Les peuples paléosibériens

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Les peuples paléosibériens
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RUSSIE 2016
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EDITION
Directeurs de collection et auteurs :
Dominique AUZIAS et Jean-Paul LABOURDETTE
Auteurs : Caroline GAUJARD-LARSON,
Oxana PUSHKAREVA, Benoît BOUET,
Jean-Paul LABOURDETTE, Dominique AUZIAS
et alter
Directeur Editorial : Stéphan SZEREMETA
Responsable Editorial Monde : Patrick MARINGE
Rédaction Monde : Caroline MICHELOT,
Morgane VESLIN, Pierre-Yves SOUCHET
et Leena BRISACQ
Rédaction France : François TOURNIE,
Talatah FAVREAU et Bénédicte PETIT
FABRICATION
Responsable Studio : Sophie LECHERTIER
assistée de Romain AUDREN
Maquette et Montage : Julie BORDES,
Élodie CLAVIER, Sandrine MECKING,
Delphine PAGANO et Laurie PILLOIS
Iconographie et Cartographie : Audrey LALOY
WEB ET NUMERIQUE
Directeur Web : Louis GENEAU de LAMARLIERE
Directeur technique : Lionel CAZAUMAYOU
Chef de projet et développeurs :
Jean-Marc REYMUND, Cédric MAILLOUX,
Florian FAZER et Anthony GUYOT
Community Manager : Cyprien de CANSON
DIRECTION COMMERCIALE
Directrice des Régies : Caroline CHOLLET
Responsable Régies locales :
Michel GRANSEIGNE
Relation Clientèle : Vimla MEETTOO
et Sandra RUFFIEUX
Chefs de Publicité Régie nationale :
Caroline AUBRY, François BRIANCON-MARJOLLET,
Perrine DE CARNE MARCEIN, Caroline GENTELET,
Florian MEYBERGER et Caroline PREAU
REGIE INTERNATIONALE
Chefs de Publicité : Jean-Marc FARAGUET,
Guillaume LABOUREUR assistés d’Elisa MORLAND
Régie Russie : Oxana PUSHKAREVA
DIFFUSION ET PROMOTION
Directrice des Ventes : Bénédicte MOULET
assistée d’Aissatou DIOP et Alicia FILANKEMBO
Responsable des ventes : Jean-Pierre GHEZ
assisté de Nathalie GONCALVES
Relations Presse-Partenariats :
Jean-Mary MARCHAL
ADMINISTRATION
Président : Jean-Paul LABOURDETTE
Directeur Administratif et Financier :
Gérard BRODIN
Directrice des Ressources Humaines :
Dina BOURDEAU assistée de Sandra MORAIS
et Vianney LAVERNE
Responsable informatique : Pascal LE GOFF
Responsable Comptabilité :
Valérie DECOTTIGNIES
assistée de Jeannine DEMIRDJIAN, Oumy DIOUF
et Christelle MANEBARD
Recouvrement : Fabien BONNAN
assisté de Sandra BRIJLALL
Standard : Jehanne AOUMEUR
n PETIT FUTE RUSSIE 2016 n
Petit Futé a été fondé par Dominique AUZIAS.
Il est édité par Les Nouvelles Editions de l’Université
18, rue des Volontaires - 75015 Paris.
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Dépôt légal : 09/02/2016
ISBN : 9782746992757
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Pour le courrier des lecteurs : [email protected]
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Bienvenue en Russie ! Depuis quatre siècles, la Russie est
le plus grand pays du monde. En envahissant les terres
tatares et sibériennes, les tsars puis les soviets conquirent
et occupèrent un empire immense, réunissant la chrétienté,
l’islam et le bouddhisme, la steppe et la taïga, les mers du
sud et les déserts glacés.Un pays aux deux continents, qui
s’incarne tout entier dans un marché coloré telle une toile de
Kandinsky : fourrures de Sibérie, fruits du Caucase, poissons
de la Caspienne et icônes de Novgorod composent cette
fresque de la Russie, diverse jusqu’au vertige, unie pour le
meilleur et pour le pire. Le meilleur à Kazan, dont le kremlin
renferme une mosquée et une cathédrale orthodoxe. Le
meilleur à Moscou, capitale de la démesure dont les soirées
durent jusqu’au petit matin. Le meilleur à Saint-Pétersbourg
avec ses nuits blanches, ces jours de juin où le soleil refuse
de se coucher, admirant son image reflétée par les façades
des palais. Le meilleur des arts au Bolchoï, à l’opéra de
Novossibirsk ou de Perm où vibrent pour un soir et pour
toujours, les musiques de Tchaïkovski, les vers de Pouchkine
et les tirades de Tchekhov.Le meilleur du voyage avec le
Transsibérien, apnée de 6 jours et 7 nuits dans un véritable
océan de terres qui unit les plages de la Baltique à celles de
la mer du Japon. Le meilleur de la nature aussi : sur Olkhon, la
plus grande île du lac Baïkal, auprès du volcan Avantchinskyi,
sur la presqu’île du Kamtchatka ou dans les méandres de
la Volga qui s’écoule, immuable, au pied d’une église aux
murs blanchis à la chaux.Le meilleur de l’homme enfin,
dans toute sa diversité : cérémonies chamaniques à Touva,
danses caucasiennes, parties de pêche à travers la glace.
Mais aussi unie pour le pire, dans les villes de Tchétchénie
détruites par la guerre, devant les monuments aux morts
de la Seconde Guerre mondiale ou dans le trop frêle musée
du Goulag de Perm. Mais la Russie, après 70 ans de nuit
soviétique, a soif de vie : tout au nord, sur les îles Solovki
transformées en camp par les bolchéviques, les moines ont
repris possession de leur monastère. Des fidèles ont traversé
la mer Blanche pour y fêter Pâques. S’avançant pieusement
vers l’église, la procession accomplit le lent cheminement
de la Russie vers son salut : dévouée jusqu’à l’irrationnel,
mystique pour l’éternité.
L’équipe de rédaction
IMPRIMÉ EN FRANCE
Sommaire
nw
INVITATION AU VOYAGE n
Les plus de la Russie ..................................9
Fiche technique ........................................ 10
Idées de séjour ........................................ 13
Séjours courts : 1 semaine à 10 jours ......... 13
Séjours longs : 2 à 3 semaines ................... 16
Séjours thématiques ................................... 18
Comment partir ? .................................... 19
Partir en voyage organisé ........................... 19
Partir seul ................................................... 31
Séjourner.................................................... 32
nw
DÉCOUVERTE n
La Russie en 30 mots-clés ....................... 36
Survol de la Russie ................................. 46
Géographie ................................................. 46
Climat......................................................... 48
Environnement – écologie .......................... 50
Parcs nationaux .......................................... 50
Faune et flore ............................................. 51
Histoire ................................................... 52
Politique et économie ...............................76
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Politique ..................................................... 76
Économie ................................................... 77
Transsibérien.
Population ............................................... 80
Les peuples slaves ..................................... 80
Les peuples caucasiens .............................. 80
Les peuples mongols .................................. 83
Les peuples ougriens.................................. 84
Les peuples paléosibériens
ou hyperboréens......................................... 85
Les peuples samoyèdes ............................. 86
Les peuples toungouses ............................. 87
Les peuples turcs ....................................... 87
Mode de vie ............................................. 89
Vie sociale .................................................. 89
Religion ...................................................... 91
Arts et culture ........................................ 94
Architecture ................................................ 94
Artisanat..................................................... 94
Cinéma ....................................................... 96
Littérature .................................................. 99
Médias ..................................................... 104
Musique ................................................... 106
Peinture .................................................... 109
Festivités..................................................111
Cuisine russe ..........................................118
Produits caractéristiques .......................... 118
Repas ....................................................... 120
Alcools et boissons ................................... 123
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Recettes ................................................... 124
Jeux, loisirs et sports............................ 126
Disciplines nationales ............................... 126
Activités à faire sur place.......................... 126
Enfants du pays ......................................128
nw
MOSCOU n
Moscou .................................................. 134
Quartiers .................................................. 136
Se déplacer .............................................. 140
Pratique.................................................... 145
Se loger .................................................... 148
Se restaurer ............................................. 152
Sortir ........................................................ 160
À voir – À faire.......................................... 166
Shopping .................................................. 205
Sports – Détente – Loisirs ........................ 210
Environs de Moscou ...............................212
Ouest de Moscou...................................... 212
Nord de Moscou ....................................... 219
Sud de Moscou......................................... 221
nwANNEAU D’OR n
Serguiev-Possad et Alexandrov ............. 226
Serguiev-Possad....................................... 226
Alexandrov ............................................... 233
Ivanovo..................................................... 235
Villes princières ................................... 235
Souzdal .................................................... 237
Vladimir .................................................... 245
Iouriev-Polski............................................ 254
Villes champêtres ................................. 256
Rostov-Le-Grand ...................................... 256
Borissoglebski ......................................... 265
Pereslavl-Zalesski .................................... 267
Ouglitch .................................................... 273
Le long de la Volga ..................................273
Mychkine.................................................. 279
Iaroslavl.................................................... 280
Kostroma .................................................. 288
Vue sur les Sept Sœurs de Moscou.
nw
SAINT-PÉTERSBOURG n
Saint-Pétersbourg................................. 298
Histoire ..................................................... 299
Quartiers .................................................. 304
Se déplacer .............................................. 310
Pratique.................................................... 316
Se loger .................................................... 318
Se restaurer ............................................. 322
Sortir ........................................................ 327
À voir – à faire .......................................... 332
Shopping .................................................. 360
Sports – Détente – Loisirs ........................ 363
Environs de Saint-Pétersbourg ............. 364
Pouchkine / Tsarskoye Selo ...................... 364
Pavlovsk ................................................... 368
Petrodvorets ............................................. 371
Lomonossov ............................................. 375
Gatchina ................................................... 375
Repine ...................................................... 375
Kronstadt.................................................. 376
repérez les meilleures visites
intéressant
Remarquable
Immanquable
Inoubliable
nw
NORD-OUEST n
Région de Vologda ..................................378
Vologda .................................................... 378
Carélie .................................................. 385
Petrozavodsk ............................................ 385
Île de Kiji .................................................. 387
Îles Solovki ............................................... 389
Mourmansk et la péninsule de Kola....... 392
Mourmansk .............................................. 393
Apatity ...................................................... 396
Kirovsk ..................................................... 397
Ouest de la Russie Européenne.............. 398
Smolensk ................................................. 398
Pskov ....................................................... 400
Novgorod .................................................. 403
Enclave de Kaliningrad .......................... 405
Kaliningrad ............................................... 405
Yantarny ................................................... 410
nw
RÉGION DE LA VOLGA n
Kazan ....................................................... 418
Saransk .................................................... 424
Samara .................................................... 425
Volgograd ................................................. 428
Elista ........................................................ 429
Astrakhan ................................................. 432
Croisière sur la Volga ........................... 435
Canal de Moscou ...................................... 435
D’ouglitch à Iaroslavl ................................ 436
Voie Navigable Volga-Baltique................... 444
De Kiji à Saint-Pétersbourg ....................... 447
nw
CAUCASE ET MER NOIRE n
Rostov et la steppe de Kouban............... 452
Rostov-sur-le-Don .................................... 454
Azov ......................................................... 460
Krasnodar ................................................. 460
Côte de la Mer Noire ............................. 464
Novorossiysk ............................................ 464
Sotchi ....................................................... 466
Adler ........................................................ 472
Caucase russe .......................................473
Nizhnyi Novgorod ..................................... 412
Tcheboksary ............................................. 417
Kislovodsk ................................................ 473
Essentuki.................................................. 476
© KATVIC - SHUTTERSTOCK.COM.
Région de la Volga ..................................412
Paysage du Lac Baïkal en hiver.
© ANTON_IVANOV - SHUTTERSTOCK.COM.
Piatigorsk ................................................. 477
Naltchik .................................................... 481
Ossétie du Nord, Ingouchie, Tchétchénie,
Daghestan ................................................ 482
nw
OURAL n
Ekaterinbourg et sa région ................... 488
Ekaterinbourg ........................................... 488
Tcheliabinsk et sa région ...................... 500
Tchelyabinsk ............................................ 500
Magnitogorsk ........................................... 502
Perm et sa région ................................. 503
Perm ........................................................ 503
Koungour .................................................. 506
Oufa et la république de Bachkirie .........507
Oufa ......................................................... 507
nw
SIBÉRIE ET EXTRÊME-
ORIENT RUSSE n
Transsibérien.........................................512
Histoire du Transsibérien........................... 514
Organiser son voyage ............................... 518
Itinéraire du Transsibérien......................... 520
Conseils Pratiques .................................... 525
Voyager dans le Transsibérien................... 526
Sibérie occidentale ............................... 530
Novossibirsk ............................................. 530
Barnaoul ................................................... 541
République de l’Altaï ................................. 543
Tomsk ...................................................... 546
Sibérie orientale ................................... 548
Kraï de Krasnoïarsk .................................. 548
Croisière sur L’ienisseï .............................. 554
République de Touva................................. 561
Irkoutsk .................................................... 563
Le Lac Baïkal ............................................ 568
République de Bouriatie............................ 572
Oblast de Tchita........................................ 575
Extrême-Orient russe.............................576
République Autonome de Yakoutie ............ 576
Kraï de Khabarovsk................................... 582
Kraï du Primorie........................................ 586
Kraï du Kamtchatka .................................. 590
Oblast de Sakhaline .................................. 593
Cathédrale Saint-Sauveur-sur-leSang-Versé de Saint-Pétersbourg.
nw
PENSE FUTÉ n
Pense futé ............................................. 598
Argent ...................................................... 598
Assurances............................................... 601
Bagages ................................................... 601
Décalage horaire ...................................... 602
Électricité, poids et mesures ..................... 602
Formalités, visa et douanes ...................... 602
Horaires d’ouverture ................................. 605
Internet..................................................... 606
Jours fériés .............................................. 606
Langues parlées ....................................... 607
Poste ........................................................ 608
Quand partir ? .......................................... 608
Santé........................................................ 608
Sécurité et accessibilité ............................ 611
Téléphone ................................................ 613
S’informer ............................................. 616
À voir – À lire ............................................ 616
Avant son départ ...................................... 617
Magazines et émissions ........................... 617
Rester .................................................... 618
Étudier...................................................... 618
Investir ..................................................... 620
Travailler – Trouver un stage ..................... 620
Index ...................................................... 621
6
La Russie
OCEAN ARCTIQUE
Spitzberg
MER DE
NORVEGE
Norvège
Terre François-Joseph
OSLO
Suède
NouvelleZemble
MER DE
Mourmansk
STOCKHOLM
BARENTS
Fi n l a n d e
Prequ’Île
de Kola
Dikson
1
HELSINKI
Estonie
Lettonie
MER DE
KARA
Kaliningrad
Lac
Ladoga
Petrozavosk
Arkhangel'sk
Lac
Onega
Narian Mar
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Novgorod
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Vorkhouta
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Novyi Port
1895
Gora Narodnaya
BIELORUSSIE
Vologda
Smolensk
Dvina
Rybinsk
MOSCOU
KIEV
Koursk
5
3
Kazan
Simbirsk
Rostov
Tsimlyanskoye
Vodokhranilishche
10
9
11
12 14
13 15
16
Tioumen
Samara
Orenbourg
Tobolsk
Oufa
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Astrakhan
MER
CASPIENNE
BAKOU
Turkménistan
Iénisseïsk
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Tcheliabinsk
Tomsk
Omsk
Azerbaïdjan
TEHERAN
Kolpatchevo
Iekaterinbourg
Volgograd
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Géorgie
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Saratov
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Nijni Novgorod
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Doudinka
Norilsk
Tazovskoïe
Syktyvkar
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2
Iénisseï
St Petersbourg
Lituanie
Novosibirsk
Kazakhstan
Barnaoul
ASTANA
REPUBLIQUES
AUTONOMES 11- Karatchaevo-Tcherkessie
1- Carélie
12- Kabardino-Balkarie
2- Komi
13- Ossétie du Nord
3- Mordovie
14- Ingouchie
4- Tchouvachie
15- Tchetchenie
OuzbŽkistan
5- Mari-El
16- Daghestan
6- Tatarstan
17- Altaï
7- Oudmourtie
18- Khakassie
Ouzbékistan
8- Bachkirie
19- Touva
9- Kalmoukie
20- Bouriatie
10- Adyghée
21- Yakoutie-Sakha
Kirghizstan
Iran
Tadjikistan
17 18
4506
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MER DE BERING
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Iles de la
Nlle-Sibérie
Severnaya Zemlya
(Terre du Nord)
Anadyr
Ozero Krasnoye
SIBERIE
Tiksi
Nordvik
3003
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PetropavlovskKamchatskiy
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Viliouïsk
Tura
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MER D'OKHOTSK
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Olekminsk
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Ioujnoo-Sakhalinsk
Komsomolsk
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Takhtamygda
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Oust Kout
Khabarovsk
Blagoveshchensk
MO
NT
Bratsk
20
Krasnoyarsk
Lac Bakal
Tchita
Angarsk
19
Tymovskoïe
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se
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Toungousk
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Angara
Sakhaline
Nikolaïevsk
Irkoutsk
Oulan-Oudé
Lac Khanka
Zabaïkalsk
Vladivostok
Kyzyl
Nakhodka
MER
DU
Chine
OULAN-BATOR
Corée
du Nord
Mongolie
JAPON
PYONGYANG
SEOUL
Corée
du Sud
PEKIN
0
200 km
Ja p o n
© MORDOLFF - ISTOCKPHOTO
8
© DMITRY SERBIN – ISTOCKPHOTO
Le musée historique d'État, la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux, la Place Rouge et le Kremlin.
© S.BORISOV - SHUTTERSTOCK.COM
Baie de Tikhaya, île de Sakhaline.
Palais de Peterhof, Saint-Pétersbourg.
Les plus de la Russie
Des paysages variés et inexplorés
Étendue sur 3 000 kilomètres du nord au sud et
sur 8 000 kilomètres d’est en ouest, la Russie
offre une grande variété de paysages et de
climats. Au nord, la ville de Mourmansk se
trouve à la limite du cercle polaire arctique. Au
sud, la ville d’Astrakhan est baignée par la mer
Caspienne qui la relie à l’Iran. A l’ouest, l’enclave
de Kaliningrad est coincée entre la Pologne
et la Lituanie alors qu’à l’est les montagnes
entourant le port de Vladivostok plongent dans
la mer du Japon. Entre ces quatre extrêmes,
un pays-monde se dessine : montagnes, plages
de sables, fleuves s’écoulant paisiblement,
steppes, forêts, lacs, banquise : telle est la
variété des paysages russes. Des territoires
encore sauvages et éloignés des routes touristiques les plus fréquentées.
Le pays des arts et de la culture
De la littérature à la peinture, Moscou et SaintPétersbourg offrent des balades sur les traces
de leurs grands artistes. La galerie Tretiakov et
l’Ermitage comptent parmi les plus beaux musées
au monde. Les peintres occidentaux, tels que
INVITATION AU VOYAGE
La Russie actuelle ne date que de 1991.
Pourtant, ce pays porte des cultures millénaires.
Dans le Sud, c’est le territoire des Scythes, qui
dominèrent la steppe pendant 800 ans. Dans le
Centre et l’Ouest de la Russie, on se plonge dans
le Moyen Âge avec ses kremlins et ses monastères construits le long des nombreuses rivières.
Le plus grand d’entre eux, le kremlin de Moscou,
domine la Moskova de ses tours. En remontant
le temps et la Volga, Saint-Pétersbourg, qui fait
le mariage entre les traditions de l’autocratie
russe et les empires d’Europe occidentale. Plus à
l’est, ce sont les traditions tatares qui dominent
dans les villes de Kazan ou d’Astrakhan. Dans
l’immense Sibérie enfin, les villes russes sont
récentes, là où les peuples autochtones, chamanistes, connaissent depuis des siècles le moyen
de survivre dans la taïga. Des traditions réunies
dans un seul pays, fier de toutes ses histoires
qu’il offre et explique volontiers aux visiteurs.
© STÉPHANE SAVIGNARD
Un jeune pays aux traditions
millénaires
Femme bouriate et son enfant en costume
traditionnel.
Rembrandt, Matisse et Picasso sont représentés
à l’Ermitage par leurs plus belles toiles. A la
Tretiakov, ce sont les peintres russes qui sont
mis en exergue, de Repine et Sourikov, peintres
du peuple et de l’Histoire, à Kandinsky et ses
sommets de l’abstraction, en passant par la féerie
Chagall. Le musée Pouchkine à Moscou recèle
quant à lui une vertigineuse collection, depuis
l’Antiquité jusqu’aux impressionnistes français.
La capitale russe reste aussi une occasion unique
de contempler les plus belles icônes du monde.
Une nation multiethnique
La Russie est un pays multiethnique et ravira les
voyageurs qui aiment l’ethnographie. Kalmouks,
Sami, Tchétchènes, Ingouches, Ossètes, Tatars,
Tchouktches, Coréens, Touvas, Bouriates…
Telles sont les nombreuses ethnies qui
composent le territoire de la Fédération russe.
Ce pays est également marqué par une grande
variété religieuse et artistique : temples bouddhistes, costumes de chamanes, mosquées et
églises russes forment un ensemble improbable
et vivant. Brimées, déportées, presque exterminées pour certaines, ces ethnies participent de
l’identité de la Russie, de sa diversité. Il suffit
de se promener sur un marché de Kazan ou
de Sotchi pour ressentir un profond exotisme.
repérez les meilleures visites
intéressant
Remarquable
Immanquable
Inoubliable
Fiche technique
10
Argent
Monnaie
Le nouveau rouble russe depuis le 1er janvier
1998 est symbolisé RUB. 1 rouble est divisé
en 100 kopecks.
wwTaux de change en décembre 2015 : 1 E =
74,82 RUB ; 100 RUB = 1,33 E.
Idées de budget
Incluant la nourriture, le logement, les transports
et la visite par jour.
wwPetit budget : 3 000 RUB (43 E)
wwBudget moyen : 6 000 RUB (86 E)
wwGros budget : 15 000 RUB (environ 214 E)
La Russie en bref
Le pays
wwNom du pays : Russie ou Fédération de
Russie.
wwCapitale : Moscou.
wwSuperficie du pays : 17 075 400 km².
wwLangue officielle : russe.
wwPrésident : Vladimir Poutine (mai 2012).
wwNature de l’Etat : République fédérale.
wwNature du régime : présidentiel fort.
La population
wwPopulation : 146 500 000 habitants.
wwPopulation de Moscou : 12 200 000
habitants intra-muros et 15 000 000 habitants
dans l’agglomération.
wwDensité de population à Moscou :
4 858 hab./km².
wwDensité de population en Russie : 8,4 hab./
km².
wwTaux de croissance de la population :
0,2% par an
wwTaux d’urbanisation : 74 %.
wwEspérance de vie : 63 ans pour les hommes
et 75 ans pour les femmes.
wwReligions : 80 % orthodoxes, 14%
musulmans, 2% juifs, 2% bouddhistes, mais
on trouve aussi des catholiques, protestants
et animistes (chamanistes).
L’économie
wwPIB : 2 097 milliards $.
wwSalaire mensuel moyen : env. 300 $.
wwTaux de chômage officiel : 5,3 %.
wwCroissance : -3,3 % (en 2015).
wwRépartition de la population active :
agriculture 7 %, industrie 37 %, services 56 %.
Téléphone
Indicatifs téléphoniques
wwRussie : 007.
wwFrance : 0033.
wwBelgique : 0032.
wwSuisse : 0041.
wwQuébec : 00418.
wwIndicatif en vigueur à Moscou : 495 ou
499 (selon les quartiers).
Comment téléphoner ?
wwTéléphoner de France en Russie :
007 + code ville (495 pour Moscou) + numéro
de téléphone à 7 chiffres.
E x : pour téléphoner à Moscou :
007 + 495 + 225 8966.
wwTéléphoner de France en Russie sur
un portable : 007 + numéro du portable à
10 chiffres.
Ex : 007 + 256 123 1563.
wwTéléphoner de Russie en France :
8 + attendre la sonnerie + 10 + 33 + indicatif
de la région sans le 0 + numéro de téléphone
à 8 chiffres.
Ex : 8… sonnerie… 10 + 33 + 1 + 49 63 58 26.
wwTéléphoner de Russie en France sur
un portable : 8 + attendre la sonnerie
+ 10 + 33 + numéro de portable sans le 0.
Ex : 8… sonnerie… 10 + 33 + 6 + 86 26 45 35.
wwTéléphoner entre régions : 8 + attendre la
sonnerie + indicatif région + numéro à 7 chiffres.
Ex : de Moscou à Saint-Pétersbourg : 8…
sonnerie… 812 + 112 3922.
wwTéléphoner en local : 7 chiffres du numéro
de téléphone.
Ex : 865 2556.
wwTéléphoner en Russie sur un portable
depuis un fixe : 8 + attendre la sonnerie + les
10 chiffres du numéro de portable.
Ex : 8… sonnerie… 956 324 1564.
Coût du téléphone
wwLe prix du téléphone pour l’étranger ne
cesse de baisser. Il était à l’écriture de ce guide
de 20 RUB (environ 0,45 E) par minute pour
l’Europe. Des cartes téléphoniques permettant
de téléphoner à l’étranger sont vendues dans des
kiosques. Il en existe de nombreuses et les prix
11
Le drapeau russe
L’éclatement de l’Union soviétique en 1991 a
donné naissance à la Communauté des Etats
indépendants (CEI) qui regroupe 12 des
15 anciennes républiques soviétiques. Les
nouveaux États se sont ainsi dotés de leur
propre drapeau et ont rompu avec l’icône
traditionnelle de la faucille et du marteau.
La Russie a opté pour le drapeau tricolore
blanc-bleu-rouge à bandes horizontales.
Ce drapeau est le même que celui conçu
dès 1699 par le tsar Pierre Ier le Grand. Devenu drapeau national en 1883, il a flotté sur les
bâtiments officiels jusqu’à l’arrivée au pouvoir des bolcheviks en 1918. Ce drapeau sera de
nouveau adopté le 11 décembre 1993 par la Russie.
Plusieurs interprétations existent pour expliquer les couleurs et l’agencement du drapeau.
A titre purement indicatif et non exhaustif, sachez donc que le blanc symbolise la noblesse,
la liberté et l’indépendance ; le bleu, l’honneur et la droiture, et le rouge le courage, la
hardiesse ainsi que la générosité. Egalement, une interprétation géographique originale : le
blanc représente la Russie blanche (la Biélorussie), le bleu la petite Russie (l’Ukraine), et le
rouge la Grande Russie (le reste du territoire).
sont fluctuants. Ce sont des cartes prépayées
à code secret. Vérifier que les indications
d’utilisation sont en anglais et, si possible,
que le serveur vocal est anglophone. Par ailleurs
le roaming de votre opérateur marchera en
Russie (faculté de la carte sim à trouver un
opérateur local, en appliquant une facturation
discutée à l’avance entre l’opérateur d’origine
et l’opérateur local), à vous de vous renseigner
sur le prix. Vous pouvez vous procurer une carte
sim russe rechargeable auprès des nombreuses
bornes à disposition en ville (150 à 200 RUB
avec environ deux heures de communication
locale incluses) si votre portable est débloqué
et que vous souhaitez passer des appels en
Russie une fois sur place ou éviter le roaming.
Pour acheter une telle carte, il faut présenter
son passeport en magasin.
wwLes communications intra-urbaines
sont théoriquement gratuites, mais
seulement chez les particuliers. Dans les
cabines téléphoniques, la carte pour 50 min
de téléphone coûte 110 RUB. Dans les hôtels,
les communications locales coûtent en général
0,15 $/min.
wwDans les cafés Internet, la demi-heure de
connexion coûte en général 50 RUB. Mais si
vous avez emmené un smartphone, une tablette
ou un ordinateur portable avec vous, il vous
suffit de vous attabler dans un café quelconque.
La plupart des établissements de restauration
disposent d’une connexion wifi gratuite dans
les grandes villes.
Décalage horaire
Moscou est en avance de 1 heure sur la France
en été, 2 heures en hiver (depuis 2014, la Russie
est repassée à l’heure d’hiver de manière permanente). Le reste de la Russie européenne est
pour la majeure partie dans le même fuseau
horaire que Moscou à l’exception de certaines
villes de la Volga.
wwKaliningrad. Parfois 1 heure de décalage
avec Paris.
wwRégion de l’Oural. 1 à 4 heures de décalage
avec Paris.
wwSibérie occidentale. 4 à 5 heures de
décalage avec Paris, la Sibérie orientale : 5 à
7 heures.
wwExtrême-Orient russe. 7 à 11 heures de
décalage avec Paris.
Ainsi, quand il est 8 heures du matin à Paris
en été, il 9 heures à Moscou, 11 heures à
Ekaterinbourg, 12 heures à Novossibirsk,
13 heures à Krasnoïarsk, 14 heures à Irkoutsk,
15 heures à Tchita, 16 heures à Vladivostok et
17 heures dans le Kamtchatka.
Formalités
Les ressortissants de l’Union européenne qui
souhaitent séjourner en Russie doivent au
préalable obtenir un visa (trois mois maximum
pour un visa tourisme). Le passeport utilisé doit
être encore valable au moins six mois après la
date de sortie du pays.
Fiche technique
12
Climat
Contrairement à certaines idées reçues, la
Russie n’est pas recouverte d’un manteau
neigeux toute l’année et il y fait souvent très
chaud en été. La plupart du territoire jouit d’un
climat continental, avec des hivers longs et
froids et des étés longs et chauds pour sa partie
occidentale (à l’ouest de l’Oural). En Sibérie,
les hivers sont très froids, les étés courts. Dans
pratiquement tout le pays, il n’existe que deux
grandes saisons : l’hiver et l’été ; le printemps
et l’automne sont généralement de très courte
durée et le passage des températures les plus
chaudes aux températures les plus froides est
extrêmement rapide. Le mois le plus froid de
l’année est janvier (février sur les côtes). Les
températures hivernales vont en s’abaissant
à la fois du sud au nord et de l’ouest à l’est :
on relève ainsi une température moyenne en
février de −8 °C à Saint-Pétersbourg, située
à l’extrême-ouest, −27 °C dans les plaines
de Sibérie occidentale et −43 °C à Iakoutsk,
située en Sibérie orientale. En été, le mois le
plus chaud est généralement juillet (la tempé-
rature moyenne en Russie est de 20 °C). Les
températures peuvent être très élevées dans les
régions continentales (jusqu’à 38 °C au sud).
L’été peut être très chaud et humide y compris
en Sibérie. Une petite partie de la côte de la
mer Noire près de Sotchi possède un climat
subtropical. L’amplitude des températures est
généralement extrêmement élevée (jusqu’à
66 °C en Iakoutie).
Saisonnalité
Contrairement à une idée reçue, on peut visiter
la Russie en toute saison. L’hiver russe est
vraiment splendide et unique, immaculé et
ouaté de neige fraîche. Février-mars sont les
meilleurs mois pour en profiter, car les nuits sont
plus courtes et la neige tient encore partout.
Avec un bon équipement et à condition de
ne pas s’aventurer trop loin en cette saison,
les températures négatives ne sont pas une
réelle épreuve.
L’été les températures peuvent devenir très
chaudes, notamment en ville, c’est la meilleure
saison pour profiter des montagnes et des lacs.
Idées de séjour
Séjours courts : 1 semaine à 10 jours
Les deux capitales
INVITATION AU VOYAGE
Moscou, capitale de l’empire des soviets, et
Saint-Pétersbourg, capitale de l’empire des
tsars, sont les deux facettes principales de
l’identité russe actuelle.
wwJour 1. Moscou. Visite de la place Rouge
et du Kremlin, le centre historique, politique et
religieux de Moscou et de la Russie tout entière.
La visite du Kremlin prend une bonne journée.
Commencez par la place Rouge à partir du
métro Okhotny Riad. La « belle place », selon
sa traduction littérale, est bordée à l’ouest par
les murailles ocres du Kremlin. A l’entrée de la
place, le musée historique se dresse à votre
droite. C’est une belle introduction à l’histoire de
la Russie qui vous permettra de mieux apprécier
la visite du Kremlin. En face du musée historique,
la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan mérite un
rapide coup d’œil. Continuez sur la place Rouge :
à votre gauche, l’immense bâtiment du Goum, le
grand magasin d’Etat et ses boutiques de luxe.
Idéal pour assouvir vos envies de shopping,
mais pas seulement ; ce lieu mérite le détour
en lui-même. A l’ouest de la place, adossé aux
murailles du Kremlin, le mausolée de Lénine
est ouvert aux visiteurs chaque matin de 10h
à 13h sauf les lundi, vendredi et dimanche.
Fermé pour cause de travaux d’étanchéité de
longs mois durant, le bâtiment est de nouveau
librement accessible au public depuis mai
2013. A l’extrémité sud de la place se dresse,
majestueuse, la féerique cathédrale SaintBasile-le-Bienheureux. A l’intérieur, les fresques
rivalisent avec les peintures extérieures et ses
icônes sont somptueuses. Depuis la cathédrale
Saint-Basile, vous apercevrez la Moskova qui
borde le Kremlin sur sa façade sud. Revenez sur
vos pas pour rejoindre la tour Koutafia, l’entrée
est du Kremlin. Il vous faudra traverser juste
avant la place du Manège (dont le sous-sol
est occupé par une galerie commerciale) et
les jardins Alexandrovsky. Vous voilà devant
la tour Koutafia, l’entrée principale du Kremlin.
Achetez votre billet d’entrée qui vous reviendra
entre 250 RUB et 750 RUB selon les sites visités
(gratuit moins de 16 ans).
Passé la porte Koutafia et la porte Troïtskaya,
le premier bâtiment qui s’offre à vous est le
palais des Congrès, une hérésie architecturale
construite en 1961. Viennent ensuite à votre
gauche, les bâtiments du Sénat et de l’Arsenal
puis le Soviet suprême qui ne se visitent pas. En
face, l’ancien palais des Patriarches et l’église
des Douze-Apôtres donnent un avant-goût de
la magnificence de la place des Cathédrales,
située derrière. Sur la place, les cathédrales de
l’Assomption, de la Dormition, de l’Annonciation
et de l’Archange-Saint-Michel, ainsi que l’église
de la Déposition-de-la-Robe, qui, toutes, ont
un intérêt à la fois architectural, historique et
religieux. A l’est de la place, les deux grosses
cloches : Ivan-le-Grand et celle de la reine. A
l’ouest de la place, le palais à facette est le
bâtiment le plus ancien du Kremlin et de Moscou.
Enfin, derrière, le palais des Térems et surtout
le palais des Armures à la sublime collection
d’artillerie et d’orfèvrerie, ainsi que le palais des
Diamants qui sert d’écrin aux joyaux impériaux.
Si vous en avez l’énergie, vous pourrez achever
votre visite du Moscou historique par une soirée
de ballet ou d’opéra au mythique Bolchoï ou au
Maly, son petit frère, tous deux situés sur la
place Teatralnaya. Rejoignez-les en empruntant
la rue Okhotny Riad. Vous passerez devant les
superbes bâtiments classiques et Art nouveau
des palaces National et Métropol.
wwJour 2. Moscou. Visitez la galerie Tretiakov,
qui recèle les joyaux de l’art russe. Vous la
trouverez non loin de la station de métro
Tretiakovskaya. Egarez-vous ensuite autour
de la galerie Tretiakov et dans les magnifiques
ruelles de Zamoskvoretshye, littéralement « au
sud de la Moskova ». Vous pouvez manger dans
l’un des nombreux cafés qui entourent la station
de métro Tretiakovskaya puis remonter vers
le Kremlin en empruntant la bolchaïa Ordynka
ulitsa et traverser le canal, l’île Baltchoug et,
enfin, la Moskova. Vous voici revenu devant
la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux.
Traversez de nouveau la place Rouge puis
la place du Manège et dirigez-vous vers la
rue Tverskaya qui débute en face de vous. La
Tverskaya est la principale artère commerciale
de Moscou. Au début de la rue, vous retrouverez
l’hôtel National sur votre gauche. Ensuite, sur
le même trottoir, le bâtiment stalinien du
Télégraphe central où vous pourrez passer vos
appels internationaux. Revenez sur le trottoir de
droite et empruntez la Kamergersky pereoulok
où se trouve à votre gauche le fameux théâtre
MKhAT Tchekhov.
14 Æ iDées De séjouR
En continuant tout droit, vous arriverez sur la rue
Kouznetsky Most, célèbre pour ses magasins.
En remontant la rue Petrovka, vous pourrez
visiter la très belle galerie Petrovsky et ses
magasins de luxe. Revenez sur Tverskaya.
En la remontant, vous pouvez profiter de ses
nombreux magasins. Sur le trottoir de droite,
juste avant la place Pouchkine, ne manquez
pas le magasin Elysseev pour son intérieur
baroque exubérant. Vous arrivez ensuite sur la
place Pouchkine, l’autre cœur de Moscou, où se
réunissent souvent les Moscovites autour de la
statue du grand écrivain russe. A votre droite
et à votre gauche : la ceinture des boulevards
et ses jardins peuvent vous procurer quelques
minutes de détente. Reprenez la rue Tverskaya
sur le trottoir de gauche, puis tournez dans la
Blagoveshchensky pereoulok jusqu’à l’étang
des Patriarches. Perdez-vous ensuite dans les
ruelles de ce très chic quartier de Moscou. Vous
pouvez retrouver la place Mayakovskaya par
la Bolchaïa Sadovaya ulitsa. Le soir, essayez
l’un des nombreux restaurants du quartier et
pourquoi pas un concert au B2 ou un verre au
Time Out avec sa vue imprenable.
wwJour 3. Le matin à Moscou. La rue Arbat.
Allez faire du shopping dans la rue historique
de l’Arbat et visitez les maisons-musées de
Pouchkine et de Gorki. L’après-midi, prenez le
temps de visiter le quartier des musées : que
ce soit pour le musée Pouchkine et sa collection
d’art international, le musée des collections
privées, la maison-musée de Tolstoï ou pour
la massive cathédrale du Christ-Saint-Sauveur
détruite par Staline et reconstruite en 1997,
aujourd’hui le Saint-Siège du patriarche Kirill Ier.
wwNuit du 3e au 4 e jour, en route vers SaintPétersbourg. Pour les puristes, pas de doute,
c’est en train de nuit qu’il faut faire le chemin
entre les deux capitales. Prenez plutôt une place
en « coupé » (compartiment de quatre). Sinon,
le Sapsan (équivalent du TGV en France) relie
Moscou à Saint-Pétersbourg en 4h30 environ.
L’avion reste une option au coût aujourd’hui
quasi identique que celui d’un ticket de train,
mais le gain de temps est quasi nul, surtout si
l’on inclue les liaisons aéroport-centre-ville.
wwJour 4. Saint-Pétersbourg, le matin. Un bon
compromis entre l’art, l’histoire et la nature
s’offre à vous : les palais. Ce jour-là, choisissezen deux parmi les plus éblouissants. Et pour
varier les plaisirs, choisissez une résidence
d’été et une résidence principale située en ville.
Par exemple, Petrodvorets. Dès 9h30, prenez
l’hydroglisseur face à l’entrée principale de
l’Ermitage. Après une demi-heure de navigation
sur le golfe de Finlande, vous accosterez au
pied du parc de Petrodvorets (Perterhof) qui
fut pendant deux siècles la datcha officielle
des tsars. Inspiré par Versailles, Pierre le
Grand avait voulu un ensemble architectural
tout aussi grandiose. Promenez-vous dans les
jardins magnifiquement agencés, découvrez
les petits pavillons privés qui s’y dissimulent,
comme autant de trésors isolés en pleine
nature, contemplez ces jeux de cascades à
l’ingéniosité inégalée… Et au sein du palais
(550 RUB l’entrée), ouvrez grands vos yeux. La
salle de danse, l’escalier baroque, la salle du
trône, sont autant d’éléments qui composent un
décor féerique. Vous pourrez vous restaurer pour
un prix assez modique (300 RUB environ) au
restaurant Peterhof, près de l’entrée occidentale
du jardin inférieur. Puis, trajet en hydroglisseur
en sens inverse.
wwJour 4. Saint-Pétersbourg, l’après-midi.
Imprégnez-vous de l’atmosphère de SaintPétersbourg grâce à une promenade en bateau
sur ses canaux. Nul besoin de vous fatiguer en
marchant après votre voyage : laissez-vous
porter au fil de l’eau et profitez de la vue. Depuis
le pont Achnikov sur la perspective Nevski,
vous prendrez l’un des gros bateaux couverts
qui partent toutes les trente minutes. Choix de
différents itinéraires, suivant le canal que vous
souhaitez emprunter mais, que vous naviguiez
sur le Griboïedov, la Fontanka ou la Moïka, vous
resterez en plein centre historique.
Vous pourrez ainsi, tout en passant sous de
charmants petits ponts, apercevoir et même
longer des monuments magnifiques – la cathédrale de Kazan, l’église Saint-Sauveur, pour ne
citer qu’elles ! Si les conditions météorologiques
s’y prêtent, le bateau sortira sur la Neva et
vous aurez alors un aperçu grandiose de la
ville éclairée.
wwJour 5. Visitez l’Ermitage, l’ancienne demeure
officielle des tsars. Rendez-vous sur la place du
Palais, littéralement gigantesque, qui permet
d’embrasser tout l’Ermitage d’un seul regard.
Observez ces 500 mètres d’architecture baroque
et cependant parfaitement équilibrée, ainsi que
la colonne d’Alexandre, élevée par Nicolas Ier
pour commémorer le règne de son prédécesseur.
Rentrez dans le bâtiment par la porte principale
(400 RUB l’entrée).
L’après-midi, en sortant de l’Ermitage, rejoignez
les rives de la Neva et tournez à gauche par la
rue Angliskaïa, en longeant l’Amirauté, cette
forteresse qui fut un important chantier naval.
Tournez à gauche et atteignez l’église SaintIsaac, le monument religieux le plus impressionnant de Saint-Pétersbourg. Puis, rejoignez
la Moïka en direction du palais de Youssoupov
(500 RUB l’entrée).
Ces grands propriétaires terriens constituaient
la plus grande famille après les Romanov et
occupèrent de très hauts postes dans l’administration. Plongez-vous dans l’intimité d’une
demeure richissime, suivez les vastes appartements, les chambres à coucher, le salon
iDées De séjouR √ 15
La Russie balnéaire
Si l’association de «Russie» et «balnéaire» peut
apparaître comme un oxymore, il faut garder
à l’esprit que les Soviétiques ne pouvaient
pas quitter l’URSS ; c’est pourquoi tout un
réseau de stations balnéaires s’est développé
à l’intérieur du pays.
Sanatoriums, parcours de santé, cures
thermales et eaux minérales miraculeuses sont
au programme de ce que les Soviétiques appelaient les « putevki » et dont on se languissait
pendant parfois plusieurs années, dans le froid
et le brouillard des villes industrielles du nord.
wwJour 1. Moscou. Pour bien profiter de votre
voyage, commencez par une journée grise à
Moscou. Rien de tel pour se convaincre de la
nécessité de prendre un congé dans les stations
balnéaires russes. A Moscou, passez aux bains
Sandouny et goûtez aux joies du «bania» russe.
wwJours 2, 3 et 4. Sotchi. Sotchi est le royaume
des grands sanatoriums d’Etat. Après un
massage et un bain d’eau chaude, faire un
jogging sur la croisette de Sotchi alors que le
soleil se couche sur la mer Noire. Visitez aussi
la ville et ses environs.
wwJour 5. Krasnaya Poliana. Le temps d’une
journée, rendez-vous sur le site des Jeux
olympiques de 2014. Jusqu’en avril, il est
possible de skier sur des pistes qui montent à
2 300 mètres.
wwJours 6 et 7. Piatogorsk. Première ville des
KMV « Kavakazskie Mineralnye Vody » (Eaux
Thermales du Caucase), Piatigorsk, possède
plusieurs sources sulfureuses. Les nombreux
sanatoriums proposent des bains de boue.
L’ascension du Mont Machouk vous libèrera, diton, de toutes les mauvaises toxines accumulées
pendant l’année.
wwJour 8. Essentuki. Profitez du Jardin
botanique et du Musée régional pour une petite
excursion d’une journée avant de rejoindre
Kislovodsk.
wwJours 9, 10 et 11. Kislovodsk. Le charme
«Belle Époque» de Kislovodsk opère dès l’arrivée
dans la ville. Dans le Jardin botanique, goûtez
différentes eaux minérales naturelles dans
la galerie centrale. Dans les sanatoriums,
on vous proposera des « procédures », séries
de massages et de différents bains dans
des eaux miraculeuses. Visitez la datcha du
célèbre chanteur d’opéra Chaliapine, l’une des
nombreuses personnalités qui vinrent se soigner
dans la ville. Dans l’immense Jardin botanique,
suivez les itinéraires de santé proposés. Ils
permettent, dit-on, de nettoyer totalement les
poumons du fumeur le plus invétéré à condition
de les fréquenter régulièrement. Une dernière
ascension au Mont Sedloe s’impose pour clore
votre parcours avant de repartir pour Moscou.
Le Transsibérien ou
le dernier voyage du Tsar
La partie européenne de la Russie est aussi le
point de départ de la plus longue ligne ferroviaire
au monde : le Transsibérien. Ce train mythique
qui rappelle tout autant l’exotisme du voyage
que l’horreur de la déportation, est l’un des
itinéraires incontournables de la Russie. Nous
vous proposons de le découvrir à travers les
lieux de gloire et de chute de la famille impériale.
INVITATION AU VOYAGE
mauresque, la salle aux vitraux, le cabinet turc…
Surtout, revivez l’assassinat de Raspoutine,
empoisonné en ces lieux.
En ressortant du musée, vous pourrez boire un
thé à deux pas d’ici, au café « Rousky Kitch »,
dont l’atmosphère incongrue prolongera votre
immersion dans l’univers de la noblesse russe.
Offrez-vous ensuite un bon dîner typiquement russe au restaurant 1913 God, lui aussi
tout proche, dans la rue Dekabristov. Enfin,
vous pouvez passer la soirée dans le palais
Nikolaïevski, qui se situe dans le même quartier,
où vous assisterez à un spectacle de danses
traditionnelles (entrée à partir de 3 100 RUB,
sur place ou via un site partenaire).
wwJour 6. Impossible de séjourner à SaintPétersbourg sans flâner le long de la perspective
Nevski, la plus grande artère de la ville. Prenez
une matinée pour la redescendre à pied (en
direction de l’Ermitage) depuis le pont Anitchkov.
Vous aurez l’occasion de contempler les
différents monuments historiques (ou de vous
y arrêter, suivant le temps dont vous disposez)
qui la jalonnent : le palais Stroganov, le palais
Bellosselski-Belozersi, le palais Anitchkov,
l’église Sainte-Catherine… Ne manquez surtout
pas la superbe épicerie Elisseïev (au n° 56,
ouverte à partir de 11h le dimanche), dans
laquelle vous pourrez acheter quelques produits
en souvenir, mais également admirer la richesse
et la finesse du décor de ce chef-d’oeuvre de
l’Art nouveau. Juste en face de la cathédrale
Notre-Dame-de-Kazan, prenez une agréable
collation au petit restaurant Kazanskovo (n° 26).
Puis, revenez sur vos pas, tournez à gauche
et longez le canal Griboïedov sur quelques
centaines de mètres. Vous arriverez au Musée
russe (350 RUB l’entrée), dans lequel vous
pouvez passer environ 2 heures, à condition de
cibler un thème. Les icônes, la peinture du XVIIIe
au XIXe, le mouvement des ambulants, les arts
populaires, les avant-gardistes… L’embarras
du choix.
wwJour 7. Il est temps de repartir pour Moscou
pour certains. Quant à ceux qui repartent de
Saint-Pétersbourg, vous pouvez vous rendre à
Pouchkine pour admirer le palais de Catherine II,
Tsarskoïe Selo.
16 Æ iDées De séjouR
wwJours 1, 2 et 3. Saint-Pétersbourg. La Venise
du nord est aussi la capitale impériale. Il vous
faudrait sans doute plusieurs mois pour en visiter
tous les palais. Concentrez-vous sur l’Ermitage,
l’ancienne résidence des tsars et Petrodvorets
(Peterhof), le Versailles russe. Prenez également
le temps de visiter la cathédrale du SaintSauveur-sur-le-Sang-Versé, édifiée à l’endroit
de la mort d’Alexandre II, le tsar réformateur,
suite à un attentant à la bombe.
wwJours 4 et 5. Moscou. Si Moscou est souvent
réduite à son passé soviétique, le Kremlin
était une résidence impériale du niveau du
Palais d’hiver. Certains tsars, notamment
Paul Ier ou Alexandre III, préféraient Moscou
à Saint-Pétersbourg. Visitez aussi le domaine
de Kolomenskoïe dans le sud-est de Moscou,
ancienne résidence impériale.
wwJours 6 et 7. Kazan. Il existe plusieurs routes
pour le Transsibérien dans la partie occidentale de
la Russie. Nous vous proposons celle qui passe
par Kazan. Kazan est le lieu de la première victoire
des Russes sur les Tatars pendant le règne d’Ivan
le Terrible. En cette année 1552, la Russie intègre
un Etat non orthodoxe et non slave, constituant
ainsi la base de son empire multiethnique.
wwJours 8 et 9. Ekaterinbourg. Vous êtes sur
l’autre versant de l’Oural et, d’un point de vue
géographique, vous avez quitté l’Europe et êtes
entré en Asie. Visitez une autre cathédrale du
nom de Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, bâtie
sur les fondations de la maison Ipatiev, qui fut
la dernière demeure de la famille Romanov.
Une famille transportée depuis la révolution
d’Octobre de plus en plus vers l’est au gré de
la guerre civile. A une trentaine de kilomètres
d’Ekaterinbourg, on peut observer le lieu où
ils furent enterrés, dans une fosse commune.
wwJour 10. Saint-Pétersbourg. En 1998, les
ossements de la famille impériale ont été
identifiés puis transférés à Saint-Pétersbourg,
dans la forteresse Saint-Pierre-et-Paul. Après
ce dernier voyage, qui est également le voyage
de toute la Russie impériale, vous pouvez vous
arrêter (ou vous recueillir) devant la tombe du
dernier tsar et, comme beaucoup de Russes,
lui demander sa bénédiction, lui qui a été
canonisé en 2000. À l’automne 2015, le retour
des restes de deux autres membres de la famille
Romanov (le tsarevitch Alexeï et sa sœur Maria),
transférés d’Ekaterinbourg à Saint-Pétersbourg,
a été célébré en grande pompe en présence du
président Poutine dans la capitale impériale.
Le Nord, ses îles saintes
et ses nuits blanches
La partie européenne de la Russie, dans son
extrémité septentrionale, est proche du cercle
polaire. L’été, le soleil se couche à peine
quelques heures, ce qui offre des crépuscules
permanents à découvrir aussi bien au sortir
d’une soirée tardive que dans le calme des
forêts et des lacs.
wwJours 1 et 2. Saint-Pétersbourg. Il est parfois
difficile de trouver à se loger pendant les nuits
blanches à Saint-Pétersbourg et l’on comprend
vite pourquoi. Pendant quelques semaines, la
ville ne dort pas. Traversez la Neva la nuit sur ces
petits bateaux qui remplacent les ponts ouverts.
wwJour 3. Petrozavodsk. Capitale de la Carélie,
Petrozavodsk est une jolie étape au bord du lac
Onega. Visitez la cathédrale Alexandre Nevski.
wwJour 4. Kiji. Cette île, située au milieu du lac
Onega, est accessible depuis Petrozavodsk. C’est
l’un des plus grands monastères en bois du monde.
wwJours 5 et 6. Les îles Solovki. Visitez les
monastères de ce petit archipel perdu dans la mer
Blanche. Visitez également les baraques de ce qui
fut le tout premier camp de l’archipel du Goulag.
wwJour 7. Arkhangelsk. Parcourez le front de
mer avant de vous engouffrer dans un train
vers Vologda.
wwJours 8 et 9. Vologda. Visitez les nombreuses
églises situées sur le bord de la rivière Vologda.
Faites une excursion jusqu’aux monastères
Kirillov et Ferapontov.
Séjours longs : 2 à 3 semaines
À la conquête de la Russie ancienne
wwJour 1. Novgorod. Pour vous rendre à
Novgorod, il faudra sans doute d’abord passer
par Saint-Pétersbourg. Visite du kremlin et du
monastère Saint-Georges (Youriev Monastyr).
wwJour 2. Pskov. La ville est un exemple unique
de l’architecture de la Russie ancienne. Entrez
dans le kremlin et depuis la place centrale,
admirez la cathédrale de la Trinité. Il y a 600 ans,
à ce même endroit, le peuple de la ville de Pskov
votait les guerres, les armistices et les grandes
décisions politiques de la cité. Descendez le
long de la Velikaia vers le monastère Mirozki
et ses fresques classées au patrimoine mondial
de l’Unesco.
wwJour 3. Moscou. Il faut passer par la capitale
pour continuer le voyage dans le temps vers la
Russie ancienne. En une journée, vous pouvez
soit voir la place Rouge et la cathédrale SaintBasile-le-Bienheureux, symbole architectural et
mystique de tout un pays, soit vous rendre (en
train de banlieue) au premier lieu saint de Russie
à Serguiev Possad, avant de rentrer à Moscou.
iDées De séjouR √ 17
Trois mers et un fleuve (Baltique,
Caspienne, Mer Noire et Volga),
à la rencontre des peuples nomades
Des croisières sont proposées sur la Volga
depuis Saint-Pétersbourg jusqu’à Astrakhan,
la durée varie entre 2 et 3 semaines selon
les étapes. Nous proposons ici un itinéraire
en partie terrestre pour ceux qui ne voyagent
pas en groupe.
wwJour 1. Saint-Pétersbourg. L’un des plus grands
ports sur la Baltique. Pour vous en convaincre,
rendez-vous au bout de Vassilievsky pour
contempler le port de commerce. Prenez le bateau
en direction de Kronstadt, au milieu du Golfe de
Finlande, extrémité orientale de la mer Baltique.
wwJours 2 et 3. Smolensk. Sur les routes nordsud et est-ouest, Smolensk a tantôt profité de sa
position (sur la route des Varègues aux Grecs)
mais en a aussi parfois subi les désavantages
(la ville a été en grande partie détruite pendant
l’offensive allemande de 1941).
wwJour 4. Moscou. C’est de la gare de Kazan,
située sur la place des trois gares, que partent
les trains vers la Volga.
wwJours 5, 6 et 7. Kazan. Carrefour de l’Occident
et de l’Orient, de l’islam et de l’orthodoxie, des
Slaves et des Tatars, le Tatarstan a beaucoup
d’attraits architecturaux, artistiques et culinaires.
Prenez une journée pour visiter l’île de Sviajsk,
en descendant la Volga en bateau.
wwJours 8 et 9. Samara. Visitez le bunker de
Staline et promenez-vous sur les quais de la
Volga. Depuis Kazan, prenez plutôt le bateau
que le train.
wwJour 10. En route vers Volgograd. La route
est assez longue vers Volgograd, il faut compter
une journée et demie de train.
wwJours 11 et 12. Volgograd. Volgograd,
autrefois Stalingrad, a été le lieu de l’une des
plus terribles batailles de la Deuxième Guerre
mondiale. Son Mémorial occupe d’ailleurs toute
une colline (Mamaiev Kourgan), il est dédié à la
mère patrie et au courage de ses fils.
wwJours 13 et 14. Astrakhan. Dernière ville
sur la Volga, prenez le temps de respirer dans
l’enceinte du kremlin, avant de goûter au caviar
du marché aux poissons. Vers le sud, c’est la mer
Caspienne, qu’on peut rejoindre en descendant
vers Makhatchkala ou Bakou. Vous pouvez
interrompre votre voyage ici ou le prolonger
jusqu’à la mer Noire.
wwJours 15 et 16. Elista. Seul peuple bouddhiste
d’Europe, les Kalmouks ont décoré leur capitale
de toutes sortes de sculptures d’inspiration
bouddhiste. Visitez le temple inauguré par le
Dalaï-lama.
wwJour 17. Krasnodar. Visitez le Musée régional
et ses collections d’objets Scythes, ce peuple
décrit par Hérodote et qui était le maître de tout
le sud de la Russie jusqu’au Ve siècle.
wwJour 18. Novorossiisk. Vous voilà arrivé sur
les bords de la mer Noire. La ville de Novorossiisk
est encastrée dans une jolie baie. Reposez-vous
sur les plages des villes, avant d’observer les
monuments dédiés à la résistance héroïque
d’une poignée de soldats contre l’armée nazie.
wwJour 19. Gelendjik. Arrêtez-vous dans cette
baie naturelle près de Novorossiisk, profitez du
charme d’une station balnéaire hors saison.
wwJours 20 et 21. Sotchi. Profitez de la mer
Noire dans l’une des plus étonnantes régions de
Russie. Retrouvez le « petit père des peuples »
en visitant son étrange datcha. Promenez-vous
sur le marché et découvrez les spécialités
arméniennes, abkhazes, géorgiennes et enivrezvous des parfums du sud avant un retour à
Moscou ou à Saint-Pétersbourg.
INVITATION AU VOYAGE
wwJours 4 et 5. Vladimir. Vladimir est l’une
des plus anciennes cités de Russie. Admirez
la cathédrale de l’Assomption et la Porte d’or,
datant toutes les deux du XIIe siècle. Prenez
le temps d’aller à Bogolioubovo, avec son
monastère et surtout l’église de l’Intercession
de la Vierge sur la Nerl. Prenez ensuite la route
pour Souzdal pour y passer la nuit.
wwJours 6 et 7. Souzdal. La ville de Souzdal
fut une glorieuse cité à l’époque du Moyen
Âge russe. Aujourd’hui, c’est une ville-musée.
Essayez de loger dans le monastère du Sauveur
Saint-Euthyme. Prenez le temps d’une excursion
hors des sentiers battus à Iourev Polskyi.
wwJour 8. Plios. Cette petite ville s’étend le long
de la Volga. On peut s’arrêter une nuit avant de
repartir vers le nord.
wwJours 9 et 10. Kostroma. Au croisement des
rivières Volga et Kostroma, la ville de Kostroma
a été très prospère aux XVIIe et XVIIIe siècles,
comme en témoigne son architecture. Ne
manquez pas le monastère Ipatiev, qui émerge
de la Kostroma comme dans un songe, on peut
loger dans une petite maison en bois en face
du monastère.
wwJours 11 et 12. Iaroslav. Pour rejoindre
Iaroslav depuis Kostroma, prenez l’un des
bateaux qui remonte la Volga. Visitez le kremlin
de Iaroslav et ses nombreuses églises qui
bordent le fleuve.
wwJour 13. Rostov le Grand. Au bord du lac
Nero, la petite ville de Rostov le Grand est
idéale pour une dernière visite et prendre un
peu de repos avant le retour à Moscou. Prenez
le bateau pour une promenade d’une heure et
demie sur le lac. Le train pour Moscou ne prend
que trois heures, mais vous aurez l’impression
de traverser six siècles.
18 Æ iDées De séjouR
Séjours thématiques
La Russie sportive
Les Russes aiment le sport et il n’est pas
difficile de trouver des activités en la matière.
Le meilleur endroit pour cela est sans doute le
Caucase. En été, la région de Krasnaya Poliana
propose du rafting, des randonnées à cheval
et de belles promenades. Ces randonnées sont
aussi possibles dans la région de l’Elbrouz.
L’hiver, les stations de ski de Krasnaya Polyana
ou de Tcheget sont à la fois splendides et encore
relativement peu encombrées. C’est un peu
moins vrai depuis 2014 et la crise économique :
pour des raisons évidentes, les Russes privilégient les infrastructures nationales aux séjours
à l’étranger.
La Russie des nouveaux (riches)
russes
© JULIA SHEPELEVA / SHUTTERSTOCK.COM
Pour ceux qui veulent exploser leur budget,
la Russie offre de bonnes possibilités de
soirées endiablées et onéreuses. A Moscou,
mettez-vous sur votre 31 pour rentrer au
Gipsy ou au Rolling Stones, son voisin. Vous
pouvez sinon essayer le club Solianka ou
Propaganda. Avec les amis que vous vous
ferez lors de vos premières soirées, prenez le
train de nuit pour Saint-Pétersbourg. Là-bas,
commencez la soirée en douceur au Lichfiel
bar de l’hôtel Astoria, avant de vous rendre
VDNKh.
au club Metro ou au Purga pour y terminer la
nuit. En 2h30 d’avion, descendez sur la côte
de la mer Noire à Sotchi. Après un peu de ski
à Krasnaya Poliana, rendez-vous au Plotforma
(sans oublier votre carte bleue) pour une soirée
typique de nouveau riche russe : ce club est
situé au bout d’un long ponton s’avançant
sur la mer Noire et représente une station de
pompage de pétrole.
La Russie des amateurs
de spectacles
Ballet, opéra, théâtre, la Russie a une grande
tradition de spectacle vivant. On ne pourra
pas manquer un opéra au Marinsky à SaintPétersbourg ou un ballet au Bolchoï à Moscou.
Par ailleurs, on pourra écouter une symphonie
à la philharmonie de Saint-Pétersbourg ou un
opéra à Kazan ou Ekaterinbourg.
La Sainte Russie
Pendant dix siècles, la Russie a réservé son
âme à Dieu. On peut admirer ses nombreuses
églises en descendant la Volga entre Moscou
et Saint-Pétersbourg. Il faut également inclure
à ce parcours le monastère des îles Solovki et
celui de l’île de Kiji. Souzdal et Sergueev Possad
sont les étapes obligées de toute découverte
des beautés de la Sainte Russie.
Comment partir ?
Partir en voyage organisé
Spécialistes
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ANN – NOSTALASIE – NOSTALATINA
19, rue Damesme (13e )
Paris & 01 43 13 29 29
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M° Tolbiac ou Maison Blanche
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 13h et de
15h à 18h.
Dans la continuité de l’Asie sur laquelle son
équipe s’est fait une solide réputation, NostalAsie
s’étend sur sa destination « coup de cœur » :
la Russie. La Russie dans tous ses états : des
combinés Moscou-Saint-Pétersbourg, des réservations dans des hôtels de toutes catégories,
l’Anneau d’or en croisière ou en voiture privée
avec guide et chauffeur jusqu’à la mer Noire, et le
célèbre Transsibérien. La formule « Estampe »
vous propose les grands transferts de ville en
ville et quartier libre ; la formule « Aquarelle »
la renforce avec guides et visites. Ce voyagiste,
travaillant uniquement en direct, compose des
séjours sur mesure dans une ambiance conviviale
pour les voyageurs avertis et curieux.
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ARTS ET VIE
251, rue de Vaugirard (15e )
Paris & 01 40 43 20 21
www.artsetvie.com – [email protected]
Autres agences à Grenoble, Lyon, Marseille
et Nice.
Arts et Vie, association culturelle de voyages et
de loisirs, propose une croisière de Moscou à
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ATALANTE
36, quai Arloing (9e )
Lyon & 04 72 53 24 80
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Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h et le
samedi de 10h à 13h et de 14h à 18h.
Atalante est spécialisée dans les voyages
à pied. Trekking de haut niveau ou simples
promenades dans les campagnes, il y en a pour
toutes les conditions physiques. Ils s’attachent
à faire découvrir à leurs clients des régions du
monde aux modes de vie préservée, riches de
traditions et de cultures uniques. En Russie,
c’est forcément quelque chose de grand et
fort qui attend le voyageur ! Avec le séjour
« Le versant sauvage de l’Elbrouz », Atalante
s’attaque au 5 641 m du Toit de l’Europe. C’est
un volcan légendaire dont la voie normale, située
au sud, est très fréquentée. Le versant nord est
facile techniquement mais son environnement
nettement plus préservé et sauvage. Idéal pour
s’immerger dans l’esprit montagnard russe et
partager la vie des nomades caucasiens.
wwAutres adresses : Bruxelles : Rue CésarFrank, 44A, 1050 &฀+32฀2฀627฀07฀97฀•฀Paris฀
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Itinéraires sur mesure en Russie,
et ailleurs.
Les Ateliers du Voyage
01 40 62 16 60
www.ateliersduvoyage.com
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INVITATION AU VOYAGE
Vous trouverez ici les tour-opérateurs spécialisés dans votre destination. Ils produisent
eux-mêmes leurs voyages et sont généralement
de très bon conseil car ils connaissent la région
sur le bout des doigts. À noter que leurs tarifs
se révèlent souvent un peu plus élevés que ceux
des généralistes.
Saint-Pétersbourg (et inversement). A Moscou,
vous ferez un tour d’orientation de la ville et
visiterez l’église Saint-Basile, le monastère
Novodievitchi, avant d’embarquer pour un itinéraire de 12 jours. Un second séjour, « Périple
eurasien », propose un voyage de Moscou à
Pékin par le Transsibérien et le Transmongolien.
Enfin, le séjour de 12 jours et 11 nuits intitulé
« La Russie des arts » prévoit de passer presque
3 jours dans la ville de Moscou afin d’y découvrir
les nombreux musées qui réjouiront les férus
de peinture et d’architecture.
20 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé
nw
LES ATELIERS DU VOYAGE
54-56, avenue Bosquet (7e )
Paris & 0 820 220 305 / 01 40 62 16 60
www.ateliersduvoyage.com
Ouvert du lundi au jeudi de 10h à 18h30 et le
le vendredi de 10h à 18h.
Véritable « temple du voyage », Les Ateliers du
Voyage sont à la fois un lieu dédié à l’élaboration
de voyages sur mesure en individuel mais aussi un
lieu d’échanges permanents sur le monde qui nous
entoure. Situés au cœur du 7e arrondissement de
Paris, Les Ateliers du Voyage nous plongent dans un
carnet de voyage des quatre coins du monde. Sur
700 m2, bouddhas japonais, marionnettes birmanes,
garudas indonésiens dévoilent quelques facettes de
l’intrigante et secrète Asie du Sud-Est. Masques de
guerriers massaïs et imposantes statues africaines
nous transportent sur ce fascinant continent. Un
paisible lama nous guide vers les terres colorées
de l’Amérique latine. Spécialiste du voyage sur
mesure en Asie, en Afrique et en Amérique latine,
Les Ateliers du Voyage s’efforcent, depuis près de
20 ans, de construire des voyages uniques selon
les aspirations et les exigences de chacun, pour
que le voyage sur mesure n’ait pour limite que
l’imagination. Débats, conférences, vernissages
et expositions d’artistes et de grands voyageurs
viennent également ponctuer le calendrier de
cet espace ouvert aux amoureux des cultures
du monde.
nw
AMSLAV
60, rue de Richelieu (2e )
Paris & 01 44 88 20 40
www.amslav.com – [email protected]
Amslav’ propose plusieurs voyages à bord du
Transsibérien, de 16 à 20 jours. Chacun des
itinéraires débute à Moscou. Mais ensuite, vous
pouvez choisir de continuer vers Irkoutsk, OulanBator et Pékin ou Ekaterinbourg, Novossibirsk,
Irkoutsk, Khabarovsk et Vladivostok, ou encore
Irkoutsk, Khabarovsk et Vladivostok. Amslav
dispose aussi de diverses formules pour un séjour
à Saint-Pétersbourg ou Moscou... Des forfaits
week-end, une sélection d’hébergements, la
possibilité de réserver certaines excursions ou
soirées et activités... composez le séjour qui vous
fait envie. Grâce au circuit programmé, vous
pourrez aussi combiner plusieurs villes et, par
exemple, choisir d’allier la visite de la capitale à
celle de Saint-Pétersbourg, Pavlovsk et Pouchkine.
nw
DHD LAIKA VOYAGES
4, rue Paul-Cézanne (8e )
Paris & 01 42 89 32 64
www.dhdlaika.com
Agence qui organise des voyages sur les thématiques de la chasse et de la pêche. En Russie,
c’est la chasse à tétras qui est proposée. À
quelques heures de Moscou, plusieurs territoires
sont accessibles dans les régions de Vologda (au
LA RUSSIE DANS TOUS SES ÉTATS
Découvrez les mille visages de la Russie
Nous contacter pour toute demande à la carte
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Partir en voyage organisé - comment PaRtiR ? √ 21
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nord) ou Yaroslav et Kirov (au nord-est). La taïga
recouvre une grande partie des zones de chasse
mais laisse aussi un peu de place à des cultures
traditionnelles. Les grands champs seront les
secteurs de parade privilégiés des tétras.
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GRAND NORD – GRAND LARGE
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Paris & 01 40 46 05 14
www.gngl.com
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h.
Balades, tourisme à partir d’un minibus, cabotage,
treks en liberté, séjours multi-activités, randonnées, ski, voyages en Transsibérien, voyages
d’observation, croisières ou conduite d’attelage...
Avec Grand Nord/Grand Large, la Sibérie se décline
sous de nombreux thèmes. Venez, par exemple,
conduire votre propre attelage dans le Kamtchatka,
comme le font encore les tribus locales. Vous
visiterez un très beau parc naturel, la vallée de
Nalycheva, et aurez sans doute l’occasion de vous
baigner dans l’une de ses sources thermales. Ce
spécialiste des destinations nordiques propose
aussi une croisière de 10 jours sur la Neva, pour
parcourir les 650 kilomètres qui séparent SaintPétersbourg de Moscou, ou une croisière de
14 jours sur la Volga entre Moscou et Astrakhan.
La formule à la carte est également disponible.
nw
GRANDS ESPACES
& 03 80 84 89 91 / 07 89 07 06 43
www.grandsespaces.ch
[email protected]
Ce croisiériste suisse se spécialise dans les
expéditions polaires. Pionnier depuis 1987 avec
l’organisation des premières croisières en
bateaux polaires et brise-glace en Arctique et
en Antarctique, Grands Espaces vous mène au
plus près de la banquise, des icebergs, des ours
et des Inuits. Ces Grand Nord et Grand Sud, qui
peuvent paraître absolument inaccessibles, le sont
désormais à tous, grâce aux multiples voyages
proposés. Une aventure magique vous attend à
coup sûr. C’est donc aux confins des mondes
polaires que Grands Espaces vous emmènera en
Russie : croisière en mer d’Okhotsk, un circuit au
Kamtchatka et sur les îles Kouriles dans les pas
des ours bruns et en hélicoptère au-dessus des
volcans ou une croisière dans les sites les plus
inaccessibles de l’Extrême-Orient Russe : détroit
de Béring, Tchoukotka, îles Wrangel et Herald.
nw
IKHAR
23, rue Danielle Casanova – 2e étage (1er)
Paris & 01 43 06 73 13
www.ikhar.com – [email protected]
M° Opéra ou Pyramides.
Avec Ikhar, découvrez Saint-Pétersbourg ou
Moscou à votre rythme, grâce à la formule
voyage individuel sur mesure... De la durée
aux hébergements en passant par le choix
des excursions, le séjour peut être entièrement cousu main. Une escapade de 4 jours
vous est proposée dans chacune des villes,
avec au programme pour Saint-Pétersbourg la
visite du musée de l’Ermitage, de la forteresse
Saint-Paul et de la cathédrale Saint-Isaac. Ikhar
prévoit également une croisière au fil de la
Volga entre Moscou et Saint-Pétersbourg avec
un programme personnalisé selon vos envies.
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INTERMÈDES
60, rue La Boétie (8e )
Paris & 01 45 61 90 90
www.intermedes.com – [email protected]
Intermèdes, spécialiste du voyage culturel, vous
invite à une croisière de 12 jours, « La croisière du
Grand Nord, de Moscou à Saint-Pétersbourg », à
plusieurs courts séjours dans l’ancienne capitale
de l’Empire russe. Enfin, plusieurs circuits
combinent Saint-Pétersbourg à d’autres villes :
Moscou, Novgorod, Ekaterinbourg...
INVITATION AU VOYAGE
Itinéraires sur mesure en Russie,
et ailleurs.
Les Ateliers du Voyage
01 40 62 16 60
www.ateliersduvoyage.com
22 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé
nw
NOMADE AVENTURE
40, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève (5e)
Paris & 08 25 70 17 02
www.nomade-aventure.com
[email protected]
M° : Maubert-Mutualité (ligne 10), RER :
Luxembourg (ligne B).
Ouvert du lundi au samedi de 9h30 à 18h30.
Nomade Aventure s’adresse aux voyageurs
aventuriers en proposant une offre de voyages
très variée : plus de 400 itinéraires à thème
(rando bateau, VTT, moto, thalasso, à cheval,
etc.) à emprunter seul ou en famille. Il propose
des circuits ou voyages individuels à destination
de la Russie, et principalement des grands
espaces sibériens : des séjours « Absolute
Baïkal » ou « Cabotage en Yakoutie » permettent
de combiner la découverte des grands sites
et la rencontre avec les locaux de manière
originale.
wwAutres adresses : 10, quai de Tilsitt
69002฀Lyon฀•฀12,฀rue฀de฀Breteuil฀13001฀Marseille฀
•฀43,฀rue฀Peyrolières฀31000฀Toulouse
nw
NORD ESPACES
35, rue de la Tombe-Issoire (14e )
Paris & 01 45 65 00 00
www.nord-espaces.com
[email protected]
Nord Espaces, créateur de voyages depuis
15 ans, programme la Russie en hiver comme
en été. En hiver, des séjours et des week-ends
culturels, thématiques (Noël orthodoxe, nouvel
an, mardi gras, semaine musicale, etc.)
sont proposés dans les deux villes les plus
importantes : Moscou et Saint-Pétersbourg.
Egalement, des séjours sportifs (ski, motoneige)
en Carélie, région voisine de la Finlande,
ainsi que dans l’Extrême-Orient russe, en
Tchoukotka, pour les amateurs d’aventure vraie.
En été, tous types de voyages sont possibles :
croisières classiques Saint-PétersbourgMoscou-Astrakhan, croisières polaires pôle
Nord-île Wrangel-îles Kouriles-Kamtchatka,
randonnées nature, voyages individuels à la
carte, circuits accompagnés francophones,
ainsi que des combinés avec les pays Baltes
et la Finlande.
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NORTOURS
13, rue de Caumartin (9e )
Paris & 01 49 24 05 97
www.nortours.fr
[email protected]
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 13h et de
14h à 18h.
Nortours propose des week-ends à Moscou,
des croisières sur la Volga, mais également des
séjours combinant la découverte de la capitale
russe à celle de Saint-Pétersbourg. Week-ends
et hôtels à la carte sont proposés pour explorer
ces villes comme vous l’entendez.
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POUCHKINE TOURS
38, rue de Quimper
Pont-de-Buis-lès-Quimerch
& 02 98 73 76 38
www.pouchkine-tours.com
Pouchkine Tours, marque du groupe Salaun
Holidays, propose plusieurs circuits, notamment
pour découvrir Saint-Pétersbourg ou des
merveilles russes lors d’un voyage de 12 jours.
Pouchkine Tours propose également des croisières : « De Saint-Pétersbourg à Moscou »,
« De Moscou à Saint-Pétersbourg » et « De
Moscou à la mer d’Azov ». Vous aurez également
la possibilité de composer un séjour à la carte. Et
pour ceux qui veulent participer à un voyage inoubliable, une véritabe épopée dans de très bonnes
conditions de confort, les croisières routières
produites exclusivement par Pouchkine Tours
sont un must. Trois formules en fonction du temps
dont vous disposez et de votre budget : croisière
en 20 jours d’Irkoutsk à Vladivostok (en passant
par la Mongolie), croisière en 30 jours d’Ekaterinbourg à Vladivostok (en passant par la Mongolie)
et la grande croisière Atlantique-Pacifique de
Brest ou Paris à Vladivostok (49 jours) !
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TERRES LOINTAINES
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Issy-les-Moulineaux
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M° Porte de Versailles (M12 et T3) ou
Corentin Celton (M12).
Possibilité de venir à l’agence sur rendez-vous
uniquement.
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Terres Lointaines est un spécialiste reconnu
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et son discours de transparence. Grâce à une
sélection rigoureuse de partenaires sur place
et un large choix d’hébergements de petite
capacité et de charme, Terres Lointaines offre
des voyages de qualité et hors des sentiers
battus. Saint-Pétersbourg, Moscou, Baïkal...
les circuits itinérants sont déclinables pour
coller parfaitement à toutes les envies et tous
les budgets. En plus d’un contact privilégié avec
un expert du pays, le site terres-lointaines.com,
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NORD ESPACES®
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www.nord-espaces.com
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Estonie, en Tchéquie, en Lituanie, en Ukraine,
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leur équipe sauront vous faire oublier l’habituelle
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répondre aux souhaits culturels de tous et
s’adapter au budget que vous souhaitez prévoir
pour votre voyage. Un guide et un chauffeur privé
faciliteront aussi vos déplacements.
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plus de 30 ans d’expérience, Saberatours
propose des études personnalisées dans des
pays comme la Russie, l’Arménie, la Géorgie,
l’Ouzbékistan mais aussi l’Argentine et la
Thaïlande. En Russie, l’agence a conçu des
séjours courts à Moscou, à Saint-Pétersbourg
ou les deux en combinés à des tarifs très
compétitifs et de très bon rapport qualité-prix.
Par ailleurs, quelles que soient vos envies,
Saberatours propose un vaste choix de prestations avec des partenaires certifiés pour créer
votre séjour à la carte cousu main. Services de
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hébergements, excursions, promotions, etc. Un
spécialiste au savoir-faire éprouvé.
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Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h. Le
samedi de 10h à 13h et de 14h à 18h.
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Russie, Troïka propose de nombreuses formules
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Week-ends et séjours à la carte grâce à un
très large choix d’hôtels judicieusement sélectionnés, excursions privatives avec guide francophone pour découvrir le Kremlin, les élégants
monastères, partir en croisière sur la Volga,
découvrir le Baïkal traverser toute la Russie avec
le Transsibérien ou profiter des Nuits Blanches
de Saint-Pétersbourg. L’offre diversifiée permet
ainsi de composer son voyage sur mesure pour
une découverte complète à un très bon rapport
qualité/prix.
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Paris & 01 75 43 96 77
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Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h sans
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Séjours à Moscou ou Saint-Pétersbourg,
escapades autour du lac Baïkal, croisières
fluviales sur la Neva et Volga, Transsibérien,
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franco-russe à destination de la Russie et de
ses pays limitrophes, propose une palette très
complète de séjours en Russie. Des grands classiques aux séjours défricheurs (comme l’Anneau
d’Altaï ou le Kamtchatka), le savoir-faire, l’expérience et le réseau de Tsar sont une garantie.
En effet, agence de spécialistes par excellence,
Tsar Voyages dispose de son propre bureau à
Paris, travaillant en coordination étroite avec les
équipes basées à Moscou et Saint-Pétersbourg.
Dans leur agence du 14e arrondissement, comme
à Moscou ou Saint-Pétersbourg, vous rencontrerez des agents passionnés par ce pays et les
pays limitrophes, qui pourront composer avec
vous un voyage sur mesure en fonction de votre
budget et de vos préférences. C’est la grande
force de cette agence que d’avoir ses propres
équipes, aussi bien en France (par exemple pour
démêler les questions de visas parfois ardues)
et en Russie où ses agents francophones sont
à votre disposition pour garantir le bon déroulé
de votre séjour. Un outil performant de devis
en ligne est également disponible sur leur site.
Les possibilités sont multiples pour découvrir la
Russie et ses différents régions. Circuits incontournables ou demandes très personnalisées,
hôtels de luxe ou logement chez l’habitant,
billets de train, motoneige, Transsibérien… Tsar
Voyages propose aussi des croisières à des tarifs
attractifs et beaucoup de séjours thématiques
(séjours linguistiques en Russie, Nouvel An à
Moscou, Nuits Blanches à Saint-Pétersbourg),
des services d’obtention de visa, de guides
locaux francophones, de réservation d’hôtels,
de billetterie de transports ou de spectacles.
Un professionnel de référence depuis 2004.
wwAutres adresses : TSAR VOYAGES MOSCOU.
Milyutinskiy pereulok 10/1 (entrée dans la
cour, 4e étage 4). M° : Turgenevskaya (ligne
7), Chistiye Prudy (ligne 1), Lubyanka (ligne 1).
& + 7 495 649 66 24 / & depuis la France :
09 74 76 16 26 (prix d’un appel local) / E-mail :
[email protected] / Ouvert du lundi
au vendredi de 9h à 20h, le samedi de 9h à
16h.฀•฀TSAR฀VOYAGES฀SAINT-PETERSBOURG.฀
Dom Mertens, Nevsky prospekt 21 & +
7 812 648 00 35 / E-mail : [email protected]
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Bureau 41
MOSCOU (
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& +7 499 408 20 33
www.arteltroika.fr
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M° Okhotniy Ryad (ligne 1)
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h.
Une assistance téléphonique en français est
à disposition des clients 24h/24 pendant
le voyage.
Spécialiste de la Russie, Artel Troïka se
concentre sur des voyages sur mesure à des
prix raisonnables. L’équipe, originaire du pays et
formée en France, s’appuie sur des repérages
constants pour dénicher de nouveaux itinéraires
et sa connaissance de la culture française.
Chacune des 35 idées de voyages sur le site de
l’agence est modifiable selon vos envies. Pour
inspiration, une palette d’émotions suggérées :
visites privées, dégustations, nuit à la datcha…
Sur le site Web, possibilité de faire une demande
de devis sur mesure pour deux ou en petit
groupe d’amis. Vous recevrez, sous 2 jours
ouvrés, un devis méticuleusement détaillé pour
chacune des prestations. Tous les échanges
avec les voyageurs se font en français. Une
assistance téléphonique en français est
aussi à disposition des clients 24/24 pendant
le voyage.
nw
BAIKAL COMPLEX
C)
(
IRKOUTSK (
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& +7 3952 46 22 44
& +7 914 89 51 961
& +7 3952 46 15 57
www.baikalcomplex.com
[email protected]
Un réceptif local très efficace pour organiser
des visites d’Irkoutsk et de toute la région. Très
bonne prestation pour découvrir l’île d’Olkhon
avec un chauffeur et un guide sur plusieurs
journées. Demandez tout particulièrement
Natacha dont le français est excellent. Elle
sait rapidement créer des liens et partager
sa grande connaissance de la région. Elle a
également accompagné quelques sommités
sur place et ne manque pas d’anecdotes. Sa
soupe d’omoul de pique-nique en bord de lac
est sans pareil. L’agence dispose également
d’un bon réseau de logements chez l’habitant
qui permettra une découverte plus authentique
et propose également de résider dans leur
chalet à Listvianka.
nw
BAIKAL VOYAGE
Irina Muzyka Baikal Voyages
Ulitsa Babuchkina, 16B, 4
)
IRKOUTSK (
www.baikalvoyage.fr
[email protected]
Agence francophone. Site consultable en
français.
Ce spécialiste installé en Sibérie, au sud du lac
Baikal vous concocte des séjours sur mesure
avec des guides francophones ou anglophones.
On prépare votre arrivée, vos transferts, réserve
vos hébergements, organise vos expéditions...
Depuis 2002, cet organisme animé par une
équipe de jeunes Russes très sympathiques,
amoureux de la Sibérie, respectueux de la
nature et engagés dans une démarche de développement durable mènent leur barque avec
passion. De bons interlocuteurs. Le plus : leur
site Internet en français.
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DALGEO TOURS
78 Oul. Tourguenieva
KHABAROVSK (
)
& +7 4212 31 88 29
& +7 4212 31 88 30
www.dalgeo.com
[email protected]
Agence locale anglophone, organise des excursions dans la région et peut aussi s’occuper
des visas.
nw
DISCOVERY (
)
Tarassa Shevchenko 90
)
ABAKAN (
& +7 3902 320 310
& +7 3902 320 520
www.discovery-khakasia.ru
[email protected]
Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 18h, le
samedi de 11h à 15h.
Discovery est une des agences de référence
de Khakassie depuis 2004. Elle propose des
excursions bien ficelées et personnalisées
à la découverte des sites touristiques de la
région mais aussi de Tuva et de Krasnoyarsk.
Disposant de guides francophones,
Discovery est spécialisée sur le tourisme
d’aventure : trekking dans le décor sublime
des monts Sayan (aux confins de la Khakassie
et de la Mongolie), rafting, spéléologie, etc.
De mai à septembre, l’agence organise
également une croisière sur l’Ienisseï au
départ d’Abakan (6 jours, 5 nuits et 590 km
le long du fleuve, puis retour à Abakan) qui
permet de visiter nombre de sites important
de la région et de s’adonner à la pêche ou à
la randonnée. Le site Internet est uniquement
en russe.
28 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé
www.estcapade.com
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spécialiste
Circuit Transsibérien,
Séjour à la carte,
Circuit Russie !
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à la carte
Est’Capade - Moscou
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Tél. (+7 495) 951.07.52
L
N MBT
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EST’CAPADE
Ulitsa Bolshaya Polyanka, 7/10
Bât. 3
)
MOSCOU (
& +7 495 951 07 52
www.estcapade.com
[email protected]
M° : Tretyakovskaya (lignes 2, 6, 8).
Ouvert du lundi au vendredi et 10h à 19h.
Une agence pionnière du tourisme francophone en Russie fondée par Frédérique
Doillon, dont l’histoire personnelle se marie
avec celle de la Russie contemporaine.
Etudiante en maîtrise de russe, elle découvre
Moscou en 1990, au crépuscule de l’URSS.
Elle y revient tous les étés, s’engage avec une
agence française en 1993 pour ouvrir leur
bureau moscovite. L’agence est vite rachetée
et l’antenne russe fermée. Qu’à cela ne tienne,
Frédérique crée Est’Capade et s’attelle dès
lors à ouvrir la voie des visiteurs francophones
dans le plus grand pays du monde et parmi
ses 11 fuseaux horaires ! Forte de plus de
20 ans de présence sur le terrain, Est’Capade
propose des voyages en toute sécurité, mais
toujours animés de l’esprit de découverte,
de rencontre et d’aventure. En 2007, elle
traverse le pays en 2 CV, puis organise en
2010 un raid en camping-car avec 52 véhicules
en 3 groupes à travers la Russie, le Kazakhstan
et la Mongolie.
L’activité de l’agence se compose de
4 branches : Clés en main, A la carte,
Transsibérien et Aventure. Côté «Clés en
main», vous trouverez un combiné Moscou/
Saint-Pétersbourg en 8 jours, une découverte
Moscou-Souzdal-Anneau d’Or en 8 jours et des
croisières sur la Volga. Côté «A la carte», les
possibilités sont presque sans limites en termes
de lieux, de modes de transport et d’hébergement (de l’auberge de jeunesse à l’hôtel de luxe
en passant par l’appartement ou le B&B). A
noter qu’Est’Capade a développé une formule
d’Autotour pour laquelle elle fournit le véhicule
(avec GPS, cartes routières et feuille de route)
et gère les réservations d’hébergement sur tout
le parcours. En totale liberté ou accompagné
avec un programme de visite et des guides sur
le trajet, cette formule futée remporte un franc
succès auprès de plus en plus de visiteurs.
Pour le Transsibérien, les formules sont là
aussi modulables : trajet complet MoscouVladivostok en 16 jours ou par tronçon et selon
différents niveaux de confort, Transmongolien
ou le mythique BAM (le Baïkal-Amour Magistral)
qu’on aura rejoint après une traversée sud-nord
du non moins magistal lac Baïkal en bateau.
Enfin, pour l’aventure dans le Far East russe,
guettez les prochains raids en camping-car ou
camion sur le site Internet !
Partir en voyage organisé - comment PaRtiR ? √ 29
nw
FOREST TEAM
12 rue Bokhniaka
PETROPAVLOVSK-KAMTCHATSKI
)
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& +49 1637 664 464 / +7 4152 30 77 97
& +7 914 620 44 69
www.kamexplore.com
Représentant en Allemagne et pour l’Europe :
Anton Gross. Bureau du Kamtchatka : Sofia
Makhnatina. Séjours pêche : Vitaly Forest.
Circuit volcans, circuit des geysers et des ours...
Foresteam est le spécialiste du Kamchatka.
nw
MARINA WILSON TOURS
Nevsky Prospect, 22
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
& +7 812 930 65 74 / +7 812 313 17 26
& +7 812 386 64 07
www.st-petersburg-visit.com
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h. Le
samedi de 10h à 17h.
Basée à Saint-Pétersbourg, le leitmotiv de
l'agence est : « Nous ne vendons pas des tours,
nous créons des souvenirs ». Les programmes
exclusifs concontés par Marina Wilson sont
personnalisables à guise et s'adaptent aux
envies, à la durée de séjour et aux budgets
des visiteurs. adaptables aux envies prepares
selon les envies et les horaires particuliers des
clients à Saint-Pétersbourg, Moscou et les pays
Baltes. De la visite guidée à pied en passant par
l'accueil "72 heures à Saint-Pétersbourg" de
croisiéristes en Baltique (sans besoin de visa
touristique) ou les tours à thème (le premier
empereur de Russie, la Musique de SaintPéteresbourg, Peterhoff inconnu, etc.), Marina
a plus d'un tour dans son sac pour faire de votre
voyage une expérience mémorable.
nw
RUSSIE AUTREMENT
Bureau 513 – Naberezhnaya reki Fontanki, 59
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
& +33 09 77 19 83 27
www.russieautrement.com
Agence joignable au téléphone (prix d’un appel
local depuis la France) de 8h à 15h (heure
française).
Une agence tenue par une jeune et dynamique
équipe franco-russe dont la qualité des prestations et leur rapport qualité/prix sont très
appréciés de nos lecteurs. Séjours organisés,
libres ou totalement à la carte, Russie Autrement
s’adapte à toutes les demandes avec le souci de
proposer une approche créative et personnalisée
privilégiant une découverte de l’intérieur de la
Russie contemporaine.
wwAutre adresse : Réprésentation à Paris
(uniquement pour les dépôts de visa pour la
Russie, la Mongolie et la Chine) : Société Monvisa.com, 31 rue Villeneuve, 92110 Clichy. Tél :
01 42 70 99 72 / 06 45 46 20 22
INVITATION AU VOYAGE
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EXPLORUSSIA
Khokhlovskiy Pereulok, 7-9
Bâtiment 2, entrée 3
MOSCOU (
)
& +7 495 720 83 98
www.explorussia.com
[email protected]
M° : Kitai-gorod (ligne 7)
Le site est disponible en anglais. Réponse à
toute demande sous 24 heures.
ExploRussia est une agence de voyages
nouvelle génération créée par Olga et Anna.
Originaires de Sibérie et de l’ExtrêmeOrient russe, elles ont beaucoup voyagé
à travers le pays au fil de leur enfance, de
leurs parcours académique et professionnel.
Amoureuses de leur pays, des voyages et des
rencontres qu’ils permettent, elles ont créé une
agence à leur image dont le premier but est de
faire découvrir la Russie de l’intérieur, pour que
le voyage ne soit pas qu’une rencontre avec des
sites mais aussi avec les habitants et pour que
la découverte de la destination ne se fasse pas
sans une immersion dans le mode de vie local,
que l’on soit à Moscou, dans la péninsule de
Kola ou au Baïkal. L’agence privilégie donc les
petits groupes (4-5 maximum généralement)
pour individualiser l’expérience.
Pour une découverte de Moscou ou de SaintPétersbourg, ExploRussia propose notamment
d’excellents parcours hors des sentiers battus.
Ces visites guidées d’une grosse demi-journée
sont d’excellentes introductions aux villes,
que ce soit sur leurs sites majeurs ou sur des
thématiques pointues, mais avec toujours
une approche personnalisée et enthousiaste
où l’anecdote, le vécu et la prise de temps
cotoient la connaissance académique. Ces
découvertes des capitales russes peuvent se
faire en format week-end (2 jours, 1 nuit) ou
en combiné (7 jours) avec l’Anneau d’Or en
extension (9 jours).
Depuis Saint-Pétersbourg, ExpoRussia propose
de rayonner dans le nord de la Russie et de
parcourir la taïga, les magnifiques lacs et
réserves naturelles de la Carélie, aux confins
de la Finlande (8 jours). Les voyageurs qui
ont le temps pourront opter pour la traversée
en Transsibérien de Moscou à Pékin via le lac
Baïkal et la Mongolie (19 jours). Quant aux
esprits aventuriers, ils se rendront tout au bout
de la Russie, dans l’archipel volcanique des îles
Kouriles, au nord du Japon, pour un voyageexpédition lunaire. Enfin, conformément à leur
approche, les voyages à la carte sont un des
points forts d’ExploRussia, donc n’hésitez pas
à leur faire part de vos envies, elles sauront les
mettre en scène.
30 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé
nw
NEVSKI TOUR
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
& +7 921 935 87 42
www.baltapart.com
[email protected]
Anna, guide francophone professionnelle
indépendante, propose des visites réellement
sur-mesure avec une approche personnalisée
et une découverte de l’intérieur de la capitale
culturelle russe. Linguiste et historienne d’art
de formation parlant 4 langues étrangères
(française, néerlandaise, italienne et anglais),
elle partagera avec vous, en plus de ses
connaissances, son amour sans bornes pour
la Venise du Nord ! Que l’on soit seul ou un petits
groupes, les prestations d’Anna sont de haut
niveau et d’une rapport qualité-prix très avantageux comparativement à ce que proposent
les excursions standard. Que les visites soient
circonscrites à Saint-Pétersbourg intra-muros
ou qu’elles impliquent de se rendre dans des
sites éloignés comme Peterhof, Tsarskoe
Selo (Pouchkine) ou encore Novgorod, Anna
s’occupe de tout : le transfert (en voiture,
minibus ou car) et les tickets d’entrée, ce qui
est extrêmement appréciable en haute saison
afin d’éviter les longues files d’attente ou la
contrainte de réserver soi-même plusieurs
semaines à l’avance. Cela vaut aussi pour les
spectacles et événements culturels. Anna a
plus d’une corde a son arc : elle administre
plusieurs appartements dans des bâtiments
historiques en plein-centre et qui peuvent être
loués à très bon prix (ex : appartement 3-pièces
avec 2 lits doubles et 2 canapés convertibles à
115 E par nuit en haute-saison, 90 E en basse
saison). Enfin, bien sûr, Anna peut également
vous envoyer le voucher touristique ou l’invitation d’affaire nécessaire pour votre demande
de visa russe.
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TARI TOUR
Bakunina Pr., 5
Office 47
SAINT-PÉTERSBOURG (
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& +7 812 324 71 12
www.eng.versa.ru
[email protected]
Le tour opérateur Versa prend en charge
votre visite de la ville sur la Neva avec des
experts confirmés. Créé en 1999 et basé à
Saint-Pétersbourg, il opère également dans
toute la Russie. Versa propose ainsi une
vaste gamme de séjours régionaux (Moscou,
St-Pétersbourg, Volga, Anneau d’Or, Lac Baïkal,
Transsibérien, Oural, Kamtchatka, îles Solovki,
Sotchi, Nord-Ouest de la Russie, etc.) ou thématiques (Parcours historiques, Dans les pas de
Dostoïevski, Bains Sanduny, etc.) dans le pays
aux deux continents, le tout à haute valeur
ajoutée culturelle. Produisant lui-même ses
séjours et négociant en direct avec tous ses
prestataires, Versa propose des prestations de
qualité à des tarifs attractifs, qu’il s’agisse de
réservations d’hébergements pour des groupes
ou des individuels, de visites guidées avec
des guides professionnels francophones, de
transferts en voiture, mini-bus et bus toute
catégorie, de réservations de billets de théâtre,
de billets de train et d’avion, de location de
bateaux et de petites croisières, et même
de palais, de restaurants et de groupes de
musiciens ! Bienvenue en Russie avec l’équipe
multilingue de Versa !
nw
TJ TRAVEL
9-ya liniya, 34a
SAINT-PÉTERSBOURG ((
)
& +7 812 325 6531 - +7 921 953 23 78
www.st-petersburg-tours.ru
[email protected]
Ouvert de lundi au vendredi de 10h à 17h. Appel
gratuit depuis le Canada et les USA au & +1
855 897 87 84. Les enfants de moins de 7 ans
participa gratuitement. Les étudiants avec une
valide ISIC carde et les enfants à partir de 7 ans
on le droit de réduction de 25 US$. TJ Travel est
une entreprise d’expérience (qui exerce depuis
2007) et propose une large palette d’excursions
classiques à Saint-Pétersbourg, à Moscou et
dans les villes des pays de la mer Baltique
(Tallinn, Riga, Helsinki, Berlin, Stockholm, Oslo,
Copenhague, Amsterdam) sans visa (jusqu’à 3
jours) pour les croisiéristes et les particuliers
(visa nécessaire). Les guides sont tous de
vrais professionnels parfaitement francophones
vous accompagnent sur un un, deux ou trois
jours d’excursions d’une durée de 8 heures
par jour (possibilités de visites nocturnes). Les
prix incluent l’admission à tous les musées et
visites prévus dans le programme, le services
de chauffeur (en Mercedes/Minivan avec A/C),
les services de guide, l’autorisation de prise de
photo/vidéo dans tous les musées (sauf le palais
Ioussoupov). TJ Travel propose à ses clients
des visites speciales pour les enfants ou des
excursions sur les traces de l’héritage juif de
Russie. Création de programmes sur-mesure à
la demande. La companie ne demande pas le
paiement en avance des prestations, fidèle à
son succès et son leitmotiv : «Voyagez d’abord,
payez ensuite» !
Retrouvez le sommaire en début de guide
Partir seul - comment PaRtiR ? √ 31
Partir seul
En avion
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& 0892 490 125
www.air-indemnite.com
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Des problèmes d’avion (retard de vol, annulation
ou surbooking) gâchent le séjour de millions
de vacanciers chaque année. Bonne nouvelle :
selon la réglementation, les voyageurs ont droit
jusqu’à 600 E d’indemnité par passager !
Mauvaise nouvelle : devant la complexité
juridique et les lourdeurs administratives, très
peu de passagers parviennent en réalité à se
faire indemniser.
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Pionnier et leader français depuis 2007, il
simplifiera toutes les démarches en prenant
en charge l‘intégralité de la procédure. Analyse
et construction du dossier, échanges avec la
compagnie, suivi de la procédure, versement
des indemnités : air-indemnite.com s’occupe
de tout et obtient gain de cause dans 9 cas sur
10. air-indemnite.com se rémunère uniquement
par une commission sur l’indemnité reçue. Si
la réclamation n’aboutit pas, rien ne sera donc
déboursé !
Principales compagnies
desservant la destination
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Site disponible en français.
Aeroflot effectue 10 vols tous les jours entre
Paris-CDG et Moscou. La compagnie aérienne
russe, membre de SkyTeam, propose aussi
des vols quotidiens pour Saint-Pétersbourg via
Moscou. Également des vols pour les principales
villes russes via Moscou.
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La compagnie aérienne française propose
une dizaine de vols quotidiens directs entre
Paris-CDG et Moscou. Comptez 3 heures 40 de
trajet. Air France propose aussi tous les jours
1 vol direct pour Saint-Pétersbourg au départ de
Paris-CDG. Durée du vol : 3 heures 25. Départ
à 16h35, arrivée à 18h.
Surbooking, annulation, retard de vol :
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INVITATION AU VOYAGE
Prix moyen d’un vol direct aller-retour ParisMoscou ou Paris-Saint-Pétersbourg. Haute
saison (juillet, août et Noël) : à partir de 400 E.
Les prix ont tendance à augmenter à cause de
l’inflation et du fait qu’Aeroflot (en partenariat avec Air France) est depuis peu la seule
compagnie à assurer des vols directs entre la
France et la Russie. Pour obtenir les meilleurs
tarifs en haute saison, achetez vos billets six
mois à l’avance. Pour ce qui est des périodes
moins courues, un délai beaucoup plus court
ne devrait pas vous empêcher de décrocher un
prix intéressant. Des vols avec courte escale à
Zurich ou Francfort par exemple sont également
assez pratiques et parfois deux fois moins chers.
32 Æ comment PaRtiR ? - Partir seul
nw
LUFTHANSA
& 08 92 23 16 90
www.lufthansa.fr
Lufthansa propose des liaisons quotidiennes
entre Paris et Saint-Pétersbourg ou Moscou,
via Francfort ou Munich.
Aeroflot dessert la plupart des villes russes. Le
21 décembre 2013, Transaero devait ouvrir la
première ligne directe Lyon-Moscou.
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LOT POLISH AIRLINES
101, rue d’Aboukir & 01 47 42 05 60
www.lot.com – [email protected]
M° Sentier (ligne 3)
Lot Polish Airlines assure plusieurs liaisons
par semaine entre les principales villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, Nice, Toulouse,
Bordeaux) et leurs homologues polonaises
(Varsovie, Cracovie, Gdansk, Poznan, Katowice,
Wroclaw). Vols quotidiens et directs entre Paris
et Varsovie. Comptez environ 2 heures 30 de vol.
nw
AUTO EUROPE
& 08 00 94 05 57
www.autoeurope.fr
[email protected]
Auto Europe négocie toute l’année des tarifs
privilégiés auprès des loueurs internationaux
et locaux afin de proposer à ses clients des
prix compétitifs. Les conditions Auto Europe :
le kilométrage illimité, les assurances et taxes
incluses dans de tout petits prix et des surclassements gratuits pour certaines destinations.
Vous pouvez récupérer ou laisser votre véhicule
à l’aéroport ou en ville.
nw
ROSSIYA AIRLINES
& +7 800 444 55 55
www.rossiya-airlines.com/fr
La compagnie propose des vols quotidiens
directs entre Paris et Saint-Pétersbourg. Depuis
cette ville, elle dessert quelque 70 aéroports en
Russie, dont Moscou bien sûr, souvent à des
tarifs très attractifs.
nw
SAS – SCANDINAVIAN AIRLINES SYSTEM
& 0 825 325 335
www.flysas.com
La compagnie programme des vols du lundi au
vendredi au départ de Paris-CDG à 7h à destination de Saint-Pétersbourg, via Copenhague.
L’arrivée est prévue à 13h40. Comptez 4 heures
40 de trajet.
nw
TRANSAERO
& +333 687 801 82 / +33 174 221 239
www.transaero.com – [email protected]
Transaero propose plusieurs vols quotidiens
directs de Paris Orly à Moscou. Depuis la
capitale russe, la compagnie appartenant à
Location de voitures
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TRAVELERCAR
7, rue du Docteur Germain Sée (16e )
Paris & 01 73 79 27 21
www.travelercar.com
[email protected]
Service disponible aux aéroports de Roissy-CDG,
Orly, Beauvais et Lyon St-Exupéry.
Agir en éco-responsable tout en mutualisant
l’usage des véhicules durant les vacances, c’est
le principe de cette plateforme d’économie du
partage, qui s’occupe de tout (prise en charge
de votre voiture sur un parking de l’aéroport de
départ, mise en ligne, gestion et location de
celle-ci à un particulier, assurance et remise
du véhicule à l’aéroport le jour de votre retour,
etc.). S’il n’est pas loué, ce service vous permet
de vous rendre à l’aéroport et d’en repartir sans
passer par la case transports en commun ou
taxi, sans payer le parking pour la période
de votre déplacement ! Location de voiture
également, à des tarifs souvent avantageux
par rapport aux loueurs habituels.
Séjourner
Se loger
Hôtels
La qualité des hôtels en Russie est assez mauvaise,
pour des prix souvent sans rapport avec la médiocrité du service. La situation est surtout difficile
en province ; à Moscou et Saint-Pétersbourg, la
situation s’améliore nettement. Mais les hôtels
sont souvent pleins à cause des nombreuses
manifestations internationales, et il est donc
préférable de s’y prendre en avance. De plus, il
existe peu d’hôtels bon marché, et les auberges
de jeunesse (www russia-hostelling.ru) sont
aussi chères qu’à New York. L’hébergement est
véritablement ce qui coûte le plus cher en Russie.
Dans tous les cas, nous vous conseillons de
faire une réservation (passez un coup de fil ou
envoyez un fax ou un e-mail) pour être sûr qu’il
y a des places disponibles et pour demander une
confirmation par écrit afin d’obtenir votre visa.
Il vaut mieux passer par une agence de voyages
ayant des prix pour certains hôtels et qui s’occupera par la même occasion de votre visa.
wwLes meilleurs hôtels 5-étoiles sont situés
presque exclusivement à Moscou et SaintPétersbourg. Il en existe aussi quelques-uns à
Sotchi. On y dort pour au moins 200 $ par nuit
et par personne.
Séjourner - comment PaRtiR ? √ 33
Auberges de jeunesse
Les auberges de jeunesse (surtout Moscou et
Saint-Pétersbourg) se multiplient ces dernières
années.
Campings
Impensable dans les grandes villes, le camping
est en revanche possible à la campagne, mais
il s’agira le plus souvent de camping sauvage.
Les Russes parlent de congés sauvages, « dikii
otdykh ». Il y a de nombreux endroits qui ne
sont pas privés et même lorsqu’ils le sont, il
serait bien étrange qu’on vous refuse de vous
installer dans un champ pour la nuit. On vous
invitera sûrement à dormir à l’intérieur.
Pour ceux qui souhaitent faire du camping, le
Nord de la Russie se prête particulièrement à ce
genre d’activité. En été, beaucoup de Moscovites
un peu baroudeurs montent vers la mer Blanche
pour des expéditions en bateau dans les îles de
cette mer gelée en hiver. N’oubliez pas votre
bombe anti-moustiques car ils sont nombreux
et souvent voraces.
Pour les camping-caristes, la tâche sera ardue
pour trouver des aires de services.
Bons plans / Tourisme chez l’habitant
Il y a peu, le touriste n’avait d’autre possibilité
d’hébergement que l’hôtel. Le relâchement du
contrôle sur les étrangers permet de loger chez
l’habitant, dans des familles proposant des
formules Bed&Breakfast pour arrondir leurs
fins de mois. Les agences locales, nouvellement
créées, se chargeront de vous indiquer des
familles d’accueil mais aussi, si vous voulez avoir
vos aises, des appartements à louer, en dollars
généralement. Dans les villes touristiques, des
« babouchkas » proposent des chambres. C’est
sans danger et peu cher, mais vous n’aurez pas
d’enregistrement.
Se déplacer
Un site peut vous être utile pour vos déplacements :
wwwww.waytorussia.net. Infos sur les moyens
de transport avec possibilité de réserver des
billets, des conseils de voyageurs. Très complet.
Avion
Longtemps, l’avion a été le moyen de transport le
plus utilisé dans ce pays aux distances énormes.
Mais les prix ont augmenté. La Russie connaît
moins d’accidents d’avion que les Etats-Unis,
même si les appareils n’inspirent pas toujours
confiance et si la décontraction de l’équipage
frôle la désinvolture. Attention aux bagages, il
n’est pas rare qu’ils se perdent.
Bateau
La partie européenne de la Russie est une terre
de fleuves et de rivières et il y a de nombreuses
croisières possibles, soit entre les villes, soit
autour des villes. A Moscou, les embarcadères
abondent sur chaque rive de la Moskova, et de
nombreux bateaux sillonnent le fleuve. Les prix
sont modiques. Certains hôtels organisent des
croisières fluviales, dîner et spectacle compris.
Vous trouverez des embarcadères en face de
l’hôtel Oukraina, près du parc Gorki, près des
ponts Novospassky, Bolchoï Kamenski et
Oustinski. Les bateaux stationnent dans les
gares fluviales ou maritimes.
Bus, trolleybus et tramway
A éviter à Moscou et Saint-Pétersbourg. Même
les Russes ont du mal à s’y retrouver tant les
indications sont sommaires voire inexistantes.
En revanche, dans beaucoup de villes, c’est
souvent le seul moyen de transport. Si vous
avez peur de rater votre arrêt, demandez à la
contrôleuse qui se trouve à l’intérieur. Il est,
en revanche, interdit de parler au chauffeur.
Métro
Il n’est pas présent dans toutes les villes, mais
partout où il se trouve, il est indispensable. Les
villes russes sont étendues, très étendues : se
déplacer à pied est souvent impossible, et en
voiture, on reste coincé dans d’interminables
bouchons. En ce qui concerne Moscou, certaines
stations sont en plus très belles. En revanche,
voyager à l’heure de pointe relève parfois de
l’exploit tellement les trames sont bondées.
INVITATION AU VOYAGE
wwLes hôtels 4-étoiles sont en général présents
dans les grandes villes et il y en a plusieurs à
Moscou et Saint-Pétersbourg. La qualité est
en général au rendez-vous, mais on peut avoir
quelques mauvaises surprises malgré tout.
wwLes hôtels 3-étoiles proposent des chambres
simples, doubles ou de luxe, ainsi que des
cafés, des bars, des restaurants. On y offre des
« business services », des magasins, salons de
coiffure. Ce sont le plus souvent, notamment
dans les régions des anciens hôtels soviétiques,
les fameux « Intourist ». Ils sont parfois très
grands, comme de véritables quartiers.
wwLes hôtels 2-étoiles comportent des
chambres simples, doubles et semi-luxe. Les
chambres avec tout le confort sont rares. Le
téléphone ainsi que le réfrigérateur et la télé
peuvent être dans le hall. Plutôt qu’un bon
restaurant, ils offrent une sorte de cantine
ou un café. Cette catégorie regroupe des
hôtels soviétiques non rénovés. Les prix sont
abordables et en général, c’est propre.
wwLes hôtels de voyageurs : ils peuvent
dépanner pour une nuit, mais sont assez
inconfortables. La propreté n’est pas toujours
au rendez-vous.
34 Æ comment PaRtiR ? - Séjourner
Marshroutka
Ces mini-autobus sont des taxis collectifs ou des
transports publics privés, comme on voudra. En
tout cas, « elles » supplantent les réseaux de
bus de ville défaillants et permettent d’économiser le prix d’une course en taxi. Il n’est pas
très simple de les utiliser quand on ne parle pas
russe. On peut les prendre aux arrêts de bus ; il
faut passer par la porte coulissante en n’oubliant
pas de se plier en deux pour pouvoir entrer :
les premières fois, on ne fait pas l’économie
de quelques bosses. Elles suivent un itinéraire précis, indiqué sur les portes, en général
celui d’une ligne de bus. On peut demander
de s’arrêter où l’on veut sur le parcours… à
condition de savoir le dire en russe. On paie
en entrant ou en sortant selon les régions. Ces
marchroutkas font aussi des trajets interurbains.
Train
Emprunter le train en Russie, c’est toucher
du doigt l’espace vertigineux de cet immense
pays, se laisser bercer par le roulis tout en se
réchauffant à l’eau chaude du samovar, voler un
morceau de paysage derrière les rideaux à fleur.
Le train est la meilleure manière de voyager,
de prendre le pouls du pays dans les étroits
corridors et la promiscuité des compartiments.
Le réseau ferroviaire n’est pas si mauvais qu’on
le dit, du moins dans la partie occidentale de la
Russie, mais à condition d’oublier le TGV (pour
aller de Moscou à Saint-Pétersbourg on met de
8h à 9h aujourd’hui pour un peu plus de 500 km).
Toutes les voies ferrées mènent à Moscou, qui
est bien desservie, comme Saint-Pétersbourg,
et pourvu qu’on n’en demande pas trop en fait
de confort et de rapidité, on gagnera à voyager
en train plutôt qu’en avion.
Le site de la SNCF russe est assez pratique pour
les consultations d’horaires. http : //eng.rzd.ru/.
En revanche pour les achats depuis l’étranger
mieux vaut passer par une agence de voyage.
Il existe en Russie des trains rapides et des trains
normaux de longue distance. Tous proposent
trois classes :
wwLe luxe ou le wagon-lit (bilety SV).
wwLes couchettes (bilety coupé).
wwLa troisième classe (platsecarte).
Les wagons-lits sont les plus chers, mais les
conditions du voyage justifient le prix. Les
couchettes sont assez confortables, surtout
si vous voyagez à quatre. La troisième classe
est, bien sûr, la moins chère. Les billets sont
vendus dans les guichets de gares, dans les
agences de voyages et à l’agence centrale des
chemins de fer.
Attention, sachez qu’en Russie, toutes les gares
sont à l’heure de Moscou. De même, sur les
billets, c’est l’heure de Moscou qui apparaît.
Ainsi, si vous êtes à Perm (2 heures de plus
par rapport à Moscou) et que votre billet de
train indique un départ à midi, cela signifie qu’il
partira seulement à 14h, heure locale.
Vous pouvez acheter votre billet le jour du départ
ou plusieurs jours à l’avance. La prévente des
billets commence 45 jours avant la date de
départ. On peut les acheter au bureau des
réservations de billets de train. Les touristes
peuvent aussi acheter leurs billets à un guichet
spécial à la gare ou dans une agence touristique.
Au moment de l’achat, vous devez présenter
votre passeport.
Voiture
La conduite est en général nerveuse. Mauvaise
qualité du revêtement ou défauts (nombreux) de
signalisation, toujours est-il que les accidents
sont nombreux. Méfiance donc, même si les
chauffards ne sont pas plus nombreux qu’ailleurs
et que, contrôles stricts obligent, le degré zéro
d’alcool autorisé dans le sang est plutôt respecté
par les Russes.
Il y a beaucoup de bouchons car le réseau routier
était prévu pour beaucoup moins de voitures
qu’il n’en compte aujourd’hui. Si Moscou a la
palme, les villes de province ne font souvent
pas beaucoup mieux.
Le réseau routier est en assez bon état sur les
routes principales. Mieux vaut avoir un téléphone
portable et quelqu’un à appeler en cas de panne.
Taxi
La plupart des taxis sont conscients du fait qu’un
étranger aura du mal à s’orienter et il n’est pas
rare de payer cher. Si vous prenez un taxi dans
la rue le mieux est de discuter le prix avec le
chauffeur. En général un trajet en ville coûte
aux alentours de 200 RUB. Depuis la gare au
centre 200 RUB. Pour l’aéroport, à Moscou et
Saint-Pétersbourg, entre 950 et 1 200 RUB. Si
vous parlez russe, une bonne solution consiste
à téléphoner à une compagnie de taxis, c’est en
général plus abordable et sûr. Enfin pour ceux
qui maîtrisent le russe, on peut aussi prendre
un taxi sauvage. Il suffit de lever le bras près
d’une route fréquentée et négocier le prix avec
les voitures qui s’arrêtent. Si cela peut sembler
un peu exotique au début, on s’aperçoit vite que
c’est pratique et peu dangereux.
Vélo
De manière générale, les Russes ne sont pas
très friands de la petite reine. Il faut dire que
pédaler dans la neige n’est pas forcément ce
qu’il y a de mieux. Il est toutefois possible
d’en louer, notamment à Saint-Pétersbourg ou
Moscou (nombreux loueurs privés et systèmes
Velib disponibles)
DÉCOUVERTE
L’île d’Olkhon.
© KATVIC – SHUTTERSTOCK.COM
La Russie
en 30 mots-clés
Absurde
C’est l’adjectif qui vient à l’esprit devant nombre
de situations ubuesques ou surréalistes. Pourquoi
faut-il faire la queue à trois guichets différents
quand on fait ses courses dans un magasin ?
Que signifie la pancarte « Attention, les sucettes
tombent » ? Pourquoi est-il interdit de photographier les gares et les trains ? Ah, ces étrangers et
leurs questions saugrenues ! La vie quotidienne
en Russie est aisément déroutante, mais sachez
que ce qui vous semble bizarre a toujours une
explication, parfois alambiquée certes, mais une
explication quand même. Trois guichets parce
que le premier n’est pas le bon, au deuxième, on
fait son choix et on prend son ticket et l’on paie
au troisième. Les sucettes désignent les pics de
glace qui pendent aux balcons et aux corniches.
En cas de redoux, elles tombent comme des
couperets. Et, enfin, le safari photo en milieu
ferroviaire est interdit depuis que les autorités
sont parties en croisade contre le « terrorisme ».
Dans certaines gares, les quais ont été aménagés
de manière à rendre plus facile l’inspection des
wagons et la découverte d’éventuels explosifs.
Adaptation
Si la partie européenne de la Russie n’est pas
la plus rude au niveau du climat, les contrastes
sont flagrants entre les steppes d’Astrakhan, au
bord de la Caspienne, où poussent naturellement
des pastèques et la nuit de 4 mois à Mourmansk,
au-delà du cercle polaire. L’adaptation est donc
le maître mot face à ce climat qui conditionne
toute la vie russe. De nombreux éléments d’architecture et d’aménagement sont conçus pour
supporter le froid, la neige et la glace : ce sont
les portes basses pour économiser le chauffage,
les maisons de bois à toits pointus, les villages
placés sur les rares éminences pour dépasser
la couche de neige, etc. Les artistes se réfèrent
aussi fréquemment à cette réalité et l’une des
nouvelles les plus connues de Pouchkine, La
Tempête de neige, adaptée au cinéma, évoque
un destin bouleversé par la neige qui contrarie
le rendez-vous de deux fiancés sur le point de
se marier. Le climat est un élément de fatalité
avec lequel il faut compter en Russie.
Artisanat
La Russie est un pays de forêts. Aussi l’artisanat russe traditionnel ou semi-industriel
propose-t-il toutes les variantes du travail
sur bois : coffrets, couverts, œufs, figurines
et, bien sûr, les éternelles matriochkas, ces
poupées-gigognes dont le visage de bonne
fermière est concurrencé sur les marchés par
ceux d’Eltsine, Gorbatchev, Lénine et Poutine…
On peut trouver également de superbes coffrets
en bois laqué et peint (artisanat de Palekh et
de Kokhloma), des figurines de porcelaine
évoquant la Russie impériale aux motifs bleus
sur fonds bleu (style Gzhel’), de l’ambre sous
forme de colliers, bijoux divers ou jeux d’échecs,
des balalaïkas (guitares russes à trois cordes),
des foulards brodés et de très beaux kilims
(tapis muraux) d’Asie centrale, ainsi que des
samovars, ces théières traditionnelles russes,
en fonte le plus souvent.
Baboui
Une sorte de menhir en pierre ou en bois représentant une tête ou un corps de femme. C’est
pour lutter contre ces représentations païennes
en particulier, que l’Eglise décida d’interdire les
sculptures. Les babouis persistèrent cependant,
notamment dans le Nord, ce qui explique que les
Saint-Georges, les christs ou les pietà, rares
sculptures de l’orthodoxie entre le XIIIe et le
XVIIe siècle, aient été façonnés dans le Nord, où un
savoir-faire existait et continuait à être transmis.
Après le XVIIIe siècle, il n’y eut pratiquement plus
de sculptures car l’Eglise orthodoxe devint encore
plus intransigeante que par le passé.
Bains (banias)
Le sauna et le bain russe (bania) sont très
populaires en Russie où, pendant les rudes
hivers, il est d’usage de se réchauffer en se
flagellant avec des sortes de petits balais
faits de branches de bouleau (appelés vénik).
Cependant, vous n’êtes pas obligé de vous
plier à la coutume qui consiste à se frotter de
neige ou à se rouler dedans. Vous pouvez vous
contenter de verser de l’eau froide (courage !)
sur votre corps après un bain de vapeur. On se
rend aux bains de préférence le samedi. Après
quoi, le rituel consiste à boire un thé aux herbes
ou du kvas, boisson fermentée aigre-douce, à
base de pain de seigle, de sucre et de levure ou
une collation composée de bière et de poisson
séché. Même si tout cela vous paraît un peu
brutal, n’hésitez pas une seconde lorsque l’on
vous proposera un sauna à la datcha (maison
de campagne).
La Russie en 30 mots‑cLés √ 37
Calendrier
C’est bien connu, la révolution d’Octobre était
en fait une révolution de novembre. Un an plus
tard, le tout nouveau pouvoir soviétique remet
les pendules à l’heure en adoptant le calendrier
grégorien, imposé en 1582 par une bulle papale
de Grégoire XIII. Grégoire craignait en effet le
glissement de Pâques vers les mois d’été…
Toujours est-il que, pour les fêtes religieuses, les
orthodoxes russes suivent toujours le calendrier
julien, décalé de 13 jours : Noël est célébré le
7 janvier et le nouvel an le 13 janvier au soir.
Un certain mercantilisme doublé d’une irrésistible envie de faire la fête pousse aujourd’hui
certains à fêter le Noël catholique le 25, le
réveillon le 31, le Noël orthodoxe et l’ancien
nouvel an. Ces célébrations n’ont souvent pas
grand-chose de religieux puisque le moment
le plus important de l’année reste la fête de la
Pâque orthodoxe, à ne surtout pas manquer si
vous êtes en Russie à cette période. S’ajoutent
à ces fêtes traditionnelles celles imposées par
le pouvoir soviétique et auxquelles les Russes
restent attachés. Vous pourrez ainsi célébrer
en grande pompe la fête des professeurs (le
5 octobre), celle des défenseurs de la patrie
(le 23 février) et la journée des cosmonautes
(le 12 avril).
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
La bière russe a peu de goût, ce qui permet
de la consommer en grande quantité.
On trouve aussi des bières étrangères en
Russie. Etrangères ou russes, les bières sont
vendues dans les kiosques (avant 23 heures)
ou magasins traditionnels, beaucoup moins
cher qu’à une terrasse ou au restaurant. Un
inconvénient cependant : la bière achetée
dans ces petites boutiques n’est pas toujours
fraîche. A table, elle ne détrône pas la vodka,
mais peut la remplacer en accompagnant
certains plats spécifiques, notamment un
poisson salé, le vobla, qu’on assomme sur
la table pour l’attendrir un peu car il est très
sec de nature. Il se consomme habituellement
dans les authentiques brasseries. En 2007, une
étrange loi a interdit la consommation de bière
à l’extérieur (parcs, rue, bord de rivière et de
lac). Cette remise en cause d’un rituel bien
ancré chez des générations de Russes est pour
l’instant peu respecté et aucun policier ne tente
d’appliquer la loi. Toutefois soyez prévenu car
dans certaines régions encore peu visitées les
règlements ne s’appliquent qu’aux étrangers,
histoire de leur soutirer quelques roubles.
Chapka
La chapka est l’article incontournable de la
panoplie vestimentaire russe. En fourrure, elle
peut être chère mais est d’un chic et d’un confort
dont on ne peut bientôt plus se passer. Sur les
marchés, vous trouverez des versions en lapin
qui protègent très bien du froid. Si la fourrure
est chez nous un luxe, elle est, dans certaines
régions du nord notamment, une obligation.
Les anoraks de haute montagne sont beaucoup
moins efficaces et surtout… introuvables. Aux
premières neiges, vous remarquerez que les
hommes se font couper les cheveux très courts.
Alors que l’hiver arrive ? Eh oui, l’inconvénient
de la chapka, c’est que quand on l’enlève, on
est tout ébouriffé.
© STÉPHANE SAVIGNARD
Bière
38 Æ La Russie en 30 mots‑cLés
Caviar
Le terme caviar, «
» en russe, désigne
les œufs de poissons. Comme en français,
il peut être rouge ou noir, c’est-à-dire de
saumon ou d’esturgeon. La Caspienne et le
bassin de la Volga ont longtemps été les seuls
producteurs de caviar au monde. A l’époque
soviétique, la légende urbaine dit qu’on trouvait
du caviar sans difficulté et qu’on le mangeait
à la louche, sans retenue car son prix n’était
pas prohibitif. C’est sans doute excessif
mais il est vrai que le caviar est nettement
moins cher en Russie. La meilleure région
pour en consommer est Astrakhan et le delta
de la Volga. L’esturgeon est désigné comme
« krasnaya ryba », ce qui signifie littéralement
poisson rouge. Le braconnage est partout
présent dans la région et les vendeurs méfiants.
Depuis 2006, il est interdit de faire sortir
du caviar de Russie, vous devrez donc tout
consommer sur place !
Chasse
© DREAM79 - FOTOLIA
La chasse n’est pas un loisir en Russie, c’est
un art quasiment sacré et un mythe fondateur.
Un chasseur qui tue un loup a non seulement
le droit de garder la peau mais, en plus, il
reçoit une prime pour avoir bien protégé le
bétail avoisinant.
Les conditions pour venir chasser en Russie
sont assez simplifiées : il suffit de détenir
un permis de chasse de son pays – ce qui
autorise à se procurer un permis russe provisoire – et d’adhérer, sur place, à une société
de chasse (c’est-à-dire verser sa cotisation)
permettant d’accéder aux territoires qu’elle
couvre. L’ours n’est pas protégé en Russie ;
seules quelques espèces le sont : les castors,
les loutres, les visons sauvages. Les régions
de Carélie, de Mourmansk et les piémonts du
Caucase notamment se prêtent bien à la chasse
et de nombreuses agences de tourisme vous
proposent des séjours organisés de qualité.
Conduite
Au volant, les Russes ne font pas preuve d’une
grande délicatesse : droit devant et la main
sur le klaxon... En revanche, ils se révèlent
d’incroyables pilotes sur glace, maîtrisant à fond
le contre-braquage et le frein moteur. Si vous
louez une voiture et que vous ne connaissez
pas la conduite sur neige, mieux vaut passer le
volant à un conducteur aguerri. On ne s’improvise pas champion de conduite sur glace ! En
ville, les rues sont sablées mais à la campagne,
c’est Holiday on Ice… A propos de conduite,
le degré d’alcoolémie est limité à… 0 g et la
maréchaussée ne fait preuve d’aucun humour
à ce sujet.
Cyrillique
L’alphabet russe est un descendant en ligne
directe du glagolitique, qui tire son nom du
vieux mot slave « parler ». En russe moderne,
le mot « glagol » désigne d’ailleurs un verbe.
Cet alphabet slave fut introduit dans le royaume
de Grande Moravie au IXe siècle par les moines
bulgares Cyrille et Méthode, pour les besoins
d’évangélisation des populations balkaniques. Il
fut interdit par le pape et a même failli disparaître
complètement au Xe siècle. Toujours est-il que
vous risquez de vous trouver en Russie bien
perdu devant les panneaux et les enseignes.
Proche de l’alphabet grec, l’alphabet russe
est trompeur. Le P est en fait un « r », le Y se
dit « ou », le C se prononce comme un « s »,
bizarreries auxquelles il faut ajouter nombre de
graphies qui ne vous diront rien du tout. Et c’est
dommage parce que quelques mots pratiques
sont empruntés au français (restaurant, métro,
station ferroviaire, etc.). Cet alphabet comporte
33 signes dont l’apprentissage ne demande
que deux ou trois heures. Ensuite, rien de plus
simple pour descendre à la bonne station ou
trouver un café : en russe, toutes les lettres se
prononcent. Enfin, presque…
La Russie en 30 mots‑cLés √ 39
Datcha
Ah… la datcha, ce petit espace à soi, loin de
la communauté impersonnelle des villes en
damier soviétiques. Les Russes adorent la
campagne et ils sont nombreux à migrer le
vendredi soir dans leur maisonnette, même très
modeste, hors de la ville. Petite isba de bois
peint, jardinet en bord de route, deux fleurs et
trois pommes de terre : ce petit bonheur reste
plus souriant qu’une case dans les immeubles
années 1950 des périphéries urbaines.
Démesure
Douche froide
Le passage de l’hiver au printemps est marqué
par un étrange rituel. Aux mois de mai, juin
ou juillet, vous aurez la surprise d’être privé
d’eau chaude pendant environ deux semaines,
laps de temps nécessaire pour « nettoyer » les
canalisations. Ah ! Les joies des bains d’antan
où il fallait faire chauffer l’eau et, casserole
après casserole, remplir sa baignoire. Certains,
plus courageux, redécouvrent les bienfaits
des douches froides tandis que d’autres, plus
paresseux, augmentent leur consommation
de déodorants… Quoi qu’il en soit, ne vous en
faites pas, presque tous les hôtels disposent
de ballons d’eau chaude.
Eau
Il n’y a pas à dire, la Russie regorge d’eau.
Des grands fleuves, comme la Volga, l’Ob
ou l’Ienisseï, des lacs comme le Baïkal ou
le Teletskoye, des rivières, des réserves,
Froid
Amateurs de pays chauds, passez votre chemin !
Sauf à séjourner en Russie en été ou toute
l’année au bord de mer Noire. Il faut quelques
jours pour s’adapter au climat hivernal. A
- 10 °C, les sons changent, se font plus feutrés,
à - 20 °C, on peut mener une vie absolument
normale, à - 30 °C, les choses se corsent : les
déplacements sont limités et il faut soigner son
équipement. A ce propos, on pourra acheter sur
place une doublionka (gros manteau en peau de
mouton) ou une fourrure. Et puis le thermomètre
n’est pas un indice suffisant : c’est surtout le
vent qui procure une sensation de froid. Un
petit - 20 °C peut être rendu insupportable
par des rafales, alors qu’un - 30 °C, par grand
soleil et temps calme, ne vous empêchera pas
de vous balader.
Guerre
La partie européenne de la Russie a été particulièrement marquée par la Deuxième Guerre
mondiale. Au nord, Saint-Pétersbourg a vécu
un blocus de 800 jours, Smolensk, Pskov,
Novgorod ont été entièrement détruites. On
pensera aussi à la bataille de Stalingrad (ville
baptisée Volgograd aujourd’hui) qui a causé
la mort d’un million de soldats soviétiques et
750 000 soldats nazis et qui s’est achevée par
la victoire de l’Armée Rouge, dont les restes
ressurgissent chaque fois que l’on creuse les
fondations d’un nouvel immeuble. Dans ces
régions, ce sont un quart, voire un tiers de la
population qui est morte pendant la guerre,
au front, lors de l’offensive allemande. Les
monuments commémoratifs sont donc légion
et le culte voué autour de ce que les Russes
appellent toujours la Grande Guerre patriotique
est aussi un moyen d’exorciser les deuils vécus
dans toutes les familles, même si le temps a
passé. Le 9 mai est célébrée la Fête de la victoire
de la Grande Guerre patriotique.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Ce qu’il y a d’indéniable avec les stéréotypes,
c’est qu’ils comportent souvent une part de
vérité. Il en va ainsi du fameux excès slave. Voir
en grand, faire en gigantesque, c’est primordial :
le plus grand pont, le plus grand complexe
d’habitations, la plus grande librairie, la plus
grande discothèque, le plus grand nombre de
chambres dans un hôtel… Néons et enseignes
ajoutent un petit air tapageur à ces projets
pharaoniques. La littérature et le cinéma
sont pleins d’histoires d’amours impossibles,
déchirantes et enflammées. La passion russe
pousse à l’excès. Mais cette même tendance
à l’excès fait que les Russes sont également
des gens capables d’une grande patience et de
beaucoup de résistance. Pendant la Deuxième
Guerre mondiale, le siège de la ville de SaintPétersbourg fut très représentatif de cette
ambivalence : d’un côté le sacrifice, de l’autre
une patience et une résistance qui forcent le
respect.
des sources souterraines… Les Russes sont
des amateurs d’eau minérale, gazeuse de
préférence, la plus appréciée provenant des
montagnes du Caucase (Narzan, Borjomi).
Mais surtout, les stations thermales, connues
pour leurs vertus curatives, constituent l’un des
bonheurs les plus prisés des Russes. Tout Russe
vous citera toujours avec fierté une cinquantaine
de noms de maladies que l’on soigne dans ces
eaux. Les plus célèbres de ces stations sont au
pied du Caucase dans la région de MIneral’nye
Vody (eaux thermales). Paradoxalement, l’eau du
robinet n’est pas potable en Russie. Évitez d’en
boire, sauf à la filtrer avec une carafe adaptée.
40 Æ La Russie en 30 mots‑cLés
Hospitalité
Khroutchevka
La Russie est traditionnellement une terre
d’accueil où l’hospitalité est un art. On n’arrive
jamais les mains vides, on ne repart jamais
les mains vides non plus. Telle est la règle.
Repas pantagruéliques, pluie de questions et de
conseils, les Russes ont l’habitude de prendre
en main les étrangers.
Question de culture, question de survie aussi.
Cette explosion de générosité est pourtant
codifiée : on enlève son gant avant de serrer
une main (ne pas le faire est très mal vu), on
ne se salue pas sur le seuil d’une porte (ça
porte malheur), une femme ne s’assied pas
au coin d’une table (elle ne se mariera pas),
on ne laisse pas une bouteille vide sur la table
(ça fait désordre) et on respecte l’ordre des
toasts (ne jamais boire sans y être invité). Et
surtout on trinque régulièrement, plusieurs
fois par tournée. L’hospitalité caucasienne
est légendaire, elle vous semblera parfois un
peu étouffante, mais laissez-vous faire, si un
Caucasien vous a fait rentrer chez lui, il est
responsable de votre bonheur.
Non, la Khrouchtevka n’est pas la femme de
Nikita Sergeïevitch Khrouchtchev, ni sa fille
d’ailleurs. C’est le nom donné par les Russes au
type de logements mis en place par Khroutchev
pour parer à la crise du logement des années
1950 et 1960. La Russie européenne, dont les
villes ont été détruites par la guerre, a été recouverte de ces immeubles de 5 étages, assemblés
à la va-vite et aux fondations dérisoires.
Véritables « meccano », ces maisons sont
composées de grands pans de mur avec fenêtres
qui sont imbriqués les uns aux autres, le tout
consolidé avec un peu de béton. Les infiltrations
d’air froid sont nombreuses, l’insonorisation
réduite au minimum, les escaliers souvent de
travers et les parties communes d’une crasse
proverbiale. Et les logements sont petits. Autant
dire que les Russes ont des sentiments ambivalents pour ces logements que tout le monde
essaye de quitter mais qui rappellent aussi les
années de l’enfance soviétique, une époque
pour beaucoup insouciante.
Kiosque
Le traditionnel kiosque (
) soviétique,
débordant de choux ou de pommes, permet
aujourd’hui à beaucoup de Russes, souvent
des femmes d’ailleurs, de monter un petit
business. On y trouve de tout, du paquet de
cigarettes au shampooing en passant par les
nouilles chinoises en sachet et les journaux.
Certaines de ces cabanes ne ferment que le
temps d’une surréaliste « pause technique »
dûment annoncée par un écriteau. Quand le
kiosque se développe, c’est-à-dire que l’on peut
y entrer au lieu de tambouriner à la fenêtre, il
devient alors un pavilione (
). Certains
sont ouverts 24h sur 24, ce qui s’avère très
pratique.
Kvas
Si vous séjournez l’été en Russie, vous tomberez
sûrement nez à nez avec une citerne jaune
portant les armes du KBAC (prononcez
« kvas »). A cet instant, il vous faudra oublier
que ce breuvage typiquement russe est en fait
du jus de pain rassis. A mi-chemin entre le cidre
et le Coca-Cola suivant les préparations, le
kvas est très désaltérant et, paraît-il, excellent
pour la santé. Le meilleur est évidemment
fait maison, mais on peut en trouver du très
bon vendu dans la rue. Si vous voulez acheter
plus qu’un verre, n’oubliez pas de prendre une
bouteille vide car les vendeurs ambulants n’en
fournissent pas. L’été, le kvas sert à la préparation d’une délicieuse soupe froide appelée
okrochka.
Livres
Aujourd’hui, le livre est devenu cher et beau.
L’édition a remis au goût du jour les belles couvertures, le graphisme soigné et le papier de qualité.
Les férus de lecture, et ils sont nombreux en
Russie, qui n’ont pas les moyens se rabattent
sur les livres d’occasion qui font parfois l’objet de
véritables foires. Pour se faire un peu d’argent,
certains vendent une partie de leur bibliothèque
dans la rue. Dans les transports en commun,
beaucoup de passagers lisent. Aujourd’hui, les
liseuses électroniques ont souvent remplacé le
livre papier dans le métro. Les Russes sont de
grands lecteurs, qu’il s’agisse de « grande » littérature, de polars ou de romans sentimentaux. Au
plus fort de la répression et de la censure soviétique, même lorsque le ravitaillement alimentaire
était défaillant, les librairies étaient pleines à
craquer d’ouvrages certes « autorisés », mais
parmi lesquels figuraient les classiques et, à
certaines périodes, la littérature étrangère. Le
tout pour quelques kopecks.
Marchandage
Le marchandage n’est traditionnellement pas
dans la mentalité russe. Le prix étant considéré
comme mûrement réfléchi et juste, il n’est nul
besoin de discuter pendant des heures. C’est un
peu moins vrai maintenant, mais les vendeurs
russes rechignent toujours à se livrer à ces
palabres ou font mine de ne pas y être sensibles.
Néanmoins, si le prix annoncé vous paraît trop
élevé, c’est sans doute que le vendeur sait
qu’il a affaire à un étranger et il faut tenter de
marchander. Cela peut marcher. En revanche,
La Russie en 30 mots‑cLés √ 41
dans le Caucase et partout ailleurs dans les
marchés, le marchandage est une règle et un
art. Ne pas s’y conformer paraîtrait douteux.
Dans ces régions méridionales, si vous ne parlez
pas russe, les doigts feront très bien l’affaire.
Minute de silence
Monuments commémoratifs
On en trouve partout en Russie. Ils rappellent
l’immense mobilisation que Staline avait
organisée lors de la Deuxième Guerre mondiale
contre l’envahisseur nazi. Aussi, les héros de
cette « Grande Guerre patriotique » peuplent-ils
encore tous les coins du pays.
Les héros célébrés sont aussi ceux de la révolution d’Octobre. Les monuments qui exaltent les
vertus du travail et du courage, des paysans et
ouvriers sont toujours là, même si les signes trop
staliniens en ont été effacés. Les monuments
prennent des formes différentes, de la traditionnelle flamme au soldat inconnu aux chars T-34,
produits en masse par l’industrie soviétique et
qui ont permis de battre l’envahisseur nazi. Le
samedi, il n’est pas rare de voir des cortèges de
mariage se rendre auprès de ces monuments
afin de se souvenir du sacrifice consenti par
toute une nation.
Morjy
« Morses », nombreux en russe. Ce nom ne dit
peut-être pas grand-chose et pourtant l’image
est devenue un cliché relayé par tous les films et
médias tant il semble « exotique ». Les morjy, ce
sont tout simplement ces baigneurs téméraires
qui piquent une tête dans l’eau après avoir
pratiqué un trou dans la glace.
Musique
Ceux qui ont voyagé en URSS s’en souviennent :
il était difficile de déjeuner ou de dîner sans subir
les assauts sonores du sempiternel orchestre.
Mystique
Vous avez oublié votre sac en sortant de chez
vous ? Alors prenez le temps de passer devant le
miroir lorsque vous rentrez pour le chercher afin de
déjouer le mauvais œil. Votre couteau est tombé ?
Quelqu’un ne va pas tarder à sonner à la porte…
Autant de croyances profondément ancrées
chez les Russes qui cultivent une passion pour
le mysticisme et l’ésotérisme. Cette passion est
ancienne, on peut penser à la figure du « fol en
christ », sorte d’idiot béat et prophète qui peuple
l’histoire et l’art russes, notamment dans l’opéra
Boris Godounov de Modeste Moussorgski adapté
de la pièce de Pouchkine.
La révolution et son héroïsme participent aussi
d’une certaine mystique. Si le communisme
comportait une certaine forme de mysticisme,
depuis les années 1990, les médecines chinoises,
rebouteux et autres chamanes font fureur à
Moscou et dans les grandes villes russes.
Aujourd’hui, la foi orthodoxe fait son grand retour.
Pakiet
Le pakiet, le fameux sac en plastique, n’est pas,
comme en France, une chose futile que l’on trouve
gratuitement et que l’on jette en rentrant chez
soi. Ici, on s’en sert jusqu’à l’usure et, suivant
la saison, certains motifs et marques sont plus
tendance que d’autres. En URSS, on se promenait
toujours avec en poche un pakiet plié en huit,
histoire d’être prêt à acheter quelque article de
consommation courante depuis longtemps absent
des magasins et soudain reparu. On appelait
ces sacs « au cas où… ». Aujourd’hui, même
s’il n’est peut-être pas très chic, le pakiet est un
accessoire qui vous deviendra vite indispensable,
surtout en hiver. Plus de problèmes de fermeture
Eclair et de mains frigorifiées : tout votre sac est
à portée de moufle. Les babouchkas se sont
spécialisées dans la vente de sacs en plastique.
Les pieds dans la neige et le regard ailleurs,
elles survivent en vendant des logos Dolce et
Gabbana ou Versace, à la sortie du métro ou à
l’entrée des marchés.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Avant de partir pour un long voyage, les Russes
ont l’habitude de s’asseoir en silence quelques
instants en compagnie de leurs proches. Après
les derniers préparatifs et avant de courir à la
gare, ils prennent le temps. De quoi ?
C’est selon : le temps de passer en revue ce que
l’on aurait pu oublier, le temps de s’imprégner
une dernière fois d’un lieu et de son ambiance,
le temps d’une prière…
Si vous séjournez longtemps en Russie, vous n’y
couperez pas. Entre deux moments d’agitation
(retrouver le billet, boucler la valise, écouter
mille et un conseils, rouvrir la valise et cavaler
sur le quai de la gare, boire une dernière vodka,
embrasser tout le monde), cette pause sereine et
recueillie est toujours un instant aussi saugrenu
que touchant.
Aujourd’hui, les baffles ont remplacé les
musiciens, mais c’est toujours une tendance forte :
les cafés en plein air, les marchés, les magasins,
les restaurants sont souvent « sursonorisés ».
La musique la plus diffusée pour attirer la
clientèle est la popsa, la pop russe dont les
seules représentantes à avoir dépassé la frontière
russe sont les duettistes du groupe t.A.T.u.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, beaucoup
d’étrangers râlent contre ce fond sonore quasi
obligatoire, mais ne manquent pas d’acheter une
compilation avant de rentrer (vous verrez, vous
le ferez aussi). On finit par s’attacher à cette
musique, qui, une fois rentrée dans nos pénates,
rappelle les bons moments passés en Russie.
42 Æ La Russie en 30 mots‑cLés
Peuples autochtones
Le lien entre la religion orthodoxe et l’identité
russe est aussi complexe que la Russie ellemême. La Russie doit son existence à la foi
chrétienne adoptée au IXe siècle par la Rus’, la
Russie ancienne. L’aspect non universaliste que
prend l’orthodoxie russe après le schisme de
1054 l’oriente vers la définition d’un territoire
donné sur lequel imposer la foi orthodoxe, à
l’opposé de l’Eglise catholique. L’occupation
des terres russes par les Tatares à partir de
1240 et la collaboration de certains princes à
cette occupation, contribuent à renforcer le
pouvoir symbolique de l’Eglise, seule institution
à résister aux barbares. Malgré le schisme
interne à l’église orthodoxe au XVII e siècle,
qui verra apparaître les Vieux Croyants, et
l’inféodation du pouvoir spirituel au pouvoir
temporel avec la création du saint synode par
Pierre le Grand, l’Eglise conserve l’adhésion des
masses. Une adhésion qui ne connaîtra qu’une
courte parenthèse à la révolution. Et si l’URSS
a lutté contre la religion, le peuple y est resté
profondément attaché. Le petit Vladimir Poutine
n’a-t-il pas été baptisé dans le secret d’une
cave de son quartier de Saint-Pétersbourg,
alors même que dans le pays la dernière grande
campagne anticléricale battait son plein ?
Un attachement problématique dans un pays
qui revendique toutes les grandes religions
(christianisme, islam, judaïsme, bouddhisme,
chamanisme) et qui ne permet pas de résoudre
la crise identitaire d’un pays divers qui se veut
monolithe.
Autochtones, indigènes, locaux… Le politiquement correct s’emmêle les crayons pour désigner
une trentaine de peuples colonisés de longue
date par les Russes. Leur situation est variable,
mais d’une manière générale leur sort n’est pas
enviable. Méprisés par les premiers colons russes,
acculturés par des décennies de communisme,
les peuples du Grand Nord oscillent entre, d’une
part, un sombre désespoir meublé par l’alcool
et des taux de suicide élevés et d’autre part, un
retour refuge vers un mode de vie traditionnel
où la nature reprend tous ses droits. Le sort des
peuples du Caucase n’est guère plus enviable,
tour à tour envahis, montés les uns contre les
autres, déportés… Leur méfiance vis-à-vis des
Russes est compréhensible et parfois violente.
© STÉPHANE SAVIGNARD
Orthodoxie
Église de la Transfiguration, Kiji.
Queue
A l’étranger, l’image de la Russie est marquée
par ces longues files d’attente, immobiles et
obstinées, devant des magasins vides, le premier
Mac Do, les banques ou les guichets de gare.
En Russie, attendre est un art et une discipline.
Ne vous avisez jamais de doubler quelqu’un dans
une file. Cela ne se fait pas et vous risqueriez
de prendre des coups de cabas. Les gares
constituent un excellent terrain d’entraînement.
Souvent, en arrivant pour prendre sa place à la
fin de la queue, on demande « Kto posliedni ? »
(« Qui est le dernier ? »). En effet, la personne
qui est devant vous peut ne pas être ce dernier,
qui, lui, est parti acheter un journal ou faire un
tour, en demandant à ce qu’on garde sa place.
La Russie en 30 mots‑cLés √ 43
Sur le marché ou devant un kiosque, une longue
file attire naturellement les passants : c’est
signe que la marchandise est peu chère. Vous
entendrez alors cette question déroutante,
digne d’un film des Monty Pythons : « na chto
ochered ? » (« qu’est que les gens attendent à
cette queue ? »), le plus déroutant étant souvent
que vous ne savez pas vous-même.
Rencontres
Samogon
La vodka est la boisson nationale, mais si vous
séjournez à la campagne, vous vous apercevrez
que pour les moins riches, ce breuvage reste
cher. Aussi, la vodka est-elle supplantée par
le samogon, des mots sam (« soi-même ») et
ogon (« feu »). Ce que nous comparerons à
une « gnôle » présente des caractéristiques
variées. Dans le pire des cas, il s’agit d’alcool de
contrebande coupé de substances peu recommandables, voire toxiques pour l’être humain.
Le vrai samogon est fait maison. Un alambic
est bricolé, installé dans une salle de bain et
l’alcool est vendu sous le manteau ou échangé.
Tout dépend ensuite des talents du bouilleur de
cru. Cependant, il est sage de réfléchir à deux
fois lorsqu’on vous propose cette boisson. Le
samogon préparé dans les règles de l’art est
une vodka artisanale titrant jusqu’à 70° et
parfois agrémentée de baies ou d’aromates. A
consommer avec modération !
Saumon
Le saumon est très présent dans les rivières du
nord de la Russie européenne. Il existe d’ailleurs
des agences de voyages qui proposent de passer
plusieurs jours consacrés à la pêche au saumon
dans la région de Mourmansk. Pour les moins
téméraires et les plus gastronomes, le saumon
est très présent dans la cuisine russe, cru,
grillé, bouilli, en soupe et accompagné, c’est
la tradition, d’un verre de bière ou de vodka.
Ce mot que l’on entend souvent résonner aux
informations signifie « l’homme fort » et il
désigne les hommes politiques russes issus des
anciens services de sécurité ou de l’armée. Ces
« guébistes » (cadres de l’ex-KGB) ont massivement intégré l’équipe politique de Vladimir
Poutine. Les opinions des russes à leur sujet
sont partagées. Pour certains « ils menacent
la démocratie », pour d’autres, ils constituent
un contrepoids nécessaire aux oligarques. Ils
sont des figures de proue de la vie politique
russe actuelle.
Steppe
La steppe est entrée au panthéon des symboles
nationaux russes tout autant que les bulbes de la
cathédrale Basile-le-Bienheureux à Moscou. Ce
paysage si particulier, très présent notamment
dans le sud de la Russie occidentale (depuis
Rostov jusqu’à Astrakhan) donnerait presque à
la monotonie un aspect grandiose. Les longues
étendues de terre sèche à la végétation rase
ont été les routes préférées des envahisseurs
depuis la Russie ancienne (la Rus’) jusqu’à la
fin du joug tatar-mongol au XVIe siècle.
Un Russe ne vous parlera pas sans une émotion
réelle de la steppe, pendant méridional de la
toundra. La steppe qui s’étend sur plus de
3 500 kilomètres de Rostov au Kazakhstan est
même souvent affublée de l’adjectif « velikyi »,
grandiose.
Thé
Très répandu et très consommé dans toute la
Russie. Vous aurez cependant des difficultés
à trouver du vrai thé russe au goût particulier,
puissant et un peu fumé. Non seulement dans
les hôtels, mais même dans les boutiques où
malgré l’emballage et l’inscription en russe,
il vient à 90 % d’Inde ou de Ceylan. Ce n’est
pas dramatique puisqu’il est assez bon, mais
les intransigeants de la couleur locale risquent
d’être déçus.
Faites les boutiques avec un Russe si vous
voulez avoir une chance de dénicher de l’authentique. Près de Rostov, une fabrique produit
un excellent thé russe que vous trouverez à
l’hôtel du Kremlin : il est même possible d’en
acheter, alors qu’il est introuvable en magasin.
Si vous êtes invité chez des Russes, ne vous
inquiétez pas si l’on ne verse dans votre tasse
qu’un peu de thé noir. On l’allongera aussitôt
avec de l’eau bouillante. Certains cafés et
restaurants servent ce « thé du pauvre », une
mixture très concentrée sur laquelle on verse
de l’eau.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Les Russes aiment bavarder et il semble que leur
soif de connaissances et de découverte de tout
ce dont ils ont été privés pendant trois quarts
de siècle ne soit toujours pas étanchée. Dans
les trains, dans la rue, dans les musées ou les
restaurants, il est courant de se faire aborder le
plus simplement du monde, juste pour discuter.
La langue est rarement une barrière. En effet, les
Russes, notamment les jeunes, parlent anglais
ou allemand, parfois même français. Sinon, ils
trouveront un moyen de communiquer. Il peut
arriver – c’est toujours très drôle – que leur
technique se limite à vous parler plus fort, mais
toujours en russe !
Siloviki
© STÉPHANE SAVIGNARD
44 Æ La Russie en 30 mots‑cLés
Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg.
Théâtres
Les Russes aiment beaucoup aller au théâtre et
ce puissant outil de propagande était largement
financé par l’Etat soviétique. De cette époque, il
reste un réseau dense de théâtres à Moscou et
Saint-Pétersbourg, mais aussi dans les régions.
Les prix sont accessibles et les Russes s’y
rendent très régulièrement vêtus de leurs plus
beaux atours. Même pour un étranger ne parlant
pas un mot de russe, ces spectacles sont captivants tant les mises en scène sont parfois avantgardistes. L’opéra de Novossibirsk est un vrai
bijou culturel. Mais de façon plus surprenante,
c’est la ville industrielle de Kemerovo qui a donné
à la Russie son plus grand dramaturge contemporain, Grichkovets, qui se produit fréquemment
à Paris et à Avignon. Quant à la marionnette,
cet art national russe, ce serait un euphémisme
de dire qu’elle a connu une renaissance en
Sibérie… Entre Vladimir Zakharov, originaire de
Tomsk, qui a inventé une forme révolutionnaire
de marionnette (la marionnette aux poignets)
et Evgeni Ibrahimov qui a fondé un théâtre de
marionnettes avant-gardiste en Khakassie,
les petites poupées sont toujours à l’honneur.
Toast
Tout est prétexte à boire un verre de vodka, y
compris les toasts ( « je lève mon verre à… »)
que chacun porte tour à tour en y allant de son
petit discours. Si l’on est très nombreux, on peut
passer son temps à se lever et se rasseoir pour
tous ces toasts successifs. C’est grisant et un peu
enivrant. Sachez qu’il ne faut surtout pas boire
sans qu’un toast ait été prononcé. C’est une réelle
offense pour un Russe. D’ailleurs, les Russes qui
viennent en France sont choqués de nous voir
enchaîner machinalement des verres de vin rouge
à table en omettant la pratique du toast. Il est bon
de savoir que les trois premiers toasts suivent un
rituel très défini. On boit d’abord à la rencontre,
puis à nous, puis à l’amour. Il y a bien entendu des
variantes locales. Dans le Caucase, le toast est
même un mode de vie à part entière. Les Ossètes
affirment que pour qu’un repas soit réussi, il faut
faire 99 toasts. Toutefois vous pourrez négocier
une version « light » de 7 toasts. Il existe même une
profession Tamada (mot emprunté au géorgien), qui
est une personne en charge d’animer les toasts.
Dans tous les cas, vous pouvez refuser de boire
sans vexer vos hôtes... à partir du quatrième verre !
Vodka
La boisson russe par excellence. Les vodkas
diffèrent selon leur teneur en alcool (40-50°),
le degré de sa rectification et le supplément en
sucre (0,1-0,2° seulement). A la vodka vendue
dans les kiosques, préférez celles en bouteilles
fermées par des capsules à vis, vendues dans
les magasins. Pour la boire comme les Russes, il
faut la boire cul sec, non pas par petites gorgées
comme le font les touristes. C’est de cette
manière et sans la mélanger au cours du repas
avec une autre boisson alcoolisée qu’elle est la
plus appréciable, met de bonne humeur et ne
rend jamais malade. Les plus raisonnables se
contentent d’un ou deux verres par repas (des
petites doses de 5 cl environ), mais quand la
fête bat son plein, les toasts et les dégustations
ne se comptent plus. Cette boisson divine, qui
réchauffe le cœur et le corps, est rarement
un tord-boyaux et vous aurez l’occasion, en
comparant les marques, d’en apprécier la qualité
à des tarifs vraiment bas. Nous vous recommandons la « Russki Standart » et « Zelenaya
Marka ». En Russie, la vodka est présente à
chaque moment de la vie et même au-delà
puisque l’un des rites funéraires prévoit de
La Russie en 30 mots‑cLés √ 45
forêt !). La vodka, vous l’avez déjà compris, est
bonne en toutes circonstances, du mal de gorge
au coup de blues, en passant par la migraine,
l’aphonie (en compresses), le mal de dents (en
gargarismes), la colique (avec du sel), l’ulcère à
l’estomac (il faut tout de même qu’elle contienne
l’herbe médicinale), les plaies (c’est un puissant
antiseptique) et les moustiques.
Zek
Abréviation de zaklioutchionnyi (prisonnier). La
première image qui vient à l’esprit lorsqu’on parle
de la Russie du nord et de la Sibérie est celle
des camps. Triste réputation. Si cette époque
est heureusement révolue, la gigantesque entreprise du Goulag a laissé ses empreintes dans
le paysage russe, mais aussi dans les esprits.
Nombreux sont les anciens zeks qui sont restés
sur place après la fermeture des camps. Le sujet
n’est pas exactement tabou, mais il ne fait pas
non plus l’objet d’un travail de mémoire très
actif. Entre 10 et 18 millions de personnes ont
été détenues dans les camps de concentration
du Goulag, sans compter les millions de déportés
dans d’autres régions de l’URSS. L’un des zeks
les plus célèbres est Alexandre Soljenitsyne
(1918-2008), prix Nobel de littérature et auteur,
entre autres, de L’Archipel du Goulag.
Faire / Ne pas faire
Faire
ww Si vous êtes invité chez des Russes, apportez un petit cadeau : quelque chose de votre
pays, des chocolats, une bouteille de vin…
ww Lorsque vous pénétrez dans un appartement russe, enlevez toujours vos chaussures.
On vous donnera tout de suite une paire de tapotchki (pantoufles).
ww Les hommes doivent observer scrupuleusement les règles de la galanterie vis-à-vis
des femmes (tenir la porte, proposer de porter un objet lourd à leur place, payer l’addition
sans même dire « je vous invite », puisque cela va de soi). Les Russes y attachent en effet
plus d’importance que nous.
ww En train, lorsque vous déballez votre casse-croûte, partagez avec vos voisins de
compartiment. Ils feront de même spontanément.
Ne pas faire
ww Serrer la main à quelqu’un sur le seuil d’une porte. Il faut que les deux personnes
soient du même côté, sinon ça porte malheur.
ww Si vous offrez des fleurs, faites attention à ce que leur nombre soit toujours impair,
sauf à l’occasion d’un enterrement.
ww Quand on vous sert de la vodka, ne buvez pas avant d’avoir trinqué. Et ne déclinez
surtout pas une invitation à porter un toast, quitte à dire des banalités ; si vous ne parlez
pas russe, on vous demandera parfois de le faire dans votre langue maternelle. Ne sirotez
pas votre verre, buvez-le d’un trait.
ww N’allumez pas une cigarette à une bougie.
ww Ne sifflez pas à l’intérieur, car cela entraînerait la ruine de ceux qui habitent là.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
placer à table une assiette et un verre de vodka
à l’intention du défunt. De même au cimetière
où l’on installe à côté de la tombe visitée une
petite table, une chaise, quelques parts de gâteau
et un ou deux verres de vodka pour permettre
aux proches de se sentir moins accablés. Entre
autres prétextes à la consommation, il y a les
toasts, mais aussi des légendes qui donnent
l’occasion de lever le coude. Ainsi celle de ce
prince amoureux d’une femme si belle (buvons à
sa beauté !) qu’elle en était presque inaccessible.
Il lui fallut des mois, peut-être même des années
pour la convaincre de l’épouser. Lorsqu’enfin
elle consentit à le faire, ce fut en posant une
condition à son fiancé : qu’il la laisse aller une
fois par mois, la nuit, où bon lui semble, sans
rien lui demander et sans la suivre. Le fiancé
accepte, ils se marient (buvons aux nouveaux
mariés !) et, une fois par mois, la jeune épouse
s’en va après la tombée de la nuit. Au bout de
quelques mois, le prince, n’y tenant plus, décide
de percer le mystère : il attend que sa femme
quitte le château et la suit (buvons à la sagesse
des maris !). Elle s’enfonce au plus profond de la
forêt, il la suit toujours ; elle s’arrête devant un
gros cèdre, en fait trois fois le tour et réapparaît,
transformée en un monstrueux serpent (buvons
à la femme qui ne devient serpent qu’une fois
par mois et qui, pour cela, va se cacher dans la
Survol de la Russie
Géographie
La partie européenne de la Russie s’étend sur
3 000 km du nord au sud et près de 2 250 km
d’est en ouest. Malgré ces distances impressionnantes, cela représente tout juste le quart
de la superficie totale du pays. C’est toutefois
la zone la plus peuplée (70 % de la population
totale). La frontière naturelle du territoire
est l’Oural dans sa partie orientale. Sur ses
marges occidentale et méridionale, la Russie
partage des frontières avec l’Azerbaïdjan, la
Géorgie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Lituanie,
la Pologne, la Lettonie, l’Estonie, la Finlande
et la Norvège.
Relief et zones géographiques
© ABADESIGN / SHUTTERSTOCK.COM
Le territoire est marqué par les grands fleuves
et les grandes plaines du sud et du centre de
la Russie. Toutefois, le Caucase tranche avec
ce paysage, plusieurs sommets dépassant
les 4 000 m.
wwLe Nord et le Grand Nord. Délimité par
Saint-Pétersbourg à l’ouest, la chaîne de l’Oural
à l’est, et s’étendant au nord jusqu’à l’océan
Arctique, bien au-delà du cercle polaire, le
Nord russe au sens large est une terre froide,
Le Kremlin et la rivière Moskova
qui donne son nom à Moscou.
humide, inhospitalière, mais bien souvent d’une
beauté envoûtante.
wwLe Nord est constellé de lacs de tailles très
variables. Le lac Ladoga et ses 18 000 kilomètres
carrés est le plus grand d’Europe. Certains
de ces lacs sont couverts de milliers d’îles
dont les plus petites ne font pas plus de 1 m²
et abritent parfois des trésors d’architecture,
comme l’île Kiji ou les îles Solovetski. Si le Nord
est une région relativement plate, quelques
massifs montagneux émergent tout de même :
les monts Khibiny notamment, culminant à
plus de 2 000 m et bordant la toundra dans la
presqu’île de Kola, sont d’une étonnante beauté.
Leur position boréale fait qu’ils sont enneigés
presque toute l’année.
wwLa Russie centrale et occidentale.
La Russie centrale est marquée par la
prédominance des forêts et des rivières. La
région est traversée par la Volga, le plus grand
fleuve d’Europe. Ce fleuve majestueux est
l’un des symboles auxquels les Russes sont
le plus attachés. La « Mère Volga » a inspiré
plus d’un artiste, a joué un rôle majeur dans
l’histoire du pays et a même donné son nom au
modèle de voiture haut de gamme soviétique.
Longue de 3 350 km, la Volga alimente un
bassin fertile et prospère et constitue une
voie de communication vitale pour l’économie
russe. Le Sud de la Russie centrale est plus
aride avec le début de la grande steppe qui
s’étend de l’Ukraine au Kazakhstan. Cette
aridité prend fin là où les premières rivières
s’écoulent depuis les contreforts du Caucase.
wwLe Caucase et le littoral de la mer Noire.
Le littoral de la mer Noire n’est pas très grand :
400 km sur la mer Noire et 350 km sur la mer
d’Azov. Néanmoins, la végétation luxuriante et le
climat presque tropical lui assurent un nombre
très important de visiteurs. Notamment dans sa
partie sud surplombée par le Caucase. S’étendant
à la jonction de l’Europe et de l’Asie, entre la
mer Noire et la mer Caspienne sur 1 200 km,
le Caucase couvre deux continents et cinq pays
(Russie, Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie).
Son point culminant, le mont Elbrouz, avec ses
5 642 m, est le plus haut sommet d’Europe. On
distingue trois grande parties dans le massif
caucasien : le Caucase Nord est la partie la
© BUDKOV DENIS – SHUTTERSTOCK.COM
suRvoL De La Russie √ 47
plus imposante avec de nombreux glaciers et
pics enneigés et marque la frontière entre la
Russie et la Géorgie. Le Caucase Sud ou « petit
Caucase » couvre l’Arménie et une partie de la
Géorgie. Son altitude moyenne est de 2 000 m.
wwl’Oural s’étend des côtés de la chaîne de
montagnes du même nom, du nord (mer de
Kara) au sud (Kazakhstan). C’est ausssi la ligne
de partage des eaux.
wwLa Sibérie occidentale s’étend de l’Oural au
Ienisseï ; sa superficie est de 3 millions de km2.
Ce gigantesque Nord-Ouest saturé d’eau est
riche en gisements de pétrole et de gaz. Les
marécages couvrent un tiers du territoire. Elle
comprend les régions de Tioumen, d’Omsk,
de Novossibirsk, de Tomsk, de Kemerovo, le
territoire de l’Altaï, les régions autonomes de
Gorno-Altaï et des Yamal-Nenets.
wwLa Sibérie orientale s’étend du Ienisseï
à la ligne de partage des eaux des chaînes
montagneuses de l’océan Pacifique et couvre
4,1 millions de km2.
wwL’Extrême-Orient russe s’étend sur
4 500 km le longueur, du littoral de l’océan
Pacifique, de la presqu’île des Tchouktches
jusqu’aux frontières de la Corée et du Japon,
et couvre 3,62 millions de km2. Ce territoire
est essentiellement montagneux. Les crêtes
de chaînes de la presqu’île volcanique du
Kamtchatka culminent en haute altitude
(Klioutchevskaïa Sopka, 4 750 m). Font
également partie de cette région les îles
Aléoutiennes, les îles Kouriles et l’île Sakhaline.
Le climat y est extrêmement rigoureux. Cette
région reste sous les glaces de 200 à 270 jours
par an. Au nord de la plaine, l’hiver est long et
rigoureux, l’été humide et frais. Dans les régions
méridionales, l’hiver est moins froid, l’été est
chaud et sec. Les températures moyennes de
janvier varient de – 25 °C au nord à – 18 °C
au sud ; en juillet, elles varient entre + 2 °C
et + 22 °C.
Les mers
Les mers sont nombreuses à border la Russie.
Au sud-est, la mer Caspienne est la grande mer
fermée au monde. La mer d’Azov, avec une
superficie de seulement 38 000 kilomètres
carrés, se jette dans la mer Noire. Cette dernière
est aussi « enclavée » avec une seule sortie vers
la Méditerranée par le détroit du Bosphore. Au
nord-ouest, la mer Baltique offre une ouverture
sur les pays Baltes et la Scandinavie. Au nord,
la mer de Barents et la mer Blanche, qui toutes
deux font parties de l’océan glacial Arctique,
sont souvent gelées l’hiver. Pour la Sibérie
et l’Extrème-Orient, les quatre mers du nord
sibérien (Kara, Laptev, mer de Sibérie Orientale
et mer de Tchoukotsk) forment une partie de
l’océan glacial Arctique et sont gelées une partie
de l’année. La façade Pacifique est composée
de mers partiellement fermées (mer de Béring
par les îles aléoutiennes, mer d’Okhotsk par le
Kamtchatka et la mer du Japon par les îles de
l’archipel japonais). Cette variété de mers n’est
donc en rien un désenclavement de la Russie.
Ce qui explique la volonté récurrente d’obtenir
un accès à la mer et aux routes maritimes.
Pourtant, ce désenclavement arrivera peut-être
dans une dizaine d’années avec le réchauffement
climatique et l’ouverture de la route nord des
échanges Europe – Asie, par l’océan glacial
Arctique, devenu suffisamment peu glacial
pour permettre le passage des tankers et autres
porte-conteneurs.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Ours bruns de la pe ninsule du Kamchatka.
48 Æ suRvoL De La Russie
Les fleuves et les cours d’eau
La Russie est un pays de rivières et de fleuves
et depuis ses origines, ceux-ci ont joué un rôle
déterminant dans son histoire. Dans la partie
européenne, les plus importants sont la Volga
qui se jette dans la mer Caspienne (3 350 km), le
Don qui se jette dans mer d’Azov (1 950 km) et
l’Oka qui conflue avec la Volga à Nijni-Novgorod
(1 500 km). La Volga termine sa longue route
dans une zone de steppe autour d’Astrakhan
en formant un gigantesque delta. En Sibérie,
les grandes fleuves se jetant vers le nord sont
l’Ob, le Ienisseï (4 000 km), la Lena (4 400 km).
L’Amour (4 400 km) se jette dans le Pacifique,
en face de l’île de Sakhaline. Lac plutôt que
mer, le Baïkal est la plus grande réserve d’eau
douce au monde.
Climat
La Sibérie est soumise à un climat rude : presque
partout, la température moyenne annuelle est de
0 °C, mais elle peut descendre jusqu’à – 18 °C
au nord-est. L’hiver est toujours long et froid.
L’été est chaud dans la partie septentrionale
de la Sibérie : il peut faire de 30 °C à 35 °C
à Novossibirsk par exemple. La rudesse du
climat sibérien se traduit non seulement par
le gel en profondeur du sol chaque hiver, mais
également par la formation d’un « gel éternel »
(permafrost) des couches souterraines. Au
nord, le « territoire gelé » représente plus de
6 000 km2 et l’épaisseur de la couche gelée
oscille entre 200 et 500 m sous terre (jusqu’à
– 1 500 m dans le bassin de la rivière Markha).
Voici quelques exemples de températures
moyennes :
© STÉPHANE SAVIGNARD
Même si la Russie traîne une image de pays
de l’éternellement froid, elle recèle une grande
variété de climats. Le Grand Nord subit les rudes
hivers ainsi que les courts étés du climat polaire,
et il peut faire très froid, jusqu’à - 50 °C dans
la région de Mourmansk. La Russie centrale
est caractérisée par un climat continental. Le
printemps et l’automne sont très courts. L’hiver
dure de novembre à avril, l’été de mi-mai à
septembre. Dans le Sud, les climats peuvent être
presque tropicaux dans certains golfes du littoral
de la mer Noire. A noter que la région des eaux
minérales du Caucase (Kislovodsk, Piatigorsk)
bénéficie d’un exceptionnel ensoleillement de
plus de 280 jours par an en moyenne : un bon
moyen de reprendre des forces lors du long
hiver moscovite sans aller jusqu’en Thaïlande.
Vaches dans le village de Listvianka, sur les berges du lac Baïkal.
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
Astrakhan
-4,8
-4,7
1
11
18
23
25
23
17
10
3
-1,8
Ekaterinbourg
-13,6
-11,6
-4,2
4,4
11,1
16,9
18,5
15,3
9,5
2,4
-6,3
-10,7
Irkoutsk
-18,3
-15,2
-7,1
2,1
9,7
15,2
17,7
15,5
8,9
1,3
-7,8
-15,2
Kaliningrad
-1,9
-1,4
1,7
6,6
12,1
15,4
17,4
17,1
12,7
8,2
3,1
-0,1
Moscou
-10
-9
-4
4
12
16
19
17
11
4
-2
-7
Mourmansk
-10
-10
-7
-1
4
9
13
11
7
1
-4
-8
Novossibirsk
-16,2
-14,7
-7,2
3,2
11,6
18,2
20,2
17
11,5
3,4
-6
-12,7
Petropavlovsk-Kamtchatski
-8,4
-7,7
-5,5
-1,5
2,7
7,2
10,7
11,7
9
4,4
-2,1
-6,4
Rostov-sur-le-Don
-5
-3
2
11
17
21
23
22
17
9
4
-1
Saint-Pétersbourg
-8
-8
-4
3
10
15
18
17
11
5
0
-5
Sotchi
6
6
8
12
16
20
23
23
20
16
11
8
-12,6
-9,2
-2,1
4,7
9,6
13
17,7
19,6
15,6
8,6
-1
-9,1
-41
-36
-22
-6
7
15
19
15
6
-9
-29
-39
Yakoutsk
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Vladivostok
suRvoL De La Russie √ 49
Janvier
50 Æ suRvoL De La Russie
Environnement – écologie
© STÉPHANE SAVIGNARD
la principale base de sous-marins nucléaires
soviétiques garde des traces de ce passé et de
nombreux hectares sont fermés au public car ils
recèlent des déchets nucléaires. Le nord-est de
la partie européenne de la Russie est marqué
par une récurrence de pluies acides.
Le mouvement vert
Fleurs du Baïkal.
Les grands fleuves russes sont victimes de la
pollution industrielle ; dans la Volga, les esturgeons ne remontent plus de la mer Caspienne,
ce qui provoque une baisse de la production de
caviar. Le problème est d’importance mondiale,
puisque la Caspienne concentre à elle seule
90 % des bancs d’esturgeons de la planète.
La Neva, qui arrose Saint-Pétersbourg, est
contaminée par les rejets de produits chimiques
provenant du lac Ladoga, où la rivière prend sa
source. Plusieurs plages de la mer Baltique, du
fait de ces pollutions, ont été fermées. Dans
les centres industriels, on note l’apparition
de maladies chroniques, notamment chez les
enfants : allergies, insuffisances respiratoires,
cancers… Les grandes cités, comme Moscou
et Saint-Pétersbourg, voient leur air fortement
pollué, la teneur en anhydride sulfurique (SO2)
étant dix fois supérieure au niveau de la cote
d’alerte en France. Les entreprises sont vétustes
et ne possèdent pas d’installations de filtrage.
Le rejet des matières toxiques dans l’eau et
dans l’atmosphère se fait sans tenir compte des
risques. Dans le Nord plus spécifiquement, la
région de Mourmansk dans laquelle se trouvait
En Russie, les scientifiques, les artistes et le peuple
restent très proches de la nature, par tradition et
par culture. 34 millions de personnes dans la CEI
font partie d’associations de défense de la nature.
Depuis les années 1960, quand l’écrivain Mikhaïl
Cholokhov dénonçait la pollution du lac Baïkal (en
Russie orientale), le mouvement d’abord informel
de protestation contre la pollution de la Volga, mère
des fleuves russes, et du lac Baïkal, contre le projet
de détournement des fleuves du nord de la Russie
et de la Sibérie, n’a cessé de gagner en force et
en efficacité. L’usine de cellulose qui empoisonne
le Baïkal (un cinquième des réserves mondiales
en eau douce) est sur le point d’être fermée. Lac
et littoral seront classés parc national. L’alerte
terrible provoquée par l’accident nucléaire de la
centrale de Tchernobyl (Ukraine) a également
favorisé une prise de conscience du problème de
l’environnement. Néanmoins, la protection de la
nature est loin d’être généralisée. Le drame de la
mer d’Aral (Turkménistan) le prouve : cette mer
intérieure perd chaque année 1 990 cm au profit
du désert. Sa surface a déjà été réduite de moitié.
De toute évidence, la lutte contre la pollution est
loin d’être gagnée. Selon les récentes révélations
sur Tcheliabinsk-40, dans cette ville secrète au
sud de l’Oural et qui fut interdite pendant près
de 40 ans, on fabriquait du plutonium pour les
besoins de la bombe A. En avril 1993, à Tomsk-7,
une explosion a eu lieu dans une usine de retraitement de combustibles nucléaires, projetant dans
l’atmosphère des déchets radioactifs…
Si les Verts restent aujourd’hui encore marginaux
sur la scène politique, quelques frémissements
écologiques comme la mise en place du tri
sélectif dans certains quartiers de Moscou
permettent d’espérer un changement prochain.
La conscience verte des Russes reste cependant
encore largement tributaire de l’idée selon
laquelle la Russie est vaste, pleine d’espaces
purs… et disponibles.
Parcs nationaux
Compte tenu de l’immensité du territoire
russe, vous ne serez pas étonné d’apprendre
que les parcs nationaux y sont nombreux et
vastes. Une quarantaine de ces gigantesques
parcs composent la Fédération. On les trouve
dans la partie occidentale du pays pour la
majeure partie d’entre eux ainsi que le long
de la frontière sud russe. Si vous séjournez à
suRvoL De La Russie √ 51
Moscou, vous aurez l’occasion de vous rendre
dans le premier parc national russe, le parc
Lossiny Ostrov (l’île aux élans), qui se trouve à
cheval sur le territoire de la ville et sur l’oblast
(région) de Moscou. Les Moscovites aiment
à profiter de ses forêts qui recouvrent 90 %
de la surface totale de ce parc de quelque
116 km2 fondé en 1983.
Faune et flore
wwLes terres noires (tchernoziom). Ce
type de sol est caractéristique de la Russie
méridionale. Il est très fertile car issu de la
décomposition d’anciennes forêts et assure
techniquement l’un des meilleurs rendements
agricoles au monde.
Flore
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Un changement s’opère dans la végétation suivant
un axe nord-sud et vers l’est, formant des zones
clairement définies : désert arctique, toundra,
taïga au nord, forêts puis steppes entrecoupées
de forêts en Russie centrale. Le Caucase, l’Altaï
et Touva ont une végétation de type alpin.
wwLa toundra. Dans la toundra prédominent
mousses, lichens, buissons bas et herbes
vivaces, car le sol est marécageux. Ce sol est
très fragile et la moindre industrie humaine peut
détruire des régions entières. C’est souvent
le cas près des exploitations minières ou
pétrolières. Cette zone couvre l’essentiel du
nord, de l’embouchure de l’Ob à la mer de Béring.
wwLa taïga. La zone de la taïga où conifères et
terrains marécageux prédominent, se caractérise
par un climat relativement frais et humide. Dans
la Russie européenne, elle est présente en
Carélie et dans le Nord (Arkhangelsk). La taïga
couvre presque toute la Sibérie.
wwLa steppe. La région de la Kalmoukie
est spécifique par la présence d’une grande
steppe. Le sol y est aride et la végétation rase,
typiquement de petites touffes d’herbes ou petits
arbustes.
La richesse et la diversité de la faune russe
sont à l’échelle de l’étendue du territoire. La
taïga abrite une grande quantité d’élans, d’ours
bruns et de cerfs, ainsi que des loups dans
certaines régions. La toundra, dans l’extrême
nord, est le domaine du renne qui se nourrit
de la rare végétation même lorsqu’elle est
enfouie sous la neige. Les rives de l’océan
Arctique sont peuplées de phoques, de morses
et d’ours blancs.
C’est dans le Caucase que l’on peut observer
la faune montagneuse, comme le mouflon,
l’ours brun et le chamois. Pour les amateurs
d’espèces rares, la saïga, la seule antilope européenne, se rencontre encore à l’état sauvage
dans les steppes de Kalmoukie. Mais comme
beaucoup d’espèces animales en Russie, elle
est menacée par le braconnage et la pollution
de son espace naturel.
© TATIANA GROZETSKAYA - SHUTTERSTOCK.COM
Faune
L'Akkem, la rivière blanche, traverse l'Altaï.
Histoire
« La Russie est un secret, enveloppé d’un
mystère que dissimule une énigme. » Cette
phrase célèbre, prononcée par Churchill en
1939, semble prendre toute son ampleur au
regard de l’histoire de ce pays. Le premier
trait marquant est la multitude des influences
les plus diverses qui n’ont cessé de venir se
superposer les unes aux autres tout au long
des siècles. Les Varègues, peuple d’origine
normande, apportent à la Russie sa première
organisation institutionnelle.
Puis Byzance prend le relais à partir de la conversion de la Russie à l’orthodoxie au Xe siècle, en
jouant un grand rôle dans le développement
d’une langue écrite, d’une architecture et d’un
art, la peinture d’icônes.
Le joug mongol du XIIe au XIVe siècle est un
élément perturbant, car il coupe la Russie
de l’Europe pendant 250 ans et la prive par
là-même de la période de la Renaissance.
Aussi cet événement expliquera-t-il la tentative
des dirigeants suivants de trouver un modèle
permettant au pays de rattraper le temps perdu
pendant cette époque. Ainsi la Russie s’ouvret-elle radicalement à l’Occident sous l’égide
de Pierre Ier et de Catherine II au XVIIIe siècle,
avant de se voir imposer à nouveau un modèle
tout à fait différent en 1917 : le socialisme,
c’est-à-dire une utopie prenant le pouvoir,
qui, faisant table rase du passé, transforme à
nouveau profondément la société durant 70 ans.
Enfin, depuis la chute de l’Empire soviétique
en 1991, la société s’est ouverte rapidement à
de nouvelles valeurs, jusque-là inconnues : les
lois du marché, l’esprit d’entreprise et l’appétit
de la consommation.
L’histoire de ce pays où se rencontrent deux
continents l’Europe et l’Asie (la chaîne de l’Oural
marque la séparation entre les deux), est pour le
moins mouvementée. En moins d’un siècle, deux
Empires se sont effondrés, l’Empire tsariste en
1917 et l’URSS en 1991, modifiant à nouveau les
frontières. Ainsi différents éléments modèlent la
société russe. Tout d’abord, le rapport problématique du peuple à son identité. Puis le rôle
de la religion comme catalyseur identitaire,
que ce soit dans sa version mystique ou dans
sa version athée sous le communisme. Enfin,
une hésitation permanente entre l’influence de
l’Europe, l’occidentalisme, et celle de l’Orient, le
slavophilisme, qu’illustre à merveille l’opposition
entre les deux grandes villes, Saint-Pétersbourg,
la « fenêtre ouverte sur l’Europe », et Moscou,
éternel refuge des slavophiles.
À l’origine, un territoire immense
Au début de son histoire, la terre de la future
Russie est une plaine immense et monotone,
aux reliefs peu élevés. Les peuples nomades
peuvent facilement la parcourir : des Cimmériens
sont présents au Xe siècle avant notre ère, après
quoi les Scythes dominent la région du VIIe siècle
au IIe siècle avant notre ère, puis les Sarmates
arrivent au IIe siècle av. J.-C. et seront suivis
par d’autres tribus venant du nord et de l’est,
les Huns, les Bulgares, les Khazars, les Goths,
les Wisigoths et les Vandales.
Parmi ces peuples, deux jouent un rôle particulier : les Scythes, qui créent un contact entre les
peuples de la mer Noire et les colonies grecques
du Pont Euxin ; et les Khazars, ce peuple turc qui
a construit un immense empire en Asie centrale
et qui met les peuples des terres russes en
relation avec les Byzantins au VIe siècle (à propos
des khazars, lire l’excellent roman historique de
Marek Halter, Le Vent des Khazars).
Mais il ne s’agit là que de peuples épars, bien loin
de constituer un véritable Etat. Il faut attendre
pour cela les Slaves puis les Varègues, qui vont
donner la première impulsion dans la constitution de la future Russie.
Naissance du premier État
Les véritables ancêtres des Russes sont les
Slaves. Ce peuple originaire du nord-est des
Carpates s’est éparpillé au cours des siècles
adoptant des caractères divers selon le lieu
où il s’est installé. Ainsi est-il à l’origine des
Yougoslaves au sud (youg signifie « sud », ce
sont donc littéralement les Slaves du sud),
au nord, il a donné naissance aux Polonais, à
l’ouest aux Tchèques et aux Moraves et à l’est
aux Russes. Les Slaves s’implantent sur ce
qui deviendra la terre russe entre le VIe et le
IXe siècle de notre ère.
Si les Slaves sont à l’origine du peuple russe,
ils ne sont encore au IXe siècle qu’un ensemble
de tribus éparses et en lutte les unes contre les
autres. Il n’y a aucune unité entre ces dernières,
car au sud, elles sont tributaires des Khazars et
au nord, elles dépendent des Varègues. Aussi,
pour chasser les Khazars et se défendre face
à de nouvelles invasions des nomades turques,
les chefs slaves et varègues procèdent à des
alliances. La légende raconte que les Slaves,
émerveillés par les Varègues, leur auraient dit :
« Notre pays est vaste et fort, mais le désordre
y règne, venez nous servir de princes. »
Chronologie
La Russie avant Moscou
Moscou impériale
ww862 > appel au prince Varègue Rurik.
ww882 > Oleg fait de Kiev la capitale de sa
principauté.
ww988 > baptême de la Russie, sur décision
du prince Vladimir Ier, dit le Saint.
ww1113-1125 > Vladimir règne toujours à Kiev,
mais inquiet de la puissance de Novgorod, il
regarde vers le nord-est. Fondation de la ville
de Vladimir.
ww1136 > Novgorod devient autonome suite à
la destitution de son prince.
ww1147 > Moscou est mentionnée pour
la première fois dans les chroniques. Youri
Dolgorouky, prince de Vladimir aurait remarqué
le site. Subjugué, il décide d’y faire construire
une forteresse (Kremlin) en bois.
ww1223 > bataille contre les Mongols sur les
bords de la Kalka. L’armée russe est défaite.
ww1236 > invasion du mongol Baty, petit-fils
de Gengis Kahn.
ww1238 > la « Horde d’Or » tartaro-mongole
déferle des steppes asiatiques.
ww1240 > l’armée de Baty s’empare de Kiev.
ww1242 > « Bataille de glace » sur le lac Peïpous
ou Tchoudovo : Alexandre Nevski défait les
chevaliers Porte-Glaive.
ww1252-1263 > Alexandre Nevski est grandprince de Vladimir.
ww1547 > Ivan IV le Terrible (1530-1584) est
couronné tsar de Moscou.
ww1552 > Conquête de Kazan.
ww1555-1560 > édification de la cathédrale
Basile-le-Bienheureux, en mémoire de la prise
de Kazan.
ww1558 > début de la guerre de Livonie.
ww1570 > Ivan le Terrible met à sac Novgorod.
ww1571 > le khan Devlet livre Moscou aux
flammes.
ww1582 > fin de la guerre de Livonie. Moscou
perd toutes ses conquêtes sur le territoire
livonien. Début de la conquête de la Sibérie.
ww1584 > fondation d’Arkhangelsk. Mort
d’Ivan IV. Début des luttes de succession et
de la période dite « des troubles ».
ww1591 > mort mystérieuse du tsarévitch
Dimitri, fils d’Ivan le Terrible, à l’âge de 8 ans,
à Ouglitch.
ww1598 > mort du tsar Fiodor.
ww1598-1605 > le Conseil élit tsar Boris
Godounov.
ww1605 > un faux Dimitri est couronné à Moscou
(1605-1613).
ww1606 > assassinat du faux Dimitri par les
boyards. Vassili Chouiski est élu tsar.
ww1609 > Smolensk est assiégée par l’armée
polonaise de Sigismond.
ww1610 > Vassili Chouiski est renversé et
l’héritier de Pologne, Ladislas, est élu par les
Boyards et monte sur le trône de Russie. Les
Polonais s’installent au Kremlin.
ww1611 > prise de Novgorod par les Suédois.
Création de l’armée populaire (opoltchénié)
russe.
ww1613 > l’armée populaire russe libère
Moscou. Michel Romanov est élu tsar.
ww1645-1676 > le tsar Alexis Mikhaïlovitch
succède à son père, Mikhaïl.
ww1652-1666 > patriarcat de Nikon. Ses prises
de positions modernistes, approuvées par le
concile de 1654, provoquent un schisme au
sein de l’Eglise russe.
ww1654 > l’Ukraine fait allégeance à Moscou.
ww1666-1667 > deux conciles condamnent le
schisme et destituent Nikon.
ww1672 > le 6 juin, naissance de Pierre le Grand.
ww1682 > Pierre succède à son frère Fiodor III et
est élu tsar sur la Grande Place. De 1682 à 1689 :
régence de la princesse puis de la tsarine Sophie.
L’ascension de Moscou
ww1325-1340 > Ivan Kalita est prince de Moscou.
ww1328 > le métropolite Pierre transfère à
Moscou son siège de Vladimir.
ww1350 > le monastère de La Trinité est fondé
par Serge de Radonège. La ville développée
autour de ce monastère a retrouvé aujourd’hui
son nom, Serguiev Possad.
ww1359-1389 > Dimitri Donskoy est grandprince de Moscou.
ww1380 > bataille du Koulikovo Polé (Champdes-Bécasses). Le prince de Moscou Dimitri
écrase les armées tartaro-mongoles.
ww1448 > l’Eglise russe devient autocéphale.
ww1462-1505 > début du règne d’Ivan III (né
en 1440).
ww1478 > Ivan III soumet Novgorod.
ww1480 > fin du joug mongol. Ivan III refuse
de payer le tribut.
ww1485 > rattachement de Tver à Moscou.
53
Chronologie
54
ww1787-1791 > deuxième guerre contre la
Turquie.
ww1793 > second partage de la Pologne.
ww1795 > troisième partage de la Pologne.
L’apogée de l’Empire
ww1796-1801 > règne de Paul Ier.
ww1799 > campagne de Souvorov en Italie.
ww1801 > révolte de palais. Paul I er est
assassiné, Alexandre Ier (1777-1825) monte
sur le trône.
ww1807 > paix de Tilsit.
ww1809 > rattachement de la Finlande après
la victoire sur la Suède.
ww1812 > les troupes de Napoléon Ier entrent
en Russie.
ww1814-1815 > Congrès de Vienne.
ww1815 > la Sainte-Alliance, formée par trois
pays monarchiques, la Russie, l’Autriche et
la Prusse, suite à la défaite napoléonienne
pour éviter la guerre et se protéger contre
d’éventuelles révolutions. Rattachement du
grand-duché de Varsovie à la Russie, sous le
nom de tsarat de Pologne.
ww1819 > création de l’université de SaintPétersbourg.
© EVERETT HISTORICAL - SHUTTERSTOCK.COM
ww1689 > Pierre Ier (1672-1725) écarte Sophie
du pouvoir.
ww1699 > rénovation du calendrier par Pierre Ier.
ww1700 > la Russie s’engage dans la Guerre
du Nord. Défaite de Narva.
ww1703 > Pierre le Grand fonde SaintPétersbourg sur les bords de la Baltique.
ww1705-1711 > révolte des Bachkirs.
ww1709 > victoire de Poltava.
ww1712 > la capitale est transférée à SaintPétersbourg.
ww1721 > fin de la Guerre du Nord. Paix
de Nystad. Pierre prend le titre d’empereur
(imperator) en créant l’Empire russe.
ww1722 > instauration de la « Table des Rangs ».
ww1725 > mort de Pierre Ier.
ww1762 > révolte de palais. La garde place
Catherine II (1729-1796) sur le trône.
ww1768-1774 > première guerre contre la
Turquie.
ww1772 > premier partage de la Pologne.
ww1773-1774 >révolte d’Emelian Pougatchev.
ww1783 > rattachement de la Crimée. Le
servage est étendu à l’Ukraine. Le tsar Irakly
de Géorgie fait allégeance à la Russie.
Nicolas II, dernier tsar de toutes les Russies, et sa famille.
55
ww1822 > Moscou est reconstruite en dur,
presque intégralement.
ww1825 > la révolte des décembristes à
Saint-Pétersbourg. L’armée russe est défaite
en Crimée (1854-1856) par les Français et
les Anglais.
ww1833 > édition du Code des Lois.
ww1855 > Alexandre II (1818-1861) monte
sur le trône.
ww1856 > paix de Paris.
ww1858 > paix d’Aigun. La Russie annexe la
région de l’Amour.
ww1859 > conquête du Caucase oriental.
ww1860 > le Conseil de Moscou, sorte de
gouvernement autonome, est élu.
ww1861 > abolition du servage par le tsar
Alexandre II.
ww1881 > assassinat d’Alexandre II à SaintPétersbourg. Alexandre III (1845-1894) monte
sur le trône.
ww1891 > début de la construction du
Transsibérien.
La chute de l’Empire
ww1894 > Nicolas II (1868-1918), le dernier
tsar de Russie, succède à son père.
ww1901 > naissance du Parti socialiste
révolutionnaire.
ww1903 > création de deux groupes rivaux, les
bolcheviks et les mencheviks.
ww1904 > attaque de Port-Arthur.
ww1904-1905 > première révolution russe.
ww1905 > traité de Portsmouth.
ww1905 > le cuirassé Potemkine. Les marins
du Potemkine se mutinent à Odessa.
ww1906 > insurrection armée à Moscou.
ww1912 > parution du premier numéro de La
Pravda le 23 avril.
ww1914 > Première Guerre mondiale.
wwFévrier 1917 > révolution.
wwMars 1917 > Nicolas II abdique le 3 mars, et
un gouvernement dirigé par Kerensky se forme
dans la capitale.
wwOctobre 1917 > le parti de Lénine prend le
pouvoir à Petrograd.
wwJanvier 1918 > création de l’Armée Rouge.
ww3 mars 1918 > paix de Brest-Litovsk.
ww11 mars 1918 > Lénine transfère le
gouvernement soviétique de Petrograd à Moscou
qui devient capitale de la Russie bolchévique.
wwJuillet 1918 > la Constitution de R.S.F.S.R.
(République soviétique fédérative socialiste
de Russie) conclut formellement l’histoire de
l’Empire russe.
ww16 juillet 1918 > fin des Romanov. Nicolas II,
sa femme et ses cinq enfants sont exécutés.
L’URSS : de Lénine à Staline
ww1921 > mise en place de la NEP.
ww1922 > Staline devient Secrétaire général
du parti communiste.
ww1924 > mort de Lénine.
ww1927 > Trotski est écarté du pouvoir.
ww1928-1932 > premier plan quinquennal.
ww1936-1938 > purges staliniennes.
ww1936-1938 > procès de Moscou.
wwMars 1939 > pacte germano-soviétique.
ww22 juin 1941 > les troupes nazies attaquent
l’URSS (22 juin).
ww1943 > reddition de l’armée allemande à
Stalingrad (janvier).
ww1945 > grande victoire.
ww5 mars 1953 > mort de Staline.
De la déstalinisation à la détente
ww1953 > Khrouchtchev succède à Staline.
Mise au point de la bombe H.
ww1956 > le XXe Congrès donne le coup d’envoi
de la déstalinisation. L’URSS met au point sa
bombe H.
ww1961 > Gagarine dans l’espace. Rupture
sino-soviétique et construction du mur de Berlin.
ww1963 > mise en place du téléphone rouge.
ww1964 > Khrouchtchev est destitué : lui
succède une direction collégiale présidée par
Brejnev.
ww1979 > intervention en Afghanistan.
ww1982-1985 > Brejnev, Andropov, Tchernenko
disparaissent tour à tour. Election de Mikhaïl
Gorbatchev au poste de secrétaire général
du PCUS.
La perestroïka
ww1986 > catastrophe de Tchernobyl (26 avril).
ww1986-1988 > Boris Eltsine est chef du parti
communiste de Moscou jusqu’à sa destitution
par ses pairs du Politburo.
ww1988 > fin de la campagne d’Afghanistan.
ww1989 > premières élections à Moscou.
Chronologie
56
ww1990 > l’URSS se dote d’un régime
présidentiel. Mikhaïl Gorbatchev est élu
président de l’URSS par le congrès.
ww1991 > Gorbatchev obtient le prix Nobel
de la paix.
ww12 juin 1991 > Boris Eltsine gagne les élections
présidentielles de la république de Russie.
ww19 août 1991 > putsch manqué des
conservateurs.
ww21 décembre 1991 > conférence d’AlmaAta : l’URSS est dissoute. Gorbatchev
démissionne.
ww25 décembre 1991 > Moscou remplace le
drapeau de l’URSS par celui de la Russie sur
le Kremlin.
La Fédération de Russie
wwDécembre 1992 > Eltsine se sépare de son
Premier ministre libéral, Egor Gaïdar.
ww25 avril 1993 > c’est par un « da » majoritaire
que les Russes ont renouvelé leur confiance à
Boris Eltsine.
ww1995 > élection des membres de la Douma
(chambre basse du Parlement de Russie).
ww1996 > 2e élection présidentielle. Boris Eltsine
est élu pour la 2e fois président de Russie. Youri
Loujkov est réélu maire de Moscou.
ww1996 > la Russie devient membre du Conseil
de l’Europe.
ww12 mai 1997 > fin de la première guerre
de Tchétchénie.
wwSeptembre 1997 > Moscou fête en grande
pompe son 850 e anniversaire, ce qui est
l’occasion d’une vaste campagne de restauration
des monuments de la capitale.
wwJanvier-août 1998 > crise économique
russe.
wwMars 1998 > le Premier ministre
Tchernomyrdine est renvoyé.
wwSeptembre 1998 > Evgueni Primakov est
nommé à la tête du gouvernement russe.
wwMai 1999 > Eltsine limoge Primakov et
nomme Vladimir Poutine à sa place.
wwSeptembre 1999 > début de la deuxième
guerre de Tchétchénie.
ww31 décembre 1999 > Eltsine démissionne
et désigne Poutine comme dauphin.
ww26 mars 2000 > Poutine est élu dès le
premier tour avec 52% des voix deuxième
président de la Russie.
ww23 octobre 2002 > attentat à Moscou contre
le théâtre Doubrovna.
ww7 octobre 2003 > élections présidentielles
en Tchétchénie. Akhmad Kadyrov remporte
les élections.
ww1er septembre 2004 > prise d’otages par un
commando indépendantiste tchétchène dans une
école en Ossétie du Nord. Près de 350 personnes,
dont une majorité d’enfants, meurent.
ww8 mars 2005 > assassinat du président
indépendantiste tchétchène, Aslan Maskhadov,
par les forces de sécurité russes.
ww21 mars 2005 > révolution des Tulipes au
Kirghistan.
ww14 octobre 2005 > attaques en KabardinoBalkarie.
ww25 octobre 2005 > l’oligarque Mikhaïl
Khodorkovski est transféré dans une prison
de Sibérie.
ww14 novembre 2005 > traité d’alliance RussieOuzbékistan d’après lequel une attaque contre
un des deux pays sera considérée comme une
agression contre les deux parties.
ww7 octobre 2006 > assassinat de la journaliste
Anna Politkovskaïa, connue pour ses critiques
à l’encontre de la politique de Poutine, alors
qu’elle était sur le point de publier un article
accusateur sur les atrocités en Tchétchénie.
ww10 décembre 2007 > Medvedev est nommé
par Poutine comme son successeur et candidat
à l’élection présidentielle de 2008.
ww18 décembre 2007 > Vladimir Poutine
annonce qu’en cas d’élection de Medvedev, il
deviendra Premier ministre.
ww2 mars 2008 > Dmitri Medvedev remporte
les élections présidentielles avec une majorité
de 70,28 % des suffrages exprimés, il entre en
fonction le 7 mai 2008.
ww15 avril 2008 > Vladimir Poutine conserve
un rôle clef dans la politique russe, en étant
promu chef du parti Russie Unie, majoritaire
au parlement. Après 8 ans à la tête du pays en
tant que président il redevient Premier ministre,
poste qu’il avait occupé en 1999.
ww8 août 2008 > en réaction au conflit entre
la Géorgie et sa région séparatiste d’Ossétie du
Sud, la Russie intervient en Géorgie et occupe
pendant quelques semaines le territoire d’un
Etat souverain pour la première fois depuis 1991.
ww1er février 2009 > Kirill II devient le nouveau
Métropolite de Moscou.
ww5 décembre 2009 > Un incendie dans une
discothèque de Perm fait 160 morts.
ww29 mars 2010 > un attentat suicide à la
station Park Kultury fait 40 morts et 150 blessés.
57
candidat à la mairie de Moscou, est condamné
à cinq ans de camp pour détournement de
fonds à grande échelle au terme d’un procès
controversé. Il fait appel et maintient sa
candidature aux municipales moscovites.
wwnovembre 2013 > début du mouvement de
Maïdan à Kiev (Ukraine) qui, quelques mois plus
tard, dégénérera en batailles rangées dans les
rues de Kiev et débouchera sur la fuite a chute du
président Ianoukovitch, l’élection présidentielle
anticipée couronnant Petro Porochenko et les
affrontements qui opposent l’armée du nouveau
gouvernement de Kiev aux séparatistes soutenus
par Moscou dans le Donbass (partie orientale
de l’Ukraine).
ww18 mars 2014 > Après un référendum contesté
tenu le 16 mars, Moscou annonce que la république
de Crimée et la ville de Sébastopol anciennement
ukrainiennes deviennent deux nouveaux sujets
fédéraux de la Fédération de Russie.
ww5 septembre 2014 > Un cessez-le-feu est
décrété dans le Donbass, rapidement violé.
ww11 février 2015 > La France, l’Allemagne,
la Russie et l’Ukraine se mettent d’accord lors
du sommet de Minsk II (république du Belarus)
pour faire appliquer le cessez-le-feu dans le
Donbass déjà décrété en septembre.
ww28 septembre 2015 > Vladimir Poutine
s’exprime pour la première fois en 10 ans à la
tribune des Nations unies à New York et appelle à
former une coalition contre l’Etat islamique (EI).
ww30 septembre 2015 > La Russie organise
ses premières frappes aériennes en Syrie.
© GRISHA BRUEV - SHUTTERSTOCK.COM
ww15 avril 2010 > l’avion du président polonais
s’écrase à Smolensk. 60 ans après Katyn, l’élite
politique polonaise est décimée une nouvelle
fois en lien avec la Russie.
wwjuillet-août 2010 > canicule et feux de
forêts rendent l’air irrespirable à Moscou.
La surrmortalité est comprise entre 4 000 et
6 000 personnes.
ww29 septembre 2011 > l’inamovible maire
de Moscou, Iouri Lioujkov, est contraint de
démissionner après des révélations sur des
marchés publics truqués (plusieurs milliards de
dollars). Il est remplacé par Serguey Sobyanin.
ww24 janver 2011 > un attentat fait 40 morts
et 100 blessés à l’aéroport de Domodedovo
à Moscou.
ww10 juillet 2011 > le naufrage du Bolgaria sur
la Volga près de Kazan fait 100 morts.
ww26 septembre 2011 > Valdimir Poutine est
désigné par son parti comme candidiat unique
à la présidentielle de 2012.
ww4 décembre 2011 > Elections législatives
en Russie. Le parti de Vladimir Poutine, alors
Premier ministre, sort vainqueur du scrutin avec
64, 3 % des voix et remporte 315 sièges au
Parlement. Les soupçons de fraude à l’encontre
du parti au pouvoir entrainent d’importants
troubles à Moscou et dans d’autres grandes
villes de la Fédération. Tout l’hiver auront lieu
d’importantes manifestations d’opposition.
ww21 février 2012 >Un groupe punk féministe,
les Pussy Riot, entonne une prière musicale
anti-Poutine dans la principale église de Moscou.
Trois des chanteuses sont aussitôt mises en
détention provisoire.
ww4 mars 2012 >Vladimir Poutine est élu
président de la Fédération russe pour un
troisième mandat avec plus de 63 % des
suffrages. Encore une fois, le scrutin semble
entaché de fraudes. Après un printemps toujours
mouvementé et plusieurs grandes manifestations
d’opposition violemment réprimées par la police,
Poutine retourne au Kremlin le mai 2012, jour
de son investiture. Le mouvement d’opposition
s’essoufle. Ses leaders sont sous pression.
ww17 août 2012 >Les trois Pussy Riot déjà sous
les verrous sont condamnées à deux ans de camp
pour « vandalisme motivé par la haine religieuse ».
En appel, Ekaterina Samousevitch voit sa peine
se transformer en sursis mais la peine des deux
autres chanteuses est confirmée. De nombreux
artistes et personnalités politiques internationales
appellent à leur libération, sans résultat.
ww18 juillet 2013 > Le blogueur anti-corruption
et leader de l’opposition russe Alexeï Navalny,
Bas-relief dédié à la mémoire
de la Grande Guerre patriotique.
58 Æ HistoiRe
Aussi les Varègues se trouvant sur cette terre
sont appelés Rus, mot dérivé du finnois Ruotsi,
qui désigne le Roslagen, une région du sud de
la Suède où vivaient les Varègues. Ce sont eux
qui vont donner une première dynamique dans
la constitution d’un Etat. Ainsi les tribus slaves
se trouvent-elles unifiées pour la première fois
en 860 sous l’égide d’un prince varègue, Rurik,
originaire de Jütland, au Danemark.
La conquête de ces territoires revêt un grand
intérêt économique. La Volga et le Dniepr constituent des routes commerciales capitales pour
relier les pays scandinaves à Constantinople,
car les pirates empêchent de transiter par la
Méditerranée qui est pourtant le chemin le
plus direct.
On appelle cette route, la route des Varègues
aux Grecs. Or, les Varègues veulent acheminer
des biens comme l’ambre des pays baltes ou les
fourrures des forêts russes et ils sont de même
attirés par les richesses de Constantinople.
La ville qui représente le plus grand intérêt
d’un point de vue économico-stratégique
est Kiev.
A son arrivée, Riurik s’empare de Novgorod.
Puis son successeur Oleg réussit à s’emparer
de Kiev en 882 où il installe le centre de
l’Etat. Il donne naissance à ce que l’on
appelle la Rus de Kiev et fonde la dynastie des
Riourikides qui règne en Russie jusqu’en 1598.
Le premier Etat russe se développe alors, suivant
cet axe commercial de la route des Varègues
aux Grecs.
Âge d’or de la Rus de Kiev : du IXe au
XIIe siècle ou l’influence de Byzance
Le siège de la première dynastie des Riourikides
se trouve à Kiev, aussi appelle-t-on ce premier
Etat la Rus de Kiev. Il s’agrandit au fur et à
mesure des conquêtes des descendants d’Oleg,
jusqu’à dominer progressivement une grande
partie des Slaves. Cette Rus va s’ouvrir peu à
peu à une nouvelle influence, celle de Byzance.
Les Slaves sont un peuple païen, leur tradition se
transmet sous forme orale car ils ne possèdent
pas d’écriture. Chaque année, un bateau vogue
sur le Dniepr jusqu’à Constantinople pour
apporter fourrures et esclaves et rapporter
épices, vin, soies et or. Ainsi les peuples slaves
à la culture si différente entrent-ils en contact
avec cette civilisation.
Le premier signe en est la conversion d’Olga,
belle-fille de Riurik, au christianisme vers 957,
sans doute lors d’un voyage à Constantinople,
ville qui l’aurait émerveillée. Elle cherche alors
à convertir son fils Sviatoslav, en vain.
La conversion de la Russie au christianisme sera
l’œuvre de son successeur, Vladimir. Elle a lieu
dans un contexte particulier. Les deux Eglises
d’Orient et d’Occident sont dans une situation
de concurrence et cherchent chacune à gagner
de nouveaux adeptes. Aussi la conversion de
la Rus de Kiev au christianisme s’inscrit-elle
dans un contexte d’intérêt géostratégique pour
Constantinople. Par ailleurs, Basile II, empereur
byzantin, cherche des alliances pour rompre
son encerclement et garantir sa sécurité au
nord des détroits.
Vladimir, le successeur de Sviatoslav, décide,
avant de se convertir, d’étudier toutes les
religions. Aussi fait-il venir à la cour des représentants de toutes les religions monothéistes.
Les Juifs ne lui plaisent pas parce qu’ils ne
mangent pas de porc. L’Islam est inenvisageable
car « la joie des Russes est dans la boisson »,
le christianisme de Rome, quant à lui, impose
des jeûnes. Enfin, le porte-parole des Grecs de
Constantinople séduit le roi par son discours
qui ne fait mention d’aucun interdit. Vladimir
envoie alors des émissaires à Byzance qui sont
éblouis par la magnificence du rite liturgique.
En assistant à la liturgie dans Sainte-Sophie, ils
auraient dit qu’ils ne savaient plus s’ils étaient
au ciel ou sur la terre.
L’alliance entre la Rus de Kiev et Byzance est
officiellement décrétée par le baptême de
Vladimir à Kherson en 990 et son mariage
avec Anne, la sœur de Basile.
Le prince de Kiev impose alors à la population un baptême dans les eaux du Dniepr,
dans lesquelles il jette par ailleurs toutes les
anciennes idoles des cultes païens passés.
Kiev se dote d’une cathédrale, sur le modèle
de Sainte-Sophie à Constantinople, ainsi que
de nombreuses églises.
La ville est alors la plus belle de Russie. Il
s’agit donc d’une conversion imposée par
décret, ce qui explique que de nombreuses
croyances païennes persisteront en marge de
la foi orthodoxe, c’est ce que l’on appelle le
phénomène de « la double foi ».
La Russie se convertit tard par rapport aux
autres peuples d’Europe, mais cet événement
est fondamental pour la suite de son histoire :
en devenant chrétienne, elle intègre l’Europe.
De plus, c’est de Byzance qu’elle reçoit son art,
son architecture et ses icônes. Grâce à l’écriture,
une littérature prend naissance.
Enfin, cette conversion achève d’unifier la Rus,
après le premier élan donné par les Varègues.
En effet, elle est utile au prince car elle permet
d’unifier les Slaves orientaux au sein d’une
même foi.
Et donne une cohérence à l’empire multiethnique
qu’était jusqu’alors l’Etat varègue. La liturgie
slave va devenir la base de l’identité culturelle
nationale.
HistoiRe √ 59
Déclin de la Rus de Kiev : le centre
de l’État se déplace vers le nord
Période la plus sombre de l’histoire
de la Russie : le joug mongol
Pendant ce temps, l’Asie est en train de connaître
un grand bouleversement. Temuchin Bagatur, chef
d’une tribu mongole, unifie les peuples mongols
et conquiert la Chine en moins de dix ans.
Il prend alors le titre de Maître du monde « Gengis
Khan » et se lance alors à l’assaut de l’ouest
de l’Oural. Son petit-fils Batou Khan saccage
Moscou et s’empare de Vladimir, de Souzdal et
de Kiev en 1240, époque à partir de laquelle on
date le début de la domination tatare en Russie.
Ces combattants ont marqué les imaginaires
russes et autres. En quoi consiste le mythe de
ces vaillants cavaliers ? Leur réputation d’invincibilité est liée à plusieurs facteurs. D’abord,
leurs chevaux ont appris à trouver de l’herbe
sous la neige : ils peuvent donc guerroyer l’hiver.
Ils tiennent par ailleurs plusieurs poneys à la
longe, ce qui leur permet d’augmenter considérablement leur vitesse et leur endurance. Ils
portent aussi des gilets de soie sauvage directement sur le corps, ce qui fait que lorsqu’ils sont
touchés par une flèche, ils peuvent l’enlever en
l’enroulant dans le tissu, sans se blesser. Leur
stratégie consiste enfin à faire courir le bruit
de leur victoire avant même d’avoir combattu,
afin de démoraliser l’adversaire.
Qu’est-ce qu’un tsar ?
Ivan III a créé une nouvelle forme de gouvernement, celui du tsar, dont il a assis les attributs.
Il s’agit d’une façon de gouverner très particulière et tout à fait étrangère aux mentalités
occidentales. Outre la hiérarchie sociale, il existe un autre rapport : celui du tsar à ses sujets,
qui dans l’imaginaire est vécu sans intermédiaire, le tsar étant lui-même opposé à deux autres
classes sociales, les boyards et l’Eglise. Le folklore va véhiculer une image sacrée du tsar,
qu’aucun monarque occidental n’a jamais atteinte. Il est l’intermédiaire entre les hommes
et Dieu, mais sans aucun lien avec l’Eglise. Le règne du tsar n’est pas absolutiste mais
despotique, parce qu’il est le seul à pouvoir transmettre la vérité divine et cela par le biais
d’une politique contraire à la loi. Dans l’imagerie populaire, la sacralisation du tsar représente
la transcendance de son pouvoir. Aussi, il est difficile de définir les critères de ce pouvoir.
Comme le monarque est proche de Dieu, il ne saurait être imparfait. Si le peuple est insatisfait,
il doit considérer que ce ne sont pas les attributs du tsar qui sont à remettre en cause, mais
que quelqu’un a usurpé la place du tsar. Il s’agit donc de retrouver le vrai tsar pour le mettre
à sa place. Cette représentation explique un phénomène très étonnant et pourtant récurrent
dans l’histoire russe, celui de l’arrivée inattendue d’un inconnu déclarant être le vrai tsar. Aussi
en Russie, l’imposture devient-elle la forme habituelle de la révolte. Par ailleurs, le tsar installe
un rapport quasi paternel avec ses sujets, ce qui continuera à marquer l’imaginaire politique
russe. Staline n’aura aucun mal à se proclamer « Petit père des peuples ».
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
La région de Kiev, épine dorsale d’un
circuit commercial, tombe progressivement
en désuétude alors que le commerce en
Méditerranée redevient florissant au XIIe siècle.
Le Dniepr et la Volga voient leur trafic diminuer.
De plus, l’unité de la Rus de Kiev, brièvement
trouvée, est fragilisée et l’Etat se divise finalement en une douzaine de principautés qui luttent
pour la primauté. La seconde moitié du XIIe siècle
voit l’essor des principautés indépendantes
qui se perpétueront jusqu’au XVIe siècle. Par
ailleurs, les princes sont de plus en plus attirés
par le nord, où ils vont essayer de déplacer le
centre de gravité du pays. Youri Dolgorouki
crée une principauté indépendante à Souzdal
en 1125, la Moscovie, et fonde Moscou en 1158.
Cependant la capitale reste Kiev. Puis son fils
André s’établit à Vladimir, près de Souzdal et
la Moscovie devient alors le nouveau centre de
gravité de la Russie, aux dépens de Kiev, qui
est progressivement abandonnée.
Ce déplacement du centre de la Russie est à la
source de la création de trois grands espaces
dont les frontières ne vont cesser de changer au
fil des siècles. Etant donné que la région de Kiev
s’est vidée de sa population et que le centre se
trouve dorénavant au nord, on considère que la
ville est « aux confins », ce qui se traduit littéralement en russe par l’expression « y-kraïna »,
qui donna, en un mot, « Ukraïna », c’est-à-dire
Ukraine en français. On l’appelle aussi la petite
Russie ou la Russie noire, à cause de sa terre
sombre. Par opposition à cette petite Russie,
la principauté de la Moscovie devient la Grande
Russie. Quant au territoire se trouvant au nord
de l’Ukraine, il est nommé (en référence aux
troncs blancs des bouleaux qui recouvrent ses
immenses forêts) : la Russie blanche, belaya
Rossia, qui en un seul mot donne Bielorussia,
c’est-à-dire la Biélorussie. Mais morcelée, la
Russie faiblit devant les envahisseurs.
60 Æ HistoiRe
Alors que Batou Khan s’est rendu maître d’une
grande partie de la Hongrie, de la Roumanie et
de la Pologne, il s’apprête à foncer sur l’Europe,
quand il apprend la mort de son oncle dans la
capitale mongole de Karakorum et décide de
faire demi-tour afin de participer à la bataille des
héritiers. Quand Batou Khan rentre à Karakorum
en 1241, il laisse ses conquêtes à Saraï, près
de l’actuel Volgograd. C’est la fameuse Horde
d’or qui deviendra le symbole du régime tatar.
En quoi consiste la domination tatare ? Elle se
matérialise principalement par des taxes à payer.
Par ailleurs, les princes russes conservent une
grande autonomie, mais ils doivent se rendre
à Saraï, la capitale du khanat de la Horde d’or,
pour recevoir leur titre, ce qui est vécu comme
une épreuve humiliante. Cette période voit l’affirmation de Moscou, dont les princes réussissent
à obtenir des khans de la Horde d’or la mission
de collecter les impôts. Moscou se voit aussi
chargée de se battre contre les villes ennemies
des Tatars. Cela augmente progressivement son
assise politique. Plus tard, c’est le grand-prince
Dimitri de Moscovie qui lance une grande bataille
contre les Tatars, qu’il bat à Koulikovo en 1380. Il
s’agit d’un événement phare dans l’histoire de la
Russie, car il marque le déclin de l’Empire tatar qui
va aller en s’accélérant tout au long du XIVe siècle.
Les Tatars se déplacent au sud du Don où ils créent
le khan d’Astrakhan. Ce joug a des conséquences
de très grande ampleur sur le destin de la Russie.
Etant donné que les Tatars, convertis à l’Islam
au début du XIVe siècle, n’interfèrent pas du tout
dans la religion, l’orthodoxie devient un très grand
facteur d’unité pour la population et le signe du
fondement de la nation au moment même où
celle-ci s’émiette politiquement et prend la forme
de différentes principautés. L’Eglise orthodoxe
est aussi une des seules façons de rester en
contact avec Constantinople et la Méditerranée.
Par ailleurs, pendant les 250 ans de joug tatar,
la Russie est complètement coupée de l’Europe
qui est en train de connaître un véritable renouvellement culturel et artistique : la Renaissance.
Aussi, pour certains historiens, cette période
explique le retard de la Russie par rapport à
l’Europe et le besoin constant des dirigeants
de vouloir rattraper ce retard par la suite. Le
destin de la Russie est en effet scellé : coupée
de l’Occident, son histoire est vouée à être
autre, ni européenne ni asiatique. La Russie
cherchera à trouver une troisième voie. Aussi,
ce joug a-t-il laissé un souvenir effroyable dans
les esprits. Les Russes le considèrent comme la
période la plus sombre et la plus humiliante de
l’histoire de leur pays. Il est aussi vécu comme
une injustice, car le déferlement tatar s’est arrêté
aux portes de l’Europe, et la Russie a été en
quelque sorte sacrifiée, tandis que l’Europe est
restée indifférente.
Les premiers tsars :
la principauté devient empire
Durant la période tatare, la Rus s’est morcelée
en différentes principautés dont une, Moscou,
s’est davantage développée de par sa position
et le prestige des princes qui l’ont gouvernée.
Mais Moscou n’est encore qu’une principauté à
l’intérieur de la Rus. A partir du XVe siècle, deux
phénomènes vont se produire parallèlement
et modeler l’image de la Russie actuelle. Les
princes de Moscovie vont s’affirmer, se faire
sacrer tsar et, par leurs titres et leurs conquêtes
successives, agrandissant le territoire comme
une tache d’huile, ils vont faire de la Russie un
empire. C’est donc à partir de Moscou que l’on
passe de la principauté à l’Empire.
En 1480, Ivan III est le premier prince à refuser
toute allégeance à la Horde d’or. Il libère définitivement la Russie du joug mongol et consolide
la Moscovie en annexant les principautés de
Iaroslav, Perm, Novgorod, Tver et Pskov. Moscou
devient seule héritière de la Rus de Kiev. Par
ailleurs, Ivan III fait des recherches généalogiques et se découvre un ascendant en la
personne de l’Empereur romain Auguste et
s’octroie dès lors le droit de prendre le titre
de Caesar, qui, par une adaptation à la langue
russe, donne tsar. Etant donné que l’empire de
Rome et celui de Constantinople sont tombés, il
déclare Moscou « troisième Rome », c’est-à-dire
porteuse des valeurs chrétiennes. Il fait venir
des architectes pour décorer la ville.
Son fils Ivan IV est passé à la postérité sous
le nom d’Ivan le Terrible. Marqué très jeune
par l’assassinat de sa mère par les boyards, il
garde contre eux une haine farouche et un désir
de vengeance. Il obtient le premier le titre de
« tsar de toutes les Russies ». Il épouse la fille
d’un boyard, Anastasia Romanov, qui meurt
prématurément d’une crise d’apoplexie après
lui avoir donné six enfants. Dans un accès de
paranoïa, il accuse les boyards et obtient le
droit de vie et de mort sur ses sujets.
Le jour même, il fait empaler un éminent boyard
et décapiter un autre. C’est alors le début d’un
règne de terreur qui dure jusqu’à sa mort.
L’instrument de sa terreur est l’opritchina, une
police secrète, servant à imposer ses mesures
répressives et que ses successeurs continueront
à utiliser. Les membres de l’opritchina sont
restés gravés dans les imaginaires : vêtus de
noir, ils montent des chevaux noirs et portent
au bout d’un bâton une tête de chien décapitée
pour symboliser leur fonction d’épuration.
Par ailleurs, Ivan le Terrible réforme le code
agraire, en attachant les paysans à leur terre et
installe ainsi le début de ce qui sera un terrible
fléau pour la Russie : le servage. Sous peine
de mourir, aucun paysan ne doit fuir. Malgré
HistoiRe √ 61
Le Temps des troubles (1604-1613)
et le début de la dynastie des Romanov
A la mort d’Ivan le Terrible, son fils Fédor,
simple d’esprit, règne en s’appuyant principalement sur ses conseillers. Quand il meurt en
1598, la dynastie des Riourikides, commencée
par le Varègue Riourik qui avait le premier unifié
les peuples slaves, s’éteint. C’est son beaufrère Boris Godounov qui prend sa succession.
Malgré un début de règne brillant qui ouvre le
pays à l’étranger, Boris se voit vite opposer
la résistance des fameux boyards, qui lancent
la rumeur selon laquelle il aurait assassiné
Dimitri, le fils d’Ivan le Terrible, mort dans des
circonstances mystérieuses. C’est alors que
se produit un événement dont seule l’histoire
russe est capable : en 1604, un homme à la
tête de Cosaques et de soldats polonais se
présente à la cour de Russie et feint d’être le
fameux Dimitri. Pour les boyards, l’occasion
est trop belle. Commence alors ce qui a été
appelé « le temps des troubles ». A la mort de
Boris Godounov, Dimitri est couronné tsar. Il
est en réalité soutenu par les Polonais qui
souhaitent secrètement annexer le pays et
convertir ses habitants au catholicisme. Il est
finalement tué par les boyards qui choisissent
l’un d’entre eux pour régner, Chouïski, qui voit
à nouveau se manifester un deuxième faux
Dimitri. Les Polonais interviennent. Chouïski
abdique. Des boyards s’entendent avec la
Pologne pour nommer tsar Ladislas, le fils
du roi de Pologne. C’est alors un boucher
de Nijni-Novgorod, Minine, qui organise une
résistance à ce pouvoir étranger. Ensemble
ils marchent sur Moscou, faisant capituler
la garnison polonaise. Comme durant le joug
mongol, l’Eglise orthodoxe est à nouveau
appelée à jouer un rôle de réveil national car
les chefs de l’Eglise lancent un appel à la population contre l’étranger. Aussi le patriotisme
s’enracine-t-il progressivement et devient une
valeur fondamentale de l’orthodoxie, tandis
que celle-ci devient la gardienne et le refuge
de l’essence de la nation russe ainsi que le
symbole de la résistance contre l’oppresseur
étranger.
Un zemski sobor (assemblée populaire instituée
par Ivan le Terrible) choisit pour tsar Michel
Romanov en 1613. Il inaugure la dynastie des
Romanov appelée à régner jusqu’en 1917. Son
fils Alexeï lui succède. En fervent chrétien,
il introduit au Kremlin une grande piété. Son
règne est marqué par le schisme des vieuxcroyants et par des révoltes paysannes, dont
la plus connue est celle de Stenka Razin qui,
à l’aide de son armée de Cosaques, s’empare
en 1670 de la région située entre la Volga et le
Don. Cette révolte, qui ne sera pas la dernière
de l’histoire russe, est écrasée dans le sang, et
Razin est exécuté sur la place Rouge. Il restera
un héros populaire.
Le XVIIIe siècle : bouleversement pour
la Russie qui s’ouvre sur l’Europe
Les deux tsars les plus marquants de la dynastie
Romanov sont incontestablement Pierre Le
Grand, qui règne de 1682 à 1725, et Catherine II
qui règne de 1762 à 1796. Conscients du retard
de la Russie par rapport au reste de l’Europe,
ils œuvrent tous deux pour une ouverture de la
Russie sur l’Occident, voyant dans le modèle
européen le meilleur moyen de faire de la Russie
une nation progressiste.
Alors que l’Europe a connu la Renaissance, la
Russie fonctionne encore selon des structures
médiévales ; aussi Pierre le Grand se donne-t-il
pour mission de l’arracher au Moyen Age et
de la tourner vers les lumières de l’Europe. Sa
demi-sœur, Sofia, fomente un complot avec
l’aide des streltsy (régiment de mousquetaires)
et réussit à éloigner son jeune frère du pouvoir.
Il est envoyé dans un relais de chasse proche de
Moscou, Preobrazhenskoye. C’est là que vont
se développer ses passions : la guerre, l’Europe
et la marine. En 1689, il se débarrasse de Sofia
et reprend le pouvoir.
Il décide alors de voyager pendant un an en
Europe, ce qui ne manque pas de choquer,
car aucun tsar n’a jamais quitté la Russie. Il
rentre avec une idée principale en tête, celle de
construire une marine moderne, ce qui nécessite
d’obtenir un morceau de la Baltique.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
cela, de nombreux paysans préfèrent la fuite
au servage. Beaucoup partent vers le nord où,
avec des esclaves en fuite et des aventuriers,
ils constitueront plus tard ce que l’on appelle
les Cosaques.
Par ailleurs, grâce à ses conquêtes, Ivan le
Terrible ouvre la voie à la constitution d’un
véritable empire. Il s’attaque tout d’abord au
reste de l’empire mongol. En 1552, il conquiert
le khanat de Kazan sur la haute Volga. Pour
célébrer sa victoire, il fait construire la cathédrale de Saint-Basile-le-Bienheureux à Moscou.
Grâce à la conquête d’Astrakhan en 1556, il
devient le maître de toute la Volga, de Moscou
à la mer Caspienne. Ces campagnes l’amènent
à s’intéresser à la Sibérie. C’est une famille de
marchands, les Stroganov qui se verront confier
cette mission. Ce sont le fameux Yermak et ses
hommes qui s’en acquitteront.
Mais les velléités d’Ivan vers la Baltique se
soldent par un échec, car les chevaliers teutoniques bloquent tout accès. Ivan a posé les
jalons de l’empire. Mais après lui, les troubles
commencent.
62 Æ HistoiRe
Raison pour laquelle il passera tout son mandat
à se battre contre la Suède, à laquelle il réussit
à arracher la région de la Carélie, l’Estonie et
la Lettonie. Il entreprend donc de construire
un port au niveau du golfe de Finlande, à
l’embouchure de la Néva, afin d’ouvrir « une
fenêtre sur l’Europe ». C’est là qu’il construit
en 1703 la ville de Saint-Pétersbourg qu’il dote
de tous les attributs d’une ville européenne :
palais, ministères de style occidental, musées,
université et bibliothèque.
En 1712, il transfère la capitale à SaintPétersbourg. Signe de l’occidentalisation de
son pays, il impose aux boyards de couper leur
barbe et de porter des vêtements européens.
D’ailleurs, sous son règne, les boyards disparaissent, remplacés par des fonctionnaires.
Pierre Ier demeure le symbole du tsar qui a
cherché dans le modèle occidental l’ultime
recours pour faire avancer la Russie de gré ou
de force, dans le but de faire de son pays la
première puissance européenne.
Il impulse donc à la Russie une direction nouvelle,
l’Ouest, orientant ainsi toute l’histoire russe qui
va suivre. En effet, les dirigeants qui lui succèderont resteront fidèles à cette politique. La cour
va continuer à s’occidentaliser, au point d’être
coupée de la masse paysanne. A cette époque,
le terme de Russie supplante celui de Moscovie.
Catherine la Grande (1762-1796) est certainement la tsarine la plus marquante de l’histoire
de la Russie. Originaire de la petite aristocratie
allemande, elle arrive en Russie à l’âge de quinze
ans. Mariée au petit-fils de Pierre le Grand, elle
réussit à intriguer contre lui pour l’écarter du
trône. Elle entreprend alors de construire un
empire qui par sa taille doit dépasser les empires
romains et byzantins. Consciente comme Pierre
du retard de son pays, Catherine est bien décidée
à le transformer. Aussi décide-t-elle de l’ouvrir
au monde des idées qui fleurissent à l’ouest à
cette époque-là : la philosophie des Lumières.
Elle correspond avec Voltaire et fait venir Diderot
à sa cour. Ainsi l’influence française se propaget-elle avec son cortège d’idées progressistes.
Son règne est marqué par un bouillonnement
culturel. Elle ouvre des pensions pour jeunes
filles, codifie les lois, réforme l’enseignement
primaire et les administrations locales, fonde
des hôpitaux et des orphelinats. Elle invite
aussi les meilleurs architectes en Russie et
c’est durant son règne que Saint-Pétersbourg
acquiert sa beauté classique. Mais la question
problématique du servage ne cesse d’augmenter, provoquant l’une des révoltes paysannes
les plus célèbres de l’histoire : la révolte de
Pougatchev, immortalisée dans le chef-d’œuvre
de Pouchkine, La Fille du capitaine (1836).
Pougatchev est un déserteur cosaque qui se fait
passer pour Pierre III, le mari que Catherine a
écarté du pouvoir. Prenant la tête d’un immense
mouvement paysan, il réussit à soulever une
grande partie du territoire et le pays manque
d’imploser. Mais, livré par ses hommes, le
meneur sera exécuté sur la place Rouge.
Avide de conquête, Catherine continue à étendre
son empire. Elle s’empare de la Lituanie, de la
Biélorussie, de l’Ukraine occidentale et elle se
partage la Pologne avec Frédéric de Prusse. Sa
conquête la plus importante est la Crimée qui
lui permet d’ouvrir à la Russie un débouché sur
la mer Noire, quand Pierre le Grand lui en avait
ouvert un sur la mer Baltique. Elle se lance par
ailleurs dans l’exploitation de la Sibérie avec
ses fourrures et ses minerais. Mais à la fin de
son règne, effrayée par la Révolution française,
Catherine ferme subitement son pays aux idées
nouvelles.Tout un symbole : le buste de Voltaire
disparait de l’Ermitage.
Aussi les Russes aiment à dire : « Pierre a
donné un corps à la Russie et Catherine lui
a donné une âme. » Son fils, Paul Ier, déteste
sa mère et veut détruire son œuvre. Il met en
place une dictature, mais il est assassiné par
les partisans de son fils Alexandre.
Le XIXe siècle : entre libéralisme
et réaction, développement
d’un groupe révolutionnaire
Le XVIIIe siècle a vu l’ouverture de la Russie
aux idées des Lumières. Le XIXe siècle voit la
naissance en Russie d’une population éclairée
et de la première intelligentsia, inspirée par des
idées venues d’Europe. Après la philosophie des
Lumières, les intellectuels russes s’intéressent
au socialisme. Tandis que tous les dirigeants
du siècle hésitent entre politique libérale ou
fermeture, à l’image du règne de Catherine,
éclôt à l’extérieur de la Russie, l’embryon d’un
mouvement révolutionnaire qui attend l’étincelle
pour s’enflammer.
Le règne d’Alexandre Ier (1801-1825) est presque
entièrement occupé par l’invasion de Napoléon.
Malgré la paix conclue avec les Français à
Tilsit en 1807, Napoléon envahit la Russie et
se trouve à Moscou en 1812. Dans un élan de
ferveur patriotique, ses habitants préfèrent
incendier leur ville plutôt que de la livrer à
l’ennemi. Aussi la retraite de Napoléon est-elle
immédiate et les troupes russes vont même
jusqu’à l’ « accompagner » à Paris en 1814. A
la fin du règne d’Alexandre Ier, un nouvel état
d’esprit règne en Russie car l’aristocratie russe
a voyagé et elle est entrée en contact avec les
idées de la Révolution française.
Par ailleurs, les jeunes officiers ont pérégriné
dans toute l’Europe et se sont rendu compte
du retard des campagnes russes par rapport
HistoiRe √ 63
plus, Alexandre II mène beaucoup de réformes
libérales, il crée des hôpitaux et des écoles
primaires. La censure se fait moins sévère et
les débats d’opinion sont possibles.
Parallèlement, les jeunes idéalistes de la période
précédente sont remplacés par une jeunesse
fanatique qui entre en effervescence dans
les universités et radicalise complètement
sa révolte, au sens révolutionnaire du terme.
Après une tentative d’assassinat manquée
contre Alexandre II en 1866, beaucoup d’étudiants se rendent en Angleterre, en Suisse
et en France, où ils prennent connaissance
des thèses socialistes et marxistes de Marx
et de Bakounine. Aussi, cette jeunesse qui
agit au nom d’un avenir radieux, mythique
et flou, est-elle convaincue de la légitimité
de l’attentat à but politique. Alexandre II est
finalement assassiné lors d’un attentat en 1881.
Le tsar au visage libéral mort, ses successeurs vont revenir à l’autoritarisme. Le règne
d’Alexandre III (1881-1894) commence de
façon très brutale par des exécutions suite à
l’assassinat d’Alexandre II. Luttant contre toute
idée révolutionnaire, Alexandre III renforce la
censure. Surtout, il comprend le retard de la
Russie face à l’Europe et décide de faire entrer
le pays dans l’ère industrielle.
Nicolas II et la fin de l’empire tsariste
Le règne de Nicolas II (1894-1917) marque la
fin de l’empire tsariste. En 1905, le pays perd
une guerre contre le Japon. Cet événement est
vécu comme une grande humiliation pour la
population. Par ailleurs, les difficultés économiques incitent la population pétersbourgeoise
à se soulever en organisant une marche vers
le Palais d’hiver. Les gardes rouges tirent alors
sur la foule. Ce jour restera dans les esprits
comme un « dimanche sanglant », en même
temps qu’il marquera le début de la perte de
légitimité du tsarisme. Lénine, lui, y verra une
répétition générale de la révolution de février
1917. En effet, en l’espace de quelques jours,
tout le pays se met en grève et une nouvelle
forme de comité de travailleurs, les soviets, se
constitue dans la capitale et dans toutes les
principales villes de Russie.
Après quoi le tsar est obligé de faire une concession démocratique en instituant la Douma, une
mascarade de Parlement, qu’il ne consultera
jamais. Pendant ce temps, le pays se transforme profondément. Avec la naissance de
l’industrialisation, un prolétariat est en train
de se constituer. Mais avec des conditions de
logement difficiles, dans des villes qui ne sont
pas équipées pour recevoir tous ces nouveaux
venus, les ouvriers expriment leur mécontentement.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
à l’Allemagne ou à la France. Ils rentrent en
Russie et créent des cercles de pensée. C’est
la première tentative en Russie d’une pensée
libre et d’une réflexion politique.
Après la mort subite d’Alexandre en 1825,
ces sociétés vont profiter du court interrègne
pour essayer de prendre le pouvoir sous la
forme d’une insurrection, connue sous le
nom de révolte des décabristes. Le jour où
l’armée est censée prêter serment au nouveau
tsar Nicolas I er, les conspirateurs mènent
leurs troupes sur la place du Sénat à SaintPétersbourg et se retrouvent face à celles du
gouvernement. Après des pourparlers qui durent
toute la journée, les premiers coups de feu sont
tirés le soir et se terminent par l’échec de la
révolte des insurgés. Tous les conspirateurs
sont arrêtés et certains seront interrogés par
Nicolas Ier en personne. Les dirigeants sont
exécutés et les autres déportés en Sibérie. C’est
un événement clef de l’histoire de la Russie :
avant cette date, les coups d’Etat sont menés
pour mettre un souverain à la place d’un autre.
Pour la première fois, les participants veulent
changer le régime et lui donner une constitution. Ils estiment que la Russie peut avoir sa
place dans le cercle des nations européennes
et veulent pour cela remplacer l’autocratie par
une république constitutionnelle. Le successeur
d’Alexandre, Nicolas Ier reste marqué pendant
tout son règne (1825-1855) par la révolte des
décabristes et n’aura de cesse de lutter contre
toute idée révolutionnaire.
Pour appuyer ses idées, il renforce la police
dans tous les gouvernements et pour étouffer
toute velléité révolutionnaire, il crée une police
secrète, la Troisième section, qu’il gouverne
d’une main de maître. Il s’appuie sur trois notions
pour gouverner : « nationalisme, orthodoxie,
autocratie ».
La vague révolutionnaire qui déferle en Europe
en 1848 incite le tsar à s’introniser « gendarme
de l’Europe ». Il intervient là où la monarchie
est menacée, comme en Hongrie par exemple.
Par ailleurs, le tsar essuie un lourd échec en
Crimée contre la France et l’Angleterre. En
effet, il s’oppose à la Turquie pour le contrôle
des détroits de Bosphore. Aussi la France et
l’Angleterre interviennent-elles du côté turc
pour s’assurer de maintenir le libre passage
des navires dans cette zone. Après un long
siège, les Russes doivent abandonner la base
navale de Sébastopol en 1854 et la Russie
perd le contrôle du détroit du Danube. Le règne
d’Alexandre II (1855-1881) marque la fin d’une
époque en Russie. Convaincu que l’échec en
Crimée est lié au retard de la Russie, il décide
d’abolir le servage en 1861 (la Russie est le
dernier pays d’Europe à adopter cette mesure).
Mais cela ne provoque pas l’effet escompté. De
© STÉPHANE SAVIGNARD
64 Æ HistoiRe
Kitaï Gorod, monument de la guerre contre la Turquie.
Ces revendications vont alors être entendues
et soutenues par un parti tout nouvellement
constitué, le parti social-démocrate. C’est la
rencontre entre ce parti politique et le prolétariat
naissant qui va créer les conditions favorables
à la révolution d’Octobre 1917. Pendant ce
temps-là, le parti social-révolutionnaire, héritier
du populisme, prend en charge les revendications des paysans.
Pour essayer de remédier à cette montée de
mécontentement, Nicolas II nomme en 1906 un
nouveau Premier ministre, Stolypine, qui pour
lutter contre les attentats terroristes établit des
cours martiales et, pour résoudre la question
agraire, décide de démanteler la communauté
rurale et de redistribuer les terres. Mais en
1911, il est assassiné. La Russie sombre alors
dans le chaos.
Le tsar lui, ne voit pas les changements en
train de s’accomplir. Il reste complètement
déconnecté de la situation réelle du pays et
préfère s’en remettre à son ministre mystique
Raspoutine. Cela a le don d’exaspérer encore
davantage la population. Le tsar, qui depuis
Ivan le Terrible jouissait d’un visage paternel,
perd tous ses attributs.
Le divorce entre le tsar et le peuple est consommé.
Il ne manque plus qu’un événement pour que le
mouvement révolutionnaire explose. Ce sera la
guerre de 1914. Entraînée dans ce combat pour
soutenir la Serbie, peuple frère, contre l’Autriche,
la Russie est bientôt confrontée à ses faiblesses
structurelles : l’approvisionnement est rendu très
difficile à cause de problèmes de transport. La
population des villes n’étant plus ravitaillée, elle
décide de se soulever à Saint-Pétersbourg en
février 1917 pour obtenir du pain.
L’armée se range à ses côtés. Devant cette
situation irréversible, la Douma forme un
gouvernement provisoire et le 15 mars, le
tsar abdique en faveur de son frère Michel
qui renonce lui-même au trône. En marge de
l’oscillation des tsars entre autoritarisme et libéralisme, le XIXe siècle aura créé les conditions
nécessaires à l’introduction en Russie d’une
pensée, puis d’un mouvement révolutionnaire,
qui, pour la première fois dans l’histoire, va être
porté au pouvoir.
1917 : lutte entre le pouvoir
officiel et les Soviets
A partir de février 1917, un gouvernement
provisoire se met en place qui promeut une
république bourgeoise : sur le plan intérieur,
Kerenski, Premier ministre à partir de juillet,
mène une politique attentiste. La guerre, cet
élément déterminant qui a provoqué la révolution de février, se poursuit. Le mécontentement du peuple continue donc d’augmenter.
Parallèlement à ce gouvernement officiel, un
autre pouvoir s’organise : celui des Soviets.
Ces regroupements de soldats et d’ouvriers
se propagent dans différentes villes du pays
en suivant le modèle de Petrograd.
Ainsi le chaos continue de régner dans le
pays tandis que le ravitaillement en nourriture
fait toujours défaut. Surtout, depuis la fin du
tsarisme, le gouvernement provisoire manque
de légitimité, laquelle s’amenuise de jour en jour.
HistoiRe √ 65
La fin de l’Empire : le pouvoir,
un fruit mûr qu’il faut savoir cueillir
Retour de Lénine :
impulsion et prise de pouvoir
Pendant ce temps, Vladimir Ilitch Oulianov
Lénine, que l’on pourrait qualifier de révolutionnaire professionnel, rentre de son exil en
Suisse et prend la tête du mouvement bolchevik.
Il profite du chaos général pour lancer ses thèses
d’avril qui vont être le déclic de la révolution
Le mythe Raspoutine
Ce moujik sibérien a été décrit comme un géant inculte mais doué d’un charisme
exceptionnel, au regard pénétrant et aux mains impressionnantes. Il aurait eu le pouvoir
de calmer les gens souffrant moralement et en particulier les femmes. Présenté dans
la capitale comme un homme hors du commun, il rencontre la famille impériale et
accomplit le miracle de soulager les crises d’hémophilie du tsarevitch. Galvanisant la
haine de tous les membres de la Cour qui ne voient en lui qu’un manipulateur éloignant
le tsar de ses fonctions, il est assassiné dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916 par le
prince Ioussoupov. Cet assassinat est devenu célèbre par son caractère surnaturel. Le
prince aurait invité Raspoutine chez lui et lui aurait fait boire du madère dans trois verres
contenant du cyanure. Constatant l’absence d’effet du poison, Ioussoupov aurait tiré sur
Raspoutine au niveau du cœur. Lequel serait tombé et aurait finalement cessé de respirer.
Un quart d’heure plus tard, le prince revenu dans la pièce aurait vu Raspoutine ouvrir un
œil avant de bondir à la gorge du prince. Le géant aurait réussi à s’enfuir dans le jardin, où
plusieurs tirs auraient fini par avoir raison de lui.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Lors de la révolution de février 1917, l’impossible
est devenu possible : abattre l’Ancien Régime,
éliminer les cadres de la société, instituer un
gouvernement populaire. Il faut construire une
société fondée sur la science et l’égalité de
tous. Dans l’esprit des bolcheviks, il s’agit
de mettre fin à l’arbitraire du pouvoir, cette
« nef de fous » comme la qualifiait Lénine,
et de reconstruire une société basée sur des
connaissances scientifiques.
Cette révolution devait mettre fin aux inégalités
sociales. La destitution du tsar et son assassinat
sont pour la Russie l’avènement d’une nouvelle
donne politique et économique : le pouvoir n’a
plus rien de divin. Bien au contraire, il se veut à
l’opposé du mysticisme tsariste et entièrement
fondé sur le rationnel. Ce système repose
principalement sur une théorie économique : le
socialisme, qui consiste à centraliser la production économique dans un souci d’efficacité.
En effet, au moment où se produit la révolution,
la Russie est très en retard économiquement par
rapport aux autres pays. On peut voir dans la
période de Lénine et de Staline, jusqu’en 1953,
la mise en place d’un système économique
socialiste, et à partir de 1953 jusqu’en 1985,
la remise en cause de ce système.
d’Octobre. Si Lénine a toujours cru à la révolution
socialiste, la révolution de février l’a surpris.
Par rapport aux autres chefs de mouvements
qui sont alors en lutte pour le pouvoir dans le
pays (mencheviks, socialistes révolutionnaires,
démocrates constitutionnels, libéraux, monarchistes), Lénine a un atout considérable qui
fera la différence et bouleversera la destinée
du pays : il croit que la révolution est possible
tout de suite.
Aussi, alors que le gouvernement provisoire
galvanise les mécontents, Lénine lance en
avril 1917 ses fameuses thèses d’avril : il faut
arrêter la guerre qui n’est plus supportable
pour la population, partager la terre avec les
paysans comme ceux-ci le souhaitent depuis
longtemps et surtout, mettre tout de suite en
œuvre la révolution socialiste en passant à une
république des Soviets qui donne le pouvoir aux
ouvriers. Ainsi, la particularité des bolcheviks,
sous l’impulsion de Lénine, est de former un
groupe de révolutionnaires professionnels dont
l’unique obsession est de prendre le pouvoir.
Tandis que l’autorité du gouvernement provisoire
se désagrège progressivement, il n’est alors pas
difficile pour ce petit groupe de prendre le pouvoir
à l’automne 1917 : le 6 novembre, des détachements d’ouvriers et de soldats commandés par
Trotski entrent dans le siège du gouvernement
provisoire, le Palais d’hiver de Petrograd.
Ce qui est passé à la postérité comme la « révolution d’Octobre » n’est rien d’autre qu’un coup
d’Etat, réalisé par une poignée de « révolutionnaires professionnels » formés et dirigés
par Lénine. Le pouvoir était alors un fruit mûr
qui ne demandait qu’à être cueilli. Aussi, l’une
des clefs de l’histoire russe réside-t-elle dans
l’existence d’un groupe structuré, discipliné
et animé par un chef dont le désir de pouvoir
tourne à l’obsession.
66 Æ HistoiRe
Le parti social-révolutionnaire (SR) et le parti
social-démocrate (SD) : héritiers des pensées
extrémistes russes du XIX e siècle
Pendant que la Russie s’industrialise et que le tsar règne sous l’influence de Raspoutine,
deux courants politiques se développent en Russie et prennent de plus en plus d’ampleur.
Héritier du populisme, le parti social-révolutionnaire dont les statuts sont adoptés en
1906 est membre de l’Internationale socialiste. Il défend des revendications d’inspiration
libérale : assemblée constituante, système fédéraliste, séparation de l’Eglise et de
l’Etat, liberté politique et législation sociale. Il défend également des revendications plus
nettement socialistes : abolition de la propriété privée des terres et redistribution à la
communauté paysanne. Il s’adresse donc aux paysans.
Le parti social-démocrate, lui, est né chez des émigrés russes déçus par le populisme
et qui voient dans le marxisme un outil de transformation de la Russie. Ils en retiennent
l’importance historique de la classe ouvrière sur laquelle ils transfèrent leurs espérances
révolutionnaires déçues par l’attitude de la paysannerie. L’histoire de la social-démocratie
russe est la rencontre entre ce courant politique né et développé au sein de l’émigration et
le mouvement ouvrier russe naissant. Elle a été fondée par les introducteurs du marxisme
en Russie, à la fin du XIXe siècle. Il s’agit au départ d’une petite secte querelleuse, sans
grande prise sur la population, éparpillée entre l’émigration et la clandestinité. Ce groupe
s’oppose au Congrès de Bruxelles en 1903 à cause de divergences concernant leur statut :
la question est de savoir si leur parti doit être un parti de masse ou de révolutionnaires. Les
partisans de la deuxième voie, plus nombreux, prendront le nom de bolcheviks (traduction
de « les plus nombreux ») et les autres s’appelleront mencheviks, « les moins nombreux. »
Cette idéologie est héritière de la pensée extrémiste russe du XIX e siècle à bien des
égards : la nécessité de prendre le pouvoir (contre les anarchistes pour qui la révolution
est la destruction du pouvoir), la volonté d’inscrire la démarche révolutionnaire dans une
vision scientifique du monde et de la société, le désir de forger à travers l’expérience
révolutionnaire un homme nouveau et la tendance au raisonnement abstrait coupé du réel.
Il s’agit moins de partir du réel pour le transformer que de fixer un idéal de transformation
sociale quitte à contraindre la société pour y parvenir.
La guerre civile de 1918 à 1921
ou la légitimation du pouvoir
Les Russes en guerre ont accueilli avec passivité
et indifférence l’arrivée des bolcheviks au
pouvoir. Mais bientôt, les opposants de toutes
sortes se réveillent et tentent de s’organiser.
Ils déclenchent une guerre civile. Les blancs
(monarchistes et antibolcheviks) reçoivent l’appui
d’armées étrangères. Trotski organise une armée
rouge. Pour affronter ses ennemis intérieurs, les
dirigeants se désengagent de la guerre en signant
la paix de Brest-Litovsk et en acceptant les
exigences énormes de l’Allemagne : ils perdent
les pays Baltes et la Pologne. Aussi peuvent-ils
assurer leur pouvoir à l’intérieur et diriger un
mouvement communiste international avec la
création de la IIIe Internationale, le Komintern,
créé en mars 1919. Pour l’emporter, le pouvoir
bolchevik doit s’imposer par la force et donc
revenir sur de nombreuses concessions. Il dissout
l’Assemblée constituante qui avait été mise en
place, car elle est hostile au nouveau pouvoir ;
il met en place le communisme de guerre et
crée une police politique pour lutter contre toute
opposition. La presse est muselée, les partis
bourgeois sont interdits. Alors qu’en octobre
1917, les bolcheviks avaient accordé aux paysans
ce qu’ils réclament depuis longtemps, à savoir
la possession des terres, on vient réquisitionner
de force leurs récoltes pour les envoyer en ville.
Dès novembre 1918, la première étape vers une
économie dirigée a été franchie avec la mise en
place d’un système de distribution de produits
sous contrôle de l’Etat.
S’adapter aux nécessités avant
le socialisme : la NEP (1921-1924)
Alors que l’idée première des bolcheviks est
d’exporter la révolution, ils doivent se résoudre à
cette impossibilité et décident de se concentrer
sur la construction du socialisme dans un seul
pays. En 1921, le pays sort complètement ruiné
HistoiRe √ 67
Création de l’URSS sur
les décombres de l’Empire tsariste
Au début du XXe siècle, l’expansion constitutive
de l’empire russe est à peu près achevée. Cet
empire s’étend, d’est en ouest, du Grand-duché
de Varsovie à l’océan Pacifique et, du nord au sud,
de la mer Baltique à la Transcaucasie. Il s’étend
aussi sur une partie de l’Asie centrale. Dans la
confusion de l’année 1917, cet empire commence
à se disloquer : les peuples non russes affirment
leur souveraineté. Cela conduit à un mouvement
pour l’indépendance de la Finlande (décembre
1921), de l’Ukraine (janvier 1918), de l’Estonie
et de la Lituanie (février 1918), de la Géorgie, de
l’Arménie et de l’Azerbaïdjan (mai 1918), de la
Pologne (octobre 1918) et de la Lettonie (novembre
1918). Il s’agit alors pour les dirigeants bolcheviks
de rétablir une unité. C’est dans cette optique
qu’est créée en 1922 l’Union des Républiques
socialistes soviétiques (URSS), premier succès
d’une reconquête impériale, avec notamment
l’intégration de la Transcaucasie et de l’Ukraine.
Cette union s’oppose au camp capitaliste où règne
« l’esclavage colonial et le chauvinisme », alors
qu’en URSS règnent « la coexistence pacifique
et la collaboration fraternelle des peuples ».
Les années 1930 : le grand tournant
Lénine meurt prématurément en 1924. Une lutte
de pouvoir s’engage entre Trotski et Staline qui
sont en désaccord sur de nombreux points.
Alors que Trotski veut poursuivre la théorie de
la révolution permanente et continuer à essayer
de l’exporter, Staline lui est pour la construction du socialisme dans un seul pays. C’est
en 1926 que l’URSS abandonne son projet de
révolution mondiale au profit de la construction
du socialisme dans un seul pays.
Par ailleurs, l’un des problèmes principaux de la
Russie est son retard industriel. Lors de la révolution de 1917, le pays est encore majoritairement
agricole. Il est donc nécessaire de l’industrialiser.
L’industrialisation a commencé dans les années
1880 avec le ministre Witte. Mais la guerre a tout
détruit. Aussi faut-il tout reprendre depuis le
début. Les dirigeants s’opposent sur deux points.
Cette industrialisation doit-elle être financée en
réquisitionnant de force la production agricole pour
parvenir à une industrialisation rapide ? Ou bien,
faut-il laisser les paysans s’enrichir et retarder
cette industrialisation ? Jusque-là, la deuxième
solution a prévalu, notamment durant la NEP.
Industrialisation et collectivisation
Dès son arrivée au pouvoir, Staline décide
d’engager le pays dans la première voie : l’industrialisation à outrance. Cela commence par
la collectivisation forcée des terres, justifiée
idéologiquement par l’idée qu’il faut éliminer
les paysans enrichis, les koulaks. Parallèlement
se met en place une industrialisation mettant
l’accent sur l’industrie lourde, au détriment de
l’industrie légère et des biens de consommation.
La particularité de cette économie est d’être une
économie dirigée. Car le stalinisme c’est avant
tout l’instauration d’une économie complètement
nouvelle, qui s’oppose au système capitaliste. La
grande dépression de 1929 qui s’abat sur l’Occident servira d’argument corroborant la thèse de
Staline. Les autorités soviétiques vont opposer
le principe de la planification au désordre de
l’économie de marché. Cette planification passe
par une nationalisation de la terre et des usines
afin de rationaliser la production et donc de la
rendre plus efficace. Il faudra plusieurs années
pour que cette planification s’incarne dans les
institutions et dans la pratique. Des organismes
appropriés sont mis en place, comme le Conseil
de l’économie nationale en 1918 et le Gosplan
en février 1921.
La création de ces organismes va réunir les
mécanismes économiques de l’Etat en une
seule et même machine, un unique organisme
économique qui marquera l’instauration décisive
du socialisme de type soviétique. La planification
va être le principe directeur de la politique stalinienne. Elle a en plus un aspect psychologique
déterminant. Il existe une mystique du plan qui
s’apparente à une conquête révolutionnaire ;
il faut toujours être au « poste de combat ».
Une terminologie guerrière se développe ainsi,
contribuant à créer une économie de guerre
avec une mentalité de guerre.
Ainsi de 1928 à 1934 le premier plan quinquennal est lancé. Les ouvriers deviennent
de véritables combattants et le vocabulaire
industriel est militarisé. On trouve en Russie
des « brigades de choc », des udarniki et des
stakhanovistes. Par ailleurs, un gros effort est
fait pour vaincre l’analphabétisme. Dès 1932,
la quasi-totalité des enfants sont scolarisés.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
de six années de guerre, aussi Lénine, assez
pragmatique, décide t-il de faire une pause
dans l’instauration du socialisme. Il crée la
NEP, nouvelle politique économique commune,
afin de permettre au pays de se reconstruire
économiquement. Il autorise le développement
d’un secteur privé dans la petite industrie et le
commerce de détail. Les paysans peuvent ainsi
garder une petite partie de leur production. Sur le
plan économique, c’est un grand succès. Après
les famines de 1921 et 1922, le pays se relève.
Cette NEP permet l’enrichissement d’une petite
partie : chez les paysans, on les appelle koulaks
(Staline se servira de cette dénomination pour
désigner les ennemis à abattre dans les années
1930) et dans l’industrie ce sont les nepmen.
68 Æ HistoiRe
La vie soviétique : difficulté et terreur
Cependant, la vie reste difficile. La population
manque de biens de consommation. Les files
d’attente s’allongent pour des biens souvent
inexistants. Le pays manque de logements
et beaucoup de familles habitent dans des
appartements communautaires.
Pour entretenir son autorité, Staline s’appuie sur
trois choses : la terreur, le culte de la personnalité et la propagande. A partir de 1934, le
NKVD, qui deviendra le KGB en 1954 (comité
pour la sécurité d’Etat), contrôle la population.
La même année, les purges commencent avec
l’élimination des gens du Parti. Des millions
de russes sont envoyés dans des camps de
concentration : les goulags. Les détenus, les
zeks, sont soumis à des travaux pénibles et
utilisés comme main-d’œuvre gratuite. En 1936,
Iejov est nommé commissaire à l’intérieur, ce
qui marque le début de la grande répression.
Une époque restée dans les mémoires sous
le nom de Ejovchina. Fondée sur la théorie du
complot et du sabotage, cette méthode permet
de nourrir la peur au sein de la population pour
l’inciter à dénoncer les « ennemis ». Durant ces
années, l’opinion publique est inexistante en
Russie. La société est de plus en plus atomisée.
Le troisième plan quinquennal est interrompu
par la Seconde Guerre mondiale. Reste que cette
industrialisation a fait de l’URSS la troisième
puissance mondiale.
La Seconde Guerre mondiale
A l’extérieur, l’URSS entre dans le concert
des nations, en 1924, lorsqu’elle est admise
à la SDN. Elle se rapproche d’abord des
démocraties occidentales. Mais à la suite
des accords de Munich, Staline décide de
s’allier à Hitler. En mars 1939 est signé le
pacte germano-soviétique, à la faveur duquel
l’URSS annexe de septembre 1939 à mars
1940 la Pologne orientale, la Carélie, les
Etats baltes, la Bessarabie et la Bucovine
du Nord. Mais le 22 juin 1941, Hitler envahit
une URSS mal préparée à la guerre. L’armée
nazie avance rapidement jusqu’aux environs
de Moscou qui résiste à un long siège. Staline
réussit à mobiliser la population au service
de la « Grande Guerre patriotique » et conclut
un accord avec la Grande-Bretagne. Début
1943, l’Armée rouge regagne du terrain et
à l’automne 1944 pénètre en Roumanie, en
Bulgarie, en Hongrie, participe à la libération
de la Yougoslavie, progresse en Pologne au
début 1945 et, conformément aux accords de
Yalta, occupe l’Allemagne de l’Est. Toujours
selon ces mêmes accords, elle déclare la guerre
au Japon, et obtient, lors de la capitulation
de celui-ci, l’île Sakhaline et l’archipel des
Kouriles.
A la fin de la guerre, l’URSS a perdu 20 millions
d’hommes. Elle regagne rapidement son
potentiel industriel grâce au 4 e plan quinquennal, mais sa production agricole stagne
en raison de la résistance des agriculteurs. Le
5e plan quinquennal donne encore la priorité à
l’industrie lourde plutôt qu’aux biens de consommation. La fin du règne de Staline confine
à la folie. Certaines nationalités, accusées
d’avoir collaboré avec l’ennemi, sont déportées :
Ingouches, Tchétchènes et Tatars de Crimée
sont déportés et leurs républiques autonomes
supprimées entre 1943 et 1946. Les blessures
de cette déportation marqueront longtemps les
esprits. Les déportations continuent, la répression policière est omniprésente, et l’adulation
de Staline confine à l’absurde. Il atteint son
paroxysme en 1949 lors de son 70e anniversaire. Cette date marque l’apogée du culte
de la personnalité. Des cadeaux affluent du
monde entier.
Le mouvement communiste international le
reconnaît comme le guide génial de la révolution.
« Le Petit Père des peuples » meurt le 5 mars
1953. Entre-temps, la guerre froide est née
d’une incapacité des Alliés à s’entendre, de
l’instauration de régimes communistes sous
la pression de l’URSS en Europe de l’Est et du
pacte de l’Atlantique Nord de 1949 dénoncé par
Staline. En effet, l’URSS impose son autorité sur
les territoires libérés par l’Armée Rouge, refuse
l’aide américaine proposée sous la forme du
plan Marshall pour aider les pays européens
à se reconstruire et impose un blocus à Berlin
en 1948. Des régimes favorables à Moscou
sont donc installés dans les états d’Europe de
l’Est. Pendant 40 ans, les démocraties populaires vont être séparées du continent par le
« Rideau de fer ».
Les successeurs de Staline comprennent que le
système économique entièrement dépendant de
la politique menée, avec une large place faite à
l’industrie lourde, n’est pas gérable à long terme.
Khrouchtchev : la dénonciation
des crimes staliniens
A la mort de Staline, Khrouchtchev est placé
à la tête du secrétariat du Parti. La nouvelle
direction veut rétablir la légalité socialiste
et améliorer les conditions matérielles des
citoyens. Les deux premières années de ce
nouveau dirigeant sont caractérisées par
un certain « dégel », qui ouvre la porte à un
phénomène de résistance qui sera connu
sous le nom de « dissidence ». Il dure deux
décennies, jusqu’à la fin des années 1970,
HistoiRe √ 69
Restructurer l’économie
Khrouchtchev tente aussi de modifier l’orientation de l’économie, en donnant la priorité aux
biens de consommation. Comme l’agriculture ne
fonctionne pas, il ordonne en 1954 le défrichage
des terres vierges. En effet, jusque-là le pouvoir
a misé sur l’intensif, qui a usé les terres sans
donner de résultat. Aussi, pour changer les
choses décide-t-il de miser sur l’extensif en
défrichant de nouvelles terres. Pour relancer
la production agricole, l’étau des kolkhozes
est desserré et une grande campagne de défrichement des terres vierges est lancée. Par
ailleurs, il lance un programme de construction
immobilière. On appellera donc khrouchtchevki
ces immeubles de trois à cinq étages qui proli-
fèrent dans les banlieues. Le XXI e congrès
considère la construction socialiste achevée
et décide de se lancer dans l’édification de la
société communiste avec le plan septennal. Ses
premiers résultats sont spectaculaires : mise
au point de la bombe H en 1953, Gagarine dans
l’espace en 1961. Le XXIIe congrès prévoit que
l’URSS dépassera les Etats-Unis en 1970. Le
4 octobre 1975, l’URSS remporte une victoire
symbolique sur les Etats-Unis en lançant le
premier satellite Spoutnik I.
La détente
Au point de vue international, une détente est
amorcée avec la fin de la guerre de Corée en
1953, la réconciliation avec la Yougoslavie
et l’établissement de relations diplomatiques
avec la RFA. A l’extérieur, l’URSS soutient les
pays du tiers-monde récemment décolonisés :
Nasser et le développement du nationalisme
arabe, Lumumba au Congo, mais ses rapports
avec la Chine se détériorent jusqu’à la rupture
publique de 1961. Les relations avec l’Ouest
et surtout les Etats-Unis se sont nettement
refroidies : l’URSS soutient ouvertement Cuba
et un avion américain espion est abattu dans le
ciel soviétique. La crise atteint son paroxysme
avec la construction du Mur de Berlin en 1961 et
les missiles soviétiques de Cuba. L’échec de
cette politique offensive amène Khrouchtchev à
rechercher une entente durable avec les EtatsUnis. Un téléphone rouge reliant directement
Moscou à Washington est installé en 1963.
Mais le secteur économique et agricole est en
difficulté. Plusieurs dérapages, comme la crise
de Cuba et la célèbre scène de Khrouchtchev
se ridiculisant en tapant avec sa chaussure sur
la table de l’ONU, poussent un groupe d’apparatchiks à l’écarter du pouvoir. Khrouchtchev,
désavoué, doit démissionner en 1964.
L’épopée spatiale soviétique
Après la guerre, l’URSS jouit d’un grand prestige dû à la conquête du cosmos, où le
pays rivalise avec les Etats-Unis. Les Russes sont parmi les premiers à s’intéresser à la
possibilité de conquérir l’espace. Grâce à Korolov, l’URSS trouve le concept qui lui permet
de surpasser les Américains : le lanceur qui est utilisé pour le lancement du premier
spoutnik stupéfie tout le monde le 4 octobre 1957. Si l’utilisation militaire de l’espace
n’a pu être possible qu’à partir du milieu des années 1960, les dirigeants soviétiques ont
compris dès le début que la conquête spatiale pouvait s’avérer une arme diplomatique
efficace. L’URSS est la première nation à envoyer un engin dans l’espace. Elle démontre
ainsi sa supériorité sur ses rivales. En 1961, l’URSS envoie le premier homme dans
l’espace, Youri Gagarine. Fort de ce succès, Khrouchtchev lance peu de temps après son
ultimatum sur Berlin. On est entré à l’ère de « la diplomatie des spoutniks ». En 1968,
l’URSS réussit l’expérience d’un vol inhabité autour de la lune. Elle rêve de devancer les
Etats-Unis dans le lancement du premier vol habité, mais n’y réussira pas.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
mais il a été sévèrement réprimé. Le système
soviétique s’engage alors de plus en plus dans
une impasse, dont tous prennent conscience
à la mort de Brejnev en 1982. L’événement le
plus marquant de l’époque est le XXe congrès de
1956, au cours duquel Khrouchtchev dénonce
les crimes de Staline, la terreur et le culte de la
personnalité, ce qui provoque la stupeur dans
le camp socialiste. Les partis communistes
étrangers doivent s’adapter à la nouvelle donne.
On efface le nom de Staline et son corps est
enlevé du mausolée. Beaucoup de victimes
des purges staliniennes sont réhabilitées et
les goulags sont vidés de beaucoup de leurs
détenus politiques. On assiste à la réhabilitation
des victimes des purges et des nationalités
déportées en Sibérie, à l’exception des Tatars
de Crimée et des Allemands de la Volga. Au sein
du Parti, certains, inquiétés par la déstalinisation, s’opposent à Khrouchtchev, qui parvient
néanmoins à écarter ses opposants. Il est certes
possible de critiquer le régime communiste,
mais pas de le remettre en cause.
70 Æ HistoiRe
Brejnev : l’ère de la stagnation
Brejnev lui succède. La nouvelle direction entend
poursuivre une politique plus réaliste et revenir
à l’orthodoxie léniniste. Elle prend des mesures
pour améliorer l’agriculture et le rendement
et donne plus d’autonomie aux entreprises
industrielles. La censure est renforcée et les
intellectuels ont du mal à l’accepter après un
Khrouchtchev tolérant. Les dissidents font
part de leurs critiques à l’étranger. Sakharov
(prix Nobel de la paix en 1975), Tchalidze et
Tverdokhlebov fondent en 1970 un Comité
pour la défense des droits de l’homme. Ils
sont réprimés. Mais les revendications des
groupes nationaux sont plus préoccupantes
pour le pouvoir : les Juifs obtiennent le droit
d’émigrer en Israël en 1971, les Tatars de Crimée
parviennent à se faire réhabiliter. A l’intérieur du
parti, de plus en plus d’avantages sont octroyés
aux cadres et la corruption se développe. La
Constitution de 1977 considère que la société
soviétique est devenue « une société socialiste
avancée ». Brejnev meurt en 1982. Lui succèdent
à la tête du parti Andropov puis Tchernenko.
Celui-ci meurt en 1985. A l’extérieur, l’URSS
renforce le pacte de Varsovie. Elle renforce aussi
ses liens avec Cuba, qui devient un véritable
satellite, mais aussi avec la Syrie, l’Irak, le
Yémen, l’Algérie… Elle intervient indirectement
au Vietnam et au Cambodge pour y installer
des régimes communistes et directement en
Afghanistan en 1979 pour soutenir un régime
à sa dévotion. 100 000 soldats russes font face
à une forte résistance locale. Elle intervient
également en Tchécoslovaquie en 1968. Mais
tout en menant cette politique de fermeté à
l’intérieur du camp socialiste, elle améliore
ses relations avec l’Ouest en signant tous les
traités de désarmement.
La perestroïka
En 1985, la nécessité de réformer le pays en
profondeur semble s’être imposée aux dirigeants. L’économie est paralysée à tous les
niveaux de production et elle repose sur un
système qui n’est pas du tout motivant pour la
population. L’expression alors courante « on fait
semblant de payer des gens qui font semblant
de travailler » est assez parlante. De nombreux
retards technologiques obligent à faire appel
à l’importation. Le pays souffre de problèmes
d’alcoolisme et d’absentéisme. Une économie
parallèle a dû se mettre en place pour pallier
le manque de biens de premières nécessités.
Dans les différentes régions, les gouverneurs
organisent des sortes de marchés noirs. La
course aux armements avec les Etats-Unis
continue alors que l’URSS n’en est plus capable.
La population accepte de moins en moins cet
état de fait. Gorbatchev arrive au pouvoir en
1985 et étonne tout le monde avec son francparler. Il va tenter une sorte de révolution :
changer de fonctionnement tout en conservant le même système communiste. Il lance
la Perestroïka, mot qui signifie restructuration.
C’est le volet économique des réformes qu’il
entreprend. Il assouplit les directives et permet
de créer un embryon de privatisation. Le volet
idéologique de ses réformes est la glasnost,
mot qui signifie transparence : on peut dire
publiquement tout ce que l’on taisait sous la
pression idéologique. Les dissidents comme
Andreï Sakharov sont libérés, des débats publics
ont lieu au soviet suprême. La démocratisation
permet l’expression des aspirations démocratiques, écologiques, nationales, religieuses ou
même indépendantistes dans les pays baltes
et le Caucase. Comme la situation économique ne progresse pas, le mécontentement
augmente dans la population. Et comme par
ailleurs celle-ci jouit d’une liberté de parole
nouvelle, elle peut exprimer ce mécontentement. L’abolition de la censure dans la presse
permet par exemple de faire découvrir à la population la catastrophe nucléaire de Tchernobyl
en 1986.
Du coup d’État manqué
à la fin de l’URSS
Progressivement, Gorbatchev est pris en étau
entre deux formes d’opposition : les conservateurs communistes d’un côté qui lui reprochent
d’avoir réformé le système et les libéraux de
l’autre qui voudraient au contraire que les
réformes aillent plus loin, vers une privatisation totale de l’économie. Ces libéraux qui
souhaitent même passer directement au capitalisme s’organisent autour de Boris Eltsine. En
août 1991, les communistes profitent du fait
que Gorbatchev soit en vacances pour tenter
un putsch contre lui. Boris Eltsine prend alors
la tête de l’opposition. Il appelle à la résistance
et réussit à faire plier le putsch ; une partie
des forces le soutient. Surtout, Eltsine réussit
à mettre les médias de son côté. Il ressort
comme le grand héros de ces journées, tandis
que Gorbatchev est complètement discrédité.
En 1991, lors des élections présidentielles,
Gorbatchev ne réussit à rassembler que 1 % des
suffrages exprimés. C’est Boris Eltsine qui lui
succède à la tête de la Russie. Gorbatchev est
président de l’URSS et Eltsine est président de
Russie. Gorbatchev reste président de l’Union,
mais n’a déjà plus sa place à la tête d’un pays
qui ne veut plus exister.
HistoiRe √ 71
Les oligarques
Les Etats baltes, puis l’Ukraine, la Moldavie,
la Biélorussie, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan,
le Kirghizistan, le Haut-Karabakh, la Crimée,
l’Arménie, le Tadjikistan, le Turkménistan
prennent ou obtiennent leur indépendance. Le
21 décembre 1991, à Alma-Ata, 11 des 12 présidents des républiques socialistes soviétiques
constatent la fin effective de l’URSS. Gorbatchev,
devenu président d’une union défunte, n’a plus
qu’à démissionner. Le 25 décembre, Moscou
fête Noël… et enterre l’Union soviétique. Dans
la brume crépusculaire et glacée qui tombe sur
la place Rouge, quatre soldats figés dans leurs
capotes amènent lentement le drapeau rouge
frappé de la faucille et du marteau, lequel flotte
depuis 1917 sur le Kremlin ; à la place ils hissent
le drapeau blanc bleu rouge de la Russie.
Un empire est mort, sans fleurs ni couronnes.
La Russie naît officiellement dans l’indifférence
de Moscovites surtout soucieux d’améliorer
leur médiocre quotidien en ce soir de Noël très
politique. Le président russe Boris Eltsine vient
de leur faire cadeau de leur ville redevenue
capitale de la Russie après avoir été, 73 ans
durant, capitale de l’Union soviétique. Le 17 avril
1992, la république de Russie prend officiellement le nom de Fédération de Russie.
La Fédération de Russie :
le mandat de Boris Eltsine
En décembre 1991, l’URSS a disparu. En 1992,
les 15 Républiques se séparent et la Russie
se retrouve à nouveau indépendante dans de
nouvelles frontières. Il y a comme en 1917 un vide
de pouvoir et une histoire qu’il faut à nouveau
réinventer. Eltsine est confronté à trois nouveaux
enjeux. Tout d’abord, un enjeu économique, car
Eltsine s’est fait durant la perestroïka l’ardent
défenseur de la privatisation à outrance. Il doit
aussi s’atteler à l’enjeu politique de la démocratisation. Et enfin un nouvel enjeu géographique de
taille et qui va déterminer la politique extérieure
de la Russie : la Fédération se trouve seule
dans un tout petit territoire avec de nouvelles
frontières à aborder. Mais avant tout Eltsine doit
s’offrir une légitimité : au moyen de signes de
puissance et grâce au soutien de la population.
La première mission du nouveau président, celle
du passage à la privatisation, se fait dans un
contexte difficile. En effet cette privatisation
se fait de façon brutale : le 2 janvier 1992,
on décrète la liberté des prix, provoquant des
situations de détresse pour la grande majorité
de la population. Aussi le parlement majoritairement composé d’anciens cadres du régime,
c’est-à-dire de conservateurs, s’opposent-ils
farouchement à tous ces changements. Une crise
éclate. Le Premier ministre libéral Egor Gaïdar
est alors remplacé par Victor Tchernomyrdine.
Le 25 avril 1993, c’est par un « da » majoritaire
que les Russes ont renouvelé leur confiance à
Boris Eltsine. Le président russe remporte ainsi
une manche contre le Parlement désavoué. Mais
l’opposition ne désarme pas, et si les Russes ont
choisi la stabilité et la démocratie pour contrer
la menace du retour au communisme, on ne
sait pas s’ils accepteront longtemps encore de
se serrer la ceinture.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Ces magnats de l’économie ont construit des fortunes colossales durant les privatisations
des années 1990. Profitant de la déréglementation complète de l’économie, ce petit
groupe d’industriels (oligarchie signifie en grec « le gouvernement du petit nombre ») a eu
l’audace d’acquérir d’énormes richesses à un millième de leurs valeurs, dans les domaines
du gaz et du pétrole particulièrement. A partir de 1994, tous les journaux et chaînes de
télévision qui étaient devenues légion durant la perestroïka et qui avaient été achetés par
des journalistes, se sont retrouvés très endettés. Aussi les oligarques les ont-ils rachetés.
Désormais à la tête du pouvoir économique et médiatique, seul le politique leur restait à
prendre. A cette époque, la cote de popularité de Boris Eltsine était au plus bas. Aussi
les oligarques ont-ils proposé de financer la campagne de réélection de Boris Eltsine en
échange de quoi ils se sont vus attribuer les plus beaux fleurons industriels du pays. Voilà
pourquoi le ressentiment de la population contre ces magnats de la banque, de l’énergie
et de l’industrie est aujourd’hui lourd : les Russes ont l’impression que l’Etat a bradé ces
trésors pour de sombres intérêts et que la population s’est retrouvée injustement lésée.
Aussi de nombreux politologues analysent aujourd’hui ce qui se passe en Russie comme
une convergence entre l’aspiration de Vladimir Poutine et celle de la population : un désir
de retour à l’ordre après les injustices de la privatisation. Cela explique aussi l’importance
hautement symbolique de la mise au pas des oligarques par le pouvoir.
72 Æ HistoiRe
En effet, l’ensemble de l’économie est désorganisée : les fermetures d’usines sont nombreuses
et le chômage flambe, créant les conditions du
développement d’une économie parallèle et
de l’apparition de mafias. En décembre, Boris
Eltsine fait voter une nouvelle constitution. En
1995, l’élection de la Douma consolide le camp
de l’opposition ultranationaliste. La profonde
désorganisation et l’instabilité de la Russie
poussent les opposants au régime à conclure
un « pacte d’entente civile » qui repousse les
élections présidentielles à 1996. En 1995, la
tentative de sécession de la Tchétchénie met
en lumière la menace du réveil des nationalités
et de l’intégrité de la Russie. En juillet 1996,
Boris Eltsine parvient à se faire réélire contre
son opposant conservateur avec l’appui du
général Lebed, seul personnage capable de
lui faire de l’ombre et qu’il évincera plus tard.
Boris Eltsine parvient à mettre fin à ce qui
sera la première guerre de Tchétchénie, en
signant un accord de paix avec le président
tchétchène Aslan Maskhadov et qui met fin
à la guerre sous réserve d’une décision sur le
statut de la république caucasienne rebelle,
renvoyée à cinq ans. Au niveau international,
la Russie est intégrée au Conseil de l’Europe,
ce qui la contraint à renoncer à l’application de
la peine de mort. Elle signe ensuite un accord
de normalisation de ses relations avec l’OTAN.
Mais la situation économique du pays rattrape
vite la Russie. La fin de la présidence de Boris
Eltsine est marquée par une grande instabilité.
Economique tout d’abord, puisqu’une grave crise
bancaire éclate en août 1998. Elle est doublée
d’une crise politique. En mars 1998, Boris Eltsine
renvoie le gouvernement de Tchernomyrdine,
en place depuis cinq ans, et provoque une
crise politique grave, exacerbant les tensions
entre le Kremlin et la Douma qui se menacent
mutuellement de destitution et de dissolution. La
Douma obtient finalement le renvoi du nouveau
Premier ministre Sergueï Kirienko en septembre.
Le président se résout à nommer un homme
du compromis, Evguéni Primakov, à la tête
du gouvernement russe. L’année suivante, en
pleine guerre du Kosovo qui a alourdi le climat
entre la Russie et l’Occident, Eltsine, menacé
de destitution par la Douma, limoge Primakov.
Le ministre de l’Intérieur Sergueï Stépachine
est nommé à la tête du gouvernement, un choix
auquel se résigne la Douma. A l’approche des
présidentielles de 2000, Eltsine sort de son
chapeau un nouveau Premier ministre totalement
inconnu du grand public, Vladimir Poutine. Le
31 décembre 1999, Eltsine démissionne à la
veille des présidentielles et désigne Poutine
comme dauphin. Ce dernier est élu président
de la Russie le 26 mars 2000 dès le premier
tour avec 52 % des voix. Cette élection triomphale constitue sans conteste une rupture avec
l’ère Eltsine.
Premier mandat de Vladimir Poutine
Lorsqu’il arrive au pouvoir en 2000, Poutine
est un homme quasi inconnu en Russie. Il doit
relever un terrible défi étant donné la situation
laissée par son prédécesseur : le pays est ruiné
à cause de la crise économique, les grandes
attentes de 1991 ne semblent par avoir été
comblées car les privatisations ont conduit à de
nombreuses inégalités et Boris Eltsine n’a pas
réussi à rendre aux Russes leur fierté nationale.
Aussi le grand pari du premier mandat de Poutine
a été de relever tous ces défis. La mise aux pas
des oligarques tout d’abord a été un processus
très démonstratif de sa volonté de remettre de
l’ordre dans la gestion des privatisations. En
2000, il a contraint à l’exil les magnats Boris
Berezovsky et Vladimir Goussinski. Et durant
l’été 2003, il a mené une nouvelle offensive
contre les oligarques, sur le terrain économique
cette fois. La plus grande fortune russe, Mikhaïl
Khodorkovsky, patron de la compagnie pétrolière
Ioukos, a été convoqué devant la justice pour
une affaire de fraude fiscale et son numéro 4,
Platon Lebedev, a été arrêté et emprisonné
sous l’accusation « d’escroquerie à grande
échelle ». En s’alignant en septembre 2001 sur
les Etats-Unis dans son désir de lutte contre
le terrorisme, il a redonné à la Russie un rôle
international parmi les grands de ce monde.
Enfin, en partie grâce à la manne pétrolière, la
situation économique s’est redressée. Poutine a
freiné les dépenses budgétaires et lutté contre
l’inflation. Les capitaux sont ainsi revenus, le
taux de chômage a reculé de 13 % à 8 % entre
1998 et 2003, la fraction de la population la plus
pauvre a baissé d’un tiers. La sortie de crise a
été plus rapide et plus soutenue que la plupart
des observateurs ne la jugeaient possible. Aussi
la politique de Poutine, qui s’appelle « la verticale
du pouvoir », connaît-elle un succès retentissant.
Les Russes veulent voir leur pays retrouver les
signes de la puissance et Poutine leur donne
l’image de ce pouvoir fort auquel ils aspirent.
Deuxième mandat de Poutine
Poutine a été réélu triomphalement en mars
2004 en obtenant 70 % des voix. Ce qui prouve
sa popularité. Mais les incertitudes demeurent.
Poutine s’est déjà heurté à quelques mécontentements de la population. Moins d’un an après
sa réélection, il a dû affronter l’une des plus
grandes manifestations qu’il ait connues. Et ce
après sa décision de supprimer des avantages
sociaux issus du communisme. Dans un souci
HistoiRe √ 73
La Russie d’aujourd’hui
Tandis que Poutine ne fait pas l’unanimité sur la
scène internationale, il est devenu très populaire
en Russie. Il incarne pour la population un homme
à poigne qui a réussi à remettre le pays sur
pied. Alors, l’instrumentalisation des élections
législatives, qu’importe ! Le sort de Poutine,
qui ne peut pas cumuler un troisième mandat
est longtemps resté un point d’interrogation,
mais en décembre 2007, après avoir choisi
Medvedev pour être son successeur, il s’est
naturellement nommé comme futur Premier
ministre de son dauphin Dmitri Medvedev élu
à la présidence le 2 mars 2008, et prend la
tête du parti majoritaire Russie Unie, devenant
ainsi le premier homme fort du pays. Dernier
avatar de la reprise en main du pays, la guerre
de Géorgie en août 2008 montre à quel point
Vladimir Poutine a mis la Russie sur un plan
d’opposition à l’Occident dans les relations
internationales. La crise économique mondiale
commencée en 2008 a sérieusement touchée la
Russie. Le rouble s’est dévalué et le nombre de
chômeurs augmente chaque semaine. Cette crise
est le premier test pour le système établi par
Vladimir Poutine. Libérale, voire ultra-libérale sur
le plan des droits sociaux, autoritaire en matière
de politique, étatique en matière d’économie, la
Russie a profité de longues années de croissance
sans remise en cause de ce système. Alors que
les manifestations de chômeurs se multiplient,
le système doit trouver les clefs des réformes
sociales et nécessairement politiques pour
assurer la stabilité du pays.
En septembre 2011, le (léger) suspense sur un
éventuel duel entre Poutine et Medvedev pour les
élections de 2012 est levé. Medvedev propose
que Poutine devienne le candidat du parti Russie
Unie pour la présidentielle, et inversement,
Medvedev doit endosser le rôle de Premier
ministre. Avant l’élection présidentielle, il y a les
législatives. Le scrutin du 4 décembre consacre
sans surprise les députés du parti au pouvoir
Russie Unie. Mais leur résultat (64,3 % des voix)
est sans doute entaché de fraudes. Mécontente,
une partie de la population descend dans les
rues de Moscou et dans les grandes villes de
Russie. Des semaines durant, une mobilisation
d’opposition inédite depuis l’arrivée de Poutine
fait entendre sa voix. Les rassemblements se
poursuivent avant et après le retour de Poutine
au Kremlin, réélu président de la Fédération
de Russie le 4 mars 2012. Là aussi, de forts
soupçons de fraudes à l’avantage du candidat
de Russie Unie pèsent sur le scrutin. À partir
du mois de mai, moment de l’investiture de
Poutine, les manifestants commencent à faiblir
face à une répression policière musclée. Des
opposants sont emprisonnés puis libérés lors
de chaque meeting. Une nouvelle loi censée
intimider les participants à ces manifestations
menace de fortes amendes quiconque troublera
l’ordre public. Plusieurs autres lois répressives
font leur apparition et concernent notamment
les droits de l’homme, comme celle obligeant
les ONG financées tout ou partie par des fonds
étrangers à se faire appeler des « agents de
l’étranger » avec les inconvénients que cela
comporte ou encore la loi interdisant « la propagande homosexuelle et pédophile auprès des
mineurs », une loi à l’amalgame inquiétant.
Parallèllement, l’Eglise continue son retour en
force et Vladimir Poutine ne manque pas une
occasion de véhiculer et d’entretenir son image
de fervent croyant.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
d’égalité, tout le monde bénéficiait alors d’un
système d’assistanat. Les retraités, qui avaient
de très petites retraites avaient des avantages
en nature, qui leur faisaient jouir gratuitement
des services suivants : transport, appartement, téléphone, médicament, gaz, électricité.
Ce sont ces avantages sociaux que Poutine a
voulu supprimer contre un paiement en argent
qui se révélait en réalité nettement inférieur à
ces mêmes avantages. Poutine voulait faire
cela dans un souci de monétarisation de
l’économie, afin de transformer le pays en
véritable économie de marché et d’en finir avec
les séquelles du communisme.
Mais alors que certaines mesures répressives
n’avaient provoqué aucune révolte, des dizaines
de milliers de manifestants sont sortis dans la rue
en février 2005 pour crier leur mécontentement.
La popularité de Poutine a connu un premier
revers de manche. Ensuite, la Russie qui depuis
la chute de l’URSS a le sentiment d’avoir été
amputée d’une partie de son territoire est très
soucieuse de ce qui se passe sur ses marges. Or
la révolution des roses en Géorgie à l’automne
2003, la révolution orange en Ukraine à l’hiver
2004 et la révolution blanche au Kirghizstan en
mars 2005 contribuent à donner l’image d’une
Russie qui perd le contrôle de ses anciennes
républiques, lesquelles préfèrent se tourner vers
l’Occident et recevoir de l’aide des Etats-Unis (la
Géorgie est le pays qui reçoit la plus grande aide
des Etats-Unis après Israël). Enfin, en octobre
2005, la situation dans le Caucase semble plus
explosive que jamais. Des coups de feu ont failli
mener au pire à Naltchik, capitale de la république autonome de Kabardino-Balkarie, voisine
de la Tchétchénie. Des hommes en armes ont
pris le contrôle de différents points stratégiques
de la ville. Chamil Bassaïev, le chef de guerre
indépendantiste tchétchène a reconnu être le
commanditaire de cette attaque menée contre
les forces de sécurité russes.
74 Æ HistoiRe
L’Eglise justement : c’est elle qui se dit visée
ce 21 février 2012 alors que Poutine est sur le
point d’être réélu. Pour protester contre celui
qu’elles estiment être un despote et critiquer
la promiscuité du pouvoir et de l’Eglise, cinq
jeunes femmes encagoulées, le groupe punk et
féministe Pussy Riot, pénètrent dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou où elles
entonnent une prière musicale anti-Poutine à
grand renfort de guitares saturées. Quelques
jours plus tard, trois d’entre elles sont capturées
et mises en détention provisoire. Sur ces trois
jeunes femmes, deux seront condamnées le
18 août 2012 à deux ans d’emprisonnement
en camp (jusqu’à février 2014). Quant au
mouvement d’opposition qui a pris de l’ampleur
depuis décembre 2011, il finit par s’essouffler face à la répression et à l’acharnement
du pouvoir sur les leaders du mouvement.
Le 18 juillet 2013, son représentant le plus
populaire, l’avocat et blogueur anti-corruption
Alexeï Navalny est condamné à cinq ans de camp
pour détournement de fonds à grande échelle au
cours d’un procès très contesté. La Russie rentre
dans une période de troubles et d’opposition de
plus en plus marquée avec les Etats-Unis et l’UE
sur la scène internationale. Les troubles nés
en Ukraine en novembre 2013 vont en être le
catalyseur. L’Ukraine est une nation complexe,
coupée en deux moitiés par la frontière naturelle
du Dniepr. A l’ouest, sa population est très
majoritairement ukrainophone, orthodoxe ukrainienne ou uniate (église catholique ukrainienne)
et regarde vers l’Union européenne, autant par
espoir de sortir du marasme économique que par
souhait d’échapper à l’ombre trop prégnante du
grand frère russe dont il cherche à s’affranchir
depuis des siècles. A l’est du Dniepr, la popu-
lation est majoritairement russe de culture ou
de sang, orthodoxe russe de confession, et a
découvert l’ukrainien dans les manuels scolaires
à partir de la fin du XXe siècle, voire le début du
XXIe siècle. Pour eux, l’ukrainianité est bien plus
subie que choisie et le sentiment d’appartenance
à la Russie est toujours ancré dans leur cœur.
Comme un symbole, Kiev est traversée par le
Dniepr comme Paris par la Seine...Quant à la
Crimée, elle est une péninsule et un territoire
bien à part. Khroushtchev l’avait en effet cédée
en 1954 à la République socialiste d’Ukraine,
autant par simplification administrative que
par compensation des souffrances infligées
aux Ukrainiens par Staline. A l’époque du bloc
soviétique, cela ne portait pas à conséquence,
mais depuis l’effondrement de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine, la région est un sujet
constant de crispations entre les deux Etats.
Afin d’y protéger une population russe à près
de 60 % (pour 20 % d’Ukrainiens et 15 % de
Tatars) et ses bases militaires navales sur
place, Moscou avait donc négocié pour la
Crimée un statut de République autonome au
sein de l’Ukraine au moment de la déclaration
d’indépendance de celle-ci. Quand le président
Ianoukovitch annonce fin 2013 la suspension
des discussions avec l’UE en vue d’un accord
commercial et d’association (et du financement d’un Etat aux abois financièrement), les
pro-Européens y voient la fin des espoirs d’un
ralliement à l’ouest et la main de la Russie via
le président Viktor Ianoukovitch, accusé d’être
la marionnette du Kremlin.
Quand les manifestations s’intensifient début
2014 et virent en affrontements quotidiens
à Kiev, la Russie et le camp russe-ukrainien y voient de leur côté la main de l’OTAN.
La guerre de Géorgie d’août 2008
La fin de l’URSS, si elle n’a pas été aussi violente qu’attendue par certains politologues,
a été le moment du réveil de certains nationalismes. Pas encore sûre de la voie à
emprunter, l’administration de Boris Eltsine a navigué à vue, essayant d’affaiblir les
nouveaux Etats indépendants. Ainsi est né le soutien russe aux indépendantismes de
deux régions géorgiennes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. La première guerre d’Ossétie
en 1992 s’est terminée par un cessez-le-feu qui faisait de l’Ossétie une région séparée
de la Géorgie au niveau administratif mais pas au niveau territorial, les troupes russes
assurant la préservation de ce cessez-le-feu. Pendant 16 ans, des échanges de coups
de feu sporadiques ont menacé de remettre en cause le cessez-le-feu. C’est finalement
le 6 août 2008 que ce conflit gelé est redevenu brûlant. Après des attaques de villages
géorgiens par des miliciens ossètes, les Géorgiens décident de réagir en force en attaquant
la « capitale » Tskhinvali. Les Ossètes appellent alors les Russes à l’aide. Ces derniers,
étrangement prompts, envoient en masse des soldats, de l’artillerie lourde, des chars et
bombardent les villes et infrastructures géorgiennes. De la Russie, c’est une réponse à la
guerre de Serbie de 1999 contre l’OTAN. Les Russes ont certes écrasé l’armée géorgienne,
mais leur image de modérateurs sur la scène internationale est pour longtemps ternie.
HistoiRe √ 75
contrairement à celles des 60 ans qui avaient
réuni George W. Bush, Jacques Chirac et Gerhard
Schröder, elles se déroulent sans la présence
des chefs de gouvernement des principaux pays
alliés et européens.
Avec l’Ukraine, la Syrie est l’autre gros
dossier de ces crispations. Dans le sillage des
«Printemps arabes», des manifestations se
déroulent dans tout le pays afin de réclamer plus
de démocratie. Le pouvoir y reste sourd et les
mouvement contestataires, d’abord plutôt le fait
de la jeunesse dorée damascène, se radicalisent
et dégénèrent dans des affrontements puis une
guerre civile à forte connotation confessionnelle
(sunnites contre alaouites, chiites et chrétiens).
Le camp américain et européen, appuyé par
Israël, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar,
se positionne d’emblée dans une condamnation
sans nuance du régime de Bachar el-Assad. Il
soutient dès lors financièrement et militairement
des rebelles dont la légitimité et les bonnes
intentions démocratiques semblent assez peu
évidentes. Vladimir Poutine y voit une attaque
en règle de sa sphère d’influence dans la région,
le régime baasiste d’obédience socialiste est
un vieil allié de la Russie. Se positionnant en
médiateur dans un premier temps, il accuse
ouvertement le camp occidental de jouer le
jeu trouble de la déstabilisation et du chaos
afin d’anéantir un Etat peu conciliant et de
redistribuer les cartes du leadership régional.
La montée en puissance fulgurante de l’Etat
islamique à partir de 2014 en Irak et en Syrie,
les moyens dont il dispose, la façon dont il met
la main sur des arsenals d’armes lourdes et
dont il est épaulé par un afflux de djihadistes
internationaux passés par une Turquie aux
frontières étonnamment poreuses ne sont pas
loin d’accréditer cette thèse.
Le 31 octobre 2015, un avion de tourisme
russe est abattu par l’EI dans le Sinaï égyptien
faisant 224 victimes. 13 jours plus tard, c’est
Paris qui est frappé dans ses rues, au Bataclan
et aux abords du Stade de France dans des
attaques terroristes faisant 130 morts. La
Russie, qui avait commencé à bombarder l’EI
et les rebelles afin de soutenir plus directement
son indéfectible allié Assad, intensifie ses
frappes et son approvisionnement en armes
mais envoie également des troupes au sol. La
France commence à bombarder les positions
de l’EI à Raqqa le 15 novembre tandis que le
24 novembre, la Turquie (pays membre de
l’OTAN) abat un avion russe pour «violation
de son espace aérien». En décembre 2015,
dans un contexte très incertain, les cartes de
la diplomatie et des alliances semblaient être
en cours de redistribution…
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
La situation à Kiev dégénère en février avec
de véritables batailles rangées aux alentours
du palais présidentiel. Ianoukovitch quitte
précipitamment Kiev en février et se réfugie
à Rostov. La République autonome de Crimée
profite de cette vacance du pouvoir et du vide
constitutionnel pour organiser un référendum
sur son avenir. Plus de 90 % s’expriment
en faveur d’un rattachement à la Russie en
mars 2014. La Russie annexe donc la Crimée.
Les riches régions minières russophones de
Donetsk et Lugansk rejoignent le mouvement
sécessionniste et organisent des référendums
d’autodétermination largement en faveur du
rattachement à la Russie en mai. Côté russe,
pour légitimer le soutien aux séparatistes du
Donbass (dont la situation juridique est moins
«claire» que la Crimée), les médias gouvernementaux présentent Kiev comme une menace
et les manifestants responsables de la chute
de Ianoukovitch (du « coup d’Etat », dit Moscou)
sont présentés comme des fascistes qu’il faut
combattre comme lors de la Grande Guerre
patriotique l’URSS a combattu l’Allemagne nazie.
Il faut dire que les croix gammées et références
politiques arborées sans complexe par des
unités paramilitaires ukrainiennes directement
rattachées au ministère de l’intérieur comme
le régiment Azov donne de l’eau au moulin des
Russes... Moscou nie néanmoins la présence
de troupes russes dans le Donbass, venues en
soutien aux séparatistes dont l’origine ukrainienne n’est pas toujours avérée. Les accords de
Minsk I puis de Minsk II (république du Belarus)
qui rassemblent le 11 février 2015 les présidents français, allemand, ukrainien et russe,
permettent de tomber d’accord sur l’application d’un cessez-le-feu, pourtant difficilement
respecté par la suite. Sur le terrain, c’est le début
d’une guerre civile entre forces néo-gouvernementales et milices séparatistes aura fait plus
de 7 000 morts et l’Ukraine est désormais au
bord de la faillite. L’UE vote de lourdes sanctions
économiques contre la Russie, prolongées
d’au moins 6 mois en juin 2015, impliquant
des pans entiers de son économie (comme les
secteurs bancaires, pétroliers et d’armement,
avec notamment la rocambolesque non-livraison
par la France des porte-hélicoptères Mistral
Vladivostok et Sebastopol). Elles provoquent
un ralentissement important de sa croissance
mais aussi une réorientation de celle-ci vers
de nouveaux partenaires (notamment chinois).
Avec la chute du prix du baril de pétrole, le
pays entre en récession. Dans ce contexte de
crispation, la Russie célèbre en grandes pompes
le 9 mai les 70 ans de la fin de la Grande guerre
patriotique. Les festivités sont grandioses mais,
Politique et économie
POLITIQUE
La Fédération de Russie couvre les trois-quarts
du territoire, mais ne regroupe que la moitié de
la population de l’ex-URSS. La Russie est divisée
en 83 unités administratives, dont 21 républiques, 46 régions, 6 territoires, 4 districts
autonomes et deux villes fédérales, Moscou
et Saint-Pétersbourg. La région autonome du
Birobidjan prévue par Staline pour accueillir
les juifs d’URSS conserve un statut particulier.
Depuis mars 2014 et l’annexion de la république de Crimée ukrainienne par la Russie, la
Fédération considère qu’aux 83 unités administratives il faut en ajouter deux autres : la
république de Crimée et la ville de Sébastopol, ce
qui porterait le nombre de sujets fédéraux à 85.
L’agglomération de Moscou compte 14,75 millions
d’habitants, soit 9 % de la population russe.
Moscou est la capitale de la Fédération de Russie
depuis sa création en 1991 et était auparavant
la capitale de l’URSS. Toutes les instances
gouvernementales y sont installées.
Structure étatique
La Fédération de Russie est une république
fédérale à régime présidentiel fort. Selon la constitution du 12 décembre 1993, le président est élu
au suffrage universel pour quatre ans. Il détient
le pouvoir exécutif et nomme le Premier ministre.
Cette nomination doit être approuvée par la
Douma, soit l’assemblée du peuple. La Douma
est composée de 450 membres élus au suffrage
universel, la moitié au scrutin majoritaire et
l’autre moitié au scrutin proportionnel, et ce
pour quatre ans. Elle détient le pouvoir législatif
puisqu’elle prépare et adopte les lois. Elle peut
également engager la procédure de destitution
du président et poser la question de confiance
au gouvernement. Le conseil de la Fédération,
une chambre haute indissoluble, est composé de
176 membres, les sénateurs, élus par les entités
territoriales, à raison de deux membres chacune.
Le conseil a un pouvoir judiciaire : il nomme les
juges des trois hautes cours de justice et le
procureur général qu’il peut également révoquer.
La Douma est à majorité présidentielle depuis la
fusion des partis Edinstvo de Sergueï Choïgou et
Patrie Toute la Russie du maire de Moscou Iouri
Loujkov. Ces deux partis majoritaires à eux deux
(238 sièges sur 450) se sont regroupés au sein
de Russie unie, qualifié de « parti du pouvoir ».
Cette coalition centriste cohabite avec une aile
droite représentée par l’union des forces de droite
et l’aile gauche du parti communiste. La Douma
fait donc preuve d’une grande docilité vis-à-vis
de l’exécutif, comme le conseil de la Fédération,
dirigée par un proche de Vladimir Poutine et qui
a pour principale vocation d’être une tribune de
lobbying pour les entités régionales.
Vladimir Poutine a été réélu en mars 2004 avec
une majorité écrasante de 71 % des voix, alors
qu’il n’en avait obtenu que 52,5 % en 2000.
L’élection du 2 mars 2008 devait désigner son
successeur, la constitution russe interdisant
trois mandats présidentiels successifs.
C’est Dmitri Medvedev, adoubé par Poutine
et vainqueur du scrutin avec plus de 70 %
des voix, qui devait prendre la tête de l’Etat le
7 mai 2008. Mais le message était clair avant
l’élection : Poutine garderait toutes les clés
du pouvoir exécutif une fois désigné chef du
gouvernement par son dauphin.
Pour l’élection de 2012, le plan mis en place
en 2008 est réutilisé. Poutine est désigné par
Medvedev pour redevenir président. Et inversement. Par ailleurs la durée du mandat est passée
de 4 à 6 ans en 2010, permettant à Poutine de
se maintenir au pouvoir jusqu’en 2024. Vladimir
Poutine aura donc réussi à rester à la tête du
pays pendant 12 ans et peut-être 12 autres
années encore, sans jamais contrevenir aux
règles institutionnelles.
Structure municipale
Les villes sont dirigées par des maires, élus
lors d’élections municipales tous les cinq ans.
Les maires sont toutefois « chapeautés » par
les gouverneurs de régions, qui eux étaient
nommés par le président de la Fédération jusque
récemment. Pour Moscou, l’emblématique et
milliardaire maire de la ville, Lioujkov, a été
contraint de démissionner en 2010. Il a été
remplacé par Sergey Sobyanin, un fonctionnaire
proche de Poutine.
Partis politiques
Les deux partis les plus puissants en Russie
actuellement sont : « Russie Unie » (le parti du
pouvoir) de Vladimir Poutine et, loin derrière,
mais première force d’opposition tout de même,
le Parti communiste de Russie (KPRF), dirigé par
Guennadi Ziouganov. Suivent le Parti libéral-
PoLitique et économie √ 77
Poutine au pouvoir et la loyauté ont clairement
été remises en cause par Poutine lui-même.
Le Kremlin et le patriarcat
L’alliance de l’Eglise orthodoxe et du Kremlin
est l’un des piliers de la nouvelle Russie de
Poutine. Quand Eltsine passe le pouvoir à Poutine
en décembre 1999, ce dernier insiste pour
que le patriarche de Moscou et de toutes les
Russies, Alexis II, assiste à cette passation de
pouvoir et la bénisse, ce qui est un événement
sans précédent depuis la révolution. Après la
première élection de Poutine en 2000, Alexis II
le conduit dans la cathédrale de l’Annonciation
au Kremlin pour un service d’action de grâces.
Ainsi l’Eglise occupe une place particulière
dans le projet poutinien de restauration de la
grandeur de la Russie et de la puissance de
l’Etat. Le patriarcat de Moscou a besoin de l’Etat
pour continuer à récupérer ses églises et ses
monastères et obtenir des avantages fiscaux.
L’Etat de son côté voudrait jouir du prestige
moral de l’Eglise, qui est l’une des rares institutions qui inspire encore le respect aux Russes.
Les deux instances partagent d’ailleurs des
valeurs communes, comme le patriotisme et
l’aspiration d’un retour à l’Etat fort.
ÉCONOMIE
La privatisation radicale de l’économie russe
a désorganisé l’ensemble des secteurs économiques et facilité le développement de la corruption et de la mafia. La Russie tente aujourd’hui
d’assainir son économie. Mais Moscou est
indiscutablement le cœur économique de la
Russie et elle se porte bien.
La Russie fait partie du G8, c’est-à-dire du club
des pays les plus industrialisés, elle a donc
l’une des huit économies les plus avancées au
monde, avec des ressources naturelles exceptionnelles et de fortes compétences techniques
et scientifiques. L’entreprise énergétique russe
Gazprom est le premier exploitant et exportateur
de gaz au monde. Depuis 2005, elle est aussi
un acteur majeur sur le marché mondial du
pétrole. En 2011, Gazprom est un géant du
secteur des hydrocarbures, puisqu’il s’agit de la
plus grosse entreprise de Russie et la troisième
capitalisation boursière au monde.
Au niveau salarial, alors qu’un Russe moyen gagne
environ 550 $ par mois, un Moscovite gagne 750 $
par mois. Ce chiffre restant une moyenne qui
masque de profondes inégalités : c’est ainsi que
le salaire d’un Russe sur deux est de 150 $ par
mois et que l’autre moitié des Russes (Moscovites
compris) dispose d’un salaire mensuel de 420 $.
Les revenus annuels de la population russe
atteignent 3 400 $ environ (9 000 $ annuels en
moyenne pour les Moscovites). A noter qu’en
2011, Moscou était la ville abritant le plus grand
nombre de milliardaires au monde, position
occupée jusqu’en 2007 par New York !
Principales ressources
La Russie dispose de ressources naturelles
exceptionnelles. Avec 200 millions d’hectares
de terres cultivées, elle est le premier producteur
d’orge et de pomme de terre. Premier producteur
de gaz, elle dispose des plus grandes réserves
mondiales. Sa production de pétrole est la plus
importante au monde, même si ses réserves sont
limitées et difficilement exploitables.
Agriculture
Avec 200 millions d’hectares de terres exploitées,
le potentiel agricole de la Russie est considérable.
Le secteur représente 7,1 % du PIB et 15 % de
la population active sans pour autant parvenir
à nourrir le pays qui doit importer du lait, de la
viande et des fruits et légumes. L’agriculture
russe est en crise. Malgré des investissements
publics, les récoltes restent inférieures d’un
tiers à celle d’il y a douze ans, et le cheptel a
diminué de 40 %.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
démocrate de Russie (LDPR, nationaliste de
droite, présidé par Vladimir Jirinovski) et le parti
« Russie juste », parti de gauche proche du
pouvoir. Ces deux derniers font les choux gras
de la presse avec des déclarations outrancières,
souvent en contradition avec le pouvoir et qui font
mouche dans l’électorat populaire. Toutefois,
quand il s’agit de voter les lois, ils suivent les
consignes de vote de Russie Unie. Russie juste
aurait d’ailleurs été créé en 2004 pour prendre
une partie des voix du tout puissant KPRF, les
communistes, qui bénéficiaient alors encore
largement du soutien des nombreux nostalgiques
de l’URSS. Une opération réussie : Russie juste
représente 10% des voix, là où le KPRF a perdu
12% des siennes. Yabloko est un parti réformateur, libéral et social fondé par Grigori Iavlinski
et dirigé actuellement par Sergueï Mitrokhine.
Rodina, qui signifie « Patrie » en russe, est un
parti politique nationaliste de droite présidé par
Alexandre Babakov.
La campagne présidentielle de 2012 a vu
l’apparition d’une nouvelle entité, au-dessus
des partis, le front du peuple (narodnyi front),
visant à rassembler au-delà de Russie Unie tous
les soutiens de Poutine. Un aveu d’échec pour
Russie Unie, dont la capacité à porter Vladimir
78 Æ PoLitique et économie
La Russie a du mal à faire face à la compétition
des agricultures subventionnées européennes
et américaines. Et elle souffre également d’un
manque d’investissements qui réduit sa productivité. Le code foncier de juin 2002 autorise la
propriété privée des terres. La forêt couvrant
40 % du territoire, le bois est l’une des principales exportations russes. La Russie fournit
également 40 % des exportations mondiales
de poisson frais et surgelé et un tiers du
poisson en conserve. Depuis que Moscou a
décidé en 2014 un embargo sur les produits
alimentaires venant des pays de l’Union européenne (en réponse aux sanctions économiques
des Européens), les autorités russes tentent
d’encourager le made in Russia, y compris pour
subsituer parfois aux produits typiquement
étrangers des « équivalents » locaux.
Matières premières
© BORIS STROUJKO - SHUTTERSTOCK.COM
Un quart des diamants du monde, un tiers du
nickel, la moitié du platine : la Russie dispose
de ressources exceptionnelles en matières
premières.
Mais son principal atout reste ses réserves de
pétrole et de gaz. Partagées entre une dizaine
d’entreprises privées, les réserves russes de
pétrole sont les 8 e plus importantes du globe et
les réserves de gaz naturel sont les premières
au monde. Gazprom, détenu à 38 % par l’Etat,
est le premier producteur mondial avec un
quart des volumes.
Enfin, la Russie est le deuxième producteur
mondial d’électricité. Au total, les combustibles et l’énergie représentent un tiers de la
production industrielle russe.
Moscou de nuit.
Industrie
Dans les années 1930, l’industrie lourde fut le
point d’ancrage de l’économie soviétique qui
en avait fait sa priorité, développant à tout va
des usines gigantesques et des villes-usines.
Le complexe militaro-industriel représentait la
part la plus importante de ce secteur alors que
l’industrie pour les biens de consommation a été
totalement délaissée, une tendance encore visible
aujourd’hui. Depuis les années 1990, l’agroalimentaire et le secteur des télécommunications se
sont fortement développés et sont devenus des
secteurs dynamiques, mais le reste de l’industrie
souffre d’un sous-investissement depuis la fin
du communisme. Si les industries pétrolières et
gazières essayent de maintenir l’existant, d’autres
secteurs, aux mains de quelques oligarques, sont
vraiment décrépis, notamment le charbon, la
fonte et plus généralement toutes les industries
du Kouzbass (Sibérie).
Services
Le secteur bancaire s’est finalement remis de
la crise de 1998. Le boom du crédit des années
2000 est aussi à l’origine de la forte récession
enregistrée en 2008-2010. Les services
bancaires sont encore très chers, notamment
à cause de l’inflation en ce qui concerne le crédit.
On voit parfois surgir des offres proposant 7%
sur les dépôts en dollars ou en euros. Derrière
ces taux alléchants : les problèmes récurrents
de fonds propres en devise des banques russes.
Car le secteur bancaire, s’il a évolué depuis les
excès des années 1990, reste beaucoup moins
contrôlé qu’en Europe et les faillites ou pertes
de licences ne sont pas rares.
PoLitique et économie √ 79
Enjeux actuels
Les années Poutine sont aussi les années d’une
forte croissance (jusqu’à 10%), d’une réelle
amélioration du niveau de vie, au moins dans
les grandes villes. Toutefois les moteurs de la
croissance restent fragiles : matières premières,
immobilier et crédit. La chance de la Russie est
la variété de ses matières permières, qui lui
permettent, même lors d’une baisse de l’énergie,
de compenser avec l’aluminium, l’or ou même
le bois. Mais le manque de développement et
surtout d’efficacité des services s’est fait sentir
en 2008. Cette année-là, la baisse du prix du
pétrole et la crise financière ont durement
touché la Russie. La croissance a été négative
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
La Russie accueille peu de touristes par rapport
aux pays européens. Plusieurs réponses peuvent
être apportées.
L’image de la Russie n’est pas des plus attractives, les journaux véhiculent souvent une image
restrictive, réduisant le pays à son régime
autoritaire, à la guerre en Tchétchénie et à une
liberté d’expression bafouée.
Il faut dire que la promotion de la Russie n’est
pas une priorité pour le gouvernement qui
n’investit qu’un faible budget dans le domaine
du tourisme. Les voyageurs individuels ont
aussi souvent été découragés par les formalités
administratives liées au visa qui nécessite une
lettre d’invitation, des papiers d’assurance, des
attestations… Mais rappelons toutefois que ces
démarches s’assouplissent et que la visite du
centre des visas russes ou de l’ambassade n’est
plus aussi terrifiante qu’avant. Il est cependant
vrai qu’un séjour en Russie coûte cher, les
hôtels ne sont souvent pas donnés et il en coûte
souvent deux fois le prix russe aux étrangers
dans les musées. Aujourd’hui, la dévaluation
du rouble (qui a perdu depuis le début de la
crise de 2014 environ la moitié de sa valeur)
allège cependant de manière très significative
le coût d’un séjour en Russie pour un Européen.
Les lieux les plus visités restent Moscou et
Saint-Pétersbourg ainsi que les croisières sur
la Volga. Les stations de ski du Caucase russe,
longtemps abandonnées à cause des conflits en
Abkhazie et en Tchétchénie ont de nouveau le
vent en poupe. Appréciées des Moscovites, elles
commencent à attirer des touristes européens
heureux de découvrir de nouvelles pistes. Les
Jeux olympiques de 2014, à Sotchi, devaient
renforcer cette tendance. Le pari n’est pas exactement réussi : seuls les Russes, ou presque,
en fréquentent les stations et les hôtels restent
en général à moitié vides malgré de gros efforts
réalisés sur les infrastructures touristiques
dans la zone.
© STÉPHANE SAVIGNARD
Place du tourisme
La chapelle Chasovyia,
figurant sur le billet de 10 roubles.
(récession) en 2009 : -7,8%, avant de reprendre
en 2010 : +3%. Le rouble a perdu 30 % de sa
valeur entre septembre et décembre 2008,
pendant que la Bourse de Moscou (RTS) perdait
70 % de sa valeur entre mai et octobre 2008.
Les oligarques sont aussi touchés par la crise. Le
premier d’entre eux, Oleg Deripaska aurait perdu
20 milliards de dollars à cause de la dépréciation
des sociétés qu’il contrôle. C’est donc tout le
système de développement économique choisi
par la Russie qui est en cause.
En effet, si le rouble est revenu sur ces pertes
et que la croissance est repartie, beaucoup
d’analystes soulignent quelques maux auxquels
le gouvernement refuse de s’attaquer : l’inflation
(entre 7-8% annuelle, peut être plus selon
des ONG indépendantes), la corruption, le
sous investissement du secteur privé et des
problèmes grandissant dans l’éducation, qui
font que la Russie est en manque chronique
de cadres.
Ajoutez à cela des sanctions économiques
décidées par l’UE et la chute du prix du baril
de pétrole, vous obtiendrez une nouvelle crise :
celle qui frappe la Russie depuis 2014, avec un
rouble au plus bas en décembre 2014 (100 RUB
pour 1 E au lieu de 50 RUB environ avant la
crise). Résultat, la récession est de retour en
Russie en 2015 (contraction prévue en 2015 :
environ 4,6) et pourrait bien se poursuivre en
2016 avec un retour à la croissance pas avant
2 années au moins selon les analystes.
Population
Si la Russie reste l’un des pays les moins
denses en matière de population, c’est dans
la partie occidentale que la plupart des bassins
de population se trouvent. Hormis les Russes,
majoritaires, différents peuples habitent sur ce
territoire, notamment les peuples indigènes du
Caucase, qu’il serait très mal vu de mélanger.
En 2015, la Russie compte 146,2 millions
d’habitants, dont 12 millions dans la capitale et
15 millions dans l’agglomération de Moscou. La
population russe recommence tout juste à croître
avec un indice de fécondité de 1,76 enfant
par femme (contre 1,3 jusqu’en 2012) et une
espérance de vie de 69 ans. Le taux de chômage
s’élève en 2013 à 5,5 % de la population active.
La Russie est composée à 80 % de Russes.
Les minorités nationales sont réparties d’une
manière complexe sur le territoire russe en
raison des déplacements massifs de popu-
lation pendant la période stalinienne. Mais la
Russie est beaucoup plus homogène d’un point
de vue ethnique que l’URSS. Les principales
minorités nationales sont les Tatars (3,8 %),
les Ukrainiens (2 %), les Tchouvaches (1,2 %),
les Bashkirs (1,29 %), les Biélorusses (0,8 %),
les Mordves (0,7 %) ; les Tchétchènes (0,6 %)
et les Allemands de la Volga (0,6 %).
wwLes peuples sibériens. Aujourd’hui, avec
plus de 32 millions d’habitants, la Sibérie reste
une région à faible densité humaine. Elle est
peuplée par les représentants de 50 peuples et
ethnies, dont 30 sont indigènes. Par souci de
clarté, nous vous présentons un bref aperçu de
quelques-uns de ces peuples, en ne retenant que
le critère linguistique qui, parfois, ne correspond
pas à la géographie. Même immense et souspeuplé, le territoire sibérien a lui aussi ses
subtilités ethniques…
Les peuples slaves
132 milllions.
Les Slaves constituent l’ethnie dominante en
Russie. On trouve trois entités disctintes, les
Russes (125 millions), les Ukrainiens (6 millions)
et les Biélorusses (1 million). Ces trois groupes
font originairement partie des Slaves de l’Est,
qui migrèrent depuis l’Europe centrale vers
l’est aux Ve-VIIIe siècles. Les Slaves occidentaux (Polonais, Tchèques, peuples des Balkans)
restèrent en Europe centrale. Il existe assez peu
de différence entre les trois groupes présents en
Russie, au niveau de la culture comme au niveau
de la langue. Ils ont également en commun la
religion orthodoxe, même si certains Ukrainiens
ne reconnaissent pas l’autorité du patriarcat
de Moscou ou sont rattachés à l’église uniate
gréco-catholique. Nation dominante de la Russie
depuis le XIe siècle, les Slaves sont toutefois en
déclin depuis les années 1950, compte tenu de la
forte natalité des peuples tatares et caucasiens
notamment. Cette tendance était particulièrement
sensible dans les dernières années de l’URSS
(forte croissance des peuples d’Asie centrale),
mais continue dans la Russie d’aujourd’hui.
Les peuples caucasiens
Appelées « montagnes des langues » en arabe,
les vallées du Caucase ont donné une formidable
variété de langues et de cultures. Il est vrai qu’au
début du siècle, des ethnologues rapportaient
qu’une langue complète n’était parlée que par
la moitié d’un village. De même, la langue
tabassaran (Daghestan) ne comporterait pas
moins de 50 cas. De quoi trouver le latin très
simple. L’artchi, quant à lui, se compose de
plus de 70 consonnes. Avec le temps, des
facteurs religieux et politiques se sont ajoutés
à cette variété linguistique, causant souvent des
conflits. Nous voulons indiquer ici les principaux
peuples, qui sont généralement titulaires de
leur république (comme les Tchétchènes en
Tchétchénie par exemple).
Les Adygués
100 000 personnes. Le peuple adygué est la
nationalité titulaire de la Républiques des Adygués,
enclavée à l’intérieur de la région de Krasnodar.
Avec les Tcherkesses, ils revendiquent le fait d’être
les descendants de Circassiens de l’Antiquité.
La capitale de la république est Maïkop qui est
majoritairement peuplée de Russes. Si le développement de la culture nationale a été le leitmotiv
des présidents de cette république, la cohabitation
avec la Russie ne pose pas de problème.
PoPuLation √ 81
Un pays « matriochka »
Les Tcherkesses et les Karatchaïs
Tcherkesses, 70 000 personnes ; Karatchaïs
170 000 personnes. Comme les Adygués, les
Tcherkesses revendiquent le glorieux passé des
Circassiens. Originaires du centre du Caucase,
ils furent l’un des peuples les plus actifs lors des
guerres du Caucase (1816–1864). Ils fédérèrent
notamment l’ensemble des peuples montagnards dans la lutte contre les Russes. En 1864,
lorsque les Russes gagnèrent la guerre, ils s’en
prirent particulièrement aux Tchétchènes et aux
Tcherkesses. Ces derniers furent forcés de fuir
et l’on trouve des communautés tcherkesses en
Turquie, au sud du Caucase et au Moyen-Orient.
Dans la Russie soviétique, ils furent divisés en
deux entités administratives qui les laissaient
minoritaires et sans pouvoir de contestation.
Les Karatchaïs ont un destin en partie
similaire. En 1864, une partie de la population,
musulmane, émigre en Turquie. Lors de l’invasion nazie en 1942, les Karatchaïs, durement
touchés par la collectivisation des années 1930,
accueillent chaleureusement les Allemands.
Cette attitude leur vaudra d’être déportés en
1943 au Kazakhstan, dont ils ne purent rentrer
qu’en 1957. Il existe des tensions entre les deux
communautés qui prennent parfois un caractère
franchement belliqueux lors d’élections locales.
Les Kabardes et les Balkars
Les Kabardes, 500 000 personnes ; les Balkars,
100 000 personnes. Les Kabardes sont les alliés
des Russes pendant la période qui suivit les
guerres du Caucase. Leur capitale est Naltchik,
même si cette ville a longtemps été réservée
aux Russes tandis que les Kabardes étaient
cantonnés dans les bourgs provinciaux.
Les Balkars ont sans doute une origine extra
caucasienne, turque ou plus occidentale. Leur
installation dans le Caucase remonte au Xe siècle
environ. Ils s’opposèrent à la présence des Russes
dans la région et furent accusés de collaboration
avec les nazis. Déportés en 1943, ils revinrent en
1957. Pendant ces quatorze années, leur république a pris le nom de Kabardie et leurs terres
ont été occupées par leurs voisins. Des tensions
sont manifestes aujourd’hui, comme ce fut le cas
lors de l’attaque de Naltchik par des combattants
balkars en 2005 (voir partie « Caucase, Naltchik »).
Les Ossètes
500 000 personnes. Les Ossètes parlent une
langue d’origine iranienne. Ils se réclament des
Alains, eux-mêmes descendants probables des
Scythes, ce peuple nomade, d’origine indo-européenne, qui vécut entre les VIIe siècle et IIIe siècle
av. J.-C. dans les steppes eurasiennes (de
l’Ukraine à l’Altaï en passant par le Kazakhstan).
Peuple influent dans la région tels que décrit
dans les récits d’Hérodote, on sait qu’ils parlaient
eux-aussi déjà une langue iranienne. En tout
cas, par la langue, les origines ou la religion
(très majoritairment russe orthodoxe ou Etseg
Din, le paganisme local en résurgence), la
culture ossète est un relativement différente de
celles des autres peuples du Caucase. Ils furent
également les principaux alliés des Russes lors
de la conquête du Caucase.
Leur épopée nationale et mythologique, Le Livre
des Héros – Légendes sur les Nartes, est célèbre
depuis sa fixation et traduction par Georges
Dumézil. Vaste ensemble de récits épiques
originaux, relatifs à des héros des temps anciens,
il fascina les ethnographes comme les âmes
aventurières.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
La République de Karatchaïévo-Tcherkessie est un bon exemple du système des
nationalités, hérité de l’URSS, souvent comparé à une poupée russe. Le plus grand
ensemble est la Russie, dans lequel on trouve la République de Karatchïevo-Tcherkessie,
contenant elle-même deux peuples : les Tcherkesses et les Karatchaïs. La finalité de cette
structure est d’intégrer de force dans des entités administratives uniques des peuples
différents, afin de réduire les volontés nationalistes et indépendantistes. Le découpage
prendra par ailleurs bien soin d’intégrer une partie conséquente de Russes. Fin du fin,
on tâchera de mettre ensemble un allié traditionnel des Russes dans la même entité et
un peuple plus récalcitrant. C’est bien sûr cet allié qui aura un accès facilité au pouvoir.
C’est le cas de la Kabardino-Balkarie : les Balkars, minoritaires, ont longtemps résisté à
la domination russe. Les Balkars sont depuis cantonnés dans les zones montagneuses
et difficilement cultivables alors que les Kabardes possèdent tous les postes clés des
administrations. Derrière ces subtils découpages se cache un fin connaisseur de la région
et de ses peuples car il en était originaire : Staline, commissaire aux nationalités de 1922 à
1926. Lui-même était géorgien mais sa mère ossète. Deux peuples au cœur du conflit
d’août 2008 entre la Russie et la Géorgie.
82 Æ PoPuLation
© STÉPHANE SAVIGNARD
Les Ingouches
Ensemble de babouchkas folkloriques sur
la ligne de frontière entre l’Europe et l’Asie.
Au plan politique, en 1922, le peuple est divisé
en deux républiques : Ossétie du Nord (dont la
capitale est Vladikavkaz, 715 000 habitants
en 2013) en Russie et Ossétie du Sud
(55 000 habitants aujourd’hui) en Géorgie,
avec Tskhinvali comme capitale.
En 1944, nombre d’Ingouches sont déportés
en Sibérie, le district de Prigorodny soustrait de
l’Ingouchie et adjoint à l’Ossétie du Nord. Les
Ossètes occuperont une partie de leurs terres,
ce qui entraînera une première guerre entre
Ossètes et Ingouches en 1991-1992 lorsque de
nombreux Ossètes du Sud fuiront leurs terres
privée d’autonomie pour s’établir en Ossétie du
Nord, dans le district majoritairement ingouche de
Prigorodny. Un conflit larvé depuis au sein même
de cette République de la Fédération de Russie.
Anciennement oblast (région) autonome
d’Ossétie du Sud au sein de la République
socialiste soviétique de Géorgie, elle voit son
autonomie révoquée par la République de
Géorgie proclamée à la chute de l’URSS en
avril 1991. Les tensions entre Ossètes du Sud et
Géorgiens s’accroissent jusqu’à ce que l’Ossétie
du Sud entre en guerre contre la Géorgie en
1992. Séparée de facto depuis, elle proclame
son indépendance en 2008 dans le but de
rejoindre l’Ossétie du Nord. Cette indépendance
n’a été reconnue que par la Russie, le Venezuela,
le Nicaragua et les océaniens Nauru et Tuvalu,
faisant de ce territoire un état quelque peu
«exotique» au sud du Caucase.
250 000 personnes. Les Ingouches ont vraisemblablement les mêmes ancêtres que les
Tchétchènes, les Vainakhs. Ce peuple originaire
de Mésopotamie aurait migré vers le Caucase
8 000 ans avant notre ère. Tchétchènes et
Ingouches étaient réunis au sein d’une même
République pendant la période soviétique.
En 1944, les Ingouches furent déportés en
Sibérie pour collaboration avec l’ennemi nazi.
Lors de leur retour en 1957, une partie de
leur territoire a été rattaché à l’Ossétie du
Nord et leurs terres ont été occupées par des
Ossètes. Cette situation donna lieu au conflit
de 1991–1992 entre Ingouches et Ossètes, les
Ossètes étant soutenus par la Russie. Ayant
perdu la guerre, les Ingouches durent repartir.
Avec l’éclatement de la guerre de Tchétchénie
toutefois, de nombreux Ossètes décident de
fuir la région. Les Ingouches se réinstallent sur
leurs terres ancestrales à cette occasion. Avec
la fin de la guerre de Tchétchénie vers 2004,
les Ossètes revinrent en masse, entraînant de
nouvelles et fortes tensions, qui sont encore
sensibles aujourd’hui.
Les Tchétchènes
1 300 000 personnes avant la guerre,
950 000 aujourd’hui. On a beaucoup parlé de
la Tchétchénie sans toujours bien comprendre
les origines du conflit. Cousins des Ingouches et
descendants des Vainakhs, les Tchétchènes sont
l’un des peuples les plus nombreux du Caucase.
Cela a beaucoup joué dans leur opposition aux
Russes, au XIXe siècle comme au XXe siècle.
Comme les Ingouches, ils sont déportés en
1944. Mais ils ne rentrent pas tous en 1957 et
sont cantonnés à leur république. En 1991, ils
déclarent leur indépendance avant la chute
de l’URSS, ce qui en fait virtuellement la 16 e
république des Soviets. Mais la fin de l’URSS,
en décembre 1991, empêche toute reconnaissance internationale. Deux guerres pour
l’indépendance se déroulent en 1994–1996 et
1999-2003. A la suite de ces guerres, les
Russes ont réussi à diviser les Tchétchènes
et à placer à leur tête l’un des chefs de clans,
Ramzan Kadyrov, fils de l’ancien président
tchétchène Akhmad Kadyrov (assassiné le 9 mai
2004), contre l’indépendance de la Tchétchénie
et « proche » de Vladimir Poutine.
350 000 Tchétchènes seraient morts pendant
le conflit, mais aucun décompte n’a été fait.
La situation pacifiée d’aujourd’hui cache des
tensions larvées entre clans rivaux et une islamisation de la république (voir aussi « Visite
Caucase »).
PoPuLation √ 83
Les peuples mongols
Les Bouriates
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
420 000 personnes
wwTerritoire. Les Bouriates vivent dans la région
du Baïkal, aux confins de la Mongolie, sur une
terre hérissée de montagnes et de plateaux,
creusée de bassins et de vallées, où coulent
336 fleuves et rivières qui se jettent dans le
lac. Leur capitale est Oulan-Oudé.
wwLangue. Le bouriate regroupe en fait quatre
langues mongoles appartenant à la famille
altaïque. Elles sont difficilement classables. On
distingue cependant : le bargu-bouriate (parlé
dans le nord-est de la Mandchourie, près du
fleuve Hailar, là où les frontières russe, chinoise
et mongole se rejoignent) ; le khori-bouriate
(parlé dans le nord et l’est de la Bouriatie) ; le
bouriate de la Selenga (du nom d’une rivière se
jetant dans le Baïkal) ; le bouriate occidental
(parlé dans la région d’Irkoutsk et subdivisé en
trois dialectes).
Jusqu’en 1930, le bouriate s’écrivait avec
l’alphabet mongol. Après un bref passage par
l’alphabet latin, le khori devient une langue
littéraire et adopte le cyrillique plus trois lettres.
C’est une constante des transcriptions des
langues sibériennes : le cyrillique est rarement
à même de rendre compte des subtilités
phonétiques des langues autochtones. Les
Soviétiques ajoutaient alors parfois une lettre
(comme le pour les langues mongoles pour
restituer la sonorité «eu») à l’alphabet afin de
l’adapter. Cependant, la culture bouriate est
principalement fondée sur une transmission
orale du savoir.
wwHistoire. L’origine des Bouriates est
incertaine. Il s’agit vraisemblablement d’une
ethnie qui s’est formée à partir d’éléments
autochtones aux XIII e et XIVe siècles. Les
Bouriates sont très proches, par leur culture
et leur histoire, des Khalkas de Mongolie et
des Kalmouks. Ils forment traditionnellement un
peuple de pasteurs nomades (bovins, chevaux,
ovins et chameaux). La société traditionnelle est
composée de trois classes : nobles, non-nobles
et esclaves, avec une filiation patrilinéaire. Elle
est organisée en villages, clans et confédérations
claniques.
Après avoir refoulé les Iakoutes et les
Toungouses vers le nord, les Bouriates sont
soumis par les Russes au XVIIe siècle. Ils sont
rapidement colonisés et russifiés, ce qui ne
les a pas empêchés de défendre leur identité
culturelle aujourd’hui bien visible.
Au XIXe siècle, l’expropriation des nomades
et les conversions de force à l’orthodoxie
favorisent la prise de conscience d’une unité
ethnique, en particulier à l’est où le lamaïsme
cimente le nationalisme naissant. Une intelligentsia très brillante, stimulée par les exilés
politiques du régime tsariste, éclôt à Irkoutsk
et à Tchita.
Le régime soviétique mettra fin à ces velléités.
Urbanisation et industrialisation viendront bouleverser en profondeur les habitudes de ce peuple
nomade. Des gisements de minéraux rares, de
fer, de houille et d’or sont exploités en masse,
sans se soucier de l’environnement. La construction mécanique, la production de matériaux de
construction, le travail du bois, des fourrures et
des peaux, les industries alimentaires et textiles
envahissent le paysage bouriate.
Les principes du bouddhisme lamaïste (tibétain),
parfois mâtiné de chamanisme, sont aujourd’hui
suivis à la lettre, comme en atteste le nombre
impressionnant de temples érigés depuis la
fin de l’URSS.
© STÉPHANE SAVIGNARD
Sous-famille des langues altaïques, les langues
mongoles sont représentées en Sibérie par le
bouriate. Notons que les Kalmouks de l’Oural
parlent également une langue mongole.
Femme bouriate en costume traditionnel.
84 Æ PoPuLation
Les peuples ougriens
Les langues ougriennes sont le hongrois, le
khanty et le mansi. Elles appartiennent à la
famille finno-ougrienne, elle-même sousgroupe des langues ouralo-altaïques comprenant également les langues turco-mongoles,
le coréen et le japonais.
Les Khanty (Ostyaks)
29 000 personnes
wwTerritoire. Les Khanty sont implantés dans les
forêts entre l’Ob et la Volga, au nord-ouest de la
Sibérie. Les villages sont majoritairement situés
le long des cours d’eau (Vakh, Kazym, Agan,
Salym…). Un district autonome, dont le centre
administratif est Nijnevartovsk, leur a été réservé,
au sud du territoire des Nenets (au sud duquel
on rencontre également quelques représentants
khanty). Ce district dépend de la région de
Tioumen. Leur territoire est essentiellement
marécageux : le marais de Vasyugan couvre
54 000 km2, soit plus que la superficie de l’Estonie.
wwLangue. Langue ougrienne de la région
de l’Ob, le khanty se différencie de mansi au
XIIIe siècle. Il existe 13 dialectes répartis en deux
groupes : Est et Ouest. Le vocabulaire comporte
de nombreux apports komis, tatars et russes.
Khant (hanto ou kantok) signifie « homme ». Ce
mot serait associé au toponyme de la rivière
Konda. Le terme Ostyaks ( « les hommes de
l’Ob ») était utilisé par les Komis qui servirent
de guides aux Russes dans leur exploration de
la région de l’Ob.
A l’instar des Nenets, les Khanty ont subi les
assauts des linguistes soviétiques à partir des
années 1930. En tout, cinq langues écrites
officielles ont vu le jour, dont trois basées sur
des dialectes de l’Ob, d’abord en caractères
latins puis en cyrillique.
Aujourd’hui, l’enseignement du khanty se
résume à une initiation à l’école primaire.
wwHistoire. Les populations ougriennes
franchissent l’Oural il y a quelque 3 000 ans et
atteignent les rives de l’Ob. Les Khanty se séparent
des Mansis au XIIe siècle pour progresser vers l’est.
L’éclatement de ces tribus est accéléré par les
intérêts militaires russes et tatars. Les expéditions
militaires de la principauté de Novgorod puis
de la Moscovie aboutissent, sous Ivan III, à
la reconnaissance, contrainte et forcée, de la
suprématie russe. Tout au long de leur histoire,
les Khanty ont généralement préféré la retraite
à l’est plutôt que l’affrontement perdu d’avance.
Ils paient le tribut aux Russes et également aux
Tatars, dont le chef Koutchoum s’autoproclame
empereur de la Sibérie en 1563. Après la victoire
des Russes sur les khanats en 1582, les autorités
russes s’empressent de construire des forteresses
afin d’assurer leur sécurité et de marquer leur
territoire. Tioumen est fondée en 1585, Tobolsk
en 1587 et Sourgout en 1593. Considérés comme
christianisés à partir du XVIIIe siècle, les Khanty
continuent à pratiquer le chamanisme.
Comme d’autres peuples du Nord, ils subissent
discrimination et humiliation de la part des
Russes. Le nouveau pouvoir soviétique a suscité
d’immenses espoirs bientôt réduits à néant. En
1925 est créé à Tobolsk un Comité du Nord se
donnant pour ambition d’accompagner Khanty,
Nenets et Mansis sur la voie du progrès. Cela passe
par l’installation de fermes collectives, l’envoi en
pension des écoliers, la destruction des tombes
et la persécution des chamans. Toute personne
participant à un rituel funéraire est passible de
dix ans de camp. La chasse à l’ours est interdite.
L’exploitation du gaz et du pétrole, à partir
des années 1950, est catastrophique pour les
Khanty. Le fragile équilibre de leur écosystème
est totalement ignoré.
Eleveurs de rennes, pêcheurs et cultivateurs
de chanvre par tradition, les Khanty ont eu
beaucoup de mal à préserver leur identité. Ils ne
sont pas menacés physiquement de disparition,
mais plutôt culturellement.
Les Mansis (Vogouls)
11 500 personnes
Différenciés des Khanty dès le XIIIe siècle, les
Mansis partagent le district autonome des
Khanty-Mansis, entre l’Oural et l’Ob.
Alors que leurs cousins khanty choisirent le repli
vers l’est, les Mansis opposèrent une féroce
résistance aux Russes et aux Tatars avant d’être
définitivement défaits. Alors que les Russes
bouleversèrent leur mode de vie, les Tatars
n’intervinrent pas dans leur système clanique. Du
moment que le tribut était payé… De nombreux
raids déstabilisèrent les Russes, en particulier
ceux établis sur les possessions des Stroganov.
Les premières tentatives de christianisation se
soldèrent pas l’assassinat du missionnaire venu
leur prêcher la bonne parole. Christianisés de
force, ils continuèrent à pratiquer animisme
et chamanisme. La période soviétique eut les
mêmes conséquences sur les Nenets et les
Khanty. Les chiffres concernant les taux de
suicide de ces peuples sont effarants. Les populations étaient partagées entre une russification
forcenée impliquant l’abandon de leur région et
un repli sur des valeurs traditionnelles.
PoPuLation √ 85
Les peuples paléosibériens
ou hyperboréens
A ne pas confondre avec les langues aléoutiennes (500 locuteurs) dont l’existence est
beaucoup plus ancienne. On distingue six
sous-groupes :
Les Tchouktches
16 000 personnes
wwTerritoire. Les Tchouktches occupent le
nord-est de la Sibérie, de l’océan Arctique
jusqu’au Kamtchatka, au bord de la mer de
Béring. C’est une région particulièrement froide
et déserte.
wwLangue. Langue voisine du koriak et
de l’itelmène, le tchouktche est composé
de nombreux dialectes, « de la côte » ou
« de l’intérieur des terres », l’enmyline, le
nounligrane, le khatyrka… Les linguistes s’y
perdent. L’hypothèse ne fait pas l’unanimité,
mais il est probable que le tchouktche soit la
langue d’origine des Indiens d’Amérique. Une
des particularités de cette langue réside dans
la différence de prononciation selon qu’elle
est parlée par les hommes ou les femmes.
Ces dernières remplacent systématiquement
les « r » par des « ts ». Prononcer un « r »
comme les hommes fait mauvais genre.
C’est une langue riche qui possède, par
exemple, une quantité de mots pour désigner
un renne en fonction de son âge, de sa couleur,
etc. Peuple actif, les Tchouktches ont très
tôt échangé avec d’autres peuples, aussi le
vocabulaire de la pêche est-il empreint de
termes aléoutes. Les Koriaks, les Iakoutes
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
wwles Tchouktches ;
wwles Ienisseïens, dont le seul représentant
est le peuple kète (1 500 personnes) installé
aux alentours du confluent du Ienisseï et de la
Toungouska moyenne ;
wwles Youkaghirs (1 500 personnes) occupent
la toundra qui s’étend entre la Lena et la Kolyma.
Ils sont séparés des Kètes par un immense
territoire peuplé par 400 000 Iakoutes et
35 000 Evenks ;
wwles Koriaks (8 500 personnes) vivent au
pied du Kamtchatka ;
wwles Itelmènes (ou Kamtchadales ;
3 000 personnes) sont installés dans la
presqu’île du Kamtchatka ;
wwles Nivkhes (ou Gilyaks ; 5 000 personnes)
vivent sur l’île de Sakhaline.
et les Youkaghirs ont également contribué à
l’enrichissement du vocabulaire tchouktche,
sans parler du russe, langue de colonisation
par excellence.
Depuis des millénaires, les Tchouktches utilisent
un système pictographique dont les premiers
textes imprimés datent de 1881. Dans les années
1920, un certain Tenevil crée un alphabet dérivé
de ces pictogrammes. Mais il en a été de la
langue tchouktche comme des autres langues
sibériennes : alphabet latin en 1932, cyrillique
en 1937.
Dans les années 1960, l’augmentation du
nombre de mariages mixtes a fait disparaître
l’usage domestique du tchouktche.
wwHistoire. La Tchoukotka est habitée depuis
7 000 ans, mais les ancêtres des Tchouktches
arrivent du sud peu après. Ils assimilent les
tribus locales et étendent leurs habitations en
terre aléoute et youkaghire.
En 1642, un bataillon cosaque atteint la rivière
Alazeïa et la ville d’Anadyr est fondée en 1649.
La résistance tchouktche est forte, à tel point
que les Russes sont contraints à signer un
traité de paix pour ne pas exacerber la colère
tchouktche. Anadyr est abandonnée, mais l’influence russe s’étend avec le développement
du commerce. Afin d’informer les bateaux de
l’appartenance de la péninsule à l’Empire russe,
les autorités expédient en Tchoukotka de gigantesques panneaux… En oubliant qu’il n’y a pas
d’arbres auxquels les pendre ! Au lendemain de
la Première Guerre mondiale, des bateaux de
pêche ou de transport de marchandises anglais,
norvégiens et américains croisent encore le
long des côtes.
Le régime soviétique fait la promotion de la
sédentarisation et l’idée de créer des kolkhozes
apparaît dans les années 1950.
Les Soviétiques matent l’opposition tchouktche
grâce à l’armée et au régime de terreur du
KGB. Le territoire peut alors être exploité. Les
réserves naturelles de la Tchoukotka sont en
effet très riches : charbon, tungstène, mercure
et, surtout, or. 40 % de la production de l’URSS
provenaient de cette région. Les Tchouktches
ne percevaient pas un kopeck et les emplois
étaient tous occupés par des Russes fraîchement arrivés.
Dans les années 1950-1960, des essais
nucléaires auront des effets dévastateurs sur
la santé des habitants et contamineront la
chaîne alimentaire.
86 Æ PoPuLation
Les peuples samoyèdes
Egalement appelés Sâmes ou Lapons. Les cinq
langues samoyèdes sont les parentes pauvres
des langues ouraliennes dont l’autre branche
est composée par les langues finno-ougriennes.
wwLe nenets ;
wwl’enetse (200 locuteurs), ou samoyède du
Ienisseï, est parlé sur la rive droite du fleuve,
wwle nganassane (800 locuteurs) dans la
péninsule de Taïmyr,
wwle selkoupe (4 300 locuteurs) dans les
vallées de l’Ob, du Ket et de la Tyma.
wwle kamasse, ou samoyède du Sud, a disparu
dans les années 1920.
Les Nenets (Youraks)
41 300 personnes
wwTerritoire. Les Nenets vivent dans le NordOuest de la Sibérie, depuis la péninsule de
Kanine sur la mer Blanche jusqu’au delta du
Ienisseï, entre Arkhangelsk et l’Oural. Ils se
sont également installés dans les îles de l’océan
Arctique (Novaïa Zemlia) et sur la péninsule
de Taïmyr. La terre des Nenets est celle de la
toundra à l’infini et du permafrost, mais une
petite partie de la population, installée sur les
bords de l’Ob, vit dans l’épaisse forêt de la taïga.
D’un point de vue administratif, les Nenets occupent
un district autonome dépendant de la région
d’Arkhangelsk et le district autonome de YamalNenets qui dépend, lui, de la région de Tioumen.
wwLangue. Le vocable nenyts désigne « un
homme ». La racine même du mot (nenay)
exprime une idée d’authenticité, de réalité
et de vérité. Elle est souvent utilisée comme
conjonction (nenay nenyts, l’homme véritable).
Particulièrement riche en termes qualifiant la
nature et ses merveilles, la langue nenets dispose
de 80 qualificatifs dédiés à la neige. La faible
densité de ce vaste territoire a favorisé l’explosion
du nombre de dialectes : 11 dans la toundra et
2 dans la forêt. C’est le dialecte de Bolchaïa
Zemlia qui a servi de base à l’écriture de la langue
nenets. Les dialectes diffèrent surtout par la
phonétique, mais un habitant de la péninsule de
Kanine comprend le dialecte de Taïmyr.
Depuis des siècles, les Nenets, comme beaucoup
de peuples du Nord, utilisent traditionnellement
l’écriture pictographique. Les tamga étaient
un genre à part entière : ils servaient à établir
des contrats de propriété. Logique stalinienne
oblige, une translittération en alphabet latin fut
« décidée » en 1932. Cinq ans plus tard, pour des
raisons idéologiques teintées de nationalisme, une
nouvelle transcription est réalisée vers le cyrillique.
wwHistoire. Du XIIIe au XVIe siècle, les Nenets
paient le tribut à la principauté de Novgorod
et, du XIVe au XVIe siècle, aux khanats tataromongols. Au XVI e, les Russes stabilisent
leur pouvoir dans la région. En 1628, la
construction de la forteresse de Krasnoïarsk
symbolise l’unification des peuples samoyèdes
sous l’autorité russe. Mais les caravanes de
collecteurs d’impôts ont parfois maille à partir
avec les tribus nenets, qui apprennent bientôt
le maniement des armes. Au début du XVIIIe,
les premiers missionnaires s’établissent dans
la région d’Arkhangelsk et créent des écoles.
L’intrusion des Russes dans le mode de vie de
ce peuple se fait sentir au XIXe : dépendances
envers les marchands russes, découverte de
l’alcool, produits alimentaires (thé, sucre…) hors
de prix, etc. Dans les années 1870, l’Empire
russe recourt à la déportation de Nenets à
Novaïa Zemlia, pour couper court aux prétentions
des Norvégiens sur les régions polaires.
La collectivisation des terres dans les années
1930, a profondément bouleversé les cycles
migratoires des éleveurs de rennes (depuis
les côtes jusqu’à la forêt en automne et en
sens inverse au printemps). Les modes de vie
des pêcheurs et de chasseurs n’ont pas été
épargnés. Dans les années 1950, les autorités
soviétiques matent les récalcitrants en forçant
tous les Nenets ne travaillant pas directement à
l’élevage des rennes à se sédentariser dans des
villages surgis de nulle part. Les écoliers sont
cloîtrés dans des pensionnats pendant toute
leur scolarité et se retrouvent, une fois adultes,
complètement inaptes à la vie dans la toundra.
C’est également dans les années 1950 que se
développe l’extraction du pétrole et du gaz.
L’afflux de nouveaux arrivants et la pollution
achèvent d’anéantir les traditions nenets. A
elle seule, la compagnie Norilsknikel a détruit
4,8 millions d’hectares de pâturages et un
demi-million d’hectares de forêt…
repérez les meilleures visites
intéressant
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Immanquable
Inoubliable
PoPuLation √ 87
Les peuples toungouses
Les Evenks (Toungouses)
35 500 personnes
wwTerritoire. Les Evenks, généralement appelés
Toungouses, occupent un vaste territoire de
2,5 millions de km2 de taïga, compris entre l’Ob
et la mer d’Okhotsk, et s’étendant de l’océan
Arctique jusqu’à la Mandchourie et aux îles
Sakhaline. A l’époque soviétique, seuls les
Russes disposaient d’un plus grand territoire.
On les rencontre dans les régions de Tioumen
et Tomsk, dans le district de Krasnoïarsk, dans
celui de Khabarovsk ainsi que dans la région de
Sakhaline. Le territoire autonome national des
Evenks, qui dépend de Krasnoïarsk, ne regroupe
qu’un dixième des effectifs. Un tiers des Evenks
vit en Iakoutie. Une communauté importante vit
dans le Nord-Est de la Chine et, dans une moindre
mesure, en Mongolie et en Mandchourie.
wwLangue. Avec l’evene et le neguidal, l’evenk
compose le sous-groupe septentrional des
langues mandchou-toungouses. Le vocabulaire
de base est commun aux langues mongole et
turque, ce qui suppose d’importants échanges.
Dans certaines zones, ce même vocabulaire est
influencé par le iakoute ou le bouriate. L’evenk
est subdivisé en une quantité considérable de
langues vernaculaires, elles-mêmes composées
de différents dialectes. L’intercompréhension
est parfois très difficile.
Les tentatives soviétiques de donner une
écriture unique aux Evenks se sont heurtées à
la profusion de dialectes. Cette standardisation autour du dialecte nepi sema la confusion
puisque seuls les Nepis comprenaient cette
langue. Dans les années 1920, les écoles en
langue nationale voyaient défiler des écoliers qui
ne comprenaient pas les leçons. La russification
mit fin à ce désordre et le russe devint la langue
d’enseignement et de communication.
wwHistoire. Les Evenks, traditionnellement
éleveurs de rennes, ont été extrêmement mobiles
tout au long de leur histoire. Ils sont originaires
de la région du lac Baïkal, où ils étaient en
contact avec des peuples de langues mongole
et turque. Sous la pression de tribus turques, ils
migrèrent en direction de l’est (vers l’Amour et
la mer d’Okhotsk), du nord (vers le bassin de la
Lena), du nord-ouest (jusqu’au Ienisseï) et des
steppes du sud. Dans cette région, ils devinrent
éleveurs de chevaux sous l’influence des Mongols
et se mirent à cultiver la terre. Deux cultures se
dessinaient, puisqu’au nord les Evenks étaient
restés éleveurs de rennes et chasseurs.
Les Evenks sont le seul peuple septentrional
à avoir occupé les montagnes de la taïga. Au
XIXe siècle, 319 Evenks cosaques du Baïkal
furent anoblis ! En effet, le gouvernement
tsariste utilisait un bataillon de cosaques
composé d’Evenks et de Bouriates afin de
sécuriser la frontière de l’empire.
Comparés à d’autres peuples du Nord, les
Evenks n’ont pas connu les bouleversements
engendrés par l’exploitation des matières
premières. Cependant, la construction du BAM
perturba leur tranquillité dans les régions de
Tchita, Irkoutsk et Khabarovsk.
Les peuples turcs
Comme nous venons de le voir, les Dolganes
forment un peuple toungouse, mais parlent
une langue turque. Comment une population
parlant une langue turque se retrouve au-delà
du cercle polaire ? L’histoire de leurs cousins
iakoutes nous éclaire.
Les Iakoutes
400 000 personnes
wwTerritoire. La Iakoutie, au cœur de la Sibérie
orientale, fait six fois la superficie de la France.
Elle est recouverte de forêts de mélèzes et la
température y tombe à – 45 °C en hiver (jusqu’à
– 60 °C à Verkhoïansk). Sa capitale est Iakoutsk,
sur les bords de la Lena.
Cette terre est particulièrement inhospitalière.
Vaste plateau glacé entre deux chaînes de
montagnes, son sol est gelé en profondeur
(jusqu’à 300 m au bord de la mer des Laptev !).
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Les langues toungouses appartiennent à la
famille altaïque comprenant également les
langues turques et mongoles. Les linguistes
distinguent deux groupes :
wwAu nord, différents dialectes toungouses,
dont l’evenk (voir ci-dessous), les langues
lamoutes du Kamtchatka (17 000 locuteurs).
Les Dolganes forment un peuple toungouse, mais
parlent une langue turque. Ils vivent au-delà du
cercle polaire, dans le district de Taïmyr.
wwAu sud, dans les vallées de l’Amour, de
l’Oussouri et de la Soungari, le dialecte neguidal
est en voie d’extinction.
88 Æ PoPuLation
wwLangue. Le iakoute appartient au sousgroupe du nord-ouest des langues turques, qui
comprend également des langues parlées par
des peuples vivant aux confins de la Mongolie,
au sud de l’Abakan et de la Touva, affluents
du Ienisseï.
wwHistoire. Toutes inhospitalières qu’elles
soient, les rives de la Lena ont attiré les
populations préhistoriques. Des fouilles
archéologiques ont ainsi révélé la présence,
il y a 5 000 ans, de pêcheurs lacustres et de
chasseurs pratiquant les peintures rupestres.
Leurs descendants ont appris le travail du bronze
et peuplé la vallée de la Lena, où se fixeront
plus tard les Toungouses.
Au XIVe siècle, la Iakoutie est donc peuplée
d’aborigènes vivant de chasse, de pêche et
d’élevage. A cette même époque commencent
à affluer des migrants turcs en provenance du
Baïkal. La tradition orale des Iakoutes évoque
une migration en masse, en 1450, sous la
conduite d’un certain Omogaï. Sous la pression
des Bouriates, les Iakoutes poursuivent leur
marche vers le nord, jusqu’à l’océan Arctique.
L’arrivée des Russes et leur installation sont
rapides : ils atteignent la Lena en 1629,
soumettent les Iakoutes un an plus tard et
fondent Iakoutsk en 1632. C’est ce qu’on appelle
une colonisation rondement menée ! A l’époque
où Catherine II dessine les premières régions
administratives de Sibérie, les Iakoutes sont
des éleveurs nomades de rennes et de chevaux,
des chasseurs (renards, écureuils, hermines)
et des pêcheurs. Leur sédentarisation date du
XIXe siècle. Dans le sud, le long de la Lena et de
ses affluents, l’agriculture se développe. Cette
surface cultivée restera toujours négligeable. La
véritable richesse de la Iakoutie réside dans la
profusion de ses gisements d’or, de diamants,
d’étain, de charbon et de sel.
La révolution manquée de 1905 éveille le
sentiment national des Iakoutes, qui créent
l’année suivante une Union iakoute. Cette
dernière réclame la restitution des terres
spoliées par les colons russes et la « iakoutisation » des emplois, en particulier des fonctionnaires de police. La Iakoutie était par ailleurs
un lieu de relégation pour contestataires de
tout poil. Après la révolution, un vigoureux
mouvement contre-révolutionnaire va tenir tête
à l’Armée Rouge.
Comme pour les autres peuples sibériens,
la période soviétique est marquée par une
russification intense, une accélération de la
sédentarisation et la disparition des cultures
traditionnelles.
Les Tatares
7 000 000 de personnes
Les Tatares sont arrivés en Russie lors des
invasions tataro-mongoles du XIIIe siècle. Plus
nombreux que les Mongols, qui retournèrent
avec le temps en Mongolie, les Tatares se
sont eux implantés durablement en Russie,
notamment autour de la Volga et en Crimée. Leur
assimilation à l’empire russe date de 1552 et
de la défaite du Khan de Kazan. Aujourd’hui les
Tatares sont majoritaires au Tatarstan (capitale
Kazan) et représentent la première minorité
après les Russes en Bachkirie, Tchouvachie
et dans la région d’Astrakhan. Une minorité
seulement parle la langue tatare et si cette
identité est revendiquée au Tatarstan, elle n’est
pas forcément bien vue ailleurs, où la russification a fait son œuvre.
Les Touvas
207 000 personnes
Le territoire des Touvas est encerclé : Altaï à
l’ouest, région de Krasnoïarsk au nord, celle
d’Irkoutsk au nord-est, Bouriatie à l’est et
Mongolie au sud. Kyzyl, la capitale, est censée
représenter le centre géographique de l’Asie.
Le fait d’être ainsi entourés de montagnes
n’a pas empêché les Touvas de subir, tout au
long de leur histoire, la domination de leurs
nombreux voisins.
La langue des Touvas est une langue turque
du groupe ouïgour. Les Ouïgours ont en effet
séjourné dans la région avant d’être chassés par
les Kirghiz. Ils pratiquent le lamaïsme tibétain.
On trouve dans la région d’Irkoutsk des Touvas
appelés Tofalars (800 personnes).
Mode de vie
Vie sociale
Naissance et âge
Famille et hospitalité
La famille russe se décompose et se recompose
au gré de divorces fréquents. Le mariage est une
institution très respectée. Hommes et femmes
se marient très tôt, d’où sans doute le nombre
assez élevé de divorces. Les Russes font peu
d’enfants, à peine plus d’un par femme.
La famille occupe une place prépondérante
chez les Russes. L’entraide et la solidarité entre
ses membres sont des valeurs importantes.
Les Russes donnent beaucoup, souvent sans
compter et sans attendre forcément quelque
chose en retour. Mais il faut reconnaître que
de prime abord, les Russes ne sont pas des
plus aimables (surtout lorsque les portes du
métro vous claquent à la figure ou que la
serveuse d’un restaurant ronchonne pour
prendre la commande). Il vous faudra donc
franchir la première étape pour vous rendre
vraiment compte de leur hospitalité et de leur
gentillesse !
Les loyers, en augmentation permanente
avant la crise de 2014 (surtout à Moscou),
imposent souvent aux différentes générations
de vivre sous le même toit. Mais cette image
de l’appartement où se côtoient les grandsparents, parents et enfants est à nuancer.
Ce schéma de la famille soviétique disposant
de 5 m² par personne ne survit que dans les
clichés et l’idée que se font les étrangers de
la situation russe.
Cependant, la difficulté de trouver un logement
pour la population est réelle. Mais cela
n’empêche pas de laisser la porte ouverte à
des amis de passage, voire à des amis d’amis.
L’accueil est toujours très chaleureux, et l’on
vous cédera souvent l’unique chambre de l’appartement, obligeant alors la famille à s’entasser
dans le salon. L’hospitalité prend tout son sens
et les étrangers sont souvent un peu mal à
l’aise face à de telles attentions. Une leçon
d’hospitalité pour nous les Occidentaux qui
avons tendance à nous créer un environnement
souvent cloisonné.
Si vous avez l’occasion de loger ou de dîner
chez des Russes, il est sympathique de
prévoir un petit cadeau pour la famille qui
trouvera toujours quelque chose à vous offrir.
S’attabler chez eux est toujours une fête. Leurs
tables sont toujours bien garnies et colorées
de harengs et de cornichons, de blinis et de
saumon… Sans oublier la vodka à laquelle
vous ne pourrez échapper ! Mais ça, c’est
une autre histoire.
Les Russes, toujours dans une moindre mesure,
épargnent moins que les Européens. Deux
raisons peuvent expliquer cela : une frénésie de
consommation qui fait suite à 70 ans d’absence
d’offre et le krach de 1998 où l’ensemble de
leur économie a été du jour au lendemain
réduite à néant.
L’acquisition n’a également pas la même signification qu’en Europe (posséder n’est pas une
fin en soi et ils économisent peu dans le but de
devenir propriétaires). Cette notion est même
visible dans leur langue. Les Russes emploient
rarement les possessifs (mon appartement, ma
maison, mes vêtements… le mien, le tien…),
le remplaçant par menya ou bien ou nas (chez
moi ou chez nous).
Comment présenter la famille russe sans
évoquer la babouchka ? La grand-mère
occupe une place centrale, c’est le pilier de
la famille. On l’imagine un peu enveloppée, les
joues rosies par le froid, emmitouflée dans un
manteau un peu fatigué et son visage dans
un fichu coloré.
Elle semble avoir traversé les époques et
les difficultés. Elle est solide et ne se plaint
pas, enfin, si on ne lui parle pas de la Russie
d’aujourd’hui. Elle vous dira alors que « c’était
mieux avant ». La vie y était certes difficile,
mais ils étaient soignés, avaient un toit et
de quoi se mettre sous la dent. Les temps
ont changé, ne rendant pas la vie plus facile
aux retraités.
DÉCOUVERTE
Le taux de natalité de la Russie est faible, mais
est passé de 1,3 à environ 1,7 enfant par femme
en 2015, ce qui va aider au renouvellement de
la population. Même si, la vie d’un Russe est
courte : l’espérance de vie d’un homme est de
64 ans, celle d’une femme de 76 ans (contre
59 et 72 ans il y a encore quelques années). Au
final, la pyramide des âges est déséquilibrée :
14,3 % de la population : entre 0 et 14 ans,
71,3 % entre 15 et 64 ans et 14,4 % plus de
65 ans.
90 Æ moDe De vie
Éducation
La Russie a hérité de la tradition d’éducation
de l’URSS dont une des premières mesures a
été de généraliser l’éducation dans un pays
essentiellement rural.
Mais l’école qui était obligatoire jusqu’à 11 ans
ne l’est plus que jusqu’à 8 ans en Russie. Le
niveau d’éducation aujourd’hui n’en reste pas
moins haut puisque 85,2 % des enfants sont
scolarisés au deuxième degré et 40,7 % au
troisième degré.
Au grand désespoir des intellectuels russes, la
tradition d’excellence universitaire est en train
de se perdre. Les meilleurs scientifiques quittent
la Russie car leurs salaires sont misérables.
L’université n’a plus le même attrait auprès
des jeunes, qui prennent en exemple le succès
d’oligarques pour la plupart peu éduqués.
A signaler toutefois que le taux d’alphabétisation
russe est tout de même très élevé, voire l’un des
plus élevés au monde, puisqu’il atteint 99,5 %.
Service militaire
Le service militaire pour tous les jeunes Russes
est une véritable contrainte à laquelle ils aimeraient bien échapper par tous les moyens. Il
faut dire qu’il n’a pas bonne presse ! On parle
officiellement de morts accidentelles ou de
suicides pour couvrir le nombre de morts lors
des bizutages. Ces pratiques sont d’une rare
violence, qui se nourrit de vengeance. C’est un
cercle vicieux : les deuxièmes années font subir
aux nouvelles recrues ce qu’ils ont eux-mêmes
enduré quelques mois auparavant. Rien de bien
réjouissant en somme !
Les jeunes, soutenus bien souvent par leurs
familles à l’approche de 18 ans, cherchent tous
les moyens pour passer outre : la corruption du
médecin (prétextant une maladie ou la folie), la
corruption des fonctionnaires, la prolongation des
études… Mais, inutile de préciser que ce sont les
jeunes Russes sujets à d’importants problèmes de
précarité et de santé qui ont du mal à échapper
à ces deux terribles années. L’élite est, quant
à elle, facilement exempte de cette contrainte.
Le gouvernement a toujours fermé les yeux
sur ces pratiques qui mettent pourtant à mal
ses forces armées. Toutefois, une prise de
conscience semble avoir fait son chemin… Une
loi datant du 1er janvier 2008 a réduit les deux
ans de service militaire à une année et demie.
Habitat – Urbanisation
L’urbanisation des villes russes date du
XXe siècle. Avant l’arrivée des bolchéviques,
les villes étaient rares, toutes dans la partie occidentale de l’empire, et donc souvent détruites
pendant la Deuxième Guerre mondiale. Certaines
villes sont maintenant dans d’autres Etats (pays
Baltes, Ukraine, Transcaucasie). Cela crée
donc une homogénéïté, sujet de blagues dans
certains films soviétiques tels que Ironia sudby,
ili s legkim parem (
,
), où le héros, ivre, se trompe d’avion et
arrive exactement dans le même appartement
à Saint-Pétersbourg que dans le sien à Moscou.
On trouve toutefois des différences régionales,
sans parler des modes d’habitation traditionnels
en Sibérie, du tchoum des Tchoukches à la
yourte des Touvas.
Les constructions soviétiques dominantes
(années 1960-1970) sont de mauvaise qualité
et on essaye de les quitter pour de nouveaux
logements dans les périphéries. Par ailleurs, les
habitations ne sont jamais construites de façon
mitoyenne. Chaque immeuble est séparé des
autres par des petites cours, allées boisées.
Cette spécificité fait que les villes russes sont
souvent très vertes, mais qu’elles s’étendent
aussi sur des distances impressionnantes.
Construite le long de la Volga, l’agglomération
de Volgograd fait 80 kilomètres de long pour
600 000 habitants ! Les transports sont donc
une question essentielle dans la vie quotidienne
des Russes, dont 85% habitent en ville.
Santé et retraite
C’est bien connu, l’hôpital fait peur aux Russes
et souvent non sans raison. Un dicton dit même
qu’on en ressort plus malade que quand on y est
entré. Aussi a-t-on tendance à reculer jusqu’au
dernier moment l’échéance de l’hospitalisation. Le système communiste avait pourtant
mis un point d’honneur à garantir la santé
pour tous : soins gratuits, très nombreuses
polycliniques (dispensaires locaux), et un taux
record de médecins par habitant. Mais en fait, la
médecine au quotidien n’a jamais été satisfaisante pour le malade soviétique : longues listes
d’attente pour être admis dans des hôpitaux où
le manque d’hygiène, et le peu de motivation
frôlant l’incompétence d’un personnel mal payé
donnait lieu à des erreurs de diagnostic parfois
tragiques. En ce qui concerne la gratuité, elle
était purement théorique, le patient préférant
payer le prix fort et consulter au noir, à son
domicile, les médecins exerçant après leurs
heures d’hôpital. Quant à la nomenklatura, elle
se faisait soigner bien sûr dans des cliniques
privées ultramodernes. Un lourd passif pour le
système de soins dans la Russie actuelle où
les protections sociales sont menacées. Les
cliniques les mieux équipées sont des jointventures médicales, inaccessibles au commun
des mortels. L’état des lieux des retraites est
moDe De vie √ 91
sensiblement le même. La protection sociale
est devenue quasi inexistante en Russie.
Comment survivre quand l’Etat vous verse
300 ou 500 roubles par mois pour vivre. Ce
n’est même plus de la survie. Alors les Russes
s’entraident lorsqu’ils ont les moyens ou ont
recours au système D. C’est ainsi que vous
verrez dans les rues de Moscou, les personnes
âgées vendre confitures et champignons ou
ramasser des canettes vides pour survivre.
Place de la femme
Religion
La Russie est un Etat multiconfessionnel qui
comprend plus de 50 religions différentes,
même si les chrétiens de confession orthodoxe
sont majoritaires dans ce pays. En effet, la
Fédération de Russie est composée, entre
autres, de 57 millions d’orthodoxes (qui
représentent 56,5 % de la population), dont
2 millions de « vieux-croyants » ; 15 millions
de musulmans (l’islam sunnite est la deuxième
religion de Russie et représente 15 % de la
population), 2 millions de juifs (2 % de la population), 1 million de bouddhistes et 1 million de
protestants.
Orthodoxie
Dire que la religion orthodoxe est la religion
dominante en Russie par le nombre des
baptêmes est un euphémisme si l’on considère
le rôle identitaire, patriotique et politique
qu’elle a été appelée à jouer. Dès son officialisation en Russie au Xe siècle, elle entretient
un rapport étroit avec la politique, lien d’ailleurs perpétué à présent par Vladimir Poutine
qui a fait bénir son mandat. Le patriotisme
est une valeur intrinsèque à l’orthodoxie,
tout orthodoxe se doit de défendre sa patrie si
elle est attaquée.
Aussi Staline qui avait commencé par une
politique répressive n’a pas hésité à utiliser
la religion pour mobiliser la population contre
l’ennemi durant la « grande guerre patriotique ». Enfin l’orthodoxie a toujours été le
repli identitaire des Russes quand ils sentaient
l’essence même de leur culture menacée : en
recevant cette religion de Byzance, la Russie
hérite par la même occasion de toute une
tradition culturelle, littéraire et architecturale.
La liturgie devient même le fondement de
l’identité nationale russe.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
La société russe, après les tsars et les soviets,
ne montre pas, en matière de droits des femmes,
un degré d’avancement très spectaculaire.
Dans le passé, la démission des hommes (pertes
énormes lors de la Seconde Guerre mondiale,
alcoolisme…) les avait contraintes à prendre
en main l’économie au quotidien. Aujourd’hui
encore, excepté à Moscou, elles ne connaissent
pas d’émancipation réelle. Aux fourneaux,
s’occupant des enfants, la femme russe est
conditionnée dès son jeune âge à se trouver un
bon mari, ou simplement un homme qui gagne
sa vie et qui veut bien d’elle. Ce qui explique
les mines provocantes des adolescentes et, en
corollaire, la recrudescence de la prostitution,
aggravée par les problèmes économiques et une
libéralisation incontrôlée de certains secteurs.
Avec le développement du tourisme, les jeunes
filles à marier sont encore plus attentives aux
Occidentaux et à leurs dollars. Aussi jeunes
godelureaux et vieux loups de mer, ne vous
croyez pas soudainement irrésistibles (du genre,
mon charme agit sur la femme slave)… Autre
exemple frappant, il est peu courant, même à
Moscou, de voir une femme au volant : cela en
dit long sur le chemin à parcourir et la difficulté d’imposer des opinions féministes sur
des questions importantes. Et il vaut mieux
qu’une femme soit accompagnée d’un homme au
restaurant ou à l’hôtel, sinon on peut la prendre
pour une prostituée.
Mais, à Moscou, les businesswomen russes
commencent à apparaître. Dans les foyers, les
rôles s’équilibrent entre la femme et l’homme.
Coquette, voulant plaire, elle s’habille, d’une
manière parfois un peu voyante, même pour
aller au magasin ou jouer avec son enfant.
Bien que Lénine décrète le 8 mars 1921 une
Journée (Internationale) des femmes, il faut
se rappeler que la féminité au temps des
Soviétiques n’allait pas forcément de pair avec la
société sans classes qui imposait une uniformité
tant dans la façon de penser que dans la manière
de se vêtir. Les femmes avaient alors tâché
d’oublier toute forme de coquetterie, se parant
d’un simple voile sur la tête et de tenues plutôt
sombres. Aujourd’hui, bien plus féminines que
la majorité des Européennes, les jeunes filles
russes semblent presque venger leurs pairs
en se dotant de parures très sensuelles qui
ont longtemps disparu des affaires de toilette
de ces dames.
Cela dit, les femmes sont souvent considérées
comme plus fortes (même par les hommes) et,
souvent plus adaptables. Et puis ne parlons pas
de leur beauté…
92 Æ moDe De vie
Aussi la religion a-t-elle été le signe de la
résistance identitaire durant le joug mongol ;
et elle a toujours été le point d’appui des slavophiles dans leur opposition aux occidentalistes.
En 1988, Gorbatchev fait un acte hautement
symbolique en fêtant avec faste le millénaire
de la religion orthodoxe en Russie, alors que
celle-ci vient de connaître 70 ans de répression.
Puis en 1991, la Russie opère un retour en
masse vers l’orthodoxie : réouverture d’églises,
profusion de baptêmes, frénésie liturgique.
Mais derrière ce retour à la foi, c’est surtout un
retour aux racines profondes de la culture russe
qui motive une grande partie de la population.
La raison principale de cet engouement est
souvent la recherche de nouvelles valeurs,
aussi, lorsqu’on peut en trouver ailleurs, on
se souciera peu de religion. Et d’ailleurs les
pratiquants réguliers sont rares, on entre dans
une église allumer une bougie pour quelqu’un,
adresser une prière à un saint, ou chercher
un moment de réconfort dans une période
difficile, mais on n’assiste pas forcément à
la liturgie. D’ailleurs les étudiants semblent
souvent peupler les églises quelques jours
avant les examens…
Qu’est-ce que l’orthodoxie ?
Pendant 1 000 ans il n’y a eu qu’une seule
Eglise, à la fois catholique, c’est-à-dire
universelle et orthodoxe, c’est-à-dire « à
la foi juste ». Il y avait l’Eglise chrétienne
d’Orient et celle d’Occident. Ainsi quand le
grand prince Vladimir introduit le christianisme
en Russie, il n’y a encore qu’une seule Eglise.
La rupture n’avait pas eu lieu, mais la Russie
avait déjà choisi son camp en se rattachant à
l’Eglise chrétienne orientale de Byzance. Les
raisons qui vont provoquer le schisme entre
les deux Eglises sont d’ordre politique avec des
conflits d’influence et vont être masquées par
des questions de dogme. Les différends ont
commencé en 1054, avec échanges d’anathèmes entre les clergés russe et romain,
mais la véritable rupture s’est produite au
XIII e siècle, quand les croisés ont saccagé
Constantinople sur le chemin des croisades,
déclarant ainsi la guerre à la chrétienté
d’Orient. Les rivalités incessantes avec la
Pologne, affiliée au catholicisme romain, ont
consommé la rupture, tandis que la chute
de Constantinople sous les coups des Turcs
ottomans, en 1453, a suscité des ambitions
nouvelles et messianiques dans le clergé
russe, qui voulait faire de Moscou, héritière
de Byzance, la « Troisième Rome ». L’église
orthodoxe de Russie est nationale et autocéphale, c’est-à-dire qu’elle a son propre chef
spirituel, le patriarche. Le Patriarche de Moscou
et de toutes les Russies, Alexis II, est mort le
5 décembre 2008. Son successeur Cyrille I er
a été élu puis intronisé patriarche de l’église
orthodoxe russe le 1er février 2009.
© STÉPHANE SAVIGNARD
Différences entre l’Église
catholique et l’Église orthodoxe
Cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux
sur la Place Rouge.
wwPour les catholiques, le Saint-Esprit procède
de Dieu et du Christ, pour les orthodoxes,
seulement de Dieu.
wwPour les catholiques, l’Eglise est une. Le
pouvoir du pape transmis sans rupture depuis
Pierre est infaillible quand le pape proclame de
façon définitive un point de doctrine touchant
la foi ou les mœurs. Les Eglises orthodoxes
sont autocéphales, elles se gouvernent par
elles-mêmes. La foi orthodoxe est constituée
par les définitions dogmatiques des 7 premiers
conciles œcuméniques, qu’elle a en commun
avec la foi catholique.
wwLors du baptême orthodoxe, le baptisé est
toujours plongé entièrement dans l’eau.
wwLa confirmation chez les orthodoxes a lieu
juste après la naissance de l’enfant.
wwL’hostie se prépare sans levain chez les
catholiques, avec chez les orthodoxes.
On sera charmé, ébloui ou au pire interloqué
par une liturgie orthodoxe. La première idée est
qu’il faut tourner toute sa sensibilité artistique
moDe De vie √ 93
Islam
Loin de ces querelles internes à la famille chrétienne, l’islam, la deuxième religion de Russie,
totalise quelque 15 millions de fidèles, répartis
entre le Tatarstan, à 500 km à l’est de Moscou,
le Caucase du Nord, et de nombreuses communautés dispersées à travers le pays. Disposant
de lieux de culte, les musulmans de Russie,
très généralement sunnites, connaissent un
réveil religieux qui coïncide souvent avec des
revendications nationales, comme au Tatarstan
ou en Tchétchénie.
Cet essor coïncide également avec la multiplication des antennes paraboliques qui captent
les nouvelles émissions diffusées à partir de
la Turquie.
Il existe actuellement environ 7 000 mosquées
en Russie et 3 080 associations musulmanes
déclarées.
Judaïsme
Le judaïsme compte encore plus d’un million
et demi de fidèles, en dépit de l’érosion d’une
communauté juive qui émigre en masse vers
Israël.
Et si les juifs peuvent désormais pratiquer
librement leur religion et leur culture, les difficultés économiques les poussent toujours à
quitter le pays en nombre important.
Bouddhisme
Le bouddhisme est la religion officielle de trois
peuples de l’ex-URSS : les Touvas, les Kalmouks
et les Bouriates. Le bouddhisme, venant de
Mongolie, s’est implanté en Russie aux XVIIe
et XIXe siècles, tandis que celle-ci colonisait la
Sibérie méridionale. Dès le début du XVIIIe siècle,
les conversions intensives au bouddhisme furent
le fait de missionnaires mongols et tibétains.
Au XVIIIe siècle, les lamas obtiennent le droit
de prêcher le bouddhisme en Transbaïkalie
s’ils ont prêté allégeance au trône de Russie.
Cette politique qui devait renforcer les confins
de la Russie profita surtout à l’essor de cette
religion. La propagation du bouddhisme en
Sibérie a porté un coup fatal au chamanisme
à la base de nombreuses traditions populaires
des peuples sibériens. Mais le bouddhisme a
aussi joué un rôle dans la diffusion de la culture,
enseignant la philosophie et les médecines
orientales dans ces frontières reculées de
Russie. La culture bouddhiste a ainsi permis
l’essor d’une intelligentsia nationale qui
après la révolution de 1905 s’est intégrée aux
mouvements politiques russes, allant jusqu’à
proposer une fusion des principes du bouddhisme et du communisme en 1922. Pourtant le
régime soviétique ne fit pas d’exception dans
sa politique religieuse pour le bouddhisme :
nombre de monastères furent détruits et les
lamas furent réprimés.
Mais, à la fin des années 1980, dans la
mouvance du renouveau religieux général
en Russie après 70 ans de communisme, le
bouddhisme connut un nouvel essor. C’est
ainsi que furent créés dans les trois régions
concernées des temples, des monastères et
des centres culturels à vocation religieuse.
En 2008, on comptait à peu près 1 million de
bouddhistes. Une trentaine de monastères
ont été construits et le temple de SaintPétersbourg est à nouveau en activité. Deux
événements phares ont marqué la vie du bouddhisme russe ces dernières années : la visite
du dalaï-lama en septembre 1992 à Moscou
et en 2004 en Kalmoukie. Outre les régions
précitées, le bouddhisme est aujourd’hui
fortement implanté en Altaï, dans les régions
d’Irkoutsk et de Tchita.
Sectes
Durant la période soviétique et même avant, la
Sibérie, terre de goulag mais aussi de liberté,
avait été le vivier de sectes de toutes sortes,
la hiérarchie religieuse étant trop éloignée pour
exercer son contrôle. Une sorte de Far East,
comme les Etats-Unis avaient leur Far West et
ses multiples sectes.
Mais aujourd’hui, des sectes ont pignon sur rue à
Moscou, comme l’Eglise du Christ, les Croyants
du Christ, Hare-Krishna, l’Eglise de Satan ou
Aum… et les adorateurs du dieu « Dollar ».
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
vers Dieu, donc la liturgie doit être avant tout
la plus belle possible. Ne chante que la chorale
qui sait chanter. Les instruments ne sont pas
permis, car il faut que tout soit naturel, la
voix humaine est donc privilégiée. Le lieu de
l’église représente déjà le ciel sur la terre.
C’est là que se produit la rencontre de l’humain
et de Dieu.
C’est donc l’endroit où l’homme s’élève le
plus. On reste debout pendant la liturgie en
signe de foi en la résurrection. Le corps entier
doit participer à la prière, aussi fait-on de
nombreuses inclinations. On considère que
l’image est la présence même du saint, donc
quand on embrasse une icône, on n’embrasse
pas le bout de bois, mais directement le saint
représenté. L’orthodoxie fait une grande place
à la vénération des saints. Les saints le plus
vénérés sont saint Serge de Radonège qui a
initié le mouvement monastique au XIVe siècle
en se retirant dans une forêt et saint Séraphin
de Sarov.
Arts et culture
© STÉPHANE SAVIGNARD
Architecture
Des palais de Saint-Pétersbourg aux yourtes
de Kalmoukie en passant par les bulbes dorés
des églises orthodoxes, l’architecture russe ne
manque ni de variété ni de grandeur. Néanmoins,
il ne faut pas se voiler la face et vous le constaterez tout de suite dans toutes les villes d’une
certaine importance, l’ère soviétique dénuée de
tout souci esthétique, a laissé sa marque. Les
Russes, toujours philosophes, vous rappelleront
que Dostoïevski a écrit « le Russe aime le laid » !
Immeubles tristes, vastes constructions dont
la curieuse particularité est d’accueillir des
logements qui sont en revanche très petits, sont
l’apanage de la majorité du pays. Les premières
impressions peuvent être rebutantes, mais on
s’y fait vite, et le côté kitsch et gigantesque finit
même par amuser. La maison russe traditionnelle est l’isba.
C’est rudimentaire : cinq ou six murs : quatre
extérieurs, un ou deux intérieurs. Elles sont
faites à partir de rondins de sapin et de mélèze.
Les interstices entre les rondins sont obstrués
par de la mousse végétale. Les pourtours des
fenêtres et des toitures sont souvent décorés
de motifs découpés à la scie « dentelles de
bois ». Ce standard a été adopté dans toutes les
campagnes de la région occidentale de la Russie.
On en trouve parfois en ville, même si ce sont
souvent les HLM soviétiques qui dominent.
L’ouest de la Russie, très touché par les destructions de la Deuxième Guerre mondiale a malheureusement perdu l’essentiel des maisons de
marchands «
» qui étaient le standard
urbain avant la révolution. On peut en voir
des exemples à Moscou ou dans le centre de
Krasnodar et de Rostov.
L’habitat des indigènes d’un des peuples du sud
de la Russie, les Kalmouks, est la yourte (une
sorte de tente à armature de bois) couverte
de peaux de mouton avec un foyer central.
Enfin, rouvrant une à une leurs portes, églises,
cathédrales, mosquées et synagogues, à demi
cachées par des échafaudages, sont en pleine
restauration.
Artisanat
Ambre
Les Russes l’appellent les « larmes des
oiseaux de mer ». Ce curieux minéral, dont
les teintes vont du brun rougeâtre au miel,
est en fait une résine d’arbre fossilisée. Il y a
40 millions d’années, le centre et le nord de
l’Europe étaient recouverts de forêts de pins
et d’épicéas. 10 millions d’années plus tard, ils
étaient engloutis par les eaux. La couleur d’une
pièce dépend du type de résine, du temps de
fossilisation et du temps passé à l’air libre.
Pas de fausse joie : l’ambre pas cher, c’est
terminé. Tout du moins, si vous recherchez de
belles pièces bien travaillées. Les plus belles
inclusions d’insectes, de plumes ou de pollens se
négocient dans les bijouteries. Les boutiques de
souvenirs et les marchands ambulants trompent
parfois le client. Si vous avez des doutes sur
la composition du caillou qu’on vous propose,
passez une aiguille au feu. Marque blanche et
odeur de résine de pin, c’est bon. Marque noire et
odeur de plastique, passez votre chemin. Si vous
n’avez pas d’aiguille, frottez la pierre contre de la
laine. Si vous obtenez un effet électrostatique, il
est fort probable que ce soit de l’ambre.
© STÉPHANE SAVIGNARD
aRts et cuLtuRe √ 95
Boîtes laquées
Le succès de ces laques advient avec la révolution de 1917. Peindre des icônes, soit perpétuer
une tradition byzantine et pratiquer un acte
religieux, est strictement interdit. Les peintres
d’icônes, dépourvus d’activité, continueront
donc à s’exprimer sur des boîtes et adapteront
à la culture russe les lointains laqués orientaux.
Il y a quatre écoles possédant chacune leurs
propres règles de style : Palekh, Fedoskino,
Holoui et Mstera.
Aujourd’hui encore, des miniaturistes de talent
perpétuent cet art religieux ancien… sauvé par
un art profane et décoratif !
Châles
Les châles rouges et fleuris des babouchka
peuvent paraître un peu kitsch, mais ils ont
le grand avantage d’être très chauds. En fichu
sur la tête ou posé sur les épaules, le châle fait
partie intégrante de la panoplie de la femme
russe. Présentant des tons vifs et fleuris ou bien
sombres et géométriques, les châles russes sont
coupés dans une toile de laine très serrée et
très souple. Dans la Russie ancienne, ces carrés
d’étoffe bariolés avaient une signification. Offrir
un châle à une jeune femme revenait ni plus ni
moins à la demander en mariage.
Matriochka
Le grand classique des souvenirs, ex aequo
avec la tour Eiffel en plastique et le T-shirt
« I love NY ». Les poupées russes, à tendance
politique, folklorique, sportive ou musicale (on
peut trouver des matriochki Elvis Presley !), sont
souvent chères lorsqu’elles sont vendues dans
des quartiers touristiques.
Cet objet se popularise fort tard, à la fin du
XIXe siècle. Il est probable que sa diffusion soit
due à son utilisation à but éducatif. En effet, les
matriochki représentent à l’origine une famille.
Elles sont aussi le symbole de la maternité et de
la fertilité, et ces jouets servaient à inculquer
aux petites filles le goût pour la famille et la
procréation.
Souvenir obligé, la matriochka peut aussi être
finement peinte et comporter quelques dizaines
de pièces. Certaines séries évoquent l’histoire
et les contes russes avec force détails. Mais
qu’elles soient paysannes en fichu ou princesses
orientales, les poupées russes restent un grand
classique du « cadeau de Russie », aux côtés
de la vodka et du caviar.
Objets en bois de bouleau
Le bouleau est l’arbre russe par excellence.
Utilisé depuis la nuit des temps, notamment
pour servir de support à l’écrit (l’écorce se
roule facilement), il est largement utilisé dans
l’artisanat : boîtes, jouets, jeux d’échecs ou
oiseaux du bonheur. Ces derniers déploient
une queue en forme d’éventail, taillée dans une
seule pièce, humidifiée et formée à la main. Ils
occupaient les mains des paysans pendant les
longues soirées d’hiver.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Scultpures bouriate en pierre typique de la région du Baïkal.
96 Æ aRts et cuLtuRe
Cinéma
La Russie a largement participé au développement du cinéma et cela, dès ses prémices.
Des réalisateurs pionniers, comme Dziga Vertov
ou Sergueï Eisenstein, ont posé les bases de
décennies de réflexion autour du cinéma. Leurs
œuvres ont influencé les plus grands réalisateurs
européens et sont aujourd’hui au programme de
toutes les écoles. Monumental par sa modernité
et sa créativité, le 7e art russe prit une dimension
particulière, avec laquelle n’eurent pas toujours
à compter les Occidentaux : l’instrumentalisation
par le pouvoir en place. Se détourner pour des
raisons politiques des comédies et drames
soviétiques signifierait pourtant passer à côté
de nombreux chefs-d’œuvre. Aujourd’hui, une
nouvelle génération d’artistes pourrait bien
insuffler un vent nouveau sur l’industrie cinématographique. Pour vous y retrouver, préparer
votre séjour, ou faire quelques découvertes, voici
un bref survol du rousskoyé kino.
en 1913, les futuristes, rejoints par Maïakovski,
réalisent leur premier film, Drame au cabaret
futuriste n° 13. En 1909, Yacov Protazanov
fait ses débuts et deviendra le plus célèbre
réalisateur d’avant la révolution. A la veille de
la Première Guerre mondiale, la production
locale est encore médiocre, mais une réelle
réflexion prend corps. Starevitch (Polonais né
à Moscou) fonde l’animation russe, l’une des
plus anciennes et plus créatives au monde. Il
utilise la technique de l’image par l’image, pour
animer des figurines représentant des insectes
et des animaux. L’Etat reconnaît la valeur du
cinéma et ne néglige pas son utilisation dans la
diffusion de sa propagande. La censure veille.
Par exemple, il est interdit d’évoquer Raspoutine
sans autorisation signée des autorités compétentes en la matière. Mais la Première Guerre
mondiale et la révolution de 1917 allaient bientôt
renforcer le cinéma russe.
Les premiers pas du cinéma en Russie Un art révolutionnaire ?
C’est à Saint-Pétersbourg qu’eut lieu pour la
première fois en Russie, une séance de cinéma.
Le 4 mai 1896, soit six mois après la première
projection parisienne, les frères Lumière avaient
dépêché sur place deux envoyés, Emile Doublier
et Charles Moisson. Les deux reporters réaliseront quelques jours plus tard, le premier
reportage cinématographique russe à l’occasion
du couronnement du tsar Nicolas II à Moscou.
Premier film dans ce pays qui ne connaissait
que quelques réalisations d’amateurs et premier
acte de censure. En 1907, le premier producteurréalisateur-photographe russe se lance dans
la compétition avec les étrangers, principalement français. Alexandre Drankov se sert de
la publicité pour annoncer ses sujets courants,
événements russes sur écran, vues de villes et
paysages. Il reçoit l’appui de la famille impériale
et est le premier à filmer Léon Tolstoï, lors de
son quatre-vingtième anniversaire. Il produit
en 1908 ce que l’on peut considérer comme le
premier film russe : Stenka Razine, qui quitte
le ton de la farce grossière pour proposer une
vraie mise en scène, une musique originale et
un sujet national : les exploits légendaires du
plus farouche des Cosaques.
Pendant les premières années d’existence du
cinéma, en Russie comme ailleurs, le milieu
littéraire se montra réservé, voire franchement
hostile à deux exceptions près : Léon Tolstoï et
Maxime Gorki qui pressentaient la possibilité
d’utiliser ces nouvelles techniques afin d’éduquer
les masses. Les industriels du film brisèrent ce
mur de frilosité, en demandant aux plumes nationales d’écrire des scénarios. Le mur cède, des
revues se créent, les débats s’enhardissent et
Fin des importations de bobines étrangères,
interdiction des productions allemandes, interdiction de la consommation d’alcool… Le premier
conflit industriel de l’histoire de l’humanité eut
pour conséquence, en Russie, de renforcer les
productions nationales. Le patriotisme russe
devait être flatté et les salles remplies. Les
autorités et les industriels du cinéma s’allièrent
pour produire des films locaux. Les gens de
théâtre, autrefois réfractaires, se laissent tenter
par le cinéma, et même Meyerhold tourne
casaque en réalisant un film, que beaucoup
considèrent comme le meilleur de la période
prérévolutionnaire, Le Portrait de Dorian Gray.
Les bobines ont disparu, mais l’incursion des
comédiens de théâtre dans le cinéma influencera
durablement les productions russes.
Par ailleurs, de 1914 à 1917, on compte de
nombreuses adaptations littéraires : Guerre et
paix de Vladimir Gardine et Yakov Protozanov,
Les Possédés ou encore La Dame de pique du
même Protazanov.
Les efforts, dès 1917 pour implanter en Russie
un cinéma indépendant, orienteront durablement
une culture du cinéma, s’appuyant fortement
sur l’histoire et la littérature et développant une
réflexion propre. Malheureusement, la plupart
de ces films ont disparu ou sont aujourd’hui en
bien mauvais état. De 1908 à 1919, 305 films
furent produits et dans un article de 1913,
le correspondant d’un périodique américain
écrivait qu’il y avait en Russie entre 800 et
1 000 salles, modestement équipées et fréquentées par des gens d’un rang social bien plus
élevé que dans la plupart des autres pays.
Au lendemain de la révolution, les structures
aRts et cuLtuRe √ 97
La parole confisquée
Le premier grand film, proprement révolutionnaire, dans ses innovations techniques et narratives, est La Grève d’Eisenstein. Le critique anglais
David Sylvester écrit à son sujet : « L’art de ce
film rappelle celui d’un poème qui fut presque son
contemporain The Waste Land (NDLR : poème
de T.S. Eliot, en français : La Terre vaine). Il le
rappelle par la même liaison rythmique d’images
hétérogènes et par les mêmes images, à la fois
naturalistes et symbolistes, qui créent le choc
par leur superposition. » En 1926, Le Cuirassé
Potemkine, d’Eisenstein, connaît un succès international, augmenté encore par son interdiction
dans de nombreux pays, dont la France. Dziga
Vertov, l’ancien monteur d’Edouard Tissé, tourne
L’Homme à la caméra. Il refuse la notion même
d’acteur et de scénario. Cet art en plein essor,
lancé par de jeunes enthousiastes assoiffés de
nouveauté, sera bientôt bâillonné par le pouvoir
stalinien. Avec le passage au parlant, le cinéma
va constituer une zone possible de rébellion que
le « petit père des peuples » surveillera de très
près. Le vent tourne dans la première moitié des
années 1930, qui correspondent au premier plan
quinquennal (1929-1934). C’est l’époque de la
collectivisation des terres, du durcissement du
pouvoir et du renforcement de son contrôle sur
la vie intellectuelle et artistique. Maïakovski
se suicide, Eisenstein part au Mexique, et le
« réalisme socialiste » cadre officiellement
les élans artistiques à partir de 1934, date du
Congrès des Ecrivains.
Parallèlement, le cinéma devient parlant, et
l’avant-garde russe vit ses dernières heures.
Cette transition se fait progressivement, tiraillée
entre l’attachement de certains cinéastes au
muet et la volonté du pouvoir de développer
le parlant. Le premier film parlant russe est
Le Chemin de la vie de Nikolaï Ekk (1931). Le
militantisme enthousiaste est toujours prégnant,
mais l’expérimentation de l’image est bientôt
taxée d’élitisme, et les films sont sommés
de renouer avec un déroulement linéaire du
scénario. Le cinéma s’oriente vers le « réalisme
socialiste » et s’attache à peindre les rapports
de l’homme à son travail, la réalité socialiste et
les bienfaits du pouvoir soviétique.
Mais il est étonnant de constater qui, si cette
période d’instrumentalisation de l’art fut
catastrophique pour la littérature et les arts
plastiques, elle n’appauvrit pas complètement
le cinéma. Eisenstein et Alexandre Dovjenko,
certains films comme Tchapaev (de Sergueï
et Gueorgui Vassiliev, 1934) et Les Joyeux
garçons, maintinrent la réputation internationale du cinéma soviétique. Le pouvoir stalinien
trouve dans le cinéma un formidable outil de
propagande (les documentaires fleuves de
l’époque martèlent la promesse de lendemains
qui chantent), mais les gardiens de la doctrine
redoutent aussi ce formidable espace de liberté
qu’est le cinéma, élevé au rang d’art par une
génération enthousiaste et intellectuelle. Un
genre incongru voit le jour au moment même
où Staline purge le pays de ses éléments les
plus séditieux : la comédie musicale. Lourde,
interminable et mensongère, elle met en scène
la joie de la vie à la campagne et empreinte
à Hollywood ses artifices les plus pompiers.
Muselés et persécutés, les cinéastes ont une
marge de manœuvre ridicule, mais possible.
L’industrie cinématographique est dynamique, et
certains films, n’ayant rien qui pourrait choquer
les cerbères de la censure, sont de grandes
œuvres. Elles sont le fait de réalisateurs qui
tiennent une place à part dans leur époque.
Mark Donskoï, après la guerre, adapte à l’écran
La Trilogie de Maxime Gorki. Peu soucieux de
technique, il peint la plaine et le fleuve, les
méfaits d’un monde corrompu par l’argent.
Cinéaste du passé, il peint la vieille Russie
tsariste pour y trouver l’universalité de l’homme
russe. A noter, le grand retour d’Eisenstein
en 1946 avec Ivan le Terrible, qui restera son
testament inachevé.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
économiques du cinéma russe changent peu.
D’autres priorités retiennent les autorités.
La censure politique disparaît (elle reviendra
rapidement) et devient économique. Les films
réalisés dans les premières heures de la Russie
soviétique, tressent des couronnes de louange
à la révolution ou vilipendent l’ancien régime.
Le thème religieux n’est plus tabou. Critique
caricaturale ou réelle réflexion métaphysique, il
fournit un sujet d’aspiration nouveau et quelques
productions célèbres comme Le Père Serge
de Yakov Protazanov. Mais le jeune cinéma
soviétique passe rapidement à la vitesse supérieure et dépasse la simple réaction à l’époque
tsariste. C’est un immense mouvement qui naît
dans l’enthousiasme, animé par des artistes
de talent et obsédés par l’idée de mettre au
service d’une société nouvelle un art nouveau.
Malgré les pires difficultés matérielles, les
réalisateurs bâtissent une réflexion théorique
et multiplient les essais expérimentaux. En
1919, Lénine nationalise la production et la
distribution et crée l’École nationale de cinéma,
l’une des premières au monde. Comme dans
d’autres disciplines artistiques, les créateurs
connurent un moment de liberté qui s’amenuisa
considérablement dans les années 1930. Citons
Maïakovski dont trois scénarios sont portés à
l’écran en 1918 et Edouard Tissé, futur chefopérateur d’Eisenstein, qui filma le premier
anniversaire de la révolution et fut responsable
du cinéma dans le premier agit train (des trains
qui sillonnaient le pays, bardés de banderoles
et de slogans révolutionnaires, et organisaient
discours et spectacles à chaque halte).
98 Æ aRts et cuLtuRe
Un lent renouveau
Avec la mort de Staline en 1953 et l’arrivée
de Khrouchtchev au pouvoir, l’atmosphère se
détend. Sans pour autant devenir permissive,
la société soviétique se détache du sacrosaint culte de la personnalité et exprime sa
volonté de se rapprocher de ses spectateurs.
Kalatozov, longtemps brimé, sort le mélodramatique Quand passent les cigognes en 1957.
Cette œuvre très moderne ouvre la voie à la
Nouvelle Vague française. C’est à cette période
que des cinéastes majeurs font leur début.
Sergueï Paradjanov tourne Les Chevaux de feu
(en 1964) et Andreï Kontchalovski Le Premier
Maître (en 1965). Le plus célèbre de cette
nouvelle génération reste Andreï Tarkovski dont
le premier film, L’Enfance d’Ivan, est accueilli
en 1962 comme un tournant dans l’histoire du
cinéma russe.
Cinéaste incontournable qui s’exilera en France,
il réalise en 1966 Andreï Roublev, qui retrace la
vie et les combats spirituels du célèbre peintre
d’icônes. Il croît au génie, à une valeur individuelle de l’être humain qui s’oppose à la
barbarie. Avec Solaris, en 1972, contrepoint
soviétique de L’Odyssée de l’espace de Kubrick,
Tarkovski ne s’occupa pas vraiment de sciencefiction, mais bien plus d’une réflexion sur la
connaissance de soi. Avec Le Miroir (1974) et
plus tard Nostalghia (1983), Stalker (1979) est
un des films les plus puissants de Tarkovski. Au
cours d’une longue promenade philosophique, le
Stalker est celui qui tente de rallumer l’étincelle
divine de l’homme et croit pouvoir faire son
bonheur malgré lui. On comprend qu’avec des
sujets aussi peu soviétiques, le cinéaste ait été
contraint à l’exil.
Sous Brejnev, le cinéma est à l’image du reste
de la société : il stagne. Cependant, quelques
personnalités, et non des moindres, se détachent
nettement. Mikhalkov, Panfilov, Iosseliani et
Guerman renouvellent le cinéma soviétique. On
retiendra le magnifique Mon ami Ivan Lapchine
d’Alexeï Guerman. Ce dernier réalisera après
la perestroïka Khroustaliov, ma voiture, un
film magistral en noir et blanc sur le célèbre
complot des blouses blanches de 1953. Truffé
de références historiques, il relate le vent de
paranoïa et de terreur entourant les derniers
moments du régime de Staline.
Mais, le cinéma soviétique n’a pas produit
que des œuvres pour cinéphiles avertis. Les
années 1970 regorgent de comédies et de
drames prenant pour cadre le quotidien des
Soviétiques et s’attachant à leurs sentiments.
Le personnage est individualisé : il a un travail,
une famille, des amis, des problèmes de cœur…
Nous sommes désormais loin de la rigidité
stalinienne. De l’idée, on passe au sujet. Les
comédies familiales de cette époque sont
aujourd’hui rediffusées à la télévision lors
des fêtes de fin d’année. La plus populaire
et la plus drôle s’appelle Ironiya sud’by, ili s
liokhkim parom ! soit l’ironie du destin, ou une
phrase parfaitement intraduisible signifiant
littéralement que la vapeur te soit légère et
que l’on s’adresse après une séance de bania.
L’intrigue est à la fois simple et révélatrice du
degré, tout de même élevé, de critique possible.
Des amis fêtent la fin d’année au bania et
boivent plus que de raison. L’un d’entre eux
doit partir à Leningrad pour son travail. Par
blague, ils mettent dans l’avion un autre de
leur copain, qui, une fois arrivé à l’aéroport
de Leningrad ne se souvient ni de sa soirée,
ni de son voyage. Il prend le taxi, donne une
adresse et le voilà devant chez lui. Le même
nom de rue, le même immeuble, la même cage
d’escalier, la même serrure et la même clef.
Il ne comprendra qu’il est à Leningrad et non
à Moscou, qu’au retour de la jolie locataire de
cet appartement.
La parole libérée
Dès les premières heures de la perestroïka, le
cinéma est traversé par un vent de libéralisation et d’élargissement de son spectre. Pavel
Lounguine marque les esprits en 1990 avec son
très politique Taxi Blues, narrant la rencontre
d’un chauffeur de taxi taciturne avec une future
star du rock, alcoolique et turbulente, interprété
par l’inimitable Piotr Mamonov. La scène du
musicien qui joue de deux saxophones en même
temps, c’est lui ! Eclôt également l’œuvre de
Sokourov, dont le formalisme rigoureux et la
recherche esthétique déroutent ou enchantent.
L’un de ses films les plus récents, L’Arche russe,
retrace en 2002 l’histoire et les questionnements
de la Russie en suivant la visite à L’Ermitage de
Custine, célèbre pour ses assassines Lettres de
Russie. Réalisé en « tourné-monté », c’est-àdire en une seule prise d’une heure et demie,
ce film conduit le spectateur dans différentes
époques. On y croise Pierre le Grand, la Grande
Catherine… Autre genre : le réalisme postsoviétique qui s’attache à dépeindre les conséquences de la fin de l’URSS sur la population. A
ce titre, La Petite Véra est le film de toute une
génération. Vassili Pitchoul y décrit l’ennui et
le sentiment d’abandon de la jeune génération, déboussolée et privée d’avenir radieux. A
l’inverse, Vitali Kanevski pratique la transe et le
merveilleux sur un sujet historique. Dans Bouge
pas, meurs et ressuscite, il nous livre en 1989 un
tableau des villages entourant les goulags, où
les anciens prisonniers s’installaient lorsqu’ils
aRts et cuLtuRe √ 99
En dépit de ces difficultés, le cinéma russe renaît
de ses cendres. En témoignent les succès du
Retour d’Andreï Zviaguintsev, primé au festival
de Venise en 2003 et diffusé en France.
En Russie, le cinéma est devenu cher. L’époque
où il était presque gratuit est bien révolue. Les
grandes productions américaines s’imposent,
mais si vous voulez découvrir le cinéma russe,
vous pourrez vous procurer sur place les classiques en DVD.
À noter que depuis quelques années, il n’est
pas rare que des affiches de films étrangers
soient censurées ou même que des films entiers
soient interdits en salle. Le plus souvent, ces
films évoquent le thème de l’homosexualité.
C’est alors que la loi amalgame interdisant
« la propagande homosexuelle et pédophile »
prend le relais.
Littérature
Le nombre de passagers des transports
en commun plongés dans leur lecture vous
surprendra. Malgré le prix élevé des livres, les
Russes persistent à lire beaucoup. Les appartements des lettrés, toujours désargentés, sont
souvent remplis de livres jusque dans les faux
plafonds. Cependant, la littérature n’est pas en
Russie un domaine abstrait réservé à une élite
cultivée, elle est vivante, partagée et inscrite
dans le quotidien. Tous les Russes connaissent
par cœur au moins quelques extraits des poètes
nationaux, et certains vont jusqu’à mémoriser
des œuvres entières. Un lien quasi sentimental
les relie à ces piliers de la littérature mondiale
que sont Pouchkine, Gogol ou Tolstoï, comme
en témoignent le nombre et la fréquentation
assidue des maisons-musées d’écrivains, dans
lesquelles les touristes se rendent en quasipèlerinage. Monumentale jusqu’à l’intimidation,
foisonnante jusqu’à la confusion, la littérature
russe constitue une excellente introduction à
la planète Russie.
La littérature des origines
Vers la fin du Xe siècle, l’alphabet cyrillique vient
aux Russes par la voie de la christianisation et
de la catéchisation. Deux siècles plus tôt, les
moines Cyrille et Méthode en avaient fixé les
règles afin d’évangéliser les populations slaves.
La langue choisie pour diffuser la bonne parole
était un dialecte bulgare compris par la majorité
des Slaves. Ce dialecte se fixa et devint la langue
savante des fidèles orthodoxes : le slavon,
encore aujourd’hui langue de la liturgie. Mais
ce dialecte devenu langue écrite n’est plus parlé
lorsqu’il s’implante dans la Rus’. Utilisé pour
la diffusion des livres saints, il fut rapidement
influencé par la langue orale locale donnant
ainsi naissance au vieux russe.
En marge de la littérature savante, la culture
populaire développe un folklore riche et varié :
contes, chansons, proverbes, apocryphes et
satires seront redécouverts au XVIIIe siècle. Dans
le Nord, les bylines, longues mélopées rythmées,
étaient consacrées aux héros légendaires du
passé de Kiev ou Novgorod.
La culture écrite reproduit et adapte le legs
byzantin, restreint aux nécessités de la
catéchèse ou de la célébration du pouvoir en
place. C’est pourquoi il n’y a pas d’ouvrages
scientifiques, philosophiques ou artistiques.
Cela étant, la Rus’ médiévale connut quelques
œuvres originales dont la fameuse Chronique
des temps passés, attribuée au moine Nestor et
qui retrace l’histoire de la Rus’. L’œuvre la plus
remarquable de cette période, est certainement
le Dit de la Campagne d’Igor. Il rapporte la
lutte du prince Igor contre les Polovtsiens et
suggère, idée neuve pour l’époque, une union
de toutes les terres russes divisées face à leurs
turbulents voisins.
On observe dans la littérature du XIVe au
XVIIe siècle l’évolution de la langue, la montée
de l’idéologie nationale chrétienne et la sécularisation croissante de la société. Mais sa valeur
littéraire est très en deçà de la culture orale.
Ce gigantesque corpus n’aura pratiquement
aucune influence sur la genèse de la littérature
moderne, dont les genres furent empruntés au
fonds occidental, via le classicisme français.
S’esquissait déjà un fossé entre culture savante
européanisée et culture populaire, entre l’élite
dirigeante et le peuple.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
étaient libérés. Tourné en noir et blanc avec
une mise en scène tour à tour centrée sur les
visages et largement théâtrale, ce film est l’un
des plus touchants de l’après-URSS.
L’ouverture de studios indépendants à la fin
des années 1990 et l’émergence des grands
opérateurs audiovisuels, tel NTV, laissaient
présager une importante distribution. Mais
cette production est souvent consacrée à la
fiction télévisuelle.
Les films étrangers envahissent les affiches et
les productions locales à gros budget tentent
de les imiter. C’est le cas de la série des Trois
Brat (frères) qui eut un succès phénoménal.
Mêlant violence, image virile du voyou et relents
nationalistes, ces films ont, certes, rempli les
salles, mais ont éloigné les cinéphiles de la
production russe.
100 Æ aRts et cuLtuRe
Puis vint Pouchkine
Statues, monuments, musées, citations à tout
va, la Pouchkinomania ne faiblit pas. Né en
1799 à Moscou dans une vieille famille noble,
Alexandre Sergueïevitch Pouchkine est le
descendant d’Abraham Hannibal, un Abyssinien
noir comme l’ébène, offert à Pierre le Grand par
un sultan turc. Comme tous les futurs membres
de l’élite russe, il fréquente le lycée de Tsarskoïé
Selo, où règnent alors des idées progressistes.
Il compose des épigrammes satiriques sur ses
contemporains dont le favori d’Alexandre Ier.
Des amis lui évitent la déportation en Sibérie,
mais pas l’exil qui le fait voyager dans tout le
pays entre 1820 et 1826. Cette période de
bannissement s’avère prolixe puisqu’il écrit,
entre autres : Le Prisonnier du Caucase, Les
Tziganes, un roman en vers : Eugène Onéguine
et la tragédie shakespearienne Boris Godounov.
Même s’il n’a pas participé au soulèvement
des Décabristes, nombre de ses amis sont
inquiétés. Nicolas Ier l’autorise à rentrer d’exil,
le fait étroitement surveiller et s’autoproclame
critique et censeur attitré du poète qui aura
désormais, maille à partir, avec la censure.
Cela ne l’empêche pas d’écrire La Petite maison
de Kolomna, un conte satirique. En 1831, il
épouse une jeune femme futile et frivole, dont
les mondanités accaparent le poète. Bals et fêtes
le répugnent vite. Il se réfugie dans l’écriture et
compose Le Cavalier de bronze, Histoire de la
révolte de Pougatchev et La Fille du capitaine.
Il meurt en 1837 dans un duel l’opposant à
l’un des Français les plus connus en Russie :
Georges-Charles d’Anthès.
Mais il ne faut pas oublier que l’effervescence du
XVIIIe siècle avait préparé l’arrivée du grand génie.
Les travaux linguistiques de Mikhaïl Lomonossov
permirent à la langue russe moderne de recevoir
ses règles. L’omniscient fondateur de l’université
de Moscou introduisit en Russie, une littérature
classique conforme aux prescriptions de Boileau.
Après la Révolution française, les écrivains se
tournèrent vers des références anglaises ou
allemandes. Walter Scott, Byron, Gœthe, Schiller
ou Hoffmann inspirent Nikolaï Karamzine, le
protecteur de Pouchkine qui sacrifia, à l’occasion, à la mode romantique. En plus de fixer
la langue moderne, Pouchkine inaugure une
grande tradition : face au tsar tout-puissant et
autoritaire, c’est l’écrivain qui assume la fonction
prophétique et éclaire le peuple.
Du romantisme au réalisme
Mikhaïl Lermontov (1814-1841) partage avec
Pouchkine le fait d’être mort en duel, un exil
caucasien et une même conception du poète
prophète et combattant. Sa poésie, sombre
et pessimiste, se divise en deux corpus : les
poèmes historiques et les poèmes exaltant
le courage et la liberté des montagnards du
Caucase. C’est d’ailleurs lui qui introduit le
thème du Caucase dans la littérature russe.
Son roman le plus connu est Un Héros de notre
temps, publié en 1841. Lermontov s’y attache
aux effets qu’exerce la société sur la psychologie de Pétchorine, jeune officier perdant son
temps en vaines prouesses sentimentales. Il
est froid, insensible et gaspille son énergie.
Lermontov nous livre cinq épisodes de sa vie
traités séparément, mais qui, ensemble, forment
un récit cohérent. Il s’agit du premier roman
psychologique russe et la première utilisation
du monologue intérieur. Romantique, il a ouvert
la voie aux grands prosateurs de la deuxième
moitié du XIXe siècle avec ses portraits réalistes
des êtres. Dans l’histoire littéraire, le nom de
Nikolaï (Nicolas) Gogol (1809-1852) reste lié
au réalisme et à l’école naturelle même s’il est
définitivement inclassable. Conteur hors pair,
Gogol dépeint la vie des campagnes ukrainiennes dans Veillées du village de Dikanka et
Mirgorod qui enchantent Pouchkine. Avec Tarass
Boulba, récit des guerres entre la Pologne et
l’Ukraine, il prolonge le tropisme ukrainien. Les
Nouvelles de Pétersbourg regroupant Le Portrait,
La Perspective Nevski, Le Journal d’un fou, Le
Nez et Le Manteau, abordent un tout autre
univers, à la fois fantastique (un personnage
se réveille sans son nez, un autre se prend pour
le roi d’Espagne) et social (Le Manteau est
celui d’un obscur fonctionnaire percevant un
salaire de misère). Malgré ces chefs-d’œuvre
de la narration, c’est à sa pièce de théâtre
Le Revizor (1836) et à son roman Les Ames
mortes, publiées en 1842, que Gogol doit sa
renommée. Le héros principal va de propriétés
en propriétés acheter des âmes mortes, c’està-dire des serfs décédés mais non rayés des
écritures comptables, qui lui servent de gage
pour emprunter de l’argent. Sombre peinture
de la Russie de l’époque, ce récit est l’un des
grands romans de la littérature russe et fit de son
auteur le porte-drapeau, à son insu, du réalisme
critique, représenté par Ivan Gontcharov (18121891) l’auteur du roman Oblomov (en 1859)
et par Ivan Tourgueniev (1818-1883) dont les
ouvrages les plus connus sont Mémoires d’un
chasseur (1852), Premier Amour (1860) et
Pères et fils (1862).
Les géants du réalisme
Les Possédés, Crime et châtiment, Les Frères
Karamazov, Le Joueur… Nul besoin de présenter
Fiodor Dostoïevski (1821-1881) dont l’œuvre
continue de nous fasciner. Il n’a commencé
à écrire ses grandes œuvres qu’à 44 ans. A
la suite de l’affaire Petrachevski, préparation
d’une insurrection contre le régime tsariste,
il est gracié in extremis et enfermé dans la
forteresse d’Omsk. Soumis aux travaux forcés
aRts et cuLtuRe √ 101
La période moderne
Si les lecteurs français apprécient le théâtre
de Tchekhov (Oncle Vania, La Mouette, Les
Trois sœurs, La Cerisaie…), ils connaissent
en général moins bien ses nouvelles qui sont
un modèle du genre : concision, finesse des
détails et densité (La Dame au petit chien, La
Steppe, Une histoire triste, La Salle numéro 6 ).
Sa langue d’une grande clarté en fait souvent le
premier écrivain lu dans le texte par les étudiants
en russe. Il a su rendre la vie provinciale et les
soubresauts de la société prérévolutionnaire
russe intelligible au-delà des frontières de
l’empire. Pour preuve : les metteurs en scène
occidentaux continuent encore aujourd’hui à
faire vivre son œuvre dramaturgique.
Si Anton Tchekhov meurt avant la révolution de
1905, Maxime Gorki (1868-1938), lui, jette un
pont littéraire entre la Russie tsariste et l’URSS.
Il fut l’un des auteurs les plus lus sous l’URSS.
Orphelin à l’âge de 11 ans, il vagabonda à travers
la Russie, l’Ukraine et la Géorgie, et pratiqua
mille petits métiers. Prolétaire, socialiste et
révolté, il est l’auteur en 1901 du Chant du pétrel,
une allégorie sur l’éminence de la révolution,
tout comme l’est sa pièce Les Bas-Fonds. La
Mère (en 1906) est d’une remarquable noirceur
sociale. Après 1917, il ne tarde pas à dénoncer les
atrocités commises par le nouveau pouvoir avant
de lancer, plus tard, le réalisme socialiste et de
soutenir inconditionnellement le régime stalinien.
La littérature de la fin du XIXe siècle, annonciatrice d’un cataclysme social ou prophétesse des
lendemains qui chantent, connaît, à l’instar de
l’Europe, ses mouvements littéraires en « isme ».
Le symbolisme russe, nourri de Poe, Mallarmé,
Baudelaire, Wilde et Huysmans, est placé sous
le signe de la décadence et du mysticisme.
Dimitri Merejkovski (1865-1941), le père de ce
mouvement, fulmine inlassablement contre le
réalisme jugé trivial et utilitaire.
La révolution de 1905 donne un air nouveau
à la vie intellectuelle. Les symbolistes Andreï
Biély (1880-1934), auteur de Pétersbourg et le
poète Alexandre Blok (1880-1921) restent moins
à l’écart des réalités de ce monde. L’acméisme,
qui renie le symbolisme et souhaite redécouvrir
la valeur du quotidien et du réel, est un mot
aujourd’hui oublié, mais y participe l’une des
plus grandes poétesses du XXe siècle, Anna
Akhmatova (1889-1966). Le futurisme eut
également ses émules en Russie avec, en tête
de file, le singulier Vélimir Khlebnikov. Son œuvre
est la quête d’une langue primitive qui serait
à l’origine de toutes les autres. L’Age d’argent
(on désigne ainsi la période comprise entre
1905 et 1917) est celui d’une avant-garde dont
la vitalité et les expériences seront, en grande
partie, anéanties par la révolution.
Littérature, révolution et stalinisme
La majorité des écrivains qui appelaient de
leurs vœux la survenue de changements reste
finalement perplexe et aurait préféré s’en tenir
au réformisme démocratique. L’intelligentsia
allait pouvoir vérifier si ses idéaux étaient ou
non une vaste illusion.
Sergueï Essenine (1895-1925) est un poète
marqué par la poésie populaire, un poète paysan
convaincu que la paysannerie tiendrait une
place de choix dans la société à venir. Il donne
à la révolution une interprétation religieuse et
s’étonne du manque d’enthousiasme des paysans
russes. Ses voyages en Occident le dégoûtent
des sociétés industrielles modernes, et son retour
au pays en 1924 lui procure le sentiment de ne
plus être complètement chez lui. Il se suicide un
an plus tard à l’Hôtel d’Angleterre, à Leningrad.
Les services secrets l’auraient un peu aidé.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
qui le marqueront à vie, il sort de cet enfer à
l’âge de 35 ans. Il écrit là-bas ses Souvenirs de
la maison des morts (1860) ainsi qu’un recueil,
Le Cahier sibérien où il consigna proverbes,
scènes et expressions pris sur le vif dans le
milieu des condamnés. Entre Balzac et Proust,
Dostoïevski est aussi à l’aise dans la sculpture
que dans l’autopsie, représentant avec la même
puissance illuminée les êtres simples et les
sentiments complexes. Il reste d’ailleurs l’un
des grands penseurs de son siècle et a su
soulever des problématiques encore d’actualité,
telle que l’existence ou non de Dieu... L’autre
géant du réalisme est le non moins célèbre Léon
Tolstoï (1828-1910). Personnage emblématique,
issu d’une famille de la noblesse, mais très
préoccupé par le sort du peuple russe. Son
superbe domaine de Iasnaïa Poliana, situé dans
la région de Moscou est très prisé des touristes
russes. En plus d’être un grand écrivain, le
comte Tolstoï est une force de la nature qui se
passionne autant pour l’agriculture, la pédagogie
et le vélo qu’il découvre à l’âge de 67 ans. Tandis
que Dostoïevski décrit des êtres tourmentés
et maladifs, Tolstoï s’intéresse à des psychologies plus équilibrées. Parmi une multitude
d’œuvres, citons sa trilogie autobiographique
Enfance, adolescence et jeunesse, l’incontournable Guerre et paix, la très flaubertienne Anna
Karénine et la sublime Mort d’Ivan Ilitch, dont
Maupassant disait qu’il était prêt à l’échanger
contre ses propres œuvres complètes. Quant
à son roman Résurrection, il lui valut l’excommunication de l’Eglise orthodoxe. L’ère des
grands romans laisse place à des genres plus
succincts. Vsevolod Garchine (1855-1888) est le
grand nouvelliste des années 1880, tandis que
Nikolaï Leskov (1831-1895) donne de magistraux
tableaux de la vie du peuple (Chroniques, Gens
d’Eglise, L’Aigle blanc, La Fiancée). Mais le
maître incontesté de la nouvelle russe demeure
Anton Tchekhov (1860-1904).
102 Æ aRts et cuLtuRe
A l’inverse, le futuriste Vladimir Maïakovski
(1893-1930), auteur du Nuage en pantalon, met
spontanément sa fougue au service des bolcheviks. Partisan d’une littérature sociale et utilitaire
au service des masses, Maïakovski disloque la
langue et la prosodie. Dans sa pièce La Punaise,
un petit-bourgeois est congelé pendant la NEP et
réveillé en 1979. Il termine dans un zoo comme
seul représentant d’une époque révolue.
Dans les années 1920, alors que des luttes
intestines accaparent le parti, la vie intellectuelle
est intense. Les bases du formalisme russe sont
posées. Des groupes littéraires comme la Forge,
le LEV ou le RAPP ne survivront pas à la reprise
en main des lettres soviétiques par Staline.
La NEP littéraire avait fait son temps. Mikhaïl
Boulgakov (1891-1940) passe miraculeusement
à travers les mailles du filet. Muselé, affamé et
rejeté par la critique, il appelle Gorki à l’aide et
adresse une lettre mémorable au « Petit Père
des peuples ». En 1930, quatre jours après le
suicide de Maïakovski, Staline lui répond par
téléphone. L’écrivain est autorisé à travailler au
théâtre d’art de Moscou, ce qu’il fera jusqu’en
1936. Son roman Le Maître et Marguerite, qui
transpose le mythe de Faust dans le Moscou des
années 1920, est un livre incontournable. Satire
de la vie soviétique, ce texte est également une
ode à l’individualisme qui prendra finalement le
dessus sur le totalitarisme d’Etat.
Les années 1930 sont, du point de vue de la
production officielle, d’une pauvreté à peine
imaginable. Seuls quelques noms émergent,
dont celui de Mikhaïl Cholokhov, prix Nobel en
1965, pour son Don paisible. Les livres deviennent
instruments de propagande. De braves paysannes
et de courageux soldats réussissent leurs
humbles vies à force de travail et d’obéissance.
La littérature soviétique
Il serait naïf de croire que la politique littéraire
répressive de l’époque vint à bout de toutes les
plumes. Andreï Platonov, Ossip Mandelstam,
Isaac Babel ou Vassili Grossman poursuivent
leur travail de romancier clandestinement, en
espérant être publiés de manière posthume ou par
samizdat, des publications artisanales vendues
sous le manteau. Des générations entières purent
découvrir des œuvres interdites, recopiées à la
machine sur papier carbone ou intégralement
photographiées. C’est ce qu’Anna Akhmatova a
appelé les « temps prégutenberguiens » de la littérature soviétique et qui concernaient également la
musique : une banale radio des poumons pouvait
être gravée de microsillons. Les écrivains exilés
Vladimir Nabokov, Alexandre Kouprine et Andreï
Biély parviennent à vivre de leur travail, mais ne
peuvent être publiés en URSS.
La mort de Staline en 1953 marque le début d’un
lent dégel littéraire. Il est désormais sans danger
de parler de Boulgakov, Akhmatova, Sergueï
Essenine ou de Boris Pasternak (1890-1960), futur
prix Nobel (qu’il fut quand-même obligé de refuser
à cause des menaces du régime soviétique) et
auteur du Docteur Jivago (1957). Les Soviétiques
peuvent lire Hemingway, Zweig, Camus et même
Agatha Christie. Les sujets plus personnels,
abordant l’être humain comme individu et autrefois
conspués, sont enfin autorisés.
Se moquer de la bureaucratie et de la nomenklatura n’est plus passible de déportation.
Les « Soixantards » forment un petit groupe
d’écrivains aspirant à un socialisme à visage
plus humain : Evgueni Evtouchenko, Bella
Akhmadoulina et Andreï Voznessenski renouent
avec la grande tradition poétique russe et
remettent la nouvelle au goût du jour.
En 1962, se produisit l’impensable : Alexandre
Soljenitsyne (né en 1918) publie Une Journée
d’Ivan Denissovitch, la description minutieuse
d’une journée de la vie d’un bagnard. Le
tabou des camps tombait, mais pas ceux de
la censure et de la répression. Soljenitsyne quitte
l’URSS pour les Etats-Unis en 1974. L’Archipel
du goulag, La Roue rouge et Le Pavillon des
cancéreux, publiés plus tard, donneront un
visage et une voix à l’enfer du goulag. Malgré le
lent dégel du monde littéraire, beaucoup d’écrivains choisiront ou seront obligés de continuer
à être diffusés par samizdat. C’est le cas de
Venedikt Erofeïev (né en 1938) qui deviendra
avec Moscou-sur-Vodka le romancier le plus
connu de la perestroïka. Dans la phase déclinante de l’URSS, des écrivains exilés comme le
Nobel Joseph Brodsky ou le nouvelliste Sergueï
Dovlatov sont reconnus à l’étranger.
Glasnost
La fin de la censure, en 1992, délie toutes
les plumes. La graphomanie russe reprend le
dessus avec pléthore de sujets et de genres.
De nombreuses maisons d’édition sont créées
et le public russe, grand lecteur, se rue sur les
nouveautés. Les textes délaissent l’idéologie et
abordent des thèmes autrefois tabous comme
le sexe, l’auto-analyse ou la guerre.
Celle-ci permet à toute une lignée d’écrivains
d’évacuer certains traumatismes, dont celui de la
réécriture soviétique de l’histoire. Citons Récits
afghans et La Marque de la bête d’Oleg Ermakov
ainsi que Blanc sur noir de Ruben Gonzales
Gallego, racontant la vie d’un enfant espagnol
attardé mental dans un hôpital psychiatrique
soviétique. Plus récemment, Andreï Guelassimov
a pour la première fois abordé le conflit russotchétchène, vu du côté des soldats russes dans
La Soif (en 2002), poignant portrait d’un jeune
militaire rentré défiguré du Caucase. Le thème
de la réalité au présent donne lieu à de patients
et passionnants portraits d’une société en plein
doute et en plein bouleversement. La vie quotidienne et ses méandres restent un sujet de
aRts et cuLtuRe √ 103
Cette réalité du temps présent en appelle aussi au
roman picaresque avec, par exemple, Je n’est pas
moi d’Alexeï Slapovski : le héros se transforme
en la personne qu’il voit et devient mafieux,
premier secrétaire du parti. Ce genre truculent
est également représenté par l’autobiographie
d’Ilya Kotcherguine, L’Assistant du chinois.
A l’opposé de ce réalisme parfois violent,
certains écrivains préfèrent prendre de la
distance sur cette drôle de société, et opter
pour un certain conceptualisme, en ce sens
© VIACHESLAV / SHUTTERSTOCK.COM
Littérature contemporaine
qu’ils partent d’une idée, de l’image que l’on se
fait de la réalité, pour bâtir leurs récits. Mais il
s’agit d’un conceptualisme russe, coloré, enlevé
et tutoyant le fantastique de la meilleure veine.
Le plus connu de ces écrivains se moquant ainsi
du réel est Victor Pelevine, largement traduit en
français (La Flèche jaune, La Vie des insectes,
Omon Ra). Le sulfureux Vladimir Sorokine écrit
La Queue, des bribes de dialogues dans une
file d’attente gigantesque. Dans La Brèche,
Vladimir Makanine décrit une société contemporaine complètement délabrée : au sous-sol,
les intellectuels, à l’air libre, le monde totalitaire.
Tatiana Tolstaya utilise également le fantastique
dans Slynx : les êtres humains sont devenus
mi-hommes mi-animaux après Tchernobyl. Le
héros devient accro à la lecture, découvre des
bibliothèques secrètes et lit sans comprendre.
Enfin, une littérature populaire d’excellente qualité
inonde les librairies russes et étrangères. Le genre
policier atteint des sommets avec Alexandra
Marinina, également criminologue, qui entraîne
son lecteur dans les différents milieux de la
société russe actuelle ; et avec l’incorruptible
Eraste Fandorine, personnage principal des
romans historico-policiers de Boris Akounine, qui
évoque la Russie du XIXe siècle. Andreï Kourkov,
scénariste de formation, mêle grotesque et
intrigue policière dans Le Monde de Bickford, La
Chanson préférée d’un cosmopolite, Le Pingouin,
Le Caméléon, L’Ami du défunt et Le dernier amour
du Président. Peut-être moins intimidants que les
monuments de la littérature russe, ces écrivains
multipliant les genres et les approches d’une
société déroutante et enthousiasmante que vous
vous apprêtez à découvrir, vous surprendront
par leur haute fantaisie, leur regard lucide sur
le monde et la haute tenue de leur art. Bref, la
relève est sur le pont et, bonne nouvelle, elle est
abondamment traduite en français.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
prédilection. Dans Feu et poussière, Tatiana
Tolstaya montre les difficultés de la vie de tous
les jours dans un style baroque flirtant avec le
rêve et le conte de fées. Ludmila Petrouchevskaïa
décrit, quant à elle, une société où les relations
sociales se délitent dans La nuit m’appartient.
Une littérature que l’on pourrait qualifier de
néo-sentimentaliste, attachée à évoquer ses
personnages avec tendresse et compassion,
se développe en parallèle. Ludmila Oulitskaïa
délivre un message de tolérance et de retour à
la vie dans Sonietchka, Médée et ses enfants et
De joyeuses funérailles. Victoria Tokareva livre
de délicats portraits de femmes dans Happy end.
Avec Pastorale Transsibérienne, Oleg Ermakov
se projette dans les fastueux paysages de son
immense pays. La libération des aspirations
permit enfin aux écrivains de donner leur vision
du passé soviétique sans passer par la moulinette
de la censure. Une Saga moscovite de Vassili
Axionov, retraçant la vie d’une famille à travers
l’ère soviétique, connut un immense succès.
Avec Underground, Vladimir Makanine dresse un
bilan des trente dernières années littéraires et
artistiques. Irina Denejkina dépeint en 2003 une
génération déboussolée se réfugiant dans l’alcool
et le sexe dans Vodka-Cola.
Statue du poète Vladimir Mayakovsky.
104 Æ aRts et cuLtuRe
Médias
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LA DAME DE PIQUE
& +7 499 406 01 13
www.ladamedepique.ru
[email protected]
Web-magazine culturel dédié à toute la Russie
en langue française (société, arts, voyage,
gastronomie…). Le site comporte notamment
un agenda des événements culturels à Moscou
mais aussi dans les autres régions.
„w
GUIDE TO RUSSIA
www.guidetorussia.org
Présentation générale et touristique de la Russie.
Complète et bien illustrée. En anglais.
„w
PHOTOGRAPHER
www.photographer.ru – [email protected]
Plongez-vous dans la section « photojournalisme » qui comporte quelques bons reportages
sur la Sibérie (Ienisseï, Vladivostok…). Version
anglaise disponible. Un bon moyen de prendre
contact avec la photographie russe, mal connue
en Occident, et avec la Russie contemporaine.
„w
KREMLIN
Ulitsa Kreml – MOSCOU (
)
& +7 495 606 36 02 – eng.kremlin.ru
M° Okhotny Ryad (ligne 1), Teatralnaya (ligne
2), Plishad Revolutsii (ligne 3)
Le site officiel du président russe en anglais.
Une ressource où vous trouverez l’information
sur l’organisation du pouvoir, les grandes lignes
de la politique étrangère et intérieure actuelle
et une carte intéressante interactive avec tous
les bâtiments se trouvant au Kremlin.
„w
RUSSIA BEYOND THE HEADLINES
www.fr.rbth.com
Site d’informations généraliste consacré à la
Russie, notamment en langue française. Propriété
du quotidien gouvernemental Rossiskaïa Gazeta.
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MOSCOW
MOSCOU (
) – moscow.ru/fr
Un très bon site, avec toutes les informations
nécessaires pour votre voyage (visas, restaurants, musées, santé, etc.). Le site est traduit
entièrement en français !
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RUSSIE INFO
www.russieinfo.com
Site d’informations généraliste consacré à la
Russie en langue française.
„w
NOUVELLE-EUROPE
MOSCOU (
)
www.nouvelle-europe.eu
[email protected]
Ce site publie des analyses politiques, des
dossiers culturels et des points de vue très
© STÉPHANE SAVIGNARD
intéressants et pertinents sur l’Union européenne, la Russie et globalement les pays de la
CEI. Les auteurs sont des étudiants en sciences
politiques travaillant sur ces pays et des jeunes
professionnels français et étrangers.
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RUSSIA TODAY
) – www.rt.com
MOSCOU (
Une chaîne d’information russe sur la Russie et
sur le monde avec une vision pro-russe et donc
nettement dissidente des médias occidentaux.
„w
RUSSIE.NET
www.russie.net
Un site général sur la Russie et ses relations avec
la France, regorgeant de ressources (adresses,
liens, informations, culture, etc.).
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SPUTNIK NEWS
Comme Russia Today, ce nouveau média russe
en langues étrangères (version française) a pour
tâche de promouvoir à l’international le point
de vue du gouvernement russe.
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THE MOSCOW CITY GOVERNEMENT
)
MOSCOU (
www.mos.ru – [email protected]
Le site de la mairie de Moscou est disponible
en anglais et donne beaucoup d’informations
générales sur Moscou, ses habitants, ses événements majeurs.
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VIVRE EN RUSSIE
MOSCOU (
) – www.vivreenrussie.net
Le site de la communauté française en Russie.
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WAY TO RUSSIA
www.waytorussia.net
Guide touristique en ligne et en anglais. La
section sibérienne est bien fournie. Informations
générales et touristiques.
Des guides de voyage
sur plus de 700 destinations
érique
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de tout
www.petitfute.com
106 Æ aRts et cuLtuRe
Musique
Penser à la musique russe, c’est évoquer immédiatement l’aura internationale des opéras de
Tchaïkovski ou des concertos pour piano de
Rachmaninov. Mais avant le XIXe siècle, la
musique russe, soumise à la loi de l’Eglise
orthodoxe qui ne tolère que le chant, est inexistante. Cependant, dès qu’elle commence à
s’affirmer au XIXe siècle à travers des musiciens
de renom, elle reflète l’éternelle hésitation de la
culture russe entre Occident et racines slaves.
Et, curieuse constatation, le rock russe qui
connaît une grande vigueur à partir des années
1980, épouse également la même opposition.
Histoire de la musique
avant le XIXe siècle
Les premiers musiciens professionnels apparaissent à la cour de Kiev au IXe siècle. Ces
skomoroki, comme on les appelle, se distinguent
par l’originalité des instruments qu’ils utilisent :
le rozhok est un instrument à vent, le gusli est
un instrument à cordes pincées, et la volinka est
une espèce de cornemuse. La conversion de la
Russie à l’orthodoxie va conditionner l’histoire
de la musique pour plusieurs décennies. Les
liturgies orthodoxes sont entièrement chantées,
car on considère qu’il ne faut utiliser que des
moyens humains. L’Eglise orthodoxe a longtemps
considéré tous les musiciens comme profanes,
voire comme suppôts de Satan. Seul le carillon
ne fut pas prohibé, et l’on comprend pourquoi
les Russes sont passés maîtres dans l’exercice
de cet instrument. Mais au XVIIIe siècle, Pierre
le Grand désireux d’ouvrir la Russie à l’Occident,
introduit des musiciens étrangers à la cour.
Progressivement, le drame lyrique est de plus
en plus apprécié par l’aristocratie.
Glinka : la naissance d’une
musique authentiquement russe
Après la tentation occidentale de Pierre le Grand
au XVIIIe siècle, la défaite napoléonienne de
1812 provoque un élan de patriotisme en Russie
qui se confirme dans les arts aussi.
Mikhaïl Glinka (1804-1857) compose deux
opéras qui sont considérés comme un tournant
dans l’histoire de la musique russe : Une Vie
pour le tsar (1836) et Rouslan et Ludmila (1842).
L’originalité de ces opéras est de combiner les
mélodies populaires russes aux techniques
occidentales de composition. L’histoire de la
musique reconnaît dans ces deux œuvres le
fondement de la musique classique russe, qui
ouvre la voie à l’école symphonique.
Puis la musique va voir se livrer l’éternelle lutte
en Russie entre occidentalistes et slavophiles.
Alors que Anton et Nikolaï Rubinstein créent un
conservatoire à Saint-Pétersbourg et un autre à
Moscou, ils voient s’organiser dans les années
1860 un groupe de musiciens slavophiles décidés
à défendre la particularité de la culture russe.
Dans cette mouvance, se constitue le groupe des
Cinq qui comprend Alexandre Borodine, RimskiKorsakov, Moussorgski, Mili Balakirev et César Cui.
Ils n’ont d’autre but que de composer une musique
spécifiquement russe. Pour cela, ils utilisent
tous les ressorts de la culture populaire, des
contes et légendes slaves aux diverses mélodies.
La musique qu’ils composent est empreinte de
tonalités inédites, résultant d’un savant mélange
de musique orientale et de couplets populaires
russes. Rimski-Korsakov utilise le lourd corpus
de contes de fées russes pour écrire ses opéras.
Moussorgski fait revivre le poème de Pouchkine
Boris Godounov pour composer son célèbre opéra.
Parallèlement au groupe des Cinq, s’affirme la
personnalité qui allait marquer profondément
l’histoire de la musique : Piotr Tchaïkovski. Il donne
à ses opéras et ballets un son particulièrement
russe. Ses opéras La Dame de Pique et Eugène
Onéguine font désormais partie des grands classiques. C’est à la fin du XIXe siècle que la musique
russe prend toute son ampleur : ses conservatoires
de Moscou et de Saint-Pétersbourg jouissent alors
d’un immense prestige.
Bouillonnement artistique
du début du XXe siècle
Puis au début du XXe siècle, trois personnages marquent la scène musicale : le pianiste
Rachmaninov, qui compose des opéras, des
symphonies, des concertos pour piano et
développe un style de musique très particulier. Après la révolution, il quitte la Russie et fait
une brillante carrière de concertiste à l’étranger.
Scriabine qui fait revivre la tradition mystique russe
se fait aussi le précurseur d’un nouveau style de
musique : la musique sérielle. Notons aussi le
talent du chanteur Chaliapine. Ils ont tous les trois
étudié au conservatoire de Moscou. Deux autres
grands noms de la musique russe de l’époque sont
Stravinski et Prokofiev. Les tournées à l’étranger
du danseur Diaghilev rendront très célèbres les
ballets de Stravinski L’Oiseau de feu et Petrouchka.
La musique de ce compositeur est comme celle
de Rachmaninov, tout à fait inclassable. Le Sacre
du printemps fit scandale en Occident par son
modernisme. L’autre grand nom de ce début
de XXe siècle est Prokofiev avec sa Symphonie
classique (ou : Symphonie n° 1 en ré majeur).
Avec les danseurs Diaghilev et Nijinski, le
chanteur Chaliapine et le compositeur Stravinski,
l’effervescence de la création musicale et chorégraphique est à son comble à la veille de la
révolution de 1917.
aRts et cuLtuRe √ 107
Révolution : une nouvelle page
La révolution emporte d’abord la musique dans
un formidable élan créatif. L’art musical, intrinsèquement lié à la marche militaire n’est pas pour
déplaire aux Bolcheviks qui en font, tout comme
le cinéma, l’un de leurs instruments favoris de
propagande. Il s’agit d’encourager le peuple au
travail et de l’enthousiasmer par la musique. Par
ailleurs, l’opéra devient accessible au peuple et
connaît donc un formidable essor. Le grand nom
de ces années-là est Dmitri Chostakovitch, dont
le chef-d’œuvre est l’opéra Le Nez (en 1930).
La musique au pas
La perestroïka insuffle un vent de liberté
nouvelle qui provoque une frénésie de créations.
C’est alors l’explosion de la musique rock. A
la fin des années 1960, les premiers groupes
de rock russe commencent à se constituer.
Une première étoile du genre s’affirme en la
personne de Iouri Morozov qui crée un rock
russe psychédélique.
Au début des années 1980, la première scène
de rock underground se constitue. Mais ce rock
ne ressemble pas à ce que l’on connaît, il s’agit
de savantes compositions entre le rock que l’on
peut écouter en fraude à cette époque, comme
les Beatles, et le chant des bardes russes traditionnels. Naissent alors les groupes mythiques
de la scène russe : Kino, Machina Vremeni,
Nautilus Pompilius, DDT et Akvarium. Les paroles
tournent autour de tous les problèmes rencontrés
dans la vie quotidienne, alcoolisme, violence
et crime. Mais radios et télévisions ignorent
encore tout de ces nouveaux génies du rock qui
se font connaître par le bouche à oreille. Puis
ces groupes apparaissent enfin à la lumière et
acquièrent rapidement un succès international
auprès de la jeunesse russe. Plus que du son, la
musique rock va entraîner autour d’elle une façon
de penser, une façon de vivre et de s’habiller.
Ainsi, un premier groupe va développer une
mouvance occidentalisante. C’est le groupe Mumiy
Troll, originaire de Vladivostok qui ouvre le bal au
milieu des années 1990, en laissant filtrer dans le
rock russe des sons beaucoup plus occidentaux.
Ce style que l’on appelle en général Rockapops
va être repris par d’autres groupes comme la très
populaire Zemfira et plus tard Zvéri. Une radio
spécifique Naché Radio est même créée pour
promouvoir ce type de rock. On peut classer dans
cette catégorie le fameux groupe t.A.T.u, qui fait
souvent parler de lui dans la presse occidentale,
et le groupe de Heavy Metal Ariya.
Une deuxième catégorie de rock se distingue par
des orchestrations plus slaves et des apports de
musique populaire. Cette fois-ci, c’est le groupe
« Zvouki Mou » c’est-à-dire le son « mou » qui
ouvre la marche. Leurs textes sont littéraires
et leur musique offre un savant mélange de
classicisme et de douce folie à la russe.
Chez d’autres groupes, on entend des accordéons
et des balalaïkas, voire des chœurs tout droit
sortis de l’Armée rouge comme chez le groupe
Lube absolument phénoménal. Les thèmes de
ce groupe sont en phase avec les préoccupations
quotidiennes de l’homme de la rue qui trouve que
son pouvoir d’achat a baissé depuis les privatisations. La chanson se terminera aisément en danse
russe traditionnelle (kazat chot). Le groupe de
Ska Leningrad s’inspire de chansons de poivrots
pour hurler les mélodies les plus truculentes.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Mais avec la création en 1932 de l’Union des
compositeurs soviétiques, la musique doit s’attacher à décrire « la réalité dans son développement
révolutionnaire ». Ainsi Staline commence-t-il à
s’attaquer à Chostakovitch pour son opéra Lady
Macbeth du district de Mtsensk. S’amorce alors une
grande opération de lutte contre la musique d’avantgarde, marquant la fin d’une époque. Chostakovitch
doit alors obtempérer dans le sens voulu par les
autorités, même si sa musique continue subtilement
à marquer des signes de résistance. Dans les
années 1940 et 1950, la musique occidentale est
même interdite. Puis en 1948, durant le premier
congrès, plusieurs musiciens, dont Chostakovitch
et Prokofiev sont incriminés du crime de « culte de
l’atonalité, de la dissonance et de la disharmonie ».
A l’instar de la peinture où le pouvoir ordonne de
représenter des ouvriers heureux de travailler et
des paysans heureux de moissonner, la musique
doit être joyeuse et optimiste.
Après une brève relâche de la censure pendant le
dégel sous Khrouchtchev, ce qui aura offert le luxe
d’écouter tranquillement la Dixième Symphonie
de Chostakovitch, la censure reprend le dessus
avec l’arrivée de Brejnev. Alors que la composition
musicale est sévèrement encadrée, tous les plus
grands interprètes sortent des conservatoires
russes qui acquièrent alors une réputation invincible. Premiers prix de tous les concours internationaux, acclamés par l’Occident, tous les grands
chanteurs et musiciens russes atteignent une
perfection qui confine à la légende. L’histoire se
souvient encore du pianiste Sviatoslav Richter ou
du violoncelliste Mstislav Rostropovitch. Un grand
nombre de ces artistes préfèrent d’ailleurs s’exiler.
Pendant que l’avant-garde restée au pays et privée
de concerts vit des moments très difficiles, deux
formes de dissidence vont apparaître. Celle des
bardes comme Vladimir Vyssotski (auteur-compositeur-interprète, mais également acteur !) et
Boulat Okoudjava (auteur-compositeur, poète et
chanteur) qui proposent des concerts underground,
dans les appartements et les passages souterrains.
Et une grande nouveauté sur la scène musicale
russe : le rock fait son apparition en underground
à partir de la fin des années 1960.
Le rock russe :
naissance d’une légende
108 Æ aRts et cuLtuRe
Musiciens et chanteurs célèbres
Fédor Chaliapine (1873-1938)
Acteur doué, et basse incomparable, pendant
40 ans, il a fasciné le public par la beauté, l’expressivité et la puissance de sa voix. Il a chanté à
Pétersbourg depuis 1894, notamment au Mariinsky.
A partir de 1899, il se produisit également au
Bolchoï à Moscou. Ami de Gorki et de Repine, il
émigra en 1922 à Paris, où il mourut. Son appartement pétersbourgeois est devenu un musée.
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
L’un des plus grands compositeurs du XXe siècle.
Pianiste, pédagogue, issu du Conservatoire de
Leningrad, où il enseigna dans les années 1930,
il a abordé tous les genres musicaux, y compris
la musique de théâtre et de films.
Il a laissé quinze symphonies, dont la Septième,
commencée pendant le blocus de la ville en
1941 et dédiée à Saint-Pétersbourg. Elle fut
interprétée pendant le blocus, le 9 août 1942,
sous la direction de Karl Eliasberg, par des
musiciens restés dans la ville.
Mikhaïl Glinka (1804-1857)
Issu d’une riche famille noble, ce compositeur,
qui étudie d’abord la musique en dilettante, allait
devenir le père de la musique classique à caractère
proprement russe. Né à Saint-Pétersbourg, il y
a passé sa jeunesse, pris ses premiers cours de
piano et composé ses premières œuvres.
Revenu dans sa ville natale en 1834, après
quatre années passées à l’étranger, il y a
composé deux opéras : Une Vie pour le tsar et
Rouslan et Ludmila.
De 1837 à 1839, il a dirigé la chorale de la
chapelle impériale. Son cycle vocal, les Adieux à
Saint-Pétersbourg, est dédié à l’ancienne capitale.
Alexandre Glazounov (1865-1936)
Compositeur, chef d’orchestre, il fut professeur et, au début du siècle dernier, directeur du
Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Ce grand
compositeur russe, auteur d’œuvres symphoniques
contribua au développement de la musique de
chambre et de ballet. Ses ballets, dont Raymonde
est le plus connu, ont été mis en scène à SaintPétersbourg. Il est mort à Paris et ses cendres
furent transportées à Leningrad en 1972.
Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)
Compositeur, pédagogue, chef d’orchestre. Son
œuvre, originale, est d’un caractère profondément national. On lui doit quelques symphonies,
cantates, romances, ainsi que quinze opéras,
dont Pskovitianka (La jeune fille de Pskov),
Sniegourotchka (La Demoiselle des neiges),
Sadko, et La Fiancée du tsar. Professeur au
Conservatoire de Saint-Pétersbourg, il eut pour
élèves plusieurs grands compositeurs, comme
Glazounov, Stravinski ou Prokofiev. On peut
visiter son appartement-musée, et sa maison à
Tikhvine, dans la banlieue de Saint-Pétersbourg.
Modeste Moussorgski (1839-1881)
Le célèbre compositeur, vécut, à partir de 1849,
à Saint-Pétersbourg. Il composa plusieurs
opéras, dont les drames populaires musicaux
Boris Godounov et Khovanchtchina, un cycle
pour piano intitulé Les Tableaux d’une exposition,
et quelques cycles de mélodies pour chant et
piano. C’est sans doute dans ce dernier genre
qu’il excelle le mieux. Sa musique, profondément
novatrice, n’a été reconnue qu’au cours du siècle
suivant. Debussy et Ravel y ont porté un intérêt
tout particulier. Moussorgski a influencé la
plupart des grands compositeurs du XXe siècle.
Anton Rubinstein (1829-1894)
Compositeur et chef d’orchestre, il est toujours
considéré comme l’un des plus grands pianistes
du monde. Créateur d’opéras (dont Le Démon, le
plus connu), de concertos et d’œuvres symphoniques, il joua un rôle déterminant dans le
développement de la culture musicale russe. La
Société russe de musique et le Conservatoire de
Saint-Pétersbourg, le plus important de Russie
(où il a enseigné et qu’il a dirigé pendant dix
ans), ont été fondés à son initiative.
Piotr Tchaïkovski (1840-1893)
Compositeur, chef d’orchestre, pédagogue. Il
termina le Conservatoire de Saint-Pétersbourg
dans la classe de composition de Rubinstein. Tous
les genres musicaux sont représentés dans son
œuvre. Ses six symphonies, ses opéras (Eugène
Onéguine, La Dame de pique) appartiennent aux
chefs-d’œuvre mondiaux. Il fut un novateur dans
le genre du ballet : Le Lac des cygnes, La Belle au
Bois dormant et Casse-noisette, qui inaugurent le
ballet symphonique, auront une influence déterminante sur l’évolution de l’art chorégraphique.
Igor Stravinski (1882-1971)
Compositeur, chef d’orchestre, il a été l’élève
de Rimski-Korsakov. Les premières de ses
ballets L’Oiseau de feu, Petrouchka, Le Sacre du
printemps ont été présentées par la compagnie
des Ballets russes, en 1910-1913, à Paris.
Le caractère extraordinairement novateur du
Sacre provoqua, lors de sa création, un énorme
scandale. A partir de 1914, Stravinski vécut à
l’étranger, en Suisse d’abord, en France ensuite
(il sera naturalisé Français en 1936) et enfin aux
Etats-Unis où, en 1945, il renonce à la nationalité
française pour devenir citoyen américain. A
cette existence mouvementée correspond une
création protéiforme, sans cesse renouvelée, où
toutes les acquisitions du passé semblent s’être
conjuguées à toutes les découvertes du présent.
aRts et cuLtuRe √ 109
Peinture
Sous l’influence de Byzance, de qui elle a
reçu religion, art, architecture, et littérature,
la peinture en Russie est dominée jusqu’au
XVIIIe siècle par les thèmes religieux. Suivant
des règles strictes, ces œuvres sont souvent
le fait de peintres grecs invités à travailler
dans le pays et qui enracinent et perpétuent la
culture byzantine. C’est avec Pierre le Grand
et sa fameuse ouverture européenne que l’art
s’émancipe du religieux et renouvelle ses sujets.
Installant la capitale à Saint-Pétersbourg, il
la coupe des influences culturelles traditionnelles de Moscou afin d’amorcer une nouvelle
orientation picturale. Pour cela, il fait venir
des peintres étrangers pour former les artistes
russes. S’ouvrant à la peinture allemande,
française et italienne, la création russe prend
un nouvel essor. Ainsi une dichotomie se crée
entre Moscou qui devient le sanctuaire de
l’art religieux et Saint-Pétersbourg où prend
naissance une nouvelle école de peinture.
Les Ambulants :
naissance de la peinture sociale
Cette peinture réaliste conduit progressivement
à une peinture sociale qui s’incarne dans le
mouvement des Ambulants dont les œuvres à
thèmes sociaux se font revendicatives. On les
appelle ambulants parce qu’ils sillonnent la
Russie pour éveiller le monde paysan à l’art.
L’artiste phare de ce mouvement est Ilya Repine
dont les œuvres majeures Les Haleurs de la Volga
(1870-73), Les Cosaques zaporogues écrivant
une lettre au sultan de Turquie (1880-91) et
Ivan le Terrible tue son fils (1885), font grande
impression sur la Russie de l’époque par leur
réalisme cru et l’impression de vie qui s’en
dégage.
© STÉPHANE SAVIGNARD
Du Xe au XVIIIe siècle : influence
de Byzance puis de l’Occident
phare : le parallèle entre le travail de la terre
et la maternité. Puis deux artistes dominent le
deuxième quart du XIXe siècle Karl Bryullov et
Alexandre Ivanov (1806-1858). Ils contribuent
à frayer à la peinture russe une voie propre,
indépendante des grands modèles étrangers.
« Le Dernier jour de Pompéi est le premier jour
de l’art russe », s’exclame un critique devant
la toile de Bryullov. L’artiste acquiert alors une
réputation dans tout l’Occident. Quant au régime
soviétique, il considèrera cette œuvre comme
la représentation de la décrépitude de l’ancien
régime, vouée à s’effondrer. Puis la peinture
russe explore la veine réaliste avec notamment
Vassili Perov (1834-1882) qui exploite des
thèmes sociaux comme l’alcoolisme.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
La peinture russe s’est d’abord formée en suivant
des modèles extérieurs. L’art byzantin demeure
l’influence principale jusqu’au XVe siècle, puis
à partir du XVIIIe siècle et sous l’influence de
Pierre le Grand de Russie prend connaissance
et s’inspire des peintres français, allemands
et italiens. C’est à partir du XIXe siècle qu’elle
trouve sa voie unique et originale qui aura des
répercussions sur la création artistique au niveau
mondial. On peut considérer que la peinture
russe a connu deux âges d’or. La peinture
d’icônes qui domine jusqu’au XVe siècle, puis
l’avant-garde russe et l’art pour l’art à la fin du
XIXe siècle et jusqu’en 1925. Et, phénomène
remarquable, cette avant-garde saura retrouver
dans une création authentique et originale la
spécificité de l’art russe de l’icône.
XIXe siècle :
émancipation de la peinture
C’est à partir du XIXe siècle que la peinture
russe s’émancipe des modèles précédents pour
trouver sa propre voie. A contre-courant de la
vogue du néoclassicisme qui met à l’honneur
l’art antique de la Grèce et de Rome, une figure
se distingue par l’inventivité de ses créations :
Alexeï Venetsianov. Ce peintre s’inspire de la vie
rurale dont il exprime le charme et la sérénité
en représentant de façon bucolique de très
belles scènes de genre. Son tableau, L’été,
représentant une paysanne donnant le sein à
son enfant est emblématique de son thèmePeintre de rue sur la Place Rouge.
110 Æ aRts et cuLtuRe
De l’art à visée sociale
à l’art pour l’art
C’est à partir de 1885 et jusqu’en 1925, que
la Russie connaît une véritable effervescence
artistique qui rayonne sur la scène culturelle
internationale. Le centre de ce bouillonnement est le domaine d’Abramtsevo de Savva
Mamontov où se réunit tout le milieu de la
peinture, de l’architecture et de la sculpture.
C’est là que se développe le courant symboliste
qui influence le monde entier en créant une
rupture radicale avec le réalisme. Le folklore
national est célébré comme source d’inspiration.
C’est un peintre fréquentant Abramtsevo qui
rompt avec la tradition de la peinture sociale
assise par les Ambulants, et qui donne alors à la
création artistique une ampleur toute nouvelle.
Ce peintre s’appelle Mikhaïl Vroubel et de son
obsession pour le diable va naître une œuvre
à tonalité fantastique absolument remarquable
(cf. Démon assis, en 1890 et le Démon terrassé,
en 1902). Il sera ainsi, à contre-courant du
mouvement de l’art social alors en vogue, le
précurseur de l’art pour l’art, voire de l’Art
nouveau.
En 1898, se constitue un groupe d’artistes
revendiquant « l’art pour l’art », version russe
du Jugendstil (Art nouveau) allemand et de l’Art
nouveau français. Ils cherchent à décloisonner
les différents types d’art, théâtre, peinture et
littérature. La revue qu’ils créent, Le Monde
de l’art aura une grande répercussion dans la
suite de la création.
La grande époque de l’avant-garde
C’est alors que naît l’avant-garde russe, pierre
angulaire de l’histoire de l’art. Le précurseur
en est Kandinsky qui oriente la peinture vers
l’abstrait pour ne faire ressortir que les couleurs
et tourner la peinture vers l’esprit plus que
vers la matière. La deuxième grande figure de
cette avant-garde est Kazimir Malevitch dont
le fameux Carré noir sur fond blanc, qui est
un carré noir sur une toile blanche, annonce
une réelle rupture dans l’histoire de l’art,
coupant la création de la représentation du
réel pour l’emmener explorer des dimensions
complètement inconnues dans les lignes et les
matières, ce que Malevitch lui-même appellera
le « suprématisme ».
Quant au peintre et sculpteur Vladimir Tatline
(1885-1953), il se fait le précurseur du constructivisme. Par ailleurs, Marc Chagall, qui passe
la plus grande partie de sa vie à l’étranger,
berce ses toiles de rêve enchanté dans des
tons oniriques mâtinés de fantastique. Enfin,
Kouzma Petrov-Vodkine s’inspire de la peinture
d’icônes. Il utilise dans les règles de l’art de la
peinture d’icônes, des rouges vifs et la couleur
dorée, symbolique de la divinité. Il donne ainsi
à ses personnages la même luminosité que les
saints iconiques.
Du réalisme socialiste destructeur
à l’underground créateur
Avec la révolution, deux tendances apparaissent, les artistes qui acceptent d’appliquer le réalisme socialiste tel qu’il est défini
en 1932 et ceux qui choisissent l’exil. Les
canons socialistes imposent de représenter
la vie des paysans et des ouvriers sous le jour
le plus favorable, pour montrer l’enthousiasme
apporté par la révolution. L’art est l’un des plus
grands moyens de propagande de l’Etat qui
n’hésite pas à l’utiliser pour rendre visuelle
son idéologie. Ainsi le métro, construit dans
les années 1930 est hautement symbolique
car il doit prouver que le socialisme peut faire
aussi bien que le capitalisme, aussi nombre
d’artistes sont-ils appelés à venir le décorer.
Beaucoup d’artistes qui ne respectent pas les
canons sont interdits d’exposition. Mais jusqu’en
1945, il n’y a pas de dissidence picturale ni
d’underground.
C’est avec le dégel de Khrouchtchev à partir de
1953 que commence une nouvelle période. De
nombreux artistes violant les dogmes du réaliste
socialiste proposent une peinture novatrice
voire révolutionnaire. Commence l’époque des
expositions d’appartement où l’on montrait les
tableaux interdits. Et c’est à la fin des années
1960 qu’on assiste à une séparation entre l’art
officiel et le non officiel.
C’est alors la naissance d’une peinture
d’opposition : Ilya Kabakov, Vitaly Komar et
Alexandre Melamid détournent les clichés du
réalisme socialiste pour contester une façon
de vivre. 1974 marque une date phare : les
artistes décident d’organiser des expositions
publiques : l’une d’elles sera écrasée par
un bulldozer. Depuis les années 1980, l’art,
qui n’a plus besoin de correspondre à un
modèle ou de s’opposer à lui, se cherche une
nouvelle voie.
De ce fait, la création connaît une sorte de vide
et se cherche de nouveaux repères. On voit
réapparaître depuis quelques années des expériences intéressantes et innovantes. Nicolas
Polissky et Constantin Batynkov réalisent des
performances artistiques très originales dans
d’anciens kolkhozes, mettant à contribution
toute la population agricole et plaçant la réalisation artistique au cœur même de ce qui fut
la production politique.
Festivités
Janvier
„w
ANCIEN NOUVEL AN
(
)
13 janvier.
Le 13 janvier, porte le nom oxymore d’ « ancien
nouvel an ». C’est effet la date du nouvel an
dans l’ancien calendrier. En ce jour, les Russes
cuisinent des varenikis. C’est un plat slave de
pâte sans levain farcie à la viande, aux pommes
de terre, aux champignons, aux fruits, etc. Mais
à cette occasion spéciale, on ne mange pas que
des varenikis simples, certains d’entre eux étant
également farcis avec des surprises censées
délivrer des augures pour l’année à venir : un
varenik avec un petit morceau de sucre sera
symbole de douceur de vivre, un autre avec
un fil de laine prédit un long voyage, un autre
avec une pièce est bon signe pour les affaires
à venir... Bref, invité dans une famille ce jour là,
mâchez avec prudence si vous voulez profiter
de l’année à venir !
„w
FÊTE DE LA BÉNÉDICTION DE L’EAU
(
)
19 janvier.
Ce jour-là (non chômé), les croyants
vont à l’église chercher de l’eau bénite.
Traditionnellement, les Russes plongeaient
dans l’eau par des trous de glace bénis par les
prêtres afin de laver leur âme de leurs péchés.
„w
NATIVITÉ DU CHRIST
(
)
Noël russe, le 7 janvier.
Le calendrier julien de l’Eglise orthodoxe
russe retardant de 13 jours sur le calendrier
grégorien, la Nativité du Christ est fêtée le
7 janvier. Introduite en Russie, au Xe siècle,
avec le christianisme, cette fête était considérée
par l’Eglise orthodoxe comme la deuxième en
importance après celle de Pâques.
„w
NOËL ORTHODOXE
(
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
Le 6 janvier.
L’ancien calendrier russe (calendrier julien,
avant 1917) possédait deux semaines de retard
sur le calendrier utilisé en Occident, ce qui
explique la différence de date. Célébrations
spéciales dans toutes les églises, mais particulièrement à Notre-Dame-de-Kazan et à la
Laure Alexandre-Nevsky.
Coupe du monde
de football 2018
C’est la Fédération de Russie qui doit
accueillir le prochain Mondial de foot en
2018. Comme pour les JO d’hiver de Sotchi
2014, l’événement est prétexte à des chantiers colossaux et lancés au pas de course.
Les matchs de la compétition seront répartis entre Kaliningrad (enclave européenne
de Russie) et Ekaterinbourg (Oural). Alors
que des budgets démesurés avaient été
annoncés pour la construction de nouveaux
stades et autres infrastructures-vitrines, les
autorités russes ont revu dernièrement leurs
ambitions à la baisse, notamment à cause
de la crise économique. Mais une chose
est sûre : la Russie s’apprête à recevoir le
monde en grandes pompes à l’été 2018.
DÉCOUVERTE
Si le jour de fête tombe par exemple un jeudi, le
vendredi et le samedi deviennent chômés aussi,
mais on travaille le dimanche pour remplacer
le samedi ou le vendredi. Si le jour de fête
tombe un dimanche, le lundi qui le suit devient
aussi un jour férié.L’année scolaire commence
le 1er septembre et se termine fin mai. Les
vacances scolaires se résument à une semaine
en novembre et en mars, et à deux semaines au
mois de janvier. L’année universitaire commence
entre le 1er et le 15 septembre et se termine fin
mai-début juin. Les vacances d’hiver ont lieu
d’habitude du 25 janvier au 8 février. Depuis
2004 et pour éviter les nombreux jours de
« maladie » que les Russes prenaient pendant
la période des fêtes de fin d’année, il a été
décidé de créer un congé de 10 jours à l’échelle
nationale, du 1er au 10 janvier. Il n’est pas rare
de recommencer à travailler le dimanche si
c’est le 11 janvier. Par ailleurs, au début de son
troisième mandat, Vladimir Poutine a décrété
plusieurs jours fériés au début de mai en plus
des 1er et 9 mai déjà chômés, ce qui fait que
dorénavant, presque personne ne travaille la
première dizaine du mois.En moyenne, les
congés payés durent 24 jours. La plupart des
Russes préfèrent prendre leurs congés en été,
pour se consacrer à leur datcha ou aller au bord
de la mer. La saison des datchas commence
vers le 1er mai et se termine vers le 1er octobre.
112 Æ Festivités
„w
NOUVEL AN (
)
1er janvier.
C’est à la suite d’un décret de Pierre le Grand,
daté de 1699, que la Russie a commencé à
compter les jours à partir du 1er janvier. Le
très européen empereur de Russie avait décidé
que son pays ne devait plus se distinguer des
autres pays européens en célébrant le passage
à la nouvelle année au début de l’automne.
Cette tradition païenne et paysanne, qui
voulait que l’année commence en même temps
que les activités agricoles, n’a pas été pour
autant complètement oubliée. Le jour de l’an,
aujourd’hui encore, est l’occasion de grandes
fêtes familiales qui gardent les traces des vieilles
coutumes plongeant dans la nuit des temps et
marquées, jusqu’à l’Epiphanie, par la quête du
soleil printanier : dans les campagnes, on allume
de grands feux de joie en hommage au soleil.
Plus généralement, on se réunit autour d’un
sapin et, après s’être embrassé sur la bouche
et s’être dit le traditionnel S’novym godom ( « à
la nouvelle année »), on mange et on boit plus
que de raison.
wwLe 2 janvier, également férié, les enfants
sont à l’honneur ; ils découvrent sous le sapin
les cadeaux du Grand-Père Gel et de la Reine
des Neiges.
Février
„w
FESTIVAL DU MASQUE D’OR
«
»)
(
MOSCOU
(
)
www.goldenmask.ru
Le festival a lieu dans des dizaines de quartiers
de la ville à partir de février jusqu’à la mi-avril.
Cela vaut la peine d’acheter des billets à l’avance.
Un des plus grands et des plus prestigieux
festivals de théâtre dans le pays, combinant
performances de tous styles, ainsi que de l’opéra
et du ballet, de l’opérette et divers spectacles.
C’est en quelque sorte l’équivalent russe de
notre Festival d’Avignon. Et quand on connaît
l’amour que portent les Russes au théâtre, cela
veut dire quelque chose.
„w
JOUR DU DÉFENSEUR DE LA PATRIE
)
(
23 février.
Il n’y a pas si longtemps, c’était la fête de
l’Armée soviétique. Elle est devenue aujourd’hui
la fête (non chômée) des Héros et s’est étendue
à tous les hommes. Tous, les jeunes gens et
les vétérans surtout, reçoivent des félicitations et des cadeaux. Partout, à la maison,
au travail, dans les écoles et les universités,
mais principalement dans les établissements
militaires, on se réunit autour des repas de fête
joyeusement animés.
„w
RECONSTITUTION DE LA BATAILLE
D’EYLAU
KALININGRAD
)
(
En février.
Une reconstitution historique pour commémorer la bataille d’Eylau en 1807, où près de
120 000 hommes s’affrontèrent entre l’Empire
russe alliée à la Prusse d’un côté et l’Empire
français de l’autre. La victoire acquise par
Napoléon Ier sera ternie par le coût en vies
humaines et par la perte d’officiers de valeur.
Mars
„w
CHYL PAZY (
)
)
ABAKAN (
www.khakassia.travel
Le 22 mars.
Le Nouvel An Khakasse est traditionnellement
célébré à l’équinoxe de printemps. C’est l’occasion de célébrations autochtones venues de
temps immémoriaux. À un moment où la culture
khakasse est en plein renouveau et s’affirme
harmonieusement avec la culture russe, c’est
l’occasion de mettre en valeur gastronomie
et boissons locales (khan talgan, airan), rites
chamaniques, danses et feux de purification
dans une joyeuse ambiance authentiquement
folklorique comme on n’en voit qu’en Russie.
À vivre !
„w
CONCOURS INTERNATIONAL
DE CHANT « LE ROSSIGNOL D’AMBRE »
(
«
»)
KALININGRAD
)
(
www.yantsolzara.ru
Une semaine au début du printemps, toutes les
années paires. La prochaine édition aura lieu du
28 mars au 5 avril 2016.
Organisé sous l’égide du ministère russe de
la Culture, cet événement est consacré à la
musique vocale de chambre. Artistes de Russie
et du reste du monde. L
„w
FÊTE DE LA FEMME
)
(
8 mars.
La journée internationale de la Femme est
très suivie en Russie. Institution du calendrier
soviétique, cette fête confirmait l’égalité de
droits entre hommes et femmes dans la patrie
des soviets. Même si cela était très relatif
dans les faits. Il est de coutume d’inviter sa
dulcinée au restaurant, de se fendre d’un compliment joliment tourné, de participer aux tâches
ménagères et, surtout, d’offrir des fleurs à toutes
les femmes de son entourage proche. Messieurs,
si vous faites montre d’aucune attention ce
jour-là, c’en sera fini de votre carrière de Don
Juan ou de gendre idéal.
Festivités √ 113
Avril
„w
DANCE OPEN – FESTIVAL
INTERNATIONAL DE BALLET
(
)
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
www.danceopen.com
Chaque année pendant une semaine durant la
deuxième quinzaine du mois d’avril.
Rencontres durant lesquelles se produisent non
seulement les plus grands danseurs du Mariinsky,
„w
PÂQUES ORTHODOXE (
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
www.pravoslavie.ru/pasha.htm
La Pâques orthodoxe est en général fêtée une
semaine après la fête de Pâques des catholiques
romains mais ce n’est pas toujours le cas. Fêtées
simultanément en 2014 (le 20 avril), leurs dates
diffèrent en 2015 (12 avril pour les orthodoxes
et 5 avril pour les catholiques) et 2016 (1er mai
pour les orthodoxes et 27 mars pour les catholiques). C’est une fête très importante en Russie.
Ne manquez pas de passer dans les églises,
notamment Notre-Dame-de-Kazan, pendant la
semaine sainte et surtout la veillée pascale. Un
grand spectacle vous attend.
Mai
„w
FESTIVAL INTERNATIONAL DE FEUX
D’ARTIFICES DE MOSCOU (
«
»)
Drakino – SERPUKHOV (
)
& +7 495 995 19 07
www.kaleydoskop-firefest.ru
[email protected]
Sur l’île Drakino, à Serpukhov, à 100 km au
sud de Moscou.
Le festival se déroule aux beaux jours, une fois
par mois de mai à septembre/octobre. Compter
400 RUB par pers. Des équipes professionnelles
du monde entier viennent présenter leurs
spectacles pyrotechniques en espérant décrocher
la timbale. Le spectacle n’a pas lieu que dans
le ciel puisque de nombreux concerts et DJ
sont programmés en plein air durant la soirée.
© JACKF – FOTOLIA
„w
PÂQUES (
)
Pour l’Eglise orthodoxe, cette fête est la plus
importante, elle symbolise le passage de la mort
à la vie, de la terre au ciel. On célèbre Pâques
le premier dimanche qui suit la pleine lune du
21 mars (le 21 mars si c’est un dimanche),
toujours après la Pâque juive.
du Bolchoï et de toute la Russie mais aussi du
monde entier (Opéra de Paris, American Ballet,
etc.). Les danseurs amateurs et professionnels
peuvent également participer à des Master Class
dispensées par les meilleurs artistes de leur
discipline. Un rendez-vous incontournable de
danse classique
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
„w
MASLENITSA (
)
La semaine précédant le Grand Carême
orthodoxe, donc plutôt vers le début du mois
de mars mais les dates varient chaque année.
Originaire des temps païens immémoriaux, c’est
la fête qui célèbre la fin de l’hiver et l’arrivée des
beaux jours. Partout en Russie, pendant toute
la semaine, on mange des crêpes, on organise
des concerts folkloriques, des jeux, des foires,
des promenades en traîneau. C’est l’équivalent
du Mardi gras slave. Mais si cette fête est liée
au calendrier religieux (elle a lieu la dernière
semaine avant le Grand Carême), elle est bien
de source païenne. Tout un rituel lui est associé.
On se retrouve dans une des forêts proches de
la ville, et l’on fait un grand feu autour duquel
on danse en regardant se consumer une poupée
de chiffon qui représente l’hiver que l’on chasse
et le printemps que l’on réclame. Les blinis que
l’on mange sont eux aussi chargés de symboles :
cuits dans le beurre (maslo), ils ont donné le mot
maslenitsa, mais, ronds et jaunes comme le
soleil, ils annoncent aussi le retour du printemps.
Pâques Russe.
114 Æ Festivités
„w
FESTIVAL INTERNATIONAL SERGUEI
KOURIOKHINE (
)
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
kuryokhin.com
Compositeur russe, Serguey Kouryokhine était l’un
des leaders de la scène underground de Léningrad
dans les années 1970. Ce festival est orienté
vers l’expérimentation et la musique moderne.
„w
FESTIVAL MUSICAL DES ÉTOILES DES
NUITS BLANCHES (
)
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
Du 24 mai au 15 août.
Durant toute la période des Nuits Blanches, la riche
programmation du festival présente les meilleurs
danseurs et chanteurs d’opéra du moment, dans
deux lieux, le Mariisnkiy et le théâtre de l’Ermitage.
„w
FÊTE DE LA VICTOIRE DE LA GRANDE
GUERRE PATRIOTIQUE (
)
9 mai. Elle continue à être célébrée, et il en sera
ainsi tant que les générations traumatisées ainsi
que leurs descendants en porteront le souvenir.
Commémorant la victoire sur le nazisme lors
de la Deuxième Guerre mondiale, les anciens
combattants arborent ce jour-là leurs uniformes,
leurs décorations et se réunissent sur les places,
dans les squares et les parcs des villes et villages
russes. La tradition des défilés militaires à
l’occasion de la Victoire renaît dans le pays. On
fleurit les tombes avec des gerbes d’œillets et
des plantes odoriférantes, on honore la mémoire
des disparus. Des feux d’artifice illuminent le ciel
et retombent sur la terre en bouquets de fleurs.
„w
FÊTE DE LA VILLE (
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
Le week-end le plus proche du 27 mai.
On célèbre l’anniversaire de la fondation de SaintPétersbourg par Pierre le Grand (le 27 mai 1703).
Les festivités se concentrent principalement dans
le centre-ville dont les axes principaux se parent
de drapeaux et de ballons. Le cortège mené par le
maire de la ville est composé des corps consitués
et des grands représentants de la ville (écoles
militaires et de marine, écoles théâtrales et de
danse, etc.). Des concerts de gala dans la plupart
des salles de spectacles de la ville et l’on pourra
admirer un feu d’artifices sur la Neva. Cette fête
marque aussi le début des « nuits blanches ».
„w
FÊTE DU PRINTEMPS ET DU TRAVAIL
Les 1er et 2 mai.
Autrefois marquée par des manifestations et
défilés officiels, elle a failli ne pas survivre à la
mort de l’URSS, mais est restée finalement jour
férié. Depuis peu, cette fête est remise au goût du
jour. Le président russe lui-même est d’ailleurs
en général présent dans le cortège officiel.
Juin
„w
FESTIVAL DU FILM KINOTAVR
)
(
SOTCHI (
)
www.kinotavr.ru
Juin.
Inauguré en 2001, le Festival de cinéma russe
Kinotavr se voulait une copie de Cannes. Si les
vedettes russes se déplacent régulièrement sur
la croisette de Sotchi, les stars internationales
sontassez rares et les sélections sont très nationales. Il faut toutefois noter que des projections
gratuites sont organisées dans le parc Riviera.
„w
FESTIVAL INTERNATIONAL
DU FILM DE MOSCOU (
)
MOSCOU (
)
www.moscowfilmfestival.ru
Chaque année, une semaine à la fin du mois
de juin.
Le festival international du film de Moscou est
l’un des plus anciens festivals de cinéma dans
le monde. Pendant une semaine, la ville est sous
le charme du cinéma. De nombreuses salles
diffusent les films de la programmation du
festival, le tapis rouge accueille les étoiles russes
et nombre de grandes stars internationales.
„w
FESTIVAL THÉÂTRAL TCHEKHOV
(
. . .
)
)
MOSCOU (
www.chekhovfest.ru
Généralement de mi-mai à mi-juillet.
Il a lieu tous les ans entre fin mai et fin juillet.
La Russie accueille des troupes de théâtre
du monde entier interprétant des pièces de
Tchekov (y compris des troupes françaises,
mais aussi japonaises, canadiennes, suisses
ou argentines). Les grands théâtres de Moscou
et de Russie sont également de la fête. Il est
possible de consulter le programme sur le site
officiel du Festival (en anglais).
„w
FESTIVAL USADBA JAZZ
JAZZ)
(
MOSCOU (
)
www.usadba-jazz.ru
Il vaut mieux vérifier la date et l’endroit sur le
site officiel en avance. Compter 2 500 RUB
pour une journée.
Le «Manoir Jazz» est le plus grand festival en
plein air de la Russie (dans le parc Tsaritsyno).
On y écoute bien sûr du jazz, mais aussi du
funk, de la musique du monde, du rock, et bien
d’autres genres encore. Le festival se déroule
sur deux jours et rassemble les amateurs de
musique qui affluent de tout le pays.
Festivités √ 115
„w
JOUR DE LA RUSSIE (
)
Le 12 juin.
La Fête de la Souveraineté de la Fédération de
Russie (
) célèbre le jour
où le Parlement russe démocratiquement élu
proclama l’indépendance de la Russie vis-à-vis
de l’Union soviétique, le 12 juin 1990. C’est
d’abord un jour férié et de protocole (remise
de prix par le Président aux personnalités
méritantes de la culture et de la science, etc.).
Juillet
„w
KALININGRAD CITY JAZZ
KALININGRAD (
)
www.jazzfestival.ru
Sur 3 jours entre fin juillet et début août.
Festival international de jazz qui a lieu dans
l’amphithéâtre du parc central de Kaliningrad.
„w
TUN PAIRAM (
)
Sagaiskaya Glade
District d’Askizsky
Au début du mois de juillet.
Au début de l’été, Tun Payram est le grand
rendez-vous de la culture khakasse. La date
correspond à la fin de la fermentation du premier
airan de l’année. Après les rituels traditionnels
et chamaniques en habit traditionnels, c’est le
temps des compétitions sportives entre les
hommes des clans de tout le pays : course de
chevaux, lutte khakasse, tir à l’arc ou soulever
de pierre sont ponctués de concerts folkloriques
et de dégustation d’arak (vodka à base d’airan).
Une très bonne occasion de s’imprégner de la
culture autochtone de cette région aux confins
de la Mongolie.
Septembre
„w
COSMOSCOW
Gostiny Dvor
MOSCOU (
)
www.cosmoscow.com
„w
FESTIVAL DANCE INVERSION
MOSCOU (
)
www.dance-inversion.ru/en/
L’édition 2015 s’est tenue dans plusieurs théâtres
moscovites de fin septembre à fin novembre.
Depuis bientôt vingt ans, Dance Inversion est
l’événement majeur en Russie en matière de
danse contemporaine.
„w
FESTIVAL EARLYMUSIC
(
EARLYMUSIC)
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
www.earlymusic.ru
A partir de la mi-septembre.
Ce festival de musique ancienne mondialement
réputé donne à entendre la musique du Moyen
Age et de la Renaissance, interprétée par des
musiciens russes et internationaux.
„w
FESTIVAL INTERNATIONAL
CERCLE DE LUMIÈRE
(
«
»)
MOSCOU (
)
www.lightfest.ru
Une semaine durant, fin septembre. Entrée
gratuite.
Ce festival grandiose est un événement annuel
durant lequel les grands noms russes et internationaux de la lumière et du multimédia créent
des expositions et des mappings vidéo sur les
façades des édifices célèbres, des monuments
et des bâtiments culturels de Moscou, intégrant
ainsi leurs créations dans l’espace architectural
de la ville. Mais autant y aller, car c’est visuel !
„w
FÊTE DE MOSCOU (
)
)
MOSCOU (
4 septembre
Concerts gratuits, feux d’artifices, parades. Les
850 ans de Moscou avaient été l’occasion d’une
grande démonstration du maire de l’époque.
2017 se prépare fiévreusement pour les 870 ans !
„w
FORUM ÉCONOMIQUE DE LA CEI
SOTCHI (
)
Début septembre.
Ce Davos de la CEI réunit les chefs d’Etats et
les dirigeants des principales entreprises. Il
n’a pas beaucoup d’intérêt pour le touriste, si
ce n’est l’augmentation spectaculaire du prix
des chambres d’hôtel pendant les 4 jours que
dure le forum.
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
„w
JOUR DE LA MARINE (
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
Le 25 juillet.
Instituée en 1696 par le tsar Pierre le Grand,
cette fête est la célébration de la puissance
militaire maritime russe. Parades et démonstrations festives sont organisées dans toutes
les mers où est présente la flotte du dernier
empire sous le soleil. De Saint-Pétersbourg à
Vladivostok, de la Baltique à la mer du Japon,
de la flotte russe du Nord à la mer Noire, de la
Caspienne au Pacifique. A Piter, la flotte militaire
parade sur la Neva et navigue jusqu’à l’Amirauté
pendant que les rives s’enjaillent. Si l’uniforme
vous plaît, c’est votre jour !
La dernière édition a eu lieu les 13-15 septembre
2015 à Gostiny Dvor, à deux pas du Kremlin.
La 1re foire internationale d’art contemporain
de Russie se tient de nouveau chaque année
depuis 2014. En 2015, une trentaine de galeries
ont présenté une sélection d’artistes russes et
internationaux.
© MIKHAIL STARODUBOV / SHUTTERSTOCK.COM
116
© JETKAT - SHUTTERSTOCK.COM
Décorations de Noël aux abords de la cathédrale Basile-le-Bienheureux.
© KHAKASSIA TOURIST INFORMATION CENTRE
Saint-Pétersbourg et la Neva.
Danses traditionnelles lors de Tun Pairan.
Festivités √ 117
„w
OPEN DE TENNIS DE SAINT)
PÉTERSBOURG (
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
www.spbopen.ru
Un semaine entre la deuxième quinzaine de
septembre et début octobre.
Un tournoi de tennis du circuit ATP 250, de plus
en plus populaire.
Octobre
„w
FASHION WEEK
Ulitsa Ilyinka, 4
Gostiny Dvor
)
MOSCOU (
& +7 499 963 82 63
www.fashionweek.ru
Du 25 au 29 mars et en octobre.
La Fashion Week de Moscou se déroule principalement dans le Gostiny Dvor, l’un des plus
beaux parc d’exposition au monde avec ses
arcades distinctives, au cœur de Moscou et à
une centaine de mètres du Kremlin.
„w
MULTIVISION (
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
www.multivision.ru
Une dizaine de jours entre octobre et novembre.
A l’occasion de ce festival international des arts
animés (et principalement du film d’animation),
les films sont projetés sur le pont du Palais
(Dvortsovoy) et la pont de la Trinité (Troitsky),
pendant les heures où ils sont relevés. Au petit
matin ou en fin de nuit selon votre programme.
Projections libres.
Novembre
„w
FÊTE DE LA RÉCONCILIATION
(
)
Le 7 novembre.
Pendant sept décennies, le 7 novembre a
été la fête principale de trois générations de
Soviétiques : jour anniversaire de la révolution
d’Octobre (la prise du pouvoir par les bolcheviks
a eu lieu le 25 octobre 1917, selon le calendrier
julien alors en vigueur en Russie), il était célébré
„w
FÊTE DE L’UNITÉ NATIONALE
(
)
Le 4 novembre.
Jour férié qui célèbre la libération de la Russie de
l’occupation polonaise en 1612. C’est après cet
épisode que la dynastie des Romanov accède au
trône et y restera jusqu’à la révolution d’octobre
1917.
Décembre
„w
ARTS SQUARE WINTER FESTIVAL
SAINT-PÉTERSBOURG (
)
www.artsquarewinterfest.ru
Du 14 au 25 décembre.
Le festival d’Hiver de la place des Arts est l’un
des meilleurs festivals de musique de l’année,
il se déroule à la Philarmonie et présente les
meilleurs interprètes contemporains.
„w
FESTIVAL D’HIVER « INVITATION
)
POUR NOËL » (
MOSCOU (
)
christmas2015.festmoscow.ru
Du 12 décembre 2015 au 8 janvier 2016.
Généralement sur 4 semaines entre mi-décembre
et mi-janvier.
C’est la période des marchés de Noël à Moscou !
La capitale russe est enveloppée par les lumières
et les sourires des grands et des petits.
„w
RÉVEILLON DE LA SAINT-SYLVESTRE
(
)
)
SAINT-PÉTERSBOURG (
Nuit du 31 décembre au 1er janvier.
Elle est très fêtée en Russie, avec des concerts
sur la place du Palais et sur la pointe de l’île
Vassilievski. C’est en fait à ce moment-là que
les Russes s’offrent les cadeaux et se retrouvent
en famille. Mais, dès 23h, l’envie de faire la fête
reprend le dessus et tout le monde sort fêter
l’arrivée de la nouvelle année. A bien connaître
ce soir-là, la formule consacrée : « S’Novim
Godom ! » (
en cyrillique, soit :
« Bonne année ! »).
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
„w
BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN
DE MOSCOU (
)
MOSCOU (
)
www.moscowbiennale.ru
Au mois d’octobre tous les deux ans. Les
prochaines éditions sont prévues en 2015 et
2017.
Depuis sa création en 2003, cet événement
figure parmi les rendez-vous d’art contemporain les plus prestigieux au niveau mondial. La
prochaine éditions est prévue en 2017.
avec faste et force défilés militaires. C’est le
7 novembre 1990 que la révolution d’Octobre a
été fêtée officiellement pour la dernière fois sur
la place Rouge à Moscou ; ce jour-là, comme
chaque année, l’Armée soviétique a défilé d’un
même pas impeccable devant les tribunes du
mausolée de Lénine occupées par Gorbatchev,
Eltsine et Loukianov (le président du Parlement
et l’âme du putsch d’août 1991). Aujourd’hui, la
journée n’est même plus fériée et est principalement fêtée par les communistes et nostalgiques
de l’URSS de tout poil qui se retrouvent et
profitent de l’occasion pour sortir drapeaux,
slogans et vêtements vintage dignes des plus
belles heures du brejnévisme.
Cuisine russe
Bien sûr, il est permis de penser que la cuisine
russe n’existe pas, et qu’elle ne consiste qu’en
des zakouski, ces petites choses que l’on
mange en buvant de la vodka : crêpes, caviar,
concombres, pirojki, champignons marinés…
mais il faudra éviter de le dire à un Russe.
Eviter également de s’aventurer à soutenir que
les fiertés traditionnelles de la cuisine russe
proviennent en fait d’autres traditions culinaires, qu’il s’agisse par exemple des pelmeni,
ces raviolis venus de Chine ou du borchtch,
soupe à base de chou et de betteraves née en
Ukraine. Ces distinctions nationales, comme
ces fiertés jalouses, sont de peu d’importance,
car ce que vous trouverez ici est de toutes les
manières très différent de l’Europe de l’Ouest.
Dans la médiocrité prétentieuse, comme dans
l’originalité délicieuse. Aujourd’hui, on trouve à
Moscou la cuisine de tous les pays du monde.
De grands chefs français y dirigent des cuisines,
que vous n’aurez vraisemblablement pas la
perversion – sinon les moyens financiers – de
vouloir fréquenter.
La cuisine caucasienne est également très
appréciée, généralement populaire et plutôt
bon marché. Ne pas y goûter serait une erreur
de parcours tant elle appartient aujourd’hui à la
culture culinaire russe. Les restaurants italiens
sont légion et médiocres. Autre fantaisie, les
restos japonais, dont raffolent les nouveaux
Russes.
Pour ceux qui veulent goûter les plats russes
traditionnels, on peut proposer ce menu.
En entrée : des soupes chaudes comme des
schi, rassolnik, bortsch, solianka, des soupes
de poisson, de légumes et des soupes à base
de lait. Pour l’été, des soupes froides, préparées
à base de kvas, d’eau ou de lait fermenté.
On mangeait des soupes avec des gâteaux :
avec la pâte feuilletée ou brisée, avec ou sans
levure ; des gâteaux ouverts ou fermés, cuits
dans le four ou sur le poêle, farcis au brouet,
aux légumes, au fromage blanc, aux petits pois,
au poisson, à la viande, à la volaille – sans
oublier les gâteaux sucrés. Rarement festins
et fêtes se passaient de crêpes, symbole pour
le peuple russe de soleil, de beaux jours, de
joyeux mariages et d’enfants en bonne santé. Le
plus consistant des zakouski : viande froide,
saucisson, poisson salé ou fumé (du hareng,
des sourimi, du saumon, de l’esturgeon, des
sprats, etc.), différentes salades, tomates,
concombres, légumes marinés, le tout avec
beaucoup d’herbes.
Pour le plat de résistance, qui n’est pas
forcément un plat unique (la table doit être
couverte de plats différents), il se compose
souvent d’une viande rôtie ou grillée, de
boulettes, de poisson ou de poulet garnis. Ces
plats sont accompagnés de riz, de pommes
de terre à l’eau ou frites, parfois de sarrasin.
Les pelmeni (des raviolis russes) sont à ne pas
manquer : on les déguste cuits ou frits, avec
de la crème fraîche. Au dessert, on mange des
fruits, parfois une glace, ou l’on boit du café
ou du thé avec des gâteaux, tartes, biscuits ou
de la confiture.
Parmi les boissons alcoolisées, la plus répandue
est sans doute la vodka (ce qui ne veut pas dire
que les Russes ne boivent que cela), ainsi que
différentes sortes de bières russes, du cognac
arménien, du champagne, de nombreuses sortes
d’eaux-de-vie. Parmi des boissons non alcoolisées, on vous proposera de l’eau minérale
gazeuse, différents jus de fruits ou boissons
aux fruits.
Les desserts sont souvent recouverts d’une
crème douteuse. Notons qu’il est fréquent de
ne pas boire en mangeant et de faire suivre le
repas d’une grande tasse de thé.
Produits caractéristiques
Fruits et légumes
(
)
On trouve sur les marchés à peu près tous les
fruits et, en été, des vendeurs proposent des
pastèques à chaque coin de rue. Les marchés
regorgent également d’herbes, de la coriandre au
persil plat en passant par l’aneth, très prisé avec
le poisson. Le pays est suffisamment vaste et le
climat assez varié pour fournir à ses habitants
les produits les plus divers. Les Russes sont de
grands amateurs de baies, qu’ils savent reconnaître et dont ils font des conserves pour l’hiver.
En particulier, les sorbes et les canneberges,
que l’on trouve également au Canada et qui sont
très résistantes au froid : on les laisse geler sur
le balcon sans dommage, nature ou écrasées
avec du sucre (kloukva). La kloukva possède
également des vertus médicinales : on l’utilise en
boisson avec du citron (morse). Parmi les fruits
© STÉPHANE SAVIGNARD
cuisine Russe √ 119
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Omouls fumés, délice du Baïkal.
rouges de forêts, les myrtilles (tchernika), dont
on fait des confitures et des pirojki, et qui ont
la réputation de soigner les maladies des yeux.
Une variété particulière de myrtilles (goloubika)
ne se rencontre pas en France : elle est un peu
moins sucrée et plus recherchée que sa cousine
plus connue. Les Russes raffolent des légumes
(tomates, concombres, oignons…) marinés
dans le vinaigre et salés. Une façon de joindre
l’utile à l’agréable et de manger des légumes
en hiver, alors qu’ils sont hors de prix sur les
marchés. Avec les tchiadas, ces champignons
qui poussent sur les bouleaux, on fait des tisanes
très bénéfiques.
Viandes (
)
On trouve principalement du porc et du mouton,
mais également du bœuf et de la volaille. La
viande étant pour certains trop chère et périssable, on achète des conserves, et le cornedbeef (touchonka) est très prisé. Cependant les
viandes congelées ont fait leur apparition. Même
parmi les Russes plus aisés, le steak saignant
a du mal à s’imposer : la viande se consomme
bouillie (dans les soupes) ou très cuite.
Charcuterie (
)
Le sempiternel kolbassa (genre de cervelas)
est sur toutes les tables en toute occasion.
Présent dans les salades composées, au petit
déjeuner et au dîner, il remplace souvent la
viande dans les familles modestes. Il porte
des noms rigolos, comme « le saucisson du
docteur » ou « le saucisson de l’amateur ».
Une version plus « française » et plus chère
est également disponible.
Les saucisses ressemblent un peu à nos
saucisses de Strasbourg. On les vend dans la
rue en hot-dogs ou accompagnées de pommes
de terre chaudes.
Le lard, pratiquement sans « maigre » (sala), est
servi en entrée en tranches très fines avec du
pain et se consomme, en hiver principalement,
avec de la vodka. Il est parfois frit, accompagnant les éternelles pommes de terre. Il parfume
aussi les bouillons qui servent ensuite de base
aux différentes soupes.
Poissons (
)
Ils se présentent frais, fumés (à froid ou à chaud)
ou séchés. Ils ne sont pas très bien cuisinés dans
les restaurants, où il vaut mieux se rabattre sur
les valeurs sûres : saumon, esturgeon, thon.
On consomme des poissons de mer et de rivière.
Vous trouverez des brochets, carpes et des
sandres congelés dans les grandes poissonneries, parfois des coquilles Saint-Jacques,
congelées également et très bon marché.
Les poissons séchés, enveloppés dans une
feuille de papier journal (voblas), se consomment
souvent dans la rue avec une bonne bière russe
ou un verre de vodka. Certains poissons fumés
sont excellents (saumon ou esturgeon).
120 Æ cuisine Russe
© ANA NEVENKA – ICONOTEC
elles vous sont proposées encore chaudes, à
la campagne, sur les bords des routes (koupi
rakov, « achète des écrevisses »).
Non seulement elles sont délicieuses, mais leur
prolifération dans les rivières russes prouve
que certains cours d’eau sont ici moins pollués
que chez nous.
Caviar (
Écrevisses (
)
Les nombreuses rivières fournissent à foison ces
délicats crustacés d’eau douce. On les pêche à
partir de juin, début de la saison de reproduction,
et on en trouve facilement pendant tout l’été.
Rapportées toutes fraîches par les pêcheurs
occasionnels, et grillées aussitôt avec de l’aneth,
)
Abandonnez l’espoir d’en trouver de l’excellent
à bas prix ! Mais gardez deux exigences
cependant : un emballage de verre et une date
de mise en boîte pas trop ancienne (la diffusion
étant restreinte, de vieilles boîtes stationnent en
attendant preneur). Moyennant ces précautions,
vous pourrez rapporter à vos amis un cadeau
peu coûteux mais dont la réception apporte
plus de plaisir que la dégustation proprement
dite : trop pressé, pâteux et fade. Par ailleurs,
on trouve à Moscou du très bon caviar destiné
à l’exportation, à des prix proches des prix
français.
Au restaurant, il vaudrait mieux ne pas confondre
caviar rouge (
, krasnaïa ikra, les
œufs de saumon) et caviar noir (
,
tchiornaïa ikra, œufs d’esturgeon).
Indiqués sous la même dénomination sur les
cartes : « ikra » (
). Le caviar noir provient
de trois catégories de poissons : le meilleur, le
bélouga (
), l’ossetrina (
) et le
sevrouga (
).
Repas
Plats (
)
wwSolianka (
). On désigne par ce terme
tout ce qui ressemble à une choucroute ou à une
soupe au chou. Le chou est la base de nombreux
plats russes, dont une choucroute spécifique au
pays. Les saucisses et le chou cuisant ensemble
lui donnent une saveur inoubliable. Demandez
donc à vos amis russes de cuisiner pour vous
ce plat succulent et simple à préparer.
wwSiliodka ( ë ). Une entrée traditionnelle,
aussi courante que chez nous : des harengs
à l’huile, agrémentés d’oignons crus, mais
pas toujours servis avec des pommes tièdes.
Le must en la matière est un plat superbe,
de couleur violette, appelé siliodka pod
chouboï, « les harengs sous un manteau de
fourrure » : il s’agit de harengs que recouvrent
de nombreuses couches de légumes (pommes
de terre, betteraves rouges, etc.), la betterave
colorant en violet la mayonnaise qui nappe ce
plat délicieux.
wwSalades (
). Elles sont souvent très
appétissantes et joliment présentées. Les
plus classiques sont à base de viande (bœuf,
poulet), carottes, pommes, œufs durs et de
l’indispensable mayonnaise. A propos, si vous
voulez épater vos amis russes, la préparation
d’une mayonnaise à la main suscite toujours
beaucoup d’admiration. On prépare aussi de
nombreuses salades de légumes et crudités,
composées de concombres, tomates, oignons
frais, betteraves, et assaisonnées à la crème
fraîche. Le terme de « vinaigrette » sur une carte
de restaurant n’indique pas un assaisonnement
mais une salade composée qui ressemble à
notre macédoine de légumes.
wwChachlik (
). Bien que cette recette
de brochettes de porc vienne du Caucase, elle
fait désormais partie intégrante des menus
russes. Dès les beaux jours, l’un des grands
plaisirs est de faire mariner la viande et d’aller
à la campagne la faire griller entre amis. Sur les
marchés, les vendeurs caucasiens proposent
cuisine Russe √ 121
On fait blanchir les feuilles de kapousta (chou)
et on les garnit d’un mélange de viande de bœuf
hachée crue, d’oignons, de riz, et on ferme.
Les petits paquets ainsi obtenus sont cuits à la
vapeur ou au bain-marie, et se dégustent avec
de la crème fraîche.
wwKotlety po kievski (
).
Du blanc de poulet pané en forme de pilon,
avec au centre une noisette de beurre, le
tout recouvert de chapelure. Les morceaux
peuvent être servis avec ou sans os.
A essayer… Un petit conseil : pour percer la
panure avec votre couteau, choisissez le côté
du morceau et non le dessus. Les geysers
d’huile sont fréquents.
Soupes (
)
Fumantes en hiver et rafraîchissantes en été,
elles sont une composante indispensable du
repas et souvent le plat unique pour la majorité
des Russes. La soupe au riz et aux pommes de
terre ou les simples bouillons de poulet ou de
bœuf (toujours parfumés avec des oignons, des
carottes, de l’aneth et du persil que l’on retire
de la casserole après la cuisson) sont servis
avec des pirojki. Des mets très appréciés en
hiver pour lutter contre le froid.
wwBorchtch (
). Qu’il soit ukrainien ou
russe, c’est une spécialité à goûter absolument.
Une soupe à base de bouillon de bœuf, chou,
carottes, betteraves, pommes de terre, oignons,
laurier, persil et aneth. Une cuillère de crème
fraîche juste avant la dégustation adoucit le
borchtch et le rend plus onctueux. La variante
végétarienne est également très bonne. Comme
beaucoup de plats, le borchtch est encore
meilleur le lendemain.
wwChtchi ( ). C’est la soupe au chou, un
grand classique qu’il faut goûter au moins une
fois. Le chou est longuement lavé, pas du tout
agressif au goût et la soupe est agréablement
aromatisée.
wwOukha ( ). Les Russes ont aussi leur
soupe de poisson, accompagnée de pommes
de terre et parfumée de laurier. En été, essayez
les traditionnelles soupes froides, un délice…
wwOkrochka (
). On fait aussi une
délicieuse soupe d’été avec le kvas : coupez
menu des pommes de terre préalablement
cuites et épluchées et mettez-les dans un grand
plat creux. Ajoutez en vrac et coupez en petits
morceaux : des concombres, des radis, de
l’aneth cuit, des oignons, puis ce qui vous reste,
du jambon, du saucisson, des saucisses…
Arrosez le tout de kvas, tournez avec une cuillère
de crème et bon appétit !
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
des mélanges d’épices spéciaux (et divins !)
pour la marinade. Ajoutez des oignons, des
quartiers de tomates, le jus d’un citron, pressez
la viande (un poids sur le couvercle suffit),
laissez reposer et vous pouvez commencer
votre « chachlik party ». Il existe une multitude
de préparations et les Russes seront ravis de
vous en faire partager les subtilités.
wwPelmeni (
). L’un des standards de
la cuisine russe, ces sortes de gros raviolis cuits
traditionnellement à la vapeur sont à l’origine
un plat sibérien que l’on trouve également
dans la cuisine chinoise. Mouton, porc, bœuf,
champignons, pommes de terre, c’est la
qualité de la farce qui fait toute la différence
d’un pelmeni à l’autre. Les supermarchés
en proposent au rayon des surgelés. Dans
les restaurants, ils sont hélas souvent
cuits dans l’eau, ce qui ôte de leur saveur.
Ils sont presque toujours accompagnés de
crème fraîche.
wwKasha (
). La kasha est une bouillie
d’avoine, sucrée ou salée, de sarrasin ou de
semoule de blé, avec du lait. C’est un plat
modeste et digeste, souvent réservé aux
enfants, mais que l’on trouve fréquemment
dans l’alimentation quotidienne des Russes.
La plus courante est la kasha de sarrasin, la
gretchka, qui est servie en accompagnement.
Sa préparation se fait traditionnellement non
à l’eau, mais au lait et nécessite des heures
de repos pour que les grains gonflent bien. Le
goût de la gretchka désarçonne souvent les
étrangers, surtout lorsqu’elle leur est servie au
petit déjeuner… Reste que ce plat est excellent
pour la santé. Accompagné de petits légumes,
c’est même un plat à la fois nourrissant et
hautement diététique.
wwPirojki (
). Beignets de pâte brisée,
farcis généralement à la viande mais délicieux
également en version sucrée : à la confiture, à
la compote, aux pommes. Parmi les classiques,
la composition œuf-chou est excellente et les
pirojki aux pommes de terre ne sont pas mal
non plus. On peut les acheter dans la rue à des
babas qui arrondissent ainsi leurs fins de mois.
wwPlov (
). Le plov, lorsqu’il est « à la
russe », est simplement un plat de riz ou de
graines de sarrasin (cuites dans très peu d’eau),
qui accompagne différents plats de bœuf en
sauce.
wwGaloubtsy (
). Les galoubtsy,
ou dolma, sont originaires des anciennes
Républiques du Sud de l’ex-URSS. Les feuilles
de chou remplacent les traditionnelles feuilles
de vigne, que l’on peut tout de même trouver sur
les marchés, conservées dans de l’eau salée.
© VLADIMIR V. GEORGIEVSKIY / SHUTTERSTOCK.COM
122 Æ cuisine Russe
Paska, gâteau de Pâques russe.
Fromages (C )
Desserts (
wwTvorog (
). Fromage d’accompagnement
un peu fade, qui ressemble à la brousse et garnit
habituellement les blini ou les pirojki. Lorsqu’il est
consommé seul, il peut être salé (avec de l’ail, des
oignons frais et de l’aneth), ou bien sucré (avec
des raisins secs, du miel et de la confiture). C’est
ainsi que vous trouverez en Russie du fromage
au chocolat (syrok) !
wwA part le tvorog, les Russes sont de grands
consommateurs de fromages à pâte cuite et
tous d’origine industrielle. L’un des moins chers
et des moins fades est le kolbassny syr, un
fromage fumé en forme de saucisson, vestige
de la gastronomie soviétique.
wwSmetana (C
). Accompagnement
quasi obligatoire des pelmeni, du borchtch et
de poissons fumés, la smetana est une crème
fraîche aigre, beaucoup moins fade que sa
lointaine cousine normande.
Le dessert n’est absolument pas une spécialité
russe. Pour être agréables aux touristes qui
y sont habitués, les restaurants proposent
souvent à la fin du repas une coupe de glace à
la vanille (deux boules), saupoudrée de chocolat
râpé, ou des gâteaux industriels douteux. Si
vous tenez absolument à terminer sur du
sucré, mieux vaut en rester au bon vieux blini
à la confiture. Toutes sortes de viennoiseries,
sucrées et salées, sont vendues dans les rues.
Pour un petit creux, les brioches au pavot
sont idéales.
wwPrianiki (
). Ce sont de petits pains
d’épices fourrés à la confiture et recouverts
d’un nappage en sucre. Comme les bonbons,
on peut les acheter au poids.
wwTort (
). Ce n’est pas une tarte mais
un gâteau très sucré à base de crème au
beurre et d’une pâte en biscuit, souvent si
bien décoré que l’on jurerait qu’il est en carton.
Le thé est plus que conseillé pour aider à le
faire passer !
wwBoublik (
). V iennoiseries,
biscuits. Des biscuits salés et croquants
en forme d’anneau, très appréciés, et que
l’on trouve sur les marchés ou aux abords
des kiosques, avec d’autres spécialités de
même type.
Pain (
)
Deux sortes de pain sont généralement
proposés : le pain blanc (batone) et le pain noir
(tchiorny khleb). Aliment de base, le pain russe,
surtout le noir, est bien souvent excellent. Un
peu acide, parfois épicé ou même légèrement
sucré, le pain se décline en multiples recettes et
le choix est beaucoup plus large qu’en France.
)
cuisine Russe √ 123
Alcools et boissons
)
Bière (
)
C’est une boisson très répandue et qui se boit
en toute occasion. Les étrangers sont parfois
surpris de voir des jeunes filles boire à même la
bouteille et en pleine rue des bières d’un demilitre. Etrangères ou russes, on les trouve (les
bières) toutes dans les kiosques ou magasins
traditionnels. À noter qu’une récente loi interdit
aux kiosque la vente d’alcool après 23h. A table,
la bière ne détrône pas la vodka, mais peut la
remplacer en accompagnant certains plats
spécifiques, notamment un poisson salé, le vobla,
qu’on assomme et qu’on frappe sur la table pour
l’attendrir un peu car il est très sec de nature. Il se
consomme habituellement dans les profondeurs
des tavernes, où il n’y a que des hommes, et
où une femme vertueuse n’aurait pas l’idée
d’entrer. La bière courante est souvent blonde
et légère, ce qui permet d’en boire de grosses
quantités. Certaines marques produisent des
bières blanches ou ambrées fort sympathiques.
)
Pour les grandes occasions, la Russie a son
champagne qui est resté « soviétique » (sovietskoïé champagnskoïé), une sorte de mousseux
dont le prix peu élevé explique en partie qu’on
en abuse. Servi pour les grandes occasions
(anniversaires, fêtes…), ce mousseux est tout à
fait acceptable et sa version douce accompagne
très bien les pâtisseries.
Vin (
DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE
Champagne (
(Khvanchkara –
– et Kinzmaraouli
–
– les préférés de Joseph Staline)
et les cognacs d’Arménie sont également populaires en Russie. Attention aux contrefaçons des
vins géorgiens dès lors qu’ils sont bizarrement peu
chers. A cette réserve près, les vins géorgiens,
gorgés de soleil et correctement vinifiés, vous
offriront d’agréables surprises. Evitez les vins
moldaves ou russes, qui sont souvent additionnés
d’éléments chimiques peu recommandables et
vous assureront une belle « casquette en plomb ».
Préférez les vins chiliens, souvent de bon rapport
qualité-prix. On trouve aussi des vins français et
italiens dans les magasins, au cas où la nostalgie
vous gagnerait…
© STÉPHANE SAVIGNARD
Vodka (
Bien sûr ! Les Russes en usent et en abusent, au
point que l’un des premiers actes politiques de
Gorbatchev, en 1985, pour remettre le pays au
travail, avait été de promulguer des lois limitant
la vente de la vodka et autres alcools. Mais il n’y
gagna qu’impopularité et dut très vite en venir à
l’évidence que prohibition et Russie ne font pas
bon ménage. La vodka, faite à partir du blé ou de
la pomme de terre, est généralement de qualité
honnête et souvent peu chère. Les plus raisonnables se contentent d’un ou deux verres par repas
(des petites doses de 5 cl environ), mais quand la
fête bat son plein, les toasts et les dégustations
ne se comptent plus. En Russie, la vodka est
présente à chaque moment de la vie, et même
au-delà puisque l’un des rites funéraires prévoit
de placer à table une assiette et un verre de vodka
à l’intention du défunt. De même au cimetière, où
l’on installe, à côté de la tombe visitée, une petite
table, une chaise, avec quelques parts de gâteau et
deux verres de vodka, pour permettre aux proches
de se sentir moins accablés. La vodka fournit
également l’un des cocktails favoris des Russes :
on y met des fruits à macérer (cassis, citron,
etc.) qui donnent un goût parfumé au breuvage.
La vodka de Vladimir, fabriquée sous la marque
Prince d’Argent, est délicatement parfumée et très
agréable. La Stolitchnaïa et la Moskovskaïa sont
en principe les plus pures, encore qu’il faille être
bien sûr de leur provenance. Les bouteilles doivent
sortir de l’usine Kristall, gage de qualité. Le must
reste la Rousski Standart. Pour la boire comme
les Russes, il faut la boire cul sec, et non pas par
petites gorgées comme le font les touristes. C’est
de cette manière, et sans la mélanger au cours du
repas avec une autre boisson alcoolisée, qu’elle
est la plus efficace. Pour éviter d’être malade, il
faut toujours manger en buvant, même si vous
n’avez pas faim.
)
Le vin est de plus en plus consommé en Russie,
surtout dans les lieux branchés, mais il est
rarement de qualité. Comparativement, il est
plus cher que la vodka. Les vins de Géorgie
Bière de Sibérie
124 Æ cuisine Russe
Kephir (
)
Cette boisson à base de petit-lait fermenté est
très populaire et appréciée pour les multiples
vertus qu’on lui prête, même si les novices la
trouvent aigre. Essayez le kephir Danone, moins
abrupt pour un palais occidental. C’est un régal !
Kvas (
)
Breuvage typiquement russe à base… de jus
de pain rassis. A mi-chemin entre le cidre et
le Coca-Cola suivant les préparations, le kvas
est très désaltérant et, paraît-il, excellent pour
la santé. L’été, il sert à la préparation d’une
délicieuse soupe froide appelée okrochka.
Thé (
)
Très répandu et très consommé dans toute
la Russie. Pourtant, vous aurez sans doute
beaucoup de difficulté à trouver du vrai thé russe
au goût particulier, puissant et un peu fumé.
Non seulement dans les hôtels, mais même
dans les boutiques où, malgré l’emballage et
l’inscription en russe, il vient, à 90 %, d’Inde
ou de Ceylan. Ce n’est pas dramatique puisqu’il
est assez bon, mais les intransigeants de la
couleur locale risquent d’être déçus. Le thé
« russe » qui n’est pas d’importation est celui
de Géorgie (grouzinski tchaï) ou de Krasnodar
(krasnodarski tchaï), pas très bon. Faites les
boutiques avec un Russe, si vous voulez avoir
une chance de dénicher de l’authentique et
en rapporter. Traditionnellement, on sirotait
le thé à travers un morceau de sucre gardé
dans la bouche ou bien on l’accompagnait
de quelques cuillères de confiture (varienié).
Dans tout foyer russe digne de ce nom, un
samovar était gardé constamment sur le feu
afin d’avoir à tout moment de l’eau bouillante
pour le thé. Pour plus d’informations sur le sujet,
référez-vous à tous les bons vieux classiques
russes. Ironie de l’histoire, la grande maison
de thé Kouzmitchiov a quitté le pays pour Paris
au moment de la révolution. A la bergamote,
parfumés aux agrumes et aux épices, ce sont
certainement les meilleurs thés russes, mais
on ne les trouve pas en Russie !
Eau minérale
(
)
Fortement conseillée plutôt que l’eau du robinet,
dont l’absorption est à proscrire pour éviter toute
mauvaise surprise (quelques petites douleurs,
gastro-entérite, ou, au pire, hépatite). Les
marques locales sont nombreuses et de bonne
qualité. Mais les marques occidentales sont
chères. Parmi les eaux minérales gazeuses
courantes, si vous les aimez pétillantes, choisissez la Borjomi, du nom d’une ville de Géorgie.
Cette source importante arrose de son eau en
bouteille toute la Russie.
Recettes
Borchtch (
)
Faites bouillir, pendant une heure et quart
environ, des morceaux de bœuf de bonne
qualité. Pendant ce temps, dans un peu de
bouillon de viande, faites cuire des carottes
et une betterave râpées, et un peu de lard si
vous le désirez. Au bout d’une demi-heure,
ajoutez dans la casserole avec la viande, un
chou coupé menu et, une dizaine de minutes
plus tard, quelques pommes de terre coupées
en morceaux et un oignon entier. Un quart
d’heure avant la fin de la cuisson, rajoutez les
carottes et les betteraves râpées que vous avez
déjà fait cuire séparément. Enlevez l’oignon et
rajoutez, une minute avant la fin de la cuisson,
de l’aneth et du persil hachés. Consommez ce
borchtch avec de la crème fraîche.
Pelmeni (
)
Pour faire la pâte, prenez un kilo de farine
tamisée, dans laquelle vous allez incorporer
petit à petit un œuf (ou deux), du sel et de l’eau.
Travaillez la pâte pendant une dizaine de minutes
jusqu’à ce qu’elle ne colle plus aux doigts et
soit bien élastique. Pour la farce, hachez de la
viande de bœuf et de la viande de porc, salez,
poivrez et ajoutez à volonté persil, ail, oignons…
Si vous ne possédez pas l’ustensile indispensable qu’on trouve chez toutes les bonnes
ménagères russes et qui permet de fabriquer
une trentaine de pelmeni à la fois, vous devrez
les confectionner à la main.
Avec un rouleau à pâtisserie, étalez la pâte
jusqu’à ce qu’elle soit très fine et découpez
des cercles avec un verre à moutarde renversé.
Au centre de chaque cercle, placez une petite
quantité de farce et refermez dessus la pâte
en formant une sorte de petit croissant que
vous farinez. Vous pouvez engager toute la
famille pour cette étape, surtout si vous manquez
d’expérience. Les pelmeni se congèlent très facilement (ils doivent être bien farinés pour ne pas
coller), vous pouvez donc en faire une centaine
d’avance ! Ensuite, jetez-les dans l’eau bouillante
salée avec quelques feuilles de laurier ; ils sont
cuits dès qu’ils remontent à la surface (au bout
de 4 ou 5 min). Selon votre goût, mangez-les
avec de la crème et du vinaigre ou au beurre.
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