correspondances medicales - Editions Médicales Anthroposophiques

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correspondances medicales - Editions Médicales Anthroposophiques
CORRESPONDANCES
MEDICALES
Le fer dans l’ortie, la racine de camomille,
l’anis et la fraise des bois
Thérapeutique avec des préparations
à base de fer
Fer, vin et vinaigre : préparation de Ferrum
sulfuricum silicicum et Ferrum hydroxydatum
Traitement par le fer dans certains
rhumatismes et myopathies
Nicotiana, Dulcamara et Hyoscyamus,
solanacées dans les maladies des voies
respiratoires
Un nouveau métal végétabilisé :
Oenothera Argento culta
Automne - Hiver 2007 / N° 21
Les Correspondances Médicales, réservées au corps médical, paraissent
deux fois par an et sont disponibles sur abonnement. Elles sont adressées
gracieusement sur demande écrite à l’adresse suivante :
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Institut de Formation et d’Edition pour la Médecine Anthroposophique
2, rue du Blochmont 68330 Huningue
Chaque auteur est responsable de ses propres articles. Toute reproduction de
texte doit faire l’objet d’une demande à l’IFEMA.
Dépôt légal : 4ème trimestre 2007
Sommaire
- Editorial ..........................................................................
page
5
- Le fer dans l’ortie, la racine de camomille, les fruits
de l’anis et la fraise des bois
Docteur Willem Daems ..................................................
page
7
- Thérapeutique avec des préparations à base de fer
Docteur Olaf Titze ..........................................................
page 15
- Fer, vin et vinaigre : préparation de Ferrum sulfuricum
silicicum (Kephalodoron®) et Ferrum hydroxydatum
Docteur Wolfram Engel ..................................................
page 23
- Diagnostic cristallographique et traitement par le fer du
rhumatisme et de la myopathie (myasthénie)
Docteur Alla Selawry ......................................................
page 47
- Les Solanacées dans les maladies des voies respiratoires
Nicotiana, Dulcamara et Hyoscyamus du point de vue
pharmaceutique
Docteur Ulrich Meyer ..................................................... page 60
- Oenothera Argento culta
Une nouvelle préparation à base d’un métal végétabilisé
Docteur Joop van Dam ..................................................
page 87
- Oenothera Argento culta
Note à propos d’un nouveau médicament contre la
peau sèche
Docteur Lüder Jachens ..................................................
page 92
Editorial
Chers lecteurs,
L’été semble déjà bien loin. Avec l’automne est revenue la nécessité
de reprendre nos activités avec énergie et de nous défendre contre
les agressions du climat et du stress. Le fer est le métal de l’action :
son utilisation est omniprésente dans les outils et machines de l’âge
industriel. Nous en avons besoin dans notre sang et nos muscles, pour
notre respiration , nos mouvements, notre immunité. Nous lui consacrons
l’essentiel de ce numéro, en abordant en particulier des aspects pratiques, avec deux articles de référence, l’un, classique, d’Alla Selawry et
un autre plus récent d’Olaf Titze. Les aspects pharmaceutiques ne sont
pas oubliés, avec la botanique de plantes liées au fer (Willem Daems),
et un aperçu sur les processus pharmaceutiques de médicaments
anthroposophiques typiques dérivés du fer, par Wolfram Engel.
Nous continuons par ailleurs notre étude des solanacées entamée
dans le précédent numéro, avec un article à la fois fondamental et
pratique d’Ulrich Meyer. Et enfin nous terminons par une petite note
ensoleillée, avec les fleurs lumineuses de l’onagre que l’on voit
s’obstiner au bout de leurs tiges jusqu’à fin octobre, et qui font l’objet
d’une nouvelle préparation de « métal végétabilisé ».
Bonne lecture !
Docteur François Hibou
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Urtica dioïca
Photo J. Abegg
Le fer dans l’ortie, la racine de camomille, les fruits
de l’anis et la fraise des bois *
Docteur Willem Daems
Traduction Laetitia Lescourret
L’étude des substances et, de ce fait, la pharmacognosie et la
pharmacologie, ont connu un approfondissement et un enrichissement
considérables grâce à la science de l’esprit issue de l’anthroposophie.
Celle-ci place au premier plan les phénomènes processuels ainsi que
le chemin menant du spirituel à la substance, aboutissement de cette
matérialisation. Pour la science de l’esprit, les processus et les lois
présidant à cette matière en devenir sont tout aussi importants que les
lois de la substance achevée, telle qu’elle s’offre à nos sens.
Pour l’art pharmaceutique fondé sur les connaissances et l’approche
de la science de l’esprit, il en résulte de nouvelles manières de concevoir le
traitement de la substance. Cela ne signifie pas pour autant que la substance,
la matière en tant que telles soient reléguées à un rôle subalterne. On pourrait
aisément penser que l’enthousiasme déclenché par les nouveaux acquis
aurait fait s’effacer l’intérêt pour la substance elle-même.
Or, lorsque Rudolf Steiner affirme par exemple que l’on trouve
du cuivre dans la mélisse et du fer dans la racine de camomille et les
fruits de l’anis, il a lui-même à cœur que l’on vérifie ces informations,
voire ces prédictions. Ce fut le cas pour l’indication importante1) qu’il livra,
concernant la présence de cyanure dans la queue des comètes - un fait
qui fut ultérieurement confirmé par la spectrographie.
Du temps de Rudolf Steiner, beaucoup de choses étaient encore
inconnues dans le domaine de l’étude des composants minéraux des
plantes. Ainsi par exemple, c’est seulement en 1922 que l’on découvrit
que la mélisse était l’une des plantes médicinales les plus riches en
cuivre parmi 26 étudiées2).
L’étude des substances minérales contenues dans les végétaux
est une branche de la phytochimie. Ces derniers temps, la physiologie
végétale a largement contribué à ce qu’elle appelle la phénoménologie
de l’absorption des ions, mais ses résultats ne sont pas exploités au
*
Texte tiré des Korrespondenzblätter für Ärzte, 50, 1963, 7-13
Willem Daems, Dr. Phil., Pharmacien, a longtemps été actif au sein du Laboratoire Weleda,
Arlesheim (Suisse)
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profit de l’étude des plantes thérapeutiques. Comme on le sait, celle-ci
se base sur des principes actifs définis avec plus ou moins de précision,
à savoir alcaloïdes, glycosides, huiles essentielles, sucres, tanins
etc., représentant des groupes de substances certes importants pour
une étude des plantes médicinales basée sur la science de l’esprit,
mais qui seront toujours examinés dans le cadre de leurs processus
respectifs de formation.
Rudolf Steiner s’est exprimé très clairement à propos des
substances minérales contenues dans les plantes. Répondant à
une question des ouvriers du Goetheanum3), il expliqua pourquoi les
plantes des montagnes étaient de meilleures plantes médicinales que
celles des vallées, en disant que c’était l’intégration des éléments
minéraux, propre à chaque espèce qui faisait de la plante une plante
médicinale. Il choisit comme exemple la fraise des bois, qui sait se
servir d’une façon remarquable du fer présent dans le sol.
La physiologie végétale parle de sélectivité dans l’absorption des ions.
Chaque cellule végétale montre toujours une concentration plus forte
de l’ensemble de ses ions, que celle des ions contenus dans l’espace
entourant la plante. Mais la concentration n’est pas la même pour tous les
ions, la plante opère un choix selon leur nature. La physiologie végétale
n’a aucune explication satisfaisante pour ce phénomène étonnant, cette
dépense d’énergie non négligeable et que l’on peut calculer. L’approche
mécaniste et quantitative ne pourra jamais expliquer complètement un
phénomène auquel participe le vivant, l’action au sein d’une structure de
forces éthériques.
L’essentiel est pour nous que l’on puisse voir dans les cendres le
reflet de la structure de la substance minérale de la plante vivante. Ce
qui compte avant tout, ce sont les proportions des éléments entre eux
bien plus que leur quantité en valeur absolue.
Dans ce contexte, nous devons considérer une indication donnée
par Rudolf Steiner dans un cas pathologique précis4) : il recommandait
que « l’on utilise le fer que l’on obtient lorsqu’on fait une décoction de
racine de camomille. On y trouve du fer avec du soufre, du potassium et
du calcium dans de justes proportions. Dans la racine, il y a du fer »*.
A ce jour, on ne trouve, à notre connaissance, aucune analyse des
cendres de racine de camomille et, bien qu’il n’y ait aucune plante à
fleurs qui ne contienne pas de fer (si l’on en trouve dans les feuilles,
on devrait a fortiori en trouver aussi dans les racines), on peut considérer
*
8
En italique dans l’édition originale du texte de Rudolf Steiner
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comme une belle confirmation de l’affirmation de Rudolf Steiner les
chiffres de nos analyses, soit du même ordre de grandeur que la teneur
en fer des racines d’orties : 661, 890, 930, 940, 1040, 1130, 1281, 1495
mg pour 100 g de cendres.
Il en est de même pour les fruits de l’anis. Comme le dit Rudolf
Steiner5) « on découvrira que l’activité de cette plante est en rapport
avec la présence de fer ou de sels de fer finement disséminés ». A
cette époque, il manquait déjà, comme aujourd’hui encore, l’analyse
des cendres dans la littérature. Dans cinq types de fruits d’anis de
diverses provenances, nous avons respectivement trouvé 870, 920,
1190, 1250 et 1785 mg de fer pour 100 g de cendres.
Aucun chiffre n’est disponible pour la fraise des bois, Fragaria
vesca Linn. Cependant Wehmer6) indique une teneur en fer (sous
forme de Fe2O3) de 0,2% et 0,7% respectivement pour une teneur en
cendres de 0,8% pour des fraises fraîches et 5,53% pour des fraises
séchées de jardin (Fragaria moschata Duchesne).
Concernant le fait que l’on trouve du fer ou des sels de fer dans les
fruits de l’anis, il serait certainement intéressant d’étudier la forme sous
laquelle se présente le fer dans la plante, notamment dans les fruits et les
graines. Il est vraisemblable que le fer est totalement fixé organiquement
dans la plante vivante. Nous n’avons pas non plus pu mettre en évidence
la présence de fer dans le dialysat de feuilles d’ortie broyées.
En tout cas, la plante absorbe le fer sous une forme fixée organiquement, comme l’ont montré des essais sur des cultures tendant
à la chlorose7). Dans cette expérience, il y avait suffisamment de fer
dans le sol, mais les phénomènes de chlorose n’ont disparu qu’après
adjonction d’un chélateur, en l’occurrence de l’acide éthylène-diaminetétraacétique (EDTA). Or l’ensemble des acides aminés et des peptides
sont des chélateurs, si bien que l’on est en droit d’attendre que de tels
essais ouvrent de nouvelles perspectives sur le métabolisme du fer
dans la plante.
Dans la pharmacopée anthroposophique, la plante médicinale à
teneur en fer de loin la plus importante est la grande ortie ou Urtica
dioïca Linn. Rudolf Steiner la présenta aux médecins8) peu de temps
après que la médecine classique eut établi qu’il fallait une dose
moyenne de 200 à 300 mg de fer pour le traitement substitutif du fer
en cas d’anémie hypochrome9).
Dans le premier Cours aux médecins10), Rudolf Steiner avait déjà
fait remarquer que le sang est une substance malade de par sa nature
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L’ortie dioïque (Urtica dioïca) - Photo J. Abegg
Fraise des bois (Fragaria vesca)
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intrinsèque et qui a constamment besoin du fer pour sa guérison. Il
ajoute même : « [le sang] doit sans cesse être guéri par un apport
de fer ». Cette indication semble faire avant tout allusion à un besoin
quantitatif, mais une chose doit être claire dès l’abord : ce besoin ne
saurait être couvert par les 30% de feuilles d’orties fraîches que contient
le médicament Anaemodoron® (en France, préparation : Fragaria
vesca 15 %, Mel 5 %, Urtica dioica 30 %, Excipient q.s.p. 100 %). Nous
savons par contre que le corps assimile, fixe le fer toujours offert en
quantité suffisante par la nourriture. Si l’assimilation est perturbée, le
processus fer de la grande ortie, décrit par Rudolf Steiner, est alors en
mesure d’opérer une véritable guérison.
Cependant, lorsque les pharmaciens lui demandèrent quelle
proportion d’ortie devait contenir cette formule, Rudolf Steiner répondit
« Suffisamment pour mettre le fer en évidence ».
Par nos expériences, nous avons pu définir la teneur en fer de
l’ortie pendant toute la période végétative (d’avril à novembre) entre
autres pour vérifier, si l’on peut déceler un rythme végétatif précis en
ce qui concerne les valeurs du fer. La physiologie végétale connaît
certes le rythme journalier d’absorption des ions - elle a principalement
lieu pendant la période diurne - ; à notre connaissance, les essais sur
un ou plusieurs éléments minéraux d’une espèce végétale, à raison
d’une fois par jour pendant toute la période végétative (pour l’ortie,
nous l’avons fait sur une durée de trois ans) n’ont encore jamais été
réalisés par ailleurs. Nous reviendrons à l’occasion sur ces essais.
Nous disposons entre-temps de données chiffrées relatives à la teneur
en fer de plus de 600 plants d’orties.
D’après le tableau succinct figurant ci-dessous, la teneur en fer dépend
du site - les plantes situées au voisinage des rails du tramway contenaient
plus de cinq fois plus de fer que celles des parcelles expérimentales,
récoltées au même moment - ; de plus, la teneur en fer de l’ortie diminue
au fur et à mesure que l’on monte de la racine vers la fleur.
Ces séries de mesures confirment une fois de plus que les chiffres
résultant d’analyses antérieures sont inutilisables. Ils ne sont pas
faux en soi mais les fortes disparités entre les chiffres fournis par la
littérature (qui peuvent varier dans une fourchette de 1 à 10) ne se
comprennent que si l’on admet que les auteurs n’ont pas tenu compte
des différences entre les sites, ni des fluctuations en cours d’année
ou de journée. Même deux plans poussant côte à côte peuvent faire
apparaître des différences allant jusqu’à 40 %.
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URTICA DIOICA : TENEURS EN FER (a)
Fe dans les
cendres
en mg %
Jardin Weleda
1960-1961
Feuilles
Racines
Tige
Fleurs
Parcelles
expérimentales
1962
Parcelles I à V (c)
Parcelles VI (d)
Berges de la Birs
1962
Feuilles
Racines
Poids sec
en %
Teneur en
cendres en %
du poids sec
260 (49-574) (b)
915
128
117
21,25 (15,23-32,83) 18,13 (14,1-28,4)
17,0
6,6
16,8
9,0
17,4
10,8
335 (95-569)
255 (113-471)
23,18 (15,90-30,90) 18,77 (15,3-24,5)
28,36 (23,90-31,50) 19,87 (13,9-30,3)
260 (50-948)
902 (3301485)
28,8 (23,10-33,70)
35,5 (19,70-42,70)
16,96 (13,2-22,6)
5,49 (3,54-10,00)
24,2
32,0
15,7
3,9
6,5
Reinach (forêt)
26.6.1961
Feuilles
Racines
Tige
212
373
106
Feuilles provenant de
différents sites
15-9-1961
Jardin Weleda
Siegen (Westphalie)
Prairies (Grisons)
Rails du tram (Arlesheim)
182
239
175
1055 !
(a) Mesures photométriques des ions de fer (II) par le biais d’un chélat de phénanthroline
(b) Les chiffres sont des valeurs moyennes avec, entre parenthèses, le minimum et le maximum
de la série analysée
(c) Parcelles I à V : d’avril à novembre, les plantes ont été coupées de façon à toujours être
âgées de 5 semaines au moment de leur récolte, en vue d’en déterminer la teneur en fer
(d) Parcelle VI : les plantes ont suivi une croissance naturelle
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Au cours de nos analyses, qui s’étendent à ce jour sur 3 ans,
nous avons trouvé que les orties du printemps (avril) et de l’automne
(septembre) affichent de très fortes teneurs en fer, alors que l’été
marque un creux. Les valeurs élevées ont un caractère absolu car elles
ne dépendent ni de l’humidité ni de la teneur en cendres. Les teneurs
en fer constatées ne valent que pour les sites mentionnés. Mais on peut
dire que, pour prendre un exemple de calcul, on peut retenir l’hypothèse
de 0,5 % de fer dans les cendres, pour une teneur en cendres d’environ
20 % et un poids sec d’environ 20 % également. Cela signifie donc que
l’on peut supposer que 100 g de feuilles d’orties fraîches contiennent 20
mg de fer (100 x 0,2 x 0,2 x 0,005). Théoriquement, 100 g de Fragaria
vesca 15 %, Mel 5 %, Urtica dioica 30 %, Excipient q.s.p. 100 % devraient
donc contenir 2 mg de fer (20 x 1/3 x 0,3). La quantité est certainement
encore inférieure, car la quantité de fer contenue dans l’ortie utilisée
ne peut pas se retrouver en totalité dans les cendres. Il est clair en
tout cas que la quantité de fer contenue dans ce médicament (s’y
ajoute encore un apport de la fraise des bois) ne joue absolument
aucun rôle dans le traitement de l’anémie. L’efficacité ne peut venir
que du processus fer.
Dans le passé, le traitement des hémorragies à l’aide de
préparations à base d’orties partait du même principe. Dans les
anciennes pharmacopées, on trouve de nombreuses préparations
telles que les liquor haemostaticus, emulsio haemostatica, epithema
ad hemorragiam etc., qui étaient préparées à base de feuilles, de
racines ou de fleurs d’orties.
Déjà, Galien faisait préparer des jus pressés d’orties en cas d’hémorragies, et Pline recommandait de priser de la poudre de racine d’ortie en
cas d’épistaxis.
De nos jours, on connaît peut-être encore la liquor stypticus,
une solution de chlorure ferrique à 10 %. Son action hémostatique
est bien supérieure à l’effet astringent des solutions à base de sels
métalliques. Pourtant, les préparations à base d’orties engendrent un
caillot11), mou, cohérent, non friable. Devant les chiffres fournis par
les analyses, force est de constater que l’action hémostatique des
préparations à base d’orties ne se comprend que grâce au processus
fer dans ces plantes et non grâce à leur teneur en fer.
Mentionnons pour finir le travail de synthèse de Walter Bopp12), sur
le fer et l’anémie, qui étudie particulièrement la préparation Fragaria
vesca 15 %, Mel 5 %, Urtica dioica 30 %, Excipient q.s.p. 100 %.■
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Bibliographie et notes
1)
Rudolf Steiner : L’ésotérisme chrétien - Esquisse d’une cosmogonie
psychologique, 18 Conférences en mai-juin 1906 à Paris, Triades,
1957 GA 94
2)
Prof. Dr. Anna Koffler, (Ada-University, Ohio), études des oligoéléments de 26 plantes médicinales (manuscrit de 1962)
3)
Rudolf Steiner : Conférence aux ouvriers du Goetheanum, Dornach,
9 septembre 1924 in Die Schöpfung der Welt und des Menschen GA
354 (non traduit)
4)
Rudolf Steiner : Conseils avec les professeurs de l’école Waldorf de
Stuttgart, 28 octobre 1922 in Konferenzen mit den Lehrern der Freien
Waldorfschule 1919-1924 GA 300/b (non traduit)
5)
Rudolf Steiner : Médecine et science spirituelle,; 10ème conférence,
Editions Anthroposophiques Romandes, 1978, GA 312
6)
C. Wehmer : Die Pflanzenstoffe, Volume I (Iéna 1929), p. 452
7)
Communication du Dr. I. de Haan, Labo. de physiologie végétale,
Wageningen (Hollande)
8)
Rudolf Steiner : Physiologie et thérapie 4ème conférence du 28 octobre
1922, Editions Anthroposophiques Romandes, 1986, GA 314
9)
A. Adler : Eisen. Schw. Med. Wschr. 50 (1920), p. 51 et 663. Confirmé
par E. Meulengracht, Eisen. Acta med. scan. 58 (1923), p. 594
10)
Rudolf Steiner : Médecine et science spirituelle, 3ème conférence,
Editions Anthroposophiques Romandes, 1978, GA 312
11)
W. Ripperger : Grundlagen zur praktischen Pflanzenheilkunde
(Stuttgart-Leipzig, 1937). Il recommande en outre des infusions
dont le principal élément est l’ortie, en cas d’hémorragies d’origine
gynécologique durant la ménopause.
12)
Walter Bopp : Eisen und Anämie, dans la série Menschenwesen
und Heilkunst 3, édité par l’association des médecins d’orientation
anthroposophique de Stuttgart, 1962
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Thérapeutique avec des préparations à base de fer *
Docteur Olaf Titze
Traduction Laetitia Lescourret
Deux processus élémentaires opposés sont à l’œuvre dans
l’organisme humain : le premier a trait aux informations et au traitement
de ces informations. C’est grâce à lui que sont créées les structures
qui formeront l’architecture de l’ensemble de l’organisme, c’est un
courant qui, d’une certaine manière, parcourt l’être humain de haut
en bas, et même pourrait-on dire, de l’extérieur vers l’intérieur. En
polarité avec celui-ci, le processus élémentaire du métabolisme agit
du bas vers le haut ou, autrement dit, du centre vers la périphérie.
Alors que ce qui a trait à l’information tend toujours au repos, à
la forme et à la structure, ce qui est d’origine métabolique vit dans
le changement et la métamorphose. Il en résulte une construction et
une déconstruction permanente des substances, qui se manifestent
par des processus cycliques continus, c’est-à-dire que les produits
de déconstruction sont généralement réutilisés et, dans une moindre
mesure, éliminés. Il faut de l’énergie pour maintenir l’activité de
ces processus en circuit fermé. Ces deux processus élémentaires
déploient une activité relativement intense pendant le développement
de l’enfant. Un troisième processus élémentaire, le « système
rythmique » maintient constamment l’équilibre entre eux.
Dans la phase sensorimotrice du développement, c’est avant tout
le système neurosensoriel qui prévaut, tandis que la coordination des
mouvements, par exemple, ne se développe qu’après la maturation des
fonctions sensorielles. Ainsi, le réchauffement qui viendra par la suite
du métabolisme et des membres, descend tout d’abord de la tête.
Dans cette phase, le Moi vit encore totalement dans la périphérie
et crée dans le système neuro-sensoriel un reflet ou une empreinte
à partir des impressions sensorielles qu’il a assimilées. Même la
force de verticalisation est d’abord quelque chose qui est fortement
influencé par le milieu. Le petit enfant qui grandit parmi les loups ne
se redresse pas.
Avec la deuxième dentition, le processus change de sens. La force de
verticalisation pénètre à l’intérieur et agit de bas en haut, du système
*
Article tiré du Merkurstab, 57. Jahrgang, Heft 4, 2004, p. 298-301
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métabolique et moteur en direction du système neurosensoriel.
Si cette inversion de sens de la polarité ne se fait pas correctement,
autrement dit si le courant des forces circulant de haut en bas continue de
prédominer, cela se traduira par des pieds et des mains froides ou par de
la fatigue en montant les escaliers (symptômes de la chlorose = anémie
des jeunes filles carencées en fer). Du point de vue de la science de
l’esprit, les résistances à cette inversion polaire autour de l’âge de 9 ans
reposent sur le fait que le Moi, contrairement au corps astral, ne se lie
pas assez intensément au corps physique vitalisé. La symptomatique en
résultant a été fort bien décrite par Michael Stellmann et Georg Soldner
dans la revue Merkurstab (8). Je reviendrai sur ce point dans le cadre de
l’indication thérapeutique de certaines préparations à base de fer.
Le Moi se confronte aux forces étrangères des substances venant
de l’extérieur. L’un des phénomènes annexes de cette emprise du Moi
sur les forces matérielles exogènes est le goût, et tout ce qui se rattache
à ce phénomène gustatif, sous forme de sécrétions et d’excrétions par
les différentes glandes digestives. Leur but est en effet de dégrader au
maximum les propriétés des substances exogènes. Après résorption
des substances par la paroi intestinale, ce processus se poursuit
jusque dans l’activité du système immunitaire. Les défenses humorales
ainsi que cellulaires contre les éléments étrangers se trouvant dans le
sang sont liées aux protéines (globulines) ainsi qu’aux globules blancs
(leucocytes) du sang. Ces défenses servent au maintien de l’individualité
sur le plan corporel. Elles constituent une enveloppe matérielle fermée,
protégeant l’entité individuelle contre le monde extérieur. L’activité du
Moi et du corps astral à l’origine de ces phénomènes se joue dans
le sang, bien en deçà de la surface de la conscience et ne nécessite
aucune intervention de la volonté.
Par contre, pour communiquer avec ses semblables ou tout
simplement avec son milieu, l’être humain a justement besoin de cette
activité volontaire, d’une part dans le processus de perception (qui
transforme par exemple la vue en observation) et d’autre part dans
l’activité physique. Pour pouvoir faire quelque chose dans le monde,
la réflexion ne suffit pas : il faut une action consciente et responsable.
L’être humain en porte le remède dans ses globules rouges. C’est le fer.
Le fer est en effet l’élément régulateur de la relation entre les éléments
constitutifs supérieurs (Moi et corps astral ou psychique) et inférieurs
(corps physique et corps éthérique ou corps de vie).
Pour pouvoir comprendre un peu la nature du fer dans son rapport
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avec l’organisme humain, considérons tout d’abord la respiration. La
respiration est, en miniature, l’image des rythmes nettement plus
amples de la vie et de la mort ainsi que de la veille et du sommeil. Dans
la naissance comme dans l’éveil (mais d’une façon un peu différente)
le complexe psycho-spirituel de l’être humain se lie assez intensément
avec son complexe physique-éthérique. Il en va autrement dans la
respiration : dans l’inspiration la fixation de l’oxygène est si labile que
l’oxygène absorbé par les tissus peut être restitué. La régénération de
l’ensemble des tissus et le métabolisme énergétique reposent donc
sur une liaison très ténue de l’élément psycho-spirituel de l’homme
avec son corps, grâce au fer.
Sur la base de ces considérations, deux processus pathologiques
différents sont envisageables : soit l’individualité humaine se lie trop peu
avec le substrat corporel de la volonté. Soit elle se lie trop intensément avec
le physique-corporel. Si l’on s’en tient au domaine fonctionnel, le résultat est
similaire dans les deux cas, mis à part quelques différences, naturellement.
Les traits communs sont cependant le fait de ne pas pouvoir dominer au
moins les fonctions physiques conscientes telle que la perception et une
pensée conscientes ou encore une action décidée et responsable.
Pendant la période autour de la 9ème année, où a lieu cette inversion
du sens de la polarité, au cours de laquelle l’activité du Moi, qui
laissait son empreinte dans le système neuro-sensoriel, se confronte
désormais aux forces terrestres dans le système métabolique et moteur,
différents symptômes physiques surgissent chez l’enfant ; ils sont en
majeure partie de nature purement fonctionnelle, abstraction faite de
l’anémie hypochrome (« chlorose » des jeunes filles). La rencontre
avec la pesanteur implique désormais la maîtrise des membres et
l’intériorisation de la verticalité. Ce qui auparavant était uniquement
imitation de l’entourage humain qui vit debout, doit désormais devenir une
impulsion volontaire intériorisée. De la même manière, la dégradation
progressive, mécanique et chimique, des aliments demande une forte
intervention de l’organisation du Moi. Si une faiblesse subsiste de ce
côté, il en résulte des maux de ventre, des nausées après les repas, des
intolérances à certains aliments et du météorisme. Michael Stellmann
et Georg Soldner décrivent d’autres troubles fonctionnels tels que les
troubles circulatoires labiles et hypotoniques avec mains et pieds froids
et humides, ou une hypotension orthostatique ou encore une anémie par
carence en fer avec fatigue, troubles du réveil et de l’endormissement
et asthénie frappante (cf. entre autres la chlorose des jeunes filles).
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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Un autre trouble fonctionnel peut survenir ; il concerne cette fois-ci la
respiration, le patient se plaignant d’avoir le souffle court lorsqu’il monte
les escaliers.
Enfin, pendant cette période du développement de l’enfant, on
note des céphalées liées au stress et une baisse de l’attention et de
la concentration.
Les parents qui accompagnent leur enfant à la consultation
mentionnent fréquemment une mauvaise mémoire, allant de pair avec
un sens de l’observation déficient. La recherche des clés de la maison,
des livres scolaires, des chaussures de gymnastique égarées, etc.
pose beaucoup de problèmes à l’enfant.
Dans son cycle de conférences Thérapeutique et science
spirituelle(1), pour « l’insertion du Moi » dans l’organisme humain à
partir du système métabolique et moteur, Rudolf Steiner préconise,
outre des mesures pédagogiques, un soutien par des composés du
fer à « forte influence minérale-saline ».
• Concrètement sont recommandés, le carbonate de fer (sidérite)
pour le système métabolique,
• Ferrum muriaticum (Ferrum sesquichloratum) pour la circulation
et, pour la respiration, un acide d’origine végétale (par exemple
Ferrum citricum)
• Et pour la tête, le métal pur (Ferrum sidereum).
En observant la fabrication du fer martelé, qui fait jaillir de
minuscules paillettes lorsqu’on le forge à l’état incandescent, j’ai pensé
à Ferrum ustum pour une meilleure maîtrise du système moteur et au
silicate de fer (nontronite) pour soutenir le sens de l’observation.
Dans la pratique, voici comment je procède généralement :
lors de l’apparition de tout ou partie des symptômes à ce stade du
développement, à partir de la 9ème année, je prévois l’accompagnement
thérapeutique suivant sur une période de six mois (Tableau 1).
1er mois
18
Ferrum ustum D6
1 mesurette 3 fois par jour
2ème mois
Sidérite D6
1 mesurette 3 fois par jour
3ème mois
Ferrum sesquichlorat. D6
10 gouttes 3 fois par jour
4ème mois
Ferrum citricum D12
10 gouttes 3 fois par jour
5ème mois
Ferrum sidereum D20
1 comprimé le matin
6ème mois
Nontronite D20
1 mesurette 2 fois par jour
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
A l’âge adulte, survient chez l’être humain une autre situation,
qui fait déjà figure aujourd’hui de maladie du siècle, à savoir que
« le corps astral et l’organisation du Moi ont tendance à s’engloutir
trop profondément dans les corps physique et éthérique »(2). Rudolf
Steiner appelle cela la « maladie de vouloir se reposer » qui, sur le
plan physiologique, fait l’objet d’une guérison permanente grâce au
fer contenu dans le sang (fer sérique). La recherche du confort et
la tendance à s’en remettre aux autres au lieu de passer soi-même
à l’action, sont largement répandues dans notre siècle. Mais cet
état ne se limite généralement pas au niveau psychique, il entraîne
progressivement des accès pathologiques et une fixation au niveau
organique, indépendamment de la volonté. Dans ce contexte, une
thérapie martiale a donc pour but de dénouer le lien trop intense
de l’organisation du Moi et du corps astral avec les corps physique
et éthérique. Nous avons déjà mentionné cette faculté du fer, à
propos du lien plus lâche des gaz de la respiration avec le fer de
l’hémoglobine, fixé dans l’organisme. Il n’est donc pas étonnant que
dans les tendances pathologiques et les maladies résultant de cette
trop grande emprise du complexe supérieur en l’homme, les voies
respiratoires soient facilement touchées, comme c’est le cas dans les
infections grippales, laryngite, trachéite, bronchite et pneumonie.
Il est intéressant de noter qu’une infection se produit avant tout
lorsque, à la suite d’un épuisement ou d’une inertie physique ou
spirituelle, les comportements de la petite enfance, tels que l’imitation,
refont surface. Dans ce cas, l’attention doit surtout porter sur l’imitation
de la voix enrouée d’une personne grippée ou le fait de « parler du
nez » plutôt que sur le contact avec de soi-disant agents pathogènes.
De même, les migraines de week-end ou de détente vont toutes
deux dans le sens de « la maladie de vouloir se reposer ». Dans les
maladies inflammatoires et dégénératives du système nerveux, une
liaison trop forte de l’organisation du Moi et du corps astral avec les
corps physique et éthérique entraîne une dangereuse dégradation des
cellules nerveuses et sensorielles, qui peut aboutir à des paralysies
ou à la cécité.
De même que les préparations sous forme de sels de fer favorisent
« l’insertion du Moi » dans les corps physique et éthérique, les
composés à base de fer et du principe sulfurique (au sens alchimique)
atténuent une trop forte imprégnation des corps physique et éthérique
par le Moi et le corps astral ».
Correspondances médicales
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La migraine, comprise comme une réaction inflammatoire ou
un processus métabolique déplacé au niveau du système nerveux
central, demande donc à être traitée avec Ferrum sulfuricum tel que
proposé dans le médicament Ferrum sulfuricum silicicum et l’infection
grippale et ses complications pulmonaires seront traitées par Ferrum
phosphoricum.
La trachéite et la bronchite peuvent être traitées par du sulfure de
fer, au mieux sous forme d’Anis-Pyrite. Pour le traitement d’affections
inflammatoires du système nerveux médullaire, comme la poliomyélite
par exemple, on fera appel à l’arséniate de fer sous la forme de Scorodite
et pour la dégénérescence maculaire, on aura recours à Chrysolithe,
un composé de magnésium et de fer. Les formes d’administration et
les posologies ont été confirmées par la pratique (Tableau 2).
Composés à base de fer, destinés à relâcher une trop forte emprise
du Moi et du corps astral sur les corps éthérique et physique
1. Tendance à l’évanouissement et aux malaises cérébraux chez les
hypotendus : Ferrum hydroxydatum 50% 1 mesurette 3 fois par jour
2. Traitement longue durée des migraines : Ferrum sulfuricum silicicum
1 comprimé 3 fois par jour
3. Infections grippales et leurs complications : Ferrum phos. comp.
granules et Ferrum phos. D6 ou D8 injections s.c.
4. Trachéite ou bronchite : Anis-Pyrite D3 toutes les 2 heures, avec
compresses chaudes de pommade Eucalyptus comp.
5. Poliomyélite : Scorodite D30 en combinaison avec des compresses
chaudes de carbonate de sodium (cristaux de soude) sous la colonne
vertébrale
6. Dégénérescence maculaire : Chrysolithe D30 trit. et ampoules buv.
éventuellement avec préparations à base d’organes (sous contrôle
ophtalmologique)
La préparation Ferrum hydroxydatum est fabriquée de la manière
suivante : on verse du vinaigre de vin sur de la poudre de fer et on
laisse macérer le tout un certain temps à 37°. Toutefois, cela n’entraîne
pas une métamorphose complète du métal et on obtient finalement un
20
Correspondances médicales
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mélange de métal et d’hydroxyde de fer. L’acide a pour but de stimuler
le corps astral ; ensuite on rince à l’eau jusqu’à disparition totale du
goût acide*.
Le but thérapeutique est de relâcher l’emprise trop forte du corps
astral sur l’éthérique. Comme dans une sorte de processus modèle, la
liaison de l’acide avec le métal est amorcée puis stoppée par un rinçage
abondant à l’eau, apparentée à l’éthérique (Ferr. acetic. se transforme
en Ferr. hydrox.). En osant présenter ici face à face les préparations
à base de fer favorisant respectivement incarnation et excarnation,
j’admets volontiers que l’on puisse contester mes affirmations. Je
m’appuie cependant sur une longue pratique thérapeutique qui
confirme les théories avancées ici.
Correspondance des préparations à base de fer favorisant l’incarnation
et celles favorisant l’excarnation dans l’image du « huit harmonieux »
Pôle neuro-sensoriel, respiration
Nontronite
Chrysolithe
Ferrum sidereum
Scorodite
Ferrum citricum
Anis-Pyrite
Ferrum sesquichlorat.
Ferrum phos.
Sidérite
Ferrum sulf.
Ferrum ustum
Ferrum hydrox.
Pôle métabolique et moteur
Cette courbe également appelée « huit harmonieux » met en
évidence une symétrie : l’un des côtés part de l’inspiration qui introduit
le psycho-spirituel dans le corps, l’autre côté part de l’expiration qui
libère de ce corps le psycho-spirituel à l’état naissant(7). Les deux
branches se rejoignent et s’interpénètrent en un point dont on peut
penser qu’il correspond au processus de la formation biliaire(6). La
formation de la bile commence dans les canalicules biliaires entre les
*
Pour les détails du procédé, voir l’article de W. Engel dans ce mêm numéro - NdlR
Correspondances médicales
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cellules hépatiques. Puis le flux biliaire pénètre dans le lobe hépatique
en allant du centre vers la périphérie(7). La direction prise par le
courant d’oxygène destiné à l’incarnation et par le sang artériel venant
des poumons et du cœur pour être finalement dégradé dans la rate,
s’inverse donc dans le processus de formation biliaire, de même que
dans la transformation du sang artériel en sang veineux.
Tandis que le courant de l’inspiration fait pénétrer dans l’organisme
les forces formatrices mais aussi génératrices de conscience, le courant
centrifuge est à l’origine des forces désorganisatrices, génératrices de
chaleur et porteuses de la volonté humaine.■
Olaf Titze, Docteur en Médecine générale
Blumhardtweg 4/3
D - 73087 Boll
Références bibliographiques
1. Steiner R. Thérapeutique et science spirituelle 4ème conférence GA 313,
Editions Anthroposophiques Romandes, Genève 1980
2. Steiner R. Médicament et médecine à l’image de l’homme 9ème conférence
GA 319, Editions Anthroposophiques Romandes, Genève 1988
3. Steiner R. Médecine et science spirituelle 3ème conférence GA 312,
Editions Anthroposophiques Romandes, Genève 1978
4. Steiner R. - Wegman I. Données de base pour un élargissement de l’art
de guérir chapitres 7 et 20 GA 27, Editions Triades, Paris 1985
5. Begemann, Harwarth, Praktische Hämatologie, Thieme Verlag p. 59
6. Steiner R. Physiologie occulte 8ème conférence GA 128, Editions
Anthroposophiques Romandes, Genève 1978
7. Rohen, J.W. Morphologie des menschlichen Organismus Verlag Freies
Geistesleben 2000 p.144
8. Stellmann H.M., Soldner G., Merkurstab 1/04 p. 28 à 32
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Correspondances médicales
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Fer, vin et vinaigre : préparation de Ferrum
sulfuricum silicicum (Kephalodoron®) et
Ferrum hydroxydatum *
Docteur Wolfram Engel
Traduction Laetitia Lescourret
1. Introduction
A la question « Qu’est-ce qu’un médicament ? », le grand Paracelse**
donnait une réponse concise : « Ce que la nature propose et que
l’homme, par l’intelligence, amène à son terme. »
Tout ou presque est déjà dit et la voie vivement recommandée à l’être
humain, toujours en quête de connaissances, pour la fabrication des
médicaments est celle d’une recherche honnête d’harmonie avec la
nature. L’idée centrale transparaît aussi, invitant à considérer comme
un tout interdépendant, une approche pleine d’amour des créatures
de la nature, le travail au perfectionnement de l’œuvre terrestre et la
préparation des médicaments pour l’être humain. Avant Paracelse,
nombreux sont ceux qui ont emprunté ce chemin de connaissance
fondé sur l’amour ; au début du 20ème siècle, Rudolf Steiner, de par sa
coopération avec le corps médical, l’a animé d’une nouvelle vie grâce
à une vision moderne et exhaustive. Les résultats de ses recherches
en matière de fabrication de médicaments nous sont accessibles
grâce aux écrits de Ludwig Noll, Oskar Schmiedel ou d’autres ; il
existe également des notes manuscrites de Rudolf Steiner lui-même.
On trouve sur l’une de ces notes les indications relatives à la fabrication
de deux préparations contenant du fer, qui sont aujourd’hui connues
sous le nom de Kephalodoron® (ou Ferrum-Quarz) en Allemagne,
Ferrum sulfuricum silicicum en France et Biodoron® en Suisse, d’une
part, et Ferrum hydroxydatum d’autre part, qui sont disponibles en
différentes hauteurs de dynamisation et formes galéniques***. Mais dans
la pratique médicale, il semble que ces préparations soient inégalement
*
Ancienne appellation : Ferrum cum Aceto praeparatum
Cet article est tiré d’une conférence donnée, par l’auteur le 8 avril 2005 à Kassel, à l’occasion
de la session de Pâques de l’Association médicale anthroposophique en Allemagne, parue
dans le Merkurstab, Heft 2, 2006, p. 154-162
** Theophrastus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse ; 1493-1541
*** Se reporter au répertoire des médicaments Weleda du pays considéré
Correspondances médicales
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connues. Ferrum sulfuricum silicicum est maintes fois mentionné dans
l’ensemble des œuvres de Rudolf Steiner. D’innombrables publications
sont parues, dont une monographie sous forme de livre(1). Peu de choses
ont été publiées à ce jour au sujet de Ferrum hydroxydatum(2). En aidant
à mieux comprendre l’importance longtemps sous-estimée de Ferrum
hydroxydatum, cet article entend lui redonner sa vraie place sur le plan
thérapeutique. C’est pourquoi les substances et procédés de fabrication
utilisés pour les deux médicaments seront décrits au cours de cet article.
Le but est d’essayer de formuler les principes et les idées qui ont donné
naissance à ces préparations. Jetons tout d’abord un coup d’œil sur le fer.
Nous vivons sur une « Terre de silice et de fer »
L’écorce terrestre a fait l’objet d’études très précises en d’innombrables
lieux, que ce soit pour sa pétrographie ou sa composition chimique,
c’est-à-dire sa géochimie. Dans l’ensemble, la grande majorité de
ses roches est de nature siliceuse, les sous-sols calcaires constituant
moins de 3%. Des extrapolations indiquent une teneur moyenne en
poids atomiques de 47% d’ oxygène, 28% de silicium, 8% d’aluminium,
5% de fer et 3 à 4% de calcium*, (suivi du sodium, du potassium et du
magnésium).
Le fer est donc le quatrième élément le plus répandu et tient une place
non négligeable dans la constitution matérielle de l’écorce terrestre !
Selon toute vraisemblance, le noyau de la Terre est fait de fer solide (fernickel), entouré d’une couche « en rotation » de fer fondu (fer-nickel),
qui produisent le champ magnétique terrestre. Mathématiquement, il
en résulterait pour l’ensemble de notre globe une teneur moyenne en
fer de 35% ! Notre planète paraît être saturée de fer.
Même si nous ne pouvons nous attarder ici sur la question de la
véritable nature du fer et de son origine, j’aimerais au moins souligner les
multiples formes que prennent les minéraux du fer. Les sulfures, oxydes,
carbonates, hydroxydes, phosphates, silicates de fer, etc. que nous
rencontrons aujourd’hui nous laissent deviner les traces de l’intervention
et de la matérialisation des forces cosmiques du fer sur terre, à une phase
antérieure de la vie de notre planète. Rudolf Steiner décrit en images
grandioses la naissance des métaux provenant du cosmos et se liant
à la Terre(3). Les métalloïdes que nous désignons aujourd’hui sous le
nom de soufre (dans la pyrite), d’oxygène (dans l’hématite), de carbone
(dans la sidérite), d’hydrogène (dans la goethite) etc., peuvent tout à fait
*
24
La majeure partie du calcium se trouve dans les silicates de calcium
Correspondances médicales
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être conçus comme les résidus de l’« atmosphère albumineuse » qui
régnait à l’époque lémurienne, selon sa description.
Le fer est l’unique métal qui s’intègre délibérément aux conditions
terrestres (désintégration par l’air et l’eau en substrats et sédiments).
Il en résulte de multiples couleurs !
Nous portons du fer en nous
Le corps d’un adulte a besoin d’environ 3 à 5 grammes de fer. C’est
beaucoup pour un métal, mais ramené au poids du corps, cela ne
représente que 0,005% soit environ un millième par rapport au 5% de
fer dans l’écorce terrestre*. Mais ce fer est lié à des protéines d’une
grande importance sur le plan fonctionnel, disponible et mobilisable à
tout moment, il intervient au niveau processuel ; il se trouve donc en
permanence « dans le circuit » – dans tous les sens de l’expression !
Nous avons besoin de fer pour nous délimiter par rapport au monde.
Le fer est indispensable à la respiration (transport de l’oxygène dans
le sang) et à la production d’énergie (fer des cytochromes de la
chaîne respiratoire). Il sert ainsi à l’élaboration de la chaleur physique
endogène de 37°C, fondement essentiel de l’activité du Moi dans le
sang (chaleur de l’âme) et joue également un rôle dans les défenses
immunitaires. Lorsque le sang a été libéré du fer au cours de la
destruction de l’hémoglobine, il vient s’opposer sous forme de liquide
biliaire au flux nutritionnel venant de l’extérieur.
Nous avons aussi besoin de fer pour nous lier au monde.
Au cours de la respiration, le fer contenu dans le sang permet aussi la
restitution du dioxyde de carbone. C’est un processus fer qui permet
la formation de la parole au niveau du larynx.
Nous nous entourons de fer
L’homme se sert du fer extrait de la Terre ; il le fond (traitement
métallurgique en haut fourneau), le façonne et lui donne forme.
Presque tout le monde s’entoure de toutes sortes d’objets en fer : ceux
de la vie quotidienne, les moyens de déplacement (chemins de fer,
autos, ponts), les machines de production entre autres, ce qui signifie
que le fer peut remplacer la force musculaire humaine. Actuellement,
*
Pour le phosphore, c’est l’inverse : comparée à la nature extra-humaine, la proportion de
phosphore (phosphate) dans l’être humain est multipliée d’un facteur 100 ! Cependant, une
grande partie du phosphore contenu dans le corps se trouve sous forme de phosphate de
calcium dans les os.
Correspondances médicales
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l’humanité utilise environ 800 millions de tonnes d’acier par an – cette
quantité dépasse l’imagination.
Le fer dans le cosmos
Une qualité du fer très subtile mais tout à fait essentielle pour l’être
humain est transmise par l’atmosphère. Lorsque les météorites y
pénètrent, celles-ci deviennent incandescentes et en grande partie
se dissolvent en fines vapeurs de fer qui nous entourent et que nous
respirons (sans le savoir). Seule une infime partie des météorites de
fer s’écrase à la surface de la Terre sous forme de « blocs » massifs.
Ce fer a une place particulière dans la fabrication des médicaments
(Ferrum sidereum).
De plus, dans l’univers, la planète Mars est maître de la dynamique
des forces du fer. En effet, on a mis en évidence que la « planète
rouge » contient une forte teneur en fer. Les premiers centimètres de
sa surface contiennent d’ailleurs nettement plus de fer (sous forme
d’oxyde de fer fortement coloré, d’un rouge–rouille) que les roches
proprement dites de Mars. On suppose qu’une poussière cosmique
contenant du fer s’est accumulée pendant des millions d’années sur
le sol de Mars(4).
2. Le fer et l’imagination de Michael
La « sentence » de Rudolf Steiner tirée de l’Imagination de Michael
est comme un appel à l’humanité actuelle, pour qu’elle ouvre les yeux
et se secoue, afin non seulement d’être à l’affût des nombreuses
traces matérielles du fer, mais aussi d’essayer de reconnaître et de
comprendre la réalité de la dimension spirituelle cachée de ce métal.
« Ô Homme
Tu le forges à ton service
Tu fais apparaître sa valeur matérielle
Dans nombre de tes œuvres.
Mais il ne t’apportera le salut
Que lorsqu’à toi se révèlera
La haute puissance de l’esprit qui l’habite(5). »
L’homme met le fer à son service, il s’entoure en toute circonstance
d’ouvrages en fer (machines industrielles, architecture, art, guerre). Il
26
Correspondances médicales
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existe plus de 1000 ( ! ) types d’acier différents (alliages de fer) en usage
actuellement. Le fer est le seul métal à modifier aussi profondément
ses propriétés lorsqu’on lui ajoute d’autres éléments. C’est là la valeur
matérielle du fer. Il accepte cette utilisation et cette diversification, c’est
à croire qu’il les incite même! La volonté humaine se réduit à la pression
d’un bouton sur une machine.
Les quatre premières lignes de la formule de R. Steiner, introduites
par l’adresse en forme de supplique « Ô Homme » soulignent le
côté unilatéral et superficiel de notre relation avec le fer. Ensuite suit
l’invitation encourageante à découvrir le salut qui peut émaner des
forces dispensées par ce métal.
Outre le fait essentiel que le fer est un remède « naturel » dont notre
sang a besoin en permanence(6) et qu’il est le seul métal lourd à être
toléré en concentration pondérable dans notre organisme, il est permis
de penser, dans le contexte thérapeutique, aux nombreuses substances
pharmaceutiques créées en laboratoire grâce aux métamorphoses du fer.
Le texte de Steiner dirige notre regard sur l’aspect spirituel des forces du
fer, sur sa « puissance » qui, quelle que soit la manière dont on l’interprète,
n’aura certainement rien à voir avec la puissance guerrière et martiale, ce
qui est visé ce sont certaines forces curatives du fer pour l’ensemble de
l’humanité et qu’il s’agit de percevoir. Quelque chose de latent cherche à
se révéler et sera révélé.
Dans ce contexte, nous pensons à l’épée de feu de Michael combattant
le dragon de soufre, symbole de la lutte pour le « progrès de la Terre »
et le « progrès de l’homme », tant désiré. Au plan substantiel, nous
pensons au fer météorique venu du cosmos, qui se condense et
devient matière, s’enfonçant dans la terre de façon inattendue dans
un fracas de tonnerre.
Dans le cours de l’année, cela correspond à l’atmosphère de la St Michel.
Nous verrons plus loin quelle est la relation du fer avec la Passion et
avec Pâques.
3. Fabrication de Ferrum hydroxydatum*
On verse du vinaigre de vin rouge sur Ferrum (metallicum) reductum,
un fer spécial (voir ci-dessous), et on laisse le tout macérer pendant
deux semaines à 37 °C (ce qui correspond à la température moyenne
*
Ancienne appellation : « Ferrum cum Aceto praeparatum »
Correspondances médicales
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du sang humain). On réalise ainsi une digestion du fer dans du vinaigre
de vin, ce qui donne lieu à d’intéressantes odeurs et changements
de couleur du vinaigre. La solution est ensuite décantée et le résidu
de « fer » est rincé à l’eau. Pendant que l’eau s’évapore à l’air libre,
il se produit une réaction étonnante. Un processus s’amorce qui,
la première fois, peut grandement surprendre le préparateur ou
l’observateur et les étonne chaque fois : en effet, la préparation monte
lentement en température, à 25°, 30°, 40°… 60°, 70° jusqu’à environ
80°C. Il y a dégagement de vapeurs et d’odeurs ! Afin de ne pas laisser
la préparation se dessécher, ce qui interromprait prématurément le
processus, il faut la surveiller (la réunir en tas, l’humidifier, effectuer
un apport d’air, la changer de position) et ce pendant 2 jours ; puis la
température baisse tout d’abord lentement à 40°C, 30°C, jusqu’à la
température ambiante.Lors de cette phase, se développe une chaleur
endogène persistante, accompagnée et soutenue par une grande
« avidité d’air ». La préparation absorbe en permanence l’oxygène de
l’air. Le fer « inspire », il s’oxyde grâce à une réaction contrôlée. Il y
a également formation d’hydroxydes de fer complexes (voir plus loin
pour leurs appellations). La préparation devient toujours plus lourde,
elle « croît ». Sa couleur s’assombrit sans cesse. Sa consistance est
celle d’une terre granuleuse, son odeur rappelle un peu celle d’une
belle motte d’humus, en voie de devenir une bonne terre à maturité :
forte mais agréablement épicée. Une fois la réaction entièrement
achevée, Ferrum hydroxydatum est broyé en une fine poudre de
couleur brun rouille.
Quelle est donc la nature du « Ferrum (metallicum) reductum »
utilisé, pour qu’il donne une telle réaction de début de digestion par
le vinaigre ? R. Steiner indique qu’il s’agit de « scories de fer ». Nous
verrons plus loin comment comprendre cette indication.
4. Fabrication de Ferrum sulfuricum silicicum (Kephalodoron®)
Le « remède-type » Ferrum sulfuricum silicicum est une composition à
base de Ferrum sulfuricum (sulfate de fer bivalent) et de silice, de vin
blanc et de miel, qui sont combinés dans cette préparation. La nouvelle
entité originale résultant de cette combinaison s’appelle également
« Ferrum-Quarz » (Ferrum-silice) en Allemagne et sert également de
souche au Biodoron® (Suisse).
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Correspondances médicales
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Ferrum sulfuricum est réduit à l’état d’une fine poudre, puis intimement
mélangé avec du miel. On ajoute à cette masse pâteuse du vin blanc qui a
d’abord été chauffé puis refroidi. On mélange à nouveau vigoureusement
le tout. Puis on incorpore de la silice* finement pulvérisée et auparavant
portée à incandescence, et on constitue à partir de ces ingrédients
une préparation homogène à la consistance d’une bouillie. Ensuite a
lieu une distillation sous vide, qui permet de séparer l’élément aqueux,
l’alcool et toutes les autres substances volatiles. Il reste un produit clair,
d’un grège verdâtre, gonflé, poreux et cuit à la fois qui, en raison de son
comportement hygroscopique, ne peut être travaillé en une fine poudre
que dans un milieu au degré hygrométrique spécialement abaissé et au
froid. Devant la couleur claire de la poudre obtenue suite à l’enrobage
avec du miel et l’extractionde l’eau, on ne pense pas forcément que la
teneur en fer de cette substance est assez élevée, soit 16%.
5. Réflexions à propos des compositions et étude comparative
Tenons-nous en tout d’abord à Ferrum sulfuricum silicicum (Figure 1).
Ferrum sulfuricum silicicum
(Kephalodoron®)
Miel
Vin
Ferrum sulfuricum
Quartz
Figure 1
Ferrum sulfuricum et silice
La base essentielle de cette composition réside dans les composants
minéraux agissant en profondeur (et directement sur l’organisation du
Moi) : Ferrum sulfuricum et la silice.
A l’extérieur de l’être humain, ils représentent les trois principes Sal (la silice),
Sulfur (le soufre) et Mercur (le fer) et favorisent en l’homme (respectivement)
*
Se reporter à la référence bibliographique (1) pour le traitement thermique du vin et de la silice
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les passages de l’activité respiratoire à l’activité neurosensorielle, de la
circulation à la respiration et du métabolisme au rythme sanguin, en cas
de migraine notamment(7).
Mais Ferrum sulfuricum associé à la silice peut également être
l’expression comprimée du trio « silice – fer – terre » décrit ci-dessus.
Cette essence quasi minérale de la matérialité de la Terre est enrichie
de forces particulières issues du domaine végétal au cours de la
préparation de Ferrum sulfuricum silicicum.
Le vin
La vigne (Vitis vinifera, de la famille des Ampélidacées) apporte en
outre la qualité éthérique. Ce n’est pas par hasard que vitis et vital ont
la même racine. Le pied de vigne, peut-être très âgé et doté d’un tronc
en apparence sclérotique et lignifié, est depuis toujours l’expression
d’une grande force de vie avec l’explosion annuelle de ses pousses
de verdure et ses raisins sucrés et juteux (même sous la sécheresse
et la grosse chaleur). L’appellation Biodoron proposée en Suisse par
Rudolf Steiner pour ce médicament (on avait même envisagé celle
de « Vitalisator ») souligne la justesse de ce raisonnement. Pour
l’Allemagne, il a fallu trouver un autre nom en raison de l’appellation
quasi similaire déjà existante, d’une marque déposée. Je me bornerai
à mentionner* le fait qu’outre les processus végétaux spécifiques de
la vigne, cette plante déploie des forces astrales lors de la formation
de ses grappes de raisins et que lors de la fermentation du jus qui
donnera le vin alcoolisé, se déroule un phénomène comparable à
ce qui se passe en l’homme lorsque l’activité du Moi participe à la
formation du sang (8).
Le miel
Avec le miel, nous parvenons à un autre stade. L’abeille récolte
le nectar des fleurs qu’elle transforme en miel et dépose dans les
alvéoles hexagonales de la ruche. Elle tire ces forces formatrices de
la sphère florale éthérique-astrale où se trouvent les mêmes forces
hexagonales revitalisantes, porteuses d’une force vivante, que celles
auxquelles la silice doit sa forme hexagonale. Celle-ci semble lui avoir
été instillée par le ciel en des temps anciens où, telle une fleur, elle
*
30
Une description plus détaillée de la vigne et de ses composantes est prévue dans cette Revue
en liaison avec un article sur Kalium aceticum.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
était encore malléable comme la cire(9). A la différence près qu’elle
a ensuite durci. Le miel est en étroite affinité avec la silice ou acide
silicique. Dans ce qu’on appelle les « Entretiens sur les abeilles »,
Rudolf Steiner approfondit l’intéressante trilogie lait-miel-silice(10).
L’abeille seule ne peut survivre ; l’Etat que forme l’ensemble de la
population, l’ordre social plein de sagesse de ces animaux, sont
l’expression d’une « âme-groupe du niveau supérieur » (« l’abeille ») ;
il s’agit d’ébauches du Moi. Comme la vigne, les abeilles dépassent
largement le niveau de leur règne naturel proprement dit.
On peut alors comprendre ce qui est dit dans le livre Données de base
pour un élargissement de l’art de guérir : « Le miel permet à l’organisation
du Moi de dominer le corps astral comme il convient » (11).
La fabrication oriente l’ensemble initial silice-fer-soufre (stade minéral)
en le faisant passer par les phases de « vivification » et d’« astralisation »
pour qu’il soit adapté à l’être humain. Le processus thermique final, à
savoir la distillation, a pour but d’intégrer les composants résiduels dans
une unité de niveau supérieur, une configuration nouvelle. Le végétal
(la vigne) et l’animal (le miel) haussent la substance, du monde minéral
jusqu’à l’homme. (Une observation plus fine permet de reconnaître dans
ce processus un parallèle avec l’édification de la substance humaine à
partir de la nourriture, après que celle-ci ait tout d’abord été dévitalisée
jusqu’au stade minéral dans les processus de digestion).
Christian Morgenstern a su saisir sous forme poétique la façon dont
l’homme fait partie intégrante de la création qui l’entoure ; il en a
merveilleusement décrit les différents niveaux dans son poème au
titre si bien choisi « Lavement des pieds » :
Le lavement des pieds
Merci à toi, pierre muette,
je m’incline vers toi bien bas :
Moi, plante, je te dois mon être.
Sol et fleurs, merci ; moi, la bête
je me courbe vers vous bien bas :
J’ai pu monter grâce à votre aide
Merci à vous, bête, herbe et pierre,
je m’humilie vers vous bien bas :
Vous m’avez aidé à me faire.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
31
Un pieux merci à toi, ô homme,
toi que nous saluons bien bas :
Car parce que tu es, nous sommes.
En Dieu, le simple remercie
le divers, et le haut le bas.
Tout être en un MERCI se lie.
Lors du Lavement des pieds des disciples, puis lors de la Cène, le
Jeudi Saint, le vin joue un rôle primordial. Si nous considérons Ferrum
hydroxydatum, c’est le vinaigre qui est essentiel. Le vinaigre est intimement
lié au Vendredi Saint.
Comme nous avons déjà pu le constater, « Ferrum metallicum
reductum » doit d’une certaine manière traverser un processus de mort
à cause du traitement par le vinaigre et de la combustion qui s’en suit
au contact de l’air, il est oxydé et, soumis au régime des dégradations
terrestres, sa nature se terrestrise entièrement. Cela a lieu grâce au
vinaigre de vin, lui aussi un produit de décomposition du vin (Figure 2).
Ferrum metallicum
reductum
Vinaigre 37°C
Air (O2)
Réchauffement
Ferrum hydroxydatum
Ferrum sulfuricum silicicum
(Kephalodoron®)
Miel
Ferrum sulfuricum
Quartz
32
Correspondances médicales
Vin
Figure 2
Automne - Hiver 2007 / n° 21
6. Vinaigre de vin
Qu’est-ce que le vinaigre ?
De même que les raisins portent les levures grâce auxquelles le vigneron
pourra amorcer et, avec le temps, amener le vin à maturation, des
bactéries acétiques se trouvent toujours dans le vin laissé à l’air libre.
Cependant, le vin et le vinaigre ne sont pas des produits naturels au sens
strict, mais le résultat de la poursuite d’un processus amorcé par la plante
elle-même et qui ne pourrait arriver à son terme sans l’aide de l’homme.
Il s’agit d’authentiques acquis culturels.
Alors que le vin procède de la fermentation anaérobie par les levures,
le vinaigre de vin naît du vin par apport d’air, c’est-à-dire dans un
milieu riche en oxygène sous l’effet des bactéries de l’acide acétique
(cultures du genre acétobacter). L’alcool éthylique est oxydé par voie
enzymatique en acide acétique. L’être humain aussi décompose au
niveau de son métabolisme, l’éthanol (production endogène ou apport
extérieur) en acide acétique.
Il faut un long processus de maturation pour obtenir un bon vinaigre.
Weleda utilise un vinaigre de vin rouge de grande qualité, fabriqué
selon le procédé d’Orléans : dans des fûts de chêne couchés et
ouverts à la circulation de l’air, la « mère » du vinaigre flotte, telle un
tapis gélatineux formé par les acétobacters, à la surface du liquide.
La « combustion » de l’alcool éthylique en acide acétique se déroule
en libérant de l’énergie, de sorte que la température de la préparation
dans le fût peut être supérieure de 3°C à celle de l’environnement.
Selon la taille du fût, la transformation du vin en vinaigre peut durer
plusieurs mois, affinage compris.
Contrairement à ce procédé, les grands producteurs de vinaigre
transforment aujourd’hui le vin en vinaigre alimentaire en 2 à 3 jours,
dans des installations d’acétification équipées de matériels coûteux,
selon des procédés biotechnologiques. La qualité visible s’en ressent
inévitablement : couleur, odeur, goût et pureté.
Nous ne parlerons pas ici des qualités mercurielles du vinaigre*.
Qu’est-ce que le vinaigre par rapport au vin ?
Si par la fermentation alcoolique le vin est déjà une expression de la
qualité du Moi (au niveau végétal), que dire du vinaigre ? Le vinaigre
*
Se reporter à la note 8.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
33
pourrait-il représenter un degré d’intensification par rapport au vin ? On
voit tout d’abord que le vin « doit se sacrifier », c’est-à-dire disparaître
pour que le vinaigre puisse naître.
En liaison avec des événements de la plus haute importance dans
l’histoire de l’humanité, dans le déroulement de la Passion et jusque
dans la Crucifixion du Christ, nous retrouvons le vinaigre dans les
récits des 4 Evangélistes. Tandis qu’au cours de la Cène, le Jeudi
Saint, le vin est tendu aux disciples, le Christ sur la croix refuse le vin
(mélangé à de la myrrhe) qui lui est tendu, peut-être pour soulager
ses douleurs. Lorsqu’il dit ensuite « j’ai soif », on lui tend une éponge
imbibée de vinaigre. Aussitôt après seront prononcés les mots « tout
est accompli » qui scellent les « 3 ans ».
Le vinaigre est avant tout du vin mort, mais c’est aussi le profond
symbole d’une mort sans corruption, une mort qui ouvre au Moi la voie
vers une vie supérieure ; le vinaigre symbolise la mort surmontée par
le Christ et menant à la naissance de l’esprit.
Le vinaigre est l’expression du vin transformé sur la Croix ; le sang du
Christ a transformé la Terre et nous-mêmes.
En liaison avec le sang et le mystère du Golgotha, le vin et le vinaigre
sont des mystères visibles, porteurs d’une profonde sagesse et dont
le décryptage doit se poursuivre.
En complément de ce qui vient d’être dit, nous pouvons nous pencher sur
3 anciens symboles de l’alchimie. Ils sont souvent incompréhensibles,
surtout si on les considère superficiellement comme des conventions
arbitraires ; peut-être devrait-il en être ainsi, mais j’ai entre-temps
acquis la conviction qu’à moins d’être de purs non-sens, ils ont été
choisis avec sagesse et sont l’expression de profonds mystères sous
une forme condensée à l’extrême, grâce à leur force symbolique - en
tout cas, cela m’est clairement apparu à diverses occasions.
Vinaigre :
ou
Terre :
Vitriol :
Le symbole du vinaigre (la croix) : la relation du vinaigre (acetum
vini) avec la mort apparaît nettement à côté du symbole dans les
appellations plus anciennes : Vinum mortuum = le vin mort, ou Filius
34
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
vini = le fils du vin ! (se reporter à l’expression mère du vinaigre,
mentionnée ci-dessus).
Le vinaigre signe la dernière étape du Christ fait homme, sa pénétration
totale de la Terre et sa fusion en elle.
Le symbole de la Terre (le globe impérial) : le symbole de la Terre est
celui du globe surmonté de la croix. Le ciel touche la terre. Ce globe
impérial était jadis l’un des insignes conférés aux empereurs et aux
rois, pour signifier leur puissance divine sur terre. Ce symbole est
également celui de l’antimoine !
Le symbole du vitriol (la croix dans le cercle) : les vitriols (sulfates
métalliques hydratés sous forme de cristaux) sont de véritables sels
provenant des métaux qui se forment dans la profondeur des mines, par
désagrégation des minerais sous les altérations dues aux intempéries
(surtout la mélantérite = sulfate de fer naturel hydraté [vitriol vert] se
formant à partir de la pyrite ; la chalcanthite = sulfate de cuivre naturel
hydraté [vitriol bleu, vitriol de Chypre] à partir de la chalcopyrite). C’est
pourquoi on peut, là encore, parler d’une sorte de processus de mort
(cf. ci-dessous). Plusieurs symboles similaires avaient cours pour les
vitriols. Dans ce cas, la croix (mort) se trouve dans le cercle, comme
profondément enfouie dans la Terre !
7. Fabrication de Ferrum sulfuricum et de « Ferrum metallicum
reductum » à partir de la sidérite
Si maintenant nous étudions comment sont fabriquées les deux substances Ferrum sulfuricum et « Ferrum metallicum reductum », ce qui est
présenté à chaque fois dans la partie gauche du schéma, il nous faut
souligner que le terme de « substance » vient du verbe latin « substare » :
« être en dessous ». On attire notre attention sur le fait qu’une matière
visible, une substance, n’est que l’apparence matérielle, l’empreinte
visible, le réceptacle terrestre de quelque chose de plus élevé, de quelque
chose qui se situe au-dessus ou derrière. L’essence d’une substance est
d’une manière ou d’une autre liée à son aspect matériel, de façon plus
ou moins stable, mais spécifique (un morceau de fer est bien du fer et
non du plomb) ; mais par le processus (du latin procedere = avancer,
rehausser, se développer), c’est-à-dire par la transformation de l’état
actuel, par le passage d’un état à un autre, la purification, l’affinement,
le fait de faire avancer dans une direction donnée, le réceptacle (pour
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
35
conserver la même image) s’ouvre pour donner naissance à quelque
chose de nouveau. Il s’agit là d’un principe uniformément valable
pour la fabrication d’un médicament. Pour en revenir à la formule de
Paracelse citée au début, il appartient aux hommes accomplissant ces
opérations et à leur « intuition » de savoir comment et avec quelles
forces transformer la substantialité transmise par la nature.
Aussi est-il déterminant de poser la question de la provenance ou de
l’histoire, de la « biographie » du Ferrum sulfuricum (sulfate de fer)
et du « Ferrum metallicum reductum » mis en œuvre. On ne trouve
aucune indication concrète de Rudolf Steiner à ce sujet ou pour des
cas comparables ; il en a laissé l’initiative aux pharmaciens ; et le
travail qui a été fourni à propos de cette question au cours des 80
dernières années est considérable ; je salue avec admiration tous les
prédécesseurs qui se sont penchés attentivement sur ces questions.
Il y a plusieurs procédés pour combiner le fer et le soufre et en faire
un sulfate de fer.
Chez Weleda, le procédé utilisé depuis des décennies consiste à
dissoudre le minéral sidérite (carbonate de fer naturel) dans de l’acide
sulfurique (Figure 3).
La sidérite dont le nom vient du grec « sideros » (= fer) est un carbonate
naturel de fer bivalent. On verse de l’acide sulfurique dilué sur de la
sidérite réduite en poudre. Sous l’action de la chaleur, un bouillonnement
se produit spontanément, du dioxyde de carbone se forme et s’échappe.
Le processus de dissolution s’accomplit durant plusieurs semaines
et la couleur passe d’un brun terreux à un vert émeraude profond,
pratiquement noir. Les étapes de purification suivantes sont la filtration
et la cristallisation, afin d’obtenir la substance Ferrum sulfuricum et ses
cristaux bien connus, d’un vert bleuâtre translucide.
Si on observe les attributs de l’acide sulfurique, ce sont avant tout
ses qualités déjà plus terrestres qui frappent, par rapport au soufre
élémentaire (Figure 4).
La figure retrace les différentes étapes de transformation du soufre
jaune, hydrophobe, à l’odeur piquante, représentant les qualités
sulfuriques, jusqu’à Ferrum sulfuricum : le parcours de l’oxydation
(combustion) jusqu’à l’acide sulfurique dilué est une descente
progressive par libération d’impondérables (dégagement de chaleur
et de lumière). Le soufre se consume en une « cendre » volatile et
permet ainsi la formation d’un sel de fer.
Le fer, qui reste bivalent dans ce sulfate de fer, devient désormais
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Correspondances médicales
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Ferrum metallicum reductum
Vinaigre 37°C
Air (O2)
Réchauffement
Ferrum hydroxydatum
Soufre
Ferrum sulfuricum silicicum
(Kephalodoron®)
Sidérite
Miel
CO2
Acide sulfurique
dilué
Vin
Ferrum sulfuricum
Quartz
Figure 3
Fabrication de Ferrum sulfuricum
S
combustion au contact de l’air avec O2 en :
SO2
la combustion avec O2 donne :
SO3
+ H2O donne : H2SO4 conc.
+ H2O donne : H2SO4 dilué
+ la Sidérite donne : solution de Fe SO4 + CO2
Cristallisation en
Ferrum sulfuricum
Figure 4
Descente et dégagement de lumière et de chaleur
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transparent, très acide et réactif, aisément soluble dans l’eau et avec
un goût métallique agressif. Etant donné que le fer, comme nous
l’avons présenté plus haut, est vraiment le prototype du métal dur,
forgeable et pouvant prendre de multiples formes mais qui finit sous
forme de sel dans le sulfate de fer (vitriol), on peut parler pour le fer
également d’une sorte de processus de mort.
Mais ce n’est pas tout. Les lettres du mot VITRIOL sont les initiales
des mots de la mystérieuse phrase suivante :
Visita
interiora
terrae
rectificando
invenies
occultum
lapidem.
Cette sentence déjà très ancienne peut être traduite et interprétée
comme suit : « Si tu visites l’intérieur de la Terre, par la distillation
(purification), tu trouveras la pierre (le trésor) cachée. »
Cette phrase fait d’abord allusion à la formation et au gisement des
sulfates métalliques dans les profondeurs des mines (Visita interiora
terrae) et au traitement en laboratoire de ce sel métallique (rectificando)
ainsi qu’aux fruits qui en résultent. L’une des caractéristiques de l’alchimie
est de ne pas séparer les réalités extérieures de la nature (macrocosme)
et les processus intérieurs de l’être humain (microcosme), mais de les
considérer comme un tout en interaction. L’homme travaillant dans
les mines et en laboratoire devrait accomplir sa tâche en son âme
et conscience. L’expérience et la formation acquises par l’homme
bénéficient à son environnement et réciproquement.
8. Fabrication de Ferrum metallicum reductum
Là encore, nous partons de la sidérite (Figure 5) ! A l’origine, peut-être en
a-t-il été ainsi par hasard ; si on regarde le graphique représentant ces
deux médicaments en polarité, cette « tradition » fidèlement respectée
s’avère de plus en plus une idée et une nécessité géniales.
En tant que carbonate de fer naturel, (cf. ci-dessus), la sidérite, comme
le calcaire, n’a pas seulement la possibilité de réagir avec les acides
38
Correspondances médicales
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Ferrum metallicum
reductum
H2O
Vinaigre 37°C
H2
Air (O2)
Réchauffement
CO2
~ 700°C
Ferrum hydroxydatum
Ferrum sulfuricum silicicum
(Kephalodoron®)
Soufre Sidérite
CO2
Miel
Acide sulfurique
dilué
Ferrum sulfuricum
Quartz
Vin
Figure 5
(cf. la fabrication de Ferrum sulfuricum), mais elle dégage du dioxyde
de carbone en brûlant. Dans la sidérite, le fer n’est que faiblement lié
au carbonate et n’est pas encore fixé dans une voie définie. Il est donc
ouvert et prêt à se laisser intégrer dans de multiples processus*. La
sidérite s’ouvre pour une voie vers le haut et vers le bas !
Comment obtient-on Ferrum metallicum reductum ? La sidérite, minéral à
structure granuleuse, est portée à incandescence (environ 700 °C) dans un
tube en fer. Il y a expulsion de dioxyde de carbone, et de ce fait, formation
d’oxydes de fer et de produits intermédiaires. Le passage simultané
de l’hydrogène à travers le tube arrache au fer son oxygène (ce qu’on
peut voir par la condensation de l’eau à la sortie de l’appareillage).
Le fer de la sidérite « expire » donc du dioxyde de carbone et de
*
Cela est confirmé par le fait que le minéral sidérite en tant que tel est également un médicament
apprécié en homéopathie.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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l’oxygène et se retrouve de ce fait sous une forme métallique réduite.
Ce processus enrichit fortement le fer en impondérables (sulfurisation).
Ce Ferrum metallicum reductum , une « scorie de fer » (terme figurant
dans les notes de Steiner), est utilisé pour la fabrication de Ferrum
hydroxydatum (cf. ci-dessus).
La scorie de fer est traditionnellement la scorie surnageante qui, lors
du traitement du fer, se sépare du lui par « flottabilité » étant moins
lourde ; c’est un résidu non métallique qui se fige après refroidissement,
il est de couleur foncée, poreux et cassant et, selon le minerai brut
et les matières complémentaires utilisées, se compose avant tout de
calcium, de silicium, d’oxygène, d’aluminium, de carbone et de fer,
bien entendu.
La comparaison de ces propriétés et de celles de Ferrum metallicum
reductum met en évidence le fait que cette substance est certes un
fer à caractère métallique, mais possède surtout beaucoup de points
communs avec les scories.
Ferrum metallicum reductum est issu d’un processus thermique de
réduction, sa couleur est gris foncé et il est très poreux. En devenant
fer, la sidérite enregistre une baisse de poids tout en gardant une
dimension et une forme similaires, sa densité augmente et de
minuscules cavités microscopiques s’insèrent dans les grains initiaux.
En raison de la grande dispersion lumineuse sur cette surface
rugueuse, l’aspect de la surface à l’œil nu est mat (l’éclat métallique
n’est visible qu’au microscope).
La sidérite n’apparaissant jamais à l’état pur, Ferrum metallicum
reductum n’est pas non plus du fer pur chimiquement parlant. Le
fer métallique en constitue la majeure partie, mais il contient des
inclusions de calcaire, de silice et d’argile en quantité non négligeable
(Fe, Ca, Si, O, Al) et d’autres substances à l’état de traces. Dans les
deux cas, nous retrouvons les cinq constituants principaux de l’écorce
terrestre. De par les substances incorporées à la sidérite, le fer réduit,
qui est devenu cosmique-sulfurique, garde pratiquement toujours une
relation perceptible avec les conditions terrestres, son lien à la Terre.
Cependant, Ferrum metallicum reductum est hautement réactif : lors
de sa réduction par l’hydrogène et avec les importantes surfaces
internes contenant encore, de l’hydrogène gazeux au début, le risque
est qu’il subisse une oxydation non contrôlée lors d’un apport d’air. En
raison de son caractère pyrophorique, il doit être protégé jusqu’à ce
que soit amorcée la réaction par le vinaigre, qui n’est pas si fulminante
40
Correspondances médicales
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mais s’étale dans la durée. Cette réaction ne sera pas décrite ici.
Des scories de fer au sens littéral ne donneraient pas lieu à ce profil
de réaction.
9. La polarité entre Ferrum sulfuricum silicicum et
Ferrum hydroxydatum
Quelques points communs essentiels d’ordre général lient la fabrication
de ces deux médicaments :
• l’interaction du fer et du « vin »
• une préparation tout d’abord « anorganique » (en « Ferrum metallicum
reductum » et Ferrum sulfuricum respectivement ; la réalisation
concrète est basée dans chaque cas sur la sidérite),
• suit la partie « organique » de la fabrication pour laquelle les notes
[de Rudolf Steiner] interviennent,
• l’élaboration en une substance solide,
• la concentration plutôt élevée dans les deux cas.
Comme le cours de ce texte a déjà nettement mis en évidence la
polarité et la complémentarité de ces préparations à base de fer,
on peut supposer que ce n’est pas par hasard que Rudolf Steiner a
précisément regroupé sur une même feuille ces deux médicaments
(Ferrum hydroxydatum est mentionné en premier).
Un tableau permet de visualiser encore une fois la correspondance
entre les points essentiels (Tableau 1).
Maintenant, considérons une nouvelle fois le schéma récapitulatif comme
une image, avec la ligne médiane horizontale (horizon) représentant
le niveau de la surface terrestre et la zone normale où les éléments
constitutifs supérieurs de l’être humain s’emparent de son corps.
Dans ces quatre quadrants, peut-être pouvons-nous suivre les voies
et gestes polaires du fer et, ce faisant, comparer ces processus à
la « profondeur d’incarnation » du complexe psycho-spirituel en l’être
humain (Tableau 2).
« Epuisement » : la sidérite (substance naturelle) est transformée
en Ferrum sulfuricum par l’acide sulfurique. Il s’agit d’un composé
puissant unidirectionnel, en lien avec les forces mortifères de la
Terre, qui comme dans la formation naturelle des sulfates métalliques
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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Tableau 1
Ferrum hydroxydatum
Ferrum sulfuricum silicicum
(Kephalodoron®)
Vinaigre
Vin
De vin rouge
Vin blanc
« Ferrum metallicum reductum »
=
substance à base de fer
complexe, opaque, contenant
des matières annexes (Ca, Si, Al,
O) ; a tendance à se consumer =
Sulfur
« Ferrum sulfuricum »
=
sel transparent, clairement
défini :
d’une grande pureté = Sal
Dans la dernière phase de
fabrication :
combustion spontanée à partir de
l’intérieur (70 – 80°C)
Dans la dernière phase de
fabrication :
distillation avec chaleur venant
de l’extérieur (environ 70°C)
Absorption d’air ; présence de
gaz ; la préparation doit être
constamment humidifiée.
Sous vide : détachement de
tout élément volatil
Nouvelle entité
saturée d’eau et d’air ;
de couleur foncée, ocre-rouille
Nouvelle entité
hygroscopique ;
de couleur claire, grègeverdâtre
Tableau 2
42
3. Expiration
excarnation (évanouissement)
endothermique ; réduction
4. Inspiration
incarnation (présence en soi)
exothermique ; oxydation
1. Epuisement
déconstruction liée à l’état
de veille ;
exothermique, processus Sal
2. Récupération
revitalisation grâce au
sommeil ; endothermique ;
processus Sulfur
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(vitriols) dirige vers la profondeur (oxydation, sel). Si dans l’orientation
de sa vie, l’homme s’investit trop fortement dans cette direction, si
par exemple il sollicite excessivement son système neurosensoriel
par son aspiration à une connaissance purement intellectuelle, sans
veiller à une régénération suffisante, il en résultera une perte de
vitalité. Selon la constitution de la personne, cela peut se traduire par
un accès de migraine (tentative d’autoguérison de l’organisme) ou,
à long terme, par le syndrome de fatigue chronique. Les éléments
constitutifs supérieurs envahissent trop profondément le corps.
« Récupération » : la vigne, qui plonge ses racines très profondément
dans la terre minérale (jusqu’à 10 mètres), fournit la qualité des
forces de vie au sulfate de fer et à la silice, le miel dispense les forces
revitalisantes du règne animal et il constitue en même temps un lien
direct (le « liant ») avec l’homme. Comme nous l’avons cité plus haut :
« Le miel permet à l’organisation du Moi de dominer le corps astral
comme il convient. »
Le chemin de Ferrum sulfuricum vers Ferrum sulfuricum silicicum
(Kephalodoron®) ramène des profondeurs vers le haut, vers la
« lumière du jour ».
« Expiration » : lorsque la sidérite est portée à incandescence et passe
ainsi par un processus de réduction spontanée à l’état de « Ferrum
metallicum reductum » aisément inflammable, on a affaire à un processus
de détachement ou d’élévation hors du contexte terrestre. Le fer, devenant
plus étranger à la Terre, c’est-à-dire sulfurique - cosmique, se rapproche de
la qualité de son état d’origine grâce à la chaleur, mais tend aussitôt à se
lier de nouveau avec la Terre, sous l’influence active des forces terrestres.
Le fer métallique ne reste pas longtemps stable sur terre (rouille)*.
Le geste fondamental est l’expiration qui, par intensification, conduit
chez l’homme à l’évanouissement (trop faible intervention du complexe
supérieur). Dans un contexte encore plus large, cela signifie excarnation.
« Inspiration » : dans ce cas, le fer est soumis à une préparation
qui lui permet de se rapprocher des conditions terrestres grâce au
vinaigre (oxydation prudente), et empêche ainsi une réaction brutale
fulminante. Le vinaigre « réconcilie » le ciel et la terre, autrement
dit c’est un médiateur, dans la mesure où il amorce la réaction et
poursuit l’intégration dans les conditions terrestres sous forme d’une
*
Les gisements de fer à l’état natif sur terre sont dus soit aux météorites (Ferrum sidereum) ou
doivent leur formation à des situations géologiques extrêmement rares (exemples : Disko au
Groenland et Bühl près de Kassel en Allemagne).
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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grande inspiration, avec formation de chaleur intrinsèque. Le fer ne
doit en aucun cas se précipiter trop vite sur terre, ce qui le ferait se
consumer.
Voici peut-être un modèle pour guider la volonté, afin que le psychisme
puisse assurer la maîtrise du corps et que le destin puisse agir de
façon constructive.
10. Indications thérapeutiques
Dans le volume de monographies mises au point par la Commission C (12),
publié par l’Association médicale anthroposophique en Allemagne, on
trouve les données suivantes à propos des indications thérapeutiques
courantes des deux médicaments.
Ferrum hydroxydatum (13)
« Selon la connaissance anthroposophique de l’être humain et de la
nature, entre autres :
Intégration harmonieuse de l’organisation de sensibilité dans l’ensemble
de l’organisme, par exemple en cas de troubles hypotoniques mais aussi
hypertoniques de la régulation de la circulation, de faiblesse générale, de
vertiges et d’état pré-apoplectiques. »
Les indications thérapeutiques élaborées au sein des commissions pour
les médicaments sont des instantanés et des généralisations. Rudolf
Steiner avait ajouté sur ses notes la mention « et ce pour fortifier les
facultés psychiques ». Cela n’est pas une indication très concrète au sens
actuel, mais elle montre que Ferrum hydroxydatum recèle un potentiel
thérapeutique qui reste à vérifier dans le cadre de traitements individuels.
Pour quelle constitution et quelle situation de leur existence, des personnes
auraient-elles aujourd’hui besoin d’un remède « pour fortifier leur facultés
psychiques », venant pour ainsi dire soutenir la maîtrise effective de leur
corps et l’accomplissement de leurs tâches dans la vie ? Cela pourrait en
effet être une question à élucider sur le plan thérapeutique.
Malheureusement, Ferrum hydroxydatum n’est pas un nom parlant, il ne
convient donc pas vraiment pour mettre en évidence la particularité de sa
fabrication ou ses possibles applications thérapeutiques. Sans connaître
le contexte, on penserait peut-être à un hydroxyde de fer à la formule
chimique définie (Fe(OH)3 par exemple). De ce point de vue, l’ancienne
44
Correspondances médicales
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appellation Ferrum cum Aceto praeparatum était plus compréhensible. Il
est donc d’autant plus important de réfléchir sur ce médicament.
« Ferrum / Quarz » (14) *
« Selon la connaissance anthroposophique de l’être humain et de la
nature, entre autres :
Céphalées vasomotrices, migraines, douleurs post-traumatiques,
épuisement nerveux surtout lié à la constitution »
Rudolf Steiner décrit son action par l’expression « consolidation en
cas de migraine, etc..).
11. Conclusion
Comme tous les métaux, le fer est, par nature, d’origine cosmique.
De tous métaux, le fer est celui qui a le plus fortement abandonné la
qualité d’« étranger » sur la Terre, il est devenu le compagnon en toute
circonstance, que ce soit pour le monde du travail comme pour le monde
à l’état naturel, minéral, végétal, animal, et pour l’ensemble de l’humanité.
Le fer est le métal qui s’est le plus intensément lié à la Terre, que ce
soit quantitativement ou sous forme processuelle, en s’intégrant aux
conditions terrestres. Le fer entend être un compagnon au service de
l’être humain, pour lui permettre d’évoluer sur son chemin de vie, que ce
soit en bonne santé, ou en passant par la maladie et la guérison.
C’est avec reconnaissance qu’outre l’aspect martial du fer, souvent
hostile à la vie dans la technique et tragique dans l’usage des
armes, nous pouvons prendre conscience d’un premier élément de
la dimension spirituelle très importante du fer, à savoir son aspect
« mercuriel », qui est grandiose et incroyablement « puissant ».■
Dr. Rer. Nat., Wolfram Engel, Pharmacien
Weleda AG - Postfach 1320
D - 73503 SCHWÄBISCH-GMÜND
*
La monographie citée ici est publiée sous le titre « Ferrum / quarz » mais elle concerne
directement le médicament décrit dans ce texte, sous les appellations Kephalodoron, Ferrum
sulfuricum silicicum et Biodoron.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
45
Bibliographie
(1) Kohlhase M. (éditeur). Biodoron/Kephalodoron – Beiträge zu einem
erweiterten Verständnis 1ère édition Persephone vol.12, Dornach, Verlag
am Goetheanum, 1998
(2) Engel W. A propos des préparations Ferrum phosphoricum et Ferrum
hydroxydatum, cf. Correspondances médicales Weleda 11/1994, n° 3
(3) Steiner R. Mystères - Centres initiatiques, Conférence du 1er décembre
1923 à Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1977, GA 232
(4) Yen A. New Scientist 2003 ; 179 (2411) :16
(5) Steiner R. Quatre imaginations cosmiques – La vie de l’âme dans sa
participation au cours de l’année, Conférences du 5 octobre 1923 à
Dornach et du 15 octobre 1923 à Stuttgart, Editions Triades, 1984, GA
229
(6) Steiner R. Médecine et science spirituelle, Conférence du 23 mars 1920
à Dornach, Editions Anthroposophiques Romandes, 1978, GA 312
(7) Steiner R. et Wegman I. Données de base pour un élargissement de
l’art de guérir, Chapitre XX. 2 « Un remède contre la migraine : Ferrum
sulfuricum silicicum » Editions Triades, 1992, GA 27
(8) Steiner R. Du développement occulte de l’homme, Conférence du 20
mars 1913 à La Haye, Editions Anthroposophiques Romandes, 1982,
GA 145
(9) Steiner R. Mystères – Antiquité, Moyen Âge, Rose-Croix, Initiation
moderne, Conférence du 30 décembre 1923 à Dornach, Editions
Anthroposophiques Romandes, 1977, GA 233
(10) Steiner R. Abeilles, fourmis et guêpes, Conférence du 1er décembre 1923
à Dornach, Editions Triades, 2003, GA 351
(11) Steiner R. et Wegman I. Données de base pour un élargissement de l’art
de guérir, Chapitre XX. 1 « Plumbum mellitum » Editions Triades, 1992,
GA 27
(12) Association médicale anthroposophique en Allemagne (éditeur) sur
demande de la Section médicale du Goetheanum de Dornach (Suisse) :
Médicaments anthroposophiques Monographies de la Commission C.
1ère édition Schönaich, 1999
(13) Publié au Bundesanzeiger (Gazette officielle) N° 43 du 2 mars 1991
(14) Publié au Bundesanzeiger N° 99 du 4 juin 1986
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Correspondances médicales
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Diagnostic cristallographique et traitement par le fer
du rhumatisme et de la myopathie (myasthénie)*
Docteur Alla Selawry
Traduction Béatrice Petit
I.
La thérapie du rhumatisme
Le fer est l’un des médicaments les plus actifs dans le rhumatisme.
L’homéopathie connaît un traitement symptomatique pour de
nombreuses forme de rhumatismes musculaires et articulaires, au
sens général où l’entend Rudolf Steiner. Mais on connaît moins bien
le principe d’action du fer sur le métabolisme, en particulier sur le
métabolisme protéique.
1. Equilibre fer-protéines
D’après Rudolf Steiner, le fer porteur de la respiration, représente le
pôle opposé aux protéines porteuses du métabolisme. Le fantôme du fer,
son système de forces, s’étend, à partir des poumons, à tout l’organisme.
Rudolf Steiner le caractérise sous le terme de rayonnement. A cette
influence du fer, s’opposent des processus métaboliques créateurs de
protéines qui l’arrêtent. Il s’agit d’un équilibre dynamique entre fer et
protéines. Là où le processus fer est trop faible, ou que l’une ou l’autre
fonction s’affaiblit, apparaissent des perturbations métaboliques. Cellesci peuvent reposer sur une perturbation fonctionnelle de l’un des organes
formateurs de protéines ou dans l’extension excessive d’un processus
albuminisant comme, par exemple, dans l’allergie ; ainsi beaucoup de
maladies cutanées ou de rhumatismes réagissent-ils au Fer. Le Fer dans
le sang s’oppose à l’action du métabolisme, cette action est spécialisée
sur les protéines. On doit chercher, dans le processus fer, un médicament
qui s’oppose, de façon générale, à la protéine (Rudolf Steiner, Cours aux
médecins 1920).
*
Article tiré des Cahiers de Médecine Anthroposophique n° 29, 1985, p.60-71
Les détails du système fonctionnel du fer sont décrits dans le livre du Dr. Alla Selawry, Types
fonctionnels métalliques en psychologie et médecine, Editions Guy Trédaniel,
Paris, 1990.
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Automne - Hiver 2007 / n° 21
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Cette indication s’applique au niveau fonctionnel. La signification
du fer pour le métabolisme protidique, en particulier des muscles et
des articulations, fait rechercher en lui le médicament global contre
les rhumatismes articulaires, et musculaires.
2. La cristallisation sanguine - diagnostic d’orientation pour
les troubles métaboliques
Il faut d’abord déterminer quelles sont les perturbations métaboliques
présentes chez le sujet atteint de rhumatisme. On peut, pour cela,
s’aider de la cristallisation. Des examens pratiqués sur de très nombreux
rhumatisants, durant plus de vingt ans montrent les résultats suivants :
chez tous les sujets, on trouve des dépôts aqueux nets indiquant des
perturbations métaboliques et des signes de perturbations touchant les
organes formateurs de protéines. Un ou plusieurs organes peuvent être
atteints. De telles indications sont précieuses pour des perturbations
métaboliques, par ailleurs difficilement décelables. Il existe, bien sûr,
chez tout rhumatisant, une modification de l’équilibre fer-protéines,
respiration et métabolisme. Mais, celle-ci n’est pas toujours primaire.
Chez certains, prédomine le dysfonctionnement des reins-surrénales
(troubles du processus cuivre); Chez d’autres un dysfonctionnement
hépatique (troubles du processus étain), une perturbation du tractus digestif
et du foie (troubles du processus mercure) ou un dysfonctionnement
pancréatique (troubles du processus Stibium), les perturbations du fer
n’étant alors que les phénomènes secondaires. La cristallisation offre une
aide important pour différencier de telles perturbations, des processus
organiques ou métalliques. Il faudra donc aussi traiter ces perturbations.
La plupart des cristallisations montre cependant, par des signes
organiques tels que : poumon et système hépato-biliaire - poumon,
thyroïde et surrénale, etc..., des perturbations du processus fer.
3. Thérapie générale par le fer
Pour une thérapie martiale donnée, le choix de la préparation, de
la dilution et du mode de prescription est souvent déterminant. En
effet, il arrive souvent qu’une certaine composition à base de fer soit
très efficace et une autre pratiquement pas. Il en est de même pour la
dilution ou le mode de prescription.
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Correspondances médicales
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Perturbations du
métabolisme protidique :
1
4
Poumons
Coeur
Allergie, furonculose
++
+++
++
Maladie de la peau
Maladie articulaire
Foie
2
Epilepsie
Reins
3
Fig. : Superposition de plusieurs sphères fonctionnelles organiques
Rappel général :
Le fer et les différentes compositions à base de fer possèdent une
affinité pour des fonctions et sphères déterminées à l’intérieur du processus
fer. Ainsi le fer météorique cosmique agit sur la forme ; le fantôme du fer
sur le rayonnement du fer lui-même. La pyrite, formation ferreuse la
plus ancienne et la plus répandue sur terre, relie le fer au soufre. Elle
agit principalement sur l’équilibre fer-protéines et s’adresse avant tout
au système respiratoire, centre de la fonction respiratoire du fer.
L’hématite, oxyde ferrique, agit sur le processus d’oxygénation
du sang.
Le carbonate de fer (sidérite) agit, par le processus acide carbonique,
sur le métabolisme et le système rénal.
La Scorodite (Ferrum arsenicosum) agit préférentiellement sur le
système nerveux et les muscles.
Le fer métallique agit, à haute dilution, sur le système sensoriel
(Rudolf Steiner - Cours aux médecins) et possède, en outre, une
action globale.
On choisira la forme de préparation et son dosage, en fonction de la
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perturbation du fer ou du métabolisme que l’on estimera responsable de
la maladie. Le choix de la dilution gouverne l’action du fer, selon les lois
fondamentales bien connues. Les basses dilutions D3 - D8 agissent sur le
système métabolique ; les dilutions moyennes D10 - D15, sur le système
rythmique ; les hautes dilutions D20 - D30, sur le système nerveux. Il
faut tenir compte évidemment, de la constitution et du tableau clinique
individuels. Le mode de prescription modifie lui aussi l’action du fer.
La voie orale agit sur le métabolisme,
les injections sur le système circulatoire,
les onguents et bains sur le système nerveux.
4. Le traitement individuel du rhumatisant par le fer
L’anamnèse personnelle du patient permet de reconnaître l’évolution
du rhumatisme sur l’arrière-fond de troubles des processus organiques
ou métalliques particuliers. La cristallisation montre quel est le trouble
métabolique à l’origine de la maladie actuelle. Tous deux se complètent
réciproquement et permettent d’établir un traitement correspondant au
malade et dans lequel le fer joue le rôle principal. Il faut d’abord s’adresser
à l’équilibre fer-protéines lui-même, par un traitement à base de Ferrum
met. praep. ou de pyrite. On a ainsi utilisé Fer. D6, généralement en
injection sous-cutanée entre les omoplates, 2 à 3 fois par semaine,
chez une série de rhumatisants, ce qui amena le plus souvent une nette
amélioration. Remarquablement plus active que n’importe quelle dilution
s’avéra cependant être la thérapie martiale échelonnée. (Modification
dans la dilution du fer) : D6 - D12 - D20 - D12 - D6 (injections souscutanées 2 à 3 fois par semaine, chaque dilution 4 semaines).
Visiblement, on touche ici l’équilibre fer-protéines dans la totalité de
l’organisme tripartite. Ce traitement conduisit à une importante amélioration
ou à la guérison d’un grand nombre de malades gravement atteints, ayant
résisté jusque-là à tout autre traitement. Chez d’autres, un traitement
échelonné par Ferrum praep. et Ferrum sid. fut décisif. Dans d’autres cas,
on employa plusieurs préparations martiales, l’une après l’autre, comme
Sidérite D6, Hématite D12 - Ferrum metallicum D20, en fonction des
troubles fonctionnels organiques apparaissant à l’anamnèse.
Chez beaucoup de patients, la thérapie martiale seule fut suffisante ;
chez d’autres, on y ajouta simultanément les plantes correspondantes
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Correspondances médicales
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(par exemple Salix D6, Equisetum D6, Arnica D3, ou en cataplasmes,
etc...) ainsi que Pancreas D3 trituration ou Glandula suprarenalis. A
ce niveau, le traitement le plus employé fut Hématite D6 - 4 semaines,
Salix D3, puis Ferrum praep. D12, Equisetum D6 - 4 semaines, puis
Fer météorique - Urtica D4 ou Formica D15. Mais l’effet décisif parut
être amené par l’institution de la thérapie martiale. Chez certains, on
alterna le traitement par le fer avec des cures courtes de cuivre, étain
ou mercure, en fonction des perturbations fonctionnelles organiques
les plus importantes. Les résultats furent satisfaisants.
A signaler la nécessité de contrôler le fer sérique ainsi que l’Hémoglobine. Voici deux histoires de maladie, exemples parmi beaucoup
d’autres, permettant de retransmettre l’expérience pratique :
1. Histoire de maladie - Rhumatisme articulaire subaigu
Madame Emma, 21 ans, mère de famille femme au foyer, souffre
depuis l’âge de 16 ans de rhumatisme articulaire. C’est une femme blonde
asthénique, anémique, qui donne l’impression d’être précocement vieillie.
Elle a eu une enfance difficile. La famille vivait dans un appartement en
sous-sol, humide et sans soleil. Il n’y avait jamais assez d’argent, le
père était manoeuvre, c’était un buveur qui cassait tout à la maison.
Emma tremblait dès qu’il arrivait. La mère pouvait à peine nourrir les 6
enfants de sorte qu’Emma alla se placer, dès l’âge de 9 ans, chez un
paysan où elle devait travailler dur et porter de lourdes charges. Plus
tard elle fut employée de maison, et allait le moins souvent possible
chez elle. Enfant, Emma souffrait de refroidissements incessants et
d’inflammations rénales et vésicales récidivantes. Les règles étaient
abondantes (3 semaines et demie - 6 jours), douloureuses avec des
pertes importantes et épuisantes. A 16 ans, après avoir été trempée
lors d’un travail pénible, elle eut un rhumatisme articulaire aigu grave
et resta 6 semaines à l’hôpital. Depuis, elle souffre de douleurs plus ou
moins violentes et de gonflements articulaires, principalement au niveau
des épaules et des doigts. Madame Emma est mariée depuis 2 ans et
a un enfant de 6 mois. Pendant la grossesse, les douleurs articulaires
avaient pratiquement disparues. 6 mois après l’accouchement, elles
revinrent, accrues, et s’étendirent aux chevilles et aux genoux. Madame
Emma peut à peine plier les doigts qui sont enflés et douloureux, a du
mal à porter son enfant et à faire la lessive de celui-ci. Les articulations
sont enflées, légèrement déformées, les gaines tendineuses épaissies
Correspondances médicales
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et douloureuses. Du point de vue psychique, Madame Emma est
sensible, anxieuse, facilement fatiguée et déprimée par son état. Elle
n’arrive plus à s’occuper de son mari et de son enfant. C’est son mari
qui doit, le soir quand il rentre, laver les affaires de l’enfant, faire le
ménage, etc... On fit une cristallisation comme test d’orientation qui
a montré une striation dense, manquant de forces formatrices (ce
qui correspond à l’anémie) avec une vitalité diminuée, ainsi que des
dépôts aqueux, signes de troubles métaboliques. Les principales
perturbations observées sont des formes pulmonaires pâles, peu
nettes, indiquant des troubles de l’oxygénation. Il s’y ajoute des formes
pancréatiques en aile de papillon, avec une tendance inflammatoire
discrète. Des formes reins-surrénales avec des moirages montrent
des troubles d’élimination et un dysfonctionnement surrénal. Du point
de vue des processus, on pense à une perturbation du processus fer.
Les examens cliniques donnent 62 % d’hémoglobine (Hb) 18 % de fer
sérique et une vitesse de sédimentation (VS) à 28/60.
On pratique une cure martiale échelonnée avec Pyrite comme
traitement de base. On donne PYRITE D8 - D12 - D20 - D12 - D8 en
injection, chaque fois 4 semaines, - deux fois par semaine, ainsi que
Pancréas D3 trit. per os - 2 fois par jour, avant le repas et Ferrum 0,1
% en onction sur les articulations. Les couleurs et les gonflements
articulaires régressent, lentement, en 5 mois. Madame Emma peut
à nouveau bouger librement ses mains et s’occuper de son enfant.
Avant les règles et par temps froid et humide, les troubles articulaires
reviennent mais d’une façon plus atténuée et cèdent aux injections de
Pyrite. Après un an de cure martiale discontinue, Madame Emma se
sent bien. Objectivement aussi, le métabolisme du fer est redevenu
normal : Hb 78 % - fer sérique 80 % - VS 4/10.
Cette guérison dura 17 ans. Le rhumatisme articulaire n’est, jusqu’à
présent, pas réapparu.
2. Rhumatisme articulaire chronique déformant
Ida, 40 ans, infirmière, souffre depuis 5 ans de rhumatisme articulaire
chronique déformant. Elle est grande, corpulente, blond clair, a les joues
rouges, est toujours active et d’une humeur gaie, voire un peu excitée.
Dans l’anamnèse, on trouve toute une série de maladies en faveur d’un
trouble du processus fer. Depuis l’enfance, elle souffre de poussées
subfébriles après chaque refroidissement et chaque émotion. En hiver,
elle a eu pendant des années, de la sinusite après chaque rhume et a
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eu plusieurs grippes graves. A 10 ans, elle a eu une scarlatine sévère
suivie d’une néphrite ; à 21 ans, une angine grave amenant des liaisons
myocardiques. En outre, elle présentait une hypotension à 95/65 et une
VS augmentée en permanence (15/25).
De plus, depuis l’âge de 15 ans, elle souffrait d’une dermatite
solaire, elle avait aussi des troubles du métabolisme de l’eau avec
rétention et oedèmes des membres inférieurs, à côté de crises
sudorales si violentes qu’elle se retrouvait trempée jusqu’aux os. Le
rhumatisme apparut à 35 ans au niveau des articulations de la main
droite, après un refroidissement, alors qu’elle était en sueur, suite à une
activité fatigante. En quelques semaines, les douleurs et gonflements
s’étendirent aux articulations des épaules et des hanches ainsi qu’à la
colonne vertébrale. Une amygdalectomie pratiquée à l’âge de 37 ans,
en raison d’une surinfection amygdalienne, conduisit à une nouvelle
poussée de rhumatismes. Pendant les 3 années suivantes, après une
courte amélioration, de nouvelles poussées apparurent, encore plus
étendues. La maladie progresse lentement malgré divers traitements
cortisoniques, qui n’entraînèrent qu’une amélioration provisoire et
durent être interrompus en raison d’effets secondaires.
Les douleurs sont permanentes, plus fortes le matin avec
enraidissement articulaire, plus supportables le soir. Le gonflement des
articulations est variable et entraîne un manque de force dans les mains.
Ida a dû interrompre son travail pendant plusieurs mois. On lui a proposé
la mise en invalidité. La cristallisation montre des dépôts aqueux massifs
avec des troubles métaboliques importants. Dans le champ supérieur,
apparaît un foyer d’infection. Parmi les formes d’organe, on trouve des
polygones cardiaques avec des troubles cardio-vasculaires. Mais ce
sont les formes pulmonaires épaisses, avec des troubles respiratoires,
et les formes hépatobiliaires accompagnées de dépôts aqueux et de
réactions inflammatoires qui prédominent. Ces dernières conditionnent
toute l’image. Des formes très marquées de pancréas et rein surrénales
montrent une réaction inflammatoire.
En résumé, au niveau processus, prédominent les perturbations
du processus fer que l’on trouvait déjà à l’anamnèse.
On pratiqua, comme traitement, une thérapie martiale avec
des injections d’Hématite D6. Les douleurs articulaires régressent
lentement. Une thérapie martiale échelonnée : Sidérite D6, Hématite
D12, Fer météorique D20, Hématite D12, Sidérite D6, injections sous-
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cutanées 2 fois par semaine, chaque fois accompagnée d’Equisetum
pendant 2 semaines, conduit à une nette amélioration ainsi qu’à la
régression des gonflements articulaires et des crises sudorales. Les
mains retrouvent de la force. Ce traitement fut répété durant un an.
Les troubles s’atténuèrent au point qu’Ida fut à nouveau parfaitement
apte à travailler. Durant les 3 années suivantes, lors de manifestations
rhumatismales minimes, la cure martiale fut répétée. Le rhumatisme
articulaire a, dans une large mesure, disparu.
De telles expériences témoignent de l’efficacité de la thérapie par
le fer en cas de rhumatisme articulaire. Cette thérapie a été pratiquée
par de nombreux médecins qui en confirment l’efficacité.
II. Thérapie de la myopathie par le fer (myasthénie)
On connaît les conséquences de la myopathie : affaiblissement,
dégénérescence et fonte progressive du système musculaire.
Son étiologie, par contre, reste inconnue. Son traitement actuel
n’est que symptomatique et peu efficace.
L’art de guérir élargi par la science spirituelle propose de nouveaux
points de vue dans le traitement de la myopathie. Il considère, dans
le sens de PARACELSE, homme et univers comme microcosme et
macrocosme et établit des corrélations entre les processus donnant
naissance à l’homme et les processus naturels. Il perçoit dans les
principaux métaux des principes formateurs déterminés et des
systèmes régissant l’organisme.
Ainsi, le plomb est principalement en rapport avec le système
osseux. Il gouverne l’ossification et maintient, par exemple, l’équilibre
entre rachitisme et sclérose.
L’action de l’étain est orientée vers le système articulaire et les
séreuses. Il maintient les états d’hydratation entre oedème d’une part,
et dessèchement, arthrose d’autre part.
De la même façon, le fer agit particulièrement sur le système
musculaire. La myoglobine, qui renferme du fer, en interaction avec
l’hémoglobine du sang, entretient le fonctionnement musculaire. Une
carence en fer mène à un relâchement et une faiblesse du système
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Correspondances médicales
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musculaire ; un excès de fer à l’agitation et à une mobilité excessive
(d’après Rudolf Steiner, Arbeitervorträge 1923).
Des doses infimes de fer produisent en premier lieu une
augmentation des sensations musculaires, puis secondairement un
relâchement de la musculature.
Le fer et son action activatrice sont visiblement en rapport avec le
système musculaire et son activité. «Les forces du fer sont dans tout
ce qui, en l’homme, devient mouvement, ce qui est expression de la
volonté, ce qui le fait marcher, tenir, travailler» (Rudolf Steiner).
Les sujets qui souffrent de myopathie montrent souvent d’autres
perturbations du processus fer dans leur anamnèse comme, par
exemple, anémie, manque de fer sérique, bronchite chronique ou
pneumonie, dysfonctionnement biliaire, état de fatigue, inhibition de
la volonté, dépression.
La cristallisation sanguine confirme la présence de troubles du
processus fer par la présence de dysfonctionnements organiques
déterminés (foie, vésicule biliaire, poumon).
De telles considérations amènent à prendre comme base de
travail les hypothèses suivantes : considérer la myopathie comme une
maladie du système fer et utiliser une thérapie à base de fer. Pour le
traitement, on utilise le fer pur (Fe metallicum et Fe praeparatum), le
fer lié au soufre (Pyrite) et surtout le fer lié à l’arsenic (Scorodite) ; on le
prescrit - en fonction des indications individuelles - en injections (D6 et
D20), en trituration (D4 et D6) et onguent au fer (0,1 - 0,4 %). Comme
traitement d’accompagnement, on donne principalement Arnica, qu’on
utilise également en début de traitement, avant le fer. Dans ce cas, le
fer paraît être le facteur décisif de l’évolution.
1.
Histoire de maladie
Rudolf B., né en 1955, vient pour la première fois en consultation
en 1961, à l’âge de 5 ans. C’est un enfant petit, pâle, chétif, à petite
tête, aux os fins. Sa démarche est incertaine, la station debout lui est
pénible, il vacille et s’assied dès que possible. Il donne l’impression
d’être fatigué et a l’air d’un vieillard. Rudolf a toujours été maladif. Bébé,
il a fait, à trois reprises, une infection pulmonaire (à 6 semaines, double
pneumonie ; à 18 mois, broncho-pneumonie avec otite moyenne et à 3
Correspondances médicales
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ans, pneumonie lobaire). Il a en outre, d’incessantes bronchites avec
fièvre, sans cause décelable.
Il a toujours été chétif ; il a appris péniblement et tardivement à
marcher et se fatiguait très vite. La marche devint de plus en plus
difficile dans les deux dernières années ; il vacille souvent et tombe.
Lors des promenades, même courtes, son père est obligé de le porter.
L’orthopédiste constate une myopathie grave dans laquelle la ceinture
scapulaire est nettement plus atteinte que la ceinture pelvienne. Une
élévation active des bras au-delà de l’horizontale est impossible. Au
niveau des jambes, la marche sur la pointe des pieds et des talons
est encore possible. Il a été dit aux parents qu’il fallait s’attendre à
une impotence fonctionnelle totale. Ils viennent demander de l’aide.
L’image d’ensemble témoigne d’une perturbation du processus fer qui
s’exprime déjà dans les infections pulmonaires répétées, les bronchites
récidivantes et les accès fébriles, s’ajoutant à la fonte musculaire. La
cristallisation montre un dysfonctionnement du système respiratoire,
de la circulation et du système hépato-biliaire.
Elle confirme donc les perturbations visibles du processus fer. On
prescrivit comme traitement Scorodite, afin de traiter spécifiquement
le processus fer au niveau du muscle. On donna tantôt Scorodite D6,
(action sur le système métabolique sanguin du muscle), tantôt Scorodite
D20, (action par l’intermédiaire du système nerveux), chaque fois 6
semaines, 2 fois par semaine, en injection sous-cutanée au niveau de
la cuisse (D6) ou de l’avant-bras (D20), toujours accompagné d’Arnica
planta tota D3 - D6 ; sont également prescrits : Ferrum D6 et Arnica
radix D20. On utilisa également Plantago dont les feuilles rappellent la
forme du muscle. Entre temps, on fit des injections de cuivre, Cuprum
D6, chaque fois 2 semaines, afin de stimuler l’anabolisme ; on sait
que le cuivre, métal polaire du fer, active ainsi la fonction martiale
indirectement.
Rudolf reçut aussi vers 12 - 14 ans Magnésium phosphoricum D6 - 2
à 3 fois par an, durant 6 semaines.
Dans l’espace de 6 mois, l’état général s’améliore notablement.
L’anxiété et la fatigue qui commençaient à apparaître s’atténuent et
le garçonnet joue maintenant avec d’autres enfants. Il est toute la
journée sur ses jambes. Sa démarche prend de l’assurance, il tombe
plus rarement; au bout de 2 ans, il fait, le dimanche, des promenades
d’une heure ou deux avec ses parents sans se plaindre. A l’examen, on
perçoit l’accroissement des muscles au niveau de la ceinture scapulaire
56
Correspondances médicales
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et pelvienne, la musculature des membres se rétablit lentement, les
extrémités grandissent. Durant ces années, les bronchites fébriles se
répètent assez souvent, accompagnées de fièvre persistante. A cette
occasion, on prescrit régulièrement des préparations martiales : Pyrite
D3 - D6, Ferrum praep. D6, Ferrum phos. D6, Plantago D4. Peu à
peu, les bronchites deviennent plus rares et plus brèves. A partir de
1965, elles disparaissent complètement. En 1962, Rudolf va à l’école.
Durant la première année, il est très vite fatigué, la position assise
prolongée lui est pénible ainsi que l’écriture ; mais, avec des injections
prolongées de Scorodite, des bains à l’Arnica et des massages à
l’huile d’Arnica cum cupro, cela s’améliore. Les bras et les jambes,
auparavant glacés, se réchauffent et deviennent plus mobiles. Ses
dessins connaissent une transformation comparable. Au début, il avait
dessiné au crayon noir des petits bonhommes avec de simples traits et
des arbres comme des broussailles desséchées. Maintenant, il choisit
volontiers le vert et le rouge et en colore de grandes surfaces ; ses êtres
humains, ses bêtes et ses arbres ont des formes plus exubérantes et
plus vivantes. Le reflet de son propre système osseux et musculaire,
qui s’exprimait au début, fait place progressivement au vécu intérieur
de système sanguin et musculaire. La période scolaire se passe bien.
L’écriture ne fait plus de difficultés, l’examen du spécialiste montre
une force scapulaire diminuée, mais les bras sont libres et vigoureux.
Les articulations des genoux sont libres, de même que celles des
chevilles, qui étaient autrefois légèrement limitées. Il existe une
lordose prononcée et une discrète scoliose de la colonne vertébrale.
Rudolf est très maigre, mais aussi agile et souple.
Au lieu du pronostic d’impotence fonctionnelle donné par le
spécialiste, le jeune garçon est très actif. Au lieu d’une école spécialisée
pour handicapés physiques, il est à l’école publique et commence
ensuite une formation d’électricien. Il est revenu récemment nous voir
pour chercher une attestation. Il est maintenant électricien et a monté
sa propre affaire.
Dans ce cas, la thérapie continue par le fer avec différentes
préparations, alternées pour de brèves périodes avec le cuivre, avait
conduit de façon décisive à un renforcement et à une régénération
du système musculaire fortement atrophié, ainsi qu’à une meilleure
irrigation ; elle avait fait cesser la tendance aux refroidissements et aux
accès fébriles, et avait aussi, psychiquement, contribué à l’éveil et à
l’activité.
Correspondances médicales
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2. Histoire de maladie : myodystrophia gravis
Paul, 12 ans, souffre d’une myopathie. Bébé, il était en bonne santé,
en dehors d’une méningite, suite à une vaccination antivariolique. A
l’âge de 5 ans, après une angine, il eut des difficultés à courir. A 7 ans,
il se mit à avoir une démarche de canard. A la clinique, on constata
une atrophie des muscles fessiers et des cuisses, une forte scoliose,
une position sur la pointe des pieds. La musculature de la ceinture
scapulaire et des bras était également affaiblie, les réflexes patellaires
et cutanés abdominaux absents.
Depuis le séjour en clinique (5 ans), Paul ne peut plus marcher. Il
est tout juste capable de bouger un peu les bras. Il a pris beaucoup
de poids, il est ralenti et constamment constipé. Du point de vue
psychique, il est très inhibé, apathique, déprimé, il s’isole de ses
camarades de classe et n’ose pas saluer les gens qu’il connaît parce
qu’on l’emmène à l’école en fauteuil roulant. Les résultats scolaires
sont faibles, sa mère doit le faire travailler. L’instituteur propose une
école spécialisée. La cristallisation montre une vitalité diminuée dans
son ensemble. Au premier plan, se trouvent les glandes endocrines.
Au point de vue des processus, on constate des troubles du processus
fer, confirmant l’anamnèse.
Comme traitement, on donne d’abord Scorodite D6 injections pour
stimuler le métabolisme musculaire, et Choleodoron pour relever la
fonction hépato-biliaire, ainsi que Magnésium phosphoricum, des
bains d’Arnica et Oleum arnicae cum cupro en onction.
Au bout de 2 mois, Paul devient plus actif, il commence à parler à
ses camarades de classe et peut faire ses devoirs tout seul. Le matin,
il chante même de confiance. Du point de vue physique, il paraît plus
frais, va tous les jours à la selle, perd quelques kilos.
Au bout de 3 mois, les bras ont nettement plus de force, ses
jambes sont chaudes et non plus glacées comme avant. Il commence
à bricoler, devient plus gai. Son intérêt pour l’entourage grandit.
Il collectionne les timbres, lit des récits de voyage et est bientôt le
meilleur en géographie. Ses résultats scolaires sont bons. On ne parle
plus d’école spécialisée. Il a de bons contacts avec ses camarades
qui viennent le voir avec empressement, l’aident à porter son fauteuil
roulant sur les 15 marches menant à la salle de classe. En juin 1969,
il fait une grave infection pulmonaire dont il se rétablit péniblement.
Puis il se remet à bricoler avec beaucoup de patience et apprend
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à nouveau avec assiduité, montre de l’intérêt, rapporte de bonnes
notes. Pour le concours de prix de l’école, il fait tout seul une longue
rédaction sur l’Amérique et remporte le premier prix. Il est heureux,
plein d’assurance. Quelques jours après, il avale de travers en
mangeant, est atteint de détresse respiratoire et est envoyé à l’hôpital
où il meurt, au bout de 5 jours, d’une paralysie respiratoire.
Les parents écrivent un mot plein de reconnaissance pour sa vie
remplie et heureuse malgré le poids des soins, et qui valait la peine
d’être vécue, pour lui comme pour ses proches.
Ici la thérapie par le fer n’avait pas réussi à enrayer la myopathie
déjà bien avancée. Il était seulement apparu quelques améliorations :
renforcement de la musculature des bras, meilleure mobilité, meilleure
irrigation et meilleur fonctionnement intestinal. Mais les effets psychiques
furent déterminants : après le traitement par le fer, l’état apathique,
dépressif, disparut, l’activité s’éveilla et donc aussi la confiance en
soi, de sorte que le jeune paralysé mena une vie bien remplie dans
sa famille et dans sa classe. Il avait, en quelque sorte, surmonté
intérieurement son handicap physique, tandis qu’il collectionnait
avec passion les timbres, acquérait des connaissances sur les pays
étrangers et écrivait sa rédaction sur l’Amérique, comme s’il y avait
été lui-même.
Il quitta cette vie sur une victoire.
Conclusion
Les expériences décrites encouragent à tenter une thérapie
martiale, dans des états pathologiques et système musculaire et
articulaire tenus pour incurables actuellement. Il s’agit là de connaître
toujours d’avantage les principe d’action du fer et des sphères de
fonctionnement au niveau du corps et de l’âme, de les démontrer
expérimentalement, avec l’aide des cristallisations, et de les manier
comme un système d’équilibre. C’est dans ce but qu’est écrite cette
communication.■
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Les Solanacées dans les maladies des voies
respiratoires
Nicotiana, Dulcamara et Hyoscyamus du point de vue
pharmaceutique*
Docteur Ulrich Meyer
Traduction Laetitia Lescourret
Introduction
Depuis 2003 un groupe de travail formé de médecins, de
pharmaciens, et de thérapeutes s’est attaché à aprofondir l’étude de
l’art de guérir les maladies pulmonaires et bronchiques du point de
vue de la science de l’esprit. Ce groupe étudie également selon la
méthode goethéenne les plantes médicinales, utiles ou susceptibles
de l’être dans le domaine des affections pulmonaires. Après une étude
du coing (Cydonia oblongata) contenue dans la composition Citrus/
Cydonia (Gencydo ®) récemment parue (1), nous présenterons dans
cet article trois Solanacées intéressantes du point de vue des affections
pulmonaires : le tabac (Nicotiana tabacum), la morelle douce-amère
(Solanum dulcamara) et la jusquiame noire (Hyoscyamus niger).
Les Solanacées – caractéristiques d’une famille botanique (2)
La famille des Solanacées comprend entre 2 000 et 2 500 espèces
regroupées en 85 à 90 genres, et répandues pour l’essentiel en
Amérique latine. En font partie de nombreuses plantes alimentaires
(tomate, pomme de terre, poivron), des condiments (paprika, chili) et
de véritables plantes médicinales et toxiques, parmi lesquelles, outre
les trois mentionnées ci-dessus, la belladone (Atropa belladonna), la
pomme épineuse ou datura (Datura stramonium) et la mandragore
(Mandragora offininarum). Le tabac est avant tout considéré comme
un excitant ; hors de l’orientation anthroposophique, il joue également
un rôle médicinal (marginal) en homéopathie.
Les Solanacées comprennent de nombreuses plantes herbacées,
rarement des arbustes et encore moins des arbres. Elles apprécient en
général les sols riches en nutriments et manifestent une belle vitalité
*
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Article tiré du Merkurstab, 59. Jahrgang, Heft 4, 2006, p. 342-351
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et une forte prolifération. Chez la tomate, la croissance végétative est
si exubérante que les pousses latérales doivent être éliminées pour
permettre une récolte de fruits suffisamment gros. Etant donné leur
grande vitalité, il est compréhensible que les Solanacées disposent
d’un faisceau cribro-vasculaire bicollatéral. Outre le tissu conducteur
normal (phloème) situé à la périphérie de leur tige, elles possèdent
donc un phloème secondaire, dénommé phloème intraxylaire, qui se
trouve dans le bois (le xylème = tissu conducteur d’eau et de sels)
(Dans une plante typique, la sève brute (eau et sels minéraux) monte
dans la tige par des canaux rigides (le xylème) tandis que la sève
élaborée descend par des canaux souples (le phloème). Xylème et
phloème sont le plus souvent juxtaposés dans ce que l’on appelle des
faisceaux cribro-vasculaires. Habituellement le faisceau de phloème
est situé à la périphérie de la tige tandis que le xylème est dirigé vers
l’intérieur. Chez les solanacées il y a donc deux faisceaux de phloème
pour un seul de xylème ce qui traduit la prédominance des activités
d’élaboration de la plante-NdlR).
Même pour le non-botaniste, les “ teintes sales ” de nombreuses
Solanacées sont frappantes : des couleurs d’un violet noirâtre ou d’un
brun sale se retrouvent non seulement dans les fleurs mais aussi dans
la zone foliaire, normalement verte. A l’exception du genre Solanum,
les fleurs sont souvent invaginées, s’ouvrent dans l’obscurité (Datura)
et reçoivent alors de temps à autre des visiteurs insolites tels que des
chauves-souris et des papillons de nuit.
Trait typique de la formation des bourgeons des Solanacées, on
distingue une “ structure inférieure ” et une “ structure supérieure ”. La
structure inférieure purement végétative se forme jusqu’à l’apparition de
la première fleur et donne une succession régulière de feuilles. La fleur
termine la montée verticale de la pousse principale qui poursuit alors sa
croissance végétative en biais, latéralement, le long de deux axes (la
plupart du temps). Ce principe de croissance qui ne s’observe que chez
les Solanacées, a été désigné par le terme de “ trichasium ” par Ruth
Mandera (deux axes plus tige à la base de l’inflorescence). Les rameaux
du trichasium montrent de nombreux déplacements et avortements de
feuilles que même le botaniste a du mal à décrypter. (voir aussi l’article de
J.-G. Barth dans les Correspondances médicales N° 20-NdlR)
La croissance en trichasium et les décalages de feuilles apparaissent
seulement après la première fleur. Celle-ci est l’organe de la plante qui
Correspondances médicales
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se tourne vers les pollinisateurs de par sa forme, sa couleur et son
parfum caractéristiques, et s’ouvre ainsi le plus largement à l’élément
psychique (astral). Chez les Solanacées, l’impulsion astrale représentée
par l’inflorescence intervient très tôt, avec des conséquences
morphologiques nettement identifiables sur la structure de la pousse,
qui est de nature éthérique-végétative. Le point d’impact matériel de
l’astral se trouve dans les protéines, ce qui se manifeste par exemple par
la teneur nettement plus élevée en protéines des organismes animaux
(les tissus de soutien de la plante sont de nature cellulosique tandis
que les tissus de soutien animaux sont de nature protéique-NdlR). Si
l’impulsion astrale dans la plante est trop forte, trop précoce et/ou trop
profonde, on assiste à des perturbations du métabolisme protidique,
qui se traduisent entre autres par la formation d’alcaloïdes(3). Le
point de départ typique est typiquement un acide aminé protéinogène
dégradé en amine biogène par décarboxylation (par exemple l’ornithine
est décarboxylée en N-méthylputrescine - NdlR). Généralement, il se
produit une cyclisation : l’azote est pris dans un hétérocycle azoté
basique, l’alcaloïde qui se forme est ensuite “ désionisé ” (dans la
vacuole) par des acides végétaux spécifiques de l’espèce. De ce fait,
cet alcaloïde est largement soustrait au métabolisme. Les alcaloïdes
tropaniques des Solanacées correspondent à ce type de formation
alcaloïdique(4).
Nicotiana tabacum
Le genre Nicotiana comprend environ 70 espèces à petites feuilles,
sous forme d’arbustes bas, très répandus surtout en Amérique du Sud.
Quelque 18 espèces se sont acclimatées en Australie. Outre Nicotiana
tabacum, Nicotiana rustica, le tabac du paysan, extrêmement riche en
nicotine et aux fleurs jaunes, est avant tout connu comme excitant.
Le rôle de Tabacum est restreint en homéopathie, il est inexistant
en phytothérapie. En revanche, les laboratoires pharmaceutiques
d’orientation anthroposophique proposent une vaste gamme de
préparations contenant du tabac. Outre des remèdes unitaires(5),
citons notamment les compositions Cuprum aceticum comp.a) et
Nicotiana comp.b) , dont les indications thérapeutiques sont entre
autres l’asthme bronchique et la bronchite spasmodique. Il est d’autant
plus surprenant de voir que le tabac a longtemps été laissé de côté
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du point de vue anthroposophique. Les seules publications médicales
réellement importantes sont l’article paru en 1933 dans “ Natura ” “ Le
tabac, une plante médicinale ” (6) de Gerhard Suchantke (1902-1958)
et l’étude publiée il y a 4 ans dans le “ Merkurstab ” “ Nicotiana tabacum
en dilution homéopathique et ses possibilités pratiques ” (7).
En nous appuyant sur ces travaux, nous allons donner ici une
description du tabac et étudier son histoire, sa morphologie, sa
physiologie et sa pharmacologie.
Le tabac dans la perspective historique
“ Serais-tu dans l’endroit le plus reculé,
Dans le plus petit cabanon,
A quoi bon, tu trouverais là
Du tabac et des mauvaises langues. ”
Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832)
Lors de la découverte de l’Amérique, dès 1492, Christophe
Colomb et ses coéquipiers ont connu les délices du tabac. L’usage du
tabac chez les Indiens remonte extrêmement loin. La plus ancienne
représentation consiste en un bas-relief trouvé dans les vestiges de
la ville de Palenque au Mexique, datant du 6ème ou 7ème siècle après
J.C, et montrant un prêtre maya en train de fumer. Il faut en déduire
que le fait de fumer du tabac était largement répandu sur le continent
américain dans le cadre de pratiques cultuelles et de cérémonies. Le
tabac servait entre autres à stimuler les danseurs pendant leur danse
de guerre, mais aussi pour le calumet de la paix après un combat
victorieux. En Europe, ce sont les navigateurs qui ont essentiellement
contribué à la diffusion de l’habitude de fumer ; la fumée sortant de
la bouche et des narines était parfois interprétée comme un signe
du diable, une provocation pour l’Inquisition. L’expression “ boire du
tabac ” prouve que le phénomène “ fumer ” était alors inclassable, car
les produits de luxe nouvellement importés à cette époque, tels que
le café et le cacao, étaient consommés sous forme liquide – le verbe
“ fumer ” restait encore à forger en Europe !
La première appellation du tabac, “jusquiame péruvienne” (Hyoscyamus peruvianus) se rattache également à un fait connu. Cette expression
est d’autant plus surprenante que le tabac et la jusquiame sont a priori
Correspondances médicales
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assez dissemblables. Ces deux plantes ont toutefois en commun un
duvet visible de poils glanduleux (Figure 1) et une accentuation du pôle
foliaire – même si leur structure est très différente.
Figure 1
Duvet du tabac
Autre détail intéressant, l’expression “ ivresse sèche ” qui a été
créée au début de la consommation de tabac. Elle concerne en premier
lieu l’opposé de l’alcool et de la “ joie humide ”. Mais le mot “ sec ”
peut aussi être interprété autrement - le tabac n’engendre aucun des
états ébrieux typiques, que l’on connaissait par suite de l’absorption
d’éthanol, mais aussi de nombreuses Solanacées, composants
essentiels des “ baumes de sorcière ” (8).
La mode de priser le tabac est née au tout début du 18ème siècle, à
la Cour de France. Aussi étonnant que cela paraisse de nos jours, cette
coutume passait pour raffinée, ce dont témoignent de somptueuses
tabatières d’or et d’argent ou décorées de pierres précieuses. En
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anatomie, le terme de “ tabatière ” s’est conservé et désigne la fosse
entre les 1er et 2ème métacarpiens.
Jean Nicot (1530-1600), diplomate français envoyé au Portugal,
est à l’origine de la propagation du tabac en Europe ; c’est en
son honneur que Carl Von Linné (1707-1778) nommera le genre
“ Nicotiana ”. Par contre, l’espèce “ tabacum ” vient de tabacos, nom
qui, chez les Indiens, désignait par exemple les tubes faits de feuilles
de maïs roulées, à l’aide desquels on pouvait savourer Nicotiana.
Le tabac a très vite été promu au rang de remède (à tous les maux) et
vendu dans les pharmacies avec les pipes, mais aussi sous forme de
tabac à priser. Dans la perspective des pathologies humorales, le tabac
passait pour “ chaud ” et “ sec ” - fait parfaitement compréhensible
dans la phénoménologie de l’acte de fumer. En revanche, l’asthme
était considéré comme une maladie “ humide ” et “ froide ” ; l’utilisation
du tabac suivait donc un principe thérapeutique allopathique (9).
Comme l’a montré Wolfgang Schivelbusch, l’évolution de l’engouement
pour le tabac reflète “ l’accélération ”, phénomène des temps modernes.
Au départ, l’utilisateur se servait d’une pipe, qu’il bourrait lui-même
consciencieusement et fumait ensuite à loisir. A la fin du 18ème siècle, est
arrivé le cigare, fabriqué à la main dans des usines spécialisées et que le
consommateur devait couper lui-même. Enfin, la cigarette a suivi, au milieu
du 19ème siècle, produite à des millions d’exemplaires par des machines,
et prête à l’emploi. Pour l’allumer, il fallait non plus un copeau de bois
enflammé, mais des allumettes au phosphore, elles aussi de fabrication
industrielle ; fumer devenait le geste accompagnateur d’un siècle de
plus en plus neurasthénique et stressé. “ Le temps de fumer une
cigarette ”, devenue l’unité de temps informelle, est “ au temps qu’il faut
pour fumer un cigare ”, ce qu’est la vitesse d’une automobile par rapport
à celle d’une diligence. La cigarette symbolise une autre conception du
temps que le cigare (10).
Alors que la consommation des nouveaux produits de luxe tels
que le cacao était de bon ton pour les dames, celles qui fumaient
ont violemment agité les esprits jusqu’au 20ème siècle. Un père jésuite
écrivait en 1658 : “ Cette épidémie est si indomptable et si ravageuse
qu’elle empoisonne également le sexe féminin. On rencontre des
individus de ce sexe qui, au lieu d’avoir en main l’aiguille ou la
quenouille, se promènent avec une tabatière, fument même une pipe
et ont le museau roussi par la fumée du tabac, à la manière d’une
barbe […] ” (11)
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Morphologie et physiologie de Nicotiana (12)
Le tabac en tant que plante (Figure 2) se développe à partir d’une
graine qui ne pèse que 0,8 milligramme environ. En dépit de leur
infime poids unitaire, un hectare de tabac fournit entre 600 et 800 kilos
de graines aussi légères que de la poussière, car les plantes sont
richement pourvues en capsules (Figure 3). On peut obtenir 200 à 300
kilos d’huile à partir de ces graines. Cette huile absolument exempte
de nicotine, fait intéressant, peut être utilisée pour l’alimentation, ce
qui a été effectivement pratiqué par la Suisse pendant la Seconde
Guerre Mondiale. C’était alors le seul pays européen à ne pas être
rationné et la superficie cultivée a doublé jusqu’en 1946, passant à
1 450 hectares (13) !
En raison du poids infime de la graine, la plante en germe ne
dispose guère de substances de réserve pour sa croissance. Aussi
les germes sont-ils vulnérables face aux maladies les plus diverses ;
on ne devrait répandre que des semences absolument irréprochables
dans les parterres de semis. Le tabac a besoin d’une chaleur de
germination de 18 à 28°C, il faut donc arroser le sol d’eau tiédie. Les
plants qui ont poussé en serre doivent s’endurcir avant de se retrouver
à l’air libre ; au bout de 35 à 40 jours a lieu le repiquage en plein
champ. S’il a lieu par temps frais, cela peut aisément engendrer une
crise de croissance dont le tabac risque de se remettre difficilement
dans son développement ultérieur. Les plantes “ se tassent ”, comme
dit le jardinier.
Le tabac ne pénètre pas particulièrement profondément dans la
terre, mais il émet de nombreuses racines adventices ; le sol doit être
aéré par binage. Le tabac est une plante gourmande, il a donc besoin
de sols riches en nutriments, et notamment de potassium. Les cendres
peuvent représenter 18% du poids sec des feuilles ! Par ailleurs, il ne
faut pas administrer de l’azote ni trop longtemps ni à trop forte dose car
par la suite, la teneur en protéines pourrait augmenter trop fortement. Un
excès de protéines ne peut pas être éliminé lors de la fermentation des
feuilles, ce qui donne une odeur de corne brûlée lorsqu’on les fume.
La tige de la plante du tabac a une structure vigoureuse, elle
contient peu de moelle souple ; sa teneur en cellulose fait qu’elle peut
être utilisée dans la fabrication de papier.
Dans des conditions climatiques lui convenant, le tabac pousse très
bien, jusqu’à prendre en longueur 6 centimètres par jour. Comparons
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Figure 2
Tabac avec semis de trèfle
Figure 3
Capsules du tabac
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cette performance de croissance accomplie pendant la période végétative
à partir d’une minuscule graine, avec l’appareil foliaire nettement plus petit
d’une belladone de plusieurs années qui peut faire appel aux substances
de réserve d’une puissante racine en forme de rave !
La pousse de tabac, dans le cas idéal non ramifiée, engendre un
grand nombre de feuilles sessiles, qui peuvent atteindre 70 centimètres
de long (Figure 4). Les variétés dites géantes atteignent plus de 4 mètres
de hauteur avec plus de 100 grandes feuilles. La récolte des feuilles se
fait successivement de bas en haut. Le limbe imposant consomme une
grande quantité d’eau notamment de fin juin à début août : par jour, il faut
5 litres au mètre carré, ce qui signifie 50 tonnes par hectare ! “ On ne peut
attendre qu’une telle quantité soit fournie par des précipitations. Si le sol
détient une capacité suffisante, il peut au moins couvrir en partie ce qui
manque, grâce aux réserves d’eau emmagasinées pendant l’hiver. Le
planteur de tabac a pour tâche de veiller sur ces réserves d’eau par un
travail soigneux de ses champs.(14) ”
Tandis que la tige et les feuilles du tabac, même comparées au
sein du genre, sont extrêmement imposantes, les fleurs ont un aspect
effacé, bien qu’une plante saine en produise environ 250. Regroupées
en panicules, elles se démarquent nettement de la zone foliaire. Le
tube reste verdâtre sur une grande partie de sa longueur, pourvu de
poils glanduleux comme les bractées, puis perd sa couleur et devient
blanchâtre (Figure 5). Seule la pointe à cinq lobes est d’une teinte
rose pâle et le stigmate qui en émerge, d’un vert lumineux, constitue
aussi un aspect végétatif dans la zone de l’inflorescence. Lorsqu’elle
se fane, la fleur, qui n’a sinon rien de lumineux, se colore rapidement
d’une teinte brunâtre comme si, précocement vieillie, elle allait pourrir.
La capsule, gonflée après la fécondation, repousse la fleur desséchée
au bord du calice qui la maintient, et le pistil qui subsiste fait éclater le
tube de la fleur.
Dans l’ensemble, le tabac donne l’impression d’une solanacée chez
laquelle sur le plan morphologique, l’impulsion florale est repoussée
aussi loin que possible de la zone végétative des bractées. En un
certain sens, la fleur est sous l’emprise du végétatif. Dès lors, on ne
s’étonnera pas du fait que la culture de tabacs d’ornement (Nicotiana
alata) mette l’accent sur des fleurs d’un blanc pur ou de couleurs
lumineuses. Ces espèces que l’on rencontre souvent, plantées dans
des massifs de verdure au cœur des villes, réjouissent notre œil bien
davantage que le tabac ordinaire.
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Figure 4
Tabac au stade «foliaire»
Figure 5
Fleur de tabac
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Quel est le geste qui se manifeste dans la formation d’alcaloïdes ?
La nicotine, alcaloïde principal, se compose de deux noyaux cycliques
azotés dérivés d’acides aminés : l’acide aspartique (protéinogène)
pour la composante pyridine, et l’ornithine (non protéinogène) pour
la composante pyrrolidine(15). La synthèse s’opère en mobilisant les
protéines de réserve (grains d’aleurone) dès la germination, bien que
les graines soient minuscules, comme nous l’avons déjà dit. La zone
principale de synthèse des alcaloïdes est le méristène apical radiculaire
(tissu à multiplication rapide des pointes des racines - NdlR), ensuite les
alcaloïdes sont transportés vers le haut par le courant de transpiration
et les vaisseaux conducteurs d’eau et de sels (xylème), et stockés dans
les feuilles. Même lors de ce qu’on appelle des “ essais de privation ”, la
nicotine est très difficile à recycler dans le métabolisme, si bien que les
feuilles mûres sont en général plus riches en alcaloïdes que les jeunes.
La teneur en nicotine peut atteindre 10% de la masse sèche, au grand
étonnement des premiers spécialistes de physiologie végétale, vu le
manque général d’azote disponible dans la plante.
La floraison de la plante entraîne une inhibition de la formation
d’alcaloïdes, si bien que l’on obtient des feuilles nettement plus riches
en nicotine en ôtant les fleurs.
Comme chez les autres plantes à alcaloïdes, la formation d’un poison
dans le tabac est interprétée comme une substance de défense et de lutte,
au sens darwinien. Nicotiana est précisément un exemple de l’unilatéralité
de ce point de vue. Tout un arsenal d’ “ ennemis ” menace cette plante
toxique : parmi les animaux, nous citerons les vers blancs, les chenilles,
les taupes, les nématodes mangeurs de pieds et de racines, les limaces,
escargots et petites limaces grises agrestes, les noctuelles des moissons,
les sauterelles et les larves d’Elatéridés. Le tabac est littéralement assailli
par ces ravageurs, grignoté et dévoré. S’y ajoutent des maladies dues à
des champignons : moisissures blanches et grises, pourriture des semis,
pythium, rouille, pourriture noire. Des bactéries sont cause de la chlorose
du tabac (wild fire toxin), et de la maladie des jeunes plants (les feuilles
deviennent gluantes et se collent) ; le “ tabac blanc ”, la nécrose et la
mosaïque du tabac sont causées par des virus pathogènes. La cuscute
ou “ mort du tabac ” est une plante parasite qui s’enroule par des suçoirs
autour de Nicotiana. Même sous forme de produit fini entreposé chez le
commerçant, le tabac peut être la proie des nuisibles : scarabées et mites
du tabac, dermestes du lard et ptinidae ainsi que mites domestiques et
ténébrions sont très amateurs de cigares.
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Correspondances médicales
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En 1954, un connaisseur de tabac sans préjugé en vint à la
conclusion suivante : “ Même l’idée que la nicotine protège la plante des
maladies et des insectes nuisibles est erronée […] Aussi, en dépit de
nombreuses études, la clarté n’a pas été faite sur son but réel. Qui plus
est, en faisant précisément allusion à la nicotine, certains naturalistes
ont mis en doute l’existence d’une finalité dans la nature. ” (16)
Plus tard, il n’y eut plus que Kurt Mothes (1900-1983), spécialiste de
physiologie végétale et pharmacien, pour remettre en question le paradigme
darwinien de “ l’utilité ” des poisons : “ la plante, qui peut se permettre un
grand luxe de matière ” (vitalité de son corps éthérique) “ nous montre une
foule de possibilités de réactions qui sont sans implication physiologique
plus profonde […] Dans la plupart des cas – si ce n’est généralement –
elles n’ont certainement aucune fonction écologique déterminante, mais
résultent du simple jeu de la nature ” (17).
L’approche goethéenne de ce jeu sans finalité de la part de la plante
peut être intéressante et mener à une compréhension approfondie de
ce qu’on appelle les “ principes actifs ”.
Le tabac allie donc les paradoxes : d’un côté il manifeste une
énorme énergie végétative foliaire dans des conditions favorables
d’environnement, et de l’autre, il reste une plante extrêmement sensible
malgré une forte toxicité. A cet égard, il est en réelle polarité avec la
morelle douce-amère, à faible croissance et souvent consumée, mais
qui montre une incroyable ténacité de vie.
La préparation des feuilles fraîches pour la consommation de
produits de luxe est un processus très complexe où le séchage et
des opérations de fermentation vont de pair. Les feuilles récoltées
sont fortement hygroscopiques et ont besoin d’une régulation de la
ventilation. Cela se reflète dans l’architecture typique des séchoirs à
tabac qui sont dotés de nombreuses petites portes par exemple ou
de parois constituées de lamelles, pour pouvoir gérer l’aération. Au
cours de la fermentation, la chlorophylle et les protéines se dégradent,
laissant la place aux caroténoïdes, à la xanthophylle et aux substances
aromatiques qui se forment alors. Dans cette activité métabolique,
s’expriment une inhibition des qualités végétatives-constructrices et une
aromatisation de type floral. Fait intéressant, un tabac bien fermenté (qui
“ tire ” bien) pour l’enveloppe du cigare – ce qu’on appelle les feuilles
de couverture - rappelle le cuir extrêmement mince et tanné, faisant
ressortir une caractéristique proche de l’animal-astral (18).
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Chimie et pharmacologie de la nicotine
La nicotine, un alcaloïde, a été découverte en 1828 à Heidelberg
par le médecin Wilhelm Heinrich Posselt (1806-1877) et le chimiste Karl
Ludwig Reimann (1804-1872) (19). La nicotine pure est une huile qui bout
à 250°C. Elle a une odeur forte, piquante et déplaisante, qui augmente
encore à l’échauffement. De petites quantités de nicotine sous forme
gazeuse s’évaporent déjà du champ de tabac, un phénomène qui fait
davantage penser à une huile essentielle qu’à un alcaloïde.
En pharmacologie, la nicotine est connue pour ses effets paradoxaux sur le système nerveux central. A petites doses et sur une
courte durée d’action, elle a un effet excitant sur le tronc cérébral et le
myélencéphale, à forte dose et avec un temps d’action plus long, elle
a un effet paralysant. Les points d’impact de la nicotine sont en outre
les ganglions du sympathique et du parasympathique. Les qualités
d’action polaires de la nicotine sont donc “ potentialisées ”, l’alcaloïde
intervenant simultanément sur les deux branches, antagonistes comme
on le sait, du système neurovégétatif. Fait compréhensible du point de
vue pharmacologique classique, “ ses propriétés dualistes rendent
impossible toute application thérapeutique ” (20).
La dose toxique chez l’homme est d’environ 60 milligrammes de
nicotine, une cigarette en contient de 15 à 25 mg, un cigare, de 120 à 150
mg. Le fait que les fumeurs ne ressentent aucun symptôme d’empoisonnement aigu est pour l’essentiel lié à quatre causes : détoxication rapide
de la nicotine par ouverture du cycle de la pyrrolidine, combustion de
l’alcaloïde dans la zone rougeoyante de la cigarette, dépôt dans le bout
non consommé et résorption partielle dans les poumons par le biais de
la fumée.
Les effets métaboliques de la nicotine sont significatifs chez les fumeurs
chroniques. Ils se manifestent particulièrement sur un organe, soumis de
toute manière à une forte dégradation : la peau. Fumer induit – en grande
partie à cause d’une vasoconstriction périphérique – un vieillissement
prématuré, une perte d’élasticité et une mauvaise cicatrisation des
plaies (21). La cigarette a un effet anorexique, s’ils arrêtent de fumer, les
fumeurs prennent généralement du poids et cette augmentation n’est
pas (seulement) liée à des “ drogues de substitution ” telles que les
sucreries, elle met en évidence l’activation du métabolisme anabolique
(22). En effet, les produits de combustion du tabac accélèrent l’oxydation
des acides gras libres dans le foie (23).
Dans l’ensemble, la nicotine renforce l’activité diurne de dégradation
72
Correspondances médicales
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en l’homme, elle masculinise et intellectualise. Cela explique peutêtre pour quelle raison le tabac était par tradition interdit aux femmes
(en âge de procréer). Du point de vue scientifique, chez les fumeuses
chroniques on observe un déplacement du quotient oestrogènes/
androgènes en faveur de la testostérone, hormone mâle (24). En cas
de grossesse, il en résulte souvent des enfants dystrophiques.
Si l’on fait la synthèse de ces phénomènes, il apparaît que le tabac
concilie superbement des propriétés apparemment paradoxales :
1.
Une énorme force végétative va de pair avec une extrême
dépendance des conditions climatiques et une grande
vulnérabilité aux “ ennemis ” de toute espèce.
2.
Un poison fort, reposant sur la dégradation des protéines, diffuse
à partir de la racine, sans jamais compromettre l’édification
massive de substance, à l’œuvre dans la zone foliaire et les
bourgeons.
3. Chez l’homme, le tabac peut de la même manière avoir un effet
excitant ou paralysant selon l’état d’esprit de la personne.
Il est donc compréhensible que le tabac puisse être un médicament
pour le poumon, car le système rythmique doit précisément équilibrer les
polarités du système neurosensoriel supérieur et du complexe inférieur
métabolique-moteur. Parmi les types de Solanacées, c’est le pôle foliaire
végétatif et d’édification qui prédomine, de sorte qu’en cas de BCO, ce
sont les types maigres, à métabolisme affaibli, du genre “ pink puffer ”
atteints d’emphysème, qui tirent profit d’un traitement par le tabac (25).
Ce traitement devrait être interprété comme “ allopathique ”, au sens
d’un processus antagoniste à la maladie, la dilution (basse à moyenne)
doit éviter un effet toxique en cas de prise par voie buccale.
Les inhalations consistant à faire agir directement sur les voies
respiratoires les médicaments à base de tabac (dynamisé - NdlR),
semblent très prometteuses. Les injections sous-cutanées se font
entre les omoplates.
Solanum dulcamara
Avec près de 1 500 espèces, le genre Solanum est de très loin le
plus important des Solanacées (Figure 6). C’est en Amérique du Sud
qu’il est le plus représenté. Le genre comprend des plantes alimentaires
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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essentielles telles que la pomme de terre (Solanum tuberosum) et
l’aubergine (Solanum melongena), auxquelles était autrefois associée
la tomate (Solanum lycopersicum) qui constitue aujourd’hui un genre
apparenté mais à part.
La morelle douce-amère est un semi-arbuste lignifié à la base,
pluriannuel, extrêmement ramifié, d’où l’expression populaire qui le
désigne en Allemagne : “ plus c’est long, mieux c’est ”. Les rameaux
forment un entrelacs chaotique (Figure 7) et s’appuient sur d’autres
plantes ou sur des clôtures. Paradoxalement, il lui manque une
force de redressement, bien que la lignification soit extrêmement
vigoureuse, comparée à d’autres variétés apparentées qui restent
davantage herbacées, telles que Solanum nigrum (la morelle noire).
Solanum dulcamara apprécie les sites à tendance humide et riches
en nutriments, telles que les taillis le long des rives ou les ceintures
de roseaux, où ses branches flottent sur l’eau. On remarquera aussi
la croissance épiphytique sur les têtes de saules en train de pourrir,
que l’on rencontre souvent dans les prairies le long des fleuves et
ruisseaux (27).
Le principe du trichasium typique des Solanacées dans la zone
florale, est absent chez la douce-amère. Entre les inflorescences,
on trouve six à neuf bractées à chaque génération de pousses, ce qui
est le signe d’une prédominance végétative. Les feuilles sont fermes,
mais souples ou sèches selon le site, la chlorophylle peut s’assombrir
jusqu’au violet, ce qui est typique des Solanacées. Les feuilles sont
souvent couvertes de piqûres d’altises, même les feuilles proches
des fleurs, et donc loin du sol, sont fréquemment piquées. Avec
cette structure de pousse échevelée, la douce-amère laisse souvent
l’impression de quelque chose de “ malsain et de désordonné ”. Les
cinq pétales succulents, uniquement réunis à la base, et renversés loin
en arrière, sont d’un violet lumineux et portent des motifs colorés d’un
blanc verdâtre, qui guident les insectes vers le pollen. D’un jaune intense,
les cinq étamines réunies par les anthères (synanthérées) forment un
contraste très net dans cet ensemble (Figure 6). Après la fructification, se
forment de petits fruits comme des tomates, mais plus étirés en longueur,
qui passent par toutes les nuances colorées, du vert foncé à l’orange
puis au rouge écarlate (Figure 8). Par comparaison, Dulcamara semble
très éloignée des Solanacées, le principe végétatif peut s’imposer face
à une intervention excessive de l’impulsion astrale. D’où les différences
sur le plan des substances. Effectivement, il manque ici les alcaloïdes
74
Correspondances médicales
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Figure 6
Fleurs de Dulcamara
Figure 7
Tige de Dulcamara
Figure 8
Fruits de Dulcamara
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tropaniques caractéristiques des Solanacées “ classiques ”, du type
hyoscyamine / scopolamine. Dulcamara élabore des glycoalcaloïdes. Il
s’agit de substances issues à l’origine du métabolisme des lipides, de par
leur composante stéroïde, ensuite associées à des sucres (glycoside)
et qui incorporent à la périphérie un atome d’azote (alcaloïde). L’azote
peut aussi être remplacé par de l’oxygène par la plante, de sorte que les
stéroïdes alcaloïdes sont accompagnés des saponines correspondantes
(éléments tous deux glycosidés).
Les glycoalcaloïdes se distinguent fondamentalement des alcaloïdes
tropaniques qui proviennent à l’origine du métabolisme des acides
aminés. Tandis que ceux-ci s’accumulent de façon quasiment immuable
sous forme de sels dans toutes les parties de la plante, Dulcamara peut
dégrader la quasi-totalité des glycoalcaloïdes dans les fruits mûrs. Le
changement de couleur des baies va de pair avec la dégradation des
alcaloïdes, la synthèse des saponines et la formation des caroténoïdes,
responsables de la teinte éclatante des fruits. La faible toxicité de la
morelle douce-amère disparaît complètement à la maturité des fruits. Elle
ne peut rivaliser avec la saveur d’une tomate, le goût des baies laisse
une sensation amère et piquante.
Les glycoalcaloïdes n’ont pas l’impact sur le système nerveux,
typique des alcaloïdes tropaniques. Ils n’ont pratiquement aucun
effet aigu sur le système nerveux central mais, pris sur une période
prolongée, ils présentent des effets certains sur le système métabolique,
sous forme d’une action corticoïde directe. Les saponines associées
peuvent moduler la biotransformation au niveau du foie et retarder la
dégradation des corticostéroïdes endogènes.
Cependant, il faut remarquer que Dulcamara est préparée tout à
fait différemment en phytothérapie, en homéopathie et en médecine
anthroposophique, ce qui entraîne des effets différenciés.
La phytothérapie utilise par tradition les tiges lignifiées (Stipites
Dulcamarae) de la plante. Fait intéressant, il s’agit du seul (!) produit
végétal à base d’une tige, utilisé dans la pharmacologie d’Europe
centrale. Aussi ébahi que résigné, Dietrich Frohne, éminent spécialiste
de pharmacognosie à Kiel, constatait : “ L’étude de la littérature plus
ancienne n’a pas permis d’expliquer pourquoi chez la douce-amère
précisément, les parties de la plante utilisées en pharmacie sont
depuis toujours la tige au lieu des autres éléments habituels ” (28).
La Commission E de l’ancien Office fédéral de la Santé a publié
en 1990 une monographie. Comme “ traitement de soutien en cas
76
Correspondances médicales
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d’eczéma chronique ”, il est recommandé de prendre 1 à 3 grammes
(par jour) sous forme d’infusion ou de décoction (29). La phytothérapie
du début du siècle dernier, Gerhard Madaus (1890-1942) par exemple,
cite comme “ indication essentielle ” après la peau, l’asthme ainsi que
les maladies de refroidissement au sens large. Stipites Dulcamarae
peut être prescrit sous forme de drogue au sens propre et préparé par
toute pharmacie. Il faut faire remarquer et expliquer au patient le goût
spécifique qui, les appellations française et latine en témoignent, fait
d’abord ressortir l’amertume puis laisse un arrière-goût doux comme
la réglisse (30).
L’homéopathie n’utilise pas les tiges riches en gluco-alcaloïdes,
mais les jeunes pousses végétatives, qui contiennent des stéroïdes
alcaloïdes et des saponines en proportion quasiment égales. Pour
cette médecine, Dulcamara est un remède souverain contre les
troubles apparaissant ou s’aggravant par temps froid et humide. La
détoxication des baies rouge écarlate de la douce-amère en été trouve
pour ainsi dire son pendant dans le soulagement qu’éprouve le patient
Dulcamara grâce à la chaleur (31). Weleda propose des dilutions
alcooliques de D3 à D30, fabriquées dans l’esprit homéopathique.
Parmi les “ médicaments types ” de la médecine anthroposophique,
on trouve Dermatodoron® qui contient des décoctions de fleurs de douceamère et de lysimaque (Lysimachia nummularia, Primulacées). Tandis que
les fleurs aromatiques chargées d’huiles essentielles sont typiquement
préparées par le procédé plus doux de l’infusion, la fleur de douceamère, riche en saponines mais pauvres en glycoalcaloïdes, supporte
un traitement thermique plus intense. Dermatodoron® n’est certes pas
une panacée pour l’ensemble des dermatoses, mais correctement utilisé
(à haute dose), il a des vertus bienfaisantes ; fait significatif, l’urticaire
liée au froid en est une indication sûre, qui n’est guère améliorée par une
autre méthode. Dans ce contexte, nous renvoyons à l’article publié par
Lüder Jachens en 2004, à propos du traitement différencié à l’aide de
Dermatodoron® (32). La préparation est disponible en soluté injectable,
en gouttes et en pommade.
Se pose la question de savoir si Dulcamara permet de se passer
des corticoïdes, prévalant pour le traitement de l’asthme, ou même
de les remplacer complètement. Etant donné les propriétés de la
plante et l’expérience acquise en la matière par l’homéopathie et
la phytothérapie, un essai semble tout indiqué notamment pour
les patient(e)s dont l’état s’aggrave par temps froid et humide. Des
Correspondances médicales
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préparations de tiges riches en alcaloïdes en dosage allopathique
pourraient servir d’introduction au traitement, pour être par la suite
relayées par des dynamisations (basses) de pousses, à action plutôt
régulatrice. A ce jour, la médecine anthroposophique n’a guère
d’expérience avec Dulcamara dans les maladies pulmonaires.
Hyoscyamus niger
L’utilisation de la jusquiame noire (Figures 9,10) dans le traitement
des maladies respiratoires n’est pas vraiment anthroposophique, elle
provient de l’expérience homéopathique.
Les préparations à base de jusquiame, disponibles chez Weleda
sont les dilutions alcooliques (D4-D30), une pommade à 5%, un soluté
injectable (5%- D30) et les dilutions aqueuses (D3-D15).
WALA propose des ampoules injectables (D4-D30) et des granules
(Velati) ; de plus, la préparation Archangelica comp. (granules et
ampoules injectables) c) contient Hyoscyamus D3 ou D6.
En homéopathie, Hyoscyamus correspond à l’indication thérapeutique
suivante “ toux irritante et spasmodique (coqueluche) avec accès
nocturnes et grande sécheresse avec piqûres dans la gorge. Dès qu’il
s’allonge, la toux gênante et persistante commence, forçant le patient à
se redresser [..] ”. Les symptômes psychiques du patient Hyoscyamus
sont les suivants : grande excitation, jalousie et méfiance (33).
Au sein de la grande famille des Solanacées, Hyoscyamus appartient
à un genre restreint comptant 15 variétés. C’est une plante rudérale
qui affectionne les sols à forte teneur en azote. Le qualificatif “ niger ”
renvoie à sa racine de couleur noire. La plante peut atteindre 80 cm de
hauteur ; elle est entièrement couverte de duvets blancs hirsutes. En
outre, abondamment pourvue de poils glanduleux, la plante répand une
odeur déplaisante et elle est gluante au toucher. La jusquiame élabore
des fleurs en forme d’entonnoirs, leur couleur est jaune soufre avec des
veines violettes dont la couleur s’intensifie vers le bas pour former une
gorge d’un violet sombre. Dans l’ensemble, elles ont un aspect trouble et
sale. Tandis que les pousses de la jusquiame fleurissent en permanence,
plus bas, les fleurs devenues fruits développent des capsules à deux
compartiments contenant de nombreuses graines qui restent enfermées
dans le calice. On pense involontairement à une épine dorsale, “ et
l’illusion de voir des dos d’animaux est encore renforcée par l’enroulement
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Figures 9 et 10
Jusquiame noire
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en crosses des extrémités. Quelques fleurs sont encore épanouies et
regardent vers l’avant comme des yeux frontaux ” (34).
Dans sa structure inférieure, c’est-à-dire avant l’apparition de la
première fleur, Hyoscyamus montre une métamorphose régulière
de ses feuilles. Avec la première fleur, la croissance verticale de la
pousse se divise en plusieurs rameaux, ces “ rameaux latéraux font
un geste large, extraordinairement caractéristique, pour se dresser
obliquement ” (35). Ils s’accompagnent de “ perturbations ” massives
dans l’alternance entre feuille et fleur. La feuille appartenant à chaque
fleur grandit avec le pétiole retenu dans la tige et ne se déploie pas
en-dessous, ce qui serait normal, mais au-dessus de la fleur. La
deuxième feuille ne prend pas forme. Il n’y a donc aucune feuille là
où elle devrait normalement se trouver. Les feuilles de la structure
“ supérieure ” ont une forme nettement asymétrique et sont en outre
comme poussées du plan l’horizontal, qui est la position typique de
leur limbe, vers la verticale où elles pendent pour ainsi dire mollement.
C’est seulement la succession des feuilles dans leur ensemble qui
donne une impression de rythme étonnamment harmonieux.
La jusquiame appartient aux végétaux que les profanes tiennent
spontanément pour toxiques. Selon le botaniste Herbert Grohmann
(1897-1957), “ il y a certainement peu de plantes qui, dès le premier
abord, donnent l’impression d’être si mystérieuses et même si
inquiétantes […] On ne peut vraiment pas dire que la vue de cette
fleur soit sympathique ” (36).
Et pourtant, des trois Solanacées “ classiques ” (Belladone, Datura,
Jusquiame - NdlR), c’est la jusquiame qui a la plus faible teneur en
alcaloïdes tropaniques. La floraison continue à l’extrémité de la
pousse devrait induire une dépression permanente de la formation des
alcaloïdes dans la racine. Hyoscyamus contient en proportion égales
de l’hyoscyamine, qui a une action stimulante sur le système nerveux
central, et de la scopolamine qui a une action paralysante sur ce même
système (Belladonna en contient dans un rapport de 20 :1, et Datura
stramonium dans un rapport de 2-5 :1).
Les traits caractéristiques d’Atropa belladonna et de Datura
stramonium sont respectivement la racine en forme de rave et la beauté
des fleurs. Hyoscyamus occupe la position médiane entre ces deux
pôles et met l’accent sur la zone foliaire. En raison de l’intervention
permanente de l’impulsion florale, la plante réussit une métamorphose
harmonieuse de son feuillage. Au niveau des substances, il s’établit
80
Correspondances médicales
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Figure 11
Succession foliaire de la jusquiame noire (Hyoscyamus niger), tiré de l’ouvrage de R. Mandera
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81
un équilibre entre des alcaloïdes à action polaire, ce qui explique
l’utilisation de Hyoscyamus non seulement pour le traitement des
affections cardio-vasculaires, mais aussi pour les troubles des voies
respiratoires. S’il est trop fortement investi dans le système rythmique
baignant, dans le cas idéal, dans un état de rêve, c’est-à-dire de
semi-conscience, le pôle neurosensoriel peut engendrer une toux
irritante, des spasmes et une hypervigilance ; le système rythmique
peut alors être fortifié par Hyoscyamus qui contient une composante
équilibrante, issue de la zone foliaire et “ non toxique ”, à la différence
de Belladonna et de Datura stramonium (37).
Les indications thérapeutiques de la préparation citée ci-dessus
Archangelica comp. (WALA) sont la laryngite, la trachéite et la toux
irritante ; selon la Monographie de la Commission C, les ampoules
injectables de Hyoscyamus 5% (Weleda) sont utilisées en cas de
bronchites chronique, accompagnées de spasmes.
Reste encore à découvrir une vaste gamme d’utilisation de
Hyoscyamus niger dans la thérapeutique des maladies pulmonaires,
approfondie par l’anthroposophie.
Une analyse détaillée de Nicotiana, Dulcamara et Hyoscyamus
montre que l’intervention de l’astral chez les Solanacées est très
différenciée sur les plans morphologique et physiologique. Au niveau
du système rythmique, l’interaction labile du psychisme et du corps
de vie doit en permanence être tenue en équilibre. Un traitement
différencié à l’aide de Solanacées peut s’avérer utile en cas d’asthme
et de bronchite chronique obstructive.■
Remerciements
Je remercie Ruth Mandera, Franziska Roemer, Vera Knür et Peter A. Pedersen
(Weleda AG) pour leur relecture critique du manuscrit et leurs nombreuses et
utiles remarques. Mes remerciements vont également à Anne et Rolf Bucher
pour la culture du tabac dans les jardins de WALA et les entretiens très
intéressants que j’ai eus avec eux à propos de cette plante et de bien d’autres.
Je remercie Margit Müller pour son soutien indéfectible au secrétariat.
Dr. Ulrich Meyer, Pharmacien,
WALA Heilmittel GmbH
Dorfstrasse 1
D 73087 Eckwälden/Bad Boll
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Correspondances médicales
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Littérature
(1) U. Meyer Die Quitte – ein „Sonderling“ unter den Rosengewächsen.
Ein Beitrag zum Verständnis der Komposition Citrus/Cydonia. Der
Merkurstab 2005; 58 (6): p.491-497. (non traduit).
(2) Pour l’étude botanique, cf. R. Mandera Les Solanacées et le principe
d’interpénétration. Tycho de Brahe Jahrbuch für Goetheanismus 1985
(3) R. Schaette Stickstoff und Astralität im Pflanzenreich Anthroposophischpharmazeutische Arbeitsgemeinschaft.
Editeur.
Le
concept
d’homéopathisation chez Rudolf Steiner – Actes de la session 1977.
Stuttgart 1978 : p. 18-33
(4) Se reporter également à P.A. Pedersen Characteristische Inhaltsstoffe
der tomatenpflanze und der Nachtschattengewächse. Der Merkurstab
2002; 55 p.278-285.
(5) Weleda : dilutions alcooliques D1 à D30, pommade 5%, suppositoires
1%, dilutions (avec processus rythmique) D3 à D10, solutés injectables
D3 à D30 ; WALA : Granules (Velati) D6 à D10, solutés injectables D2
à D30.
(6) G. Suchantke : Der Tabak als Heilpflanze. Natura 1933; 7: p. 232-244
(7) J.Wilkens Nicotiana tabacum in homöopathischer Potenzierung in
seinen praktischen Möglichkeiten. Der Merkurstab 2005; 58 (5): p.393403.
(8) J. Müller Hexensalben und Liebestränke – ein Beitrag sur
Kulturgeschichte der Nachtschattengewächse. Gesnerus 1998; 55 :
p. 0205-220.
(9) M. Strobel Asthma bronchiale – Die Geschichte seine medikamentösen
Therapie bis zum Beginn des 20. Jahrhunderts. Stuttgart 1994 : p. 3239
(10) W. Schivelbusch Das Paradies, der Geschmack und die Vernunft – Eine
Geschichte der Genussmittel. Francfort/Main 1992 : p. 123-127.
(11) Citation tirée de B. Homberg Tabakiana. Leipzig 1972 : p.73
(12) Parmi les ouvrages plus anciens recommandés, citons : W. Endemann
Die Tabakpflanze. Lutherstadt Wittenberg 1954 ; H. Aschenbrenner
Die Tabak-Fibel. Oldenburg (Oldenburg) année de publication non
indiquée ; F.K. Reckert Tabak – Tabakwaren – Tabakhandel. BerlinSchöneberg 1952.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
83
(13) B. Livio. Ein Schweizer Nachtschattengewächs – „gesund, gut
korrekt“. Neue Zürcher Zeitung – Edition Internationale 3-4 septembre
2005 ; 205 : p.9.
(14) Endemann (cf. ci-dessus) : p.16
(15) H. Rimpler, Editeur. Pharmazeutische Biologie II – Biogene
Arzneistoffe. Stuttgart New York 1990 : p. 358.
(16) Endemann (cf. ci-dessus) : p. 25
(17) Cf. C. Friedrich Wissenschaftliche Schulen in der Pharmazie. Teil 8 :
Kurt Mothes (1900-1983) und sein Schülerkreis. Die Pharmazie 2000 ;
55: p. 850-856.
(18) Forum PTA : Zigarrenmanufaktur – Kleines und feines Handwerk.
Pharmazeutishce Zeitung 2004 ; p. 149; Supplément Forum PTA
2004; 15 ; pp. 30.
(19) F. Eiden Zur Geschichte der Tabakalkaloïde. Pharmazie in unserer
Zeit 1986 ; 15 : p.1-18
(20) Rimpler (cf. ci-dessus) p. 363
(21) M. Krug, A. Wünsche, A. Blum Tabakabhängigkeit und die Folgen auf
die Haut. Der Hautarzt 2004 ; 55 : p. 301-316.
(22) C.E.Müller Nicotin – Vom Genussmittel zum Arzneistoff ? Deutsche
Apotheker Zeitung 1995 ; 135: p. 3253-3268.
(23) K.O.Haustein Gewichtszunahme bei Rauchstopp – Schicksal oder
mangelnde Disziplin ? Medizinische Monatsschrift für Pharmazeuten
2004 ; 27 : pp. 168.
(24) K.O.Haustein (cf. ci-dessus)
(25) Communication personnelle de Christof Schnürer, médecin
(Herdecke/Ruhr°) et Johannes Wilkens médecin (Bad Steben)
2005. Cf. également M.Woernle Polare Krankheitsursachen des
Lungenemphysems. Tycho de Brahe Jahrbuch für Goetheanismus
1991. Niefern-Öschelbronn 1991 : p.434-450.
(26) J. Hildebrand-Fenner, U. Meyer Inhalative Therapie mit
anthroposophischen Arzneimitteln – Praktische Gesichtspunkte zu
Verordnung und Handhabung. Der Merkurstab 2004 ; 57 : p.216-219.
(27) Cf. J.Wilkens, M. Sommer, G.Soldner, M.Teut; Die Behandlung des
Fibromyalgie-Syndroms mit Weidenmistelextrakten. Der Merkurstab
2004 ; 58 ; p.264-271.
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Correspondances médicales
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(28) D. Frohne Solanum dulcamara L. – Der Bittersüsse Nachtschatten
Portrait einer Arzneipflanze. Zeitschrift für Phytotherapie 1933 ;
14 : p.337-342
(29) Frohne (cf. ci-dessus)
(30) G. Madaus Lehrbuch der biologischen Heilmittel – Volume 6. Reprint
Ravensburg 1989 : p.1242-1247
(31) B. Vonarburg Homöotanik. Farbiger Arzneipflanzenführer der
klassischen Homöopathie. Volume 3 : Farbenprächtiger Herbst.
Stuttgart 1997 : p. 67-73
(32) L. Jachens Über die Wirkung von Dermatodoron® Der Merkurstab
2004 ; 57 ; p.408-413.
(33) B. Vonarburg Homöotanik. Farbiger Arzneipflanzenführer der
klassischen Homöopathie. Volume 2 : Blütenreicher Sommer.
Stuttgart 1997 : p. 214-222. Cf. également G. Madaus Lehrbuch
der biologischen Heilmittel – Volume 7. Reprint Ravensburg 1989 :
p.1578-1586.
(34) G. Grohmann La plante – Une approche de sa vraie nature, Editions
Triades 1992, p. 359.
(35) G. Grohmann (cf. ci-dessus)
(36) G. Grohmann (cf. ci-dessus)
(37) Cf. R. Mandera (voir ci-dessus) et M. Woernle Über die Wirkung dreier
Nachtschattengewächse im Menschen : Belladonna, Hyoscyamus
und Stramonium. Tycho de Brahe Jahrbuch für Goetheanismus 1988.
Niefern-Öschelbronn 1988 : p.140-164.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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Notes sur les médicaments cités dans l’article
Ces préparations (qui ne sont pas toutes disponibles en France sous cette
forme précise ou sous une forme approchante - NdlR) contiennent :
a) Cuprum aceticum comp.
Soluté injectable - 1 ml contient :
• Cuprum aceticum Dil. aqueuse D5, 0,1g
• Nicotiana tabacum feuilles fermentées 33b Dil. D9, 0,1g
• Renes bovis Gl. Dil.D5, 0,1g
L’injection sous-cutanée dans la région rénale est le mode
d’administration recommandé.
b) Nicotiana comp.
Granules (Velati) - 100 g contiennent :
• Carbo betulae Dil. aqueuse D19, 1g
• Chamomilla recutita e radice ferm. 33c Dil. D2, 1g
• Nicotiana tabacum feuilles fermentées 33b Dil. D9, 1g
Soluté injectable - 1 ml contient :
• Carbo betulae Dil. aqueuse D19, 0,1g
• Chamomilla recutita e radice ferm. 33c Dil. D2, 0,1g
• Nicotiana tabacum feuilles fermentées 33b Dil. D9, 0,1g
c) Archangelica comp.
Granules (Velati) : 100 g contiennent :
• Angelica Archangelica racine fermentée. 33c Dil. D2, 1g
• Argentum nitricum Dil.aqueuse D14, 1g
• Hyoscyamus niger plante fermentée 33d Dil. D3, 1g
• Pyrite Trituration D2, 5g
• Salvia officinalis feuilles fermentées 33d TM, 2,5g
Soluté injectable - 1 ml contient :
• Angelica Archangelica racine fermentée. 33c Dil. D4, 0,1g
• Argentum nitricum Dil.aqueuse D14, 0,1g
• Hyoscyamus niger plante fermentée 33d Dil. D6, 0,1g
• Pyrite Dilution D6, 0,1g
• Salvia officinalis feuilles fermentées 33d Dil.D2, 0,1g
Les mentions «33b» etc. font référence à la Pharmacopée allemande.
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Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
Oenothera Argento culta
Une nouvelle préparation à base d’un métal végétabilisé*
Docteur Joop van Dam
Traduction Laetitia Lescourret
Métaux végétabilisés et compositions minérales sur un modèle
végétal : deux procédés anthroposophiques typiques
Au cours des années quatre-vingts, un groupe de travail composé
de quelques médecins et pharmaciens anthroposophes émit l’idée de
fabriquer de nouvelles préparations à base de métaux végétabilisés.
L’une d’entre elles, Oenothera Argento culta, est entre-temps devenue
disponible auprès du laboratoire Weleda en Allemagne (et désormais
en France aussi - NdlR).
C’est avant tout Walter Cloos (1900-1985) qui mit en œuvre
certains concepts de Rudolf Steiner pour explorer de nouvelles pistes
dans la fabrication des remèdes. Il a non seulement approfondi et
concrétisé l’idée des métaux végétabilisés, mais il a aussi trouvé des
moyens de synthétiser une “ imitation de plante ” sous forme minérale
(« compositions minérales sur un modèle végétal », communément
appelées en France les « Solutios », voir n° 19 des Correspondances
médicales – NdlR). Ces deux idées complémentaires, avaient été
conçues à la même époque, en 1921, par Rudolf Steiner.
Dans le premier cas, un minéral est amené au stade du végétal.
Pour ce faire, on injecte dans une terre cultivée une solution métallique
qui résulte de la mise en œuvre de quatre processus pharmaceutiques
successifs. Les plantes semées dans ce champ sont récoltées
et compostées en fin d’année. L’année suivante, le compost est
épandu sur ce même terrain. Puis à nouveau, on sème, on récolte
et on composte. Ce n’est qu’au bout de la troisième année que la
plante est finalement transformée en médicament. Le processus
de végétabilisation, qui est en fait un processus de dynamisation,
s’accomplit en un cycle de trois ans, englobant lui-même de nombreux
cycles jour / nuit.
Dans le second cas, il s’agit de recréer (à un niveau minéral NdlR) ce qui existe à un niveau végétal. A cette fin on sélectionne des
*
Article tiré du Merkurstab, 59. Jahrgang, Heft 5, 2006, p.438-440
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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Oenothera biennis
Photo J.G. Barth
composants minéraux essentiels présents dans la plante. Des sels,
issus cette fois-ci du milieu minéral, sont recombinés avec un « liant »
suivant un mode de préparation spécial. Ces nouvelles compositions
minérales sur un modèle végétal sont appelées “ Solutio ”. Ainsi par
exemple : Solutio ferri avec comme modèle végétal Urtica dioica ;
Solutio sacchari, sur le modèle de Chamomilla radix et Solutio Siliceae
sur le modèle d’Equisetum arvense. Après des années de travail
minutieux, on obtint enfin le premier métal végétabilisé en 1936 et la
première composition minérale sur un modèle végétal, en 1949.
Dans le processus de végétabilisation, le métal est retravaillé de
façon à le faire apparaître sous mode végétal, facilitant son absorption
et son assimilation par le corps. Avec la solutio, l’organisme rencontre
un “ modèle végétal ” combiné à des substances minérales.
Cette combinaison minérale exige une plus grande force de
digestion que celle nécessaire pour assimiler le simple végétal. Ainsi
cette préparation végétale “ synthétique ” force l’organisation du Moi
à affronter la composition minérale.
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Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
Dans les métaux végétabilisés, c’est avant tout le corps astral qui
rencontre la plante médicinale, l’organisation du Moi entrant en jeu
par le biais du métal.
Dans les métaux végétabilisés, on associe deux substances
ayant une action thérapeutique allant dans le même sens. Le champ
d’action du métal est généralement plus large que celui de la plante
utilisée pour la végétabilisation. Dans ce type de préparation un aspect
précis de ce vaste champ d’action est sélectionné, . La plante permet
ainsi de déployer une vertu thérapeutique spécifique du métal. Le
cuivre par exemple, est un médicament antispasmodique, réchauffant
et structurant. A chacune de ces trois propriétés et à leur action
spécifique, correspond un des trois médicaments suivants : Tabacum
Cupro cultum, Melissa Cupro culta, Chamomilla Cupro culta.
Mais quel domaine du champ d’action thérapeutique de l’argent,
Oenothera fait-il ressortir ?
Oenothera biennis
Afin de répondre à cette question, observons d’abord l’image
de cette plante et sa dynamique. L’onagre, rapportée en Europe au
début du 17ème siècle, provient d’Amérique où elle pousse dans les
régions lumineuses et plutôt sèches. Il s’agit d’une plante bisannuelle :
Oenothera biennis. La première année, se forment une rosace
de feuilles oblongues et lancéolées ainsi qu’une racine pivotante.
L’année suivante, pousse rapidement une haute tige à partir de la
rosace. Les feuilles se suivent de façon rythmique et serrée. Avec sa
tige droite et ses feuilles orientées vers le haut, la plante offre l’image
de la profusion, elle peut atteindre 1,5 à 2 mètres et se développe bien
dans les jardins, les champs ainsi que sur les bas-côtés des routes
de nos contrées.
Fin juin, début juillet, apparaissent les premiers boutons en haut
de la tige. De nombreux bourgeons apparaissent plus bas sur la
tige ou sur les hampes latérales, à la base des feuilles. La fleur se
compose de quatre pétales jaunes en forme de cœur renversé, de
huit étamines de longueur égale et d’un pistil en forme de croix. Le
fruit est une gousse allongée dispersant ses graines aux alentours
lorsqu’elle s’ouvre. Ces dernières conservent leur pouvoir germinatif
pendant des décennies.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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L’ouverture de ses fleurs est l’événement caractéristique de l’onagre
et lui a valu son nom tant en allemand, (Nachtkerze = bougie de nuit)
qu’en anglais (evening primrose). A la tombée du jour, les fleurs s’ouvrent
soudain une à une. Dans un premier temps les sépales d’un vert rougeâtre
s’écartent rapidement, puis les quatre pétales jaunes repliés sur euxmêmes en spirale s’ouvrent soudain dans une dynamique fascinante.
Cinq à dix minutes plus tard, la fleur est ouverte et luit dans l’obscurité
grandissante de la nuit. Un parfum fort, doux, légèrement enivrant
se répand. De nombreux insectes visitent alors cette fleur chargée
de pollen ; la nuit ce sont les papillons nocturnes, le jour les abeilles
et autres insectes. Le spectacle de l’ouverture des fleurs se répète
chaque soir pendant des mois, jusqu’en octobre. Cette longue période
de floraison témoigne d’une forte vitalité, même si la fleur elle-même
ne dure guère. Elle se fane au bout d’une nuit et d’un jour, et tombe
le lendemain. Alors débute la formation des graines. La gousse
dans laquelle mûrissent de nombreuses graines noires, commence
à croitre. Ces graines renferment l’huile d’onagre, bien connue pour
ses nombreux usages thérapeutiques. Pendant toute la période d’été,
on peut observer le déroulement simultané des différentes phases,
du bourgeonnement aux fleurs ouvertes, ainsi que l’allongement
progressif des gousses disposées l’une au-dessous de l’autre dans
un processus rythmique.
La fleur s’ouvre donc quand vient la nuit, mais en direction de la
Lune et non du Soleil. La couleur, le parfum, et surtout le déploiement
soudain de la floraison, signent la forte astralité au niveau de la fleur.
D’une grande vitalité globale, la plante est largement marquée par une
organisation rythmique, tant dans sa structure que dans le temps. Le
côté nocturne et, avec lui le courant des substances, sont fortement
marqués. Oenothera vient d’Amérique, une région géographique
où prédominent les forces du chimisme et de l’éther de vie. Le soir,
lorsque les fleurs s’ouvrent et que les forces éthériques de lumière et
de chaleur se résorbent dans l’enveloppe éthérique de la Terre, ce sont
également les forces du chimisme et de l’éther de vie qui prennent le
dessus. A ce moment, la fleur, en s’ouvrant d’un seul coup, apporte un
peu de ces qualités de lumière et de chaleur dans la nuit. Ainsi, elle
se détache du rapport naturel entre les plantes et leur environnement.
Elle introduit la qualité réchauffante de la lumière dans la composante
fraiche et nocturne des forces éthériques.
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Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
Indications gynécologiques
L’action thérapeutique de la plante agit dans la zone métabolique
de l’être humain, sous la forme d’une stimulation de la vitalité et de
l’élaboration des substances par les forces de l’éther chimique et
de l’éther de vie. Les propriétés rythmiques de la plante ainsi que
la dynamique marquée de la floraison nocturne suggèrent une
relation avec le cycle menstruel de la femme, qui est un processus
rythmique s’accomplissant dans la zone métabolique. C’est pour
cette raison qu’Oenothera a été choisie comme “ porte d’accès ” à
l’action de l’argent. Sur la base du vaste champ d’action de l’argent, la
combinaison végétabilisée grâce à l’onagre accentue l’effet anabolique
dans la sphère du métabolisme, en liaison avec les organes de la
reproduction.
L’indication thérapeutique est celle de troubles du cycle féminin
dans lesquels les deux périodes (phase folliculaire et phase lutéale)
sont trop distantes l’une de l’autre et au cours desquels le syndrome
prémenstruel, apparaît dans la seconde moitié du cycle, témoignant
d’une constitution physique et psychique trop sous l’emprise de
la pesanteur. Il s’agit alors non seulement de renforcer la vitalité
dans la sphère des organes génitaux féminins mais aussi d’insuffler
suffisamment de chaleur et de lumière dans l’aspect nocturne du
rythme menstruel. La posologie est de 15 gouttes 1 fois par jour dans
la première moitié du cycle, et de 15 gouttes 2 fois par jour dans la
seconde moitié.
On peut aussi penser à ce médicament - à la posologie indiquée - en
cas de troubles rythmiques du cycle (oligoménorrhée autant que polyménorrhée) pouvant être une cause de trouble de la fertilité.
Un autre article aborde une indication toute différente : Peau sèche
et démangeaisons liées à l’eczéma*.■
Dr. Joop van Dam
Zeist - Holland
*
Cf dans ce même numéro l’article du Docteur Jachens Lüder. : Oenothera Argento culta – Note
à propos d’un nouveau médicament contre la peau sèche.
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
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Oenothera Argento culta
Note à propos d’un nouveau médicament contre la
peau sèche*
Docteur Lüder Jachens
Traduction Laetitia Lescourret
Une nouvelle préparation, Oenothera Argento culta D3, dilution,
a été inscrite à la nomenclature des médicaments de Weleda AG,
Schwäbisch Gmünd, en novembre 2005. Elle contient de l’argent
végétabilisé par l’onagre et convient pour traiter la peau sèche et
les démangeaisons des sujets atteints d’eczéma ou présentant une
diathèse cutanée atopique, caractérisée par un déficit des forces
anaboliques au niveau de l’épiderme.
L’onagre est particulièrement ouverte aux éthers de type dit
inférieur s’élevant dans la plante depuis l’élément terrestre (éther de
vie et éther chimique – NdlR). Les preuves en sont la racine pivotante,
la prolifération des feuilles et la floraison ininterrompue du début de
l’été jusqu’aux premières gelées de l’automne. La plante s’ouvre à
l’action des éthers de type supérieur (éther de lumière et éther de
chaleur – NdlR) par la zone florale et la formation des graines, en
fleurissant précisément la nuit, un fait inhabituel. L’action de la lumière
et de la chaleur cosmiques est de ce fait fortement imprégnée de
la marque de la Lune. Il en résulte une intense interpénétration des
éthers de type inférieur et supérieur et, par voie de conséquence, une
profusion d’acides gras insaturés dans les graines, entre autres.
L’onagre est connue des dermatologues depuis 18 ans environ,
*
92
Article tiré du Merkurstab, 59. Jahrgang, Heft 1, 2006, p.66
Correspondances médicales
Automne - Hiver 2007 / n° 21
pour l’action bénéfique de l’huile de ses graines dans le traitement de
l’eczéma ; d’après l’expérience de l’auteur et en dépit de l’engouement
manifesté pour cette plante, , l’effet de cette huile est souvent décevant.
La coopération de notre collègue hollandais Joop van Dam et de
Weleda, Zietermeer/Hollande, a donné naissance à la préparation
Oenothera Argento culta D3, dilution, conçue en priorité pour des
indications gynécologiques. Selon l’expérience acquise par l’auteur
dans son cabinet de dermatologie, nous pouvons la considérer comme
le médicament par excellence de l’état épidermique du sujet atopique.
L’onagre incorpore l’argent dans son entité végétale de manière à
ce que l’épiderme s’en trouve revitalisé, et les forces anaboliques
locales régénérées. La sécheresse et les démangeaisons régressent
notablement en l’espace de 4 semaines, chez l’enfant comme chez
l’adulte. Cet effet est remarquablement net et non perturbé (par des
inflammations) chez le sujet atopique à peau saine, qui se plaint
simplement d’une peau sèche et de quelques problèmes minimes
d’eczéma pendant l’hiver.
La posologie d’Oenothera Argento culta D3, dilution, devrait être
de 5 à 10 gouttes avant les 3 repas pour l’enfant et de 10 gouttes
avant les 3 repas pour l’adulte. Chez les enfants, la prise des gouttes
sera associée à l’ingestion d’huile d’onagre (à faire préparer en flacon
de 100 ml, pour des raisons économiques), à raison d’une cuillère à
café par jour. Ceci permettant l’introduction d’ un traitement substitutif
par le biais du corps physique, afin de compléter l’action du remède
dynamique au niveau du corps astral et du corps éthérique. En cas de
démangeaisons nocturnes et de troubles consécutifs du sommeil, il est
recommandé d’y associer Bryophyllum Argento cultum, D3, dilution, à
raison de 5 à 10 gouttes le soir, pour l’enfant comme pour l’adulte.
Pour l’adulte, on peut également ajouter Argentum metallicum, D6,
trituration, ou bien Argentite D6, trituration, 1 mesurette avant les
3 repas ou 1 mesurette le soir, lorsqu’il s’agit d’activer l’anabolisme
nocturne.■
Dr. med. Lüder Jachens
Oberthalhofen 25
D - 88167 STIEFENHOFEN / ALLGÄU
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Directeur de publication : Dr Jean Chazarenc
Institut de Formation et d’Edition pour la Médecine Anthroposophique
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