Technologie Appropriée - Research Information Ltd

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Technologie Appropriée - Research Information Ltd
Volume 34, No. 3
Septembre 2007
Technologie Appropriée
Edition française (maquette)
écoles flottantes alimentées par le soleil
Technologie Appropriée
Edité par David Dixon
Le journal trimestriel pour un changement pratique dans les pays en voie de développement
«Si vous travaillez dans un pays en voie de
développement et que vous n’ayez les moyens
que pour un seul journal, c’est celui-ci qu’il vous
faut acheter» – Appropriate Technology
Sourcebook
Partout où vous êtes dans le monde, vous
trouverez très intéressant Technologie
Appropriée. En se concentrant sur de véritables
expériences et des problèmes concrets ce journal
s’occupe du développement pratique d’une façon
claire et simple. Et les leçons peuvent s’utiliser
sur toute la surface du globe.
Le contenu de Technologie Appropriée est
orienté vers la diffusion de technologies, de
politiques et d’idées nouvelles et pratiques, avec
pour but l’élimination de pauvreté et de faim.
Plus de 20.000 agronomes, chercheurs,
responsables de développement, chefs de projet,
et de dirigeants non gouvernementaux le lisent
partout dans la monde. Publié trimestriellement,
il est en vente seulement par abonnement.
Technologie Appropriée s’est élargi à 72 pages
par numéro, et comprend diverses nouvelles
parties, y compris une partie de «gate». Le
matérielle de «gate» vient du département
d’échange de GTZ – de technologie appropriée
Allemande, l’organisation gouvernementale
Allemande pour la coopération technique.
Rubriques régulières
GTZ/gate: Les articles récents ont traité – des
services complémentaires qui doivent
accompagner l’électrification rurale; de
l’attribution des subventions préparer pour le
développement durable; des programmes de
santé des écoliers payés par les dividendes; des
rechauds «Rocket Loreno» améliorent la qualité
de vie en Uganda; du développement de
briqueteries en Inde rurale; de l’extraction de
l’eau potable à partir de l’eau saline; de la
désinfection solaire de l’eau; et de pompes à eau
photovoltaïques.
Action pratique/tâches techniques: l’utilisation
d’un digéreur de biogaz; les éperons et fossés
comme protection contre les inondations; les
jardin flottants au Bangladesh; le traitement des
graines oléagineuses de petite taille; le
production de l’électricité éolienne; la récolte des
champignons; les cuirs de fruits; la pisciculture
de petite taille au Bangladesh.
L’Agroforesterie: les articles récents
comprennent la source de revenus viables en
agroforesterie; le bétail nourrit par des arbres
hybrides; baobabs pour Burkina Faso; le cacao
peut rendre les femmes plus fortes; et améliorer
les sources de revenus avec les fruits mineurs des
arbres tropicaux.
L’eau/l’état sanitaire: les nouvelles structures
rechargent les nappes phréatiques; les pauvres
urbains de Kampala obtiennent de l’eau pure et
un bon état sanitaire; les femmes surmontaient le
manque d’eau; le réseau des étangs relativise le
manque d’eau; les Indiens réutilisent les
techniques traditionnelles de collecte de l’eau;
l’eau courante change des vies et des
importations de céréales chinoises augmenteront
tandis que les réserves d’eau diminuent.
L’énergie renouvelable: l’éclairage de l’Inde
rurale; le fourneau brûle les déchets des récoltes;
le biogaz et l’électricité avec des restes de
nourriture; l’énergie solaire abordable pour les
villages ruraux; utiliser l’énergie des taureaux;
l’énergie pour les pauvres; le biogaz à partir des
déchets des humains et des porcs;le Mali se
tourne vers l’énergie éolienne; l’Inde se tourne
vers les agrocarburants; UNEP a cartographié les
sites de l’énergie solaire et éolienne; l’Inde: une
énergie éolienne émergeante; l’énergie solaire
pour les communautés rurales.
Pour les articles des numéros récents: un
exemple en format Adobe Acrobat, S.V.P.
visiter:
www.technologieappropriee.com
www.technologieappropriee.eu
Technologie
Appropriée
Incorporant
Agriculture & Equipment
International
Table des matières
4
Commentaire
Conflits pour l'Energie Renouvelable
5
Nouvelles brèves
De plus en plus de familles en milieu rural gagnent de
l'argent dans le travail non-agricole
Les océans trop salés constituent des signes précurseurs
annonçant le changement climatique
7
Energies renouvelables
La culture de plantes pour la production de carburant
biologique pourrait assécher les pays en développement
On parle si peu et injustement des plus grandes
opportunités de l'agriculture: écoutons les deux arguments!
La popularité du combustible à base de manioc
12
Technologie de l'information
Un meilleur accès aux ordinateurs pour les handicapés
visuels en Afrique
Le téléphone portable développe le commerce en Afrique
16
GTZ
Des services gratuits doivent accompagner l'électrification
rurale
21
Prix Asden pour l'Energie Renouvelable
Une Energie solaire que les pauvres des zones rurales
peuvent se procurer
International Agricultural
Development
L
Rédacteur
David Dixon
“Carpenters”, Chetnole
Sherborne Dorset
DT9 6PF, UK
Tel: +44 (0)1935 872 695
[email protected]
Septembre 2007
Volume 34, No 3
ISSN 0305-0920 (Version Imprimé)
ISSN 1751-6900 (En Ligne)
Rédacteur Conseillers
John Madeley
George Macpherson
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Publié trimestriellement en
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Appropriate Technology, Vol 34, No 3
Energie solaire pour les communautés rurales
The publishers gratefully acknowledge the support of regular bulk subscribers to
Appropriate Technology including, Misereor, CAFOD, ITDG, Peace Corps and VSO.
Couverture: élèves enthousiastes à bord d’une des écoles flottantes de
Shidhulai Swanirvar Sangstha. Shidhulai emporte une gamme de services
éducationnelles et de l’énergie renouvelable à plus de 400 000 personnes
avec sa flotte de 88 bateaux à fond plat.
Credit: Ashden Awards
3
Commentaire
Conflits pour l'Energie Renouvelable
L'un des plus grands défis auxquels le
monde est confronté est le changement
climatique. Le débat couvre un grand
nombre de sujets, et il englobe en particulier l'utilisation du pétrole et du
charbon qui sont considérés comme les
grandes causes du réchauffement climatique, et comment utiliser les sources
alternatives d'énergie. Selon les autorités
de l'Organisation des Nations Unis pour
l'Agriculture et l'Alimentation (FAO), la
grande urgence de s'attaquer au
changement climatique ainsi que la
montée du prix du pétrole vont déterminer une grande mutation au plan
international vers l'utilisation de biocarburant dans un peu plus d'une décennie.
Le changement vers le biocarburant
voudra dire une production d'énergie à
partir de matériaux biologiques - huile
de palme, canne à sucre, maïs, culture de
plantes oléagineuses et de biomasse
fibreuse. On pense que, étant donné que
la plupart de ces matières premières sont
mieux cultivées sous les tropiques, il y a
là une énorme opportunité pour les pays
en développement de remplacer, par
exemple, le pétrole importé par l'énergie
produite localement. Les chercheurs de
l'Université Kwame Nkrumah des
Sciences et de la Technologie du Ghana
ont récemment présenté, à une réunion
d'experts en Ethiopie, un rapport qui
indiquait que l'Afrique avait un potentiel
en biocarburant hautement plus signifi-
catif que l'Europe et même que
l'Amérique du Nord.
D'après les experts cette demande en
biocarburant peut donner aux agriculteurs africains l'opportunité de produire
une agriculture qui répond à ce besoin et
peut de ce fait leur procurer des revenus
plus importants. Elle pourrait aussi
permettre à la majorité des pays
africains importateurs de pétrole
d'économiser de précieuses devises qui
autrement seraient dépensées pour
l'importation de pétrole. En théorie, elle
pourrait donner naissance à une situation
gagnant-gagnant à certains pays en
développement et cette occasion leur
permettrait de faire d'importants pas vers
l'atteinte des Objectifs du Millénaire
pour le Développement (OMD).
C'est là une école de pensée. De
l'autre côté, se trouvent ceux qui
défendent l'idée que la production de
biocarburant sera en compétition directe
avec la production d'une agriculture
nourricière et va utiliser des ressources
rares comme l'eau. Dans ce numéro de
'Appropriate Technology' [Technologie
Appropriée] nous examinons certains
avantages et inconvénients de cette
pratique. De 'GRAIN' nous lisons qu'il y
a un inquiétant discours qui dit que
l'expansion de la production de biocarburants constitue une réelle menace à
l'environnement, à l'agriculture vivrière
et aux moyens d'existence de certaines
L'un des gagnants du Prix Ashden 2007 pour l'Energie Renouvelable, Mohamedrafik Parpia de Zara
Solar, Tanzanie avec Sa Majesté le Prince de Galles. Zara Solar a gagne le prix pour l'Afrique avec
son système d'énergie solaire de haute qualité et cependant bon marché.
Crédit: Andrew Aitchison
4
communautés. Un texte de 'International
Water Management Institute' [l'Institut
International de la Gestion de l'Eau]
examine l'utilisation de l'eau et souligne
la compétition possible qui peut exister
entre la culture de biocarburant et la
culture vivrière pour l'accès à une eau
rare.
Il y a toutefois des exemples où la
culture de plantes productrices de
biocarburant est en parfaite harmonie
avec l'environnement local et bénéfique
aux communautés locales. En Amérique
du Sud, le manioc, la production
agricole des gens pauvres, est
maintenant cultivé par de petits
exploitants pour être transformé en
énergie. En Inde, un projet engage des
communautés dans la production
soutenue de biomasse locale pour la
production de biodiésel. Il y aussi une
contribution d'un de nos consultants qui
réclame plus de pragmatisme dans ce
débat.
Mais quelle est votre propre
expérience? En tant que décideur
politique,
chercheur,
directeur
commercial ou éducateur académique,
dans quelle mesure ces conflits
affectent-ils
vos
projets
de
développement dans votre zone? Nos
sommes toujours heureux d'avoir de vos
nouvelles - par e-mail, par lettre ou par
téléphone. Quels sont les opportunités,
les défis et les menaces là où vous
vivez? Et quelles sont les conséquences
du changement climatique incontrôlable
dans votre pays? Voulez-vous vous
joindre au débat?
Dans cette édition, nous présentons
aussi le détail des gagnants du prix
Ashden
2007
pour
l'Energie
Renouvelable. Tous les gagnants
présentent des projets concernant l'utilisation de l'énergie solaire, du biogaz, et
de l'énergie hydraulique dans une forme
ou dans une autre. Ils montrent le
nombre de communautés utilisant leurs
ressources locales pour produire de
l'énergie aux fins de leur usage propre et
de façon durable. Ces projets sont des
exemples de ce qui peut être fait et leurs
impacts sur les moyens d'existence des
populations est énorme.
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
Nouvelles brèves
De plus en plus de familles en milieu rural gagnent de
l'argent dans le travail non-agricole
L'agriculture reste encore la première source de revenus pour les habitants du monde rural, en dépit de la diversification grandissante.
Les revenus d'une proportion de plus en
plus importante de familles vivant dans
les zones rurales proviennent d'activités
non agricoles telles que le commerce,
la fourniture de subsides provenant de
l'immigration. Cependant les revenus
venant de l'agriculture continuent à être
des sources fondamentales de moyens
d'existence pour 90 pourcent des
familles rurales, particulièrement pour
les pauvres, selon un rapport publié par
l'Organisation des Nations Unis pour
l'Agriculture et l'Alimentation (FAO).
Le rapport, intitulé 'Rural Income
Generating Activities: A Cross Country
Comparison',
[Les
Activités
Génératrices de Revenues en Milieu
Rural: Une étude Croisée de Plusieurs
Pays] fait partie d'un grand projet sur
les activités génératrices de revenus en
milieu rural (RIGA) supervisé par la
division de la FAO
chargé du
développement économique dans le
secteur agricole (ESAE). Il est fondé
sur une base de données récemment
développée suite à des enquêtes
croisées portant sur plusieurs familles
rurales, qui inclus des informations sur
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
plusieurs catégories de revenus et sur
l'accès à des biens générateurs de
richesses de familles rurales.
"Les activités non agricoles, même
si elles sont plus rémunérées que le
travail agricole, ne sont pas accessibles
aux familles les plus pauvres car elles
souffrent le plus souvent du manque
d'éducation, de capitaux et de crédit
nécessaires pour participer dans ces
domaines d'activités", dit Kostas
Stamoulis, le chef du ESAE. "Cette
étude systématique des sources de
revenus des familles vivant en milieu
rural remplira certains des fossés
existant dans notre compréhension de
qui a l'accès à quel type de revenus et
de telles informations pourraient se
révéler très utiles aux preneurs de
décisions politiques qui cherchent des
moyens pour réduire la pauvreté"
Les nouveaux rapports ont été
rendus possibles grâce à un projet
piloté par plusieurs agences qui ont
emmené la FAO, la Banque Mondiale
et l'Université Américaine à travailler
ensemble sur le projet RIGA. .
Le projet RIGA combine les infor-
mations sur les sources de revenus de
familles rurales en utilisant 23 séries de
données venant de 15 pays. Ces sources
comprennent l'agriculture et l'élevage,
des salaires non agricoles et des
revenus d'auto-emplois, et de transferts
publics ou privés. Le projet est conçu
pour aider les analystes et pratiquants
du développement à comprendre le
comportement de la famille rurale pour
qu'ils puissent arriver à dresser les
chemins de sortie de la pauvreté.
Le
rapport
'Rural
Income
Generating Activities: A Cross Country
Comparison' a été dressé par Benjamin
Davis, Katia Covarrubias, Esteban
Quinones, Alberto Zezza, Kostas
Stamoulis, Genny Bonomi et Stefania
DiGiuseppe de la FAO, Paul Winters de
l'Université Américaine et Gero
Carletto de la Banque Mondiale.
Pour plus amples informations,
contacter la FAO, Viale delle Terme di
Caracalla, 00100 Rome, Italie. Tel:
+39-06570-52796.
E-mail:
[email protected]; web site: www.fao.org
5
Nouvelles brèves
Les océans trop salés constituent des signes précurseurs
annonçant le changement climatique
La surveillance de la salinité des océans
pourrait fournir une première indication
du changement climatique. Les augmentations ou la baisse significative du sel
dans certaines zones clés pourraient
constituer un avertissement du
changement climatique dans 10 ou 20
ans. En présentant leur découverte à une
récente conférence de 'European Science
Foundation (ESF)', les scientifiques ont
prédit que les eaux des océans de
l'hémisphère sud autour de l'Afrique du
Sud et de la Nouvelle Zélande sont des
zones à surveiller.
Les données climatiques de l'ère
Paléolithique montrent que les courants
marins actuels (comme le Gulf Stream et
son partenaire des profondeurs marines
de l'Atlantique Nord) sont capables de
changer de vitesse très brusquement.
Maintenant les scientifiques réalisent de
plus en plus que le sel est la clé de ce
changement. Leurs études montrent
qu'un entassement d'eau salée peut
6
stimuler la circulation des eaux des
profondeurs, alors qu'une dilution des
eaux est liée à une faible vitesse de circulation. "Le sel joue un rôle beaucoup
plus important que nous le pensions''
déclare Professeur Rainer Zahn, un
paléo-climatologiste à l'Université
Autonome de Barcelone en Espagne.
Le sel augmente la densité de l'eau.
Une fois qu'une pochette d'eau devient
assez salée, elle s'enfonce, attirant plus
d'eau des zones environnantes, et
amorce une boucle de circulation de
l'eau de l'océan, appelé 'thermohaline
overturning'.
Les chercheurs ont découvert qu'un
amoncellement de sel dans les eaux aux
larges des côtes de l'Afrique du Sud peut
contribuer à augmenter la vitesse de
circulation des eaux de l'océan dans
l'Atlantique Nord, malgré le fait que les
deux zones soient à des milliers de
kilomètres de distance. "Une montée
soudaine du sel est suffisante pour
déclencher rapidement une circulation",
dit Zahn. En même temps, une
diminution de la salinité des eaux de
l'Afrique du Sud peut être lié à un ralentissement de la circulation dans
l'Atlantique Nord.
Quelle que soient les vitesses de
circulation des océans, leur accélération
ou ralentissement cause un changement
climatique significatif, qui altère le cycle
hydrologique et affecte le schéma de
circulation atmosphérique.
Zahn pense que des mesures
régulières des eaux autour de l'Afrique
du Sud et de la Nouvelle Zélande
peuvent être utiles. "Cela pourrait agir
comme un système d'alerte avancé du
changement climatique dans 10-20 ans",
dit-il.
Contacter Rainer Zahn, Université
Autonome de Barcelone, Edifici B,
08193 Bellaterra (Barcelona), Spain.
Tel: +34 (0)93 581 3324; Email:
[email protected]
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
Energies renouvelables
La culture de plantes pour la
production de carburant
biologique pourrait assécher les
pays en développement
La production de carburant biologique augmentera la demande pour les terres
agricoles au détriment des écosystèmes naturels. Charlotte de Fraiture écrit
que cette production nécessitera de grandes quantités d'eau - ce qui constitue
déjà un obstacle majeur pour l'agriculture dans plusieurs parties du monde.
La production de biocarburant dans des
pays qui manquent d'eau accentuera la
pression sur cette ressource déjà rare et
l'énergie verte va ainsi constituer une
grande menace pour les autres
ressources.
Dans la récente publication du
'Comprehensive Assessment of Water
Management
in
Agriculture'
[Evaluation Complète de la Gestion de
l'eau Utilisée dans l'Agriculture] il est
estimé que 1.2 milliard de personnes
vivent dans des zones affectées par la
sécheresse, là où les ressources en eau
ne sont pas suffisantes pour couvrir les
besoins agricoles.
Dans plusieurs de ces zones, les
personnes dépendent de l'agriculture
irriguée. En Inde, par exemple, plus de
60 pour cent de la récolte de céréale
pour l'alimentation et l'élevage provient
de la culture irriguée - et en Chine, ce
taux est de plus de 70 pour cent.
L'irrigation requiert de grandes
quantités d'eau, selon à la fois le type de
culture et la région, et aussi le climat et
le mode de culture (agriculture à
investissement élevé opposé à une
agriculture de faible investissement).
Par exemple, un kilogramme de riz
indien nécessite l'évaporation d'environ
1100 litres d'eau irriguée. Au contraire,
en Chine, un kilogramme de blé
nécessite l'évaporation de 820 litres.
En Chine comme en Inde, du fait de
la sévérité du manque d'eau et du
besoin grandissant en eau, on a déjà
initié de grands projets de transfert de
zones où l'eau est abondante vers des
zones de faible abondance. Le projet de
transfert du Sud vers le Nord en Chine
et le projet de Rencontre des Fleuves en
Inde constituent deux exemples de ce
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
transfert. Mais de tels projets sont
critiqués à cause de leurs coûts élevés,
de leurs impacts environnementaux et
du déplacement des populations qu'ils
entraînent.
La culture de biocarburants
augmente le malaise.
Dans les pays où l'eau manque, la
production grandissante de biocarburants va tout simplement augmenter le
malaise sur les ressources en eau qui
sont déjà soumises à de fortes
pressions. Presque la totalité de la
canne à sucre produite en Inde - la plus
grande culture productrice d'éthanol du
pays - est irriguée, ainsi qu'environ 45
pour cent de la culture du maïs en
Chine, la plus grande plante productrice
de biocarburant dans ce pays.
Les besoins en eau pour la transformation de plantes en biocarburant sont
négligeables en comparaison aux
quantités requises pour les cultiver. Les
recherches menées à l'IWMI (Institut
pour la Gestion de l'Eau) au Sri Lanka
ont montré que globalement, en
moyenne, la biomasse nécessaire à la
production d'un litre de biocarburant
requiert l'évaporation de 1000 à 4000
litres d'eau, en fonction de la matière
végétale et de la technique de
conversion utilisée.
Au Brésil la canne à sucre évapore
environ 2200 litres pour chaque litre
d'éthanol. Mais dans cette région riche
en eau, la demande est facilement satisfaite par d'abondantes précipitations.
Dans des régions plus arides, c'est l'irrigation qui doit combler le manque d'eau
de pluie. En Inde, par exemple, la
production d'un litre d'éthanol de canne
à sucre requiert 3500 litres d'eau d'irrigation.
Plus, beaucoup plus, encore plus
Etant donné que la population
augmentera au cours des quatre
prochaines décades, la demande en
nourriture, et par conséquence en eau,
continuera de s'accroitre à travers le
monde. Ceci est particulièrement vrai
pour les pays qui se développent
rapidement tels que la Chine et l'Inde,
où le niveau de vie des populations qui
s'améliore va causer un changement au
niveau du régime alimentaire. Ce
régime alimentaire va devenir plus
sucré, gras, il va comprendre plus de
légumes, de viande et de produits
laitiers, qui tous ont généralement
besoin d'eau pour leur production. Du
fait de leur ressources limitées en eau,
de tels pays seront confrontés à de
sérieux défis pour faire face aux prévisions de l'accroissement de la demande
en produits alimentaires, encore plus
pour soutenir toute forme de croissance
insufflée par la production de plus en
plus grandissante de biocarburant.
En 2030, on estime que la demande
de céréale de l'Inde va augmenter de 60
pour cent, et va plus que doubler pour le
sucre. Une analyse de l'IWMI indique
que même dans le cas des scenarios les
plus optimistes, la demande en eau
d'irrigation va croitre de 13 pour cent - équivalent à 84,000 milliards de litres,
ou en gros au débit annuel du fleuve
Krishna.
Cultiver la canne à sucre pour
produire les neuf milliards de litres de
bioéthanol dont on a besoin pour
produire juste dix pour cent de la
demande en pétrole de l'Inde en 2030
nous amènerait à ajouter 22.000
milliards de litres d'eau d'irrigation à ce
chiffre. Et ceci en assumant que l'efficacité de l'eau s'améliore.
En Chine, on estime que la demande
en céréale va croitre de 45 pour cent,
principalement pour nourrir le bétail.
La quantité d'eau d'irrigation nécessaire
pour l'entretien de ce même bétail est
estimée à 73,000 milliards de litres une augmentation de 14 pour cent de la
demande actuelle pour la culture de
céréale.
La culture du mais pour la
production de suffisamment d'éthanol
pour couvrir 9 pour cent de la
demande prévue de carburant pour la
7
Energies renouvelables
Dans plusieurs pays en développement, les habitants comptent sur l'irrigation pour leur production agricole. En Inde, par exemple, plus de 60 pour cent
de la production céréalière destinée à l'alimentation dépend de l'irrigation et au fur et à mesure que la demande en céréale croit, la demande en eau
d'irrigation croit aussi.
Crédit: IWMI
Chine en 2030 ajouterait à ce total
26,000 milliards de litres supplémentaires.
Certaines parties de la Chine et de
l'Inde ont déjà dépassé les limites de
l'utilisation durable de l'eau, sans même
compter avec l'effort supplémentaire
d'essayer de produire des quantités
significatives de biocarburants. Des
signes visibles du problème toujours
grandissant sont les fleuves qui
s'asséchessent, comme c'est le cas du
Yellow River [le Fleuve Jaune], qui
n'atteint plus la mer pendant les mois de
sécheresse; le niveau hydrostatique qui
8
s'affaisse comme c'est le cas dans les
plaines du Nord de la Chine et dans la
région nourricière de l'Inde, le Panjab;
et la pollution, et la compétition intense
pour avoir accès à l'eau.
A moins qu'on examine d'autres
alternatives qui utilisent moins d'eau
pour l'alimentation du bétail, les biocarburants ne sont pas durables sur le plan
environnemental. Il est grand temps que
les discussions sur la production de
biocarburant mettent l'énergie verte
dans le contexte de l'aventure et
prennent en compte les problèmes
hydrauliques..
Charlotte de Fraiture est un
chercheur cadre et chef du ' Global
Change' et du 'Groupe Environnement'
à l'Institut de la Gestion de l'Eau au Sri
Lanka.
Cet article a été publié dans '
SciDev.Net' et a été reproduit avec leur
permission.
Pour plus d'information, veuillez
contacter Charlotte de Fraiture, IWMI,
P . O. Box 2075, Colombo, Sri Lanka.
Tel: +94-11 2787404, 2784080: Fax:
+94-11
2786854;
email@[email protected]; web site:
www.iwmi.org
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
opinion
On parle si peu et injustement des plus grandes
opportunités de l'agriculture: écoutons les deux
arguments!
Des rapports confus, biaisés, délirants
à propos du développement et de la
production excessifs de 'biocarburants', sont en train de gêner le progrès
des fermiers et de leurs familles à
l'heure où ils cherchent à profiter au
maximum des nouvelles possibilités
qu'offrent l'agriculture, la foresterie et
les petites industries locales. Le
réchauffement climatique mondial et
le changement climatique sont des
sujets qui, enfin, ont gagné l'intérêt
des politiques. L'inondation des îles
basses, des vallées, des rivières et des
villes; les vagues de chaleur sans
précédent
et
les
sécheresses
envahissent les unes des journaux
partout dans le monde. Les scientifiques nous disent que nous devons
réduire nos rejets de gaz à effet de
serre tels que le dioxyde de carbone et
le méthane et cela veut dire trouver
des sources alternatives d'énergie pour
le carburant de nos véhicules et de nos
générateurs électriques. Ils disent
aussi que nous devons opérer des
économies sur notre surconsommation
d'énergie.
A cause des 'rapports' hystériques
des groupes de pression et des
antimondialistes (quoi que cela veuille
dire) les lobbyistes ont donné un sens
presque négatif à la notion d' ''énergie
renouvelable''. Malheureusement il
semble que toutes les sources
d'énergie alternative, durable sont
mises dans le même paquet, dans
l'esprit des reporters de journaux de la
presse écrite, des télévisions et des
radios, alimentés par de tels 'rapports'.
Bien évidemment, l'énergie renouvelable comprend l'énergie solaire, la
pompe à chaleur qui collecte la
chaleur à partir du sol, l'énergie
éolienne, l'énergie hydro-électrique,
l'énergie
ligneuse,
l'énergie
géophysique (recueillir des sources
naturelles de la terre l'eau chaude des
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
rochers), l'énergie des vagues et des
marées et les 'biocarburants'. 'Nous
devons évidemment réduire notre
utilisation gourmande de l'énergie,
mais qui va décider qui va avoir un
réfrigérateur? Ou conduire une
voiture? Et qui va décider quelles
plantes un fermier va cultiver, et où?
'Le marché', gardé à l'intérieur des
barrières sensibles par le monde et le
gouvernement national?
Mais que sont les 'biocarburants' et
comprennent-ils l'amincissement et la
décoration des forêts, les arbres
taillées courts en rotation, les résidus
de cultures vivrières et la culture de
l'herbe comme l'herbe des éléphants
(miscanthus) et switch-grass? Ils
comprennent certainement le maïs.
Les prix des grains dans le monde ont
augmenté sensiblement pendant
l'année dernière car beaucoup
d'agriculteurs aux Etats-Unis ont
trouvé de nouveaux marchés pour leur
maïs, qui est en train d'être converti
en bioéthanol pour le carburant des
voitures. On est aussi en train
d'acheter le 'surplus' de blé en Europe
de l'ouest pour faire du bioéthanol.
Les 'biocarburants' comprennent les
cultures oléagineuses, telles que le
jatrophe, l'huile de palme, le colza et
bien d'autres qui sont largement
plantés pour satisfaire la demande du
marché. Et oui, ils sont en train d'être
plantés et financés par les compagnies
multinationales - pas toujours dans les
zones ou de façon qui peuvent mener
à la durabilité - et cependant, on est en
train de déplacer des personnes, des
habitations sont en train d'être
détruites et des dégâts sérieux sont en
train d'être portés à l'environnement.
Mais cela ne veut pas dire que tout le
concept doit être mis dans un sac et
rejeté comme 'mauvais'.
Les groupes de pression environnementaux sont très efficaces à
donner un message sans discernement
au public dans les nations d'Europe les
plus riches d'Amérique du Nord,
d'Asie et d'Australie, où on déclare
que 'les biocarburants constituent une
réelle menace à l'environnement' sans
définir ce qu'ils entendent par biocarburant - et en choisissant quelques
projets très mal planifiés pour les
condamner tous ! Juste au moment où
de petits propriétaires de fermes et
autres propriétaires terriens peuvent
chercher des fonds d'investissement
du gouvernement et d'organisations de
donateurs, et la permission d'aller en
avant avec des plans de production
d'énergie parfaitement sécurisés, ces
avertissements freinent à bloc.
En Afrique du Sud, par exemple,
des compagnies réclament de grands
espaces de jatrophe sur des terres
qu'on considère comme inutilisables
pour tout autre chose. Si ces terres
sont correctement délimitées et
cultivées, la culture pourrait améliorer
l'environnement et créer un nouvel
habitat pour la faune - à cela s'ajoute
la création de travail pour plusieurs
milliers de personnes vivant dans les
zones rurales, mais en Europe la
pression des groupes 'd'environnementalistes' rejette de tels plans.
Bien sûr, les biocarburants peuvent
constituer une menace à l'environnement. Mais presque toute autre
chose peut constituer une menace, si
elle n'est pas correctement prise en
main et en tenant compte de toutes les
implications. Qui peut réfuter que la
destruction sans discernement des
forêts vierges pour créer des plantations de palmiers à huile constitue un
grave préjudice? Ou que la destruction
des mangroves pour procéder à la
culture de crevettes ravage le littoral
et tous les biosystèmes?
La condamnation ignorante par les
media, déclenchée par des groupes de
9
Energies renouvelables
pression fortement biaisés, est tout
aussi négative et destructrice que
l'exploitation des terres pour de
l'argent, de l'eau et de l'air pour la
production d'énergie renouvelable.
C'est à nous qui travaillons dans le
domaine du développement rural, de
l'agriculture, de la foresterie et de la
pêche qu'il appartient d'éduquer la
presse et de répondre aux groupes de
pression en formant les politiciens et
le public en général sur les différences
entre les 'cultures bioénergétiques',
'les cultures énergétiques' et la
'biomasse énergétique' - et en démontrant les différences qui existent entre
les projets et plans individuels.
Ensuite, les preneurs de décision au
plan mondial tels que les Nations
Unies, les agences des gouvernements
nationaux et locaux peuvent trouver
les règles et régulations qu'il faudra
apporter pour s'assurer que chacun des
projets et plans sont appropriés à
l'environnement dans lequel ils sont
implantés.
Serait-ce une si mauvaise chose
que les prix des denrées s'enflamment
partout dans le monde? Certainement
si les fermiers propriétaires de petites
exploitations peuvent obtenir plus de
leur production, ils sont plus motivés
à utiliser des méthodes plus efficaces
pour augmenter les rendements et il
n'y a aucune raison que ces méthodes
ne soient pas durables au plan
environnemental - en utilisant des
techniques bien connues. Si l'eau
d'irrigation devient rare et précieuse,
alors elle devra être limitée à des
cultures de grande valeur - probablement de protéines - qui peuvent
rentabiliser de tels intrants. Les
agriculteurs européens, par exemple,
pourraient très rapidement augmenter
leurs productions de céréales, d'huile
et de protéine en emmenant des terres
pour lesquels ils sont payés pour NE
PAS cultiver (réservées). Il y a plus,
beaucoup plus de façons de rendre la
production plus durable et de l'augmenter très largement, une fois qu'elle
sera devenue financièrement viable,
sans détruire nos ressources de base.
La recherche agricole a été mise en
veilleuse pendant trop longtemps car
elle ne pouvait pas obtenir de
10
financement. Les agriculteurs ont
vécu dans la pauvreté car ils ne
pouvaient pas obtenir assez d'argent
de leurs productions agricoles.
Rendons cette agriculture rentable
pour leurs efforts physiques et
mentaux et le travail pourra être fait
de manière plus efficace. La conservation du sol et de l'eau sont souvent
ignorées car il y a insuffisamment de
fonds disponibles pour s'attaquer à ce
problème. N'importe quel agriculteur
sait que pour appuyer sa production, il
devra protéger les média qui veillent
sur sa production agricole et sur ses
stocks mais si les revenus ne sont pas
suffisants, quelque chose devra être
fait et l'agriculture pourrait entamer
une spirale descendante très négative.
Maintenant, enfin, il y a des signes
que la spirale est en train d'emprunter
le chemin inverse - l'agriculture, la
production du bétail, l'horticulture, la
foresterie, la pêche, et toutes leurs
industries dérivées sont 'sur la voie' de
la prospérité - et ceux d'entre nous qui
sommes dans ces industries devons
faire entendre nos voix: nous avons de
très belles histoires de conservation,
de développement et d'amélioration de
l'environnement
à
raconter
Racontons-les!
La durabilité est certainement un
équilibre entre 'le marché' et 'la
régulation prudente'. Les politiciens
doivent arriver à des compromis qui
en premier lieu protègent la terre sur
laquelle nous dépendons tous; ensuite
qui restreignent l'instinct humain
naturel de gourmandise et d'accaparement d'une part non justifiée des
ressources; et troisièmement qui
assurent que ceux qui sont moins forts
aux plans technique et économique
reçoivent une part équitable de ce qui
peut être produit, en utilisant
judicieusement notre intelligence
humaine, par la lumière solaire, le sol,
l'eau et l'air.
George Macpherson*,
Consultant Editor
*Auteur de 'First Steps in Village
Mechanisation'; Tanzania Publishing House
1975, et de 'Home-Grown Energy from Short
Rotation Coppice'; Farming Press 1995.
La popularité du combustible à
base de manioc
Le manioc, qui est connu comme la culture du pauvre, commence à émerger
comme une culture qui peut contribuer à l'agro industrie et au développement
des petits fermiers dans les tropiques. L'une de avancées les plus récentes utilisation du manioc pour la production de l'alcool lampant - a ouvert des
opportunités multiples, entre autre pour les petits fermiers. Le Centre
International pour l'Agriculture Tropicale (CIAT) en Colombie est l'un de ceux
qui commencent à jouer un rôle actif dans le développement de cette
production.
L'approche promue par le CIAT, en
partenariat avec le Consortium Latinoaméricain et Caribéen pour la
promotion de la Recherche sur quoi ? et
le Développement du Manioc
(CLAYUCA) et la "Dutch company
Diligent Energy Systems ", facilite la
participation des petits fermiers dans la
production du manioc en tant que
matière première et dans les activités
d'avant transformation du produit. Ces
activités comprennent la transformation
initiale du tubercule de manioc en
éthanol à 50 pour cent de concentration,
qui sera ensuite emmené à une distillerie centrale pour produire de l'alcool
lampant (éthanol à 99.5 pour cent de
concentration).
Des usines de transformation
artisanales peuvent facilement être
implantés dans plusieurs communautés
rurales du fait de leur faible coût
d'installation. En plus, les résidus de la
transformation peuvent être utilisés
comme aliment de bétail et comme
fertilisant.
Pour faciliter l'implantation de cette
approche décentralisée, le CIAT et le
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
Le manioc est maintenant objet de beaucoup d'attention car il est la matière première d'une production de biocarburant.
Crédit: CIAT
CLAYUCA ont reçus un appui
financier du Ministère Colombien de
l'Agriculture pour établir, dans la
seconde moitié de 2007,
un usine
pilote pour la transformation en éthanol
du manioc, de la patate douce et
d'autres sources de biomasse. La
capacité de transformation de l'usine
sera de 800 litres par jour.
Cet effort vise à positionner le
manioc en tant qu'option de produit
agricole qui peut aider les fermiers
colombiens à améliorer leurs revenus et
leur qualité de vie. Il devrait aussi aider
à valider les options de durabilité et de
compétitivité du développement
énergétique et agro industriel
actuellement implémenté par le
gouvernement colombien. L'expérience
peut servir de modèle à d'autres pays en
Afrique, en Asie et en Amérique latine
qui cherchent le développement durable
des programmes de bioénergie utilisant
les produits agricoles traditionnels.
Le projet ne se limite pas seulement
à la production de biocarburant. Il vise
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
aussi à résoudre le problème de la
contamination par les déchets solides et
liquides.
Les compagnies nord américaines
Feeco, Encap et Soil Net LLC (toutes
de Wisconsin), les raffineries de sucre
de Mayagüez, Providencia et de
Riopaila, les plus grands manufacturiers de papier de la Colombie
(Propal), CLAYUCA et CIAT ont
récemment formé une alliance pour
transformer les résidus contaminants
résultant de la manufacture de l'éthanol
(les effluents de l'industrie du sucre,
aussi connu sous le nom de vinasse) en
produits compétitifs, et ainsi d'aider à
réduire les impacts environnementaux
négatifs de ces résidus sur le sol et les
ressources aquifères de la région.
Avec la signature de cet accord, la
Colombie va avoir sa première usine
pilote qui utilise les effluents industriels
du sucre pour produire des fertilisants
et des aliments de bétail en 2008.
L'usine sera située au quartier général
de CIAT.
"Nous travaillons pour générer un
processus innovant et décentralisé, où
les petits fermiers vont participer
davantage et où la production est
orientée vers un concept de raffinerie
bio, dans laquelle les produits agricoles
potentiels tels que le manioc et la patate
douce sont recueillis pour obtenir du
biocarburant, pour convertir les déchets
en fertilisants et en aliment de bétail et
pour transformer les effluents liquides
en biogaz" , déclare Bernardo Ospina,
directeur exécutif de CLAYUCA.
Cet article était publié par le '
Global Knowledge Center for Crop
Biotechnology' dans leur Journal
d'Information 'Crop Biotech Update
Newsletter' - www.isaaa.org
Pour de plus amples informations,
contacter Bernado Ospina, CLAYUCA,
A.A, 6713, Cali, Colombie. Tel: +57 2
44 50 000 (ext: 3157 or 3159); e-mail:
[email protected];
web
site:
www.ciat.cgiar.org
11
Technologie de l'information
Un meilleur accès aux ordinateurs pour les
handicapés visuels en Afrique
L'accès aux ordinateurs est généralement disponible à la grande majorité des personnes, mais pour ceux qui sont
handicaps visuellement cet accès a longtemps été limité aux ordinateurs adaptés à leur condition. En 2005, bien qu'une
nouvelle technologie développée aux RU leur a rendu possible l'accès à tout ordinateur. Maintenant cette technologie va
être disponible en Afrique.
Mettre le Sightsavers Dolphin Pen en marche.
Crédit Sightsavers International
Les handicapés visuels africains sont sur
le point de voir leur vie transformée par
l'arrivée sur le continent de la récente
génération de logiciels d'accessibilité
aux ordinateurs.
Sightsavers International, l'organisme caritatif qui combat la cécité
évitable
dans
les
pays
en
développement, et Dolphin Computer
Access Ltd, le développeur britannique
de logiciels d'accessibilité, se sont mis
ensemble pour lancer le Sightsavers
Dolphin Pen, le logiciel facile à utiliser
qui rend possible l'utilisation par les
aveugles et les mal voyants de leur
magnifique logiciel intégré ou lecteur
d'écran sur PC partout où ils se trouvent.
Lawrence au cours de Braille
Crédit Sightsavers International
12
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
Sightsavers Dolphin Pen est une
variante particulière du très célèbre
logiciel Dolphin SuperNova, L'unique
logiciel combiné de lecteur d'écran et
d'amplificateur de caractères de stylo
électronique sur USB, assurant les
utilisateurs de l'entière portabilité de leur
logiciel d'accessibilité.
Sightsavers Dolphin Pen fera que les
enfants et adultes handicapés visuels
africains vont avoir un accès total à
l'information sur écran à partir de leur
PC soit sous forme de caractères
amplifiés ou sous forme de parole
synthétisée. Cela va rendre les utilisateurs capables de produire des
documents, d'envoyer des emails et de
surfer sur le net - en offrant le même
niveau d'indépendance aux handicapés
visuels qu'à leur camarades utilisateurs
d'ordinateur qui passent de leur PC au
travail, à l'école ou à l'université
Sightsavers International rend
disponible le programme d'assistance
technique de Sightsavers Dolphin Pen
en Afrique y compris les programmes
pour enfants.
"Dans plusieurs pays africains il
n'existe aucun service ou infrastructures
développés à l'intention des adultes et
des enfants ayant une mauvaise vision "
a déclaré Robin Spinks, conseiller en
technologie d'assistance et aux handicapés de Sightsavers. "L'arrivée de
Sightsavers Dolphin Pen va augmenter
l'utilisation et la disponibilité des PC,
dans la mesure où ils peuvent installer
leur propre besoin en matière d'accessibilité sur n'importe quel ordinateur."
"Il est important que notre partenariat avec Sightsavers International
puisse permettre à des milliers d'handicapés visuels africains de bénéficier
d'une solution unique et combinée qui
assure la parole et l'amplification des
caractères en un seul lot stable,
contribuant à donner aux utilisateurs
d'ordinateur l'occasion réelle d'un style
Une expérience qui change le cours de la vie
Fred Haga Ochieng est un
Développeur de Curricula à l'Institut
d'Education du Kenya. Etant la seule
personne totalement aveugle dans
un établissement de plus de cinq cent
travailleurs, il a longtemps du se
contenter de l'assistance limitée qu'il
pouvait obtenir de ses collègues de
bureau dans le cadre de ses tâches
professionnelles.
"Il m'arrivait de passer beaucoup
de temps au bureau à ne rien faire
parce que je n'avais personne avec
qui travailler," se rappelle-t-il. "Je
passais plus de temps à transporter
des livres et des machines de Braille
du bureau à ma maison où je restais
assis pendant des heures jusqu'à
tard dans la nuit avec ma femme ou
avec quelques autres membres de la
famille à qui je dictais mon travail de
bureau. Le matin je devais accomplir
le même trajet pour me rendre au
bureau, portant mes livres et mes
machines de Braille"
Bien que Fred savait utiliser un
ordinateur, il n'avait pas accès à la
technologie d'assistance. Vers la fin
de 2005, l'institut installa dans nos
locaux des ordinateurs, et Fred
demanda aux autorités de l'institut
d'acheter et d'installer un logiciel
d'assistance sur un des ordinateurs
pour son usage, mais ils refusèrent.
Donc Fred dut demander à son
jeune frère de venir au bureau et
ensemble ils durent dicter son travail
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
en Braille pour qu'il puisse être tapé à
la machine. Le travail du jeune frère
comprenait aussi la lecture de ses emails et de ses travaux de recherche
sur l'Internet.
Au début de l'année, Fred reçut
un Dolphin Pen de l'Association
kenyane pour les Aveugles. Ce fut là
une importante étape dans sa vie,
particulièrement dans sa vie professionnelle.
"Depuis lors, je ne fus plus obligé
de "trainer" mon frère avec moi pour
aller au travail, Je ne fus plus obligé
de transporter mes livres et mes
machines de Braille tous les jours
pour aller ou revenir de mon lieu de
travail, je ne fus plus obligé de rester
assis une bonne partie de la nuit, ma
femme lisant ou me dictant mes
notes.
Qui plus est, je suis
maintenant
capable
d'utiliser
n'importe quel ordinateur à l'institut
en toute liberté, de faire mes propres
recherches sur l'Internet et de lire et
répondre à mes messages électroniques en toute indépendance et en
privé," expliqua-t-il tout excité.
Fred, dont le travail consiste à
adapter des livres de cours pour
apprenants mal voyants, dit que la
plus grande contribution que la
technologie Dolphin a apporté dans
sa vie professionnelle est que, pour la
première fois de sa vie, il est capable
de travailler en toute indépendance
et d'adapter des livres de cours sans
aucune aide logistique.
En juillet 2006, après que Dolphin
technology ait eu un impact sur sa
vie, Fred fit une présentation à la
12ème Conférence Mondiale de
l'ICEVI à Kuala Lumpur, en Malaisie,
sur l'accès aux ordinateurs et les
technologies d'assistance pour les
apprenants mal voyants au Kenya.
Lors du 4ème Forum tenu en
mars 2007, il fit une présentation sur
Microsoft Power Point, pour dire
pourquoi, maintenant que la
technologie d'assistance est si
facilement accessible, l'enseignement devrait être la seule profession
réservée
aux
personnes
visuellement handicapés en Afrique.
Je suis fortement convaincu
qu'avec l'éventail d'occasions et de
libertés que Dolphin technology offre
à présent, l'enseignement ne devrait
plus être la seule profession ouverte
aux personnes aveugles." Il conclut "
Au forum j'ai pu démontrer que
quelqu'un qui est totalement aveugle
peut faire une présentation Power
Point grâce à la technologie assistive.
Maintenant, Fred est maintenant
l'un des employés les plus efficaces
de son département, mais aussi le
plus ardent défenseur de la
technologie d'assistance pour les
handicapés visuels du Kenya.
Il
assure aussi la formation de jeunes
professionnels pour l'utilisation du
Dolphin Pen.
13
Technologie de l'information
A l'école de Kilimani, Angeline, une enseignante qui a étudié dans cette école, donne des cours à
Lawrence, qui lui aussi est aveugle.
Crédit Sightsavers International
de vie indépendant, " a dit Noel Duffy
directeur général de Dolphin Computer
Access Ltd.
Le Sightsavers Dolphin Pen est un
stylo léger avec un écran amplificateur et
un lecteur d'écran. Ses principaux
avantages.
Il intègre l'amplification, la parole et
le Braille à n'importe quel PC sans
avoir à y installer un programme ou
un CD.
Facile à utiliser et rapide à installer,
il suffit simplement de le mettre sous
tension et à commencer le travail.
Entière portabilité pour les utilisateurs. Le stylo est un outil de petite
taille, léger mais résistant, qui peut
être contenu dans une poche.
Permet d'accéder à n'importe quel
ordinateur. Les utilisateurs ne sont
plus assujettis à un seul ordinateur
(ce qui est parfait pour les écoles, les
bibliothèques et les universités).
Il offre la même flexibilité et
indépendance qu'aux autres utilisateurs d'ordinateurs.
Un IMFUNDO (un sous-département du
département britannique pour le
Développement International) a fait un
don de 240 stylos électroniques qui ont
été placés stratégiquement dans des
écoles à travers le Kenya. Roger Bonner
est un utilisateur qui travaille pour le
Ministère de l'Education du Kenya et qui
est lui-même handicapé: Il déclare
14
"L'utilisation du stylo Sightsavers
Dolphin m'a donné tellement plus de
mobilité et de liberté - seule une
personne qui a été totalement dépendante des autres peut pleinement
apprécier mon nouveau statut. Je pense
sincèrement que cet ensemble facile à
utiliser va donner beaucoup plus
d'opportunités à des personnes qui ont
les mêmes problèmes que moi."
Le stylo électronique Sightsavers
Dolphin est utilisé à l'école de Kilimani,
qui se situe près d'un des plus grands
bidonvilles de Nairobi. Cette école
compte 1.200 élèves âgés de cinq à
quatorze ans, qui pour la plupart sont
issus de familles défavorisées. La taille
moyenne des classes est de 50 élèves. Il
n'y a qu'un ordinateur dans cette école, et
les élèves utilisent en ce moment le
logiciel de lecteur d'écran JAWS - qui
n'est pas l'idéal car n'étant qu'une version
d'essai, ce qui veut dire que vous devrez
redémarre l'ordinateur toutes les 40
minutes.
Le programme d'Education Intégrée
de Kilimani pour aveugles et mal
voyants a été mis en place depuis 1983 et
certains de ces anciens élèves ont
terminé leurs études universitaires. Le
programme bénéficie de l'appui de
Sightsavers International, qui est un
ardent défenseur de l'éducation totale.
En tout, 220 jeunes aveugles et mal
voyants sont inscrits dans les écoles
publics classiques de Nairobi - et des
logiciels tels que le stylo électronique
leur permettra d'accéder aux mêmes
avantages technologiques qu'aux élèves
non handicapés visuels.
Sightsavers est membre de Global
Campaign for Education [Campagne
Mondiale pour l'Education] (un
engagement de toutes les autorités
mondiales qui se proposent d'inscrire
tous les enfants à l'école primaire en
2015) et de rendre le stylo électronique
disponible dans les écoles et universités
partout où c'est possible, ce qui fera
qu'autant d'enfants que possible seront
capables d'utiliser un PC.
Pour plus amples informations,
contacter Sightsavers International,
Grosvenor Hall, Bolnore Road,
Haywards Heath, West Sussex RH16
4BX, Royaume Uni. Tel: +44 1444
446600; e-mail: [email protected]
Le téléphone portable développe
le commerce en Afrique
L'utilisation du téléphone portable se développe à une vitesse exponentielle en
Afrique, au Sud du Sahara. Alors qu'en 1999 seul 10 pour cent de la population
bénéficiait de la connexion au réseau, aujourd'hui plus de 60 pour cent en
bénéficie, un chiffre qui est en voie de dépasser 85 pour cent en 2010, selon
l'Association GSM, un groupement commercial d'industrie. Cela fournit l'infrastructure pour un marché panafricain.
Une compagnie qui produit des
logiciels au Ghana a initié un service
novateur d'informations sur le marché
agricole permettant à des producteurs
et des commerçants à travers toute
l'Afrique de partager des informations
sur les prix, les contacts et les propositions grâce à leurs téléphones portable.
BusyLab, une entreprise de
recherche et développement de
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
logiciels basée à Accra, a passé les
deux dernières années à mettre en place
un ensemble d'outils ciblant le secteur
agricole à travers toute l'Afrique avec
des idées novatrices de ventes des
biens et services.
Le service, connu sous le nom de
'TradeNet' permet aux utilisateurs de
s'abonner à un service d'alerte sur SMS
pour n'importe quel denrée et pour tout
endroit qui les intéressent. Les utilisateurs peuvent s'enquérir des prix
pratiqués sur plusieurs marchés qui
sont fournis en temps réel sur le réseau
à l'aide d'énumérateurs qui sont actifs
sur 380 marchés éparpillés sur tout le
continent. Les utilisateurs peuvent
aussi indiquer l'emplacement de leur
commerce et recevoir instantanément
une alerte d'offre d'achat ou de vente
sur SMS sitôt que quelqu'un d'autre sur
le réseau soumet une offre avec son
téléphone portable.
Pendant les 12 dernières années, le
service à été piloté en partenariat avec
MISTOWA/IFDC en Afrique de
l'Ouest, avec Foodnet en Uganda, et
avec CGIAR en Honduras et en El
Salvador. Les gestionnaires du contenu
dans tous ces pays ont très bien été
formés pour utiliser le système et pour
télécharger les informations sur les
marchés qui sont alors librement accessibles au public sur le site de TradeNet
(www.tradenet.biz) ou sur leurs
téléphones portables.
Le service en ligne permet aux
analystes de situer les tendances des
données historiques des prix en
comparant les marchés et les denrées.
Les pays peuvent ajouter les prix des
denrées sur le marché international, et
générer des rapports spéciaux de
marchés qui peuvent être imprimés et
affichés dans les cybercafés locaux et
dans les marchés de la commune. Les
utilisateurs
individuels
peuvent
installer gratuitement leurs propres
sites web avec leur propre adresse
Internet habituelle pour faire la
publicité de leurs marchandises et
offres de prix. Et les fermiers et
groupes de producteurs peuvent
installer leur site web gratuit pour gérer
tous ces services et contenus pour leurs
membres.
Un puissant outil d'intégration entre
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
opérateurs de téléphone portable
permet à chacun de choisir les utilisateurs cibles et de publier un contenu
spécifique à des milliers de téléphones
portables à travers le continent. Et au
cours des douze prochains mois, des
possibilités de prêt à des groupes de
producteurs seront intégrés dans les
plateformes permettant aux institutions
financières de relever le niveau de la
base de données et de la plateforme en
vue d'atteindre ceux qui n'ont pas de
couverture bancaire.
'C'est là un projet prometteur',
déclare Mark Davies, l'investisseur de
TradeNet. 'Nous utilisons les expertises
locales pour construire des logiciels de
classe mondiale.Tout le monde est
enthousiasmé par
le réseau de
téléphone portable qui joue le rôle de
canal de distribution en ce qui concerne
les transactions et les services… Je
pense que cette équipe est la première à
créer un produit utile pour tous'.
L'USAID approuve d'autant plus
que leur Mission Régionale Ouest
Africaine a accordé un financement de
11 millions de dollars US à
MISTOWA. L'objectif est d'augmenter
le commerce intra-régional de 20 pour
cent. 'Nous voyons déjà que certaines
choses intéressantes sont en train de se
produire', dit Dr. Kofi Debrah, IFDC,
chef du projet MISTOWA. 'Les
producteurs d'oignons du Burkina
trouvent des débouchés pour leurs
produits à Accra. Nous avons même eu
un commerçant du Moyen-Orient qui
cherchait un vendeur d'engrais au
Nigeria. Je crois vraiment que
TradeNet peut bien localiser de petits
commerces aussi bien que stimuler des
connexions sur le plan international, et
ceci est une nécessité pour l'Afrique'.
'Sachant que 60 pour cent de la
masse laborieuse de l'Afrique est
engagée dans le commerce et l'agriculture, et que des règles contraignantes de traçabilité et de responsabilité existent à présent, le secteur
africain de l'agriculture doit évoluer
rapidement pour augmenter sa part de
marché dans l'économie mondiale',
commente Mark Davies. Il ajoute,'
Nous voulons que le pouvoir de
l'Internet fasse la promotion des biens
et services africains et crée la richesse.
Nous ne sommes pas naïfs, mais nous
pensons vraiment que le réseau de
téléphones portables offre une nouvelle
occasion de nous placer sur le chemin'.
Pour de plus amples informations
contacter TradeNet, 42 Ring Road,
PMB CT90, Accra, Ghana. Tel: +233
21 258803; e-mail: [email protected];
web site: www.tradenet.biz
Un message SMS typique dans lequel MAIW veut dire 'Maïs blanc' et GHC veut dire 'monnaie
Ghanéenne : cedi'.
Crédit Tradenet
15
Des services gratuits doivent accompagner
l'électrification rurale
Plusieurs programmes destinés à apporter l'électricité dans les zones rurales des pays en développement se contentent
d'assurer le financement et l'installation. Les experts sont maintenant d'accord que pour que l'électrification soit efficace
elle doit être accompagnée de services gratuits. Jörg Peters, Marek Harsdorff et Florian Ziegler dressent le rapport de
leur expérience acquise pendant la préparation de l'électrification rurale au Bénin.
Pendant la préparation de l'électrification rurale au Bénin, les auteurs ont
mené une enquête sur un échantillon de
presque 500 familles, institutions
sociales, artisans et entreprises
commerciales. Des villages semblables
ont récemment été électrifiés par la
compagnie publique nationale, la
Société Béninoise d'Electricité et d'Eau
(SBEE) qui a mené une enquête pour
recueillir les impressions des usagers
après l'électrification.
Le fait troublant qui ressort de cette
enquête est que le groupe cible - que ce
soit les familles, les entreprises ou les
institutions
sociales
n'est
généralement pas conscient du potentiel
économique de l'électricité et en
conséquent ne comprend pas les
avantages financiers de l'utilisation du
réseau électrique.
Les familles
Comme dans nombre de pays africains,
les familles qui veulent se connecter au
réseau électrique contribuent au coût de
la connexion en payant un tarif unique.
Au Bénin, cette somme varie entre
50,000 FCFA ($100) et 100,000 FCFA
($200), selon que ce soit des donateurs
ou des projets politiques qui parrainent
la région à électrifier. Etant donné que
le revenu mensuel moyen est de 65,000
FCFA ($130) dans les zones rurales, il
est évident que les frais d'accès du point
de vue du client sont lourds et dans
plusieurs cas prohibitifs. Prenant en
compte les dépenses indispensables
comme celles relatives à l'alimentation,
la santé l'énergie ou les frais scolaires,
la moyenne des familles qui épargnent
un surplus sur le total de leurs revenus
mensuels pourraient payer les frais de
connexion après dix mois.
Les services gratuits doivent
garantir,
tout au début, que la
population est consciente des
investissements associés à la connexion
16
au réseau. Ceci comprend la mise en
place de comptes d'épargne, si possible
en coopération avec les Institutions de
Micro Finance (MFI). Les MFI
pourraient concevoir des produits
financiers qui permettent d'étaler les
frais sur plusieurs mois avant et après la
connexion. En plus, on doit informer
les populations sur les avantages à
investir dans la connexion au réseau en
leur montrant les épargnes potentiels
qu'il y a à ne pas utiliser des sources
alternatives d'énergie comme le pétrole,
les batteries ou le bois.
Les schémas de consommation dans
les zones rurales sont souvent
déteminés par de simples calculs
économiques. Des calculs qui semblent
aller de soi parfois se révèlent être
inapplicables dans le contexte de
comportement en milieu rural. Un
exemple frappant est que la majorité
des familles disposant de connexion au
réseau électrique (79 pour cent)
continue d'utiliser des batteries pour
leurs lampes torches et radios et du
pétrole pour l'éclairage. Bien que la
simple arithmétique nous dit que, dans
le cas de l'application,l'électricité serait
la source d'énergie la moins chère, les
populations ne gravissent pas "l'échelle
énergétique " naturellement. Le coût
d'utilisation de la radio par exemple est
presque 60 pour cent plus élevé dans le
cas où on utilise les batteries au lieu du
réseau électrique (4,9 FCFA /heure
contre 3,1 FCFA /heure). Les raisons
qui expliquent cet état de fait sont de
plusieurs ordres: pour commencer, la
peur des factures mensuelles, particulièrement parmi les couches les moins
éduquées, est suffisamment forte pour
que cette frange de la population
préfère utiliser les sources traditionnelles d'énergie qui entraînent des frais
qui sont plus contrôlables et prévisibles
- même si les coûts unitaires sont plus
élevés que pour l'électricité. Ceci
devient évident dans l'enquête qui
montre une capacité d'assurer le
paiement des services énergétiques de
base jusqu'à hauteur de 7.500 FCFA par
mois - indiqué par le coût réel de
l'énergie dans les villages non
électrifiés. Le coût effectif de l'énergie
dans les villages électrifiés est
beaucoup plus bas (environ 2.300
FCFA /mois). Si les familles
remplaceait totalement les lampes à
pétrole et les radios à batteries par des
appareils électriques, le coût énergétique pour les appareils respectifs serait
de 3.200 FCFA /mois.
Ensuite, l'utilisation des lampes à
pétrole semble être profondément
enracinée dans les habitudes, même
dans les maisons électrifiées. Ceci peut
s'expliquer par un phénomène de
culture. Les personnes continuent
d'utiliser les lampes à pétrole pendant la
nuit car elles préfèrent dormir dans des
chambres assez faiblement éclairées.
En plus, les femmes ont généralement
l'habitude d'avoirs des veilleuses près
d'elles.
Les services gratuits pourraient
informer les gens sur les avantages des
applications électriques (par exemple :
les ampoules atténuables, les LED ou
les lampes qui économisent l'énergie,
et les interrupteurs placés aux pieds du
lit ainsi que sur la pollution de l'air à
l'intérieur des chambres à coucher
causée par le pétrole qui brule). En plus,
les épargnes potentielles doivent être
expliquées d'une manière que les gens
comprennent, c'est à dire le coût
mensuel de chaque appareil électrique
quand ils sont utilisés d'une certaine
façon.
Les utilisateurs commerciaux
Comme les premiers résultats de
l'enquête le montrent, le branchement
des utilisateurs commerciaux n'est pas
une évidence. La part des entreprises
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
connectées au réseau se situe entre 12
pour cent en Perma et 64 pour cent en
Copargo. Alors que les 12 pour cent
semblent être extrêmement bas, les 64
pour cent pourraient être en accord avec
des exceptions.
Cependant, en
regardant attentivement le Copargo, on
note des résultats assez surprenants:
seules la plupart des entreprises parmi
les 64 pour cent utilisent l'électricité
pour l'éclairage. Bien que cette utilisation soit sans aucun doute productive
- 56 pour cent des entreprises
connectées au réseau déclarent qu'elles
travaillent pendant plus longtemps
grâce à la lumière. Il est néanmoins
surprenant que seules quelques entre-
prises qui pourraient utiliser le courant
électrique pour leurs machines à outils
(menuiserie, minoterie, soudure etc.)
ont décidé de se brancher à l'électricité.
Les entreprises branchées au Perma
sont principalement les bars et les petits
restaurants, qui utilisent l'électricité
pour réfrigérer leurs boissons et pour
alimenter leur radio et pour avoir de la
musique; il n'y en a pas une seule qui
utilise
l'électricité
pour
faire
fonctionner une machine.
Selon les réponses d'un tiers des
entrepreneurs interrogés, la raison du
faible investissement en machines
électriques est en partie due au manque
de possibilités financières et à un accès
limité au crédit. Par exemple, un
menuisier a investi 5.5 million FCFA
($11,400), mais son gain est en gros de
120.000 FCFA /mois ($250). En plus,
les entreprises disent préférer travailler
avec les machines traditionnelles non
électriques et avec leurs outils.
La connaissance de la façon
d'utiliser les machines électriques est
très approximative, ce qui indique
l'importance des services gratuits. Un
entrepreneur qui n'a jamais utilisé
d'électricité et de machines électriques
n'a aucune idée comment marche un
système moderne de production, ni
aucune expérience et connaissance de
la production d'un plan d'affaire pour
Rassembler les données de l'enquête qui a montré que plusieurs personnes au Bénin ne sont pas souvent au courant des potentialités économiques
de l'électricité.
Crédit GTZ
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
17
une banque. La formation professionnelle et les campagnes d'information
sont indispensables - 80 pour cent des
entreprises localisées dans des villages
non électrifiés qui ont été interrogées
ont exprimé leur besoin de formation.
Qui plus est, les MFI doivent être
mobilisées et, si nécessaire, conseillées
sur la production d'instruments de
financement appropriés. Cela pourrait
inclure une assistance en matière de
financement, dans la mesure où les
instruments habituels de microfinancement ne s'appliquent pas aux
petites entreprises qui ont besoin d'un
investissement initial assez substantiel.
Par exemple, dans plusieurs cas les
MFI n'acceptent pas qu'une machine
soit acquise sur la base d'un crédit,
comme c'est généralement le cas dans
les pays industrialisés. Il serait utile de
mettre sur pied une institution à base
communautaire pour remplacer les
garanties personnelles qui sont
requises lorsque des petites entreprises
font une demande de microcrédit.
En général, alors que Copargo
montre au moins quelque preuve
qu'une affaire se met en place suite à un
branchement au réseau,11 pour cent
des entreprises actuellement installées
l'ont été récemment. Il n'y a pas une
telle activité économique dans le
Perma. La raison de ces différences
dans la performance économique entre
les deux villages pourrait s'expliquer
par la différence dans le moment où le
branchement a eu lieu - Copargo a été
électrifié un an avant
Perma.
Cependant, les entrepreneurs locaux
pensent que les raisons sont plutôt liées
aux activés - Copargo donne naissance
à un vibrant marché local. En plus, de
meilleures institutions informelles dues
à la présence d'un centre administratif
local et d'un petit nombre de fonctionnaires facilitent un certain nombre de
processus bureaucratiques.
Au contraire, la majorité des entreprises Perma, déclarent que c'est
l'absence d'accès aux marchés qui les
empêchent d'étendre leurs affaires.
Certaines entreprises disent que les
marchés des villages sont trop
restreints du fait du pouvoir d'achat
limité des habitants. Entre 24 et 40
pour cent des entreprises dans des
villages électrifiés et non électrifiés
déclarent que le faible nombre de
clients et leur faible pouvoir d'achat
constituent le problème le plus sérieux.
La majorité de ces compagnies
fournissent des services tels que les
Un village dans la zone rurale du Bénin qui a été récemment connecté au réseau électrique.
Crédit GTZ
18
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
coiffeurs, (c'est à dire des marchandises non négociables). En plus, les
marchandises qui sont facilement
produites à la maison ne sont pas
rentables si elles sont produites de
manière commerciale, ce qui indique
l'absence de la division du travail. Les
entreprises les plus rentables sont
celles qui fournissent des biens et
services au-delà des frontières du
village. Ainsi, la perception de l'accès
aux
marchés
si
fréquemment
mentionnés comme l'obstacle majeur
au développement économique des
villages semble se confirmer dans les
régions ciblées.
En général, le dilemme des entreprises rurales est perçu dans pays en
développement:
Les
machines
remplacent potentiellement le travail
manuel qui est comparativement moins
cher ou, dans le cas d'une affaire
pilotée par un seul homme, presque
gratuit. Les théories économiques
proposent d'utiliser le travail libéré de
manière plus productive. Cependant,
avec un personnel peu éduqué, cela
n'est pas très facile à réaliser, en particulier si l'accès aux marchés est limité et
que le chiffre d'affaire ne peut pas
simplement être développé.
La question de savoir comment les
services gratuits peuvent s'attaquer à ce
problème n'est pas du tout évidente.
Alors que la formation professionnelle
peut résoudre en partie ce problème,
l'absence de pouvoir d'achat est
certainement insoluble dans le court
terme. Cependant, l'utilisation appropriée de l'électricité par les familles
pourrait accroitre les possibilités financières de manière significative.
Néanmoins, on pourrait essayer
d'étendre les marchés des entreprises
locales en les sensibilisant au prix et à
la demande dans les régions avoisinantes et aussi aux possibilités de
transport. En plus, la formation professionnelle doit répondre à de nouvelles
demandes. En fait, ce sont là les
fonctions originales des chambres de
commerce et des fédérations commerciales. Cependant dans les pays en voie
de développement, certaines institutions n'ont pas d' infrastructures
adaptées à leur disposition dans les
zones rurales.
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
Les institutions sociales
Comme dans le cas des entreprises, les
institutions sociales comme les écoles,
les centres de santé et les locaux administratifs n'ont pas nécessairement à
payer des frais d'abonnement au réseau,
même
si
cela
semble
être
économiquement raisonnable du point
de vue économique. Sept centres de
santé sur dix dans les villages non
électrifiés déclarent que l'absence
d'électricité est un problème majeur,
chacun d'entre eux polarise une zone où
vivent 11.000 personnes en moyenne.
Les chiffres relatifs aux coûts d'énergie
confirment cette déclaration: un
frigidaire à pétrole dans les régions non
électrifiées coûte 14.000 F CFA par
mois en énergie, comparé à 2.000 F
CFA par mois pour un réfrigérateur
électrique moderne. De la même façon,
le coût moyen du carburant nécessaire à
cinq lampes à pétrole est de 10.000 F
CFA par mois, comparé à 7.000 F CFA
par mois pour l'électricité utilisée par
des lampes fluorescentes,
qui
fournissent beaucoup plus de lumière.
Bien qu'il y ait de grandes différences
dans les coûts d'exploitation, seul un
centre de santé sur trois dans les villages
électrifiés est branché au réseau
électrique. Cependant, mêmes les
centres de santé connectés au réseau
électrique, tels que ceux de Perma,
maintiennent souvent l'usage de vieux
appareils tels que les frigidaires à
pétrole.
Dans une première étape, les
services gratuits devraient aider les
employés responsables des institutions
de santé à planifier leur maigre budget
pour leur permettre de se brancher et
d'acheter des appareils électriques. Les
avantages de faibles coûts d'opération
devront être expliqués au personnel de
façon convaincante et compréhensible...
Le besoin d'avoir l'électricité dans
les écoles primaires (élèves âgés 6 à 12
ans) dans les régions cibles semble ne
pas être assez fort, étant donné que les
heures de cours se situent de 8 à 12
heures le matin et de 15 heures 17
heures le soir. Cependant, les directeurs
d'écoles des villages non électrifiés
n'étaient pas opposés à l'idée d'être
branchés sur le réseau. La raison la plus
importante de vouloir se connecter est
d'éclairer les salles de classe pendant la
saison des pluies. Certains disent que la
lumière est importante car les
enseignants vont avoir la possibilité
d'utiliser les nouvelles technologies de
l'information pour leurs préparations le
soir. Pas plus de deux sur neuf écoles
primaires dans les zones électrifiées
sont branchées au réseau, et seule une
école a des lampes dans les salles de
classe et une radio électrique dans le
bureau du directeur.
Par conséquent, les services gratuits
doivent s'assurer que la connexion au
réseau des écoles primaires est
raisonnable. Cette connexion est
raisonnable si des écoles primaires
envisagent sérieusement d'inclure dans
leurs programmes des cours qui nécessitent des appareils électriques ou qui
désirent de prolonger les heures de
cours dans la soirée. La dernière possibilité pourrait se révéler être
raisonnable si les taux de fréquentation
peuvent être augmentés en proposant
des cours du soir. Les appareils
électriques pour l'enseignement seront
bien utilisés si on donne aux
enseignants la formation nécessaire.
Dans le cas des écoles secondaires,
(élèves âgés de 13 à 18 ans), l'extension
à la fois des programmes et des heures
de cours doit être sérieusement
défendue par des services gratuits. La
raison est que les cours utilisant les
appareils électriques ont une très grande
valeur, particulièrement si les étudiants
apprennent des habiletés à utiliser des
technologies comme l'Internet, les
systèmes de communication, la maintenance des appareils électriques, etc. Les
preuves recueillies dans d'autres pays
corroborant l'idée que les élèves des
écoles secondaires formées sur l'utilisation des appareils électriques
augmentent de façon significative le
potentiel économique de la région, car
cette formation permet aux entreprises
locales d'utiliser des machines et des
équipements qui ne pouvaient pas être
utilisée avant.
Le fait de proposer des cours du soir
est indispensable pour que les étudiants
puissent travailler dans des entreprises
de famille et continuer leur éducation en
même temps. Ceci pourrait relever le
taux d'inscription, qui est aux alentours
19
de 42 pour cent dans les villages non
électrifiés de l'enquête. Dans les
villages électrifiés, toutes les écoles
secondaires sont branchées au réseau,
alors qu'une équipée d'un petit laboratoire de IT [technologie de l'information] avec une vingtaine d'ordinateurs, d'autres écoles n'ont pas les fonds
nécessaires. De plus, le laboratoire IT,
n'est pas financé par le budget de
l'école, mais par celui de certaines
ONG.
D'autres
programmes
de
développement rural doivent être
mobilisés pour rehausser l'effet de
l'électrification sur l'éducation. Dans
plusieurs des cas, ceci doit inclure la
formation des enseignants qui doit
comprendre le cours sur les appareils
électriques. En plus, la gestion scolaire
doit accepter les frais d'opération
induits par l'électricité. Ceci est obligatoire, car les écoles font face à de
nouveaux frais relatifs à la consommation du courant électrique, alors que
les entreprises et les familles
économisent souvent de l'argent après le
branchement au réseau (au moins sur
les frais d'éclairage).
En plus, les services gratuits doivent
faire une enquête sur la demande
concernant les cours du soir et sur les
étudiants potentiels. Qui plus est, on
doit demander aux étudiants potentiels
pourquoi ils ne fréquentent pas l'école.
Etant donné qu'un nombre significatif
de personnes serait capable et disposé à
aller aux cours du soir, l'électrification
de l'école possède un important
potentiel si elle est faite avec sagesse.
Conclusion
La question de savoir comment mettre
en place les projets d'électrification
rurale de façon appropriée a été l'objet
de discussions qui se poursuivent
encore. Ce document donne des preuves
anecdotiques qui supportent l'idée
d'accompagner les activités d'électrification par des composants généraux de
développement rural. Tout en reconnaissant les difficultés qui existent à
transférer les idées à d'autres régions,
nous supportons l'idée que les services
gratuits sont cruciaux pour assurer un
impact rapide sur la pauvreté dans les
secteurs locaux publics et privés. Pour
20
la réalisation de ces objectifs, un contact
rapproché avec la région cible est indispensable.
La compagnie publique distributrice
doit assurer la plus grande part de
responsabilité des services requis,
spécialement pour encourager l'utilisation productive de l'énergie. La raison
est que l'utilisation de l'énergie de
manière productive est un des prérequis les plus importants pour la
connexion durable des zones rurales.
D'abord, cette connexion augmente les
ventes de la compagnie d'électricité
dans la région et ensuite, une utilisation
productive forte améliore la charge
productive. En plus, à la longue l'utilisation productive de l'énergie contribue
à création de revenus et, de ce fait,
augmente potentiellement la demande
d'énergie privée. En conséquence, c'est
dans le propre intérêt d'un service
public que d'accompagner les activités
d'électrification rurale en promouvant
les activités de sensibilisation et de
formation. L'introduction de tels
services gratuits pourrait être inclus
dans la réforme des services publics en
ce qui concerne leur stratégie commerciale. Cependant cela ne veut pas dire
que ces activités d'accompagnement
sont conduites par la compagnie ellemême. Une alternative consiste à faire
effectuer ces services par d'autres
organisations privées.
Etant donné que les services d'utilité
publique dans la plupart des pays
africains n'ont pas à leur disposition une
infrastructure appropriée en milieu rural
pour mettre en place ces services
gratuits, les projets d'électrification
rurale financés par le secteur public
devraient incorporer les ONG et les
communautés locales dans la création
d'un environnement favorable dans les
régions cibles. A la longue, ces institutions vont devenir de potentiels partenaires des compagnies d'utilité publique
chargés de la distribution de l'électricité.
Contrairement aux services gratuits
aux commerçants et aux familles, la
conscientisation et la provision de
conseils aux institutions sociales ne sont
pas nécessairement la responsabilité de
la compagnie publique, car les écoles et
les centres de santé ne sont pas
économiquement importants à la
compagnie de service public. Donc,
même dans le long terme, cette responsabilité doit être celle du gouvernement
ou de quelque autre programme de
développement rural qui doit s'assurer
que les institutions sociales reçoivent
les services appropriés.
Les chiffres et données qui soustendent les arguments défendus dans ce
document relèvent , comme l'indique le
titre, de l'anecdote, c'est-à-dire sont
représentatifs seulement d'un petit
échantillon
d'une
très
grande
population. Dans le but de rehausser la
compréhension des processus de
développement rural, une recherche
empirique dans le domaine devrait être
intensifiée. Dans cette optique, un
système soigneusement planifié de
surveillance d'impacts qui rassemble
assez de données socioéconomiques
avant, pendant et après les projets de
distribution d'énergie est crucial. Dans
l'idéal un tel système de surveillance
des impacts peut être harmonisé entre
différents pays, à travers les conseils
économiques régionaux et les associations internationales dans le but d'augmenter sa comparabilité et son pouvoir
d'explication. Les résultats de ces
enquêtes doivent supporter les
processus de réforme qui intéressent la
commercialisation des compagnies
publiques.
Le projet est mis en place par
Deutsche Gesellschaft für Technische
Zusammenarbeit (GTZ) GmbH dans le
cadre de Energising Development
(EnDev), qui est un partenariat
Hollande-Allemagne ayant pour
objectif la fourniture de services
modernes d'énergie à cinq millions de
personnes vivant dans les zones rurales
des pays en développement.
Pour de plus amples informations,
contacter Jörg Peters, Division
"Environment
and
Resources"
[Environnement
et
Ressources],
Rheinisch-Westfälisches Institut für
Wirtschaftsforschung (RWI Essen),
Hohenzollernstr. 1-3, 45128 Essen,
Germany, E-Mail: [email protected]
ou
Florian
Ziegler,
Deutsche
Gesellschaft
für
Technische
Zusammenarbeit
(GTZ)
GmbH,
[email protected]
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
Prix Asden pour l'Energie Renouvelable
Une Energie solaire que les pauvres des zones
rurales peuvent se procurer
Zara Solar Ltd., en Tanzanie, gagne le Prix pour l'Afrique
La Tanzanie a l'un des plus faibles taux d'électrification du monde. Seul dix pour cent de la population a accès au réseau
électrique, et dans les zones rurales seul deux pour cent bénéficient de cet accès. Il y a un grand nombre de demandes
en attente d'une connexion, et cette liste d'attente s'allonge avec l'arrivée récente du téléphone mobile et de la télévision.
La conscience grandissante qui entoure l'énergie solaire et ses avantages ont fait que les gens sont de plus en plus
attirés vers l'énergie photovoltaïque (PV).
Grace a l'énergie solaire, ces jeunes peuvent regarder la télé. Système fourni par Zara Solar, Tanzanie.
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
Le coût initial de l'énergie photovoltaïque est un obstacle majeur auquel
beaucoup des personnes démunies
vivant dans le monde rural sont
confrontés, et il y a aussi le problème de
beaucoup de petits commerces et
d'entreprises électriques proposant des
modules PV bon marché mais de piètre
qualité qui sont installés et qui ressemblent à des marques bien connues de
bonne qualité. Ces appareils tombent en
panne très rapidement et font une
mauvaise publicité à la technologie
solaire PV.
Zara Solar Ltd, le plus grand
fournisseur d'énergie solaire PV au nord
de la Tanzanie, travaille dure pour
vaincre ces obstacles en aidant les
personnes à identifier les 'faux'
équipements et en leur fournissant un
système d'énergie solaire PV de haute
qualité à bon marché.
Comme le dit un client: "Je suis très
satisfait des lampes et la radio que me
procure le système de panneau solaire
unique que j'ai acheté de Zara Solar,
donc je suis revenu pour en acheter un
autre. Avant de venir à Zara j'avais
acheté un panneau bon marché d'un
autre vendeur, qui ne m'a pas donné de
bons résultats, ce fut une perte d'argent."
Les efforts de Zara Solar ont rendu le
solaire PV attractif aux yeux de
beaucoup de gens. Suite à cet état de fait,
les ventes se sont rapidement accélérées.
Jusqu'à ce jour, Zara Solar et sa
compagnie sœur 'Mona-Mwanza
Electrical & Electronics', ont vendu plus
de 3,600 systèmes PV solaires, qui
bénéficient directement à plus de 18,000
personnes et on s'attend à ce que ce
chiffre croisse de façon significative au
cours des prochaines années.
Dans le but d'atteindre des zones plus
éloignées, Zara Solar utilise un réseau de
21
Prix Asden pour l'Energie Renouvelable
Un homme debout devant son système solaire domestique dans le nord de la Tanzanie.
22
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
techniciens locaux bien formés qui
peuvent assurer la maintenance des
appareils de leurs propres clients locaux
et en même temps fournir aux clients
une formation assez solide pour assurer
la maintenance correcte du système
après l'installation..
Du fait du mauvais accès par la
route, le coût du pétrole lampant est
beaucoup plus cher dans les zones
rurales. Pour une famille typique
utilisant six à neuf litres/mois, cela
représente un coût mensuel de 12.000 à
18.000 shillings tanzaniens (£4.80 à
£7.20), un fardeau substantiel dans une
région où le salaire minimum n'est que
de 50,000 shillings tanzaniens (£20) par
mois. A partir des seules économies sur
le pétrole, les clients de Zara dans les
zones rurales peuvent facilement couvrir
les coûts d'un système PV en moins de
deux ans si les méthodes correctes de
financement sont disponibles.
Impact
L'utilisation du PV fournit des avantages
sociaux significatifs sur la santé, le bienêtre et l'éducation. Dans les centres de
santé, la bonne qualité de l'éclairage et la
possibilité de charger les téléphones
mobiles sont très utiles: dans un centre
on s'est rendu compte que beaucoup plus
de femmes sont venues accoucher après
que les lampes à pétrole ont remplacé
l'éclairage au PV dans les salles
d'accouchement. Là où l'énergie solaire
est utilisée dans les salles de classe les
étudiants peuvent bénéficier d'un
meilleur éclairage le soir et de l'utilisation de quelques matériels électriques.
L'une des plusieurs organisations qui
s'occupent des enfants de la rue a utilisé
des télévisions solaires pour rendre la vie
plus attrayante en dehors de la rue. Selon
le coordinateur de la famille 'Upend
Daima Maison pour enfants de la rue':
"Le fait de disposer de l'électricité pour
l'éclairage et la TV donne une vie plus
attrayante aux enfants, c'est l'une de
choses qui les encouragent à ne pas
retourner dans la rue".
Plusieurs clients de Zara Solar
gagnent un revenue supplémentaire à
partir de leur système PV solaire, dû en
partie du fait que le PNUD a fourni un
don équivalent à 60 pour cent de coûts
aux personnes désireuses d'acheter des
équipements pour installer ou appuyer
un petit commerce. Un certain nombre
de bars et de cafés utilisent leur système
PV solaire pour l'éclairage et la TV, ce
qui attire plus de clients et augmente les
chiffres d'affaires. Un exemple de
commerce novateur est le commerce qui
fournit de petits poisons qu'on utilise
pour server d'appât quand la pompe qui
sert à aérer l'eau du basin dans les réservoirs de ponte marche grâce à l'énergie
solaire.
La limitation majeure à un
accroissement future est la disponibilité
de financement du consommateur. Zara
Solar tente de résoudre ce problème en
explorant plusieurs schémas de micro
financement qui vont fournir aux
populations démunies des zones rurales
l'occasion de rembourser le coût du
système à terme.
L'argent du Prix Ashden sera utilisé
pour assurer la maintenance des
systèmes dans les zones rurales ce qui
permettra aux techniciens d'acheter et de
stocker localement au lieu d'avoir à se
rendre en ville pour piloter un système
de micro financement et pour lancer le
marché du système PV solaire plus
largement.
Pour de plus amples informations,
contacter M. Mohamedrafik A. Parpia,
PO Box 110, Mwanza, Tanzania.
Tel:+255
28
2502910,
email:[email protected]
Ces clients montrent au personnel Zara un faux module PV, acheté ailleurs. Zara Solar, Tanzanie.
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
23
Prix Asden pour l'Energie Renouvelable
Energie solaire pour les communautés rurales
Deng Ltd. obtient le second prix pour l'Afrique
Les chances des communautés rurales
de figurer sur le réseau national sont
minces, même si elles y parvenaient,
les familles les plus pauvres sont
réticentes à s'engager pour le paiement
de factures d'électricité mensuelle. La
recherche d'alternatives a conduit à un
grand intérêt pour le photovoltaïque
solaire (PV), mais plusieurs systèmes
ont échoué à cause de la mauvaise
qualité des installations et de
l'entretien. Deng Ltd, une compagnie
d'électricité établie à Accra, constitue
l'exception à cette règle. Ils vendent un
système autonome de PV pour
l'éclairage et les appareils électriques.
Deng Ltd. s'est positionné comme
une compagnie qui a réussi à établir un
model pour l'approvisionnement de
l'énergie solaire qui est à la fois viable
et renouvelable, particulièrement dans
Concessionnaire Deng Arthur Manu debout devant sa boutique à Nkhoranza, Ghana
24
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
les zones rurales. Elle y est parvenue
en prenant le risque de sortir d'Accra et
en initiant de petits réseaux de détaillants qui peuvent fournir de petites
installations et un service de maintenance de grande qualité à des clients
locaux.
Deng est la seule compagnie au
Ghana à fournir un service d'approvisionnement en électricité hors de la
capitale, donnant ainsi l'opportunité
aux entrepreneurs de rester dans leur
communauté de base. En y associant
des hommes d'affaires locaux, Deng se
propose aussi d'étendre ce réseau dans
les régions éloignées qui sont
intéressés par la vente de système PV.
Depuis 1998, Deng et son réseau
de distributeurs ont fourni et installé
plus de 1000 systèmes fixes (dans des
maisons, des écoles et des centres de
santé) et environ 6000 lampadaires
solaires. Pendant que Deng s'occupe de
la vente et de l'installation de systèmes
de panneaux PV de secours aux
alentours de la ville d'Accra, La
passion et le point focal du fondateur
de Deng, Frede Bosteen, est de fournir
l'électricité aux zones rurales qui n'ont
pas accès aux panneaux solaires et c'est
dans ce domaine qu'il voudrait étendre
son expertise.
Un panneau faisant la publicité des services offerts par Arthur Manu, Nkhoranza, Ghana.
Appropriate Technology, Vol 34, No 3
25
Prix Asden pour l'Energie Renouvelable
Formation
Deng s'est directement engagé à satisfaire le besoin de formation et a installé
un centre en collaboration avec
l'Université Kwame Nkrumah des
Sciences et Technologie (KNUST) au
Ghana et avec le service Australien de
l'énergie renouvelable. Le centre est
unique en son genre en Afrique au sud
du Sahara. Jusqu'à présent, environ 120
hommes et femmes ont été formés,
comprenant des techniciens des services
de santé et des universitaires. En
assurant la formation de personnes
venant d'autres secteurs, le centre
contribue à la croissance du marché de
l'énergie solaire PV au Ghana.
Impact
Le marché de l'énergie solaire de Deng
au Ghana est l'exemple d'un système
basé sur un intérêt commercial et sur un
fort désir d'améliorer l'existence des
pauvres qui vivent dans les zones
rurales. Les résultats montrent qu'il est
en train de réussir. Non seulement il a
généré de l'emploi par l'extension du
réseau de Deng, mais le système a aussi
conduit à la création de petits
commerces tels que des bars disposant
de frigidaires et de télévision alimentés
par l'énergie solaire.
Les consommateurs trouvent que le
fait d'utiliser les panneaux solaires en
lieu et place des lampes à pétrole pour
l'éclairage fournit une meilleure lumière
et un environnement plus propre, et les
familles en général épargnent environ 20
000 Cedis/mois (juste un peu plus d'une
livre sterling) qui seraient dépensés pour
l'achat de lampes à pétrole. Les clients
dans les zones qui disposent de
panneaux solaires trouvent que les PV
fournissent un approvisionnement plus
régulier et n'entrainent pas une facture
d'électricité mensuelle!
Les femmes et les enfants tirent aussi
profit de l'existence d'un éclairage de
bonne qualité sur lequel on peut
compter pour étudier ou pour accomplir
des taches ménagères une fois la nuit
tombée.
Les adultes comme les enfants
utilisent aussi les 600 écoles équipées de
systèmes PV de 80 qui peuvent restées
ouvertes pour les cours du soir et les
sessions de devoirs et les cours pour
adultes. En sensibilisant les utilisateurs à
l'énergie solaire, on attire aussi leur
attention sur les bienfaits de l'énergie
renouvelable.
Les soins maternels se sont
améliorés grâce à l'utilisation de lampes
solaires par les matrones traditionnelles
et les systèmes PV des hôpitaux bénéficient d'un éclairage plus régulier, d'une
réfrigération pour les vaccins et pour
l'insuline et d'un approvisionnement en
eau plus régulier.
L'argent du prix Ashden sera utilisé
pour l'expansion du réseau des distributeurs Deng dans les zones qui sont les
moins probables à accéder à la
connexion aux panneaux solaires. Les
outils de formation seront développés
pour inclure des pompes à eau solaire de
biogaz et des moulins à vent.
Pour plus d'informations contacter
M. F.B.Bosteen, Deng Limited, House
No. C12/15, South East Alajo, PO Box
AN 19996, Accra, Ghana.
Tel: +233 21 257099, +233 21
257100 or 257100; fax: +233 21
222276.
Email: [email protected] or
[email protected];
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site:
www.dengltd.com
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Appropriate Technology, Vol 34, No 3
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