NOIR DESIR En 1980, en classe de seconde dans un lycée de
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NOIR DESIR En 1980, en classe de seconde dans un lycée de
NOIR DESIR En 1980, en classe de seconde dans un lycée de Bordeaux, Bertrand Cantat, 16 ans rencontre Serge Teyssot-Gay, 17 ans. Ils décident de monter un groupe de rock. Bertrand à l’époque ne joue d’aucun instrument, il opte donc pour le chant. Serge, a lui une formation de guitariste classique. Ils sont rejoints quelques mois plus tard par Denis Barthe à la batterie. Bertrand Cantat, vers l’âge de 11 ans écoute le groupe américain MC5. Ses parents à la maison ne passent que très peu de disques, de le musique classique, Georges Brassens et Jacques Brel. A 13 ans, il commence à écrire des textes. Il découvre les Doors. L’arrivée du punk l’encourage à jouer dans un groupe. Par la suite, il se passionne pour le Gun Club, formation de Jeffrey Lee Pierce. Le jeune groupe bordelais se baptise un temps Psychoz, puis 6.35 et finalement Noirs Désirs. En 1982, Serge quitte la formation avec le bassiste Vincent Leriche, et fonde le duo B.A.M. (Boîte à Musique). Frédéric Vidalenc, ex-Dernier Métro intègre Noirs Désirs à la basse. En 1983, Bertrand Cantat s’éloigne du groupe pendant six mois, avant de revenir. Luc Robene est à la guitare. En 1985, la formation se stabilise autour de Bertrand Cantat (chant, guitare, harmonica), Serge Tessot-Gay (guitare), Denis Barthe (batterie) et Frédéric Vidalenc (basse). Au cours de ces premières années, Noirs Désirs se produit dans les bars de Bordeaux, notamment au Chat Bleu. En ce début des années 1980, Bordeaux foisonne de groupes : Camera Silens, Parfum de Femme, Les Exemples, Gamine, Les Standards, Strychnine… Jusqu’en 1984, il y a une émulation incroyable entre les formations, de nombreux concerts et même un festival, Les Boulevards du Rock. En 1986, Noirs Désirs réalise une maquette. Theo Hakola, ancien chanteur d’ Orchestre Rouge, et à l’époque leader de Passion Fodder, l’écoute et décide d’aider le groupe. Par son intermédiaire, les Bordelais rencontrent Philippe Constantin de chez Barclay et signent un contrat pour un an renouvelable. Seule concession, ils abandonnent le pluriel de leur nom. Durant l’été 1986, Noir Désir enregistre un mini-album six titres dans les studios I.C.P. à Bruxelles. Produit par Theo Hakola, Où veux-tu qu’je r’garde sort en février 1987. Chantés pour la plupart en français (à l’exception de « Lola » en anglais), ces six morceaux rock se rapprochent par les guitares, le son, l’harmonica et la voix de Cantat d’un certain rock américain (Les Doors, le Gun Club…). « Pyromane » et « La Rage » seront régulièrement repris lors des concerts futurs. Cantat développe une écriture personnelle, proche parfois de la poésie : « …Chaque nuit se réduire en cendre/Se laisser répandre/Dans les lavabos blancs… » (« Toujours être ailleurs »). Marqué par Baudelaire, Mallarmé, Lautréamont, Rimbaud et Maïakovski, il prouve que rock et écriture en français sont possibles. En deux mois, ce premier essai se vend à 5000 exemplaires. Noir Désir tourne en France et se produit à Paris, notamment au Rex Club. En 1988, le groupe prolonge son contrat avec Barclay. A la fin de l’année, ils enregistrent, toujours à Bruxelles, leur premier véritable album. Veuillez rendre l’âme (à qui elle appartient), produit par Ian Broudie, paraît en 1989. A côté de morceaux rock (« A l’arrière des taxis », « What I need », « Les écorchés », « La chaleur »…), Noir Désir propose des morceaux plus calmes, privilégiant l’ambiance (« Le fleuve », « Sweet Mary » et son intro au piano, « Joey I »…). L’énergie de ce deuxième opus est plus contenue, maîtrisée que celle du précédent. « Aux sombre héros de l’amer » entre au Top 50, et le disque se vend à plus de 150 000 exemplaires. Face à ce succès, Noir Désir refuse de faire sa promotion dans les émissions grand public à la télévision. Le groupe préfère le défendre sur scène, accompagné par le violoniste François Boirie, et s’embarque pour une longue tournée en France (Elysée-Montmartre à Paris et Olympia à guichets fermés, Eurockéennes de Belfort, Francofolies de La Rochelle, Printemps de Bourges…), URSS, Canada, et Tchécoslovaquie. En concert, Noir Désir donne son maximum, et Bertrand aborde la scène comme une séance de chamanisme. Il alterne transes et périodes plus calmes. A la fin de l’année 1990, ils rejoignent Bruxelles et y enregistrent leur troisième album qu’ils produisent seuls, secondés par Phil délire et Olivier Genty. Du ciment sous les plaines sort en février 1991. Le son de ces 14 morceaux est plus rêche, plus direct que ceux de l’opus précédent. Noir Désir passe de titres indéniablement rock (« En route pour la joie », « Tu m’donnes le mal », « The Holy Economic War », « Tout l’or », « Pictures of yourself », « Le Zen Emoi », « Charlie »…) à d’autres apparemment plus apaisés (« Si rien ne bouge », « La chanson de la main » et son accordéon, « Elle va où elle veut »…). Sans promotion ni tube, l’album se vend à plus de 120 000 exemplaires. Noir Désir reprend la route en compagnie de François Borie, jusqu’en juillet 1991, avec plusieurs passages à guichets complets à l’Elysée-Montmatre à Paris, un détour par Bruxelles et par Tokyo au Japon. Le groupe en sort éreinté et Bertrand Cantat rencontre de sérieux problèmes avec ses cordes vocales. Noir Désir s’octroie alors de longues vacances. Bertrand voyage au Mexique, Fred fait de la voile, Sergio part à la montagne et Denis, resté à Bordeaux joue notamment avec Blindfolded. Le groupe met fin à des rumeurs persistantes de séparation, en entrant en studio en septembre 1992 en Angleterre. Produit par Ted Niceley recommandé par les Dirty Hands et Fugazi, groupe de hardcore américain, Tostaky (contraction de « Todo es aqui », tout est là en espagnol), paraît début décembre 1992. Les guitares sont rageuses et saturées, la voix de Cantat est moins placée en avant que précédemment. Ses textes sont plus concis et fonctionnent par images, sans aucune références littéraires. « Tostaky (le continent) » rentre à la première place du Top 50 et l’album est disque d’or peu de temps après sa sortie. En dehors de trois morceaux lorgnant parfois du côté des ballades (« Oublié », « Marlène », « Lolita nie en bloc »), le reste n’est qu’énergie pure et distille un rock endiablé (« Here it comes slowly », « Alice », « Ici Paris », « Tostaky (le continent) », « Johnny colère », reprise d’un titre du groupe rennais Les Nus, « It spurts »…). De fin 1992 à fin 1994, Noir Désir s’embarque pour une tournée marathon de plus de 120 dates dans des salles de moins de 2000 personnes, en France (Olympia et Bataclan à Paris), Belgique, Suisse, Italie, Allemagne, Hongrie, Pays-Bas, Suède, Norvège… L’énergie et l’électricité de cette série de concerts sont captées à l’occasion d’un premier double album live, Dies Irae, sorti en janvier 1994. Le groupe s’arrête une nouvelle fois à la fin de l’année 1994 pour recharger les batteries. Bertrand Cantat se fait opérer des cordes vocales. Il ne retrouvera pas sa voix haut perchée des débuts. Denis joue avec Edgar de L’Est et Serge accompagne Little Bob pour trois concerts. Il enregistre chez lui un premier album solo à l’aspect expérimental, Silence Radio, publié début 1996. Fred continue de s’adonner à sa passion, la voile. A l’automne 1995, les musiciens se retrouvent et recommencent à répéter. Fred quitte le groupe pour divergences artistiques selon le communiqué officiel. Il sortira un premier album solo, La Latitude des chevaux, en mars 2002. Il est remplacé à la basse par Jean-Paul Roy, qui s’occupait des instruments sur scène lors de la tournée de Tostaky. En août 1996, Noir Désir entre en studio dans les Landes, avec Ted Niceley. Leur cinquième album studio, 666.667 club, paraît en novembre suivant. Musicalement, ce nouvel opus navigue entre morceaux rock (« Fin de siècle », « Un jour en France », « Comme elle vient », « Lazy »…) et d’autres aux tempos plus lents (« A la longue », « Ernestine » avec Lajko Félix au violon, «A ton étoile », « Septembre en attendant » composé par Fred Vidalenc…). « L’homme pressé » bénéficie d’une rythmique funky et d’un phrasé du chant lorgnant du côté du rap. Akosh S. joue du saxophone, de la bombarde et de la clarinette basse sur certains titres. Il y apporte une touche de free jazz et donne des consonances raï à l’instrumental « 666 6667 club » ouvrant l’album. Certains textes de Bertrand Cantat sont ouvertement politiques : il dénonce la montée du Front National dans « Un jour en France », le culte de la réussite dans « L’homme pressé », la mondialisation dans « Fin de siècle »… De novembre 1996 à novembre 1997, le groupe reprend la route dans des salles plus grandes que lors de la tournée précédente. Début 1998, 666.667 club dépasse les 700 000 ventes. Noir Désir participe à Aux Suivants, disque hommage à Jacques Brel, et reprend « Ces gens-là ». En novembre paraît One Trip One Noise, disque de remixes de leurs chansons par notamment Yann Tiersen (« A ton étoile »), Pills (« Tostaky »), Andrej, musicien yougoslave initiateur du projet (« Fin de siècle »)… En décembre 1998, Bertrand Cantat participe à la Black Session de Yann Tiersen et interprète « A ton étoile » avec un quatuor à cordes (cet enregistrement sort en novembre 1999). Il tourne également aux côtés d’Akosh S. En avril 1999, Noir Désir se produit pour un concert de soutien au GISTI (Groupe d’information et de soutien aux immigrés), sur l’initiative de Rodolphe Burger de Kat Onoma. Ils interprètent « Working Class Hero » de John Lennon. En 2000, Noir Désir enregistre avec Alain Bashung, « Volontaire » sur Climax, album compilation de ce dernier paru en 2000. Ils multiplient ainsi les collaborations : avec les Têtes Raides (« L’iditenté » sur Gratte poil en 2000), Brigitte Fontaine (« Baby Boum Boum » sur Kékéland en 2001)… Ils reprennent en 2001, « Le Roi » de Georges Brassens sur Les Oiseaux de passage. En 2000, Serge Tessot-Gay publie un deuxième album solo, On croit qu’on en est sorti, construit autour de textes de l’écrivain Georges Hyvernaud. Une compilation de trois CD de Noir Désir, En route pour la joie, sort. Dès juillet 2001, le single « Le vent nous portera », ballade avec Manu Chao à la guitare et Akosh S. à la clarinette, envahit les ondes. Le 11 septembre 2001, le sixième album studio de Noir Désir, Des visages des figures, paraît. Plus calme que le précédent, avec guitares en retrait, claviers et cordes, cet opus explore des univers sonores différents. Des sonorités électroniques apparaissent sur « L’appartement », « L’enfant roi » et « A l’envers à l’endroit ». « Bouquet de nerfs » est habillé d’arrangements de cordes réalisés par Joe Mardin, alors que ceux de « Des visages des figures » sont confiés à Romain Humeau du groupe Eiffel. Noir Désir met en musique un titre inédit de Léo Ferré (« Des armes »). Le rock ne revient qu’au détour de deux morceaux (« Son style 1 », « Lost »). « Le grand incendie » lorgne du côté du blues rock. L’album se termine par un morceau expérimental de plus de 23 minutes avec Brigitte Fontaine au chant (paroles surréalistes proches des messages codés de Radio Londres), et le multi-instrumentiste Akosh S. qui lui apporte une touche free jazz. Le groupe part en tournée avec Christophe Perruchi aux claviers et samples, en Europe, Canada et Moyen Orient (Syrie, Liban, Turquie, Yémen). Fin avril 2002, en réaction au résultat du premier tour des élections présidentielles, Noir Désir donne quelques concerts impromptus aux côtés de Yann Tiersen, Dominique A, les Têtes Raides et Thomas Fersen. Le 16 juillet 2002, aux Francofolies de La Rochelle, le groupe invite Programme à faire sa première partie. Suite à l'emprisonnement de Bertrand Cantat, le groupe Noir Désir a cessé ses activités. En janvier 2005, Serge Teyssot-Gay sort son troisième album, Interzone, fruit de sa collaboration avec Khaled Aljaramani, joueur de oud syrien. Ils donnent ensemble 9 concerts en février, dont un, le 28 à l'Européen à Paris. Un double album live, Noir Désir en public et un DVD, Noir Désir en images, issus de la tournée 2002, sortent en septembre 2005. En 2002, Noir Désir donne une soixantaine de concerts en Europe, au Canada et au Moyen Orient. Noir Désir en public, propose 24 morceaux tirés de cette série de concerts. On y retrouve l’énergie rock qui caractérise le groupe, avec un Bertrand Cantat très en forme vocalement (« Pyromane", « A l’arrière des taxis », «Comme elle vient », « La chaleur », « Tostaky », « Lazy »…), mais également des titres beaucoup plus calmes avec quatuor à cordes (« Bouquet de nerfs », « Des visages des figures », « Le fleuve ») ou clarinette et guitare acoustique (le tube « Le vent nous portera »). Le groupe introduit des claviers et des samples dans sa musique par l’intermédiaire d’un cinquième membre, Christophe Perruchi. Les arrangements se font ainsi plus amples : « A l’envers à l’endroit », « Ernestine », « Des visages des figures », « Le fleuve »… Noir Désir offre deux reprises intenses et habitées : « Ces gens-là » de Brel et « 21 st Century Schizoid Man » de King Crimson. En 2005, Serge Teyssot-Gay continue de jouer sur scène avec Khaled Aljaramani. Un deuxième album devrait voir le jour. Denis Barthe a produit l’album Fragile de Têtes Raides et Jean-Paul Roy tourne avec Yann Tiersen. Denis Barthe et Jean-Paul Roy travaillent à la musique du troisième film d’Albert Dupontel, Enfermés dehors. © Le Hall de la Chanson