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INGRID WILDI * ( 1963 ) 1963 Je nais à Santiago du Chili le 19 septembre 1968 – 1981 Écoles primaire et secondaire à Santiago du Chili 1970 Mon père achète un téléviseur 4 SEPTEMBRE Au Chili on élit pour la première fois en Amérique Latine un président socialiste par voie démocratique, Salvador Allende, candidat de l’Unité Populaire 1971 Orange mécanique, de Stanley Kubrick, sort sur les écrans Raul Ruiz, cinéaste chilien adapte Palomita Blanca, roman de Enrique Lafourcade 1973, 11 SEPTEMBRE Coup d’état militaire au Chili. Salvador Allende meurt. Couvre-feu et état de siège dans tout le pays 1977 Mes premières visites à des groupes artistiques activistes Sortie de Saturday Night Fever avec John Travolta 1981 Immigration en Suisse, à Niederlenz dans le canton d’Argovie 1986 Première exposition collective 1991 Première vidéo 1995 Participation à l’exposition Mestizos, organisée par Rosa Martinez à l’Université de Saragosse, Espagne 2001 Heimat Fabrik, collaboration avec Mauricio Gajardo pour Expo 02 2002 Tournage au Chili de ¿Aquí vive la Señora Eliana M?… après 11 années d’absence 2004 De palabra en palabra, exposition personnelle, Aargauer Kunsthaus, Aarau et Centre d’Art Contemporain, Genève FRANCIS BAUDEVIN ( 1964 ) QUELLE IMPORTANCE? Né en 1964, c’est aussi à ce moment qu’est créée à San Francisco, (la ville avec mon prénom écrit dedans !) la pièce en do (In C) de Terry Riley, c’est une des pièces fondatrices de la musique répétitive. Soit pas moins de 53 brefs motifs joués dans l’ordre, soutenus par une pulsation régulière, dont la durée et le nombre de répétitions sont laissés à l’interprète, avec l’intention d’une exécution personnelle spontanée et interactive sur le plan collectif. Son exécution n’exige pas de la part des interprètes de compétences particulièrement virtuoses et se trouve donc à la portée des musiciens amateurs. C’est certainement cette œuvre, ici rapidement décrite, avec son principe admis et souple à la fois qui va guider durablement la plupart de mes intentions artistiques, straight et cool en même temps. Bien que j’aie découvert ça plus récemment, Andy Warhol a réalisé la même année pour un de ses cousins, un certain John Wallowitch, une couverture d’album 33 tours où il eut recours à l’utilisation non systématique d’une séquence répétée de différents cadrages photographiques. Puis de temps en temps, comme on y est plus attentif, et bien on croit vérifier d’autres points de concordance tout à fait révélateurs, le résultat impeccable d’une configuration des étoiles… Mais ce serait toutefois l’année 1967 qui, rétrospectivement et sans traces autobiographiques, alors que je jouais tranquillement à l’aide de briques plastiques et de camions bolides, me paraît être l’année la plus géniale sur le plan des nouvelles idées. C’est en tout cas un millésime bien souvent vérifié, les catalogues d’expositions, les films, les disques, les bouquins, que des super trucs vachement bien ! Sur un mode de sélection identique,1968 est déjà nettement moins top, peut-être parce que les choses s’accomplissent directement par la révolution, et non plus à travers des désirs culturels LAURENT GOEI ( 1964 ) LORI HERSBERGER ( 1964 ) 1967 Mon père achète un mas de vieilles pierres en Provence, le lieu simple et sauvage de presque toutes mes «premières fois». J’y passe une enfance magnifique 1967 1er prix de déguisement avec son cousin (en clowns) 1974 Rencontre avec le docteur Arthur Amort, un des premiers acupuncteurs en Suisse romande. Ma mère m’y conduit une fois par mois pour traiter, avec cette méthode quasiment inconnue chez nous, mes nombreuses allergies et mon asthme. Quand je franchis pour la première fois le seuil de son cabinet à Vevey, cet homme, qui ne m’a jamais vu, sévère et très grand dans sa blouse blanche de docteur et porteur de lunettes rectangulaires à bords noirs, me tend la main en me disant gravement : «Bonjour l’artiste». Ma mère (très excitée parce qu’elle adore tout ce qui est docteurs, maladies, hôpitaux etc.) surprise, lui demande : «Pourquoi avez-vous dit artiste ?» Et lui de répondre : «Ben, parce qu’il deviendra artiste ce garçon !». J’avais dix ans 1975 Si je devais décrire à quel moment j’ai «découvert l’Art», il me semble que c’était à Amsterdam devant la peinture La ronde de nuit de Rembrandt. En tous cas, je me souviens avoir acheté la carte postale et l’avoir collée dans mon livre de vacances 1977 Presque chaque soir pendant un certain temps, on voit au journal télévisé le portrait d’un vieil homme hirsute qui s’adresse à nous en ayant l’air de beaucoup souffrir. Il a une pancarte autour du cou. Quelques semaines plus tard, en visite chez les Bonamy, dans leur ferme qui borde une route de campagne en allant sur Goult dans le Vaucluse, je lis dans Paris Match, avec photos et plans dessinés à l’appui, l’histoire morbide et fascinante de Stammheim, prison avec cellules d’isolement. On voit le lieu des corps, le pistolet caché dans le tourne-disque, une femme pendue. Et un nom qui est dans toutes les bouches : La bande à Baader 1980 Je m’abonne au magazine Interview d’Andy Warhol. Je me souviens de l’excitation, chaque mois, de recevoir «mon» magazine en provenance de New York 1984 New York. Avec mon frère, nous sniffons du poppers et tout ce qu’on trouve dans l’ascenseur du Danceteria. Je vois le Grand Master Flash et des jeunes Noirs dansent le smurf dans les vitrines sur Broadway. Je rentre avec un T-shirt «I Love New York» 1969 Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles – un cadeau de son oncle 1974 Premier prix d’un concours de dessin pour enfants, mais finalement recalé car le jury croit que quelqu’un de plus âgé l’a fait à sa place 1975 Joue Ballroom Blitz des Sweet avec des copains de classe, concert de Air-guitar 1970 1978 Assiste à son premier concert de Punk Rock (Siouxie & The Banshees à Baden, Suisse) 1979 Commence à jouer dans un groupe punk rock Die Die Heilsarmee (l’Armée du Salut) Lancement du fanzine Fuck 1981 Beaux-Arts de Bâle 1987 Concert avec le groupe de rock psychédélique The Hydrogen Candymen en première partie du Gun Club de Jeffrey-Lee Pierce au Kauflleuten à Zurich 1988 Atelier à Bâle, premiers travaux à la photocopieuse et vidéos Rencontre avec William S. Burroughs à Bâle, réalise quelques portraits photos 1989 Collaboration avec son amie à l’époque, Pipilotti Rist, pour des installations-vidéo 1991 Etudie la sculpture et l’art vidéo à l’école d’art de Bâle 1995 Hospitalisation de 3 mois suite à une chirurgie gastrique 1997 Première exposition personnelle au Kleines Helmhaus de Zurich Premier atelier à Zurich, commence à peindre, premières œuvres en néons Première collaboration avec une galerie – Walcheturm à Zurich 1999 Invité par Harald Szeemann à Aperto, Biennale de Venise 2001 Burnout, performance-moto à downtown New York, deux jours avant 9 / 11 1989 Rencontre avec Thomas Hirschhorn qui voit en moi plus l’artiste que le graphiste 2003 Exposition personnelle au Kunsthaus de Zurich 2006 Exposition collective Efecto Downey, Buenos Aires, Argentine 1993 Naissance de ma fille Margaux-Helen 2005 Catalogue raisonné : Cœur synthétique * INGRID PAULA DEL CARMEN WILDI MERINO 1994 Naissance de mon fils Wim-Lionel 2006 Vit et travaille à Berlin Michelle Bachelet, première femme présidente du Chili 1960 1968 1ers pas sur la lune à la télévision en noir et blanc 1985 Départ à Zurich pour les Arts Déco. Je fais un diplôme de graphiste 2005 Participation au pavillon suisse de la Biennale internationale d’art de Venise avec Portrait Oblique GERDA STEINER & JÖRG LENZLINGER ( 1967 / 1964 ) 1980 1987 – 2007 Planification et exécution de tirs de gauffres Import-export de chaussettes à doigts japonaises Réalisation de vernissages sur navires de fret Revendication de la perte de la maîtrise de soi et organisation d’un massage de masse 1990 Exploration de l’âme australienne à travers le médium ’’holy Jelly’’ Entretien de jardins de nuit, grottes et plantes envahissantes. Incitation à des épreuves de bravoure Echauffement de systèmes nerveux végétatifs Culture d’engrais et orgie de fleurs artificielles Mise en évidence des bouleversements relatifs au bonheur du glacier 2000 Vente de bananes suisses en Guadeloupe Création d’un parc national à Montréal downtown Reconstruction de l’Oberstübli. Construction d’une machine patriotique Edification d’oasis, de grottes de pierres, de salons sur forêts vert tilleul, fontaines de jouvence et forêts cérébrales 2010 CLAUDIA & JULIA MÜLLER ( 1964 / 1965 ) UGO RONDINONE ( 1964 ) A CHRISTOPH DRAEGER ( 1965 ) CHRISTOPH DRAEGER ( 1965 ) (suite) YAN DUYVENDAK ( 1965 ) MASSIMO FURLAN ( 1965 ) 1948, 08 OCTOBRE Naissance de Johnny Ramone, guitariste du groupe punk Ramones. 1960 1965, 23 FÉVRIER Décès de Stan Laurel, acteur américain 08 OCTOBRE Naissance de Massimo Furlan 1970, FIN DE LA DÉCENNIE Adhésion à Amnesty International 1970 1980’s Isle Weber, Fischli/Weiss et Meret Oppenheim, les masques, surtout ceux du Lötschental, jusqu’aux bijoux corporels des hommes néogéorgiens, tout Jane Austen et les sœurs Brontë 1980 1980 deprisa deprisa, le film de Carlos Saura sur la témérité et l’anarchie de la jeunesse dans l’Espagne post-franquiste 1983 / 86 Tom Cruise dans Risky Business et Top Gun. Ou quand des films déclenchent une fascination sur sa propre honte 1987 / 88 La scène artistique allemande avec des expositions majeures telles que Skulptur Projekte in Münster de 87 et en 1988 BiNationale à Düsseldorf et Boston Dans les années 90, les reines de Beauté et les Indiens 1994 Los Angeles, nous nous demandons 1990 toujours pourquoi, mais la fascination demeure 1995 Dessins dans l’espace, les premiers dessins muraux à la Kunsthalle de St Gall Bouvard et Pécuchet de Flaubert, un super livre sur deux dilettantes universels et curieux, qui se lancent sans cesse avec excès et élan dans de nouveaux champs d’activité Séries télévisées : Twin Peaks et Six Feet Under 2000 2000, CIRCA Amitié avec quelques artistes et galeristes de Karlsruhe, qui s’est approfondie depuis et développée fructueusement 2000 Random Signs, une série de dessins au stylo bille : une œuvre-clef créée à New York Installation en trois parties avec objets, peintures murales et dessins pour vidéos : Unsere Erde, ihre Völker, ihre Schätze 2010 1974, HIVER Hôpital de Davos : alité deux horribles semaines en raison d’une infection. Je me souviens encore de l’odeur forte et âcre du formaldéhyde. Pour tuer le temps, je réalise une série de dessins à grande échelle de batailles d’Indiens qui est acclamée par tous les patients et le personnel médical 1986, PRINTEMPS Première présentation à l’école d’art d’une sculpture de bois, censée représenter un cristal. Je l’appelle : Krystallsprengkörper (cristal explosif). Mon professeur, Guido Nussbaum, place l’œuvre avec délectation devant toute la classe et déclare à voix haute : cette sculpture est MAUVAISE 1988 Toujours à l’école, je vends ma première oeuvre ; une pièce réalisée avec Martin Frei et Urs Lehmann, intitulée Postmodern Icon. L’acheteur est notre professeur, l’artiste Roman Signer 1990, AUTOMNE Premier studio à Bruxelles. Ma copine vient de me quitter. J’ai très peu d’argent. Toute la journée, je peins le studio en blanc et installe un poêle à bois avec une cheminée en pierre de 6m. La cheminée s’effondre, remplissant mon studio tout blanc de suie et tous les murs sont à nouveau noirs. Il commence à neiger. Entrant à la Gare du Midi, je me retrouve face à un cadavre. Je décide de marcher, me demandant pour le reste de ma vie si je pourrai aller plus bas que ça 1992, AUTOMNE J’enseigne 3 mois dans un collège, j’emmène ma classe d’adolescents à Lausanne voir Posthuman, l’exposition de Jeffrey Deitch. Le baiseur d’arbre de Paul McCarthy et la femme de Kiki Smith déféquant un amas de 5m de haut, entre autres, impressionnent fortement les étudiants et leur professeur du même coup. Le même soir j’emmène la classe à un concert de punk des Godfathers, où je révèle les secrets de la danse pogo – ma manière de me sauver de leurs questions compliquées sur le destin de l’art contemporain 2000, HIVER Première exposition individuelle à New York (Apocalypso Place, avec Reynold Reynolds). Nous installons les restes d’une maison détruite à l’échelle 1 : 1, ce qui remplit entièrement la galerie de détritus. Je reçois rapidement la requête d’un étudiant en art qui souhaite devenir mon assistant. J’obtempère et comme première mission, lui fait démonter la pièce qu’il aimait tant. Des montagnes de déchets. Brûler ce que l’on adore… 1969, JUILLET Mes parents louent une télé noir-blanc et on passe la nuit couchés devant pour regarder l’alunissage. Je suis transi 1970, 14 MAI Regarde passer Sonia Gerber caché dans les buissons. Le soir même, j’incarne Superman en pyjama debout sur mon bureau 1993, AUTOMNE Première exposition individuelle avec OCI (Office of Cultural Intelligence) à la galerie ADO à Anvers dans la série Critical Distance initiée par Luk Lambrecht. Après le vernissage, Arno van der Mark, membre leader de OCI, m’explique que dans l’art je vais devoir choisir entre ma carrière et mes amis. Je vais donc manger avec mes amis car il n’y a pas de place pour eux au dîner des collectionneurs 1972, 12 JUILLET Obtention d’un autographe d’Emerson Fittipaldi à la piscine de Morges 1973, 07 AVRIL 18e Concours Eurovision de la Chanson. Patrick Juvet chante Je vais me marier, Marie pour la Suisse 1980, OCTOBRE Je regarde un concert de Diana Ross à Las Vegas à la télé. Je l’enregistre et connais encore toutes les chansons par cœur 1997, AUTOMNE Harald Szeemann nous invite à la Biennale de Gwangju pour montrer la vidéo Apocalypse Now (réalisée avec Martin Frei). Un mauvais calcul d’emploi du temps et notre vol est réservé un jour trop tard : nous ratons le vernissage et le dîner des artistes. Plus important, notre pièce est installée sans son et Szeemann est incapable de nous fournir des haut-parleurs. La dispute qui s’en suit fait que jamais plus je ne serai représenté dans une expo de Szeemann. GROSSE erreur. J’aurais mieux fait de me taire. 1998, PRINTEMPS Présentation d’un projet solo (Puzzled, Statements avec la galerie Urs Meile) à Art Basel 29. Lors du vernissage VIP, Tina Turner arrive et manœuvre ses talons aiguilles sur les 3-4 mètres cubes de pièces de puzzle que j’ai empilés. Au dîner plutôt anti-glamour (Bratwurst et frites), mon galeriste raconte la journée pleine de succès en exagérant quelque peu l’épisode Tina … Je suis obligé de rectifier ses propos en public et il déclare finalement : «Tu es peutêtre un bon artiste, mais en tant qu’être humain, tu es un trou du cul.» En dépit de cela, nous continuons à travailler ensemble jusqu’en 2003 2001, AOÛT Incendie d’une caravane en Pennsylvanie (non loin du futur lieu du crash du vol United 93) en vue de ma prochaine exposition à New York, une installation intitulée : If you lived here you would be dead now. Le carton d’invitation montre des pompiers noyant les flammes. Les cartes postales sont envoyées le 11 septembre… wrong place, wrong time 1975, 12 MAI Je gagne un prix au concours de dessin Alcool et circulation 1977, 16 SEPTEMBRE Sortie du film La Montagne du dieu cannibale avec Ursula Andress. Quelque chose change en moi 1978, 16 MARS Je m’achète la cassette de Blondes Have More Fun de Rod Stewart 1978, 20 MAI Création de Café Müller par Pina Bausch 1982, 11 JUILLET L’équipe d’Italie gagne la Coupe du monde de football 1995, JANVIER Je m’ennuie à la Cité des Arts de Paris et regarde beaucoup la télé. Je chante des chansons aussi 1997, AOÛT Lady Di meurt. Je suis à Genève 2001, SEPTEMBRE Le monde devient ce qu’il est. Je suis à Barcelone. Une année après, j'enregistre des images à la télé et je fais Œil pour œil 2007 Je regarde la télé au Caire 1962 1963 1964 1965 1966 1967 ALEXANDER BIRCHLER ANDREAS DOBLER FRANCIS BAUDEVIN CHRISTOPH DRAEGER CHRISTOPH BÜCHEL GERDA STEINER PIPILOTTI RIST BOB GRAMSMA LAURENT GOEI YAN DUYVENDAK MARIANNE MUELLER MARKUS WETZEL LORI HERSBERGER MASSIMO FURLAN ELODIE PONG INGRID WILDI JÖRG LENZLINGER FABRICE GYGI CLAUDIA MÜLLER TERESA HUBBARD UGO RONDINONE JULIA MÜLLER SIDNEY STUCKI UNE QUESTION DE GÉNÉRATION DU 16 FÉVRIER AU 29 AVRIL 2007 MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE LYON AVANT-PROPOS PAR MICHEL RITTER, COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION DIRECTEUR DU CENTRE CULTUREL SUISSE DE PARIS Une génération d’artistes suisses nés sur une même période de 5 ans, de 1962 à 1967, s’est affirmée sur la scène nationale et internationale. À travers cette sélection non exhaustive d’une vingtaine d’artistes, l’exposition UNE QUESTION DE GÉNÉRATION souhaite montrer la riche diversité créative de cette «lignée aléatoire». Il s’agit aussi bien sûr d’un prétexte fortuit qui m’est apparu seulement après avoir fait un premier choix artistique. Cette coïncidence m’a plu. Et ce d’autant plus que je cherche à me démarquer de cette vogue apparue parmi certains curateurs de monter leurs projets autour d’une thématique sophistiquée, portant un titre anglais le plus souvent, et qui très vite, se révèle stérile de sens. Mais ceci n’enlève rien à la pertinence du thème de la génération en tant que phénomène temporel captivant ou à travers les références et influences qu’elle génère et qui la stimule à la fois. La diversité dont fait preuve cette génération relève-t-elle d’une certaine richesse créatrice ou d’une particularité hasardeuse ? 3 4 5 1962 PIPILOTTI RIST (Entlastungen) Pipilottis Fehler, 1988 (photogramme) Vidéo, 11'12'' Courtesy de l’artiste et bdv (Bureau des vidéos), Paris Blutclip, 1993 (photogrammes) Vidéo 2'40'' Musique : Sophisticated Boom Boom/Netz Maeschi Courtesy de l’artiste et bdv (Bureau des vidéos), Paris 6 TERESA HUBBARD / ALEXANDER BIRCHLER Johnny, 2004 (photogramme) Vidéo couleur, son, 3'51'' Courtesy des artistes et Galerie Bob van Orsouw, Zurich 7 1963 MARKUS WETZEL ...secretly, I would like to see the island as a wolf, 2007 Animation vidéo couleur, son, 8'43'' Courtesy Hilger Gallery, Vienne et Stux Gallery, New York BOB GRAMSMA Seebach, OI#0785, 2007 Portes et fenêtres de récupération, dimensions variables Courtesy l’artiste et Haswelllediger & Co. Gallery 8 INGRID WILDI Si c’est elle, 2000 (photogrammes) Vidéo couleur, son, 11'48'' Courtesy de l’artiste ANDREAS DOBLER Page 8 Slidescape, 2006 Huile, acrylique, spray sur toile, 167 x 250 cm Courtesy Alexandre Pollazzon Ltd., Londres Page 9 Stoner Pond, 2006 Huile, acrylique, spray sur toile, 167 x 250 cm Courtesy Alexandre Pollazzon Ltd., Londres 9 1964 GERDA STEINER & JÖRG LENZLINGER Il pleut, 2007 Bâches, pots, urée Courtesy Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger LAURENT GOEI Le Blues des Abattoirs, un hommage à Nick Cave, 2007 (photogramme) Vidéo couleur et n/b, son, 7'53'' Courtesy de l’artiste FRANCIS BAUDEVIN Hi Blue, 2006 100 x100 cm Collection de l’artiste Ups, 2007 157 x 324 cm Collection de l’artiste Saint-Etienne, 2006 123.5 x 141 cm Collection de l’artiste 10 UGO RONDINONE The Dancer and the Dance, 2002 18 piliers en aluminium/ résine, 16 haut-parleurs, son, lecteur CD, amplificateurs, dimensions variables Collection du Fonds national d’art contemporain, Ministère de la culture et de la communication, Paris, Inv. FNAC 05-941 Lessness, 2003 Plexiglass, haut-parleurs, DVD, 280 x 400 x 40 cm Collection particulière Courtesy Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte LORI HERSBERGER Optical Sound, 2007 Peinture fluorescente et acrylique sur aluminium, 300 x 780 cm Courtesy Galerie Mehdi Chouakri, Berlin et Galerie Thaddaeus Ropac, Salzbourg-Paris CLAUDIA & JULIA MÜLLER Idylls II, 2007 Installation, animation numérique, 6'40", acrylique, banc gravé, bois couleur, 45 x 145 x 42 cm Collection du Argauer Kunsthaus, Aarau 11 1965 SIDNEY STUCKI Losing Control, 2007 Acrylique, dimensions variables Courtesy de l’artiste YAN DUYVENDAK Œil pour œil, 2002 (photogrammes) Vidéo couleur, son, 5'55'' Courtesy Yan Duyvendak & videoart.ch CHRISTOPH DRAEGER Ma génération (The End of the Remake), part 1, 2007 Installation, restes de la performance Courtesy Galerie Anne de Villepoix, Paris 12 FABRICE GYGI Tour, 2000 Bois, acier galvanisé, 200 x 200 x 450 cm Courtesy Galerie Guy Bärtschi, Genève Minoviras, 2000 Skaï, plastique, ballon Collection de l’artiste Guirlandes, 2005-2006 Inox, nylon Collection de l’artiste et courtesy Galerie Chantal Crousel, Paris MASSIMO FURLAN International Airport, 2005 (photogramme) Vidéo couleur, son, 18'10'' Courtesy Galerie G.-P. & N. Vallois, Paris 13 1966 MARIANNE MUELLER La ligne 1 / RER A, 1994 / 2006 (photogrammes) Vidéo couleur, son, stéréo, 7'10'' Collection de l’artiste ELODIE PONG Je suis une bombe, 2006 (photogrammes) Vidéo couleur, son, 6'12'' Sample 1 : Are friends electric ?/ *Melk Prod Carine Charaire Musique : Michael Hilton 14 CHRISTOPH BÜCHEL Parade, 2005 (photogrammes) DVD, couleur, son, 9'36'' Courtesy de l’artiste et Hauser & Wirth Zurich Londres 15 NOTICES BIOGRAPHIQUES (par ordre alphabétique) FRANCIS BAUDEVIN Né en 1964 à Bulle, vit à Genève ANDREAS DOBLER Né en 1963 à Bienne, vit à Zurich YAN DUYVENDAK Né en 1965 en Hollande, vit à Genève et Barcelone LAURENT GOEI Né en 1964 à Lausanne, vit à Zurich FABRICE GYGI Né en 1965 à Genève, vit à Genève La peinture de FRANCIS BAUDEVIN récupère notre environnement visuel immédiat : pochettes de disques, logos d’entreprises, emballages de pâtisserie, conditionnements de médicaments. Les indices textuels sont effacés, restent les symboles géométriques et colorés à décoder. Selon cette logique,la toile Ups (page 10) reprend le motif des enveloppes express de la société de messagerie. Hi Blue est un zoom sur la pochette d’un album de musique, tandis que S.t. (Richemont) cite le logo géométrique d’une ligne de magasins de chaussures. L’œuvre picturale d’ANDREAS DOBLER compose avec figuration, surréalisme et matiérisme. Il recourt à la bombe, la laque, l’encre dans l’élaboration de toiles qui relèvent tantôt de la science fiction et du jeu vidéo, tantôt du psychédélique et d’un onirisme trash. Architecture futuriste larguée dans un espace improbable, les situations imaginées frappent par leur humour et une sorte d’insubordination. Souvent, c’est du détail que provient le décalage, voire la parodie. Ainsi, dans Stoner Pond (page 9), les Nymphéas de Monet sont localisés dans un parc urbain, dominés par des chiffres monumentaux que l’artiste donne comme ceux possibles de sa mort. Ses performances (qu’elles soient chantées, télévisuelles ou cinématographiques), s’organisent autour d’un jeu vertigineux et virtuose entre les images et les modèles des médias et leur difficile incarnation dans un seul être humain par le biais du spectacle vivant. Œil pour œil (page 12), ce sont 6 minutes de zapping à travers l’actualité télévisuelle du mois de septembre 2002, 6 minutes de têtes de la télévision projetées à même la tête de Yan Duyvendak, et ce n’est plus «big brother» qui nous regarde, mais nous sommes big brother regardant, et nous voyons, les yeux dans les yeux, l’ennemi que nous sommes à nous-mêmes. www.duyvendak.com CHRISTOPH DRAEGER Né en 1965 à Zurich, vit à New York MASSIMO FURLAN Né en 1965 à Lausanne, vit à Lausanne L’œuvre protéiforme de LAURENT GOEI repose sur les relations qu’il tisse entre sa vie privée, l’actualité et la culture pop. Il donne une dimension affective personnelle à des messages publicitaires ou images de presse qu’il s’approprie, utilisant des codes visuels connus ou habituels qu’il dévie, mettant en scène des liens de proximité avec des personnes qu’il aime ou admire. Le Blues des Abattoirs, un hommage à Nick Cave (page 10) fait partie de ces déclarations. Le road-movie hybride égrène les paroles d’Abattoir Blues, morceau de l’album éponyme du dandy australien. L’autoroute nocturne sert de piste d’envol à la musique. Un couple danse collé au sol et collé l’un à l’autre. Ce patchwork improbable fait le portrait d’une histoire d’amour au romantisme éraflé et rock’n roll. Les catastrophes, les destructions sont des thèmes récurrents des installations hyperréalistes, photos et documents-fictions de CHRISTOPH DRAEGER. Cette fois, il y ajoute une dimension pop avec le remake de My Generation des Who, partie intégrante d’une trilogie débutée à Birmingham et intitulée The End of the Remake (page 12). L’installation présentée dans l’exposition est en effet le reste de la perfor-mance réalisée le jour du vernissage avec des complices, lors de laquelle il pousse la reprise jusqu’à la dévastation de la scène et des instruments de musique. Le titre date de 1965, année de naissance de l’artiste. La vidéo Blow Up, (The End of the Remake), part 2, reprend un autre moment de destruction musicale dans le film éponyme d’Antonioni (1966) www.christophdraeger.com La performance de MASSIMO FURLAN International Airport (page 13) prend ses origines – comme ses travaux précédents – aux sources du souvenir et de l’invention de soi. L’artiste revisite ici une anecdote de l’enfance liée à une histoire individuelle et intime mais aussi celle d’une même génération, celle qui allait le dimanche après-midi voir décoller les avions à l’aéroport. Le public revit cette situation burlesque en assistant à la tentative d’envol du performer. www.massimofurlan.com À la fois sculpteur, graveur mais également peintre et vidéaste, FABRICE GYGI utilise un vocabulaire formel minimal et précis dans le but de dévoiler les mécanismes autoritaires de nos sociétés. Ses matériaux (l’aluminium, le bois, l’acier, le cuir) sont bruts, froids mais paradoxalement sensuels. Les motifs (la barre, le pylône, la tribune) convoquent épure et urbanité. Ses œuvres sont comme les signes concrets de la tension qui caractérise nos rapports sociaux. Gygi fait émerger des questions graves sur les pouvoirs et sur la violence des rapports humains. La Guirlande (page 13) aux pointes d’inox est menaçante et séduisante à la fois. Arme ou bijou géant, elle est une épée de Damoclès pour le visiteur. La sculpture gonflable Minoviras oscille comme son nom l’indique entre outil guerrier et virus. La Tour en bois fonctionne comme un poste d’observation : carcéral ou ornithologique selon l’humeur. CHRISTOPH BÜCHEL Né en 1966 à Bâle, vit à Bâle CHRISTOPH BÜCHEL est un des représentants majeurs d’un nouveau courant d’art politique et subversif qui s’est développé depuis quelques années en Suisse. Son travail prend le plus souvent la forme de reconstitutions d’intérieurs chaotiques. Appartements conçus comme des bunkers de survie, boutique offrant tout l’équipement de première nécessité aux sans-abri, ou usines de travailleurs clandestins désaffectées, ces décors hyperréalistes évoquent la menace de l’apocalypse imminente. La guerre et le pouvoir corrupteur de l’argent sont deux des cibles favorites de l’artiste qui n’hésite pas à faire preuve lui-même d’une certaine violence dans son rapport au spectateur. Parade (page 15) est à l’origine un programme de la télévision nationale iranienne qui a été diffusé sur le web par le Ministère des Affaires étrangères d’Israël. 16 BOB GRAMSMA Né en 1963 à Uster, vit à Reeuwijk (NL) et Zurich BOB GRAMSMA réalise des installations et des sculptures, impressionnantes par leur capacité à occuper l’espace et à le transformer. Il utilise fréquemment des éléments d’architecture ou des fragments de véhicules, en détourne l’usage et la disposition pour créer des volumes et des atmosphères inattendus. Seebach, OI#0785 (page 8) est une installation multistrate composée d’une centaine de fenêtres récupérées sur une vieille maison à Seebach en banlieue de Zurich. Pour l’artiste, « (...) dans ce pavillon, il n’est pas question d’un passage traditionnel entre un état/endroit/situation/ psychologie et un autre. Les fenêtres font office de ponts multiples en connectant rien avec rien, des ponts qui connectent des motifs complexes et compliqués. » LORI HERSBERGER Né en 1964 à Bâle, vit à Zurich LORI HERSBERGER peint depuis les années 90 après avoir longtemps pratiqué les médias digitaux. Le travail sur la couleur et la mise en espace du tableau deviennent alors deux paramètres essentiels dans sa démarche artistique où demeure toutefois une touche électronique : ses toiles colorées au pistolet à compression sont illuminées de couleurs flash et balafrées de pigments fluorescents, les cadres éclairés de néons. Ses bas-reliefs composés de miroirs, Fuzzy Space, (page 4) aux inclinaisons diverses fragmentent l’espace et décuplent l’effet des surfaces fluorescentes d’Optical Sound (page 11) . www.lorihersberger.com TERESA HUBBARD / ALEXANDER BIRCHLER Née en 1965 à Dublin et né en 1962 à Baden (Suisse), vivent à Austin (USA) Dans Johnny (page 8), la balade militaire When Johnny Comes Marching Home est jouée par un jeune trompettiste en uniforme de fanfare. Sa performance n’est pas accompagnée par le reste de l’orchestre d’adolescents dont les visages filmés en plans fixes se succèdent au son du morceau martial. Ce silence crée une tension palpable et provoque une certaine vulnérabilité parmi les jeunes gens. www.hubbardbirchler.net CLAUDIA & JULIA MÜLLER Nées en 1964 et 1965 à Bâle, vivent à Bâle Les deux sœurs travaillent ensemble depuis 1992 : dessins, peintures murales, installations et projets vidéo (page 11). Après s’être concentrées sur des thèmes personnels, elles s’attachent désormais aux formes de représentation socio-culturelles : situations quotidiennes, coutumes populaires ou dispositif muséal. Par leurs dessins à même le mur et par la suite les «dessins-vidéos», elles ont offert à ce médium une nouvelle dimension développant ainsi des espaces d’une légèreté et immatérialité exceptionnelles. MARIANNE MUELLER Née en 1966 à Zurich, vit à Zurich PIPILOTTI RIST Née en 1962 à Grabs (Suisse), vit à Zurich MARIANNE MUELLER s’est surtout fait connaître par ses réalisations photographiques. Son propre corps, sous toutes ses coutures, a été décliné dans de nombreux auto-portraits. Après un travail vidéo remarqué pour un projet de l’Exposition nationale suisse en 2002, dans lequel elle avait subtilement décalé les repères géographiques et temporels faisant d’une scène banale un moment illusionniste, MARIANNE MUELLER présente dans le programme vidéo un travail inédit. Dans La ligne 1 / RER A (page 14) des escaliers publics sont filmés de loin, traversés de part en part par la foule dispersée. Les marches blanches sont ponctuées par les passants qui l’arpentent. Le regard privé capte la sphère publique à son insu. www.mariannemueller.ch PIPILOTTI RIST (page 7) a exploré en profondeur le médium vidéo et ses modes de présentation. Ses premières vidéos sont imprégnées de son goût pour la musique et la culture pop. Depuis les années 1990, ses vidéos à la poésie acidulée ont gagné l’espace d’exposition par le biais d’installations vidéo logées dans du mobilier ou d’autres dispositifs ingénieux. Ses explorations du corps, de nos sens, les rituels et tabous sont à la fois intimes et joyeusement divertissantes. www.pipilottirist.net ELODIE PONG Née en 1966 à Boston, vit à Zurich Son œuvre se présente sous des formes multiples : photographies, sculptures, installations, performances et vidéos. ELODIE PONG construit un paradoxe : l’exposition de corps qui, tout en se donnant comme sujets de l’image, détournent leur visibilité au service de la dialectique du dire et ne pas dire, du cacher et du montrer. La vidéo Je suis une bombe (page 14) a été primée aux concours des bourses fédérales en 2006. Un panda géant fait une démonstration de danse érotique et ôte sa tête pour se transformer en une belle jeune femme au monologue introspectif et intense : “Je suis une bombe, je suis sublime.’’ www.elodiepong.net UGO RONDINONE Né en 1964 à Brunnen (Suisse), vit à New York Des arbres translucides, des sculptures crayeuses, un clown triste, tout le travail d’Ugo Rondinone sécrète une mélancolie poétique doublée d’une réflexion sur la modernité. Lessness (page 11), un X monumental en plexiglass noir emprunte son titre à un néologisme de Samuel Beckett qui désigne à la fois l’infini et le manque. Le X obstrue l’entrée de l’exposition en même temps qu’il en marque symboliquement le début, distillant une douce mélodie. La sculpture The Dancer and the Dance (page 11) déployée dans l’espace semble citer les modules géométriques de Sol Lewitt, mais le son de respiration amplifiée qui s’en échappe et les dessins (quelques moments de la vie d’un corbeau) montrent que l’artiste fait là aussi un usage détourné du Minimal Art. GERDA STEINER & JÖRG LENZLINGER Née en 1967 à Ettiswil et né en1964 à Uster (Suisse), vivent à Bâle et Uster GERDA STEINER & JÖRG LENZLINGER collaborent depuis 1997. Gerda est connue pour ses peintures murales englobant l’espace dont les lignes courbes et les couleurs franches rappellent les motifs psychédéliques des années 60. Jörg s’est spécialisé dans les expérimentations à base d’urée fabriquée artificiellement qui se transforme en stalactites hautes en couleur et des paysages «organocristallins». Les deux artistes conçoivent de grandes installations (page 10) entre mini pays des merveilles et laboratoire qui distillent des histoires avec un charme amusant et des flashs d’ironie. www.steinerlenzlinger.ch SIDNEY STUCKI Né en 1965 à Genève, vit à Genève Sidney Stucki opère dans l’interzone de la musique techno et des arts visuels. Pour lui, les éléments picturaux et musicaux sont indissociables. La peinture murale abstraite Losing Control (page 12), du nom d’un titre du DJ techno minimal DBX, fait écho à des variations rythmiques et séquentielles typiques de cette musique électronique. En transposant le graphisme et les modèles formels de la techno (la boucle, par exemple), c’est surtout une rythmique nouvelle que Sidney Stucki introduit dans le champ des arts visuels. Dans Head Shaking, une tête (robot ? humain ?) se balance en parfaite cadence avec un son électronique. MARKUS WETZEL Né en 1963 à Schaffhouse, vit à New York MARKUS WETZEL (page 8) aime à créer virtuellement des mondes fantaisistes qui se présentent, le plus souvent, sous la forme de mondes insulaires imaginaires envisagés comme des lieux idéaux. Ces îles n’existent pour l’instant que dans son imagination et sous la forme d’images numériques et d’animations réalisées à partir de programmes informatiques. Mais progressivement la frontière entre la fiction et la réalité tend à s’effacer : l’artiste emploie de plus en souvent des éléments tangibles (eau, sable, bois) et recrée des situations qui rappellent la réalité insulaire (son de vagues et du vent). INGRID WILDI Née en 1963 à Santiago du Chili, vit à Genève INGRID WILDI mêle habilement dans ses vidéos l’universel et l’intime. Elle réactualise les codes du documentaire au sein de l’art vidéo. L’esthétique est brute, sans sophistication, si ce n’est le croisement de la trame narrative. Dans Si c’est elle (page 9), trois hommes dressent le portrait entremêlé d’une femme. Chacun égrène ses souvenirs maternels propres mais c’est l’image de la Mère universelle qui se dessine à travers leurs récits. 17 Cette revue a été conçue à l’occasion de l’exposition UNE QUESTION DE GÉNÉRATION au Musée d’art contemporain de Lyon, du 16 février au 29 avril 2007 Direction technique Fabien Bret Musée d’art contemporain, Lyon Publication Régie technique Samir Ferria Musée d’art contemporain, Lyon Conception graphique Alexandra Ruiz & Stéphane Delgado Exposition Commissariat général Thierry Raspail Musée d’art contemporain, Lyon Commissariat de l’exposition Michel Ritter Centre culturel suisse, Paris Régisseur artistique général Thierry Prat Musée d’art contemporain, Lyon Assistantes d’exposition Marie-Cécile Burnichon Musée d’art contemporain, Lyon Léa Fluck Centre culturel suisse, Paris Technique et sécurité Didier Sabatier Musée d’art contemporain, Lyon Régie des œuvres Xavier Jullien Musée d’art contemporain, Lyon Stagiaire Bérengère Bosset Musée d’art contemporain, Lyon Textes Les artistes Marie-Cécile Burnichon Léa Fluck Photographies Vues de l’exposition et photographies des œuvres : Blaise Adilon Photographies de la performance de Christoph Draeger : Claire Durlin Léa Fluck Communication Cécile Vaesen Elise Vion-Delphin Musée d’art contemporain, Lyon Impression Imprimerie Delta, Chassieu Elsa Guigo Centre culturel suisse, Paris Coédition du Centre culturel suisse de Paris et du Musée d’art contemporain de Lyon Direction administrative Catherine Zoldan Musée d’art contemporain, Lyon Katrin Saadé-Meyenberger Centre culturel suisse, Paris Service des publics Isabelle Guédel Musée d’art contemporain, Lyon 18 Conception Léa Fluck © Musée d’art contemporain de Lyon et Centre culturel suisse de Paris www.ccsparis.com www.moca-lyon.org Nous remercions tous les artistes pour leur implication ainsi que les prêteurs sans qui cette exposition n’aurait pas été possible : la Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte, le Fonds national d’art contemporain, Ministère de la Culture et de la Communication, Paris, le Argauer Kunsthaus, Aarau Ainsi que les galeries Guy Bärtschi, Genève ; Chantal Crousel, Paris ; Alexandre Pollazzon L.t.d., Londres ; Hauser & Wirth, Zurich Londres ; Nicolas Trembley pour ses conseils et Michel Ritter pour sa confiance Cette exposition a été réalisée dans le cadre du festival La belle voisine, la création contemporaine suisse à Lyon et en Rhône-Alpes et a bénéficié du soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture FABRICE GYGI ( 1965 ) SIDNEY STUCKI ( 1965 ) CHRISTOPHE BÜCHEL ( 1966 ) MARIANNE MÜLLER ( 1966 ) ELODIE PONG ( 1966 ) 1937 Everybody’s Autobiography, Gertrude Stein : “There is no there there” 1966 Naissance – Famille d’ouvriers dans la banlieue de Zurich 1960 1966 Blow Up, Michelangelo Antonioni John Baldessari utilisait des photographies et des textes, ou juste du texte — sur toile, comme dans Semi-close-up of Girl by Geranium 1970 Gertrude Stein: Ida : a novel (1941) 1973 12 FÉVRIER Chantal Akerman : Je, tu, il, elle (1974) 13 FÉVRIER Anne Teresa De Keersmaeker : Rosas danst Rosas (1983) 14 FÉVRIER Lindsay Cooper & Sally Potter : The Gold Diggers (1983) 15 FÉVRIER 16 FÉVRIER 17 FÉVRIER 18 FÉVRIER 1979 Mon Premier groupe, Discolokosst, Electro Punk 19 FÉVRIER 20 FÉVRIER 21 FÉVRIER 22 FÉVRIER 1986 Je suis très intéressé par la peinture américaine, Rothko, Frank Stella, Barnett Newman, Kenneth Noland, Ellsworth Kelly et c’est à ce moment que je fais mes premières peintures abstraites 1988 J’ouvre la Galerie La Régie, lieu d’expérimentation artistique où j’ai pu faire les premières expositions personnelles d’artistes tels que Fabrice Gygi, Francis Baudevin, Nicolas Fernandez, Alexandre Bianchini, Hervé Graumann et montrer des travaux de John Armleder, Carmen Perrin pour n’en citer que quelques-uns 1989 Production de mes peintures coulées, monochromes et bichromes 1992 Sakö, Basic chanel, Robert Hood, la techno minimal prend beaucoup d'importance dans mes activités, mais aussi la house de Chicago, sous les labels Dancemania, Trax, Relief, avec des producteurs comme Paul Johnson, Dj Funk ou Dj Deeon 1995 Sortie de mon disque BULBS à l’occasion de la foire de Bâle aux éditions Ecart 1999 Premier Wall Painting (Flyer) dans mon exposition personnelle à la galerie Forde à Genève 2005 Création du groupe Femmes Friquées 1974 A Woman Under the Influence, John Cassavetes Marguerite Duras : L’Amant (1984) C’est à travers le film expérimental, la danse contemporaine et la littérature d’avant-garde que je découvre l’art 1980 1983 J’arrête de me refuser à photographier et d’être photographiée. Je prends mes premières photos avec un appareil photo Kellogg’s Cornflakes 1989 Rencontre avec P.C. (1959-1994) 1990 Sigmar Polke : Das photographische Werk à Baden Baden Je publie Selbdritt 1990 Devil Town, Daniel Johnston 1990 1991 It’s Only Art!, Karen Finley 1998 Assistante de Robert Frank Premier livre d’artiste A Part of My Life, Edition Scalo. 1999 J’adore Boris Mikhailov : Unfinished Dissertation et Case History 2000-2002 Réalisation de Standing Still / Travelling Slowly (vidéo) Voyage à travers le monde, deux fois par mois un autre aéroport Animation vidéo sonore 2002 Production de meubles design 1972-1971 What’s wrong with this picture? 1&2, Owen Land 2005 The Flock, Édition Steidl. Un éleveur de pigeons qui vivait sur le toit de ma maison à Brooklyn 2007 Collaboration avec Peter Regli et Dan Perjovschi à Bucarest 2000-2001-2002 House & Garage / Jungle / Mixed Tape, Oliver Payne & Nick Relph 2000 2003 Living a Beautiful Life, Corinna Schnitt “Camera Gun”, Lech Kowalski 2006 No Paraderan, Marco Berrettini / *Melk Prod HOLE, Christoph Büchel 2010 TERESA HUBBARD / ALEXANDRE BIRCHLER ( 1965 / 1962 ) PIPILOTTI RIST ( 1962 ) ANDREAS DOBLER ( 1963 ) BOB GRAMSMA ( 1963 ) MARKUS WETZEL ( 1963 ) 1960 1961 Sergueï Pavlovitch Korolev : …Attention, Attention... man has entered open space «...Yesterday, today and tomorrow» 1970 1963 Je nais l’année où Gyorgy Ligeti joue Poème symphonique pour 100 métronomes «Les dix dates importantes qui vont marquer ma démarche artistique et ma vie sont encore à venir Le petit box de garage de mon père a un énorme impact sur ma perception Paix, sérénité de l’esprit, nuages, sourires, clitoris, sable, arbre, mains, le goûter de 4 heures, silence» Presque tout ce que je construis, découvre ou expérimente est connecté à ce centre de ma jeunesse 1972 Mes parents nous achètent un chien, un Whippet C’est ma première notion d’espace «ambigu» 1974, DÉCEMBRE Décès de mon grand-père 1978 Première expérience d’alcool en sortie de classe à Dijon 1986, 23 JANVIER Décès de Joseph Beuys. Triste hiver à Schaffhouse, la neige couvre le paysage… 1980 1986 – 1987, ÉTÉS Le Nord en été. Je passe deux étés dans une ancienne usine de Norvège septentrionale à pêcher, lire et peindre. Fantastique 1982 Voyage au Maroc 1987 Exposition de mes peintures à la Kunsthalle de Bâle 1989 Achat d’une voiture à Los Angeles 1990, DÉCEMBRE Histoire d’amour à New York 1989 Au port de Papeete, je fais mon premier «mauvais» dessin – Je me mets à penser sérieusement à faire de l’Art 1990 1993 Je produis mes premiers travaux «d’espace vide» 1995 Participation à la comédie Dreamboat Schwamiland avec le cabaret Götterspass à Zurich Voyage au sud de l’Inde en hiver Au-delà de ces dates et des chefs d’œuvres de l’art, les plus grandes inspirations sont les relations et les collaborations avec ma famille, mes amis et l’odeur renversante de ma fille Liv à sa naissance 1996, 11 SEPTEMBRE – 09 OCTOBRE We built the necessary architecture, furniture and art for the situation : un projet en collaboration avec Urs Hartmann au Kunsthof de Zurich 1997, PRINTEMPS Island project : premières idées insulaires lors de ma résidence à Paris où j’ai des désirs d’exil sur une île 2000, PRINTEMPS Subway station : je construis ma première station de métro à Boeblingen, Allemagne, pour la ligne de métro Markus Wetzel ‘en collaboration’ avec Martin Kippenberger 2000 – 2001, HIVER Wildbrook : un projet de film, d’architecture et d’art avec Urs Hartmann au Kunsthof de Zurich 2000 2001, 01 SEPTEMBRE J’arrive à Manhattan pour une année de post-diplôme. 10 jours exactement avant 9 / 11 2004, 29 DÉCEMBRE Love : premier baiser à ma copine 2004 Exposition au Magasin de Grenoble 2005, PRINTEMPS Japon : résidence de 3 mois, je construis une station de métro dans une forêt de bambou 2006, 18 JUIN – 31 AOÛT I’ll be you if you’ll be me : je vis sur une très petite île suédoise inhabitée pour un projet vidéo avec Åsa Elzén 2010
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