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Paul Germain
José Bové, bonjour ! Vous avez donc abandonné vos brebis du Larzac pour devenir député ici, au Parlement
européen à Bruxelles où vous continuez votre combat contre la malbouffe et la mondialisation. Alors
précisément au bar de l’Europe, je vous ai servi des produits bien de chez vous : de la bière du Larzac et puis du
Roquefort, des produits artisanaux, naturels, garantis sans OGM. Cela dit, vous n’avez pas l’impression que petit
à petit vous risquez de perdre le combat contre les OGM en Europe.
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José Bové
Écoutez j’ai l’impression que ce combat est loin d’être perdu puisqu’on a toujours à peu près 80 % des citoyens
européens qui ne veulent pas d’OGM et on voit bien que la majorité des États aujourd’hui s’opposent aux OGM.
D’ailleurs avec la nouvelle pomme de terre Amflora pour la pâte à papier…
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Paul Germain
Autorisée par la Commission européenne !
José Bové
… autorisée par la Commission, une majorité déjà d’États disent : « nous n’en voulons pas » et un certain
nombre d’États ont déjà attaqué pour dire : « on va interdire cette pomme de terre ». Bon, c’est vrai
qu’aujourd’hui on est dans un débat, j’ai rencontré le Commissaire Dalli il y a quelques heures, juste avant de
venir ici…
Paul Germain
Qui s’occupe de la santé !
José Bové
… qui s’occupe de la santé et de la consommation, et on doit travailler ensemble sur un projet d’évaluation des
OGM parce qu’aujourd’hui cette évaluation est contestée par les scientifiques, par les citoyens puisque ce sont
les entreprises qui donnent leurs propres arguments. Évidemment, ça peut pas aller !
Paul Germain
Vous avez parfois laissé entendre que la Commission était un peu trop proche des lobbys pro-OGM…
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José Bové
C’est réel puisque l’ancienne présidente de l’EFSA, jusqu’à il y a quelques mois…
Paul Germain
L’agence de sécurité alimentaire…
José Bové
L’agence de sécurité alimentaire…
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Paul Germain
… européenne
José Bové
… a été embauchée par un des grands fabricants d’OGM. Donc c’est assez étonnant de voir…
Paul Germain
Suspicion !
C. Pinson et A-P. Prévost-Wright,
Alliance française de Bruxelles-Europe, CELF - Septembre 2010
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José Bové
… ces vas-et-vient un peu à l’américaine mais je pense qu’il y a d’autres éléments qui vont venir, qui vont sortir
dans les prochaines semaines, d’ailleurs le Commissaire en est assez conscient, puisqu’il m’a demandé de
participer justement à l’évaluation, à comment transformer cet institut, qui aujourd’hui est soupçonné par
énormément de monde.
Paul Germain
Donc il devrait être sous contrôle ! Cette agence devrait être…
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José Bové
Bah cette agence devrait d’abord être impartiale, c’est-à-dire qu’il devrait y avoir des scientifiques à la limite
pour ou contre, elle devrait faire ses propres analyses parce qu’aujourd’hui cette instance n’analyse pas les
OGM, elle se contente de prendre les documents des firmes et d’analyser ce que disent les firmes et ça
évidemment ça peut pas aller.
Paul Germain
Alors, la Commission veut donner le droit à chaque pays européen d’interdire ou d’autoriser les OGM, autrement
dit la Commission se laverait les mains. C’est bien ou c’est pas bien, ça ?
José Bové
C’est un marché de dupes ! En gros la Commission dit : « Nous, on va autoriser tous les OGM venant de
l’extérieur et les pays pourront cultiver ou pas. » En fait, ça va complètement contre les règles de l’Europe parce
qu’il y a un marché unique européen ! Donc comment on fait d’un pays à un autre ? Est-ce qu’il va y avoir des
frontières à nouveau en Europe ? Ça va pas !
Paul Germain
Donc il y a un pays qui pourrait autoriser…
José Bové
… et un autre qui pourrait refuser donc ça va pas aller ! Comment vont faire les agriculteurs biologiques ? Il y a
un agriculteur biologique qui sera dans un pays où il n’y a pas d’OGM et celui-là aura pas de soucis, celui qui
sera dans un pays où il y a des OGM aura des problèmes. Donc y compris la concurrence entre les deux n’est
pas possible donc les règles européennes fonctionnent pas. Puis au niveau international, c’est l’OMC ! Parce que
les États-Unis ont déjà dit : « Ça ne marche pas ! On ne va pas se faire avoir encore comme ça. » Donc, il vaut
mieux que l’Europe prenne une position claire comme elle l’a fait pour le bœuf aux hormones en disant : « Nous
ne voulons pas ! C’est contraire à nos principes alimentaires. »
Paul Germain
Alors, je vous arrête parce que vous voyez, il y a de la neige qui apparaît et derrière cette neige, quelqu’un qui
veut vous poser une question.
Laurent Louis, Parti populaire (Belgique)
Monsieur Bové bonjour ! La question des Roms fait débat tant en France qu’en Belgique où j’ai introduit le
dossier en qualité de député fédéral du Parti populaire. Récemment, vous avez vertement critiqué la politique de
Nicolas Sarkozy en la matière. Vous n’êtes pas sans savoir que les populations Roms sont considérées dans leurs
pays d’origine, des pays pourtant membres de l’Union européenne, comme des citoyens de seconde zone,
souvent victimes d’un apartheid qui ne dit pas son nom. Quand on sait que l’Union européenne met à disposition
de ces États membres plus de 13 milliards d’euros pour soutenir leurs politiques d’intégration des Roms, n’avezvous pas l’impression de vous tromper de cible ? Le plus important aujourd’hui ne serait-il pas d’exiger de ces
États qu’ils respectent les principes fondateurs de l’Union et qu’ils offrent à leur population Rom des conditions
de vie respectueuses de la dignité humaine ?
Paul Germain
Réponse ?
C. Pinson et A-P. Prévost-Wright,
Alliance française de Bruxelles-Europe, CELF - Septembre 2010
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