de lancement et de suivi des nouveaux talents musicaux en France puis en Europe. Faire découvrir aux internautes une musique de qualité. MyMajorCompany veut réunir le meilleur des artistes non-signés et permettre au public de profiter de leur travail. Accorder une place beaucoup plus importante à la rémunération des artistes. Dans des contrats classiques, un artiste en développement voit sa rémunération osciller entre 10% et 15% de chaque vente. Notre modèle économique offre aux artistes une rémunération de 20% sur le revenu des ventes physiques et numériques ! Impliquer les consommateurs dans la sélection et dans la réussite des artistes. Dans MyMajorCompany, les internautes deviennent Producteurs. En décidant de miser sur leurs artistes favoris, ils sélectionnent ceux qui verront leurs albums produits, distribués et médiatisés. Ils participent en plus aux décisions stratégiques de leur développement et gagnent de l'argent sur les ventes des artistes qu'ils soutiennent. « L’avenir de la musique repose sur une collaboration entre les consommateurs et les artistes. Le monde change, internet révolutionne tous les jours nos modes de vie et nos modes de communications. La musique doit évoluer dans le même sens. » 20 Cf. Glossaire 31 Devenir Producteur Sur MyMajorCompany, vous découvrez des artistes de qualité dont vous pouvez devenir les producteurs. Comment ça marche ? Créez votre profil sur le site et misez sur vos artistes favoris. Faites grandir la communauté de fans autour d'eux grâce aux outils de l'internet participatif. Quand votre artiste aura réuni suffisamment de producteurs pour récolter 70.000 euros, il aura la chance d'enregistrer son album, de réaliser son premier clip avec des professionnels de la musique et de voir sa carrière se lancer. Vous deviendrez alors les premiers ambassadeurs de votre artiste et vous participerez à une aventure dont tout le monde rêve : Tous les producteurs d'un artiste se répartissent 30% de l'argent récolté sur les ventes physiques et digitales. « En choisissant de rejoindre MyMajorCompany vous choisissez ceux qui seront demain en haut de l’affiche. Vous participez intimement à cette grande aventure humaine qu’est la musique. Devenir Artiste Vous recherchez des producteurs ? MyMajorCompany vous propose de faire participer le grand public à votre financement. Comment ça marche ? L'apparition de l'Internet communautaire a changé les règles du jeu. Désormais, votre carrière vous appartient. Vous êtes en relation directe avec vos fans et tous ceux qui vous écoutent. MyMajorCompany se pose en alternative aux réseaux traditionnels en se confrontant directement au public. Seule la qualité artistique de votre projet déterminera sa réussite. MyMajorCompany est votre partenaire privilégié pour trouver vos producteurs: une communauté d'internautes qui croient en votre talent et investiront sur votre musique. Dès qu'ils ont misé un total de 70.000 euros, vous enregistrez votre premier album et tournez un clip avec des professionnels reconnus. Choisir My Major Company, c'est aussi profiter de revenus beaucoup plus élevés que dans le système traditionnel grâce à la revalorisation de vos marges sur les ventes. Notre modèle économique institue une rémunération de 20% pour les artistes sur les ventes physiques et numériques ! Outre la relation exceptionnelle que vous tissez avec vos producteurs, vous bénéficiez aussi d'un vrai soutien pour votre développement, votre promotion (radios, télés, Web, presse) et vos tournées .MyMajorCompany n'est pas qu'une simple plateforme de découverte et de lancement, c'est un label à part entière qui vous garantit la distribution et la promotion la plus large possible. Notre équipe est constituée de professionnels du disque, anciens cadres de Majors qui connaissent parfaitement les rouages de l’industrie musicale. « Il ne vous restera plus qu’à monter une à une les marches du succès… » Source : http://www.mymajorcompany.com/ 32 C’est donc un portail ressemblant à MySpace, dont l’inscription est soumise à approbation, laissant ensuite à l’artiste le soin d’effectuer sa publicité. La différence avec MySpace réside dans la possibilité pour le consommateur de devenir acteur du cycle de production. N’importe qui peut alors verser de l’argent pour aider l’artiste à atteindre la somme palier qui lancera la production de son premier album. Dans la droite ligne du Web 2.0 qui fait de l’internaute un créateur de ce qu’il consulte, MyMajorCompany transforme le consommateur en producteur. Le site n’ayant ouvert qu’en décembre 2007 il est encore difficile d’en connaître tous les débouchés. Que se passe-t-il si un artiste décide d’abandonner avant d’avoir reçu la somme complète ? A l’heure actuelle, MyMajorCompany propose quatorze artistes dont cinq ont atteints la somme de 70 000 €. 445 000 € ont été investis sur le portail en sept mois. Le champ lexical est tout de même celui de la bourse, on propose d’investir sur un produit, en nous offrant ensuite un pouvoir décisionnel sur une partie de son travail. N’y a-t-il pas alors un risque de pousser le participant à adopter une logique de réflexion usuellement associée aux majors ? De plus, ce qui est communément reproché aux majors est de ne pas offrir un réel conseil artistique au-delà de ce qui est à la mode dans les deux années à venir. Comment alors pallier cette lacune en impliquant dans la chaine de production d’un album des utilisateurs n’ayant pas forcément de connaissances musicales ? MyMajorCompany semble donc permettre la création d’une musique plaisant au plus grand nombre mais pas forcément d’amener à une création artistique osée ou avant-gardiste. Le simple fait de demander au public de choisir ce qui lui plait permet d’être sûr de vendre ensuite un produit qui plaira au plus grand nombre. Le rôle du producteur chez MyMajorCompany est en fait réduit à celui de porte monnaie. L’artiste a la possibilité de soumettre au choix de ses producteurs certains facteurs comme la pochette de l’album ou bien même de leur proposer d’apparaître dans un clip. MyMajorCompany découle donc du comportement des majors de ces dernières années. Les majors ne se plaçant qu’en porte-monnaie peuvent être remplacés par un groupe d’utilisateurs motivés. Qu’en sera-t-il alors du rôle du producteur conseillant réellement l’artiste et l’aidant 33 à se trouver une identité musicale particulière ? On comprend alors les craintes grandissantes de maisons de production face à de telles utilisations du Web 2.0 sur des secteurs qui leur étaient jusqu’alors entièrement réservés. 2. Jamendo, les artistes offrent leur musique sur le réseau. Jamendo21 a vu le jour en janvier 2005 et depuis lors offre aux artistes indépendants la possibilité de laisser en écoute et téléchargement libre leurs œuvres. Chaque artiste dispose d’une page pour se présenter et recevoir les critiques et commentaires des utilisateurs. De plus un système de don est proposé afin de financer les artistes. Jamendo se finance sur un pourcentage de ces dons ainsi que des pages de publicité affichées sur le site. La plupart des albums volontairement mis à disposition par les artistes le sont sous des licences de type Creative Commons (ou licence Art Libre). Jamendo impose en effet l'usage de licences ouvertes c’est à dire de licences strictement libres, ou licences de libre diffusion laissant à l'auteur le monopole des utilisations commerciales et le monopole des travaux dérivés. Pour déroger à la clause "non commerciale" présente dans les licences choisies par de nombreux artistes, Jamendo, en tant qu'entreprise ayant une activité commerciale, stipule dans ses conditions générales d'utilisation que les utilisateurs autorisent Jamendo à « reproduire, représenter, traduire, numériser, utiliser à des fins publicitaires, commerciales ou non, l’ensemble des Contenus et informations » apportées sur le site et « à concéder l’ensemble de ces droits à tous tiers ou à tous partenaires, pour les exercer dans les limites des présentes Conditions d’Utilisation ». Par ailleurs, des artistes membres de sociétés d'auteurs telles la SACEM se mettent en infraction par rapport au règlement de leur propre société s'ils diffusent leur musique sur Jamendo. Jamendo a dépassé en juin 2008 les 10 000 albums proposés en téléchargement. Le système du « Payez si vous avez aimé » est-il un avenir possible pour la création musicale ? Jamendo est en tout cas un bon tremplin pour les artistes méconnus. 21 Cf. Glossaire 34 3. Fair Trade Music22, la musique éthique et équitable. Le site fairetrade-music.com ouvrira ses portes à la rentrée 2008. Première plateforme de musique équitable, il réunira les artistes indépendants et les amateurs de musique autour des valeurs de respect, de transparence et d’équité. Avec fairtrade-music.com nous allons créer grâce au Web de nouveaux rapports entre les acteurs du marché qu’ils soient artiste, producteur ou simple consommateur. Source : fairtrade-music.com Dans les faits tout ceci se traduit par un portail communautaire Web 2.0 permettant des relations directes entre les artistes et les internautes. Un site gratuit accessible par tous, favorisant la découverte musicale. 22 Cf. Glossaire 35 Fair Trade Music annonce une juste rémunération pour les artistes en leur reversant 100% des ventes de leur musique afin qu’ils puissent financer leurs projets. Le site sera financé par des espaces publicitaires réservés à des annonceurs sélectionnés. Le portail se place comme un espace de liberté offrant à l’utilisateur le choix dans le prix d’achat de la musique. Des albums déjà édités seront quant à eux vendus au même tarif qu’ailleurs mais une commission sera reversée à l’artiste. Un nouveau fonctionnement apparaît qui conduit des gens à se regrouper grâce à internet sans passer par les grandes structures conventionnelles. C’est le début d’une ère nouvelle, enclenchée par le Web 2.0. B. Vers une nouvelle civilisation musicale 1. Le sort des maisons de disques : entre incertitude et reconversion Actuellement, de nouveaux modèles de ventes sont recherchés, et Internet permet d’en définir de nouveaux que l’on n’aurait soupçonnés il y a 20 ans. Il y a une recherche pour fidéliser le fan bien plus poussée qu’à l’époque des fans clubs tenus par des amateurs. Il existe par exemple une application Widget23 « Christophe Mae » qui, en échange d’un abonnement modique, permet de recevoir du contenu exclusifs, nouveaux morceaux en avant première, photos vidéo et interviews de l’artiste. Certains opérateurs téléphoniques offrent ainsi l’accès à des services d’écoute de musique, ou signent même des contrats avec des artistes. Par exemple, le concert des 20 ans d’I AM au pied des pyramides a été retransmis en direct par SFR sur son réseau. De plus en plus de structures que l’on n’imaginait pas s’investir dans la musique s’associent à des événements particuliers (comme des festivals) afin de se créer une image de marque. Certaines études montrent que les concerts sont devenus plus rentables, car si les auditeurs se plaignent du prix des disques et téléchargent de la musique illégalement, ils sont 23 Cf. Glossaire 36 de plus en plus nombreux à aller voir leurs artistes favoris sur scène. Certains groupes annoncent même que le téléchargement ne les dérange pas car cela leur permet d’être plus écoutés et davantage de gens viennent ensuite aux concerts. Internet permettrait-t-il ainsi de renforcer l’aspect le moins virtuel de la musique ? 2. De nouvelles législations pour faire face à l’évolution technologique Prévenir et non punir ? Le projet de loi « Création et Internet » a été présenté le 18 juin 2008 au Conseil des ministres par Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication. Après avoir reçu le feu vert du Conseil d'état, qui aura toutefois procédé à quelques retouches, le projet de loi que tous surnomment déjà Hadopi, du nom de la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet qu’il institue, devra encore être soumis à l'approbation des sénateurs. a. Un développement de l’offre légale Avant d'aborder le volet répressif, la ministre de la Culture a tenu à rappeler que le projet de loi prévoyait de favoriser le développement d'une offre légale de contenus audio et vidéo sur le Web. Concrètement, les mesures d'encadrement de cette offre se résument à deux points. Premièrement, généraliser la suppression des mesures techniques de protection, les DRM, à l'ensemble de l'offre de musique en ligne. Sur ce point, Les professionnels du monde musical devraient s'engager à supprimer les DRM en matière de musique dans les douze mois qui suivront la mise en application de la loi. Et deuxièmement réduire le délai de mise à disposition des œuvres cinématographiques en vidéo à la demande. b. Riposte graduée : du mail à la suspension d'abonnement « La lutte contre le piratage va changer complètement de logique », a commenté Christine Albanel. « Désormais, la lutte sera essentiellement pédagogique, puisque deux avertissements précéderont toute sanction à l'encontre de l'internaute ». La Culture souhaite donc mettre en place un dispositif à mi chemin entre la prévention et la dissuasion, selon le principe de « riposte graduée ». L'internaute convaincu de téléchargement illégal recevra donc d'abord un courrier électronique d'avertissement. En cas de récidive, une lettre recommandée sera adressée au propriétaire de la ligne Internet utilisée. Enfin, une suspension de l'abonnement, allant de trois 37 à douze mois, pourra être prononcée. Une « transaction » sera proposée aux internautes : en acceptant de signer un engagement écrit, ils pourront voir la sanction ramenée à une durée comprise entre un et trois mois. Dans le cadre des offres triple play, le gouvernement souhaite que télévision et téléphone soient maintenus, mais reconnait n'avoir pas encore abordé les modalités techniques avec les FAI (Fournisseurs d’Accès Internet). Il appartiendra donc à chacun de sécuriser sa ligne Internet et de vérifier ce qui y circule conformément au code de la propriété intellectuelle, qui jusqu'ici n'assortissait le non respect de cette consigne d'aucune sanction. Les FAI commercialiseront d'ailleurs des logiciels de filtrage visant à garantir l'utilisation « licite » de la ligne, et pouvant exonérer l'internaute de toute responsabilité. c. Une forte opposition Les opposants sont nombreux : associations d'internautes, de citoyens, députés européens et français, avocats... Le magazine Science et Vie Micro a également lancé une pétition en ligne contre le texte. Le Parlement Européen a, de son côté, voté le 10 avril dernier une résolution qui « invite la Commission et les États membres à éviter de prendre des mesures qui entrent en contradiction avec les libertés civiques et les droits de l'Homme et avec les principes de proportionnalité, d'efficacité et de dissuasion, telles que l'interruption de l'accès à l'Internet. » En France, la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) et l'Arcep (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes) se sont également prononcées contre ce projet de loi. L'Arcep arguant que le principe de "riposte graduée" plaçait les fournisseurs d'accès à Internet, en contradiction avec plusieurs textes existants l’obligation de « garantir un accès ininterrompu aux services d'urgence » par exemple. La CNIL, considérait que, juridiquement, cette loi poserait un problème de proportionnalité entre l'atteinte à la vie privée, collecte de masse d'adresses IP, coupure de l'accès Internet, et le respect du droit de propriété, et la protection des ayants droit. 38 Conclusion En conclusion, il nous a été donné de constater que l’Internet, et particulièrement sa version améliorée de Web 2.0, apporte une très grande souplesse et une impression de liberté aux producteurs d’œuvres sonores. Les conséquences sont tangibles sur les moyens de vendre les œuvres et sur la diffusion. En effet nous avons pu rapporter des situations montrant comment des auteurs ont réussi à produire et distribuer leurs œuvres sans être liés à des institutionnels de l’industrie musicale. Nous avons donc vu que l’autoproduction est une réalité grâce à cette version améliorée d’internet, même si on peut se demander qu’elle est son efficacité à long terme. Internet apporte aussi cette souplesse et cette impression de liberté aux utilisateurs qui peuvent accéder en tant que consommateurs à une très grande variété d’offre d’un point de vue strictement musical mais aussi d’offres diverses sur le plan des relations plus ou moins contractuelles qui les lient aux diffuseurs de musique. Ces relations aux conditions peu contraignantes sont utilisées aussi bien pour offrir en ligne des œuvres dont les diffuseurs possèdent les droits, agissant alors en toute légalité, que d’autres productions qui sont alors diffusées de façon illégale. Les avancées technologiques ont permis un essor considérable de ces diffusions en réseaux d’utilisateurs toutefois les conséquences sont très importantes tant sur le plan économique que sur le plan de la protection des droits des auteurs. Il serait souhaitable que la législation permette de faire respecter les intérêts des créateurs. Des réponses sont en train de se mettre en place qui vont encore faire évoluer cet ensemble et nous avons pu exposer quelques unes des propositions qui émergent et tentent d’apporter des solutions acceptables dans ce sens. En ce qui concerne l’aspect économique, si les ventes de disques ont fortement diminué une offre nouvelle voit le jour ; c’est la vente en ligne avec toutes sortes de propositions originales. Il apparaît finalement que le Web 2.0 permettant des mises en relation riches et interactives entre utilisateurs de réseaux est responsable de l’apparition de nouvelles formes de culture musicale. Elles ont toutes en commun de reposer sur des relations plus directes entre le créateur et son public. Nous avons exposé la nouvelle tendance qui permet au consommateur de musique de se transformer en producteur. Plusieurs autres propositions existent qui sont fondées sur une revendication forte de liberté : liberté des tarifs, liberté des 39 licences… avec dans certains cas une revendication d’équité, de plus juste rémunération pour les artistes. Du côté des opérateurs traditionnels les réactions et les innovations sont nombreuses aussi avec pour conséquence que les maisons de disques mais aussi des opérateurs téléphoniques proposent de nouvelles solutions. L’aspect légal est en mutation aussi. La plus grande transformation étant sans aucun doute la proposition de disparition prochaine des mesures de protection sur les œuvres diffusées en ligne, l’axe de protection devant alors passer par une conduite citoyenne et une plus grande information et responsabilisation de l’internaute avant de passer à la sanction. Toutefois ce projet de loi Hadopi recueille de nombreuses oppositions. Nous avons exposé comment les avancées technologiques sont en train de bouleverser le monde de la musique, il est à noter que des modifications tout aussi importantes affectent le monde de la création et diffusion des images. C’est bien une nouvelle culture artistique qui apparaît avec les innovations technologique de Web 2.0. 40 Annexe I : Les formats de compression audio LE MP3 • Un peu d'histoire Le MP3, qui est l'abréviation de MPEG 1/2 audio layer 3 est un algorithme de compression utilisé dans la compression des fichiers audio. D'une très grande popularité, il a été le premier qui a permis le transfert de fichiers audio sur internet. On retrouve les esquisses du MP3 en 1987, qui faisait partie d'un programme de recherche EUREKA, une initiative française destinée à améliorer la compétitivité industrielle européenne. Deux formats virent le jour nommés ASPEC et MUSICAM. Par la suite, le groupe PHILIPS associé à TDF et FhG, ainsi que l'institut Fraunhofer et Thomson firent évoluer le format pour créer le format MP3, et c'est en 1995 que le groupe MPEG lança la norme MPEG-2. • L'encodage MP3 La compression audio en MP3 permet une compression variable en fonction du débit linéaire (bitrate en anglais). Plus le taux sera élevé (320 kbits/s), plus la qualité d'écoute sera proche du format numérique non compressé communément appelée « qualité CD audio ». A l'inverse, plus le taux est petit (16 kbits/s), plus la qualité se détériore. Le grand public estime que la compression à 128 kbits/s représente un bon compromis entre qualité et compression. A ce taux de compression, un fichier audio ne prendra que douze fois moins d'espace disque que le fichier original non compressé. On comprend aisément le succès d'un tel format tant au niveau du stockage que du transfert (via la Web spécialement). La compression d'un fichier audio est une compression destructive comme d'autres formats de compression dont on parlera plus loin. La compression recalcule le spectre des fréquences et notamment les fréquences aigues, d'où la perte de qualité. Cette perte de fréquence sera d'autant plus audible sur notamment, la musique classique. Un fichier audio une fois compressé en MP3 ne pourra pas subir l'opération inverse, qui consisterait à revenir à un format audio sans perte (lossless) comme le WAV, l'AAC ou l'AIF. Elle est impossible dans le sens ou elle sera inefficace et ne restituera pas la qualité perdue lors de la compression. 41 La taille d'un fichier qui a subi une compression au format MP3 peut varier en utilisant le débit variable (VBR). Il consiste à encoder les échantillons comportant le moins d'informations comme les silences par exemple, à un taux plus faible. • Métadonnées et ID3 Une autre particularité du MP3 est sa capacité à contenir des informations autres que la musique. Ces données ou plus couramment appelées métadonnées (metadata), sont enregistrées au format ID3. Elles permettent de contenir des informations comme le nom de l'artiste, le titre, l'auteur-compositeur et bien plus encore. Ces informations étaient limitées en taille dans la version 1 qui ne supportait que 128 octets mais avec la version 2, cet espace n'est plus limité et permet de stocker tout type d'information, même des images (pochette d'album). LES AUTRES FORMATS DESTRUCTIFS OU "LOSSY" • Windows Media Audio (WMA) Comme son nom le laisse deviner, ce format a été crée par Microsoft et a été lancé en 1999. Cette initiative est une tentative pour concurrencer le MP3 qui connaît alors un succès grandissant. Tout comme le format MP3, le WMA est une compression destructive en ce sens qu'elle entraîne une perte de l'information. Le calcul de compression est supposé restituer de meilleure façon la qualité du son que le MP3 pour un débit linéaire (bitrate) équivalent. La perte d'information due à la compression est mieux gérée car l'algorithme utilisé est conçu pour respecter au mieux les fréquences entendues par l'oreille humaine. Microsoft assure qu'un morceau de musique compressé et encodé au format WMA à 192 kbits/s ne peut pas se distinguer du format numérisé non compressé (wav). Si l'on estime que la qualité d'un fichier mp3 encodé à 128 kbits/s est équivalente à la qualité d'un WMA encodé à 96 kbits/s, on obtient donc un gain de place (espace disque) de 25%. On trouvera le WMA sous 2 formats ; le Standard et le Pro. Le premier est de loin le plus répandu et possède l'avantage d'être compatible avec un bon nombre de baladeurs numériques. Le format Pro est très peu courant mais prétend à une qualité encore au-dessus du format standard. L'encodage en WMA possède tout comme le mp3 la capacité à encoder en débit variable (VBR). A noter que le bitrate sera exprimé en pourcentage théorique (10, 50, 90, etc.), et que 100 représente la qualité sonore du fichier non compressé. Pour 42 information, VBR 98 correspond à un débit linéaire de 320 kbits/s et VBR 50 correspond à un débit linéaire de 72 kbits/s. Le format WMA est un format gratuit et sa diffusion est facilitée par le codec (codeur/décodeur) intégré au Media Player de Windows. D'autres lecteurs sont aussi compatibles avec le format WMA comme Winamp, Sonique et bien d'autres encore. De nombreux appareils hifi intègrent également la lecture de ce format (baladeurs numériques, platines, etc.) ce qui en fait un format d'une bonne compatibilité. L'autre particularité du WMA qui est une raison pour laquelle il est utilisé dans la distribution numérique commerciale réside en sa gestion du DRM (Digital Right Management) qui permet de contrôler et de limiter l'utilisation du fichier dans la durée et d'en limiter la copie. • MP3 Pro Le format MP3 qui date de 1990 a du faire face à la concurrence et s'adapter aux formats plus récents comme le WMA qui a vu le jour 10 ans après. C'est pour ça qu'en 2001, Thomson Multimédia lance le MP3 Pro pour concurrencer le WMA. Son avantage est la taille qui est réduite de moitié par rapport au mp3. On estime qu'un fichier encodé en MP3 Pro à 64kbit/s est équivalent en ce qui concerne la qualité du son à un même fichier encodé en mp3 à 128 kbits/s. Deux minutes de musique compressée en MP3 Pro ne prendront qu'un méga Octet (1 MO) d'espace disque. Son inconvénient est que même si le format MP3 Pro peut être lu par pratiquement tous les lecteurs, l'encodage en MP3 Pro qui permet le gain de place n'est pas gratuit et nécessite un codec payant. • AAC (Advanced Audio Coding) Le Format Advanced Audio Coding ou AAC, crée par Fraunhofer en collaboration avec Sony et Dolby s'appuie sur le format MPEG-2 avec une amélioration considérable et est baptisé MPEG-4. Technologie toujours destructrice qui se base sur un encodage modulaire, elle offre cependant un bon compromis entre la taille et la qualité. On estime que pour un fichier compressé, la qualité du CD Audio est obtenue à seulement 96 kbits/s en débit, ce qui réduit considérablement la taille du fichier. Autre particularité du Format AAC, la fonction « Gapless », qui permet ne plus avoir de coupure entre 2 morceaux. Ceci n'était pas possible avec le mp3. Compatible avec beaucoup de lecteurs comme Winamp et Windows Media 43 Player qui nécessiteront un plugin tout de même, il le sera aussi avec iTunes car Apple en a fait son format de prédilection et l'utilise pour distribuer la musique numérique; en effet la gestion des DRM est également prise en charge. La compatibilité est donc aussi assurée pour les baladeurs numériques iPod. LES AUTRES FORMATS NON DESTRUCTIFS OU SANS PERTE (LOSSLESS) • Qu'est ce qu'un format « Lossless » ? Pour les puristes du son, compresser un fichier audio dans un format destructif (lossy) est un inconvénient majeur. Le seul problème est que stocker sa musique en format qualité CD audio de type .wav prend une place considérable en espace disque. Une solution consiste à utiliser des formats sans perte dits « lossless » qui n'altèrent pas la qualité car aucune modification du spectre des fréquences n'est appliquée. La compression lossless à travers les différents formats que nous allons vous présenter, consiste à pouvoir retrouver le fichier original suite à une décompression d'un format lossless, chose qui n'est évidemment pas possible avec les formats avec perte. La taille d'un fichier compressé dans un format lossless sera bien entendu plus grande qu'avec une compression destructive mais gagner de l'espace disque, tout en conservant la qualité sonore de sa musique peut s'avérer très pratique. • FLAC (Free Lossless Audio Codec) Le format FLAC, développé par Josh Coalson sorti en 2000, est le format audio lossless le plus répandu, surtout sur les plates-formes Windows. Il est néanmoins compatible sur les plates-formes MacOSX et Linux. Même si l'on estime que la compression au format FLAC est moins performante que celle de Monkey's Audio, le format FLAC possède des avantages qui en font un format attractif. Tout d'abord, une compatibilité présente en hardware et en hifi, notamment chez Kenwood avec quelques modèles de platines (MusicReg) qui lisent le format FLAC. La décompression se faisant par blocs, une fonction de streaming est également possible avec ce format, ce qui le rend utilisable sur Internet à condition d'avoir une connexion le permettant quant au débit. Les métadonnées sont gérées grâce au logiciel d'édition des métadonnées : METAFLAC. On peut donc gérer les tags à la manière d'un fichier MP3. Grande rapidité dans la vitesse de décodage, beaucoup moins performant à l'encodage par contre (loin derrière 44 Monkey's Audio). En 2003, FLAC rejoint le groupe Xiph.org, développeur d'Ogg Vorbis, car comme ce dernier, FLAC est un format en Open Source, libre d'utilisation et de modification ce qui conduit à beaucoup de développements par la communauté des programmeurs. Il existe bien entendu bien d’autres formats de compression audio que je n’ai pas abordés ne voulant parler que de ceux mentionné dans le corps de ce travail. Annexe II : 45 Glossaire Blog : Site internet permettant de publier facilement des actualités sur un sujet, de les illustrer de façon multimédia (dessins, photos, vidéos, sons…) et de partager ses idées en recueillant des commentaires sur ses articles. Buzz : Faire parler d'un produit ou d'un service avant son lancement officiel en distribuant, de manière parcimonieuse et parfaitement calculée, des informations ou des rumeurs qui entretiendront la curiosité des Internautes. DRM (Digital Rights Management) : Gestion des droits numériques (GDN). Il s'agit de la technologie de sécurisation du contenu et de gestion des droits d’accès d'un fichier numérique. Cela permet de diffuser du contenu par voie numérique tout en le protégeant au niveau des droits d'auteur, en empêchant ou limitant les copies possibles. FairTrade Music : Portail de vente de musique en ligne dont l’ouverture est prévue pour courant septembre 2008, dont le principe sera de diminuer le nombre d’intermédiaires entre un artiste et un consommateur. Internet : Réseau informatique mondial constitué d'un ensemble de réseaux nationaux, régionaux et privés qui sont reliés par le protocole de communication TCP/IP (Transmission Control Protocol / Internet Protocol : utilisé sur le réseau Internet pour transmettre des données entre deux machines. A voir comme un langage universel permettant à deux machines de communiquer entre elles quel que soit leur système d'exploitation.). Son but est d'offrir une interface unique aux utilisateurs. iTunes : Logiciel développé par apple, de lecture et de gestion de bibliothèque multimédia numérique. C’est également un navigateur Web permettant d’accéder au magasin de musique en ligne iTunes Store. En tant que logiciel de streaming il occupe la 3° place du marché derrière Windows Media Player et Real Player Jamendo : Entreprise privée luxembourgeoise qui propose sur un site Web des albums de musique en téléchargement gratuit. Son financement est assuré par des annonces, des panneaux et des vidéos publicitaires qui s'affichent sur certaines pages du site et sur les 46 fenêtres de téléchargement, ainsi que par des partenariats ; il est également financé en partie par une taxe forfaitaire sur les dons des utilisateurs aux artistes. KaZaA : Service de Peer to Peer, qui prit dès 2001 la suite de Napster comme référence incontournable pour le grand public en matière de téléchargement illégal de musique sur Internet. Cependant, les procédures judiciaires introduites à l’encontre de ce site poussèrent de plus en plus les utilisateurs à le délaisser pour d'autres logiciels, tel eMule. En 2007, la base d'utilisateurs de KaZaA est quasiment nulle. Label : Société éditrice de disques et CD. Elle est chargée d'éditer et de distribuer les disques. Les labels les plus importants sur le marché sont appelés « majors ». MyMajorCompany : label qui permet aux internautes de devenir producteurs. Ce site a pour ambition de devenir le portail principal de découverte, de lancement et de suivi des nouveaux talents musicaux en France et en Europe. MySpace : Site internet de réseau social qui met gratuitement à disposition de ses membres enregistrés un espace Web personnalisé, permettant d'y faire un blog, d'y entreposer ses compositions musicales et d'y remplir diverses informations personnelles. Napster : Originellement, Napster est un service de Peer to Peer (P2P). Suite à des problèmes légaux en 2001, Napster devient le nom d'un site portail de téléchargement de musique. Peer To Peer (P2P) : Réseau d'échange et de partage de fichiers entre internautes. Le principe du Peer to Peer est de mettre directement en liaison un internaute avec un autre internaute qui possède un fichier convoité. Podcast : Créé par Apple, contraction de iPod et broadcasting, c’est un moyen de diffusion de fichiers audio ou vidéo (ou autres) sur Internet. Permet aux utilisateurs l'écoute ou le téléchargement automatique d’émissions audio ou vidéo pour les baladeurs numériques en vue d'une écoute immédiate ou ultérieure. Francisé en baladodiffusion. 47 Portail de vente en ligne : Site internet offrant un service d’achat de musique et autres contenus en ligne de façon légale. Réseau : Ensemble des moyens matériels et logiciels mis en œuvre pour assurer les communications entre ordinateurs, stations de travail et terminaux informatiques. Serveur : désigne un des éléments de la chaine de communication sur internet. Par opposition à client, le serveur répond aux requêtes des logiciels. Par extension serveur désigne également l’ordinateur qui héberge de tels logiciels serveurs. Ces derniers sont constamment connectés au réseau. Streaming : Diffusion de contenu audio ou vidéo en continu, au fur et à mesure du téléchargement du fichier. L'utilisateur n'est pas obligé de télécharger entièrement un fichier pour l'écouter ou le visionner car la lecture commence dès le début du chargement. En français, on peut utiliser l'expression "lecture en continu" lorsqu'on adopte le point de vue du serveur qui transmet le contenu multimédia en un flot continu. URL : Uniform Resource Locator, localisateur uniforme de ressource, chaine de caractères utilisée pour adresser les ressources du Web. Elle est informellement appelée adresse Web. Web 2.0 : L'expression Web 2.0 a été proposée pour désigner ce qui est perçu comme un renouveau du World Wide Web. L'évolution ainsi qualifiée concerne aussi bien les technologies employées que les usages. En particulier, on qualifie de Web 2.0 les interfaces permettant aux internautes d'interagir à la fois avec le contenu des pages mais aussi entre eux, notamment par la création de réseaux sociaux. Widget : Un widget (de bureau) est un outil disponible sur un système d'exploitation, une page Web ou un blog. Les widgets proposent habituellement des informations ou des divertissements. Par exemple, certains affichent les cours de la bourse ou des informations météorologiques alors que d'autres permettent de jouer à des jeux vidéo. Widget signifie gadget en anglais américain. 48 Wiki : système de gestion de contenu de site Web qui rend les pages librement modifiables par tous les visiteurs qui y sont autorisés. Ce système favorise l’écriture collaborative de documents avec un minimum de contraintes. Ces systèmes sont associés au Web 2.0. YouTube : Site Web d’hébergement vidéo sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, visualiser et se partager des séquences vidéos. 49 Annexe III : Bibliographie Deezer : http://www.deezer.com/ Fair Trade Music : http://www.fairtrade-music.com/ GNT, Génération Nouvelles Technologies : http://www.generation-nt.com/ Homo Numericus : http://www.homo-numericus.net/ Jamendo : http://www.jamendo.com/fr/ Jiwa : http://www.jiwa.fm/ Les catalyseurs numériques : http://catalyseurs-numeriques.generationmp3.com/ Musique 2.0 : http://sokborey.blogspot.com/ MyMajorCompany : www.mymajorcompany.com/ MyMusic : http://mymusic.typepad.com/my_music/ Myspace : www.myspace.com/ Numerama : http://www.numerama.com/ Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/ Le développement et la protection des œuvres culturelles sur les nouveaux réseaux, rapport au ministre de la culture et de la communication par Denis Olivennes SVM Mac n° 206, juin 2008 : Faites Votre Musique Conférence des jeudis de la Sorbonne : « Fric Musique Numérique : Polémique » : disponible en ligne sur http://www.fnaclive.com/podcasts?page=2 50