2 Les Etats-Unis et le Brésil : deux pays à vocation

C ONCEPTION ET MISE EN PAGE :
PAUL MILAN
Chapitre 6
L’Amérique : puissance du nord et affirmation
du sud
Table des matières
1 Le continent américain entre tensions et intégration
1.1 Un continent aux multiples contrastes . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.2 Un continent aux multiples tensions . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1.3 Un continent en voie d’intégration économique . . . . . . . . . . . .
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2 Les Etats-Unis et le Brésil : deux pays à vocation mondiale
2.1 Deux géants économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.2 Les EU, une hyperpuissance contestée . . . . . . . . . . . . . . . . .
2.3 La montée du Brésil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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3 Les dynamiques territoriales des Etats-Unis et du Brésil
3.1 De nombreuses similitudes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.2 L’intégration à la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
3.3 Les déséquilibres spatiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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JACQUES EL ALAMI
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G ÉOGRAPHIE T ERM ES
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LE CONTINENT AMÉRICAIN ENTRE TENSIONS ET INTÉGRATION
Introduction
Le continent américain connaît actuellement d’importantes recompositions en
liaison avec la mondialisation. Il offre un grand contraste entre le nord et le sud.
Au nord, on trouve deux pays développés, le Canada et les Etats-Unis, qui sont
membres du G8. Le sud, qui s’est démocratisé à la fin de la guerre froide, est en
retard au plan économique et il s’ouvre à la mondialisation pour se développer.
Cette opposition nord-sud se reflète dans l’espace caraïbe qui est un interface
américain mais aussi un interface mondial.
Le continent s’est lancé dans l’intégration régionale pour renforcer son influence
dans les échanges mondiaux. Les Etats du continent ont créé de nombreuses (trop
nombreuses ?) organisations régionales dont les principales sont l’ALENA et le
MERCOSUR . Ces organisations fonctionnent de façon inégale en raison des tensions et des conflits qui divisent la zone. Les pays d’Amérique du sud ont cependant rejeté le projet américain d’une zone unique (la ZLEA). Enfin, face au géant
américain, on assiste à la montée du Brésil, un pays émergent membre des BRICS
1 Le continent américain entre tensions et intégration
1.1 Un continent aux multiples contrastes
On trouve en Amérique de nombreux contrastes économiques. Les EU possèdent
le premier PIB mondial (15 000 MM de $). Le PIB du Brésil est nettement inférieur
(2 000 MM de $).
Dans chaque pays, des espaces sont largement intégrés à la mondialisation comme
les côtes, les métropoles avec leurs imposants « CBD ». Le « Central Business District » est un quartier d’affaires qui regroupe les activités de commandement et le
tertiaire de haut niveau (activités de conseil, services juridiques. . .).
D’autres espaces sont des périphéries délaissées : l’intérieur des continents, les
espaces ruraux. Entre les zones riches et pauvres, il existe d’importants courants
migratoires (légaux ou clandestins).
Il existe aussi des contrastes culturels. L’Amérique du sud a une culture latine et
ibérique. L’Amérique du nord, en revanche, a une culture anglo-saxonne où l’individualisme est exalté. Cependant, il faut nuancer cette opposition car la culture
américaine s’est largement répandue au sud, tandis que les EU se sont ouverts au
multiculturalisme.
Les minorités indiennes qui sont numériquement importantes en Amérique du
sud affirment de plus en plus leur identité et défendent leur culture.
Les contrastes politiques se sont atténués car il n’y a plus de dictatures (à part
Cuba). Cependant, de nombreux Etats connaissent la violence (Mexique...) et des
gouvernements combattent des mouvements de guérillas (Colombie).
Les Etats ont opté pour des idéologies différentes ; La Colombie et le Mexique ont
choisi le libéralisme économique. Sous la direction d’Hugo Chavez (1999-2013),
le Vénézuela s’est lancé dans la construction d’un socialisme « bolivarien ».
1.2 Un continent aux multiples tensions
• L’opposition aux EU
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LES ETATS-UNIS ET LE BRÉSIL : DEUX PAYS À VOCATION MONDIALE
Les Sud-américains sont unanimes pour dénoncer l’hégémonie des EU sur le
sud. Depuis l’accession de ces Etats à l’indépendance au XIXe siècle, les Américains sont largement intervenus dans leurs affaires intérieures. Ils ont installé
des dictateurs au pouvoir et les FTN américaines ont pris le contrôle des économies sud-américaines.
L’île de Cuba est hostile aux EU depuis la prise du pouvoir par Fidel Castro en
1959.
Contre les EU et leur projet de ZLEA, Chavez a créé avec d’autres nations (Bolivie . . .) l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques).
• Les conflits entre pays de la zone
il n’y a plus de conflits armés entre Etats mais les tensions restent vives principalement pour des questions de frontières terrestres et maritimes. La présence
de gisements de pétrole et de gaz ne facilite pas le règlement de ces questions.
1.3 Un continent en voie d’intégration économique
Dans les années 1980, les Etats sont confrontés à la crise du modèle ISI (Industrialisation par Substitution aux Importations) et à l’impossibilité de payer leur dette.
Ils font appel au FMI qui impose la libéralisation des économies et l’ouverture des
frontières. Les flux entre Etats américains augmentent. Les flux de personnes deviennent massifs entre Etats américains mais surtout vers l’Amérique du nord. Il
en résulte des transferts d’argent (largement supérieurs à l’aide publique au développement) et aussi un brassage culturel. L’usage de l’espagnol et du portugais
se développe dans les villes anglo-saxonnnes tandis que les millions de touristes
diffusent la culture nord-américaine.
Les relations politiques souvent tendues masquent des relations économiques intenses. Malgré les discours antiaméricains de Chavez, les deux pays sont très liés
car l’essentiel du pétrole vénézuelien est vendu aux EU.
2 Les Etats-Unis et le Brésil : deux pays à vocation
mondiale
2.1 Deux géants économiques
Les EU et le Brésil sont deux centres d’impulsion de la mondialisation. Ils disposent chacun d’importants atouts : un vaste territoire avec un sous-sol riche, une
grande surface agricole, une industrie diversifiée et enfin des services de haut niveau. Les EU contribuent pour un quart à la richesse mondiale tandis que le Brésil
possède le 6ème PIB de la planète. Le Brésil est devenu un exportateur majeur de
produits agricoles (soja, café...) mais aussi de produits industriels (avions « Embraer »...). La bourse de Sao Paulo (la « Bovespa ») joue encore un rôle secondaire,
mais les FTN brésiliennes investissent massivement en Amérique du sud (Bolivie. . .).
Cependant, entre les deux pays, les inégalités sont encore importantes. Les EU
sont le 2e exportateur mondial et le Brésil. . . le 22e. L’Amérique est enfin une puissance financière avec ses bourses (NYSE, Nasdaq), le rôle majeur du dollar, une
voix prépondérante au FMI et à la Banque mondiale, des FTN puissantes capables
dinvestir dans la R&D et une capacité à émettre et à attirer les IDE.
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LES DYNAMIQUES TERRITORIALES DES ETATS-UNIS ET DU BRÉSIL
2.2 Les EU, une hyperpuissance contestée
Les EU sortent vainqueurs de la guerre froide en 1991 ; ils ont impulsé le phénomène de mondialisation en déréglementant leur économie. La décennie 1990
est une période faste pour le pays qui est le modèle du monde dans tous les domaines d’où le qualificatif d’hyperpuissance. Les années 2000 sont en revanche
une période difficile pour les Américains. Leur puissance est contestée par des
pays du Moyen-Orient et d’Asie (Iran, Corée du Nord) et par des organisations
terroristes (Al Qaida). Leur territoire est frappé par des attentats spectaculaires et
meurtriers (2001). La crise économique qui éclate en 2007-08 réduit les capacités
d’intervention de l’Amérique.
Le pays est fragilisé par le vieillissement de sa population et par sa dépendance
extérieure (énergie, dette).
Mais, les EU gardent une hégémonie sur le monde par le « hard power », le « soft
power » mais aussi par le « net power » (domination dans le domaine des médias
et des NTIC).
2.3 La montée du Brésil
Dans les années 1990, en réaction aux politiques brutales du FMI, les pays d’Amérique du sud ont porté au pouvoir des gouvernements de gauche. Au Brésil, le
syndicaliste de la métallurgie, Lula, chef du Parti des Travailleurs devient président. Il mène d’abord une politique de rigueur budgétaire pour conserver la
confiance des marchés financiers. Il ouvre le pays aux échanges internationaux
pour augmenter les éxédents commerciaux et financer sa politique de lutte contre
la pauvreté (programmes « Faim zéro », « bolsa familia »). Le Brésil augmente sa
part dans le commerce mondial et forme avec d’autres Etats le groupe des BRICS
qui conteste la domination des pays occidentaux vieillissants et sans croissance
sur le monde. Le pays renonce à la réforme agraire et laisse les investisseurs défricher massivement l’Amazonie. Il devient à son tour un géant agricole. Le Brésil
mène aussi une politique étrangère indépendante des EU en reconnaissant la Palestine, en entretenant des relations suivies avec l’Iran. Il réclame une réforme du
FMI et du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il obtient l’organisation d’événements prestigieux : la coupe du monde de 2014, les J.O. De 2016.
Cependant, le pays reste profondément inégalitaire ; dans les villes, la misère la
plus profonde (favelas) cotoie la très grande richesse. 1 % de la population possède plus de 50 % de la richesse nationale.
D’autre part, ses ambitions bloquent l’intégration continentale. Ses voisins du
MERCOSUR (Argentine) ou de l’ALBA (Bolivie) l’accusent souvent d’impérialisme.
3 Les dynamiques territoriales des Etats-Unis et du
Brésil
3.1 De nombreuses similitudes
Les deux pays ont été colonisés par des puissances européennes. Dans les deux
cas, des colons venus d’Europe sont venus exploiter les richesses naturelles et les
exporter vers les métropoles. La colonisation a débuté sur le littoral atlantique
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LES DYNAMIQUES TERRITORIALES DES ETATS-UNIS ET DU BRÉSIL
avant de s’enfoncer vers l’intérieur. Les populations indigènes ont été massacrées
ou reléguées dans des réserves où les attendaient la misère et le désespoir. Les
colons se sont lancés dans des cultures spéculatives (canne à sucre, café, coton,
tabac...) et ils ont fait venir d’immenses contingents d’esclaves noirs pour travailler les terres. La structure de la population a gardé la trace de ce passé avec
une population métissée mais aussi une forte ségrégation socio-spatiale.
Les deux Etats sont depuis l’origine des pays d’immigration et cette capacité à
accueillir des immigrants fait partie de leur identité.
L’histoire pionnière a aussi marqué la répartition de la population et la mise en
valeur du territoire. Les côtes sont en général plus peuplées et plus développées.
Cependant, les EU qui se sont industrialisés au XIXème siècle ont maîtrisé leur
territoire en construisant des trains et des routes. Le Brésil manque d’infrastructures (peu de routes à part la Transamazonienne).
3.2 L’intégration à la mondialisation
Les deux Etats possèdent de grands espaces côtiers et les EU ont deux façades
maritimes. Dès le début de l’occupation, les littoraux ont été privilégiés. Aujourd’hui, 66 % des Américains et 80 % des brésiliens vivent sur les littoraux. La
majorité des métropoles sont aussi des ports.
Ces métropoles sont des centres décisionnels. Elles sont souvent à la tête de mégalopoles : New York (19M d’hab), Sao Paulo (20M d’hab).
Les deux Etats s’insèrent dans la mondialisation des échanges et deviennent des
puissances maritimes. Les EU disposent d’une puissance navale écrasante. Le
Brésil construit une marine de guerre. Une partie du pétrole est « off-shore » pour
les deux Etats. Le brésilien Pétrobras a tenté avec succès des forages eneau très
profonde. En revanche, le développement des espaces frontaliers est inégal. Les
EU et le Mexique ont développé la MEXAMERICA avec des « maquiladoras ».
Le Brésil commence à peine à développer ses confins.
3.3 Les déséquilibres spatiaux
Les deux Etats ont un territoire déséquilibré et fortement polarisé. Le cœur des
EU reste le Nord-Est : on y trouve la mégalopolis centre décisionnel majeur et
et les Grands Lacs, en pleine reconversion à cause de la crise industrielle. La
« Sun Belt » connaît une forte croissance démographique avec des espaces moteurs (Texas, Floride).
Le cœur du Brésil est le « Sudeste » avec 70 % de la production industrielle et
la présence de l’agglomération de Sao Paulo. Le Nordeste reste la région la plus
pauvre du pays. La politique de rééquilibrage vers l’intérieur (création de Brasilia) a connu des succès inégaux.
Les deux pays possèdent d’immenses espaces de réserve (Rocheuses, Amazonie)
qui sont autant de promesses futures. Les défenseurs de l’envoronnement militent pour qu’on y pratique un développement durable.
Conclusion
Les EU et le Brésil dominent l’économie du continent américain. Leur développement et leur modèle comporte de nombreuses similitudes. Les deux Etats ont
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largement exploité une nature généreuse pour planter les bases du développement. Le Brésil a habilement profité de la conjoncture des années 2000 pour se
renforcer face à son puissant voisin du nord. Il a mis en échec le projet d’intégration de tout le continent. Cependant, malgré leurs difficultés, les EU gardent une
importante hégémonie politique, économique et culturelle sur l’ensemble de la
zone.
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