Escume des Nuits – Février 2013

Transcription

Escume des Nuits – Février 2013
TD Rien à Foutre
Avec le CHAA, le CdH et le CJC
Soirée Romanes spéciale Noël
et pendaison de CRomaillière
Suite en 3 e de couverture...
as question ici de vous parler de poulpe, ratoume, mouton rose ou autre créature atypique. La situation
a cette fois risqué la dégénérescence de très près. Synopsis.
On avait géré, on était bien dans les temps pour ce nouveau numéro : on avait même prévu de
boucler l’édition début de semaine. Mais c’était sans compter le réseau de l’ULB et les bugs
informatiques : en deux secondes, les efforts de Laura, sa sueur, son abnégation, son dévouement de
tout un week-end de mise en page pointilleuse ont été réduits à néant.
Situation de crise. 6 longues heures d’initiation informatique accélérée. De désespoir. D’harcèlement de multiples
geeks, manuels d’utilisation de logiciel, forums d’entraide, et autres ressources en tous genres. Même le grand, l’illustre, le
fantastique papa de Laura avait renoncé. Enfin presque !
Nuit d’accablement. De résignation. Quand soudain … Mardi matin, 8h30 : « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !
Mon père a récupéré le fichier ! Y'a pas tout, mais y'a pleeeeeein ! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! ». Louanges,
danse de la victoire, pétillements des plus intenses dans nos yeux (surtout ceux de Laura) et surtout cri du cœur, son admiration
sans bornes pour son informaticien de père cristallisée dans une ode retranscrite ci-dessous :
Ô, grand maître des machines,
Toi dont l'intervention divine,
A ramené tant d'espoir,
Un sombre lundi soir,
Dans le cœurs de deux pin-ups,
Sur notre escume en ketchup.
(Comment ça c’est pas du Rimbaud ? Hé ho, je suis
en archéo, pas en romanes, bande de vilains !)
Après, ce fut un jeu d’enfant. Enfin, encore
une fois, presque. Dans nos péripéties et recherches
des solutions les plus loufoques et diversifiées, le PC
de Laura nous avait gentiment installé une version
plus récente de son logiciel préféré : « Cette version me fait ch***, je te l’ai déjà dit ? » est désormais une phrase gravée au fer
rouge dans ma mémoire de blonde. (non mais c’est vrai, cette version pue le yack mouillé)
Mais soit, un spaghetti bolo, une peluche dentée et quelques vidéos plus tard, nous sommes heureuses de vous présenter… la
nouvelle Escume !
Et comme Charlotte vous raconte le plus drôle, je m’attèlerai donc à la tâche ingrate du rappel de thème : pour ce
numéro, nous vous proposions de nous parler d’adaptations, de reprises et de travestissements d’œuvres à travers tous les arts
possibles et imaginables. Les cerveaux de compét’ de nos rédacteurs ont à cette fin exploré de nombreuses pistes très
diversifiées, qui, nous l’espérons, sauront retenir votre intérêt.
J’en profite pour remercier en notre nom (parce qu’il parait qu’on commence à se ressembler, à force de passer notre
vie ensemble) (comme ces personnes qui ressemblent à leur chien en somme) (devinez qui est le chien) ces écrivains de talent
que nous avons la chance de lire dans tous les numéros, mais aussi aux nouveaux, à qui nous souhaitons la bienvenue dans la
grande et belle famille de l’Escume (si si).
Et comme tout ça est très sérieux, je terminerai par un vieux proverbe de la Ratoumière : Cha défractée craint la bière
froide. Ba dum tss !
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Rédactrices en chef:
Laura Maréchal et Charlotte
Hansart
Ont participé à ce numéro :
Noëlle Bastin
Jill Hanoteau
Xavier Ceulemans
Pierre-André Patout
Chloé De Vriese
Oscar Briou
Romain Hermans
Naïka St-Arnauld Hivon
Kathryn Sadowski
Isabelle Martin
Noémie Maréchal
Amaury Lantonnois
Laurent Louis-De Wandeleer
François Marchant
Princy Bourdeaud'hui
Chaïma Tahiri
François De Heyder
A sauvé ce numéro :
L'Escume des Nuits N°56 | Novembre 2012
5 | MES CHERS CROMPATRIOTES
6 | FANFAN
8 | QUARTIER LOINTAIN
10 | LES JEUX VIDEOS
11 | LE HOBBIT
12 | LES PARODIES
14 | ROBIN HOBB
Les mots se colorent et se dessinent
15 | YOU'RE MY WONDERWALL
16 | LES ARCHEOSITES
Aubechies et Guédelon : deux exemples d'archéologie expérimentale
20 | SYNESTHESIES, L'ENVIE M'ANESTHESIE
22 | MOI, LA CANADIENNE
Marc Maréchal
Mise en page :
Laura Maréchal
Couverture :
Adlynn Fischer
Quand la langue se travestit
24 | LE BRITISH BLUES BOOM
26 | LES MISERABLES
28 | LE COIN DES LITTERAIRES
Les bienfaits de la nuit et Rue Sansregret
Editeur responsable :
Noëlle Bastin
Périodique publié par le CRom
32 | BOZAR ET CONCOURS
John Waters et Balkan Trafik !
34 | COURRIER DES LECTEURS
36 | QUOI DE NEUF A L'ULB ?
37 | QU'EST-CE QU'ON VA FAIRE ?
Consultable sur notre site :
38 | ET SI LES PATES N'ETAIENT PAS LA SEULE OPTION ?
40 | CROMSSIP
www.romanes.be
Spécial Week-end CRomité
Nous contacter :
[email protected]
L'Escume des Nuits N°57 - Février
2013
Année académique 2012-2013
42 | MOI JE JOUE
44 | ANNONCES ET BONS PLANS
45 | LES PERLES DU CROMITE
4 | L'Escume des Nuits | facebook.com/groups/escumedesnuits/
46 | CROMOSCOPE
Par Noëlle BASTIN
Romaniste, romaniste, sympathisant, lecteur,
Tandis que le deuxième quadrimestre nous fait replonger dans notre quotidien universitaire hors
blocus et hors vacances, le CRom ne se laisse quant à lui pas gagner par l'habitude. Entamant ce quadri
par un week-end comité sous la pluie qui aura suscité à la fois bons moments, interrogations, rires et
rapprochements, le tout sur fond de karaoké, le CRom est bien décidé à ne pas s'ennuyer.
Le 22 mars, la Nuit de la Prohibition fera vibrer vos gosiers et vos corps enfiévrés, tandis que nous parsèmerons vos
semaines et vos agendas d'activités culturelles, de projections et de pré-TDs en tous genres. Peu de repos donc, pour... HEIN ?
Que se passe-t-il, Laura ? Agrémenter le mot de la présidente de mots doux et de gentillesses afin de faire comprendre aux
lecteurs à quel point elle est pleine de sagesse, de beauté et de grâce ? Ma foi, si c'est pour la bonne cause, je peux bien te
confier ma plume et faire l'impasse sur les quelques mots qui devraient être miens. Ne déçois pas le fidèle CRomaniste aux yeux
avides de lettres et de sensations, qui se penche sur ma page afin de connaître la vie de son cercle...
Cher lecteur, je me permets donc d'interrompre ce très solennel mot d'en haut.
Car vous la côtoyez lorsque vous venez au CRom, vous la lisez dans chaque numéro. . . mais au fond, connaissez-vous vraiment
notre présidente préférée ? Eh bien pour cette fois, l'Escume a décidé de couper court aux longs discours et de vous présenter
sincèrement, objectivement et respectueusement celle sur qui tout repose.
En réalité, tout ça ne tient qu'en une phrase :
Noëlle est... une chose étrange...
...qui aime être bien entourée...
... sexy...
... s'amuser...
...et féminin à la fois...
... et jouir de la vie.
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Par Charlotte
anfan… La Tulipe ? Mais si, tu sais, le beau gosse qui joue dans le film de cape et d’épée… Non ?
Me demanderez-vous inévitablement. Eh bien non, apprenez que d’autres individus portent
également ce surnom, et celui qui nous intéresse ici est en fait une femme.
Héroïne du roman d’autofiction homonyme écrit en 1990 par le jeune Alexandre Jardin il n’avait que 25 ans - Fanfan est la jeune femme dont s’est épris le héros, Alexandre Crusoé. Issu
d’une famille aux mœurs libertines et dont il veut par-dessus tout se démarquer, Alexandre n’a
qu'une obsession : éviter les délabrements de la passion amoureuse avec celle qui s’avèrera être la femme de sa vie. Suite à sa
rencontre avec la séduisante Fanfan, il va donc imaginer les stratagèmes des plus alambiqués pour prolonger infiniment les
premiers instants d’une histoire d’amour, épargner à leur hypothétique couple les désagréments routiniers de la vie commune et
faire en sorte que jamais leur amour ne se dégrade.
Mais passons à ce qui nous intéresse précisément ici. Parce que oui, pour le dire théâtralement, ce conte contemporain
a été adapté à l’écran en 1993, par Alexandre et Pascal Jardin, avec Sophie Marceau et Vincent Pérez. La vision du film, qui
m'a semblé être une agréable comédie romantique se laissant
aisément regarder et idéale pour se détendre un soir de blocus,
a précédé pour moi la lecture du livre, tout aussi idéale pour se
détendre les soirs de blocus. Mais les impressions que l’un et
l’autre me laissent n’en sont pas moins bien différentes.
Et les divergences entre le film et le livre ne
manquent pas : la description romanesque de certains
protagonistes ne colle pas toujours avec la physionomie ou la
position sociale de l’acteur ou de l’actrice leur correspondant,
tous les personnages apparaissant dans le roman ne figurent
pas dans le film, ou en tout cas pas avec la même épaisseur et
la même importance, tout le passé du héros, passé sous silence
dans le film, est détaillé dans le livre et rend plus profonds les
états d’âme du héros, ainsi que l’intrigue toute entière.
Oui oui, c’est là, je pense, la différence majeure entre
les deux : le film n’est, pour le dire en trois mots (j’ai
compté), qu’un bon vieux « film de fille », se concentrant
principalement sur une romantique histoire d’amour entre
deux jeunes gens encore un peu foufous. Mais le roman,
raconté par la voix du héros, laisse transparaître tout le
traumatisme infantile de l’auteur, la souffrance et les craintes
que lui ont inspirées les mœurs libertines de ses parents,
mœurs auxquelles ils s’adonnaient sans retenue dans leur
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HANSART
maison de vacances à Verdelot : le jeune Alexandre, révolté par la désinvolture avec laquelle ses géniteurs traitent l’Amour, veut
à tout prix refouler ses pulsions naturelles pour conjurer ce qu’il appelle « la malédiction verdelotienne ».
Le film édulcore également la relation houleuse que le héros entretient avec son père, son affection pour le vieux
couple que forment Maud – la grand-mère de Fanfan – et Monsieur Ty – celui qu’Alexandre considère comme son maître à
penser et qui lui remettra d’ailleurs les idées en place avant qu’il n’accomplisse l’irrattrapable –, ou encore l’aura mythologique
entourant son village d’adoption. Et surtout, surtout, il réduit la fréquence et l’intensité des états d’âme quelque agaçants, pour
rester poli, d’Alexandre : en effet, dans le livre, le lecteur assiste aux incessants changements d’avis du héros qui à la page 50
décide de ne jamais toucher Fanfan, puis décide tout de même de la toucher mais une seule fois à la page 51, puis revient sur sa
décision parce qu’il a croisé son père à la page 52, puis … etc etc. Autant dire qu’à certains passages, on aurait envie de secouer
une bonne fois pour toutes ce pauvre jeune homme éperdu.
Voilà pour le tableau global. Mais pourquoi les deux ambiances qui résultent de ces choix sont-elles aussi différentes ?
Pourquoi le réalisateur fait-il de Fanfan un nez oeuvrant dans
le monde de la parfumerie, alors que l’écrivain lui a conféré
un rôle de cinéaste ? Pourquoi a-t-il ajouté cette
grandiloquente scène de bal à Vienne ? Pourquoi insiste-t-il
tant sur l’amour d’Alexandre pour les animaux ? Autant de
questions qui restent en suspens. On pourrait penser que les
deux œuvres poursuivent des buts fondamentalement
différents, que les réalisateurs du film ont voulu avant tout
distraire leurs spectateurs, tandis que l’auteur a réellement eu
pour but de romancer sa propre vie, la vraie, sans
aménagements ou embellissements. Mais cette hypothèse ne
tient plus quand on sait que l’écrivain est (partiellement du
moins) le réalisateur.
Les deux versions sont pour moi complémentaires :
elles se nuancent et s’enrichissent l’une l’autre par la diversité
des points de vue qu’elles proposent. Le film apporte le plaisir
des yeux et intensifie la relation mise en scène grâce à la durée
limitée dont il dispose, tandis que le roman nous livre l’envers
du décor, les profondeurs de l’âme tourmentée d’Alexandre en
même temps que le contexte général entourant l’action.
A recommander aux amateurs d’histoires sentimentales sortant
de l’ordinaire, sans aucun doute..
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Par Romain
uartier lointain est une œuvre artistique à deux faces. Il mérite cette dénomination puisque c’est
avant tout une œuvre graphique et littéraire, sous la forme du célèbre manga de Jiro Taniguchi,
mais aussi cinématographique, réalisée par Sam Garbaski. Ils sont distincts par la forme mais
aussi par le fond, à tel point que même s’il est évident que celle du cinéma est inspirée de
l’originale, il serait plus juste de parler d’influence plutôt que de calquage. Le cinéma à ses
spécificités, ses propres règles et codes, qui, agencées selon le choix du réalisateur, font d’un film
qu’il se démarque ou non des autres. Sam Garbarski n’est pas étranger à ces codes et règles, il se
trouve en fait qu’il les maîtrise assez bien. Assez pour avoir traité une œuvre du soleil-levant dans un cadre typiquement
occidental, tout en ayant parfaitement respecté l’esprit du manga. En effet, si le talent de Jiro Taniguchi est aussi dans son
utilisation du temps, le précipitant ou le suspendant durant un certain laps d’images, le réalisateur belge l’a bien compris. Et
quand l’atmosphère générale, ainsi que le rythme du film, est restituée presque à l’identique que dans le manga, ce n’est pas
seulement au synopsis que nous l’attribuerons, mais surtout à la poésie qui, dans le manga comme dans le film, pourrait faire
penser à un parfum fantôme.
Si l’histoire n’est pas d’une originalité phénoménale d’un premier abord,
c’est parce que c’est la transposition des rêves de beaucoup : remonter dans le
temps, avoir la possibilité de modifier notre présent en agissant autrement dans
son passé, etc. Mais si nous devions nous arrêter uniquement à ce qui nous paraît à
l’original, nous passerions à côté de belles expériences, comme la lecture de ce
manga ou dans notre cas la vue du film Quartier lointain .
Un homme un peu mélancolique sur les bords tombe dans son village
natal après s’être trompé de train. Ayant quelques heures devant lui avant l’arrivée
de son train de retour, il décide de faire un tour dans ce quartier quitté il y a si
longtemps. Là, suivant ses pas, presque d’une manière automatique, sans trop
savoir pourquoi donc, il se retrouve au cimetière du village, où repose pour
toujours sa maman, décédée vingt-trois ans plus tôt. C’est alors que le temps
semble se concentrer sur cet unique lieu, s’arrêtant même, et c’est là que pris de
vertige, il passe cette fameuse faille dans le temps. Voilà donc Thomas revenu à
ses quatorze ans, au temps où sa mère était encore bien vivante et son père,
disparu à jamais quelques mois seulement après son ″retour″, toujours présent. Au
fil de l’histoire, Thomas comprendra que sa mission, la raison pour laquelle il est
revenu dans le passé, est d’empêcher son père de partir, empêchant du même coup à sa mère de mourir de chagrin. Il va donc
essayer de trouver des indices lui permettant de comprendre, afin d’agir, tout en vivant mieux en vie sa nouvelle adolescence,
prenant peu à peu le dessus sur l’homme d’une cinquantaine d’années qu’il est, bien qu’elle soit toujours très présente dans sa
conscience, agissant donc parfois imperceptiblement sur ses manières d’agir et de penser.
Si l’histoire a des allures universelles (la disparition d’un père, le changement de vie soudain, le sentiment de vivre la
vie de quelqu’un d’autre), elle laisse pourtant une impression d’irréel. Un réel irréel, c’est cela. Par la lumière notamment.
Celle-ci est épurée, nette. Elle est non réaliste pour une histoire qui l’est, outre le phénomène étrange du retour dans le passé.
Ceci n’est pas un caprice vain du réalisateur, puisque additionné au jeu du son, cela rend l’atmosphère lointaine, décalée par
rapport à la situation (bien que cela reste toujours cohérent). Le son du train qui amène Thomas par exemple, ne correspond pas
à l’époque du thomas adulte, mais plutôt à celui de son enfance. Non, ce n’est pas une erreur, mais bien une technique
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HERMANS
volontaire, une prémisse qui attend Thomas, un son du passé perçu par le spectateur seul. La voix in, peu couramment utilisée,
(contrairement à la voix off) nous ouvre sa conscience.
Nous sommes alors intimes de Thomas, et connaissant ses pensées et réflexions, nous sommes alors également plus
intimes avec l’histoire, l’abordant plus profondément, puisque nous y participons. Ainsi, le traitement psychologique des
personnages dépendra du point de vue de Thomas, variera en fonction de facteurs qui, eux, régissent la vie de Thomas. Son
point de vue et constamment en changement, tout d’abord parce qu’il dépend de la part de lui prenant le dessus (adulte-enfant),
et ensuite parce que, si c’est l’adulte qui finalement l’emporte (puisque c’est ce qu’il est intérieurement), lui-même est
maintenant changé par la reconstruction légère de son passé. La voix dite trough ajoute, si besoin est un côté décalé au temps,
un côté tragique et lourd à la situation, celle qui est la clef de l’intrigue, où le temps semble encore plus chamboulé qu’il l’était
auparavant pour Thomas : la scène du départ de son père. Et comment ne pas mentionner au moins la bande sonore du film,
calque par rapport à l’atmosphère et la poésie du film, le groupe (belge) AIR ?
Tous les effets sonores et visuels ne sont pas farfelus, bien au contraire si on prend en considération une des grandes
réussites de ce film : l’atmosphère. Poétique, celle d’un temps lointain, de l’enfance qui a marqué le restant de sa vie, de la
compréhension sinon de l’acceptation de son passé, de l’absence d’un père et du bonheur qu’on ne trouve jamais, etc.
Au final, c’est le cœur gros que nous découvrons que malgré la seconde jeunesse de Thomas, celui-ci n’a pas réussi à
modifier son passé, que sa vie n’a pu avoir qu’une seule et une seule écriture. Cœur lourd et rempli. Rempli d’émotions,
partagées avec Thomas, de compréhension, de perspectives nouvelles quant à l’abordage de la vie et de la quête du bonheur (en
d’autres termes, vivre pleinement sa vie et d’une manière authentique).
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Par Laurent LOUIS-DE WANDELEER
e cinéma est depuis bien longtemps passé maître dans l'art d'offrir une seconde jeunesse à des œuvres
de toutes natures. Néanmoins, un petit nouveau s'est depuis peu immiscé dans le monde du recyclage
: le jeu vidéo.
Le jeu vidéo, ce n'est pas seulement Angry Birds, Call of Duty : Modern Warfare 3 ou
encore FIFA 13 , tous trois des succès à l'échelle planétaire. C'est aussi toute une série d'adaptations
d'œuvres plus ou moins connues du grand public. Tantôt réussies, tantôt complètement ratées, ces
adaptations cherchent la plupart du temps à retranscrire le plus fidèlement possible l'univers et
l'ambiance de l'œuvre de base. Le gameplay – c'est-à-dire la manière de jouer – peut y prendre
différentes formes en fonction du type de jeu que les développeurs ont voulu créer.
Du côté des adaptations fidèles, on pense directement à certaines transpositions de films, parfois eux-mêmes adaptés
de romans. Ainsi, les versions vidéoludiques des sagas Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux (façon jeux d'aventure) ou
encore James Bond (façon jeu de tir à la première personne) permettent au joueur d'incarner les héros qui l'ont fait rêver à
travers des centaines de pages ou sur grand écran. Fort malheureusement, c'est souvent dans un but bassement financier que les
éditeurs mettent de tels produits sur le marché. Même si ce ne sont pas de mauvais jeux, c'est bien un goût de trop peu qui
pointe chez le joueur déçu, les excellents GoldenEye 007 (Nintendo 64, 1997) et Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi
(PC-PS2-Xbox-Gamecube, 2003) faisant figures d'exceptions majeures.
C'est pourquoi certains préfèrent revisiter de manière tout à fait inédite des éléments déjà connus de tous, ce qui donne
parfois naissance à de petites perles. Du point de vue de l'adaptation de romans, citons American MgGee's Alice (PC, 2001), un
jeu d'action psychologiquement torturé qui restitue de manière très sombre
et dérangeante l'univers de Lewis Carroll, Dante's Inferno (PS3-Xbox 360,
2010), véritable hommage à Dante et à son enfer, dans lequel le joueur doit
traverser les cercles correspondant aux différents péchés capitaux et remplis
d'ennemis à combattre (le jeu étant ce qu'on appelle un « beat'em all »,
littéralement « battez-les tous ») et enfin Le testament de Sherlock Holmes
(PC-PS3-Xbox 360, 2012), jeu d'énigme dont l'ambiance s'éloigne
considérablement de ce qui avait été proposé jusque-là pour présenter un
Holmes sombre, versant presque du côté obscur de la force, tranchant donc
avec la tradition de Conan Doyle.
Le monde de la bande dessinée n'est pas en reste non plus, en
témoignent XIII (PC-PS2-Xbox-Gamecube, 2003), adaptation plus que
réussie de la BD éponyme façon jeu de tir à la première personne, ainsi que
le majestueux Batman Arkham City (PC-PS3-Xbox 360-Wii U, 2011) qui,
en reprenant de nombreux éléments des différents comics sur la chauvesouris, s'affiche comme étant l'un des meilleurs jeux vidéo d'aventure/action
jamais créés à ce jour.
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet tant les adaptations d'œuvres sont légion dans le monde du jeu vidéo. Il
est intéressant de noter que les différents média cités plus haut commencent à rendre la pareille à ce dernier en « travestissant »
certaines de ses grosses productions. C'est pourquoi on peut trouver des bandes dessinées Assassin's Creed, un film Prince of
Persia ou encore des romans adaptés de jeux de rôle bien connus (World ofWarcraft : Le déferlement de Christie Golden, The
Elder Scrolls : Le seigneur des âmes de Greg Keyes...).
Le jeu vidéo tendrait donc à gagner en légitimité et à être reconnu en tant que forme d'art majeure au même titre que le
cinéma ou la littérature. Sa récente entrée au Musée d'Art Moderne de New York va d'ailleurs en ce sens. Il faudra donc
probablement compter de plus en plus avec lui dans les années à venir, en espérant davantage d'approches originales à la
Batman Arkham City plutôt que des resucées ne comportant aucune prise de risque et un minimum d'inventivité.
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Par Princy BOURDEAUD'HUI
e Hobbit, qui que vous soyez, ce
nom ne peut vous être inconnu !
Film majeur de la fin d’année
2012, vous avez été très
nombreux à vous précipiter dans
les salles obscures pour vous
délecter de cette petite perle
desservie par Peter Jackson. Et
pourtant, sa réalisation et sa production étaient bien
incertaines en raison de nombreux désaccords entre les
différents partis ! Merci, les principaux antagonistes ayant
trouvé un terrain d’accord, nous avons pu nous émerveiller !
Mais qu’est-ce qui vous a poussé à aller voir ce
film ? Le bouche-à-oreille ? Les critiques ? La curiosité ?
Autre chose ? Certainement tout cela mis ensemble, mais
par-dessus tout, pour la majorité d’entre vous, le souvenir de
la trilogie de films « Le Seigneur des Anneaux » datant de
(déjà) 2001-2003. Nous nous remémorons tous cette histoire
épique de Frodon et de ses compagnons partis à travers des
contrées lointaines afin de détruire l’Anneau unique de
Sauron. Films au succès incroyable et qui avaient fait rêver des millions de personnes de par le monde.
Voilà bien un point intéressant, ayant quasiment tous vu l’adaptation cinématographique du « Seigneur des Anneaux »,
nos attentes étaient décuplées et très certainement légitimes. En effet, même réalisateur, reprise des mêmes acteurs, univers
familier, musiques, etc. Qu’en a-t-il été du résultat ? Avis plutôt unanime d’une brillante réussite !
Mais que répondre à ceux qui disent avoir vu trop de clins d’œil à la trilogie précédente ? Commencez certainement
par rappeler le fait que ces deux œuvres ont été écrites par le même auteur : J.R.R. Tolkien. Souligner la chronologie de départ
que beaucoup semblent avoir oublié : « Le Hobbit » a été rédigé en 1937 et est au départ un conte pour enfants. Au vu de son
succès, l’éditeur de l’époque demande à Tolkien d’écrire pour le Noël suivant une suite… Il faudra attendre 1954-1955 pour que
celle-ci paraisse sous le nom de « Le Seigneur des Anneaux ». Cet ouvrage a perdu le ton enfantin de son prédécesseur mais
reçoit néanmoins un accueil favorable et connait depuis lors un succès constant. Mais Tolkien réalise le fossé qui s’est creusé
entre les deux livres. Il décide alors de « ré-écrire » le « Le Hobbit » afin de combler cet espace. Pour diverses raisons, cette réécriture ne verra jamais le jour.
On peut dès lors dire que Jackson a réalisé le rêve de Tolkien : effectivement, Jackson a d’abord tourné « Le Seigneur
des Anneaux » et s’est seulement tourné par la suite vers le « Le Hobbit », ce qui lui a permis de ‘créer’ ces connections
(certaines, pas toutes) que Tolkien auraient tant voulu inventer afin de rendre l’ensemble encore plus harmonieux.
Alors, on ne peut que vous conseiller que de lire ces deux écrits de Tolkien avant de retourner dans les salles obscures
afin de mieux vous imprégner de ce monde créé par Tolkien et de savourer en tout état de connaissance cette transposition dans
la réalité d’un imaginaire semblant parfois plus attrayant que cette vie.
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Par Pierre-André
n connaît tous le cas des romans à succès (tout est relatif…) qui sont adaptés – plus ou moins bien – au
cinéma et à la télévision. On connaît tous le cas des séries blockbusters qui sont transposées sur papier,
généralement sous forme de bandes dessinées, et qui retracent les mêmes péripéties que la série
originelle, ou bien qui offrent de nouvelles histoires – rendant l’audiovisuel et le littéraire
complémentaires et pourtant bien séparés. On connaît tous des cas comme celui de « Pierre et le loup »,
le conte musical de Prokofiev, adapté sous forme de long-métrage d’animation (notamment, pour ne citer
que le plus connu de notre jeune et vigoureuse génération). Ou encore, les opéras d’où sont issus des
des livrets, ces textes en vers qui viennent compléter l’œuvre musicale elle-même. On connaît tous… Enfin soit ! Quand on
parle de « reprise », « transposition », « adaptation », etc. c’est à ce genre de références qu’on pense.
Cependant, il est des reprises, des transpositions et des adaptations d’un autre type qui font partie – presque quasiment – de notre
quotidien (hebdomadaire ou mensuel, selon les personnalités, nous ne sommes pas regardants…). Elles se font, pourrait-on dire,
« du même au même », à la manière des « à la manière de » (j’ai l’impression qu’il y a de l’écho, pas vous ?!). J’ai, bien sûr,
nommé les parodies ! Certaines sont devenues cultes : les Zinconnus, les Nuls, et autres troubadours de l’humour ont réussi à les
faire passer à la postérité, d’autres bien moins, mais là n’est pas le sujet de mon propos… Bon, en fait, si j’avais pu insérer une
vidéo ou une musique dans mon article ça aurait été le sujet, mais ce n'est pas le cas ! Alors trêve de billevesées, clavardages et
autres digressions, entrons dans le vif du sujet : « La parodie, Kécècè ? ».
Tout d’abord, en bon Maître ès sciences de la parole que je suis – ça fait du bien à l’égo tout à coup – je commencerai
par une petite histoire du terme. C’est au XVIIe siècle que l’on voit apparaître le mot parodie, que l’on suppose emprunté au
grec parôdia (qui renvoyait à l’imitation bouffonne d’un texte poétique), et qui désignait alors une imitation comique d’œuvre
sérieuse ; et, de là, le terme s’est appliqué à tout détournement plaisant. Au XIXe siècle, il s’agira davantage d’un emploi figuré
faisant référence à une caricature ou une contrefaçon qui s’attachait à ne représenter que quelques traits (d’une personne, d’une
œuvre, etc.). Il passa, au XVIIIe siècle, par une acception qui désignait un texte écrit pour être chanté sur un air connu.
Dans les faits, actuellement, nous baignons littéralement dans la parodie : publicités, séries, journaux,… Mais, de tous
temps, le genre a existé. Il a toujours existé,
depuis l’époque classique, une littérature «
parallèle », une littérature qui détournait les
formes canoniques. Elle servait à contester
l’autorité en utilisant les mêmes canaux, les
mêmes modalités. Dans l’Antiquité grécolatine, cela passait essentiellement par le
théâtre ; durant le Moyen Âge, ce sont les
textes religieux qui étaient battus en brèche.
Mais au final, ce sont surtout les fables, les
fabliaux, les centons, les contes et les mythes
qui ont fait le plus souvent l’objet de ces
altérations humoristiques. Un peu plus tard…
au XVIIe siècle, la parodie sera à rapprocher
12 | L'Escume des Nuits | facebook.com/groups/escumedesnuits/
PATOUT
d’un nouveau genre, celui de l’anti-roman,
inventé et initié par Charles Sorel (L’Antiroman ou l’histoire du berger Lysis, 1633) qui
voulut réagir face à la multiplication des récits
qui copiaient allègrement le modèle de l’ Astrée.
Au XVIIIe siècle, ce sont essentiellement les
pièces dramatiques qui se feront contrefaire (ce
sera principalement le cas du Cid de Corneille).
Les genres nobles sont parodiés abondamment
au théâtre pour satisfaire, en quelque sorte, la
demande du public. En effet, ce dernier, rompu
aux styles, genres, tournures, mouvements
classiques, normés et devenus presque banals,
est friand de tous détournements qui tournent
en dérision ce qu’il a fini par connaître par
cœur. Cet engouement était tel qu’au XIXe
siècle, des auteurs envoyaient leurs œuvres à
des spécialistes de la parodie avant même de
produire sur scène la pièce originale – Dumas le
fit, notamment, avec Henri III. Le public du
Second Empire raffole littéralement de ce genre
qui, cette fois, ridiculise totalement les genres
nobles, les personnages qu’ils mettent en scène
et les valeurs qu’ils véhiculent. Cela bougera
quelque peu au XXe siècle où la parodie,
toujours présente, sera diffusée par la bande
dessinée ou le cinéma.
Cependant, même si la parodie connut un grand succès à travers les âges, elle a longtemps été considérée comme une
pratique rhétorique uniquement, et absolument pas comme une opération de création. Pour cause, faisant partie du registre
comique, elle s’est vue dévaluée jusqu’au moment où l’on renoua avec Aristote et sa Poétique (débat mis à part). Désormais,
elle a fait et fait encore l’objet d’études par Genette, Bakhtine, Lotman, et Margaret A. Rose, notamment.
Ajoutons enfin que la parodie bénéficie d’un statut particulier, car sa réception postule une (re)connaissance des
modèles originaux ; elle peut même revaloriser, avec un public averti, ce dont elle tire son inspiration. Ainsi, la compétence
interprétative de chacun est primordiale, car si cette dernière fait défaut, le message et le sens que la parodie donne au texte ne
peuvent être véhiculés, et le détournement ne passe pas.
Et comme je ne pouvais décemment pas terminer mon article sur ces paroles pleines de sagesse et de bon sens, je vous
invite à aller voir sur ce lien : http://www.dailymotion.com/video/x3kcf9_les-nuls-parodie-pub-lactel_fun#.URDabWe0Ou0 (je
vous l’accorde, je pense surtout à la version web de L’Escume des Nuits, mais il faut vivre avec son temps !).
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| L'Escume des Nuits | 13
Par Noémie MARECHAL
n ce jour pluvieux de février, je vais vous parler de ça :
Oui je sais, ce n’est pas la première fois que je vous parle de Robin Hobb. J’ai un peu peur de vous lasser en définitive
– bien que je ne conçoive pas qu’on puisse être lassé de cet auteur fantastique mais bon – mais j’ose quand même cet article.
Parce que, voyez-vous, les magnifiques romans de Mme Hobb ont été adaptés en… BD ! Oui oui je vous vois, vos yeux
scintillants de mille feux et votre mignon petit visage poupon s’extasiant face à cette nouvelle incroyable. Je vous comprends.
Au début, j’étais un peu réticente à acheter ces albums (au nombre de six actuellement mais ils seront neuf au final pour la
première partie des aventures de L’Assassin Royal) parce que, comme tout lecteur amoureux des mots, je m’étais formé ma
propre image des différents personnages, ma propre vision des lieux que parcouraient lesdits individus, et je ne voulais
absolument pas gâcher cela par l’image et la vision d’une autre personne. Mais, de manière évidente, les BDs me faisaient de
l’œil et je n’ai pas résisté longtemps.
Signés pour le scénario par Jean-Charles Gaudin et pour le dessin par Laurent Sieurac (Christophe
Picaud à partir du 3e tome), les albums sont une adaptation assez fidèle des romans, ce qui réjouira les fans
de la grande auteur de fantasy. Bien sûr, il est impossible de recréer l’histoire avec tous les détails qu’elle
contient (ou alors il faudrait au moins une bonne centaine d’albums), néanmoins, les passages choisis sont
très bien illustrés et permettent à celui qui a découvert Fitz dans les livres de le retrouver en chair et en os.
Certains diront que les personnages masculins se ressemblent beaucoup (trop) et qu’il est dès lors difficile
de les différencier. Pour ma part, leur façon d’agir, mais également la façon dont ils sont habillés
permettent de les reconnaitre et cela n’a pas été un problème lors de la lecture des albums.
Une des petites remarques que je ferais concernant cette adaptation en BD est que les romans de
base sont extrêmement bien développés et surtout bien ficelés. Les histoires des personnages sont traitées
en profondeur et certaines caractéristiques de
l’histoire, comme le Vif et l’Art, ont une
importance cruciale. Lorsqu’on adapte un
roman en bande dessinée, il est impossible de
faire paraître toutes ces finesses et ces détails,
ce qui peut affaiblir quelque peu la BD.
Autre raison de vous réjouir : Les
Aventuriers de la Mer vont également être
adaptés en bande dessinée. Le premier album
sortira, d’après la rumeur, en mai 2013.
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Par Chloé DE VRIESE
oday is gonna be the day that they're gonna throw it back to you
By now you shoulda somehow realized what you gotta do
I don't believe that anybody feels the way I do about you now
Qui n'a donc jamais fredonné au moins une
fois dans sa vie l'air de cette célèbre chanson ? Comme
il s'agit d'une chanson du groupe britannique Oasis que
j'affectionne particulièrement, j'ai décidé de baser cet
article sur la version originale d'Oasis, et reprise par la
suite par Ryan Adams. Véritable phénomène musical,
elle a été revisitée à toutes les sauces par les Mike
Flower Pops, Cat Power, Richard Cheese, Great Big
Sea, Paul Anka, le Brad Mehldau Trio, les Beastie
Boys, Ryan Adams. Et encore, cette liste ne se veut pas
exhaustive. Pas étonnant lorsqu'on apprend que
Wonderwall fût désignée il y a huit ans comme étant la
meilleure chanson britannique de tous les temps.
Je vous vois venir d'ici « La mieux reste
toujours l'originale », « Les reprises, c'est de la merde »,
« Les gens qui reprennent des chansons n'ont aucun
talent ». Cela est parfois vrai, je vous l'accorde (pensons
à Calogero et son titre En apesanteur repris par... Shym,
quel gâchis !). Maintenant, concernant la reprise, il faut
se dire que, de temps à autre, elle n'est pas le résultat
d'un cruel manque d'imagination des jeunes chanteurs
actuels qui souhaitent faire parler d'eux. Certains
chanteurs considèrent parfois que la chanson n'a pas fait
suffisamment ses preuves, c'est-à-dire offert la pleine
mesure de ce qu'elle aurait pu faire. Dans le cas présent,
il s'agit d'une revisite, puisque, si Ryan Adams n'a pas
cherché à calquer ou copier la chanson, il la chante dans
un style tout à fait différent de l'originale, beaucoup plus doux. Pour votre information, cette chanson fût tout de même diffusée
dans des épisodes de séries télévisées, telles que les suivantes : Smallville, Cold Case : Affaires classées, Lie to Me, et enfin, the
O.C.
Je finirai ce présent article en précisant que, finalement, peu importe que la musique soit revisitée à toutes les sauces et
dans des styles aussi différents les uns que les autres ; le principal ne réside pas dans la personne qui l'a chantée à l'origine, ce
n'est pas à cela qu'une chanson est « meilleure » ou « plus valable » qu'une autre : selon moi, l'important se situe dans les
sentiments transmis et l'émotion qu'elle vous fait passer.
« La musique est la langue des émotions » - E. Kant
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| L'Escume des Nuits | 15
Par Amaury
n phénomène relativement récent, mais en nette expansion commence à s’installer dans le paysage
culturel européen : le site d’archéologie expérimentale. Aussi appelé archéosite ou parc
archéologique, le terme désigne un ensemble de concepts situés entre le parc d’attractions et le
modèle muséal classique, qui ne fait pas toujours l’unanimité auprès de tous les publics. Loin des
collections poussiéreuses et des fiches signalétiques absconses, le site d’archéologie expérimentale
joue sur une nouvelle forme d’interactivité avec le public. Dans ce bref article, je vous propose de
parcourir quelques éléments clés de deux sites à la popularité croissante : j’ai nommé l’Archéosite de
Bliquy-Aubechies, en région athoise, et le chantier de Guédelon en Bourgogne.
Aubechies : reconstitution passionnée1
Le site d’Aubechies est un parc archéologique retraçant l’histoire du néolithique à l’époque gallo-romaine au moyen de
reconstitutions. Le visiteur a donc l’occasion de passer de l’habitation meublée d’une famille de l’âge du fer à celle de leurs
descendants gaulois, avant de visiter un temple romain aussi vrai que nature. L’asbl Archéosite d’Aubechies a été fondée en
1983, et est reconnue à travers toute l’Europe occidentale pour la qualité des reconstitutions et des animations qu’elle propose.
Elle présente en tout 12 bâtiments reconstitués, et deux extras sous forme d’une péniche et d’un jardin aromatique romain.
L’Histoire du site est intimement liée à la recherche archéologique. La région dans laquelle celui-ci est installé est en
effet reconnue pour le grand nombre de vestiges archéologiques datant principalement de la pré- et protohistoire. Les résultats
des fouilles entreprises dans les alentours a permis à une poignée de passionnés de fonder l’asbl, et de reproduire des éléments
retrouvés, tels des pots et objets
métalliques divers, ustensiles, armes et
outils.
La caractéristique principale
de l’archéosite d’Aubechies est qu’il
est géré par des passionnés d’histoire,
qui ne sont ni historiens, ni
archéologues. Il n’y a pas de conseil
scientifique lié à l’institution et au
musée, mais une base de passionnés
pratiquant l’artisanat d’autrefois.
L’essentiel des éléments exposés dans
les constructions reconstituées sont en
effet issus de la production ayant lieu
sur place lors de la belle saison. Les
artisans proposent même des
1
www.archeosite.be pour plus de renseignements ou de photos
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LANTONNOIS
démonstrations diverses les dimanches, jour où le parc prend vie au plus grand plaisir des grands et des plus petits.
À côté des animations hebdomadaires, le parc organise d’autres types de manifestations. Citons par exemple des
ateliers, adressés aux enfants et recouvrant plusieurs sujets (la cuisine romaine, l’art de la forge, les combats de gladiateurs,
etc.), dont la durée est d’une demi-heure environ, mais également de la reconstitution de repas romains ou gaulois. Le site
permet également d’échanger
ou de renouveler ses vœux de
mariage à la mode romaine,
pour les amoureux un peu
moins conventionnels ou
polythéistes.
Le site d’Aubechies est
donc un endroit où culture et
détente se tiennent de fort près.
Personnellement, je regrette
l’absence
de
conseil
scientifique, même si cela
n’entache absolument pas le
sérieux ni la motivation des
responsables du site, qui est
reconnu pour la qualité de son
travail. Implanté dans un
endroit magnifique, le site
d’Aubechies dispose de toutes
les commodités d’un parc récréatif, en plus d’un contenu culturel et didactique, et est donc idéal pour une petite virée en famille
ou entre amis.
Guédelon 2
Un peu plus loin de notre plat pays, dans une région reconnue pour son bon vin, un collectif, composé de scientifiques
cette fois, a entamé un projet fou : celui de reconstruire, selon les méthodes de l’époque, un château fort du XIIIe siècle. Lancé
en 1997, le chantier a une durée totale prévue de 25 ans, et emploie une cinquantaine d’ouvriers qualifiés pendant la belle
saison, du mois d’avril au mois d’octobre. Le principe est de mettre en application les techniques d’autrefois, en utilisant des
matériaux tirés des environs du chantier, et d’outils identiques à ceux utilisés par les bâtisseurs d’antan. Le château, complet
avec sa chapelle, sa grande salle et son donjon, donne l’occasion d’essayer toutes sortes de techniques médiévales, afin de garnir
certaines parties d’ornements typiques, comme les arches ou ogives. Cela permet également de travailler les matériaux
2
www.guedelon.fr pour plus de renseignements ou de photos
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| L'Escume des Nuits | 17
de manière totalement différente : pierre locale taillée sur place, verre et ferronnerie fabriquée dans les ateliers autour du
chantier. L’immersion historique est quasi totale, renforcée par l’éloignement de la « civilisation» et par l’implication des
intervenants, ne sacrifiant l’authenticité qu’au moyen de protections adéquates aux travaux effectués.
Le choix de la localisation, dans une clairière du département de l’Yonne en Bourgogne, a été le premier choix crucial
du projet. Si le lieu de construction d’un site contemporain se fera en fonction des facilités d’accès et des commodités présentes,
la première préoccupation des concepteurs du projet a été la disponibilité de matières premières, à savoir bois, eau, pierre
principalement, ici en suffisance dans les environs proches. Le transport de ces matériaux se faisant en attelage tracté par des
chevaux, les distances à parcourir sont en effet une contrainte incontournable. L’éloignement des centres urbains et des grands
axes est une contrainte bien réelle, avec laquelle le site a su composer, au vu de sa popularité croissante à mesure de l’avance
des travaux. Les autres contraintes sont d’ordre scientifique. L’absence de sources décrivant les méthodes de construction
obligent le comité scientifique à faire des choix sans trop connaitre le résultat définitif. Le choix a donc été fait de régler les
problèmes rencontrés au moment où ceux-ci se présentent aux ouvriers, sans planifier l’ensemble du chantier dès le départ. Ceci
permet de réorienter le projet en cours de route si l’une des phases de construction rencontre des difficultés imprévues. Aprèstout, la longueur et l’ampleur du projet font qu’il y a toujours du travail.
À côté de l’intérêt scientifique – la possibilité,
à terme, de rédiger un manuel pour architecte médiéval
–, l’un des objectifs du projet est de transmettre les
enjeux et défis rencontrés sur le chantier au quotidien.
Celui-ci est donc ouvert aux visiteurs, et ce pendant
toute la période d’activité. Les visites sont organisées
et prestées par les personnes les mieux au fait de
l’avancée du projet : les acteurs de terrain. Ce sont les
artisans, ouvriers et responsables du chantier qui
transmettent directement le savoir qu’ils acquièrent
chaque jour en participant à cette aventure humaine au
quotidien. La visite de Guédelon est donc beaucoup
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plus interactive qu’un musée classique. De plus, le
chantier, en perpétuelle évolution, permet aux visiteurs
désireux de visiter le site à plusieurs reprises de découvrir
du nouveau contenu à chaque passage. Le collectif
s’occupant de Guédelon propose également une
newsletter gratuite, afin que les personnes intéressées
puissent rester informées de l’état d’avancement des
travaux et des défis rencontrés sur le chantier. Ces brèves
fiches informatives permettent de suivre la construction
pas à pas, tout en fournissant de précieux renseignements
sur les enjeux d’un tel projet à chaque phase de
construction.
Les deux sites présentés très brièvement ici ont
un rapport très différent à l’archéologie et au public. En
effet, Aubechies est avant tout un parc récréatif, mettant
en scène des éléments d’histoire et d’archéologie afin de
divertir et de transmettre du savoir aux visiteurs. Le site
aborde un grand nombre d’aspects de la vie quotidienne sur une grande période chronologique. Les éléments présentés sont
fabriqués par des passionnés bénévoles, produisant à la fois pour le musée et le parc. Le site propose un grand nombre
d’animations les dimanches ou sur rendez-vous. Guédelon au contraire donne accès à son laboratoire d’archéologie
expérimentale au public, en évitant de se disperser. La construction est l’objectif principal, et la transmission ne se fait qu’au
moyen de la visite du chantier, aucune animation spécifique n’est prévue pour l’amusement des familles et groupes scolaires
qui s’y pressent une fois la belle saison arrivée.
Malgré ces différences, les méthodes appliquées se ressemblent fort. En effet, les groupes scolaires et les familles sont
les publics-cibles, et les deux sites ont opté pour un système de visites extrêmement interactif. Les deux sites s’inscrivent dans
un nouveau modèle de
transmission historique,
rapprochant les acteurs de
terrain et le public. Cette
démarche, partagée par
l’ensemble
des
archéosites, a encore de
beaux jours devant elle et
peut, nous l’avons vu, se
décliner sous des formes
bien différentes. En
espérant que ce petit
article vous aura donné
une envie de visites,
d’histoire
et
d’expérimentation,
je
vous salue bien bas.
Bonne lecture !
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| L'Escume des Nuits | 19
Par Oscar
e manière classique, bien trop classique, les domaines artistiques sont séparés en deux parties, les arts
plastiques : la peinture, la sculpture, l’architecture et les arts rythmiques avec la danse, la musique, la
poésie. A cela vient s’ajouter un septième art : le cinéma. En
vérité, tout se confond. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se
complète. Peinture et sculpture cherchent aussi du mouvement.
La poésie et la musique forment ce qu’on nomme la chanson, et la danse n’est rien sans le
visuel, Degas l’avait bien compris.
Il va de soi que malgré les secteurs, les différents domaines artistiques ne sont
pas univoques. Les arts se confondent, et c’est souvent là qu’ils puisent leur force ou
qu’ils donnent lieu à de nouvelles créations artistiques. Le théâtre n’est-il pas à la fois
structure, audition, vision, mouvement, action, construction, langage en même temps ?
Les acteurs déclament, les spectateurs les voient se déplacer chorégraphiquement sur la
scène derrière laquelle ont été bâtis des décors pour accompagner des textes puissants et
souvent poétiques. Le théâtre n’est pas seulement de l’action, il est l’incarnation de toute
une réalité, exalté par la synesthésie. Le théâtre mériterait une Escume à lui seul.
Il y a une belle histoire, et surtout un artiste incroyable que je voudrais ici conter
: Moussorgsky. Ce compositeur russe de la seconde moitié du 19ème siècle avait un ami,
Victor Hartmann, un illustre peintre inconnu ayant réalisé une belle exposition à Moscou.
Malheureusement, Hartmann décède peu de temps après… Modeste, Moussorgsky décide
alors de rendre hommage à son ami et compose devant et pour chaque tableau, une
musique appropriée. Le résultat : Tableaux d’une exposition : une œuvre extraordinaire.
Elle réalise la fusion implicite entre l’image et le son, entre deux imaginaires différents,
celui du peintre et du compositeur. Puissance et virtuosité. Pour le coup, Moussorgsky est
le génie de la correspondance des arts. Son œuvre a une portée exceptionnelle et elle
donne encore plus de vie à ces tableaux, eux peu connus. J’entends craquer d’ici la porte
frêle et forte de Kiev, gronder les sabots de Baba Yaga. Une atmosphère enivrante qui
anime les tableaux et nous fait rentrer dedans ; un vieux conte russe, un beau conte
d’enfant.
20 | L'Escume des Nuits | facebook.com/groups/escumedesnuits/
BRIOU
Comme autre exemple, je vais m’attarder sur Claude Nougaro. Ce chanteur avait pour but de faire rimer les mots avec
les sons. Beau projet, belle ambition. Son écriture va de pair avec la sonorité jazz qu’il emploie. Les mots parlent comme les
notes. Les lettres rebondissent et frappent la gamme avec beauté. ♫ Quand le jazz est,
quand le jazz est, là. La java s’en, la java s’en va ♫ Onomatopées folles comme des
percussions ♫ Splash ! Il y a de l’orage dans l’air, il y a de l’eau de le, pa pa pa : Gaz
entre le jazz et la java ♫ Ainsi la musique parle d’elle-même et le texte est lui-même
musique. C’est ainsi, sans parler, que jouait ce chanteur ! ♫ Et piochant l’évasion d’un
rossignol titan, capable d’assurer le sacre du printemps ♫ ! Yeah. Parce qu’en plus de ça,
c’est un fin connaisseur. Il sait trouver ses sons et s’entoure des plus grands. Du jazz dans
l’ascenseur, c’est bon pour l’échafaud. Non, c’est du bon Hancock ou du Miles qui
dévissent les sonorités folles d’un Powell à Rio. Du Brésil à Memphis, ce sont des
cuivres forts qui enrobent les mots du chanteur au cœur d’or. ♫ Ces temps-ci je l’avoue
j’ai la gorge un peu âcre, le sacre du printemps sonne comme un massacre mais chaque
jour qui vient embellira mon cri, il se peut que je couve… Un Igor Stravinsky ! ♫
Evidemment c’est pas le premier. De plus illustres poètes, qu’on voit bien dans
les manuels (de Couvreur, 19ème), sont passés avant lui. Verlaine l’avait déjà bien
compris, hé oui, De la musique avant toute chose ! Faire vibrer les mots comme des
tambours, De la musique encore et toujours. Sans parler de la Victoire d’Apollinaire sur
la Poésie qui veut qu’on remue la langue, lance des postillons, qui veut de nouveaux
sons de nouveaux sons de nouveaux sons, des consonnes sans voyelles, des consonnes
qui pètent sourdement. Des consonnes qui pètent comme des bulles de jazz, et tout le
reste est littérature, et Nougaro l’a fait.
Les correspondances, ah celles-là, elles emplissent l’âme et la mènent vers l’audelà. Haha ! Un souffle qui ressort, emplit par la synesthésie ; l’art, d’un pli, amène dans
un état d’exil. Les sens sont en émoi, le cœur est apaisé, il n’y a plus que la pensée.
Anesthésie du monde, il ne reste que l’envie. L’envie de lâcher prise et s’envoler quand
mots, notes et visions s’entremêlent. Et tout vit puis se relâche dans une belle
bulle…plop…pleine de volupté.
J’ai forcé sur la fin. Hihi ! Pourquoi s’en empêcher, d’exalter, d’exagérer ce qui
a pu nous arriver, une fois ou deux, face à l’art quand on s’y perd.
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| L'Escume des Nuits | 21
Par Naïka
es œuvres travesties, c’est une chose.
Quand la langue se travestit, c’en est une autre.
Étant débarquée en Belgique depuis 6 mois
maintenant, mes oreilles ont fini par s’habituer à
l’accent d’ici. Par contre, même si j’essaie de
jouer les caméléons, on me démasque toujours rapidement.
Si je vous annonçais vouloir écrire sur l’accent belge,
j’aurais peur de me faire lancer des tomates. J’n’ai pas besoin de vous
faire part de mes remarques sur votre façon de parler, vous la
connaissez déjà très bien. Enfin, j’espère.
Ce que je peux faire, par contre, c’est vous expliquer le pourquoi du
comment de mon accent. Eh oui, celui qui vous fait sourire à tous les
coups, celui que vous ne comprenez pas toujours quand il vous prend
par surprise et dont certaines expressions vous semblent parfois si
étranges que vous ne me laissez pas terminer ma phrase ! Pourtant, je
ne parle pas une autre langue…
Pour bien comprendre, il faut d’abord un peu d’histoire.
Vous, romanistes, connaissez sûrement l’histoire de la langue
française à ses débuts ; langue de culture plutôt orale, l’écriture n’a
été fixée que tardivement. Le français tel quel n’est attesté que depuis
1539. La langue devient alors légitime et prend de plus en plus
d’importance pour ses locuteurs, au détriment du Latin.
La monarchie de l’époque dicte en quelque sorte le sentiment de la population face à la langue. La norme linguistique
acceptée socialement et valorisée est surtout celle parlée par le Roi et la cour. Le concept d’écriture étant très peu répandu et
utilisé à l’époque, c’est la norme orale qui domine. C’est aussi celle qui évolue et change le plus rapidement, selon l’utilisation
qu’en font les autorités.
À l’époque de Louis XIV, les étiquettes sociales sont très strictes en France. Les locuteurs avaient créé un nombre
considérable de termes nouveaux pour enrichir la langue, mais cet éclatement lexical est vite stoppé par de nouvelles règles, très
arbitraires. On décidait, par exemple, de ne plus utiliser le mot « vache », sous prétexte que l’animal dégage une odeur
nauséabonde; ou encore on supprimait le vocabulaire relié au travail manuel, puisque la noblesse ne travaillait pas.
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ST-ARNAULD HIVON
Ceci dit, alors que les gens du peuple essayaient tant bien
que mal d’utiliser le même français que la variété parlée par la
noblesse et le Roi, ceux-ci ont commencé à s’adonner à des « jeux
linguistiques ». Comme quoi ils devaient trouver le temps long ! Ils
s’amusaient à modifier certains sons de certains mots, jusqu’à ce que
l’usage soit répandu. Ensuite, puisque tout le monde utilisait une
variante d’un mot, ils recommençaient à utiliser la forme originale.
C’est qu’ils avaient un côté hipster à l’époque…
Évidemment, il faut à cela ajouter les différences
historiques en France entre le nord et le sud, entre l’est et l’ouest, la
langue d’oil et la langue d’oc, entre les paysans et les marchands, etc,
différences sur lesquelles je ne m’attarderai pas. Le hic, c’est que
c’est à ce moment que les Français ont commencé à coloniser leur
tout nouveau territoire outre-mer, qui s’appelait alors la NouvelleFrance. Ils ont donc emporté avec eux les déformations linguistiques
qui étaient encore considérées acceptables. Les colons ont
évidemment conservé ces prononciations : les navires traversant
l’Atlantique au XVIIe siècle étaient très mal équipés pour la
transmission de l’évolution de la norme linguistique! En plus, avec
chaque nouvel arrivage de colons, souvent espacés dans le temps,
venaient différents accents, tant selon la région d’origine que selon
les normes acceptées à leur départ.
Tout ça pour dire que l’accent franco-canadien est en grosse partie la faute des âneries de Louis XIV…
Alors le voilà, le pourquoi du comment de l’accent que moi et environ 8 millions de canadiens partageons, et dont
l’origine souvent inconnue peut surprendre.
Je ne mettrai pas ici d’exemples typiques de Français Canadien, c’est toujours trop caricatural. Si ça vous intéresse, vous avez
plusieurs options : écouter des films québécois; je vous conseille Bon cop, bad cop, De père en flic ou Babine, tous excellent et
humoristiques; écouter des groupes comme Les Cowboys Fringants, Loco Locass, Karkwa.
Sinon, venez simplement me parler au CRom !
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| L'Escume des Nuits | 23
Par Laura
tends attends. . . je rêve ou elle va encore nous parler des Rolling Stones celle-là ? Mais c'est une
obsession, nom d'un ewok à poils longs ! Encore un article sur ces vieux décatis qui ont fêté leurs 50
ans avec des tickets hors de prix ?!
Eh bien non, raté ! Cette fois, je vais évoquer des plus vieux croûtons encore, tellement vieux que
ceux qui sont encore en vie se comptent sur les doigts d'une main. Je vais vous parler de ces grands
disparus, Muddy Waters, John Lee Hooker, Willie Dixon, Etta James, Jimmy Reed, Howlin' Wolf, Bo
Diddley, Albert King, Little Walter et Elmore James, mais aussi bien sûr des survivants, Buddy Guy (qui, contre toutes les lois
de la nature, reste aussi pimpant qu'un jeune homme), Chuck Berry et les autres. Je vais vous raconter leur histoire et, surtout,
leur influence sur de jeunes British chevelus qui, avec ce puissant bagage musical, ont ainsi pu opérer la plus grande révolution
musicale de l'histoire. Rien de moins.
Mais faisons les choses dans l'ordre : nous sommes en 50 avant... enfin je veux dire dans les années 50, et le rock'n'roll
made in USA a définitivement pris ses quartiers en Angleterre. La jeune génération, désabusée par la morosité et l'absence de
perspectives de l'après-guerre, se déhanche alors sur la musique endiablée de Bill Haley, Little Richard, Elvis Presley et Carl
Perkins. Mais cette suprématie sera de courte durée. De fait, vers la fin des années 50, toutes les icônes du rock'n'roll
abandonnent le navire : Elvis part faire son service militaire, Little Richard interrompt sa carrière pour devenir un adventiste du
7e jour, Jerry Lee Lewis est détruit par son troisième mariage avec sa petite cousine de 13 ans (vous avez bien lu), et Chuck
Berry est en prison. A vrai dire, en 58, le rock'n'roll n'est déjà plus qu'une ombre de lui-même. Vers qui, vers quoi se tourner,
dès lors ? Vous l'aurez deviné, c'est ici que nos bluesmen américains entrent en jeu...
Il faut savoir que le blues, c'est avant tout un exode rural. Celui du Delta Blues qui, pendant la Seconde Guerre
Mondiale, s'est exporté du Mississippi aux grandes villes du nord, Chicago, Detroit, St. Louis, et a troqué l'acoustique contre
l'électrique. Le Chicago Blues à son apogée, c'est une musique de tripes et de sueur. La voix et le jeu, c'est important,
évidemment (et bien prétentieux celui qui voudrait se comparer à un Muddy Waters ou à un Buddy Guy) mais ce qui est
primordial dans le blues, c'est l'intention. Le bluesman s'accroche à une sensation, à un feeling qu'il a tout au fond de ses tripes,
et il le sort, naturellement, sans chercher à contrôler, à standardiser ou à conformer. Le blues est spontané, sensuel, ses rythmes
sont syncopés, et ses sonorités agressives : l'incarnation parfaite du diable pour l'establishment blanc de l'époque. Mais les
frères Chess fonderont à Chicago un célèbre label
exclusivement réservé à la musique noire, Chess
Records, qui dévoilera des talents comme Muddy
Waters, Howlin' Wolf ou Etta James. Avec des standards
comme Hoochie Coochie Man , écrit par le brillant
contrebassiste Willie Dixon, il ne restait plus qu'à
attendre que le blues se disperse aux quatre vents et
parvienne aux oreilles de nos jeunes anglais assoiffés de
liberté.
Sur un point, tous s'accordent : le british blues
n'aurait pas existé sans Alexis Korner et Cyril Davies.
Les deux jeunes hommes, considérés comme les pontes
24 | L'Escume des Nuits | facebook.com/groups/escumedesnuits/
MARECHAL
de la scène blues de Londres, organisaient
des soirées au Jazz Club d'Ealing, cette
salle sous une gare où la condensation était
si forte que les groupes qui y jouaient le
faisaient les pieds dans l'eau. Alexis
Korner avait également fondé un groupe,
Blues Incorporated, qui comprenait entre
autres un certain Charlie Watts, tandis que
John Mayall performait avec son groupe,
The Bluesbreakers, ayant vu passer entre
autres Mick Taylor, Mick Fleetwood ou
encore Eric Clapton. Du beau monde donc,
que rejoindront bientôt deux jeunes
musiciens fauchés, j'ai nommé Keith
Richards et Mick Jagger (oui, j'ai menti, je
comptais parler d'eux depuis le début) (un article sur le British Blues Boom sans parler des Stones... non mais vous êtes
inconscients !). C'est d'ailleurs dans ce club très puriste que ces derniers seront ébahis par le « Dust My Broom » de Brian
Jones, joué en guitare slide, style totalement nouveau à l'époque. Suite à ce genre de rencontres musicales, de grands groupes se
formeront : les Rolling Stones, bien sûr (qui, pour les incultes, tirent leur nom d'une chanson de Muddy Waters), les Yardbirds,
ayant compris en leur sein Jeff Beck, Jimmy Page ou encore Eric Clapton, mais aussi les Kinks, les Animals, bref, toute cette
frange de vrais musiciens qui réadapteront le blues avec leur énergie et dans certains cas leur culture plutôt pop. Ce passage de
flambeau se fera d'ailleurs sous l'oeil bienveillant des aînés, puisque John Lee Hooker ou Muddy Waters, pour ne citer qu'eux,
seront invités en Europe par leurs successeurs, pour jouer devant des audiences survoltées.
Mais qu'en est-il de leurs successeurs à eux, ces jeunes anglais qui sont depuis devenus grands, très grands ? Tout
simplement, ces successeurs dont nous parlons, ce sont presque tous les grands groupes des années 60 et 70 : Cream, Led
Zeppelin, Deep Purple, tous ceux qui ont commencé avec le blues, pour finalement le mener parfois très loin dans ses limites,
jusqu'à déformer complètement le moule initial. Car l'héritage du blues, ce n'est pas uniquement des groupes anglais qui ont
aujourd'hui l'âge de la retraite, c'est aussi un nombre incalculable d'influences sur des styles aussi variés que le hip hop, le
rock'n'roll ou le jazz. Sans compter que le blues a été sur la première ligne dans le combat contre la ségrégation raciale, grâce à
des gens comme Alan Freed, premier DJ blanc à avoir défendu farouchement la musique noire. Mais il s'agit d'une autre
histoire, et celle-ci suffira pour cette fois.
Je conclurai par de belles paroles – qui ne viennent donc pas de moi – pleines du feeling brûlant du Chicago Blues :
The skies above are blue
My heart was wrapped up in clover
The night I looked at you
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Par Kathryn SADOWSKI
’est un phénomène de plus en plus répandu dans le monde cinématographique : le passage du livre au
cinéma. L’adaptation de bouquins sur la toile concerne tous les genres, des grands classiques de la littérature
comme Le parfum à des best-sellers mondiaux plus récents comme Twilight, Harry Potter ou encore Et si
c’était vrai, et le monde de la bande dessinée n’est pas en reste grâce au remarquable Largo Winch .
Depuis des décennies, la littérature et le cinéma entretiennent d’étroites relations. Le premier récit
à avoir été adapté est un roman de Jules Verne, De la terre à la lune. Il a été réalisé en 1902 par Georges
Méliès sous un autre titre : Voyage dans la lune. Il marque le début d’une longue série d’adaptations.
Le livre dont je vais maintenant parler est pour tout romaniste un grand classique de la littérature ; déjà scénarisé à
plusieurs reprises, il a connu sa dernière réalisation au cinéma ce 13 février dernier, sous la direction de Tom Hooper. Il s’agit
de l’un des chefs-d’œuvre du grand écrivain Victor Hugo : Les Misérables. Comme je le disais, dans le monde de la
cinématographie, ce roman n’en est pas à son coup d’essai. En effet, la première adaptation d’une partie du roman a été faite en
1907, depuis lors, beaucoup d’autres ont suivi et nombreux furent les réalisateurs qui s’essayèrent à cette tâche périlleuse. Au
total, le récit aura été transposé à 33 reprises, sans compter les autres adaptations (tout aussi nombreuses) au théâtre, dans des
comédies musicales ainsi que sur le petit écran, à la fois sous-forme de films, mais également de dessins animés.
Cela fait donc plus d’un siècle que successivement de grands noms du 7ème art comme Jean Gabin, Lino Ventura,
Jean-Paul Belmondo, Liam Neeson et dans
quelques jours, Hugh Jackman auront interprété
le célèbre personnage de Jean Valjean.
Beaucoup de talents d’Hollywood se
sont d’ailleurs pressés au portillon pour avoir la
chance d’interpréter l’un des personnages du
film. De nombreuses comédiennes telles que
Jessica Biel, Kate Winslet et Marion Cotillard
avaient d’ailleurs été pressenties pour le rôle de
Fantine, avant que celui-ci ne soit offert à Anne
Hathaway, pour qui Les Misérables est une
affaire de famille puisqu’avant elle, sa mère avait
également interprété Fantine au théâtre.
Dans cette dernière adaptation, Tom Hooper innove, modernise et revisite la réalisation de ce long métrage. Il décide
notamment d’opter pour un scénario sous forme de comédie musicale, obligeant Russel Crowe et d’autres à dévoiler leurs
talents vocaux. Le réalisateur s’est aussi montré particulièrement exigeant puisqu’il a refusé que les parties chantées soient
enregistrées en studio : les acteurs ont donc chanté en direct sur le plateau de tournage, afin de mieux rendre les émotions. Cela
s’est parfois révélé difficile pour les acteurs puisque la mort de Jean Valjean a été tournée en pleine nuit dans un froid glacial, ce
qui n’a pas facilité la tâche de Hugh Jackman, qui avoue avoir eu quelques difficultés à chanter correctement. Il a également été
contraint de perdre beaucoup de poids pour le tournage des scènes dans lesquelles il se trouve en prison. Il est donc clair que le
réalisateur a veillé à donner à son film un réalisme maximal.
En tout, le tournage a duré 12 semaines, en alternant décors en studio et artificiels. La première bande-annonce a été
projetée fin mai 2012 lors de la sortie de Blanche-Neige et le chasseur. Le film a été nominé à 21 reprises, et notamment aux
Oscars dans 8 catégories différentes comprenant les Meilleurs costumes, la Meilleure chanson et le Meilleur film. Du côté des
acteurs, Hugh Jackman possède une nomination pour le Meilleur acteur et Anna Hathaway en tant que Meilleur second rôle
féminin. Le long métrage compte d’ores et déjà 4 récompenses.
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Par François MARCHANT
ue l’on cesse ! Que ça cesse ! Laissez-moi replonger tranquillement dans le vide glacé de mes
insomnies coutumières ! Il est tard, trop tard pour apprendre à vivre, trop tard pour apprendre à aimer,
trop tard, beaucoup trop tard pour apprendre à rêver. J’oscillais gracieusement entre éveil et oubli,
quand ce misérable, ce tiraillant, agaçant, imperceptible son vint me chatouiller, me triturer les
paupières, dispersant les lambeaux de ce silence que j’avais pris des heures, des mois, des lustres,
plusieurs vies même, à amasser. Mais qui s’amuse à jouer de l’harmonica à cette heure ? Quelle heure
est-il, d’ailleurs ? Cette ombre-là, est-ce un homme, ou un hibou ? Oh, il pourrait bien être minuit comme midi, je m’en
moque. Ce misérable musicien, si dès lors on peut appeler musique une répétition constante et puérile de la même note,
encore, toujours, des heures durant, a ruiné une nuit qui se voulait réparatrice. Si seulement je pouvais me rappeler ce que je
dois faire demain. Demain, c’est déjà aujourd’hui. C’est presque déjà hier, et rien, je végète, halluciné par une mélodie sans
queue ni tête. Mais elle s’en va. La mélodie ! Reviens ! Ne me laisse pas errer dans le vide froid qui occupe déjà le lieu de
ton absence. Reviens ! Le sommeil me fuit à mesure que mes oreilles prennent conscience du silence. Le silence ! Fourbe que
tu es, joueur d’harmonica, toi qui n’occupas ce silence que pour mieux le souligner par ton départ ! Toi qui réveillas mes sens
et m’abandonne tremblant et parfaitement éveillé dans une nuit dont seuls les dormeurs peuvent jouir ! REVIENS ! Il est
parti. Parti, il est parti, et m’abandonne aux affres de la conscience et du vide. Dans le noir.
Oublie-moi ! Oublie-moi, trame d’un monde cousu de
nuages et de mensonges dont le mélange ne m’inspire que
nausée et frayeur. Glisse au-dessus de moi, recouvre-moi, tissu
de balivernes, et que ces paupières me coupent de ta lumière
qui ne m’appâtera plus hors de mon sanctuaire, non, jamais
plus. Je les garderai closes, car je dors. Oui, je dors. Et cela
vaut pour toi aussi, doux scintillement ! Tu glisses et virevoltes
comme un voile de mariée, mais je ne te désire ni ne t’invite en
cette mienne torpeur. Quel drôle de courage que le tien, s’il te
pousse à danser sous l’âcre souffle de la nuit, dont l’amertume
ferait fuir n’importe quel autre que toi. Qui es-tu ? D’où vienstu ? As-tu jamais parlé ? Quelle étrange magie que la tienne, tu ébranles par ta simple venue mes résolutions à la torpeur, et
me voilà te pliant et te repliant sous des questions banales et idiotes. Es-tu de ceux qui, par un artifice secret, volent du levant
au couchant, et retiennent chaque jour les noms de nouvelles merveilles qu’ils croisent en chemin ? Ton voyage se passe-t-il
sur Terre, ou dans un au-delà ? Guide-moi, je t’en prie, dans le séjour des morts, au carnaval des ombres, à une ronde de
korrigans, ou un bal de fée. Je veux voir, sentir, je veux ressentir, interpréter et chanter en milles langues inconnues les
mystères de la création, et milles autres mystères encore. Quel est ton nom ? Va, ton identité importe peu, du moment que tu
me tiens compagnie, car il semble que je ne suis pas disposé au repos, et que le voyage m’est interdit. Resteras-tu ? Non,
comme tous les feux follets de minuit, tu ne te présentes que pour mieux te faire regretter, et déjà ton reflet s’étiole, se fane,
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en un mot tu me quittes, cruel. Non ! Je ne resterai pas dans les jupes de
la nuit, à regarder défiler des mirages que ma solitude amuse. Préparemoi une place, ruban mystérieux, car j’arrive.
Accroché à ce filament d’airain, je vogue, tranquille, à travers
les lueurs faiblissant des rêves de mes voisins. Rêves d’orgueil, rêves
triviaux, ancrés dans une réalité toujours plus concrète, moins onirique.
Qui rêve de courbes sur un graphique de finances ? Volupté d’une gloire
que l’on a, pour un instant, usurpée. Qui rêve d’être grand sans
déraison, beau sans merveille, créatif sans imagination, aimé sans folie
? Tous ces rêveurs bercés par leur sécurité me donnent la nausée. Plus
haut, filament, plus haut ! Et s’il nous faut jeter du leste, débarrassonsnous des ordonnances, des rendez-vous, des projets pour demain, un
demain que je ne souhaite pas voir. Jetons par-dessus bord toute ces futilités, ces papiers, ces expressions, ces conventions.
Nous n’en aurons guère usage, là où nous nous rendons ! Et je m’exécute, ignorant pourtant tout de notre destination. Dans
notre sillage, notre leste danse et tourbillonne, et ses lucioles dansent une ode à ce monde que j'abandonne. Le noir les
engloutit, mais je m'en rappelle encore longtemps.
Tout à coup, le ruban perd de l’altitude. Non pas qu’il y ait quoi que ce soit qui me permette d’évaluer cette altitude,
non, pas d’arbres, pas de maisons, pas de gens, pas d’oiseaux, de sacs poubelles ou de soleil, même. Ou peut-être bien tout cela
à la fois, mais je n’en vois rien. Sans doute ! Le paysage ne peut pas s’opacifier de la sorte, mais peut être mes yeux sont-ils
devenus sourds, secs, et fatigués d’enregistrer des détails aussi agaçants qu'inutiles ? Toujours est-il que, aussi noir que
l’horizon puisse me paraître, j’ai la ferme impression que nous choyons. Le vent me siffle dans les oreilles, mon estomac,
d’autant plus douloureux qu’il est vide, se tourne et se retourne, se barbouille, s’essore, un bon pied au-dessus de l’endroit qui
lui est destiné. Je chois, à n’en pas douter, car le ruban a disparu, et je reste tout seul, dans un embrun dangereux, à gesticuler,
aveugle, sourd du vent qui me perce une troisième oreille, transi, et entraîné dans un plongeon sans fin.
Boum ! Voilà qui règle définitivement la question de la durée de la chute. Et c’est étrange, mais je ne sens rien. Rien.
Pas de dos maltraité qui me percerait les côtes de ses messages alarmants, de ses signaux nerveux outragés que tout membre,
muscle, os tourmenté et maltraité envoie en retour. Pas de cheville, qui, pour vous faire comprendre que le corps humain n’est
pas équipé de suspensions aussi puissantes qu’un vélo ou une voiture, se tord sous votre poids en ricanant. Pas d’occiput, qui,
percutant le sol avec un acharnement et une violence que vous ne lui connaissez pas, vous fait voir des couleurs qui
n’appartiennent à aucun spectre, en accompagnant le tout d’un concerto pour flûtes stridentes. Rien, et je vais bien, mais je ne
me relève pas, car je vois, droit devant, une pâle ligne blanche dans le noir horizon de l’infini. C’est une ligne, par moments
seulement, car articulée autour d’un axe central qui la fait plier, une fois vers le haut, une fois vers le bas. Et mon cœur calque
ses battements sur cette cadence, sur ce mirage qui tient désormais et mon âme et ma vie entre ses mains. Et je sais qu’elle se
rapproche, cette ligne, bien que la distance entre elle et moi semble toujours aussi grande. Son contour est tellement net qu’on
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pourrait croire que le monde est blanc, et qu’elle est noire. Un peu comme chez les zèbres. Mais ce n’est certainement pas un
zèbre, non, c’est un oiseau ! Un oiseau tout blanc, tout pâle, sans queue ni tête, qui oscille au-dessus d’une mer noire, au milieu
d’un ciel noir, en bougeant à peine, et en vous regardant d'un regard franc et doux, comme un tournesol. Et là, il vient se poser
juste devant vous, et vous remarquez son œil, tout noir. Et son œil tout noir vous remarque, et vous regarde, et vous le regardez,
et, soudainement, plus rien d’autre n’existe, et le monde est blanc, comme un oiseau, et vous vous enfoncez dans ce gouffre
noir, monstrueusement noir, et vous y sombrez, comme une pierre sombre dans un puits. Vous en touchez le fond, et tout est
noir à nouveau. Vous ne pouvez plus distinguer de lumière, même en levant les yeux, car vous avez pénétré dans l'intimité
sombre et profane d'un arpenteur de mirages, gardien des souvenirs et mémoire de la nuit. Et, dans le noir, un autre oiseau
survient, car les oiseaux d'eux-mêmes se souviennent. Celui-ci est tout aussi blanc, avec un œil noir. Et il vous parle, mais vous
ne comprenez pas, car vous sentez, au fond de votre esprit, un mur, érigé de tout ce que vous savez, et pensiez ne pas savoir.
Abandonnez-le ! C’est futile, inutile ! Crachez tout ! Les horaires de trains ! Les numéros de téléphone ! Les couleurs d'un feu
de signalisation, le système d’embrayage d’une voiture, votre code de carte bancaire. Tout, vous dis-je, plus rien n’a
d’importance. Et lorsque votre esprit est vidé, nu, plus nu qu’à la naissance, plus nu qu’après la mort, vous distinguez alors les
mots de l’oiseau. Row, row, row your boat, gently by the stream. Merely, merely, merely, merely, life is but a dream.
C’est une chanson, une misérable chansonnette, dont vous ne comprenez pas les paroles, et pour laquelle vous avez
tout abandonné ! La colère, le désespoir vous gagnent, et les larmes gagnent vos yeux. Vos pieds tremblent, s’agitent, et un
mouvement de convulsion part frapper l’oiseau, qui chancelle, et s’effondre. Le monde tout autour de vous devient alors blanc,
pâle, et une lumière obscène attaque vos yeux malades. Vous pleurez, mais l’oiseau est mort, et le monde se déchaîne, tremble,
se secoue. Vous criez, et prenez
conscience de l’eau qui vous
entourait alors qu’elle s’engouffre
dans vos poumons, vous menaçant
d’asphyxie…qui ne vient pas.
Non, vous ne semblez pas mourir,
et le contact chaud de ce liquide à
l’intérieur de votre peau semble
vous calmer. Cette lumière cesse
d'agresser vos yeux, qui tout à
coup se mettent à voir. Et quel
spectacle ! Un horizon infini, de
plis, replis de ciel, de voiles et de
vagues, qui ondulent au son de
votre cœur battant, scandant la
poésie de votre renouveau. Bien
qu'encore engourdi, vous libérez
vos membres, et brassez avec avidité la richesse nouvelle de pluies, de perles et de larmes. Jusqu'à ce que vos mains
rencontrent le corps mort de l'oiseau blanc, et s'en saisissent. Alors plus forte que la curiosité, la joie et l'ivresse, la honte vous
gagne. Remettant à demain vos projets de découvertes et d'extases, vous serrez contre votre corps le chiffon de celui qui fut
votre guide, sans doute, et, glissant ensemble sur les chemins oniriques, vous le conduisez en sa dernière demeure. Vous lui
murmurez tout doucement, en vous endormant : Row, row, row your boat, gently by the stream. Merely, merely, merely, merely,
life is but a dream.
- Réveille-toi, je l’ai senti bouger. J’ai senti un coup de pied !
- C'est pour bientôt, mon ange. Pour très bientôt.
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Par Isabelle MARTIN
ne vie comme un night-club. Des flash qui
hypnotisent dans la brume d’une
hallucination. Une fête pour oublier la
grisaille au dehors. Des corps presque beaux
dans une ivresse, la sueur qui réchauffe, les
cheveux qui collent à la peau comme ces
souvenirs. Souvenirs qu’on fuit d’une danse désespérée. Des mains
me touchent, des mains me cherchent. Je suis une rockstar. On
m’arrache ma voix, on m’arrache mes cheveux. Je me laisse étouffer
dans un nuage psychédélique. Je laisse couler des larmes de
mascara, le noir qu’on ne remarque pas tant mon visage est déjà
trempé de folie. Je flotte sur une marée de bras tendus, à l’apogée
d’un bonheur imaginé, à l’apogée de ma mort. Je suis mannequin
hypnotisé par des lumières vives qui me veulent, qui m’agrippent.
Une musique effrénée qui me force à avancer. Marche funèbre. Jet
set à l’américaine où l’on m’imite, où l’on m’oublie pour mon
image. Folie.
Je suis loque humaine affalée dans une impasse où seul passe le temps. Oubliée entre les murs de brique de ma
prison. Le rythme effréné de la vie me bat aux tempes pendant que je nage, en transe, entre le pipi de chat et quelques flaques
de vieille vomissure. Je fixe des taches de sang, seules souvenirs d’un suicide accidentel. Rue Sansregret. Rue où je
m’échoue, où je m’imagine dansant sous les projecteurs alors que même la lumière des lampadaires m’est voilée. Le chant
des corbeaux ponctuent mon désespoir pendant que je gis, dans la pénombre d’une nuit qui tombe comme tombe le masque
des artifices. Les rêves ne servent qu’à cacher une réalité qui manque de couleur. Mon imagination n’est qu’une fuite, un
refuge. Ma vie n’est plus qu’une plainte de solitude qui se répand dans la neige salie, salie des pas qui vont quelque part alors
que moi je tourne en rond. Je suis jalouse de ces traces. Je suis jalouse du monde entier qui semble savoir ce qu’il veut. Je ne
suis qu’une oubliée.
Je suis la mort. Je suis son mystère, sa noirceur et sa beauté. Une vie oubliée, une vie morte, une vie belle. Elle est
belle dans sa laideur, dans l’odeur de ses mendiants, dans la lourdeur de son béton, dans la saleté de la rue Sansregret. Il est
beau ce soleil gris qui fait de l’ombre aux graffitis. Ils sont beaux ces gens aux traits déformés par une journée trop dure, une
journée trop longue, une journée comme les autres. Les journées n’auront plus de fin. Les nuits s’allongeront dessus. Je n’en
peux plus de cette transe, je n’en peux plus de cette folie. Je laisse promener mon âme dans le flou. J’oublie comme on m’a
oubliée. Sans regret, sans souvenir. Je ferme les yeux sur la douceur d’une fraîcheur humide. Je ferme les yeux sur la vie, sur
la mort. Je serai belle au bois dormant, princesse évanouie. Je serai ce que je n’ai pas pu être, ce que personne n’est jamais. Je
veux des rêves qui ne réveillent jamais. Je veux noirceur infinie. Je ne veux plus rester étalée à imbiber mon corps de tout le
désespoir du monde.
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| L'Escume des Nuits | 31
JOHN WATERS - This Filthy World
Samedi 09.03.2013 - 20:00 > 23:59
Pour la première fois en Belgique, le célèbre cinéaste John Waters (Pink Flamingos, Hairspray, A Dirty Shame) se produit sur
scène dans un one-man-show hilarant et non-censuré, qui célèbre la carrière de cet artiste surnommé par William Burroughs
« The Pope of the Trash ». Lors de cette visite guidée de sa
filmographie, le réalisateur à la fine moustache aborde des
sujets tels que son enfance à Baltimore, sa fascination pour
le crime, les films de série B, la religion catholique, les
déviances sexuelles et pourquoi il a toujours plus admiré la
Méchante sorcière de l'Ouest que Dorothée dans le
Magicien d’Oz.
Le spectacle est suivi par la projection de Polyester en
Odorama, son film culte de 1981, avec Divine dans le rôle
d’une ménagère torturée de banlieue dont l’organe olfactif
est soumis à rude épreuve, tout comme celui du public, qui
disposera des cartes odorantes à gratter durant la
projection.
Ouverture des portes : 19h30
Lieu : Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf
Plus d’infos : www.bozar.be
C'est votre jour de chance !
Depuis peu, le CRom a établi un nouveau partenariat avec le BOZAR. Désireux de vous en faire profiter, nous vous
proposerons dès ce numéro divers concours vous permettant de gagner des places pour des évènements soigneusement
séléctionnés dans le vaste programme de cet organisme culturel.
Aujourd'hui, vous pourrez peut-être remporter des places pour le spectacle de John Waters présenté ci-dessus.
3x2 places sont mises en jeu !
Pour cela, il vous faudra envoyer à [email protected] la réponse à la question suivante :
QUEL CINEASTE SERA PRESENT AU PALAIS DES BEAUX-ARTS LE 12 MARS PROCHAIN ?
Les réponses sont à envoyer avec votre nom complet avant le 4 mars minuit.
32 | L'Escume des Nuits | facebook.com/groups/escumedesnuits/
BALKAN TRAFIK ! du 17 > 21.04.2013 à BOZAR
Le meilleur des Balkans, 5 jours durant.
Balkan Trafik célèbre une fois encore le sud-est de l’Europe, avec des concerts exceptionnels, du cinéma et une atmosphère
festive toute balkanique. Au programme, Goran Bregović, le trio turc Taksim, Aka Balkan Moon (l’avant-garde du jazz belge
rencontre les Balkans) la Fanfare Ciocărlia, de la musique rom avec Amza et le New York Gypsy All Stars, du rock endiablé
avec Jericho et les chanteurs Eda Zari et Damir Imamovic, des workshops et des débats. Ne ratez pas le film d’ouverture,
Balkan Melodie, retraçant le voyage de Marcel et Catherine Cellier autour des Balkans et ses trésors musicaux.
Line-up :
Infos pratiques :
GORAN BREGOVIĆ - FANFARA CIOCĂRLA- TAKSIM TRIO ft. HÜSNÜ
AMZA - EDA ZARI - NEW YORK GYPSY ALL STARS - JERICHO
AKA BALKAN MOON - ENSEMBLE AL KINDI - DAMIR IMAMOVIC SEVDAH TAKHT
IMAM BAILDI - THOMA LOLI & ALEKS MICKA - BARKA BRASS BAND
MAFIASKO TAXI - KLEZMIC ZIRKUS - GUTA FAMILY
KALOTASZEG TRIO ft. TCHA LIMBERGER - VINYLIO
GULABI KUBAT & THE CORBA BAND, …
BOZAR
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles
02/504 82 00
www.bozar.be
C'est même doublement votre jour de chance !
Pour ceux qui sont plus musique que cinéma, le BOZAR a pensé à tout : sont également à gagner des places pour le film
d'ouverture du festival Balkan Trafik, le mercredi 17 avril prochain.
3x2 places sont également mises en jeu !
Pour cela, il vous faudra envoyer à [email protected] la réponse à la question suivante :
QUEL SPECTACLE SE DEROULERA LE 20 MARS PROCHAIN AU PALAIS DES BEAUX-ARTS ?
Les réponses sont à envoyer avec votre nom complet avant le 11 mars minuit.
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| L'Escume des Nuits | 33
Le sens du cinéphile : psychanalyse d’un tordu en herbe
Il m’est arrivé hier soir un événement qui semble de plus en plus récurrent dans ma vie trépidante d’étudiant. Une sorte de
paradoxe qui, je l’avoue, s’il était partagé par d’autres que moi, me semblerait beaucoup moins lourd à partager, ce qui
m’arrangerait beaucoup. Il semblerait donc qu’en certains moments d’égarement, ma conscience paraît se mettre en veille et je
me laisse aller à ce qui se rapproche dangereusement d’un péché de gourmandise mais aussi de mauvais goût, et je fais preuve
d’un aveuglement proche de la folie. En effet, pourquoi vouloir s’infliger des films annoncés comme mauvais, véritables navets
filmiques, si ce n’est par folie ? Voilà donc le nœud du problème. Qu’un film soit mauvais ou bon, là n’est pas le critère de
sélection de mes soirées de cinéphile. Je m’adonne plutôt à une sorte de boulimie de noms ronflants, d’effets spéciaux en tous
genres (pas forcément toujours réussis d’ailleurs), de blockbusters engrossés aux dollars hollywoodiens, de « Suite du retour de
la terreur en Amérique IV », d’adaptations malvenues, etc... Vous l’avez certainement compris, je suis plutôt du genre bon
public. Faites-moi rire 3 secondes ou pleurer une fois sur le film et je suis aux anges.
Il est assez heureux de constater que parfois la boulimie susdite m’entraîne sur les chemins radieux des films qui contentent les
publics de chasseurs de films commerciaux, dont je fais partie, et d’esthètes de la pellicule (dont je ne fait pas partie
évidemment, bande de p’tits rigolos). Le hasard fait parfois bien les choses (ou est-ce simplement le talent de certains
réalisateurs qui arrivent de temps en temps à faire la nique à leur producteur et à éviter la catastrophe annoncée en n’en faisant
qu’à leur tête ? mystère…) et certains films sortent de la fange
hollywoodienne dans laquelle je me complais, fange consacrée par
l’auto-satisfaction d’une grosse affiche et d’un gros budget qui ne se
donne même pas la peine de regarder si au bout du colon, l’étron sera
blanc ou noir. Certains films disais-je donc, s’envolent, immaculés et
promis aux plus grandes gloires tel le génial Inception pour n’en citer
qu’un.
C’est donc pourtant en mon âme et conscience que je privilégie les
Cowboys & Aliens, Underworld ou autre Astérix et Obélix : au service
de Sa Majesté par exemple, à la place de films considérés comme des
chefs-d’œuvre par le plus grand nombre tels que Les feux de la rampe,
Shining ou encore Reservoir Dog.
En mon âme et conscience dis-je, car je sais pertinemment bien la folie
qui m’habite. En effet, la preuve est là : je vous en parle, preuve
flagrante s’il en est de la conscience personnelle de mon inconscient.
Mais, est-ce toujours de la folie quand on sait qu’on est fou, ou
simplement de l’idiotie ? Bref, je m’égare dans les méandres de la
psychologie de comptoir et comme je le répète parfois, si vous me
croisez un jour, changez de trottoir ou attablez-vous pour boire.
François, daubophile qui s'assume
34 | L'Escume des Nuits | facebook.com/groups/escumedesnuits/
Chères déléguées Escume,
Chère Charlotte,
Chère Laura1 ,
J’aurais bien utilisé la page « Spotted Escume des Nuits » pour vous déclarer mon amour, comme cela se fait de nos jours,
préférant des mots lourds, bien gras et pas subtils pour un sou à la place de poèmes frais, distingués et implicites, comme cela
fut le cas bien avant ma naissance, mais malheureusement celle-ci n’existe pas encore2. J’aurais alors pu y écrire des choses du
genre : « Ô vous, belles déléguées du CRom, j’vous prêterai bien ma plume si vous vous sentez seules, zyva, laissez-moi un
message ». Mais je crains que vous n’ayez alors pas pu saisir mon message intrinsèque. Je profite donc de ce courrier des
lecteurs pour vous dire mon admiration devant ce journal qui nous ravit à chaque nouvelle parution et vous prier de continuer à
nous parler de poulpe, de tiramisu et à nous raconter autant d’inepties que vous voudrez. Nous vous lirons toujours avec plaisir.
Un admirateur secret3
Cet ordre est mis de manière alphabétique, ne croyez pas que j’en aime une plus que l’autre.
Idée à creuser, après tout, les Spotted poussent plus vite que des pissenlits en ce moment.
3 De l’Escume ou de ses deux charmantes rédactrices, qui sait ?
1
2
Cantus CRom
« Oh zut, c’est à quelle page le prochain chant? »
« Quinze. »
« QUOI?? »
Hilarité s’en suivit. Qui aurait cru que ma diphtongue* spontanée nous
aurait mérité les menaces d’un afond pénitence? Je ne sais plus si
c’était avant ou après avoir éteint le brûlant CRomain d’un feu qui
aurait pu lui être fatal.
Ce que je sais, c’est que les Cantus du CRom sont des évènements
tellement magiques que la mémoire n’est pas en mesure de tout
retenir, trop de gens merveilleux sont présents, nos cœurs sont
emportés par les harmonies de nos voix chantant ensemble, des
regards se croisent de chaque côté de la romantique lumière des
chandelles qui éclairent à elles seules ce local où nous passons la
soirée, des liens se créent et…
Des chants sont chantés, des bières sont bues, telle est l’ultime but
d’un Cantus au CRom.
Et le CRom VOUS attend pour le prochain, soyez à l’affût, soyez
présents !
Naïka, pompier à ses heures perdues
*Cette diphtongue ne sera répétée publiquement qu’au prochain Cantus
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| L'Escume des Nuits | 35
Festival Théâtre Ouvert de Bruxelles – du 21
février au 31 mars 2013
Dans le cadre de la 7e édition du Festival T.O.B. ou
Théâtre Ouvert de Bruxelles, le cercle OPAC (Organisation
et Promotion des Arts et de la Culture) organise une série
de spectacles en tous genres : concerts, pièces de théâtre,
expositions et discussions, se déroulant du 21 février au 31
mars 2013. Ce mois de festivités permet aux étudiants de
partager leurs créations et d'échanger autour de
nombreuses thématiques avec le public.
Dans le programme varié de ce festival, vous retrouverez
entre autres le CRom et sa pièce de théâtre « Au café des
artistes », qui se tiendra les 28, 29 et 30 mars 2013.
Lieu : Salle Delvaux (Bât. F) - 22 avenue Paul Héger Campus du Solbosch
Renseignements : cercle-opac.be
E-mail : [email protected]
Littérature de la Shoah – du 07 février au 18 avril
2013
Evènement organisé par l'Institut d'Etudes du Judaïsme et
présenté par Albert Mingelgrun les jeudis 7 et 21 février, 7
et 21 mars et 18 avril. La liste des livres qui seront étudiés
sont dans le calendrier des cours sur le site de l'Institut
d'Etudes du Judaïsme : www.ulb.ac.be/facs/philo/judaisme.
Droit d'inscription : 25€
Lieu : ULB, Campus du Solbosch, Grande salle du CIERL, avenue F.D. Roosevelt 17, 1050 Bruxelles
Heure : de 12h30 à 14h
E-mail : [email protected]
Renseignements : http://www.ulb.ac.be/facs/philo/judaisme
« Lecturas hispanoamericanas del Quijote » - 07 mars 2013
Conférence donnée par Teodosio FERNANDEZ, Professeur à l'Université de Madrid et organisée par l'Institut des Hautes
Etudes de Belgique.
Lieu : ULB, Campus du solbosch, Institut de Sociologie, salle Baugniet (rez-de-chaussée), avenue Jeanne 44, 1050 Bruxelles
Heure : 19h
E-mail : [email protected]
Renseignements : http://www.ulb.ac.be/enseignements/iheb
Au gré des pages – 21 mars 2013
Dans le cadre des Midis Musicaux, ce concert est organisé par ULB Culture en partenariat avec les élèves du cours de lecture et
transposition du Conservatoire Royal de Bruxelles.
Coordination artistique par Christian Debauve et Bernard Delire. L’entrée est libre est gratuite.
Lieu : ULB, Campus Erasme, Musée de la Médecine, place Facultaire, route de Lennik 808, 1070 Bruxelles
Heure : à partir de 12h30
Renseignements : http://www.ulb.ac.be/culture/concerts.html
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(Plus de nouvelles de votre université sur Act'ULB)
euxième quadrimestre, deuxième départ, deuxième série de bonnes résolutions : ça y est, maintenant,
vous allez vous cultiver. Les expositions pullulent dans notre belle capitale, et vous, vos seules sorties,
elles se font à la Jefke ! Scandalisé par ce constat peu glorieux ? Voici quelques idées pour cultiver vos
esprits imbibés, ou pour passer tout le temps que vous ne passez pas aux cours.
Festival Performatik 2013
Du 22 février au 2 mars 2013, au
Kaaitheater et différents lieux à
Bruxelles.
Pendant 10 jours, le festival
Performatik met en lumière l’art
contemporain via la performance
artistique. Sur place : du théâtre et de la
danse, mais aussi de l'art plastique.
Performatik
mise
dans
sa
programmation sur des artistes qui
osent abandonner leur propre univers.
Plus d'informations sur :
http://www.kaaitheater.be/fr/f49/perfor
matik
Offscreen Film Festival
Du 6 au 24 mars 2013 au Cinéma
Nova, Cinematek, Beursschouwburg,
Bozar et Cinéma Rits.
6e édition du festival Offscreen, un
festival de cinéma pour les amateurs de
films cultes, des grands classiques et de
cinéma contemporain non-conformiste.
Plus d'informations sur :
http://www.offscreen.be/
Théâtre : Ivanov Re/Mix
Du 19 au 23 mars 2013, à 20h30, au
théâtre Les Tanneurs. Pièce d’après
Ivanov d’Anton Tchékhov racontant
l'histoire d'Ivanov, un monsieur-tout-lemonde d’une trentaine d’années,
brillant, séduisant, mais qui se
morfond, depuis quelque temps, dans
une sorte d’apathie mélancolique. La
pièce fait partie d'Eutopia.
Plus d'informations sur :
http://www.lestanneurs.be/
Exposition Paniers, baleines et
jabots - La mode au 18e siècle
Du 30 mars 2012 au 3 mars 2013 au
Musée du Costume et de la Dentelle.
Les robes à paniers et les chemises à
jabots deviennent des pièces en vogue
entre 1730 et 1789. L’exposition
'Paniers, Baleines et Jabots' présente la
mode du 18e siècle qui inspire toujours
celle d'aujourd'hui.
Les robes à la française ou à l’anglaise,
côtoient les habits et les culottes portés
au temps de la Pompadour puis de
Marie-Antoinette, dignes représentantes
de la mode du siècle des Lumières. La
dentelle de Bruxelles, arborée dans
toutes les cours européennes, est mise à
l’honneur à travers les châles, volants et
cravates qui complètent les tenues.
Plus d'informations sur :
http://www.museeducostumeetdeladentel
le.be/
Architecture, poursuit en 2013 le cycle
des thématiques liées à l’architecture
Belge de la période moderniste.
Les Brunfaut sont des architectes
progressistes, ouvertement engagés
politiquement et acteurs majeurs de leur
époque : La prévoyance sociale, le
Vooruit à Gand, le siège du Peuple,
l'hôpital Bordet, le Sanatorium de
Tombeek … sont autant d’exemples de
l’implication des architectes dans
l’action sociale.
Plus d'informations sur :
http://www.atomium.be
Festival Passa Porta
Du 20 au 24 mars 2013 se tiendra à
Bruxelles la quatrième édition du
festival littéraire Passa Porta. Celui-ci
vous offre un passeport pour les lettres
contemporaines du monde entier, au
cœur multilingue de l'Europe. La
maison est un lieu unique de rencontre
et de travail pour tous les amoureux de
la littérature, auteurs, lecteurs,
traducteurs et autres professionnels
littéraires. Différents types de
rencontres littéraires vous sont proposés
à Passa Porta et hors les murs de la
maison. Souvent, Passa Porta
développe des collaborations avec
Exposition Brunfaut's,
d'autres
maisons
culturelles
Progressive Architecture
importantes, telles la Monnaie, Bozar et
Du 8 février au 9 juin 2013, de 10h à Flagey.
Plus d'informations sur :
18h, à l'Atomium.
L’exposition Brunfaut’s, Progressive http://www.passaporta.be/
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| L'Escume des Nuits | 37
es biscuits de la chance, ou comment mettre un
peu de bonheur dans un biscuit :
Ingrédients (pour 10 biscuits) :
- 125 gr de farine
- 2 cuillères à soupe de maïzena
- 1 pincée de sel
- 6 cuillères à soupe de sucre
- 7 cuillères à soupe d'huile
- 2 blancs d'oeufs
- 3 cuillères à soupe d'eau
Préparation :
1. Tamiser la farine. Mélangez-la à la maïzena, au sel et au sucre. Ajoutez
l'huile. Battez les blancs d'oeufs pour les rendre mousseux et ajoutez-les
au mélange. Ajoutez l'eau et mélangez à nouveau.
2. Couvrez la plaque de votre four de papier sulfurisé. Déposez 1/2
cuillère à soupe de pâte par cookie. Avec le dos de la cuillère, aplatissez et
faites des cercles de 10 cm de diamètre pour 3 mm d'épaisseur. Enfournez
20 minutes dans un four préchauffé à 150°C. La pâte doit encore être molle à la sortie du four.
3. Sur des petites bandelettes de papier, écrivez des phrases ou dictons et placez-les sur les cercles encore chauds. Repliez la
pâte en deux et "croquez" le cookie pour lui donner cette forme bien particulière. Laissez refroidir et durcir.
hurros et chichis : car on n'a pas besoin de carnaval ou autre fête pour manger des choses bien grasses !
Ingrédients (pour 6 personnes) :
- 1 bol de farine
- 1 bol d'eau + arôme (par exemple : 2 cuillères à soupe de fleur d'oranger ou 1 de rhum ou kirch ou quelques gouttes d'extrait
de vanille)
- 3 cuillères à soupe de sucre en poudre
- sucre pour la dégustation
Préparation :
Mettre dans un saladier la farine et les 3 cuillères à soupe rases de sucre en poudre. Faire bouillir de l'eau et y ajouter un arôme,
ajouter l'eau bouillante d'un coup sur la farine et remuer énergiquement. Mettre la pâte dans une poche à douille cannelée ou un
appareil spécial à churros et faire cuire dans de l'huile bien chaude 170°C/180°C en coupant des boudins à la longueur voulue.
Les poser sur du papier absorbant avant des les rouler dans du sucre. Déguster encore chauds.
Important : il faut que les quantités de farine + sucre et de liquide (eau + arôme) soient égales.
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ets de nonne : parce qu'on aime tout ce qui est
rond, croustillant et doré... et surtout parce que
ces beignets portent probablement le meilleur nom
du monde !
Ingrédients :
- 25 cl d’eau
- 60 gr de beurre
- 1 pincée de sel
- 15 gr de sucre en poudre
- 175 gr de farine
- 4 œufs
- 1 cuillerée à café d’eau de fleur d’oranger
- 1 litre d’huile
- 25 gr de sucre glace
Préparation :
Faites bouillir l’eau avec le beurre, le sucre et le sel. Quand le mélange
bout, versez petit à petit la farine et travaillez avec une spatule pour bien amalgamer les ingrédients et dessécher la pâte.
Ôtez la casserole du feu et incorporez un par un les œufs et remuant énergiquement, ajoutez la fleur d’oranger. Versez l’huile
dans la bassine à friture ou dans une grande casserole, faites-la chauffer doucement.
Lorsque la bonne température est atteinte, prenez un peu de pâte dans une cuillère et plongez dans l’huile, 6 par 6, les boules
ainsi formées. Les boules doivent beaucoup gonfler.
Sortez-les avec une écumoire et égouttez-les sur du papier absorbant. Mettez dans le plat de service et saupoudrez de sucre
glace.
t pour rester dans l'idée mais incorporer un chouia de sain :
les beignets à la banane.
Ingrédients (pour 4 personnes) :
- Farine
- 1 oeuf
- 3 bananes mûres
Préparation :
Mixer les bananes.
Ajouter 6 grosses cuillères de farine. Mélanger.
Ajouter un œuf puis mélanger de nouveau pour obtenir une pâte lisse. Si elle est trop épaisse, rajouter un demi-verre de lait.
Faire frire dans de l'huile chaude en formant de petits cercles de pâte avec une cuillère.
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| L'Escume des Nuits | 39
Par Jill
Mogwaï a eu quelques problèmes
gastriques :
Oscar s'est lâché :
Comme le dit si bien Brio, c'était « l'Oscaraoké » !
« Je remercie les gens qui ont fait les courses
d’avoir acheté du PQ aussi doux, parce que
franchement je sens plus mon trou de cul ! »
Noëlle a parlé de ses passions :
« En week-end CRomité, le sujet principal est le caca. »
Jill a avoué ses plus noirs secrets :
« Je n’aime pas le cul »
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(oui bon, le cul du pain, mais quand même)
HANOTEAU
Quentin était fièvreux :
Mais ça ne l'a pas empêché de danser sur Tchouk Tchouk Music
et de faire des jeux de mots stupides avec les (vivo) perlei à
noter pour l'Escume. On ne le félicite pas.
Anne-Cha a bu :
Et on ne saurait même pas vous expliquer certains
de ses agissements.
Xavier, fidèle à lui-même, a dit des choses très
intelligentes :
Quant aux autres...
... ils ont bien sûr brillé par leur charme légendaire.
« La France, c’est un peu le pays de la France »
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| L'Escume des Nuits | 41
HORIZONTAL :
1. Guernica / Pape du
Surréalisme 2. Rédigée / Unité
/ Conjonction
3. Ville du
Nigéria / Gradation / Mis en
terre
4. Théâtre japonais /
Endossement / Prétérit grec / Et
les autres 5. Support de balle /
Silencieuse / De nouveau / Dieu
d’Égypte / Interjection
6.
Nationalité de Pasternak,
Kandinsky et Eisenstein /
Raiponce teutonne / Rousseau
7.
Valeur
d’exposition
(photographie) / Rapidement /
Hymne / Groupe germain
précurseur du genre glitch 8.
Personnage / Royaume-Uni /
Logarithme népérien / Ellington
9. Ville du Louvres / Molière et
lui créèrent la Comédie-ballet /
Téranewton 10. Quatre romain
/ Surfer cassant / Steven
hollywoodien
11. Givre /
Niche d’église / Pseudonyme du
poète et intellectuel Irlandais
George W. Russel
12.
Classaient / « Rêve » d’une nuit
d’été / Book Crossing (rendre
leur liberté aux livres en les
laissant dans la nature afin qu'ils
soient retrouvés et lus par
d'autres personnes) 13. Ingres
le peignit notamment dans son
bain turc / 501 latin / C’est à son
tour de modeler la terre cuite
14. Gros contrôle / Possessif /
Archéologue allemand à qui l’on
doit les quatre styles de peintures pompéiennes 15. Petit ruisseau / Peinture usée / Rue parisienne aux grandes arcades 16. Argon
/ Piste de Nevermind de Nirvana / Eu la capacité / Ville portuaire d’Israël 17. Butin / Aguichage anglo-saxon / Institut National de
l’Audiovisuel 18. Professeur de l’éditeur Louis Hachette (Adolphe...) / Société d’Édition Rhodanienne 19. Commission
Européenne / Monnaie / Calme / Deuxième nouvelle de Barbey d’Aurevilly 20. Fabricant d’art / Héros d’une chanson de geste
épique / Redding
VERTICAL :
A. Artiste ou métier du bâtiment / Il capture des moments B. InterCity / Travailla / Princesse d’ El Cid d’Anthony Mann C. Bruit
de Munch / Dans les / Courbet a peint celle du monde / Office du Tourisme D. Membre volatile / (architecture) Petites solives / Le
Carmen est son chef-d’oeuvre E. Couplet / Forme d’être / 576 mètres / Reparti F. Soi / Note / Duchesse de la Rochefoucauld /
Lentille G. Associé au Rouge chez Stendhal / Neveu au féminin / Gain H. Symboliste autrichien / Haut plateau d’Arabie
Saoudite I. Touffe / Unité Centrale J. Héroïne zolienne / L’art ne l’est pas selon Flaubert / Statuaire K. Plié / Les aventures
d'Arthur Gordon Pym, Histoires grotesques et sérieuses, Le corbeau sont quelques unes de ses oeuvres / Bouquinée / Vache connue
de Zeus L. Courrez / Fleur du Royaume de France / « No Reply » crew abrégé / Saut de patineur M. Dans / Période terrestre
composée d’ères / Issu de Méduse, monté, il avait Bellérophon / Possessif N. Tristan l’accompagne en allemand / « Septième art »
/ Groupe posthardrock-punk américain dont le premier album est Our Gang's Dark Oath O. Comédie musicale inspirée de la
Bohème Puccini / Film de Bill Couturié avec Matt Leblanc / Groupe post-rock venu de Suède P. Aérien poétique / Héros de
Charles De Coster Q. Le fou de Malaisie d’après Zweig / Cri divin du cochon japonais / Volontariat International / Édition
Originale R. Bois rougeâtre au grain gros réservé aux grandes sculptures / Labiée à fleurs jaunes / Plaçât un bémol S. Indienne
de Chateaubriand / Peur d’affronter le public / Pseudonyme de l’acteur Bernard Noël Vetel (l’homme décongelé d’ Hibernatus) T.
Sculpta David / Les Fender et Gibson en sont des modèles
42 | L'Escume des Nuits | facebook.com/groups/escumedesnuits/
Incipits en folie.
Tu suis des études de Lettres, et par conséquent tu aimes à croire (ou à dire) que tu es un as en littérature ? Soit. Mais l’es-tu
assez pour identifier les romans d’origine des incipits ci-dessous ?
1. Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.
Oeuvre :
2. Aujourd’hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.
Oeuvre :
3. C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.
Oeuvre :
4. Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes
semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi.
Oeuvre :
5. Où maintenant ? Quand maintenant ? Qui maintenant ? sans me le demander. Dire je. Sans le penser. Appeler ça des
questions, des hypothèses. Aller de l’avant, appeler ça aller de l’avant.
Oeuvre :
6. Ca a débuté comme ça.
Oeuvre :
7. DOUKIPUDONKTAN, se demanda Gabriel
excédé.
CORRECTION du dernier numéro
Oeuvre :
8. Nous étions à l’étude, quand le Proviseur entra,
suivi d’un nouveau habillé en bourgeois et d’un
garçon de classe qui portait un grand pupitre.
Oeuvre :
9. Descendu de cheval, il allait le long des
noisetiers et des églantiers, suivi des deux chevaux
que le valet d’écurie tenait par les rênes, allait dans
les craquements du silence, torse nu sous le soleil
de midi, allait et souriait, étrange et princier, sûr
d’une victoire. A deux reprises, hier et avant-hier, il
avait été lâche et il n’avait pas osé. Aujourd’hui, en
ce premier jour de mai, il oserait et elle l’aimerait.
Oeuvre :
10. Alice, assise auprès de sa sœur sur le gazon,
commençait à s’ennuyer de rester là à ne rien faire.
Oeuvre :
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| L'Escume des Nuits | 43
Le TD CRom approche à grands pas !
Eh oui, information à retenir : notre seul TD du quadrimestre se
tiendra le 5 mars à notre très chère Jefke ! Ne manquez surtout pas
cette occasion en plus de faire la fête avec votre cercle préféré,
voire, si votre amour pour nous dépasse toutes les limites, à venir
nous y donner un coup de main !
Quoi qu'il en soit, nous serons très heureux de vous compter parmi
nous pour cette soirée de folie cromignonne !
Le CRom brûle les planches
Comme chaque année, le CRom, en collaboration avec l'OPAC, vous
présente sa pièce de théâtre : cette année, il s'agit de "Au Café des
Artistes" d’Émilie Gäbele, d'après l’œuvre de Michel Lambert. Cette
pièce sera jouée dans le cadre du festival TOB#7, les 28, 29 et 30
mars dès 20h30.
Afin de vous donner l'eau à la bouche, voici un synopsis de cette
pièce :
Dans un bistrot de quartier, perdu au milieu de Bruxelles, des
hommes et des femmes se succèdent, des êtres à la dérive, au bord
du gouffre, des clowns tristes, des âmes fêlées... Différentes
rencontres et retrouvailles se déclinent : deux êtres grotesques
parlent un langage absurde, un homme et une femme flirtent, une
femme venue d'ailleurs laisse des messages sur un répondeur, un fils
retrouve sa mère, une femme parle de son désarroi face à son enfant
handicapé, un pilier de comptoir provoque de la pitié et du mépris...
Cette pièce parle du quotidien, celui de tout un chacun, qui loin
d'être toujours rose, se rapproche souvent d'un ciel gris et morose.
Toutefois, une accalmie n'est jamais proscrite. D'un coin ciel bleu, un
rayon d'espoir apparaît toujours.
Vous pouvez d'ores et déjà réserver vos places à l'adresse suivante :
[email protected] (en mentionnant votre nom, prénom, le
titre de la pièce et la date).
Tarifs : étudiants : 4€ / autres : 6€ / gratuit pour les 20 premières
réservations avec la carte ULB Culture (ensuite 2€)
Venez enchanter nos oreilles !
Vous en rêviez : nous l'avons fait. Un deuxième
cantus du CRom se prépare ! Chauffez vos cordes
vocales, ménagez vos foies, et rendez-vous le 12
mars à la Salle Timbanque (le nouveau local à cantus
dont nous pouvons bien sûr - dans notre bonté
légendaire - vous indiquer la localisation). Et si vous
n'êtes pas encore convaincu(e), nous vous renvoyons
au courrier des lecteurs, où Naïka a largement montré
son enthousiasme (justifié !) vis-à-vis de ce genre
d'activités.
Le site du moment...
... que les filles vont adorer : etsy.com !
Il s'agit d'un de ces endroits merveilleux de la toile, créé en 2005, où vous trouvez des vêtements, bijoux, objets décos,... que
vous serez le ou la seul(e) à posséder. En effet, hormis les objets vintage qui s'y vendent, il y a aussi une grande partie de
créateurs indépendants venant des quatre coins du globe, qui vendent ce qu'ils ont fabriqué de leurs blanches mains. Et ça va
des boucles d'oreilles en forme de pingouins aux bandeaux style 20's-30's (très prohibition , clin d'oeil clin d'oeil), des peluches
improbables aux pots de fleurs, des lunettes vintage aux robes de mariées (qui sait ?), en passant par les estampes, les sousvêtements pour geeks, les sacs pour tapis à yoga, et même les fournitures, si vous êtes en mode DIY. Tant de boutiques
différentes qu'on n'a jamais fini d'en faire le tour : en un mot, le paradis ! Enfin... pas pour vos économies, mais ça fait bien
longtemps que vous avez abandonné vos bonnes résolutions par rapport aux achats compulsifs, pas vrai ?
44 | L'Escume des Nuits | facebook.com/groups/escumedesnuits/
Noëlle : Moi je suis celle qui pue le plus, mais
Quentin c'est celui qui laisse le plus de traces.
Noëlle : C'est pas parce que des objets sont
moches ou en bout de vie qu'il faut les mépriser.
Noëlle : En même temps, c'est un horaire de TD,
c'est pas non plus un bébé koala.
Laura : P-A c'est un peu comme un génie qui
apparait quand tu as besoin de lui.
Noëlle : Tu frottes sur quoi pour le faire
apparaître ?
Noëlle :
(parlant de P-A) T'es un peu un
diffuseur bisounours.
CRomain :
Chloé : Oh t'as vu la vidéo de la femme qui
allaite son chien ? C'est dégueulasse !
Poutpout : Ben toi t'allaites bien Rémy !
Jill : Taisez-vous, c'est Anne-Cha qui m'appelle !
Poutpout : On a retrouvé son corps...
P-A : (à Laura) La mienne est plus grosse que la
tienne !
Charlotte : Je pense qu'on est tous des jeunes
adultes, donc ce n'est pas à Jill à toujours nous
dire de nous taire...
Xavier : Oui, d'ailleurs ta gueule.
(pendant le montage d'une armoire
ikea) On va avoir besoin de houblons !
CRomain : J'ai l'impression que mon cerveau
travaille tellement que mes jambes sont crevées.
CRomain : Qui a mis une capsule sur la
bouteille ?
Aurélie : Moi j'ai l'impression que ce qui
fontionne bien, c'est les annonces d'auditoire et
le bouche-à-bouche.
LE COLLIER DE PERLES DE BRIO
Chloé : T'as un vagin aussi large que l'amour que
j'ai pour toi.
Chloé : Je vais pas dépuceler le saucisson !
Jill : Qu'est-ce qu'elle a à dire Kaka ?
Chloé : De la merde.
Chloé : Je n'ai qu'un mot à dire :
Oscar : Chloé, c'est quoi en fait ton rôle au
CRom ?
Oscar : A un moment, j'avais réussi à acquérir le
style.
Noëlle : Est-ce que quelqu'un a une question sur
le point bal ?
Oscar : C'est quand ?
TRANSPRESENCE !
Chloé : La chirurgie esthétique on dit que c'est
superflu, mais je suis désolée dans certains cas ça
sauve une vie.
Chloé : Oscar ! ... Oh, Scar ! ... Mufassa !
Chloé : (au bar de la pièce de théâtre du CRom)
Naïka : Tiens ton bout !
Jill : Moi je vais tenir le bout de tout le monde.
C'est marrant regarde, les gens boivent beaucoup
plus d'Ice Tea que de Fanta ou de Coca, je me
demande pourquoi...
Laura : ... on fait des Alfredo.
Jill : Kathryn il faut rentrer dedans : une fois
Chloé : Putain mon parfum il est fort, je le sens
que t'es dedans, c'est bon.
jusqu'au nez !
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| L'Escume des Nuits | 45
Bélier (21 mars au 20 avril) :
C’est avec une motivation renouvelée que tu
t’es engagé de ce nouveau quadri, et grand
bien t’en fasse : il te réserve de belles
surprises sur le plan « professionnel », si
l’on peut dire. Pour en bénéficier, il te
faudra néanmoins ne pas faire faux bond
trop souvent à ton bureau ou à tes scéances
de travail en bibli … Heureusement, pour te
récompenser
d’une
attitude
si
consciencieuse, des événements estudiantins
plus fun les uns que les autres sont organisés
par vos cercles préférés : n’hésite pas à t’y
rendre pour t’y détendre en bonne
compagnie !
Votre citation : Si l'amour est aveugle, il faut
palper - Anonyme
Taureau (21 avril au 20 mai) :
Lion (23 juillet au 22 août) :
Sagittaire (23 novembre au 21 décembre) :
Vierge (23 août au 22 septembre) :
Capricorne (22 décembre au 20 janvier) :
La routine te pèse au possible, tu n’en peux
plus de la monotonie du quotidien, les profs te
semblent plus rasoirs que jamais et tu n’as
qu’une seule envie : brûler tous tes syllabi par
la fenêtre et sauter dans le premier avion vers
n’importe quelle destination exotique. Alors
… libère-toi, suis le grain de folie que te
suggère le bienveillant Neptune (bienveillant
pour ton équilibre mental, s’entend) et laissetoi guider par ce flot qui t’emporte
irrésistiblement vers la Jefke...
Votre citation : Les escaliers montent ou
descendent selon le sens où on les prend Jean Ferrat
Des cons, il y en a à la pelle dans votre
entourage ! Mais dans un futur proche, vous
pourrez enfin vous accomoder de leur
présence en utilisant une très ancienne
technique de tai-chi-chuan communément
appelée efaziibazfebakeruhhbez . Une grande
paix intérieure vous envahira et vous ne serez
plus qu'amour universel. Vous en profiterez
pour vous mettre au jardinage et à l'élevage
de mouches, ce qui vous rapprochera de la
nature et changera intrinsèquement votre vie.
Votre citation : Le monde fut créé le 22
C'est la fête dans les cieux : Mercure
s'alignera avec Pluton et la Terre au milieu
du mois de mars et cela aura un impact
certain sur votre vie. En effet, non seulement
vous serez submergé(e) par des purs traits de
génie à longueur de journée, mais vous
deviendrez aussi accro aux langoustines,
charmantes créatures incomprises qui se
marient très bien avec l'ail. En contrepartie,
car every magic comes with a price, vous ne
tiendrez plus l'alcool et finirez tous vos TD à
22h10 à câliner les barrières des entrées.
octobre 4004 avant Jésus-Christ, à 6 heures
Votre citation : L’escargot est à la fois mâle de l’après-midi - James Usher
et femelle, mais il ne peut pas en profiter Jean-Charles
Balance (23 septembre au 23 octobre) :
Tu pètes la forme, tu as l’impression que toute
Gémeaux (21 mai au 21 juin) :
énergie pourrait te faire faire des
Tout est beau, tout est rose dans le plus cette
mais décidément rien ne va, la
parfait des mondes : ta moitié est adorable, merveilles
malédiction
de l’ULB semble te poursuivre
ta mère te cuisine les meilleurs plats du
monde, … même les profs semblent te plus que jamais ? Hé bien ça n’est pas qu’une
vouloir du bien, pour une fois ! Profites-en, impression, l’ascendant négatif de Mercure te
car ce répit bien mérité après une longue poursuit ce mois-ci. Mais ne désespère pas !
session sera de courte durée. En effet, Uranus arrive à ta rescousse pour le
l’ascendant négatif de Mars ne va pas tarder contrecarrer : tu pourras enfin mettre à profit
à venir contrecarrer la perfection dans ta santé de fer – tu n’imagines pas la chance
laquelle tu baignes actuellement. Cependant, que tu as avec tous ces microbes qui
pas d’inquiétude, une santé sans faille et un grouillent de partout – et ton surplus
rythme de vie sain te permettront de d’énergie
surmonter la période tourmentée qui Votre citation : Un sous-marin, pour une
s’annonce pour toi.
baleine, c'est un gros suppositoire - Jean
Votre citation : Pour la carotte, le lapin est Carmet
la parfaite incarnation du Mal - Robert
Sheckley
Scorpion (24 octobre au 22 novembre) :
L'aventure vous appelle et vous, vous faites la
Cancer (22 juin au 22 juillet) :
sourde oreille. Heureusement, Uranus est là
Vous vous trouvez naturellement beau ? pour veiller sur vous et vous rappeler que
Vous serez absolument irrésistible durant ce dans la vie, les prises de risque font les
mois à venir. Des gens en furie voudront meilleurs souvenirs. Vous le savez ? Mais
arracher vos vêtements sur Héger, et vous ne alors qu'est-ce que vous faites là, à lire ce
pourrez plus faire un pas dans la Jefke sans (brillant) magazine avec cet air benêt ? Un sac
entendre les soupirs des groupies ou les
sifflets des mecs. Mais tout ce sex-appeal, à dos, des bonnes chaussures, de la
(ami(e)/chien/bière/pigeon
c'est épuisant finalement (on en sait quelque compagnie
chose, au CRom) : vous subirez donc un voyageur), un ticket pour Zanzibar, et c'est
remoching efficace et pourrez de votre faux- parti pour une vie de folie ! Les seules limites
nez pustuleux à nouveau respirer le grand air sont celles de votre esprit.
Votre citation : La vie est trop courte que pour
en toute liberté.
Votre citation : Le clou souffre autant que le attendre de pouvoir retirer le périphérique
USB en toute sécurité - Anonyme
trou - Proverbe hollandais
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Pour toi que les mégots de cigarette ont
ramené tout droit à la Jefke dès la fin
janvier, pour toi qui est le plus fidèle lecteur
des Spotted-ULB qui poussent aux quatre
coins de Facebook comme des
champignons, il semblerait que Cupidon ait
continué bien après le 14 février à lancer ses
flèches de passion. Guette, l’ami : il se
pourrait bien que l’angelot de Vénus te
réserve une surprise des plus agréables dans
les jours à venir...
Votre citation : L'alcool est la cause et le
remède de tous les problème de la vie H.Simpson
Ces derniers temps, vous ne gérez pas trop
votre vie : on peut le dire – on est entre
nous – vous êtes même complètement
paumé(e). Mais ne vous en faites pas, Venus
va bientôt venir mettre de l'ordre dans tout
ce chaos et vous montrer le droit chemin.
Vous la remercierez en sacrifiant une vierge
avec un couteau à beurre au Patio sur un
fond musical en italien... ou bien en disant
« Merci, Venus ». Puis, le cours normal de
votre vie pourra reprendre, embelli par ces
changements décisifs opérés sans l'ombre
d'un regret.
Votre citation : L'équilibre est à mi-chemin
entre les deux extrêmes - Bernard Werber
Verseau (21 janvier au 19 février) :
On ne parle déjà plus vraiment de «
nouveau » quadri, et c’est peu dire que ce
fourbe bat son plein : TD, pré-TD, Cantus,
bals, banquets et autres festivités bibitives
estudiantines s’enchainent à une allure folle,
pour votre plus grand bonheur. Et vous
pouvez remercier Jupiter et son influence
bénéfique sur votre santé, sans laquelle
votre foie se serait déjà révolté maintes fois
! Veillez cependant à ne pas trop abuser de
ce précieux don... Une solution simple ?
Alternez les breuvages, mais de soirée en
soirée !
Votre citation : Qui promène son chien est
au bout de la laisse - Serge Gainsbourg
Poisson (20 février au 20 mars) :
C'est la guerre ! Cette fois, ça y est, la
coupe est pleine, vous ne pouvez plus vous
taire. Les gens que vous vous coltinez en
cours, les dépenses au-dessus de votre
maigre budget étudiant, les obligations
épuisantes : vous n'en pouvez plus. Avec
Mars dans votre signe, il sera très aisé
d'envoyer bouler toutes ces choses et de
vous exiler à la campagne pendant quelques
jours pour traire des vaches et gambader
dans les champs. Vous en ressortirez grandi
et pourrez alors aller de l'avant.
Votre citation : On ne peut remplir que ce
qui est vide - Jean-Marie Adiaffi
Pré-TD SANS Valentin
et autres anti-niaiseries
Pré-TD Fluo
et fût CRom au TD
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