L`universalité de l`Islam

Transcription

L`universalité de l`Islam
L’UNIVERSALITE
DE L’ISLAM
Par
Dr Shawqi DAYF
Traduction
Ahmed DHIMENE
Publications de l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture
- ISESCO - 1418H/1997
L’UNIVERSALITE
DE L’ISLAM
Par
Dr Shawqi DAYF
Traduction
Ahmed DHIMENE
Publications de l’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture
- ISESCO - 1418H/1998
PREFACE
En Islam, rien n'est plus vrai, ni plus authentique que son universalité. Par
la volonté suprême du Très-haut, Mohammed Ibn Abdullah a été élu pour
prêcher le message divin à toute l'Humanité. Dernier des Messagers de Dieu du
genre humain, le prophète de l'Islam avait reçu pour mission de transmettre les
vérités du Saint Coran à tous les hommes appelés à quêter la voie du salut,
scellant, ainsi, le long processus de la prédication religieuse. Ultime épisode de
la révélation céleste, la confession Mohammadi allait marquer l'aboutissement
final de l'interpellation divine de l'Homme sur les détails de sa vie spirituelle. Sa
particularité a été de s'adresser à la communauté humaine sans considération de
race, de couleur, de langue ou de condition économique ou sociale. Par
l'approche foncièrement égalitaire qu'elle fait des notions de responsabilité, de
droit et d'obligation, elle apprécie les individus en dehors de toute velléité de
discrimination ou d'exclusion. Cette conception uniformisante apporte la preuve
certaine que l'Islam est une religion pérenne et universelle qui défend sa
continuité et sa validité contre les changements du temps et de l'espace. Sous
toutes les latitudes et en tout temps, l'Islam n'aura point de cesse de proclamer la
portée universelle de son appel au bien, dont le destinataire restera
invariablement l'Homme, et la finalité son salut dans le monde d'ici-bas et de
l'au-delà.
Comme le laissent entendre les vérités inaltérables du Saint Coran et les
affirmations véridiques du Prophète, l'Islam, pérenne et global, peut revendiquer
légitimement le titre de religion universelle qui, plus, a la capacité de se
perpétuer par-delà les contingences spatio-temporelles. Là n'est pas l'unique
argument qui atteste le bien-fondé de cette revendication, puisque l'Islam, pour
épouser la dimension universelle, a eu, une fois de plus, recours à ses deux
sources fondamentales, où sont édictés les principes de la fraternité humaine, et
de l'unicité de l'origine et du destin humain.
Animées d'un souci commun de mettre en évidence les vérités de l'Islam,
et de diffuser ses valeurs justes, l'Organisation islamique pour l'Education, les
Sciences et la Culture et l'Organisation caritative d'Abu Dhabi ont toujours
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pris le soin d'œuvrer pour donner un large crédit à la culture islamique. En
témoignent les multiples initiatives prises dans ce sens telles la publication
d'ouvrages, et l'organisation de colloques et de conférences. Loin de s'en tenir à
ce niveau d'action, elles inscrivent ces finalités à l'ordre du jour de leurs
activités de compétence, une action multiforme qu'elles entreprennent en vue de
répandre les vertus d'un savoir éclairant, d'enrichir la composante spirituelle et
de mettre en avant la grandeur de l'islam, sa tolérance et son universalité.
C'est dans cette optique commune que l'Organisation islamique pour
l'Education, les Sciences et la Culture et l'Institution caritative d'Abu Dhabi ont
décidé de demander l'aval du savant et docteur Shawqi DAYF, président de
l'Académie de la langue arabe (Le Caire), pour prendre en charge la traduction
de son ouvrage intitulé Universalité de l’Islam en français et en anglais.
Avec un sens aigu de la profondeur et du détail pertinent, l'auteur a
proposé une analyse minutieuse de la question de l'universalité de l'Islam, tantôt
en faisant ressortir ses caractéristiques, ses avantages et ses fondements, tantôt
en exposant ses finalités.
Cette initiative concertée a été motivée par l'intérêt pressenti à la diffusion
de cet excellent ouvrage. De fait, les versions française et anglaise seront,
certainement, une précieuse référence aussi bien pour le lectorat musulman, tant
anglophone que francophone que pour toute personne désireuse d'en savoir plus
sur l'essence de l'Islam, son message et sa Charia tolérante. La requête a été
accueillie favorablement par l'auteur qui n'a pas manqué de souligner sa totale
approbation de la vision des deux institutions.
Aujourd'hui que la traduction est prête, nous nous faisons un grand plaisir
de signer sa préface et d'exalter de nouveau la valeur scientifique de cet ouvrage
d'inciter quiconque s'intéressant à l'Islam à le lire. Il est sûr d'y trouver son
compte, tant il est vrai que l'ouvrage déploie un savoir plein de profit,
d'érudition, de richesse et de largeur d'esprit, des qualités qui lui garantissent de
passer à la postérité et d'être la source indiquée, où il est possible de puiser, à
coup sûr, une science utile aux hommes.
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Par ce travail, nous ne faisons que remplir une de nos obligations les plus
importantes visant à promouvoir la culture islamique et à défendre son image
rayonnante aux quatre coins du monde.
Puisse Dieu nous orienter sur le droit chemin et guider nos pas pour nous
approprier les moyens les plus à même de favoriser l'essor de notre Oumma et
d'étendre son rayonnement à la terre tout entière.
Dr Abdulaziz Othman Altwaijri
M. Issa Khalifa Al-Suwaidi
Directeur général
de l'Organisation islamique pour
l'Education, les Sciences et la Culture
-ISESCO-
Secrétaire général
de l'Organisation caritative
d'Abu Dhabi
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INTRODUCTION
Voici de brèves idées sur l'universalité de l'Islam, la grande religion que
Dieu a choisie-comme cela est dit dans le Coran et la Sounna -pour qu'elle soit
la dernière des religions divines et afin que l'humanité vive dans le bonheur icibas et dans l'au-delà. Dieu y a mis une loi universelle engageant les musulmans
et d'autres: celle de la liberté en religion qui est garantie à tout le monde. Il n'y
a de contrainte ni de violence pour personne en religion et l'Envoyé de Dieu
(Salut et Bénédiction sur lui), s'est engagé à respecter cette loi ainsi que les
califes et la communauté musulmane depuis leurs conquêtes à travers les
siècles. L'Islam est la seule religion au sein de laquelle ont vécu ceux qui appartenaient à d'autres religions (monothéistes ou polythéistes), tout en ayant leurs
sanctuaires et leurs biens et en ayant ou non des tribunaux ecclésiastiques. On
les appelait tous, les gens du Livre, (sujets musulmans) en signe de leur
protection par l'Islam.
L'un des aspects de l'universalité de l'Islam est qu'il a permis aux gens du
Livre toutes les formes d'une cohabitation matérielle: agriculture, industrie,
commerce et un grand nombre d'entre eux se sont enrichis comme "Marie La
Copte" qui invita le calife Al Mamoun avec sa cour et son armée dans son domaine, lors de sa visite en Egypte. Les portes des cabinets et de l'administration
n'étaient pas fermées devant eux, depuis Maouya et son fils Yazid. Leur
recrutement commence à s'élargir sous le règne des Abbassides depuis le 3ème
siècle de l'Hégire; certains d'entre eux ont été promus aux fonctions de ministre
à l'époque des Buwaihides en Irak et en Iran et à l'époque des Tolonides et des
Fatimides en Egypte.
Le renforcement de cette coexistence entre les communautés musulmane
et non musulmane est dû à la participation des musulmans aux fêtes des
chrétiens et des mages. Les gens du Livre (sujets des musulmans) payaient à
l'état un tribut qui n'était pas un impôt religieux comme on croyait, mais un
impôt de défense que payait-seul-celui qui pouvait prendre une arme parmi les
jeunes et les personnes âgées,contre une dispense du service militaire,
puisqu'ils ne participaient pas aux guerres pour les conquêtes et cet impôt ne
dépassait pas un dinar par an.
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Introduction
Cette cohabitation matérielle entre musulmans et non musulmans s'est faite
accompagner d'une cohabitation intélectuelle probe au cours de laquelle les non
musulmans ont traduit des ouvrages scientifiques et philosophiques, des grecs,
des perses et hindous au profit des musulmans qui ont vite assimilé ces
sciences, les ont développées et des savants de renommée mondiale ont été
formés en chimie, en mathématiques, en médecine. Des philosophes célèbres
ont inventé la philosophie musulmane; ce qui leur a permis d'être les maîtres de
la civilisation et de la pensée scientifique et philosophique dans le monde
pendant six siècles du 2ème siècle de l'Hégire (8ème siècle de l'ère chrétienne)
au 8ème siècle de l'Hégire (14ème siècle de l'ère chrétienne). Des ouvrages
importants ont été écrits par les occidentaux sur le rôle civilisationnel de
l'Islam. De nombreux débats et discussions entre les musulmans et les gens du
Livre ont eu lieu sur les dogmes, les croyances, et les savants en sciences
religieuses leur ont ouvert leurs salons pour enrichir la réflexion. Cet esprit de
tolérance s'est largement accru grâce à l'universalité de l'Islam qui s'est
comporté avec eux sur le même pied d'égalité.
Dieu a fait de l'Islam une religion rationnelle. Il ne l'a pas renforcée
comme il l'a fait pour les autres religions révélées antérieures, par des miracles
matériels et physiques mais il a incité les musulmans à méditer et à réfléchir à
ses signes cosmiques et à la manière avec laquelle ils sont régis, pour qu'ils
témoignent avec clairvoyance que le cosmos a un Dieu qui l'a créé avec
perfection. Dieu incite Son Envoyé et les musulmans à l'appel en faveur de
l'Islam en utilisant de la sagesse, du sermon et de la discussion. Dieu a utilisé
ces trois démarches dans le Coran. La sagesse, voulant dire des preuves
rationnelles de l'existence de Dieu et de son unicité. Il a multiplié les sermons
en évoquant l'histoire des Messagers et l'intimidation par les peines éternelles,
comme il a multiplié les discussions fines et souples. Dieu et Son Envoyé ont
fait de l'esprit l'arbitre dans la "Charia" et l'origine fondamentale-après le Coran
et la Sounna-pour l'examen certain des branches de la "Charia". Dieu et Son
Envoyé ont ordonné de bannir la superstition, la magie, l'astrologie, la
prédiction afin d'élever l'esprit de l'homme au-dessus des croyances
mensongères. C'est avec cela que la loi musulmane a été créée pour l'humanité
entière d'une manière rationnelle.
L'Islam embrasse la science depuis le premier verset du Coran descendu
sur l'Envoyé de Dieu. Dieu l'élève d'un degré au-dessus de la glorification des
Anges-et l'Envoyé de Dieu l'exalte aussi longuement. Le Coran attire l'attention
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L’Universalité de l’Islam
des musulmans, avec de nombreux signes qu'il renferme sur les sciences naturelles, l'astronomie, la médecine, qu'ils ont traduites des langues persane, hindoue et grecque. Ce qui les a amenés à en demander à d'autres étrangers après
leur installation dans les pays musulmans. Ils ont traduit avec précision le patrimoine perse, hindou et grec, comme ils ont traduit de la Grèce son partimoine
philosophique. C'est ainsi qu'une grande bibliothèque générale commence à voir
le jour à l'époque d'Ar-Rachid et d'Al Mamoun. D'autres sciences comme les
sciences religieuses, la théologie dogmatique et d'autres se développent grâce à
la création de nombreuses bibliothèques générales et privées dans tous les pays
arabes; grâce aux bibliothèques des mosquées, et aux librairies. Les savants, les
traducteurs et les philosophes ont participé à ce développement.
Les sciences et la philosophie ont intéressé même les couches populaires.
Le nombre d'universités et d'écoles s'accroît. La femme contribue largement à
cette renaissance. Certains de nos intellectuels ont lu dans des écrits occidentaux qu'au XVIème et au XVIIème siècle des querelles violentes ont éclaté entre
l'Etat et l'Eglise qui s'opposait à la science et aux savants. Ces intellectuels ont
conclu, par erreur que l'Islam comme l'Eglise, combattait les sciences. Or, dans
l'Islam, il n'existe pas de séparation entre l'Etat et la religion, l'Islam ne s'étant
jamais opposé à la science; il a plutôt poussé les musulmans à oeuvrer-comme
nous l'avons dit-pour que le rôle scientifique et universel de l'Islam soit un rôle
de guide.
Dieu ordonne à Son Envoyé et aux musulmans de s'attacher à la justice
sans laquelle la vie de l'humanité n’a pas de sens. Dieu dit dans le Coran plusieurs fois qu'il a crée le cosmos, ses créatures et tout ce qu'il renferme avec
équité, incitant tout le monde à suivre cet exemple. Il leur demande d'en tenir
compte quand ils mesurent ou quand ils pèsent quelque chose, seuls dans leur
piété, dans leurs relations avec les membres de leur famille, des proches , avec
les voisins, dans leurs paroles et leurs actions. Dieu dit aux musulmans(1):“et
aussi nous avons fait de vous une communauté de justes” C'est-à-dire équitable,
prônant le juste milieu en toute chose, ni abus ni négligence, même dans
l'aumône et dans la piété. L'Islam désavoue le retrait et l'isolement pour la dévotion. Dieu et Son Envoyé insistent sur l'équité en matière de justice et de juridiction dans les différends et les litiges. Dieu appelle toujours à la justice sociale entre les riches et les pauvres par le biais de la "Zakat" et de l'aumône et en
(1) Sourate "la vache", verset nº143 p: 22
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Introduction
fait une piété pure comme la prière. C'est ainsi que l'Islam a résolu pour les musulmans ce problème universel qui est la pauvreté et la richesse alors que le
communisme a essayé de le résoudre par la domination, la contrainte, la privation de l'homme de sa liberté, de ses biens et par l'insoumission à Dieu et à ses
religions. Il est donc normal qu'il décline et qu'il s'effondre.
Dieu ordonne aussi qu'il y ait une égalité entre les hommes dans leurs devoirs et leurs droits, Dieu ne permet pas dans l'Islam l'existence du clergé (et du
sacerdoce) car tous les hommes sont égaux devant lui comme sont égaux dans
l'Islam toutes les races, les ethnies et les couleurs. Il existe aussi des exemples
illustrant cette égalité entre l'Envoyé de Dieu et ses compagnons. Cette égalité
entre les musulmans devient une fraternité solide. La meilleure fraternité qui a
existé au début de l’Islam est celle entre les "Ansars" (les alliés) et les Mouhajirines (les émigrés). L'Envoyé de Dieu a appliqué cette égalité aux musulmans à
propos des sanctions, -sans exception-. Grâce à cette égalité sans faille entre les
musulmans, il ne s'est pas formé dans leurs différentes communautés-à travers
les âges- d'hiérarchie sociale. L'Islam a donc éliminé cette hiérarchie qui affectait certains pays musulmans comme c'était le cas en Iran et aux Indes.
Dieu a fait de la tolérance - dans l'Islam - un fondement solide et a ordonné
aux musulmans d'être tolérants avec les polythéistes dont les pauvres bénéficiaient de l'aumône comme les pauvres de la communauté musulmane. On pardonnait même à leurs oppresseurs les déprédations dont étaient victimes les
musulmans. On relève de nombreux exemples de tolérance de l'Envoyé de
Dieu- lors de sa conquête de la Mecque- à l'égard de ses ennemis et combattants
qoréîchites. Pour exécuter les paroles de Dieu, les musulmans ont fait de leur
tolérance avec les autres communautés un modèle, ce qui a permis l'instauration
entre eux et les chrétiens d'un climat de coopération et d'amitié. Les juifs aussi
ont bénéficié du même traitement en terre d'Islam, en particulier en Andalousie
et au Maghreb pendant des siècles et malgré cela, nous les voyons aujourd’hui
exclure les palestiniens de leur terre et les torturer impitoyablement.
Dieu consolide les liens entre les membres de la famille musulmane, qui
reste unie pour toujours . Nous trouvons parmi ces liens, la bonté filiale (qui
unit les parents et les enfants). Un autre lien, celui de l'héritage, au sujet duquel Dieu a attribué à l'héritier mâle une part comme celle de deux femelles vu
les nombreuses responsabilités matérielles du mâle. Le mariage entre l'homme
(2) Sourate "la vache" nº1 , verset nº62, p: 10.
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L’Universalité de l’Islam
et la femme est aussi un lien sacré, contracté par la volonté de Dieu et devant Lui.
Le mari et son épouse sont aussi liés par l'amitié et la bienveillance. Dieu a obligé
l'homme à assurer les dépenses au profit de sa famille. L'Islam assure l'égalité entre l'homme et la femme sur le plan de la responsabilité politique et sociale et sur
celui des moyens d'existence de la femme, ce qui lui permet aujourd'hui
d'accomplir toutes responsabilités même celles de ministre et de chef d'état dans
certains pays islamiques. L'Islam lui assure une autonomie financière que n'a pas
aujourd'hui la femme occidentale. Elle a aussi,depuis longtemps,contribué dans
les domaines scientifiques et littéraires. Le fait que les occidentaux aient remarqué son rôle et sa place dans la société andalouse, les a poussés à renforcer le rôle
de la femme dans leur société. L'occident doit, à fortiori, prendre en exemple les
liens de la famille musulmane pour s'en inspirer et l’appliquer.
Dieu appelle tout le monde à se comporter correctement en se conformant
à un grand nombre de vertus, tels que l'usage de la raison, l'amour de la science,
de la justice, de l'égalité entre les hommes, la tolérance à l'égard de toutes les
religions.
A ces vertus correspondent d'autres vertus dans l'Islam qui rendent heureux les musulmans et l'humanité dans ce monde ici-bas et dans l'au-delà. Certaines de ces vertus sont le travail qui permet à l'homme de ne pas être une
charge pour la société, le respect de l'engagement , la bienveillance à l'égard de
l'homme et de l'animal, ce qui permet à l'Islam d'être appelé la religion de la
miséricorde, la dignité, la vérité, l'honnêtetés, la modestie, la pudeur, l'endurance, la continence, la mansuétude, la clémence, l'attention particulière aux
orphelins. Dieu appelle aussi l'humanité et les musulmans à rejeter les abominations tels que la fornication, l'alcool, les jeux de hasard, l'usure, l'orgueil, le
faux témoignage, l'injustice, le mensonge, la jalousie, la trahison, l'injure de
l'homme et de l'animal, la moquerie, la calomnie, les préjugés , l'espionnage, la
médisance, la réjouissance des malheurs des autres.
Dieu et Son Envoyé disent que l'une des règles des assemblées est d'avoir
de l'espace pour les venants pour qui il ne faut pas se lever; Dieu dit aussi que
l'une des règles régissant les visites est de demander l'autorisation avant d'entrer. L'une de celles qui concernent les rencontres est de se saluer en prononçant
la formule "paix sur vous" que Dieu a rendue obligatoire dans la prière et qui
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Introduction
en a fait l'un des plus beaux noms de Dieu. Cet encouragement à saluer vise à
en faire un usage fréquent pour que l'amitié et la fraternité règnent parmi les
membres de la communauté. Ainsi, l'Islam incite au salut depuis quatorze
siècles ou plus.
Je ne doute pas qu'au premier siècle de l'hégire, les compagnons et les musulmans ont pressenti-nettement -les significations ci-dessus de l'universalité de
l'Islam. C'est pour cela qu'ils ont déployé tous leurs efforts pour répandre l'Islam. Ils ont réussi à le répandre auprès de plus de la moitié de la population du
globe à cette époque. Après, l'Islam s'est répandu de lui-même et a gagné
l'Afrique de l'est, tropicale et équatoriale. Il a atteint le centre de l'Asie, la Turquie, la Mongolie et des régions de Chine et de l'Inde. Il s'est généralisé en Malaisie, en Indonésie et dans les régions du sud des Philippines, et il n'y a pas de
régions au delà du centre de l'Afrique où on ne trouve des milliers de musulmans. Il en est de même en Amérique latine, aux Etats Unis d'Amérique, au
Canada et en Europe. On compte actuellement plus de sept cents millions de
musulmans dans le monde. Il est de leur devoir aujourd'hui de le faire connaître
à d'autres peuples, de faire connaître aussi les instructions qu'il renferme, instructions que Dieu a créées pour le bien de l'humanité afin de lui procurer le
bonheur qu'elle espère ici-bas et dans l'au-delà.
Je crois, qu'avec ce préambule, j'ai pu exposer les thèmes de cette recherche
succincte sur l'universalité de l'Islam: la grande religion de Dieu. D'autres
recherches suivront, sans doute, plus détaillées, plus englobantes et plus
approfondies. Nous implorons le Ciel de nous mettre sur la bonne voie et de nous
accorder succès.
Le Caire, au mois de RAJAB, 1417 DE L'HÉGIRE
Chawqi DAYF
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CHAPITRE I
L’Universalité de l’Islam
dans le Saint-Coran et le Hadith
Il est dit plusieurs fois dans le Coran que chaque messager de Dieu a été
envoyé pour son peuple uniquement sauf Mohammed (Salut et Bénédicition sur
lui).
NOE a été envoyé à son peuple, comme cela est dit au début de la sourate :
(NOE) lui demandant d'adorer Dieu et de le craindre. La même chose pour
ABRAHAM, comme cela est dit dans la sourate : (L'araignée)(1) “Abraham quand
il dit à son peuple : “adorez Allah et craignez-le”. LOTH, comme le dit Dieu dans
la sourate : (les poètes)(2) “Le peuple de Loth traita de menteurs les Messagers.”
HOUD comme dans la sourate : (Houd)(3) “Et aux Aad leur frère Houd... que
s'éloignent (périssent) les Aad, peuple de Houd”. SALIH a été envoyé à son peuple Thamoud comme cela est dit dans la sourate : (Al A'râf)(4) “Aux thamoud leur
frère Salih”. CHUAÎB a été envoyé aux Madyan comme cela est dit dans la même
sourate(5) “Et aux Madyan leur frère Thuaïb”. Jésus a été envoyé aux enfants
d'Israël comme cela est dit dans la sourate : (le rang)(6)“Et quand Jésus, fils de
Marie dit: ‘Ô enfants d'Israël, je suis vraiment le messager d'Allah à vous’” .
Mais Mohammed (Salut et bénédiction sur lui) a été envoyé à tous les
hommes. Dieu dit dans la sourate (Al Araf) s'adressant à son messager (7) “Ô
Dis : hommes! je suis pour vous tous le messager d'Allah”. Il a été dit dans les
livres d'exégèse que ce verset est descendu pour un groupe de Juifs qui disaient
1) Sourate "l'araignée": nº29,verset nº16
(2) Sourate "les poètes": nº26, verset nº 160
(3) Sourate "Houd", nº11 versets nº (de 50 à 60
(4) Sourate "Al Arâf", nº7 verset nº73
(5) Sourate "Al Arâf", nº7 verset nº85
(6) Sourate "Le rang", nº 61, verset nº6
(7) Sourate "Al Arâf", nº7, verset 158
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L’Universalité de l’Islam dans le Saint-Coran et le Hadith
que Mohammed (Salut et Bénédiction sur lui) est un prophète, mais un prophète
pour les arabes. Dieu leur a répondu et leur a demandé dans le même verset de
croire en lui et en Son messager en disant(1)“Croyez donc en Allah, en Son messager, le prophète illettré qui croit en Allah et en Ses paroles. Et suivez-le afin
que vous soyez bien guidés”. Dans ce verset, Dieu témoigne à son messager
qu'il est envoyé à tous les hommes arabes et non arabes. Il dit dans les sourates :
(Joseph, Sad, et l'obscurcissement), au sujet de la description du Coran :“Ceci
n'est rien .qu'un rappel pour l'univers”. Dans la sourate (la plume)(2) “Et ce n'est
qu'un rappel adressé aux mondes”.
Ibn Mandhour a expliqué le mot “rappel” dans le verset, qui veut dire que
le Coran est un Livre renfermant la religion détaillée. Comme s'il disait : -béni
soit son nom- Le Coran n'est autre que la loi de l'Islam pour les mondes. -Le
mot “les mondes” est le pluriel de “monde”, c'est-à-dire que le Coran est la
“loi” de l'Islam pour le monde entier avec toutes ses races et tous ses peuples.
Le pluriel de“monde” veut dire “Istighrak” et le Coran est envoyé à tout le
monde du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest.
Ce verset est répété plusieurs fois dans le Coran pour répondre aux polythéistes qui disent que le Coran n'est que contes d'Anciens comme cela est dit
dans la sourate "les bestiaux" (3) “Ceux qui ne croient pas disent alors : ‘ce ne
sont c'est-à-dire le Coran que des légendes des anciens !’” C'est-à-dire leurs
contes et leurs nouvelles avec lesquels ils veillaient la nuit. Ils prétendaient que
le Coran est de la magie comme cela est dit dans la sourate (Les rangs)(4) “et
disent : ‘ceci n'est que magie évidente’”. Puis, ils ont dit que le Coran est de la
poésie comme cela est dit dans la sourate : (celle qui montre la vérité)5) “et que
ce n'est pas la parole d'un poète”. Ils ont dit qu'il est calomnie et mensonge
comme cela est dit dans la sourate (le discernement)(6) “Les mécréants disent :
tout ceci n'est qu'un mensonge qu'il (Mohammed) a inventé’”. C'est-à-dire un
(1) Sourate "Al Arâf", nº7, verset 158
(2) Sourate "La plume", nº68, verset nº52
(3) Sourate "Les bestiaux" nº6, verset nº25
(4) Sourate "Les rangs" nº30 verset nº15
(5) Sourate "Celle qui montre la vérité" nº 69, verset nº41
(6) Sourate "le discernement "nº25, verset nº24.
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L’Universalité de l’Islam
mensonge qu'il a inventé. Dieu répond à tout cela que le Coran est un rappel et
une "Charia" (ensemble de loi) à tous les mondes et à tous les hommes.
Dieu s'adresse à Son Envoyé dans la sourate (Les prophètes)(1) en disant :‘“Et
Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde de pour l'univers”. Il est une miséricorde offerte aux êtres humains comme cela est dit dans un Hadith: Une miséricorde dans sa moralité, dans ses caractéristiques et ses qualités; une miséricorde
grâce à sa "Charia" qui est fondée sur la facilité et le soulagement des gens (de
leurs peines et soucis)”.
L'Envoyé de Dieu y accordait beaucoup de facilités et de dispenses, éclairé en cela par les paroles de Dieu dans la sourate : (la vache) (2) “Allah veut
pour vous la facilité, il ne veut pas pour vous la difficulté”.
L'un des compagnons du prophète n'accomplissait pas seulement ce qui
était autorisé cherchant ainsi les difficultés à pratiquer la piété pour exaucer
Dieu. Ceci l'indisposait; il s'adressait à eux en leur défendant l'interdiction
d'accomplir ce qui était autorisé dans la Charia" car elle a pour base la miséricorde, la bienveillance. Dieu dit à Son Envoyé dans la sourate : (Saba)(3) “ Nous
t’avons envoyé à la totalité des hommes uniquement comme annonciateur de la
bonne nouvelle et comme avertisseur”. Dieu n'a pas envoyé Mohammed que
pour les qoreïchs seuls ou pour les Arabes seuls, mais il l'a envoyé à tous les
hommes d'Est en l'Ouest pour qu'il leur transmette l'universelle mission de
Dieu, annonçant (le paradis) à celui qui croit en Lui et en un Dieu unique, qui
embrasse l'Islam avec ses principes, ce qu'il ordonne et ce qu'il prescrit. Ainsi,
Dieu le fera entrer au Paradis et le fera bénéficier de ses jouissances éternelles.
L'Envoyé de Dieu avertit aussi, celui qui associe à Dieu d'autres idôles, adore
ces idoles et rejette la loi divine, que son sort : c'est l'enfer et les peines
éternelles dans l'au-delà.
L'Envoyé de Dieu (Salut et Bénédicition sur lui) répète dans ses hadiths
qu'il’est envoyé à tous les hommes. Ibn Kathir dit dans son exégèse que les hadiths sont tellement nombreux qu'on ne peut en dresser la liste et que cela est
(1) Sourate "Les prophètes" nº21, verset nº107
(2) Sourate "La Vache" nº1, verset nº185
(3) Sourate "Saba" nº34, verset nº28
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L’Universalité de l’Islam dans le Saint-Coran et le Hadith
nécessairement connu dans la religion. Muslim dit dans son "Sahih" que d'après
Abi Houraiura, l'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) dit : “j'ai été favorisé par rapport
aux autres prophètes pour six choses”, l'une d'elles est ce qu'il dit (S.B. sur Lui),
“J'ai été envoyé pour toutes les créatures”. D'après Jabir Ibn Abdellah, l'Envoyé
de Dieu (S.B. sur lui) dit : “Allah m'a accordé cinq choses dont aucun prophète
n'a bénéficié avant moi”. L'un des cinq, dit le prophète, c'est que “chaque
prophète était envoyé seulement à son peuple, moi j'ai été envoyé à chaque
rouge et chaque noir”.
Les Arabes nomment le blanc, rouge, c'est-à-dire qu'il a été envoyé à toute
l'humanité. l'Envoyé de Dieu (S.B. sur Lui) avait toujours ce sentiment. Ce qui
l'a amené à envoyer des messages à des tribus leur demandant d'embrasser la
religion de Dieu. Les exégètes de la "SIRA AN-NABAWYA" ont beaucoup
écrit sur ses missions et les présentent sous forme de "batailles" depuis la
première année de l'Hégire pour signaler à ces tribus la conversion à l'Islam. Le
prophète a continué ses missions jusqu'à la prise de la Mècque et la conversion
de Thaqif en l'an 8 de l'Hégire. Ces missions ont connu un afflux de tribus
arabes venues se convertir à l'Islam.
Convaincu de l'universalité de sa mission, l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui)
envoie une armée à Moueta informer les byzantins de sa mission. Il combat leur
armée et ne remporte pas la victoire. En l'an 9 de l'hégire ses écrits aux princes et
aux rois se succèdent leur demandant de se convertir à l'Islam: il lance un appel
à Najachi, le Chrétien et roi de l'Abyssinie, à Kisra le polythéiste roi d'Iran et à
ses gouverneurs à l'Est de la péninsule, comme il lance un appel à Heraclius le
chrétien, empereur de Byzance, aux prêtres et aux princes de la Syrie et à Al
Mokaoukiss d'Egypte. Ces appels lui était dictés, l'obligeant ainsi à diriger sa
religion vers les différentes parties du globe. Il est allé, à la tête d'une armée en
Syrie répandre l'Islam. Il est arrivé à Tabouk et a préféré revenir après avoir
accompli l'appel de Dieu. Abou Bakr et Omar ont parachevé cette oeuvre en répandant l'Islam partout dans le monde. A leur époque, l'Islam a gagné l'Irak et
l'Iran comme il a gagné la Syrie, l'Egypte et une partie du Maghreb jusqu'en
Tunisie.
-18-
C HAPITRE II
La Liberté en Religion
Dieu le Tout Puissant a mis dans le Coran une loi générale pour le respect
de laquelle l'Envoyé de Dieu et les musulmans en tout lieux et en tous temps se
sont engagés. Cette loi est dans la sourate (La vache)(1) :“Nulle contrainte en
religion”. C'est ainsi que l'Islam garantit à tous les hommes d'Est en l'Ouest,
dans les différentes sectes et religions, la liberté en religion. Il n'a obligé
personne à embrasser l'Islam sous la contrainte, mais les gens sont restés libres
de choisir leur religion. Dieu dit à Son Envoyé dans la sourate (Jonas)(2)
désapprouvant son ardeur à convertir les païens de la Mecque : “Si ton Seigneur
l'avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de
contraindre les gens à devenir croyants?”. Dieu dit à Son Envoyé que s'il
voulait, tous les hommes seraient égaux dans leur esprit, dans leur perception
saine du bon chemin, dans leur croyance en l'unicité du Dieu. Mais Dieu les a
créés inégaux dans leur esprit et leur perception de la réalité du bon chemin et
de la foi. C'est pour cela que Dieu désapprouve l'ardeur de Son Envoyé à
convertir les polythéistes de la Mecque et sa volonté de réaliser cela avec tous
les moyens possibles, ce qui a amené Dieu -le Tout Puissant- à le mettre à la
place de quelqu'un qui contraint les mecquois à avoir la foi en Dieu. Il y a là une
compromission à remercier l'Envoyé de Dieu pour son Jihad en vue d'accomplir
sa mission et une démonstration de la cause divine dans le refus des Mecquois à
écouter favorablement l'Envoyé de Dieu.
L'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) s'est engagé à respecter ce que Dieu lui a
ordonné. Il ne contraignait-et n'acceptait que ses compagnons ne contraignent
personne à embrasser l'Islam. Celui que l'esprit a guidé et qui a eu le plaisir et la
clairvoyance d'embrasser l'Islam, le fait par conviction; celui que l'esprit fait
égarer et qui ignore les raisons de sa soumission à Dieu, abandonne cette
conviction. D'après Ibn Abbas (que Dieu l'agrée) le verset :“Nulle contrainte en
(1) Sourate "La vache" nº1 verset 256
(2) Sourate : Jonas" nº10, verset 99
-19-
La Liberté en Religion
religion” est descendu à propos d'un musulman parmi les "Ansars" de Bani
Salim Ibn Aouf surnommé Al Hosaini. Celui-ci avait deux enfants chrétiens et
avait demandé à l'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) : "puis -je les contraindre à se
convertir à l'Islam? Il ne veulent que le Christianisme". Dieu a alors fait
descendre le verset qui est devenu une loi sacrée pour l'Envoyé de Dieu et les
musulmans.
D'après A’tab Ibn Shumair : J'ai dit à l'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui): "O
Envoyé du Dieu, j'ai un père très vieux et des frères, je vais les voir, peut être
qu'ils se convertiront à l'Islam et je vous les emmenerai". L'Envoyé de Dieu lui
répond: "s'ils se convertissent cela leur fera du bien, s'ils persistent dans "leur
foi", l'Islam est large"; c'est-à-dire, laisse-les choisir librement".
Aucun livre sur l'Histoire de l'Islam ne parle d'un individu qui suit la
religion de Dieu ou d'un païen appartenant à la communauté musulmane, qui a
été contraint à se convertir à l'Islam. Celui qui entrait dans l'Islam- à l'époque de
l'expansion de l'Islam-devait proclamer son Islam devant un juge et des témoins
pour prouver qu'il est devenu musulman librement et volontairement. Ibn Attar
l'andalous dit, "au 4ème siècle de l'Hégire, pour la conversion à l'Islam d'un
chrétien ou d'un juif, en Andalousie, il fallait présenter un document au juge
avec le témoignage de deux personnes témoins prouvant que l'intéressé n'est ni
contraint, ni évadé ni quelqu'un qui s'attend à quelque chose; qu'il a choisi
l'Islam parce qu'il connaît sa "Charia", parce qu'il sait- qu'il est une reproduction
de toutes les religions, que c'est la seule religion qui soit acceptée par Dieu, qu'il
s'est converti devant le juge, ou le chef de la police de la ville ou le contrôleur
du marché.
Les musulmans considéréraient l'accord de l'Envoyé de Dieu avec la tribu
Najran yamaite chrétienne, comme une loi en vertu de laquelle les musulmans
devaient protéger ceux qui appartenaient à d'autres religions monothéistes ou
polythéistes, leurs croyances religieuses, leurs sanctuaires, leurs biens. Ils
devaient aussi garantir la sécurité de leurs chefs religieux. A ce propos,
l'Envoyé de Dieu dit : "Najran et son entourage ont le voisinage de Dieu et la
protection par Mohammed le prophète, Envoyé de Dieu de leurs biens,
d'eux-mêmes, de leur religion, de leur absent, de leur témoin, de leur entourage,
de leurs temples, de tout ce qu'ils ont entre les mains (petite ou grande quantité).
Aucun évêque, aucun moine ni aucun prêtre ne sera remplacé".
-20-
L’Universalité de l’Islam
A la lumière de cet accord du prophète, le calife Omar Ibn El Khattab
établit un pacte avec la tribu Ilya (Jérusalem) où il dit : "voici ce que Abdellah
Omar Emir des croyants a accordé à la tribu Ilya comme garanties; il leur a
accordé la protection, celle de leurs biens, de leurs églises, de leurs croix, de
leurs malades et de leurs innocents. Leurs églises ne seront ni habitées, ni
démolies. Les espaces et les croix de ces églises ne seront pas réduits, ni leurs
biens non plus. Ils ne seront pas pris en aversion pour leur religion et on ne leur
causera pas de tort. Le contenu de ce document nous engage devant Dieu et
engage la responsabilité de l'Envoyé de Dieu, des Califes et des croyants".
Le Calife Omar s'est rappelé le traité conclu entre l'Envoyé de Dieu et la
tribu Najran avec des détails tels que : les églises des chrétiens ne seront ni
habitées ni démolies. Les espaces et les croix de ces églises ne seront pas
réduits. Omar et les musulmans ont respecté tout cela tant à l'égard des
chrétiens, de leurs églises et de leurs lieux du culte qu'à l'égard des juifs de leurs
lieux du culte, des mages adorateurs du feu en Iran et des sabéens adorateurs
des astres au nord de l'Irak. le Chef des Juifs à Bagdad s'appelait "RAS Al
Jalout" et celui des chrétiens "Jathlik". Les califes leurs envoyaient des accords
écrits avec attention, leurs assuraient la protection, celle de leurs communautés
et de leurs sanctuaires.
En Irak, en Syrie et en Egypte, les couvents ont connu un grand essor, ce
qui a inspiré beaucoup d'écrivains. Ces couvents présentaient à leurs
précurseurs parmi les poètes et les libertins tel que Abou Nouas, du vin de
qualité. Ces couvents étaients éparpillés dans les banlieues de villes irakiennes,
syriennes et égyptiennes. On dit qu'on en dénombrait quinze à Bagdad et sa
banlieue. L'un des plus connus est le couvent Kona, situé, à l'Est de Bagdad.
"Chaiachti" le décrit dans son ouvrage "Addiarat": "Un couvent beau, agréable,
fréquenté. Il comptait 100 minarets pour ses moines où ils se consacraient au
culte de Dieu; chacun avait son minaret et les moines les vendaient au prix de
50 à 1000 dinars. Autour de chaque minaret il y avait un verger contenant toute
sorte de fruits, des oliviers et des dattiers, dont les récoltes se vendaient 50 à
200 dinars. Le couvent était entouré d'un rempart et au milieu se trouvait un
canal. La fête qui réunissait beaucoup de monde était la fête de la croix".
Il y avait beaucoup de couvents en Egypte. L'un des plus importants était
celui “d'Antognos” à l'est d'“Itfih”. Il avait des legs et des biens nombreux
comme on peut le lire dans l'ouvrage d'Abou Saleh Armeni : "ce couvent était
-21-
La Liberté en Religion
entouré d'un rempart et avait à l'intérieur un grand verger comptant une grande
variété d'arbres fruitiers et de maraîchers. Il avait aussi trois sources qui
irrigaient les jardins. Une partie des champ était couverte de figuiers et de
vignes et d'un millier de dattiers. On y trouve aussi un grand palais,des minarets
pour les moines, qui donnent sur les jardins".
J'ai cité les deux couvents, celui de l'Irak et celui de l'Egypte pour prouver
que les musulmans d'Irak et d'Egypte traitaient avec tous les égards tous les
dignitaires religieux chrétiens qui exerçaient le culte en toute liberté. Alors que
l'Eglise officielle "Malcanite" à Byzance était une grande ennemie de l'Eglise
jacobine qu'elle a obligée sous l'empereur Nikfor à quitter Antequieh, disant
que ses patriarches sont plus pervertis que les Pharaons et qu'ils sont plus
mécréants que Baktansir. Lorsque Byzance a reconquis la ville de Maltieh à
l'Est de la Syrie, et dont l'Eglise était jacobine les byzantins ont emmené leur
patriarche avec six évèques à Constantinople où ils les ont fait emprisonner. Ils
ont ensuite fait exiler le patriarche en Bulgarie mais celui-ci trouva la mort ainsi
qu’un évêque en cours de route à la frontière. Un autre évêque a été lapidé à
côté de l'entrée du palais de l'empereur. Les autres étaient obligés de renier
l'église jacobine et se sont convertis à l'Eglise malkanite pour échapper à la mort
puis ils ont été rebaptisés.
Jamais quelque chose de pareil ne s'est produit dans l'histoire de l'Islam, de
ses chefs religieux, et de ses peuples. Les chefs musulmans étaient toujours
partisans de la paix et de l'entente entre les sectes chrétiennes qui s'entretuaient
et les religions en desaccord. Lorsque Al Mamoun fut informé des querelles qui
opposaient les sectes Santourite, maklanite, et jacobine, il décida de publier un
document garantissant pour chacun d'eux la liberté du culte et de la gestion de
son église afin que chaque communauté religieuse puisse désigner son
patriarche même si le nombre de ses partisans n'excédait pas la dizaine de
membres, et que chaque communauté chrétienne reconnaisse ce patriarche.
Mais les différentes églises chrétiennes n'ont pas été contentes du document
écrit par Al Mamoun et par sa publication dans le pays car ils craignaient la
démultiplication des sectes religieuses chrétiennes. A la fin, il renonça à cet
ouvrage.
Il arrivait que de temps en temps, un gouverneur ou des perturbateurs fanatiques démolissent une église. L'état avait en charge la reconstruction de cet
édifice, conformément au pacte signé par le Calife Omar Ibn Al Khattab en
-22-
L’Universalité de l’Islam
faveur de la tribu Ilya et en vertu duquel il interdisait aux musulmans le
démolissement ou les transformations des églises chrétiennes. On dit que Ali
Ben Souleimane, le gouverneur d'Ar-Rachid en Egypte entre 169 et 171 de
l'Hégire,avait ordonné de démolir certaines églises nouvellement construites en
Egypte. Après une plainte des coptes à Ar-rachid, ce gouverneur a été écarté et
remplacé par un autre qui autorisa à reconstruire ces églises et à consulter les
deux grands savants en religion de l'Egypte: Allaith Bnou Sa'd et Abdellah Ben
Lahi'a. Ces derniers ont déclaré que ces églises font partie du patrimoine
architectural de l'Egypte et qu'elles ont été construites à l'époque des
compagnons du prophète.
Pour renforcer la liberté en religion garantie aux chrétiens, aux juifs et à
d'autres parmi les gens du Livre (sujets des musulmans) on ne les jugeait pas
dans les tribunaux de l'état qui appliquaient la loi de l'Islam, mais on les faisait
traduire devant des tribunaux spécialisés ou ecclésiastiques. les responsables de
ces tribunaux étaient considérés comme grands magistrats des tribunaux d'état
et souvent, ils ne faisaient l'objet que de sanctions à caractère spirituel tels que
la révocation des prêtres ou des évêques, l'interdiction aux laïcs de l'accès aux
églises, le paiement d'amendes,la privation des offrandes à l'Eglise, la privation
de l'inhumation conformément aux rites chrétiens. Au 6ème siècle de l'hégire le
grand voyageur Batahya dit que c'étaient les dignitaires juifs à Moussol qui
punissaient leurs subalternes, c'est à dire qu'ils avaient des tribunaux spécialisés
présidés par des "Ras Al Jalout" ou par des rabbins dans les différents pays
musulmans. En Andalousie les chrétiens avaient aussi des tribunaux
ecclésiastiques qui instruisaient les procès et prononçaient les jugements
conformément à la loi de l'Eglise.
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CHAPITRE III
La Cohabitation avec toutes
les Religions et toutes les Sectes
dans le domaine économique
Dieu et Son Envoyé ont prescrit, comme nous l'avons vu pour les
musulmans de cohabiter avec les communautés religieuses monothéistes ou non
en menant une vie honnête en les entourant de toute l’attention et en leur
assurant la protection de leurs biens et de leurs sanctuaires. Des tribunaux
ecclésiastiques ou non ont été créés pour régler les litiges et les différends qui
les opposaient. Il a été prouvé-sans ambiguité-qu'ils ont vécu à côté des
musulmans dans la quiétude et que personne durant les siècles écoulés n'a été
éloigné de son lieu de résidence. On les nommait les gens du Livre en signe de
leur protection par l'Islam. Le nombre important de chrétiens, de juifs, de mages
et de sabéens nous permet d'être convaincus que les musulmans les traitaient
très bien par le passé.
On dit qu'à Bagdad, les chrétiens se comptaient par dizaines de milliers et
que la majorité des habitants des villes de Takrit et de Roha étaient des chrétiens.
En Syrie, ils étaient -et ils le sont encore- nombreux. En Egypte, le nombre de
coptes chrétiens était très élevé. Lorsque Hassan Bnou Nouaman, gouverneur
d'Ifriquia s'est interessé à la construction d'un port en Tunisie lors du 1er siècle de
l'hégire, à Carthage, et à la création d'une flotte de guerre pour protéger les côtes
d'Ifriquia contre les attaques des romains, il a fait venir d'Egypte mille familles
coptes qui l'ont aidé à construire la grande maison de l'industrie et à créer une
grande flotte. Au Maroc, il y avait depuis longtemps quelques chrétiens
descendant des romains qui s'y étaient installés avant la conquête arabe. On dit que
Al Mansour, calife almohade, avait construit un palais à ses gardes parmi les
tireurs chrétiens, au 6ème siècle de l'hégire correspondant au 12ème siècle de l'ère
chrétienne. Ces tireurs chrétiens étaient à la tête de son cortège lors de ses
déplacements. L'Andalousie comptait aussi beaucoup de chrétiens.
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La Cohabitation avec toutes les Religions et toutes les Sectes dans le domaine économique
Metz dit que les juifs étaient très nombreux en Irak. Le grand voyageur
Betahya estime qu'ils étaient des centaines de milliers au 6ème siècle de l'hégire
correspondant au 12ème siècle de l'ère chrétienne.
Ils étaient installés dans les villes et les villages en bordure de l'Euphrate et
du Tigre. Dans les villes de Mossoul et de l'Iran, ils étaient aussi très nombreux
près d'Ispahan et à l'est de Marow, ils avaient construit deux villes désignées par
des noms juifs. A Damas, il y en avait dix mille et à Haleb, cinq mille. Le même
Batahia dit qu'à Jerusalem, il n'y avait qu'un seul juif. Alors que Benyamin, son
contemporain dit que que cette ville en comptait quatre. Au Caire, la population
juive était de sept mille; celle d'Alexandrie et des villes du delta était de trois
mille. En Andalousie, ils ont mené une belle vie sous le règne des arabes. Quand
ils ont été chassés d'Espagne et du Portugal, ils ont trouvé refuge au Maroc .
Les mages étaient nombreux en Irak et dans leur lieu d'origne en Iran les
deux premiers siècles de l'hégire, principalement à Chiraz au sud de Faris.
Quant à la ville de Karinaïne, à l'est de Faris, elle était entièrement peuplée de
mages. Les sabéens vivaient à Harran et Rakkah. A la fin du deuxième siècle
de l'hégire, ils ont connu une période de prospérité qui leur a permis d'organiser
une grande fête au cours de laquelle ils avaient allumé le feu dans toutes les
artères de la ville de Harran. Ils avaient habillé les taureaux de beaux tissus, les
avaient ornés de belles fleurs, de cloches fixées aux cornes et les faisaient
accompagner de musiciens. Ils vivaient dans la prospérité. Au milieu du
quatrième siècle de l'hégire, (11ème siècle de l'ère chrétienne) le calife publie à
Bagdad une circulaire où il recommande de les protéger; ceci explique que leur
nombre commence à se réduire du fait de la conversion à l'Islam de beaucoup
d'entre eux. A peine a-t-on atteint le milieu du cinquième siècle de l'hégire
qu'Ibn Hazm, l'andalous, dit : "ils ne dépassent pas la quarantaine dans tous les
pays du monde".
Toutes les activités permettant de mener une vie décente étaient ouvertes
devant les gens du Livre dans le passé. Al Jahidh dit qu'en Irak, le peuple s'était
particulièrement familiarisé avec les chrétiens, les préféraient aux mages et les
trouvaient plus sérieux que les juifs. Il dit qu'ils faisaient prospérer certaines
professions comme la parfumerie, le change et qu'on trouvait parmi eux, des
médecins des califes, des ministres, des gens de la haute société et des médecins
chefs de centres médicaux au point que les gens pensaient que le meilleur
médecin était un chrétien. Al Jahidh dit aussi qu'il y avait parmi eux de grands
-26-
L’Universalité de l’Islam
traducteurs de la culture grecque que les califes récompensaient en leur versant
des sommes importantes. Il dit également que le juif ne peut être que teinturier,
tanneur, boucher, coordonnier.
Al Maqdissi dit au 4ème siècle, de l'hégire: "il y avait parmi eux des
couturiers, des teinturiers". Benyamine dit au 6ème siècle de l'hégire
correspondant au 12 ème siècle de l'ère chrétienne qu'il a trouvé à Beithlem,
douze juifs qui travaillaient dans la teinturerie. Brokieman dit dans son ouvrage
: "Histoire des peuples musulmans" que l'Europe a connu au 10ème sicèle de
l'ère chrétienne un trafic d'esclaves florissant et ce sont les juifs d'Andalousie
qui tenaient dans leurs mains les fils de ce commerce.
En Egypte, l'agriculture constituait souvent la source de vie des coptes
chrétiens qui s'enrichissaient en stockant les produits agricoles. Ils avaient en
charge la gestion des taxes et des impôts sur les terres et des produits agricoles.
Ils ont assuré seuls, cette responsabilité dans le passé jusqu'aux années trente de
ce sicèle. Ce qui explique bien l'entente et l'amitié qui éxistaient entre les
musulmans et les coptes en Egypte durant les longues périodes du règne de
l'islam.
Dieu décrit l'Egypte comme étant, un "Paradis, des fontaines, des jardins et
un lieu de séjour honorable". Les arabes l'ont surnommée "le paradis terrestre".
Ce qui prouve que les coptes d'Egypte vivaient dans une prospérité permanente
sous le règne arabe équitable et bienveillant. Selon al Maqrizi, lors de la visite
d'Al Mamoun, l'abbasside en Egypte, en l'an 217 de l'Hégire, celui-ci qui
traversait un village dans le delta, appelé Taennaml, où se trouvait une grande
ferme appartenant à une femme copte, Maria, a été invité par cette dernière avec
son cortège et son armée. Il était sur son chemin pour Al Foustat, capitale de
l'Egypte à cette époque. Il a été étonné de la variété des repas qu'elle lui avait
présentés. Le matin, elle s'est présentée au Calife avec dix femmes de chambres
tenant un plateau. Il avait cru qu'elle allait lui présenter des cadeaux du terroire,
quand les femmes de chambres lui remirent les plateaux contenant des sacs
remplis d'or. Après l'avoir remerciée, il lui demanda de les reprendre mais elle
insista fortement. Il comptempla alors l'or ou les pièces de monnaie étaient
battues toutes la même année, ce qui prouve que cela constituait ses recettes
(son bénéfice) d'une seule année. Le calife a répondu: "cela est étonnant". Elle
le pria alors de l'embrasser mais il refusa et lui dit: "reprends tes biens que Dieu
te bénisse". Elle a pris un peu de boue dans la main et dit au calife "O Emir des
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La Cohabitation avec toutes les Religions et toutes les Sectes dans le domaine économique
croyants! cet or provient de cette boue que la terre et votre équité m'ont servie;
je dispose d'une grande quantité d'or". Al Mamoun a confié alors cet or au trésor
public et en reconnaissance lui donna de nombreux domaines en fief, convaincu
qu'il n'accepterait pas cet or de la femme copte sans contrepartie.
J'ai cité cette longue information pour montrer l'opulence dans laquelle
vivaient les coptes chrétiens d'Egypte, opulence qui résultait de la fertilité des
terres, du non assujettissement des coptes propriétaires des terres aux impôts par
les dirigeants égyptiens et de l'équité dont ils faisaient preuve, comme en a
témoigné Maria la copte au calife Al Mamoun. Ce n'est pas à titre de cadeau
que le calife a pris cet or, mais il l'a confié au trésor public.
Les coptes et les musulmans vivaient en sécurité, dans l'entente et une
paix permanente qui n'a pas été troublée tout au long du règne de l'Islam et s'il y
avait un jour une discorde entre quelques membres des deux communautés, ils
ne tardaient pas à retrouver l'entente et à avoir le sentiment qu'ils appartiennent
tous au même peuple en terre bénite d'Egypte.
Ce qui confirme sans équivoque que les musulmans et leurs dirigeants sont
allés très loin dans la cohabitation matérielle avec les gens du Livre, c'est le fait
de leur avoir ouvert les portes de la gestion des biens et leur permettre l'accès
aux affaires et aux biens de l'état, en les recrutant dans les administrations ou
comme conseillers des hauts responsables. Moaouiya, fondateur de l'Etat
Omayade, a nommé Sarjoun, le chrétien, son conseiller aux finances.
Jonas, le damascène s'occupait des finances du calife Yazid, fils de
Moaouiya et s'occupait aussi pour d'autres des finances aussi. Au 3ème siècle de
l'Hégire correspondant au 9ème siècle de l'ère chrétienne, ils étaient nombreux à
travailler dans les cabinets et les administrations à Bagdad. Les musulmans se
sont plaints au calife abbasside Al Moutaouakil, parce qu'ils se mélaient de
leurs biens. Celui-ci ordonna, en 235 de l'Hégire-comme cela est dit dans
l'ouvrage "les gouverneurs" d'Al Kindi- de ne pas demander leur service dans
les cabinets et dans les affaires du calife, qui traitent des problèmes des
musulmans. Mais ces décisions sont tombées progressivement en désuétude
puisque Al Moutaouakil lui même nomma Doulail Ibn Jacob, le chrétien, en
245 de l'Hégire responsable financier de la construction de son palais. Après
lui, les gens du Livre sont revenus à leurs fonctions dans les cabinets. Mohamed
Ben Abdellah Ben Taher, conservateur de Bagdad a nommé un "majordome"
chrétien secrétaire et régiseur comptable.
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L’Universalité de l’Islam
Le personnel administratif dans les cabinets et les administrations parmi
les gens du Livre dépassait celui des musulmans à la fin du 3ème siècle de
l'Hégire. Le calife Al Moktadir (195-320) de l'Hégire, ordonna lors de la 2ème
année de son règne de faire ce qu'avait fait Al Moutaouakil avant lui,
c'est-à-dire de les éloigner des administrations. Il ordonna aussi de ne faire
travailler les chrétiens et les juifs que dans les domaines de la médecine, du
change et des finances. Mais cette mesure fut rapidement allégée puisque Ibn Al
Fourat, ministre d'Al Moktadir, recruta quatre chrétiens dans ses cabinets et
partageait avec eux ses repas. Lorsque Al Moktadir voulut désigner Hocine Ben
Al Kassim, ministre en 319 de l'Hégire (931 de l'ère chrétienne) il lui demanda
de les concilier, lui et ses ennemis, parmi les dignitaires et les chefs militaires.
Le ministre faisait cela avec le concours des secrétaires chrétiens qui
travaillaient dans les cabinets et dit un jour à l'un d'entre eux qui s'appelait
Astefan Ibn Jacob: "Si je suis ministre c'est grâce à toi". Astefan devient après,
régisseur intendant dans les cabinets.
Sous le règne des Buwayhides à Bagdad et en Iran, le recrutement des
gens du Livre s'amplifie dans les administrations et les affaires de l'état. Imad
Al Buayhi eut un commis chrétien qui s'occupe des affaires de l'état. Az
Addaoula Al Buwayh devint calife à Bagdad lorsque Saïd Ibn Thabit le chrétien
le quitta pour AL Bassora. Après lui son cousin Adhod Ad-Daoula, le grand
dirigeant Buayhid qui régnait à Bagdad et en Iran nomma Ministre le chrétien
Nasr Ibn Haroun. Maskouih dit dans son ouvrage d'histoire que celui-ci
s'interessa à l'architecture des couvents et des églises. Il a obtenu du calife
Adhod Ad-Daoula qu'il fasse bénéficier les chrétiens pauvres de l'aumône.
Tout cela prouve que l'exercice des métiers permettant de vivre
décemment chez les gens du Livre a toujours été possible non seulement dans
les domaines agricole,commercial ou industriel mais aussi dans les
administrations et les finances publiques. L'état leur assurait des salaires leur
permettant ainsi qu'à leur famille une bonne vie mais les hauts fonctionnaires et
surtout les ministres parmi eux avaient des salaires très élevés leur assurant
une vie luxueuse(1). L'accès à l'administration n'était pas limité aux chrétiens
(1) Ceci s’est produit vraiment dans quelques pays musulmans suite à l’avis de leurs
dirigeants, ceci reste un cas spécial car l’attribution des portes-feuilles ministériels aux nons
musulmans dans les pays islamiques est prohibé dans la presque totalité de la doctrine
musulmane.
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La Cohabitation avec toutes les Religions et toutes les Sectes dans le domaine économique
seulement mais les sabéens et d'autres y travaillaient. C'est ainsi qu'Abou Isaac
le sabéen était chargé des services du courrier à Bagdad au milieu du 4ème
siècle de l'hégire jusqu'à sa mort en 384 de l'hégire.
En Egypte, Khammaruih (270-282 de l'hégire) désigna un copte à la tête du
département des affaires administratives et financières. Les coptes ont dominé
comme nous l'avons signalé-depuis la conquête de l'Islam jusqu'aux années 40
du 20ème siècle, les services des impôts et des taxes, ce qui prouve qu'un esprit
d'amitié", de cohaboitation et de collaboration au niveau de la gestion des biens,
existait entre les musulmans et les coptes tout au long du règne musulman.
Les Fatimides avaient eux aussi recruté beaucoup de gens du Livre. Les
juifs avaient consolidé leur autorité sous le règne de leur 1er calife en Egypte Al
Mo'iz qui fit de Jacob Ibn Kalliss, un juif converti à l'Islam, son ministre chargé
des affaires de l'état et qui favorisait la communauté juive. Son influence et celle
des juifs au niveau de la cour du Calife Al Mo'Iz, le fatimide, était telle, qu'aucune
décision n'était exécutée sans leur concours. Al Aziz succèda à son père et se
maria à une femme copte. Le pouvoir des coptes s'élargit alors dans la cour du
calife surtout lorsque l'un des leurs, Issa Ibn Nastors, devint son ministre.
L'adjoint d'Al Aziz à Damas était Mancha, le juif . La communauté juive y
vit son influence renforcée. Le calife et son adjoint restèrent au pouvoir trois ans.
Al Hakim, le fatimide succéda à son père Al Aziz et ne recruta au début de
son règne parmi ses médecins et son personnel administratif que peu de
chrétiens.Il désigna Mansour Ibn Saadoun, le chrétien, son ministre. Le calife
Al Mostansir, le fatimide fit de Sadaka Ibn Youssef Falahi, juif puis converti,
son ministre durant trois ans. Ce ministre se faisait aider d'un autre juif, Abou
Saad Tastari, dans la gestion des affaires de l'état.
C'est ainsi que dans la communauté musulmane, il n'y eut pas de
cohabitation et de cogestion des biens sans que les musulmans ne s'associent selon les prescriptions de l'Islam- aux gens du Livre. Ils les associaient avec
eux dans les affaires et les cabinets de l'état et les proposaient aux postes de
ministre dans les différents pays. Ces fonctions leur rapportaient beaucoup
d'argent, leur permettaient d'en dépenser dans la construction de sanctuaires,
d'églises et de couvents et d'en faire bénéficier leurs pauvres, comme le faisait
Nassrin Haroun, dont nous avons parlé, qui était encouragé par Adhoud
Ad-Daoula Al Buayhid. S'est-il produit dans l'Histoire que des dirigeants non
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L’Universalité de l’Islam
musulmans soient aussi bienveillants à l'égard de ceux qui appartenaient à
d'autres religions et qui cohabitaient avec leurs peuples que les dirigeants
musulmans?
L'un des compléments de cette cohabitation matérielle c'est la participation
des musulmans aux fêtes des mages perses, à la manière dont ils célèbraient le
1er jour de l'an de l'Hégire, le jour de l'Achoura, l'anniversaire du prophète (S.B.
sur lui), la veille du 1er jour de Rajab, la veille de la mi-Chaaban, la veille du
1er jour du Ramadan , l'Aïd Al fitre, la fête du sacrifice. Ces fêtes des mages
auxquelles participaient les musulmans étaient : la fête Sadhak ou fête du feu,
leur idôle, qu'ils allumaient toute la nuit et autour duquel ils chantaient et
dansaient: la fête d'Ormuzd, Dieu du bien, la fête An-Nairouz ou fête du
printemps qu'ils célèbraient bruyamment le 1er jour du printemps, quand le
soleil, dans sa course, arrive au point (ou mansion) appelé "le belier", est au
tropique du capricorne. Tous les musulmans du monde célèbrent avec eux cette
fête. Quant aux fêtes chrétiennes que célèbraient les musulmans, elles étaient
nombreuses: Noël, la fête "Al fash"(1), Dimanche des Rameaux. cette ancienne
.
fête de l'arbre, en particulier de l'olivier était célèbrée au palais du calife à
Bagdad par les servantes chrétiennes. Ahmed Ben Sadaka le musicien dit être
entré lors de cette fête chez Al Mamoun devant qui il a vu dix femmes de
chambres byzantines, portant de belles robes en soie, des ceintures autour de la
taille, des colliers avec une croix en or suspendus au cou, tenant à la main un
rameau d'olivier ou une palme et dansant devant le calife.
En Egypte, les musulmans célèbraient avec les coptes- et continuent de le
faire-leurs fêtes telles que Noël, la fête de l'Epiphanie en hiver, Dimanche des
Rameaux , jeudi Saint, précédant la fête Al fash de trois jours, la fête de l'olivier,
qui est l'un des jours des rameaux, pendant lesquels les églises étaient ornées de
rameaux d'oliviers et de palmes. Certaines de ces fêtes étaient transformées en
carnavals au cours desquels musulmans et coptes s'amusaient ensemble- Al
MAkrizi dit : "En Egypte les gens sortaient dans les rues à l'occasion de certaines
fêtes et se promenaient, vêtus comme des carnavals, comme des mannequins ou
avec des pantins faits avec du carton et peints de diverses couleurs, ceci servait
de jeux comme les ombres chinoises et de spectacles variés.
(1) L’auteur a cité que les musulmans s’associaient aux mages perses et aux chrétiens dans
leurs fêtes religieuses, si ceci est vrai, c’est par imitation des ignorants musulmans ou autres, et si
cela s’est produit dans quelques pays musulmans, c’est simplement par ignorance des directives
de la Charia, car l’association du musulman aux féstivités des autres religions est interdite par
l’avis unanime des chefs des quatre sectes sunites.
-31-
La Cohabitation Matérielle avec toutes les Religions et toutes les Sectes
Arrêtons-nous un peu pour définir le tribut qui était imposé aux gens du
Livre. Nombreux sont ceux qui pensent que c'était un impôt à caractère
religieux, alors qu'il n'avait aucun rapport avec la religion. En fait, c'était une
taxe de défense dont étaient redevables ceux qui étaient en situation de faire le
service militaire parmi les gens du Livre, qui ne rejoignaient pas les rangs de
l'armée qui les protégeait et assurait la sécurité du pays. Etaient dispensés de
cette taxe les jeunes enfants, les femmes, les infirmes et handicapés, les
personnes agées et les pauvres. Cette taxe était dérisoire et ne dépassait pas un
dinar par an et son payement faisait l'objet de facilités et n'étaient pas
contraingant, conformément à la loi de l'Islam. Au début du 3ème siècle de
l'Hégire, le gouverneur d'Egypte se contentait d'un demi dinar que versaient les
coptes.
Le grand voyageur Benyamin dit que les juifs de tous les pays musulmans
payaient un dinar seulement. Ce tribut que versaient tous les gens du Livre
chrétiens et juifs ou sabéens et mages en tous les temps et partout dans les pays
musulmans n'excédait pas un dinar par an par souci d'alléger cette taxe.
-32-
CHAPITRE IV
la Cohabitation Intellectuelle
De la presqu'île arabique sont partis les conquérants arabes répandre
l'Islam et ses prescriptions dans toutes les régions du monde. Ils ont ainsi
conquis beaucoup de pays depuis les confins de la Chine et de l'Inde en passant
par l'Afganistan, l'Iran, la Syrie, l'Egypte, les pays du Maghreb et ont traversé
le détroit de Gibraltar pour l'Andalousie. Ils ont dressé leur drapeau au delà des
Pyrénées, au sud de la France. Ce sont là de nombreux pays où habitaient
depuis longtemps des peuples présentant des contrastes sur le plan ethnique,
linguistique et culturel. Ces peuples se sont soumis tous aux arabes qui n'ont
pas trouvé chez eux le désir de conquérir des terres et leurs richesses mais
voulaient surtout conquérir les coeurs pour la religion musulmane. Ces peuples
ont commencé à connaître cette religion à laquelle ils se sont convertis pour
avoir trouvé une simplicité et une facilité dans ses dogmes, pour la fraternité et
l'égalité qu'ils ont trouvées dans sa "Charia", entre les musulmans arabes ou
non; avec l'élimination de la hiérarchie et des écarts sociaux entre les membres de
la communauté; et pour l'affranchissement des peuples de tout asservissement
qu'elle préconise.
Il n'ya donc pas de mésentente entre les musulmans et les gens du Livre
puisque l'Islam impose-comme nous l'avons vu- qu'ils soient bien traités et que
soient assurées leur protection, celle de leurs biens et de leurs sanctuaires, et que
les différentes activités, les administrations de l'état leur soient ouvertes.
C'est ainsi que l'Islam a permis un brassage important entre les musulmans et
autres, ce qui a amené de nombreuses communautés à embrasser l'Islam. Ceux
qui ont persisté dans leur foi avaient à l'égard des musulmans et de leurs
dirigeants un sentiment d'amitié et de fraternité à tel point que nous les voyons se
dépêcher de répondre favorablement au désir de leurs concitoyens musulmans
non seulement de connaître les sciences appliquées aux domaines de la
planification des villes, de l'architecture et de la mise en valeur des terres mais
aussi d'être imprégnés des connaissances théoriques pures.
-33-
La Cohabitation intellectuelle
Dans les pays qui avaient une certaine ouverture, se répandait la culture
héllénique qui était un mélange de culture grecque et des cultures orientales
variées. Ces cultures étaient surtout répandues à Jindissabor en Iran, à Roha,
Harran, Kinnisrine, Antakeh, Alexandrie et dans certains couvents en Irak, en
Syrie en Egypte.
Du fait que l'Islam a répandu et diffusé l'amour de la science et du savoir
parmi les arabes, ceux-ci ont commencé à connaître les grands savants et
penseurs depuis qu'ils se sont installés dans les différents pays conquis par
l'Islam. Parmi les gens du Livre, nombreux sont ceux ayant une culture
héllénique, qui s'étaient arabisés et qui avaient transmis cette culture au monde
arabe, ce qui a permis un échange entre eux. Ainsi commença d'exister une
cohabitation intellectuelle entre les gens du Livre et les musulmans qui
demandaient à ceux d'entre eux qui maîtrisaient la langue arabe, à la 2ème
moitié du 1er siècle de l'hégire, de leur traduire les ouvrages de sciences qu'ils
ne connaissaient pas, comme ils l'avaient fait pour Khalid Ibn Yazid Ibn
Moaouya, mort en l'an 85 de l'hégire. Al Jahidh dit dans son livre, "Al Baiane
Oua Attabyne"."[Ce calife] est le premier à qui ont été traduits des ouvrages
d'astrologie de médecine et de chimie". Ibn Khalkane dit:" il avait des idées en
chimie et en médecine". Ce calife était avisé dans ces deux matières
scientifiques et les matrisait bien. Il a laissé des essais prouvant ses
connaissances et sa compétence. Il a appris la chimie avec un moine Byzantin
appellé Marianos et cela lui a inspiré trois essais. Khalid et Marianos sont de
grands symboles de la cohabitation intellectuelle entre musulmans et gens du
Livre.
Cette cohabitation avaient engendré chez les gens du Livre le désircomme nous l'avons vu- de traduire les ouvrages dont ils disposaient sur
l'astronomie, la médecine, la chimie, sciences que Marianos avait enseignées à
Khalid qui en parle dans l'un de ses trois essais.
Depuis ce temps, les traducteurs parmi les gens du Livre se sont interessés à la
traduction des ouvrages scientifiques de leurs langues respectives à l'arabe pour
répondre à la demande des arabes. Ainsi Meserjuih a traduit un ouvrage de
médecine datant de l'époque de Omar Ibn Abdelaziz (99-101) de l'hégire. On a
traduit aussi du grec des essais d'Aristote et du persan, des essais sur la politique et
un ouvrage sur l'histoire de Sassanides, à l'époque de Hicham Ibn Abdelmalik
(105-125) de l'hégire .
-34-
L’Universalité de l’Islam
Sous les Abbassides, la cohabitation intellectuelle entre les arabes et les
gens du Livre s'est élargie. L'un des traducteurs qui a eu du succès est Ibn Al
Mokaffae qui a traduit du persan "la logique d'Aristote", Kalila Wa Dimna"
dont l'origine est hindoue et d'autres Livres d'histoire écrits en persan. Les
chrétiens syriaques avaient traduit du grec des ouvrages de science et de
philosopie. Leurs arabisants ont connu une grande activité en traduisant en
arabe ces trésors grecs. Les ouvrages qu'ils ont traduits à l'époque d'Al Mansour
l'Abbassi de (136-158) de l'hégire sont : Majeste de Batlimis sur l'astronomie,
des ouvrages d'Aristote(1) sur "la logique", l'ouvrage d'Euclide sur la géométrie,
les ouvrages d'Hipocrate et "Jalinus" sur la médecine. Les arabisants perses ont
traduits les ouvrages qu'ils avaient sur l'astronomie et l'astrologie. Les arabisants
hindous ont traduit un ouvrage sur l'astronomie très connu en Inde intitulé
"Assind-Hinde".
Cette cohabitation intellectuelle entre les gens du Livre et les Musulmans
va s'activer davantage sous le règne de Haroun Arrachid et des ministres les
Barmakides. Ce calife a créé une institution appellée Dar Al Hikma" qui va
s'occuper de la traduction des sciences à l'étranger. Il a été aidé dans cette
entreprise par les syriaques qui maîtrisaient bien la langue arabe. Le calife a
nommé à la tête de cet établissement Jean Ibn Massouih qui était médecin
"nestorianiste" et avait mis à sa disposition de bons traducteurs. Il leur avait
procuré des ouvrages grecs sur la médecine, d'Ankara, d'Ammoriah et de
Byzance et les avait chargés de les traduire. Ibn Massouih était auteur de
plusieurs ouvrages de médecine et de fabrication de médicaments. Derrière cette
institutiuon d'Ar-rachid, il y avait beaucoup de traducteurs, tel Gabriel Ibn
Bakhitchoue, le plus grand médecin du calife, qui a écrit beaucoup d'ouvrages
en médecine.
Ainsi, les gens du Livre avaient traduit et écrit de nombreux ouvrages dans
des domaines scientifiques variés. Les ministres barmakides de Haroun
Ar-rachid ont oeuvré pour traduire les ouvrages de sciences du latin, du grec, du
persan et de l'hindou en arabe. Yahia Ibn Khalil Al Barmaki avait demandé au
patriarche d'Alexandrie de traduire pour les habitants de Bagdad un ouvrage
célèbre sur l'agronomie des romains, celui de Magon, l'agronome phénicien
célèbre, ouvrage universel sur l'agronomie et l'arboriculture, traduit en latin par
les romains.Les barmakides, perses d'origines, se sont interessés à la traduction
(1) L'organon est le titre sous lequel sont rangées des oeuvres logiques d'Aristote
-35-
La Cohabitation intellectuelle
du patrimoine perses. A leur époque des ouvrages perses de valeur ont été
traduits en arabe: "Bozorjmhr" et l'époque de Ardchirine Babek à son fils
Sabor- l'ouvrage Jauidane Khirad sur la littérature-l'ouvrage Hazar Afsateh qui
est l'origine des milles et une nuit.
Comme les Barmakides se sont intéressés à la traduction en arabe du
patrimoine perse, ils se sont intéressés aussi à la traduction du patrimoine hindou
Al Jahidh dit : "Yahia Ibn Khalid Al Barmaki a attiré des médecins hindous
comme Mankah, Bazaiker, qui ont travaillé au grand Bimarstane à Bagdad. Ils
sont vite devenus des arabisants et ont participé avec d'autres arabisants hindous à
la traduction du patrimoine hindou, en particulier en médecine, en fabrication de
produits pharmaceutiques. La traduction a concerné aussi l'histoire de Sindibad et
de nombreuses légendes et histoires passionnantes.
Cette vague de cohabitation entre les gens du Livre et les musulmans a
atteint ses objectifs à l'époque d'Al Mamoun Ibn Arrachid qui a transformé
l'institution Dar Al Hikma en une sorte d'établissement scientifique supérieur et
lui a annexé un observatoire d'astronomie très connu. Lorsqu'il a battu
l'empereur de Byzance sur certaines positions, celui-ci lui a écrit lui demandant
l'envoi d'une mission pour le choix d'une série d'anciens livres scientifiques
grecs entreposés dans son pays. Al Mamoun a consenti après un refus et a
envoyé une délégation qui a ramené à Bagdad les livres grecs qu'elle a pu. Les
traducteurs parmi les gens du Livre se sont mis à les traduire. Lorsque Al
Mamoun a conclu une trève avec le gouverneur de Chypre, il a écrit à ce dernier
lui demandant les livres grecs qui ont pu être conservés. Il s'agissait des
ouvrages des philosophes grecs et il les lui a envoyés. De nombreux traducteurs
se sont mis à traduire ces ouvrages en arabe à Dar Al Hikma. L'un de ces
traducteurs les plus connus est Yahia Ibn Patrick qui maîtrisait bien le grec et
le latin. Il a traduit à ceux qui étaient autour de lui parmi les arabes le conte
"Le Timée" de Platon, les ouvrages d'Aristote :"De l'âme", "Histoire des
animaux" d'autres(1), la médecine. A cette époque furent traduits les ouvrages
sur la musique d'Euclide.
L'un de ceux qui commencèrent à avoir de la renommée en oeuvrant pour
une cohabitation intellectuelle entre les syriaques chrétiens et les musulmans à
l'époque d'Al Mamoun fut Honaine Ibn Ishak. Il était très précis dans ses
(1) Le 3ème ouvrage cité par l'auteur est probablement l'un des 8 livres constituant le traité
d'Aristote intitulé " La Physique" , dont l'objet est la détermination des choses naturelles qui ont
pour caractéristiques essentielle d'être en mouvement.
-36-
L’Universalité de l’Islam
traductions, ce qui lui a valu l'équivalent d'or du poids de l'ouvrage qu'il avait
traduit comme récompense par Al Mamoun. Pour avoir été impressionné par la
qualité de la traduction du grec en arabe, le calife Al Moutaouakil lui a offert
trois maisons entièrement meublées, dotées d'accessoires, de matériels
nécessaires et de livres, lui assigna des terres et lui fournit un salaire mensuel de
15000 dirhams. Honaine était un chrétien nestorianiste qui est allé à Byzance où
il a bien appris le grec. Il maitrisait également le Syriaque, l'arabe et le persan.
Le calife al Moutaouakil a mis à sa disposition de bons traducteurs qui
travailllaient sous son contrôle. Il était passionné de la traduction du grec. Son
fils Ishak et son neveu Hobaich étaient ses traducteurs les plus connus, Ishak
s'interessait à la traduction d'ouvrages de philosophe. Il a traduit beaucoup
d'ouvrages d'Aristote. Hobaich, tout comme son oncle s'intéressait à la
traduction d'ouvrages sur la médecine. l'un de leurs condisciples, Lahnin
Stephane est le premier à avoir donné aux mlusulmans l'ouvrage de Dioscoride
sur la botanique et l'ouvrage d'Oribase sur les les médicaments.
A côté de cette grande école de traduction de la pensée grecque, il y avait
beaucoup d'autres traducteurs parmi lesquels Tabit Ibn Korra qui a traduit
l'ouvrage les origines d'Euclide et Kosta Ben Loka le Baalabekois qui se
chargea de traduire les ouvrages des philosophes grecs. Le dernier des grands
traducteurs du grecs à la langue arabe est Metta Ibn Younes, d'origine grecque,
très célèbre pour sa traduction en arabe de toutes les oeuvres d'Aristote sur la
logique et d'autres domaines.
A travers cette cohabitation intellectuelle, les gens du Livre, syriaques ou
non , ont témoigné aux musulmans non seulement leur sympathie et leur amitié,
mais ils leur ont apporté aussi les sciences et la philososphie grecques qui furent
un trésor, avec beaucoup de loyauté et de sincérité, sans la moindre
dissimulation et sans intention de duperie. Ils ont voulu ainsi témoigner leur
amité aux musulmans en faisant leur travail avec beaucoup de précision aussi
bien au niveau de la copie ou de la traduction qu'au niveau des concepts et de
l'apprentissage. Ceci a duré 3 siècles et plus au cours desquels ils ont apporté
leur soutien à ce travail de traduction et d'apprentissage aux musulmans et ils
ont consolidé et renforcé leur amitié et leur cohabitation intellectuelle avec eux.
Les premiers gens du Livre syriaques ou autres avaient traduit
littéralement quelques ouvrages où il y avait des impropriétés, des erreurs de
style. Certains traducteurs, surtout les syriaques- depuis les Barmakides et Al
-37-
La Cohabitation intellectuelle
Mamoun ont jugé nécessaire de retraduire ces ouvrages importants, pour en
assurer la compréhension par les musulmans pour que ces derniers les prennent
en exemple, et pour renforcer les liens d'amitié avec eux.
Les musulmans se sont penchés sur tout ce que les gens du Livre avaient
traduit du patrimoine scientifique de leurs peuples respectifs, qu'ils connaissaient
bien. Souvent ils étudiaient ensemble ce qu'ils leur avaient traduit dans les
sciences comme l'avait fait Khalid Ibn Yazid Ben Moaouya pour qui Marianus
avait traduit un ouvrage de chimie et la lui enseignait-comme nous l'avons
vu-Depuis le premier siècle de l'hégire, les traducteurs ont continué à traduire
leur patrimoine scientifique et l'enseignaient à tous ceux qui le voulaient parmi
les musulmans comme ils leurs enseignaient la philosophie contenue dans ce
patrimoine. Leurs cercles (assemblées) étaient toujours pleins d'étudiants de
sciences et de philosophie qui apprenaient ce qu'ils leur exposaient sur les
patrimoines scientifique et philosophique.
L'un des cercles les plus célèbres au 2ème siècle fut celui de Yohanna Ibn
Massouih le responsable de Dar Al Hikma à l'époque d'Ar-Rachid"; c'était le
cercle qui a duré le plus longtemps à Bagdad pour les étudiants en médecine, en
théologie dogmatique, en philosophie. Il apprenait à ses étudiants la logique
d'Aristote, les ouvrages de "Jalilos" sur la médecine". Les cercles des plus
grands traducteurs du 3ème et 4ème siècle de l'hégire comme Honaine Ibn Ishak
et Matha Ibn Younes, ressemblaient à celui de Youhanna Ibn Massouih.
Grâce à la traduction des cultures perse, hindoue, syriaque et surtout
grecque et aux sciences qu'elles renfermaient, accomplies par les gens du Livre
et mises à la disposition de la communauté arabo-musulmane et grâce aussi à
l'apprentissage de ces sciences par ces derniers, ils les ont parfaitement intégrées
et ils n'ont pas tardé à voir se former leurs grands savants dans les différents
domaines: au 2ème siècle de l'hégire (8ème siècle de l'ère chretienne) en chimie
Jabir Ibn Hayane, a écrit plus de 100 traités dont les occidentaux ont traduit un
grand nombre en latin. A l'époque d'Al Mamoun nous trouvons Al Khaoirizmi
celui qui a inventé l'Algèbre et qui est le précurseur d'un grand nombre de
mathématiciens. Du 2ème au 8ème sicèle de l'hégire (8ème siècle - 14ème siècle
de l'ère chrétienne) nous assistons à une renaissance scientifique promue par la
communauté arabo-musulmane. Cette renaissance a été pendant six siècles le
guide du monde et a enseigné aux occidentaux beaucoup de choses, en
particulier en Sardaigne et en Andalousie. Grâce à ce que les syriaques ont
-38-
L’Universalité de l’Islam
traduit et à la philosophie grecque qu'ils ont apprise aux arabo-musulmans,ces
derniers sont parvenus à jeter les bases de leur philosophie musulmane depuis
Al Mamoun et la parution d'Al Kindi, l'un de leurs premiers philosophes. Al
Kindi a écrit des dizaines, voire des centaines de traités et d'ouvrages sur les
mathématiques, l'astronomie, la géométrie, les sciences naturelles, la morale, la
politique, la logique, la théologie dogmatique, la dialectique, la médecine.
Il faisait l'éloge de l'esprit et disait que l'âme faisait partie de la lumière
divine et qu'elle était en rapport avec le corps mais que dans son essence elle
est indépendante du corps et quand elle s'en sépare elle s'en délecte. Au 4ème
siècle de l'hégire, c'est le philosophe Al Farabi qui est le plus connu après Al
Kindi. Il associe le spiritualisme de l'Islam et les théories philosophiques
grecques. Au 5ème siècle de l'hégire (11ème de l'ère chretienne) Ibn Sina, le
plus grand philosophe arabo-musulman a associé la philosophie grecque, la
sagesse orientale et l'esprit musulman. Les philosophes andalous sont venus
après lui et c'est Ibn Rochd qui est l'un des plus connus. Il a eu le mérite de
concilier la philosophie et la religion musulmane.
L'un des aspects de cette cohabitation intellectuelle fertile, c'est la
naissance d'un vaste mouvement donnant lieu à des séminaires et discussions
entre les musulmans et les gens du Livre de croyances diverses. Ceci explique
non seulement la liberté totale avec laquelle ceux-ci faisaient leur culte et leurs
croyance mais aussi la liberté totale qu'ils avaient pour défendre leur foi lors des
discussions avec les musulmans.
A l'époque des Omeyades,ces séminaires ou assemblées se tenaient avec
beaucoup d'ardeur entre les musulmans et les moines en Syrie. L'un des chrétiens
les plus connus, qui participait à ces séminaires est Yohanna le damascène qui
écrivait en grec. Il a supervisé l'administration des finances à Damas sous
plusieurs califes. Il a écrit de nombreux ouvrages dont "dialogue avec un
musulman à propos de la divinité du Christ"; "guide pour les chrétiens à propos
de leurs discussions avec les musulmans". A part ces discussions avec les
musulmans au sujet du destin et de la liberté de la volonté chez l'homme,
certaines de ces discussions avaient lieu dans les cercles animés par certains
califes omeyades.
C'est là un des multiples aspects rayonnants de l'universalité de l'islam dans
ses meilleurs moments. Les califes Omeyades n'ont pas seulement ouvert les
portes aux gens du Livre pour une cohabitation matérielle en toute liberté, mais ils
ont même nommé un certain nombre d'entre eux à la tête des finances de l'état.
-39-
La Cohabitation intellectuelle
Dans le cadre de la cohabitation intellectuelle avec les musulmans, ils ont
débattu avec eux librement des questions de la foi et du destin. A l'époque des
Abbassides on assiste à une cohabitation intellectuelle ardente entre les
arabo-musulmans et les gens du Livre de toutes les croyances au niveau de la
traduction, l'apprentissage des sciences comme nous l'avons évoqué avant. Cette
ardeur concerne aussi les séminaires et les discussions au sujet de la foi entre les
savants en religion, les monothéistes et les polythéistes.
Nous avons entre les mains différentes informations sur cette forte
polémique en Irak au 2ème siècle de l'hégire (8ème siècle de l'ère chrétienne).
L'auteur de l'ouvrage Al Aghani (les chants) dit dans le 3ème tome: "Il y avait à
Bassora, six théologiens ; Amr Ibn Obeid, Oissil Ibn Atae, (les deux faisant
partie des Moatazila), Bachar Al Aama (un athé, libertin), Saleh Ibn
Abdelkeddous (manichéen croyant en un dieu de la lumière et un dieu des
ténèbres), Abdelkrim Ibn Aoujae (athé), un homme de "El Azd". Les six se
réunissaient dans une assemblée d'El Azdi et se disputaient chez lui. Le chef
des Mutazilites, Oissil Ibn Atae et son ami qui appartient à la même secte, Amr
Ibn Obeid, connus pour leurs aptitudes à discuter avec les théologiens,
essayaient vainement de convaincre Bechar, Saleh Ibn Abdelkadous et
Abdelkim Ibn El Aoujae des erreurs dans leurs représentations et leur
perception de la religion.
Un texte figurant dans le 2ème tome de l'ouvrage "les étoiles
prometteuses" dans la même localité dit: Dix personnes dont on ne connait pas
de semblables se réunissaient à Bassora: Khalil Ibn Ahmed, un sounnite,
l'auteur de la prosodie, Es-saied Ibn Mohamed El Himiari, le poète chiite radical
; Saleh Ibn Abdelkaddous, un manichéen; Soufian Ibn Mochajie, Bechar Bnou
Bord, un débauché ; Hamad Ajrad, un athé, Ibn Ra’s Al Jaloute, un poète juif;
Ibn Nadhir le chrétien, un théologien, Omar Ibn Akht Maoubuid , un mage; Ibn
Sanan Harrani, un sabéen". Ce texte renferme les noms des partisans de toutes
les croyances et les religions en Irak. Al Khalil Ibn Ahmed a établi la prosodie
et la métrique. C'est un musulman sounnite qui pense que Abou Bakr et Omar
sont devenus califes du prophète dignement. Essayed Ibn Mohamed Himiari, un
chiite radical, conteste Abou Bakr, Omar et les compagnons du prophète.
Saleh Ibn Abdelkaddous dit que le monde a deux dieux, celui de la
lumière et celui des ténèbres. Soufian Ibn Mouichajie est un adepte des
Kharijites Soufri qui optaient pour la non participation au Jihad contre les
Omayades au début de leur règne ; puis ils ont pris les armes pour les combattre.
-40-
L’Universalité de l’Islam
Bechar Bnou Bord le débauché ainsi nommé par l'auteur des Etoiles
prometteuses comme nous l'avons signalé- Hamad Ajred, un débauché, Ibn Ras
Al Jalout, grand rabbin et responsable des juifs en Irak, Ibn Nadhir un chrétien,
Omar fils de la soeur de Al Maoubid, un mage; Ibn Sanan Hrrani, un poète
sabéen. Il est clair que chacun des dix représentait une croyance au début du
règne des Abbassides. Trois d'entre eux furent des arabo-musulmans: un
sounnite, un chite radical, un soufri Kharijite. Deux d'entre eux étaient athés. Et
parmi les cinq autres: un manichéen, un juif, un chrétien, un mage, et un sabéen.
Ils débattaient de leurs croyances, ceux d'entre eux qui étaient poètes lisaient
leurs poèmes.
On ne trouvait nulle part chez d'autres peuples de telles rencontres. ils se
réunissaient au moment où le peuple arabo-musulman était à l'apogée de sa
grandeur, de sa puissance au 2ème siècle de l'hégire (8ème siècle de l'ère
chretienne) et surtout grâce à l'universalité de l'Islam et à la liberté en religion
qu'il assurait aux gens du Livre.
Durant et après le règne des Abbassides en Irak, les savants en théologie
dogmatique musulmans permettaient l'accès à leurs cercles et leurs séances de
réflexions sur les croyances, aux adeptes des différentes religions. ceci est
prouvé par Ahmed Ibn Mohamed Ibn Saadi, d'origine andalouse, dans son
ouvrage "Jadhoit Al Moktabis". C'etait un téologien qui s'installa à Bagdad à la
fin du 4ème siècle de l'hégire (10ème siècle de l'ère chrétienne). Il dit l'avoir
quitté pour Al Kairaouan en Tunisie où le responsable religieux, Al Malki Ibn
Abi Zaid décédé en 386 de l'hégire, lui demanda: "Avez-vous assisté aux
assemblées des théologiens?- j'ai assisté à deux assemblées, la première a réuni
tous les groupes: musulmans sounnites et réformistes, les polythéistes, les
mages et les athés matérialistes: ceux qui ne croient pas au jour de la
résurrection, les athés, les juifs, les chrétiens: chaque groupe avait un
responsable qui parlait de sa secte. Lorsque le responsable d'une équipe venait,
tout le monde se levait en signe de respect et ne s'assayaient que lorsqu'il
s'assayait. Si le cercle se remplissait de ses partisans et qu'ils ne remarquaient
l'absence de personne d'entre eux, l'un des athés disait :"vous êtes réunis pour le
séminaire. Nous discutons avec des arguments rationnels et avec ce que porte le
syllogisme". Ibn Saadi ajoute: "Il m'a dit qu'il y a un autre cercle. J'y suis allé.
C'était le même que le précédent".
-41-
La Cohabitation intellectuelle
Il ressort des propos du savant en religion andalous que les cercles des
théologiens dogmatiques à l'époque des Abbassides étaient ouverts aux débats
et discussions aux téologiens parmi les musulmans sunnites et réformistes, aux
mages adorateurs du feu, aux manichéens qui adoraient les dieux de la lumière
et des ténèbres, aux sabéens qui adoraient les astres, aux athés matérialistes qui
ne croyaient pas en l'au-delà, aux juifs et aux chrétiens. Tous ces séminaires,
ces
rencontres, ces discussions qui illustrent une solide cohabitation
intellectuelle n'ont eu lieu et n'ont eu de succès que grâce à l'universalité de
l'Islam qui a permis le développement de toutes les croyances et les dogmes
divins ou autres et les traitaient sur le même pied d'égalité.
-42-
CHAPTER V
Le Rationalisme de l'Islam
Avant l'Islam, les Envoyés de Dieu étaient envoyés à leurs peuples les
exhortant -comme Mohammed (S.B. sur lui)- à adorer Dieu unique mais
nombreux étaient ceux qui s'opposaient à ces Envoyés et Dieu les secourait au
moyen de miracles et de prodiges palpables qui pourraient les convaincre et les
amener à écouter leurs Envoyés de Dieu - mais ils persistaient dans leur
entêtement et leur reniement. Dieu dit dans la sourate (le voyage nocturne) qu'Il
a envoyé Moïse au Pharaon et aux juifs avec neuf signes et miracles au sens
clair. Il les a détaillés dans la sourate (Al A'Araf) dans les versets numéros
107,1098,130,133,134. Ce sont : son bâton qui se transforme en vrai serpent
qui happe tous les mensonges que les magiciens égyptiens inventaient. En
sortant les mains de sa poche “elle était blanche (éclatante) pour ceux qui
regardaient”. Ce qui a ébloui les gens et amené les Pharaons à connaître des
années de disette; leurs récoltes et leurs moissons ont accusé une baisse
considérable.
Dieu évoque cinq miracles dont il a investi Moïse, en disant(1) “Et nous
avons alors envoyé sur eux l'inondation, les sauterelles,les poux (ou la
calandre),les grenouilles et le sang” "L'inondation" c'est la crue du Nil qui a
détruit les champs de blé. "Les sauterelles" insectes qui rongent les feuilles des
arbres, les herbes et les épis. "Les poux" sorte d'acariens qui sucent le sang des
bêtes. "Les grenouilles" qui vivent dans les marécages. "Le sang": veut dire que
Dieu a puni les mécréants en transformant l’eau potable qu’ils buvaient en sang
Le 9ème miracle était l'envoi par Dieu du châtiment sur les Pharaons, qui est
une épidémie. Ils demandèrent alors à Moïse: "Si tu éloignes de nous le
châtiment ou cette épidémie, nous croirons en toi et nous enverrons avec toi les
enfants d'Israel là où tu voudras". Moïse invoqua Dieu qui a éloigné d'eux le
châtiment mais ils violèrent l'engagement en ne laissant pas les fils d'Israêl
quitter l'Egypte avec Moïse, ce qui l'obligea à partir secrétement de l'Egypte la
nuit avec son peuple. Le pharaon apprit la nouvelle, leur envoya son armée les
(1) Sourate "Al A'Araf " nº7, verset nº133
-43-
Le Rationalisme de l’Islam
pourchassa (pour se venger). Moïse était arrivé avec son peuple jusqu'au Nord
de la Mer Rouge, que Dieu a fendue pour leur permettre d'être sauvés. Le
Pharaon et ses soldats les suivirent. Alors, Dieu a recouvert leur passage d'eau
de mer et ils furent engloutis et se noyèrent tous pour avoir dénié les miracles
dont Moïse fut investi par Dieu et dénié tout ce qu'il leur a appris sur l'unicité
de Dieu.
Dieu a envoyé Salih à son peuple Thamoud dans la ville Al Hijr appelée
aujourd'hui Madaene Saleh, au Nord du Hidjaz. Il rappelle son histoire en
détails avec son peuple dans les sourates: (Al A'Araf, Houd, Les Poètes, et Les
Fourmis) et comme toutes les fois qu'il leur demandait d'adorer Dieu, leur fuite,
leur reniement et leur orgueil ne faisaient qu'augmenter sauf une minorité qui
avait la foi en Dieu. Vainement, l'Envoyé de Dieu Salih, les incitait à remercier
Dieu pour sa grâce et ses bienfaits, pour avoir transformé leur terre en vergers
et fontaines, pour avoir créé des montagnes leur permettant de tailler des
maisons, ce qui devrait les inciter à remercier Dieu et à avoir la foi en Lui. Mais
ils continuaient à se détourner de Lui et à demander un miracle prouvant sa
sincérité. Ils Lui demandèrent avec insistance de faire sortir d'un rocher une
chamelle qu'ils verraient de leurs yeux et qu'ils toucheraient de leurs mains.
L'Envoyé de Dieu Salih obtient d'eux la promesse écrite de croire en Dieu s'il
exhauce leur voeu. Salih invoqua Dieu; le rocher s’est fendu pour laisser
apparaître une chamelle. L'Envoyé de Dieu leur dit: "c'est une chamelle de
Dieu, qui se nourrit sur sa terre. Elle dispose d'une quantité d'eau et vous
disposez de la vôtre". Ils pensaient alors à la tuer et ont incité l'un d'entre-eux
nommé Kodar à égorger la chamelle, il l’égorgea donc égorgé. Dans certains
versets, Dieu les rend tous responsables de son égorgement parce que kodar l'a
fait sous leurs incitations. Salih leur a promis que le châtiment de Dieu
s'abattrait sur eux après trois jours de leur grand crime, par un tremblement de
terre. Dieu les a tous anéantis sauf Salih et ceux qui croyaient en lui.
La vie de Jésus, l'Envoyé de Dieu au peuple d'Israel est constituée de deux
séries de miracles. Marie la Vierge est tombée enceinte sans que Jésus ait un
père : un grand miracle. Le fait de parler alors qu'il était encore au berceau fut
un deuxième grand miracle. Et si la légende selon laquelle il transforme l'eau en
vin au mariage de "Kana Al JAlil" est authentique, ceci est aussi un miracle.
Dans le verset de la sourate (la famille d'Imran, nº49), il avait cinq miracles
dont le premier était le suivant : Quand Jésus formait avec de l'argile quelque
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L’Universalité de l’Islam
chose qui ressemblait à un oiseau, à l'intérieur duquel il soufflait, celui-ci
devenait un oiseau réel, vivant qui volait “par la permission d'Allah”(1)
expression qui s'est répétée avec ses miracles pour qu'on ne s'imagine pas qu'il
pouvait faire quelque chose avec ces miracles non pas par son propre pouvoir
mais par le pouvoir, la volonté et la permission de Dieu.
Le troisième miracle était la guérison des lépreux dont la peau était d'une
blancheur mêlée de rouge et qui étaient débarrassés de cette maladie que même
les médecins d'aujour'hui ne peuvent soigner. Jésus, avec la permission et le
pouvoir de Dieu la guérissait. Le quatrième grand miracle permettait à Jésus de
ressusciter les morts avec la permission de Dieu, c'est-à-dire en invoquant Dieu
et sa volonté. Le cinquième miracle consistait à dire à un individu parmi les fils
d'Israel ce qu'il avait mangé chez lui et ce qu'il avait conservé pour les moments
où il en aurait besoin.
Ces miracles dont Dieu a doté Jésus pour que les fils d'Israël le croient, ne
les ont pas convaincus; mais ils les ont incités à s'obstiner davantage, à tout
renier et à persister dans leur refus de son appel comme a refusé le peuple
Thamoud l'appel de Salih et son miracle de la chamelle qu'ils observaient de
leurs yeux; comme le pharaon et son peuple qui ont refusé l'appel de Moïse et
ses neuf miracles qu'ils ont pris pour la magie. Ils avaient pris aussi Moïse et
son frère Aaron pour des magiciens. Tous ces messages de Jésus, Salih et Moïse
s'appuyaient clairement sur des miracles matériels et sur la logique du sens.
A Qoreïch, les têtes de l'impiété (les grands mécréants) avaient demandé à
l'Envoyé de Dieu des miracles pareils comme cela est dit dans la sourate (le
voyage nocturne) dans les versets nº90 et 93. Ils lui avaient dit (S.B. sur lui)
"Nous ne croirons en toi que si vous nous faites jaillir une source comme
Zemzem ou si vous faites de notre terre un jardin planté de vignes et de dattiers,
où jaillit un ruisseau ou si vous faites tomber sur nous le ciel en morceaux, ou si
vous nous faites venir Dieu et les Anges ou si vous montez dans le ciel et que
vous nous fassiez tomber un Livre que nous lirons".
Dieu repète dans le Coran que s'il avait appuyé son Envoyé avec ces
miracles, -comme le demandait sa communauté-ils ne l'auraient pas cru comme
l'avait fait d'autres peuples à leurs Envoyés et ils auraient dit que c'était de la
(1) Sourate "la famille Imran" nº3, verset nº49
-45-
Le Rationalisme de l’Islam
magie ou quelque chose de pareil.-Dieu, le Très Majestueux dit dans la sourate:
"les bestiaux"(1) “même si nous avions fait descendre sur toi (Mohammed) un
livre en papier qu'ils pouvaient toucher de leurs mains, ceux qui ne croient pas
auraient certainement dit : “ce n'est que de la magie évidente’” Il dit aussi à Son
Envoyé dans la même sourate(2) “Et si Nous faisions descendre les Anges vers
eux (comme ils l'avaient proposé) et si les morts leur parlaient et si Nous
rassemblions toute chose devant eux, ils ne croiraient que si Allah veut”. C'est
pour cela que Dieu a voulu pour le dernier des Envoyés, Mohammed, que la
conviction dans son message ne repose pas sur les miracles matériels et la
logique du sens et que l'esprit et sa logique aient une bonne part dans son
message et son appel à l'Islam.
Dieu appelle des dizaines de fois dans le Coran à l'arbitrage de l'esprit et à
chaque fois, il fait de l'esprit un juge dans la foi en Lui, dans Son unicité. Il
demande aux gens que leur foi ne soit pas une fatalité sans faire intervenir
l'esprit, mais qu'elle émane de l'esprit et d'une vision clairvoyante de l'univers,
vision qui les mène à la croyance en Dieu et en Son unicité. Le Coran répète
cela des dizaines de fois si ce n'est des centaines de fois dans différentes
sourates. Nous retenons de cela, les paroles de Dieu dans la sourate (la vache)
(3)“Et votre divinité une divinité unique. Pas de Divinité à part Lui, le Tout
Miséricordieux,le Très Miséricordieux. Certes, dans la création des cieux et de
la terre, et dans l'alternance de la nuit et le jour, et dans le navire qui vogue en
mer chargé de choses profitables aux gens, et dans l'eau qu'Allah fait descendre
du ciel, par laquelle il rend la vie à la terre une fois morte et y répand des bêtes
de toute espèce dans la variation des vents, et dans les nuages soumis entre le
ciel et la terre, en tout cela il y a des signes pour un peuple qui raisonne” .
Dans le premier verset, Dieu établit Sa divinité, Son unicité et donne pour
cela des preuves cosmiques telles que la création des cieux et de la terre et ce
qu'il y a mis comme créatures. Si le mot cieux est cité au singulier comme ce
sera le cas dans le verset, cela veut dire l'atmosphère qui est au-dessus de nous.
S'il est au pluriel, comme au début du verset,cela veut dire les immenses corps
célestes et de l'avis de nombreux exégètes, ce sont les sept planètes: Vénus,
(1) Sourate "les bestiaux" nº6, verset 7
(2)Sourate "les bestiaux" nº6 verset 111
(3) Sourate "la vache ", nº1 , verset nº 163
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L’Universalité de l’Islam
Mars et leurs soeurs. Comme si c'étaient les sept étoiles fixes qui se répêtent
dans le Coran. Dieu appelle à méditer sur Sa création des cieux et les étoiles
qu'ils renferment et dont aucun défaut ne vient affecter la course. Il appelle
aussi à méditer sur la terre et les diverses créatures qu'elle renferme. Dans les
deux ensembles, terrestre et céléste se trouve logiquement ce qui prouve
l'existence d'un grand créateur de tout cela qui est Dieu. De même, la succession
du jour et de la nuit, les ténèbres la nuit pour le repos et le calme et la lumière le
jour pour le travail et pour gagner sa vie. Si les ténèbres ou la lumière duraient
longtemps, la terre et la vie de l'humanité se déséquilibreraient.
Dieu clarifie cette démonstration prouvant Son existence et Son unicité en
disant(1) “Dis : 'que diriez vous? Si Allah vous assignait la nuit en permanence
jusqu'au jour de la Résurrection, quelle autre qu'Allah pourrait vous apporter
une lumière? N'entendez vous donc pas? -Dis : que diriez vous? Si Allah vous
assignait le jour en permanence jusqu'au jour de la Résurrection, quelle divinité
autre qu'Allah pourrait vous apporter une nuit durant laquelle vous vous reposeriez? N'observez vous donc pas?” Dieu appelle à une observation rationnelle du
(2) “navire qui vogue en mer chargé de choses profitables aux gens” Il renferme
divers signes : le signe de la création de la mer où il navigue, le signe concernant le fait que Dieu fait inspirer à l'homme la construction des bâteaux qui fendent les eaux de la mer. Le signe des vents que Dieu met au service de l'homme
pour faire avancer ses bâteaux là où il veut, à droite, à gauche, au Nord, au Sud
lui transportant ses marchandises ou le transportant pour la visite ou l'invasion
d'un pays, pour le pélérinage….Dieu appelle aussi à la méditation sur l'eau qu'il
fait tomber du ciel. Il s'est attribué la chute des pluies car il en est la cause et le
principe en transformant l'eau des mers en vapeur qui s'accumule en nuages; ces
derniers se transforment en gouttes puis en pluies qui s'abat sur le sol en donnant
naissance aux fleuves et aux sources à partir desquels la terre est irriguée, après
quoi elle retrouve la vie et se couvre de végétation après avoir été stérile. Alors
les cultures poussent et donnent des grains et des récoltes.
Comme le dit Dieu dans la sourate (Yasin) (3) “Une preuve pour eux est la
terre morte à laquelle nous donnons la vie et d'où nous faisons sortir des grains
dont il mangent! ”.
(1) Sourate "Le Récit" nº28, verset nº71, 72
(2)Sourate "La Vache" nº1, verset nº164
(3) Sourate "Yasin", nº36, verset nº33
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Le Rationalisme de l’Islam
Dieu dit qu'il a répandu sur la terre des animaux aux formes, aux couleurs
et aux aspects différents, qui vont partout,dont vous tirez profil, et dont
l'observation vous fait plaisir, et que vous mangez ou que vous montez. Il dit
dans la sourate (Houd) (1) “Il n'y a point de bête sur terre dont la subsistance
n'incombe à Allah qui connait son gîte et son dépôt”.
C'est-à-dire là où elle se retire et où elle habite."Son dépôt", c'est-à-dire
l'endroit où il est enterré. Dieu appelle à méditer sur la manière dont il fait
souffler et maîtriser les vents, du souffle à l'accalmie, de la brise au tourbillon et
à la tempête; du vent chaud au vent froid, du vent sec au vent humide. Il appelle
aussi à méditer sur les nuages qui se forment de l'évaporation des eaux des mers.
Il accumule cette vapeur qui devient des nuages. Il s'en sert en les déplaçant d'un
endroit à l'autre, et en le transformant en pluie qui fait pousser les plantes et les
cultures ce qui est une grâce de Dieu pour les hommes. Dieu dit en commentant
tout ce qui précède que ce sont là des signes “pour un peuple qui raisonne”
C'est-à-dire des preuves claires de Son unicité dans le verset qui précède celui-là.
Ce système merveilleux des planètes(2) et de la terre et les principes cosmiques
qui les accompagnent comme la succession du jour et de la nuit, et l'usage par
Dieu des mers pour la navigation maritime; la chute des pluies pour fertiliser la
terre et faire pousser les plantes et les cultures ; le fait de donner la vie aux
animaux, de leur assurer la nourriture et de connaître par l'esprit leur gîte;
l'exploitation des vents, l'usage des nuages, sont autant de preuves que le
cosmos à un Dieu qui régit ses principes et ses règles. Dieu appelle les gens à
faire travailler leur raison pour méditer sur le royaume des cieux et de la terre
pour qu'ils croient avec clairvoyance que le cosmos a un Dieu qui l'a crée avec
perfection et avec des règles et des principes divins qui le maintiendront pour
l'éternité. Dieu - le Très Majestueux-dit dans la sourate "Yasin"(3) “Et une
preuve pour eux est la nuit. Nous en écorchons le jour et ils sont alors dans les
ténèbres et le soleil court vers un gîte qui lui est assigné; telle est la
détermination du tout puissant, de l'Omniscient. Et la lune, Nous lui avons
déterminé des phases jusqu'à ce qu'elle devienne comme la palme vieillie. Le
soleil ne peut rattraper la lune, ni la nuit devancer le jour; et chacun vogue dans
un orbite”.
(1) Sourate "Houd", nº11, verset nº6
(2) Selon les exégètes, les sept cieux refèrent aux planètes
(3) Sourate "Yasin" nº36, verset nº 37, 38, 40
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L’Universalité de l’Islam
Dans ces versets, Dieu expose aux gens les grandes preuves de Son pouvoir
cosmique et les règles précises régissant le système solaire: (la nuit, le jour, le
soleil, la lune). Il a commencé par la succession du jour et de la nuit que l'homme
observe matin et soir. Il dit qu'il a écorché le jour et la lumière de la nuit puis
viennent les ténèbres avec la disparition de la lumière de la journée. Ensuite arrive
la nuit. Et c'est la succession du jour et de la nuit- la nuit avec ses ténèbres, le jour
avec sa lumière.- Quand l'un apparait, l'autre disparait. Un système divin précis.
Le soleil court rapidement. “Vers son gîte ” dans l'espace et le temps. C'est à dire
là où il se couche et quand il se couche quotidiennement. On a parlé de son gîte
dans les douze zodiaques répartis sur l'année; on a parlé aussi de son gîte le jour
du jugement dernier ; mais la première idée est la plus véridique et la plus claire.
Dieu dit que c'est là une "détermination du Tout Puissant" qui suit son système,
qui a assujetti le soleil (l'astre) de l'omniscient (de la précision et de la perfection
de Son système). Il dit qu'Il a déterminé à la lune un système bien fait (précis) et
lui a conçu 28 mansions étalées sur les 12 zodiaques. la lune et le soleil tournent
avec régularité comme le dit Dieu(1) “Et pour vous; il a assujetti le soleil et la lune
à une perpétuelle révolution”. C'est-à-dire qu'ils gardent le même rythme et ne
s'arrêtent pas. La lune apparait à peine la première nuit du mois. La deuxième
nuit, elle est plus lumineuse et plus elle monte, plus sa lumière s'intensifie et la
14ème nuit du mois, c'est la pleine lune. Puis elle s'affaiblit de plus en plus jusqu'à
la fin du mois pour devenir “une palme veillie” c'est à dire une branche au
sommet du palmier d'où sortent des tiges portant les dattes. "Vieille" veut dire qui
ne donne plus de dattes c'est-à-dire qu'elle a vieilli qu'elle s'est courbée et qu'elle a
jauni et faibli ressemblant ainsi au croissant à la fin du mois.
Dieu dit que le soleil et la lune ont chacun une trajectoire et ne se cognent
pas comme le fait paraître le rapprochement de leurs mansions. le soleil ne peut
pas atteindre la lune, la rattraper pour devenir la nuit “Ni que la nuit devance le
jour” c'est-à-dire que le soleil et la lune ont chacun son orbite, sa trajectoire
qu'ils empruntent exclusivement.
Tout ce que l'homme observe: le jour, la nuit, la rotation du soleil, de la
lune ont leur propre marche; et s'il les contemple, les médite il croira en Dieu,
maître du cosmos qu'Il a créé et dont Il a conçu le système avec perfection. Dieu
(1) Sourate "Ibrahim"nº14,Verset 33
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Le Rationalisme de l’Islam
expose toujours à l'esprit de l'homme ses signes cosmiques pour qu'il croie
spirituellement que ces signes ont un Dieu qui les a créés. Il appelle souvent les
gens comme c'est le cas dans la sourate (la vache) à user de leur esprit pour
méditer sur ses signes cosmiques afin qu'ils croient en Lui avec clairvoyance et
discernement. Il reproche aux polytéistes d'avoir tardé à faire usage de leur
esprit; de ne pas l'avoir utilisé pour comprendre les signes cosmiques de Dieu et
se guider avec ces signes pour comprendre Celui qui les a créés et avoir par
conviction la foi en Lui. Des polythéistes Dieu dit: (1) “Ils ont des coeurs, mais
ne comprennent pas; ils ont des yeux, mais ne voient pas ; ils ont des oreilles
mais n'entendent pas. Ce sont comme les bestiaux, même plus égarés encore.
Tels sont les insouciants” Les coeurs sont les esprits. Dieu dit qu'ils ont des
esprits mais ils ont tardé à les utiliser et ces esprits ne perçoivent plus cequi peut
être utilitaire ou ce qui peut les guider pour leur bien. Ils ont "des yeux" qu'ils
ont tardé à utiliser et qui n'ont pas vu la création par Dieu de Ses signes
cosmiques merveilleux. Ils ont des oreilles" qu'ils ont tardé à utiliser et qui
n'ont rien entendu du Coran et du droit chemin qu'il trace.
Dieu dit qu'il sont devenus sans esprit comme des bestiaux , tels le
chameau, la vache, le mouton. “Ils sont plus égarés” que les bestiaux parce que
Dieu les a dotés d'un pouvoir qui les protège des dangers mais les autres, Dieu les
a dotés d'esprits qui leur ont voilé la clairvoyance concernant les signes cosmiques
pour se protéger du polythéisme qui mêne à l'enfer. Dieu- le Très Majestueuxaugmente le nombre de ceux qui incitent l'Envoyé de Dieu et les musulmans à se
servir de leur esprit non seulement dans la foi en Lui mais aussi dans leur appel à
l'Islam en précisant les arguments spirituels sur lesquels doit se fonder l'appel à
l'Islam.“Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle (les gens ) au sentier de
Ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon”(2) "le sentier du
Seigneur" dans le verset veut dire l'Islam. Dieu ordonne à Son Envoyé et aux
musulmans, dans leur appel aux polythéistes pour qu'ils embrassent l'Islam, de se
faire aider par trois démarches: la sagesse, le bonne exhortation, la discussion, que
Dieu a utilisées quand il a incité les polythéistes à se convertir à l'Islam. Ce que
signifie la sagesse dans le verset ce sont les preuves spirituelles telle la preuve de
l'unicité de Dieu dans la sourate "les croyants"(3)“Et il n'existe point de divinité
(1) Sourate "Al A'Arfa" nº7 , verset nº179
(2) Sourate "les abeilles" n° 16, verset n° 125
(3) Sourate "les croyants" nº23 , verset nº91
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L’Universalité de l’Islam
avec Lui, sinon, chaque divinité s'en irait avec ce qu'elle a créé, et certaines
seraient supérieures aux autres (gloire et pureté à Allah) il est Supérieur à tout
ce qu'ils décrivent.” C'est une preuve divine, spirituelle de la négation d'autres
divinités. S'il y avait avec Dieu d'autres divinités, elles auraient les mêmes
caractéristiques divines et chacune d'elles s'occuperait de ses créatures et nul
Dieu que lui n'en disposerait et ainsi elles seraient toutes capables de cette
disposition. Il y a là une insuffisance qui contredit la divinité. Ceci est une
preuve de l'unicité, une deuxième preuve dans le verset est que s'il y avait
plusieurs Dieux, chacun d'eux aurait ses créatures, essayerait d'avoir le plus
grand pouvoir et ils se battraient rudement “et certaines divinités seraient
supérieures à d’autres” Il y aurait parmi les Dieux un vainqueur et un vaincu et
il y aurait un déséquilibre du Cosmos, ce qui ne s'est jamais produit.
Le cosmos est bien ordonné et est d'une grande perfection, ce qui prouve
spirituellement l'unicité de Dieu.
La bonne exhortation que Dieu ordonne à Son Envoyé et aux musulmans,
afin qu'ils s'en servent dans leurs appels aux polythéistes à se convertir à l'Islam
revient souvent dans le Coran. Elle y occupe deux sujets importants; Le premier
concerne les événéments des Envoyés et ce que ces évènements renfermaient
comme démentis de leur peuple respectifs, comme châtiments terribles qui leur
étaient infligés au moyen de déluge, d'effondrement, de tremblement de terre et
de vociférations destructives. Les images de ces châtiments sont exposées aux
polythéistes pour les avertir de leur démenti à l'Envoyé de Dieu et pour les
exhorter à le suivre.
Le deuxième sujet concernant la foi en le Coran porte sur l'intimidation
des polythéistes qui ont démenti l'Envoyé de Dieu (S. B sur Lui) à propos du
châtiment de l'enfer où sera jeté celui qui, parmi eux, mourra en étant un apostat
ou un polythéiste. Les images de ce châtiment effrayant sont présentes dans
presque toutes les sourates.
Dieu demande à Son Envoyé et aux musulmans dans leur appel à
l'adoption de l'Islam de discuter courtoisement tant avec les polythéistes comme
dans la sourate précédente qu'avec les gens du Livre comme cela est dit dans le
Coran “Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre”. La
bonne discussion se fait avec un discours indulgent, souple et courtois à la
-51-
Le Rationalisme de l’Islam
manière de ce que Dieu a ordonné à Aaroun, et Moise quand Il les a envoyés au
Pharaon en disant : “Puis parlez lui gentiment, peut être se rappellera-t-il ou (Me)
craindra-t-il?” (1) Nous voyons Dieu rappeler quelques discussions de Son
Envoyé avec les polythéistes de la Mecque, qui étaient courtoises et quand ils
criaient il leur disait comme dans la sourate (Al Ahqaf) (2) “Il sait parfaitement ce
que vous propagez (en calomnies contre le Coran”, C'est-à-dire que Dieu sait ce
que vous êtes entrain de faire, comme par exemple , vous prétendez que le
Coran est de la magie et une calomnie de Dieu. L'Envoyé de Dieu n'était pas
violent avec eux . Dieu lui apprenait à abandonner leurs discussions méprisables
courtoisement en lui disant dans la sourate (le pélérinage) (3) “Et s'ils discutent
avec toi” c'est-à-dire une discussion méprisable “Alors dis: c'est Allah qui
connait mieux ce que vous faites”.
La bienveillance divine à l'égard de l'Envoyé de Dieu et des polythéistes de
la Mecque s'intensifie quand ils engagent avec lui une forte polémique, du fait
qu'il leur dit comme dans la sourate (Saba)(4)“C'est nous ou bien vous qui êtes sur
une bonne voie ou dans un égarement manifeste”, c'est l'extrême bienveillance
divine. En fait Dieu apprend à Son Envoyé à dire aux polythéistes : ‘Nous ne
pouvons pas être ensemble sur le bon chemin ou dans l'égarement’ mais il faut
que l'un d'entre nous soit sur le bon chemin et l'autre dans l'égarement.
C'est dans ce sens que Dieu a appelé Son Envoyé et les musulmans à se
servir de leur esprit dans leur appel à embrasser l'Islam par le biais de la
discussion souple et courtoise et de l'exhortation influente par des arguments
théoriques et des preuves rationnelles convaincantes. Dieu appelle tout le
monde à croire en Lui en faisant intervenir la raison et en méditant sur les
principes et signes divins cosmiques en suivant le bon chemin et en croyant en
Dieu le Créateur du cosmos. Dieu a fait de l'esprit l'arbitre de la foi en Lui, de
la conversion à l'Islam et Il en a fait l'arbitre de la religion musulmane : Il dit à
Son Envoyé (6) : “Nous avons fait descendre vers toi le Livre avec la vérité
pour que tu juges entre les gens, selon ce que Allah t'a apppris”.
(1) Sourate "L'araignée" nº29 , verset nº46
(2) Sourate "Taha" nº 20, verset 44
(3) Sourate "Al Ahsaf", nº 46, verset 8
(4) Sourate "Le pélérinage" nº22, Verset 68
(5) Sourate "Saba" nº34,verset 24
(6) Sourate "les Femmes" nº4 verset nº105
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L’Universalité de l’Islam
Le discours de l'Envoyé de Dieu inclut le discours de sa communauté
comme cela existe dans beaucoup de versets révélés. Dieu dit à Son Envoyé et
aux musulmans qu'il a fait descendre le Coran à Son Envoyé pour que vous
jugiez les disputes entre les gens avec équité en étant guidés par la raison.
L'Imam Chafii et d'autres savants en religion, considèrent que ce verset du
Coran est une preuve de la légitimité de l'exégèse rationnelle de l'Envoyé de
Dieu et des musulmans dans tout ce qui concerne la religion et ont considéré
cette exégèse comme le quatrième principe de la "charia" après le Coran, la
Sounna, l'unanimité de la communauté musulmane.
Ce qui montre clairement l'exégèse rationnelle dans la "Charia" existe
depuis que l'Envoyé de Dieu était en vie, c'est le propos de Mo'ad Bnou Jabal,
lorsque l'Envoyé de Dieu a tenu ce propos avec lui avant de l’envoyer au Yamen:
Il lui a demandé: "Avec quels moyens tu vas juger"? Mo’ad Bnou Jabal lui a
répondu -"Au moyen du Livre de Dieu"-Et si tu ne trouves pas ? "Je jugerai
par la tradition du Prophète"- Et si tu ne trouves pas ? - Il a répondu. "J'utiliserai
ma raison, sans négligence ". L'Envoyé de Dieu a répondu : Louange à Dieu qui
a accordé le succès à l'envoyé du Messager de Dieu, pour ce qui satisfait
l'Envoyé de Dieu.
Après la mort du Messager de Dieu, les Khalifes ont continué leur exégèse
à propos de ce qui leur était exposé ou de toutes les questions délicates. L'un
des problèmes les plus sérieux est celui qui a été exposé au Khalife Abou Bakr
Es-Seddik, au début de son Khilafat et qui concerne le refus de beaucoup
d'arabes de s'acquitter de la "Zakat". Il les a considérés comme des mécréants et
demanda devant les compagnons du Messager de Dieu de les combattre. Les
compagnons ont eu horreur de cela et le kalife Omar aussi; celui-ci dit à Abou
Bakr: "comment combattre les gens alors que l'Envoyé de Dieu (S.B. sur Lui)
dit?: "J'ai été ordonné de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils disent: "il n'y a de
divinité hormis Dieu". S'ils le disent, leur sang et leurs biens sont à l'abri sauf
en cas de droit." Abou Bakr dit "n'a-t-il pas dit : "sauf en cas de droit". Il est de
leur droit de faire la prière et de s'acquitter de l'aumône légale et par Dieu s'ils
me refusent un chameau qu'ils donnaient à l'Envoyé de Dieu, je leur déclarerai
la guerre pour cela ; et si je suis lâché par tout le monde, je leur déclarerai la
guerre moi même." Omar et les compagnons le suivirent. Il a combattu les
mécréants qui ont refusé l'aumône légale et les ramena à l'Islam : cet énorme
bienfait d'Aboubakr a ramené à la péninsule arabique son unité islamique et l'a
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Le Rationalisme de l’Islam
poussé à conqurir la Syrie l'Irak et l'Iran. Omar Ibn Al Khattab lui a succédé.
C'était le calife le plus exégète dans la "Charia". Citons parmi ses exégèses : une
année de forte sécheresse et de disette qui a sévi dans la péninsule arabique
pendant son kilafat. La famine s'est répandue dans la région. On a suspendu
d'appliquer les jugements de la Charia relatifs à l'amputation des mains des
voleurs conformément au Coran qui dit (1) “Les voleurs et les voleuses à tous
deux coupez la main, en punition de ce qu'ils se sont acquis et comme châtiment
de la part d'Allah. Allah est puissant et sage” parce qu'il a considéré le voleur à
ce moment, comme contraint de voler pour subvenir à ses besoins alimentaires,
la suspension provisoire du jugement par la "Chaira" est une exégèse très
importante.
Dieu a destiné les recettes (sadaqâts) à huit bénéficiaires comme cela est
dit dans le verset de la sourate (le désaveu)(2) “Les sadaqâts ne sont destinées
qu’aux pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les coeurs sont à
gagner (à l'Islam), l'affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement
endettés, dans le sentier d'Allah et pour le voyageur (en détresse) c'est un décret
d'Allah ! Allah est savant et sage” Les pauvres et les indigents sont connus.
Ceux qui y travaillent "sont les agents des impôts qui collectent les "sadaqâts";
"Les coeurs à gagner" sont des familles arabes nouvellement converties et
bénéficiant comme tels des "sadaqâts". Lorsque l'Envoyé de Dieu a partagé le
butin de la bataille de "Honain", il a donné aux " coeurs à gagner" de qoreîch
cent têtes de chameaux chacun et aux autres gens y compris les qoreîchites
moins de la centaine. Parmi ceux qui en ont bénéficié, Al Akraa Ibn Habis
Tamimi, O’yïna Ibn Hissan Al Fizazi. Ces deux derniers sont allés chez Abou
Bakr lui demander leur part de la "sadaqât" ; il leur a remis une lettre pour
Omar Ibn Khattab son conseiller, pour les satisfaire; celui-ci leur a dit : Dieu a
honoré l'Islam et se passe de vous. Si vous revenez à l'Islam, c'est tant mieux,
sinon, c'est la guerre entre nous. Omar a alors interdit à ce clan parmi les
"coeurs à gagner" tout ce qu'ils prenaient de la sadaqât et les a traités comme les
autres musulmans. Abou Bakr Es-seddik approuva le travail de Omar et depuis,
cette recette de la "sadaqât" a été annulée définitivement, comme a été annulée
la recette pour "l'affranchissement des jougs". Ce fut la fin de l'esclavage dans
le monde. La recette du Jihad a été maintenue comme a été maintenue la recette
(1) Sourate "la Table servie" nº5, verset nº38
(2) Sourate "le désaveu " ou le repentir" nº9 , verset nº60
-54-
L’Universalité de l’Islam
pour les "lourdements endettés" pour les aider tout comme la recette des
voyageurs démunis, c'est-à-dire le voyageur qui traverse un pays et ne
disposant pas de moyens pour faire son voyage. Omar a fait une exégèse à
propos de deux dispositions citées dans le Coran comme il a fait une exégèse à
propos du mariage de jouissance, c'est-à-dire un mariage contracté par les deux
époux pour une période déterminée d'un commun accord. Ce mariage a été
permis au début de l’Islam. Les interprétations portant sur la tolérance et
l'interdiction de ce mariage par l'Envoyé de Dieu, se sont contredites. mais du
temps de Omar, il l'a interdit catégoriquement.
Ces trois exégèses de Omar montrent l'étendue de l'exégèse depuis les
débuts de l'Islam. Les compagnons se sont répartis lors des conquêtes sur les
pays musulmans et nombreux étaient parmi eux des exégètes qui émettaient des
avis à caractère religieux aux musulmans à propos d'incidents, des malentendus,
de comportements, et de problèmes relatifs à la religion et à la foi . L'exégèse a
connu un développement et un élargissement concernant l'émission d'opinion,
de jugement en rapport avec d'autres disciplines liées à la religion et ainsi se
sont formées les Ecoles et les doctrines (ou sectes) religieuses connues : l'Ecole
Hanafite, l'Ecole malékite, Chafite et hanbalite. Ces doctrines ou sectes se sont
développées en recrutant chacune des exégètes rendus célèbres à travers les
siècles et les pays musulmans, par la réflexion, la raison dans la création de loi
l'émission de décisions émanant des constantes et des règles de la religion qui
sont le Coran et le hadith .
L'exégèse a connu un épanouissement jusqu'au 9ème siècle de l'hégire.
Après , c'est l'imitation qui a commencé à se répandre à l'époque des Othomans
et même après les othomans jusqu'à l'arrivée de Cheik Mohamed Abdou à la fin
du siècle dernier , la "Charia" a réintégré l'exégèse qui a retrouvé un dynamisme
et une vitalité chez les grands savants en religion .
Comme la raison dans la Charia a ouvert les portes devant les savants qui
étaient des maîtres éminents favorables à l'exégèse et à la déduction pertinente à
propos de ce qui se produit, ce qui arrive aux gens dans le domaine de la
religion , cette raison dans la "Charia" a fermé hermétiquement les portes
devant toutes les affabulations et les croyances des arabes anciens à propos de
leur divinités et leurs idôles.
-55-
Le Rationalisme de l’Islam
A propos de la magie qui dit des juifs dans la sourate (la Vache)(1) “Et ils
suivirent ce que les diables racontent du règne de Solayman. Alors que
Solayman n'a jamais été mécréant mais bien les diables : ils enseignent aux gens
la magie” Le magicien est un mécréant et d'après ce verset, l'Envoyé de Dieu
(S.B.sur Lui) dit: "le châtiment du magicien c'est de le battre avec une épée". Ce
que l'on veut dire par "magicien" c'est celui qui simule de faire du mal aux gens
prétendant qu'il a des rapports avec les âmes des étoiles ou les âmes des diables.
L'Envoyé de Dieu nous a appris que la superstition (le mauvais augure) ou le
pessimisme survenant quand l'oiseau se dirige vers la gauche, et non vers la
droite, c'est du polythéisme.
De même, un jet de pierre accompagné de balbutiements fait penser à celui
qui écoute qu'il réalise ses voeux comme font les bohémiennes (les sorcières) en
frappant sur les coquilles. Il en est de même pour ce que fait le voyant,
c'est-à-dire le devin qui prétend connaître, à partir des astres ou étoiles la vie
des gens, ce qui relève de l'inconnaissable que seul Dieu connait. C'est aussi le
cas du devin qui prétend qu'il a un diable domestique qui l'informe des
événements ou des incidents qui vont survenir et des secrets que les coeurs
cachent. Lors de la période anté-islamique, il y avait beaucoup de devins qui
faisaient de la mise en scène devant ceux qui leur exposaient des problèmes, en
débitant une prose inintélligible prétendant que les diables leur apportent cela
d'une force supérieure. Il existe beaucoup de légendes et d'affabulations relatées
par ces conteurs de la période anté-islamique sur ces devins. Tout cela n'est que
mensonges : l'Envoyé de Dieu dit : "celui qui va chez un voyant ou un devin a
mécru à propos de tout ce qui est descendu sur Mohammed". C'est-à-dire le
Coran qui repose sur la raison et les arguments rationnels justes.
L'Islam a fait de la raison un arbitre dans la foi en Dieu par le biais de la
méditation sur les principes cosmiques. il a fait de la raison aussi, la base de
l'appel à l'Islam avec ses trois démarches: les arguments rationnels, l'exhortation
et la bonne discussion comme il a fait de lui la base constante de la "Charia" par
le biais de l'exégèse. Dieu et son envoyé ont élevé l'esprit de l'homme en
refusant la fable, la magie et la prédiction. Dieu et Son Envoyé ont, sans aucun
doute bâti la "Charia" pour l'humanité sur un très grand édifice rationnel.
(1) Sourate "la vache" nº1, verset nº 102
-56-
CHAPITRE VI
L'Islam embrasse la Science
L'Islam a embrassé la science dans le premier des versets révélés du
Coran. Dieu s'est adressé à Son Envoyé en disant: (1) “Lis, au nom de ton
Seigneur qui a créé, qui a créé l'homme d'une adhérence. Lis, ton Seigneur est le
Très Noble, qui a enseigné par la plume, a enseigné à l'homme ce qu'il ne savait
pas”. L'enseignement avec la plume est inconditionné et n’est pas limité par une
catégorie de sciences dont Dieu a comblé l'humanité. Il est évident que certaines
sciences sont perçues par l'information franche; d'autres sont saisies par les
sens, d'autres encore par l'affectivitié et d'autres par l'esprit au moyen de
l'expérience, de la déduction. Pour honorer la science Dieu a juré par la plume
et par ce qui est écrit dans le domaine de la science et du savoir, en disant dans
la sourate (La plume)(2) “Par la plume et ce qu'ils écrivent "”. Il a dit à Son
Envoyé d'être humble devant Lui pour qu'il accroisse ses connaissances comme
il est dit dans un verset de la sourate (Tâ-Hâ)(3)“Et dis : ‘Ô mon Seigneur,
accrois mes connaissances!” Dieu a comblé d'honneur les savants puisqu'il les
considère comme les égaux des Anges dans "l'attestation" de Son unicité
comme cela est dit dans le verset de la sourate :(La famille d'Imran)(4) “Allah
atteste et aussi les Anges et les doués de science qu'il n'y a point de divinité à
part Lui”. Ce qu’élève la science c'est qu'il y a dans le dialogue entre Dieu-le
Très Majestieux- et Ses Anges au début de la sourate (La vache) (5) lorsqu'il
a désigné Adam vicaire "Khalifa" sur la terre Les Anges Lui ont dit: “Vas-tu y
désigner un qui y mettra le désordre et répandre le sang, quand nous sommes là
à Te sanctifier et à Te glorigier?” Celui qui sème le désordre et répand le sang
ne peut pas construire (l'habitat) mais nous, nous avons, avant lui le droit d'être
"Khalifa". Dieu leur dit :“Je sais ce que vous ne savez pas”, ce dont vous n'avez
pas été informés.
(1) Sourate "L'adhérence " nº96 verset 1,2,3,4,5
(2) Sourate "La plumle" nº68 verset nº1,
(3) Sourate "TâHâ" nº20 verset nº 114
(4) Sourate "La famille d'Imran" nº3 verset nº18
(5) Sourate "La vache" nº 1, verset , nº30
-57-
L’Islam embrasse la Science
Et Il apprit à Adam tous les noms (de toutes choses)”.(1) Soit par
l'apprentissage soit par l'inspiration, soit en lui mettant dans la tête un savoir à tel
point que s'il lui est demandé le nom de quelque chose, il lui donne un nom sur le
coup. Dieu a présenté aux Anges la désignation des noms et leur a dit : (2) “
Informez-moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques!” Les Anges ont été
frappés d'incapacité. Dieu dit alors à Adam :“Ô Adam, Informe-les de ces
noms”. Adam les en informa. Dieu leur a dit :“Prosternez-vous devant Adam!”
Prosternation de gloire “Ils se prosternèrent”- Il y a là, anoblissement de la
science qui n'est égale à aucun autre anoblissement - Car en donnant l'ordre aux
Anges-créatures divines qui glorifient toujours Dieu par les louanges- de se
prosterner devant Adam, il a placé la connaissance des noms par Adam au
dessus de la glorification des Anges et de leur adoration pour Lui. Ceci est une
vénération inégalable de la science. L'Envoyé de Dieu a répété dans ses Hadiths
que la science est au-dessus de la piété et que le savant est plus haut que le
dévot. L'un de ses hadiths connus : "Le mérite du savant sur le dévot est comme
le mérite de la lune sur tous les astres". Il a souvent inspiré le désir d'apprendre
la science et il a dit qu'apprendre la science est un devoir pour chaque
musulman et que les Anges tendent leurs ailes à tout demandeur de science. Un
homme de la tribu Morad est venu le voir à la mosquée et lui a dit : "O Envoyé
de Dieu! je suis venu apprendre la science." Il lui a répondu : "Que le
demandeur de la science soit le bienvenu! Celui qui apprend la science est
entouré d'Anges qui le couvrent d'ombre avec leurs ailes" Et comme il a placé
les savants au-dessus des dévots, ils les a placés au-dessus des martyrs pour la
cause de Dieu : Les savants ont un dégré de mérite sur les martyrs".
Le Saint Coran a répandu chez les musulmans l’esprit de la science. Ce qui
est à remarquer c'est qu'il a modifié le sens de termes qu'ils connaissaient et qui
ont eu des sens nouveaux. Ces termes forment une terminologie dans la religion
tels que l'Islam, la foi, l'idolâtrie, le polythéisme. Le mot "Coran" a pour
origine son radical : comme le mot "absolution". Dieu a désigné avec ce mot
tous les versets du Coran qu'il a fait descendre sur Son Envoyé , c'est-à-dire les
paroles de Dieu pendant 23 années, qui ont été consignées dans le Coran. Le
mot "Islam" dont le sens littéral est la soumission, l'obéissance. Dieu a désigné
par ce mot la religion comme dans ce qu'il dit : “aujourd'hui, j'ai parachevé pour
(1) Sourate "la vache nº1 verset nº31
(2) Sourate "La vache nº1, verset 31
-58-
L’Universalité de l’Islam
vous, votre religion, accompli sur vous Mon bienfait. Et j'agrée l'Islam comme
religion pour vous”(1). Le mot "foi" a pour dérivé "Aman" c'est-à-dire la
Sécurité (contraire de la peur). Le Coran lui attribue ainsi qu'à ses dérivés
"Tasdike, c'est-à-dire l'assentiment de l'unicité de Dieu, de Son Envoyé et de La
"Charia". Le mot "Kofr" l'apostasie a pour sens littéral la couverture, le
vêtement. Le Coran lui attribue ainsi qu'à ses dérivés le sens d'adoration
d'autres divinités que Dieu -Le mot "Shirk" ou le polythéisme a pour sens
littéral la participation à tout . Le Coran lui attribue ainsi qu'à ses dérivés le sens
de ce que le mécréant croit en une divination partagée avec Dieu comme l'a dit
Lokman à son fils(2)“O mon fils, ne donne pas d'associé à Allah car l'association
à (Allah) est vraiment une injustice énorme”.
La terminologie coranique peut ne pas avoir un sens littéral, et être conçue
directement comme le terme "nifak" ou l'hypocrisie qui signifie dissimulation
l'apostasie et exhiber l'Islam. Les philologues disent que les arabes de la période
antéislamique n'ont pas utilisé ce terme, ni dans les verbes ni dans les noms et
on ne relève dans leur poésie ni "nafaka" ni "munafik" (ni verbe, ni nom) tel que
nous lisons souvent dans le Saint Coran. Les philologues disent que le terme
"Nafaka" vient de la période anté-islamique, qui veut dire le terrier de la
gerboise qui y cachait une sortie autre que la sortie principale. Quand elle est
attaquée par la sortie principale, elle emprunte cette issue. C'est comme si le
Coran avait utilisé à partir du nom de ce terrier le mot "nifak" ou l'hypocrisie.
Car l'hypocrite qui proclame son appartenance à l'Islam y entre par une porte et
en soit en dissimulant son polythéisme par une autre porte. Comme le terme
"nifak" que le Coran a inventé, nous relevons le terme "fasik" ou débauché et
ses dérivés. Ibn Al Arabi dit que le sens littéral de ce mot n'existe pas, qu'il n'a
pas entendu ce mot dans les écrits et la poésie de la période anté- islamique ce
qui prouve que le Coran l'a utilisé pour signifier l'insoumission à Dieu.
L'exégèse du Coran est née et se développe rapidement en application de
ce que Dieu dit à Son Envoyé (3) “Et vers toi Nous avons fait descendre le
Coran pour que tu exposes clairement aux gens ce qu'on a fait descendre pour
eux”. L'Envoyé de Dieu expliquait à ses compagnons le contenu des versets du
Coran comme principes sur le plan impératif et prohibitif. Ainsi l'Envoyé du
Dieu est considéré comme le 1er exégète du Coran.
(1) Sourate "la table servie" nº107 verset n°3
(2) Sourate "Lougman nº 31, verset nº13
(3) Sourate "les abeilles" nº16 , verset n°44
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L’Islam embrasse la Science
D'après Ibn Massoud -que Dieu l'agrée- "Quand l'un d'entre nous
(c'est-à-dire les compagnons de l'Envoyé de Dieu apprenait dix versets du
Coran,à peine il les dépassait qu'il en connaissait le sens et les appliquait. Après
la mort de l'Envoyé de Dieu, les compagnons ont continué cette oeuvre en
expliquant aux musulmans le Coran, en suivant sa voie et selon ce qu'ils
entendaient de lui. Assiouti dit dans son ouvrage [Al Itkan] qu'il a pu rassembler
plus de dix mille Hadiths constituant l'exégèse du prophète (S.B. sur lui) et des
compagnons dans un ouvrage intitulé "Interprétation du Coran". qu'il a
synthétisé dans un autre ouvrage appelé "Addor al Manthour Fi Tafsir Bil
Maethour"
La Sounna ou le Hadith Acharif est née et s'est vite développée. Le Coran
parlait des principes de la "Charia" globalement et sans détails. l'Envoyé de
Dieu (S.B. sur lui) a développé, précisé et expliqué ces principes. Le Coran n'a
pas donné les détails de la prière ni de la "Zakat" ou (l'aumône)- qui sont les uns
des piliers les plus importants de l'Islam. Il s'est contenté de ce que Dieu dit “Et
s’acquittez de la prière et de l'impôt”. C'est le Hadith qui a clarifié les règles de
la prière qui commence par le "K'iam", "la Nia", le "takbir" et la lecture de la
Fatiha ou le prologue et ce qui suit comme Aroko'e", puis la prosternation, avec
le "tasbih", le Salut du milieu dans les prières autres que celle du matin,et la
"Rak'a après le Salut du milieu dans la prière du "Magrib", le coucher du soleil.
Deux "Rak'at dans le reste des prières et le salut final. L'Envoyé de Dieu a
préconisé aussi le moment des prières qui sont au nombre de cinq. Le Coran
précise ce qu'il faut accomplir avant la prière comme ablutions et leurs règles.
De même la "Zakat" ou l'impôt est signalé globalement dans le Coran. C'est
l'Envoyé de Dieu qui a précisé sa quantité obligatoire pour tout musulman
annuellement sur l'argent, les grains, les bestiaux, les chameaux, quelqu'en
soient la quantité ou le nombre de têtes. Derrière les éclaircissements par
l'Envoyé de Dieu des obligations de la "Charia", il y a des centaines de hadiths
plutôt des milliers avec leurs subdivisions qui la complètent. Dieu ordonne
souvent aux musulmans , dans le Coran, de s'en tenir à ce que leur dit l'Envoyé
de Dieu, de l'appliquer en suivant ses ordres et en s'abstenant de ce qui est
prohibé - Dieu le Très Majestueux- dit dans la sourate "l'exode" (1) “Prenez ce
que le messager vous donne et ce qu'il vous interdit abstenez-vous-en”.
(1) Sourate "L'exode nº59 , verset 7
-60-
L’Universalité de l’Islam
L'Envoyé de Dieu a appelé ses hadiths, la "Sounna". C'est-à-dire sa conduite et
celle de ses compagnons. Il a dit entre autre: "Maintenez ma Sounna et
mordez-la avec les molaires". C'est-à- dire attachez-vous à la sounna. D'après
Ibn Abbas, l'Envoyé de Dieu a dit: "Que Dieu soit miséricordieux a mes
“Kholafa” ou les continuateurs de l'interprétation de la “sounna”. Nous avons
dit : "O Envoyé de Dieu! Qui sont tes "Kolafa"? Il a dit : "ceux qui récitent
mes hadiths et qui les apprennent aux gens". Il recommandait aux délégations
de les apprendre à leurs communautés. Les compagnons ont veillé sur la
"Sounna", l'ont récitée et étudiée et ainsi elle a été transmise aux générations
suivantes. La "Sounna" a été, depuis qu'elle a été édictée par lui , une science
qui a Sa Sainteté.
Depuis l'époque de l'Envoyé de Dieu, est née une 3ème science, le "Fikh" ou
la théologie musulmane qui traite des principes divins dans les actes (ou actions)
des charges des obligations, des "Nah'i" ou prohibition, l'"nadb", l' "Ibaha" ou le
licite". Cette science renferme toutes les pratiques religieuses, les transactions, les
actes, l'héritage et ses régles. La nouvelle terminologie que Dieu et Son Envoyé
ont créée et dont ils ont enrichit le "Fikh" ou la théologie musulmane est très
abondante. Arrêtons-nous devant la terminologie concernant les pratiques
religieuses ou "Al 'Ibadat" c'est-à-dire : la prière, 'la "Zakat", Le Jeûne et le
pélèrinage. L'origine du sens littéral du mot "Salat" ou prière c'est "addouae"; le
Coran en fait un concept terminologique pour la dévotion ou la pratique religieuse
de base connue dans l'Islam. La prière est devancée par les ablutions qui signifient
"se laver" et la "Charia" lui attribue les sens de " se laver" et "s'essuyer des parties
spécifiques du Corps. Les ablutions sont suivies de "Al Kiam", le "Takabir", le
"Rokoe" et le Soujoud" ou prosternation. Le sens litteral de "Rokoe" c'est
l'inclination. Dans la prière le Coran lui attribue le sens de l'inclination avec un
rituel spécifique en exaltant Dieu. L'origine du sens littéral du "Soujoud" ou
prosternation "Tadaloul" ou abaissement. Le Coran lui attribue le sens de la mise
du prieur de son front et des ses mains sur le sol avec un rituel spécifique en
exaltant Dieu en cas de manque d'eau pour faire les ablutions pour la prière, on
peut faire le "taïamum" ou ablutions sèches. Le sens littéral de "ablutions sèches",
le "Qasd" ou l'intention, le Coran lui donne le sens de s'essuyer le visage et les
mains après les avoir passés sur une partie de la terre pure. Le sens littéral de la
"Zakat" c'est l'accroissement. Le Coran lui donne le sens d'une quote-part en
argent ou en nature que la "Charia" oblige à donner aux pauvres et autres avec
des conditions particulières. La "Sadaka" citée dans le Coran est en rapport avec
-61-
L’Islam embrasse la Science
la "Zakat". Elle est dérivée de la "Sada'ka" ou l'amitié; C'est comme si Dieu-le
Très Puissant-voulait avec cette appellation, qu'elle consolide l'amitié, (la
bienveillance) entre les musulmans par leur générosité, en donnant la "Zakat"
aux pauvres et aux indigents. Le sens littéral du [Siam] ou jeûne c'est le "imsak"
ou abstinence. Le Coran lui accorde le sens de l'abstinence de manger, de boire,
des relations sexuelles de l'aube au coucher du soleil. Le sens littéral du "Hij"
ou pèlerinage c'est le "Qasd" ou l'intention. Le Coran lui donne le sens de se
diriger vers "Baït al Haram" ou Sainte mosquée en des mois précis pour
accomplir les rites particuliers. Il est noté dans le Coran que la "Tamatou’a" ou
jouissance du petit pèlerinage ou “Omra” avant le grand pèlerinage. Comme le
dit Dieu dans le Sourate (la Vache) (1) “Quiconque a joui d'une vie normale
après avoir fait l'Umra en attendant le pèlerinage”. La "Oumra" ou petit
pelerinage au sens littéral c'est la visite, le Coran lui attribue le sens du "rite"
renfermant la procession (autour de la "Ka'ba") et le "Saaï" entre "Safa" et
"Marwa", l'exaltation de Dieu, "Tasbih" et "Ihram" n'ont pas de date précise
dans l'année. Le "Tamattoua" au sens litteral veut dire le bénéfice, le profit ; le
Coran lui accorde le sens de "l'ihram" du "haj" ou pèlerin par la "omra" ou petit
pelerinage. Quand le pèlerin l'accomplit, il peut jouir de tout ce dont il jouissait
avant le petit pèlerinage jusqu'à son Ihram pour le pèlerinage. Le Coran
renferme quelques règles du pèlerinage tels que le "Tawaf" ou procession, le "
saie" entre "Safa et " marwa", le "nafr" ou départ en groupe de Arafat à
Mozdalifa , ou l'Ifada" .
Nous nous contentons de ces concepts terminologiques qui se comptent
dans la "fikh" ou "théologie musulmane" par dizaines.
Nous voyons Dieu -le Très Puissant- inciter les musulmans à se lancer avec
l'Envoyé de Dieu, dans le Jihad ou guerre Sainte contre les ennemis de l'Islam .
Dans la sourate "Le désaveu" Dieu incite les musulmans à s'avancer vers l'Envoyé
de Dieu pour qu'il leur apprenne l'exégèse du Coran, la Sounna , les principes de la
"Charia" et ses prohibitions et pour les faire apprendre à leur tour à leurs tribus et à
leurs communautés. Dieu - le Très Haut-, dit(2) “Et les croyants n'ont pas à quitter
tous leurs foyers. Pourquoi, de chaque clan quelques hommes ne viendraient-ils
pas s'instruire dans la religion, pour pouvoir à leur tour avertir leur peuple afin
qu'ils soient sur leur garde?”. Il y a là une mobilisation divine énorme visant à
apprendre la "Charia" et ses sciences et à la diffuser dans la "ouma".
(1) Sourate "la vache" nº1 verset , 196
(2) Sourate "le desaveu ou le repenter" nu9 verset nº122
-62-
L’Universalité de l’Islam
Effectivement les musulmans ont répondu à l'appel de Dieu et la ville de
Médine est devenue une grande cité des sciences qui a préparé un vaste
mouvement scientifique dont l'Envoyé de Dieu était le professeur, le grand
savant de la ouma et son grand exégète du Coran et dont les élèves étaient ses
compagnons.
Ils est connu que la "Charia" dans le Coran et la "Sounna" s'élargit
considérablement et ne s'arrête pas aux dévotions, mais elle porte sur tous les
aspects de la vie de l'humanité, lui créant des lois sur l'organisation de la
famille, la piété filiale, le mariage, les bonnes relations entre les conjoints, la
"idda" de l'épouse divorcée, sa pension pendant la "idda", la pension du
nourrisson, les parts des héritiers,le commerce et les transactions commerciales,
l'agriculture et sa mise en valeur, les dettes et leur enregistrement, le
témoignage, les dépôts en garantie, l'assurance , les recettes de la "zakat" et la
"sadaqât" l'interdiction du vol, l'assassinat, la "Riba" ou intérêt au taux excessif,
l'adultère, le vin, le jeu de hasard, les règles de la guerre et du Jihad , les droits
des combattants et les conventions, l'organisation du pourvoir sur la base de la
consultation et la délibération (ou Achoura) de la justice avec des principes
moraux importants.
De ce qui précède, il est clair que non seulement l'Islam embrasse la
science, mais il s'unit avec elle, formant ainsi trois sciences; l'exégèse, le
"Hadith" ou Sounna" et le "Fiqh". A côté de ces sciences, le Coran exalte les
sciences naturelles, l'astronomie, les mathématiques, la médecine. Dieu met en
valeur les premières sciences plusieurs fois et gratifie l'homme en lui aplatissant
la terre et en lui créant des montagnes pour que celles-ci ne le fassent pas
chanceler, des cours d'eau et des sources qu'il alimente par des pluies pour que
les hommes s'y abreuvent et les utilisent dans l'agriculture qui produit les grains
et les arbres qui produisent des fruits comme le raisin, les dattes, les olives et
d'autres fruits de toute sorte. Il a répandu les animaux sur la terre et a permis
asservissement du chameau, du cheval,des bestiaux par l'homme; l'utilisation de
la mer par l'homme et tous les bateaux qui y naviguent pour son commerce et
pour l'intérêt qu'il en retire; le vol des oiseaux de toutes les couleurs dans le ciel.
Tous les espaces naturels sont cités dans le Coran. La terre avec ses montagnes,
la mer, les oiseaux, la végétation, le monde des arbres et des plantes, le monde
des animaux et des bêtes, le monde des reptiles comme les serpents et les
insectes. Si nous considérons les sciences astronomiques et mathématiques,
-63-
L’Islam embrasse la Science
nous remarquons que Dieu parle souvent de "borouj" ou zodiaque ou
constellation. "Borj" veut dire d'un côté la forteresse, la tour. De l'autre côté
"borj" veut dire : zodiaque, constellation d'étoiles ou mansion. Ces
constellations, une fois reliées entre elles par des fils, donneraient l'image d'un
animal. Le soleil dans sa course, passe chaque mois par une mansion, si bien
que dans l'année il passe par 12 mansions dont les 3 premières forment le
zodiaque de l'hiver, ce sont: capricorne, verseau et le poisson. les 3 autres
constituent le zodaique du printemps. Ce sont le bélier, le taureau et les
gémeaux. Le zodiaque d'été est formé du : cancer, le lion, et la vièrge. Le
zodiaque d'automne formé de: la balance, le scorpion , le Sagittaire . Dieu l'a
signalé en disant :“Par le ciel aux constellations” pour prouver Sa grande
puissance. Il dit dans la sourate (Jonas)(1) “C'est lui qui a fait du soleil une
clarté,et de la lune une lumière, et il en a déterminé des phases afin que vous
sachiez le nombre des années et le calcul (du temps)”. "Ad'iae" ou Clarté : forte
lumière. "Les phases de la lune" sont les mansions de la lune ou les positions
de la lune dans lesquelles elle apparait chacune des nuits du mois, formant ainsi
28 constellations ou positions réparties sur les mansions du soleil : les noms de
ces 28 mansions sont citées dans les ouvrages des savants en astronomie :
Dieu dit dans la sourate "Les bestiaux"(2) “Le soleil et la lune pour mesurer
le temps” c'est-à-dire que Dieu les a considérés comme des mansions pour que
l'on sache les horaires, les jours, les nuits, les mois, les années, pour que vous
sachiez comment organiser votre vie, vos problèmes, vos transactions et ce que
vous attendez de l'histoire, ce qui est un principe de la vie et de la civilisation.
Le Coran fait mention de la médecine, ce qui a permis à de nombreux
séminaires de médecine de se tenir pour montrer ce que le Coran renferme
comme signes et miracles dans la médecine. Certains de ces aspects sont
précisés dans la sourate(3) (Les Croyants) l'une des étapes de la création du
foetus dans le ventre de la mère; Dieu dit au début du verset que l'homme est
créé “d'un extrait d'argile” en signalant ainsi qu'il a créé Adam de l'argile, puis il
expose les étapes par lesquelles passe la foetus quand il est créé, en disant
“Puis nous en fimes une goutte de sperme, dans un reposoir solide. Ensuite nous
(1) Sourate "Jonas" nº10 verset 5 , p. 208 .
(2) Sourate "les bestiaux nº6 verset 96 p.140
(3) Sourate " les Croyants nº23, versets 12,13, p.342
-64-
L’Universalité de l’Islam
avons fait du sperme une adhérence” c'est à dire du sang coagulé “et de
l'adhérence nous avons crée un embryon” c'est-à-dire un morceau de viande
“Puis de cet embryon nous avons créé des os et Nous avons revêtu les os de
chair; Ensuite Nous l'avons transformé en une tout autre création” Nous y avons
soufflé l'âme, ceci est un miracle médical divin dans le Coran où sont conçues
les différentes étapes du foetus jusqu'à ce qu'il devienne un être vivant. Tout ce
que j'ai signalé à propos des louanges du Coran pour les sciences naturelles,
l'astronomie, la médecine et son union avec les sciences au niveau de la
théologie, tout ceci a rempli les coeurs des musulmans de l'envie d'apprendre les
sciences dans toutes leur diversité, et après la mort de l'Envoyé de Dieu, les
musulmans se sont mis à étudier les sciences religieuses: l'exégèse du Coran, le
hadith, le "fikh", puis ils ont essayé de comprendre, après les conquêtes de
l'Islam, ce que les peuples arabisés possédaient comme sciences; la Chimie,
l'astronomie, les mathématiques, la médecine. Ceci a donné lieu à une intense
activité de traduction de ces sciences et d'autres domaines similaires a celle que
nous avons vue dans le cadre de la cohabitation intellectuelle et du rationalisme
de l'Islam, que les musulmans ont assimilés. On a commencé à créer la
grammaire, la philosophie pour répondre aux besoins accrus des peuples
arabisés qui voulaient connaître les règles de la conjugaison et la fonction des
mots .
L'enseignement a connu un grand essor au niveau de l'apprentissage des
sciences religieuses, des sciences de la langue et des sciences étrangères au
monde musulman. Ceci a amené la communauté musulmane à devenir le guide
du monde sur le plan des sciences, de la civilisation pendant six siècles,
jusqu'au VIII siècle de l'hégire (XIV siècle de l'ère chrétienne).
Dieu a fait, à juste titre, de la communauté musulmane, une communauté
des sciences et de l'apprentissage. Les jeunes apprenants commençaient par
apprendre dans les écoles coraniques, l'écriture, la lecture, quelques sourates du
Coran, un peu de calcul, la grammaire, quelques poèmes et proverbes. On
apprenait aux jeunes filles le Coran et surtout la sourate "La lumière". A cette
époque l'enseignement/ apprentissage ne ressemblait pas à celui que nous
connaissons aujourd'hui. l'apprentissage dans les écoles coraniques tenait lieu de
l'enseignement dans le primaire et le collège d'aujourd'hui. D'habitude, les
jeunes enfants apprenaient le Coran. Les mosquées étaient de grands espaces
où on apprenait les sciences. Celui qui voulait continuer ses études, participait
-65-
L’Islam embrasse la Science
aux "séminaires" animés par les Oulemas et les savants. Ces cours
ressemblaient aux établissements supérieurs et n'étaient pas seulement des lieux
du culte mais c'étaient des établissements de sciences et des savants y animaient
des cercles dans tous les domaines.
Le savant se faisait entourer de ses étudiants. Il s'appuyait contre une
colonne de la mosquée ou sur une chaise élevée et dictait ses cours. Quand
l'auditoire était nombreux, il se faisait répéter ce qu'il dictait pour s'assurer que
les plus loin l'entendaient. Les cercles des oulémas connaissaient plus
d'audience car la maîtrise des sciences religieuses "Al Fikh" préparait à des
fonctions de contrôle des prix, du contrôle des marchés, et à des fonctions de
sécurité, de justice et d'administration parfois. Aucune condition n'était exigée
par assister aux conférences données par les savants sauf le désir d'y assister.
Ceci a permis deux choses : La première c'est qu'il y avait un grand nombre de
savant spécialisés dans les différentes sciences à tel point qu'on rapporte que
Nadhr Ibn Chomaïl, l'élève d'Al Khalil Ibn Ahmed, qui voulait quitter Al
Bassora en Irak pour aller à Khorassan, a été salué à son départ par trois mille
savants qui étaient des Oulemas des grammairiens, des philologues etc, sans
compter un grand nombre d'absents. Si Al Bassora comptait un grand nombre
de savants, Bagdad en comptait plus du double.
La deuxième chose concerne la constitution d'une équipe de savants et
d'hommes de lettres qui ont diversifié leurs connaissances d'une manière très
large. Ils ne se sont pas contentés de participer à un seul cercle, mais ils allaient
à tous les cercles ou à un plus grand nombre pour profiter des différents savoirs,
ressemblant ainsi aux journalistes d'aujourd'hui qui peuvent discuter de tous les
savoirs et de toutes formes de culture. Al Jahidh a surnommé ces équipes de
savants, dans sa ville Al Bassaora, "Al Masjidyines". Il dit : "Ils avaient des
cercles réservés, dans les mosquées où ils discutaient et polémiquaient surtout à
propos ce qu'on leur exposait. "Al Jahidh rapporte dans son ouvrage "Les
Avares" des éléments de leurs discussions et d'achats à propos des économies
sur les provisions, les investissements. Ils avaient beaucoup d'audience et de
succès dans les cercles des kalifes, des Ministres et des nobles pour les propos
et les discussions interessants qu'ils leurs présentaient.
Ce qui a permis de raviver le mouvement des idées et le développement
des sciences à l'époque des Abassides, ce sont les séminaires qui se tenaient
dans les mosquées, les palais des califes, des ministres et des dignitaires de
-66-
L’Universalité de l’Islam
peuple. Les jeunes fréquentaient les mosquées pour assister aux séminaires
aminés par les savants en religion, les philologues, les théologiens pour apprendre
la discussions (et la controverse) et comment on devient vainqueur. Yahia Ibn
Khalil Al Barmaqui, Ministre de Haroun Arrachid, avait un cercle où se
rencontraient les théologiens musulmans et d'autres représentant des différentes
croyances pour débattre de nombreux problèmes d'ordre philosophique ou
théologique . El Messaoudi a rapporté une conversation paisible qui a eu lieu dans
ce cercle et qui a eu pour objet l'amour et son essence. Le Kalife Al Mamoun
animait un cercle qui était un grand espace de débats et rencontres. Il avait une
grande culture en sciences religieuses, en philologie, en philosophie et d'autres
sciences. Ses cercles au palais du Calife à Bagdad se sont transformés en
séminaires à vocation scientifique qui abordaient toutes les branches du savoir.
Taïfor dit dans son ouvrage : "Bagdad était le lieu de nombreux séminaires où on
débattait de sujets très variés. El Messaoudi dit aussi que ces séminaires organisés
par Al Mamoun avaient appris aux gens à avoir des points de vue, à les échanger,
et à faire de la recherche. Des séminaristes ont écrit des ouvrages approuvant les
démarches et les doctrines qu'Al Mamoune avait défendues et au sujet desquelles
il avait engagé des discussions. Les débats et les séminaires devenaient très
fréquents dans les cercles des théologiens. Dans le chapitre sur le rationnalisme de
l'Islam, nous avons évoqué la fréquence des cercles animés par les théologiens à
Bassora et Bagdad et qui regroupaient des représentants de toutes les religions et
croyances. De nombreux ouvrages de l'époque abbasside portaient des titres avec
le terme "reponse" ou réfutation ou, comme si les séminaires et les controverses
avaient été l'expression de la pensée de cette époque. Il arrivait souvent à Al
Jahidh d'écrire un essai où il faisait les éloges de quelque chose, d'un groupe puis
il revenait sur son entreprise pour les attaquer. L'un de ses ouvrages s'intitule : "les
avantages et les inconvénients", qui est un gros document renfermant des écrits
sur le monde, les vertus, sur le tempérament, le caractère, leurs qualités et leurs
défauts à travers de petits contes et de petites histoires où se mélaient les cultures
arabe, persane, hindoue et grecque.
L'une des raisons qui ont amené la renaissance scientifique islamique à
atteindre son apogée attendue depuis le dernier quart du 2ème siècle de l'hégire
(8ème siècle de l'ère chrétienne) et plusieurs siècles après c'est que Al Fadhle
Ibn Yahia Al Barmaqui, ministre de Haroune Ar-Rachide, avait créé à Bagdad
une usine de papier. Les gens ont abandonné l'écriture sur les peaux et le papier
-67-
L’Islam embrasse la Science
obtenu à partir du papyrus, fabriqué en Egypte, pour écrire sur du papier fin de
bonne qualité et à bon marché. Ceci donna lieu à la publication de nombreux
ouvrages, à l'existence de nombreux scribes, papeteries et au développement du
commerce du papier et du livre. Les lieux où était implanté ce commerce ont
connu beaucoup d'animation et les jeunes et les savants fréquentaient beaucoup
ces endroits, non seulement pour acheter mais aussi pour lire la nuit les
nouvelles publications, pour louer ou pour en recopier des parties, des idées ou
des chapitres. Ceci a contribué à l'épanouissement de la pensée scientifique
islamique puisque les ouvrages étaient à la portée des jeunes et étalés devant
eux facilitant mieux pour eux l'accès au savoir que la présence aux séminaires.
Rapidement, les librairies et les bibliothèques générales et privées se
développèrent. Ar-rachide a créé une grande bibliothèque qu'il a nommée "Dar
Al Hikma" et où il a recruté un grand nombre de traducteurs comme nous
l'avons signalé dans le chapitre "le rationalisme de l'Islam". Al Mamoun de
son côté a accordé à cette bibliothèque un grand intérêt. Yahia Ibn Khalid al
Barmaqui a de son côté une grande bibliothèque. On dit que tout ouvrage
existant dans cette bibliothèque était en triple exemplaires. Les savants à leur
tour se mirent à créer leurs propres bibliothèques. On dit aussi que la
bibliothèque d'Al Wakidi, l'historien renfermait six cents coffres remplis de
livres. Il avait ainsi 2 scribes "mamlouk" ou esclaves qui passaient tout le temps
à écrire.
Les intellectuels nobles et génèreux se sont mis à construire des
bibliothèques et les ont ouvertes au public . Ali Ibn Yahia al Monaj'im
contemporain d'Al Moutaoukil, a construit un palais qu'il a aménagé en très
grande bibliothèque que fréquentaient les gens venus de toute part et où ils
séjournaient pour pouvoir lire et apprendre. Toutes les villes du monde
musulman ont connu le même mouvement et en particulier les bibliothèques des
mosquées qui restaient ouvertes tout le temps et à tout le monde qui voulait lire.
C'est ainsi que l'on trouvait de grandes bibliothèques dans tous les pays
musulmans. En Egypte par exemple la bibliothèque "Al Aziz le fatimide, a été
très réputée et l'on dit qu'elle renfermait 200.000 ouvrages. En Andalousie, à
Courdoue, c'est la librairie "al Hakam Al Mostansir l'omeyade qui fut la plus
connue. Ce calife avait des libraires dans tous les pays musulmans qui lui
procuraient des ouvrages dans toutes les sciences. On dit que sa librairie
-68-
L’Universalité de l’Islam
comptait 44 répertoires, chacun totalisant de 40 à 60 pages. Depuis la fin du
2ème siècle de l'hégire et les siècles que ont suivi, le nombre de librairies s'est
accru dans tous les pays musulmans au point que des nombreux marchés du
livre ont été créés.
Les musulmans se sont intéressés à la lecture des ouvrages et à
l'apprentissage des sciences depuis le début de l'Islam, intéret qu'aucun peuple
n'a connu, grâce au Coran et à la Sounna qui ont incité les musulmans à
l'apprentissage au point que la communauté musulmane devint le peuple de la
science. Tout le monde fut épis de la science et nombreux furent ceux qui
voulaient s'en emparer et nombreux furent ceux qui, dès le 3ème siècle de
l'hégire, se mirent à écrire des ouvrages comme Al Jahidh qui a écrit de
nombreux chefs d'oeuvre et de très nombreux essais pouvant former une grande
librairie. Mohamed Ibn Jarir At-Tabari l'auteur des grands ouvrages At-tafsir ou
l'exégèse et l'Histoire ne laissait pas passer un seul jour sans écrire plusieurs
pages comme si c'était pour lui un devoir vis-à-vis de la société. L'un de ses
élèves est allé jusqu'à recenser le nombre de pages qu'il a écrit et le nombre
d'ouvrages qu'il a publiés. Son élève rapporte qu'il a passé quarante ans à écrire
à raison de 40 feuilles par jours. Un autre a compté le nombre de feuilles qu'il a
écrit, qu'il a divisé par le nombre de jours qu'il a vécu depuis sa naissance
jusqu'à sa mort et a trouvé une moyenne de 14 feuilles. Il n'est donc pas
étonnant que Mohammed Ibn Zakaria Arrazi, son contemporain, décédé en 320
de l'hégire, ait écrit, selon Al Bayrouni, cinquante six ouvrages sur la médecine,
quarante quatre sur les sciences naturelles, dix ouvrages sur les mathématiques,
dix-sept sur la philosophie, huit sur la logique, et vingt trois sur la Chimie. L'un
de ses ouvrages les plus importants "Al hawi" est une encyclopédie médicale. Il
a écrit aussi un ouvrage sur la médecine "spirituelle". Son confrère en
Andalousie , Az-Zahraoui a écrit une grande encyclopédie en 30 tomes. Ibn
Sina a lui aussi écrit des centaines d'ouvrages et d'essais. Son ouvrage la "loi en
médecine", avec l'encyclopédie d'Az-zahraoui et l'ouvrage d'Ar-razi faisaient
l'objet d'enseignement dans les universités européennes du 18ème au 19ème
siècle. Dans les domaines de la philologie et de la théologie on dénombre des
centaines d'ouvrages et des encyclopédies volumineuses. Citons à titre
d'exemple, le dictionnaire "Lisan Al Arabe" en 20 tomes très volumineux.
Notons chez les arabes un phénomène important en rapport avec les
sciences depuis leur naissance. Les sciences n'étaient pas l'apanage d'une classe
déterminée mais elles interessaient toutes les classes sociales. Elles étaient
-69-
L’Islam embrasse la Science
constamment enseignées dans les cercles animés par les Cheikhs" dans les
mosquées où a commencé la création des bibliothèques. Depuis la fin du
deuxième siècle de l'hégire des bibliothèques générales commencent à voir le
jour dans les pays musulmans et commencent aussi à se développer avec elles
les librairies et les papeteries. L'enseignement/apprentissage n'éxigeait pas de
dépenses. -Sa gratuité était garantie à tout le monde. Les milieux populaires
avaient toutes les chances d'y accéder; la preuve c'est que si l'on revient à la
biographie des savants et des hommes de Lettres, poètes ou écrivains, on
remarquera qu'un grand nombre parmi eux était issu de la classe populaire. Leur
surnom traduit cela : le forgeron, le négociant en soierie, le marchand d'étoffes,
l'archer, le marchand de parfum, le brodeur. Parmi les théologiens nous
trouvons aussi, Ahmed Tamar le vendeur de dattes", Chouaïb Al Qallal, Abou
Nouas a grandi chez un parfumeur. Abou El Atahia a grandi en vendant la
poterie qu'il colportait dans les rues de Coufa. Al Jahidh a grandi aussi en
vendant le pain et le poisson le long de petits cours d'eau à Bassora. Nous
disposons de textes montrant que les gens du peuple avaient toutes les chances
d'accéder à la culture et qu'aucun obstacle ne se dressait devant eux pour cela.
Ils fréquentaient les mosquées, les bibliothèques et librairies à la recherche de
l'instruction et de la culture. Ceci est illustré par les propos d'Al jahidh qui dit :
"J'ai demandé à quelques parfumeurs parmi les "Mau'tazilites" comme si les
parfumeurs avaient été a cette époque divisé en groupes séparés, les uns
appartenant aux Mau'tazilites les autres à d'autres rites. Leur cas rassemblait à
celui d'autres commerçants et artisans qui soutenaient tel rite ou tel autre, tel
savant ou théologien ou tel autre. Chaque penseur ou chaque maître avait ses
partisans parmi les intellectuels et parmi les gens du peuple.
Les arguments que j'ai signalés montrent comment les sciences et les
savoirs se sont profondément répandus dans les milieux populaires. L'un des
exemples qui le montrent c'est l'existence d'une association Chi'ite Ismaïlite qui
appelait le peuple à adhérer à sa secte ismaïlite ch'iite extrémiste. Elle a pensé
faire cet appel d'une manière implicite dans des essais philosophiques et
scientifiques. Elle a catégorisé 52 essais dans toutes les composantes de la
philosophie théorique et scientifique et les a appelés : "essais des frères Assafa"
dont les auteurs ont gardé l'anonymat et les ont diffusés dans les libraires. On y
relève 124 essais sur les mathématiques et la logique, dix sept sur les sciences
naturelles et la psychologie, dix sur la métaphysique et la théologie, onze sur le
-70-
L’Universalité de l’Islam
soufisme (ou mysticisme ), l'astrologie et la magie. Ces essais renferment des
idées et des pensées Chi'ites Ismaïlites éparpillées dans leurs replis dans le but
d'asseoir la pensée Ismaïlite. Il est important de rappeler que les frères, As-safa
ont pensé dans leur appel au soutien de leur secte ismaïlite parmi les gens du
peuple qu'il fallait insinuer cet appel dans les essais philosophiques et
scientifiques. Celà montre que la culture philosophique et scientifique étaient
répandues dans tous les milieux, et a permis à une association Ismaïlite secrète
de recourir à un procédé pour répandre sa pensée chi’ite parmi les gens. On peut
imaginer ainsi que toute la communauté de Bagdad avait une certaine culture
philosophique et scientifique. Ce qui illustre cela: c'est l'histoire du loquace
barbier dans les mille et une nuit, qui dit à un jeune de Bagdad: "Dieu t'a
accordé une faveur avec un barbier, astrologue, chimiste, sémiologue,
grammairien, philologue, sémanticien, rhétoricien, spécialiste en logique, en
calcul, en astronomie, en géométrie, en sciences religieurses, en Hadiths,en
exégèse.
Tout ce qui a été dit jusqu'ici au sujet de l'Islam qui embrasse les sciences
ne dépasse pas les quatre premiers siècles de l'hégire, au moment où en Europe,
les apprenants étaient très peu nombreux. Les livres n'existaient chez les
européens que dans les monastères, alors que dans les pays musulmans on les
trouvait dans les mosquées, les bibliothèques et les librairies. La construction
des écoles a commencé dès le quatrième siècle de l'hégire. Ce sont les
dignitaires qui les construisaient puisqu'ils se considéraient comme les
protecteurs des sciences . Nidham Al Moulk, ministre seljoukide s'est mis à
créer des écoles ressemblant à des universités partout en Irak et en Iran. On y
enseignait toutes sortes de sciences et on y construisait des logements pour les
enseignants et les étudiants qui bénéficiaient tous d'un salaire. Ces écoles se
sont multipliées dans tous les pays arabes où naissaient des compétitions entre
les professeurs et les savants, et où une certaine unité sur le plan scientifique
commençait à voir le jour. De grandes mosquées commençent à être créées dans
le monde musulman et se transforment en universités où on enseignait les
sciences religieuses et la philologie par de grands spécialistes; exemple,
l'université Al Karaouyine à Fès, l'université Oqba à Keiraouane, Azzaitouna à
Tunis, l'Université Al Amaoui à Damas, Al Azhar au Caire où l'hébergement et
la nourriture étaient assurés aux étudiants venus de tous les pays musulmans,
jusqu'à nos jours. Cette renaissance scientifique universelle au cours de laquelle
-71-
L’Islam embrasse la Science
les musulmans ont été les maîtres de monde entier pendant six siècles leur a
permis d'atteindre l'apogée dans toutes les sciences, qu'il s'agisse des sciences
religieuses , de la philologie ou des sciences venues des civilisations lointaines
comme la chimie, les sciences naturelles, les mathématiques, l'astronomie, la
médecine, la géométrie. Ils ont crée la philosophie islamique où ils ont
emprunté à la spiritualité de l'Islam et à la philosophie grecque. Vite et à travers
toutes les époques, des philosophes célèbres ont pu briller. Tout cela est dû au
Coran et au Hadith qui ont répandu et enraciné dans les coeurs des musulmans
une passion qui n'a pas d'égal pour les sciences , à tel point que ceci est devenu
une composante intégrale de leur religion.
L'Europe a pu se réveiller de sa torpeur au onzième siècle de l'ère
chrétienne en observant cette remarquable renaissance scientifique musulmane.
Un grand nombre de jeunes européens qui voulaient en savoir plus sont venus
s'installer dans les villes de l'Andalousie pour apprendre la langue arabe, se
cultiver dans les différentes sciences en suivant les cours des grands savants. Ils
se sont mis ensuite à traduire les grands ouvrages
scientifiques et
philosophiques en latin qui étaient leur langue scientifique. Addomyili dit dans
son ouvrage intitulé "Les sciences chez les Arabes et leur impact sur l'évolution
des sciences universelles": "Tous les ouvrages des grands savants arabes ont été
traduits en latin au onzième et douzième siècle de l'ère chretienne". Ils ont
étudié ces ouvrages , en ont assimilé les idées et les ont intégrées. Ces ouvrages
leur ont éclairé la voie qui les a conduits à la renaissance scientifique moderne.
Il est naturel, puisque le Coran et le Hadith appellent la communauté,
hommes et femmes à l'apprentissage, que les femmes jouent un rôle important
dans le mouvement scientifique islamique, depuis l'époque des compagnons du
prophète. Leur professeur, à elles toutes et à travers les époques, était Aïcha,
mère des croyants, que Dieu l'agrée, et épouse de l'Envoyé de Dieu qui a dit
d'elle: "Prenez la science de cette rougeaude. Elle a rapporté de l'Envoyé de
Dieu plus de 2000 (deux mille) Hadiths dont une grande partie porte sur les
dispositions législatives sur lesquelles les savants en sciences religieuses ont
compté comme ils ont compté sur des Hadiths rapportés par d'autres épouses de
l'Envoyé de Dieu et d'autres compagnons parmi les femmes. L'on sait que Omar
Ibn Al Khatab s'est fait aider lors de son Khilafat d'un campagnon femme parmi
les "mouhajirats" ou émigrées Quoreïchites, qu'il a nommée contrôleur dans le
marché de Medine. Il s'agit de Chifae bent Abdellah qui contrôlait les prix et
prononçait des jugements en cas de litiges concernant les transactions. Après les
-72-
L’Universalité de l’Islam
conquêtes de l'Islam, l'enseignement/apprentissage des femmes musulmanes
s'élargissait et portait sur l'apprentissage de quelques sourates du Coran,
quelques Hadiths, quelques dispositions du "Fikh" concernant la pratique des
préceptes de la religion. Lorsque au 2ème siècle de l'hégire, le 8ème de l'ère
chretienne, le mouvement scientifique islamique, a commencé à se développer,
les femmes ont commencé à fréquenter les cercles des causeurs, des
théologiens et des savants en religion puis des femmes sont devenues des
savantes et animatrices de cercles dont certaines ont connu la célèbrité dans les
différents pays musulmans pour les cours sur le "Hadith" qu'elles donnaient.
L'une de ces premières femmes, en Egypte, était Noufissa bent El Hosine ben
Zaïd ben Hassan Ibn Ali Ibn Abi Talib , décédée en 208 de l'hégire. Elle dictait
le Hadith aux égyptiens et égyptiennes dans sa mosquée à El Fostate. Al Imam
Ach-chafi'i l'initiateur du rite portant son nom était l'un de ceux qui assistaient
à ses cours et l'écoutaient dicter le hadith. Dans tous les pays musulmans,des
femmes expliquant et dictant le hadith, psalmodiant et expliquant le Coran,
théologiennes de l'islam sont devenues célèbres. Al Fassi réserve dans son
ouvrage : "Al Ik'd Athamine Fitarikh Al Balad Al Amine", c'est-à-dire la Mecque,
à ces femmes qui expliquaient dictaient et animaient dans l'enceinte de la Mecque,
une partie du tome 8 de ce livre où il a précisé la biographie de dizaines de
femmes savantes et théologiennes issues des femmes mécquoises ou séjournant à
la Mecque et qui ont enseigné le Hadith à de nombreux élèves devenus à leur tour
d'éminents savants. L'une de ces célèbres savantes était la servante de la mère du
Calife Al Moqtadir, appelée Thomal. Elle s'est assise en 302 de l'hégire pour juger
une affaire opposant 2 individus, en se faisant entourer des juges et de savants. Il
y avait des divergences de points de vue entre les savants de l'Islam au sujet de
l'exercice des fonctions de juge par une femme. L'Imam Attabari l'un des plus
éminents exegètes de Coran à son époque a admis qu'une femme puisse être juge.
cette "fetwa"(1) prouve l'approfondissement et la maîtrise du "Fik'h" et des
sciences religieuses (la Charia) réalisés par les femmes. Et depuis le 2ème siècle
de l'hégire (8ème siècle de l'ère chrétienne) un grand nombre de femmes se
vouent à l'ascétisme et à la dévotion. La plus connue d'entre elles était
l'égyptienne Rabea El Adaouya, la mystique. Elle a écrit sur l'adoration de Dieu et
le mysticisme, dénué de matière et de tous les sens, de très beaux poèmes. Elle
est considérée, à juste titres, comme l'un des fondateurs du soufisme musulman.
(1) Opinion ou interprétation légale juridique
-73-
L’Islam embrasse la Science
Elles sont nombreuses dans les pays musulmans, celles qui ont approfondi
leur connaissances dans les différentes sciences. Dans le tome 8 de l'ouvrage
"Ad-Dhaïl Wa takmila" d'Abdelmalik Al Marrakouchi on relève un long index
concernant les femmes savantes en Andalousie et dans le Maghreb. Elles étaient
réparties sur les résidences des gouvernants en Andalousie et dans les pays du
Maghreb, celles des ministres et des savants et sur l'ensemble des peuples
andalous et du Maghreb. Certaines d'entre elles enseignaient les "sept lectures",
la lecture "warch l'égyptien", l'exegèse, le "Hadith", le "fikh", la langue arabe, la
prosodie, les ouvrages sur la littérature comme "Kitab Al Kamil d'Al Mabrid",
l'ouvrage Al Amali d'Abi Ali Al K'ali D'autres femmes savantes répandaient le
rite Al Ach'ari parmi les femmes de leur propre cité. Depuis le 5ème siècle de
l'hégire (le 11ème siècle de l'ère chrétienne), des femmes médecins andalouses
sont devenues célèbres et ont enseigné la médecine à des maghrébines. D'autres
femmes musulmanes ont connu la célèbrité à travers les siècles, pour leur
mysticisme et leur dévotion. Ibn Arabi le soufiste dit que c'est sa femme
Myriam qui l'a encouragé à devenir mystique en observant sa piété (sa femme)
et en écoutant ses exhortations. Une autre femme célèbre aussi, appelée Nouna
Fatima était une mystique de Cordoue et dont Ibn Arabi était pendant deux
années l'élève et le disciple. Une autre soufiste tunisienne appelée Aïcha Al
Manoubia était l'une des élèves d'Abi Hassan Chadli maître de la secte soufiste.
Elle était surnommée "Lalla" et a en Tunisie une "Zaouia" (ou Marabout).
Toutes ces femmes mystiques ont des "zaouia" ou des mosquées éparpillées
dans tous les pays musulmans, comme la mosquée Zaïneb au Caire. Au
Soudan, la femme a participé à l'extension du soufisme dans le pays . Elle
participait aussi au cercle sur la pensée et les chants soufistes. Souvent elle se
mettait à déclamer debout, les hommes formant 2 rangées face à face
psalmodiant le Coran et écoutant respectueusement ses déclamations. Au
Maghreb et en Mauritanie ce sont les femmes qui avaient à charge
l'enseignement préscolaire et élémentaire. Elles apprenaient aux petites filles et
aux petits garçons , jusqu'à l'âge de 12 ans , la lecture et l'écriture, leur faisaient
apprendre quelques sourates du Coran, le calcul et quelques notions
indispensables en sciences.
Avec ces liens intimes entre l'Islam et la science , que le Coran et la
Sounna ont consolidés et qui ont transformé le monde musulman en monde de
la science et de la lumière, nous voyons certains de nos intellectuels lire ce qui
-74-
L’Universalité de l’Islam
s'est passé en occident au seizième et dix septième siècle de l'ère chrétienne, à
propos du refus par l'Eglise des sciences occidentales récentes, à propos de son
opposition aux savants occidentaux et de la guerre violente qu'elle leur a
déclarée, comme il l'avait fait au savant italien Galilio (1564-1642), astronome
et mathématicien quand il a déclaré que la terre est ronde et qu'elle tourne
autour du soleil. Elle a demandé son jugement et l'a même torturé, au point qu'il
a été obligé de renoncer à ses idées. Lorsque les intellectuels musulmans avaient
lu tout cela sur l'Eglise chretienne pendant les deux siècles précités, ils avaient
pensé que quelque chose de similaire s'était produit entre l'Islam et la science.
C'est une erreur monumentale puisque cela ne s'est jamais produit. L'Islam et la
science se sont toujours embrassés, ce qui a poussé les musulmans hommes et
femmes à se passionner pour les sciences à toutes les époques du passé et à être
les artisans de la renaissance scientifique dont nous avons parlé et qui a conduit
le monde pendant six siècles de suite. Comme nous l'avons souvent dit, la
religion musulmane que Dieu a choisie pour rendre l'humanité heureuse dans ce
monde ici-bas et dans l'au-delà, n'est pas venue pour constituer en totalité ou en
partie un obstacle à l'assimilation de la science par les musulmans. Nous l'avons
vue plutôt placer la science comme nous l'avons signalé- au rang supérieur à la
glorification de Dieu par les Anges, pour inciter fortement les musulmans à se
passionner pour la science. De la même manière, l'Envoyé de Dieu les a poussés
à cette passion en disant - comme nous l'avons vu- que les Anges déploient
leurs ailes à celui qui demande à apprendre la science pour le transporter
comme il veut. Cette incitation, des musulmans, par Dieu et Son Envoyé, pour
qu'ils aillent apprendre la science, les a mis dans la situation d'en demander plus
chaque fois qu'ils en reçoivent un peu. Ils ont dans un premier temps, voulu
apprendre les sciences religieuses, puis par la suite, la philologie et les autres
sciences venues de l'étranger comme la médecine et autres. L'Islam n'embrasse
sans doute pas, seulement ce que les musulmans savaient de la science et de ses
différentes branches, mais il embrasse aussi les sciences qu'ils apprendront dans
l'avenir. L'Islam et la science forment un doublet ou sont des frères.
Je n'ai pas cité tous les savants musulmans éminents dans toutes les
sciences car même les documents volumineux ne peuvent pas les cerner tous.
Mais j'écris ici un aperçu sur l'Islam et la science et j'ai précisé comment l’Islam
a ravivé le tison de la science chez les musulmans et comment ce tison a flambé
au point où toute la terre musulmane s'est illuminée s'est éclairée de sciences
-75-
L’Islam embrasse la Science
religieuses, de sciences sur la langue, des sciences naturelles, de la chimie, des
mathématiques, de la médecine. Je n'ai pas cité non plus tous les ouvrages, les
encyclopédies et d'autres oeuvres remarquables écrits par les savants
musulmans qui se sont affermis à travers les temps. Ils sont tellement nombreux
dans toutes les branches de la science qu'il est difficile de les énumérer. Il suffit
de rapporter que nous avons hérité du patrimoine scientifique musulman des
milliers de volumes dans toutes les sciences qui font notre fierté et dont les
auteurs sont aussi notre fierté.
-76-
CHAPITRE VII
La Justice
L'un des sens littéraires de la justice c'est la normalisation l'ajustement de
deux choses. On dit "A'dala" ou émettre un jugement équitable, c'est
normaliser, ajuster égaliser. Dieu dit dans la sourate (les bestiaux) (1) “Pourtant
les mécréants donnent des égaux à leur Seigneur!” C'est-à- dire qu'ils rendent
égaux Dieu et leurs idôles. Le Coran a utilisé le vocable "A'dl" c'est-à-dire
justice dans ce sens littéral au sens d'atténuer modérer, l'exagération, l'abus qui
est le dépassement des limites en parlant ou en faisant quelque chose. Le "tafrit"
c'est ne pas atteindre les limites par négligence, par paresse, par manquement.
Dieu rappelle dans le Coran qu'il a créé le cosmos et toutes ses créatures avec
équité. parfois il le dit en utilisant le terme lui même comme dans la Sourate les
bestiaux"(2) “Et la parole de ton Seigneur s'est accomplie en toute vérité et
équité”. Parfois aussi il le dit en employant le terme" justice" comme dans la
sourate "Al A'raf"(3) “"Dis : “Mon Seigneur a commandé l'équité’” en utilisant
le terme "vérité comme dans la sourate "la Fumée"(4) “Ce n'est pas par
divertissement que Nous avons créé les cieux et la terre et ce qui est entre eux .
Nous ne les avons créés qu'en toute vérité”. C'est-à-dire avec une équité totale
dans leur composition et dans la manière avec laquelle ils sont organisés et
maintenus; manière qui maintient les cieux et tout ce qu'ils contiennent
comme le brouillard, les astres, les étoiles, qui maintient la terre et tout ce
qu'elle renferme comme les êtres humains, les montagnes, les océans, les mers
et les cours d'eau, les plantes, les cultures et les arbres: L'équité est symbolisée
par Dieu dans le Coran avec la balance. Il dit qu'il en a fait le fondement de
l'organisation du Cosmos dans la totalité. Il dit dans la sourate (le Très
Miséricordieux) (5) “il a établi la balance , afin que vous ne transgressiez pas
dans la pesée : Donnez toujours le poids exact et ne faussez pas la pesée.” Dieu
dit qu'il a établi la balance " c'est-à-dire qu'il a conçu la justice et qu'il en a fait
(1) Sourate "les bestiaux" nº6 verset nº1
(2) Sourate "les bestiaux" nº 6 verset nº115
(3) Sourate "Al A'raf" nº 7 verset nº29 , 39
(4) Sourate "la fumée" nº 44 verset nº38
(5) Sourate "le Trés Miséricordieux" nº 55 verset nº7, 8,9
-77-
La Justice
une loi générale parmi Ses créatures et dans l'existence, qu'il l'a liée à toutes les
"Charaïe" ou lois religieuses. Il dit dans la sourate "La consultation"(1) “C'est
Allah qui a fait descendre le Livre avec vérité ainsi que la balance”. Le Livre ici
ce sont les Livres révélés comme il dit dans la sourate "Le fer" (2) “Nous avons
effectivement envoyé Nos messagers avec des preuves évidentes et fait
descendre avec eux le Livre et la balance “Dieux-le Tout Majestueux, dit qu'il a
fait descendre avec les "Charaïe" des Envoyés (ou lois religieuses) qui éclairent
les gens et les guident là où ils ont le bonheur ici-bas et dans l'au-delà , la
balance, c'est-à-dire l'équité sans quoi la vie de l'Islam ici-bas et sur le plan de la
religion, ne sert à rien. L'un des exégètes dit que le sens de la balance dans la
sourate "le fer", veut dire la balance réelle. Sur ce, l'Imam Al Ghazali a dit:
"Penses-tu que la balance attachée au Livre dans le verset c'est la balance
servant à peser le froment, l'orge , l'or et l'argent ? ou est-ce que tu imagines que
c'est la bascule, la pesette? Que ce calcul est loin de la réalité ! Que cette
calomnie est terrible! Crains Dieu et n'abuse pas dans l'interprétation. Sache
que cette balance, c'est la balance pour savoir ce qu'est Dieu, ce que sont les
Anges, Ses Livres, Ses Envoyés, Sa Royauté, Son Royaume des cieux, pour que
tu apprennes comment distinguer Dieu de ses prophètes. "Al Ghazali ne parle
pas de la "connaissance" ou du "savoir" tel quel, mais il parle du produit de
l'équité en toute chose, ce que ne possède le musulman,que s'il connait
entièrement la religion avec ce qu'elle ordonne et ce qu'elle interdit. A ce
moment là, il n'agira qu'avec équité au moyen de flambeaux éclaireurs de la
religion.
Dieu dit dans la sourate "le Très Miséricordieux" “Afin que vous ne
transgressiez pas dans la pesée.” C'est à dire ne dépassez pas les bornes et ne
démolissez pas la balance de Dieu ”Donnez toujours le poids exact”, c'est à
dire pesez et mesurez avec équité en vendant et en achetant - Dieu répète dans
le Coran aux musulmans qu'ils doivent combler les mesures et le poids jusqu'à
ce que le vendeur s'acquitte de on dû sans la moindre retenue et l'acheteur
prenne on droit sans la moindre largesse, comme le dit Dieu dans la sourate
"Les bestiaux"(3)“Et donnez la juste mesure et le bon poids en toute justice”.
Dieu termine les versets sur la balance dans la sourate :" le Très
Miséricordieux" en disant : “ne faussez pas la balance”. Certains exégètes
(1) Sourate "la consultation" nº 42 verset nº17
(2) Sourate "le fer" nº 57 verset nº25
-78-
L’Universalité de l’Islam
interprétent le terme "balance" dans le verset comme étant l'instrument réel qui
sert à peser. La formule conseille de ne pas manquer à l'équité à laquelle les
musulmans doivent tenir comme le veut Dieu. D'autres exégètes disent que la
balance dans ce verset est la balance de l'équité divine pesant le jour du
jugement dernier, les actes élogieux et les actes blâmables et repréhensibles des
gens. Dieu le très Majestueux-dit à ce propos dans la sourate (les prophètes)(1)
“Au jour de la résurrection, Nous placerons les balances exactes. Nulle âme ne
sera lésée en rien, fût ce du poids d'un grain de moutarde que Nous ferons venir.
Nous suffisons largement pour dresser les comptes.” les balances ici sont les
exemples de l'équité dans la sanction et la récompense du jour de la
résurrection. La "moutarde" ce sont des grains ressemblant au sésame. Les
balances dans les versets poussent le musulman à rechercher dans tous ses
agissements et ses affaires, l'équité sans laquelle la vie des peuples ne peut être
normale.
Dieu ordonne d'être équitable dans la sourate (les abeilles). le premier
devoir du musulman à l'égard de l'équité c'est d'être équitable vis-à-vis de lui
même. Il ne doit pas s'exposer à des dommages, ou à la mort mais il doit se
protéger contre les maladies, sinon il est injuste, inéquitable à l'égard de
lui-même. Comme il doit être équitable envers Dieu en reconnaissant Son
unicité, en croyant en sa "Charia", en accomplissant les prescriptions divines et
les obligations de la religion et en s'abstenant des prohibitions. Il doit être aussi
équitable envers sa famille. Il répond aux voeux exprimés par son épouse et à
tous ses droits. S'il est marié à plus d'une femme, il doit être équitable avec
elles dans le logement, la nourriture, l'habillement, la cohabitation, la bonne
humeur. Dieu dit dans la sourate : (Les femmes) quand il a permis à l'homme de
se marier à plus d'une femme (2) “et si vous craignez de n'être pas justes, alors
,une seule” le professeur Ibrahim Fahmi; le président de la cour de cassation a
écrit en 1935 une étude dans laquelle il dit que ce verset interdit de se marier à
plus d'une femme car il est impossible - selon lui- à quelqu'un marié à plus
d'une femme d'être équitable avec elles en toute chose. En tout état de cause, le
verset oblige le marié à plus d'une femme à être équitable avec ses épouses, Il
en fait une loi divine. Et comme il doit être équitable avec son épouse, il doit
l’être avec les enfants dans son comportement avec eux, dans les cadeaux qu'il
leur offre, leur anniversaire et d'autres occasions. Il ne doit pas avoir de
(1) Sourate "les prophètes" nº71, verset 47
-79-
La Justice
préférence pour l'un d'entre eux en lui offrant quelque chose de ses biens ou en
léguant par testament pour lui une partie de l'héritage. Mais il doit être
équitable avec eux en toute chose. Dans les "Sahihaines": Al Boukhari et
Mouslim, No’man Ibn Bachir Al Ansari a dit : Mon père m'a fait un don
important . Ma mère lui a répondu : "Je n'agrée ce don que si tu prends l'Envoyé
de Dieu (S.B. sur lui) à temoin. "Mon père est allé solliciter son témoignage.
L'Envoyé de Dieu lui dit : "Est ce que tu as offert la même chose à tous tes
enfants?". Mon père lui a répondu : "Non" -L'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) lui a
répondu : "Craignez Dieu et soyez équitables envers vos enfants." Puis il a
ajouté : "je ne peux accorder mon témoignage pour une injustice". An-no’mane
a dit : "Mon père est revenu ; il a annulé son don ." Il est normal que la
préférence des parents d'un enfant à ses frères entraîne beaucoup de problèmes,
en plus de la désobeïssance aux parents.
Comme le musulman est équitable avec sa famille , il faut qu'il le soit avec
ses proches, ses voisins et avec tout le monde car l'équité est l'essence même de
l'Islam et le musulman doit s'engager à être équitable dans tous ses actes et
dans tout ce qu'il dit. Dieu dit dans la sourate" les bestiaux (1) “Et quand vous
parlez, soyez équitables, même s'il s'agit d'un proche parent.” Il faut que le
musulman fasse de l'équité sa devise dans tout ce qu’il dit. S'il loue quelqu'un, il
le fait pour ses qualités réelles sans exagération. Si on lui demande son avis sur
quelque chose, il répond loyalement. S'il entreprend une conciliation, il est
impartial envers les deux parties. S'il vend quelque chose, il dit la vérité sur la
marchandise sans en élever exagèrement le prix avec lequel il l'a achetée. Il ne
dira que la vérité pour que ses proches soient satisfaits de lui. Et comme Dieu a
rendu l'équité obligatoire envers les proches, il l'a rendue obligatoire aussi à
l'égard des ennemis comme il le dit dans la sourate "La table servie"(2) “Et que
la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l'équité :
cela est plus proche de la piété” C'est-à-dire que la haine des gens et leur
hostilité ne doivent pas vous pouser à leur porter préjudice, mais soyez
équitables envers eux, envers tous : amis et ennemis.
Pour amener la communauté musulmane à aimer l'équité et pour que le
musulman fasse preuve d'équité dans ses actes et ses paroles, Dieu dit (3) “Nous
avons fait de vous une communauté de justes.” C'est-à-dire un peuple dont tous
(1) Sourate "les bestiaux" nº 6 verset nº152
(2) Sourate "la table servie" nº 5 verset nº 8
(3) Sourate "la vache" nº1, verset nº143
-80-
L’Universalité de l’Islam
les membres sont équitables, prônent le juste milieu, en toute chose. Ils
n'abusent pas et ne négligent rien dans tout ce qu'ils font et ce qu'ils disent. C'est
comme un pacte que Dieu a établi entre Lui et les musulmans, en vertu du quel
ils s'engagent à être équitables et modérés en toute chose. Dans la sourate "Le
discernement"(1) Dieu conseille aux musulmans de dépenser modérement dans
l'achat de leur approvisionnement en disant :“Et, lorsqu'ils dépensent, ils ne sont
ni prodigues ni avares”. Le “Infak” dans la sourate veut dire les dépenses
générales pour le logement et les provisions. Le " Israf", le dépassement et
l'exagération dans les dépenses si bien qu'on dépense plus qu'il n'en faut. Le
"Ik'tar" c'est la maigre subsistance ou l'avarice envers sa famille comme le dit
Dieu dans la sourate. "Le voyage nocturne"(2) “Ne porte pas ta main enchaînée à
ton cou [par avarice],et ne l'étend pas non plus trop largement, sinon tu te
trouveras blâmé et chagriné.” "Magh'loula" veut dire emmenotée, attachée avec
une chaîne“ à ton cou”. On ne peut rien faire avec la main qui est attachée. C'est
une prohibition de l'avarice, de la parcimonie “et ne l'étend pas non plus trop
largement”. Il y a là une prohibition de la dépense exagérée. Ainsi Dieu interdit
aux musulmans la parcimonie et l'abus dans les dépenses pour
l'approvisionnement. Autrement dit, il leur conseille, le juste milieu, la
modération entre les deux extrêmes. Dieu dit qu'il interdit au musulman ces
deux mauvais penchants pour qu'il ne se blâme pas et que personne ne le blâme
pour son avarice exécrable et pour qu'il ne regrette pas le gaspillage de son
argent pour des dépenses exagérées.
Alors que Dieu le -Très Majestueux - a souvent incité les riches à faire don
d'une partie de leur argent en faveur de leurs proches nécessiteux, des pauvres,
des voyageurs, nous le voyons plus souple avec le musulman riche et généreux
en lui disant qu'il ne doit pas trop dépenser pour eux. Il dit dans la sourate : (le
voyage nocturne)(3) “Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu'au
pauvre et au voyageur (en détresse). Et ne gaspille pas indûment”. Leurs droits
tous c'est dans la "zakat" et l'aumône. Dieu a fait du droit des proches
nécessiteux, une obligation pour l'homme pour resserrer les liens qui unissent
les membres de la famille. Pour ce qui est du pauvre, il bénéfice en tant que
musulman d'une aide pour atténuer sa misère. Quant au voyageur ou " fils de la
(1) Sourate "le discertement" nº25, verset " nº67
(2) Sourate "le voyage nocturne" nº17 verset nº29
(3) Sourate "le voyage nocturne" nº17 verset nº26
-81-
La Justice
route", c'est un étranger qui a besoin d'être nourri et hébergé, pour assurer sa
sécurité . Dieu ordonne à celui qui dépense son argent au profit de ceux-là de ne
pas exagérer au point de gaspiller son argent et d'en garder suffisamment pour
couvrir ses propres besoins. De même, Dieu dit dans la sourate : (les bestiaux)(1)
“C'est lui qui a crée les jardins” C'est-à-dire des jardins de vignes,“treillagés”
C'est à dire que les vignes sont soutenues par des treillages “et non treillagés”
C'est-à-dire des vignes qui poussent à même le sol. “Ainsi que les palmiers et la
culture aux récoltes diverses; [de même que ] l'olive et la grenade, d'estecès
semblables et différentes. Mangez de leurs fruits quand ils en produisent.” c'est
-à-dire du raisin, des dattes et des grenades. “et acquittez- en les droits” C'est à
dire la "Zakat", “le jour de la récolte” C'est-à-dire le jour où le fruit a été cueilli
de l'arbre et le grain retiré de la plante. Puis Dieu dit : “Ne gaspillez pas” à
propos de la "Zakat" sur les fruits et les grains en donnant plus qu'il n'en faut au
point où vous connaissez une pénurie et une vie de misère et vous regretterez ce
que vous avez perdu.
Comme Dieu a ordonné aux musulmans de modérer équitablement les
dépenses dans l'achat des provisions et dans le logement, l'Envoyé de Dieu
(S.B. sur lui) leur a ordonné de modérer équitablement leur culte et leur piété.
Ce que l'Envoyé de Dieu a dit, entre autres à celui qui est trop rigide dans sa
piété et son culte et qui rend sa vie difficile : "Cette religion est solide. Allez y
doucement". l'Envoyé de Dieu veut qu'il soit plus souple à l'égard de lui-même.
Il lui donne l'exemple d'un voyageur isolé qui a lassé sa bête en marchant au
point qu'elle n'a pas pu continuer sa marche. L'Envoyé de Dieu dit : "l'homme
est resté seul, isolé. Il n'a pu continuer sa marche et n'a pu non plus prendre soin
de sa bête". L'Envoyé de Dieu a appris que Abdellah Ibn Amr Ibn Al A's jeûnait
toute la journée et priait toute la nuit. Il l'a rencontré et lui a dit : "O Abdellah
Ibn Amr ! "J'ai appris que tu jeûnes le jour et tu pries toute la nuit : -"Oui", lui
a-t-il répondu,- "Ne le fais pas", lui a dit l'Envoyé de Dieu. Jeûne et rompts le
jeune, puis dors et prie. Ton corps a des droits, ton épouse a des droits, tes
visiteurs ont des droits. Il te suffit de jeuner 3 jours par mois et sur chaque
bienfait, tu en as dix pareils ; cela fait l'équivalent d'un mois de jeune.." A
propos du jeûne tout le temps et d'après Aïcha - que Dieu l'agrée - L'Envoyé de
Dieu (S.B. sur lui) est rentré chez elle et a trouvé une femme . Il lui a dit : qui
(1) Sourate "le bestiaux " nº6 verset nu 141
-82-
L’Universalité de l’Islam
est elle ? elle a répondu: "c'est X. Elle fait sa prière tout le temps". Il a dit :
"Mah! "c'est-à-dire suffi! "Ne priez qu'en fonction de vos possibilités". Il est
clair que l'Envoyé de Dieu a fait des reproches à Aïcha parce qu'elle a loué la
femme pour ses nombreuses prières. C'est comme s'il leur disait de prier et de
faire leur culte au même rythme tous les jours. Une petite quantité qui dure vaut
mieux qu'une grande quantité qui arrête et qui ne dure pas. L'une des choses aux
sujets desquelles Dieu a incité Son Envoyé à être toujours équitable,c'est la
justice et l'arbitrage dans les différends et les litiges. Dieu-le Très Majestueuxdit dans la sourate "les femmes"(1)“Allah vous commande de rendre les dépôts à
leurs ayant-droit et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité”. Dieu
ordonne aux musulmans de rendre les dépôts à leurs ayant droit sans soustraire
quoi que ce soit et sans les nier car ceci mérite un grand châtiment. En cas de
jugement entre les gens, Il ordonne aussi que l'équité soit le fondement de la
justice et du jugement. Il est évident que le juge s'appuie, pour ses jugements,
sur les préceptes de la "Charia" ou loi islamique, c'est-à-dire le Coran. S'il n'y
trouve pas ce qui peut l'orienter vers l'équité il revient à la "Sounna". S'il n'y
trouve pas ce qui peut le guider vers le bon jugement, il revient à l'accord à
l'unanimité des opinions de peuple car l'Envoyé de Dieu dit : "Ma "Oumma" ne
se réunit pas pour la perdition". S'il ne trouve pas dans l'unanimité des opinions
ce qui peut l'orienter dans le jugement, il peut recourir à l'"ijtihad"
conformément aux préceptes du Livre et de la Sounna. Nous avons dans le
chapitre "le Rationalisme de l'Islam" essayé de définir l'Ijtihad et comment
l'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) l'a adopté comme l'un des principes de la
religion et que ses Califes Abou Bakr Es-Sekkid et Omar Ibn Alkhattab y ont
recouru lorsqu'on leur a exposé des cas et des problèmes. Après eux les juges
ont continué à y recourir pour trancher sur des affaires au sujet desquelles ils
n'ont pas trouvé dans le Coran et la Sounna des textes et des préceptes pouvant
les guider vers le bon jugement. De la même manière quand ils ne trouvaient
pas dans l'unanimité des opinions du peuple (la Oumma) un jugement d'une
affaire similaire ayant fait l'objet de l'unanimité de la Oumma à ce moment-là ,
ils recouraient à l'ijhtihad à la lumière des préceptes du Coran et de la Sounna
pour établir un jugement se rapportant à une affaire, à un problème nouveau.
L'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) a souvent fait l'éloge des juges équitables. Il a
dit: " Ceux qui sont équitables dans leurs jugements entre les musulmans seront
le jour de la résurrection sur une estrade (sur une tribune) lumineuse.
(1) Sourate "les femmes" nº4, verset 58
-83-
La Justice
Et comme Dieu ordonne aux juges de rechercher l'équité dans les
différends entre les gens, il ordonne la même chose aux témoins dans ces
différends. Il dit dans la sourate "les femmes"(1) “Ô les croyants! observez
strictement la justice et soyez des témoins (véridiques) comme Allah l'ordonne,
fût-ce contre vous-mêmes, contre vos père et mère ou proches parents -Qu'il
s'agisse d'un riche ou d'un besogneux, Allah a priorité sur eux deux (et il est
plus connaisseur de leur intérêt que vous). Ne suivez donc pas les passions afin
de ne pas dévier de la justice. Si vous portez un faux témoignage ou si vous le
refusez sachez qu'Allah est parfaitement connaisseur de ce que vous faites.”
Dieu le-Très Majestueux- ordonne dans le verset aux croyants d'observer
l'équité dans les jugements. “témoins (Veridiques) comme Allah l'ordonne”
C'est-à-dire témoignez pour Dieu d'une manière véridique, même si c'est
“contre vous mêmes”; C'est à dire même si dans votre témoignage il y a quelque
chose qui vous est préjudiciable. Dieu ordonne que vous disiez la vérité même
si elle est en votre défaveur. Le devoir exige que vous disiez la vérité, que vous
ne la cachiez pas bien qu'elle soit dure pour vous et quelqu'en soient les torts et
les domaines. Vous devez dire la vérité au sujet de vos parents,
indépendamment de toute courtoisie à leur égard quelqu'en soient ces
dommages pour eux ou pour l'un d'entre eux. De la même manière, Dieu aime
qu'on dise la vérité à propos de ses proches. L'Islam a aboli l'ardeur, le
sectarisme et interdit de prendre parti pour soi-même, pour sa famille et ses
proches et le fanatisme et l'ardeur sont orientés vers la justice et la réabilitation
des droits aux victimes d'injustices. Dieu -le Très Majestueux -dit : “qu'il
s'agisse d'un riche” c'est-à-dire que l'un des parents ou des proches soit
"riches", cette richesse n'est pas prise en considération dans le témoignage. “Ou
d'un besogneux ”, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de place à la pitié dans le
témoignage. “Allah a priorité sur eux deux” c'est-à-dire Dieu s'en occupe et Il
est le premier à savoir où se trouve leur intérêt. Le témoin ne doit pas être
influencé par leur richesse ni par leur pauvreté et il doit toujours s'en tenir à la
justice et à la vérité . “Ne suivez par la passion”, l'ardeur et le fanatisme. Dieu
menace ceux qui altèrent le témoignage ou le dissimulent en disant “Si vous
portez un faux témoignage” c'est-à-dire si vous alterez le témoignage pour que
celui dont le droit a été spolié ne récupère pas son droit, ou“si vous refusez”
(1) Sourate "les femmes" nº4 , verset nº135
-84-
L’Universalité de l’Islam
c'est-à-dire si vous dissimulez le témoignage ou vous ne témoignez pas du tout,
la dissimulation du témoignage est un grand pêché comme le dit Dieu dans la
sourate " la vache"(1) “Et ne cachez pas le témoignage. Quiconque le cache, a
certes un coeur pêcheur” C'est une mise en garde sévère de Dieu à propos de la
dissimulation du témoignage qui vise à éviter la vérité . Dieu commente ici
l'altération du témoignage et sa dissimulation en menaçant comme il dit :(2)
“Sachez qu'Allah est parfaitement connaisseur de ce que vous faites”
Le calife Omar Ibn Al Khattab (que Dieu l'agrée) a écrit une importante
recommandation sur les fonctions de juges, ce qu'il faut pour que le juge soit
équitable dans son comportement avec les gens et avec les parties en litige, et
les règles auxquelles, il doit s'attacher et qu'il doit suivre dans le jugement. Il
commence cette recommandation en disant : "La justice est un devoir précis
(exact) et une règle suivie (en vigueur). La religion l'a imposée et l'a instituée
pour le bien de la société, de ses membres et pour règler les litiges et les
différends qui peuvent surgir entre eux. Omar dit au juge :"Comprends si on te
donne des preuves. "C'est-à-dire si le plaignant et la partie adverse donnent des
preuves et si la partie adverse essaie de comprendre et d'aller lentement pour
saisir les arguments jusqu'à ce que par clairvoyance et perspicacité, la vérité soit
connue. Puis Omar s'adresse au juge: "Réconcilie les gens, seul ou lors de ton
conseil. Ainsi les gens nobles ne pourront pas exploiter ton iniquité et les
démunis ne craindront pas ta justice." Ici Omar demande au juge de reconcilier
les gens lors de son conseil, dans ses propos et même avec l'expression du
visage et la bonne humeur pour qu'une notabilité ne pense pas qu'elle sera
avantagée et qu'un pauvre ne pense pas qu'à cause de sa pauvreté il a été
désavantagé, et que la justice et l'équité soient utilisées pour l'un et pour l'autre.
Omar propose ensuite au juge deux règles d'or qui sont le fondement de
l'instance et du jugement auxquelles il doit s'en tenir scrupuleusement. Ce sont:
"La charge de la preuve qui incombe au demandeur, et serment pour celui qui
nie". Le plaignant doit présenter des preuves comme des témoins par exemple.
S'il ne peut pas et si l'accusé nie les faits et les droits que réclame le plaignant, il
doit affirmer sous serment qu'il dira la vérité et qu'il ne cachera rien. Puis Omar
dit au juge: "Si les deux antagonistes (les deux parties) jugent bon de se
concillier, accepte-le. La conciliation mène toujours à la vertu sauf si la
(1) Sourate "La vache " Nº1, verset Nº 283
(2) Sourate "les Femme n°4 verset nº 135
-85-
La Justice
conciliation conduit à la prohibition de ce qui est licite ou légal, cela n'est pas
acceptable. De la même manière, on n'accepte pas de rendre licite ce qui est
illicite. Omar ouvre largement les portes devant le juge pour qu'il revoie ses
jugements. S'il se rend compte qu'il a commis des erreurs dans un jugement, il
faut qu'il en informe les antagonistes et qu'il l'annule. Le retour à la vérité vaut
mieux que la persistance dans l'erreur et la mensonge.
Omar met devant les yeux du juge les fondements de la loi qui lui servent
à juger ou qui sont à la base de ses jugements : Ce sont le Coran et le Sounna.
S'il n'y trouve pas ce qui peut éclairer son cheminement vers le jugement
équitable, il aura recours à "l'ijtihad" et il essaiera de comparer son jugement
avec celui de ses confrères. Puis Omar ajoute : "Si le plaignant demande un
délai pour faire venir les témoins, accorde -le lui. S'ils viennent, s'ils témoignent
en sa faveur et si leur témoignage est valable, les droits du plaignant lui seront
restitués. Sinon, il a perdu sa cause : "Omar souligne une règle instituée
concernant les témoins. C'est que les musulmans sont équitables et les
témoignages des uns contre les autres sont acceptés sauf le témoignage de celui
qui a été fouetté -par punition- conformément à la loi prévue par l'Islam au sujet
des crimes et délits ou de l'accomplissement d'actes prohibés, n'est pas accepté.
Il en est de même pour le faux témoignage qui n'est pas du tout accepté et le
témoignage d'un proche, qui peut être complaisant n'est pas accepté. Il ne faut
pas que le plaignant fasse intervenir le témoignage d'un proche, pour éviter tout
soupçon et toute suspicion. Enfin Omar ordonne au juge de ne pas faire de mal
aux antagonistes ni d'avoir de l'antipathie pour l'un d'eux et d'être indulgent avec
eux tous. Il est certain que ces recommandations de Omar sur la justice et
l'équité constituent un document important en cette première période du régne
de l'Islam, sur la justice, l'équité et les règles qui en constituent la base.
Depuis longtemps, le problème des riches et des pauvres préoccupait les
gens dans les sociétés. Ils voulaient toujours lui trouver une solution adéquate
jusqu'à l'arrivée de l'Islam et Dieu - Le Très Majestueux- a résolu ce problème ;
les uns et les autres ont été satisfaits et plus personne ne reste affamé dans les
pays musulmans. La solution à ce problème est la "Zakat" qui est imposée aux
riches. L'appel constant dans le Coran à la "sadaqat" (ou l'aumône),et son
appellation par Dieu est à la fois anoblissement et prêt pour Dieu qui dit(1)
“quiconque prète à Allah de bonne grâce, il le lui rendra multiplié plusieurs
(1) Sourate "la vache" nº1 verset 245
-86-
L’Universalité de l’Islam
fois”. Ainsi Dieu n'a pas fait de l'annôme seulement une cession par les riches
d'une partie de leurs biens au profit des pauvres mais il en a fait aussi un bienfait.
Celui qui cède une partie de son argent au profit des pauvres dans la sociétés,
réalise un bienfait à l'égard de Dieu. Avec l'aumône "zakat", la justice sociale
n’est pas seulement un des idéaux souhaités par l'homme qui désire ardement le
réaliser, mais elle est devenue dans l'Islam une réalité puisque c'est une
obligation pour les riches parmi les musulmans de céder une partie de leur argent
aux pauvres qui sont devenus comme leurs associés. Ils attendent chaque année,
et de temps en temps, ce qu'ils vont leur donner de cet argent au titre de la
"zakat". Ce n'est donc ni une bourse accordée par les musulmans riches aux
pauvres, ni une donation mais c'est un de leurs droits comme cela est dit dans le
Coran. Ce qui les met à l'abri de la supériorité de riches et de leurs abus. Ainsi
les riches peuvent avoir le sentiment qu'ils sont leurs égaux, qu'ils aident ceux
qui sont nécessiteux, qu'ils assistent les opprimés et qu'ils offrent du pain à ceux
qui en on besoin.
Cette justice sociale est voulue par la religion qui en fait l'un des cinq
piliers de l'Islam. C'est un exercice du culte comme la prière. Dieu - le Très
Majestueux- lie toujours la "zakat" à la prière dans le Coran. C'est pour cela que
lorsque certains arabes ont reculé devant l'accomplissement de ce devoir après
la mort de l'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui), le Calife Abou Bakr es-seddik n'a
pas hésité à les combattre pour les ramener à l'Islam et à l'exécution de ses
fondements. C'est là un honneur qui lui est dû depuis toujours. Il ne s'est jamais
produit- jusqu'à nos jours - qu'un groupe de musulmans se soit élevé contre ce
principe qui est l'un des principes de l'Islam. Au contraire pour eux, ce pilier de
l'Islam a toujours préservé les pauvres de la rogne contre les riches et de leur
accaparement des richesses à l'exclusion des autres. Depuis longtemps, les plus
riches, de la communauté faisaient bénéficier les plus démunis de beaucoup
d'oeuvres de bienfaisance. Bien plus, ils faisaient des legs pieux pour les
oeuvres de bienfaisance; ce qui fait distinguer - jusqu'à nos jours - le monde
musulman des autres pays du monde par l'existence dans leur pays respectifs de
ministères chargés de ces legs pieux, des rendements qu'ils rapportent et de leur
distribution.
Dieu et Son Envoyé ont bâti cette justice sociale dans la communauté
musulmane sur les principes de la bienfaisance, la sympathie et l'entraide entre
les membres de la communauté, les riches aidant les pauvres à se procurer leur
-87-
La Justice
pain quotidien. Ceci a satisfait les couches sociales démunies depuis toujours.
Si nous comparons cette justice divine avec la justice que les communistes
voulaient établir entre les riches et les pauvres, nous remarquons que la justice
divine des musulmans respecte la liberté de l'homme dans sa vie et dans la
gestion de ses biens. Son argent reste sa propriété dont il cède une partie chaque
année au titre de la "Zakat" en faveur de son frère pauvre par conviction et par
désir réel d'avoir la grâce de Dieu qui récompense le musulman ayant accompli
sa "Zakat" et ayant fait l'aumône comme cela est dit dans le Coran.(1) “ceux qui
dépensent leurs biens dans le sentier d'Allah” et pour avoir sa grâce et sa
bénédiction, combattent ainsi l'ennemi et font la paix pour leurs frères pauvres
“tel un grain d'où naissent sept épis, à cent grains l'épi. Car Allah multiplie la
récompense à qui il veut. Et la grâce d'Allah est immense, et il est omniscient.”
Ceci est une promesse divine où il évoque la récompense dont il fait bénéficier
celui qui fait la "Zakat" et qui fait l'aumône avec un grain semé dans une bonne
terre et qui a fait pousser sept “épis à cent grains l'épi” C'est-à-dire que Dieu
multiplie les récompenses de celui qui fait la "Zakat" et l'aumône au profit des
nécessiteux sept cent fois plus. Quel musulman entend cette récompense divine
pour la "zakat" et l'aumône et ne les accomplit pas pour L’amour d'Allah en
attendant la récompense ici-bas et dans l'au -delà?
Il y a là une grande différence entre la justice sociale dans l'Islam et la
justice que le communisme russe a voulu consolider et répandre pendant plus de
soixante dix ans et qui portait en lui les signes de l'échec de son application et de
son institution pour des raisons nombreuses parmi lesquelles le fait de reposer sur
la sujetion la soumission , la privation de l'homme de sa liberté, de son argent et
la soumission à un contrôle permanent dans tous ses comportements, dans ce
qu'il produit matériellement et intellectuellement. Ainsi l'homme perd tous les
bienfaits et les privilèges dont Dieu l'a comblé dans sa vie et sombre dans un
matérialisme excessif et un athéisme refractaire à Dieu et à ses religions.
Certaines de ces raisons étaient suffisantes pour écrouler la justice
communistes très tôt et en particulier la perte de l'homme de sa liberté et plus
grave encore sa perte de la religion et sa renonciation à la foi . Il est fortement
établi que l'homme a besoin de croire en Dieu qui préside à ses destinées et
l'élève à faire oeuvre utile, l'éloigne du mal et des abominations, lui ménage une
(1) Sourate "la vache" nº1, verset nº 961
-88-
L’Universalité de l’Islam
bonne vie. La justice sociale des musulmans est exempte des défauts
destructueurs du communisme. Elle ne connaît pas la sujetion ni l'atteinte à la
volonté de l'homme et à sa liberté. La liberté lui est plutôt totalement garantie
sur le plan de la pensée, des comportements, de la vie et la liberté de disposer
de ses biens. l'homme dans la justice sociale islamique ne perd pas ses efforts sa
prééminence, ses capitaux et ses biens. C'est une justice divine conçue par le
créateur du cosmos et par Son Envoyé. C'est pourquoi elle est une justice
infaillible dans la "Charia" et la foi. L'Islam considère la justice comme
l'exercice du culte, le jeûne et le pélèrinage - culte qui remplit les coeurs des
musulmans de quiétude, de tranquilité et de satisfaction.
-89-
CHAPITRE VIII
L'Egalité
Ce qui est remarqué au sujet de l'égalité entre tous les musulmans, c'est qu'ils
sont égaux devant les devoirs, les droits et devant Dieu. Aucun musulman ne peut
prétendre qu'il est plus proche de Dieu qu'un autre . Tous les musulmans sont égaux
devant Dieu dans leur foi en son unicité et en sa "Charia". Dieu a aboli le clergé
dans l'Islam et l'existence d'une communauté de prètres entre lui et les humains. Il
n'existe pas dans l'Islam de clergé : les prêtres, les moines, les évêques placés sous
l'autorité de leur chef religieux. Dieu dit souvent dans le Coran qu'il accepte le
repentir des musulmans et leur accorde l'absolution sans intermédiaire et sans
préempteurs, qu'il leur tend la main -jour et nuit- pour accepter du pécheur son
repentir et pour lui accorder absolution pour les péchés antérieurs qu'elle qu'en soit
l'ampleur. Selon Ibn Hanbal rapportant Anas Ibn Malik, l'Envoyé de Dieu (S.B. sur
lui) a dit en s'adressant aux musulmans : "Par Dieu si vous commettez des péchés
au point qu'ils remplissent l'espace entre la terre et le ciel , puis vous demandez à
Dieu de vous absoudre , il vous absoudra".
Ainsi l'Islam a institué le principe de l'égalité en religion, entre tous les
musulmans devant Dieu. L'un des aspects de cette égalité au niveau de
l'accomplissement des obligations religieuses, se révèle lors de la prière en commun,
dans l'alignement côte à côte des riches et des pauvres, des forts et des faibles sans
aucune distinction et différence, prononçant ensemble le "takbiré", faisant le
"Roukoue" et la prosternation. Il n'ya pas non plus de décalage entre les prieurs. Les
musulmans du monde se rassemblent dans le même endroit, à la Mecque pour
accomplir le pélerinage et tout le monde a enlevé ses vêtements pour mettre le
même habit, celui de "ihram" qui établit l'égalité entre eux formant ainsi une image
et un tableau extraordinaires.
Dieu appelle dans le Coran les musulmans et tous les humains à l'égalité totale
entre eux. L'un de ses appels dans le sourate "Les femmes"(1) “O hommes!
Craignez votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être et a créé de celui-ci son
épouse, et qui de ces deux là a fait répandre (sur la terre)beaucoup d'hommes et de
(1) Sourate les “femmes” n°4 , verset n°1
-91-
L’Egalité
femmes”. Dieu dit aussi que tout le monde est né de la même origine, du même père
qui est Adam. Il faut aussi que tout le monde ait à l'esprit cela. Tout le monde donc
partage la même origine, la même filiation et la même paternité, Aucune différence
n'existe entre un musulman et un autre. ILs sont tous égaux. A ce propos l'Envoyé
de Dieu dit : "Les musulmans sont égaux comme les dents d'un peigne" Dieu dit
dans la sourate les appartements"(1) "O hommes! Nous vous avons créés d'un mâle
et d'une femmelle, et nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous
vous entre connaissiez. Le plus noble d'entre vous auprès d'Allah est le plus pieux"
"Dieu dit qu'il a créé tout le monde du même père Adam, et de la même mère Eve et
qu'il a créé des peuples et des tribus pour qu'ils se connaissent mutuellement, non
pour qu'ils s'opposent, se fassent la guerre et se haïssent, et non pour qu'ils
s'enorgueillissent et s'attaquent les uns aux autres. Tout cela est contraire à ce pour
lequel nous vous avons créés, contraire à votre nature, que nous avons voulue pour
vous. Nous avons voulu qu'existe entre vous le sentiment que vous êtes des frères
puisque vous appartenez au même père et à la même mère, qu'il n'y ait pas de
rivalité entre les peuples, les tribus et les individus. Tout peuple et tout individu qui
veut dominer un autre peuple ou individu, va à l'encontre de la fraternité, et la
contredit, et vous éloigne de la vie paisible et tranquille. La bonne différenciation ne
se fait pas par la filialion mais par la foi, la dévotion pour Dieu et Son Envoyé et par
l'exercice du culte. Voilà la vraie différenciation qui existe chez Dieu et non chez
les hommes. Comme Dieu a attribué la différenciation entre les musulmans et les
hommes par le culte , l'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) a fait du culte l'objet de
différenciation entre les arabes et ceux qui ne le sont pas. Il dit dans son discours du
pélerinage d'adieu : "Votre Dieu est unique et votre père est unique. Vous
appartenez tous à Adam et Adam est né de la terre - Le plus noble d'entre vous est le
plus pieux. L'arabe n'a d'avantage sur le non arabe que par la piété. "C'est ainsi qu'il
a établi l'égalité entre les arabes musulmans et les non arabes musulmans - et
attribue la différenciation entre eux - comme l'a fait le verset précédent - à la piété.
On relate aussi que dans son discours, l'Envoyé de Dieu dit : "Il n'y a d'avantage
d'un noir sur un rouge, ou d'un rouge sur un noir que par la piété. " Ainsi l'Envoyé
de Dieu a créé un code, une "loi" islamique pour les musulmans arabes et non
arabes, blancs et noirs qui sont tous égaux et que rien ne les différencie sauf la piété.
Il a ainsi aboli définivement dans l'Islam la différenciation tribale, nationale,
sexuelle ou plus précisément, toutes sortes de différenciations ont été abolies sauf
(1) Sourate les “appartements” n° 49, verset n°13
-92-
L’Universalité de l’Islam
celle de l'Islam vertueux , c'est-à-dire la piété pour Dieu. L'Envoyé de Dieu (S.B. sur
lui) donne le meilleur exemple de l'égalité entre ses compagnons et lui. Il refusait
catégoriquement qu'ils le vénèrent. Il lui est arrivé de sortir un jour sur un groupe
dont quelques uns parmi eux qui se sont levés à sa vénération, il leur a interdit
catégoriquement de le faire en leur disant : Ne vous levez pas comme le font les
perses et autres pour se vénéner les uns les autres. "Puis il a ajouté : "Je suis un
serviteur de Dieu comme tous les serviteurs de Dieu. Je mange comme mange un
serviteur. Je m'assieds comme s'assied un serviteur". Il est donc un serviteur parmi
les serviteurs de Dieu, il ne se distingue d'eux par aucune chose. On dit qu'un
homme s'est levé devant lui et a été saisi par un frémissement qui est une marque de
vénération; il s'est adressé subitement à lui avec bienveillance en disant : "Ne vous
tourmentez pas, mon frère. Je ne suis ni un roi ni un tyran mais je suis le fils d'une
femme de "Quoreïche" qui mangeait de la viande desséchée à la Mecque. "La
viande désséchée" est coupée en morceaux longs, salés et séchés au soleil .
L'Envoyé de Dieu veut dire par là qu'il ne se distingue en rien, de lui. l'homme s'est
calmé et le frémissement s'est dissipé, il s'est familiarisé avec l'Envoyé de Dieu et
lui a dit ce qu'il voulait dire.
Il s'asseyait (S.B sur lui) avec ses compagnons parmi les pauvres et les
démunis, sympathisait, mangeait avec eux et rendait visite à leurs malades. Il
accompagnait la servante, la veuve, le pauvre, partout en ville pour rendre service à
chacun d'eux. Il s'asseyait avec ses compagnons , mêlé à eux. Et là où il devait
s'asseoir dans une assemblée, il s'asseyait sans se faire distinguer. Ses chambres
étaient construites en briques séchées au soleil comme, celles de ses compagnons.
Son mobilier était modeste et ressemblait au leur. Il ne méprisait aucune tâche
domestique qu'accomplissent les femmes ou son serviteur Malik Ibn Anas - Il
cousait ses habits, réparait ses chaussures, nettoyait sa chambre, trayait sa brebis,
attachait ses bêtes.
Il mangeait avec son serviteur Anas Ibn Malik pour que ses compagnons
suivent son exemple et sachant qu'il n'y a pas de différence entre le serviteur et son
maître, entre le maître et son valets. L'une de ses qualités était de ne pas interrompre
l'un de ses amis qui parlait, mais il attendait, en l'écoutant attentivement, qu'il
termine de parler. Aïcha dit de lui : quand quelqu'un ou l'un des siens l'appelait il
répondait "me voici". Il se considérait toujours comme l'un de ses compagnons; c'est
ainsi qu'il se tenait en tête de leurs troupes chaque fois qu'ils participaient à une
guerre, de la même manière quand ils construisaient une mosquée. Il participait à sa
-93-
L’Egalité
construction comme il a fait lors de la construction de la première mosquée à
Médine, il participait même avec quelques uns de ses compagnons au transport des
briques en terre séchée au soleil. Lorsque ses compagnons se réunissaient pour
creuser une tranchée lors de la très connue bataille d’"Al Ahzab" (ou les coalisés), il
était à la tête des rangées pour creuser avec ses fidèles. Il se sont heurtés à un rocher
qui les a empêchés d'achever les travaux. Il a saisi alors une pioche, a donné
un coup et le rocher s'est fendu. Puis il a donné un deuxième coup, puis un
troisième et le rocher s'est complétement brisé et s'est coupé en morceaux
et les travaux ont été achevés. On dit que des bruits ont couru à Médine une
nuit au sujet d'une attaque par les polythéistes" Mouchrikines" en banlieue.
Les gens ont été effrayés et sont sortis s'informer. A ce moment l'Envoyé
de Dieu (S.B. sur lui) est monté sur un cheval sans selle pour gagner du
temps, a ceint l'épée et le cheval s'est mis à galoper vers la banlieue de
Médine. Arrivé sur les lieux, il n'a trouvé ni attaque ni quelque chose qui
ressemble à l'attaque. Il est retourné, rassuré, n'ayant trouvé ni attaque ni
attaquants. Il s'est écrié au milieu des gens : " Ne soyez pas effrayez. Ne
soyez pas effrayez."
On relate aussi qu'il était en voyage avec certains de ses fidèles. Il leur
a dit: "Preparez-nous un mouton pour les repas - Un compagnons a
répondu : "Envoyé de Dieu, je l'égorgerai" . Un autre a dit:" C'est moi qui
l'égorgerais. "Un troisième a dit: c'est moi qui le cuirai". L'Envoyé de Dieu
(S.B. sur lui) a dit: c'est moi qui ramasserai les bûches et le bois à brûler.
Ils lui ont dit: "O Envoyé de Dieu, nous nous occuperons de tout cela"- Il
leur a dit : "J'ai appris que vous vouliez vous occuper de mon travail; je
déteste d'être distingué de vous . "Le sentiment qu'il avait (S.B. sur lui) de
l'égalité totale entre ses fidéles et lui l'incitait à demander au compagnon
qui croyait qu'il s'était vexé pour un geste léger avec lequel il l'avait
poussé, de se venger de lui et de faire le même geste, pour lui faire plaisir.
On raconte qu'un Compagnon a penché la tête sur lui au moment où il
partageait une somme d'argent. Il l'a piqué avec une branche de palmier
qu'il tenait à la main pour qu'il cesse de s'incliner et le laisser s'occuper de
ses calculs. l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) a remarqué que son compagnon
s'était fâché. Il lui dit :"fais de moi ce que je t’ai fait. " le compagnon s'est
senti gêné et a dit en souriant : "Je pardonne". On dit que Omar Ibn Al
Khattab - que Dieu l'agrée- a prononcé un discours où il a dit : "Celui qui a
été victime d'une injustice par son "Emir" (on chef), qu'il le dise pour que
-94-
L’Universalité de l’Islam
je le venge". Amr Ibn Al As gouverneur d'Egypte s'est alors levé et dit : "O
chef des croyants ! Si l'un d'entre nous châtie un membre de sa
communauté, vous le vengerez ? Omar a répondu : "Comment ne pas le
venger, alors que j'ai vu l'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) se venger de
lui-même.
Dieu et son Envoyé ont raffermi cette égalité entre les musulmans
pour qu'ils en fassent une fraternité entre eux. Dieu dit dans la sourate (les
appartements) “Les croyants ne sont que des frères”. C'est-à-dire que tous
les musulmans sont des frères en religion. C'est une fraternité qui exige du
musulman des droits à l'égard de son frère musulman comme la fraternité
réelle. C'est une "filiation" spirituelle plus forte que l'appartenance à la
même famille faite de chair et de sang, alors que la fraternité dans l'Islam
est spirituelle et affective "Le musulman aime pour son frère ce qu'il aime
pour lui même "comme le dit l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui). Il ne doit pas
être injuste avec lui , ne doit pas le priver d'un de ses droits et doit le
considérer comme lui-même et comme il se fait du bien il doit lui en faire
profiter. S'il lui demande un service il le lui rend largement. S'il est en
difficulté, il accourt l'en libérer. L'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) dit, incitant
à cela :‘ Celui qui soulage un musulman de l'angoisse, Dieu, avec cet acte,
le soulagera d'une des angoisses du jour de la résurrection’. "L'un des
devoirs de la fraternité dans l'Islam sur lequel l'Envoyé de Dieu a insisté,
c'est la dissimulation des vices de son frère musulman et des pêchés qui
peuvent en résulter. Il dit en conseillant les musulmans : "Celui qui estompe
les défauts d'un musulman, Dieu estompera les siens le jour de la
résurrection". A peine il conseillait aux musulmans de faire régner l'amitié
et la cordialité entre eux qu'ils devenaient - Même si leur nombre
augmentait - comme une seule famille. Il dit dans un propos recueilli dans le
Sahih de Mouslim: " L'exemple des musulmans dans leur amitié, dans leur
compassion mutuelle, leur sympathie est comme l'exemple d'un seul corps
dont la fatigue d'un organe entraine l'atteinte de tout le corps de fièvre et
d'insomnie "C'est là un bel exemple qui fait des musulmans -partout où ils
se trouvent - un seul corps en raison de l'amitié et de la cordialité qui les
unissent à tel point que si l'un d'eux souffre tous les autres membres de ce
corps social se mobilisent pour le secourir et alléger sa souffrance.
La meilleure image sur la fraternité qui s'est produite dans l'Islam est
celle de "Ansars" pour les premiers Mouhajirines. C'est l'Envoyé de Dieu
(S.B sur lui) qui a établi cette fraternité, après son arrivée à Medine et après
-95-
L’Egalité
avoir construit sa mosquée, entre quatre vingt dix personnes: quarante cinq
parmi les Mouhajirines et quarante cing Ansars , sur la base de l'entraide, de
la vérité, et la transmission par hérédité. Ils se transmettaient l'héritage sans
liens de parenté jusqu'au jour où est descendue la sourate (le butin).(1)
“Cependant ceux qui sont liés par la parenté ont priorité les uns envers les
autres d'après le Livre de Dieu”. Ce verset a aboli la transmission par
hérédité de cette fraternité et a gardé l'entraide et la vérité. Dieu a loué les
"Ansars" pour cette fraternité noble en disant dans le sourate (L'exode) “ Il
(appartient également ) à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays
et dans la foi” C'est-à-dire les Ansars qui ont habité Medine et qui ont été
fidèles à leur foi au nom des mouhajirines. C'est leur maison . Dieu l'a comparée
à la foi pour la louer et louer ses habitants parmi les Ansars. Il fait état de leur
mérite en disant : “(Ils) aiment ceux qui émigrent vers eux”. Ils les aident de
leur argent obtenu des récoltes des dattes “et ne ressentent dans leurs coeurs
aucune envie” C'est-à-dire un dessein on un désir; "pour ce que ces émigrés ont
reçu" c'est-à-dire les "Mouhagirounés qui bénéficiaient des butins des Beni
Nadhir que l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) a chassés de Médine “et qui les
préfèrent à eux même s'il y a pénurie chez eux.” C'est-à-dire même s'ils ont
besoin de quelque chose d'important dont ils les ont honorés.
Ces vertus importantes constituent l'égalité totale entre les Ansars et les
mouhajirines à laquelle Dieu et son Envoyé les ont appelés, avec tout ce que ces
vertus ont entrainé tels que l'entraide, l'altruisme, ne se sont pas répandues
parmi les Ansars seuls. Elles étaient une morale à laquelle l'Envoyé de Dieu à
incité ses fidèles et à laquelle beaucoup de musulmans ont très été sensibles;
ceux-là mêmes qui avaient conquis le monde ancien, du centre de l'Asie à
l'Océan Atlantique et qui ont formé la grande nation islamique. Ce qui confirme
tout cela , c'est l'histoire d'Ikrima Ibn Ibi Jah'l et deux de ses compagnons dans
la bataille d'Al Yarmouk. Hodhifa ibn Ala'doui dit être allé sur les lieux de
l'affrontement en emportant de l'eau à l'un de ses cousins. Il était certain que ce
dernier était l'un des martyrs de cette bataille. il a pu le retrouver et lui a dit :
"Je t'ai emmené de l'eau à boire". Son cousin lui a fait savoir qu'il en voulait
d'un signe de la tête, mais il a entendu Ikrima Ibn Abi Jah'l crier de douleur et
(1) Sourate "Le bution n°8 , verset nº75
(2) Sourate "l’exode" ou la mobilisation" nº59, verset 9
-96-
L’Universalité de l’Islam
lui a ordonné de donner à boire d'abord à Ikrima qui de son côté a entendu un
autre crier de douleur aussi. Ikrima lui a dit d'en donner à celui-ci mais c'était
trop tard il était mort Hodhifa est revenu chez I’krima. Il est retourné vers son
cousin, lui aussi était mort. Ils étaient tous morts et personne d'entre eux n'a pu
boire. C'est là une belle histoire sur l'altruisme.
L'un des principes fondamentaux, consolidés fortement par l'Envoyé de
Dieu entre les musulmans, c'est l'églité dans l'établissement des châtiments:
c'est-à-dire les sanctions à prendre pour les crimes comme l’assasinat, le vol, et
d'autres délits et où il a interdit catégoriquement l'intercession en faveur de
quelqu'un quel qu'en soit le rang et la richesse. ce qui illustre cela, c'est le
Hadith dans les "Sahihaïns" au sujet de Quoreïch qui s'est interessée à une
femme appartenant à la tribu Makhzoume qui a commis un vol. Quoreïch a eu
peur que l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) applique la sanction qu'il faut, à son
encontre et qui consiste à lui couper la main conformément à la "Charia". De
nombreux habitants de Quoreïch se sont demandé qui pourrait oser demander
l'intercession en faveur de cette femme. Ils ont été unanimes pour dire qu'il n'y
avait personne sauf Oussama Ibn Zaïd que l'Envoyé de Dieu aimait. Oussama
lui en a parlé. l'Envoyé de Dieu lui a répondu, en désapprouvant cette
intercession : "est-ce que tu intercèdes à propos d'une sanction divine? Puis il a
prononcé le propos suivant devant ses compagnons: "Sont réprouvés ceux qui,
avant vous , ne prenaient aucune sanction à l'égard d'un noble qui volait et qui
en prenaient une quand c'était un pauvre qui volait. Par Dieu si Fatima fille de
Mohammed vole Mohammed lui coupera la main."
Ce qui a été dit prouve sans équivoque que l'égalité totale était toujours le
pivot des sociétés musulmanes. L'Islam en a fait une loi sociale obligatoire
pour toute société, abolissant entre les états les différences de sexe, de couleurs,
de langues, et tout ce qui peut opposer les individus pour des problèmes d'argent
,d'honneur, de vanité. C'est là une caractéristique des pays musulmans qui n'ont
pas connu de hiérarchie sociale. Il n'est pas arrivé à une société, dans ces pays,
d'avoir de nombreuses classes sociales. Ainsi, personne parmi, les Califes, les
gouverneurs et les dirigeants qui se sont succédé dans ces pays, n'a eu le
sentiment d'appartenir à une classe supérieure au peuple. Ceci a eu une
conséquence importante sur les peuples qui se sont convertis à l’Islam. En effet,
il a aboli les classes sociales auxquelles il a été confronté dans les différents
-97-
L’Egalité
pays comme l'Iran où il y avait quatre grandes classes sociales : La classe des
religieux; la classe des combattants; la classe des écrivains et des intellectuels et
celle des agriculteurs et des artisans, sauf une classe supérieure à laquelle
appartient le ministre, le chef des religieux, le chef des écrivains. Toutes ces
classes ont été abolies en Iran musulman comme a été abolie en Inde
musulmane la classe des Brahama c'est-à-dire le clergé ou les religieux chez les
hindous et la classe des parias constituée de la majorité du peuple hindou. Tous
les hommes dans n'importe quelle société musulmane sont égaux sur le plan
social. Les riches ne sont pas supérieurs aux pauvres, ni les plus forts par
rapport aux plus faibles, sur le plan de la valeur humaine. Le calife, le
gouverneur tout comme le citoyen ordinaire peuvent comparaître devant le juge
sans aucune distinction. Alors qu'en Europe féodale, les nobles avaient leurs
propres, tribunaux, évitant ainsi de s'aligner avec les hommes du peuple et
refusant ainsi d'être leurs égaux. les nobles et les aristocrates, dans les sociétés
européennes formaient la haute classe autour des rois et avaient leurs propres
surnoms qui les distinguaient comme le comte, le duc, le baron etc. L'Islam n'a
pas connu tout cela . Il a respecté l'appartenance de tous les musulmans et de
tous les humains à Adam dans toutes les sociétés et les a rendus égaux dans tous
les droits et les devoirs religieux, sociaux, moraux. Personne n'a de mérite que
par la piété.
-98-
CHAPITRE IX
La Tolérance
La Tolérance : C'est le fait d'être accommodant en tout ; dans le
comportement, les droits. Dans le hadith : "La religion la plus aimée de Dieu
c'est l'Islam tolérant". (Hanafia samha) : "Hanafia" c'est l'Islam, l'Envoyé de
Dieu (S.B. sur lui) dit que Dieu l'aime parce que c'est une religion "clémente,
tolérante. Elle ne connait ni étroitesse ni extrémisme. Ainsi Dieu abolit le
fanatisme des religions. Il veut que les musulmans soient tolérants à l'égard de
ceux qui ont d'autres religions même s'ils sont des Sabéens qui adorent les astres
ou des polytéistes. C'est une tolérance qui élève la vie humaine au sommet de la
grandeur. Nous voyons que Dieu avec ces différents versets du Coran ordonne
aux musulmans d'être tolérants avec les polythéistes. L'Envoyé de Dieu (S.B
sur lui) a conseillé aux musulmans de faire l'aumône au profit des polythéistes
qui sont pauvres comme ils le font pour les musulmans pauvres espérant ainsi
qu'ils pourraient les amener à se convertir à l'Islam. Alors Dieu a fait descendre
à Son Envoyé le verset de la sourate "la vache"(2) “Ce n'est pas à toi de les
guider ” . C'est-à-dire, tu es chargé du message et de la prédication, les gens
choisiront leur religion. Celui qui choisit le bon chemin c'est pour lui, celui, qui
s'égare , il supportera les effets de son égarement. “Mais c'est Allah qui guide
celui qu’il veut” c'est-à-dire qu'il appartient à Dieu seul de les guider “et tout ce
que vous dépensez de vos biens” pour les pauvres musulmans et polythéistes
“sera à votre avantage” c'est-à-dire que les récompenses seront pour vous“et
vous ne dépensez que pour la recherche de l’amour d'Allah” non pour la
réputation, la célébrité et la duplicité mais pour la recherche de la "face de Dieu
et sa bénédiction “et tout ce que vous dépensez de vos biens dans les bonnes
oeuvres” pour les musulmans et les infidèles“ vous sera récompensé
pleinement”. “Et vous ne serez pas lésés” c'est-à-dire vous ne serez pas
victime d'une injustice. C'est là un grand appel à la tolérance des musulmans à
l'égard des pauvres parmi les infidèles de la Mecque. Il y avait beaucoup
(1) Sourate "la vache n°1 , verset 62
(2) Sourate "la Vache nº1 , verset 272
-99-
La Tolérance
d'infidèles mécquois qui étaient hostiles aux musulmans. Dieu a ordonné aux
musulmans d'être tolérants avec leurs pauvres par pitié pour eux. En plus, Dieu
ordonne aux musulmans d'être tolérants même avec les infidèles cruels et tyrans
qui leur étaient hostiles en disant dans la sourate : (l’agenouillée):(1) “Dis à ceux
qui ont cru de pardonner à ceux qui n'espèrent pas les jours d'Allah afin qu'il
rétribue [chaque] peuple pour les acquis qu'ils faisaient”.
Ce verset est descendu en raison d'un mal terrible qu'ont fait les infidèles
de la Mecque aux fidèles de l'Envoyé de Dieu. Ces mecquois n'espèraient pas la
récompense de Dieu et l'ont fait savoir à l'Envoyé de Dieu. Dieu ordonna alors à
ces musulmans de négliger cet événement, de pardonner à ces infidèles leurs
préjudices et de recourir à l'endurance comme le dit Dieu dans le sourate (la
famille d'Imran) (2) “Et certes, vous entendrez de la part de ceux à qui le Livre a
été donné avant vous” c'est-à-dire des juifs et des nazaréens, “et de la part des
associateurs, beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et
pieux... voilà bien la meilleure résolution à prendre.” L'endurance est certes la
clé du soulagement. Dieu dit dans la sourate (L'agenouillée)(3): “Afin qu'il
rétribue (chaque) peuple pour les acquis qu'ils faisaient” C'est-à-dire ne tentez
pas de vous venger de ceux parmi les infidèles qui vous ont fait du mal. Dieu
leur donnera la rétribution qu'ils méritent, le jour de la resurrection. Dieu loue
ceux qui offraient de la nourriture bien qu'ils aiment cette nourriture, au pauvre,
à l'orphelin et au prisonnier, dans la sourate: (Al Insan)(4) “et offrent la
nourriture malgré son amour, au pauvre, à l'orphelin et au prisonnier”. Leurs
prisonniers, à cette époque, étaient des polythéistes. L'on sait que Quoreïche a
été battue lors de la bataille, "Badr". C'était une défaite écrasante où
soixante-dix de leurs chefs ont trouvé la mort et soixante dix autres se sont fait
prisonniers. Beaucoup d'entre eux étaient hostiles aux musulmans avant qu'ils
n'émigrent à Medine. malgré cela, l'Envoyé de Dieu a ordonné aux musulmans,
ses fidèles, d'être généreux avec eux et ils étaient servis lors des repas les
premiers. Encore une fois c'est une grande tolérance et un traitement bon, noble
de la part de l'Envoyé de Dieu et des musulmans à l'égard de leurs ennemis les
(1) Sourate "L'agenouillée" nº45, verset 14
(2) Sourate "la famille"d'Imram" nº3 verset 186
(3) Sourate l'agenouillée" nº45 , verset 14
(4) Sourate "Al Insan" nº76 verset 8
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L’Universalité de l’Islam
mécquois. dans la sourate: l'examinée"(1) Dieu s'adresse aux musulmans :
“Allah ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne
vous ont pas combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à
votre expulsion. Car Allah aime les équitables”. Dieu dit qu'il n'interdit pas la
charité, la justice et le bon traitement des polythéistes qui n'ont pas combattu les
musulmans et qui ne les ont pas forcés à quitter la Mecque. Cette bienveillance
est devenue une règle, un devoir des musulmans envers les non musulmans à
l'époque des conquêtes, et à travers toutes les époques jusqu'à nos jours. Ce
devoir concernait un traitement noble et tolérant des musulmans à l'égard de
ceux qui appartenaient à d'autres croyances pourvu, qu'ils n'aient pas d'attitude
belliqueuse qu'il s'agisse des gens du Livre, ou de polythéistes parmi les
Sabéens, les mages et d'autres d'Afrique et d'Asie. Ainsi, Dieu a établi des
règles exemplaires de tolérance à l'égard de toutes les religions, de tous les
peuples, de toutes éthnies et de toutes les races.
Comme Dieu a ordonné à Son Envoyé et aux musulmans d'être tolérants
avec les gens du Livre, Il leur a ordonné d'être bienveillants et indulgents pour les
préjudices qu'ils leur causent, comme le dit Dieu dans la sourate (la vache)(1)
“Pardonnez et oubliez jusqu'à ce qu'Allah fasse venir son commandement”. Le
"Afoue" c'est le pardon, l'indulgence dans la sanction du pêché. Le "Safh":
abstention et l'abandon de la réprimande. Ce sont deux degrés élevés de la
tolérance. Dieu incite souvent à ces deux qualités dans le Coran. L'Envoyé de
Dieu était exemplaire dans la tolérance. A chaque fois que les Quoreïchites lui
causaient des préjudices, ou lui répondaient négativement quand il récitait le
Coran, il levait les mains vers Dieu en disant: "Dieu, absous ma communauté.
Ils ne savent pas". Il ne s'est jamais produit qu'il se soit vengé de quiconque lui
a causé un préjudice ou qu'il ait prié Dieu de lui causé un malheur. Lors de la
bataille "Ouhoud", il a été blessé au visage, s'est casser la dent (droite de la
mâchoire inférieure) avec une pierre et s'est fait briser le casque qu'il portait sur
la tête. Il n'a pas fait de reproches à ceux qui l'ont agressé lors de la conquête de
la Mecque ; au contraire il les a pardonnés et excusés. Les habitants de la
Mecque se sont rendus à son armée et ont été ainsi tous considérés des
prisonniers de guerre et pouvaient être soumis aux règles de la servitude mais
(1)Sourate "l'examinée ou l'eprouvée n° 60 , verset 8
(1) Sourate "la vache" nº1 verset n°109
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La Tolérance
l'Envoyé de Dieu les a tous libérés et leur a rendu leur liberté en disant". Celui
qui entre à la "Ka’ba" est confiant et rassuré; celui qui rentre chez lui et ferme la
porte, est rassuré et celui qui entre à la maison d'Abi Soufiane est rassuré".
Abou Soufian avait vu le feu des troupes de l'Envoyé de Dieu près de la
Mecque. Il est allé en reconnaissance et a rencontré Al Abbas ibn A’bd Al
Moutalib, l'oncle de l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui), qui lui a dit : "Malheur à
toi, Abou Soufian. Voici l'Envoyé de Dieu à la tête d'une armée nombreuse
et la Mecque n'a aucun pouvoir sur lui . "Que faire"? lui a demandé Abou
Soufian- "Viens avec moi chez l'Envoyé de Dieu!" lui a répondu Al Abbas.
Omar les a vus et en a rendu compte à l'Envoyé de Dieu à qui il a dit: "Abou
Soufian est l'ennemi de Dieu, nous avons pu l'avoir sans aucun problème,
autorisez-moi à le frapper sur le cou". L'Envoyé de Dieu ne l'a pas autorisé.
C'était là une tolérance importante à l'égard du chef des infidèles de Quoreïche
de la part de l'Envoyé de Dieu qui a dit à El Abbas: "Emmène-le là où tu habites
jusqu'au matin". Le matin, Abou Soufian a déclaré sa convertion à l'Islam l'Envoyé de Dieu l'a honoré en annonçant que celui qui entre dans sa maison est
rassuré. C'est là une autre tolérance noble au profit d'Abi Soufian le chef de
Quoreïche, l'Envoyé de Dieu a été d'une grande tolérance avec Quoreïche
comme nous l'avons vu- puisqu'il ne lui a pas imposé la servitude, il a rendu la
liberté à ses habitants, même à ceux qui ont torturé les musulmans lors de la
défaite d'Ouhoud et à ceux qui ont résisté aux troupes de l'Envoyé de Dieu lors
de l'entrée à la Mecque comme "Ikrima ibn Abi Jahl - qui s'était enfui vers le
Yaman, et dont la femme avait demandé à l'Envoyé de Dieu qu'il soit rassuré et
il l'a été. Elle l'a ensuite emmené chez l'Envoyé de Dieu, et s'est converti à
l’Islam. Ainsi tout quoreïchite qui a combattu l'Envoyé de Dieu et devenu son
ennemi et qui était resté à la Mecque, a été pardonné après sa convertion à
l’Islam. L'Envoyé de Dieu a dit à tous les mecquois : "Partez vous êtes libres".
C'est un exemple de tolérance sans pareil.
L'un des meilleurs exemples sur la tolérance de l'Envoyé de Dieu (S.B sur
lui) c'est celle à l'égard de Ouahchi tueur de son oncle Hamza ibn Abdel
Mouttalib qu'il aimait beaucoup, dans la bataille Ouhoud. c'est un consanguin
de l'Envoyé de Dieu et l'une des notabilités de Quoreïche. Il a soutenu l'Envoyé
de Dieu aux moments difficiles et quand quoreïch affichait son hostilité à lui et
à ses fidèles. Ouahchi était un éthiopien qui utilisait la lance à la manière des
éthiopiens et s'en est servi contre Hamza. L'Envoyé de Dieu s'est baeucoup
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L’Universalité de l’Islam
attristé. Ouahchi s'est converti lors de la conquête de la Mecque. L'Envoyé de
Dieu (S.B sur lui) ne lui a fait aucun reproche. Lorsque ont éclaté les guerres
d'apostasie, il a regagné le rang des troupes de Khalid ibn El Oualid. Dans la
bataille "El Yamama" il a tué Mousaïlimat le voyant et menteur avec la même
lance. L'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) demandait toujours aux musulmans d'être
des tolérants nobles et dit : "Qui voudrait s'élever et se rapprocher de Dieu doit
pardonner celui qui lui a causé des préjudices, donner à celui qui l'a privé,
établir des liens avec celui qui l'a abandonné". Il demande aussi au musulman
de pardonner son frère musulman même s'il l'a privé de ses droits, même s'il l'a
privé de l'aide les jours où il a besoin d'aide, même si c'est son proche qui a
coupé avec lui les liens de parenté.
Dans les sociétés musulmanes il existe une tolérance entre les musulmans
et ceux qui appartiennent à d'autres croyances, qu'il s'agisse des gens du Livre
ou autres depuis les Califes jusqu'à nos jours. Nous voyons les musulmans
traiter les Sabéens adorateurs des astres au nord de l'Irak, comme les gens du
Livre, depuis Omar ibn Al Khattab à nos jours. Ils ont traité de la même façon
les mages adorateurs du feu en Iran. Ils étaient des fidèles de Zoroastre et de sa
doctrine dans l'Avesta (1), selon laquelle le monde a deux dieux celui de la
lumière et celui des ténébres. Le Zoroastrisme (ou mazdéisme) a disparu d'Iran
au 3ème siècle de l'hégire ou 9ème siècle de l'ère chrétienne, alors que ceux
qui partageaient les croyances des Sabéens n'ont disparu qu'à la fin du 4ème
siècle de l'hégire ou 12 ème siècle de l'ère chrétienne. Dans chaque pays
musulman, il y a toujours eu de petites ou grandes communautés de Nazaréens
(ou chrétiennes) et de petites communautés juives, qui vivaient dans la sécurité
et la tranquillité, sans aucune barrière entre eux et les musulmans. Ce que l'on
dit au sujet des Nazaréens et des juifs qui étaient obligés de porter une ceinture
appelée "Zonnar", n'a duré qu'un laps de temps très limité sous le règne de
quelques responsables qui n'avaient pas compris l'Islam tolérant comme il se
devait. Ce que nous avons évoqué dans les chapitres sur la cohabitation
matérielle et intellectuelle entre les musulmans et les gens du Livre nazaréens et
juifs en Irak, en Syrie, en Egypte prouve qu'ils ont vécu en sécurité et dans une
grande tolérance. Ceci les a amenés dans les différents pays à s'arabiser sur le
plan linguistique et intellectuel, à traduire leurs ouvrages sacrés en arabe et à
exercer leur culte dans la plupart des églises et des temples, en arabe. Nous
(1) L'Avesta : recueil des textes sacrés du la religion mazdéenne, écrit en langue avestique.
-103-
La Tolérance
n'avons pas étendu nos propos sur les Nazaréens et les juifs en Andalousie et
dans les pays du Maghreb. Toutes ces communautés y menaient une vie
agréable et y bénéficiaient de la tolérance de l'Islam.
Pour ce qui est des Nazaréens (chrétiens) en Andalousie les musulmans
leur ont garanti la liberté en religion et leur chrétienneté qu'ils avaient choisie. Il
n'est pas arrivé que quelqu'un ait été contraint d'abandonner sa chrétienneté pour
se couvertir à l'Islam. Les musulmans ont même entretenu leurs églises et leurs
biens. "Ils n'ont inquiété ni moine, ni prètre, ni évêque mais ils les ont plutôt
tous respectés. Ils ont traité convenablement les chrétiens durant toute leur
présence en Andalousie. Notons par exemple que le gouverneur omeyade
Mohamed ben Abderrahman (238-273 de l'hégire) recrutait les espagnols
arabisés à des fonctions dans le gouvernement. Il a désigné Koms ibn
Antagonon chargé de récupérer les impôts, parmi les gens du Livre, comme
secrétaire chargé des affaires du gouvernement. Il l'a même dispensé de
travailler le dimanche comme il en a dispensé tous les fonctionnaires afin de
permettre aux chrétiens parmi eux d'aller à l'église le dimanche. D'autre part un
grand nombre d'espagnols se sont convertis à l'Islam pour sa simplicité et sa
tolérance et ceux qui ne se sont pas convertis, se sont mis à apprendre l'arabe, à
écrire des oeuvres en poésie et en prose. Entre les musulmans et les chrétiens en
Andalousie existaient des relations d'amitié et de coopération. ceci se manifeste
dans l'influence des poèmes à rimes variées sur la littérature espagnole et de là
sur la littérature française, anglaise et allemande. Cette poésie était
accompagnée de la musique andalouse arabe. Cette influence se manifeste aussi
dans le soutien apporté par les musulmans au grand mouvement de la traduction
de l'arabe à l'espagnol à l'époque du roi d'Espagne Alfonso X qui a transformé
la ville de "Toleitila" en une grande institution de traduction du saint Coran, de
la pensée et des sciences arabes. Il a même créé a Murcille et à Seville une
école. Il a été aidé pour cela et pour l'élargissement de l'institution de Touleitila,
par les savants musulmans qui ont été sensibles à la tolérance de leur religion.
Ils lui ont remis : "Kalila Wa Dimna" ouvrage d'Ibn Almokaffae et des contes
variées en arabe en plus d'autres ouvrages sur l'astronomie et d'autres...
Grâce à la tolérance de l'Islam que Dieu -le Très Majestueux- a imposée
aux musulmans dans leurs comportements avec les non musulmans, les
musulmans ont ouvert les frontières de l'Andalousie aux juifs qui en ont fait
-durant huit siècles -leur refuge et leur citadelle qui les abritaient de l'oppression
de l'occident un peu partout. L'un d'eux Hasabaï ibn Chabrout a pu être nommé
-104-
L’Universalité de l’Islam
en 334 de l'hégire (916 de l'ère chrétienne) ministre de Abderrahman Annacir
l'un de grands dirigeants omeyades andalous. Il a commencé le mouvement de
la Renaissance des études talmoudites. L'Andalousie est vite devenue, avec le
consentement des musulmans, le centre des études judaïques. Lorsque les
arabes ont évacué l'Andalousie après la chute de Grenade en 897 de l'hégire
(1492 de l'ère chrétienne) les espagnols ont commencé à persécuter les juifs et
il n'y avait plus d'arabes musulmans pour les protéger. Leur persécution a atteint
son paroxysme sous le règne de Philippe III, roi d'Espagne. Où devaient-ils
partir? Ils n'ont trouvé de refuge qu'au pays de l'Islam et des musulmans, le
Maroc. La communauté Juive y a émigré et s'est installé dans les villes
marocaines où ils ont vécu dans une grande tolérance durant des siècles et où ils
se sont enrichis. Celui qui connait l'histoire des juifs au milieu des musulmans,
leur cohabitation avec eux durant les siècles du règne de l'Islam, leur protection
par les musulmane en Andalousie et au Maroc durant des siècles, s'étonne de
leur hostilité-de nos jours - à l'égard des musulmans palestiniens, et de leur
expulsion de leur pays sous l'oppression et la violence.
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CHAPITRE X
Les Liens de la Famille
La famille est l'unité considéré comme l'une des entités qui constitue la
société musulmane. Dieu l'a entourée de code (ensemble de lois) qui l'ont
amenée à se solidariser et à se soutenir depuis que les lois et les fondements de
l'Islam sont descendus sur l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) jusqu'à nos jours. Le
premier de ces fondements c'est la piété filiale. Dieu en a fait un devoir, une
obligation pour les enfants, dont ils doivent s'acquitter à l'égard de leurs parents
comme ils s'acquittent de leur devoir religieux à l'égard de Dieu. C'est pour cela
que Dieu l'a souvent comparée à sa dévotion. Comme il le dit dans la sourate (le
voyage nocturne)(1) “Et voilà que ton Seigneur a décidé: "N'adorez que Lui; (et
marquez) de la bonté envers les père et mère: "Si l'un d'eux ou tous deux
doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point: "Fi!" et ne
les brusque pas, mais adresse leur des paroles respectueuses. Et par miséricorde,
abaisse pour eux l'aile de l'humilité, et dis: “Ô mon Seigneur, fais-leur, à tous
deux miséricorde comme ils m'ont élevé tout petit’’. Comme Dieu, dans ce
verset noble, a décrété la pièté et l'a rendue obligatoire pour l'homme, il a
décrété la piété filiale dans les paroles, les actes toute l'aide et tout le réconfort
que l'homme procucre à son père et à sa mère. Si l'un d'eux vieillit ou si tous les
deux vieillissent, Dieu ordonne à l'homme de ne pas prononcer à propos de
quelque chose et s'il est ennuyé, le terme “ouf!” Il ne doit pas leur adresser un
terme vexant ou repoussant qui peut les irriter. “adresse -leur des paroles
respectueuses.” C'est-à-dire des paroles douces. Dieu lui ordonne d'être très
modeste avec eux au point de s'abaisser et de se soumettre en reconnaissance de
la bonne éducation qu'ils lui ont procurée et de l'attention avec laquelle ils l'ont
entouré depuis sa naissance. Il lui ordonne aussi de demander à Dieu de leur
accorder sa Miséricorde en rétribution pour l'éducation qu'ils lui ont donnée
depuis son enfance.
L'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) conseille souvent la piété filiale,
beaucoup de générosité, de respect et de vénération pour les parents. Il met en
garde l'enfant de ne pas être ingrat à l'égard des parents. Dans le hadith "Sahih",
(1) Sourate "La voyage nocturne". nº17, verset 23, 24
-107-
Les Liens de la Famille
Il dit à ses compagnons:"Je vous ai anoncé le grand pêché : "[Il a répété trois
fois]- "Non, Envoyé de Dieu."-Le polythéisme et l'ingratitude à l'égard des
parents". Ainsi, l'Envoyé de Dieu considère l'ingratitude envers le père et la
mère comme un péché et le compare au polythéisme pour en éloigner les gens
et leur faire peur des châtiments terribles à l'au-delà . l'Envoyé de Dieu a
souvent recommandé aux enfants d'être bienfaisants avec leurs mères. De là,
son célèbre hadith: "le paradis est sous les pieds des mères". Dieu évoque les
difficultés de la maman qui est enceinte et qui allaite son bébé, en disant dans la
sourate. "Louqman"(1) “Sa mère l'a porté , (subissant pour lui) peine sur peine.
Son sevrage a lieu à deux ans.” Un compagnon a demandé à l'Envoyé de Dieu
(S.B sur lui) : "Qui est, pour moi, en droit d'un bon "compagnonnage"?. Il lui a
répondu: "Ta mère". -"Et puis qui? "-"Ensuite ta mère?"- "Et puis qui?"
-"Ensuite ta mère" - "Ensuite qui?" -"Ensuite ton père"?. Ce n'est pas pour
avantager la mère par rapport au père mais c'est une insistance sur la
bienfaisance que doivent témoigner les enfants pour leurs mères. Dieu a décrété
qu'en cas de décés de l'enfant et si cet enfant a laissé des biens, une partie
déterminée de l'héritage doit aller aux parents pour qu'ils puissent s'assurer ce
dont ils auraient besoin dans leur vieillesse. Dieu dit dans la sourate (les
femmes) (2) “Quant aux père et mère du défunt, à chacun d'eux la sixième de ce
qu'il laisse, s'il a un enfant. S'il n'a pas d'enfant et que ses père et mère héritent
de lui, à sa mère alors le tiers”.
L'un des droits des enfants que Dieu a établis, c'est l'interdiction de
l'enterrement de petites filles vivantes pour cause de pauvreté et de manque de
moyens pour satisfaire leurs besoins. Dieu évoque cela dans la sourate (les
bestiaux)(3) “Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté”. Il dit la même
chose dans la sourate, (Le voyage nocturne)(4) “Et ne tuez pas un enfant par
crainte de pauvreté.” Dieu dit aux parents dans les deux versets, et que lorsqu'il
a donné la vie aux filles il a décidé pour elles leurs subsistances. C'est comme si
les parents se mélaient de la volonté divine en mettant fin à la vie de leurs filles
avant le terme. Dieu a interdit catégoriquement en menaçant, celui qui ne cesse
ces pratiques, de châtiment terrible. Et depuis, les musulmans ont arrêté ces
pratiques.
(1) Sourate "Louqman" nº3 , verset 14
(2) Sourate "Les femmes" nº6 , verset 11
(3) Sourate "Les bestiaux" nº6 , verset 151
(4) Sourate "Le voyage nocture" nº17 , verset 31
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L’Universalité de l’Islam
La Charia a établi pour les parents de nombreuses obligations envers leur
enfants, garçons et filles. Ils doivent leur assurer une bonne éducation, les
orienter vers un comportement vertueux, les préparer à partir de l'âge de sept
ans à excuter les préceptes de l'Islam et à l'instruction. Le père doit pourvoir à
l'instruction de son enfant jusqu'au moment où il pourra se prendre en charge. Il
en est de même pour la fille. Le père doit pourvoir à son entretien, jusqu'à son
mariage. Il revient au mari, après, de la prendre en charge.
La fille a droit à l'instruction comme son frère; au travail qui lui permet de
gagner de quoi subvenir à ses besoins. Comme son frère, elle a droit à
apprendre un métier, à l'exercer pour gagner sa vie. Si ce qu'elle gagne de son
travail , de son métier ou de sa fonction, n'est pas suffisant, son père ou son
mari lui assure les moyens de vivre.
Dieu a établi pour les enfants la part de l'héritage que leur laissent les
parents. Aux époques anté islamiques, les femmes, les filles et les jeunes
enfants ne bénéficaient pas de l'héritage, ce qui provoquait la rupture des liens
entre la famille. Seul le garçon le plus âgé de la famille avait droit à l'héritage
car il pouvait participé à la protection de la tribu contre les attaques par une
autre tribu. On dit que lorsque les obligations de la Charia sont descendues en
précisant les parts des parents, des garçons et des filles, certains arabes se
dépitaient en disant que les épouses, les filles et les petits enfants bénéficiaient
de l'heritage alors qu'ils ne combattaient pour leur tribus et qu'ils ne rapportaient
pas de butins. Ainsi, Dieu a raffermi les liens entre les membres de la famille et
a protégé les femmes les filles et les petits de la perdition et du fardeau qu'ils
peuvent constituer pour autrui. Dans la sourate (les femmes)(1) Il dit : “Voici ce
qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils une part équivalente à
celle de deux filles”. La part de la fille dans l'héritage équivaut à la moitié de
celle du garçon parcequ'il endosse beaucoup de responsabilités : celle de la
protection de la tribu et de sa défense, le payement de la dot pour le mariage, il
est le seul chargé de la "nafaka" (frais et dépenses pour la nourriture) pour sa
famille: l'épouse et les enfants. La femme n'étant pas responsable de cela même
si elle est riche. Il a aussi la charge des parents s'ils sont nécessiteux et même la
charge des frères et soeurs et des proches parents nécéssiteux. Tout cela rend
(1) Sourate "la femmes" nº4 verset nº11
-109-
Les Liens de la Famille
ses nombreuses responsabilités matérielles lourdes. Le dessein divin de faire de
la part de la fille l'équivalent à la moitié de celle du garçon dans l'héritage, n'est
pas le dispersement des droits mais l'établissement de ces droits d'une manière
équitable.
Dieu a fait du mariage de l'homme avec la femme un lien sacré. Aux
époques anté-islamiques c'était une propriété de l'homme, qu'il possédait sans
qu'elle ait aucun droit à l'égard de l'époux. L'Islam lui a restitué sa dignité et lui
a garanti tous ses droits. Avant l'Islam quand le mari décédait, au lieu de son
épouse, ce sont d'autres qui héritaient de lui, malgré elle. Le bénéficiaire de cet
héritage mettait sur la femme un tissu et disait : "j'ai hérité" : Il héritait tous les
biens laissés par le défunt et faisait d'elle ce qu'il voulait . S'il voulait l'épouser ,
il le faisait sans lui payer de dot, sinon il la mariait à d'autres et lui prenait sa
dot, ou encore il la priscrit de son second mariage pour hériter d'elle après sa
mort. Tout cela a été proscrit par Dieu dans la sourate (Les femmes)(1) “Ô les
croyants! Il ne vous est pas licite d'hériter des femmes contre leur gré” puis il
dit après: “Ne les empêchez pas de se remarier.” C'est-à- dire ne les contrariez
pas "dans le but de leur ravir une partie de ce que vous aviez donné";
c'est-à-dire une partie de la dot. Dieu dit encore dans cette sourate(2) “Si vous
voulez substituer une épouse à la place d'une autre et que vous ayez donné à
l'une un qintar(3) n'en reprenez rien. Quoi! le reprendriez-vous par injustice et
péché manifeste? Comment oseriez vous le reprendre, après que l'union la plus
intime vous ait associés l'un à l'autre et qu'elles aient obtenu de vous un
engagement solonnel ?”Dieu - le Très Majestueux- garantit à la femme sa dot si
le mari veut divorcer et se remarier à une autre. Il ne doit rien prendre de la dot
même s'il lui a versé un qintar. Dieu désavoue cette cupidité du mari alors que
l'union la plus intime l'a associé à son épouse et a associé son épouse à lui. Elle
a obtenu de lui un engagement que Dieu a nommé “engagement solennel” et
que cela soit mentionné dans les actes de mariage qui sont des actes portant le
seau de l'amitié, de la sympathie et de la tendresse devant Dieu.
L'Envoyé de Dieu dit dans le prêche du pélerinage de l'adieu." Faites du
bien à vos femmes, vous vous êtes mariés avec elles avec loyauté et fidélité et
vous vivez avec elles avec la parole de Dieu" Il est évident que Dieu fait du
(1) Sourate "les femmes nº4 verset 19
(2) Sourate "les femmes nº4 verset 20
(3) Un qintâr : mille pièces d'or, d'où le mot latin quintal.
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L’Universalité de l’Islam
mariage dans l'Islam un lien sacré, qui est contracté devant lui, par sa volonté".
L'Islam permet la polygamie, l'homme peut avoir deux femmes ou trois ou
quatre. Il a légitimé cela, parce que les guerres peuvent éclater entre les peuples
comme cela s'est produit entre les tribus arabes avant l'Islam et ainsi beaucoup
d'hommes et de jeunes peuvent mourir. Sans la légitimation de la polygamie, la
société peut se pervertir. En plus de cela, l'épouse peut être atteinte d'une
maladie chronique et puis dans les nations où le mari n'a qu'une femme, il y a
beaucoup d'enfants non légitimes. Pour obolir ces déteriorations, l'Islam permet
la polygamie à condition d'être équitable avec ses épouses.
Nous avons dit dans notre propos sur la justice et l'équité entre les
épouses, que Dieu l'impose à celui qui a plus d'une femme. D'aucuns diront que
l'Islam n'a pas établi d'égalité sur le plan du droit au divorce et à l'arrêt de la vie
conjugale et qu'il a accordé ce droit au mari seul. Ce n'est pas vrai car la femme
a le droit de demander le divorce et la séparation comme l'homme si la vie
conjugale se détériore.Seulement l'épouse le demande rarement pour
sauvegarder la famille, ce qui fait dire à certains que ce droit est réservé au mari
tout seul. L'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) dit :"Le licite le plus exécrable pour
Dieu c'est le divorce".
Ce qui illustre -sans ambiguité- la volonté de Dieu de ne pas voir se
produire un divorce ou une séparation du mari et de son épouse, c'est ce qu'il dit
dans la sourate (les femmes)(1) “Et comportez -vous convenablement envers
elles- Si vous avez de l'aversion envers elles durant la vie commune, il se peut
que vous ayez de l'aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien”.
Ce que veut dire le " Maarouf", ce sont les paroles et les actes qui doivent être
convenables. l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) disait: "les meilleurs parmi vous
sont meilleurs pour les leurs; Et moi, je suis le meilleur parmi vous, pour les
miens". Il se comportait convenablement avec ses épouses. Il les caressait, les
traitait avec courtoisie et était large avec elles dans les dépenses de la vie
quotidienne. Il réunissait souvent ses femmes dans la chambre de l'une d'entre
elles, à tour de rôle. Il dinait avec elles puis chacun rentrait dans sa chambre. Il
veillait un peu avec elles avant de dormir afin de les divertir. Dieu dit de la
cohabitation avec une épouse repoussante: “Il se peut que vous ayez de
l'aversion pour une chose où Alla a déposé un grand bien”
(1) Sourate "la vache” 1 verset n° 187
-111-
Les Liens de la Famille
C'est-à-dire qu'il se peut qu'en les confinant et en ayant de l'aversion pour
elle, cela fasse du bien dont les deux époux tireront du bénéfice, telle que
l'épouse qui donne naissance à un bébé porteur despoir. Dieu illustre le lien
conjugal en disant dans la sourate (la vache) “Elles sont un vêtement pour vous
vous êtes un vêtement pour elles.” C'est-à-dire, que les liens qui vous unissent
sont si fermes et si étroits que vous deux constituez un seul être, l'un garde le
secret de l'autre et ne divulgue rien de ce que lui révele l'autre du profond de
lui-même.
Dieu dénit les époux unis par le devouement et l'affection en disant:(1) “Et
parmi Ses signes, Il a crée pour vous des épouses pour que vous viviez en
tranquilité avec elles et Il a mis entre vous de l'affection et de la bonté . Il y a en
cela des preuves pour des gens qui réfléchissent”.
Dieu évoque sa grâce en faveur des gens, consistant en une grande
d111sort, tout en ayant pitié de l'autre, en étant disponible pour le sécourir et en
ayant de la commisération pour lui. Dieu dit : “Il y a en cela des preuves” et de
grands enseignements". “pour des gens qui réfléchissent” à ces grâces divines
qui donnent aux époux la quiétude, la tranquillité l'amour et le bonheur. La
"charia" impose le "infak" (ou dépenses pour la famille), en faveur de l'épouse
même si elle est riche. Le mari seul supporte les frais de la famille: tout ce qu'il
dépense pour son épouse et sa famille est retribué le jour de la résurrection.
L'Envoyé de Dieu dit que le plus important "infak" (dépense ou frais) pour Dieu
c'est le "Infak" pour la famille incitant ainsi le musulman à prendre en charge
ses parents, son épouse et ses enfants. Pour l'entretien et la protection de
l'épouse de besoins de la vie, il lui a reservé le quart de l'héritage de son mari
s'il n'a pas d'enfant. S'il a un enfant, elle héritera un huitième de cet héritage
pour être à l'abri des nécessités de la vie .
Nombreux sont ceux qui disent que l'Islam n'a pas été équitable entre
l'homme et la femme. Cela n'est pas vrai, il a établi une égalité entre eux sauf
pour ce qui est de leurs différences physiologiques concernant la procréation. La
femme porte en elle son foetus pendant neuf mois et allaite son bébé pendant un
(1) Sourate "les romains" nº30 verset nº21
-112-
L’Universalité de l’Islam
an et demi environ. La grossesse et l'allaitement relèvent de la nature de la femme
et la font distinguer de l'homme. L'homme se distingue de la femme par sa force
physique. C'est une injustice donc de dire que l'homme et la femme sont
semblables. Ce qui a fait que le Coran et le hadith ont de la tendresse et de la
compassion pour elle et imposent au mari de nombreux devoirs et des obligations
à son égard. L’Islam établit l'égalité entre l'homme et la femme en matière des
obligations religieuses, des prières surérogatoires, du jeune, de la Zakat et du
pélerinage; comme il a établi entre eux l'égalité au niveau de la rétribution de
l'au-delà et de la grâce du paradis. Dieu dit dans la sourate: (le pardonneur)(1)“et
quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne action tout en étant croyant, alors
ceux-là entreront au Paradis pour y recevoir leur subsistance sans compter.”
Pour Dieu les femelles et les mâles sont égaux dans les "bonnes actions", la foi
et la rétribution qui en découlent. Ils sont égaux aussi dans les responsabilités
sociales et politiques comme le dit Dieu dans la sourate (le désaveu ou le
repentir) (2) “les croyants et les croyantes sont alliées les uns des autres. Ils
commandent le convenable, interdisent le blâmable” c'est à dire que les
hommes et les femmes se portent assistance, se prêtent un secours mutuel.
Comme cela est dit dans le Hadith: "le croyant est pour le croyant comme
l'edifice les élèments se tiennent les uns les autres "De même la croyante pour la
croyante et le croyant; tous “commandent " hommes et femmes” “le
convenable” C'est-à-dire avec la justice et le bien en faveur des individus et du
peuple-.“(ils) interdisent le blâmable” c'est-à-dire le mensonge et le mal qui
touchent les individus et le peuple.
Nous avons évoqué plus haut qu'une servante de la mère du calife
Abbasside Al Moktadir est devenue juge à Bagdad au début du 4ème siècle.
L'on sait aussi que Chajarata Ad'dor la femme du roi vertueux Najm Eddine
Ayoub a dirigé les affaires de la principauté de l'Egypte après sa mort. La
monnaie a été frappée en son nom et même les prêches du Vendredi se faisaient
en son nom. Au XXe siècle, Mustapha Kemal a établi pour la femme
musulmane le droit de la candidature aux élections. Ainsi la femme a siégé au
parlement. Elle a obtenu ce droit en Egypte sous le Président Nacer et
aujourd'hui elle détient des portefeuilles ministriels. Au début des années 90 de
(1) Sourate "le pardonneur" nº40, verset nº40
(2) Sourate le désaveu ou le repentir nº9 , verset nº71
-113-
Les Liens de la Famille
ce siècle, les Présidents des gouvernements du Pakistan, de la Turquie et du
Bangladesh étaient des femmes musulmanes qui "commandaient "le
convenable" dans leurs pays respectifs et "interdisaient le blâmable". Il y a là
des preuves montrant que l'Islam n'a pas négligé la femme comme le prétendent
ses ennemis. L'Islam l'a dotée de liberté lui permettant d'évoluer avec le temps
jusqu'au moment où elle est devenue chef de gouvernement, suivant ainsi
l'exemple des tout derniers droits acquis par la femme occitentale .
Dieu- Que Son nom soit béni-dit dans la sourate "les femmes" (1) “aux
hommes la part qu'ils ont acquise, et aux femmes la part qu'elles ont acquise”.
Ainsi Dieu établit l'équité entre l'homme et la femme sur le plan de l'acquisition
de biens. C'est la tâche de toutes celles qui veulent l'acquisition: l'ouvrière, la
fonctionnaire, l'enseignante. Vient après, dans la Charia, son autonomie
financière vis-à-vis de son père, de son mari ce que la femme musulmane a
obtenu depuis quatorze siècles alors que la femme occidentale ne l'a pas encore
obtenue aujourd'hui. En effet, la Charia permet à la femme musulmane
d'acheter, de vendre, de faire du commerce avec son argent, de porter à la
justice ses litiges, sans avoir l'autorisation de son père ni de son mari. A tous ces
droits garantis à la femme musulmane majeure, elle ne se mariait avec
quelqu'un, qu'après son consentement, ne perdait pas son nom de jeune fille
(nom de famille ) au mariage comme cela arrive à la femme occidentale quand
elle se marie et qui porte le nom de son mari. La femme musulmane garde son
nom de famille pour prouver qu'elle a acquis son indépendance materielle et sa
liberté de gérer ses biens. La femme musulmane a une contribution efficace depuis longtemps - dans le domaine des sciences et de la littérature. On parle
souvent dans la littérature occidentale de salons littéraires aux 17è et 18è siècles
à des femmes françaises lettrées et où se rencontraient des hommes de lettres et
des penseurs français. Le lecteur peut s'étonner s'il sait que Sokina la fille de
Hocine avait un cercle respectable au 1er siècle de l'hégire (7è siècle de l'ère
chrétienne) à Médine où se rendaient d'éminents poètes de son époque. Ils lui
lisaient leurs poèmes et souvent elle différenciait entre eux , commentait leurs
poèmes et leur faisait des dons. En Andalousie, au 5ème siècle de l'hégire (11è
siècle de l'ère chrétienne) nous trouvons le cercle de Wallada la fille du dernier
Kalife Omeyade en Andalousie. Elle était poète. Ibn Zaïdoun et d'autres poètes
(1) Sourate "les femmes" nº4 verset nº32
-114-
L’Universalité de l’Islam
et hommes de Lettres venus de Cordoue participaient aux rencontres organisées
par ce cercle. Un autre cercle, semblable à celui de Wallada, celui de Haouae la
femme de Seïr Ibn Abibakr gouverneur de Seville a existé durant 27 ans (à
l'époque des Almoravides au 11ème siècle de l'ère Chrétienne). Ce cercle avait
son siège au palais de l'émirat et accueillait des poètes, des hommes de lettres
et des philosophes. Haouae suivait les discussions, participait aux critiques des
poèmes lus par leurs auteurs. Il y avait aussi un autre cercle, celui de Hafsa
Er-rakounia, à Grenade au 12è siècle de l'ère chrétienne. Ces femmes
musulmanes ont devancé les femmes de France de plusieurs siècles en ce qui
concerne la création de cercles littéraires. Cela prouve la fausseté de ce qui a été
dit à propos des femmes musulmanes qui étaient en retard par rapport aux
femmes occidentales qui avaient la liberté de créer des cercles. En verité, les
femmes et en particulier les épouses avaient une place privilégiée dans les
sociétés musulmanes: L'épouse était la maîtresse de maison, la responsable de la
vie du foyer, des décisions le concernant, et elle est la mère des enfants. Les
femmes étaient aussi instruites comme le veut l'Islam. Nombreuses étaient les
femmes excellentes dans les sciences religieuses, la philosophie; et d'autres
sciences. Nombreuses aussi étaient les femmes ministres de leurs maris qui
étaient Califes ou gouverneurs- telles qu'Arwa femme de Abi Jaafar El Mansour
le fondateur réel de la dynastie des Abbassides, qui lui a fait don d'une ferme
qu'elle a léguée a ses proches parmi les veuves, ou celles qui n'avaient pas de
maris, afin de leur assurer une protection. Une autre femme, Al Khaïzorane
femme de son fils El Mahdi, qui avait beaucoup de pouvoirs sur le
gouvernement et sur la direction des affaires du pays. C'est sur ses conseils
qu'El Mehdi a restitué aux enfants des Omoyades les biens qu'ils avaient hérités
de leurs parents et que les Abbassides leur avaient confisqués. Zoubeïda dite
fille de Arwa la femme de Haroune Arrachid avait ordonné d'aménager une
source qui a porté son nom (Aïn Zoubeïda) et qui a fourni de l'eau potable à la
Mecque, à ses habitants et aux pélèrins. Nous avons donné l'exemple de ces 3
femmes mais l'Histoire des femmes musulmanes qui étaient honorées par leurs
époux, nous fournit beaucoup d'exemples de partout, de l'est comme de l'ouest.
Sans doute, les occidentaux, - espagnols ou autres - ont remarqué la place et
l'estime qu'avait la femme musulmane dans la société andalouse et cela les a
poussés à imiter les musulmans et à élever la femme occidentale au rang
qu'avait la musulmane. L'importance accordée à la femme musulmane, et au
maintien de sa dignité par l'Islam s'est donc clarifiée. Dieu a accordé aussi la
-115-
Les Liens de la Famille
même importance à tous les membres de la famille : les pères et mères, les
époux , les enfants , les proches. Ils les a rendus liés entre eux d'un lien ferme,
divin par le poids de l'héritage qu'ils partagent entre eux , et par d'autres
obligations comme, la bienveillance, la solidarité, le soutien mutuel et.. Ce lien
a fait de la famille musulmane une famille exemplaire. Toutes les familles de
l'humanité devraient en faire un modèle à suivre.
-116-
CHAPITRE XI
Le bon comportement ou le Savoir Vivre
Nous avons- dit plus haut- que Dieu le Très Majestueux appelle l'humanité
en général et les musulmans en particulier, a observer un certains nombre de
vertus qui rendent l'humanité et les musulmans heureux ici-bas et dans l'au-delà
s'ils s'y attachent. L'une de ces vertus, c'est l'utilisation de la raison en toute
chose; en religion ou autre chose. La vertu de la science, qui a poussé les
musulmans-hommes et femmes - à se passionner pour toutes les branches de la
science: les sciences religieuses ou non religieuses. La vertu de la justice sans
laquelle il ne peut y avoir de vie ni pour un individu ni pour un peuple. La vertu
de l'égalité entre toutes les races et les ethnies . La vertu de la tolérance avec
toutes les religions monothéistes ou polythéistes.
L'Islam appelle à d'autres vertus nombreuses : celle du travail. Dieu dit
dans la Sourate (le repentir)(1) “Et dis : ‘Oeuvrez, car Allah va voir votre
oeuvre, de même que Son messager et les croyants’”. Ainsi l'Islam est la
religion de l'ouvrage. Il incite à l'ouvrage dans la piété, en faisant la prière, la
Zakat, le jeûne et le pélèrinage. Il incite aussi à l'ouvrage pour assurer sa
subsistance en labourant la terre, en la semant et en l'entretenant jusqu'à la
récolte. Les cultures se diversifient tout comme l'industrie et le commerce.
Celui-ci est cultivateur et celui-là est horticulteur. Celui-ci est faribricant de
meubles,celui-là est constructeur de véhicules; Celui-ci est épicier,celui-là est
marchand de tissus et d'innombrables exemples d'industries et de commerces.
L'Envoyé de Dieu incite fermement les musulmans à l'ouvrage comme si c'était
une piété afin que le musulman puisse gagner sa vie, qu'il puisse avoir un métier
le mettant à l'abri de la mendicité, et qu'il ne soit pas une charge pour la société.
Les croyants ne sont évoqués dans le Coran que lorsqu'est évoqué avec eux
l'ouvrage utile, c'est-à-dire l'oeuvre bonne, dans la piété ou dans autre chose .
L'Envoyé de Dieu souvent a proscrit le chômage et l'oisiveté . Omar Ibn El
Khattab dit aux compagnons: "Que personne d'entre vous ne cesse de gagner sa
vie "puis il dit : "O Dieu, accorde-moi des moyens de subsistance. Vous avez
appris que le ciel ne répand pas de l'or ni de l'argent ".
(1) Sourate "le desaveur ou le repentir" nº9, verset 105
-117-
Le Bon Comportement ou le Savoir Vivre
Dieu incite au respect de l'engagement en disant dans la sourate (le voyage
nocturne)(1) “Et remplissez l'engagement,car on sera interrogé au sujet des
engagements” L'engagement - dans le verset- concerne l'engagement que Dieu a
placé en tout être humain de n'adorer que Lui seul et d'embrasser sa religion et
sa Charia. L'engagement dans ce verset concerne aussi les engagements entre le
musulman et son frère, qu'il doit accomplir loyalement; entre la musulmane et
son époux, ses parents, ses enfants, ses proches . C'est aussi un acte par lequel
on remplit fidélement ses engagements. Comme le dit Dieu dans la sourate (la
table servie)(2) “Ô les croyants! Remplissez fidelement vos engagements”. que
vous établissez comme les transactions ou les contrats de vente, d'achat , de
location de terrains, de logements, de conciliation des individus, des peuples,
les pactes entre les pays musulmans et les autres pays. L'Envoyé de Dieu a mis
en garde contre la violation d'une promesse (ou d'un engagement et de ne pas la
tenir et l'a appelé une trahison. Il a dit : "Tout traitre a une bannière le jour de la
résurrection, que l'on hisse en fonction du degré de la trahison".
Parmi les vertus des musulmans, avec lesquelles Dieu a caractérisé leur
solidarité et leurs comportements entre eux, c'est ce que Dieu dit dans la
sourate: (La victoire éclatante)(3) “Miséricordieux entre eux” C'est- à-dire que
chacun d'entre eux s'apitoie sur son frère. Le plus fort s'apitoie sur le plus faible.
Le riche s'apitoie sur le pauvre. Le bien portant s'apitoie sur le malade.
[Arrahma] veut dire la tendresse, la bienveillance, l'apitoiement, la bonté. Le
musulman ne doit pas être brutal, dur envers son frère mais il doit avoir un
coeur tendre et plein de pitié donc il doit être bon avec lui et lui prodiguer de la
tendresse. L'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) demande au musulman de traiter son
domestique avec beaucoup d'indulgence. Il lui demande de ne pas léser un
ouvrier dans son salaire et de ne pas exiger qu'il fasse des choses qui excèdent
sa force. Les hadiths sur le bon traitement des bestiaux et les bêtes de somme
sont nombreux. Les propriétaires de ces bêtes ne doivent en aucun cas les
opprimer. L'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) est ferme sur l'apitoiement sur les
animaux comme il est ferme sur l'apitoiement et la miséricorde envers l'homme.
Il dit dans le "Sahih" de Mouslim: " Une femme a été suppliciée à cause d'une
chatte" qu'elle a capturée jusqu'à sa mort. Elle est allée en enfer. Elle ne lui a
donné ni à manger ni à boire. Elle ne l'a pas non plus laissé manger les
(1) Sourate "le voyage nocture nº17 verset 34
(2) Sourate "latable servie" nº5 ,verset 1
(3) Sourate "la victoire éclatante" " nº48 verset 29
-118-
L’Universalité de l’Islam
bestioles et les insectes dans le sol. "Il appelait toujours à la douceur et à la
bonté avec les animaux Dans le "Sahih" 'Al Boukhari, l'Envoyé de Dieu (S.B.
sur lui) dit: "un homme qui allait sur un chemin, avait une forte soif. Il a trouvé
un puits où il est descendu pour se désaltérer -En sortant il a trouvé un chien
qui aboyait et qui enfonçait le museau dans le sol, de soif. L'homme disait : "Ce
chien a une soif semblable à celle qui m'a saisi." Puis il est descendu au fond du
puits, a rempli l'eau dans ses chaussures qu'il tenait avec ses dents, ensuite il est
remonté et a donné à boire au chien. Dieu a bénit ce qu'il a fait. Dieu l'a absous
et il est allé au paradis. "C'est un apitoiement exemplaire envers les animaux
comme l'apitoiement envers l'homme. Ainsi l'Islam est digne d'être une religion
de la miséricorde. Dieu et Son Envoyé incitent beaucoup les musulmans à la
ressentir à suivre ces pratiques nombreuses et nobles. Ils ont appelé le
musulman à être conscient de la dignité, et de l'honneur. Il ne doit craindre
personne sauf Dieu. Il doit dire toujours la vérité sans craindre la critique de
personne. On a demandé à l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) : "Quel est le meileur
"Jihad" (Combat)? Il a répondu: "la vérité devant un roi oppresseur". Il disait
toujours qu'il ne fallait pas que le musulman s'avilisse et qu'il ne craigne
personne en disant la vérité: Ce qu'il dit ne lui cause aucun tort et n'arrête pas
ses moyens de vivre.
Dieu fait souvent l'éloge de ceux ou celles qui sont honnêtes et qui auront
dans l'au-delà une grande grâce. Il y a plusieurs sortes d'honnêtetés (ou
Loyautés): La Loyauté du musulman envers Dieu, dans sa croyance en Lui, en
Ses Anges, Ses Livres. Ses messagers, et au jour de la résurrection, avec
l'accomplissement des obligations réligieuses tels que la prière, la Zakat, le
jeûne, le pélèrinage. La loyauté envers son épouse en ce qui concerne la
cohabitation et les dépenses; la loyauté envers les parents, les enfants au niveau
de leurs exigences à satisfaire; la loyauté envers les proches, qui consiste à les
soutenir et à les aider; la loyauté envers les gens dans tous ses engagements et
ses transactions. L'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) dit que l'homme doit rester
loyal en faisant ainsi allusion à ce que Dieu dit dans la sourate (les femmes)(1)
“Ceux-là seront avec ceux qu'Allah a comblés de ses bienfaits: les prophètes,
les véridiques, les martyrs, et les vertueux. Et quels bons compagnons que
ceux-là!”.
Dieu recommande à Son Envoyé d'être modeste avec les croyants en
disant dans la sourate (Les poètes)(2) “Et abaisse ton aile (sois beinveillant) pour
(1) Sourate "les femmes nº4 verset nº69
(3) Sourate "les poète "nº26 verset nº215
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Le Bon Comportement ou le Savoir Vivre
les croyants qui te suivent”. C'est à dire traite les avec souplesse et modestie.
L'Envoyé de Dieu était très modeste avec les compagnons. Ses épouses et ses
compagnons parlaient de sa modestie en évoquant de nombreux hadiths qui
parlent de cela et dont nous avons cité quelques uns. Il recommandait toujours
aux compagnons la modestie en disant : "Dieu élevera celui qui est modeste
avec lui". C'est-à-dire que la modestie envers Dieu consiste dans ce monde
ici-bas à aimer les gens qui à sympathiser avec eux et dans l'au-dela c'est Dieu
qui rétribue largement celui qui a été modeste. La modestie envers Dieu et Son
Envoyé se traduit par leur exhaltation et la poursuite de la "Charia". Sa
modestie envers les gens à deux aspects: L'un est louable et acceptable, l'autre
est condamnable et inacceptable. La modestie louable, c'est la modestie envers
les parents la famille, les amis, les beaux parents; la modestie condamnable c'est
la modestie envers ceux qui sont orgueilleux, vaniteux et ceux qui son
iniquitables parmi les gouvernants.
L'Envoyé de Dieu faisait l'éloge de la pudeur et disait que c'est une partie
de la foi parce qu'elle empêche-comme la foi de commettre les péchés. C'est
comme si la pudeur était une branche de la foi. C'est l'une des vertus de
l'Envoyé de Dieu , puisqu'il était- Comme cela est dit dans le hadith sahih-plus
pudique qu'une vierge dans sa chambre. On dit que lorsqu'il voyait quelque
chose qu'il détestait, il ne parlait pas de honte, mais vite l'expression de son
visage changeait et les compagnons comprenaient sa haine pour cette chose. Il a
dit (S.B sur lui) comme cela est dit dans le sahih Al Boukhari : "Si tu n'as pas
honte, fais ce que tu veux". C'est-à-dire si tu n'as pas honte du péché et si tu ne
rougis pas devant le vice, le mal ,fais ce qui te viens à l'espirt, bon ou mauvais.
On veut signifier ainsi que ces actes inspirent la menace et le blâme.
Dieu et Son Envoyé recommandent au musulman dans son comportement
d'être endurant devant les adversités et les calamités, il ne doit pas s'inquiéter
mais il doit se maitriser en ayant une forte volonté, en supportant les problèmes
qu'il a eu et en y résistant sans lassitude ni inquiétude. Dieu a souvent évoqué
l'endurance dans le Coran afin que les musulmans se la représentent en cas de
guerre et du "jihad" (ou guerre sainte), en cas d'abstinence, et quand il faut
supporter de son gré les malheurs et les adversités. Dieu dit dans la sourate "les
groupes"(1) “et les endurants auront leur pleine récompense sans compter” leur
récompense pour Dieu n'a pas de limite. Il dit dans la sourate (la Vache) (2) “ Et
(1) Sourate "les groupes" nº39 , verset nº10
(2) Sourate "la vache " nº1 versets 155, 156 , 157
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L’Universalité de l’Islam
fais la bonne annonce aux endurants qui disent quand un malheur les atteint :
"Certes nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerons. Ceux-là
reçoivent des bénédictions de leur Seigneur, ainsi que la miséricorde; et ceux-là
sont les biens guidés.” Ils soumettent tout à Dieu, se soumettent eux-mêmes à sa
volonté. Et ils retourneront à Lui le jour de la résurrection pour qu'Il les
récompense amplement. Dieu leur anoncera à titre de la récompense pour leur
endurance à digérer les adversités et supporter les douleurs, qu'il leur concédera
des prières, une miséricorde et le bon chemin, qui sont des grâces
sublimes.Dieu et Son Envoyé demandent aux musulmans la mansuétude
(opposé à la stupidité). C'est la patience, la retenue si bien que l'endurant ravale
sa rage quand il entend de quelqu'un ce qui lui nuit. Alors il ne dit rien même
s'il est très en colère. Il ne prononce pas un mot déplacé ce qui prouve sa
capacité de se maîtriser et à supporter ces préjudices à un haut degré . Beaucoup
de musulmans sont très connus pour leurs mansuétude. L'Envoyé de Dieu (S.B
sur lui) était à leur tête. Quand il entendait un mot qui lui faisait mal d'un
bédouin sec, il souriait et ne répondait pas. Il pardonnait toujours en serrant la
main des gens. Dieu et Son Envoyé incitent les tuteurs et les curateurs à une
bonne protection de l'orphelin, à la bienveillance à son égard et à ne pas prendre
sur son bien pendant le tutorat plus du salaire imparti à ceux qui ont les mêmes
responsabilités. Quand l'orphelin devient majeur, ils lui remettent tous ses biens.
Dieu menace de peines éternelles celui qui détourne les biens de l'orphelin.
Dieu et Son Envoyé exhortent à la générosité envers le voisin et l'hôte.
L'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) incite souvent à rendre visite au malade afin de
consolider avec lui et ses proches les liens d'amitié. De même, il incite à aller
dans les cortèges funèbres, à prier pour les morts afin d'affermir les relations
entre les musulmans.
Pour le bien de l'humanité et des peuples musulmans, Dieu bannit de leur
moralité tous les actes maléfiques et toutes les mauvaises paroles qui peuvent
leur nuir. Il a proscrit dans le Coran et par l'intermédiaire de Son Envoyé un
gros lot de nocivités : L'adultère en l'occurrence qui est le plus grand pêché.
Dieu dit dans la sourate (le voyage nocturne)(1)“Et n'approchez point la
fornication. En verité c'est une tupitude et quel mauvais chemin!”. C'est-à-dire
que c'est hideux pour l'infamie à jamais que cela entraine: La fille qui ne peut
plus se marier, la séparation des époux, et les sanctions qu'ils encourent. Dieu a
(1) Sourate "le Voyage nocturne nu17, verset nº32
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Le Bon Comportement ou le Savoir Vivre
proscrit le vin et les drogues tels que l'opium, le hachich. La cocaïne en raison
du gaspillage inutile et de l'égarement que cela entraine.L'Envoyé de Dieu (S.B
sur lui) dit: "Maudits soient le vin (et les drogues citées plus haut), celui qui en
boit, qui le sert, qui le vend , qui l'achète, qui le transporte et le moyen utilisé
pour son transport, celui qui le prépare et celui qui en récolte les bénéficies".Les
savants en religion sont unanimes pour dire que tout ce qui enivre(une grande
ou une petite quantité) est proscrit. De même Dieu proscrit le jeu de hasard
pour le gaspillage de l'argent inutilement qu'il entraine et pour la haine et
l'hostitité qu'il peut provoquer entre ceux qui le pratiquent. Dieu proscrit aussi
l'usure c'est-à-dire l'intérêt que doit payer l'emprunteur et qui est exigé par celui
qui prète de l'argent. C'est une extorsion puisque le préteur exige cet intérêt
sans compensation et puis cela entraîne la disparition du bienfait et de la
bienveillance entre les membres de la société, que la "Charia" a établi et
consolidé. L'investissement de son argent dans les banques n'est pas considéré
comme une usure car il est exempt de l'extorsion et puis la banque et celui qui
investit profitent de cet argent(1). Dieu proscrit aussi l'orgueil. C'est-à-dire la
supériorité sur les gens parce qu'il s'oppose à ce que l'Islam a rendu obligatoire
entre les musulmans tel que le fait de vivre comme des frères. Ainsi le
musulmans ne doit pas se considérer supérieur à l'autre musulman pour son rang
et sa fortune.
Dieu proscrit également le faux témoignage. L'Envoyé de Dieu (S.B sur lui)
le considère comme un pêche mortel équivalant au polythéisme- et mérite un
terrible châtiment- Dieu proscrit l'injustice dans toutes ses formes en disant dans
la sourate: (Abraham) (2)“Et ne pense pas qu'Allah soit inattentif à ce que font les
injustes. Il leur accordera un délai jusqu'au jour où leurs regards se figeront”.
Dieu dit qu'il n'est pas inattentif à ce que font les injustes mais il retarde leur
châtiment au jour de la résurrection où les regards se figeront sans qu'on puisse
lorgner d'effroi et de frayeur. Il continue le verset en disant des injustes : “Ils
courront, suppliant”. C'est-à-dire qu'ils iront en courant supplier Dieu “levant la
tête” de peur (3) “les yeux hagards” c'est-à-dire qui ont une expression égarée,
farouche, de frayeur (4) “les coeurs vides” de tout ce qui se rapporte à la raison à
cause de la frayeur causée par la peur du châtiment terrible.
(1) Ce point de vue ne fait pas l’unanimité dans la doctrine musulmane
(2) Sourate "Abraham" nº14 , verset nº42
(3) Sourate "Abraham" nº14, verset 43
(4) la traduction ici ne correspond pas nécessairement au texte original en arabe.
-122-
L’Universalité de l’Islam
Dieu et Son Envoyé ont proscrit le mensonge, qu'il s'agisse du mensonge à
l'égard de Dieu en rendant "licite" ou permis ce qui est proscrit et en rendant
proscrit ce qui est licite ou permis; ou qu'il s'agisse du mensonge à l'égard de
l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) en attribuant des Hadiths mensongers à l'Envoyé
de Dieu où qu'il s'agisse encore de mensonges dans les paroles et les actes
vis-à-vis des gens. Il y a des gens pour qui le mensonge devient une habitude
qui est exécrable et qui avilit le menteur- On a demandé à l'Envoyé de Dieu si le
croyant peut être peureux (ou lâche). Il a répondu. -"Oui"- Peut-il être avare? Il
a répondu- "Oui"- Peut-il être menteur? Il a répondu: -"Non". Dieu et son
Envoyé ont proscrit d'une manière catégorique le faux serment. L'envoyé de
Dieu (S.B sur lui) dit que c'est l'un des pêchés mortels. Il a mis en garde ceux
qui ne jurent pas par Dieu. Nombreux sont ceux qui jurent par la vie du père,
par son tombeau. Ceci est "illicite". Dieu ne châtie pas celui qui jure en
employant des termes inutiles du type: "Non, par Dieu", Oui par Dieu, termes
utilisés parfois inconsciemment. Dieu proscrit aussi la jalousie vis-à-vis des
gens qui ont bénéficié d'une des nombreuses grâces divines. C'est comme si on
irritait le jaloux et en réaction, on souhaite que cette grâce n'aille pas à qui elle
profite et on s'indigne (ou se fâche) de ce que Dieu accorde sa grâce à celui qui
est jaloux", ayant empoisonné sa vie, poussant de longs soupirs et n'étant pas à
l'aise. Dieu et Son Envoyé prohibent la tromperie qui signifie le fait que le
trompeur montre quelque chose qui est autre que ce qu'il cache. La tromperie
revêt plusieurs formes, entre autres, la fraude dans la vente, qui consiste pour le
vendeur à cacher les défauts de ce que le client achète. Il y a aussi la tricherie au
sujet de laquelle l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui) dit : "Celui qui nous trompe
n'est pas un bon musulman".
L'Envoyé de Dieu défend l'imprédiction et l'injure du musulman. Il
considère cela comme un pêché mortel - et celui qui profère des imprécations ou
injurie un musulman commet un pêché. Il a défendu aussi d'injurier les animaux.
Dieu cite dans la sourate (Les appartements) une serie des choses illicites qui
altèrent les relations d'amitié entre les musulmans, en disant(1) “Ô vous qui avez
cru ! Qu'un groupe ne se raille pas d'un autre groupe”: C'est à dire que l'un ne
doit railler l'autre. ”Ceux-ci sont peu meilleurs qu'eux” devant Dieu “et que des
femmes ne se raillent pas d'autres femmes. Celles-ci sont peut-être meilleures
qu'elles. Ne vous dénigrez pas”. C'est à dire on ne doit pas médire des autres Dieu le très majestueux dit encore dans la même sourate (2) “Ô vous qui avez
(1) Sourate "Les appartements" nº49, verset nº11
(2) Sourate "Les appartenants" nº49 , verset 12
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Le Bon Comportement ou le Savoir Vivre
cru! Evitez de trop conjecturer Dieu recommande aux musulmans de ne pas se
faire de mauvaises opinions les uns sur les autres, quand ils entendent un mot de
quelqu'un et qu'ils interprêtent comme un mal alors qu'ils l'auraient plûtot
compris comme un bien. Dieu dit encore “Et n'espionnez pas”. L'Envoyé de
Dieu (S.B sur lui) défend l'espionnage des défauts de n'importe quel musulman
et il dit : "Celui qui dissimule le défaut d'un croyant C'est comme s'il faisait
réssusciter une jeune fille de sa tombe Dieu dit: “et ne médissez pas les uns des
autres. L'un de vous aimerait-il manger la chaire de son frère mort? (non) vous
en aurez horreur”. La médisance c'est le fait de dire du mal que l'on sait de son
frère musulamn. La comparaison de la médisance au fait de manger la chair de
son frère mort, est un raffermissement de la volonté de Dieu de la défendre. Elle
entraine le châtiment dur comme la raillerie, la conjecture et l'espionnage. Dieu
rend illicite la colomnie et la blâme. C'est une délation dont le calomnieux se
sert pour brouiller les relations entre les gens. L'Envoyer de Dieu (S.B sur lui)
dit: "Le colomnieux n'ira pas au paradis ". Dieu et Son Envoyé défendent que
l'on se réjouisse des malheurs du musulman - Mais le devoir du musulmans est
de consoler son frère et de l'aider à surmonter ses malheurs. Celui-ci pourra le
libérer de ses malheurs et le malveillant pourra connaître les mêmes adversités.
Nous terminons notre propos par les qualités faisant partie du savoir vivre
que Dieu a rendues obligatoires pour les musulmans. Nous retenons parmi ces
qualités ce qu'il dit(2) : “Ô qui avez cru! Quand on vous dit: "faites place (aux
autres) dans les assemblées" alors faites place : Allah vous ménagera place au
paradis.” Dieu ordonne aux musulmans qui sont assis dans une assistance
d'aménager des places à ceux qui les rejoignent, qu'il s'agisse d'une prédication
ou d'un sujet scientifique. l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui dit : "On ne doit pas
faire lever quelqu'un de sa place pour occuper cette place, mais espacez-vous et
étendez-vous car l'espacement est reposant. L'une des règles des assemblées (et
des groupements) consiste pour celui qui vient en retard à ne pas se frayer un
passage parmi les assistants pour s'asseoir au premier rang, mais il doit suivre ce
que faisait l'Envoyé de Dieu qui se mettait au dernier rang. -L'Envoyé de Dieu
défend catégoriquement de se lever pour lui ou pour quelqu'un d'autre dans une
assemblée (ou une assitance). Il disait que c'était une devise des non
musulmans. Quand quelqu'un prend la parole dans une assistance, il faut
l'écouter attentivement, et ne pas l'arrêter.
(2) Sourate " La lumière" nº24 , verset nº27 , p. 352
-124-
L’Universalité de l’Islam
L'une des règles du savoir vivre que le musulman doit observer quant il
veut entrer chez quelqu'un est de demander la permission d'entrer- comme le dit
Dieu(1) “Ô vous qui croyez! N'entrez pas dans des maisons autres que les vôtres
avant de demander la permission (d'une façon délicate) et de saluer leurs
habitants”. C'est-à-dire lorsque vous demandez la permission, qu'il s'agisse des
proches ou non, afin que l'on se prépare à vous recevoir ; car il se peut qu'à
l'intérieur il y ait des choses à dissimuler et que le visiteur ne doit pas voir. Si la
visite concerne une femme parmi les "maharimes"(2) elle a besoin de changer
d'habits. Ce sont là des constances variées qui peuvent gêner la personne qu'on
veut voir si on ne demande pas la permission pour cela. C'est là une règle de
conduite que Dieu a rendue obligatoire pour le visiteur. Dans le hadith "Sahih",
l'Envoyé de Dieu (S.B sur lui). "La demande de la permission se fait trois fois:
Si le visiteur est autorisé, il entre. Sinon, il retourne. "Les compagnons ont
appris aux gens la formule que le visiteur doit dire et qui est la suivante: "Salut?
Puis-je entrer!" L'Envoyé de Dieu a détesté qu'on demande au visiteur qui il est
et qu'il ne réponde pas par son nom, mais par: "Moi" qui n'identifie pas la
personne. L'on dit de l'Envoyé de Dieu (S.B. sur lui) et de sa grâce à propos de
la demande de permission d'entrer, qu'il est rentré d'une bataille avec ses troupes
à Médine dans la journée. Il est resté dans la banlieue avec son armée et leur a
dit de patienter et d'attendre la fin de la journée afin que celle aux cheveux
ébouriffés puisse se peigner et que celle dont le mari s'est absenté de chez lui
puisse s'embellir. Il y a là une grâce de l'Envoyé de Dieu puisqu'il s'est arrêté
avec ses troupes qui retournaient d'une bataille, dans la banlieue de Médine afin
de permettre aux épouses de se parer avant de rencontrer leurs maris, en signe
d'un bon accueil. Une autre règle du savoir-vivre que le musulman doit observer
consiste à dire. "Salut!" à son frère et à lui serrer la main. Dans le hadith,un
compagon a dit : "Envoyé de Dieu ! Si l'un d'entre nous rencontre son frère ou
son ami, est-ce qu'il s'incline devant lui? "l'Envoyé de Dieu a répondu : Non".-Est-ce qu'il le prend par la main et la lui serre ? " Il a dit - "Oui- Dieu dit
dans la sourate "les femmes"(3) “Si on vous fait une salutation; saluez d'une
façon meilleure; ou bien rendez-la (simplement)”. Dieu oblige le musulman à
rendre le salut d'une façon meilleure" (ou de le rendre) si son frère musulman le
salue. Rendre le salut c'est dire "paix sur vous"; rendre le salut d'une façon
(1) Les femmes "maharimes" sont celles citées dans le Coran et avec lesquelles il est interdit
de se marier (la mère, la fille, la nièce , la belle mère etc...)
-125-
Le Bon Comportement ou le Savoir Vivre
meilleure consiste à dire :" paix et miséricorde de Dieu sur vous". Si au début
celui qui salue le premier dit : "la paix et la miséricorde de Dieu sur vous!;"on
lui rend le salut de la même manière ou en ajoutant ce mot "bénédiction" (ou
grâce divine). Et si au début on salue en débitant la formule complète: "paix,
miséricorde et bénédiction de Dieu sur vous", on rend la même formule
complète. Il est évident que les précédentes formules du salut (pour la paix)
entre les musulmans lors de leurs rencontres quotidiennes, constituent un appel
pour répandre la paix sur le globe entre tous les hommes. Il faut que le
musulman salue (et rende le salut) le musulman et le non musulman par le
"Salut de la paix", formule qu'il répéte chaque jour lors de la "salat" ou prière
dans les formules de salut. Avec ces saluts quotidiens, l'Islam est le premier qui
appelle à la paix dans le monde depuis quatorze siècles et plus. Dieu nomme le
Paradis dans la Coran la "maison de la paix" incitant ainsi à la paix. Il dit
souvent que le salut des familles du Paradis, c'est "la paix" comme il le dit dans
la sourate "le tonnerre"(1)“De chaque porte, les Anges entreront auprès
d'eux:-"Paix sur vous”. Ils saluent ainsi les musulmans qui ont mérité la grâce
du Paradis avec le même salut de la paix que l'Islam a répandu parmi eux. Dieu
a fait de la paix l'un de ses beaux noms. Tous ceci est une divine exhortation de
l'Islam pour que régne la paix dans tout le globe entre les musulmans et les
autres peuples et pour que les hommes aient le sentiment que toute la terre est
leur nation et qu'ils sont tous des frères qui s'aiment les uns les autres.
(1) Les femmes "maharimes" sont celles citées dans le Coran et avec lesquelles il est interdit
de se marier (la mère, la fille, la nièce , la belle mère etc...)
(2) Sourate "mes femmes nº4 , verset nº86
(3) Sourate "le tonnerre" nº13 versets nº23, 24
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TABLE DES MATIERES
Préface ............................................................................................................
5
Introduction ...................................................................................................
9
Chapitre I
L’universalité de l’Islam dans le Saint-Coran et le Hadith .............................
15
Chapitre II
La liberté en religion .......................................................................................
19
Chapitre III
La cohabitation avec toutes les religions et toutes les sectes dans le
domaine économique.......................................................................................
25
Chapitre IV
La cohabitation intellectuelle ..........................................................................
33
Chapitre V
Le rationalisme de l’Islam ..............................................................................
43
Chapitre VI
l’Islam embrasse la science ............................................................................
57
Chapitre VII
La justice ........................................................................................................
77
Chapitre VIII
L’égalité ..........................................................................................................
91
Chapitre IX
La tolérance ...................................................................................................
99
Chapitre X
Les liens de la famille ..................................................................................... 107
Chapitre XI
Le bon comportement ou le savoir vivre ........................................................ 117
-127-