Le paysage - académie de Caen

Transcription

Le paysage - académie de Caen
Le
paysage.
Le choix du thème du paysage pour un premier dossier pédagogique s’explique par la volonté de permettre
l’utilisation du Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle par des enseignants de plusieurs disciplines (Arts Plastiques,
Lettres et Histoire). Ce dossier peut être utilisé pour la préparation d’une visite au Musée sur l’ensemble du
Parcours à thèmes : N° 1
Service éducatif. Élèves du secondaire.
Professeur - relais : Jean-Michel Bédat
Musée des Beaux - Arts et de la Dentelle. Alençon
parcours dans
le
but
d’analyser
différents
courants
artistiques
ou
seulement sur
une partie de celui-ci pour éclairer un aspect du programme. S’il veut d’autres informations sur les oeuvres, sur des
activités complémentaires en classe ou sur l’organisation de la visite, l’enseignant peut prendre contact avec le
professeur-relais du service éducatif.
La peinture de paysages est un classique que l’on retrouve dans la plupart des courants artistiques. Sa place dans
les arts graphiques dépend évidemment des époques, des civilisations et des courants artistiques mais elle est
souvent révélatrice des méthodes, des thèmes et des préoccupations des artistes. Si le paysage est la réalité d’un
environnement, il est aussi une interprétation, une recomposition de celui-ci. L’art joue avec le paysage puisqu’il
permet à la fois d’aborder le réel et l’imaginaire, de mettre en avant les limites de la perception, les mouvements et
les lumières. Thèmes où le motif et la forme sont intimement liés, il peut être l’objet d’une exploitation en classe
variée.
L’utilisation des ressources du Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d’Alençon permet un panorama
intéressant du problème qui doit permettre, par exemple, au professeur d’arts plastiques de déboucher sur l’art
contemporain à travers le paysage chez les cubistes ou le land art, au professeur de Lettres d’établir un parallèle
entre les différents aspects d’un courant, comme le romantisme, ou d’un thème, comme la tempête, et au professeur
d’histoire d’intégrer une oeuvre dans son contexte historique.
p. 2
Introduction - Sommaire
p. 3
la peinture primitive, médiévale
L’apparition du Christ à Madeleine de G. Massone.
p. 4
la peinture classique
Paysage d’E. Allegrain.
p. 5
la peinture néoclassique
Le bain de Virginie de CH. P. Landon.
p. 6
la peinture romantique
Marine de J.F. Hue
la peinture réaliste
Sous-bois de G. Courbet
la peinture impressionniste
Rochers de l’Islette à Antibes d’E. Boudin.
la peinture Nabis, le divisionnisme , le fauvisme
Futaie du Vignage de G. Lacombe
p. 7
p. 8-9-10
reproductions des oeuvres.
p. 11
plans du Musée. Localisation des oeuvres étudiées.
Attention,
un tableau peut avoir été prêté à une exposition temporaire,
vérifiez auprès du Service éducatif ou du secrétariat du Musée, la présence de ces tableaux.
Ce document a une vocation pédagogique,
sa photocopie dans un cadre scolaire est bien sûr autorisée.
Titre : L'apparition
du Christ à Madeleine ou Noli me tangere
Date de réalisation : 1477. Indication peinte sur le tableau : Hoc opus fecit fieri
nobile dus xlaz angelus de facis 1477 (Le noble seigneur
Nicolas Angelus de Facis a fait faire cet ouvrage en 1477).
Nature de l'oeuvre : Retable, huile sur bois.
Dimensions : H : 215 cm x L : 200 cm.
Giovani Massone
d'Alexandrie
Artiste :
(Alexandrie en Piémont, v. 1430
- Gênes, v.1512)
Giovani Massone est issu d'une famille de peintres installés à Gênes. Il réalise de nombreuses peintures
religieuses et obtient une célébrité qui lui vaut de nombreuses commandes à Savone ou à Gênes.
L'apparition du Christ à Madeleine comprend six panneaux sur deux niveaux dans un cadre gothique doré
qui a vraisemblablement été réalisé par Massone.
Le panneau central du niveau inférieur représente la bénédiction de Madeleine (à genoux, cheveux défaits, robe et
manteau luxueux) par le Christ (suaire blanc, stigmates rayonnantes du martyr). Il s'agit d'un thème classique du
christianisme : la souffrance du Christ lui permet de pardonner les péchés d'une femme à la vie dissolue qui reconnaît ses
faiblesses. C'est le Pardon.
A droite en bas, Saint Nicolas de Tolentino (robe noire, un lis, symbole de pureté, dans la main droite et un crucifix
dans la main gauche : c'est un saint évoqué lors des exorcismes) et Saint Antoine de Padoue (robe blanche, livre ouvert).
A gauche en bas, Saint Pierre (palme, crâne fendu lors de son martyr) et Saint François d'Assise (stigmate de la
Passion, crosse abbatiale pour le fondateur de l'Ordre des Franciscains).
En haut au centre, le Christ est crucifié tandis que la Vierge et Saint Jean sont en pleurs. C'est le martyr du Christ qui
permet le rachat des péchés. Cette scène renforce le panneau central du niveau inférieur.
En haut à gauche, un ange en rouge (ailes) en position de prière.
En haut à droite, la Vierge se recueille en prière. Ces deux dernières représentations correspondent à l’Annonciation.
Le paysage du panneau central du bas est celui d'une galerie à colonnes de marbre rose avec des haies d'arbustes
taillés, en fleurs ou en fruits, tandis que le sol est couvert d'une végétation luxuriante. A gauche et en haut, une terrasse
aux murs peints d'un décor fleuri est dominée par des arbres taillés en forme géométrique. On retrouve, à droite en haut, la
même terrasse et le même décor auquel il faut ajouter l'intérieur de la chambre de la Vierge. Le panneau central en haut,
celui de la crucifixion, représente un paysage assez encaissé où serpentent fortement des allées sablées où poussent
quelques herbes stylisées. La pelouse présente un gazon très vert, couleur que l'on retrouve dans les arbres sur les collines
voisines.
Cette végétation et la topographie n'ont rien à voir avec celles de la Palestine. La nature sert ici de décor agréable. On
peut remarquer que dans tous les panneaux, sauf celui de la Crucifixion, la nature est profondément humanisée, contrôlée
(art topiaire : arbustes taillés, décors sur les murs...). La scène de la Crucifixion (action qui par définition est celle du Mal)
se passe elle dans la nature extérieure. On peut aussi observer que, dans les scènes intérieures, ce sont les formes
géométriques et surtout les lignes droites qui l'emportent tandis que dans la scène de la Crucifixion, c'est la courbe qui
domine.
Cette oeuvre est représentative de la peinture médiévale ou primitive puisqu'elle présente les deux sources de
l'utilisation du paysage :
une origine décorative que l'on retrouve dans les ex-voto ou les oeuvres du type Riches Heures du duc de Berry où
la nature se veut liée à la réalité
une origine symboliste où le paysage permet de trouver des clefs d'interprétation.
Il ne s’agit pas encore d’une oeuvre de la Renaissance car par son registre iconographique (poids des ordres mendiants,
symboles...) et par sa réalisation (peinture sur bois, or, scènes statiques...), elle reste primitive.
Pistes de travail :
Arts plastiques : le polyptyque, au musée se trouve la Nativité de G. Latouche (1885)
On pourra comparer cette oeuvre avec les tableaux de la Renaissance ou d’autres oeuvres de la fin du
Moyen-Age comme les tapisseries aux mille fleurs appelées verdures par leurs contemporains dont le décor est proche de
celui de notre tableau. (La Dame à la Licorne, Musée de Cluny peut s’y rattacher. Elle est vraisemblablement plus récente,
après 1484, que le polyptyque de Massone )
Histoire : l’architecture gothique
Date de réalisation : s.d. (vers 1700)
Nature de l'oeuvre : huile sur toile.
Dimensions : H : 115 cm x L : 67 cm.
Titre : Paysage.
Artiste :
Étienne Allegrain
(Paris, 1644 - Paris, 1736)
Étienne Allegrain est issu d'une famille d'artistes mais peu de documents existent sur sa vie. Il est l'auteur de
tableaux pour le Trianon et pour la Ménagerie du château de Versailles. Le tableau du Musée d'Alençon a donc été réalisé
pour la Ménagerie en 1700. Il a son pendant au Louvre.
Le paysage d'Allegrain présente en son centre un lac. Une atmosphère énigmatique s’en dégage par la présence
d’une barque contenant deux personnes. Or l'une d'elle, en rouge, est debout dans l'embarcation écartant le bras dans un
geste qui est repris sur la berge par une silhouette identique et, elle aussi, en rouge. Silhouette que l’on devine aussi assise
devant le château.
Trois châteaux médiévaux font figure de fabriques et s'étagent au centre du tableau, au dessus du lac. Ce lac est entouré
par des arbres en bosquets, arbres que l'on peut difficilement identifier et dont la fonction est avant tout de définir l'espace
du lac mais aussi l'atmosphère.
Un troupeau hétéroclite de deux vaches, huit moutons, quatre chèvres est gardé par deux bergères.
Une femme trait une vache, un gros pot (en grès émaillé ou en cuivre) à sa gauche. L'autre vache semble en équilibre
précaire, voire irréaliste, sur le surplomb abrupt d'un affluent du lac qui sépare un mouton et une chèvre du reste du
troupeau.
C’est la lumière qui structure l’espace et produit l’atmosphère. Le premier plan (campagne, bord du tableau) est
sombre de façon à attirer le regard vers la scène champêtre au deuxième plan qui est ,elle, illuminée par un apport de
lumière assez cru mais dont toutes les ombres ne sont pas portées. Le troisième plan (le lac) est sombre ce qui renforce le
climat de mystère. Tandis que l’arrière plan est illuminé laissant apercevoir les fabriques.
Cette oeuvre est représentative du paysage classique défini au XVIIe s. par N. Poussin et Cl. Gellée dit le Lorrain
comme une recréation idéale et non, comme pour les peintres hollandais, comme une observation réaliste de la nature.
Roger Piles en 1708 dans son "Cours de peinture par principes" différencie :
le paysage de style "héroïque" aux sujets religieux, mythologiques ou historiques. Le paysage
n'y est qu'un cadre, les fabriques abondent.
le paysage de style "champêtre" ou "pastoral". On y représente les activités des champs de façon
très idéaliste.
Dans ce tableau, Étienne Allegrain, qui est surtout connu pour des tableaux de style "héroïque", fait un compromis avec
la mode qui apprécie de plus en plus le style "champêtre" qui va triompher au XVIIIe s.. Les fabriques ne sont que des
châteaux médiévaux en arrière-plan et assez discrets et non des ruines antiques qui envahissent l’espace dans d’autres
oeuvres d’Allegrain qui en possède un catalogue complet. La scène champêtre est quant à elle au premier plan. La
localisation du tableau à la Ménagerie explique peut être ce choix avec le changement de goût du public.
Pistes de travail :
En Français, on peut étudier le triomphe du style "champêtre" en comparant la nature décrite par Rousseau avec celle
de Bossuet.
En Arts plastiques, on pourra comparer avec un tableau antérieur comme celui de Nicolas Poussin, Apollon amoureux
de Daphné, 1665 ou plus tardif, Joseph Bidauld, Vue de l'île de Sora dans le royaume de Naples, vers 1794, avec François
Boucher, Les Lavandières, 1768 ou Jean-Louis de Marne, Une route.
Titre : Le
bain de Virginie. Tableau ayant aussi comme appellations, Paul et Virginie et l’enfance de Paul et Virginie.
Date de réalisation : s.d. (Salon de 1802)
Nature de l'oeuvre : huile sur toile.
Dimensions : H : 2.44 cm x L : 2.00 cm.
Artiste :
Charles-Paul Landon.
(Nonant-le-Pin, Orne, 1760 - Paris, 1826)
Charles-Paul Landon, élève de Vincent et Regnault est un peintre néoclassique qui expose à partir du Salon de
1791 et peint jusqu'à la Restauration.
Ses oeuvres sont régulièrement présentées au Salon et récompensées par un Prix de Rome dès 1792.
Sa carrière est triple, car outre son activité de peintre, il entre dans l'administration des Arts sous l'Empire et sous la
Restauration où il sera à la fois peintre du duc de Berry et conservateur des Musées Royaux en 1816. C'est aussi un
historien de l'art et un critique, auteur de nombreuses publications.
Le bain de Virginie est une scène tirée du roman de Bernardin de Saint-Pierre "Paul et Virginie" paru en 1788 et
plus précisément du passage où il est question des mères des deux enfants : "Leur amitié mutuelle redoublait à la vue de
leurs enfants, fruits d'un amour également infortuné. Elles prenaient plaisir à les mettre dans le même bain, à les coucher
dans le même berceau." Paul aide Virginie à descendre dans le ruisseau sous le geste protecteur d'une des mères et le
regard de l'autre.
Landon décrit lui-même son oeuvre dans les Annales du Musée et de l’Ecole Moderne des Beaux-Arts en 1833 :
"...l'artiste a voulu donner une idée des plaisirs innocents de Paul et Virginie pendant leur enfance. Leurs mères
s'amusent à les baigner dans une fontaine ombragée d'un palmier planté en mémoire de leur naissance. "
Le paysage est celui d'une nature idéalisée. Un ruisseau aux eaux claires et très peu profondes permet de suggérer le
bain tandis que l'arbre exotique, le palmier, évoque l’Île de France (de nos jours, île de la Réunion).
Mais il ne s'agit pas d'un paysage réel (pauvreté des détails, sols dénudés peu représentatifs de cette île) mais d'un rêve
exotique ou d'une vision échappée des souvenirs de l'enfance.
Cette oeuvre est représentative du courant néoclassique par son thème, par la référence à l'Antiquité, par le style
épuré et orientalisant que l'on retrouve d'ailleurs sur le cadre, par sa facture (dessin précis, touche invisible), par sa
composition (grands personnages au premier plan, fond stylisé) et par la mise en avant du nu.
On retrouve une atmosphère similaire dans un contexte différent avec des tableaux de Raphaël (auquel il a consacré
une biographie), La Vierge à la promenade ou la Belle Jardinière où coloris et lumière sont assez équivalents et où les
enfants sont tout aussi fins et allongés, alors que, par exemple, dans l'oeuvre de Poussin, La sainte Famille les enfants sont
plus près des anges traditionnels, potelés, et se laissent porter. On l’a accusé d’avoir imité Raphaël.
Les modèles de cette oeuvre sont, en effet, à chercher dans les représentations classiques de la Vierge à l'enfant ou de
la Sainte Famille car on y voit aussi un ou deux enfants nus et une mère, ou deux, protectrices. L'oeuvre de Landon est
donc une sécularisation de ce thème auquel il faut ajouter la représentation d'une amitié naissante.
Pistes de travail :
Français : Paul et Virginie de Bernardin de Saint Pierre.
Histoire : L'orientalisme dans l'art et l'architecture.
Arts plastiques : On peut comparer cette oeuvre avec celles qui ont pu lui servir de modèle mais aussi avec des oeuvres
postérieures : Delacroix, La Vierge des moissons, Bouguereau, La Vierge et l'Enfant, Picasso, Mère et l’Enfant (dessin).
On pourra aussi travailler sur le nu, notamment en comparant ce tableau avec l’autre oeuvre de Landon
présente au Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, Dédale et Icare.
Date de réalisation : s.d.
Nature de l'oeuvre : huile sur toile.
Dimensions : H : 51 cm x L : 74 cm.
Marine.
Artiste : Jean-François Hue
Titre :
(Saint-Arnoult en Yvelines, 1751 - Paris, 1823)
J-F. Hue est un élève de Vernet qui s'est spécialisé dans les peintures de marines et de paysages continuant ainsi
l'oeuvre de son maître. Il expose au Salon de 1781 à 1822 et a été reçu à l'Académie en 1782.
Cette marine est une scène de tempête où les éléments sont déchaînés. Si la mer semble s'être calmée, elle est encore
agitée de vagues importantes, le ciel d'orage laisse percer les rayons de soleil tandis que le vent gonfle les voiles. Un
bateau, dont les cinq passagers luttent pour leur survie, semble se diriger dangereusement vers la côte sous le regard de
personnages installés sur la rampe d'accès à un fort. Ce fort protège, semble-t-il, un paisible port dans le lointain. C'est ce
port, violemment éclairé par les rayons du soleil, qui représente l'espoir pour des marins en lutte contre les ténèbres d'une
mer agitée et sombre. On peut remarquer que les personnages à terre ne sont que des spectateurs impuissants et même
indifférents puisqu’un homme s’éloigne, tournant le dos à la scène.
Cette oeuvre est représentative de la peinture romantique, par son thème - l’homme aux prises avec des éléments
qui le dépassent - et par sa composition, où la lumière est essentielle. Le paysage romantique n’est plus pris comme un
décor ou comme le cadre d’actions mythiques ou exemplaires mais comme un des éléments, voire le centre, d’un drame.
Le romantisme français, en peinture, se mêle au néoclassicisme mais s’en écarte par son souci de se centrer sur une
expression et non sur un style. L’artiste a une mission face au destin de l’homme.
Pistes de travail :
Français : La tempête dans l'oeuvre de Hugo ou Chateaubriand.
Histoire : Romantisme et politique. Les hommes en lutte pour leur vie et leur liberté dans un effort collectif sont à
relier au printemps des peuples, à l’éveil des nations du début XIXe s.
Arts plastiques : La peinture romantique existe-elle ? Delacroix, Géricault, Friedrich. On peut aussi travailler sur le
thème de la tempête à travers par exemple l’une des premières marines, la Tempête de P. Bruegel le Vieux, Th. Gudin
(autre romantique), Tempête sur les côtes de Belle-Ile ou Monet, Tempête, côtes de Belle-Ile. (Bonnes reproductions dans
Les peintres de Belle-Ile-en-Mer, sur les pas de Monet, Musée de Morlaix, catalogue d’exposition, 1994.)
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Date de réalisation : s.d. (tableau acquis en 1870)
Nature de l'oeuvre : huile sur toile.
Dimensions : H : 48 cm x L : 65 cm.
Titre : Sous-bois. ou la Clairière ou Mare en forêt.
Artiste :
Gustave Courbet
(Ornans, 1819 - La Tour de Peilz. Suisse, 1877)
Gustave Courbet réalise des paysages de sa Franche-Comté natale dès ses débuts. Son passage au réalisme date
des années 1846-1848 (c’est lui qui invente le terme en 1855) et s'il est connu pour ses scènes à connotations sociales ou
politiques, il n'en reste pas moins un peintre de la nature à travers ses scènes de chasse.
Sous-bois
est une représentation réaliste que l'on peut facilement imaginer peinte sur le motif. Le sous-bois est
obscur mais on peut remarquer l'importance de la lumière. En effet, le feuillage en plein soleil est très précis, travaillé par
de petites touches tandis que les zones éclairées par les rayons du soleil sont représentées à l'aide de touches larges parfois
horizontales d'un vert clair. Une troisième zone correspond aux parties à droite, où l'obscurité domine.
La présence de l'eau est fréquente dans les paysages de Courbet. Elle permet de placer un parfum de mystère, de jouer
sur les formes grâce aux reflets, mais aussi sur les lumières.
Cette oeuvre est représentative de la peinture réaliste par la volonté de représenter la nature telle qu'elle est dans le
monde réel, dans la vie quotidienne. Il n’y a pas de sujet, de thème interdit mais il ne s’agit pas d’imitation de la nature par
la forme (stylisation, éclairage, touches visibles...). Courbet est soucieux de faire une nature héroïque mais il le fait ici
peut être moins que dans la plupart de ses autres paysages. Dans ce tableau, par certains aspects, il se rapproche des
impressionnistes mais en diffère radicalement par sa mise en avant de l’obscurité étant en cela plus proche des peintres de
Barbizon. Il justifie cela dans des propos qui concernent une autre scène de forêt peinte sur le motif : « ...cela vous étonne
ue ma toile soit noire. la nature sans le soleil est noire et obscure : je fais comme la lumière , j’éclaire les hauts saillants. ».
Le noir, c’est le lieu où se trouve la vie cachée de la forêt, celle des remises, les lieux où vivent les animaux de la forêt.
Pistes de travail :
Français : Description de la nature chez Zola, Maupassant ...
Arts plastiques : Comparaison dans le Musée avec les tableaux des peintres de Barbizon : Dupré ou Huet.
Date de réalisation : 1893
Titre : Rochers de l'Islette à Antibes
Nature de l'oeuvre : huile sur toile.
Dimensions : H : 46,5 cm x L : 65,5 cm.
Artiste : Eugène Boudin
(Honfleur, 1824 - Deauville, 1898)
Eugène Boudin est un autodidacte largement influencé par les maîtres flamands et la peinture romantique, qui
réalise des toiles sur le motif. Il rencontre Monet en 1858 et lui fait découvrir le travail en plein air. Il se lie aussi avec
Courbet et Baudelaire en 1859 et commence alors à exposer au Salon. La célébrité arrive en 1868 et il participe à la
première exposition des impressionnistes en 1874. Vers la fin de sa vie, et donc à l’époque de ce tableau, il radicalise ses
techniques impressionnistes.
Rochers de l'Islette à Antibes est une marine où le ciel nuageux et gris se mêle à la mer sans véritable ligne
d'horizon, où la lumière qui perce à travers les nuages, fait briller les eaux calmes tandis que seuls les rochers sur la
gauche et la terre sur la droite délimitent la ligne d'horizon.
Cette oeuvre est représentative de la peinture impressionniste, par le fait qu’il s’agit d’une peinture sur le motif, par
la mise en avant de la lumière qui écrase les formes et les dissout dans l'atmosphère (absence de limite nette entre la terre
et la mer, de perspective et modelé imprécis des rochers), par le thème (le bord de l’eau, même s’il est ici dénué de
références au monde contemporain comme ses littoraux normands remplis de bourgeois), par la représentation des
mouvements (nuages), par le cadrage qui laisse le ciel et la mer envahir le tableau, par l’utilisation du mélange optique,
par la touche largement visible et qui diffère selon l’élément représenté (rochers, mer, ciel...), et enfin, par la rapidité
d’exécution. Néanmoins sa palette de couleurs est moins large que celle des grands impressionnistes.
Pistes de travail :
Arts plastiques : Comparaison - opposition avec une marine antérieure présente au musée : Hue, Lanssyer,
Grevenbroeck
Comparaison - opposition avec des exemples de marines comme celles de Vernet pour le XVIII e,
Signac ou Seurat pour la fin du XIXe s. ou Nicolas de Stael pour le XXe s. (voir Les Mouettes, 1955, dont la palette se
rapproche de celle de Boudin ou le Fort d’Antibes, 1955 où la palette est très différente mais le leiu identique.)
Comparaison - opposition avec une autre marine de Boudin mais normande (cf. Musée de Honfleur.)
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Date de réalisation : 1907
Nature de l'oeuvre : huile sur toile.
Dimensions : H : 117 cm x L : 82 cm.
Titre : Futaie
du Vignage
Artiste : Georges Lacombe
(Versailles, 1868 - Alençon, 1916)
Georges Lacombe est lié au mouvement Nabis, ce qui lui a valu le surnom de Nabi-sculpteur car son oeuvre
comprend à la fois des peintures et des sculptures. Il subit les influences de Sérusier et des Nabis mais aussi de Gauguin et
de l'art japonais dont la mode se développe alors.
Futaie du Vignage décrit une portion de la forêt où Lacombe allait peindre sur le motif. Des photographies en
témoignent. On voit en premier plan les racines d'un arbre arraché et colonisé par une végétation parasite tandis qu'un
hêtre se dresse au deuxième plan.
Cette oeuvre est représentative de la peinture divisionniste ou pointilliste par la technique employée : la
juxtaposition de petites touches, principalement de vert et de bleu. Mais il fait des mélanges sur la toile pour obtenir
d'autres nuances, ce qui ne respecte pas la théorie du mélange optique. Il se rapproche de Gauguin par l'utilisation de
couleurs arbitraires, comme du rose et du mauve dans les racines. Il se différencie des autres Nabis, et en particulier de
Sérusier, chez qui dominent des surfaces planes de couleurs différentes.
Il se rapproche du fauvisme (dont le mouvement vient de se faire connaître en 1905-1907) par le choix arbitraire et
irréaliste dans la nature de couleurs pour le tronc ou les racines de l’arbre mort. Par contre ces couleurs sont logiques si
l’on considère que la palette de Lacombe ne contient pas de gris ou de noir.
Pistes de travail :
Arts plastiques : Comparaison avec les deux autres oeuvres de Lacombe dans le musée. Le combat de cerfs (en
couverture du dossier) marque un retour en arrière avec l’abandon partiel du divisionnisme mais reste dans la lignée des
Nabis (imitation d’une tapisserie, valeur décorative de l’oeuvre...).