Les peuples paléosibériens
Transcription
Les peuples paléosibériens
LA VERSION COMPLETE DE VOTRE GUIDE RUSSIE 2016 en numérique ou en papier en 3 clics à partir de 9.99€ Disponible sur EDITION Directeurs de collection et auteurs : Dominique AUZIAS et Jean-Paul LABOURDETTE Auteurs : Caroline GAUJARD-LARSON, Oxana PUSHKAREVA, Benoît BOUET, Jean-Paul LABOURDETTE, Dominique AUZIAS et alter Directeur Editorial : Stéphan SZEREMETA Responsable Editorial Monde : Patrick MARINGE Rédaction Monde : Caroline MICHELOT, Morgane VESLIN, Pierre-Yves SOUCHET et Leena BRISACQ Rédaction France : François TOURNIE, Talatah FAVREAU et Bénédicte PETIT FABRICATION Responsable Studio : Sophie LECHERTIER assistée de Romain AUDREN Maquette et Montage : Julie BORDES, Élodie CLAVIER, Sandrine MECKING, Delphine PAGANO et Laurie PILLOIS Iconographie et Cartographie : Audrey LALOY WEB ET NUMERIQUE Directeur Web : Louis GENEAU de LAMARLIERE Directeur technique : Lionel CAZAUMAYOU Chef de projet et développeurs : Jean-Marc REYMUND, Cédric MAILLOUX, Florian FAZER et Anthony GUYOT Community Manager : Cyprien de CANSON DIRECTION COMMERCIALE Directrice des Régies : Caroline CHOLLET Responsable Régies locales : Michel GRANSEIGNE Relation Clientèle : Vimla MEETTOO et Sandra RUFFIEUX Chefs de Publicité Régie nationale : Caroline AUBRY, François BRIANCON-MARJOLLET, Perrine DE CARNE MARCEIN, Caroline GENTELET, Florian MEYBERGER et Caroline PREAU REGIE INTERNATIONALE Chefs de Publicité : Jean-Marc FARAGUET, Guillaume LABOUREUR assistés d’Elisa MORLAND Régie Russie : Oxana PUSHKAREVA DIFFUSION ET PROMOTION Directrice des Ventes : Bénédicte MOULET assistée d’Aissatou DIOP et Alicia FILANKEMBO Responsable des ventes : Jean-Pierre GHEZ assisté de Nathalie GONCALVES Relations Presse-Partenariats : Jean-Mary MARCHAL ADMINISTRATION Président : Jean-Paul LABOURDETTE Directeur Administratif et Financier : Gérard BRODIN Directrice des Ressources Humaines : Dina BOURDEAU assistée de Sandra MORAIS et Vianney LAVERNE Responsable informatique : Pascal LE GOFF Responsable Comptabilité : Valérie DECOTTIGNIES assistée de Jeannine DEMIRDJIAN, Oumy DIOUF et Christelle MANEBARD Recouvrement : Fabien BONNAN assisté de Sandra BRIJLALL Standard : Jehanne AOUMEUR n PETIT FUTE RUSSIE 2016 n Petit Futé a été fondé par Dominique AUZIAS. Il est édité par Les Nouvelles Editions de l’Université 18, rue des Volontaires - 75015 Paris. & 01 53 69 70 00 - Fax 01 42 73 15 24 Internet : www.petitfute.com SAS au capital de 1 000 000 E RC PARIS B 309 769 966 Couverture : © Semenova Jenny Impression : IMPRIMERIE CHIRAT 42540 Saint-Just-la-Pendue Dépôt légal : 09/02/2016 ISBN : 9782746992757 Pour nous contacter par email, indiquez le nom de famille en minuscule suivi de @petitfute.com Pour le courrier des lecteurs : [email protected] ! Bienvenue en Russie ! Depuis quatre siècles, la Russie est le plus grand pays du monde. En envahissant les terres tatares et sibériennes, les tsars puis les soviets conquirent et occupèrent un empire immense, réunissant la chrétienté, l’islam et le bouddhisme, la steppe et la taïga, les mers du sud et les déserts glacés.Un pays aux deux continents, qui s’incarne tout entier dans un marché coloré telle une toile de Kandinsky : fourrures de Sibérie, fruits du Caucase, poissons de la Caspienne et icônes de Novgorod composent cette fresque de la Russie, diverse jusqu’au vertige, unie pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur à Kazan, dont le kremlin renferme une mosquée et une cathédrale orthodoxe. Le meilleur à Moscou, capitale de la démesure dont les soirées durent jusqu’au petit matin. Le meilleur à Saint-Pétersbourg avec ses nuits blanches, ces jours de juin où le soleil refuse de se coucher, admirant son image reflétée par les façades des palais. Le meilleur des arts au Bolchoï, à l’opéra de Novossibirsk ou de Perm où vibrent pour un soir et pour toujours, les musiques de Tchaïkovski, les vers de Pouchkine et les tirades de Tchekhov.Le meilleur du voyage avec le Transsibérien, apnée de 6 jours et 7 nuits dans un véritable océan de terres qui unit les plages de la Baltique à celles de la mer du Japon. Le meilleur de la nature aussi : sur Olkhon, la plus grande île du lac Baïkal, auprès du volcan Avantchinskyi, sur la presqu’île du Kamtchatka ou dans les méandres de la Volga qui s’écoule, immuable, au pied d’une église aux murs blanchis à la chaux.Le meilleur de l’homme enfin, dans toute sa diversité : cérémonies chamaniques à Touva, danses caucasiennes, parties de pêche à travers la glace. Mais aussi unie pour le pire, dans les villes de Tchétchénie détruites par la guerre, devant les monuments aux morts de la Seconde Guerre mondiale ou dans le trop frêle musée du Goulag de Perm. Mais la Russie, après 70 ans de nuit soviétique, a soif de vie : tout au nord, sur les îles Solovki transformées en camp par les bolchéviques, les moines ont repris possession de leur monastère. Des fidèles ont traversé la mer Blanche pour y fêter Pâques. S’avançant pieusement vers l’église, la procession accomplit le lent cheminement de la Russie vers son salut : dévouée jusqu’à l’irrationnel, mystique pour l’éternité. L’équipe de rédaction IMPRIMÉ EN FRANCE Sommaire nw INVITATION AU VOYAGE n Les plus de la Russie ..................................9 Fiche technique ........................................ 10 Idées de séjour ........................................ 13 Séjours courts : 1 semaine à 10 jours ......... 13 Séjours longs : 2 à 3 semaines ................... 16 Séjours thématiques ................................... 18 Comment partir ? .................................... 19 Partir en voyage organisé ........................... 19 Partir seul ................................................... 31 Séjourner.................................................... 32 nw DÉCOUVERTE n La Russie en 30 mots-clés ....................... 36 Survol de la Russie ................................. 46 Géographie ................................................. 46 Climat......................................................... 48 Environnement – écologie .......................... 50 Parcs nationaux .......................................... 50 Faune et flore ............................................. 51 Histoire ................................................... 52 Politique et économie ...............................76 © LEXAN - SHUTTERSTOCK.COM Politique ..................................................... 76 Économie ................................................... 77 Transsibérien. Population ............................................... 80 Les peuples slaves ..................................... 80 Les peuples caucasiens .............................. 80 Les peuples mongols .................................. 83 Les peuples ougriens.................................. 84 Les peuples paléosibériens ou hyperboréens......................................... 85 Les peuples samoyèdes ............................. 86 Les peuples toungouses ............................. 87 Les peuples turcs ....................................... 87 Mode de vie ............................................. 89 Vie sociale .................................................. 89 Religion ...................................................... 91 Arts et culture ........................................ 94 Architecture ................................................ 94 Artisanat..................................................... 94 Cinéma ....................................................... 96 Littérature .................................................. 99 Médias ..................................................... 104 Musique ................................................... 106 Peinture .................................................... 109 Festivités..................................................111 Cuisine russe ..........................................118 Produits caractéristiques .......................... 118 Repas ....................................................... 120 Alcools et boissons ................................... 123 © MAKARENKO7 - SHUTTERSTOCK.COM Recettes ................................................... 124 Jeux, loisirs et sports............................ 126 Disciplines nationales ............................... 126 Activités à faire sur place.......................... 126 Enfants du pays ......................................128 nw MOSCOU n Moscou .................................................. 134 Quartiers .................................................. 136 Se déplacer .............................................. 140 Pratique.................................................... 145 Se loger .................................................... 148 Se restaurer ............................................. 152 Sortir ........................................................ 160 À voir – À faire.......................................... 166 Shopping .................................................. 205 Sports – Détente – Loisirs ........................ 210 Environs de Moscou ...............................212 Ouest de Moscou...................................... 212 Nord de Moscou ....................................... 219 Sud de Moscou......................................... 221 nwANNEAU DOR n Serguiev-Possad et Alexandrov ............. 226 Serguiev-Possad....................................... 226 Alexandrov ............................................... 233 Ivanovo..................................................... 235 Villes princières ................................... 235 Souzdal .................................................... 237 Vladimir .................................................... 245 Iouriev-Polski............................................ 254 Villes champêtres ................................. 256 Rostov-Le-Grand ...................................... 256 Borissoglebski ......................................... 265 Pereslavl-Zalesski .................................... 267 Ouglitch .................................................... 273 Le long de la Volga ..................................273 Mychkine.................................................. 279 Iaroslavl.................................................... 280 Kostroma .................................................. 288 Vue sur les Sept Sœurs de Moscou. nw SAINT-PÉTERSBOURG n Saint-Pétersbourg................................. 298 Histoire ..................................................... 299 Quartiers .................................................. 304 Se déplacer .............................................. 310 Pratique.................................................... 316 Se loger .................................................... 318 Se restaurer ............................................. 322 Sortir ........................................................ 327 À voir – à faire .......................................... 332 Shopping .................................................. 360 Sports – Détente – Loisirs ........................ 363 Environs de Saint-Pétersbourg ............. 364 Pouchkine / Tsarskoye Selo ...................... 364 Pavlovsk ................................................... 368 Petrodvorets ............................................. 371 Lomonossov ............................................. 375 Gatchina ................................................... 375 Repine ...................................................... 375 Kronstadt.................................................. 376 repérez les meilleures visites intéressant Remarquable Immanquable Inoubliable nw NORD-OUEST n Région de Vologda ..................................378 Vologda .................................................... 378 Carélie .................................................. 385 Petrozavodsk ............................................ 385 Île de Kiji .................................................. 387 Îles Solovki ............................................... 389 Mourmansk et la péninsule de Kola....... 392 Mourmansk .............................................. 393 Apatity ...................................................... 396 Kirovsk ..................................................... 397 Ouest de la Russie Européenne.............. 398 Smolensk ................................................. 398 Pskov ....................................................... 400 Novgorod .................................................. 403 Enclave de Kaliningrad .......................... 405 Kaliningrad ............................................... 405 Yantarny ................................................... 410 nw RÉGION DE LA VOLGA n Kazan ....................................................... 418 Saransk .................................................... 424 Samara .................................................... 425 Volgograd ................................................. 428 Elista ........................................................ 429 Astrakhan ................................................. 432 Croisière sur la Volga ........................... 435 Canal de Moscou ...................................... 435 D’ouglitch à Iaroslavl ................................ 436 Voie Navigable Volga-Baltique................... 444 De Kiji à Saint-Pétersbourg ....................... 447 nw CAUCASE ET MER NOIRE n Rostov et la steppe de Kouban............... 452 Rostov-sur-le-Don .................................... 454 Azov ......................................................... 460 Krasnodar ................................................. 460 Côte de la Mer Noire ............................. 464 Novorossiysk ............................................ 464 Sotchi ....................................................... 466 Adler ........................................................ 472 Caucase russe .......................................473 Nizhnyi Novgorod ..................................... 412 Tcheboksary ............................................. 417 Kislovodsk ................................................ 473 Essentuki.................................................. 476 © KATVIC - SHUTTERSTOCK.COM. Région de la Volga ..................................412 Paysage du Lac Baïkal en hiver. © ANTON_IVANOV - SHUTTERSTOCK.COM. Piatigorsk ................................................. 477 Naltchik .................................................... 481 Ossétie du Nord, Ingouchie, Tchétchénie, Daghestan ................................................ 482 nw OURAL n Ekaterinbourg et sa région ................... 488 Ekaterinbourg ........................................... 488 Tcheliabinsk et sa région ...................... 500 Tchelyabinsk ............................................ 500 Magnitogorsk ........................................... 502 Perm et sa région ................................. 503 Perm ........................................................ 503 Koungour .................................................. 506 Oufa et la république de Bachkirie .........507 Oufa ......................................................... 507 nw SIBÉRIE ET EXTRÊME- ORIENT RUSSE n Transsibérien.........................................512 Histoire du Transsibérien........................... 514 Organiser son voyage ............................... 518 Itinéraire du Transsibérien......................... 520 Conseils Pratiques .................................... 525 Voyager dans le Transsibérien................... 526 Sibérie occidentale ............................... 530 Novossibirsk ............................................. 530 Barnaoul ................................................... 541 République de l’Altaï ................................. 543 Tomsk ...................................................... 546 Sibérie orientale ................................... 548 Kraï de Krasnoïarsk .................................. 548 Croisière sur L’ienisseï .............................. 554 République de Touva................................. 561 Irkoutsk .................................................... 563 Le Lac Baïkal ............................................ 568 République de Bouriatie............................ 572 Oblast de Tchita........................................ 575 Extrême-Orient russe.............................576 République Autonome de Yakoutie ............ 576 Kraï de Khabarovsk................................... 582 Kraï du Primorie........................................ 586 Kraï du Kamtchatka .................................. 590 Oblast de Sakhaline .................................. 593 Cathédrale Saint-Sauveur-sur-leSang-Versé de Saint-Pétersbourg. nw PENSE FUTÉ n Pense futé ............................................. 598 Argent ...................................................... 598 Assurances............................................... 601 Bagages ................................................... 601 Décalage horaire ...................................... 602 Électricité, poids et mesures ..................... 602 Formalités, visa et douanes ...................... 602 Horaires d’ouverture ................................. 605 Internet..................................................... 606 Jours fériés .............................................. 606 Langues parlées ....................................... 607 Poste ........................................................ 608 Quand partir ? .......................................... 608 Santé........................................................ 608 Sécurité et accessibilité ............................ 611 Téléphone ................................................ 613 Sinformer ............................................. 616 À voir – À lire ............................................ 616 Avant son départ ...................................... 617 Magazines et émissions ........................... 617 Rester .................................................... 618 Étudier...................................................... 618 Investir ..................................................... 620 Travailler – Trouver un stage ..................... 620 Index ...................................................... 621 6 La Russie OCEAN ARCTIQUE Spitzberg MER DE NORVEGE Norvège Terre François-Joseph OSLO Suède NouvelleZemble MER DE Mourmansk STOCKHOLM BARENTS Fi n l a n d e Prequ’Île de Kola Dikson 1 HELSINKI Estonie Lettonie MER DE KARA Kaliningrad Lac Ladoga Petrozavosk Arkhangel'sk Lac Onega Narian Mar Cer cle Novgorod po lair Vorkhouta ea rtiq ue Novyi Port 1895 Gora Narodnaya BIELORUSSIE Vologda Smolensk Dvina Rybinsk MOSCOU KIEV Koursk 5 3 Kazan Simbirsk Rostov Tsimlyanskoye Vodokhranilishche 10 9 11 12 14 13 15 16 Tioumen Samara Orenbourg Tobolsk Oufa 8 Astrakhan MER CASPIENNE BAKOU Turkménistan Iénisseïsk Ir t y ch Tcheliabinsk Tomsk Omsk Azerbaïdjan TEHERAN Kolpatchevo Iekaterinbourg Volgograd Elbrous 5642 Géorgie Nijne Vartovskoïe Perm Ob lga Vo O C C I D E N TA L E 7 Ijevsk 6 Saratov Mer d'Azov MER NOIRE 4 Saransk Ukraine SIBERIE Nijni Novgorod Riazan Doudinka Norilsk Tazovskoïe Syktyvkar OU RAL MINSK Oust Port 2 Iénisseï St Petersbourg Lituanie Novosibirsk Kazakhstan Barnaoul ASTANA REPUBLIQUES AUTONOMES 11- Karatchaevo-Tcherkessie 1- Carélie 12- Kabardino-Balkarie 2- Komi 13- Ossétie du Nord 3- Mordovie 14- Ingouchie 4- Tchouvachie 15- Tchetchenie OuzbŽkistan 5- Mari-El 16- Daghestan 6- Tatarstan 17- Altaï 7- Oudmourtie 18- Khakassie Ouzbékistan 8- Bachkirie 19- Touva 9- Kalmoukie 20- Bouriatie 10- Adyghée 21- Yakoutie-Sakha Kirghizstan Iran Tadjikistan 17 18 4506 7 ro Dt it d Providenia eB ng éri Vankarem l’A na d yr I. Wrangel MER DE SIBERIE ORIENTALE Tcherski SKI Ghijiga o skog MER DES LAPTEV Pr it il'k vV oli MER DE BERING ORIAK MLONTS K Iles de la Nlle-Sibérie Severnaya Zemlya (Terre du Nord) Anadyr Ozero Krasnoye SIBERIE Tiksi Nordvik 3003 ATK TCH K AM Presqu’Île de Taïmyr O R I E N TA L E 4750 A Khatanga 21 PetropavlovskKamchatskiy Magadan Olenek Ligansk P L AT E AU D E S I B E R I E C E N T R A L E Viliouïsk Tura Okhotsk MER D'OKHOTSK Yakoutsk Olekminsk Aldan iv rol iy P rsk Ï AB LO NO VY Ioujnoo-Sakhalinsk Komsomolsk Am ou r Takhtamygda SI Oust Kout Khabarovsk Blagoveshchensk MO NT Bratsk 20 Krasnoyarsk Lac Bakal Tchita Angarsk 19 Tymovskoïe ta Ta se erreu Toungousk aP i Angara Sakhaline Nikolaïevsk Irkoutsk Oulan-Oudé Lac Khanka Zabaïkalsk Vladivostok Kyzyl Nakhodka MER DU Chine OULAN-BATOR Corée du Nord Mongolie JAPON PYONGYANG SEOUL Corée du Sud PEKIN 0 200 km Ja p o n © MORDOLFF - ISTOCKPHOTO 8 © DMITRY SERBIN – ISTOCKPHOTO Le musée historique d'État, la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux, la Place Rouge et le Kremlin. © S.BORISOV - SHUTTERSTOCK.COM Baie de Tikhaya, île de Sakhaline. Palais de Peterhof, Saint-Pétersbourg. Les plus de la Russie Des paysages variés et inexplorés Étendue sur 3 000 kilomètres du nord au sud et sur 8 000 kilomètres d’est en ouest, la Russie offre une grande variété de paysages et de climats. Au nord, la ville de Mourmansk se trouve à la limite du cercle polaire arctique. Au sud, la ville d’Astrakhan est baignée par la mer Caspienne qui la relie à l’Iran. A l’ouest, l’enclave de Kaliningrad est coincée entre la Pologne et la Lituanie alors qu’à l’est les montagnes entourant le port de Vladivostok plongent dans la mer du Japon. Entre ces quatre extrêmes, un pays-monde se dessine : montagnes, plages de sables, fleuves s’écoulant paisiblement, steppes, forêts, lacs, banquise : telle est la variété des paysages russes. Des territoires encore sauvages et éloignés des routes touristiques les plus fréquentées. Le pays des arts et de la culture De la littérature à la peinture, Moscou et SaintPétersbourg offrent des balades sur les traces de leurs grands artistes. La galerie Tretiakov et l’Ermitage comptent parmi les plus beaux musées au monde. Les peintres occidentaux, tels que INVITATION AU VOYAGE La Russie actuelle ne date que de 1991. Pourtant, ce pays porte des cultures millénaires. Dans le Sud, c’est le territoire des Scythes, qui dominèrent la steppe pendant 800 ans. Dans le Centre et l’Ouest de la Russie, on se plonge dans le Moyen Âge avec ses kremlins et ses monastères construits le long des nombreuses rivières. Le plus grand d’entre eux, le kremlin de Moscou, domine la Moskova de ses tours. En remontant le temps et la Volga, Saint-Pétersbourg, qui fait le mariage entre les traditions de l’autocratie russe et les empires d’Europe occidentale. Plus à l’est, ce sont les traditions tatares qui dominent dans les villes de Kazan ou d’Astrakhan. Dans l’immense Sibérie enfin, les villes russes sont récentes, là où les peuples autochtones, chamanistes, connaissent depuis des siècles le moyen de survivre dans la taïga. Des traditions réunies dans un seul pays, fier de toutes ses histoires qu’il offre et explique volontiers aux visiteurs. © STÉPHANE SAVIGNARD Un jeune pays aux traditions millénaires Femme bouriate et son enfant en costume traditionnel. Rembrandt, Matisse et Picasso sont représentés à l’Ermitage par leurs plus belles toiles. A la Tretiakov, ce sont les peintres russes qui sont mis en exergue, de Repine et Sourikov, peintres du peuple et de l’Histoire, à Kandinsky et ses sommets de l’abstraction, en passant par la féerie Chagall. Le musée Pouchkine à Moscou recèle quant à lui une vertigineuse collection, depuis l’Antiquité jusqu’aux impressionnistes français. La capitale russe reste aussi une occasion unique de contempler les plus belles icônes du monde. Une nation multiethnique La Russie est un pays multiethnique et ravira les voyageurs qui aiment l’ethnographie. Kalmouks, Sami, Tchétchènes, Ingouches, Ossètes, Tatars, Tchouktches, Coréens, Touvas, Bouriates… Telles sont les nombreuses ethnies qui composent le territoire de la Fédération russe. Ce pays est également marqué par une grande variété religieuse et artistique : temples bouddhistes, costumes de chamanes, mosquées et églises russes forment un ensemble improbable et vivant. Brimées, déportées, presque exterminées pour certaines, ces ethnies participent de l’identité de la Russie, de sa diversité. Il suffit de se promener sur un marché de Kazan ou de Sotchi pour ressentir un profond exotisme. repérez les meilleures visites intéressant Remarquable Immanquable Inoubliable Fiche technique 10 Argent Monnaie Le nouveau rouble russe depuis le 1er janvier 1998 est symbolisé RUB. 1 rouble est divisé en 100 kopecks. wwTaux de change en décembre 2015 : 1 E = 74,82 RUB ; 100 RUB = 1,33 E. Idées de budget Incluant la nourriture, le logement, les transports et la visite par jour. wwPetit budget : 3 000 RUB (43 E) wwBudget moyen : 6 000 RUB (86 E) wwGros budget : 15 000 RUB (environ 214 E) La Russie en bref Le pays wwNom du pays : Russie ou Fédération de Russie. wwCapitale : Moscou. wwSuperficie du pays : 17 075 400 km². wwLangue officielle : russe. wwPrésident : Vladimir Poutine (mai 2012). wwNature de l’Etat : République fédérale. wwNature du régime : présidentiel fort. La population wwPopulation : 146 500 000 habitants. wwPopulation de Moscou : 12 200 000 habitants intra-muros et 15 000 000 habitants dans l’agglomération. wwDensité de population à Moscou : 4 858 hab./km². wwDensité de population en Russie : 8,4 hab./ km². wwTaux de croissance de la population : 0,2% par an wwTaux d’urbanisation : 74 %. wwEspérance de vie : 63 ans pour les hommes et 75 ans pour les femmes. wwReligions : 80 % orthodoxes, 14% musulmans, 2% juifs, 2% bouddhistes, mais on trouve aussi des catholiques, protestants et animistes (chamanistes). Léconomie wwPIB : 2 097 milliards $. wwSalaire mensuel moyen : env. 300 $. wwTaux de chômage officiel : 5,3 %. wwCroissance : -3,3 % (en 2015). wwRépartition de la population active : agriculture 7 %, industrie 37 %, services 56 %. Téléphone Indicatifs téléphoniques wwRussie : 007. wwFrance : 0033. wwBelgique : 0032. wwSuisse : 0041. wwQuébec : 00418. wwIndicatif en vigueur à Moscou : 495 ou 499 (selon les quartiers). Comment téléphoner ? wwTéléphoner de France en Russie : 007 + code ville (495 pour Moscou) + numéro de téléphone à 7 chiffres. E x : pour téléphoner à Moscou : 007 + 495 + 225 8966. wwTéléphoner de France en Russie sur un portable : 007 + numéro du portable à 10 chiffres. Ex : 007 + 256 123 1563. wwTéléphoner de Russie en France : 8 + attendre la sonnerie + 10 + 33 + indicatif de la région sans le 0 + numéro de téléphone à 8 chiffres. Ex : 8… sonnerie… 10 + 33 + 1 + 49 63 58 26. wwTéléphoner de Russie en France sur un portable : 8 + attendre la sonnerie + 10 + 33 + numéro de portable sans le 0. Ex : 8… sonnerie… 10 + 33 + 6 + 86 26 45 35. wwTéléphoner entre régions : 8 + attendre la sonnerie + indicatif région + numéro à 7 chiffres. Ex : de Moscou à Saint-Pétersbourg : 8… sonnerie… 812 + 112 3922. wwTéléphoner en local : 7 chiffres du numéro de téléphone. Ex : 865 2556. wwTéléphoner en Russie sur un portable depuis un fixe : 8 + attendre la sonnerie + les 10 chiffres du numéro de portable. Ex : 8… sonnerie… 956 324 1564. Coût du téléphone wwLe prix du téléphone pour l’étranger ne cesse de baisser. Il était à l’écriture de ce guide de 20 RUB (environ 0,45 E) par minute pour l’Europe. Des cartes téléphoniques permettant de téléphoner à l’étranger sont vendues dans des kiosques. Il en existe de nombreuses et les prix 11 Le drapeau russe L’éclatement de l’Union soviétique en 1991 a donné naissance à la Communauté des Etats indépendants (CEI) qui regroupe 12 des 15 anciennes républiques soviétiques. Les nouveaux États se sont ainsi dotés de leur propre drapeau et ont rompu avec l’icône traditionnelle de la faucille et du marteau. La Russie a opté pour le drapeau tricolore blanc-bleu-rouge à bandes horizontales. Ce drapeau est le même que celui conçu dès 1699 par le tsar Pierre Ier le Grand. Devenu drapeau national en 1883, il a flotté sur les bâtiments officiels jusqu’à l’arrivée au pouvoir des bolcheviks en 1918. Ce drapeau sera de nouveau adopté le 11 décembre 1993 par la Russie. Plusieurs interprétations existent pour expliquer les couleurs et l’agencement du drapeau. A titre purement indicatif et non exhaustif, sachez donc que le blanc symbolise la noblesse, la liberté et l’indépendance ; le bleu, l’honneur et la droiture, et le rouge le courage, la hardiesse ainsi que la générosité. Egalement, une interprétation géographique originale : le blanc représente la Russie blanche (la Biélorussie), le bleu la petite Russie (l’Ukraine), et le rouge la Grande Russie (le reste du territoire). sont fluctuants. Ce sont des cartes prépayées à code secret. Vérifier que les indications d’utilisation sont en anglais et, si possible, que le serveur vocal est anglophone. Par ailleurs le roaming de votre opérateur marchera en Russie (faculté de la carte sim à trouver un opérateur local, en appliquant une facturation discutée à l’avance entre l’opérateur d’origine et l’opérateur local), à vous de vous renseigner sur le prix. Vous pouvez vous procurer une carte sim russe rechargeable auprès des nombreuses bornes à disposition en ville (150 à 200 RUB avec environ deux heures de communication locale incluses) si votre portable est débloqué et que vous souhaitez passer des appels en Russie une fois sur place ou éviter le roaming. Pour acheter une telle carte, il faut présenter son passeport en magasin. wwLes communications intra-urbaines sont théoriquement gratuites, mais seulement chez les particuliers. Dans les cabines téléphoniques, la carte pour 50 min de téléphone coûte 110 RUB. Dans les hôtels, les communications locales coûtent en général 0,15 $/min. wwDans les cafés Internet, la demi-heure de connexion coûte en général 50 RUB. Mais si vous avez emmené un smartphone, une tablette ou un ordinateur portable avec vous, il vous suffit de vous attabler dans un café quelconque. La plupart des établissements de restauration disposent d’une connexion wifi gratuite dans les grandes villes. Décalage horaire Moscou est en avance de 1 heure sur la France en été, 2 heures en hiver (depuis 2014, la Russie est repassée à l’heure d’hiver de manière permanente). Le reste de la Russie européenne est pour la majeure partie dans le même fuseau horaire que Moscou à l’exception de certaines villes de la Volga. wwKaliningrad. Parfois 1 heure de décalage avec Paris. wwRégion de l’Oural. 1 à 4 heures de décalage avec Paris. wwSibérie occidentale. 4 à 5 heures de décalage avec Paris, la Sibérie orientale : 5 à 7 heures. wwExtrême-Orient russe. 7 à 11 heures de décalage avec Paris. Ainsi, quand il est 8 heures du matin à Paris en été, il 9 heures à Moscou, 11 heures à Ekaterinbourg, 12 heures à Novossibirsk, 13 heures à Krasnoïarsk, 14 heures à Irkoutsk, 15 heures à Tchita, 16 heures à Vladivostok et 17 heures dans le Kamtchatka. Formalités Les ressortissants de l’Union européenne qui souhaitent séjourner en Russie doivent au préalable obtenir un visa (trois mois maximum pour un visa tourisme). Le passeport utilisé doit être encore valable au moins six mois après la date de sortie du pays. Fiche technique 12 Climat Contrairement à certaines idées reçues, la Russie n’est pas recouverte d’un manteau neigeux toute l’année et il y fait souvent très chaud en été. La plupart du territoire jouit d’un climat continental, avec des hivers longs et froids et des étés longs et chauds pour sa partie occidentale (à l’ouest de l’Oural). En Sibérie, les hivers sont très froids, les étés courts. Dans pratiquement tout le pays, il n’existe que deux grandes saisons : l’hiver et l’été ; le printemps et l’automne sont généralement de très courte durée et le passage des températures les plus chaudes aux températures les plus froides est extrêmement rapide. Le mois le plus froid de l’année est janvier (février sur les côtes). Les températures hivernales vont en s’abaissant à la fois du sud au nord et de l’ouest à l’est : on relève ainsi une température moyenne en février de −8 °C à Saint-Pétersbourg, située à l’extrême-ouest, −27 °C dans les plaines de Sibérie occidentale et −43 °C à Iakoutsk, située en Sibérie orientale. En été, le mois le plus chaud est généralement juillet (la tempé- rature moyenne en Russie est de 20 °C). Les températures peuvent être très élevées dans les régions continentales (jusqu’à 38 °C au sud). L’été peut être très chaud et humide y compris en Sibérie. Une petite partie de la côte de la mer Noire près de Sotchi possède un climat subtropical. L’amplitude des températures est généralement extrêmement élevée (jusqu’à 66 °C en Iakoutie). Saisonnalité Contrairement à une idée reçue, on peut visiter la Russie en toute saison. L’hiver russe est vraiment splendide et unique, immaculé et ouaté de neige fraîche. Février-mars sont les meilleurs mois pour en profiter, car les nuits sont plus courtes et la neige tient encore partout. Avec un bon équipement et à condition de ne pas s’aventurer trop loin en cette saison, les températures négatives ne sont pas une réelle épreuve. L’été les températures peuvent devenir très chaudes, notamment en ville, c’est la meilleure saison pour profiter des montagnes et des lacs. Idées de séjour Séjours courts : 1 semaine à 10 jours Les deux capitales INVITATION AU VOYAGE Moscou, capitale de l’empire des soviets, et Saint-Pétersbourg, capitale de l’empire des tsars, sont les deux facettes principales de l’identité russe actuelle. wwJour 1. Moscou. Visite de la place Rouge et du Kremlin, le centre historique, politique et religieux de Moscou et de la Russie tout entière. La visite du Kremlin prend une bonne journée. Commencez par la place Rouge à partir du métro Okhotny Riad. La « belle place », selon sa traduction littérale, est bordée à l’ouest par les murailles ocres du Kremlin. A l’entrée de la place, le musée historique se dresse à votre droite. C’est une belle introduction à l’histoire de la Russie qui vous permettra de mieux apprécier la visite du Kremlin. En face du musée historique, la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan mérite un rapide coup d’œil. Continuez sur la place Rouge : à votre gauche, l’immense bâtiment du Goum, le grand magasin d’Etat et ses boutiques de luxe. Idéal pour assouvir vos envies de shopping, mais pas seulement ; ce lieu mérite le détour en lui-même. A l’ouest de la place, adossé aux murailles du Kremlin, le mausolée de Lénine est ouvert aux visiteurs chaque matin de 10h à 13h sauf les lundi, vendredi et dimanche. Fermé pour cause de travaux d’étanchéité de longs mois durant, le bâtiment est de nouveau librement accessible au public depuis mai 2013. A l’extrémité sud de la place se dresse, majestueuse, la féerique cathédrale SaintBasile-le-Bienheureux. A l’intérieur, les fresques rivalisent avec les peintures extérieures et ses icônes sont somptueuses. Depuis la cathédrale Saint-Basile, vous apercevrez la Moskova qui borde le Kremlin sur sa façade sud. Revenez sur vos pas pour rejoindre la tour Koutafia, l’entrée est du Kremlin. Il vous faudra traverser juste avant la place du Manège (dont le sous-sol est occupé par une galerie commerciale) et les jardins Alexandrovsky. Vous voilà devant la tour Koutafia, l’entrée principale du Kremlin. Achetez votre billet d’entrée qui vous reviendra entre 250 RUB et 750 RUB selon les sites visités (gratuit moins de 16 ans). Passé la porte Koutafia et la porte Troïtskaya, le premier bâtiment qui s’offre à vous est le palais des Congrès, une hérésie architecturale construite en 1961. Viennent ensuite à votre gauche, les bâtiments du Sénat et de l’Arsenal puis le Soviet suprême qui ne se visitent pas. En face, l’ancien palais des Patriarches et l’église des Douze-Apôtres donnent un avant-goût de la magnificence de la place des Cathédrales, située derrière. Sur la place, les cathédrales de l’Assomption, de la Dormition, de l’Annonciation et de l’Archange-Saint-Michel, ainsi que l’église de la Déposition-de-la-Robe, qui, toutes, ont un intérêt à la fois architectural, historique et religieux. A l’est de la place, les deux grosses cloches : Ivan-le-Grand et celle de la reine. A l’ouest de la place, le palais à facette est le bâtiment le plus ancien du Kremlin et de Moscou. Enfin, derrière, le palais des Térems et surtout le palais des Armures à la sublime collection d’artillerie et d’orfèvrerie, ainsi que le palais des Diamants qui sert d’écrin aux joyaux impériaux. Si vous en avez l’énergie, vous pourrez achever votre visite du Moscou historique par une soirée de ballet ou d’opéra au mythique Bolchoï ou au Maly, son petit frère, tous deux situés sur la place Teatralnaya. Rejoignez-les en empruntant la rue Okhotny Riad. Vous passerez devant les superbes bâtiments classiques et Art nouveau des palaces National et Métropol. wwJour 2. Moscou. Visitez la galerie Tretiakov, qui recèle les joyaux de l’art russe. Vous la trouverez non loin de la station de métro Tretiakovskaya. Egarez-vous ensuite autour de la galerie Tretiakov et dans les magnifiques ruelles de Zamoskvoretshye, littéralement « au sud de la Moskova ». Vous pouvez manger dans l’un des nombreux cafés qui entourent la station de métro Tretiakovskaya puis remonter vers le Kremlin en empruntant la bolchaïa Ordynka ulitsa et traverser le canal, l’île Baltchoug et, enfin, la Moskova. Vous voici revenu devant la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux. Traversez de nouveau la place Rouge puis la place du Manège et dirigez-vous vers la rue Tverskaya qui débute en face de vous. La Tverskaya est la principale artère commerciale de Moscou. Au début de la rue, vous retrouverez l’hôtel National sur votre gauche. Ensuite, sur le même trottoir, le bâtiment stalinien du Télégraphe central où vous pourrez passer vos appels internationaux. Revenez sur le trottoir de droite et empruntez la Kamergersky pereoulok où se trouve à votre gauche le fameux théâtre MKhAT Tchekhov. 14 Æ iDées De séjouR En continuant tout droit, vous arriverez sur la rue Kouznetsky Most, célèbre pour ses magasins. En remontant la rue Petrovka, vous pourrez visiter la très belle galerie Petrovsky et ses magasins de luxe. Revenez sur Tverskaya. En la remontant, vous pouvez profiter de ses nombreux magasins. Sur le trottoir de droite, juste avant la place Pouchkine, ne manquez pas le magasin Elysseev pour son intérieur baroque exubérant. Vous arrivez ensuite sur la place Pouchkine, l’autre cœur de Moscou, où se réunissent souvent les Moscovites autour de la statue du grand écrivain russe. A votre droite et à votre gauche : la ceinture des boulevards et ses jardins peuvent vous procurer quelques minutes de détente. Reprenez la rue Tverskaya sur le trottoir de gauche, puis tournez dans la Blagoveshchensky pereoulok jusqu’à l’étang des Patriarches. Perdez-vous ensuite dans les ruelles de ce très chic quartier de Moscou. Vous pouvez retrouver la place Mayakovskaya par la Bolchaïa Sadovaya ulitsa. Le soir, essayez l’un des nombreux restaurants du quartier et pourquoi pas un concert au B2 ou un verre au Time Out avec sa vue imprenable. wwJour 3. Le matin à Moscou. La rue Arbat. Allez faire du shopping dans la rue historique de l’Arbat et visitez les maisons-musées de Pouchkine et de Gorki. L’après-midi, prenez le temps de visiter le quartier des musées : que ce soit pour le musée Pouchkine et sa collection d’art international, le musée des collections privées, la maison-musée de Tolstoï ou pour la massive cathédrale du Christ-Saint-Sauveur détruite par Staline et reconstruite en 1997, aujourd’hui le Saint-Siège du patriarche Kirill Ier. wwNuit du 3e au 4 e jour, en route vers SaintPétersbourg. Pour les puristes, pas de doute, c’est en train de nuit qu’il faut faire le chemin entre les deux capitales. Prenez plutôt une place en « coupé » (compartiment de quatre). Sinon, le Sapsan (équivalent du TGV en France) relie Moscou à Saint-Pétersbourg en 4h30 environ. L’avion reste une option au coût aujourd’hui quasi identique que celui d’un ticket de train, mais le gain de temps est quasi nul, surtout si l’on inclue les liaisons aéroport-centre-ville. wwJour 4. Saint-Pétersbourg, le matin. Un bon compromis entre l’art, l’histoire et la nature s’offre à vous : les palais. Ce jour-là, choisissezen deux parmi les plus éblouissants. Et pour varier les plaisirs, choisissez une résidence d’été et une résidence principale située en ville. Par exemple, Petrodvorets. Dès 9h30, prenez l’hydroglisseur face à l’entrée principale de l’Ermitage. Après une demi-heure de navigation sur le golfe de Finlande, vous accosterez au pied du parc de Petrodvorets (Perterhof) qui fut pendant deux siècles la datcha officielle des tsars. Inspiré par Versailles, Pierre le Grand avait voulu un ensemble architectural tout aussi grandiose. Promenez-vous dans les jardins magnifiquement agencés, découvrez les petits pavillons privés qui s’y dissimulent, comme autant de trésors isolés en pleine nature, contemplez ces jeux de cascades à l’ingéniosité inégalée… Et au sein du palais (550 RUB l’entrée), ouvrez grands vos yeux. La salle de danse, l’escalier baroque, la salle du trône, sont autant d’éléments qui composent un décor féerique. Vous pourrez vous restaurer pour un prix assez modique (300 RUB environ) au restaurant Peterhof, près de l’entrée occidentale du jardin inférieur. Puis, trajet en hydroglisseur en sens inverse. wwJour 4. Saint-Pétersbourg, l’après-midi. Imprégnez-vous de l’atmosphère de SaintPétersbourg grâce à une promenade en bateau sur ses canaux. Nul besoin de vous fatiguer en marchant après votre voyage : laissez-vous porter au fil de l’eau et profitez de la vue. Depuis le pont Achnikov sur la perspective Nevski, vous prendrez l’un des gros bateaux couverts qui partent toutes les trente minutes. Choix de différents itinéraires, suivant le canal que vous souhaitez emprunter mais, que vous naviguiez sur le Griboïedov, la Fontanka ou la Moïka, vous resterez en plein centre historique. Vous pourrez ainsi, tout en passant sous de charmants petits ponts, apercevoir et même longer des monuments magnifiques – la cathédrale de Kazan, l’église Saint-Sauveur, pour ne citer qu’elles ! Si les conditions météorologiques s’y prêtent, le bateau sortira sur la Neva et vous aurez alors un aperçu grandiose de la ville éclairée. wwJour 5. Visitez l’Ermitage, l’ancienne demeure officielle des tsars. Rendez-vous sur la place du Palais, littéralement gigantesque, qui permet d’embrasser tout l’Ermitage d’un seul regard. Observez ces 500 mètres d’architecture baroque et cependant parfaitement équilibrée, ainsi que la colonne d’Alexandre, élevée par Nicolas Ier pour commémorer le règne de son prédécesseur. Rentrez dans le bâtiment par la porte principale (400 RUB l’entrée). L’après-midi, en sortant de l’Ermitage, rejoignez les rives de la Neva et tournez à gauche par la rue Angliskaïa, en longeant l’Amirauté, cette forteresse qui fut un important chantier naval. Tournez à gauche et atteignez l’église SaintIsaac, le monument religieux le plus impressionnant de Saint-Pétersbourg. Puis, rejoignez la Moïka en direction du palais de Youssoupov (500 RUB l’entrée). Ces grands propriétaires terriens constituaient la plus grande famille après les Romanov et occupèrent de très hauts postes dans l’administration. Plongez-vous dans l’intimité d’une demeure richissime, suivez les vastes appartements, les chambres à coucher, le salon iDées De séjouR √ 15 La Russie balnéaire Si l’association de «Russie» et «balnéaire» peut apparaître comme un oxymore, il faut garder à l’esprit que les Soviétiques ne pouvaient pas quitter l’URSS ; c’est pourquoi tout un réseau de stations balnéaires s’est développé à l’intérieur du pays. Sanatoriums, parcours de santé, cures thermales et eaux minérales miraculeuses sont au programme de ce que les Soviétiques appelaient les « putevki » et dont on se languissait pendant parfois plusieurs années, dans le froid et le brouillard des villes industrielles du nord. wwJour 1. Moscou. Pour bien profiter de votre voyage, commencez par une journée grise à Moscou. Rien de tel pour se convaincre de la nécessité de prendre un congé dans les stations balnéaires russes. A Moscou, passez aux bains Sandouny et goûtez aux joies du «bania» russe. wwJours 2, 3 et 4. Sotchi. Sotchi est le royaume des grands sanatoriums d’Etat. Après un massage et un bain d’eau chaude, faire un jogging sur la croisette de Sotchi alors que le soleil se couche sur la mer Noire. Visitez aussi la ville et ses environs. wwJour 5. Krasnaya Poliana. Le temps d’une journée, rendez-vous sur le site des Jeux olympiques de 2014. Jusqu’en avril, il est possible de skier sur des pistes qui montent à 2 300 mètres. wwJours 6 et 7. Piatogorsk. Première ville des KMV « Kavakazskie Mineralnye Vody » (Eaux Thermales du Caucase), Piatigorsk, possède plusieurs sources sulfureuses. Les nombreux sanatoriums proposent des bains de boue. L’ascension du Mont Machouk vous libèrera, diton, de toutes les mauvaises toxines accumulées pendant l’année. wwJour 8. Essentuki. Profitez du Jardin botanique et du Musée régional pour une petite excursion d’une journée avant de rejoindre Kislovodsk. wwJours 9, 10 et 11. Kislovodsk. Le charme «Belle Époque» de Kislovodsk opère dès l’arrivée dans la ville. Dans le Jardin botanique, goûtez différentes eaux minérales naturelles dans la galerie centrale. Dans les sanatoriums, on vous proposera des « procédures », séries de massages et de différents bains dans des eaux miraculeuses. Visitez la datcha du célèbre chanteur d’opéra Chaliapine, l’une des nombreuses personnalités qui vinrent se soigner dans la ville. Dans l’immense Jardin botanique, suivez les itinéraires de santé proposés. Ils permettent, dit-on, de nettoyer totalement les poumons du fumeur le plus invétéré à condition de les fréquenter régulièrement. Une dernière ascension au Mont Sedloe s’impose pour clore votre parcours avant de repartir pour Moscou. Le Transsibérien ou le dernier voyage du Tsar La partie européenne de la Russie est aussi le point de départ de la plus longue ligne ferroviaire au monde : le Transsibérien. Ce train mythique qui rappelle tout autant l’exotisme du voyage que l’horreur de la déportation, est l’un des itinéraires incontournables de la Russie. Nous vous proposons de le découvrir à travers les lieux de gloire et de chute de la famille impériale. INVITATION AU VOYAGE mauresque, la salle aux vitraux, le cabinet turc… Surtout, revivez l’assassinat de Raspoutine, empoisonné en ces lieux. En ressortant du musée, vous pourrez boire un thé à deux pas d’ici, au café « Rousky Kitch », dont l’atmosphère incongrue prolongera votre immersion dans l’univers de la noblesse russe. Offrez-vous ensuite un bon dîner typiquement russe au restaurant 1913 God, lui aussi tout proche, dans la rue Dekabristov. Enfin, vous pouvez passer la soirée dans le palais Nikolaïevski, qui se situe dans le même quartier, où vous assisterez à un spectacle de danses traditionnelles (entrée à partir de 3 100 RUB, sur place ou via un site partenaire). wwJour 6. Impossible de séjourner à SaintPétersbourg sans flâner le long de la perspective Nevski, la plus grande artère de la ville. Prenez une matinée pour la redescendre à pied (en direction de l’Ermitage) depuis le pont Anitchkov. Vous aurez l’occasion de contempler les différents monuments historiques (ou de vous y arrêter, suivant le temps dont vous disposez) qui la jalonnent : le palais Stroganov, le palais Bellosselski-Belozersi, le palais Anitchkov, l’église Sainte-Catherine… Ne manquez surtout pas la superbe épicerie Elisseïev (au n° 56, ouverte à partir de 11h le dimanche), dans laquelle vous pourrez acheter quelques produits en souvenir, mais également admirer la richesse et la finesse du décor de ce chef-d’oeuvre de l’Art nouveau. Juste en face de la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan, prenez une agréable collation au petit restaurant Kazanskovo (n° 26). Puis, revenez sur vos pas, tournez à gauche et longez le canal Griboïedov sur quelques centaines de mètres. Vous arriverez au Musée russe (350 RUB l’entrée), dans lequel vous pouvez passer environ 2 heures, à condition de cibler un thème. Les icônes, la peinture du XVIIIe au XIXe, le mouvement des ambulants, les arts populaires, les avant-gardistes… L’embarras du choix. wwJour 7. Il est temps de repartir pour Moscou pour certains. Quant à ceux qui repartent de Saint-Pétersbourg, vous pouvez vous rendre à Pouchkine pour admirer le palais de Catherine II, Tsarskoïe Selo. 16 Æ iDées De séjouR wwJours 1, 2 et 3. Saint-Pétersbourg. La Venise du nord est aussi la capitale impériale. Il vous faudrait sans doute plusieurs mois pour en visiter tous les palais. Concentrez-vous sur l’Ermitage, l’ancienne résidence des tsars et Petrodvorets (Peterhof), le Versailles russe. Prenez également le temps de visiter la cathédrale du SaintSauveur-sur-le-Sang-Versé, édifiée à l’endroit de la mort d’Alexandre II, le tsar réformateur, suite à un attentant à la bombe. wwJours 4 et 5. Moscou. Si Moscou est souvent réduite à son passé soviétique, le Kremlin était une résidence impériale du niveau du Palais d’hiver. Certains tsars, notamment Paul Ier ou Alexandre III, préféraient Moscou à Saint-Pétersbourg. Visitez aussi le domaine de Kolomenskoïe dans le sud-est de Moscou, ancienne résidence impériale. wwJours 6 et 7. Kazan. Il existe plusieurs routes pour le Transsibérien dans la partie occidentale de la Russie. Nous vous proposons celle qui passe par Kazan. Kazan est le lieu de la première victoire des Russes sur les Tatars pendant le règne d’Ivan le Terrible. En cette année 1552, la Russie intègre un Etat non orthodoxe et non slave, constituant ainsi la base de son empire multiethnique. wwJours 8 et 9. Ekaterinbourg. Vous êtes sur l’autre versant de l’Oural et, d’un point de vue géographique, vous avez quitté l’Europe et êtes entré en Asie. Visitez une autre cathédrale du nom de Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé, bâtie sur les fondations de la maison Ipatiev, qui fut la dernière demeure de la famille Romanov. Une famille transportée depuis la révolution d’Octobre de plus en plus vers l’est au gré de la guerre civile. A une trentaine de kilomètres d’Ekaterinbourg, on peut observer le lieu où ils furent enterrés, dans une fosse commune. wwJour 10. Saint-Pétersbourg. En 1998, les ossements de la famille impériale ont été identifiés puis transférés à Saint-Pétersbourg, dans la forteresse Saint-Pierre-et-Paul. Après ce dernier voyage, qui est également le voyage de toute la Russie impériale, vous pouvez vous arrêter (ou vous recueillir) devant la tombe du dernier tsar et, comme beaucoup de Russes, lui demander sa bénédiction, lui qui a été canonisé en 2000. À l’automne 2015, le retour des restes de deux autres membres de la famille Romanov (le tsarevitch Alexeï et sa sœur Maria), transférés d’Ekaterinbourg à Saint-Pétersbourg, a été célébré en grande pompe en présence du président Poutine dans la capitale impériale. Le Nord, ses îles saintes et ses nuits blanches La partie européenne de la Russie, dans son extrémité septentrionale, est proche du cercle polaire. L’été, le soleil se couche à peine quelques heures, ce qui offre des crépuscules permanents à découvrir aussi bien au sortir d’une soirée tardive que dans le calme des forêts et des lacs. wwJours 1 et 2. Saint-Pétersbourg. Il est parfois difficile de trouver à se loger pendant les nuits blanches à Saint-Pétersbourg et l’on comprend vite pourquoi. Pendant quelques semaines, la ville ne dort pas. Traversez la Neva la nuit sur ces petits bateaux qui remplacent les ponts ouverts. wwJour 3. Petrozavodsk. Capitale de la Carélie, Petrozavodsk est une jolie étape au bord du lac Onega. Visitez la cathédrale Alexandre Nevski. wwJour 4. Kiji. Cette île, située au milieu du lac Onega, est accessible depuis Petrozavodsk. C’est l’un des plus grands monastères en bois du monde. wwJours 5 et 6. Les îles Solovki. Visitez les monastères de ce petit archipel perdu dans la mer Blanche. Visitez également les baraques de ce qui fut le tout premier camp de l’archipel du Goulag. wwJour 7. Arkhangelsk. Parcourez le front de mer avant de vous engouffrer dans un train vers Vologda. wwJours 8 et 9. Vologda. Visitez les nombreuses églises situées sur le bord de la rivière Vologda. Faites une excursion jusqu’aux monastères Kirillov et Ferapontov. Séjours longs : 2 à 3 semaines À la conquête de la Russie ancienne wwJour 1. Novgorod. Pour vous rendre à Novgorod, il faudra sans doute d’abord passer par Saint-Pétersbourg. Visite du kremlin et du monastère Saint-Georges (Youriev Monastyr). wwJour 2. Pskov. La ville est un exemple unique de l’architecture de la Russie ancienne. Entrez dans le kremlin et depuis la place centrale, admirez la cathédrale de la Trinité. Il y a 600 ans, à ce même endroit, le peuple de la ville de Pskov votait les guerres, les armistices et les grandes décisions politiques de la cité. Descendez le long de la Velikaia vers le monastère Mirozki et ses fresques classées au patrimoine mondial de l’Unesco. wwJour 3. Moscou. Il faut passer par la capitale pour continuer le voyage dans le temps vers la Russie ancienne. En une journée, vous pouvez soit voir la place Rouge et la cathédrale SaintBasile-le-Bienheureux, symbole architectural et mystique de tout un pays, soit vous rendre (en train de banlieue) au premier lieu saint de Russie à Serguiev Possad, avant de rentrer à Moscou. iDées De séjouR √ 17 Trois mers et un fleuve (Baltique, Caspienne, Mer Noire et Volga), à la rencontre des peuples nomades Des croisières sont proposées sur la Volga depuis Saint-Pétersbourg jusqu’à Astrakhan, la durée varie entre 2 et 3 semaines selon les étapes. Nous proposons ici un itinéraire en partie terrestre pour ceux qui ne voyagent pas en groupe. wwJour 1. Saint-Pétersbourg. L’un des plus grands ports sur la Baltique. Pour vous en convaincre, rendez-vous au bout de Vassilievsky pour contempler le port de commerce. Prenez le bateau en direction de Kronstadt, au milieu du Golfe de Finlande, extrémité orientale de la mer Baltique. wwJours 2 et 3. Smolensk. Sur les routes nordsud et est-ouest, Smolensk a tantôt profité de sa position (sur la route des Varègues aux Grecs) mais en a aussi parfois subi les désavantages (la ville a été en grande partie détruite pendant l’offensive allemande de 1941). wwJour 4. Moscou. C’est de la gare de Kazan, située sur la place des trois gares, que partent les trains vers la Volga. wwJours 5, 6 et 7. Kazan. Carrefour de l’Occident et de l’Orient, de l’islam et de l’orthodoxie, des Slaves et des Tatars, le Tatarstan a beaucoup d’attraits architecturaux, artistiques et culinaires. Prenez une journée pour visiter l’île de Sviajsk, en descendant la Volga en bateau. wwJours 8 et 9. Samara. Visitez le bunker de Staline et promenez-vous sur les quais de la Volga. Depuis Kazan, prenez plutôt le bateau que le train. wwJour 10. En route vers Volgograd. La route est assez longue vers Volgograd, il faut compter une journée et demie de train. wwJours 11 et 12. Volgograd. Volgograd, autrefois Stalingrad, a été le lieu de l’une des plus terribles batailles de la Deuxième Guerre mondiale. Son Mémorial occupe d’ailleurs toute une colline (Mamaiev Kourgan), il est dédié à la mère patrie et au courage de ses fils. wwJours 13 et 14. Astrakhan. Dernière ville sur la Volga, prenez le temps de respirer dans l’enceinte du kremlin, avant de goûter au caviar du marché aux poissons. Vers le sud, c’est la mer Caspienne, qu’on peut rejoindre en descendant vers Makhatchkala ou Bakou. Vous pouvez interrompre votre voyage ici ou le prolonger jusqu’à la mer Noire. wwJours 15 et 16. Elista. Seul peuple bouddhiste d’Europe, les Kalmouks ont décoré leur capitale de toutes sortes de sculptures d’inspiration bouddhiste. Visitez le temple inauguré par le Dalaï-lama. wwJour 17. Krasnodar. Visitez le Musée régional et ses collections d’objets Scythes, ce peuple décrit par Hérodote et qui était le maître de tout le sud de la Russie jusqu’au Ve siècle. wwJour 18. Novorossiisk. Vous voilà arrivé sur les bords de la mer Noire. La ville de Novorossiisk est encastrée dans une jolie baie. Reposez-vous sur les plages des villes, avant d’observer les monuments dédiés à la résistance héroïque d’une poignée de soldats contre l’armée nazie. wwJour 19. Gelendjik. Arrêtez-vous dans cette baie naturelle près de Novorossiisk, profitez du charme d’une station balnéaire hors saison. wwJours 20 et 21. Sotchi. Profitez de la mer Noire dans l’une des plus étonnantes régions de Russie. Retrouvez le « petit père des peuples » en visitant son étrange datcha. Promenez-vous sur le marché et découvrez les spécialités arméniennes, abkhazes, géorgiennes et enivrezvous des parfums du sud avant un retour à Moscou ou à Saint-Pétersbourg. INVITATION AU VOYAGE wwJours 4 et 5. Vladimir. Vladimir est l’une des plus anciennes cités de Russie. Admirez la cathédrale de l’Assomption et la Porte d’or, datant toutes les deux du XIIe siècle. Prenez le temps d’aller à Bogolioubovo, avec son monastère et surtout l’église de l’Intercession de la Vierge sur la Nerl. Prenez ensuite la route pour Souzdal pour y passer la nuit. wwJours 6 et 7. Souzdal. La ville de Souzdal fut une glorieuse cité à l’époque du Moyen Âge russe. Aujourd’hui, c’est une ville-musée. Essayez de loger dans le monastère du Sauveur Saint-Euthyme. Prenez le temps d’une excursion hors des sentiers battus à Iourev Polskyi. wwJour 8. Plios. Cette petite ville s’étend le long de la Volga. On peut s’arrêter une nuit avant de repartir vers le nord. wwJours 9 et 10. Kostroma. Au croisement des rivières Volga et Kostroma, la ville de Kostroma a été très prospère aux XVIIe et XVIIIe siècles, comme en témoigne son architecture. Ne manquez pas le monastère Ipatiev, qui émerge de la Kostroma comme dans un songe, on peut loger dans une petite maison en bois en face du monastère. wwJours 11 et 12. Iaroslav. Pour rejoindre Iaroslav depuis Kostroma, prenez l’un des bateaux qui remonte la Volga. Visitez le kremlin de Iaroslav et ses nombreuses églises qui bordent le fleuve. wwJour 13. Rostov le Grand. Au bord du lac Nero, la petite ville de Rostov le Grand est idéale pour une dernière visite et prendre un peu de repos avant le retour à Moscou. Prenez le bateau pour une promenade d’une heure et demie sur le lac. Le train pour Moscou ne prend que trois heures, mais vous aurez l’impression de traverser six siècles. 18 Æ iDées De séjouR Séjours thématiques La Russie sportive Les Russes aiment le sport et il n’est pas difficile de trouver des activités en la matière. Le meilleur endroit pour cela est sans doute le Caucase. En été, la région de Krasnaya Poliana propose du rafting, des randonnées à cheval et de belles promenades. Ces randonnées sont aussi possibles dans la région de l’Elbrouz. L’hiver, les stations de ski de Krasnaya Polyana ou de Tcheget sont à la fois splendides et encore relativement peu encombrées. C’est un peu moins vrai depuis 2014 et la crise économique : pour des raisons évidentes, les Russes privilégient les infrastructures nationales aux séjours à l’étranger. La Russie des nouveaux (riches) russes © JULIA SHEPELEVA / SHUTTERSTOCK.COM Pour ceux qui veulent exploser leur budget, la Russie offre de bonnes possibilités de soirées endiablées et onéreuses. A Moscou, mettez-vous sur votre 31 pour rentrer au Gipsy ou au Rolling Stones, son voisin. Vous pouvez sinon essayer le club Solianka ou Propaganda. Avec les amis que vous vous ferez lors de vos premières soirées, prenez le train de nuit pour Saint-Pétersbourg. Là-bas, commencez la soirée en douceur au Lichfiel bar de l’hôtel Astoria, avant de vous rendre VDNKh. au club Metro ou au Purga pour y terminer la nuit. En 2h30 d’avion, descendez sur la côte de la mer Noire à Sotchi. Après un peu de ski à Krasnaya Poliana, rendez-vous au Plotforma (sans oublier votre carte bleue) pour une soirée typique de nouveau riche russe : ce club est situé au bout d’un long ponton s’avançant sur la mer Noire et représente une station de pompage de pétrole. La Russie des amateurs de spectacles Ballet, opéra, théâtre, la Russie a une grande tradition de spectacle vivant. On ne pourra pas manquer un opéra au Marinsky à SaintPétersbourg ou un ballet au Bolchoï à Moscou. Par ailleurs, on pourra écouter une symphonie à la philharmonie de Saint-Pétersbourg ou un opéra à Kazan ou Ekaterinbourg. La Sainte Russie Pendant dix siècles, la Russie a réservé son âme à Dieu. On peut admirer ses nombreuses églises en descendant la Volga entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Il faut également inclure à ce parcours le monastère des îles Solovki et celui de l’île de Kiji. Souzdal et Sergueev Possad sont les étapes obligées de toute découverte des beautés de la Sainte Russie. Comment partir ? Partir en voyage organisé Spécialistes nw ANN – NOSTALASIE – NOSTALATINA 19, rue Damesme (13e ) Paris & 01 43 13 29 29 www.ann.fr – [email protected] M° Tolbiac ou Maison Blanche Ouvert du lundi au samedi de 10h à 13h et de 15h à 18h. Dans la continuité de l’Asie sur laquelle son équipe s’est fait une solide réputation, NostalAsie s’étend sur sa destination « coup de cœur » : la Russie. La Russie dans tous ses états : des combinés Moscou-Saint-Pétersbourg, des réservations dans des hôtels de toutes catégories, l’Anneau d’or en croisière ou en voiture privée avec guide et chauffeur jusqu’à la mer Noire, et le célèbre Transsibérien. La formule « Estampe » vous propose les grands transferts de ville en ville et quartier libre ; la formule « Aquarelle » la renforce avec guides et visites. Ce voyagiste, travaillant uniquement en direct, compose des séjours sur mesure dans une ambiance conviviale pour les voyageurs avertis et curieux. nw ARTS ET VIE 251, rue de Vaugirard (15e ) Paris & 01 40 43 20 21 www.artsetvie.com – [email protected] Autres agences à Grenoble, Lyon, Marseille et Nice. Arts et Vie, association culturelle de voyages et de loisirs, propose une croisière de Moscou à nw ATALANTE 36, quai Arloing (9e ) Lyon & 04 72 53 24 80 www.atalante.fr – [email protected] Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h et le samedi de 10h à 13h et de 14h à 18h. Atalante est spécialisée dans les voyages à pied. Trekking de haut niveau ou simples promenades dans les campagnes, il y en a pour toutes les conditions physiques. Ils s’attachent à faire découvrir à leurs clients des régions du monde aux modes de vie préservée, riches de traditions et de cultures uniques. En Russie, c’est forcément quelque chose de grand et fort qui attend le voyageur ! Avec le séjour « Le versant sauvage de l’Elbrouz », Atalante s’attaque au 5 641 m du Toit de l’Europe. C’est un volcan légendaire dont la voie normale, située au sud, est très fréquentée. Le versant nord est facile techniquement mais son environnement nettement plus préservé et sauvage. Idéal pour s’immerger dans l’esprit montagnard russe et partager la vie des nomades caucasiens. wwAutres adresses : Bruxelles : Rue CésarFrank, 44A, 1050 &+3226270797•Paris – 18, rue Séguier, 75006, fond de cour à gauche, 1er étage & 01 55 42 81 00 Itinéraires sur mesure en Russie, et ailleurs. Les Ateliers du Voyage 01 40 62 16 60 www.ateliersduvoyage.com © Thinkstock INVITATION AU VOYAGE Vous trouverez ici les tour-opérateurs spécialisés dans votre destination. Ils produisent eux-mêmes leurs voyages et sont généralement de très bon conseil car ils connaissent la région sur le bout des doigts. À noter que leurs tarifs se révèlent souvent un peu plus élevés que ceux des généralistes. Saint-Pétersbourg (et inversement). A Moscou, vous ferez un tour d’orientation de la ville et visiterez l’église Saint-Basile, le monastère Novodievitchi, avant d’embarquer pour un itinéraire de 12 jours. Un second séjour, « Périple eurasien », propose un voyage de Moscou à Pékin par le Transsibérien et le Transmongolien. Enfin, le séjour de 12 jours et 11 nuits intitulé « La Russie des arts » prévoit de passer presque 3 jours dans la ville de Moscou afin d’y découvrir les nombreux musées qui réjouiront les férus de peinture et d’architecture. 20 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé nw LES ATELIERS DU VOYAGE 54-56, avenue Bosquet (7e ) Paris & 0 820 220 305 / 01 40 62 16 60 www.ateliersduvoyage.com Ouvert du lundi au jeudi de 10h à 18h30 et le le vendredi de 10h à 18h. Véritable « temple du voyage », Les Ateliers du Voyage sont à la fois un lieu dédié à l’élaboration de voyages sur mesure en individuel mais aussi un lieu d’échanges permanents sur le monde qui nous entoure. Situés au cœur du 7e arrondissement de Paris, Les Ateliers du Voyage nous plongent dans un carnet de voyage des quatre coins du monde. Sur 700 m2, bouddhas japonais, marionnettes birmanes, garudas indonésiens dévoilent quelques facettes de l’intrigante et secrète Asie du Sud-Est. Masques de guerriers massaïs et imposantes statues africaines nous transportent sur ce fascinant continent. Un paisible lama nous guide vers les terres colorées de l’Amérique latine. Spécialiste du voyage sur mesure en Asie, en Afrique et en Amérique latine, Les Ateliers du Voyage s’efforcent, depuis près de 20 ans, de construire des voyages uniques selon les aspirations et les exigences de chacun, pour que le voyage sur mesure n’ait pour limite que l’imagination. Débats, conférences, vernissages et expositions d’artistes et de grands voyageurs viennent également ponctuer le calendrier de cet espace ouvert aux amoureux des cultures du monde. nw AMSLAV 60, rue de Richelieu (2e ) Paris & 01 44 88 20 40 www.amslav.com – [email protected] Amslav’ propose plusieurs voyages à bord du Transsibérien, de 16 à 20 jours. Chacun des itinéraires débute à Moscou. Mais ensuite, vous pouvez choisir de continuer vers Irkoutsk, OulanBator et Pékin ou Ekaterinbourg, Novossibirsk, Irkoutsk, Khabarovsk et Vladivostok, ou encore Irkoutsk, Khabarovsk et Vladivostok. Amslav dispose aussi de diverses formules pour un séjour à Saint-Pétersbourg ou Moscou... Des forfaits week-end, une sélection d’hébergements, la possibilité de réserver certaines excursions ou soirées et activités... composez le séjour qui vous fait envie. Grâce au circuit programmé, vous pourrez aussi combiner plusieurs villes et, par exemple, choisir d’allier la visite de la capitale à celle de Saint-Pétersbourg, Pavlovsk et Pouchkine. nw DHD LAIKA VOYAGES 4, rue Paul-Cézanne (8e ) Paris & 01 42 89 32 64 www.dhdlaika.com Agence qui organise des voyages sur les thématiques de la chasse et de la pêche. En Russie, c’est la chasse à tétras qui est proposée. À quelques heures de Moscou, plusieurs territoires sont accessibles dans les régions de Vologda (au LA RUSSIE DANS TOUS SES ÉTATS Découvrez les mille visages de la Russie Nous contacter pour toute demande à la carte 60, rue de Richelieu - 75002 Paris Tél. 01 44 88 20 44 fax : 01 40 59 48 06 [email protected] - www.troika.fr Partir en voyage organisé - comment PaRtiR ? √ 21 Travel Lab SAS - RCS 542078431 - IM 093100010 - © Thinkstock nord) ou Yaroslav et Kirov (au nord-est). La taïga recouvre une grande partie des zones de chasse mais laisse aussi un peu de place à des cultures traditionnelles. Les grands champs seront les secteurs de parade privilégiés des tétras. nw GRAND NORD – GRAND LARGE 75, rue de Richelieu (2e ) Paris & 01 40 46 05 14 www.gngl.com Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h. Balades, tourisme à partir d’un minibus, cabotage, treks en liberté, séjours multi-activités, randonnées, ski, voyages en Transsibérien, voyages d’observation, croisières ou conduite d’attelage... Avec Grand Nord/Grand Large, la Sibérie se décline sous de nombreux thèmes. Venez, par exemple, conduire votre propre attelage dans le Kamtchatka, comme le font encore les tribus locales. Vous visiterez un très beau parc naturel, la vallée de Nalycheva, et aurez sans doute l’occasion de vous baigner dans l’une de ses sources thermales. Ce spécialiste des destinations nordiques propose aussi une croisière de 10 jours sur la Neva, pour parcourir les 650 kilomètres qui séparent SaintPétersbourg de Moscou, ou une croisière de 14 jours sur la Volga entre Moscou et Astrakhan. La formule à la carte est également disponible. nw GRANDS ESPACES & 03 80 84 89 91 / 07 89 07 06 43 www.grandsespaces.ch [email protected] Ce croisiériste suisse se spécialise dans les expéditions polaires. Pionnier depuis 1987 avec l’organisation des premières croisières en bateaux polaires et brise-glace en Arctique et en Antarctique, Grands Espaces vous mène au plus près de la banquise, des icebergs, des ours et des Inuits. Ces Grand Nord et Grand Sud, qui peuvent paraître absolument inaccessibles, le sont désormais à tous, grâce aux multiples voyages proposés. Une aventure magique vous attend à coup sûr. C’est donc aux confins des mondes polaires que Grands Espaces vous emmènera en Russie : croisière en mer d’Okhotsk, un circuit au Kamtchatka et sur les îles Kouriles dans les pas des ours bruns et en hélicoptère au-dessus des volcans ou une croisière dans les sites les plus inaccessibles de l’Extrême-Orient Russe : détroit de Béring, Tchoukotka, îles Wrangel et Herald. nw IKHAR 23, rue Danielle Casanova – 2e étage (1er) Paris & 01 43 06 73 13 www.ikhar.com – [email protected] M° Opéra ou Pyramides. Avec Ikhar, découvrez Saint-Pétersbourg ou Moscou à votre rythme, grâce à la formule voyage individuel sur mesure... De la durée aux hébergements en passant par le choix des excursions, le séjour peut être entièrement cousu main. Une escapade de 4 jours vous est proposée dans chacune des villes, avec au programme pour Saint-Pétersbourg la visite du musée de l’Ermitage, de la forteresse Saint-Paul et de la cathédrale Saint-Isaac. Ikhar prévoit également une croisière au fil de la Volga entre Moscou et Saint-Pétersbourg avec un programme personnalisé selon vos envies. nw INTERMÈDES 60, rue La Boétie (8e ) Paris & 01 45 61 90 90 www.intermedes.com – [email protected] Intermèdes, spécialiste du voyage culturel, vous invite à une croisière de 12 jours, « La croisière du Grand Nord, de Moscou à Saint-Pétersbourg », à plusieurs courts séjours dans l’ancienne capitale de l’Empire russe. Enfin, plusieurs circuits combinent Saint-Pétersbourg à d’autres villes : Moscou, Novgorod, Ekaterinbourg... INVITATION AU VOYAGE Itinéraires sur mesure en Russie, et ailleurs. Les Ateliers du Voyage 01 40 62 16 60 www.ateliersduvoyage.com 22 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé nw NOMADE AVENTURE 40, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève (5e) Paris & 08 25 70 17 02 www.nomade-aventure.com [email protected] M° : Maubert-Mutualité (ligne 10), RER : Luxembourg (ligne B). Ouvert du lundi au samedi de 9h30 à 18h30. Nomade Aventure s’adresse aux voyageurs aventuriers en proposant une offre de voyages très variée : plus de 400 itinéraires à thème (rando bateau, VTT, moto, thalasso, à cheval, etc.) à emprunter seul ou en famille. Il propose des circuits ou voyages individuels à destination de la Russie, et principalement des grands espaces sibériens : des séjours « Absolute Baïkal » ou « Cabotage en Yakoutie » permettent de combiner la découverte des grands sites et la rencontre avec les locaux de manière originale. wwAutres adresses : 10, quai de Tilsitt 69002Lyon•12,ruedeBreteuil13001Marseille •43,ruePeyrolières31000Toulouse nw NORD ESPACES 35, rue de la Tombe-Issoire (14e ) Paris & 01 45 65 00 00 www.nord-espaces.com [email protected] Nord Espaces, créateur de voyages depuis 15 ans, programme la Russie en hiver comme en été. En hiver, des séjours et des week-ends culturels, thématiques (Noël orthodoxe, nouvel an, mardi gras, semaine musicale, etc.) sont proposés dans les deux villes les plus importantes : Moscou et Saint-Pétersbourg. Egalement, des séjours sportifs (ski, motoneige) en Carélie, région voisine de la Finlande, ainsi que dans l’Extrême-Orient russe, en Tchoukotka, pour les amateurs d’aventure vraie. En été, tous types de voyages sont possibles : croisières classiques Saint-PétersbourgMoscou-Astrakhan, croisières polaires pôle Nord-île Wrangel-îles Kouriles-Kamtchatka, randonnées nature, voyages individuels à la carte, circuits accompagnés francophones, ainsi que des combinés avec les pays Baltes et la Finlande. nw NORTOURS 13, rue de Caumartin (9e ) Paris & 01 49 24 05 97 www.nortours.fr [email protected] Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h. Nortours propose des week-ends à Moscou, des croisières sur la Volga, mais également des séjours combinant la découverte de la capitale russe à celle de Saint-Pétersbourg. Week-ends et hôtels à la carte sont proposés pour explorer ces villes comme vous l’entendez. nw POUCHKINE TOURS 38, rue de Quimper Pont-de-Buis-lès-Quimerch & 02 98 73 76 38 www.pouchkine-tours.com Pouchkine Tours, marque du groupe Salaun Holidays, propose plusieurs circuits, notamment pour découvrir Saint-Pétersbourg ou des merveilles russes lors d’un voyage de 12 jours. Pouchkine Tours propose également des croisières : « De Saint-Pétersbourg à Moscou », « De Moscou à Saint-Pétersbourg » et « De Moscou à la mer d’Azov ». Vous aurez également la possibilité de composer un séjour à la carte. Et pour ceux qui veulent participer à un voyage inoubliable, une véritabe épopée dans de très bonnes conditions de confort, les croisières routières produites exclusivement par Pouchkine Tours sont un must. Trois formules en fonction du temps dont vous disposez et de votre budget : croisière en 20 jours d’Irkoutsk à Vladivostok (en passant par la Mongolie), croisière en 30 jours d’Ekaterinbourg à Vladivostok (en passant par la Mongolie) et la grande croisière Atlantique-Pacifique de Brest ou Paris à Vladivostok (49 jours) ! nw TERRES LOINTAINES 2, rue Maurice Hartmann Issy-les-Moulineaux & 01 84 19 44 45 / 09 72 45 35 86 www.terres-lointaines.com [email protected] M° Porte de Versailles (M12 et T3) ou Corentin Celton (M12). Possibilité de venir à l’agence sur rendez-vous uniquement. Véritable créateur de voyages sur mesure, Terres Lointaines est un spécialiste reconnu du long-courrier sur plus de 30 destinations. Vous serez séduits par ses prix compétitifs et son discours de transparence. Grâce à une sélection rigoureuse de partenaires sur place et un large choix d’hébergements de petite capacité et de charme, Terres Lointaines offre des voyages de qualité et hors des sentiers battus. Saint-Pétersbourg, Moscou, Baïkal... les circuits itinérants sont déclinables pour coller parfaitement à toutes les envies et tous les budgets. En plus d’un contact privilégié avec un expert du pays, le site terres-lointaines.com, illustré par de nombreuses photos, cartes interactives et informations pratiques, commencera à vous faire voyager. wwAutre adresse : 4 rue Esprit des Lois, 33000 Bordeaux, 09 72 41 71 18 RUSSIE SES RACINES & SES ETOILES Lic. IM075100303 NORD ESPACES® SPECIALISTE DEPUIS 1993 - 75014 PARIS www.nord-espaces.com +33 1 45 65 00 00 24 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé nw RTA EAST-WEST Rue du gentilhomme, n°1 BRUXELLES – BRUSSEL (Belgique) & +32 2 502 44 40 www.rta-eastwest.be – [email protected] Spécialistes des voyages sur mesure, culturels et thématiques en Russie, en Finlande, en Estonie, en Tchéquie, en Lituanie, en Ukraine, en Slovaquie, en Bulgarie, en Arménie, en Ouzbékistan, au Kazakhstan, en Mongolie... Alain et Loussine, tous deux bilingues russes, et leur équipe sauront vous faire oublier l’habituelle paperasse à vivre pour préparer ses voyages. Leurs circuits sont réalisés sur mesure pour répondre aux souhaits culturels de tous et s’adapter au budget que vous souhaitez prévoir pour votre voyage. Un guide et un chauffeur privé faciliteront aussi vos déplacements. nw SABERATOURS 11, rue des Pyramides (1er) Paris & 01 42 61 51 13 saberatours.fr – [email protected] Opérateur historique sur l’Arménie et fort de plus de 30 ans d’expérience, Saberatours propose des études personnalisées dans des pays comme la Russie, l’Arménie, la Géorgie, l’Ouzbékistan mais aussi l’Argentine et la Thaïlande. En Russie, l’agence a conçu des séjours courts à Moscou, à Saint-Pétersbourg ou les deux en combinés à des tarifs très compétitifs et de très bon rapport qualité-prix. Par ailleurs, quelles que soient vos envies, Saberatours propose un vaste choix de prestations avec des partenaires certifiés pour créer votre séjour à la carte cousu main. Services de billetterie et de réservations de vols, transports, hébergements, excursions, promotions, etc. Un spécialiste au savoir-faire éprouvé. nw TROIKA - RUSSIE TRAVEL 60, rue de Richelieu, 75002 Paris & 01 45 78 77 13 www.troika.fr [email protected] Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h. Le samedi de 10h à 13h et de 14h à 18h. Division d'Amslav consacrée au voyage en Russie, Troïka propose de nombreuses formules pour profiter de la Russie et de ses trésors. Week-ends et séjours à la carte grâce à un très large choix d’hôtels judicieusement sélectionnés, excursions privatives avec guide francophone pour découvrir le Kremlin, les élégants monastères, partir en croisière sur la Volga, découvrir le Baïkal traverser toute la Russie avec le Transsibérien ou profiter des Nuits Blanches de Saint-Pétersbourg. L’offre diversifiée permet ainsi de composer son voyage sur mesure pour une découverte complète à un très bon rapport qualité/prix. nw TSAR VOYAGES 2bis, rue Edouard Jacques (14e ) Paris & 01 75 43 96 77 www.tsarvoyages.com [email protected] M° Pernety ou Gaîté Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h sans interruption. Séjours à Moscou ou Saint-Pétersbourg, escapades autour du lac Baïkal, croisières fluviales sur la Neva et Volga, Transsibérien, motoneige en Carélie... Tsar Voyages, spécialiste franco-russe à destination de la Russie et de ses pays limitrophes, propose une palette très complète de séjours en Russie. Des grands classiques aux séjours défricheurs (comme l’Anneau d’Altaï ou le Kamtchatka), le savoir-faire, l’expérience et le réseau de Tsar sont une garantie. En effet, agence de spécialistes par excellence, Tsar Voyages dispose de son propre bureau à Paris, travaillant en coordination étroite avec les équipes basées à Moscou et Saint-Pétersbourg. Dans leur agence du 14e arrondissement, comme à Moscou ou Saint-Pétersbourg, vous rencontrerez des agents passionnés par ce pays et les pays limitrophes, qui pourront composer avec vous un voyage sur mesure en fonction de votre budget et de vos préférences. C’est la grande force de cette agence que d’avoir ses propres équipes, aussi bien en France (par exemple pour démêler les questions de visas parfois ardues) et en Russie où ses agents francophones sont à votre disposition pour garantir le bon déroulé de votre séjour. Un outil performant de devis en ligne est également disponible sur leur site. Les possibilités sont multiples pour découvrir la Russie et ses différents régions. Circuits incontournables ou demandes très personnalisées, hôtels de luxe ou logement chez l’habitant, billets de train, motoneige, Transsibérien… Tsar Voyages propose aussi des croisières à des tarifs attractifs et beaucoup de séjours thématiques (séjours linguistiques en Russie, Nouvel An à Moscou, Nuits Blanches à Saint-Pétersbourg), des services d’obtention de visa, de guides locaux francophones, de réservation d’hôtels, de billetterie de transports ou de spectacles. Un professionnel de référence depuis 2004. wwAutres adresses : TSAR VOYAGES MOSCOU. Milyutinskiy pereulok 10/1 (entrée dans la cour, 4e étage 4). M° : Turgenevskaya (ligne 7), Chistiye Prudy (ligne 1), Lubyanka (ligne 1). & + 7 495 649 66 24 / & depuis la France : 09 74 76 16 26 (prix d’un appel local) / E-mail : [email protected] / Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h, le samedi de 9h à 16h.•TSARVOYAGESSAINT-PETERSBOURG. Dom Mertens, Nevsky prospekt 21 & + 7 812 648 00 35 / E-mail : [email protected] SIBERIE LA RUSSIE AUTHENTIQUE EN HIVER © C. Gerbaud Lic. IM075100303 NORD ESPACES® SPECIALISTE DEPUIS 1993 - 75014 PARIS www.nord-espaces.com +33 1 45 65 00 00 26 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé Réceptifs nw ARTEL TROÏKA Gazetniy Pereoulok, 9/7 Bureau 41 MOSCOU ( ) & +7 499 408 20 33 www.arteltroika.fr [email protected] M° Okhotniy Ryad (ligne 1) Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h. Une assistance téléphonique en français est à disposition des clients 24h/24 pendant le voyage. Spécialiste de la Russie, Artel Troïka se concentre sur des voyages sur mesure à des prix raisonnables. L’équipe, originaire du pays et formée en France, s’appuie sur des repérages constants pour dénicher de nouveaux itinéraires et sa connaissance de la culture française. Chacune des 35 idées de voyages sur le site de l’agence est modifiable selon vos envies. Pour inspiration, une palette d’émotions suggérées : visites privées, dégustations, nuit à la datcha… Sur le site Web, possibilité de faire une demande de devis sur mesure pour deux ou en petit groupe d’amis. Vous recevrez, sous 2 jours ouvrés, un devis méticuleusement détaillé pour chacune des prestations. Tous les échanges avec les voyageurs se font en français. Une assistance téléphonique en français est aussi à disposition des clients 24/24 pendant le voyage. nw BAIKAL COMPLEX C) ( IRKOUTSK ( ) & +7 3952 46 22 44 & +7 914 89 51 961 & +7 3952 46 15 57 www.baikalcomplex.com [email protected] Un réceptif local très efficace pour organiser des visites d’Irkoutsk et de toute la région. Très bonne prestation pour découvrir l’île d’Olkhon avec un chauffeur et un guide sur plusieurs journées. Demandez tout particulièrement Natacha dont le français est excellent. Elle sait rapidement créer des liens et partager sa grande connaissance de la région. Elle a également accompagné quelques sommités sur place et ne manque pas d’anecdotes. Sa soupe d’omoul de pique-nique en bord de lac est sans pareil. L’agence dispose également d’un bon réseau de logements chez l’habitant qui permettra une découverte plus authentique et propose également de résider dans leur chalet à Listvianka. nw BAIKAL VOYAGE Irina Muzyka Baikal Voyages Ulitsa Babuchkina, 16B, 4 ) IRKOUTSK ( www.baikalvoyage.fr [email protected] Agence francophone. Site consultable en français. Ce spécialiste installé en Sibérie, au sud du lac Baikal vous concocte des séjours sur mesure avec des guides francophones ou anglophones. On prépare votre arrivée, vos transferts, réserve vos hébergements, organise vos expéditions... Depuis 2002, cet organisme animé par une équipe de jeunes Russes très sympathiques, amoureux de la Sibérie, respectueux de la nature et engagés dans une démarche de développement durable mènent leur barque avec passion. De bons interlocuteurs. Le plus : leur site Internet en français. nw DALGEO TOURS 78 Oul. Tourguenieva KHABAROVSK ( ) & +7 4212 31 88 29 & +7 4212 31 88 30 www.dalgeo.com [email protected] Agence locale anglophone, organise des excursions dans la région et peut aussi s’occuper des visas. nw DISCOVERY ( ) Tarassa Shevchenko 90 ) ABAKAN ( & +7 3902 320 310 & +7 3902 320 520 www.discovery-khakasia.ru [email protected] Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 18h, le samedi de 11h à 15h. Discovery est une des agences de référence de Khakassie depuis 2004. Elle propose des excursions bien ficelées et personnalisées à la découverte des sites touristiques de la région mais aussi de Tuva et de Krasnoyarsk. Disposant de guides francophones, Discovery est spécialisée sur le tourisme d’aventure : trekking dans le décor sublime des monts Sayan (aux confins de la Khakassie et de la Mongolie), rafting, spéléologie, etc. De mai à septembre, l’agence organise également une croisière sur l’Ienisseï au départ d’Abakan (6 jours, 5 nuits et 590 km le long du fleuve, puis retour à Abakan) qui permet de visiter nombre de sites important de la région et de s’adonner à la pêche ou à la randonnée. Le site Internet est uniquement en russe. 28 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé www.estcapade.com Votre récep f spécialiste Circuit Transsibérien, Séjour à la carte, Circuit Russie ! ✓wBaïkal ✓wCarélie ✓wAutotour ✓wTranssibérien ✓wSéjour à la carte EstCapade - Moscou U B P B Tél. (+7 495) 951.07.52 L N MBT nw EST’CAPADE Ulitsa Bolshaya Polyanka, 7/10 Bât. 3 ) MOSCOU ( & +7 495 951 07 52 www.estcapade.com [email protected] M° : Tretyakovskaya (lignes 2, 6, 8). Ouvert du lundi au vendredi et 10h à 19h. Une agence pionnière du tourisme francophone en Russie fondée par Frédérique Doillon, dont l’histoire personnelle se marie avec celle de la Russie contemporaine. Etudiante en maîtrise de russe, elle découvre Moscou en 1990, au crépuscule de l’URSS. Elle y revient tous les étés, s’engage avec une agence française en 1993 pour ouvrir leur bureau moscovite. L’agence est vite rachetée et l’antenne russe fermée. Qu’à cela ne tienne, Frédérique crée Est’Capade et s’attelle dès lors à ouvrir la voie des visiteurs francophones dans le plus grand pays du monde et parmi ses 11 fuseaux horaires ! Forte de plus de 20 ans de présence sur le terrain, Est’Capade propose des voyages en toute sécurité, mais toujours animés de l’esprit de découverte, de rencontre et d’aventure. En 2007, elle traverse le pays en 2 CV, puis organise en 2010 un raid en camping-car avec 52 véhicules en 3 groupes à travers la Russie, le Kazakhstan et la Mongolie. L’activité de l’agence se compose de 4 branches : Clés en main, A la carte, Transsibérien et Aventure. Côté «Clés en main», vous trouverez un combiné Moscou/ Saint-Pétersbourg en 8 jours, une découverte Moscou-Souzdal-Anneau d’Or en 8 jours et des croisières sur la Volga. Côté «A la carte», les possibilités sont presque sans limites en termes de lieux, de modes de transport et d’hébergement (de l’auberge de jeunesse à l’hôtel de luxe en passant par l’appartement ou le B&B). A noter qu’Est’Capade a développé une formule d’Autotour pour laquelle elle fournit le véhicule (avec GPS, cartes routières et feuille de route) et gère les réservations d’hébergement sur tout le parcours. En totale liberté ou accompagné avec un programme de visite et des guides sur le trajet, cette formule futée remporte un franc succès auprès de plus en plus de visiteurs. Pour le Transsibérien, les formules sont là aussi modulables : trajet complet MoscouVladivostok en 16 jours ou par tronçon et selon différents niveaux de confort, Transmongolien ou le mythique BAM (le Baïkal-Amour Magistral) qu’on aura rejoint après une traversée sud-nord du non moins magistal lac Baïkal en bateau. Enfin, pour l’aventure dans le Far East russe, guettez les prochains raids en camping-car ou camion sur le site Internet ! Partir en voyage organisé - comment PaRtiR ? √ 29 nw FOREST TEAM 12 rue Bokhniaka PETROPAVLOVSK-KAMTCHATSKI ) ( & +49 1637 664 464 / +7 4152 30 77 97 & +7 914 620 44 69 www.kamexplore.com Représentant en Allemagne et pour l’Europe : Anton Gross. Bureau du Kamtchatka : Sofia Makhnatina. Séjours pêche : Vitaly Forest. Circuit volcans, circuit des geysers et des ours... Foresteam est le spécialiste du Kamchatka. nw MARINA WILSON TOURS Nevsky Prospect, 22 ) SAINT-PÉTERSBOURG ( & +7 812 930 65 74 / +7 812 313 17 26 & +7 812 386 64 07 www.st-petersburg-visit.com Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h. Le samedi de 10h à 17h. Basée à Saint-Pétersbourg, le leitmotiv de l'agence est : « Nous ne vendons pas des tours, nous créons des souvenirs ». Les programmes exclusifs concontés par Marina Wilson sont personnalisables à guise et s'adaptent aux envies, à la durée de séjour et aux budgets des visiteurs. adaptables aux envies prepares selon les envies et les horaires particuliers des clients à Saint-Pétersbourg, Moscou et les pays Baltes. De la visite guidée à pied en passant par l'accueil "72 heures à Saint-Pétersbourg" de croisiéristes en Baltique (sans besoin de visa touristique) ou les tours à thème (le premier empereur de Russie, la Musique de SaintPéteresbourg, Peterhoff inconnu, etc.), Marina a plus d'un tour dans son sac pour faire de votre voyage une expérience mémorable. nw RUSSIE AUTREMENT Bureau 513 – Naberezhnaya reki Fontanki, 59 SAINT-PÉTERSBOURG ( ) & +33 09 77 19 83 27 www.russieautrement.com Agence joignable au téléphone (prix d’un appel local depuis la France) de 8h à 15h (heure française). Une agence tenue par une jeune et dynamique équipe franco-russe dont la qualité des prestations et leur rapport qualité/prix sont très appréciés de nos lecteurs. Séjours organisés, libres ou totalement à la carte, Russie Autrement s’adapte à toutes les demandes avec le souci de proposer une approche créative et personnalisée privilégiant une découverte de l’intérieur de la Russie contemporaine. wwAutre adresse : Réprésentation à Paris (uniquement pour les dépôts de visa pour la Russie, la Mongolie et la Chine) : Société Monvisa.com, 31 rue Villeneuve, 92110 Clichy. Tél : 01 42 70 99 72 / 06 45 46 20 22 INVITATION AU VOYAGE nw EXPLORUSSIA Khokhlovskiy Pereulok, 7-9 Bâtiment 2, entrée 3 MOSCOU ( ) & +7 495 720 83 98 www.explorussia.com [email protected] M° : Kitai-gorod (ligne 7) Le site est disponible en anglais. Réponse à toute demande sous 24 heures. ExploRussia est une agence de voyages nouvelle génération créée par Olga et Anna. Originaires de Sibérie et de l’ExtrêmeOrient russe, elles ont beaucoup voyagé à travers le pays au fil de leur enfance, de leurs parcours académique et professionnel. Amoureuses de leur pays, des voyages et des rencontres qu’ils permettent, elles ont créé une agence à leur image dont le premier but est de faire découvrir la Russie de l’intérieur, pour que le voyage ne soit pas qu’une rencontre avec des sites mais aussi avec les habitants et pour que la découverte de la destination ne se fasse pas sans une immersion dans le mode de vie local, que l’on soit à Moscou, dans la péninsule de Kola ou au Baïkal. L’agence privilégie donc les petits groupes (4-5 maximum généralement) pour individualiser l’expérience. Pour une découverte de Moscou ou de SaintPétersbourg, ExploRussia propose notamment d’excellents parcours hors des sentiers battus. Ces visites guidées d’une grosse demi-journée sont d’excellentes introductions aux villes, que ce soit sur leurs sites majeurs ou sur des thématiques pointues, mais avec toujours une approche personnalisée et enthousiaste où l’anecdote, le vécu et la prise de temps cotoient la connaissance académique. Ces découvertes des capitales russes peuvent se faire en format week-end (2 jours, 1 nuit) ou en combiné (7 jours) avec l’Anneau d’Or en extension (9 jours). Depuis Saint-Pétersbourg, ExpoRussia propose de rayonner dans le nord de la Russie et de parcourir la taïga, les magnifiques lacs et réserves naturelles de la Carélie, aux confins de la Finlande (8 jours). Les voyageurs qui ont le temps pourront opter pour la traversée en Transsibérien de Moscou à Pékin via le lac Baïkal et la Mongolie (19 jours). Quant aux esprits aventuriers, ils se rendront tout au bout de la Russie, dans l’archipel volcanique des îles Kouriles, au nord du Japon, pour un voyageexpédition lunaire. Enfin, conformément à leur approche, les voyages à la carte sont un des points forts d’ExploRussia, donc n’hésitez pas à leur faire part de vos envies, elles sauront les mettre en scène. 30 Æ comment PaRtiR ? - Partir en voyage organisé nw NEVSKI TOUR SAINT-PÉTERSBOURG ( ) & +7 921 935 87 42 www.baltapart.com [email protected] Anna, guide francophone professionnelle indépendante, propose des visites réellement sur-mesure avec une approche personnalisée et une découverte de l’intérieur de la capitale culturelle russe. Linguiste et historienne d’art de formation parlant 4 langues étrangères (française, néerlandaise, italienne et anglais), elle partagera avec vous, en plus de ses connaissances, son amour sans bornes pour la Venise du Nord ! Que l’on soit seul ou un petits groupes, les prestations d’Anna sont de haut niveau et d’une rapport qualité-prix très avantageux comparativement à ce que proposent les excursions standard. Que les visites soient circonscrites à Saint-Pétersbourg intra-muros ou qu’elles impliquent de se rendre dans des sites éloignés comme Peterhof, Tsarskoe Selo (Pouchkine) ou encore Novgorod, Anna s’occupe de tout : le transfert (en voiture, minibus ou car) et les tickets d’entrée, ce qui est extrêmement appréciable en haute saison afin d’éviter les longues files d’attente ou la contrainte de réserver soi-même plusieurs semaines à l’avance. Cela vaut aussi pour les spectacles et événements culturels. Anna a plus d’une corde a son arc : elle administre plusieurs appartements dans des bâtiments historiques en plein-centre et qui peuvent être loués à très bon prix (ex : appartement 3-pièces avec 2 lits doubles et 2 canapés convertibles à 115 E par nuit en haute-saison, 90 E en basse saison). Enfin, bien sûr, Anna peut également vous envoyer le voucher touristique ou l’invitation d’affaire nécessaire pour votre demande de visa russe. nw TARI TOUR Bakunina Pr., 5 Office 47 SAINT-PÉTERSBOURG ( ) & +7 812 324 71 12 www.eng.versa.ru [email protected] Le tour opérateur Versa prend en charge votre visite de la ville sur la Neva avec des experts confirmés. Créé en 1999 et basé à Saint-Pétersbourg, il opère également dans toute la Russie. Versa propose ainsi une vaste gamme de séjours régionaux (Moscou, St-Pétersbourg, Volga, Anneau d’Or, Lac Baïkal, Transsibérien, Oural, Kamtchatka, îles Solovki, Sotchi, Nord-Ouest de la Russie, etc.) ou thématiques (Parcours historiques, Dans les pas de Dostoïevski, Bains Sanduny, etc.) dans le pays aux deux continents, le tout à haute valeur ajoutée culturelle. Produisant lui-même ses séjours et négociant en direct avec tous ses prestataires, Versa propose des prestations de qualité à des tarifs attractifs, qu’il s’agisse de réservations d’hébergements pour des groupes ou des individuels, de visites guidées avec des guides professionnels francophones, de transferts en voiture, mini-bus et bus toute catégorie, de réservations de billets de théâtre, de billets de train et d’avion, de location de bateaux et de petites croisières, et même de palais, de restaurants et de groupes de musiciens ! Bienvenue en Russie avec l’équipe multilingue de Versa ! nw TJ TRAVEL 9-ya liniya, 34a SAINT-PÉTERSBOURG (( ) & +7 812 325 6531 - +7 921 953 23 78 www.st-petersburg-tours.ru [email protected] Ouvert de lundi au vendredi de 10h à 17h. Appel gratuit depuis le Canada et les USA au & +1 855 897 87 84. Les enfants de moins de 7 ans participa gratuitement. Les étudiants avec une valide ISIC carde et les enfants à partir de 7 ans on le droit de réduction de 25 US$. TJ Travel est une entreprise d’expérience (qui exerce depuis 2007) et propose une large palette d’excursions classiques à Saint-Pétersbourg, à Moscou et dans les villes des pays de la mer Baltique (Tallinn, Riga, Helsinki, Berlin, Stockholm, Oslo, Copenhague, Amsterdam) sans visa (jusqu’à 3 jours) pour les croisiéristes et les particuliers (visa nécessaire). Les guides sont tous de vrais professionnels parfaitement francophones vous accompagnent sur un un, deux ou trois jours d’excursions d’une durée de 8 heures par jour (possibilités de visites nocturnes). Les prix incluent l’admission à tous les musées et visites prévus dans le programme, le services de chauffeur (en Mercedes/Minivan avec A/C), les services de guide, l’autorisation de prise de photo/vidéo dans tous les musées (sauf le palais Ioussoupov). TJ Travel propose à ses clients des visites speciales pour les enfants ou des excursions sur les traces de l’héritage juif de Russie. Création de programmes sur-mesure à la demande. La companie ne demande pas le paiement en avance des prestations, fidèle à son succès et son leitmotiv : «Voyagez d’abord, payez ensuite» ! Retrouvez le sommaire en début de guide Partir seul - comment PaRtiR ? √ 31 Partir seul En avion nw AIR-INDEMNITE.COM & 0892 490 125 www.air-indemnite.com [email protected] Des problèmes d’avion (retard de vol, annulation ou surbooking) gâchent le séjour de millions de vacanciers chaque année. Bonne nouvelle : selon la réglementation, les voyageurs ont droit jusqu’à 600 E d’indemnité par passager ! Mauvaise nouvelle : devant la complexité juridique et les lourdeurs administratives, très peu de passagers parviennent en réalité à se faire indemniser. wwLa solution ? le site air-indemnite.com ! Pionnier et leader français depuis 2007, il simplifiera toutes les démarches en prenant en charge l‘intégralité de la procédure. Analyse et construction du dossier, échanges avec la compagnie, suivi de la procédure, versement des indemnités : air-indemnite.com s’occupe de tout et obtient gain de cause dans 9 cas sur 10. air-indemnite.com se rémunère uniquement par une commission sur l’indemnité reçue. Si la réclamation n’aboutit pas, rien ne sera donc déboursé ! Principales compagnies desservant la destination nw AEROFLOT & 0805 98 0010 www.aeroflot.com Site disponible en français. Aeroflot effectue 10 vols tous les jours entre Paris-CDG et Moscou. La compagnie aérienne russe, membre de SkyTeam, propose aussi des vols quotidiens pour Saint-Pétersbourg via Moscou. Également des vols pour les principales villes russes via Moscou. nw AIR FRANCE & 3654 www.airfrance.fr La compagnie aérienne française propose une dizaine de vols quotidiens directs entre Paris-CDG et Moscou. Comptez 3 heures 40 de trajet. Air France propose aussi tous les jours 1 vol direct pour Saint-Pétersbourg au départ de Paris-CDG. Durée du vol : 3 heures 25. Départ à 16h35, arrivée à 18h. Surbooking, annulation, retard de vol : obtenez une indemnisation ! n AIR-INDEMNITE.COM www.air-indemnite.com [email protected] Des problèmes d’avion (retard de vol, annulation ou surbooking) gâchent le séjour de millions de vacanciers chaque année. Bonne nouvelle : selon la réglementation, les voyageurs ont droit jusqu’à 600 € d’indemnité par passager ! Mauvaise nouvelle : devant la complexité juridique et les lourdeurs administratives, très peu de passagers parviennent en réalité à se faire indemniser. w La solution? air-indemnite.com, pionnier et leader français depuis 2007, simplifiera toutes les démarches en prenant en charge l’intégralité de la procédure. Analyse et construction du dossier, échanges avec la compagnie, suivi de la procédure, versement des indemnités : air-indemnite.com s’occupe de tout et obtient gain de cause dans 9 cas sur 1O. Air-indemnite.com se rémunère uniquement par une commission sur l’indemnité reçue. Si la réclamation n’aboutit pas, rien ne sera donc déboursé ! INVITATION AU VOYAGE Prix moyen d’un vol direct aller-retour ParisMoscou ou Paris-Saint-Pétersbourg. Haute saison (juillet, août et Noël) : à partir de 400 E. Les prix ont tendance à augmenter à cause de l’inflation et du fait qu’Aeroflot (en partenariat avec Air France) est depuis peu la seule compagnie à assurer des vols directs entre la France et la Russie. Pour obtenir les meilleurs tarifs en haute saison, achetez vos billets six mois à l’avance. Pour ce qui est des périodes moins courues, un délai beaucoup plus court ne devrait pas vous empêcher de décrocher un prix intéressant. Des vols avec courte escale à Zurich ou Francfort par exemple sont également assez pratiques et parfois deux fois moins chers. 32 Æ comment PaRtiR ? - Partir seul nw LUFTHANSA & 08 92 23 16 90 www.lufthansa.fr Lufthansa propose des liaisons quotidiennes entre Paris et Saint-Pétersbourg ou Moscou, via Francfort ou Munich. Aeroflot dessert la plupart des villes russes. Le 21 décembre 2013, Transaero devait ouvrir la première ligne directe Lyon-Moscou. nw LOT POLISH AIRLINES 101, rue d’Aboukir & 01 47 42 05 60 www.lot.com – [email protected] M° Sentier (ligne 3) Lot Polish Airlines assure plusieurs liaisons par semaine entre les principales villes françaises (Paris, Lyon, Marseille, Nice, Toulouse, Bordeaux) et leurs homologues polonaises (Varsovie, Cracovie, Gdansk, Poznan, Katowice, Wroclaw). Vols quotidiens et directs entre Paris et Varsovie. Comptez environ 2 heures 30 de vol. nw AUTO EUROPE & 08 00 94 05 57 www.autoeurope.fr [email protected] Auto Europe négocie toute l’année des tarifs privilégiés auprès des loueurs internationaux et locaux afin de proposer à ses clients des prix compétitifs. Les conditions Auto Europe : le kilométrage illimité, les assurances et taxes incluses dans de tout petits prix et des surclassements gratuits pour certaines destinations. Vous pouvez récupérer ou laisser votre véhicule à l’aéroport ou en ville. nw ROSSIYA AIRLINES & +7 800 444 55 55 www.rossiya-airlines.com/fr La compagnie propose des vols quotidiens directs entre Paris et Saint-Pétersbourg. Depuis cette ville, elle dessert quelque 70 aéroports en Russie, dont Moscou bien sûr, souvent à des tarifs très attractifs. nw SAS – SCANDINAVIAN AIRLINES SYSTEM & 0 825 325 335 www.flysas.com La compagnie programme des vols du lundi au vendredi au départ de Paris-CDG à 7h à destination de Saint-Pétersbourg, via Copenhague. L’arrivée est prévue à 13h40. Comptez 4 heures 40 de trajet. nw TRANSAERO & +333 687 801 82 / +33 174 221 239 www.transaero.com – [email protected] Transaero propose plusieurs vols quotidiens directs de Paris Orly à Moscou. Depuis la capitale russe, la compagnie appartenant à Location de voitures nw TRAVELERCAR 7, rue du Docteur Germain Sée (16e ) Paris & 01 73 79 27 21 www.travelercar.com [email protected] Service disponible aux aéroports de Roissy-CDG, Orly, Beauvais et Lyon St-Exupéry. Agir en éco-responsable tout en mutualisant l’usage des véhicules durant les vacances, c’est le principe de cette plateforme d’économie du partage, qui s’occupe de tout (prise en charge de votre voiture sur un parking de l’aéroport de départ, mise en ligne, gestion et location de celle-ci à un particulier, assurance et remise du véhicule à l’aéroport le jour de votre retour, etc.). S’il n’est pas loué, ce service vous permet de vous rendre à l’aéroport et d’en repartir sans passer par la case transports en commun ou taxi, sans payer le parking pour la période de votre déplacement ! Location de voiture également, à des tarifs souvent avantageux par rapport aux loueurs habituels. Séjourner Se loger Hôtels La qualité des hôtels en Russie est assez mauvaise, pour des prix souvent sans rapport avec la médiocrité du service. La situation est surtout difficile en province ; à Moscou et Saint-Pétersbourg, la situation s’améliore nettement. Mais les hôtels sont souvent pleins à cause des nombreuses manifestations internationales, et il est donc préférable de s’y prendre en avance. De plus, il existe peu d’hôtels bon marché, et les auberges de jeunesse (www russia-hostelling.ru) sont aussi chères qu’à New York. L’hébergement est véritablement ce qui coûte le plus cher en Russie. Dans tous les cas, nous vous conseillons de faire une réservation (passez un coup de fil ou envoyez un fax ou un e-mail) pour être sûr qu’il y a des places disponibles et pour demander une confirmation par écrit afin d’obtenir votre visa. Il vaut mieux passer par une agence de voyages ayant des prix pour certains hôtels et qui s’occupera par la même occasion de votre visa. wwLes meilleurs hôtels 5-étoiles sont situés presque exclusivement à Moscou et SaintPétersbourg. Il en existe aussi quelques-uns à Sotchi. On y dort pour au moins 200 $ par nuit et par personne. Séjourner - comment PaRtiR ? √ 33 Auberges de jeunesse Les auberges de jeunesse (surtout Moscou et Saint-Pétersbourg) se multiplient ces dernières années. Campings Impensable dans les grandes villes, le camping est en revanche possible à la campagne, mais il s’agira le plus souvent de camping sauvage. Les Russes parlent de congés sauvages, « dikii otdykh ». Il y a de nombreux endroits qui ne sont pas privés et même lorsqu’ils le sont, il serait bien étrange qu’on vous refuse de vous installer dans un champ pour la nuit. On vous invitera sûrement à dormir à l’intérieur. Pour ceux qui souhaitent faire du camping, le Nord de la Russie se prête particulièrement à ce genre d’activité. En été, beaucoup de Moscovites un peu baroudeurs montent vers la mer Blanche pour des expéditions en bateau dans les îles de cette mer gelée en hiver. N’oubliez pas votre bombe anti-moustiques car ils sont nombreux et souvent voraces. Pour les camping-caristes, la tâche sera ardue pour trouver des aires de services. Bons plans / Tourisme chez lhabitant Il y a peu, le touriste n’avait d’autre possibilité d’hébergement que l’hôtel. Le relâchement du contrôle sur les étrangers permet de loger chez l’habitant, dans des familles proposant des formules Bed&Breakfast pour arrondir leurs fins de mois. Les agences locales, nouvellement créées, se chargeront de vous indiquer des familles d’accueil mais aussi, si vous voulez avoir vos aises, des appartements à louer, en dollars généralement. Dans les villes touristiques, des « babouchkas » proposent des chambres. C’est sans danger et peu cher, mais vous n’aurez pas d’enregistrement. Se déplacer Un site peut vous être utile pour vos déplacements : wwwww.waytorussia.net. Infos sur les moyens de transport avec possibilité de réserver des billets, des conseils de voyageurs. Très complet. Avion Longtemps, l’avion a été le moyen de transport le plus utilisé dans ce pays aux distances énormes. Mais les prix ont augmenté. La Russie connaît moins d’accidents d’avion que les Etats-Unis, même si les appareils n’inspirent pas toujours confiance et si la décontraction de l’équipage frôle la désinvolture. Attention aux bagages, il n’est pas rare qu’ils se perdent. Bateau La partie européenne de la Russie est une terre de fleuves et de rivières et il y a de nombreuses croisières possibles, soit entre les villes, soit autour des villes. A Moscou, les embarcadères abondent sur chaque rive de la Moskova, et de nombreux bateaux sillonnent le fleuve. Les prix sont modiques. Certains hôtels organisent des croisières fluviales, dîner et spectacle compris. Vous trouverez des embarcadères en face de l’hôtel Oukraina, près du parc Gorki, près des ponts Novospassky, Bolchoï Kamenski et Oustinski. Les bateaux stationnent dans les gares fluviales ou maritimes. Bus, trolleybus et tramway A éviter à Moscou et Saint-Pétersbourg. Même les Russes ont du mal à s’y retrouver tant les indications sont sommaires voire inexistantes. En revanche, dans beaucoup de villes, c’est souvent le seul moyen de transport. Si vous avez peur de rater votre arrêt, demandez à la contrôleuse qui se trouve à l’intérieur. Il est, en revanche, interdit de parler au chauffeur. Métro Il n’est pas présent dans toutes les villes, mais partout où il se trouve, il est indispensable. Les villes russes sont étendues, très étendues : se déplacer à pied est souvent impossible, et en voiture, on reste coincé dans d’interminables bouchons. En ce qui concerne Moscou, certaines stations sont en plus très belles. En revanche, voyager à l’heure de pointe relève parfois de l’exploit tellement les trames sont bondées. INVITATION AU VOYAGE wwLes hôtels 4-étoiles sont en général présents dans les grandes villes et il y en a plusieurs à Moscou et Saint-Pétersbourg. La qualité est en général au rendez-vous, mais on peut avoir quelques mauvaises surprises malgré tout. wwLes hôtels 3-étoiles proposent des chambres simples, doubles ou de luxe, ainsi que des cafés, des bars, des restaurants. On y offre des « business services », des magasins, salons de coiffure. Ce sont le plus souvent, notamment dans les régions des anciens hôtels soviétiques, les fameux « Intourist ». Ils sont parfois très grands, comme de véritables quartiers. wwLes hôtels 2-étoiles comportent des chambres simples, doubles et semi-luxe. Les chambres avec tout le confort sont rares. Le téléphone ainsi que le réfrigérateur et la télé peuvent être dans le hall. Plutôt qu’un bon restaurant, ils offrent une sorte de cantine ou un café. Cette catégorie regroupe des hôtels soviétiques non rénovés. Les prix sont abordables et en général, c’est propre. wwLes hôtels de voyageurs : ils peuvent dépanner pour une nuit, mais sont assez inconfortables. La propreté n’est pas toujours au rendez-vous. 34 Æ comment PaRtiR ? - Séjourner Marshroutka Ces mini-autobus sont des taxis collectifs ou des transports publics privés, comme on voudra. En tout cas, « elles » supplantent les réseaux de bus de ville défaillants et permettent d’économiser le prix d’une course en taxi. Il n’est pas très simple de les utiliser quand on ne parle pas russe. On peut les prendre aux arrêts de bus ; il faut passer par la porte coulissante en n’oubliant pas de se plier en deux pour pouvoir entrer : les premières fois, on ne fait pas l’économie de quelques bosses. Elles suivent un itinéraire précis, indiqué sur les portes, en général celui d’une ligne de bus. On peut demander de s’arrêter où l’on veut sur le parcours… à condition de savoir le dire en russe. On paie en entrant ou en sortant selon les régions. Ces marchroutkas font aussi des trajets interurbains. Train Emprunter le train en Russie, c’est toucher du doigt l’espace vertigineux de cet immense pays, se laisser bercer par le roulis tout en se réchauffant à l’eau chaude du samovar, voler un morceau de paysage derrière les rideaux à fleur. Le train est la meilleure manière de voyager, de prendre le pouls du pays dans les étroits corridors et la promiscuité des compartiments. Le réseau ferroviaire n’est pas si mauvais qu’on le dit, du moins dans la partie occidentale de la Russie, mais à condition d’oublier le TGV (pour aller de Moscou à Saint-Pétersbourg on met de 8h à 9h aujourd’hui pour un peu plus de 500 km). Toutes les voies ferrées mènent à Moscou, qui est bien desservie, comme Saint-Pétersbourg, et pourvu qu’on n’en demande pas trop en fait de confort et de rapidité, on gagnera à voyager en train plutôt qu’en avion. Le site de la SNCF russe est assez pratique pour les consultations d’horaires. http : //eng.rzd.ru/. En revanche pour les achats depuis l’étranger mieux vaut passer par une agence de voyage. Il existe en Russie des trains rapides et des trains normaux de longue distance. Tous proposent trois classes : wwLe luxe ou le wagon-lit (bilety SV). wwLes couchettes (bilety coupé). wwLa troisième classe (platsecarte). Les wagons-lits sont les plus chers, mais les conditions du voyage justifient le prix. Les couchettes sont assez confortables, surtout si vous voyagez à quatre. La troisième classe est, bien sûr, la moins chère. Les billets sont vendus dans les guichets de gares, dans les agences de voyages et à l’agence centrale des chemins de fer. Attention, sachez qu’en Russie, toutes les gares sont à l’heure de Moscou. De même, sur les billets, c’est l’heure de Moscou qui apparaît. Ainsi, si vous êtes à Perm (2 heures de plus par rapport à Moscou) et que votre billet de train indique un départ à midi, cela signifie qu’il partira seulement à 14h, heure locale. Vous pouvez acheter votre billet le jour du départ ou plusieurs jours à l’avance. La prévente des billets commence 45 jours avant la date de départ. On peut les acheter au bureau des réservations de billets de train. Les touristes peuvent aussi acheter leurs billets à un guichet spécial à la gare ou dans une agence touristique. Au moment de l’achat, vous devez présenter votre passeport. Voiture La conduite est en général nerveuse. Mauvaise qualité du revêtement ou défauts (nombreux) de signalisation, toujours est-il que les accidents sont nombreux. Méfiance donc, même si les chauffards ne sont pas plus nombreux qu’ailleurs et que, contrôles stricts obligent, le degré zéro d’alcool autorisé dans le sang est plutôt respecté par les Russes. Il y a beaucoup de bouchons car le réseau routier était prévu pour beaucoup moins de voitures qu’il n’en compte aujourd’hui. Si Moscou a la palme, les villes de province ne font souvent pas beaucoup mieux. Le réseau routier est en assez bon état sur les routes principales. Mieux vaut avoir un téléphone portable et quelqu’un à appeler en cas de panne. Taxi La plupart des taxis sont conscients du fait qu’un étranger aura du mal à s’orienter et il n’est pas rare de payer cher. Si vous prenez un taxi dans la rue le mieux est de discuter le prix avec le chauffeur. En général un trajet en ville coûte aux alentours de 200 RUB. Depuis la gare au centre 200 RUB. Pour l’aéroport, à Moscou et Saint-Pétersbourg, entre 950 et 1 200 RUB. Si vous parlez russe, une bonne solution consiste à téléphoner à une compagnie de taxis, c’est en général plus abordable et sûr. Enfin pour ceux qui maîtrisent le russe, on peut aussi prendre un taxi sauvage. Il suffit de lever le bras près d’une route fréquentée et négocier le prix avec les voitures qui s’arrêtent. Si cela peut sembler un peu exotique au début, on s’aperçoit vite que c’est pratique et peu dangereux. Vélo De manière générale, les Russes ne sont pas très friands de la petite reine. Il faut dire que pédaler dans la neige n’est pas forcément ce qu’il y a de mieux. Il est toutefois possible d’en louer, notamment à Saint-Pétersbourg ou Moscou (nombreux loueurs privés et systèmes Velib disponibles) DÉCOUVERTE L’île d’Olkhon. © KATVIC – SHUTTERSTOCK.COM La Russie en 30 mots-clés Absurde C’est l’adjectif qui vient à l’esprit devant nombre de situations ubuesques ou surréalistes. Pourquoi faut-il faire la queue à trois guichets différents quand on fait ses courses dans un magasin ? Que signifie la pancarte « Attention, les sucettes tombent » ? Pourquoi est-il interdit de photographier les gares et les trains ? Ah, ces étrangers et leurs questions saugrenues ! La vie quotidienne en Russie est aisément déroutante, mais sachez que ce qui vous semble bizarre a toujours une explication, parfois alambiquée certes, mais une explication quand même. Trois guichets parce que le premier n’est pas le bon, au deuxième, on fait son choix et on prend son ticket et l’on paie au troisième. Les sucettes désignent les pics de glace qui pendent aux balcons et aux corniches. En cas de redoux, elles tombent comme des couperets. Et, enfin, le safari photo en milieu ferroviaire est interdit depuis que les autorités sont parties en croisade contre le « terrorisme ». Dans certaines gares, les quais ont été aménagés de manière à rendre plus facile l’inspection des wagons et la découverte d’éventuels explosifs. Adaptation Si la partie européenne de la Russie n’est pas la plus rude au niveau du climat, les contrastes sont flagrants entre les steppes d’Astrakhan, au bord de la Caspienne, où poussent naturellement des pastèques et la nuit de 4 mois à Mourmansk, au-delà du cercle polaire. L’adaptation est donc le maître mot face à ce climat qui conditionne toute la vie russe. De nombreux éléments d’architecture et d’aménagement sont conçus pour supporter le froid, la neige et la glace : ce sont les portes basses pour économiser le chauffage, les maisons de bois à toits pointus, les villages placés sur les rares éminences pour dépasser la couche de neige, etc. Les artistes se réfèrent aussi fréquemment à cette réalité et l’une des nouvelles les plus connues de Pouchkine, La Tempête de neige, adaptée au cinéma, évoque un destin bouleversé par la neige qui contrarie le rendez-vous de deux fiancés sur le point de se marier. Le climat est un élément de fatalité avec lequel il faut compter en Russie. Artisanat La Russie est un pays de forêts. Aussi l’artisanat russe traditionnel ou semi-industriel propose-t-il toutes les variantes du travail sur bois : coffrets, couverts, œufs, figurines et, bien sûr, les éternelles matriochkas, ces poupées-gigognes dont le visage de bonne fermière est concurrencé sur les marchés par ceux d’Eltsine, Gorbatchev, Lénine et Poutine… On peut trouver également de superbes coffrets en bois laqué et peint (artisanat de Palekh et de Kokhloma), des figurines de porcelaine évoquant la Russie impériale aux motifs bleus sur fonds bleu (style Gzhel’), de l’ambre sous forme de colliers, bijoux divers ou jeux d’échecs, des balalaïkas (guitares russes à trois cordes), des foulards brodés et de très beaux kilims (tapis muraux) d’Asie centrale, ainsi que des samovars, ces théières traditionnelles russes, en fonte le plus souvent. Baboui Une sorte de menhir en pierre ou en bois représentant une tête ou un corps de femme. C’est pour lutter contre ces représentations païennes en particulier, que l’Eglise décida d’interdire les sculptures. Les babouis persistèrent cependant, notamment dans le Nord, ce qui explique que les Saint-Georges, les christs ou les pietà, rares sculptures de l’orthodoxie entre le XIIIe et le XVIIe siècle, aient été façonnés dans le Nord, où un savoir-faire existait et continuait à être transmis. Après le XVIIIe siècle, il n’y eut pratiquement plus de sculptures car l’Eglise orthodoxe devint encore plus intransigeante que par le passé. Bains (banias) Le sauna et le bain russe (bania) sont très populaires en Russie où, pendant les rudes hivers, il est d’usage de se réchauffer en se flagellant avec des sortes de petits balais faits de branches de bouleau (appelés vénik). Cependant, vous n’êtes pas obligé de vous plier à la coutume qui consiste à se frotter de neige ou à se rouler dedans. Vous pouvez vous contenter de verser de l’eau froide (courage !) sur votre corps après un bain de vapeur. On se rend aux bains de préférence le samedi. Après quoi, le rituel consiste à boire un thé aux herbes ou du kvas, boisson fermentée aigre-douce, à base de pain de seigle, de sucre et de levure ou une collation composée de bière et de poisson séché. Même si tout cela vous paraît un peu brutal, n’hésitez pas une seconde lorsque l’on vous proposera un sauna à la datcha (maison de campagne). La Russie en 30 mots‑cLés √ 37 Calendrier C’est bien connu, la révolution d’Octobre était en fait une révolution de novembre. Un an plus tard, le tout nouveau pouvoir soviétique remet les pendules à l’heure en adoptant le calendrier grégorien, imposé en 1582 par une bulle papale de Grégoire XIII. Grégoire craignait en effet le glissement de Pâques vers les mois d’été… Toujours est-il que, pour les fêtes religieuses, les orthodoxes russes suivent toujours le calendrier julien, décalé de 13 jours : Noël est célébré le 7 janvier et le nouvel an le 13 janvier au soir. Un certain mercantilisme doublé d’une irrésistible envie de faire la fête pousse aujourd’hui certains à fêter le Noël catholique le 25, le réveillon le 31, le Noël orthodoxe et l’ancien nouvel an. Ces célébrations n’ont souvent pas grand-chose de religieux puisque le moment le plus important de l’année reste la fête de la Pâque orthodoxe, à ne surtout pas manquer si vous êtes en Russie à cette période. S’ajoutent à ces fêtes traditionnelles celles imposées par le pouvoir soviétique et auxquelles les Russes restent attachés. Vous pourrez ainsi célébrer en grande pompe la fête des professeurs (le 5 octobre), celle des défenseurs de la patrie (le 23 février) et la journée des cosmonautes (le 12 avril). DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE La bière russe a peu de goût, ce qui permet de la consommer en grande quantité. On trouve aussi des bières étrangères en Russie. Etrangères ou russes, les bières sont vendues dans les kiosques (avant 23 heures) ou magasins traditionnels, beaucoup moins cher qu’à une terrasse ou au restaurant. Un inconvénient cependant : la bière achetée dans ces petites boutiques n’est pas toujours fraîche. A table, elle ne détrône pas la vodka, mais peut la remplacer en accompagnant certains plats spécifiques, notamment un poisson salé, le vobla, qu’on assomme sur la table pour l’attendrir un peu car il est très sec de nature. Il se consomme habituellement dans les authentiques brasseries. En 2007, une étrange loi a interdit la consommation de bière à l’extérieur (parcs, rue, bord de rivière et de lac). Cette remise en cause d’un rituel bien ancré chez des générations de Russes est pour l’instant peu respecté et aucun policier ne tente d’appliquer la loi. Toutefois soyez prévenu car dans certaines régions encore peu visitées les règlements ne s’appliquent qu’aux étrangers, histoire de leur soutirer quelques roubles. Chapka La chapka est l’article incontournable de la panoplie vestimentaire russe. En fourrure, elle peut être chère mais est d’un chic et d’un confort dont on ne peut bientôt plus se passer. Sur les marchés, vous trouverez des versions en lapin qui protègent très bien du froid. Si la fourrure est chez nous un luxe, elle est, dans certaines régions du nord notamment, une obligation. Les anoraks de haute montagne sont beaucoup moins efficaces et surtout… introuvables. Aux premières neiges, vous remarquerez que les hommes se font couper les cheveux très courts. Alors que l’hiver arrive ? Eh oui, l’inconvénient de la chapka, c’est que quand on l’enlève, on est tout ébouriffé. © STÉPHANE SAVIGNARD Bière 38 Æ La Russie en 30 mots‑cLés Caviar Le terme caviar, « » en russe, désigne les œufs de poissons. Comme en français, il peut être rouge ou noir, c’est-à-dire de saumon ou d’esturgeon. La Caspienne et le bassin de la Volga ont longtemps été les seuls producteurs de caviar au monde. A l’époque soviétique, la légende urbaine dit qu’on trouvait du caviar sans difficulté et qu’on le mangeait à la louche, sans retenue car son prix n’était pas prohibitif. C’est sans doute excessif mais il est vrai que le caviar est nettement moins cher en Russie. La meilleure région pour en consommer est Astrakhan et le delta de la Volga. L’esturgeon est désigné comme « krasnaya ryba », ce qui signifie littéralement poisson rouge. Le braconnage est partout présent dans la région et les vendeurs méfiants. Depuis 2006, il est interdit de faire sortir du caviar de Russie, vous devrez donc tout consommer sur place ! Chasse © DREAM79 - FOTOLIA La chasse n’est pas un loisir en Russie, c’est un art quasiment sacré et un mythe fondateur. Un chasseur qui tue un loup a non seulement le droit de garder la peau mais, en plus, il reçoit une prime pour avoir bien protégé le bétail avoisinant. Les conditions pour venir chasser en Russie sont assez simplifiées : il suffit de détenir un permis de chasse de son pays – ce qui autorise à se procurer un permis russe provisoire – et d’adhérer, sur place, à une société de chasse (c’est-à-dire verser sa cotisation) permettant d’accéder aux territoires qu’elle couvre. L’ours n’est pas protégé en Russie ; seules quelques espèces le sont : les castors, les loutres, les visons sauvages. Les régions de Carélie, de Mourmansk et les piémonts du Caucase notamment se prêtent bien à la chasse et de nombreuses agences de tourisme vous proposent des séjours organisés de qualité. Conduite Au volant, les Russes ne font pas preuve d’une grande délicatesse : droit devant et la main sur le klaxon... En revanche, ils se révèlent d’incroyables pilotes sur glace, maîtrisant à fond le contre-braquage et le frein moteur. Si vous louez une voiture et que vous ne connaissez pas la conduite sur neige, mieux vaut passer le volant à un conducteur aguerri. On ne s’improvise pas champion de conduite sur glace ! En ville, les rues sont sablées mais à la campagne, c’est Holiday on Ice… A propos de conduite, le degré d’alcoolémie est limité à… 0 g et la maréchaussée ne fait preuve d’aucun humour à ce sujet. Cyrillique L’alphabet russe est un descendant en ligne directe du glagolitique, qui tire son nom du vieux mot slave « parler ». En russe moderne, le mot « glagol » désigne d’ailleurs un verbe. Cet alphabet slave fut introduit dans le royaume de Grande Moravie au IXe siècle par les moines bulgares Cyrille et Méthode, pour les besoins d’évangélisation des populations balkaniques. Il fut interdit par le pape et a même failli disparaître complètement au Xe siècle. Toujours est-il que vous risquez de vous trouver en Russie bien perdu devant les panneaux et les enseignes. Proche de l’alphabet grec, l’alphabet russe est trompeur. Le P est en fait un « r », le Y se dit « ou », le C se prononce comme un « s », bizarreries auxquelles il faut ajouter nombre de graphies qui ne vous diront rien du tout. Et c’est dommage parce que quelques mots pratiques sont empruntés au français (restaurant, métro, station ferroviaire, etc.). Cet alphabet comporte 33 signes dont l’apprentissage ne demande que deux ou trois heures. Ensuite, rien de plus simple pour descendre à la bonne station ou trouver un café : en russe, toutes les lettres se prononcent. Enfin, presque… La Russie en 30 mots‑cLés √ 39 Datcha Ah… la datcha, ce petit espace à soi, loin de la communauté impersonnelle des villes en damier soviétiques. Les Russes adorent la campagne et ils sont nombreux à migrer le vendredi soir dans leur maisonnette, même très modeste, hors de la ville. Petite isba de bois peint, jardinet en bord de route, deux fleurs et trois pommes de terre : ce petit bonheur reste plus souriant qu’une case dans les immeubles années 1950 des périphéries urbaines. Démesure Douche froide Le passage de l’hiver au printemps est marqué par un étrange rituel. Aux mois de mai, juin ou juillet, vous aurez la surprise d’être privé d’eau chaude pendant environ deux semaines, laps de temps nécessaire pour « nettoyer » les canalisations. Ah ! Les joies des bains d’antan où il fallait faire chauffer l’eau et, casserole après casserole, remplir sa baignoire. Certains, plus courageux, redécouvrent les bienfaits des douches froides tandis que d’autres, plus paresseux, augmentent leur consommation de déodorants… Quoi qu’il en soit, ne vous en faites pas, presque tous les hôtels disposent de ballons d’eau chaude. Eau Il n’y a pas à dire, la Russie regorge d’eau. Des grands fleuves, comme la Volga, l’Ob ou l’Ienisseï, des lacs comme le Baïkal ou le Teletskoye, des rivières, des réserves, Froid Amateurs de pays chauds, passez votre chemin ! Sauf à séjourner en Russie en été ou toute l’année au bord de mer Noire. Il faut quelques jours pour s’adapter au climat hivernal. A - 10 °C, les sons changent, se font plus feutrés, à - 20 °C, on peut mener une vie absolument normale, à - 30 °C, les choses se corsent : les déplacements sont limités et il faut soigner son équipement. A ce propos, on pourra acheter sur place une doublionka (gros manteau en peau de mouton) ou une fourrure. Et puis le thermomètre n’est pas un indice suffisant : c’est surtout le vent qui procure une sensation de froid. Un petit - 20 °C peut être rendu insupportable par des rafales, alors qu’un - 30 °C, par grand soleil et temps calme, ne vous empêchera pas de vous balader. Guerre La partie européenne de la Russie a été particulièrement marquée par la Deuxième Guerre mondiale. Au nord, Saint-Pétersbourg a vécu un blocus de 800 jours, Smolensk, Pskov, Novgorod ont été entièrement détruites. On pensera aussi à la bataille de Stalingrad (ville baptisée Volgograd aujourd’hui) qui a causé la mort d’un million de soldats soviétiques et 750 000 soldats nazis et qui s’est achevée par la victoire de l’Armée Rouge, dont les restes ressurgissent chaque fois que l’on creuse les fondations d’un nouvel immeuble. Dans ces régions, ce sont un quart, voire un tiers de la population qui est morte pendant la guerre, au front, lors de l’offensive allemande. Les monuments commémoratifs sont donc légion et le culte voué autour de ce que les Russes appellent toujours la Grande Guerre patriotique est aussi un moyen d’exorciser les deuils vécus dans toutes les familles, même si le temps a passé. Le 9 mai est célébrée la Fête de la victoire de la Grande Guerre patriotique. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Ce qu’il y a d’indéniable avec les stéréotypes, c’est qu’ils comportent souvent une part de vérité. Il en va ainsi du fameux excès slave. Voir en grand, faire en gigantesque, c’est primordial : le plus grand pont, le plus grand complexe d’habitations, la plus grande librairie, la plus grande discothèque, le plus grand nombre de chambres dans un hôtel… Néons et enseignes ajoutent un petit air tapageur à ces projets pharaoniques. La littérature et le cinéma sont pleins d’histoires d’amours impossibles, déchirantes et enflammées. La passion russe pousse à l’excès. Mais cette même tendance à l’excès fait que les Russes sont également des gens capables d’une grande patience et de beaucoup de résistance. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le siège de la ville de SaintPétersbourg fut très représentatif de cette ambivalence : d’un côté le sacrifice, de l’autre une patience et une résistance qui forcent le respect. des sources souterraines… Les Russes sont des amateurs d’eau minérale, gazeuse de préférence, la plus appréciée provenant des montagnes du Caucase (Narzan, Borjomi). Mais surtout, les stations thermales, connues pour leurs vertus curatives, constituent l’un des bonheurs les plus prisés des Russes. Tout Russe vous citera toujours avec fierté une cinquantaine de noms de maladies que l’on soigne dans ces eaux. Les plus célèbres de ces stations sont au pied du Caucase dans la région de MIneral’nye Vody (eaux thermales). Paradoxalement, l’eau du robinet n’est pas potable en Russie. Évitez d’en boire, sauf à la filtrer avec une carafe adaptée. 40 Æ La Russie en 30 mots‑cLés Hospitalité Khroutchevka La Russie est traditionnellement une terre d’accueil où l’hospitalité est un art. On n’arrive jamais les mains vides, on ne repart jamais les mains vides non plus. Telle est la règle. Repas pantagruéliques, pluie de questions et de conseils, les Russes ont l’habitude de prendre en main les étrangers. Question de culture, question de survie aussi. Cette explosion de générosité est pourtant codifiée : on enlève son gant avant de serrer une main (ne pas le faire est très mal vu), on ne se salue pas sur le seuil d’une porte (ça porte malheur), une femme ne s’assied pas au coin d’une table (elle ne se mariera pas), on ne laisse pas une bouteille vide sur la table (ça fait désordre) et on respecte l’ordre des toasts (ne jamais boire sans y être invité). Et surtout on trinque régulièrement, plusieurs fois par tournée. L’hospitalité caucasienne est légendaire, elle vous semblera parfois un peu étouffante, mais laissez-vous faire, si un Caucasien vous a fait rentrer chez lui, il est responsable de votre bonheur. Non, la Khrouchtevka n’est pas la femme de Nikita Sergeïevitch Khrouchtchev, ni sa fille d’ailleurs. C’est le nom donné par les Russes au type de logements mis en place par Khroutchev pour parer à la crise du logement des années 1950 et 1960. La Russie européenne, dont les villes ont été détruites par la guerre, a été recouverte de ces immeubles de 5 étages, assemblés à la va-vite et aux fondations dérisoires. Véritables « meccano », ces maisons sont composées de grands pans de mur avec fenêtres qui sont imbriqués les uns aux autres, le tout consolidé avec un peu de béton. Les infiltrations d’air froid sont nombreuses, l’insonorisation réduite au minimum, les escaliers souvent de travers et les parties communes d’une crasse proverbiale. Et les logements sont petits. Autant dire que les Russes ont des sentiments ambivalents pour ces logements que tout le monde essaye de quitter mais qui rappellent aussi les années de l’enfance soviétique, une époque pour beaucoup insouciante. Kiosque Le traditionnel kiosque ( ) soviétique, débordant de choux ou de pommes, permet aujourd’hui à beaucoup de Russes, souvent des femmes d’ailleurs, de monter un petit business. On y trouve de tout, du paquet de cigarettes au shampooing en passant par les nouilles chinoises en sachet et les journaux. Certaines de ces cabanes ne ferment que le temps d’une surréaliste « pause technique » dûment annoncée par un écriteau. Quand le kiosque se développe, c’est-à-dire que l’on peut y entrer au lieu de tambouriner à la fenêtre, il devient alors un pavilione ( ). Certains sont ouverts 24h sur 24, ce qui s’avère très pratique. Kvas Si vous séjournez l’été en Russie, vous tomberez sûrement nez à nez avec une citerne jaune portant les armes du KBAC (prononcez « kvas »). A cet instant, il vous faudra oublier que ce breuvage typiquement russe est en fait du jus de pain rassis. A mi-chemin entre le cidre et le Coca-Cola suivant les préparations, le kvas est très désaltérant et, paraît-il, excellent pour la santé. Le meilleur est évidemment fait maison, mais on peut en trouver du très bon vendu dans la rue. Si vous voulez acheter plus qu’un verre, n’oubliez pas de prendre une bouteille vide car les vendeurs ambulants n’en fournissent pas. L’été, le kvas sert à la préparation d’une délicieuse soupe froide appelée okrochka. Livres Aujourd’hui, le livre est devenu cher et beau. L’édition a remis au goût du jour les belles couvertures, le graphisme soigné et le papier de qualité. Les férus de lecture, et ils sont nombreux en Russie, qui n’ont pas les moyens se rabattent sur les livres d’occasion qui font parfois l’objet de véritables foires. Pour se faire un peu d’argent, certains vendent une partie de leur bibliothèque dans la rue. Dans les transports en commun, beaucoup de passagers lisent. Aujourd’hui, les liseuses électroniques ont souvent remplacé le livre papier dans le métro. Les Russes sont de grands lecteurs, qu’il s’agisse de « grande » littérature, de polars ou de romans sentimentaux. Au plus fort de la répression et de la censure soviétique, même lorsque le ravitaillement alimentaire était défaillant, les librairies étaient pleines à craquer d’ouvrages certes « autorisés », mais parmi lesquels figuraient les classiques et, à certaines périodes, la littérature étrangère. Le tout pour quelques kopecks. Marchandage Le marchandage n’est traditionnellement pas dans la mentalité russe. Le prix étant considéré comme mûrement réfléchi et juste, il n’est nul besoin de discuter pendant des heures. C’est un peu moins vrai maintenant, mais les vendeurs russes rechignent toujours à se livrer à ces palabres ou font mine de ne pas y être sensibles. Néanmoins, si le prix annoncé vous paraît trop élevé, c’est sans doute que le vendeur sait qu’il a affaire à un étranger et il faut tenter de marchander. Cela peut marcher. En revanche, La Russie en 30 mots‑cLés √ 41 dans le Caucase et partout ailleurs dans les marchés, le marchandage est une règle et un art. Ne pas s’y conformer paraîtrait douteux. Dans ces régions méridionales, si vous ne parlez pas russe, les doigts feront très bien l’affaire. Minute de silence Monuments commémoratifs On en trouve partout en Russie. Ils rappellent l’immense mobilisation que Staline avait organisée lors de la Deuxième Guerre mondiale contre l’envahisseur nazi. Aussi, les héros de cette « Grande Guerre patriotique » peuplent-ils encore tous les coins du pays. Les héros célébrés sont aussi ceux de la révolution d’Octobre. Les monuments qui exaltent les vertus du travail et du courage, des paysans et ouvriers sont toujours là, même si les signes trop staliniens en ont été effacés. Les monuments prennent des formes différentes, de la traditionnelle flamme au soldat inconnu aux chars T-34, produits en masse par l’industrie soviétique et qui ont permis de battre l’envahisseur nazi. Le samedi, il n’est pas rare de voir des cortèges de mariage se rendre auprès de ces monuments afin de se souvenir du sacrifice consenti par toute une nation. Morjy « Morses », nombreux en russe. Ce nom ne dit peut-être pas grand-chose et pourtant l’image est devenue un cliché relayé par tous les films et médias tant il semble « exotique ». Les morjy, ce sont tout simplement ces baigneurs téméraires qui piquent une tête dans l’eau après avoir pratiqué un trou dans la glace. Musique Ceux qui ont voyagé en URSS s’en souviennent : il était difficile de déjeuner ou de dîner sans subir les assauts sonores du sempiternel orchestre. Mystique Vous avez oublié votre sac en sortant de chez vous ? Alors prenez le temps de passer devant le miroir lorsque vous rentrez pour le chercher afin de déjouer le mauvais œil. Votre couteau est tombé ? Quelqu’un ne va pas tarder à sonner à la porte… Autant de croyances profondément ancrées chez les Russes qui cultivent une passion pour le mysticisme et l’ésotérisme. Cette passion est ancienne, on peut penser à la figure du « fol en christ », sorte d’idiot béat et prophète qui peuple l’histoire et l’art russes, notamment dans l’opéra Boris Godounov de Modeste Moussorgski adapté de la pièce de Pouchkine. La révolution et son héroïsme participent aussi d’une certaine mystique. Si le communisme comportait une certaine forme de mysticisme, depuis les années 1990, les médecines chinoises, rebouteux et autres chamanes font fureur à Moscou et dans les grandes villes russes. Aujourd’hui, la foi orthodoxe fait son grand retour. Pakiet Le pakiet, le fameux sac en plastique, n’est pas, comme en France, une chose futile que l’on trouve gratuitement et que l’on jette en rentrant chez soi. Ici, on s’en sert jusqu’à l’usure et, suivant la saison, certains motifs et marques sont plus tendance que d’autres. En URSS, on se promenait toujours avec en poche un pakiet plié en huit, histoire d’être prêt à acheter quelque article de consommation courante depuis longtemps absent des magasins et soudain reparu. On appelait ces sacs « au cas où… ». Aujourd’hui, même s’il n’est peut-être pas très chic, le pakiet est un accessoire qui vous deviendra vite indispensable, surtout en hiver. Plus de problèmes de fermeture Eclair et de mains frigorifiées : tout votre sac est à portée de moufle. Les babouchkas se sont spécialisées dans la vente de sacs en plastique. Les pieds dans la neige et le regard ailleurs, elles survivent en vendant des logos Dolce et Gabbana ou Versace, à la sortie du métro ou à l’entrée des marchés. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Avant de partir pour un long voyage, les Russes ont l’habitude de s’asseoir en silence quelques instants en compagnie de leurs proches. Après les derniers préparatifs et avant de courir à la gare, ils prennent le temps. De quoi ? C’est selon : le temps de passer en revue ce que l’on aurait pu oublier, le temps de s’imprégner une dernière fois d’un lieu et de son ambiance, le temps d’une prière… Si vous séjournez longtemps en Russie, vous n’y couperez pas. Entre deux moments d’agitation (retrouver le billet, boucler la valise, écouter mille et un conseils, rouvrir la valise et cavaler sur le quai de la gare, boire une dernière vodka, embrasser tout le monde), cette pause sereine et recueillie est toujours un instant aussi saugrenu que touchant. Aujourd’hui, les baffles ont remplacé les musiciens, mais c’est toujours une tendance forte : les cafés en plein air, les marchés, les magasins, les restaurants sont souvent « sursonorisés ». La musique la plus diffusée pour attirer la clientèle est la popsa, la pop russe dont les seules représentantes à avoir dépassé la frontière russe sont les duettistes du groupe t.A.T.u. Aussi bizarre que cela puisse paraître, beaucoup d’étrangers râlent contre ce fond sonore quasi obligatoire, mais ne manquent pas d’acheter une compilation avant de rentrer (vous verrez, vous le ferez aussi). On finit par s’attacher à cette musique, qui, une fois rentrée dans nos pénates, rappelle les bons moments passés en Russie. 42 Æ La Russie en 30 mots‑cLés Peuples autochtones Le lien entre la religion orthodoxe et l’identité russe est aussi complexe que la Russie ellemême. La Russie doit son existence à la foi chrétienne adoptée au IXe siècle par la Rus’, la Russie ancienne. L’aspect non universaliste que prend l’orthodoxie russe après le schisme de 1054 l’oriente vers la définition d’un territoire donné sur lequel imposer la foi orthodoxe, à l’opposé de l’Eglise catholique. L’occupation des terres russes par les Tatares à partir de 1240 et la collaboration de certains princes à cette occupation, contribuent à renforcer le pouvoir symbolique de l’Eglise, seule institution à résister aux barbares. Malgré le schisme interne à l’église orthodoxe au XVII e siècle, qui verra apparaître les Vieux Croyants, et l’inféodation du pouvoir spirituel au pouvoir temporel avec la création du saint synode par Pierre le Grand, l’Eglise conserve l’adhésion des masses. Une adhésion qui ne connaîtra qu’une courte parenthèse à la révolution. Et si l’URSS a lutté contre la religion, le peuple y est resté profondément attaché. Le petit Vladimir Poutine n’a-t-il pas été baptisé dans le secret d’une cave de son quartier de Saint-Pétersbourg, alors même que dans le pays la dernière grande campagne anticléricale battait son plein ? Un attachement problématique dans un pays qui revendique toutes les grandes religions (christianisme, islam, judaïsme, bouddhisme, chamanisme) et qui ne permet pas de résoudre la crise identitaire d’un pays divers qui se veut monolithe. Autochtones, indigènes, locaux… Le politiquement correct s’emmêle les crayons pour désigner une trentaine de peuples colonisés de longue date par les Russes. Leur situation est variable, mais d’une manière générale leur sort n’est pas enviable. Méprisés par les premiers colons russes, acculturés par des décennies de communisme, les peuples du Grand Nord oscillent entre, d’une part, un sombre désespoir meublé par l’alcool et des taux de suicide élevés et d’autre part, un retour refuge vers un mode de vie traditionnel où la nature reprend tous ses droits. Le sort des peuples du Caucase n’est guère plus enviable, tour à tour envahis, montés les uns contre les autres, déportés… Leur méfiance vis-à-vis des Russes est compréhensible et parfois violente. © STÉPHANE SAVIGNARD Orthodoxie Église de la Transfiguration, Kiji. Queue A l’étranger, l’image de la Russie est marquée par ces longues files d’attente, immobiles et obstinées, devant des magasins vides, le premier Mac Do, les banques ou les guichets de gare. En Russie, attendre est un art et une discipline. Ne vous avisez jamais de doubler quelqu’un dans une file. Cela ne se fait pas et vous risqueriez de prendre des coups de cabas. Les gares constituent un excellent terrain d’entraînement. Souvent, en arrivant pour prendre sa place à la fin de la queue, on demande « Kto posliedni ? » (« Qui est le dernier ? »). En effet, la personne qui est devant vous peut ne pas être ce dernier, qui, lui, est parti acheter un journal ou faire un tour, en demandant à ce qu’on garde sa place. La Russie en 30 mots‑cLés √ 43 Sur le marché ou devant un kiosque, une longue file attire naturellement les passants : c’est signe que la marchandise est peu chère. Vous entendrez alors cette question déroutante, digne d’un film des Monty Pythons : « na chto ochered ? » (« qu’est que les gens attendent à cette queue ? »), le plus déroutant étant souvent que vous ne savez pas vous-même. Rencontres Samogon La vodka est la boisson nationale, mais si vous séjournez à la campagne, vous vous apercevrez que pour les moins riches, ce breuvage reste cher. Aussi, la vodka est-elle supplantée par le samogon, des mots sam (« soi-même ») et ogon (« feu »). Ce que nous comparerons à une « gnôle » présente des caractéristiques variées. Dans le pire des cas, il s’agit d’alcool de contrebande coupé de substances peu recommandables, voire toxiques pour l’être humain. Le vrai samogon est fait maison. Un alambic est bricolé, installé dans une salle de bain et l’alcool est vendu sous le manteau ou échangé. Tout dépend ensuite des talents du bouilleur de cru. Cependant, il est sage de réfléchir à deux fois lorsqu’on vous propose cette boisson. Le samogon préparé dans les règles de l’art est une vodka artisanale titrant jusqu’à 70° et parfois agrémentée de baies ou d’aromates. A consommer avec modération ! Saumon Le saumon est très présent dans les rivières du nord de la Russie européenne. Il existe d’ailleurs des agences de voyages qui proposent de passer plusieurs jours consacrés à la pêche au saumon dans la région de Mourmansk. Pour les moins téméraires et les plus gastronomes, le saumon est très présent dans la cuisine russe, cru, grillé, bouilli, en soupe et accompagné, c’est la tradition, d’un verre de bière ou de vodka. Ce mot que l’on entend souvent résonner aux informations signifie « l’homme fort » et il désigne les hommes politiques russes issus des anciens services de sécurité ou de l’armée. Ces « guébistes » (cadres de l’ex-KGB) ont massivement intégré l’équipe politique de Vladimir Poutine. Les opinions des russes à leur sujet sont partagées. Pour certains « ils menacent la démocratie », pour d’autres, ils constituent un contrepoids nécessaire aux oligarques. Ils sont des figures de proue de la vie politique russe actuelle. Steppe La steppe est entrée au panthéon des symboles nationaux russes tout autant que les bulbes de la cathédrale Basile-le-Bienheureux à Moscou. Ce paysage si particulier, très présent notamment dans le sud de la Russie occidentale (depuis Rostov jusqu’à Astrakhan) donnerait presque à la monotonie un aspect grandiose. Les longues étendues de terre sèche à la végétation rase ont été les routes préférées des envahisseurs depuis la Russie ancienne (la Rus’) jusqu’à la fin du joug tatar-mongol au XVIe siècle. Un Russe ne vous parlera pas sans une émotion réelle de la steppe, pendant méridional de la toundra. La steppe qui s’étend sur plus de 3 500 kilomètres de Rostov au Kazakhstan est même souvent affublée de l’adjectif « velikyi », grandiose. Thé Très répandu et très consommé dans toute la Russie. Vous aurez cependant des difficultés à trouver du vrai thé russe au goût particulier, puissant et un peu fumé. Non seulement dans les hôtels, mais même dans les boutiques où malgré l’emballage et l’inscription en russe, il vient à 90 % d’Inde ou de Ceylan. Ce n’est pas dramatique puisqu’il est assez bon, mais les intransigeants de la couleur locale risquent d’être déçus. Faites les boutiques avec un Russe si vous voulez avoir une chance de dénicher de l’authentique. Près de Rostov, une fabrique produit un excellent thé russe que vous trouverez à l’hôtel du Kremlin : il est même possible d’en acheter, alors qu’il est introuvable en magasin. Si vous êtes invité chez des Russes, ne vous inquiétez pas si l’on ne verse dans votre tasse qu’un peu de thé noir. On l’allongera aussitôt avec de l’eau bouillante. Certains cafés et restaurants servent ce « thé du pauvre », une mixture très concentrée sur laquelle on verse de l’eau. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Les Russes aiment bavarder et il semble que leur soif de connaissances et de découverte de tout ce dont ils ont été privés pendant trois quarts de siècle ne soit toujours pas étanchée. Dans les trains, dans la rue, dans les musées ou les restaurants, il est courant de se faire aborder le plus simplement du monde, juste pour discuter. La langue est rarement une barrière. En effet, les Russes, notamment les jeunes, parlent anglais ou allemand, parfois même français. Sinon, ils trouveront un moyen de communiquer. Il peut arriver – c’est toujours très drôle – que leur technique se limite à vous parler plus fort, mais toujours en russe ! Siloviki © STÉPHANE SAVIGNARD 44 Æ La Russie en 30 mots‑cLés Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg. Théâtres Les Russes aiment beaucoup aller au théâtre et ce puissant outil de propagande était largement financé par l’Etat soviétique. De cette époque, il reste un réseau dense de théâtres à Moscou et Saint-Pétersbourg, mais aussi dans les régions. Les prix sont accessibles et les Russes s’y rendent très régulièrement vêtus de leurs plus beaux atours. Même pour un étranger ne parlant pas un mot de russe, ces spectacles sont captivants tant les mises en scène sont parfois avantgardistes. L’opéra de Novossibirsk est un vrai bijou culturel. Mais de façon plus surprenante, c’est la ville industrielle de Kemerovo qui a donné à la Russie son plus grand dramaturge contemporain, Grichkovets, qui se produit fréquemment à Paris et à Avignon. Quant à la marionnette, cet art national russe, ce serait un euphémisme de dire qu’elle a connu une renaissance en Sibérie… Entre Vladimir Zakharov, originaire de Tomsk, qui a inventé une forme révolutionnaire de marionnette (la marionnette aux poignets) et Evgeni Ibrahimov qui a fondé un théâtre de marionnettes avant-gardiste en Khakassie, les petites poupées sont toujours à l’honneur. Toast Tout est prétexte à boire un verre de vodka, y compris les toasts ( « je lève mon verre à… ») que chacun porte tour à tour en y allant de son petit discours. Si l’on est très nombreux, on peut passer son temps à se lever et se rasseoir pour tous ces toasts successifs. C’est grisant et un peu enivrant. Sachez qu’il ne faut surtout pas boire sans qu’un toast ait été prononcé. C’est une réelle offense pour un Russe. D’ailleurs, les Russes qui viennent en France sont choqués de nous voir enchaîner machinalement des verres de vin rouge à table en omettant la pratique du toast. Il est bon de savoir que les trois premiers toasts suivent un rituel très défini. On boit d’abord à la rencontre, puis à nous, puis à l’amour. Il y a bien entendu des variantes locales. Dans le Caucase, le toast est même un mode de vie à part entière. Les Ossètes affirment que pour qu’un repas soit réussi, il faut faire 99 toasts. Toutefois vous pourrez négocier une version « light » de 7 toasts. Il existe même une profession Tamada (mot emprunté au géorgien), qui est une personne en charge d’animer les toasts. Dans tous les cas, vous pouvez refuser de boire sans vexer vos hôtes... à partir du quatrième verre ! Vodka La boisson russe par excellence. Les vodkas diffèrent selon leur teneur en alcool (40-50°), le degré de sa rectification et le supplément en sucre (0,1-0,2° seulement). A la vodka vendue dans les kiosques, préférez celles en bouteilles fermées par des capsules à vis, vendues dans les magasins. Pour la boire comme les Russes, il faut la boire cul sec, non pas par petites gorgées comme le font les touristes. C’est de cette manière et sans la mélanger au cours du repas avec une autre boisson alcoolisée qu’elle est la plus appréciable, met de bonne humeur et ne rend jamais malade. Les plus raisonnables se contentent d’un ou deux verres par repas (des petites doses de 5 cl environ), mais quand la fête bat son plein, les toasts et les dégustations ne se comptent plus. Cette boisson divine, qui réchauffe le cœur et le corps, est rarement un tord-boyaux et vous aurez l’occasion, en comparant les marques, d’en apprécier la qualité à des tarifs vraiment bas. Nous vous recommandons la « Russki Standart » et « Zelenaya Marka ». En Russie, la vodka est présente à chaque moment de la vie et même au-delà puisque l’un des rites funéraires prévoit de La Russie en 30 mots‑cLés √ 45 forêt !). La vodka, vous l’avez déjà compris, est bonne en toutes circonstances, du mal de gorge au coup de blues, en passant par la migraine, l’aphonie (en compresses), le mal de dents (en gargarismes), la colique (avec du sel), l’ulcère à l’estomac (il faut tout de même qu’elle contienne l’herbe médicinale), les plaies (c’est un puissant antiseptique) et les moustiques. Zek Abréviation de zaklioutchionnyi (prisonnier). La première image qui vient à l’esprit lorsqu’on parle de la Russie du nord et de la Sibérie est celle des camps. Triste réputation. Si cette époque est heureusement révolue, la gigantesque entreprise du Goulag a laissé ses empreintes dans le paysage russe, mais aussi dans les esprits. Nombreux sont les anciens zeks qui sont restés sur place après la fermeture des camps. Le sujet n’est pas exactement tabou, mais il ne fait pas non plus l’objet d’un travail de mémoire très actif. Entre 10 et 18 millions de personnes ont été détenues dans les camps de concentration du Goulag, sans compter les millions de déportés dans d’autres régions de l’URSS. L’un des zeks les plus célèbres est Alexandre Soljenitsyne (1918-2008), prix Nobel de littérature et auteur, entre autres, de L’Archipel du Goulag. Faire / Ne pas faire Faire ww Si vous êtes invité chez des Russes, apportez un petit cadeau : quelque chose de votre pays, des chocolats, une bouteille de vin… ww Lorsque vous pénétrez dans un appartement russe, enlevez toujours vos chaussures. On vous donnera tout de suite une paire de tapotchki (pantoufles). ww Les hommes doivent observer scrupuleusement les règles de la galanterie vis-à-vis des femmes (tenir la porte, proposer de porter un objet lourd à leur place, payer l’addition sans même dire « je vous invite », puisque cela va de soi). Les Russes y attachent en effet plus d’importance que nous. ww En train, lorsque vous déballez votre casse-croûte, partagez avec vos voisins de compartiment. Ils feront de même spontanément. Ne pas faire ww Serrer la main à quelqu’un sur le seuil d’une porte. Il faut que les deux personnes soient du même côté, sinon ça porte malheur. ww Si vous offrez des fleurs, faites attention à ce que leur nombre soit toujours impair, sauf à l’occasion d’un enterrement. ww Quand on vous sert de la vodka, ne buvez pas avant d’avoir trinqué. Et ne déclinez surtout pas une invitation à porter un toast, quitte à dire des banalités ; si vous ne parlez pas russe, on vous demandera parfois de le faire dans votre langue maternelle. Ne sirotez pas votre verre, buvez-le d’un trait. ww N’allumez pas une cigarette à une bougie. ww Ne sifflez pas à l’intérieur, car cela entraînerait la ruine de ceux qui habitent là. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE placer à table une assiette et un verre de vodka à l’intention du défunt. De même au cimetière où l’on installe à côté de la tombe visitée une petite table, une chaise, quelques parts de gâteau et un ou deux verres de vodka pour permettre aux proches de se sentir moins accablés. Entre autres prétextes à la consommation, il y a les toasts, mais aussi des légendes qui donnent l’occasion de lever le coude. Ainsi celle de ce prince amoureux d’une femme si belle (buvons à sa beauté !) qu’elle en était presque inaccessible. Il lui fallut des mois, peut-être même des années pour la convaincre de l’épouser. Lorsqu’enfin elle consentit à le faire, ce fut en posant une condition à son fiancé : qu’il la laisse aller une fois par mois, la nuit, où bon lui semble, sans rien lui demander et sans la suivre. Le fiancé accepte, ils se marient (buvons aux nouveaux mariés !) et, une fois par mois, la jeune épouse s’en va après la tombée de la nuit. Au bout de quelques mois, le prince, n’y tenant plus, décide de percer le mystère : il attend que sa femme quitte le château et la suit (buvons à la sagesse des maris !). Elle s’enfonce au plus profond de la forêt, il la suit toujours ; elle s’arrête devant un gros cèdre, en fait trois fois le tour et réapparaît, transformée en un monstrueux serpent (buvons à la femme qui ne devient serpent qu’une fois par mois et qui, pour cela, va se cacher dans la Survol de la Russie Géographie La partie européenne de la Russie s’étend sur 3 000 km du nord au sud et près de 2 250 km d’est en ouest. Malgré ces distances impressionnantes, cela représente tout juste le quart de la superficie totale du pays. C’est toutefois la zone la plus peuplée (70 % de la population totale). La frontière naturelle du territoire est l’Oural dans sa partie orientale. Sur ses marges occidentale et méridionale, la Russie partage des frontières avec l’Azerbaïdjan, la Géorgie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Lituanie, la Pologne, la Lettonie, l’Estonie, la Finlande et la Norvège. Relief et zones géographiques © ABADESIGN / SHUTTERSTOCK.COM Le territoire est marqué par les grands fleuves et les grandes plaines du sud et du centre de la Russie. Toutefois, le Caucase tranche avec ce paysage, plusieurs sommets dépassant les 4 000 m. wwLe Nord et le Grand Nord. Délimité par Saint-Pétersbourg à l’ouest, la chaîne de l’Oural à l’est, et s’étendant au nord jusqu’à l’océan Arctique, bien au-delà du cercle polaire, le Nord russe au sens large est une terre froide, Le Kremlin et la rivière Moskova qui donne son nom à Moscou. humide, inhospitalière, mais bien souvent d’une beauté envoûtante. wwLe Nord est constellé de lacs de tailles très variables. Le lac Ladoga et ses 18 000 kilomètres carrés est le plus grand d’Europe. Certains de ces lacs sont couverts de milliers d’îles dont les plus petites ne font pas plus de 1 m² et abritent parfois des trésors d’architecture, comme l’île Kiji ou les îles Solovetski. Si le Nord est une région relativement plate, quelques massifs montagneux émergent tout de même : les monts Khibiny notamment, culminant à plus de 2 000 m et bordant la toundra dans la presqu’île de Kola, sont d’une étonnante beauté. Leur position boréale fait qu’ils sont enneigés presque toute l’année. wwLa Russie centrale et occidentale. La Russie centrale est marquée par la prédominance des forêts et des rivières. La région est traversée par la Volga, le plus grand fleuve d’Europe. Ce fleuve majestueux est l’un des symboles auxquels les Russes sont le plus attachés. La « Mère Volga » a inspiré plus d’un artiste, a joué un rôle majeur dans l’histoire du pays et a même donné son nom au modèle de voiture haut de gamme soviétique. Longue de 3 350 km, la Volga alimente un bassin fertile et prospère et constitue une voie de communication vitale pour l’économie russe. Le Sud de la Russie centrale est plus aride avec le début de la grande steppe qui s’étend de l’Ukraine au Kazakhstan. Cette aridité prend fin là où les premières rivières s’écoulent depuis les contreforts du Caucase. wwLe Caucase et le littoral de la mer Noire. Le littoral de la mer Noire n’est pas très grand : 400 km sur la mer Noire et 350 km sur la mer d’Azov. Néanmoins, la végétation luxuriante et le climat presque tropical lui assurent un nombre très important de visiteurs. Notamment dans sa partie sud surplombée par le Caucase. S’étendant à la jonction de l’Europe et de l’Asie, entre la mer Noire et la mer Caspienne sur 1 200 km, le Caucase couvre deux continents et cinq pays (Russie, Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie). Son point culminant, le mont Elbrouz, avec ses 5 642 m, est le plus haut sommet d’Europe. On distingue trois grande parties dans le massif caucasien : le Caucase Nord est la partie la © BUDKOV DENIS – SHUTTERSTOCK.COM suRvoL De La Russie √ 47 plus imposante avec de nombreux glaciers et pics enneigés et marque la frontière entre la Russie et la Géorgie. Le Caucase Sud ou « petit Caucase » couvre l’Arménie et une partie de la Géorgie. Son altitude moyenne est de 2 000 m. wwl’Oural s’étend des côtés de la chaîne de montagnes du même nom, du nord (mer de Kara) au sud (Kazakhstan). C’est ausssi la ligne de partage des eaux. wwLa Sibérie occidentale s’étend de l’Oural au Ienisseï ; sa superficie est de 3 millions de km2. Ce gigantesque Nord-Ouest saturé d’eau est riche en gisements de pétrole et de gaz. Les marécages couvrent un tiers du territoire. Elle comprend les régions de Tioumen, d’Omsk, de Novossibirsk, de Tomsk, de Kemerovo, le territoire de l’Altaï, les régions autonomes de Gorno-Altaï et des Yamal-Nenets. wwLa Sibérie orientale s’étend du Ienisseï à la ligne de partage des eaux des chaînes montagneuses de l’océan Pacifique et couvre 4,1 millions de km2. wwL’Extrême-Orient russe s’étend sur 4 500 km le longueur, du littoral de l’océan Pacifique, de la presqu’île des Tchouktches jusqu’aux frontières de la Corée et du Japon, et couvre 3,62 millions de km2. Ce territoire est essentiellement montagneux. Les crêtes de chaînes de la presqu’île volcanique du Kamtchatka culminent en haute altitude (Klioutchevskaïa Sopka, 4 750 m). Font également partie de cette région les îles Aléoutiennes, les îles Kouriles et l’île Sakhaline. Le climat y est extrêmement rigoureux. Cette région reste sous les glaces de 200 à 270 jours par an. Au nord de la plaine, l’hiver est long et rigoureux, l’été humide et frais. Dans les régions méridionales, l’hiver est moins froid, l’été est chaud et sec. Les températures moyennes de janvier varient de – 25 °C au nord à – 18 °C au sud ; en juillet, elles varient entre + 2 °C et + 22 °C. Les mers Les mers sont nombreuses à border la Russie. Au sud-est, la mer Caspienne est la grande mer fermée au monde. La mer d’Azov, avec une superficie de seulement 38 000 kilomètres carrés, se jette dans la mer Noire. Cette dernière est aussi « enclavée » avec une seule sortie vers la Méditerranée par le détroit du Bosphore. Au nord-ouest, la mer Baltique offre une ouverture sur les pays Baltes et la Scandinavie. Au nord, la mer de Barents et la mer Blanche, qui toutes deux font parties de l’océan glacial Arctique, sont souvent gelées l’hiver. Pour la Sibérie et l’Extrème-Orient, les quatre mers du nord sibérien (Kara, Laptev, mer de Sibérie Orientale et mer de Tchoukotsk) forment une partie de l’océan glacial Arctique et sont gelées une partie de l’année. La façade Pacifique est composée de mers partiellement fermées (mer de Béring par les îles aléoutiennes, mer d’Okhotsk par le Kamtchatka et la mer du Japon par les îles de l’archipel japonais). Cette variété de mers n’est donc en rien un désenclavement de la Russie. Ce qui explique la volonté récurrente d’obtenir un accès à la mer et aux routes maritimes. Pourtant, ce désenclavement arrivera peut-être dans une dizaine d’années avec le réchauffement climatique et l’ouverture de la route nord des échanges Europe – Asie, par l’océan glacial Arctique, devenu suffisamment peu glacial pour permettre le passage des tankers et autres porte-conteneurs. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Ours bruns de la pe ninsule du Kamchatka. 48 Æ suRvoL De La Russie Les fleuves et les cours deau La Russie est un pays de rivières et de fleuves et depuis ses origines, ceux-ci ont joué un rôle déterminant dans son histoire. Dans la partie européenne, les plus importants sont la Volga qui se jette dans la mer Caspienne (3 350 km), le Don qui se jette dans mer d’Azov (1 950 km) et l’Oka qui conflue avec la Volga à Nijni-Novgorod (1 500 km). La Volga termine sa longue route dans une zone de steppe autour d’Astrakhan en formant un gigantesque delta. En Sibérie, les grandes fleuves se jetant vers le nord sont l’Ob, le Ienisseï (4 000 km), la Lena (4 400 km). L’Amour (4 400 km) se jette dans le Pacifique, en face de l’île de Sakhaline. Lac plutôt que mer, le Baïkal est la plus grande réserve d’eau douce au monde. Climat La Sibérie est soumise à un climat rude : presque partout, la température moyenne annuelle est de 0 °C, mais elle peut descendre jusqu’à – 18 °C au nord-est. L’hiver est toujours long et froid. L’été est chaud dans la partie septentrionale de la Sibérie : il peut faire de 30 °C à 35 °C à Novossibirsk par exemple. La rudesse du climat sibérien se traduit non seulement par le gel en profondeur du sol chaque hiver, mais également par la formation d’un « gel éternel » (permafrost) des couches souterraines. Au nord, le « territoire gelé » représente plus de 6 000 km2 et l’épaisseur de la couche gelée oscille entre 200 et 500 m sous terre (jusqu’à – 1 500 m dans le bassin de la rivière Markha). Voici quelques exemples de températures moyennes : © STÉPHANE SAVIGNARD Même si la Russie traîne une image de pays de l’éternellement froid, elle recèle une grande variété de climats. Le Grand Nord subit les rudes hivers ainsi que les courts étés du climat polaire, et il peut faire très froid, jusqu’à - 50 °C dans la région de Mourmansk. La Russie centrale est caractérisée par un climat continental. Le printemps et l’automne sont très courts. L’hiver dure de novembre à avril, l’été de mi-mai à septembre. Dans le Sud, les climats peuvent être presque tropicaux dans certains golfes du littoral de la mer Noire. A noter que la région des eaux minérales du Caucase (Kislovodsk, Piatigorsk) bénéficie d’un exceptionnel ensoleillement de plus de 280 jours par an en moyenne : un bon moyen de reprendre des forces lors du long hiver moscovite sans aller jusqu’en Thaïlande. Vaches dans le village de Listvianka, sur les berges du lac Baïkal. Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Septembre Octobre Novembre Décembre Astrakhan -4,8 -4,7 1 11 18 23 25 23 17 10 3 -1,8 Ekaterinbourg -13,6 -11,6 -4,2 4,4 11,1 16,9 18,5 15,3 9,5 2,4 -6,3 -10,7 Irkoutsk -18,3 -15,2 -7,1 2,1 9,7 15,2 17,7 15,5 8,9 1,3 -7,8 -15,2 Kaliningrad -1,9 -1,4 1,7 6,6 12,1 15,4 17,4 17,1 12,7 8,2 3,1 -0,1 Moscou -10 -9 -4 4 12 16 19 17 11 4 -2 -7 Mourmansk -10 -10 -7 -1 4 9 13 11 7 1 -4 -8 Novossibirsk -16,2 -14,7 -7,2 3,2 11,6 18,2 20,2 17 11,5 3,4 -6 -12,7 Petropavlovsk-Kamtchatski -8,4 -7,7 -5,5 -1,5 2,7 7,2 10,7 11,7 9 4,4 -2,1 -6,4 Rostov-sur-le-Don -5 -3 2 11 17 21 23 22 17 9 4 -1 Saint-Pétersbourg -8 -8 -4 3 10 15 18 17 11 5 0 -5 Sotchi 6 6 8 12 16 20 23 23 20 16 11 8 -12,6 -9,2 -2,1 4,7 9,6 13 17,7 19,6 15,6 8,6 -1 -9,1 -41 -36 -22 -6 7 15 19 15 6 -9 -29 -39 Yakoutsk DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Vladivostok suRvoL De La Russie √ 49 Janvier 50 Æ suRvoL De La Russie Environnement écologie © STÉPHANE SAVIGNARD la principale base de sous-marins nucléaires soviétiques garde des traces de ce passé et de nombreux hectares sont fermés au public car ils recèlent des déchets nucléaires. Le nord-est de la partie européenne de la Russie est marqué par une récurrence de pluies acides. Le mouvement vert Fleurs du Baïkal. Les grands fleuves russes sont victimes de la pollution industrielle ; dans la Volga, les esturgeons ne remontent plus de la mer Caspienne, ce qui provoque une baisse de la production de caviar. Le problème est d’importance mondiale, puisque la Caspienne concentre à elle seule 90 % des bancs d’esturgeons de la planète. La Neva, qui arrose Saint-Pétersbourg, est contaminée par les rejets de produits chimiques provenant du lac Ladoga, où la rivière prend sa source. Plusieurs plages de la mer Baltique, du fait de ces pollutions, ont été fermées. Dans les centres industriels, on note l’apparition de maladies chroniques, notamment chez les enfants : allergies, insuffisances respiratoires, cancers… Les grandes cités, comme Moscou et Saint-Pétersbourg, voient leur air fortement pollué, la teneur en anhydride sulfurique (SO2) étant dix fois supérieure au niveau de la cote d’alerte en France. Les entreprises sont vétustes et ne possèdent pas d’installations de filtrage. Le rejet des matières toxiques dans l’eau et dans l’atmosphère se fait sans tenir compte des risques. Dans le Nord plus spécifiquement, la région de Mourmansk dans laquelle se trouvait En Russie, les scientifiques, les artistes et le peuple restent très proches de la nature, par tradition et par culture. 34 millions de personnes dans la CEI font partie d’associations de défense de la nature. Depuis les années 1960, quand l’écrivain Mikhaïl Cholokhov dénonçait la pollution du lac Baïkal (en Russie orientale), le mouvement d’abord informel de protestation contre la pollution de la Volga, mère des fleuves russes, et du lac Baïkal, contre le projet de détournement des fleuves du nord de la Russie et de la Sibérie, n’a cessé de gagner en force et en efficacité. L’usine de cellulose qui empoisonne le Baïkal (un cinquième des réserves mondiales en eau douce) est sur le point d’être fermée. Lac et littoral seront classés parc national. L’alerte terrible provoquée par l’accident nucléaire de la centrale de Tchernobyl (Ukraine) a également favorisé une prise de conscience du problème de l’environnement. Néanmoins, la protection de la nature est loin d’être généralisée. Le drame de la mer d’Aral (Turkménistan) le prouve : cette mer intérieure perd chaque année 1 990 cm au profit du désert. Sa surface a déjà été réduite de moitié. De toute évidence, la lutte contre la pollution est loin d’être gagnée. Selon les récentes révélations sur Tcheliabinsk-40, dans cette ville secrète au sud de l’Oural et qui fut interdite pendant près de 40 ans, on fabriquait du plutonium pour les besoins de la bombe A. En avril 1993, à Tomsk-7, une explosion a eu lieu dans une usine de retraitement de combustibles nucléaires, projetant dans l’atmosphère des déchets radioactifs… Si les Verts restent aujourd’hui encore marginaux sur la scène politique, quelques frémissements écologiques comme la mise en place du tri sélectif dans certains quartiers de Moscou permettent d’espérer un changement prochain. La conscience verte des Russes reste cependant encore largement tributaire de l’idée selon laquelle la Russie est vaste, pleine d’espaces purs… et disponibles. Parcs nationaux Compte tenu de l’immensité du territoire russe, vous ne serez pas étonné d’apprendre que les parcs nationaux y sont nombreux et vastes. Une quarantaine de ces gigantesques parcs composent la Fédération. On les trouve dans la partie occidentale du pays pour la majeure partie d’entre eux ainsi que le long de la frontière sud russe. Si vous séjournez à suRvoL De La Russie √ 51 Moscou, vous aurez l’occasion de vous rendre dans le premier parc national russe, le parc Lossiny Ostrov (l’île aux élans), qui se trouve à cheval sur le territoire de la ville et sur l’oblast (région) de Moscou. Les Moscovites aiment à profiter de ses forêts qui recouvrent 90 % de la surface totale de ce parc de quelque 116 km2 fondé en 1983. Faune et flore wwLes terres noires (tchernoziom). Ce type de sol est caractéristique de la Russie méridionale. Il est très fertile car issu de la décomposition d’anciennes forêts et assure techniquement l’un des meilleurs rendements agricoles au monde. Flore DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Un changement s’opère dans la végétation suivant un axe nord-sud et vers l’est, formant des zones clairement définies : désert arctique, toundra, taïga au nord, forêts puis steppes entrecoupées de forêts en Russie centrale. Le Caucase, l’Altaï et Touva ont une végétation de type alpin. wwLa toundra. Dans la toundra prédominent mousses, lichens, buissons bas et herbes vivaces, car le sol est marécageux. Ce sol est très fragile et la moindre industrie humaine peut détruire des régions entières. C’est souvent le cas près des exploitations minières ou pétrolières. Cette zone couvre l’essentiel du nord, de l’embouchure de l’Ob à la mer de Béring. wwLa taïga. La zone de la taïga où conifères et terrains marécageux prédominent, se caractérise par un climat relativement frais et humide. Dans la Russie européenne, elle est présente en Carélie et dans le Nord (Arkhangelsk). La taïga couvre presque toute la Sibérie. wwLa steppe. La région de la Kalmoukie est spécifique par la présence d’une grande steppe. Le sol y est aride et la végétation rase, typiquement de petites touffes d’herbes ou petits arbustes. La richesse et la diversité de la faune russe sont à l’échelle de l’étendue du territoire. La taïga abrite une grande quantité d’élans, d’ours bruns et de cerfs, ainsi que des loups dans certaines régions. La toundra, dans l’extrême nord, est le domaine du renne qui se nourrit de la rare végétation même lorsqu’elle est enfouie sous la neige. Les rives de l’océan Arctique sont peuplées de phoques, de morses et d’ours blancs. C’est dans le Caucase que l’on peut observer la faune montagneuse, comme le mouflon, l’ours brun et le chamois. Pour les amateurs d’espèces rares, la saïga, la seule antilope européenne, se rencontre encore à l’état sauvage dans les steppes de Kalmoukie. Mais comme beaucoup d’espèces animales en Russie, elle est menacée par le braconnage et la pollution de son espace naturel. © TATIANA GROZETSKAYA - SHUTTERSTOCK.COM Faune L'Akkem, la rivière blanche, traverse l'Altaï. Histoire « La Russie est un secret, enveloppé d’un mystère que dissimule une énigme. » Cette phrase célèbre, prononcée par Churchill en 1939, semble prendre toute son ampleur au regard de l’histoire de ce pays. Le premier trait marquant est la multitude des influences les plus diverses qui n’ont cessé de venir se superposer les unes aux autres tout au long des siècles. Les Varègues, peuple d’origine normande, apportent à la Russie sa première organisation institutionnelle. Puis Byzance prend le relais à partir de la conversion de la Russie à l’orthodoxie au Xe siècle, en jouant un grand rôle dans le développement d’une langue écrite, d’une architecture et d’un art, la peinture d’icônes. Le joug mongol du XIIe au XIVe siècle est un élément perturbant, car il coupe la Russie de l’Europe pendant 250 ans et la prive par là-même de la période de la Renaissance. Aussi cet événement expliquera-t-il la tentative des dirigeants suivants de trouver un modèle permettant au pays de rattraper le temps perdu pendant cette époque. Ainsi la Russie s’ouvret-elle radicalement à l’Occident sous l’égide de Pierre Ier et de Catherine II au XVIIIe siècle, avant de se voir imposer à nouveau un modèle tout à fait différent en 1917 : le socialisme, c’est-à-dire une utopie prenant le pouvoir, qui, faisant table rase du passé, transforme à nouveau profondément la société durant 70 ans. Enfin, depuis la chute de l’Empire soviétique en 1991, la société s’est ouverte rapidement à de nouvelles valeurs, jusque-là inconnues : les lois du marché, l’esprit d’entreprise et l’appétit de la consommation. L’histoire de ce pays où se rencontrent deux continents l’Europe et l’Asie (la chaîne de l’Oural marque la séparation entre les deux), est pour le moins mouvementée. En moins d’un siècle, deux Empires se sont effondrés, l’Empire tsariste en 1917 et l’URSS en 1991, modifiant à nouveau les frontières. Ainsi différents éléments modèlent la société russe. Tout d’abord, le rapport problématique du peuple à son identité. Puis le rôle de la religion comme catalyseur identitaire, que ce soit dans sa version mystique ou dans sa version athée sous le communisme. Enfin, une hésitation permanente entre l’influence de l’Europe, l’occidentalisme, et celle de l’Orient, le slavophilisme, qu’illustre à merveille l’opposition entre les deux grandes villes, Saint-Pétersbourg, la « fenêtre ouverte sur l’Europe », et Moscou, éternel refuge des slavophiles. À lorigine, un territoire immense Au début de son histoire, la terre de la future Russie est une plaine immense et monotone, aux reliefs peu élevés. Les peuples nomades peuvent facilement la parcourir : des Cimmériens sont présents au Xe siècle avant notre ère, après quoi les Scythes dominent la région du VIIe siècle au IIe siècle avant notre ère, puis les Sarmates arrivent au IIe siècle av. J.-C. et seront suivis par d’autres tribus venant du nord et de l’est, les Huns, les Bulgares, les Khazars, les Goths, les Wisigoths et les Vandales. Parmi ces peuples, deux jouent un rôle particulier : les Scythes, qui créent un contact entre les peuples de la mer Noire et les colonies grecques du Pont Euxin ; et les Khazars, ce peuple turc qui a construit un immense empire en Asie centrale et qui met les peuples des terres russes en relation avec les Byzantins au VIe siècle (à propos des khazars, lire l’excellent roman historique de Marek Halter, Le Vent des Khazars). Mais il ne s’agit là que de peuples épars, bien loin de constituer un véritable Etat. Il faut attendre pour cela les Slaves puis les Varègues, qui vont donner la première impulsion dans la constitution de la future Russie. Naissance du premier État Les véritables ancêtres des Russes sont les Slaves. Ce peuple originaire du nord-est des Carpates s’est éparpillé au cours des siècles adoptant des caractères divers selon le lieu où il s’est installé. Ainsi est-il à l’origine des Yougoslaves au sud (youg signifie « sud », ce sont donc littéralement les Slaves du sud), au nord, il a donné naissance aux Polonais, à l’ouest aux Tchèques et aux Moraves et à l’est aux Russes. Les Slaves s’implantent sur ce qui deviendra la terre russe entre le VIe et le IXe siècle de notre ère. Si les Slaves sont à l’origine du peuple russe, ils ne sont encore au IXe siècle qu’un ensemble de tribus éparses et en lutte les unes contre les autres. Il n’y a aucune unité entre ces dernières, car au sud, elles sont tributaires des Khazars et au nord, elles dépendent des Varègues. Aussi, pour chasser les Khazars et se défendre face à de nouvelles invasions des nomades turques, les chefs slaves et varègues procèdent à des alliances. La légende raconte que les Slaves, émerveillés par les Varègues, leur auraient dit : « Notre pays est vaste et fort, mais le désordre y règne, venez nous servir de princes. » Chronologie La Russie avant Moscou Moscou impériale ww862 > appel au prince Varègue Rurik. ww882 > Oleg fait de Kiev la capitale de sa principauté. ww988 > baptême de la Russie, sur décision du prince Vladimir Ier, dit le Saint. ww1113-1125 > Vladimir règne toujours à Kiev, mais inquiet de la puissance de Novgorod, il regarde vers le nord-est. Fondation de la ville de Vladimir. ww1136 > Novgorod devient autonome suite à la destitution de son prince. ww1147 > Moscou est mentionnée pour la première fois dans les chroniques. Youri Dolgorouky, prince de Vladimir aurait remarqué le site. Subjugué, il décide d’y faire construire une forteresse (Kremlin) en bois. ww1223 > bataille contre les Mongols sur les bords de la Kalka. L’armée russe est défaite. ww1236 > invasion du mongol Baty, petit-fils de Gengis Kahn. ww1238 > la « Horde d’Or » tartaro-mongole déferle des steppes asiatiques. ww1240 > l’armée de Baty s’empare de Kiev. ww1242 > « Bataille de glace » sur le lac Peïpous ou Tchoudovo : Alexandre Nevski défait les chevaliers Porte-Glaive. ww1252-1263 > Alexandre Nevski est grandprince de Vladimir. ww1547 > Ivan IV le Terrible (1530-1584) est couronné tsar de Moscou. ww1552 > Conquête de Kazan. ww1555-1560 > édification de la cathédrale Basile-le-Bienheureux, en mémoire de la prise de Kazan. ww1558 > début de la guerre de Livonie. ww1570 > Ivan le Terrible met à sac Novgorod. ww1571 > le khan Devlet livre Moscou aux flammes. ww1582 > fin de la guerre de Livonie. Moscou perd toutes ses conquêtes sur le territoire livonien. Début de la conquête de la Sibérie. ww1584 > fondation d’Arkhangelsk. Mort d’Ivan IV. Début des luttes de succession et de la période dite « des troubles ». ww1591 > mort mystérieuse du tsarévitch Dimitri, fils d’Ivan le Terrible, à l’âge de 8 ans, à Ouglitch. ww1598 > mort du tsar Fiodor. ww1598-1605 > le Conseil élit tsar Boris Godounov. ww1605 > un faux Dimitri est couronné à Moscou (1605-1613). ww1606 > assassinat du faux Dimitri par les boyards. Vassili Chouiski est élu tsar. ww1609 > Smolensk est assiégée par l’armée polonaise de Sigismond. ww1610 > Vassili Chouiski est renversé et l’héritier de Pologne, Ladislas, est élu par les Boyards et monte sur le trône de Russie. Les Polonais s’installent au Kremlin. ww1611 > prise de Novgorod par les Suédois. Création de l’armée populaire (opoltchénié) russe. ww1613 > l’armée populaire russe libère Moscou. Michel Romanov est élu tsar. ww1645-1676 > le tsar Alexis Mikhaïlovitch succède à son père, Mikhaïl. ww1652-1666 > patriarcat de Nikon. Ses prises de positions modernistes, approuvées par le concile de 1654, provoquent un schisme au sein de l’Eglise russe. ww1654 > l’Ukraine fait allégeance à Moscou. ww1666-1667 > deux conciles condamnent le schisme et destituent Nikon. ww1672 > le 6 juin, naissance de Pierre le Grand. ww1682 > Pierre succède à son frère Fiodor III et est élu tsar sur la Grande Place. De 1682 à 1689 : régence de la princesse puis de la tsarine Sophie. Lascension de Moscou ww1325-1340 > Ivan Kalita est prince de Moscou. ww1328 > le métropolite Pierre transfère à Moscou son siège de Vladimir. ww1350 > le monastère de La Trinité est fondé par Serge de Radonège. La ville développée autour de ce monastère a retrouvé aujourd’hui son nom, Serguiev Possad. ww1359-1389 > Dimitri Donskoy est grandprince de Moscou. ww1380 > bataille du Koulikovo Polé (Champdes-Bécasses). Le prince de Moscou Dimitri écrase les armées tartaro-mongoles. ww1448 > l’Eglise russe devient autocéphale. ww1462-1505 > début du règne d’Ivan III (né en 1440). ww1478 > Ivan III soumet Novgorod. ww1480 > fin du joug mongol. Ivan III refuse de payer le tribut. ww1485 > rattachement de Tver à Moscou. 53 Chronologie 54 ww1787-1791 > deuxième guerre contre la Turquie. ww1793 > second partage de la Pologne. ww1795 > troisième partage de la Pologne. Lapogée de lEmpire ww1796-1801 > règne de Paul Ier. ww1799 > campagne de Souvorov en Italie. ww1801 > révolte de palais. Paul I er est assassiné, Alexandre Ier (1777-1825) monte sur le trône. ww1807 > paix de Tilsit. ww1809 > rattachement de la Finlande après la victoire sur la Suède. ww1812 > les troupes de Napoléon Ier entrent en Russie. ww1814-1815 > Congrès de Vienne. ww1815 > la Sainte-Alliance, formée par trois pays monarchiques, la Russie, l’Autriche et la Prusse, suite à la défaite napoléonienne pour éviter la guerre et se protéger contre d’éventuelles révolutions. Rattachement du grand-duché de Varsovie à la Russie, sous le nom de tsarat de Pologne. ww1819 > création de l’université de SaintPétersbourg. © EVERETT HISTORICAL - SHUTTERSTOCK.COM ww1689 > Pierre Ier (1672-1725) écarte Sophie du pouvoir. ww1699 > rénovation du calendrier par Pierre Ier. ww1700 > la Russie s’engage dans la Guerre du Nord. Défaite de Narva. ww1703 > Pierre le Grand fonde SaintPétersbourg sur les bords de la Baltique. ww1705-1711 > révolte des Bachkirs. ww1709 > victoire de Poltava. ww1712 > la capitale est transférée à SaintPétersbourg. ww1721 > fin de la Guerre du Nord. Paix de Nystad. Pierre prend le titre d’empereur (imperator) en créant l’Empire russe. ww1722 > instauration de la « Table des Rangs ». ww1725 > mort de Pierre Ier. ww1762 > révolte de palais. La garde place Catherine II (1729-1796) sur le trône. ww1768-1774 > première guerre contre la Turquie. ww1772 > premier partage de la Pologne. ww1773-1774 >révolte d’Emelian Pougatchev. ww1783 > rattachement de la Crimée. Le servage est étendu à l’Ukraine. Le tsar Irakly de Géorgie fait allégeance à la Russie. Nicolas II, dernier tsar de toutes les Russies, et sa famille. 55 ww1822 > Moscou est reconstruite en dur, presque intégralement. ww1825 > la révolte des décembristes à Saint-Pétersbourg. L’armée russe est défaite en Crimée (1854-1856) par les Français et les Anglais. ww1833 > édition du Code des Lois. ww1855 > Alexandre II (1818-1861) monte sur le trône. ww1856 > paix de Paris. ww1858 > paix d’Aigun. La Russie annexe la région de l’Amour. ww1859 > conquête du Caucase oriental. ww1860 > le Conseil de Moscou, sorte de gouvernement autonome, est élu. ww1861 > abolition du servage par le tsar Alexandre II. ww1881 > assassinat d’Alexandre II à SaintPétersbourg. Alexandre III (1845-1894) monte sur le trône. ww1891 > début de la construction du Transsibérien. La chute de lEmpire ww1894 > Nicolas II (1868-1918), le dernier tsar de Russie, succède à son père. ww1901 > naissance du Parti socialiste révolutionnaire. ww1903 > création de deux groupes rivaux, les bolcheviks et les mencheviks. ww1904 > attaque de Port-Arthur. ww1904-1905 > première révolution russe. ww1905 > traité de Portsmouth. ww1905 > le cuirassé Potemkine. Les marins du Potemkine se mutinent à Odessa. ww1906 > insurrection armée à Moscou. ww1912 > parution du premier numéro de La Pravda le 23 avril. ww1914 > Première Guerre mondiale. wwFévrier 1917 > révolution. wwMars 1917 > Nicolas II abdique le 3 mars, et un gouvernement dirigé par Kerensky se forme dans la capitale. wwOctobre 1917 > le parti de Lénine prend le pouvoir à Petrograd. wwJanvier 1918 > création de l’Armée Rouge. ww3 mars 1918 > paix de Brest-Litovsk. ww11 mars 1918 > Lénine transfère le gouvernement soviétique de Petrograd à Moscou qui devient capitale de la Russie bolchévique. wwJuillet 1918 > la Constitution de R.S.F.S.R. (République soviétique fédérative socialiste de Russie) conclut formellement l’histoire de l’Empire russe. ww16 juillet 1918 > fin des Romanov. Nicolas II, sa femme et ses cinq enfants sont exécutés. LURSS : de Lénine à Staline ww1921 > mise en place de la NEP. ww1922 > Staline devient Secrétaire général du parti communiste. ww1924 > mort de Lénine. ww1927 > Trotski est écarté du pouvoir. ww1928-1932 > premier plan quinquennal. ww1936-1938 > purges staliniennes. ww1936-1938 > procès de Moscou. wwMars 1939 > pacte germano-soviétique. ww22 juin 1941 > les troupes nazies attaquent l’URSS (22 juin). ww1943 > reddition de l’armée allemande à Stalingrad (janvier). ww1945 > grande victoire. ww5 mars 1953 > mort de Staline. De la déstalinisation à la détente ww1953 > Khrouchtchev succède à Staline. Mise au point de la bombe H. ww1956 > le XXe Congrès donne le coup d’envoi de la déstalinisation. L’URSS met au point sa bombe H. ww1961 > Gagarine dans l’espace. Rupture sino-soviétique et construction du mur de Berlin. ww1963 > mise en place du téléphone rouge. ww1964 > Khrouchtchev est destitué : lui succède une direction collégiale présidée par Brejnev. ww1979 > intervention en Afghanistan. ww1982-1985 > Brejnev, Andropov, Tchernenko disparaissent tour à tour. Election de Mikhaïl Gorbatchev au poste de secrétaire général du PCUS. La perestroïka ww1986 > catastrophe de Tchernobyl (26 avril). ww1986-1988 > Boris Eltsine est chef du parti communiste de Moscou jusqu’à sa destitution par ses pairs du Politburo. ww1988 > fin de la campagne d’Afghanistan. ww1989 > premières élections à Moscou. Chronologie 56 ww1990 > l’URSS se dote d’un régime présidentiel. Mikhaïl Gorbatchev est élu président de l’URSS par le congrès. ww1991 > Gorbatchev obtient le prix Nobel de la paix. ww12 juin 1991 > Boris Eltsine gagne les élections présidentielles de la république de Russie. ww19 août 1991 > putsch manqué des conservateurs. ww21 décembre 1991 > conférence d’AlmaAta : l’URSS est dissoute. Gorbatchev démissionne. ww25 décembre 1991 > Moscou remplace le drapeau de l’URSS par celui de la Russie sur le Kremlin. La Fédération de Russie wwDécembre 1992 > Eltsine se sépare de son Premier ministre libéral, Egor Gaïdar. ww25 avril 1993 > c’est par un « da » majoritaire que les Russes ont renouvelé leur confiance à Boris Eltsine. ww1995 > élection des membres de la Douma (chambre basse du Parlement de Russie). ww1996 > 2e élection présidentielle. Boris Eltsine est élu pour la 2e fois président de Russie. Youri Loujkov est réélu maire de Moscou. ww1996 > la Russie devient membre du Conseil de l’Europe. ww12 mai 1997 > fin de la première guerre de Tchétchénie. wwSeptembre 1997 > Moscou fête en grande pompe son 850 e anniversaire, ce qui est l’occasion d’une vaste campagne de restauration des monuments de la capitale. wwJanvier-août 1998 > crise économique russe. wwMars 1998 > le Premier ministre Tchernomyrdine est renvoyé. wwSeptembre 1998 > Evgueni Primakov est nommé à la tête du gouvernement russe. wwMai 1999 > Eltsine limoge Primakov et nomme Vladimir Poutine à sa place. wwSeptembre 1999 > début de la deuxième guerre de Tchétchénie. ww31 décembre 1999 > Eltsine démissionne et désigne Poutine comme dauphin. ww26 mars 2000 > Poutine est élu dès le premier tour avec 52% des voix deuxième président de la Russie. ww23 octobre 2002 > attentat à Moscou contre le théâtre Doubrovna. ww7 octobre 2003 > élections présidentielles en Tchétchénie. Akhmad Kadyrov remporte les élections. ww1er septembre 2004 > prise d’otages par un commando indépendantiste tchétchène dans une école en Ossétie du Nord. Près de 350 personnes, dont une majorité d’enfants, meurent. ww8 mars 2005 > assassinat du président indépendantiste tchétchène, Aslan Maskhadov, par les forces de sécurité russes. ww21 mars 2005 > révolution des Tulipes au Kirghistan. ww14 octobre 2005 > attaques en KabardinoBalkarie. ww25 octobre 2005 > l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski est transféré dans une prison de Sibérie. ww14 novembre 2005 > traité d’alliance RussieOuzbékistan d’après lequel une attaque contre un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux parties. ww7 octobre 2006 > assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, connue pour ses critiques à l’encontre de la politique de Poutine, alors qu’elle était sur le point de publier un article accusateur sur les atrocités en Tchétchénie. ww10 décembre 2007 > Medvedev est nommé par Poutine comme son successeur et candidat à l’élection présidentielle de 2008. ww18 décembre 2007 > Vladimir Poutine annonce qu’en cas d’élection de Medvedev, il deviendra Premier ministre. ww2 mars 2008 > Dmitri Medvedev remporte les élections présidentielles avec une majorité de 70,28 % des suffrages exprimés, il entre en fonction le 7 mai 2008. ww15 avril 2008 > Vladimir Poutine conserve un rôle clef dans la politique russe, en étant promu chef du parti Russie Unie, majoritaire au parlement. Après 8 ans à la tête du pays en tant que président il redevient Premier ministre, poste qu’il avait occupé en 1999. ww8 août 2008 > en réaction au conflit entre la Géorgie et sa région séparatiste d’Ossétie du Sud, la Russie intervient en Géorgie et occupe pendant quelques semaines le territoire d’un Etat souverain pour la première fois depuis 1991. ww1er février 2009 > Kirill II devient le nouveau Métropolite de Moscou. ww5 décembre 2009 > Un incendie dans une discothèque de Perm fait 160 morts. ww29 mars 2010 > un attentat suicide à la station Park Kultury fait 40 morts et 150 blessés. 57 candidat à la mairie de Moscou, est condamné à cinq ans de camp pour détournement de fonds à grande échelle au terme d’un procès controversé. Il fait appel et maintient sa candidature aux municipales moscovites. wwnovembre 2013 > début du mouvement de Maïdan à Kiev (Ukraine) qui, quelques mois plus tard, dégénérera en batailles rangées dans les rues de Kiev et débouchera sur la fuite a chute du président Ianoukovitch, l’élection présidentielle anticipée couronnant Petro Porochenko et les affrontements qui opposent l’armée du nouveau gouvernement de Kiev aux séparatistes soutenus par Moscou dans le Donbass (partie orientale de l’Ukraine). ww18 mars 2014 > Après un référendum contesté tenu le 16 mars, Moscou annonce que la république de Crimée et la ville de Sébastopol anciennement ukrainiennes deviennent deux nouveaux sujets fédéraux de la Fédération de Russie. ww5 septembre 2014 > Un cessez-le-feu est décrété dans le Donbass, rapidement violé. ww11 février 2015 > La France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine se mettent d’accord lors du sommet de Minsk II (république du Belarus) pour faire appliquer le cessez-le-feu dans le Donbass déjà décrété en septembre. ww28 septembre 2015 > Vladimir Poutine s’exprime pour la première fois en 10 ans à la tribune des Nations unies à New York et appelle à former une coalition contre l’Etat islamique (EI). ww30 septembre 2015 > La Russie organise ses premières frappes aériennes en Syrie. © GRISHA BRUEV - SHUTTERSTOCK.COM ww15 avril 2010 > l’avion du président polonais s’écrase à Smolensk. 60 ans après Katyn, l’élite politique polonaise est décimée une nouvelle fois en lien avec la Russie. wwjuillet-août 2010 > canicule et feux de forêts rendent l’air irrespirable à Moscou. La surrmortalité est comprise entre 4 000 et 6 000 personnes. ww29 septembre 2011 > l’inamovible maire de Moscou, Iouri Lioujkov, est contraint de démissionner après des révélations sur des marchés publics truqués (plusieurs milliards de dollars). Il est remplacé par Serguey Sobyanin. ww24 janver 2011 > un attentat fait 40 morts et 100 blessés à l’aéroport de Domodedovo à Moscou. ww10 juillet 2011 > le naufrage du Bolgaria sur la Volga près de Kazan fait 100 morts. ww26 septembre 2011 > Valdimir Poutine est désigné par son parti comme candidiat unique à la présidentielle de 2012. ww4 décembre 2011 > Elections législatives en Russie. Le parti de Vladimir Poutine, alors Premier ministre, sort vainqueur du scrutin avec 64, 3 % des voix et remporte 315 sièges au Parlement. Les soupçons de fraude à l’encontre du parti au pouvoir entrainent d’importants troubles à Moscou et dans d’autres grandes villes de la Fédération. Tout l’hiver auront lieu d’importantes manifestations d’opposition. ww21 février 2012 >Un groupe punk féministe, les Pussy Riot, entonne une prière musicale anti-Poutine dans la principale église de Moscou. Trois des chanteuses sont aussitôt mises en détention provisoire. ww4 mars 2012 >Vladimir Poutine est élu président de la Fédération russe pour un troisième mandat avec plus de 63 % des suffrages. Encore une fois, le scrutin semble entaché de fraudes. Après un printemps toujours mouvementé et plusieurs grandes manifestations d’opposition violemment réprimées par la police, Poutine retourne au Kremlin le mai 2012, jour de son investiture. Le mouvement d’opposition s’essoufle. Ses leaders sont sous pression. ww17 août 2012 >Les trois Pussy Riot déjà sous les verrous sont condamnées à deux ans de camp pour « vandalisme motivé par la haine religieuse ». En appel, Ekaterina Samousevitch voit sa peine se transformer en sursis mais la peine des deux autres chanteuses est confirmée. De nombreux artistes et personnalités politiques internationales appellent à leur libération, sans résultat. ww18 juillet 2013 > Le blogueur anti-corruption et leader de l’opposition russe Alexeï Navalny, Bas-relief dédié à la mémoire de la Grande Guerre patriotique. 58 Æ HistoiRe Aussi les Varègues se trouvant sur cette terre sont appelés Rus, mot dérivé du finnois Ruotsi, qui désigne le Roslagen, une région du sud de la Suède où vivaient les Varègues. Ce sont eux qui vont donner une première dynamique dans la constitution d’un Etat. Ainsi les tribus slaves se trouvent-elles unifiées pour la première fois en 860 sous l’égide d’un prince varègue, Rurik, originaire de Jütland, au Danemark. La conquête de ces territoires revêt un grand intérêt économique. La Volga et le Dniepr constituent des routes commerciales capitales pour relier les pays scandinaves à Constantinople, car les pirates empêchent de transiter par la Méditerranée qui est pourtant le chemin le plus direct. On appelle cette route, la route des Varègues aux Grecs. Or, les Varègues veulent acheminer des biens comme l’ambre des pays baltes ou les fourrures des forêts russes et ils sont de même attirés par les richesses de Constantinople. La ville qui représente le plus grand intérêt d’un point de vue économico-stratégique est Kiev. A son arrivée, Riurik s’empare de Novgorod. Puis son successeur Oleg réussit à s’emparer de Kiev en 882 où il installe le centre de l’Etat. Il donne naissance à ce que l’on appelle la Rus de Kiev et fonde la dynastie des Riourikides qui règne en Russie jusqu’en 1598. Le premier Etat russe se développe alors, suivant cet axe commercial de la route des Varègues aux Grecs. Âge dor de la Rus de Kiev : du IXe au XIIe siècle ou linfluence de Byzance Le siège de la première dynastie des Riourikides se trouve à Kiev, aussi appelle-t-on ce premier Etat la Rus de Kiev. Il s’agrandit au fur et à mesure des conquêtes des descendants d’Oleg, jusqu’à dominer progressivement une grande partie des Slaves. Cette Rus va s’ouvrir peu à peu à une nouvelle influence, celle de Byzance. Les Slaves sont un peuple païen, leur tradition se transmet sous forme orale car ils ne possèdent pas d’écriture. Chaque année, un bateau vogue sur le Dniepr jusqu’à Constantinople pour apporter fourrures et esclaves et rapporter épices, vin, soies et or. Ainsi les peuples slaves à la culture si différente entrent-ils en contact avec cette civilisation. Le premier signe en est la conversion d’Olga, belle-fille de Riurik, au christianisme vers 957, sans doute lors d’un voyage à Constantinople, ville qui l’aurait émerveillée. Elle cherche alors à convertir son fils Sviatoslav, en vain. La conversion de la Russie au christianisme sera l’œuvre de son successeur, Vladimir. Elle a lieu dans un contexte particulier. Les deux Eglises d’Orient et d’Occident sont dans une situation de concurrence et cherchent chacune à gagner de nouveaux adeptes. Aussi la conversion de la Rus de Kiev au christianisme s’inscrit-elle dans un contexte d’intérêt géostratégique pour Constantinople. Par ailleurs, Basile II, empereur byzantin, cherche des alliances pour rompre son encerclement et garantir sa sécurité au nord des détroits. Vladimir, le successeur de Sviatoslav, décide, avant de se convertir, d’étudier toutes les religions. Aussi fait-il venir à la cour des représentants de toutes les religions monothéistes. Les Juifs ne lui plaisent pas parce qu’ils ne mangent pas de porc. L’Islam est inenvisageable car « la joie des Russes est dans la boisson », le christianisme de Rome, quant à lui, impose des jeûnes. Enfin, le porte-parole des Grecs de Constantinople séduit le roi par son discours qui ne fait mention d’aucun interdit. Vladimir envoie alors des émissaires à Byzance qui sont éblouis par la magnificence du rite liturgique. En assistant à la liturgie dans Sainte-Sophie, ils auraient dit qu’ils ne savaient plus s’ils étaient au ciel ou sur la terre. L’alliance entre la Rus de Kiev et Byzance est officiellement décrétée par le baptême de Vladimir à Kherson en 990 et son mariage avec Anne, la sœur de Basile. Le prince de Kiev impose alors à la population un baptême dans les eaux du Dniepr, dans lesquelles il jette par ailleurs toutes les anciennes idoles des cultes païens passés. Kiev se dote d’une cathédrale, sur le modèle de Sainte-Sophie à Constantinople, ainsi que de nombreuses églises. La ville est alors la plus belle de Russie. Il s’agit donc d’une conversion imposée par décret, ce qui explique que de nombreuses croyances païennes persisteront en marge de la foi orthodoxe, c’est ce que l’on appelle le phénomène de « la double foi ». La Russie se convertit tard par rapport aux autres peuples d’Europe, mais cet événement est fondamental pour la suite de son histoire : en devenant chrétienne, elle intègre l’Europe. De plus, c’est de Byzance qu’elle reçoit son art, son architecture et ses icônes. Grâce à l’écriture, une littérature prend naissance. Enfin, cette conversion achève d’unifier la Rus, après le premier élan donné par les Varègues. En effet, elle est utile au prince car elle permet d’unifier les Slaves orientaux au sein d’une même foi. Et donne une cohérence à l’empire multiethnique qu’était jusqu’alors l’Etat varègue. La liturgie slave va devenir la base de l’identité culturelle nationale. HistoiRe √ 59 Déclin de la Rus de Kiev : le centre de lÉtat se déplace vers le nord Période la plus sombre de lhistoire de la Russie : le joug mongol Pendant ce temps, l’Asie est en train de connaître un grand bouleversement. Temuchin Bagatur, chef d’une tribu mongole, unifie les peuples mongols et conquiert la Chine en moins de dix ans. Il prend alors le titre de Maître du monde « Gengis Khan » et se lance alors à l’assaut de l’ouest de l’Oural. Son petit-fils Batou Khan saccage Moscou et s’empare de Vladimir, de Souzdal et de Kiev en 1240, époque à partir de laquelle on date le début de la domination tatare en Russie. Ces combattants ont marqué les imaginaires russes et autres. En quoi consiste le mythe de ces vaillants cavaliers ? Leur réputation d’invincibilité est liée à plusieurs facteurs. D’abord, leurs chevaux ont appris à trouver de l’herbe sous la neige : ils peuvent donc guerroyer l’hiver. Ils tiennent par ailleurs plusieurs poneys à la longe, ce qui leur permet d’augmenter considérablement leur vitesse et leur endurance. Ils portent aussi des gilets de soie sauvage directement sur le corps, ce qui fait que lorsqu’ils sont touchés par une flèche, ils peuvent l’enlever en l’enroulant dans le tissu, sans se blesser. Leur stratégie consiste enfin à faire courir le bruit de leur victoire avant même d’avoir combattu, afin de démoraliser l’adversaire. Quest-ce quun tsar ? Ivan III a créé une nouvelle forme de gouvernement, celui du tsar, dont il a assis les attributs. Il s’agit d’une façon de gouverner très particulière et tout à fait étrangère aux mentalités occidentales. Outre la hiérarchie sociale, il existe un autre rapport : celui du tsar à ses sujets, qui dans l’imaginaire est vécu sans intermédiaire, le tsar étant lui-même opposé à deux autres classes sociales, les boyards et l’Eglise. Le folklore va véhiculer une image sacrée du tsar, qu’aucun monarque occidental n’a jamais atteinte. Il est l’intermédiaire entre les hommes et Dieu, mais sans aucun lien avec l’Eglise. Le règne du tsar n’est pas absolutiste mais despotique, parce qu’il est le seul à pouvoir transmettre la vérité divine et cela par le biais d’une politique contraire à la loi. Dans l’imagerie populaire, la sacralisation du tsar représente la transcendance de son pouvoir. Aussi, il est difficile de définir les critères de ce pouvoir. Comme le monarque est proche de Dieu, il ne saurait être imparfait. Si le peuple est insatisfait, il doit considérer que ce ne sont pas les attributs du tsar qui sont à remettre en cause, mais que quelqu’un a usurpé la place du tsar. Il s’agit donc de retrouver le vrai tsar pour le mettre à sa place. Cette représentation explique un phénomène très étonnant et pourtant récurrent dans l’histoire russe, celui de l’arrivée inattendue d’un inconnu déclarant être le vrai tsar. Aussi en Russie, l’imposture devient-elle la forme habituelle de la révolte. Par ailleurs, le tsar installe un rapport quasi paternel avec ses sujets, ce qui continuera à marquer l’imaginaire politique russe. Staline n’aura aucun mal à se proclamer « Petit père des peuples ». DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE La région de Kiev, épine dorsale d’un circuit commercial, tombe progressivement en désuétude alors que le commerce en Méditerranée redevient florissant au XIIe siècle. Le Dniepr et la Volga voient leur trafic diminuer. De plus, l’unité de la Rus de Kiev, brièvement trouvée, est fragilisée et l’Etat se divise finalement en une douzaine de principautés qui luttent pour la primauté. La seconde moitié du XIIe siècle voit l’essor des principautés indépendantes qui se perpétueront jusqu’au XVIe siècle. Par ailleurs, les princes sont de plus en plus attirés par le nord, où ils vont essayer de déplacer le centre de gravité du pays. Youri Dolgorouki crée une principauté indépendante à Souzdal en 1125, la Moscovie, et fonde Moscou en 1158. Cependant la capitale reste Kiev. Puis son fils André s’établit à Vladimir, près de Souzdal et la Moscovie devient alors le nouveau centre de gravité de la Russie, aux dépens de Kiev, qui est progressivement abandonnée. Ce déplacement du centre de la Russie est à la source de la création de trois grands espaces dont les frontières ne vont cesser de changer au fil des siècles. Etant donné que la région de Kiev s’est vidée de sa population et que le centre se trouve dorénavant au nord, on considère que la ville est « aux confins », ce qui se traduit littéralement en russe par l’expression « y-kraïna », qui donna, en un mot, « Ukraïna », c’est-à-dire Ukraine en français. On l’appelle aussi la petite Russie ou la Russie noire, à cause de sa terre sombre. Par opposition à cette petite Russie, la principauté de la Moscovie devient la Grande Russie. Quant au territoire se trouvant au nord de l’Ukraine, il est nommé (en référence aux troncs blancs des bouleaux qui recouvrent ses immenses forêts) : la Russie blanche, belaya Rossia, qui en un seul mot donne Bielorussia, c’est-à-dire la Biélorussie. Mais morcelée, la Russie faiblit devant les envahisseurs. 60 Æ HistoiRe Alors que Batou Khan s’est rendu maître d’une grande partie de la Hongrie, de la Roumanie et de la Pologne, il s’apprête à foncer sur l’Europe, quand il apprend la mort de son oncle dans la capitale mongole de Karakorum et décide de faire demi-tour afin de participer à la bataille des héritiers. Quand Batou Khan rentre à Karakorum en 1241, il laisse ses conquêtes à Saraï, près de l’actuel Volgograd. C’est la fameuse Horde d’or qui deviendra le symbole du régime tatar. En quoi consiste la domination tatare ? Elle se matérialise principalement par des taxes à payer. Par ailleurs, les princes russes conservent une grande autonomie, mais ils doivent se rendre à Saraï, la capitale du khanat de la Horde d’or, pour recevoir leur titre, ce qui est vécu comme une épreuve humiliante. Cette période voit l’affirmation de Moscou, dont les princes réussissent à obtenir des khans de la Horde d’or la mission de collecter les impôts. Moscou se voit aussi chargée de se battre contre les villes ennemies des Tatars. Cela augmente progressivement son assise politique. Plus tard, c’est le grand-prince Dimitri de Moscovie qui lance une grande bataille contre les Tatars, qu’il bat à Koulikovo en 1380. Il s’agit d’un événement phare dans l’histoire de la Russie, car il marque le déclin de l’Empire tatar qui va aller en s’accélérant tout au long du XIVe siècle. Les Tatars se déplacent au sud du Don où ils créent le khan d’Astrakhan. Ce joug a des conséquences de très grande ampleur sur le destin de la Russie. Etant donné que les Tatars, convertis à l’Islam au début du XIVe siècle, n’interfèrent pas du tout dans la religion, l’orthodoxie devient un très grand facteur d’unité pour la population et le signe du fondement de la nation au moment même où celle-ci s’émiette politiquement et prend la forme de différentes principautés. L’Eglise orthodoxe est aussi une des seules façons de rester en contact avec Constantinople et la Méditerranée. Par ailleurs, pendant les 250 ans de joug tatar, la Russie est complètement coupée de l’Europe qui est en train de connaître un véritable renouvellement culturel et artistique : la Renaissance. Aussi, pour certains historiens, cette période explique le retard de la Russie par rapport à l’Europe et le besoin constant des dirigeants de vouloir rattraper ce retard par la suite. Le destin de la Russie est en effet scellé : coupée de l’Occident, son histoire est vouée à être autre, ni européenne ni asiatique. La Russie cherchera à trouver une troisième voie. Aussi, ce joug a-t-il laissé un souvenir effroyable dans les esprits. Les Russes le considèrent comme la période la plus sombre et la plus humiliante de l’histoire de leur pays. Il est aussi vécu comme une injustice, car le déferlement tatar s’est arrêté aux portes de l’Europe, et la Russie a été en quelque sorte sacrifiée, tandis que l’Europe est restée indifférente. Les premiers tsars : la principauté devient empire Durant la période tatare, la Rus s’est morcelée en différentes principautés dont une, Moscou, s’est davantage développée de par sa position et le prestige des princes qui l’ont gouvernée. Mais Moscou n’est encore qu’une principauté à l’intérieur de la Rus. A partir du XVe siècle, deux phénomènes vont se produire parallèlement et modeler l’image de la Russie actuelle. Les princes de Moscovie vont s’affirmer, se faire sacrer tsar et, par leurs titres et leurs conquêtes successives, agrandissant le territoire comme une tache d’huile, ils vont faire de la Russie un empire. C’est donc à partir de Moscou que l’on passe de la principauté à l’Empire. En 1480, Ivan III est le premier prince à refuser toute allégeance à la Horde d’or. Il libère définitivement la Russie du joug mongol et consolide la Moscovie en annexant les principautés de Iaroslav, Perm, Novgorod, Tver et Pskov. Moscou devient seule héritière de la Rus de Kiev. Par ailleurs, Ivan III fait des recherches généalogiques et se découvre un ascendant en la personne de l’Empereur romain Auguste et s’octroie dès lors le droit de prendre le titre de Caesar, qui, par une adaptation à la langue russe, donne tsar. Etant donné que l’empire de Rome et celui de Constantinople sont tombés, il déclare Moscou « troisième Rome », c’est-à-dire porteuse des valeurs chrétiennes. Il fait venir des architectes pour décorer la ville. Son fils Ivan IV est passé à la postérité sous le nom d’Ivan le Terrible. Marqué très jeune par l’assassinat de sa mère par les boyards, il garde contre eux une haine farouche et un désir de vengeance. Il obtient le premier le titre de « tsar de toutes les Russies ». Il épouse la fille d’un boyard, Anastasia Romanov, qui meurt prématurément d’une crise d’apoplexie après lui avoir donné six enfants. Dans un accès de paranoïa, il accuse les boyards et obtient le droit de vie et de mort sur ses sujets. Le jour même, il fait empaler un éminent boyard et décapiter un autre. C’est alors le début d’un règne de terreur qui dure jusqu’à sa mort. L’instrument de sa terreur est l’opritchina, une police secrète, servant à imposer ses mesures répressives et que ses successeurs continueront à utiliser. Les membres de l’opritchina sont restés gravés dans les imaginaires : vêtus de noir, ils montent des chevaux noirs et portent au bout d’un bâton une tête de chien décapitée pour symboliser leur fonction d’épuration. Par ailleurs, Ivan le Terrible réforme le code agraire, en attachant les paysans à leur terre et installe ainsi le début de ce qui sera un terrible fléau pour la Russie : le servage. Sous peine de mourir, aucun paysan ne doit fuir. Malgré HistoiRe √ 61 Le Temps des troubles (1604-1613) et le début de la dynastie des Romanov A la mort d’Ivan le Terrible, son fils Fédor, simple d’esprit, règne en s’appuyant principalement sur ses conseillers. Quand il meurt en 1598, la dynastie des Riourikides, commencée par le Varègue Riourik qui avait le premier unifié les peuples slaves, s’éteint. C’est son beaufrère Boris Godounov qui prend sa succession. Malgré un début de règne brillant qui ouvre le pays à l’étranger, Boris se voit vite opposer la résistance des fameux boyards, qui lancent la rumeur selon laquelle il aurait assassiné Dimitri, le fils d’Ivan le Terrible, mort dans des circonstances mystérieuses. C’est alors que se produit un événement dont seule l’histoire russe est capable : en 1604, un homme à la tête de Cosaques et de soldats polonais se présente à la cour de Russie et feint d’être le fameux Dimitri. Pour les boyards, l’occasion est trop belle. Commence alors ce qui a été appelé « le temps des troubles ». A la mort de Boris Godounov, Dimitri est couronné tsar. Il est en réalité soutenu par les Polonais qui souhaitent secrètement annexer le pays et convertir ses habitants au catholicisme. Il est finalement tué par les boyards qui choisissent l’un d’entre eux pour régner, Chouïski, qui voit à nouveau se manifester un deuxième faux Dimitri. Les Polonais interviennent. Chouïski abdique. Des boyards s’entendent avec la Pologne pour nommer tsar Ladislas, le fils du roi de Pologne. C’est alors un boucher de Nijni-Novgorod, Minine, qui organise une résistance à ce pouvoir étranger. Ensemble ils marchent sur Moscou, faisant capituler la garnison polonaise. Comme durant le joug mongol, l’Eglise orthodoxe est à nouveau appelée à jouer un rôle de réveil national car les chefs de l’Eglise lancent un appel à la population contre l’étranger. Aussi le patriotisme s’enracine-t-il progressivement et devient une valeur fondamentale de l’orthodoxie, tandis que celle-ci devient la gardienne et le refuge de l’essence de la nation russe ainsi que le symbole de la résistance contre l’oppresseur étranger. Un zemski sobor (assemblée populaire instituée par Ivan le Terrible) choisit pour tsar Michel Romanov en 1613. Il inaugure la dynastie des Romanov appelée à régner jusqu’en 1917. Son fils Alexeï lui succède. En fervent chrétien, il introduit au Kremlin une grande piété. Son règne est marqué par le schisme des vieuxcroyants et par des révoltes paysannes, dont la plus connue est celle de Stenka Razin qui, à l’aide de son armée de Cosaques, s’empare en 1670 de la région située entre la Volga et le Don. Cette révolte, qui ne sera pas la dernière de l’histoire russe, est écrasée dans le sang, et Razin est exécuté sur la place Rouge. Il restera un héros populaire. Le XVIIIe siècle : bouleversement pour la Russie qui souvre sur lEurope Les deux tsars les plus marquants de la dynastie Romanov sont incontestablement Pierre Le Grand, qui règne de 1682 à 1725, et Catherine II qui règne de 1762 à 1796. Conscients du retard de la Russie par rapport au reste de l’Europe, ils œuvrent tous deux pour une ouverture de la Russie sur l’Occident, voyant dans le modèle européen le meilleur moyen de faire de la Russie une nation progressiste. Alors que l’Europe a connu la Renaissance, la Russie fonctionne encore selon des structures médiévales ; aussi Pierre le Grand se donne-t-il pour mission de l’arracher au Moyen Age et de la tourner vers les lumières de l’Europe. Sa demi-sœur, Sofia, fomente un complot avec l’aide des streltsy (régiment de mousquetaires) et réussit à éloigner son jeune frère du pouvoir. Il est envoyé dans un relais de chasse proche de Moscou, Preobrazhenskoye. C’est là que vont se développer ses passions : la guerre, l’Europe et la marine. En 1689, il se débarrasse de Sofia et reprend le pouvoir. Il décide alors de voyager pendant un an en Europe, ce qui ne manque pas de choquer, car aucun tsar n’a jamais quitté la Russie. Il rentre avec une idée principale en tête, celle de construire une marine moderne, ce qui nécessite d’obtenir un morceau de la Baltique. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE cela, de nombreux paysans préfèrent la fuite au servage. Beaucoup partent vers le nord où, avec des esclaves en fuite et des aventuriers, ils constitueront plus tard ce que l’on appelle les Cosaques. Par ailleurs, grâce à ses conquêtes, Ivan le Terrible ouvre la voie à la constitution d’un véritable empire. Il s’attaque tout d’abord au reste de l’empire mongol. En 1552, il conquiert le khanat de Kazan sur la haute Volga. Pour célébrer sa victoire, il fait construire la cathédrale de Saint-Basile-le-Bienheureux à Moscou. Grâce à la conquête d’Astrakhan en 1556, il devient le maître de toute la Volga, de Moscou à la mer Caspienne. Ces campagnes l’amènent à s’intéresser à la Sibérie. C’est une famille de marchands, les Stroganov qui se verront confier cette mission. Ce sont le fameux Yermak et ses hommes qui s’en acquitteront. Mais les velléités d’Ivan vers la Baltique se soldent par un échec, car les chevaliers teutoniques bloquent tout accès. Ivan a posé les jalons de l’empire. Mais après lui, les troubles commencent. 62 Æ HistoiRe Raison pour laquelle il passera tout son mandat à se battre contre la Suède, à laquelle il réussit à arracher la région de la Carélie, l’Estonie et la Lettonie. Il entreprend donc de construire un port au niveau du golfe de Finlande, à l’embouchure de la Néva, afin d’ouvrir « une fenêtre sur l’Europe ». C’est là qu’il construit en 1703 la ville de Saint-Pétersbourg qu’il dote de tous les attributs d’une ville européenne : palais, ministères de style occidental, musées, université et bibliothèque. En 1712, il transfère la capitale à SaintPétersbourg. Signe de l’occidentalisation de son pays, il impose aux boyards de couper leur barbe et de porter des vêtements européens. D’ailleurs, sous son règne, les boyards disparaissent, remplacés par des fonctionnaires. Pierre Ier demeure le symbole du tsar qui a cherché dans le modèle occidental l’ultime recours pour faire avancer la Russie de gré ou de force, dans le but de faire de son pays la première puissance européenne. Il impulse donc à la Russie une direction nouvelle, l’Ouest, orientant ainsi toute l’histoire russe qui va suivre. En effet, les dirigeants qui lui succèderont resteront fidèles à cette politique. La cour va continuer à s’occidentaliser, au point d’être coupée de la masse paysanne. A cette époque, le terme de Russie supplante celui de Moscovie. Catherine la Grande (1762-1796) est certainement la tsarine la plus marquante de l’histoire de la Russie. Originaire de la petite aristocratie allemande, elle arrive en Russie à l’âge de quinze ans. Mariée au petit-fils de Pierre le Grand, elle réussit à intriguer contre lui pour l’écarter du trône. Elle entreprend alors de construire un empire qui par sa taille doit dépasser les empires romains et byzantins. Consciente comme Pierre du retard de son pays, Catherine est bien décidée à le transformer. Aussi décide-t-elle de l’ouvrir au monde des idées qui fleurissent à l’ouest à cette époque-là : la philosophie des Lumières. Elle correspond avec Voltaire et fait venir Diderot à sa cour. Ainsi l’influence française se propaget-elle avec son cortège d’idées progressistes. Son règne est marqué par un bouillonnement culturel. Elle ouvre des pensions pour jeunes filles, codifie les lois, réforme l’enseignement primaire et les administrations locales, fonde des hôpitaux et des orphelinats. Elle invite aussi les meilleurs architectes en Russie et c’est durant son règne que Saint-Pétersbourg acquiert sa beauté classique. Mais la question problématique du servage ne cesse d’augmenter, provoquant l’une des révoltes paysannes les plus célèbres de l’histoire : la révolte de Pougatchev, immortalisée dans le chef-d’œuvre de Pouchkine, La Fille du capitaine (1836). Pougatchev est un déserteur cosaque qui se fait passer pour Pierre III, le mari que Catherine a écarté du pouvoir. Prenant la tête d’un immense mouvement paysan, il réussit à soulever une grande partie du territoire et le pays manque d’imploser. Mais, livré par ses hommes, le meneur sera exécuté sur la place Rouge. Avide de conquête, Catherine continue à étendre son empire. Elle s’empare de la Lituanie, de la Biélorussie, de l’Ukraine occidentale et elle se partage la Pologne avec Frédéric de Prusse. Sa conquête la plus importante est la Crimée qui lui permet d’ouvrir à la Russie un débouché sur la mer Noire, quand Pierre le Grand lui en avait ouvert un sur la mer Baltique. Elle se lance par ailleurs dans l’exploitation de la Sibérie avec ses fourrures et ses minerais. Mais à la fin de son règne, effrayée par la Révolution française, Catherine ferme subitement son pays aux idées nouvelles.Tout un symbole : le buste de Voltaire disparait de l’Ermitage. Aussi les Russes aiment à dire : « Pierre a donné un corps à la Russie et Catherine lui a donné une âme. » Son fils, Paul Ier, déteste sa mère et veut détruire son œuvre. Il met en place une dictature, mais il est assassiné par les partisans de son fils Alexandre. Le XIXe siècle : entre libéralisme et réaction, développement dun groupe révolutionnaire Le XVIIIe siècle a vu l’ouverture de la Russie aux idées des Lumières. Le XIXe siècle voit la naissance en Russie d’une population éclairée et de la première intelligentsia, inspirée par des idées venues d’Europe. Après la philosophie des Lumières, les intellectuels russes s’intéressent au socialisme. Tandis que tous les dirigeants du siècle hésitent entre politique libérale ou fermeture, à l’image du règne de Catherine, éclôt à l’extérieur de la Russie, l’embryon d’un mouvement révolutionnaire qui attend l’étincelle pour s’enflammer. Le règne d’Alexandre Ier (1801-1825) est presque entièrement occupé par l’invasion de Napoléon. Malgré la paix conclue avec les Français à Tilsit en 1807, Napoléon envahit la Russie et se trouve à Moscou en 1812. Dans un élan de ferveur patriotique, ses habitants préfèrent incendier leur ville plutôt que de la livrer à l’ennemi. Aussi la retraite de Napoléon est-elle immédiate et les troupes russes vont même jusqu’à l’ « accompagner » à Paris en 1814. A la fin du règne d’Alexandre Ier, un nouvel état d’esprit règne en Russie car l’aristocratie russe a voyagé et elle est entrée en contact avec les idées de la Révolution française. Par ailleurs, les jeunes officiers ont pérégriné dans toute l’Europe et se sont rendu compte du retard des campagnes russes par rapport HistoiRe √ 63 plus, Alexandre II mène beaucoup de réformes libérales, il crée des hôpitaux et des écoles primaires. La censure se fait moins sévère et les débats d’opinion sont possibles. Parallèlement, les jeunes idéalistes de la période précédente sont remplacés par une jeunesse fanatique qui entre en effervescence dans les universités et radicalise complètement sa révolte, au sens révolutionnaire du terme. Après une tentative d’assassinat manquée contre Alexandre II en 1866, beaucoup d’étudiants se rendent en Angleterre, en Suisse et en France, où ils prennent connaissance des thèses socialistes et marxistes de Marx et de Bakounine. Aussi, cette jeunesse qui agit au nom d’un avenir radieux, mythique et flou, est-elle convaincue de la légitimité de l’attentat à but politique. Alexandre II est finalement assassiné lors d’un attentat en 1881. Le tsar au visage libéral mort, ses successeurs vont revenir à l’autoritarisme. Le règne d’Alexandre III (1881-1894) commence de façon très brutale par des exécutions suite à l’assassinat d’Alexandre II. Luttant contre toute idée révolutionnaire, Alexandre III renforce la censure. Surtout, il comprend le retard de la Russie face à l’Europe et décide de faire entrer le pays dans l’ère industrielle. Nicolas II et la fin de lempire tsariste Le règne de Nicolas II (1894-1917) marque la fin de l’empire tsariste. En 1905, le pays perd une guerre contre le Japon. Cet événement est vécu comme une grande humiliation pour la population. Par ailleurs, les difficultés économiques incitent la population pétersbourgeoise à se soulever en organisant une marche vers le Palais d’hiver. Les gardes rouges tirent alors sur la foule. Ce jour restera dans les esprits comme un « dimanche sanglant », en même temps qu’il marquera le début de la perte de légitimité du tsarisme. Lénine, lui, y verra une répétition générale de la révolution de février 1917. En effet, en l’espace de quelques jours, tout le pays se met en grève et une nouvelle forme de comité de travailleurs, les soviets, se constitue dans la capitale et dans toutes les principales villes de Russie. Après quoi le tsar est obligé de faire une concession démocratique en instituant la Douma, une mascarade de Parlement, qu’il ne consultera jamais. Pendant ce temps, le pays se transforme profondément. Avec la naissance de l’industrialisation, un prolétariat est en train de se constituer. Mais avec des conditions de logement difficiles, dans des villes qui ne sont pas équipées pour recevoir tous ces nouveaux venus, les ouvriers expriment leur mécontentement. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE à l’Allemagne ou à la France. Ils rentrent en Russie et créent des cercles de pensée. C’est la première tentative en Russie d’une pensée libre et d’une réflexion politique. Après la mort subite d’Alexandre en 1825, ces sociétés vont profiter du court interrègne pour essayer de prendre le pouvoir sous la forme d’une insurrection, connue sous le nom de révolte des décabristes. Le jour où l’armée est censée prêter serment au nouveau tsar Nicolas I er, les conspirateurs mènent leurs troupes sur la place du Sénat à SaintPétersbourg et se retrouvent face à celles du gouvernement. Après des pourparlers qui durent toute la journée, les premiers coups de feu sont tirés le soir et se terminent par l’échec de la révolte des insurgés. Tous les conspirateurs sont arrêtés et certains seront interrogés par Nicolas Ier en personne. Les dirigeants sont exécutés et les autres déportés en Sibérie. C’est un événement clef de l’histoire de la Russie : avant cette date, les coups d’Etat sont menés pour mettre un souverain à la place d’un autre. Pour la première fois, les participants veulent changer le régime et lui donner une constitution. Ils estiment que la Russie peut avoir sa place dans le cercle des nations européennes et veulent pour cela remplacer l’autocratie par une république constitutionnelle. Le successeur d’Alexandre, Nicolas Ier reste marqué pendant tout son règne (1825-1855) par la révolte des décabristes et n’aura de cesse de lutter contre toute idée révolutionnaire. Pour appuyer ses idées, il renforce la police dans tous les gouvernements et pour étouffer toute velléité révolutionnaire, il crée une police secrète, la Troisième section, qu’il gouverne d’une main de maître. Il s’appuie sur trois notions pour gouverner : « nationalisme, orthodoxie, autocratie ». La vague révolutionnaire qui déferle en Europe en 1848 incite le tsar à s’introniser « gendarme de l’Europe ». Il intervient là où la monarchie est menacée, comme en Hongrie par exemple. Par ailleurs, le tsar essuie un lourd échec en Crimée contre la France et l’Angleterre. En effet, il s’oppose à la Turquie pour le contrôle des détroits de Bosphore. Aussi la France et l’Angleterre interviennent-elles du côté turc pour s’assurer de maintenir le libre passage des navires dans cette zone. Après un long siège, les Russes doivent abandonner la base navale de Sébastopol en 1854 et la Russie perd le contrôle du détroit du Danube. Le règne d’Alexandre II (1855-1881) marque la fin d’une époque en Russie. Convaincu que l’échec en Crimée est lié au retard de la Russie, il décide d’abolir le servage en 1861 (la Russie est le dernier pays d’Europe à adopter cette mesure). Mais cela ne provoque pas l’effet escompté. De © STÉPHANE SAVIGNARD 64 Æ HistoiRe Kitaï Gorod, monument de la guerre contre la Turquie. Ces revendications vont alors être entendues et soutenues par un parti tout nouvellement constitué, le parti social-démocrate. C’est la rencontre entre ce parti politique et le prolétariat naissant qui va créer les conditions favorables à la révolution d’Octobre 1917. Pendant ce temps-là, le parti social-révolutionnaire, héritier du populisme, prend en charge les revendications des paysans. Pour essayer de remédier à cette montée de mécontentement, Nicolas II nomme en 1906 un nouveau Premier ministre, Stolypine, qui pour lutter contre les attentats terroristes établit des cours martiales et, pour résoudre la question agraire, décide de démanteler la communauté rurale et de redistribuer les terres. Mais en 1911, il est assassiné. La Russie sombre alors dans le chaos. Le tsar lui, ne voit pas les changements en train de s’accomplir. Il reste complètement déconnecté de la situation réelle du pays et préfère s’en remettre à son ministre mystique Raspoutine. Cela a le don d’exaspérer encore davantage la population. Le tsar, qui depuis Ivan le Terrible jouissait d’un visage paternel, perd tous ses attributs. Le divorce entre le tsar et le peuple est consommé. Il ne manque plus qu’un événement pour que le mouvement révolutionnaire explose. Ce sera la guerre de 1914. Entraînée dans ce combat pour soutenir la Serbie, peuple frère, contre l’Autriche, la Russie est bientôt confrontée à ses faiblesses structurelles : l’approvisionnement est rendu très difficile à cause de problèmes de transport. La population des villes n’étant plus ravitaillée, elle décide de se soulever à Saint-Pétersbourg en février 1917 pour obtenir du pain. L’armée se range à ses côtés. Devant cette situation irréversible, la Douma forme un gouvernement provisoire et le 15 mars, le tsar abdique en faveur de son frère Michel qui renonce lui-même au trône. En marge de l’oscillation des tsars entre autoritarisme et libéralisme, le XIXe siècle aura créé les conditions nécessaires à l’introduction en Russie d’une pensée, puis d’un mouvement révolutionnaire, qui, pour la première fois dans l’histoire, va être porté au pouvoir. 1917 : lutte entre le pouvoir officiel et les Soviets A partir de février 1917, un gouvernement provisoire se met en place qui promeut une république bourgeoise : sur le plan intérieur, Kerenski, Premier ministre à partir de juillet, mène une politique attentiste. La guerre, cet élément déterminant qui a provoqué la révolution de février, se poursuit. Le mécontentement du peuple continue donc d’augmenter. Parallèlement à ce gouvernement officiel, un autre pouvoir s’organise : celui des Soviets. Ces regroupements de soldats et d’ouvriers se propagent dans différentes villes du pays en suivant le modèle de Petrograd. Ainsi le chaos continue de régner dans le pays tandis que le ravitaillement en nourriture fait toujours défaut. Surtout, depuis la fin du tsarisme, le gouvernement provisoire manque de légitimité, laquelle s’amenuise de jour en jour. HistoiRe √ 65 La fin de lEmpire : le pouvoir, un fruit mûr quil faut savoir cueillir Retour de Lénine : impulsion et prise de pouvoir Pendant ce temps, Vladimir Ilitch Oulianov Lénine, que l’on pourrait qualifier de révolutionnaire professionnel, rentre de son exil en Suisse et prend la tête du mouvement bolchevik. Il profite du chaos général pour lancer ses thèses d’avril qui vont être le déclic de la révolution Le mythe Raspoutine Ce moujik sibérien a été décrit comme un géant inculte mais doué d’un charisme exceptionnel, au regard pénétrant et aux mains impressionnantes. Il aurait eu le pouvoir de calmer les gens souffrant moralement et en particulier les femmes. Présenté dans la capitale comme un homme hors du commun, il rencontre la famille impériale et accomplit le miracle de soulager les crises d’hémophilie du tsarevitch. Galvanisant la haine de tous les membres de la Cour qui ne voient en lui qu’un manipulateur éloignant le tsar de ses fonctions, il est assassiné dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916 par le prince Ioussoupov. Cet assassinat est devenu célèbre par son caractère surnaturel. Le prince aurait invité Raspoutine chez lui et lui aurait fait boire du madère dans trois verres contenant du cyanure. Constatant l’absence d’effet du poison, Ioussoupov aurait tiré sur Raspoutine au niveau du cœur. Lequel serait tombé et aurait finalement cessé de respirer. Un quart d’heure plus tard, le prince revenu dans la pièce aurait vu Raspoutine ouvrir un œil avant de bondir à la gorge du prince. Le géant aurait réussi à s’enfuir dans le jardin, où plusieurs tirs auraient fini par avoir raison de lui. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Lors de la révolution de février 1917, l’impossible est devenu possible : abattre l’Ancien Régime, éliminer les cadres de la société, instituer un gouvernement populaire. Il faut construire une société fondée sur la science et l’égalité de tous. Dans l’esprit des bolcheviks, il s’agit de mettre fin à l’arbitraire du pouvoir, cette « nef de fous » comme la qualifiait Lénine, et de reconstruire une société basée sur des connaissances scientifiques. Cette révolution devait mettre fin aux inégalités sociales. La destitution du tsar et son assassinat sont pour la Russie l’avènement d’une nouvelle donne politique et économique : le pouvoir n’a plus rien de divin. Bien au contraire, il se veut à l’opposé du mysticisme tsariste et entièrement fondé sur le rationnel. Ce système repose principalement sur une théorie économique : le socialisme, qui consiste à centraliser la production économique dans un souci d’efficacité. En effet, au moment où se produit la révolution, la Russie est très en retard économiquement par rapport aux autres pays. On peut voir dans la période de Lénine et de Staline, jusqu’en 1953, la mise en place d’un système économique socialiste, et à partir de 1953 jusqu’en 1985, la remise en cause de ce système. d’Octobre. Si Lénine a toujours cru à la révolution socialiste, la révolution de février l’a surpris. Par rapport aux autres chefs de mouvements qui sont alors en lutte pour le pouvoir dans le pays (mencheviks, socialistes révolutionnaires, démocrates constitutionnels, libéraux, monarchistes), Lénine a un atout considérable qui fera la différence et bouleversera la destinée du pays : il croit que la révolution est possible tout de suite. Aussi, alors que le gouvernement provisoire galvanise les mécontents, Lénine lance en avril 1917 ses fameuses thèses d’avril : il faut arrêter la guerre qui n’est plus supportable pour la population, partager la terre avec les paysans comme ceux-ci le souhaitent depuis longtemps et surtout, mettre tout de suite en œuvre la révolution socialiste en passant à une république des Soviets qui donne le pouvoir aux ouvriers. Ainsi, la particularité des bolcheviks, sous l’impulsion de Lénine, est de former un groupe de révolutionnaires professionnels dont l’unique obsession est de prendre le pouvoir. Tandis que l’autorité du gouvernement provisoire se désagrège progressivement, il n’est alors pas difficile pour ce petit groupe de prendre le pouvoir à l’automne 1917 : le 6 novembre, des détachements d’ouvriers et de soldats commandés par Trotski entrent dans le siège du gouvernement provisoire, le Palais d’hiver de Petrograd. Ce qui est passé à la postérité comme la « révolution d’Octobre » n’est rien d’autre qu’un coup d’Etat, réalisé par une poignée de « révolutionnaires professionnels » formés et dirigés par Lénine. Le pouvoir était alors un fruit mûr qui ne demandait qu’à être cueilli. Aussi, l’une des clefs de l’histoire russe réside-t-elle dans l’existence d’un groupe structuré, discipliné et animé par un chef dont le désir de pouvoir tourne à l’obsession. 66 Æ HistoiRe Le parti social-révolutionnaire (SR) et le parti social-démocrate (SD) : héritiers des pensées extrémistes russes du XIX e siècle Pendant que la Russie s’industrialise et que le tsar règne sous l’influence de Raspoutine, deux courants politiques se développent en Russie et prennent de plus en plus d’ampleur. Héritier du populisme, le parti social-révolutionnaire dont les statuts sont adoptés en 1906 est membre de l’Internationale socialiste. Il défend des revendications d’inspiration libérale : assemblée constituante, système fédéraliste, séparation de l’Eglise et de l’Etat, liberté politique et législation sociale. Il défend également des revendications plus nettement socialistes : abolition de la propriété privée des terres et redistribution à la communauté paysanne. Il s’adresse donc aux paysans. Le parti social-démocrate, lui, est né chez des émigrés russes déçus par le populisme et qui voient dans le marxisme un outil de transformation de la Russie. Ils en retiennent l’importance historique de la classe ouvrière sur laquelle ils transfèrent leurs espérances révolutionnaires déçues par l’attitude de la paysannerie. L’histoire de la social-démocratie russe est la rencontre entre ce courant politique né et développé au sein de l’émigration et le mouvement ouvrier russe naissant. Elle a été fondée par les introducteurs du marxisme en Russie, à la fin du XIXe siècle. Il s’agit au départ d’une petite secte querelleuse, sans grande prise sur la population, éparpillée entre l’émigration et la clandestinité. Ce groupe s’oppose au Congrès de Bruxelles en 1903 à cause de divergences concernant leur statut : la question est de savoir si leur parti doit être un parti de masse ou de révolutionnaires. Les partisans de la deuxième voie, plus nombreux, prendront le nom de bolcheviks (traduction de « les plus nombreux ») et les autres s’appelleront mencheviks, « les moins nombreux. » Cette idéologie est héritière de la pensée extrémiste russe du XIX e siècle à bien des égards : la nécessité de prendre le pouvoir (contre les anarchistes pour qui la révolution est la destruction du pouvoir), la volonté d’inscrire la démarche révolutionnaire dans une vision scientifique du monde et de la société, le désir de forger à travers l’expérience révolutionnaire un homme nouveau et la tendance au raisonnement abstrait coupé du réel. Il s’agit moins de partir du réel pour le transformer que de fixer un idéal de transformation sociale quitte à contraindre la société pour y parvenir. La guerre civile de 1918 à 1921 ou la légitimation du pouvoir Les Russes en guerre ont accueilli avec passivité et indifférence l’arrivée des bolcheviks au pouvoir. Mais bientôt, les opposants de toutes sortes se réveillent et tentent de s’organiser. Ils déclenchent une guerre civile. Les blancs (monarchistes et antibolcheviks) reçoivent l’appui d’armées étrangères. Trotski organise une armée rouge. Pour affronter ses ennemis intérieurs, les dirigeants se désengagent de la guerre en signant la paix de Brest-Litovsk et en acceptant les exigences énormes de l’Allemagne : ils perdent les pays Baltes et la Pologne. Aussi peuvent-ils assurer leur pouvoir à l’intérieur et diriger un mouvement communiste international avec la création de la IIIe Internationale, le Komintern, créé en mars 1919. Pour l’emporter, le pouvoir bolchevik doit s’imposer par la force et donc revenir sur de nombreuses concessions. Il dissout l’Assemblée constituante qui avait été mise en place, car elle est hostile au nouveau pouvoir ; il met en place le communisme de guerre et crée une police politique pour lutter contre toute opposition. La presse est muselée, les partis bourgeois sont interdits. Alors qu’en octobre 1917, les bolcheviks avaient accordé aux paysans ce qu’ils réclament depuis longtemps, à savoir la possession des terres, on vient réquisitionner de force leurs récoltes pour les envoyer en ville. Dès novembre 1918, la première étape vers une économie dirigée a été franchie avec la mise en place d’un système de distribution de produits sous contrôle de l’Etat. Sadapter aux nécessités avant le socialisme : la NEP (1921-1924) Alors que l’idée première des bolcheviks est d’exporter la révolution, ils doivent se résoudre à cette impossibilité et décident de se concentrer sur la construction du socialisme dans un seul pays. En 1921, le pays sort complètement ruiné HistoiRe √ 67 Création de lURSS sur les décombres de lEmpire tsariste Au début du XXe siècle, l’expansion constitutive de l’empire russe est à peu près achevée. Cet empire s’étend, d’est en ouest, du Grand-duché de Varsovie à l’océan Pacifique et, du nord au sud, de la mer Baltique à la Transcaucasie. Il s’étend aussi sur une partie de l’Asie centrale. Dans la confusion de l’année 1917, cet empire commence à se disloquer : les peuples non russes affirment leur souveraineté. Cela conduit à un mouvement pour l’indépendance de la Finlande (décembre 1921), de l’Ukraine (janvier 1918), de l’Estonie et de la Lituanie (février 1918), de la Géorgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan (mai 1918), de la Pologne (octobre 1918) et de la Lettonie (novembre 1918). Il s’agit alors pour les dirigeants bolcheviks de rétablir une unité. C’est dans cette optique qu’est créée en 1922 l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS), premier succès d’une reconquête impériale, avec notamment l’intégration de la Transcaucasie et de l’Ukraine. Cette union s’oppose au camp capitaliste où règne « l’esclavage colonial et le chauvinisme », alors qu’en URSS règnent « la coexistence pacifique et la collaboration fraternelle des peuples ». Les années 1930 : le grand tournant Lénine meurt prématurément en 1924. Une lutte de pouvoir s’engage entre Trotski et Staline qui sont en désaccord sur de nombreux points. Alors que Trotski veut poursuivre la théorie de la révolution permanente et continuer à essayer de l’exporter, Staline lui est pour la construction du socialisme dans un seul pays. C’est en 1926 que l’URSS abandonne son projet de révolution mondiale au profit de la construction du socialisme dans un seul pays. Par ailleurs, l’un des problèmes principaux de la Russie est son retard industriel. Lors de la révolution de 1917, le pays est encore majoritairement agricole. Il est donc nécessaire de l’industrialiser. L’industrialisation a commencé dans les années 1880 avec le ministre Witte. Mais la guerre a tout détruit. Aussi faut-il tout reprendre depuis le début. Les dirigeants s’opposent sur deux points. Cette industrialisation doit-elle être financée en réquisitionnant de force la production agricole pour parvenir à une industrialisation rapide ? Ou bien, faut-il laisser les paysans s’enrichir et retarder cette industrialisation ? Jusque-là, la deuxième solution a prévalu, notamment durant la NEP. Industrialisation et collectivisation Dès son arrivée au pouvoir, Staline décide d’engager le pays dans la première voie : l’industrialisation à outrance. Cela commence par la collectivisation forcée des terres, justifiée idéologiquement par l’idée qu’il faut éliminer les paysans enrichis, les koulaks. Parallèlement se met en place une industrialisation mettant l’accent sur l’industrie lourde, au détriment de l’industrie légère et des biens de consommation. La particularité de cette économie est d’être une économie dirigée. Car le stalinisme c’est avant tout l’instauration d’une économie complètement nouvelle, qui s’oppose au système capitaliste. La grande dépression de 1929 qui s’abat sur l’Occident servira d’argument corroborant la thèse de Staline. Les autorités soviétiques vont opposer le principe de la planification au désordre de l’économie de marché. Cette planification passe par une nationalisation de la terre et des usines afin de rationaliser la production et donc de la rendre plus efficace. Il faudra plusieurs années pour que cette planification s’incarne dans les institutions et dans la pratique. Des organismes appropriés sont mis en place, comme le Conseil de l’économie nationale en 1918 et le Gosplan en février 1921. La création de ces organismes va réunir les mécanismes économiques de l’Etat en une seule et même machine, un unique organisme économique qui marquera l’instauration décisive du socialisme de type soviétique. La planification va être le principe directeur de la politique stalinienne. Elle a en plus un aspect psychologique déterminant. Il existe une mystique du plan qui s’apparente à une conquête révolutionnaire ; il faut toujours être au « poste de combat ». Une terminologie guerrière se développe ainsi, contribuant à créer une économie de guerre avec une mentalité de guerre. Ainsi de 1928 à 1934 le premier plan quinquennal est lancé. Les ouvriers deviennent de véritables combattants et le vocabulaire industriel est militarisé. On trouve en Russie des « brigades de choc », des udarniki et des stakhanovistes. Par ailleurs, un gros effort est fait pour vaincre l’analphabétisme. Dès 1932, la quasi-totalité des enfants sont scolarisés. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE de six années de guerre, aussi Lénine, assez pragmatique, décide t-il de faire une pause dans l’instauration du socialisme. Il crée la NEP, nouvelle politique économique commune, afin de permettre au pays de se reconstruire économiquement. Il autorise le développement d’un secteur privé dans la petite industrie et le commerce de détail. Les paysans peuvent ainsi garder une petite partie de leur production. Sur le plan économique, c’est un grand succès. Après les famines de 1921 et 1922, le pays se relève. Cette NEP permet l’enrichissement d’une petite partie : chez les paysans, on les appelle koulaks (Staline se servira de cette dénomination pour désigner les ennemis à abattre dans les années 1930) et dans l’industrie ce sont les nepmen. 68 Æ HistoiRe La vie soviétique : difficulté et terreur Cependant, la vie reste difficile. La population manque de biens de consommation. Les files d’attente s’allongent pour des biens souvent inexistants. Le pays manque de logements et beaucoup de familles habitent dans des appartements communautaires. Pour entretenir son autorité, Staline s’appuie sur trois choses : la terreur, le culte de la personnalité et la propagande. A partir de 1934, le NKVD, qui deviendra le KGB en 1954 (comité pour la sécurité d’Etat), contrôle la population. La même année, les purges commencent avec l’élimination des gens du Parti. Des millions de russes sont envoyés dans des camps de concentration : les goulags. Les détenus, les zeks, sont soumis à des travaux pénibles et utilisés comme main-d’œuvre gratuite. En 1936, Iejov est nommé commissaire à l’intérieur, ce qui marque le début de la grande répression. Une époque restée dans les mémoires sous le nom de Ejovchina. Fondée sur la théorie du complot et du sabotage, cette méthode permet de nourrir la peur au sein de la population pour l’inciter à dénoncer les « ennemis ». Durant ces années, l’opinion publique est inexistante en Russie. La société est de plus en plus atomisée. Le troisième plan quinquennal est interrompu par la Seconde Guerre mondiale. Reste que cette industrialisation a fait de l’URSS la troisième puissance mondiale. La Seconde Guerre mondiale A l’extérieur, l’URSS entre dans le concert des nations, en 1924, lorsqu’elle est admise à la SDN. Elle se rapproche d’abord des démocraties occidentales. Mais à la suite des accords de Munich, Staline décide de s’allier à Hitler. En mars 1939 est signé le pacte germano-soviétique, à la faveur duquel l’URSS annexe de septembre 1939 à mars 1940 la Pologne orientale, la Carélie, les Etats baltes, la Bessarabie et la Bucovine du Nord. Mais le 22 juin 1941, Hitler envahit une URSS mal préparée à la guerre. L’armée nazie avance rapidement jusqu’aux environs de Moscou qui résiste à un long siège. Staline réussit à mobiliser la population au service de la « Grande Guerre patriotique » et conclut un accord avec la Grande-Bretagne. Début 1943, l’Armée rouge regagne du terrain et à l’automne 1944 pénètre en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie, participe à la libération de la Yougoslavie, progresse en Pologne au début 1945 et, conformément aux accords de Yalta, occupe l’Allemagne de l’Est. Toujours selon ces mêmes accords, elle déclare la guerre au Japon, et obtient, lors de la capitulation de celui-ci, l’île Sakhaline et l’archipel des Kouriles. A la fin de la guerre, l’URSS a perdu 20 millions d’hommes. Elle regagne rapidement son potentiel industriel grâce au 4 e plan quinquennal, mais sa production agricole stagne en raison de la résistance des agriculteurs. Le 5e plan quinquennal donne encore la priorité à l’industrie lourde plutôt qu’aux biens de consommation. La fin du règne de Staline confine à la folie. Certaines nationalités, accusées d’avoir collaboré avec l’ennemi, sont déportées : Ingouches, Tchétchènes et Tatars de Crimée sont déportés et leurs républiques autonomes supprimées entre 1943 et 1946. Les blessures de cette déportation marqueront longtemps les esprits. Les déportations continuent, la répression policière est omniprésente, et l’adulation de Staline confine à l’absurde. Il atteint son paroxysme en 1949 lors de son 70e anniversaire. Cette date marque l’apogée du culte de la personnalité. Des cadeaux affluent du monde entier. Le mouvement communiste international le reconnaît comme le guide génial de la révolution. « Le Petit Père des peuples » meurt le 5 mars 1953. Entre-temps, la guerre froide est née d’une incapacité des Alliés à s’entendre, de l’instauration de régimes communistes sous la pression de l’URSS en Europe de l’Est et du pacte de l’Atlantique Nord de 1949 dénoncé par Staline. En effet, l’URSS impose son autorité sur les territoires libérés par l’Armée Rouge, refuse l’aide américaine proposée sous la forme du plan Marshall pour aider les pays européens à se reconstruire et impose un blocus à Berlin en 1948. Des régimes favorables à Moscou sont donc installés dans les états d’Europe de l’Est. Pendant 40 ans, les démocraties populaires vont être séparées du continent par le « Rideau de fer ». Les successeurs de Staline comprennent que le système économique entièrement dépendant de la politique menée, avec une large place faite à l’industrie lourde, n’est pas gérable à long terme. Khrouchtchev : la dénonciation des crimes staliniens A la mort de Staline, Khrouchtchev est placé à la tête du secrétariat du Parti. La nouvelle direction veut rétablir la légalité socialiste et améliorer les conditions matérielles des citoyens. Les deux premières années de ce nouveau dirigeant sont caractérisées par un certain « dégel », qui ouvre la porte à un phénomène de résistance qui sera connu sous le nom de « dissidence ». Il dure deux décennies, jusqu’à la fin des années 1970, HistoiRe √ 69 Restructurer léconomie Khrouchtchev tente aussi de modifier l’orientation de l’économie, en donnant la priorité aux biens de consommation. Comme l’agriculture ne fonctionne pas, il ordonne en 1954 le défrichage des terres vierges. En effet, jusque-là le pouvoir a misé sur l’intensif, qui a usé les terres sans donner de résultat. Aussi, pour changer les choses décide-t-il de miser sur l’extensif en défrichant de nouvelles terres. Pour relancer la production agricole, l’étau des kolkhozes est desserré et une grande campagne de défrichement des terres vierges est lancée. Par ailleurs, il lance un programme de construction immobilière. On appellera donc khrouchtchevki ces immeubles de trois à cinq étages qui proli- fèrent dans les banlieues. Le XXI e congrès considère la construction socialiste achevée et décide de se lancer dans l’édification de la société communiste avec le plan septennal. Ses premiers résultats sont spectaculaires : mise au point de la bombe H en 1953, Gagarine dans l’espace en 1961. Le XXIIe congrès prévoit que l’URSS dépassera les Etats-Unis en 1970. Le 4 octobre 1975, l’URSS remporte une victoire symbolique sur les Etats-Unis en lançant le premier satellite Spoutnik I. La détente Au point de vue international, une détente est amorcée avec la fin de la guerre de Corée en 1953, la réconciliation avec la Yougoslavie et l’établissement de relations diplomatiques avec la RFA. A l’extérieur, l’URSS soutient les pays du tiers-monde récemment décolonisés : Nasser et le développement du nationalisme arabe, Lumumba au Congo, mais ses rapports avec la Chine se détériorent jusqu’à la rupture publique de 1961. Les relations avec l’Ouest et surtout les Etats-Unis se sont nettement refroidies : l’URSS soutient ouvertement Cuba et un avion américain espion est abattu dans le ciel soviétique. La crise atteint son paroxysme avec la construction du Mur de Berlin en 1961 et les missiles soviétiques de Cuba. L’échec de cette politique offensive amène Khrouchtchev à rechercher une entente durable avec les EtatsUnis. Un téléphone rouge reliant directement Moscou à Washington est installé en 1963. Mais le secteur économique et agricole est en difficulté. Plusieurs dérapages, comme la crise de Cuba et la célèbre scène de Khrouchtchev se ridiculisant en tapant avec sa chaussure sur la table de l’ONU, poussent un groupe d’apparatchiks à l’écarter du pouvoir. Khrouchtchev, désavoué, doit démissionner en 1964. Lépopée spatiale soviétique Après la guerre, l’URSS jouit d’un grand prestige dû à la conquête du cosmos, où le pays rivalise avec les Etats-Unis. Les Russes sont parmi les premiers à s’intéresser à la possibilité de conquérir l’espace. Grâce à Korolov, l’URSS trouve le concept qui lui permet de surpasser les Américains : le lanceur qui est utilisé pour le lancement du premier spoutnik stupéfie tout le monde le 4 octobre 1957. Si l’utilisation militaire de l’espace n’a pu être possible qu’à partir du milieu des années 1960, les dirigeants soviétiques ont compris dès le début que la conquête spatiale pouvait s’avérer une arme diplomatique efficace. L’URSS est la première nation à envoyer un engin dans l’espace. Elle démontre ainsi sa supériorité sur ses rivales. En 1961, l’URSS envoie le premier homme dans l’espace, Youri Gagarine. Fort de ce succès, Khrouchtchev lance peu de temps après son ultimatum sur Berlin. On est entré à l’ère de « la diplomatie des spoutniks ». En 1968, l’URSS réussit l’expérience d’un vol inhabité autour de la lune. Elle rêve de devancer les Etats-Unis dans le lancement du premier vol habité, mais n’y réussira pas. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE mais il a été sévèrement réprimé. Le système soviétique s’engage alors de plus en plus dans une impasse, dont tous prennent conscience à la mort de Brejnev en 1982. L’événement le plus marquant de l’époque est le XXe congrès de 1956, au cours duquel Khrouchtchev dénonce les crimes de Staline, la terreur et le culte de la personnalité, ce qui provoque la stupeur dans le camp socialiste. Les partis communistes étrangers doivent s’adapter à la nouvelle donne. On efface le nom de Staline et son corps est enlevé du mausolée. Beaucoup de victimes des purges staliniennes sont réhabilitées et les goulags sont vidés de beaucoup de leurs détenus politiques. On assiste à la réhabilitation des victimes des purges et des nationalités déportées en Sibérie, à l’exception des Tatars de Crimée et des Allemands de la Volga. Au sein du Parti, certains, inquiétés par la déstalinisation, s’opposent à Khrouchtchev, qui parvient néanmoins à écarter ses opposants. Il est certes possible de critiquer le régime communiste, mais pas de le remettre en cause. 70 Æ HistoiRe Brejnev : lère de la stagnation Brejnev lui succède. La nouvelle direction entend poursuivre une politique plus réaliste et revenir à l’orthodoxie léniniste. Elle prend des mesures pour améliorer l’agriculture et le rendement et donne plus d’autonomie aux entreprises industrielles. La censure est renforcée et les intellectuels ont du mal à l’accepter après un Khrouchtchev tolérant. Les dissidents font part de leurs critiques à l’étranger. Sakharov (prix Nobel de la paix en 1975), Tchalidze et Tverdokhlebov fondent en 1970 un Comité pour la défense des droits de l’homme. Ils sont réprimés. Mais les revendications des groupes nationaux sont plus préoccupantes pour le pouvoir : les Juifs obtiennent le droit d’émigrer en Israël en 1971, les Tatars de Crimée parviennent à se faire réhabiliter. A l’intérieur du parti, de plus en plus d’avantages sont octroyés aux cadres et la corruption se développe. La Constitution de 1977 considère que la société soviétique est devenue « une société socialiste avancée ». Brejnev meurt en 1982. Lui succèdent à la tête du parti Andropov puis Tchernenko. Celui-ci meurt en 1985. A l’extérieur, l’URSS renforce le pacte de Varsovie. Elle renforce aussi ses liens avec Cuba, qui devient un véritable satellite, mais aussi avec la Syrie, l’Irak, le Yémen, l’Algérie… Elle intervient indirectement au Vietnam et au Cambodge pour y installer des régimes communistes et directement en Afghanistan en 1979 pour soutenir un régime à sa dévotion. 100 000 soldats russes font face à une forte résistance locale. Elle intervient également en Tchécoslovaquie en 1968. Mais tout en menant cette politique de fermeté à l’intérieur du camp socialiste, elle améliore ses relations avec l’Ouest en signant tous les traités de désarmement. La perestroïka En 1985, la nécessité de réformer le pays en profondeur semble s’être imposée aux dirigeants. L’économie est paralysée à tous les niveaux de production et elle repose sur un système qui n’est pas du tout motivant pour la population. L’expression alors courante « on fait semblant de payer des gens qui font semblant de travailler » est assez parlante. De nombreux retards technologiques obligent à faire appel à l’importation. Le pays souffre de problèmes d’alcoolisme et d’absentéisme. Une économie parallèle a dû se mettre en place pour pallier le manque de biens de premières nécessités. Dans les différentes régions, les gouverneurs organisent des sortes de marchés noirs. La course aux armements avec les Etats-Unis continue alors que l’URSS n’en est plus capable. La population accepte de moins en moins cet état de fait. Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985 et étonne tout le monde avec son francparler. Il va tenter une sorte de révolution : changer de fonctionnement tout en conservant le même système communiste. Il lance la Perestroïka, mot qui signifie restructuration. C’est le volet économique des réformes qu’il entreprend. Il assouplit les directives et permet de créer un embryon de privatisation. Le volet idéologique de ses réformes est la glasnost, mot qui signifie transparence : on peut dire publiquement tout ce que l’on taisait sous la pression idéologique. Les dissidents comme Andreï Sakharov sont libérés, des débats publics ont lieu au soviet suprême. La démocratisation permet l’expression des aspirations démocratiques, écologiques, nationales, religieuses ou même indépendantistes dans les pays baltes et le Caucase. Comme la situation économique ne progresse pas, le mécontentement augmente dans la population. Et comme par ailleurs celle-ci jouit d’une liberté de parole nouvelle, elle peut exprimer ce mécontentement. L’abolition de la censure dans la presse permet par exemple de faire découvrir à la population la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986. Du coup dÉtat manqué à la fin de lURSS Progressivement, Gorbatchev est pris en étau entre deux formes d’opposition : les conservateurs communistes d’un côté qui lui reprochent d’avoir réformé le système et les libéraux de l’autre qui voudraient au contraire que les réformes aillent plus loin, vers une privatisation totale de l’économie. Ces libéraux qui souhaitent même passer directement au capitalisme s’organisent autour de Boris Eltsine. En août 1991, les communistes profitent du fait que Gorbatchev soit en vacances pour tenter un putsch contre lui. Boris Eltsine prend alors la tête de l’opposition. Il appelle à la résistance et réussit à faire plier le putsch ; une partie des forces le soutient. Surtout, Eltsine réussit à mettre les médias de son côté. Il ressort comme le grand héros de ces journées, tandis que Gorbatchev est complètement discrédité. En 1991, lors des élections présidentielles, Gorbatchev ne réussit à rassembler que 1 % des suffrages exprimés. C’est Boris Eltsine qui lui succède à la tête de la Russie. Gorbatchev est président de l’URSS et Eltsine est président de Russie. Gorbatchev reste président de l’Union, mais n’a déjà plus sa place à la tête d’un pays qui ne veut plus exister. HistoiRe √ 71 Les oligarques Les Etats baltes, puis l’Ukraine, la Moldavie, la Biélorussie, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Haut-Karabakh, la Crimée, l’Arménie, le Tadjikistan, le Turkménistan prennent ou obtiennent leur indépendance. Le 21 décembre 1991, à Alma-Ata, 11 des 12 présidents des républiques socialistes soviétiques constatent la fin effective de l’URSS. Gorbatchev, devenu président d’une union défunte, n’a plus qu’à démissionner. Le 25 décembre, Moscou fête Noël… et enterre l’Union soviétique. Dans la brume crépusculaire et glacée qui tombe sur la place Rouge, quatre soldats figés dans leurs capotes amènent lentement le drapeau rouge frappé de la faucille et du marteau, lequel flotte depuis 1917 sur le Kremlin ; à la place ils hissent le drapeau blanc bleu rouge de la Russie. Un empire est mort, sans fleurs ni couronnes. La Russie naît officiellement dans l’indifférence de Moscovites surtout soucieux d’améliorer leur médiocre quotidien en ce soir de Noël très politique. Le président russe Boris Eltsine vient de leur faire cadeau de leur ville redevenue capitale de la Russie après avoir été, 73 ans durant, capitale de l’Union soviétique. Le 17 avril 1992, la république de Russie prend officiellement le nom de Fédération de Russie. La Fédération de Russie : le mandat de Boris Eltsine En décembre 1991, l’URSS a disparu. En 1992, les 15 Républiques se séparent et la Russie se retrouve à nouveau indépendante dans de nouvelles frontières. Il y a comme en 1917 un vide de pouvoir et une histoire qu’il faut à nouveau réinventer. Eltsine est confronté à trois nouveaux enjeux. Tout d’abord, un enjeu économique, car Eltsine s’est fait durant la perestroïka l’ardent défenseur de la privatisation à outrance. Il doit aussi s’atteler à l’enjeu politique de la démocratisation. Et enfin un nouvel enjeu géographique de taille et qui va déterminer la politique extérieure de la Russie : la Fédération se trouve seule dans un tout petit territoire avec de nouvelles frontières à aborder. Mais avant tout Eltsine doit s’offrir une légitimité : au moyen de signes de puissance et grâce au soutien de la population. La première mission du nouveau président, celle du passage à la privatisation, se fait dans un contexte difficile. En effet cette privatisation se fait de façon brutale : le 2 janvier 1992, on décrète la liberté des prix, provoquant des situations de détresse pour la grande majorité de la population. Aussi le parlement majoritairement composé d’anciens cadres du régime, c’est-à-dire de conservateurs, s’opposent-ils farouchement à tous ces changements. Une crise éclate. Le Premier ministre libéral Egor Gaïdar est alors remplacé par Victor Tchernomyrdine. Le 25 avril 1993, c’est par un « da » majoritaire que les Russes ont renouvelé leur confiance à Boris Eltsine. Le président russe remporte ainsi une manche contre le Parlement désavoué. Mais l’opposition ne désarme pas, et si les Russes ont choisi la stabilité et la démocratie pour contrer la menace du retour au communisme, on ne sait pas s’ils accepteront longtemps encore de se serrer la ceinture. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Ces magnats de l’économie ont construit des fortunes colossales durant les privatisations des années 1990. Profitant de la déréglementation complète de l’économie, ce petit groupe d’industriels (oligarchie signifie en grec « le gouvernement du petit nombre ») a eu l’audace d’acquérir d’énormes richesses à un millième de leurs valeurs, dans les domaines du gaz et du pétrole particulièrement. A partir de 1994, tous les journaux et chaînes de télévision qui étaient devenues légion durant la perestroïka et qui avaient été achetés par des journalistes, se sont retrouvés très endettés. Aussi les oligarques les ont-ils rachetés. Désormais à la tête du pouvoir économique et médiatique, seul le politique leur restait à prendre. A cette époque, la cote de popularité de Boris Eltsine était au plus bas. Aussi les oligarques ont-ils proposé de financer la campagne de réélection de Boris Eltsine en échange de quoi ils se sont vus attribuer les plus beaux fleurons industriels du pays. Voilà pourquoi le ressentiment de la population contre ces magnats de la banque, de l’énergie et de l’industrie est aujourd’hui lourd : les Russes ont l’impression que l’Etat a bradé ces trésors pour de sombres intérêts et que la population s’est retrouvée injustement lésée. Aussi de nombreux politologues analysent aujourd’hui ce qui se passe en Russie comme une convergence entre l’aspiration de Vladimir Poutine et celle de la population : un désir de retour à l’ordre après les injustices de la privatisation. Cela explique aussi l’importance hautement symbolique de la mise au pas des oligarques par le pouvoir. 72 Æ HistoiRe En effet, l’ensemble de l’économie est désorganisée : les fermetures d’usines sont nombreuses et le chômage flambe, créant les conditions du développement d’une économie parallèle et de l’apparition de mafias. En décembre, Boris Eltsine fait voter une nouvelle constitution. En 1995, l’élection de la Douma consolide le camp de l’opposition ultranationaliste. La profonde désorganisation et l’instabilité de la Russie poussent les opposants au régime à conclure un « pacte d’entente civile » qui repousse les élections présidentielles à 1996. En 1995, la tentative de sécession de la Tchétchénie met en lumière la menace du réveil des nationalités et de l’intégrité de la Russie. En juillet 1996, Boris Eltsine parvient à se faire réélire contre son opposant conservateur avec l’appui du général Lebed, seul personnage capable de lui faire de l’ombre et qu’il évincera plus tard. Boris Eltsine parvient à mettre fin à ce qui sera la première guerre de Tchétchénie, en signant un accord de paix avec le président tchétchène Aslan Maskhadov et qui met fin à la guerre sous réserve d’une décision sur le statut de la république caucasienne rebelle, renvoyée à cinq ans. Au niveau international, la Russie est intégrée au Conseil de l’Europe, ce qui la contraint à renoncer à l’application de la peine de mort. Elle signe ensuite un accord de normalisation de ses relations avec l’OTAN. Mais la situation économique du pays rattrape vite la Russie. La fin de la présidence de Boris Eltsine est marquée par une grande instabilité. Economique tout d’abord, puisqu’une grave crise bancaire éclate en août 1998. Elle est doublée d’une crise politique. En mars 1998, Boris Eltsine renvoie le gouvernement de Tchernomyrdine, en place depuis cinq ans, et provoque une crise politique grave, exacerbant les tensions entre le Kremlin et la Douma qui se menacent mutuellement de destitution et de dissolution. La Douma obtient finalement le renvoi du nouveau Premier ministre Sergueï Kirienko en septembre. Le président se résout à nommer un homme du compromis, Evguéni Primakov, à la tête du gouvernement russe. L’année suivante, en pleine guerre du Kosovo qui a alourdi le climat entre la Russie et l’Occident, Eltsine, menacé de destitution par la Douma, limoge Primakov. Le ministre de l’Intérieur Sergueï Stépachine est nommé à la tête du gouvernement, un choix auquel se résigne la Douma. A l’approche des présidentielles de 2000, Eltsine sort de son chapeau un nouveau Premier ministre totalement inconnu du grand public, Vladimir Poutine. Le 31 décembre 1999, Eltsine démissionne à la veille des présidentielles et désigne Poutine comme dauphin. Ce dernier est élu président de la Russie le 26 mars 2000 dès le premier tour avec 52 % des voix. Cette élection triomphale constitue sans conteste une rupture avec l’ère Eltsine. Premier mandat de Vladimir Poutine Lorsqu’il arrive au pouvoir en 2000, Poutine est un homme quasi inconnu en Russie. Il doit relever un terrible défi étant donné la situation laissée par son prédécesseur : le pays est ruiné à cause de la crise économique, les grandes attentes de 1991 ne semblent par avoir été comblées car les privatisations ont conduit à de nombreuses inégalités et Boris Eltsine n’a pas réussi à rendre aux Russes leur fierté nationale. Aussi le grand pari du premier mandat de Poutine a été de relever tous ces défis. La mise aux pas des oligarques tout d’abord a été un processus très démonstratif de sa volonté de remettre de l’ordre dans la gestion des privatisations. En 2000, il a contraint à l’exil les magnats Boris Berezovsky et Vladimir Goussinski. Et durant l’été 2003, il a mené une nouvelle offensive contre les oligarques, sur le terrain économique cette fois. La plus grande fortune russe, Mikhaïl Khodorkovsky, patron de la compagnie pétrolière Ioukos, a été convoqué devant la justice pour une affaire de fraude fiscale et son numéro 4, Platon Lebedev, a été arrêté et emprisonné sous l’accusation « d’escroquerie à grande échelle ». En s’alignant en septembre 2001 sur les Etats-Unis dans son désir de lutte contre le terrorisme, il a redonné à la Russie un rôle international parmi les grands de ce monde. Enfin, en partie grâce à la manne pétrolière, la situation économique s’est redressée. Poutine a freiné les dépenses budgétaires et lutté contre l’inflation. Les capitaux sont ainsi revenus, le taux de chômage a reculé de 13 % à 8 % entre 1998 et 2003, la fraction de la population la plus pauvre a baissé d’un tiers. La sortie de crise a été plus rapide et plus soutenue que la plupart des observateurs ne la jugeaient possible. Aussi la politique de Poutine, qui s’appelle « la verticale du pouvoir », connaît-elle un succès retentissant. Les Russes veulent voir leur pays retrouver les signes de la puissance et Poutine leur donne l’image de ce pouvoir fort auquel ils aspirent. Deuxième mandat de Poutine Poutine a été réélu triomphalement en mars 2004 en obtenant 70 % des voix. Ce qui prouve sa popularité. Mais les incertitudes demeurent. Poutine s’est déjà heurté à quelques mécontentements de la population. Moins d’un an après sa réélection, il a dû affronter l’une des plus grandes manifestations qu’il ait connues. Et ce après sa décision de supprimer des avantages sociaux issus du communisme. Dans un souci HistoiRe √ 73 La Russie daujourdhui Tandis que Poutine ne fait pas l’unanimité sur la scène internationale, il est devenu très populaire en Russie. Il incarne pour la population un homme à poigne qui a réussi à remettre le pays sur pied. Alors, l’instrumentalisation des élections législatives, qu’importe ! Le sort de Poutine, qui ne peut pas cumuler un troisième mandat est longtemps resté un point d’interrogation, mais en décembre 2007, après avoir choisi Medvedev pour être son successeur, il s’est naturellement nommé comme futur Premier ministre de son dauphin Dmitri Medvedev élu à la présidence le 2 mars 2008, et prend la tête du parti majoritaire Russie Unie, devenant ainsi le premier homme fort du pays. Dernier avatar de la reprise en main du pays, la guerre de Géorgie en août 2008 montre à quel point Vladimir Poutine a mis la Russie sur un plan d’opposition à l’Occident dans les relations internationales. La crise économique mondiale commencée en 2008 a sérieusement touchée la Russie. Le rouble s’est dévalué et le nombre de chômeurs augmente chaque semaine. Cette crise est le premier test pour le système établi par Vladimir Poutine. Libérale, voire ultra-libérale sur le plan des droits sociaux, autoritaire en matière de politique, étatique en matière d’économie, la Russie a profité de longues années de croissance sans remise en cause de ce système. Alors que les manifestations de chômeurs se multiplient, le système doit trouver les clefs des réformes sociales et nécessairement politiques pour assurer la stabilité du pays. En septembre 2011, le (léger) suspense sur un éventuel duel entre Poutine et Medvedev pour les élections de 2012 est levé. Medvedev propose que Poutine devienne le candidat du parti Russie Unie pour la présidentielle, et inversement, Medvedev doit endosser le rôle de Premier ministre. Avant l’élection présidentielle, il y a les législatives. Le scrutin du 4 décembre consacre sans surprise les députés du parti au pouvoir Russie Unie. Mais leur résultat (64,3 % des voix) est sans doute entaché de fraudes. Mécontente, une partie de la population descend dans les rues de Moscou et dans les grandes villes de Russie. Des semaines durant, une mobilisation d’opposition inédite depuis l’arrivée de Poutine fait entendre sa voix. Les rassemblements se poursuivent avant et après le retour de Poutine au Kremlin, réélu président de la Fédération de Russie le 4 mars 2012. Là aussi, de forts soupçons de fraudes à l’avantage du candidat de Russie Unie pèsent sur le scrutin. À partir du mois de mai, moment de l’investiture de Poutine, les manifestants commencent à faiblir face à une répression policière musclée. Des opposants sont emprisonnés puis libérés lors de chaque meeting. Une nouvelle loi censée intimider les participants à ces manifestations menace de fortes amendes quiconque troublera l’ordre public. Plusieurs autres lois répressives font leur apparition et concernent notamment les droits de l’homme, comme celle obligeant les ONG financées tout ou partie par des fonds étrangers à se faire appeler des « agents de l’étranger » avec les inconvénients que cela comporte ou encore la loi interdisant « la propagande homosexuelle et pédophile auprès des mineurs », une loi à l’amalgame inquiétant. Parallèllement, l’Eglise continue son retour en force et Vladimir Poutine ne manque pas une occasion de véhiculer et d’entretenir son image de fervent croyant. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE d’égalité, tout le monde bénéficiait alors d’un système d’assistanat. Les retraités, qui avaient de très petites retraites avaient des avantages en nature, qui leur faisaient jouir gratuitement des services suivants : transport, appartement, téléphone, médicament, gaz, électricité. Ce sont ces avantages sociaux que Poutine a voulu supprimer contre un paiement en argent qui se révélait en réalité nettement inférieur à ces mêmes avantages. Poutine voulait faire cela dans un souci de monétarisation de l’économie, afin de transformer le pays en véritable économie de marché et d’en finir avec les séquelles du communisme. Mais alors que certaines mesures répressives n’avaient provoqué aucune révolte, des dizaines de milliers de manifestants sont sortis dans la rue en février 2005 pour crier leur mécontentement. La popularité de Poutine a connu un premier revers de manche. Ensuite, la Russie qui depuis la chute de l’URSS a le sentiment d’avoir été amputée d’une partie de son territoire est très soucieuse de ce qui se passe sur ses marges. Or la révolution des roses en Géorgie à l’automne 2003, la révolution orange en Ukraine à l’hiver 2004 et la révolution blanche au Kirghizstan en mars 2005 contribuent à donner l’image d’une Russie qui perd le contrôle de ses anciennes républiques, lesquelles préfèrent se tourner vers l’Occident et recevoir de l’aide des Etats-Unis (la Géorgie est le pays qui reçoit la plus grande aide des Etats-Unis après Israël). Enfin, en octobre 2005, la situation dans le Caucase semble plus explosive que jamais. Des coups de feu ont failli mener au pire à Naltchik, capitale de la république autonome de Kabardino-Balkarie, voisine de la Tchétchénie. Des hommes en armes ont pris le contrôle de différents points stratégiques de la ville. Chamil Bassaïev, le chef de guerre indépendantiste tchétchène a reconnu être le commanditaire de cette attaque menée contre les forces de sécurité russes. 74 Æ HistoiRe L’Eglise justement : c’est elle qui se dit visée ce 21 février 2012 alors que Poutine est sur le point d’être réélu. Pour protester contre celui qu’elles estiment être un despote et critiquer la promiscuité du pouvoir et de l’Eglise, cinq jeunes femmes encagoulées, le groupe punk et féministe Pussy Riot, pénètrent dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou où elles entonnent une prière musicale anti-Poutine à grand renfort de guitares saturées. Quelques jours plus tard, trois d’entre elles sont capturées et mises en détention provisoire. Sur ces trois jeunes femmes, deux seront condamnées le 18 août 2012 à deux ans d’emprisonnement en camp (jusqu’à février 2014). Quant au mouvement d’opposition qui a pris de l’ampleur depuis décembre 2011, il finit par s’essouffler face à la répression et à l’acharnement du pouvoir sur les leaders du mouvement. Le 18 juillet 2013, son représentant le plus populaire, l’avocat et blogueur anti-corruption Alexeï Navalny est condamné à cinq ans de camp pour détournement de fonds à grande échelle au cours d’un procès très contesté. La Russie rentre dans une période de troubles et d’opposition de plus en plus marquée avec les Etats-Unis et l’UE sur la scène internationale. Les troubles nés en Ukraine en novembre 2013 vont en être le catalyseur. L’Ukraine est une nation complexe, coupée en deux moitiés par la frontière naturelle du Dniepr. A l’ouest, sa population est très majoritairement ukrainophone, orthodoxe ukrainienne ou uniate (église catholique ukrainienne) et regarde vers l’Union européenne, autant par espoir de sortir du marasme économique que par souhait d’échapper à l’ombre trop prégnante du grand frère russe dont il cherche à s’affranchir depuis des siècles. A l’est du Dniepr, la popu- lation est majoritairement russe de culture ou de sang, orthodoxe russe de confession, et a découvert l’ukrainien dans les manuels scolaires à partir de la fin du XXe siècle, voire le début du XXIe siècle. Pour eux, l’ukrainianité est bien plus subie que choisie et le sentiment d’appartenance à la Russie est toujours ancré dans leur cœur. Comme un symbole, Kiev est traversée par le Dniepr comme Paris par la Seine...Quant à la Crimée, elle est une péninsule et un territoire bien à part. Khroushtchev l’avait en effet cédée en 1954 à la République socialiste d’Ukraine, autant par simplification administrative que par compensation des souffrances infligées aux Ukrainiens par Staline. A l’époque du bloc soviétique, cela ne portait pas à conséquence, mais depuis l’effondrement de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine, la région est un sujet constant de crispations entre les deux Etats. Afin d’y protéger une population russe à près de 60 % (pour 20 % d’Ukrainiens et 15 % de Tatars) et ses bases militaires navales sur place, Moscou avait donc négocié pour la Crimée un statut de République autonome au sein de l’Ukraine au moment de la déclaration d’indépendance de celle-ci. Quand le président Ianoukovitch annonce fin 2013 la suspension des discussions avec l’UE en vue d’un accord commercial et d’association (et du financement d’un Etat aux abois financièrement), les pro-Européens y voient la fin des espoirs d’un ralliement à l’ouest et la main de la Russie via le président Viktor Ianoukovitch, accusé d’être la marionnette du Kremlin. Quand les manifestations s’intensifient début 2014 et virent en affrontements quotidiens à Kiev, la Russie et le camp russe-ukrainien y voient de leur côté la main de l’OTAN. La guerre de Géorgie daoût 2008 La fin de l’URSS, si elle n’a pas été aussi violente qu’attendue par certains politologues, a été le moment du réveil de certains nationalismes. Pas encore sûre de la voie à emprunter, l’administration de Boris Eltsine a navigué à vue, essayant d’affaiblir les nouveaux Etats indépendants. Ainsi est né le soutien russe aux indépendantismes de deux régions géorgiennes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. La première guerre d’Ossétie en 1992 s’est terminée par un cessez-le-feu qui faisait de l’Ossétie une région séparée de la Géorgie au niveau administratif mais pas au niveau territorial, les troupes russes assurant la préservation de ce cessez-le-feu. Pendant 16 ans, des échanges de coups de feu sporadiques ont menacé de remettre en cause le cessez-le-feu. C’est finalement le 6 août 2008 que ce conflit gelé est redevenu brûlant. Après des attaques de villages géorgiens par des miliciens ossètes, les Géorgiens décident de réagir en force en attaquant la « capitale » Tskhinvali. Les Ossètes appellent alors les Russes à l’aide. Ces derniers, étrangement prompts, envoient en masse des soldats, de l’artillerie lourde, des chars et bombardent les villes et infrastructures géorgiennes. De la Russie, c’est une réponse à la guerre de Serbie de 1999 contre l’OTAN. Les Russes ont certes écrasé l’armée géorgienne, mais leur image de modérateurs sur la scène internationale est pour longtemps ternie. HistoiRe √ 75 contrairement à celles des 60 ans qui avaient réuni George W. Bush, Jacques Chirac et Gerhard Schröder, elles se déroulent sans la présence des chefs de gouvernement des principaux pays alliés et européens. Avec l’Ukraine, la Syrie est l’autre gros dossier de ces crispations. Dans le sillage des «Printemps arabes», des manifestations se déroulent dans tout le pays afin de réclamer plus de démocratie. Le pouvoir y reste sourd et les mouvement contestataires, d’abord plutôt le fait de la jeunesse dorée damascène, se radicalisent et dégénèrent dans des affrontements puis une guerre civile à forte connotation confessionnelle (sunnites contre alaouites, chiites et chrétiens). Le camp américain et européen, appuyé par Israël, la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar, se positionne d’emblée dans une condamnation sans nuance du régime de Bachar el-Assad. Il soutient dès lors financièrement et militairement des rebelles dont la légitimité et les bonnes intentions démocratiques semblent assez peu évidentes. Vladimir Poutine y voit une attaque en règle de sa sphère d’influence dans la région, le régime baasiste d’obédience socialiste est un vieil allié de la Russie. Se positionnant en médiateur dans un premier temps, il accuse ouvertement le camp occidental de jouer le jeu trouble de la déstabilisation et du chaos afin d’anéantir un Etat peu conciliant et de redistribuer les cartes du leadership régional. La montée en puissance fulgurante de l’Etat islamique à partir de 2014 en Irak et en Syrie, les moyens dont il dispose, la façon dont il met la main sur des arsenals d’armes lourdes et dont il est épaulé par un afflux de djihadistes internationaux passés par une Turquie aux frontières étonnamment poreuses ne sont pas loin d’accréditer cette thèse. Le 31 octobre 2015, un avion de tourisme russe est abattu par l’EI dans le Sinaï égyptien faisant 224 victimes. 13 jours plus tard, c’est Paris qui est frappé dans ses rues, au Bataclan et aux abords du Stade de France dans des attaques terroristes faisant 130 morts. La Russie, qui avait commencé à bombarder l’EI et les rebelles afin de soutenir plus directement son indéfectible allié Assad, intensifie ses frappes et son approvisionnement en armes mais envoie également des troupes au sol. La France commence à bombarder les positions de l’EI à Raqqa le 15 novembre tandis que le 24 novembre, la Turquie (pays membre de l’OTAN) abat un avion russe pour «violation de son espace aérien». En décembre 2015, dans un contexte très incertain, les cartes de la diplomatie et des alliances semblaient être en cours de redistribution… DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE La situation à Kiev dégénère en février avec de véritables batailles rangées aux alentours du palais présidentiel. Ianoukovitch quitte précipitamment Kiev en février et se réfugie à Rostov. La République autonome de Crimée profite de cette vacance du pouvoir et du vide constitutionnel pour organiser un référendum sur son avenir. Plus de 90 % s’expriment en faveur d’un rattachement à la Russie en mars 2014. La Russie annexe donc la Crimée. Les riches régions minières russophones de Donetsk et Lugansk rejoignent le mouvement sécessionniste et organisent des référendums d’autodétermination largement en faveur du rattachement à la Russie en mai. Côté russe, pour légitimer le soutien aux séparatistes du Donbass (dont la situation juridique est moins «claire» que la Crimée), les médias gouvernementaux présentent Kiev comme une menace et les manifestants responsables de la chute de Ianoukovitch (du « coup d’Etat », dit Moscou) sont présentés comme des fascistes qu’il faut combattre comme lors de la Grande Guerre patriotique l’URSS a combattu l’Allemagne nazie. Il faut dire que les croix gammées et références politiques arborées sans complexe par des unités paramilitaires ukrainiennes directement rattachées au ministère de l’intérieur comme le régiment Azov donne de l’eau au moulin des Russes... Moscou nie néanmoins la présence de troupes russes dans le Donbass, venues en soutien aux séparatistes dont l’origine ukrainienne n’est pas toujours avérée. Les accords de Minsk I puis de Minsk II (république du Belarus) qui rassemblent le 11 février 2015 les présidents français, allemand, ukrainien et russe, permettent de tomber d’accord sur l’application d’un cessez-le-feu, pourtant difficilement respecté par la suite. Sur le terrain, c’est le début d’une guerre civile entre forces néo-gouvernementales et milices séparatistes aura fait plus de 7 000 morts et l’Ukraine est désormais au bord de la faillite. L’UE vote de lourdes sanctions économiques contre la Russie, prolongées d’au moins 6 mois en juin 2015, impliquant des pans entiers de son économie (comme les secteurs bancaires, pétroliers et d’armement, avec notamment la rocambolesque non-livraison par la France des porte-hélicoptères Mistral Vladivostok et Sebastopol). Elles provoquent un ralentissement important de sa croissance mais aussi une réorientation de celle-ci vers de nouveaux partenaires (notamment chinois). Avec la chute du prix du baril de pétrole, le pays entre en récession. Dans ce contexte de crispation, la Russie célèbre en grandes pompes le 9 mai les 70 ans de la fin de la Grande guerre patriotique. Les festivités sont grandioses mais, Politique et économie POLITIQUE La Fédération de Russie couvre les trois-quarts du territoire, mais ne regroupe que la moitié de la population de l’ex-URSS. La Russie est divisée en 83 unités administratives, dont 21 républiques, 46 régions, 6 territoires, 4 districts autonomes et deux villes fédérales, Moscou et Saint-Pétersbourg. La région autonome du Birobidjan prévue par Staline pour accueillir les juifs d’URSS conserve un statut particulier. Depuis mars 2014 et l’annexion de la république de Crimée ukrainienne par la Russie, la Fédération considère qu’aux 83 unités administratives il faut en ajouter deux autres : la république de Crimée et la ville de Sébastopol, ce qui porterait le nombre de sujets fédéraux à 85. L’agglomération de Moscou compte 14,75 millions d’habitants, soit 9 % de la population russe. Moscou est la capitale de la Fédération de Russie depuis sa création en 1991 et était auparavant la capitale de l’URSS. Toutes les instances gouvernementales y sont installées. Structure étatique La Fédération de Russie est une république fédérale à régime présidentiel fort. Selon la constitution du 12 décembre 1993, le président est élu au suffrage universel pour quatre ans. Il détient le pouvoir exécutif et nomme le Premier ministre. Cette nomination doit être approuvée par la Douma, soit l’assemblée du peuple. La Douma est composée de 450 membres élus au suffrage universel, la moitié au scrutin majoritaire et l’autre moitié au scrutin proportionnel, et ce pour quatre ans. Elle détient le pouvoir législatif puisqu’elle prépare et adopte les lois. Elle peut également engager la procédure de destitution du président et poser la question de confiance au gouvernement. Le conseil de la Fédération, une chambre haute indissoluble, est composé de 176 membres, les sénateurs, élus par les entités territoriales, à raison de deux membres chacune. Le conseil a un pouvoir judiciaire : il nomme les juges des trois hautes cours de justice et le procureur général qu’il peut également révoquer. La Douma est à majorité présidentielle depuis la fusion des partis Edinstvo de Sergueï Choïgou et Patrie Toute la Russie du maire de Moscou Iouri Loujkov. Ces deux partis majoritaires à eux deux (238 sièges sur 450) se sont regroupés au sein de Russie unie, qualifié de « parti du pouvoir ». Cette coalition centriste cohabite avec une aile droite représentée par l’union des forces de droite et l’aile gauche du parti communiste. La Douma fait donc preuve d’une grande docilité vis-à-vis de l’exécutif, comme le conseil de la Fédération, dirigée par un proche de Vladimir Poutine et qui a pour principale vocation d’être une tribune de lobbying pour les entités régionales. Vladimir Poutine a été réélu en mars 2004 avec une majorité écrasante de 71 % des voix, alors qu’il n’en avait obtenu que 52,5 % en 2000. L’élection du 2 mars 2008 devait désigner son successeur, la constitution russe interdisant trois mandats présidentiels successifs. C’est Dmitri Medvedev, adoubé par Poutine et vainqueur du scrutin avec plus de 70 % des voix, qui devait prendre la tête de l’Etat le 7 mai 2008. Mais le message était clair avant l’élection : Poutine garderait toutes les clés du pouvoir exécutif une fois désigné chef du gouvernement par son dauphin. Pour l’élection de 2012, le plan mis en place en 2008 est réutilisé. Poutine est désigné par Medvedev pour redevenir président. Et inversement. Par ailleurs la durée du mandat est passée de 4 à 6 ans en 2010, permettant à Poutine de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2024. Vladimir Poutine aura donc réussi à rester à la tête du pays pendant 12 ans et peut-être 12 autres années encore, sans jamais contrevenir aux règles institutionnelles. Structure municipale Les villes sont dirigées par des maires, élus lors d’élections municipales tous les cinq ans. Les maires sont toutefois « chapeautés » par les gouverneurs de régions, qui eux étaient nommés par le président de la Fédération jusque récemment. Pour Moscou, l’emblématique et milliardaire maire de la ville, Lioujkov, a été contraint de démissionner en 2010. Il a été remplacé par Sergey Sobyanin, un fonctionnaire proche de Poutine. Partis politiques Les deux partis les plus puissants en Russie actuellement sont : « Russie Unie » (le parti du pouvoir) de Vladimir Poutine et, loin derrière, mais première force d’opposition tout de même, le Parti communiste de Russie (KPRF), dirigé par Guennadi Ziouganov. Suivent le Parti libéral- PoLitique et économie √ 77 Poutine au pouvoir et la loyauté ont clairement été remises en cause par Poutine lui-même. Le Kremlin et le patriarcat L’alliance de l’Eglise orthodoxe et du Kremlin est l’un des piliers de la nouvelle Russie de Poutine. Quand Eltsine passe le pouvoir à Poutine en décembre 1999, ce dernier insiste pour que le patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II, assiste à cette passation de pouvoir et la bénisse, ce qui est un événement sans précédent depuis la révolution. Après la première élection de Poutine en 2000, Alexis II le conduit dans la cathédrale de l’Annonciation au Kremlin pour un service d’action de grâces. Ainsi l’Eglise occupe une place particulière dans le projet poutinien de restauration de la grandeur de la Russie et de la puissance de l’Etat. Le patriarcat de Moscou a besoin de l’Etat pour continuer à récupérer ses églises et ses monastères et obtenir des avantages fiscaux. L’Etat de son côté voudrait jouir du prestige moral de l’Eglise, qui est l’une des rares institutions qui inspire encore le respect aux Russes. Les deux instances partagent d’ailleurs des valeurs communes, comme le patriotisme et l’aspiration d’un retour à l’Etat fort. ÉCONOMIE La privatisation radicale de l’économie russe a désorganisé l’ensemble des secteurs économiques et facilité le développement de la corruption et de la mafia. La Russie tente aujourd’hui d’assainir son économie. Mais Moscou est indiscutablement le cœur économique de la Russie et elle se porte bien. La Russie fait partie du G8, c’est-à-dire du club des pays les plus industrialisés, elle a donc l’une des huit économies les plus avancées au monde, avec des ressources naturelles exceptionnelles et de fortes compétences techniques et scientifiques. L’entreprise énergétique russe Gazprom est le premier exploitant et exportateur de gaz au monde. Depuis 2005, elle est aussi un acteur majeur sur le marché mondial du pétrole. En 2011, Gazprom est un géant du secteur des hydrocarbures, puisqu’il s’agit de la plus grosse entreprise de Russie et la troisième capitalisation boursière au monde. Au niveau salarial, alors qu’un Russe moyen gagne environ 550 $ par mois, un Moscovite gagne 750 $ par mois. Ce chiffre restant une moyenne qui masque de profondes inégalités : c’est ainsi que le salaire d’un Russe sur deux est de 150 $ par mois et que l’autre moitié des Russes (Moscovites compris) dispose d’un salaire mensuel de 420 $. Les revenus annuels de la population russe atteignent 3 400 $ environ (9 000 $ annuels en moyenne pour les Moscovites). A noter qu’en 2011, Moscou était la ville abritant le plus grand nombre de milliardaires au monde, position occupée jusqu’en 2007 par New York ! Principales ressources La Russie dispose de ressources naturelles exceptionnelles. Avec 200 millions d’hectares de terres cultivées, elle est le premier producteur d’orge et de pomme de terre. Premier producteur de gaz, elle dispose des plus grandes réserves mondiales. Sa production de pétrole est la plus importante au monde, même si ses réserves sont limitées et difficilement exploitables. Agriculture Avec 200 millions d’hectares de terres exploitées, le potentiel agricole de la Russie est considérable. Le secteur représente 7,1 % du PIB et 15 % de la population active sans pour autant parvenir à nourrir le pays qui doit importer du lait, de la viande et des fruits et légumes. L’agriculture russe est en crise. Malgré des investissements publics, les récoltes restent inférieures d’un tiers à celle d’il y a douze ans, et le cheptel a diminué de 40 %. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE démocrate de Russie (LDPR, nationaliste de droite, présidé par Vladimir Jirinovski) et le parti « Russie juste », parti de gauche proche du pouvoir. Ces deux derniers font les choux gras de la presse avec des déclarations outrancières, souvent en contradition avec le pouvoir et qui font mouche dans l’électorat populaire. Toutefois, quand il s’agit de voter les lois, ils suivent les consignes de vote de Russie Unie. Russie juste aurait d’ailleurs été créé en 2004 pour prendre une partie des voix du tout puissant KPRF, les communistes, qui bénéficiaient alors encore largement du soutien des nombreux nostalgiques de l’URSS. Une opération réussie : Russie juste représente 10% des voix, là où le KPRF a perdu 12% des siennes. Yabloko est un parti réformateur, libéral et social fondé par Grigori Iavlinski et dirigé actuellement par Sergueï Mitrokhine. Rodina, qui signifie « Patrie » en russe, est un parti politique nationaliste de droite présidé par Alexandre Babakov. La campagne présidentielle de 2012 a vu l’apparition d’une nouvelle entité, au-dessus des partis, le front du peuple (narodnyi front), visant à rassembler au-delà de Russie Unie tous les soutiens de Poutine. Un aveu d’échec pour Russie Unie, dont la capacité à porter Vladimir 78 Æ PoLitique et économie La Russie a du mal à faire face à la compétition des agricultures subventionnées européennes et américaines. Et elle souffre également d’un manque d’investissements qui réduit sa productivité. Le code foncier de juin 2002 autorise la propriété privée des terres. La forêt couvrant 40 % du territoire, le bois est l’une des principales exportations russes. La Russie fournit également 40 % des exportations mondiales de poisson frais et surgelé et un tiers du poisson en conserve. Depuis que Moscou a décidé en 2014 un embargo sur les produits alimentaires venant des pays de l’Union européenne (en réponse aux sanctions économiques des Européens), les autorités russes tentent d’encourager le made in Russia, y compris pour subsituer parfois aux produits typiquement étrangers des « équivalents » locaux. Matières premières © BORIS STROUJKO - SHUTTERSTOCK.COM Un quart des diamants du monde, un tiers du nickel, la moitié du platine : la Russie dispose de ressources exceptionnelles en matières premières. Mais son principal atout reste ses réserves de pétrole et de gaz. Partagées entre une dizaine d’entreprises privées, les réserves russes de pétrole sont les 8 e plus importantes du globe et les réserves de gaz naturel sont les premières au monde. Gazprom, détenu à 38 % par l’Etat, est le premier producteur mondial avec un quart des volumes. Enfin, la Russie est le deuxième producteur mondial d’électricité. Au total, les combustibles et l’énergie représentent un tiers de la production industrielle russe. Moscou de nuit. Industrie Dans les années 1930, l’industrie lourde fut le point d’ancrage de l’économie soviétique qui en avait fait sa priorité, développant à tout va des usines gigantesques et des villes-usines. Le complexe militaro-industriel représentait la part la plus importante de ce secteur alors que l’industrie pour les biens de consommation a été totalement délaissée, une tendance encore visible aujourd’hui. Depuis les années 1990, l’agroalimentaire et le secteur des télécommunications se sont fortement développés et sont devenus des secteurs dynamiques, mais le reste de l’industrie souffre d’un sous-investissement depuis la fin du communisme. Si les industries pétrolières et gazières essayent de maintenir l’existant, d’autres secteurs, aux mains de quelques oligarques, sont vraiment décrépis, notamment le charbon, la fonte et plus généralement toutes les industries du Kouzbass (Sibérie). Services Le secteur bancaire s’est finalement remis de la crise de 1998. Le boom du crédit des années 2000 est aussi à l’origine de la forte récession enregistrée en 2008-2010. Les services bancaires sont encore très chers, notamment à cause de l’inflation en ce qui concerne le crédit. On voit parfois surgir des offres proposant 7% sur les dépôts en dollars ou en euros. Derrière ces taux alléchants : les problèmes récurrents de fonds propres en devise des banques russes. Car le secteur bancaire, s’il a évolué depuis les excès des années 1990, reste beaucoup moins contrôlé qu’en Europe et les faillites ou pertes de licences ne sont pas rares. PoLitique et économie √ 79 Enjeux actuels Les années Poutine sont aussi les années d’une forte croissance (jusqu’à 10%), d’une réelle amélioration du niveau de vie, au moins dans les grandes villes. Toutefois les moteurs de la croissance restent fragiles : matières premières, immobilier et crédit. La chance de la Russie est la variété de ses matières permières, qui lui permettent, même lors d’une baisse de l’énergie, de compenser avec l’aluminium, l’or ou même le bois. Mais le manque de développement et surtout d’efficacité des services s’est fait sentir en 2008. Cette année-là, la baisse du prix du pétrole et la crise financière ont durement touché la Russie. La croissance a été négative DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE La Russie accueille peu de touristes par rapport aux pays européens. Plusieurs réponses peuvent être apportées. L’image de la Russie n’est pas des plus attractives, les journaux véhiculent souvent une image restrictive, réduisant le pays à son régime autoritaire, à la guerre en Tchétchénie et à une liberté d’expression bafouée. Il faut dire que la promotion de la Russie n’est pas une priorité pour le gouvernement qui n’investit qu’un faible budget dans le domaine du tourisme. Les voyageurs individuels ont aussi souvent été découragés par les formalités administratives liées au visa qui nécessite une lettre d’invitation, des papiers d’assurance, des attestations… Mais rappelons toutefois que ces démarches s’assouplissent et que la visite du centre des visas russes ou de l’ambassade n’est plus aussi terrifiante qu’avant. Il est cependant vrai qu’un séjour en Russie coûte cher, les hôtels ne sont souvent pas donnés et il en coûte souvent deux fois le prix russe aux étrangers dans les musées. Aujourd’hui, la dévaluation du rouble (qui a perdu depuis le début de la crise de 2014 environ la moitié de sa valeur) allège cependant de manière très significative le coût d’un séjour en Russie pour un Européen. Les lieux les plus visités restent Moscou et Saint-Pétersbourg ainsi que les croisières sur la Volga. Les stations de ski du Caucase russe, longtemps abandonnées à cause des conflits en Abkhazie et en Tchétchénie ont de nouveau le vent en poupe. Appréciées des Moscovites, elles commencent à attirer des touristes européens heureux de découvrir de nouvelles pistes. Les Jeux olympiques de 2014, à Sotchi, devaient renforcer cette tendance. Le pari n’est pas exactement réussi : seuls les Russes, ou presque, en fréquentent les stations et les hôtels restent en général à moitié vides malgré de gros efforts réalisés sur les infrastructures touristiques dans la zone. © STÉPHANE SAVIGNARD Place du tourisme La chapelle Chasovyia, figurant sur le billet de 10 roubles. (récession) en 2009 : -7,8%, avant de reprendre en 2010 : +3%. Le rouble a perdu 30 % de sa valeur entre septembre et décembre 2008, pendant que la Bourse de Moscou (RTS) perdait 70 % de sa valeur entre mai et octobre 2008. Les oligarques sont aussi touchés par la crise. Le premier d’entre eux, Oleg Deripaska aurait perdu 20 milliards de dollars à cause de la dépréciation des sociétés qu’il contrôle. C’est donc tout le système de développement économique choisi par la Russie qui est en cause. En effet, si le rouble est revenu sur ces pertes et que la croissance est repartie, beaucoup d’analystes soulignent quelques maux auxquels le gouvernement refuse de s’attaquer : l’inflation (entre 7-8% annuelle, peut être plus selon des ONG indépendantes), la corruption, le sous investissement du secteur privé et des problèmes grandissant dans l’éducation, qui font que la Russie est en manque chronique de cadres. Ajoutez à cela des sanctions économiques décidées par l’UE et la chute du prix du baril de pétrole, vous obtiendrez une nouvelle crise : celle qui frappe la Russie depuis 2014, avec un rouble au plus bas en décembre 2014 (100 RUB pour 1 E au lieu de 50 RUB environ avant la crise). Résultat, la récession est de retour en Russie en 2015 (contraction prévue en 2015 : environ 4,6) et pourrait bien se poursuivre en 2016 avec un retour à la croissance pas avant 2 années au moins selon les analystes. Population Si la Russie reste l’un des pays les moins denses en matière de population, c’est dans la partie occidentale que la plupart des bassins de population se trouvent. Hormis les Russes, majoritaires, différents peuples habitent sur ce territoire, notamment les peuples indigènes du Caucase, qu’il serait très mal vu de mélanger. En 2015, la Russie compte 146,2 millions d’habitants, dont 12 millions dans la capitale et 15 millions dans l’agglomération de Moscou. La population russe recommence tout juste à croître avec un indice de fécondité de 1,76 enfant par femme (contre 1,3 jusqu’en 2012) et une espérance de vie de 69 ans. Le taux de chômage s’élève en 2013 à 5,5 % de la population active. La Russie est composée à 80 % de Russes. Les minorités nationales sont réparties d’une manière complexe sur le territoire russe en raison des déplacements massifs de popu- lation pendant la période stalinienne. Mais la Russie est beaucoup plus homogène d’un point de vue ethnique que l’URSS. Les principales minorités nationales sont les Tatars (3,8 %), les Ukrainiens (2 %), les Tchouvaches (1,2 %), les Bashkirs (1,29 %), les Biélorusses (0,8 %), les Mordves (0,7 %) ; les Tchétchènes (0,6 %) et les Allemands de la Volga (0,6 %). wwLes peuples sibériens. Aujourd’hui, avec plus de 32 millions d’habitants, la Sibérie reste une région à faible densité humaine. Elle est peuplée par les représentants de 50 peuples et ethnies, dont 30 sont indigènes. Par souci de clarté, nous vous présentons un bref aperçu de quelques-uns de ces peuples, en ne retenant que le critère linguistique qui, parfois, ne correspond pas à la géographie. Même immense et souspeuplé, le territoire sibérien a lui aussi ses subtilités ethniques… Les peuples slaves 132 milllions. Les Slaves constituent l’ethnie dominante en Russie. On trouve trois entités disctintes, les Russes (125 millions), les Ukrainiens (6 millions) et les Biélorusses (1 million). Ces trois groupes font originairement partie des Slaves de l’Est, qui migrèrent depuis l’Europe centrale vers l’est aux Ve-VIIIe siècles. Les Slaves occidentaux (Polonais, Tchèques, peuples des Balkans) restèrent en Europe centrale. Il existe assez peu de différence entre les trois groupes présents en Russie, au niveau de la culture comme au niveau de la langue. Ils ont également en commun la religion orthodoxe, même si certains Ukrainiens ne reconnaissent pas l’autorité du patriarcat de Moscou ou sont rattachés à l’église uniate gréco-catholique. Nation dominante de la Russie depuis le XIe siècle, les Slaves sont toutefois en déclin depuis les années 1950, compte tenu de la forte natalité des peuples tatares et caucasiens notamment. Cette tendance était particulièrement sensible dans les dernières années de l’URSS (forte croissance des peuples d’Asie centrale), mais continue dans la Russie d’aujourd’hui. Les peuples caucasiens Appelées « montagnes des langues » en arabe, les vallées du Caucase ont donné une formidable variété de langues et de cultures. Il est vrai qu’au début du siècle, des ethnologues rapportaient qu’une langue complète n’était parlée que par la moitié d’un village. De même, la langue tabassaran (Daghestan) ne comporterait pas moins de 50 cas. De quoi trouver le latin très simple. L’artchi, quant à lui, se compose de plus de 70 consonnes. Avec le temps, des facteurs religieux et politiques se sont ajoutés à cette variété linguistique, causant souvent des conflits. Nous voulons indiquer ici les principaux peuples, qui sont généralement titulaires de leur république (comme les Tchétchènes en Tchétchénie par exemple). Les Adygués 100 000 personnes. Le peuple adygué est la nationalité titulaire de la Républiques des Adygués, enclavée à l’intérieur de la région de Krasnodar. Avec les Tcherkesses, ils revendiquent le fait d’être les descendants de Circassiens de l’Antiquité. La capitale de la république est Maïkop qui est majoritairement peuplée de Russes. Si le développement de la culture nationale a été le leitmotiv des présidents de cette république, la cohabitation avec la Russie ne pose pas de problème. PoPuLation √ 81 Un pays « matriochka » Les Tcherkesses et les Karatchaïs Tcherkesses, 70 000 personnes ; Karatchaïs 170 000 personnes. Comme les Adygués, les Tcherkesses revendiquent le glorieux passé des Circassiens. Originaires du centre du Caucase, ils furent l’un des peuples les plus actifs lors des guerres du Caucase (1816–1864). Ils fédérèrent notamment l’ensemble des peuples montagnards dans la lutte contre les Russes. En 1864, lorsque les Russes gagnèrent la guerre, ils s’en prirent particulièrement aux Tchétchènes et aux Tcherkesses. Ces derniers furent forcés de fuir et l’on trouve des communautés tcherkesses en Turquie, au sud du Caucase et au Moyen-Orient. Dans la Russie soviétique, ils furent divisés en deux entités administratives qui les laissaient minoritaires et sans pouvoir de contestation. Les Karatchaïs ont un destin en partie similaire. En 1864, une partie de la population, musulmane, émigre en Turquie. Lors de l’invasion nazie en 1942, les Karatchaïs, durement touchés par la collectivisation des années 1930, accueillent chaleureusement les Allemands. Cette attitude leur vaudra d’être déportés en 1943 au Kazakhstan, dont ils ne purent rentrer qu’en 1957. Il existe des tensions entre les deux communautés qui prennent parfois un caractère franchement belliqueux lors d’élections locales. Les Kabardes et les Balkars Les Kabardes, 500 000 personnes ; les Balkars, 100 000 personnes. Les Kabardes sont les alliés des Russes pendant la période qui suivit les guerres du Caucase. Leur capitale est Naltchik, même si cette ville a longtemps été réservée aux Russes tandis que les Kabardes étaient cantonnés dans les bourgs provinciaux. Les Balkars ont sans doute une origine extra caucasienne, turque ou plus occidentale. Leur installation dans le Caucase remonte au Xe siècle environ. Ils s’opposèrent à la présence des Russes dans la région et furent accusés de collaboration avec les nazis. Déportés en 1943, ils revinrent en 1957. Pendant ces quatorze années, leur république a pris le nom de Kabardie et leurs terres ont été occupées par leurs voisins. Des tensions sont manifestes aujourd’hui, comme ce fut le cas lors de l’attaque de Naltchik par des combattants balkars en 2005 (voir partie « Caucase, Naltchik »). Les Ossètes 500 000 personnes. Les Ossètes parlent une langue d’origine iranienne. Ils se réclament des Alains, eux-mêmes descendants probables des Scythes, ce peuple nomade, d’origine indo-européenne, qui vécut entre les VIIe siècle et IIIe siècle av. J.-C. dans les steppes eurasiennes (de l’Ukraine à l’Altaï en passant par le Kazakhstan). Peuple influent dans la région tels que décrit dans les récits d’Hérodote, on sait qu’ils parlaient eux-aussi déjà une langue iranienne. En tout cas, par la langue, les origines ou la religion (très majoritairment russe orthodoxe ou Etseg Din, le paganisme local en résurgence), la culture ossète est un relativement différente de celles des autres peuples du Caucase. Ils furent également les principaux alliés des Russes lors de la conquête du Caucase. Leur épopée nationale et mythologique, Le Livre des Héros – Légendes sur les Nartes, est célèbre depuis sa fixation et traduction par Georges Dumézil. Vaste ensemble de récits épiques originaux, relatifs à des héros des temps anciens, il fascina les ethnographes comme les âmes aventurières. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE La République de Karatchaïévo-Tcherkessie est un bon exemple du système des nationalités, hérité de l’URSS, souvent comparé à une poupée russe. Le plus grand ensemble est la Russie, dans lequel on trouve la République de Karatchïevo-Tcherkessie, contenant elle-même deux peuples : les Tcherkesses et les Karatchaïs. La finalité de cette structure est d’intégrer de force dans des entités administratives uniques des peuples différents, afin de réduire les volontés nationalistes et indépendantistes. Le découpage prendra par ailleurs bien soin d’intégrer une partie conséquente de Russes. Fin du fin, on tâchera de mettre ensemble un allié traditionnel des Russes dans la même entité et un peuple plus récalcitrant. C’est bien sûr cet allié qui aura un accès facilité au pouvoir. C’est le cas de la Kabardino-Balkarie : les Balkars, minoritaires, ont longtemps résisté à la domination russe. Les Balkars sont depuis cantonnés dans les zones montagneuses et difficilement cultivables alors que les Kabardes possèdent tous les postes clés des administrations. Derrière ces subtils découpages se cache un fin connaisseur de la région et de ses peuples car il en était originaire : Staline, commissaire aux nationalités de 1922 à 1926. Lui-même était géorgien mais sa mère ossète. Deux peuples au cœur du conflit d’août 2008 entre la Russie et la Géorgie. 82 Æ PoPuLation © STÉPHANE SAVIGNARD Les Ingouches Ensemble de babouchkas folkloriques sur la ligne de frontière entre l’Europe et l’Asie. Au plan politique, en 1922, le peuple est divisé en deux républiques : Ossétie du Nord (dont la capitale est Vladikavkaz, 715 000 habitants en 2013) en Russie et Ossétie du Sud (55 000 habitants aujourd’hui) en Géorgie, avec Tskhinvali comme capitale. En 1944, nombre d’Ingouches sont déportés en Sibérie, le district de Prigorodny soustrait de l’Ingouchie et adjoint à l’Ossétie du Nord. Les Ossètes occuperont une partie de leurs terres, ce qui entraînera une première guerre entre Ossètes et Ingouches en 1991-1992 lorsque de nombreux Ossètes du Sud fuiront leurs terres privée d’autonomie pour s’établir en Ossétie du Nord, dans le district majoritairement ingouche de Prigorodny. Un conflit larvé depuis au sein même de cette République de la Fédération de Russie. Anciennement oblast (région) autonome d’Ossétie du Sud au sein de la République socialiste soviétique de Géorgie, elle voit son autonomie révoquée par la République de Géorgie proclamée à la chute de l’URSS en avril 1991. Les tensions entre Ossètes du Sud et Géorgiens s’accroissent jusqu’à ce que l’Ossétie du Sud entre en guerre contre la Géorgie en 1992. Séparée de facto depuis, elle proclame son indépendance en 2008 dans le but de rejoindre l’Ossétie du Nord. Cette indépendance n’a été reconnue que par la Russie, le Venezuela, le Nicaragua et les océaniens Nauru et Tuvalu, faisant de ce territoire un état quelque peu «exotique» au sud du Caucase. 250 000 personnes. Les Ingouches ont vraisemblablement les mêmes ancêtres que les Tchétchènes, les Vainakhs. Ce peuple originaire de Mésopotamie aurait migré vers le Caucase 8 000 ans avant notre ère. Tchétchènes et Ingouches étaient réunis au sein d’une même République pendant la période soviétique. En 1944, les Ingouches furent déportés en Sibérie pour collaboration avec l’ennemi nazi. Lors de leur retour en 1957, une partie de leur territoire a été rattaché à l’Ossétie du Nord et leurs terres ont été occupées par des Ossètes. Cette situation donna lieu au conflit de 1991–1992 entre Ingouches et Ossètes, les Ossètes étant soutenus par la Russie. Ayant perdu la guerre, les Ingouches durent repartir. Avec l’éclatement de la guerre de Tchétchénie toutefois, de nombreux Ossètes décident de fuir la région. Les Ingouches se réinstallent sur leurs terres ancestrales à cette occasion. Avec la fin de la guerre de Tchétchénie vers 2004, les Ossètes revinrent en masse, entraînant de nouvelles et fortes tensions, qui sont encore sensibles aujourd’hui. Les Tchétchènes 1 300 000 personnes avant la guerre, 950 000 aujourd’hui. On a beaucoup parlé de la Tchétchénie sans toujours bien comprendre les origines du conflit. Cousins des Ingouches et descendants des Vainakhs, les Tchétchènes sont l’un des peuples les plus nombreux du Caucase. Cela a beaucoup joué dans leur opposition aux Russes, au XIXe siècle comme au XXe siècle. Comme les Ingouches, ils sont déportés en 1944. Mais ils ne rentrent pas tous en 1957 et sont cantonnés à leur république. En 1991, ils déclarent leur indépendance avant la chute de l’URSS, ce qui en fait virtuellement la 16 e république des Soviets. Mais la fin de l’URSS, en décembre 1991, empêche toute reconnaissance internationale. Deux guerres pour l’indépendance se déroulent en 1994–1996 et 1999-2003. A la suite de ces guerres, les Russes ont réussi à diviser les Tchétchènes et à placer à leur tête l’un des chefs de clans, Ramzan Kadyrov, fils de l’ancien président tchétchène Akhmad Kadyrov (assassiné le 9 mai 2004), contre l’indépendance de la Tchétchénie et « proche » de Vladimir Poutine. 350 000 Tchétchènes seraient morts pendant le conflit, mais aucun décompte n’a été fait. La situation pacifiée d’aujourd’hui cache des tensions larvées entre clans rivaux et une islamisation de la république (voir aussi « Visite Caucase »). PoPuLation √ 83 Les peuples mongols Les Bouriates DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE 420 000 personnes wwTerritoire. Les Bouriates vivent dans la région du Baïkal, aux confins de la Mongolie, sur une terre hérissée de montagnes et de plateaux, creusée de bassins et de vallées, où coulent 336 fleuves et rivières qui se jettent dans le lac. Leur capitale est Oulan-Oudé. wwLangue. Le bouriate regroupe en fait quatre langues mongoles appartenant à la famille altaïque. Elles sont difficilement classables. On distingue cependant : le bargu-bouriate (parlé dans le nord-est de la Mandchourie, près du fleuve Hailar, là où les frontières russe, chinoise et mongole se rejoignent) ; le khori-bouriate (parlé dans le nord et l’est de la Bouriatie) ; le bouriate de la Selenga (du nom d’une rivière se jetant dans le Baïkal) ; le bouriate occidental (parlé dans la région d’Irkoutsk et subdivisé en trois dialectes). Jusqu’en 1930, le bouriate s’écrivait avec l’alphabet mongol. Après un bref passage par l’alphabet latin, le khori devient une langue littéraire et adopte le cyrillique plus trois lettres. C’est une constante des transcriptions des langues sibériennes : le cyrillique est rarement à même de rendre compte des subtilités phonétiques des langues autochtones. Les Soviétiques ajoutaient alors parfois une lettre (comme le pour les langues mongoles pour restituer la sonorité «eu») à l’alphabet afin de l’adapter. Cependant, la culture bouriate est principalement fondée sur une transmission orale du savoir. wwHistoire. L’origine des Bouriates est incertaine. Il s’agit vraisemblablement d’une ethnie qui s’est formée à partir d’éléments autochtones aux XIII e et XIVe siècles. Les Bouriates sont très proches, par leur culture et leur histoire, des Khalkas de Mongolie et des Kalmouks. Ils forment traditionnellement un peuple de pasteurs nomades (bovins, chevaux, ovins et chameaux). La société traditionnelle est composée de trois classes : nobles, non-nobles et esclaves, avec une filiation patrilinéaire. Elle est organisée en villages, clans et confédérations claniques. Après avoir refoulé les Iakoutes et les Toungouses vers le nord, les Bouriates sont soumis par les Russes au XVIIe siècle. Ils sont rapidement colonisés et russifiés, ce qui ne les a pas empêchés de défendre leur identité culturelle aujourd’hui bien visible. Au XIXe siècle, l’expropriation des nomades et les conversions de force à l’orthodoxie favorisent la prise de conscience d’une unité ethnique, en particulier à l’est où le lamaïsme cimente le nationalisme naissant. Une intelligentsia très brillante, stimulée par les exilés politiques du régime tsariste, éclôt à Irkoutsk et à Tchita. Le régime soviétique mettra fin à ces velléités. Urbanisation et industrialisation viendront bouleverser en profondeur les habitudes de ce peuple nomade. Des gisements de minéraux rares, de fer, de houille et d’or sont exploités en masse, sans se soucier de l’environnement. La construction mécanique, la production de matériaux de construction, le travail du bois, des fourrures et des peaux, les industries alimentaires et textiles envahissent le paysage bouriate. Les principes du bouddhisme lamaïste (tibétain), parfois mâtiné de chamanisme, sont aujourd’hui suivis à la lettre, comme en atteste le nombre impressionnant de temples érigés depuis la fin de l’URSS. © STÉPHANE SAVIGNARD Sous-famille des langues altaïques, les langues mongoles sont représentées en Sibérie par le bouriate. Notons que les Kalmouks de l’Oural parlent également une langue mongole. Femme bouriate en costume traditionnel. 84 Æ PoPuLation Les peuples ougriens Les langues ougriennes sont le hongrois, le khanty et le mansi. Elles appartiennent à la famille finno-ougrienne, elle-même sousgroupe des langues ouralo-altaïques comprenant également les langues turco-mongoles, le coréen et le japonais. Les Khanty (Ostyaks) 29 000 personnes wwTerritoire. Les Khanty sont implantés dans les forêts entre l’Ob et la Volga, au nord-ouest de la Sibérie. Les villages sont majoritairement situés le long des cours d’eau (Vakh, Kazym, Agan, Salym…). Un district autonome, dont le centre administratif est Nijnevartovsk, leur a été réservé, au sud du territoire des Nenets (au sud duquel on rencontre également quelques représentants khanty). Ce district dépend de la région de Tioumen. Leur territoire est essentiellement marécageux : le marais de Vasyugan couvre 54 000 km2, soit plus que la superficie de l’Estonie. wwLangue. Langue ougrienne de la région de l’Ob, le khanty se différencie de mansi au XIIIe siècle. Il existe 13 dialectes répartis en deux groupes : Est et Ouest. Le vocabulaire comporte de nombreux apports komis, tatars et russes. Khant (hanto ou kantok) signifie « homme ». Ce mot serait associé au toponyme de la rivière Konda. Le terme Ostyaks ( « les hommes de l’Ob ») était utilisé par les Komis qui servirent de guides aux Russes dans leur exploration de la région de l’Ob. A l’instar des Nenets, les Khanty ont subi les assauts des linguistes soviétiques à partir des années 1930. En tout, cinq langues écrites officielles ont vu le jour, dont trois basées sur des dialectes de l’Ob, d’abord en caractères latins puis en cyrillique. Aujourd’hui, l’enseignement du khanty se résume à une initiation à l’école primaire. wwHistoire. Les populations ougriennes franchissent l’Oural il y a quelque 3 000 ans et atteignent les rives de l’Ob. Les Khanty se séparent des Mansis au XIIe siècle pour progresser vers l’est. L’éclatement de ces tribus est accéléré par les intérêts militaires russes et tatars. Les expéditions militaires de la principauté de Novgorod puis de la Moscovie aboutissent, sous Ivan III, à la reconnaissance, contrainte et forcée, de la suprématie russe. Tout au long de leur histoire, les Khanty ont généralement préféré la retraite à l’est plutôt que l’affrontement perdu d’avance. Ils paient le tribut aux Russes et également aux Tatars, dont le chef Koutchoum s’autoproclame empereur de la Sibérie en 1563. Après la victoire des Russes sur les khanats en 1582, les autorités russes s’empressent de construire des forteresses afin d’assurer leur sécurité et de marquer leur territoire. Tioumen est fondée en 1585, Tobolsk en 1587 et Sourgout en 1593. Considérés comme christianisés à partir du XVIIIe siècle, les Khanty continuent à pratiquer le chamanisme. Comme d’autres peuples du Nord, ils subissent discrimination et humiliation de la part des Russes. Le nouveau pouvoir soviétique a suscité d’immenses espoirs bientôt réduits à néant. En 1925 est créé à Tobolsk un Comité du Nord se donnant pour ambition d’accompagner Khanty, Nenets et Mansis sur la voie du progrès. Cela passe par l’installation de fermes collectives, l’envoi en pension des écoliers, la destruction des tombes et la persécution des chamans. Toute personne participant à un rituel funéraire est passible de dix ans de camp. La chasse à l’ours est interdite. L’exploitation du gaz et du pétrole, à partir des années 1950, est catastrophique pour les Khanty. Le fragile équilibre de leur écosystème est totalement ignoré. Eleveurs de rennes, pêcheurs et cultivateurs de chanvre par tradition, les Khanty ont eu beaucoup de mal à préserver leur identité. Ils ne sont pas menacés physiquement de disparition, mais plutôt culturellement. Les Mansis (Vogouls) 11 500 personnes Différenciés des Khanty dès le XIIIe siècle, les Mansis partagent le district autonome des Khanty-Mansis, entre l’Oural et l’Ob. Alors que leurs cousins khanty choisirent le repli vers l’est, les Mansis opposèrent une féroce résistance aux Russes et aux Tatars avant d’être définitivement défaits. Alors que les Russes bouleversèrent leur mode de vie, les Tatars n’intervinrent pas dans leur système clanique. Du moment que le tribut était payé… De nombreux raids déstabilisèrent les Russes, en particulier ceux établis sur les possessions des Stroganov. Les premières tentatives de christianisation se soldèrent pas l’assassinat du missionnaire venu leur prêcher la bonne parole. Christianisés de force, ils continuèrent à pratiquer animisme et chamanisme. La période soviétique eut les mêmes conséquences sur les Nenets et les Khanty. Les chiffres concernant les taux de suicide de ces peuples sont effarants. Les populations étaient partagées entre une russification forcenée impliquant l’abandon de leur région et un repli sur des valeurs traditionnelles. PoPuLation √ 85 Les peuples paléosibériens ou hyperboréens A ne pas confondre avec les langues aléoutiennes (500 locuteurs) dont l’existence est beaucoup plus ancienne. On distingue six sous-groupes : Les Tchouktches 16 000 personnes wwTerritoire. Les Tchouktches occupent le nord-est de la Sibérie, de l’océan Arctique jusqu’au Kamtchatka, au bord de la mer de Béring. C’est une région particulièrement froide et déserte. wwLangue. Langue voisine du koriak et de l’itelmène, le tchouktche est composé de nombreux dialectes, « de la côte » ou « de l’intérieur des terres », l’enmyline, le nounligrane, le khatyrka… Les linguistes s’y perdent. L’hypothèse ne fait pas l’unanimité, mais il est probable que le tchouktche soit la langue d’origine des Indiens d’Amérique. Une des particularités de cette langue réside dans la différence de prononciation selon qu’elle est parlée par les hommes ou les femmes. Ces dernières remplacent systématiquement les « r » par des « ts ». Prononcer un « r » comme les hommes fait mauvais genre. C’est une langue riche qui possède, par exemple, une quantité de mots pour désigner un renne en fonction de son âge, de sa couleur, etc. Peuple actif, les Tchouktches ont très tôt échangé avec d’autres peuples, aussi le vocabulaire de la pêche est-il empreint de termes aléoutes. Les Koriaks, les Iakoutes DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE wwles Tchouktches ; wwles Ienisseïens, dont le seul représentant est le peuple kète (1 500 personnes) installé aux alentours du confluent du Ienisseï et de la Toungouska moyenne ; wwles Youkaghirs (1 500 personnes) occupent la toundra qui s’étend entre la Lena et la Kolyma. Ils sont séparés des Kètes par un immense territoire peuplé par 400 000 Iakoutes et 35 000 Evenks ; wwles Koriaks (8 500 personnes) vivent au pied du Kamtchatka ; wwles Itelmènes (ou Kamtchadales ; 3 000 personnes) sont installés dans la presqu’île du Kamtchatka ; wwles Nivkhes (ou Gilyaks ; 5 000 personnes) vivent sur l’île de Sakhaline. et les Youkaghirs ont également contribué à l’enrichissement du vocabulaire tchouktche, sans parler du russe, langue de colonisation par excellence. Depuis des millénaires, les Tchouktches utilisent un système pictographique dont les premiers textes imprimés datent de 1881. Dans les années 1920, un certain Tenevil crée un alphabet dérivé de ces pictogrammes. Mais il en a été de la langue tchouktche comme des autres langues sibériennes : alphabet latin en 1932, cyrillique en 1937. Dans les années 1960, l’augmentation du nombre de mariages mixtes a fait disparaître l’usage domestique du tchouktche. wwHistoire. La Tchoukotka est habitée depuis 7 000 ans, mais les ancêtres des Tchouktches arrivent du sud peu après. Ils assimilent les tribus locales et étendent leurs habitations en terre aléoute et youkaghire. En 1642, un bataillon cosaque atteint la rivière Alazeïa et la ville d’Anadyr est fondée en 1649. La résistance tchouktche est forte, à tel point que les Russes sont contraints à signer un traité de paix pour ne pas exacerber la colère tchouktche. Anadyr est abandonnée, mais l’influence russe s’étend avec le développement du commerce. Afin d’informer les bateaux de l’appartenance de la péninsule à l’Empire russe, les autorités expédient en Tchoukotka de gigantesques panneaux… En oubliant qu’il n’y a pas d’arbres auxquels les pendre ! Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des bateaux de pêche ou de transport de marchandises anglais, norvégiens et américains croisent encore le long des côtes. Le régime soviétique fait la promotion de la sédentarisation et l’idée de créer des kolkhozes apparaît dans les années 1950. Les Soviétiques matent l’opposition tchouktche grâce à l’armée et au régime de terreur du KGB. Le territoire peut alors être exploité. Les réserves naturelles de la Tchoukotka sont en effet très riches : charbon, tungstène, mercure et, surtout, or. 40 % de la production de l’URSS provenaient de cette région. Les Tchouktches ne percevaient pas un kopeck et les emplois étaient tous occupés par des Russes fraîchement arrivés. Dans les années 1950-1960, des essais nucléaires auront des effets dévastateurs sur la santé des habitants et contamineront la chaîne alimentaire. 86 Æ PoPuLation Les peuples samoyèdes Egalement appelés Sâmes ou Lapons. Les cinq langues samoyèdes sont les parentes pauvres des langues ouraliennes dont l’autre branche est composée par les langues finno-ougriennes. wwLe nenets ; wwl’enetse (200 locuteurs), ou samoyède du Ienisseï, est parlé sur la rive droite du fleuve, wwle nganassane (800 locuteurs) dans la péninsule de Taïmyr, wwle selkoupe (4 300 locuteurs) dans les vallées de l’Ob, du Ket et de la Tyma. wwle kamasse, ou samoyède du Sud, a disparu dans les années 1920. Les Nenets (Youraks) 41 300 personnes wwTerritoire. Les Nenets vivent dans le NordOuest de la Sibérie, depuis la péninsule de Kanine sur la mer Blanche jusqu’au delta du Ienisseï, entre Arkhangelsk et l’Oural. Ils se sont également installés dans les îles de l’océan Arctique (Novaïa Zemlia) et sur la péninsule de Taïmyr. La terre des Nenets est celle de la toundra à l’infini et du permafrost, mais une petite partie de la population, installée sur les bords de l’Ob, vit dans l’épaisse forêt de la taïga. D’un point de vue administratif, les Nenets occupent un district autonome dépendant de la région d’Arkhangelsk et le district autonome de YamalNenets qui dépend, lui, de la région de Tioumen. wwLangue. Le vocable nenyts désigne « un homme ». La racine même du mot (nenay) exprime une idée d’authenticité, de réalité et de vérité. Elle est souvent utilisée comme conjonction (nenay nenyts, l’homme véritable). Particulièrement riche en termes qualifiant la nature et ses merveilles, la langue nenets dispose de 80 qualificatifs dédiés à la neige. La faible densité de ce vaste territoire a favorisé l’explosion du nombre de dialectes : 11 dans la toundra et 2 dans la forêt. C’est le dialecte de Bolchaïa Zemlia qui a servi de base à l’écriture de la langue nenets. Les dialectes diffèrent surtout par la phonétique, mais un habitant de la péninsule de Kanine comprend le dialecte de Taïmyr. Depuis des siècles, les Nenets, comme beaucoup de peuples du Nord, utilisent traditionnellement l’écriture pictographique. Les tamga étaient un genre à part entière : ils servaient à établir des contrats de propriété. Logique stalinienne oblige, une translittération en alphabet latin fut « décidée » en 1932. Cinq ans plus tard, pour des raisons idéologiques teintées de nationalisme, une nouvelle transcription est réalisée vers le cyrillique. wwHistoire. Du XIIIe au XVIe siècle, les Nenets paient le tribut à la principauté de Novgorod et, du XIVe au XVIe siècle, aux khanats tataromongols. Au XVI e, les Russes stabilisent leur pouvoir dans la région. En 1628, la construction de la forteresse de Krasnoïarsk symbolise l’unification des peuples samoyèdes sous l’autorité russe. Mais les caravanes de collecteurs d’impôts ont parfois maille à partir avec les tribus nenets, qui apprennent bientôt le maniement des armes. Au début du XVIIIe, les premiers missionnaires s’établissent dans la région d’Arkhangelsk et créent des écoles. L’intrusion des Russes dans le mode de vie de ce peuple se fait sentir au XIXe : dépendances envers les marchands russes, découverte de l’alcool, produits alimentaires (thé, sucre…) hors de prix, etc. Dans les années 1870, l’Empire russe recourt à la déportation de Nenets à Novaïa Zemlia, pour couper court aux prétentions des Norvégiens sur les régions polaires. La collectivisation des terres dans les années 1930, a profondément bouleversé les cycles migratoires des éleveurs de rennes (depuis les côtes jusqu’à la forêt en automne et en sens inverse au printemps). Les modes de vie des pêcheurs et de chasseurs n’ont pas été épargnés. Dans les années 1950, les autorités soviétiques matent les récalcitrants en forçant tous les Nenets ne travaillant pas directement à l’élevage des rennes à se sédentariser dans des villages surgis de nulle part. Les écoliers sont cloîtrés dans des pensionnats pendant toute leur scolarité et se retrouvent, une fois adultes, complètement inaptes à la vie dans la toundra. C’est également dans les années 1950 que se développe l’extraction du pétrole et du gaz. L’afflux de nouveaux arrivants et la pollution achèvent d’anéantir les traditions nenets. A elle seule, la compagnie Norilsknikel a détruit 4,8 millions d’hectares de pâturages et un demi-million d’hectares de forêt… repérez les meilleures visites intéressant Remarquable Immanquable Inoubliable PoPuLation √ 87 Les peuples toungouses Les Evenks (Toungouses) 35 500 personnes wwTerritoire. Les Evenks, généralement appelés Toungouses, occupent un vaste territoire de 2,5 millions de km2 de taïga, compris entre l’Ob et la mer d’Okhotsk, et s’étendant de l’océan Arctique jusqu’à la Mandchourie et aux îles Sakhaline. A l’époque soviétique, seuls les Russes disposaient d’un plus grand territoire. On les rencontre dans les régions de Tioumen et Tomsk, dans le district de Krasnoïarsk, dans celui de Khabarovsk ainsi que dans la région de Sakhaline. Le territoire autonome national des Evenks, qui dépend de Krasnoïarsk, ne regroupe qu’un dixième des effectifs. Un tiers des Evenks vit en Iakoutie. Une communauté importante vit dans le Nord-Est de la Chine et, dans une moindre mesure, en Mongolie et en Mandchourie. wwLangue. Avec l’evene et le neguidal, l’evenk compose le sous-groupe septentrional des langues mandchou-toungouses. Le vocabulaire de base est commun aux langues mongole et turque, ce qui suppose d’importants échanges. Dans certaines zones, ce même vocabulaire est influencé par le iakoute ou le bouriate. L’evenk est subdivisé en une quantité considérable de langues vernaculaires, elles-mêmes composées de différents dialectes. L’intercompréhension est parfois très difficile. Les tentatives soviétiques de donner une écriture unique aux Evenks se sont heurtées à la profusion de dialectes. Cette standardisation autour du dialecte nepi sema la confusion puisque seuls les Nepis comprenaient cette langue. Dans les années 1920, les écoles en langue nationale voyaient défiler des écoliers qui ne comprenaient pas les leçons. La russification mit fin à ce désordre et le russe devint la langue d’enseignement et de communication. wwHistoire. Les Evenks, traditionnellement éleveurs de rennes, ont été extrêmement mobiles tout au long de leur histoire. Ils sont originaires de la région du lac Baïkal, où ils étaient en contact avec des peuples de langues mongole et turque. Sous la pression de tribus turques, ils migrèrent en direction de l’est (vers l’Amour et la mer d’Okhotsk), du nord (vers le bassin de la Lena), du nord-ouest (jusqu’au Ienisseï) et des steppes du sud. Dans cette région, ils devinrent éleveurs de chevaux sous l’influence des Mongols et se mirent à cultiver la terre. Deux cultures se dessinaient, puisqu’au nord les Evenks étaient restés éleveurs de rennes et chasseurs. Les Evenks sont le seul peuple septentrional à avoir occupé les montagnes de la taïga. Au XIXe siècle, 319 Evenks cosaques du Baïkal furent anoblis ! En effet, le gouvernement tsariste utilisait un bataillon de cosaques composé d’Evenks et de Bouriates afin de sécuriser la frontière de l’empire. Comparés à d’autres peuples du Nord, les Evenks n’ont pas connu les bouleversements engendrés par l’exploitation des matières premières. Cependant, la construction du BAM perturba leur tranquillité dans les régions de Tchita, Irkoutsk et Khabarovsk. Les peuples turcs Comme nous venons de le voir, les Dolganes forment un peuple toungouse, mais parlent une langue turque. Comment une population parlant une langue turque se retrouve au-delà du cercle polaire ? L’histoire de leurs cousins iakoutes nous éclaire. Les Iakoutes 400 000 personnes wwTerritoire. La Iakoutie, au cœur de la Sibérie orientale, fait six fois la superficie de la France. Elle est recouverte de forêts de mélèzes et la température y tombe à – 45 °C en hiver (jusqu’à – 60 °C à Verkhoïansk). Sa capitale est Iakoutsk, sur les bords de la Lena. Cette terre est particulièrement inhospitalière. Vaste plateau glacé entre deux chaînes de montagnes, son sol est gelé en profondeur (jusqu’à 300 m au bord de la mer des Laptev !). DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Les langues toungouses appartiennent à la famille altaïque comprenant également les langues turques et mongoles. Les linguistes distinguent deux groupes : wwAu nord, différents dialectes toungouses, dont l’evenk (voir ci-dessous), les langues lamoutes du Kamtchatka (17 000 locuteurs). Les Dolganes forment un peuple toungouse, mais parlent une langue turque. Ils vivent au-delà du cercle polaire, dans le district de Taïmyr. wwAu sud, dans les vallées de l’Amour, de l’Oussouri et de la Soungari, le dialecte neguidal est en voie d’extinction. 88 Æ PoPuLation wwLangue. Le iakoute appartient au sousgroupe du nord-ouest des langues turques, qui comprend également des langues parlées par des peuples vivant aux confins de la Mongolie, au sud de l’Abakan et de la Touva, affluents du Ienisseï. wwHistoire. Toutes inhospitalières qu’elles soient, les rives de la Lena ont attiré les populations préhistoriques. Des fouilles archéologiques ont ainsi révélé la présence, il y a 5 000 ans, de pêcheurs lacustres et de chasseurs pratiquant les peintures rupestres. Leurs descendants ont appris le travail du bronze et peuplé la vallée de la Lena, où se fixeront plus tard les Toungouses. Au XIVe siècle, la Iakoutie est donc peuplée d’aborigènes vivant de chasse, de pêche et d’élevage. A cette même époque commencent à affluer des migrants turcs en provenance du Baïkal. La tradition orale des Iakoutes évoque une migration en masse, en 1450, sous la conduite d’un certain Omogaï. Sous la pression des Bouriates, les Iakoutes poursuivent leur marche vers le nord, jusqu’à l’océan Arctique. L’arrivée des Russes et leur installation sont rapides : ils atteignent la Lena en 1629, soumettent les Iakoutes un an plus tard et fondent Iakoutsk en 1632. C’est ce qu’on appelle une colonisation rondement menée ! A l’époque où Catherine II dessine les premières régions administratives de Sibérie, les Iakoutes sont des éleveurs nomades de rennes et de chevaux, des chasseurs (renards, écureuils, hermines) et des pêcheurs. Leur sédentarisation date du XIXe siècle. Dans le sud, le long de la Lena et de ses affluents, l’agriculture se développe. Cette surface cultivée restera toujours négligeable. La véritable richesse de la Iakoutie réside dans la profusion de ses gisements d’or, de diamants, d’étain, de charbon et de sel. La révolution manquée de 1905 éveille le sentiment national des Iakoutes, qui créent l’année suivante une Union iakoute. Cette dernière réclame la restitution des terres spoliées par les colons russes et la « iakoutisation » des emplois, en particulier des fonctionnaires de police. La Iakoutie était par ailleurs un lieu de relégation pour contestataires de tout poil. Après la révolution, un vigoureux mouvement contre-révolutionnaire va tenir tête à l’Armée Rouge. Comme pour les autres peuples sibériens, la période soviétique est marquée par une russification intense, une accélération de la sédentarisation et la disparition des cultures traditionnelles. Les Tatares 7 000 000 de personnes Les Tatares sont arrivés en Russie lors des invasions tataro-mongoles du XIIIe siècle. Plus nombreux que les Mongols, qui retournèrent avec le temps en Mongolie, les Tatares se sont eux implantés durablement en Russie, notamment autour de la Volga et en Crimée. Leur assimilation à l’empire russe date de 1552 et de la défaite du Khan de Kazan. Aujourd’hui les Tatares sont majoritaires au Tatarstan (capitale Kazan) et représentent la première minorité après les Russes en Bachkirie, Tchouvachie et dans la région d’Astrakhan. Une minorité seulement parle la langue tatare et si cette identité est revendiquée au Tatarstan, elle n’est pas forcément bien vue ailleurs, où la russification a fait son œuvre. Les Touvas 207 000 personnes Le territoire des Touvas est encerclé : Altaï à l’ouest, région de Krasnoïarsk au nord, celle d’Irkoutsk au nord-est, Bouriatie à l’est et Mongolie au sud. Kyzyl, la capitale, est censée représenter le centre géographique de l’Asie. Le fait d’être ainsi entourés de montagnes n’a pas empêché les Touvas de subir, tout au long de leur histoire, la domination de leurs nombreux voisins. La langue des Touvas est une langue turque du groupe ouïgour. Les Ouïgours ont en effet séjourné dans la région avant d’être chassés par les Kirghiz. Ils pratiquent le lamaïsme tibétain. On trouve dans la région d’Irkoutsk des Touvas appelés Tofalars (800 personnes). Mode de vie Vie sociale Naissance et âge Famille et hospitalité La famille russe se décompose et se recompose au gré de divorces fréquents. Le mariage est une institution très respectée. Hommes et femmes se marient très tôt, d’où sans doute le nombre assez élevé de divorces. Les Russes font peu d’enfants, à peine plus d’un par femme. La famille occupe une place prépondérante chez les Russes. L’entraide et la solidarité entre ses membres sont des valeurs importantes. Les Russes donnent beaucoup, souvent sans compter et sans attendre forcément quelque chose en retour. Mais il faut reconnaître que de prime abord, les Russes ne sont pas des plus aimables (surtout lorsque les portes du métro vous claquent à la figure ou que la serveuse d’un restaurant ronchonne pour prendre la commande). Il vous faudra donc franchir la première étape pour vous rendre vraiment compte de leur hospitalité et de leur gentillesse ! Les loyers, en augmentation permanente avant la crise de 2014 (surtout à Moscou), imposent souvent aux différentes générations de vivre sous le même toit. Mais cette image de l’appartement où se côtoient les grandsparents, parents et enfants est à nuancer. Ce schéma de la famille soviétique disposant de 5 m² par personne ne survit que dans les clichés et l’idée que se font les étrangers de la situation russe. Cependant, la difficulté de trouver un logement pour la population est réelle. Mais cela n’empêche pas de laisser la porte ouverte à des amis de passage, voire à des amis d’amis. L’accueil est toujours très chaleureux, et l’on vous cédera souvent l’unique chambre de l’appartement, obligeant alors la famille à s’entasser dans le salon. L’hospitalité prend tout son sens et les étrangers sont souvent un peu mal à l’aise face à de telles attentions. Une leçon d’hospitalité pour nous les Occidentaux qui avons tendance à nous créer un environnement souvent cloisonné. Si vous avez l’occasion de loger ou de dîner chez des Russes, il est sympathique de prévoir un petit cadeau pour la famille qui trouvera toujours quelque chose à vous offrir. S’attabler chez eux est toujours une fête. Leurs tables sont toujours bien garnies et colorées de harengs et de cornichons, de blinis et de saumon… Sans oublier la vodka à laquelle vous ne pourrez échapper ! Mais ça, c’est une autre histoire. Les Russes, toujours dans une moindre mesure, épargnent moins que les Européens. Deux raisons peuvent expliquer cela : une frénésie de consommation qui fait suite à 70 ans d’absence d’offre et le krach de 1998 où l’ensemble de leur économie a été du jour au lendemain réduite à néant. L’acquisition n’a également pas la même signification qu’en Europe (posséder n’est pas une fin en soi et ils économisent peu dans le but de devenir propriétaires). Cette notion est même visible dans leur langue. Les Russes emploient rarement les possessifs (mon appartement, ma maison, mes vêtements… le mien, le tien…), le remplaçant par menya ou bien ou nas (chez moi ou chez nous). Comment présenter la famille russe sans évoquer la babouchka ? La grand-mère occupe une place centrale, c’est le pilier de la famille. On l’imagine un peu enveloppée, les joues rosies par le froid, emmitouflée dans un manteau un peu fatigué et son visage dans un fichu coloré. Elle semble avoir traversé les époques et les difficultés. Elle est solide et ne se plaint pas, enfin, si on ne lui parle pas de la Russie d’aujourd’hui. Elle vous dira alors que « c’était mieux avant ». La vie y était certes difficile, mais ils étaient soignés, avaient un toit et de quoi se mettre sous la dent. Les temps ont changé, ne rendant pas la vie plus facile aux retraités. DÉCOUVERTE Le taux de natalité de la Russie est faible, mais est passé de 1,3 à environ 1,7 enfant par femme en 2015, ce qui va aider au renouvellement de la population. Même si, la vie d’un Russe est courte : l’espérance de vie d’un homme est de 64 ans, celle d’une femme de 76 ans (contre 59 et 72 ans il y a encore quelques années). Au final, la pyramide des âges est déséquilibrée : 14,3 % de la population : entre 0 et 14 ans, 71,3 % entre 15 et 64 ans et 14,4 % plus de 65 ans. 90 Æ moDe De vie Éducation La Russie a hérité de la tradition d’éducation de l’URSS dont une des premières mesures a été de généraliser l’éducation dans un pays essentiellement rural. Mais l’école qui était obligatoire jusqu’à 11 ans ne l’est plus que jusqu’à 8 ans en Russie. Le niveau d’éducation aujourd’hui n’en reste pas moins haut puisque 85,2 % des enfants sont scolarisés au deuxième degré et 40,7 % au troisième degré. Au grand désespoir des intellectuels russes, la tradition d’excellence universitaire est en train de se perdre. Les meilleurs scientifiques quittent la Russie car leurs salaires sont misérables. L’université n’a plus le même attrait auprès des jeunes, qui prennent en exemple le succès d’oligarques pour la plupart peu éduqués. A signaler toutefois que le taux d’alphabétisation russe est tout de même très élevé, voire l’un des plus élevés au monde, puisqu’il atteint 99,5 %. Service militaire Le service militaire pour tous les jeunes Russes est une véritable contrainte à laquelle ils aimeraient bien échapper par tous les moyens. Il faut dire qu’il n’a pas bonne presse ! On parle officiellement de morts accidentelles ou de suicides pour couvrir le nombre de morts lors des bizutages. Ces pratiques sont d’une rare violence, qui se nourrit de vengeance. C’est un cercle vicieux : les deuxièmes années font subir aux nouvelles recrues ce qu’ils ont eux-mêmes enduré quelques mois auparavant. Rien de bien réjouissant en somme ! Les jeunes, soutenus bien souvent par leurs familles à l’approche de 18 ans, cherchent tous les moyens pour passer outre : la corruption du médecin (prétextant une maladie ou la folie), la corruption des fonctionnaires, la prolongation des études… Mais, inutile de préciser que ce sont les jeunes Russes sujets à d’importants problèmes de précarité et de santé qui ont du mal à échapper à ces deux terribles années. L’élite est, quant à elle, facilement exempte de cette contrainte. Le gouvernement a toujours fermé les yeux sur ces pratiques qui mettent pourtant à mal ses forces armées. Toutefois, une prise de conscience semble avoir fait son chemin… Une loi datant du 1er janvier 2008 a réduit les deux ans de service militaire à une année et demie. Habitat Urbanisation L’urbanisation des villes russes date du XXe siècle. Avant l’arrivée des bolchéviques, les villes étaient rares, toutes dans la partie occidentale de l’empire, et donc souvent détruites pendant la Deuxième Guerre mondiale. Certaines villes sont maintenant dans d’autres Etats (pays Baltes, Ukraine, Transcaucasie). Cela crée donc une homogénéïté, sujet de blagues dans certains films soviétiques tels que Ironia sudby, ili s legkim parem ( , ), où le héros, ivre, se trompe d’avion et arrive exactement dans le même appartement à Saint-Pétersbourg que dans le sien à Moscou. On trouve toutefois des différences régionales, sans parler des modes d’habitation traditionnels en Sibérie, du tchoum des Tchoukches à la yourte des Touvas. Les constructions soviétiques dominantes (années 1960-1970) sont de mauvaise qualité et on essaye de les quitter pour de nouveaux logements dans les périphéries. Par ailleurs, les habitations ne sont jamais construites de façon mitoyenne. Chaque immeuble est séparé des autres par des petites cours, allées boisées. Cette spécificité fait que les villes russes sont souvent très vertes, mais qu’elles s’étendent aussi sur des distances impressionnantes. Construite le long de la Volga, l’agglomération de Volgograd fait 80 kilomètres de long pour 600 000 habitants ! Les transports sont donc une question essentielle dans la vie quotidienne des Russes, dont 85% habitent en ville. Santé et retraite C’est bien connu, l’hôpital fait peur aux Russes et souvent non sans raison. Un dicton dit même qu’on en ressort plus malade que quand on y est entré. Aussi a-t-on tendance à reculer jusqu’au dernier moment l’échéance de l’hospitalisation. Le système communiste avait pourtant mis un point d’honneur à garantir la santé pour tous : soins gratuits, très nombreuses polycliniques (dispensaires locaux), et un taux record de médecins par habitant. Mais en fait, la médecine au quotidien n’a jamais été satisfaisante pour le malade soviétique : longues listes d’attente pour être admis dans des hôpitaux où le manque d’hygiène, et le peu de motivation frôlant l’incompétence d’un personnel mal payé donnait lieu à des erreurs de diagnostic parfois tragiques. En ce qui concerne la gratuité, elle était purement théorique, le patient préférant payer le prix fort et consulter au noir, à son domicile, les médecins exerçant après leurs heures d’hôpital. Quant à la nomenklatura, elle se faisait soigner bien sûr dans des cliniques privées ultramodernes. Un lourd passif pour le système de soins dans la Russie actuelle où les protections sociales sont menacées. Les cliniques les mieux équipées sont des jointventures médicales, inaccessibles au commun des mortels. L’état des lieux des retraites est moDe De vie √ 91 sensiblement le même. La protection sociale est devenue quasi inexistante en Russie. Comment survivre quand l’Etat vous verse 300 ou 500 roubles par mois pour vivre. Ce n’est même plus de la survie. Alors les Russes s’entraident lorsqu’ils ont les moyens ou ont recours au système D. C’est ainsi que vous verrez dans les rues de Moscou, les personnes âgées vendre confitures et champignons ou ramasser des canettes vides pour survivre. Place de la femme Religion La Russie est un Etat multiconfessionnel qui comprend plus de 50 religions différentes, même si les chrétiens de confession orthodoxe sont majoritaires dans ce pays. En effet, la Fédération de Russie est composée, entre autres, de 57 millions d’orthodoxes (qui représentent 56,5 % de la population), dont 2 millions de « vieux-croyants » ; 15 millions de musulmans (l’islam sunnite est la deuxième religion de Russie et représente 15 % de la population), 2 millions de juifs (2 % de la population), 1 million de bouddhistes et 1 million de protestants. Orthodoxie Dire que la religion orthodoxe est la religion dominante en Russie par le nombre des baptêmes est un euphémisme si l’on considère le rôle identitaire, patriotique et politique qu’elle a été appelée à jouer. Dès son officialisation en Russie au Xe siècle, elle entretient un rapport étroit avec la politique, lien d’ailleurs perpétué à présent par Vladimir Poutine qui a fait bénir son mandat. Le patriotisme est une valeur intrinsèque à l’orthodoxie, tout orthodoxe se doit de défendre sa patrie si elle est attaquée. Aussi Staline qui avait commencé par une politique répressive n’a pas hésité à utiliser la religion pour mobiliser la population contre l’ennemi durant la « grande guerre patriotique ». Enfin l’orthodoxie a toujours été le repli identitaire des Russes quand ils sentaient l’essence même de leur culture menacée : en recevant cette religion de Byzance, la Russie hérite par la même occasion de toute une tradition culturelle, littéraire et architecturale. La liturgie devient même le fondement de l’identité nationale russe. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE La société russe, après les tsars et les soviets, ne montre pas, en matière de droits des femmes, un degré d’avancement très spectaculaire. Dans le passé, la démission des hommes (pertes énormes lors de la Seconde Guerre mondiale, alcoolisme…) les avait contraintes à prendre en main l’économie au quotidien. Aujourd’hui encore, excepté à Moscou, elles ne connaissent pas d’émancipation réelle. Aux fourneaux, s’occupant des enfants, la femme russe est conditionnée dès son jeune âge à se trouver un bon mari, ou simplement un homme qui gagne sa vie et qui veut bien d’elle. Ce qui explique les mines provocantes des adolescentes et, en corollaire, la recrudescence de la prostitution, aggravée par les problèmes économiques et une libéralisation incontrôlée de certains secteurs. Avec le développement du tourisme, les jeunes filles à marier sont encore plus attentives aux Occidentaux et à leurs dollars. Aussi jeunes godelureaux et vieux loups de mer, ne vous croyez pas soudainement irrésistibles (du genre, mon charme agit sur la femme slave)… Autre exemple frappant, il est peu courant, même à Moscou, de voir une femme au volant : cela en dit long sur le chemin à parcourir et la difficulté d’imposer des opinions féministes sur des questions importantes. Et il vaut mieux qu’une femme soit accompagnée d’un homme au restaurant ou à l’hôtel, sinon on peut la prendre pour une prostituée. Mais, à Moscou, les businesswomen russes commencent à apparaître. Dans les foyers, les rôles s’équilibrent entre la femme et l’homme. Coquette, voulant plaire, elle s’habille, d’une manière parfois un peu voyante, même pour aller au magasin ou jouer avec son enfant. Bien que Lénine décrète le 8 mars 1921 une Journée (Internationale) des femmes, il faut se rappeler que la féminité au temps des Soviétiques n’allait pas forcément de pair avec la société sans classes qui imposait une uniformité tant dans la façon de penser que dans la manière de se vêtir. Les femmes avaient alors tâché d’oublier toute forme de coquetterie, se parant d’un simple voile sur la tête et de tenues plutôt sombres. Aujourd’hui, bien plus féminines que la majorité des Européennes, les jeunes filles russes semblent presque venger leurs pairs en se dotant de parures très sensuelles qui ont longtemps disparu des affaires de toilette de ces dames. Cela dit, les femmes sont souvent considérées comme plus fortes (même par les hommes) et, souvent plus adaptables. Et puis ne parlons pas de leur beauté… 92 Æ moDe De vie Aussi la religion a-t-elle été le signe de la résistance identitaire durant le joug mongol ; et elle a toujours été le point d’appui des slavophiles dans leur opposition aux occidentalistes. En 1988, Gorbatchev fait un acte hautement symbolique en fêtant avec faste le millénaire de la religion orthodoxe en Russie, alors que celle-ci vient de connaître 70 ans de répression. Puis en 1991, la Russie opère un retour en masse vers l’orthodoxie : réouverture d’églises, profusion de baptêmes, frénésie liturgique. Mais derrière ce retour à la foi, c’est surtout un retour aux racines profondes de la culture russe qui motive une grande partie de la population. La raison principale de cet engouement est souvent la recherche de nouvelles valeurs, aussi, lorsqu’on peut en trouver ailleurs, on se souciera peu de religion. Et d’ailleurs les pratiquants réguliers sont rares, on entre dans une église allumer une bougie pour quelqu’un, adresser une prière à un saint, ou chercher un moment de réconfort dans une période difficile, mais on n’assiste pas forcément à la liturgie. D’ailleurs les étudiants semblent souvent peupler les églises quelques jours avant les examens… Quest-ce que lorthodoxie ? Pendant 1 000 ans il n’y a eu qu’une seule Eglise, à la fois catholique, c’est-à-dire universelle et orthodoxe, c’est-à-dire « à la foi juste ». Il y avait l’Eglise chrétienne d’Orient et celle d’Occident. Ainsi quand le grand prince Vladimir introduit le christianisme en Russie, il n’y a encore qu’une seule Eglise. La rupture n’avait pas eu lieu, mais la Russie avait déjà choisi son camp en se rattachant à l’Eglise chrétienne orientale de Byzance. Les raisons qui vont provoquer le schisme entre les deux Eglises sont d’ordre politique avec des conflits d’influence et vont être masquées par des questions de dogme. Les différends ont commencé en 1054, avec échanges d’anathèmes entre les clergés russe et romain, mais la véritable rupture s’est produite au XIII e siècle, quand les croisés ont saccagé Constantinople sur le chemin des croisades, déclarant ainsi la guerre à la chrétienté d’Orient. Les rivalités incessantes avec la Pologne, affiliée au catholicisme romain, ont consommé la rupture, tandis que la chute de Constantinople sous les coups des Turcs ottomans, en 1453, a suscité des ambitions nouvelles et messianiques dans le clergé russe, qui voulait faire de Moscou, héritière de Byzance, la « Troisième Rome ». L’église orthodoxe de Russie est nationale et autocéphale, c’est-à-dire qu’elle a son propre chef spirituel, le patriarche. Le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II, est mort le 5 décembre 2008. Son successeur Cyrille I er a été élu puis intronisé patriarche de l’église orthodoxe russe le 1er février 2009. © STÉPHANE SAVIGNARD Différences entre lÉglise catholique et lÉglise orthodoxe Cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux sur la Place Rouge. wwPour les catholiques, le Saint-Esprit procède de Dieu et du Christ, pour les orthodoxes, seulement de Dieu. wwPour les catholiques, l’Eglise est une. Le pouvoir du pape transmis sans rupture depuis Pierre est infaillible quand le pape proclame de façon définitive un point de doctrine touchant la foi ou les mœurs. Les Eglises orthodoxes sont autocéphales, elles se gouvernent par elles-mêmes. La foi orthodoxe est constituée par les définitions dogmatiques des 7 premiers conciles œcuméniques, qu’elle a en commun avec la foi catholique. wwLors du baptême orthodoxe, le baptisé est toujours plongé entièrement dans l’eau. wwLa confirmation chez les orthodoxes a lieu juste après la naissance de l’enfant. wwL’hostie se prépare sans levain chez les catholiques, avec chez les orthodoxes. On sera charmé, ébloui ou au pire interloqué par une liturgie orthodoxe. La première idée est qu’il faut tourner toute sa sensibilité artistique moDe De vie √ 93 Islam Loin de ces querelles internes à la famille chrétienne, l’islam, la deuxième religion de Russie, totalise quelque 15 millions de fidèles, répartis entre le Tatarstan, à 500 km à l’est de Moscou, le Caucase du Nord, et de nombreuses communautés dispersées à travers le pays. Disposant de lieux de culte, les musulmans de Russie, très généralement sunnites, connaissent un réveil religieux qui coïncide souvent avec des revendications nationales, comme au Tatarstan ou en Tchétchénie. Cet essor coïncide également avec la multiplication des antennes paraboliques qui captent les nouvelles émissions diffusées à partir de la Turquie. Il existe actuellement environ 7 000 mosquées en Russie et 3 080 associations musulmanes déclarées. Judaïsme Le judaïsme compte encore plus d’un million et demi de fidèles, en dépit de l’érosion d’une communauté juive qui émigre en masse vers Israël. Et si les juifs peuvent désormais pratiquer librement leur religion et leur culture, les difficultés économiques les poussent toujours à quitter le pays en nombre important. Bouddhisme Le bouddhisme est la religion officielle de trois peuples de l’ex-URSS : les Touvas, les Kalmouks et les Bouriates. Le bouddhisme, venant de Mongolie, s’est implanté en Russie aux XVIIe et XIXe siècles, tandis que celle-ci colonisait la Sibérie méridionale. Dès le début du XVIIIe siècle, les conversions intensives au bouddhisme furent le fait de missionnaires mongols et tibétains. Au XVIIIe siècle, les lamas obtiennent le droit de prêcher le bouddhisme en Transbaïkalie s’ils ont prêté allégeance au trône de Russie. Cette politique qui devait renforcer les confins de la Russie profita surtout à l’essor de cette religion. La propagation du bouddhisme en Sibérie a porté un coup fatal au chamanisme à la base de nombreuses traditions populaires des peuples sibériens. Mais le bouddhisme a aussi joué un rôle dans la diffusion de la culture, enseignant la philosophie et les médecines orientales dans ces frontières reculées de Russie. La culture bouddhiste a ainsi permis l’essor d’une intelligentsia nationale qui après la révolution de 1905 s’est intégrée aux mouvements politiques russes, allant jusqu’à proposer une fusion des principes du bouddhisme et du communisme en 1922. Pourtant le régime soviétique ne fit pas d’exception dans sa politique religieuse pour le bouddhisme : nombre de monastères furent détruits et les lamas furent réprimés. Mais, à la fin des années 1980, dans la mouvance du renouveau religieux général en Russie après 70 ans de communisme, le bouddhisme connut un nouvel essor. C’est ainsi que furent créés dans les trois régions concernées des temples, des monastères et des centres culturels à vocation religieuse. En 2008, on comptait à peu près 1 million de bouddhistes. Une trentaine de monastères ont été construits et le temple de SaintPétersbourg est à nouveau en activité. Deux événements phares ont marqué la vie du bouddhisme russe ces dernières années : la visite du dalaï-lama en septembre 1992 à Moscou et en 2004 en Kalmoukie. Outre les régions précitées, le bouddhisme est aujourd’hui fortement implanté en Altaï, dans les régions d’Irkoutsk et de Tchita. Sectes Durant la période soviétique et même avant, la Sibérie, terre de goulag mais aussi de liberté, avait été le vivier de sectes de toutes sortes, la hiérarchie religieuse étant trop éloignée pour exercer son contrôle. Une sorte de Far East, comme les Etats-Unis avaient leur Far West et ses multiples sectes. Mais aujourd’hui, des sectes ont pignon sur rue à Moscou, comme l’Eglise du Christ, les Croyants du Christ, Hare-Krishna, l’Eglise de Satan ou Aum… et les adorateurs du dieu « Dollar ». DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE vers Dieu, donc la liturgie doit être avant tout la plus belle possible. Ne chante que la chorale qui sait chanter. Les instruments ne sont pas permis, car il faut que tout soit naturel, la voix humaine est donc privilégiée. Le lieu de l’église représente déjà le ciel sur la terre. C’est là que se produit la rencontre de l’humain et de Dieu. C’est donc l’endroit où l’homme s’élève le plus. On reste debout pendant la liturgie en signe de foi en la résurrection. Le corps entier doit participer à la prière, aussi fait-on de nombreuses inclinations. On considère que l’image est la présence même du saint, donc quand on embrasse une icône, on n’embrasse pas le bout de bois, mais directement le saint représenté. L’orthodoxie fait une grande place à la vénération des saints. Les saints le plus vénérés sont saint Serge de Radonège qui a initié le mouvement monastique au XIVe siècle en se retirant dans une forêt et saint Séraphin de Sarov. Arts et culture © STÉPHANE SAVIGNARD Architecture Des palais de Saint-Pétersbourg aux yourtes de Kalmoukie en passant par les bulbes dorés des églises orthodoxes, l’architecture russe ne manque ni de variété ni de grandeur. Néanmoins, il ne faut pas se voiler la face et vous le constaterez tout de suite dans toutes les villes d’une certaine importance, l’ère soviétique dénuée de tout souci esthétique, a laissé sa marque. Les Russes, toujours philosophes, vous rappelleront que Dostoïevski a écrit « le Russe aime le laid » ! Immeubles tristes, vastes constructions dont la curieuse particularité est d’accueillir des logements qui sont en revanche très petits, sont l’apanage de la majorité du pays. Les premières impressions peuvent être rebutantes, mais on s’y fait vite, et le côté kitsch et gigantesque finit même par amuser. La maison russe traditionnelle est l’isba. C’est rudimentaire : cinq ou six murs : quatre extérieurs, un ou deux intérieurs. Elles sont faites à partir de rondins de sapin et de mélèze. Les interstices entre les rondins sont obstrués par de la mousse végétale. Les pourtours des fenêtres et des toitures sont souvent décorés de motifs découpés à la scie « dentelles de bois ». Ce standard a été adopté dans toutes les campagnes de la région occidentale de la Russie. On en trouve parfois en ville, même si ce sont souvent les HLM soviétiques qui dominent. L’ouest de la Russie, très touché par les destructions de la Deuxième Guerre mondiale a malheureusement perdu l’essentiel des maisons de marchands « » qui étaient le standard urbain avant la révolution. On peut en voir des exemples à Moscou ou dans le centre de Krasnodar et de Rostov. L’habitat des indigènes d’un des peuples du sud de la Russie, les Kalmouks, est la yourte (une sorte de tente à armature de bois) couverte de peaux de mouton avec un foyer central. Enfin, rouvrant une à une leurs portes, églises, cathédrales, mosquées et synagogues, à demi cachées par des échafaudages, sont en pleine restauration. Artisanat Ambre Les Russes l’appellent les « larmes des oiseaux de mer ». Ce curieux minéral, dont les teintes vont du brun rougeâtre au miel, est en fait une résine d’arbre fossilisée. Il y a 40 millions d’années, le centre et le nord de l’Europe étaient recouverts de forêts de pins et d’épicéas. 10 millions d’années plus tard, ils étaient engloutis par les eaux. La couleur d’une pièce dépend du type de résine, du temps de fossilisation et du temps passé à l’air libre. Pas de fausse joie : l’ambre pas cher, c’est terminé. Tout du moins, si vous recherchez de belles pièces bien travaillées. Les plus belles inclusions d’insectes, de plumes ou de pollens se négocient dans les bijouteries. Les boutiques de souvenirs et les marchands ambulants trompent parfois le client. Si vous avez des doutes sur la composition du caillou qu’on vous propose, passez une aiguille au feu. Marque blanche et odeur de résine de pin, c’est bon. Marque noire et odeur de plastique, passez votre chemin. Si vous n’avez pas d’aiguille, frottez la pierre contre de la laine. Si vous obtenez un effet électrostatique, il est fort probable que ce soit de l’ambre. © STÉPHANE SAVIGNARD aRts et cuLtuRe √ 95 Boîtes laquées Le succès de ces laques advient avec la révolution de 1917. Peindre des icônes, soit perpétuer une tradition byzantine et pratiquer un acte religieux, est strictement interdit. Les peintres d’icônes, dépourvus d’activité, continueront donc à s’exprimer sur des boîtes et adapteront à la culture russe les lointains laqués orientaux. Il y a quatre écoles possédant chacune leurs propres règles de style : Palekh, Fedoskino, Holoui et Mstera. Aujourd’hui encore, des miniaturistes de talent perpétuent cet art religieux ancien… sauvé par un art profane et décoratif ! Châles Les châles rouges et fleuris des babouchka peuvent paraître un peu kitsch, mais ils ont le grand avantage d’être très chauds. En fichu sur la tête ou posé sur les épaules, le châle fait partie intégrante de la panoplie de la femme russe. Présentant des tons vifs et fleuris ou bien sombres et géométriques, les châles russes sont coupés dans une toile de laine très serrée et très souple. Dans la Russie ancienne, ces carrés d’étoffe bariolés avaient une signification. Offrir un châle à une jeune femme revenait ni plus ni moins à la demander en mariage. Matriochka Le grand classique des souvenirs, ex aequo avec la tour Eiffel en plastique et le T-shirt « I love NY ». Les poupées russes, à tendance politique, folklorique, sportive ou musicale (on peut trouver des matriochki Elvis Presley !), sont souvent chères lorsqu’elles sont vendues dans des quartiers touristiques. Cet objet se popularise fort tard, à la fin du XIXe siècle. Il est probable que sa diffusion soit due à son utilisation à but éducatif. En effet, les matriochki représentent à l’origine une famille. Elles sont aussi le symbole de la maternité et de la fertilité, et ces jouets servaient à inculquer aux petites filles le goût pour la famille et la procréation. Souvenir obligé, la matriochka peut aussi être finement peinte et comporter quelques dizaines de pièces. Certaines séries évoquent l’histoire et les contes russes avec force détails. Mais qu’elles soient paysannes en fichu ou princesses orientales, les poupées russes restent un grand classique du « cadeau de Russie », aux côtés de la vodka et du caviar. Objets en bois de bouleau Le bouleau est l’arbre russe par excellence. Utilisé depuis la nuit des temps, notamment pour servir de support à l’écrit (l’écorce se roule facilement), il est largement utilisé dans l’artisanat : boîtes, jouets, jeux d’échecs ou oiseaux du bonheur. Ces derniers déploient une queue en forme d’éventail, taillée dans une seule pièce, humidifiée et formée à la main. Ils occupaient les mains des paysans pendant les longues soirées d’hiver. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Scultpures bouriate en pierre typique de la région du Baïkal. 96 Æ aRts et cuLtuRe Cinéma La Russie a largement participé au développement du cinéma et cela, dès ses prémices. Des réalisateurs pionniers, comme Dziga Vertov ou Sergueï Eisenstein, ont posé les bases de décennies de réflexion autour du cinéma. Leurs œuvres ont influencé les plus grands réalisateurs européens et sont aujourd’hui au programme de toutes les écoles. Monumental par sa modernité et sa créativité, le 7e art russe prit une dimension particulière, avec laquelle n’eurent pas toujours à compter les Occidentaux : l’instrumentalisation par le pouvoir en place. Se détourner pour des raisons politiques des comédies et drames soviétiques signifierait pourtant passer à côté de nombreux chefs-d’œuvre. Aujourd’hui, une nouvelle génération d’artistes pourrait bien insuffler un vent nouveau sur l’industrie cinématographique. Pour vous y retrouver, préparer votre séjour, ou faire quelques découvertes, voici un bref survol du rousskoyé kino. en 1913, les futuristes, rejoints par Maïakovski, réalisent leur premier film, Drame au cabaret futuriste n° 13. En 1909, Yacov Protazanov fait ses débuts et deviendra le plus célèbre réalisateur d’avant la révolution. A la veille de la Première Guerre mondiale, la production locale est encore médiocre, mais une réelle réflexion prend corps. Starevitch (Polonais né à Moscou) fonde l’animation russe, l’une des plus anciennes et plus créatives au monde. Il utilise la technique de l’image par l’image, pour animer des figurines représentant des insectes et des animaux. L’Etat reconnaît la valeur du cinéma et ne néglige pas son utilisation dans la diffusion de sa propagande. La censure veille. Par exemple, il est interdit d’évoquer Raspoutine sans autorisation signée des autorités compétentes en la matière. Mais la Première Guerre mondiale et la révolution de 1917 allaient bientôt renforcer le cinéma russe. Les premiers pas du cinéma en Russie Un art révolutionnaire ? C’est à Saint-Pétersbourg qu’eut lieu pour la première fois en Russie, une séance de cinéma. Le 4 mai 1896, soit six mois après la première projection parisienne, les frères Lumière avaient dépêché sur place deux envoyés, Emile Doublier et Charles Moisson. Les deux reporters réaliseront quelques jours plus tard, le premier reportage cinématographique russe à l’occasion du couronnement du tsar Nicolas II à Moscou. Premier film dans ce pays qui ne connaissait que quelques réalisations d’amateurs et premier acte de censure. En 1907, le premier producteurréalisateur-photographe russe se lance dans la compétition avec les étrangers, principalement français. Alexandre Drankov se sert de la publicité pour annoncer ses sujets courants, événements russes sur écran, vues de villes et paysages. Il reçoit l’appui de la famille impériale et est le premier à filmer Léon Tolstoï, lors de son quatre-vingtième anniversaire. Il produit en 1908 ce que l’on peut considérer comme le premier film russe : Stenka Razine, qui quitte le ton de la farce grossière pour proposer une vraie mise en scène, une musique originale et un sujet national : les exploits légendaires du plus farouche des Cosaques. Pendant les premières années d’existence du cinéma, en Russie comme ailleurs, le milieu littéraire se montra réservé, voire franchement hostile à deux exceptions près : Léon Tolstoï et Maxime Gorki qui pressentaient la possibilité d’utiliser ces nouvelles techniques afin d’éduquer les masses. Les industriels du film brisèrent ce mur de frilosité, en demandant aux plumes nationales d’écrire des scénarios. Le mur cède, des revues se créent, les débats s’enhardissent et Fin des importations de bobines étrangères, interdiction des productions allemandes, interdiction de la consommation d’alcool… Le premier conflit industriel de l’histoire de l’humanité eut pour conséquence, en Russie, de renforcer les productions nationales. Le patriotisme russe devait être flatté et les salles remplies. Les autorités et les industriels du cinéma s’allièrent pour produire des films locaux. Les gens de théâtre, autrefois réfractaires, se laissent tenter par le cinéma, et même Meyerhold tourne casaque en réalisant un film, que beaucoup considèrent comme le meilleur de la période prérévolutionnaire, Le Portrait de Dorian Gray. Les bobines ont disparu, mais l’incursion des comédiens de théâtre dans le cinéma influencera durablement les productions russes. Par ailleurs, de 1914 à 1917, on compte de nombreuses adaptations littéraires : Guerre et paix de Vladimir Gardine et Yakov Protozanov, Les Possédés ou encore La Dame de pique du même Protazanov. Les efforts, dès 1917 pour implanter en Russie un cinéma indépendant, orienteront durablement une culture du cinéma, s’appuyant fortement sur l’histoire et la littérature et développant une réflexion propre. Malheureusement, la plupart de ces films ont disparu ou sont aujourd’hui en bien mauvais état. De 1908 à 1919, 305 films furent produits et dans un article de 1913, le correspondant d’un périodique américain écrivait qu’il y avait en Russie entre 800 et 1 000 salles, modestement équipées et fréquentées par des gens d’un rang social bien plus élevé que dans la plupart des autres pays. Au lendemain de la révolution, les structures aRts et cuLtuRe √ 97 La parole confisquée Le premier grand film, proprement révolutionnaire, dans ses innovations techniques et narratives, est La Grève d’Eisenstein. Le critique anglais David Sylvester écrit à son sujet : « L’art de ce film rappelle celui d’un poème qui fut presque son contemporain The Waste Land (NDLR : poème de T.S. Eliot, en français : La Terre vaine). Il le rappelle par la même liaison rythmique d’images hétérogènes et par les mêmes images, à la fois naturalistes et symbolistes, qui créent le choc par leur superposition. » En 1926, Le Cuirassé Potemkine, d’Eisenstein, connaît un succès international, augmenté encore par son interdiction dans de nombreux pays, dont la France. Dziga Vertov, l’ancien monteur d’Edouard Tissé, tourne L’Homme à la caméra. Il refuse la notion même d’acteur et de scénario. Cet art en plein essor, lancé par de jeunes enthousiastes assoiffés de nouveauté, sera bientôt bâillonné par le pouvoir stalinien. Avec le passage au parlant, le cinéma va constituer une zone possible de rébellion que le « petit père des peuples » surveillera de très près. Le vent tourne dans la première moitié des années 1930, qui correspondent au premier plan quinquennal (1929-1934). C’est l’époque de la collectivisation des terres, du durcissement du pouvoir et du renforcement de son contrôle sur la vie intellectuelle et artistique. Maïakovski se suicide, Eisenstein part au Mexique, et le « réalisme socialiste » cadre officiellement les élans artistiques à partir de 1934, date du Congrès des Ecrivains. Parallèlement, le cinéma devient parlant, et l’avant-garde russe vit ses dernières heures. Cette transition se fait progressivement, tiraillée entre l’attachement de certains cinéastes au muet et la volonté du pouvoir de développer le parlant. Le premier film parlant russe est Le Chemin de la vie de Nikolaï Ekk (1931). Le militantisme enthousiaste est toujours prégnant, mais l’expérimentation de l’image est bientôt taxée d’élitisme, et les films sont sommés de renouer avec un déroulement linéaire du scénario. Le cinéma s’oriente vers le « réalisme socialiste » et s’attache à peindre les rapports de l’homme à son travail, la réalité socialiste et les bienfaits du pouvoir soviétique. Mais il est étonnant de constater qui, si cette période d’instrumentalisation de l’art fut catastrophique pour la littérature et les arts plastiques, elle n’appauvrit pas complètement le cinéma. Eisenstein et Alexandre Dovjenko, certains films comme Tchapaev (de Sergueï et Gueorgui Vassiliev, 1934) et Les Joyeux garçons, maintinrent la réputation internationale du cinéma soviétique. Le pouvoir stalinien trouve dans le cinéma un formidable outil de propagande (les documentaires fleuves de l’époque martèlent la promesse de lendemains qui chantent), mais les gardiens de la doctrine redoutent aussi ce formidable espace de liberté qu’est le cinéma, élevé au rang d’art par une génération enthousiaste et intellectuelle. Un genre incongru voit le jour au moment même où Staline purge le pays de ses éléments les plus séditieux : la comédie musicale. Lourde, interminable et mensongère, elle met en scène la joie de la vie à la campagne et empreinte à Hollywood ses artifices les plus pompiers. Muselés et persécutés, les cinéastes ont une marge de manœuvre ridicule, mais possible. L’industrie cinématographique est dynamique, et certains films, n’ayant rien qui pourrait choquer les cerbères de la censure, sont de grandes œuvres. Elles sont le fait de réalisateurs qui tiennent une place à part dans leur époque. Mark Donskoï, après la guerre, adapte à l’écran La Trilogie de Maxime Gorki. Peu soucieux de technique, il peint la plaine et le fleuve, les méfaits d’un monde corrompu par l’argent. Cinéaste du passé, il peint la vieille Russie tsariste pour y trouver l’universalité de l’homme russe. A noter, le grand retour d’Eisenstein en 1946 avec Ivan le Terrible, qui restera son testament inachevé. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE économiques du cinéma russe changent peu. D’autres priorités retiennent les autorités. La censure politique disparaît (elle reviendra rapidement) et devient économique. Les films réalisés dans les premières heures de la Russie soviétique, tressent des couronnes de louange à la révolution ou vilipendent l’ancien régime. Le thème religieux n’est plus tabou. Critique caricaturale ou réelle réflexion métaphysique, il fournit un sujet d’aspiration nouveau et quelques productions célèbres comme Le Père Serge de Yakov Protazanov. Mais le jeune cinéma soviétique passe rapidement à la vitesse supérieure et dépasse la simple réaction à l’époque tsariste. C’est un immense mouvement qui naît dans l’enthousiasme, animé par des artistes de talent et obsédés par l’idée de mettre au service d’une société nouvelle un art nouveau. Malgré les pires difficultés matérielles, les réalisateurs bâtissent une réflexion théorique et multiplient les essais expérimentaux. En 1919, Lénine nationalise la production et la distribution et crée l’École nationale de cinéma, l’une des premières au monde. Comme dans d’autres disciplines artistiques, les créateurs connurent un moment de liberté qui s’amenuisa considérablement dans les années 1930. Citons Maïakovski dont trois scénarios sont portés à l’écran en 1918 et Edouard Tissé, futur chefopérateur d’Eisenstein, qui filma le premier anniversaire de la révolution et fut responsable du cinéma dans le premier agit train (des trains qui sillonnaient le pays, bardés de banderoles et de slogans révolutionnaires, et organisaient discours et spectacles à chaque halte). 98 Æ aRts et cuLtuRe Un lent renouveau Avec la mort de Staline en 1953 et l’arrivée de Khrouchtchev au pouvoir, l’atmosphère se détend. Sans pour autant devenir permissive, la société soviétique se détache du sacrosaint culte de la personnalité et exprime sa volonté de se rapprocher de ses spectateurs. Kalatozov, longtemps brimé, sort le mélodramatique Quand passent les cigognes en 1957. Cette œuvre très moderne ouvre la voie à la Nouvelle Vague française. C’est à cette période que des cinéastes majeurs font leur début. Sergueï Paradjanov tourne Les Chevaux de feu (en 1964) et Andreï Kontchalovski Le Premier Maître (en 1965). Le plus célèbre de cette nouvelle génération reste Andreï Tarkovski dont le premier film, L’Enfance d’Ivan, est accueilli en 1962 comme un tournant dans l’histoire du cinéma russe. Cinéaste incontournable qui s’exilera en France, il réalise en 1966 Andreï Roublev, qui retrace la vie et les combats spirituels du célèbre peintre d’icônes. Il croît au génie, à une valeur individuelle de l’être humain qui s’oppose à la barbarie. Avec Solaris, en 1972, contrepoint soviétique de L’Odyssée de l’espace de Kubrick, Tarkovski ne s’occupa pas vraiment de sciencefiction, mais bien plus d’une réflexion sur la connaissance de soi. Avec Le Miroir (1974) et plus tard Nostalghia (1983), Stalker (1979) est un des films les plus puissants de Tarkovski. Au cours d’une longue promenade philosophique, le Stalker est celui qui tente de rallumer l’étincelle divine de l’homme et croit pouvoir faire son bonheur malgré lui. On comprend qu’avec des sujets aussi peu soviétiques, le cinéaste ait été contraint à l’exil. Sous Brejnev, le cinéma est à l’image du reste de la société : il stagne. Cependant, quelques personnalités, et non des moindres, se détachent nettement. Mikhalkov, Panfilov, Iosseliani et Guerman renouvellent le cinéma soviétique. On retiendra le magnifique Mon ami Ivan Lapchine d’Alexeï Guerman. Ce dernier réalisera après la perestroïka Khroustaliov, ma voiture, un film magistral en noir et blanc sur le célèbre complot des blouses blanches de 1953. Truffé de références historiques, il relate le vent de paranoïa et de terreur entourant les derniers moments du régime de Staline. Mais, le cinéma soviétique n’a pas produit que des œuvres pour cinéphiles avertis. Les années 1970 regorgent de comédies et de drames prenant pour cadre le quotidien des Soviétiques et s’attachant à leurs sentiments. Le personnage est individualisé : il a un travail, une famille, des amis, des problèmes de cœur… Nous sommes désormais loin de la rigidité stalinienne. De l’idée, on passe au sujet. Les comédies familiales de cette époque sont aujourd’hui rediffusées à la télévision lors des fêtes de fin d’année. La plus populaire et la plus drôle s’appelle Ironiya sud’by, ili s liokhkim parom ! soit l’ironie du destin, ou une phrase parfaitement intraduisible signifiant littéralement que la vapeur te soit légère et que l’on s’adresse après une séance de bania. L’intrigue est à la fois simple et révélatrice du degré, tout de même élevé, de critique possible. Des amis fêtent la fin d’année au bania et boivent plus que de raison. L’un d’entre eux doit partir à Leningrad pour son travail. Par blague, ils mettent dans l’avion un autre de leur copain, qui, une fois arrivé à l’aéroport de Leningrad ne se souvient ni de sa soirée, ni de son voyage. Il prend le taxi, donne une adresse et le voilà devant chez lui. Le même nom de rue, le même immeuble, la même cage d’escalier, la même serrure et la même clef. Il ne comprendra qu’il est à Leningrad et non à Moscou, qu’au retour de la jolie locataire de cet appartement. La parole libérée Dès les premières heures de la perestroïka, le cinéma est traversé par un vent de libéralisation et d’élargissement de son spectre. Pavel Lounguine marque les esprits en 1990 avec son très politique Taxi Blues, narrant la rencontre d’un chauffeur de taxi taciturne avec une future star du rock, alcoolique et turbulente, interprété par l’inimitable Piotr Mamonov. La scène du musicien qui joue de deux saxophones en même temps, c’est lui ! Eclôt également l’œuvre de Sokourov, dont le formalisme rigoureux et la recherche esthétique déroutent ou enchantent. L’un de ses films les plus récents, L’Arche russe, retrace en 2002 l’histoire et les questionnements de la Russie en suivant la visite à L’Ermitage de Custine, célèbre pour ses assassines Lettres de Russie. Réalisé en « tourné-monté », c’est-àdire en une seule prise d’une heure et demie, ce film conduit le spectateur dans différentes époques. On y croise Pierre le Grand, la Grande Catherine… Autre genre : le réalisme postsoviétique qui s’attache à dépeindre les conséquences de la fin de l’URSS sur la population. A ce titre, La Petite Véra est le film de toute une génération. Vassili Pitchoul y décrit l’ennui et le sentiment d’abandon de la jeune génération, déboussolée et privée d’avenir radieux. A l’inverse, Vitali Kanevski pratique la transe et le merveilleux sur un sujet historique. Dans Bouge pas, meurs et ressuscite, il nous livre en 1989 un tableau des villages entourant les goulags, où les anciens prisonniers s’installaient lorsqu’ils aRts et cuLtuRe √ 99 En dépit de ces difficultés, le cinéma russe renaît de ses cendres. En témoignent les succès du Retour d’Andreï Zviaguintsev, primé au festival de Venise en 2003 et diffusé en France. En Russie, le cinéma est devenu cher. L’époque où il était presque gratuit est bien révolue. Les grandes productions américaines s’imposent, mais si vous voulez découvrir le cinéma russe, vous pourrez vous procurer sur place les classiques en DVD. À noter que depuis quelques années, il n’est pas rare que des affiches de films étrangers soient censurées ou même que des films entiers soient interdits en salle. Le plus souvent, ces films évoquent le thème de l’homosexualité. C’est alors que la loi amalgame interdisant « la propagande homosexuelle et pédophile » prend le relais. Littérature Le nombre de passagers des transports en commun plongés dans leur lecture vous surprendra. Malgré le prix élevé des livres, les Russes persistent à lire beaucoup. Les appartements des lettrés, toujours désargentés, sont souvent remplis de livres jusque dans les faux plafonds. Cependant, la littérature n’est pas en Russie un domaine abstrait réservé à une élite cultivée, elle est vivante, partagée et inscrite dans le quotidien. Tous les Russes connaissent par cœur au moins quelques extraits des poètes nationaux, et certains vont jusqu’à mémoriser des œuvres entières. Un lien quasi sentimental les relie à ces piliers de la littérature mondiale que sont Pouchkine, Gogol ou Tolstoï, comme en témoignent le nombre et la fréquentation assidue des maisons-musées d’écrivains, dans lesquelles les touristes se rendent en quasipèlerinage. Monumentale jusqu’à l’intimidation, foisonnante jusqu’à la confusion, la littérature russe constitue une excellente introduction à la planète Russie. La littérature des origines Vers la fin du Xe siècle, l’alphabet cyrillique vient aux Russes par la voie de la christianisation et de la catéchisation. Deux siècles plus tôt, les moines Cyrille et Méthode en avaient fixé les règles afin d’évangéliser les populations slaves. La langue choisie pour diffuser la bonne parole était un dialecte bulgare compris par la majorité des Slaves. Ce dialecte se fixa et devint la langue savante des fidèles orthodoxes : le slavon, encore aujourd’hui langue de la liturgie. Mais ce dialecte devenu langue écrite n’est plus parlé lorsqu’il s’implante dans la Rus’. Utilisé pour la diffusion des livres saints, il fut rapidement influencé par la langue orale locale donnant ainsi naissance au vieux russe. En marge de la littérature savante, la culture populaire développe un folklore riche et varié : contes, chansons, proverbes, apocryphes et satires seront redécouverts au XVIIIe siècle. Dans le Nord, les bylines, longues mélopées rythmées, étaient consacrées aux héros légendaires du passé de Kiev ou Novgorod. La culture écrite reproduit et adapte le legs byzantin, restreint aux nécessités de la catéchèse ou de la célébration du pouvoir en place. C’est pourquoi il n’y a pas d’ouvrages scientifiques, philosophiques ou artistiques. Cela étant, la Rus’ médiévale connut quelques œuvres originales dont la fameuse Chronique des temps passés, attribuée au moine Nestor et qui retrace l’histoire de la Rus’. L’œuvre la plus remarquable de cette période, est certainement le Dit de la Campagne d’Igor. Il rapporte la lutte du prince Igor contre les Polovtsiens et suggère, idée neuve pour l’époque, une union de toutes les terres russes divisées face à leurs turbulents voisins. On observe dans la littérature du XIVe au XVIIe siècle l’évolution de la langue, la montée de l’idéologie nationale chrétienne et la sécularisation croissante de la société. Mais sa valeur littéraire est très en deçà de la culture orale. Ce gigantesque corpus n’aura pratiquement aucune influence sur la genèse de la littérature moderne, dont les genres furent empruntés au fonds occidental, via le classicisme français. S’esquissait déjà un fossé entre culture savante européanisée et culture populaire, entre l’élite dirigeante et le peuple. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE étaient libérés. Tourné en noir et blanc avec une mise en scène tour à tour centrée sur les visages et largement théâtrale, ce film est l’un des plus touchants de l’après-URSS. L’ouverture de studios indépendants à la fin des années 1990 et l’émergence des grands opérateurs audiovisuels, tel NTV, laissaient présager une importante distribution. Mais cette production est souvent consacrée à la fiction télévisuelle. Les films étrangers envahissent les affiches et les productions locales à gros budget tentent de les imiter. C’est le cas de la série des Trois Brat (frères) qui eut un succès phénoménal. Mêlant violence, image virile du voyou et relents nationalistes, ces films ont, certes, rempli les salles, mais ont éloigné les cinéphiles de la production russe. 100 Æ aRts et cuLtuRe Puis vint Pouchkine Statues, monuments, musées, citations à tout va, la Pouchkinomania ne faiblit pas. Né en 1799 à Moscou dans une vieille famille noble, Alexandre Sergueïevitch Pouchkine est le descendant d’Abraham Hannibal, un Abyssinien noir comme l’ébène, offert à Pierre le Grand par un sultan turc. Comme tous les futurs membres de l’élite russe, il fréquente le lycée de Tsarskoïé Selo, où règnent alors des idées progressistes. Il compose des épigrammes satiriques sur ses contemporains dont le favori d’Alexandre Ier. Des amis lui évitent la déportation en Sibérie, mais pas l’exil qui le fait voyager dans tout le pays entre 1820 et 1826. Cette période de bannissement s’avère prolixe puisqu’il écrit, entre autres : Le Prisonnier du Caucase, Les Tziganes, un roman en vers : Eugène Onéguine et la tragédie shakespearienne Boris Godounov. Même s’il n’a pas participé au soulèvement des Décabristes, nombre de ses amis sont inquiétés. Nicolas Ier l’autorise à rentrer d’exil, le fait étroitement surveiller et s’autoproclame critique et censeur attitré du poète qui aura désormais, maille à partir, avec la censure. Cela ne l’empêche pas d’écrire La Petite maison de Kolomna, un conte satirique. En 1831, il épouse une jeune femme futile et frivole, dont les mondanités accaparent le poète. Bals et fêtes le répugnent vite. Il se réfugie dans l’écriture et compose Le Cavalier de bronze, Histoire de la révolte de Pougatchev et La Fille du capitaine. Il meurt en 1837 dans un duel l’opposant à l’un des Français les plus connus en Russie : Georges-Charles d’Anthès. Mais il ne faut pas oublier que l’effervescence du XVIIIe siècle avait préparé l’arrivée du grand génie. Les travaux linguistiques de Mikhaïl Lomonossov permirent à la langue russe moderne de recevoir ses règles. L’omniscient fondateur de l’université de Moscou introduisit en Russie, une littérature classique conforme aux prescriptions de Boileau. Après la Révolution française, les écrivains se tournèrent vers des références anglaises ou allemandes. Walter Scott, Byron, Gœthe, Schiller ou Hoffmann inspirent Nikolaï Karamzine, le protecteur de Pouchkine qui sacrifia, à l’occasion, à la mode romantique. En plus de fixer la langue moderne, Pouchkine inaugure une grande tradition : face au tsar tout-puissant et autoritaire, c’est l’écrivain qui assume la fonction prophétique et éclaire le peuple. Du romantisme au réalisme Mikhaïl Lermontov (1814-1841) partage avec Pouchkine le fait d’être mort en duel, un exil caucasien et une même conception du poète prophète et combattant. Sa poésie, sombre et pessimiste, se divise en deux corpus : les poèmes historiques et les poèmes exaltant le courage et la liberté des montagnards du Caucase. C’est d’ailleurs lui qui introduit le thème du Caucase dans la littérature russe. Son roman le plus connu est Un Héros de notre temps, publié en 1841. Lermontov s’y attache aux effets qu’exerce la société sur la psychologie de Pétchorine, jeune officier perdant son temps en vaines prouesses sentimentales. Il est froid, insensible et gaspille son énergie. Lermontov nous livre cinq épisodes de sa vie traités séparément, mais qui, ensemble, forment un récit cohérent. Il s’agit du premier roman psychologique russe et la première utilisation du monologue intérieur. Romantique, il a ouvert la voie aux grands prosateurs de la deuxième moitié du XIXe siècle avec ses portraits réalistes des êtres. Dans l’histoire littéraire, le nom de Nikolaï (Nicolas) Gogol (1809-1852) reste lié au réalisme et à l’école naturelle même s’il est définitivement inclassable. Conteur hors pair, Gogol dépeint la vie des campagnes ukrainiennes dans Veillées du village de Dikanka et Mirgorod qui enchantent Pouchkine. Avec Tarass Boulba, récit des guerres entre la Pologne et l’Ukraine, il prolonge le tropisme ukrainien. Les Nouvelles de Pétersbourg regroupant Le Portrait, La Perspective Nevski, Le Journal d’un fou, Le Nez et Le Manteau, abordent un tout autre univers, à la fois fantastique (un personnage se réveille sans son nez, un autre se prend pour le roi d’Espagne) et social (Le Manteau est celui d’un obscur fonctionnaire percevant un salaire de misère). Malgré ces chefs-d’œuvre de la narration, c’est à sa pièce de théâtre Le Revizor (1836) et à son roman Les Ames mortes, publiées en 1842, que Gogol doit sa renommée. Le héros principal va de propriétés en propriétés acheter des âmes mortes, c’està-dire des serfs décédés mais non rayés des écritures comptables, qui lui servent de gage pour emprunter de l’argent. Sombre peinture de la Russie de l’époque, ce récit est l’un des grands romans de la littérature russe et fit de son auteur le porte-drapeau, à son insu, du réalisme critique, représenté par Ivan Gontcharov (18121891) l’auteur du roman Oblomov (en 1859) et par Ivan Tourgueniev (1818-1883) dont les ouvrages les plus connus sont Mémoires d’un chasseur (1852), Premier Amour (1860) et Pères et fils (1862). Les géants du réalisme Les Possédés, Crime et châtiment, Les Frères Karamazov, Le Joueur… Nul besoin de présenter Fiodor Dostoïevski (1821-1881) dont l’œuvre continue de nous fasciner. Il n’a commencé à écrire ses grandes œuvres qu’à 44 ans. A la suite de l’affaire Petrachevski, préparation d’une insurrection contre le régime tsariste, il est gracié in extremis et enfermé dans la forteresse d’Omsk. Soumis aux travaux forcés aRts et cuLtuRe √ 101 La période moderne Si les lecteurs français apprécient le théâtre de Tchekhov (Oncle Vania, La Mouette, Les Trois sœurs, La Cerisaie…), ils connaissent en général moins bien ses nouvelles qui sont un modèle du genre : concision, finesse des détails et densité (La Dame au petit chien, La Steppe, Une histoire triste, La Salle numéro 6 ). Sa langue d’une grande clarté en fait souvent le premier écrivain lu dans le texte par les étudiants en russe. Il a su rendre la vie provinciale et les soubresauts de la société prérévolutionnaire russe intelligible au-delà des frontières de l’empire. Pour preuve : les metteurs en scène occidentaux continuent encore aujourd’hui à faire vivre son œuvre dramaturgique. Si Anton Tchekhov meurt avant la révolution de 1905, Maxime Gorki (1868-1938), lui, jette un pont littéraire entre la Russie tsariste et l’URSS. Il fut l’un des auteurs les plus lus sous l’URSS. Orphelin à l’âge de 11 ans, il vagabonda à travers la Russie, l’Ukraine et la Géorgie, et pratiqua mille petits métiers. Prolétaire, socialiste et révolté, il est l’auteur en 1901 du Chant du pétrel, une allégorie sur l’éminence de la révolution, tout comme l’est sa pièce Les Bas-Fonds. La Mère (en 1906) est d’une remarquable noirceur sociale. Après 1917, il ne tarde pas à dénoncer les atrocités commises par le nouveau pouvoir avant de lancer, plus tard, le réalisme socialiste et de soutenir inconditionnellement le régime stalinien. La littérature de la fin du XIXe siècle, annonciatrice d’un cataclysme social ou prophétesse des lendemains qui chantent, connaît, à l’instar de l’Europe, ses mouvements littéraires en « isme ». Le symbolisme russe, nourri de Poe, Mallarmé, Baudelaire, Wilde et Huysmans, est placé sous le signe de la décadence et du mysticisme. Dimitri Merejkovski (1865-1941), le père de ce mouvement, fulmine inlassablement contre le réalisme jugé trivial et utilitaire. La révolution de 1905 donne un air nouveau à la vie intellectuelle. Les symbolistes Andreï Biély (1880-1934), auteur de Pétersbourg et le poète Alexandre Blok (1880-1921) restent moins à l’écart des réalités de ce monde. L’acméisme, qui renie le symbolisme et souhaite redécouvrir la valeur du quotidien et du réel, est un mot aujourd’hui oublié, mais y participe l’une des plus grandes poétesses du XXe siècle, Anna Akhmatova (1889-1966). Le futurisme eut également ses émules en Russie avec, en tête de file, le singulier Vélimir Khlebnikov. Son œuvre est la quête d’une langue primitive qui serait à l’origine de toutes les autres. L’Age d’argent (on désigne ainsi la période comprise entre 1905 et 1917) est celui d’une avant-garde dont la vitalité et les expériences seront, en grande partie, anéanties par la révolution. Littérature, révolution et stalinisme La majorité des écrivains qui appelaient de leurs vœux la survenue de changements reste finalement perplexe et aurait préféré s’en tenir au réformisme démocratique. L’intelligentsia allait pouvoir vérifier si ses idéaux étaient ou non une vaste illusion. Sergueï Essenine (1895-1925) est un poète marqué par la poésie populaire, un poète paysan convaincu que la paysannerie tiendrait une place de choix dans la société à venir. Il donne à la révolution une interprétation religieuse et s’étonne du manque d’enthousiasme des paysans russes. Ses voyages en Occident le dégoûtent des sociétés industrielles modernes, et son retour au pays en 1924 lui procure le sentiment de ne plus être complètement chez lui. Il se suicide un an plus tard à l’Hôtel d’Angleterre, à Leningrad. Les services secrets l’auraient un peu aidé. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE qui le marqueront à vie, il sort de cet enfer à l’âge de 35 ans. Il écrit là-bas ses Souvenirs de la maison des morts (1860) ainsi qu’un recueil, Le Cahier sibérien où il consigna proverbes, scènes et expressions pris sur le vif dans le milieu des condamnés. Entre Balzac et Proust, Dostoïevski est aussi à l’aise dans la sculpture que dans l’autopsie, représentant avec la même puissance illuminée les êtres simples et les sentiments complexes. Il reste d’ailleurs l’un des grands penseurs de son siècle et a su soulever des problématiques encore d’actualité, telle que l’existence ou non de Dieu... L’autre géant du réalisme est le non moins célèbre Léon Tolstoï (1828-1910). Personnage emblématique, issu d’une famille de la noblesse, mais très préoccupé par le sort du peuple russe. Son superbe domaine de Iasnaïa Poliana, situé dans la région de Moscou est très prisé des touristes russes. En plus d’être un grand écrivain, le comte Tolstoï est une force de la nature qui se passionne autant pour l’agriculture, la pédagogie et le vélo qu’il découvre à l’âge de 67 ans. Tandis que Dostoïevski décrit des êtres tourmentés et maladifs, Tolstoï s’intéresse à des psychologies plus équilibrées. Parmi une multitude d’œuvres, citons sa trilogie autobiographique Enfance, adolescence et jeunesse, l’incontournable Guerre et paix, la très flaubertienne Anna Karénine et la sublime Mort d’Ivan Ilitch, dont Maupassant disait qu’il était prêt à l’échanger contre ses propres œuvres complètes. Quant à son roman Résurrection, il lui valut l’excommunication de l’Eglise orthodoxe. L’ère des grands romans laisse place à des genres plus succincts. Vsevolod Garchine (1855-1888) est le grand nouvelliste des années 1880, tandis que Nikolaï Leskov (1831-1895) donne de magistraux tableaux de la vie du peuple (Chroniques, Gens d’Eglise, L’Aigle blanc, La Fiancée). Mais le maître incontesté de la nouvelle russe demeure Anton Tchekhov (1860-1904). 102 Æ aRts et cuLtuRe A l’inverse, le futuriste Vladimir Maïakovski (1893-1930), auteur du Nuage en pantalon, met spontanément sa fougue au service des bolcheviks. Partisan d’une littérature sociale et utilitaire au service des masses, Maïakovski disloque la langue et la prosodie. Dans sa pièce La Punaise, un petit-bourgeois est congelé pendant la NEP et réveillé en 1979. Il termine dans un zoo comme seul représentant d’une époque révolue. Dans les années 1920, alors que des luttes intestines accaparent le parti, la vie intellectuelle est intense. Les bases du formalisme russe sont posées. Des groupes littéraires comme la Forge, le LEV ou le RAPP ne survivront pas à la reprise en main des lettres soviétiques par Staline. La NEP littéraire avait fait son temps. Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) passe miraculeusement à travers les mailles du filet. Muselé, affamé et rejeté par la critique, il appelle Gorki à l’aide et adresse une lettre mémorable au « Petit Père des peuples ». En 1930, quatre jours après le suicide de Maïakovski, Staline lui répond par téléphone. L’écrivain est autorisé à travailler au théâtre d’art de Moscou, ce qu’il fera jusqu’en 1936. Son roman Le Maître et Marguerite, qui transpose le mythe de Faust dans le Moscou des années 1920, est un livre incontournable. Satire de la vie soviétique, ce texte est également une ode à l’individualisme qui prendra finalement le dessus sur le totalitarisme d’Etat. Les années 1930 sont, du point de vue de la production officielle, d’une pauvreté à peine imaginable. Seuls quelques noms émergent, dont celui de Mikhaïl Cholokhov, prix Nobel en 1965, pour son Don paisible. Les livres deviennent instruments de propagande. De braves paysannes et de courageux soldats réussissent leurs humbles vies à force de travail et d’obéissance. La littérature soviétique Il serait naïf de croire que la politique littéraire répressive de l’époque vint à bout de toutes les plumes. Andreï Platonov, Ossip Mandelstam, Isaac Babel ou Vassili Grossman poursuivent leur travail de romancier clandestinement, en espérant être publiés de manière posthume ou par samizdat, des publications artisanales vendues sous le manteau. Des générations entières purent découvrir des œuvres interdites, recopiées à la machine sur papier carbone ou intégralement photographiées. C’est ce qu’Anna Akhmatova a appelé les « temps prégutenberguiens » de la littérature soviétique et qui concernaient également la musique : une banale radio des poumons pouvait être gravée de microsillons. Les écrivains exilés Vladimir Nabokov, Alexandre Kouprine et Andreï Biély parviennent à vivre de leur travail, mais ne peuvent être publiés en URSS. La mort de Staline en 1953 marque le début d’un lent dégel littéraire. Il est désormais sans danger de parler de Boulgakov, Akhmatova, Sergueï Essenine ou de Boris Pasternak (1890-1960), futur prix Nobel (qu’il fut quand-même obligé de refuser à cause des menaces du régime soviétique) et auteur du Docteur Jivago (1957). Les Soviétiques peuvent lire Hemingway, Zweig, Camus et même Agatha Christie. Les sujets plus personnels, abordant l’être humain comme individu et autrefois conspués, sont enfin autorisés. Se moquer de la bureaucratie et de la nomenklatura n’est plus passible de déportation. Les « Soixantards » forment un petit groupe d’écrivains aspirant à un socialisme à visage plus humain : Evgueni Evtouchenko, Bella Akhmadoulina et Andreï Voznessenski renouent avec la grande tradition poétique russe et remettent la nouvelle au goût du jour. En 1962, se produisit l’impensable : Alexandre Soljenitsyne (né en 1918) publie Une Journée d’Ivan Denissovitch, la description minutieuse d’une journée de la vie d’un bagnard. Le tabou des camps tombait, mais pas ceux de la censure et de la répression. Soljenitsyne quitte l’URSS pour les Etats-Unis en 1974. L’Archipel du goulag, La Roue rouge et Le Pavillon des cancéreux, publiés plus tard, donneront un visage et une voix à l’enfer du goulag. Malgré le lent dégel du monde littéraire, beaucoup d’écrivains choisiront ou seront obligés de continuer à être diffusés par samizdat. C’est le cas de Venedikt Erofeïev (né en 1938) qui deviendra avec Moscou-sur-Vodka le romancier le plus connu de la perestroïka. Dans la phase déclinante de l’URSS, des écrivains exilés comme le Nobel Joseph Brodsky ou le nouvelliste Sergueï Dovlatov sont reconnus à l’étranger. Glasnost La fin de la censure, en 1992, délie toutes les plumes. La graphomanie russe reprend le dessus avec pléthore de sujets et de genres. De nombreuses maisons d’édition sont créées et le public russe, grand lecteur, se rue sur les nouveautés. Les textes délaissent l’idéologie et abordent des thèmes autrefois tabous comme le sexe, l’auto-analyse ou la guerre. Celle-ci permet à toute une lignée d’écrivains d’évacuer certains traumatismes, dont celui de la réécriture soviétique de l’histoire. Citons Récits afghans et La Marque de la bête d’Oleg Ermakov ainsi que Blanc sur noir de Ruben Gonzales Gallego, racontant la vie d’un enfant espagnol attardé mental dans un hôpital psychiatrique soviétique. Plus récemment, Andreï Guelassimov a pour la première fois abordé le conflit russotchétchène, vu du côté des soldats russes dans La Soif (en 2002), poignant portrait d’un jeune militaire rentré défiguré du Caucase. Le thème de la réalité au présent donne lieu à de patients et passionnants portraits d’une société en plein doute et en plein bouleversement. La vie quotidienne et ses méandres restent un sujet de aRts et cuLtuRe √ 103 Cette réalité du temps présent en appelle aussi au roman picaresque avec, par exemple, Je n’est pas moi d’Alexeï Slapovski : le héros se transforme en la personne qu’il voit et devient mafieux, premier secrétaire du parti. Ce genre truculent est également représenté par l’autobiographie d’Ilya Kotcherguine, L’Assistant du chinois. A l’opposé de ce réalisme parfois violent, certains écrivains préfèrent prendre de la distance sur cette drôle de société, et opter pour un certain conceptualisme, en ce sens © VIACHESLAV / SHUTTERSTOCK.COM Littérature contemporaine qu’ils partent d’une idée, de l’image que l’on se fait de la réalité, pour bâtir leurs récits. Mais il s’agit d’un conceptualisme russe, coloré, enlevé et tutoyant le fantastique de la meilleure veine. Le plus connu de ces écrivains se moquant ainsi du réel est Victor Pelevine, largement traduit en français (La Flèche jaune, La Vie des insectes, Omon Ra). Le sulfureux Vladimir Sorokine écrit La Queue, des bribes de dialogues dans une file d’attente gigantesque. Dans La Brèche, Vladimir Makanine décrit une société contemporaine complètement délabrée : au sous-sol, les intellectuels, à l’air libre, le monde totalitaire. Tatiana Tolstaya utilise également le fantastique dans Slynx : les êtres humains sont devenus mi-hommes mi-animaux après Tchernobyl. Le héros devient accro à la lecture, découvre des bibliothèques secrètes et lit sans comprendre. Enfin, une littérature populaire d’excellente qualité inonde les librairies russes et étrangères. Le genre policier atteint des sommets avec Alexandra Marinina, également criminologue, qui entraîne son lecteur dans les différents milieux de la société russe actuelle ; et avec l’incorruptible Eraste Fandorine, personnage principal des romans historico-policiers de Boris Akounine, qui évoque la Russie du XIXe siècle. Andreï Kourkov, scénariste de formation, mêle grotesque et intrigue policière dans Le Monde de Bickford, La Chanson préférée d’un cosmopolite, Le Pingouin, Le Caméléon, L’Ami du défunt et Le dernier amour du Président. Peut-être moins intimidants que les monuments de la littérature russe, ces écrivains multipliant les genres et les approches d’une société déroutante et enthousiasmante que vous vous apprêtez à découvrir, vous surprendront par leur haute fantaisie, leur regard lucide sur le monde et la haute tenue de leur art. Bref, la relève est sur le pont et, bonne nouvelle, elle est abondamment traduite en français. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE prédilection. Dans Feu et poussière, Tatiana Tolstaya montre les difficultés de la vie de tous les jours dans un style baroque flirtant avec le rêve et le conte de fées. Ludmila Petrouchevskaïa décrit, quant à elle, une société où les relations sociales se délitent dans La nuit m’appartient. Une littérature que l’on pourrait qualifier de néo-sentimentaliste, attachée à évoquer ses personnages avec tendresse et compassion, se développe en parallèle. Ludmila Oulitskaïa délivre un message de tolérance et de retour à la vie dans Sonietchka, Médée et ses enfants et De joyeuses funérailles. Victoria Tokareva livre de délicats portraits de femmes dans Happy end. Avec Pastorale Transsibérienne, Oleg Ermakov se projette dans les fastueux paysages de son immense pays. La libération des aspirations permit enfin aux écrivains de donner leur vision du passé soviétique sans passer par la moulinette de la censure. Une Saga moscovite de Vassili Axionov, retraçant la vie d’une famille à travers l’ère soviétique, connut un immense succès. Avec Underground, Vladimir Makanine dresse un bilan des trente dernières années littéraires et artistiques. Irina Denejkina dépeint en 2003 une génération déboussolée se réfugiant dans l’alcool et le sexe dans Vodka-Cola. Statue du poète Vladimir Mayakovsky. 104 Æ aRts et cuLtuRe Médias w LA DAME DE PIQUE & +7 499 406 01 13 www.ladamedepique.ru [email protected] Web-magazine culturel dédié à toute la Russie en langue française (société, arts, voyage, gastronomie…). Le site comporte notamment un agenda des événements culturels à Moscou mais aussi dans les autres régions. w GUIDE TO RUSSIA www.guidetorussia.org Présentation générale et touristique de la Russie. Complète et bien illustrée. En anglais. w PHOTOGRAPHER www.photographer.ru – [email protected] Plongez-vous dans la section « photojournalisme » qui comporte quelques bons reportages sur la Sibérie (Ienisseï, Vladivostok…). Version anglaise disponible. Un bon moyen de prendre contact avec la photographie russe, mal connue en Occident, et avec la Russie contemporaine. w KREMLIN Ulitsa Kreml – MOSCOU ( ) & +7 495 606 36 02 – eng.kremlin.ru M° Okhotny Ryad (ligne 1), Teatralnaya (ligne 2), Plishad Revolutsii (ligne 3) Le site officiel du président russe en anglais. Une ressource où vous trouverez l’information sur l’organisation du pouvoir, les grandes lignes de la politique étrangère et intérieure actuelle et une carte intéressante interactive avec tous les bâtiments se trouvant au Kremlin. w RUSSIA BEYOND THE HEADLINES www.fr.rbth.com Site d’informations généraliste consacré à la Russie, notamment en langue française. Propriété du quotidien gouvernemental Rossiskaïa Gazeta. w MOSCOW MOSCOU ( ) – moscow.ru/fr Un très bon site, avec toutes les informations nécessaires pour votre voyage (visas, restaurants, musées, santé, etc.). Le site est traduit entièrement en français ! w RUSSIE INFO www.russieinfo.com Site d’informations généraliste consacré à la Russie en langue française. w NOUVELLE-EUROPE MOSCOU ( ) www.nouvelle-europe.eu [email protected] Ce site publie des analyses politiques, des dossiers culturels et des points de vue très © STÉPHANE SAVIGNARD intéressants et pertinents sur l’Union européenne, la Russie et globalement les pays de la CEI. Les auteurs sont des étudiants en sciences politiques travaillant sur ces pays et des jeunes professionnels français et étrangers. w RUSSIA TODAY ) – www.rt.com MOSCOU ( Une chaîne d’information russe sur la Russie et sur le monde avec une vision pro-russe et donc nettement dissidente des médias occidentaux. w RUSSIE.NET www.russie.net Un site général sur la Russie et ses relations avec la France, regorgeant de ressources (adresses, liens, informations, culture, etc.). w SPUTNIK NEWS Comme Russia Today, ce nouveau média russe en langues étrangères (version française) a pour tâche de promouvoir à l’international le point de vue du gouvernement russe. w THE MOSCOW CITY GOVERNEMENT ) MOSCOU ( www.mos.ru – [email protected] Le site de la mairie de Moscou est disponible en anglais et donne beaucoup d’informations générales sur Moscou, ses habitants, ses événements majeurs. w VIVRE EN RUSSIE MOSCOU ( ) – www.vivreenrussie.net Le site de la communauté française en Russie. w WAY TO RUSSIA www.waytorussia.net Guide touristique en ligne et en anglais. La section sibérienne est bien fournie. Informations générales et touristiques. Des guides de voyage sur plus de 700 destinations érique Version nouurm lachat offerte pguide papier de tout www.petitfute.com 106 Æ aRts et cuLtuRe Musique Penser à la musique russe, c’est évoquer immédiatement l’aura internationale des opéras de Tchaïkovski ou des concertos pour piano de Rachmaninov. Mais avant le XIXe siècle, la musique russe, soumise à la loi de l’Eglise orthodoxe qui ne tolère que le chant, est inexistante. Cependant, dès qu’elle commence à s’affirmer au XIXe siècle à travers des musiciens de renom, elle reflète l’éternelle hésitation de la culture russe entre Occident et racines slaves. Et, curieuse constatation, le rock russe qui connaît une grande vigueur à partir des années 1980, épouse également la même opposition. Histoire de la musique avant le XIXe siècle Les premiers musiciens professionnels apparaissent à la cour de Kiev au IXe siècle. Ces skomoroki, comme on les appelle, se distinguent par l’originalité des instruments qu’ils utilisent : le rozhok est un instrument à vent, le gusli est un instrument à cordes pincées, et la volinka est une espèce de cornemuse. La conversion de la Russie à l’orthodoxie va conditionner l’histoire de la musique pour plusieurs décennies. Les liturgies orthodoxes sont entièrement chantées, car on considère qu’il ne faut utiliser que des moyens humains. L’Eglise orthodoxe a longtemps considéré tous les musiciens comme profanes, voire comme suppôts de Satan. Seul le carillon ne fut pas prohibé, et l’on comprend pourquoi les Russes sont passés maîtres dans l’exercice de cet instrument. Mais au XVIIIe siècle, Pierre le Grand désireux d’ouvrir la Russie à l’Occident, introduit des musiciens étrangers à la cour. Progressivement, le drame lyrique est de plus en plus apprécié par l’aristocratie. Glinka : la naissance dune musique authentiquement russe Après la tentation occidentale de Pierre le Grand au XVIIIe siècle, la défaite napoléonienne de 1812 provoque un élan de patriotisme en Russie qui se confirme dans les arts aussi. Mikhaïl Glinka (1804-1857) compose deux opéras qui sont considérés comme un tournant dans l’histoire de la musique russe : Une Vie pour le tsar (1836) et Rouslan et Ludmila (1842). L’originalité de ces opéras est de combiner les mélodies populaires russes aux techniques occidentales de composition. L’histoire de la musique reconnaît dans ces deux œuvres le fondement de la musique classique russe, qui ouvre la voie à l’école symphonique. Puis la musique va voir se livrer l’éternelle lutte en Russie entre occidentalistes et slavophiles. Alors que Anton et Nikolaï Rubinstein créent un conservatoire à Saint-Pétersbourg et un autre à Moscou, ils voient s’organiser dans les années 1860 un groupe de musiciens slavophiles décidés à défendre la particularité de la culture russe. Dans cette mouvance, se constitue le groupe des Cinq qui comprend Alexandre Borodine, RimskiKorsakov, Moussorgski, Mili Balakirev et César Cui. Ils n’ont d’autre but que de composer une musique spécifiquement russe. Pour cela, ils utilisent tous les ressorts de la culture populaire, des contes et légendes slaves aux diverses mélodies. La musique qu’ils composent est empreinte de tonalités inédites, résultant d’un savant mélange de musique orientale et de couplets populaires russes. Rimski-Korsakov utilise le lourd corpus de contes de fées russes pour écrire ses opéras. Moussorgski fait revivre le poème de Pouchkine Boris Godounov pour composer son célèbre opéra. Parallèlement au groupe des Cinq, s’affirme la personnalité qui allait marquer profondément l’histoire de la musique : Piotr Tchaïkovski. Il donne à ses opéras et ballets un son particulièrement russe. Ses opéras La Dame de Pique et Eugène Onéguine font désormais partie des grands classiques. C’est à la fin du XIXe siècle que la musique russe prend toute son ampleur : ses conservatoires de Moscou et de Saint-Pétersbourg jouissent alors d’un immense prestige. Bouillonnement artistique du début du XXe siècle Puis au début du XXe siècle, trois personnages marquent la scène musicale : le pianiste Rachmaninov, qui compose des opéras, des symphonies, des concertos pour piano et développe un style de musique très particulier. Après la révolution, il quitte la Russie et fait une brillante carrière de concertiste à l’étranger. Scriabine qui fait revivre la tradition mystique russe se fait aussi le précurseur d’un nouveau style de musique : la musique sérielle. Notons aussi le talent du chanteur Chaliapine. Ils ont tous les trois étudié au conservatoire de Moscou. Deux autres grands noms de la musique russe de l’époque sont Stravinski et Prokofiev. Les tournées à l’étranger du danseur Diaghilev rendront très célèbres les ballets de Stravinski L’Oiseau de feu et Petrouchka. La musique de ce compositeur est comme celle de Rachmaninov, tout à fait inclassable. Le Sacre du printemps fit scandale en Occident par son modernisme. L’autre grand nom de ce début de XXe siècle est Prokofiev avec sa Symphonie classique (ou : Symphonie n° 1 en ré majeur). Avec les danseurs Diaghilev et Nijinski, le chanteur Chaliapine et le compositeur Stravinski, l’effervescence de la création musicale et chorégraphique est à son comble à la veille de la révolution de 1917. aRts et cuLtuRe √ 107 Révolution : une nouvelle page La révolution emporte d’abord la musique dans un formidable élan créatif. L’art musical, intrinsèquement lié à la marche militaire n’est pas pour déplaire aux Bolcheviks qui en font, tout comme le cinéma, l’un de leurs instruments favoris de propagande. Il s’agit d’encourager le peuple au travail et de l’enthousiasmer par la musique. Par ailleurs, l’opéra devient accessible au peuple et connaît donc un formidable essor. Le grand nom de ces années-là est Dmitri Chostakovitch, dont le chef-d’œuvre est l’opéra Le Nez (en 1930). La musique au pas La perestroïka insuffle un vent de liberté nouvelle qui provoque une frénésie de créations. C’est alors l’explosion de la musique rock. A la fin des années 1960, les premiers groupes de rock russe commencent à se constituer. Une première étoile du genre s’affirme en la personne de Iouri Morozov qui crée un rock russe psychédélique. Au début des années 1980, la première scène de rock underground se constitue. Mais ce rock ne ressemble pas à ce que l’on connaît, il s’agit de savantes compositions entre le rock que l’on peut écouter en fraude à cette époque, comme les Beatles, et le chant des bardes russes traditionnels. Naissent alors les groupes mythiques de la scène russe : Kino, Machina Vremeni, Nautilus Pompilius, DDT et Akvarium. Les paroles tournent autour de tous les problèmes rencontrés dans la vie quotidienne, alcoolisme, violence et crime. Mais radios et télévisions ignorent encore tout de ces nouveaux génies du rock qui se font connaître par le bouche à oreille. Puis ces groupes apparaissent enfin à la lumière et acquièrent rapidement un succès international auprès de la jeunesse russe. Plus que du son, la musique rock va entraîner autour d’elle une façon de penser, une façon de vivre et de s’habiller. Ainsi, un premier groupe va développer une mouvance occidentalisante. C’est le groupe Mumiy Troll, originaire de Vladivostok qui ouvre le bal au milieu des années 1990, en laissant filtrer dans le rock russe des sons beaucoup plus occidentaux. Ce style que l’on appelle en général Rockapops va être repris par d’autres groupes comme la très populaire Zemfira et plus tard Zvéri. Une radio spécifique Naché Radio est même créée pour promouvoir ce type de rock. On peut classer dans cette catégorie le fameux groupe t.A.T.u, qui fait souvent parler de lui dans la presse occidentale, et le groupe de Heavy Metal Ariya. Une deuxième catégorie de rock se distingue par des orchestrations plus slaves et des apports de musique populaire. Cette fois-ci, c’est le groupe « Zvouki Mou » c’est-à-dire le son « mou » qui ouvre la marche. Leurs textes sont littéraires et leur musique offre un savant mélange de classicisme et de douce folie à la russe. Chez d’autres groupes, on entend des accordéons et des balalaïkas, voire des chœurs tout droit sortis de l’Armée rouge comme chez le groupe Lube absolument phénoménal. Les thèmes de ce groupe sont en phase avec les préoccupations quotidiennes de l’homme de la rue qui trouve que son pouvoir d’achat a baissé depuis les privatisations. La chanson se terminera aisément en danse russe traditionnelle (kazat chot). Le groupe de Ska Leningrad s’inspire de chansons de poivrots pour hurler les mélodies les plus truculentes. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Mais avec la création en 1932 de l’Union des compositeurs soviétiques, la musique doit s’attacher à décrire « la réalité dans son développement révolutionnaire ». Ainsi Staline commence-t-il à s’attaquer à Chostakovitch pour son opéra Lady Macbeth du district de Mtsensk. S’amorce alors une grande opération de lutte contre la musique d’avantgarde, marquant la fin d’une époque. Chostakovitch doit alors obtempérer dans le sens voulu par les autorités, même si sa musique continue subtilement à marquer des signes de résistance. Dans les années 1940 et 1950, la musique occidentale est même interdite. Puis en 1948, durant le premier congrès, plusieurs musiciens, dont Chostakovitch et Prokofiev sont incriminés du crime de « culte de l’atonalité, de la dissonance et de la disharmonie ». A l’instar de la peinture où le pouvoir ordonne de représenter des ouvriers heureux de travailler et des paysans heureux de moissonner, la musique doit être joyeuse et optimiste. Après une brève relâche de la censure pendant le dégel sous Khrouchtchev, ce qui aura offert le luxe d’écouter tranquillement la Dixième Symphonie de Chostakovitch, la censure reprend le dessus avec l’arrivée de Brejnev. Alors que la composition musicale est sévèrement encadrée, tous les plus grands interprètes sortent des conservatoires russes qui acquièrent alors une réputation invincible. Premiers prix de tous les concours internationaux, acclamés par l’Occident, tous les grands chanteurs et musiciens russes atteignent une perfection qui confine à la légende. L’histoire se souvient encore du pianiste Sviatoslav Richter ou du violoncelliste Mstislav Rostropovitch. Un grand nombre de ces artistes préfèrent d’ailleurs s’exiler. Pendant que l’avant-garde restée au pays et privée de concerts vit des moments très difficiles, deux formes de dissidence vont apparaître. Celle des bardes comme Vladimir Vyssotski (auteur-compositeur-interprète, mais également acteur !) et Boulat Okoudjava (auteur-compositeur, poète et chanteur) qui proposent des concerts underground, dans les appartements et les passages souterrains. Et une grande nouveauté sur la scène musicale russe : le rock fait son apparition en underground à partir de la fin des années 1960. Le rock russe : naissance dune légende 108 Æ aRts et cuLtuRe Musiciens et chanteurs célèbres Fédor Chaliapine (1873-1938) Acteur doué, et basse incomparable, pendant 40 ans, il a fasciné le public par la beauté, l’expressivité et la puissance de sa voix. Il a chanté à Pétersbourg depuis 1894, notamment au Mariinsky. A partir de 1899, il se produisit également au Bolchoï à Moscou. Ami de Gorki et de Repine, il émigra en 1922 à Paris, où il mourut. Son appartement pétersbourgeois est devenu un musée. Dmitri Chostakovitch (1906-1975) L’un des plus grands compositeurs du XXe siècle. Pianiste, pédagogue, issu du Conservatoire de Leningrad, où il enseigna dans les années 1930, il a abordé tous les genres musicaux, y compris la musique de théâtre et de films. Il a laissé quinze symphonies, dont la Septième, commencée pendant le blocus de la ville en 1941 et dédiée à Saint-Pétersbourg. Elle fut interprétée pendant le blocus, le 9 août 1942, sous la direction de Karl Eliasberg, par des musiciens restés dans la ville. Mikhaïl Glinka (1804-1857) Issu d’une riche famille noble, ce compositeur, qui étudie d’abord la musique en dilettante, allait devenir le père de la musique classique à caractère proprement russe. Né à Saint-Pétersbourg, il y a passé sa jeunesse, pris ses premiers cours de piano et composé ses premières œuvres. Revenu dans sa ville natale en 1834, après quatre années passées à l’étranger, il y a composé deux opéras : Une Vie pour le tsar et Rouslan et Ludmila. De 1837 à 1839, il a dirigé la chorale de la chapelle impériale. Son cycle vocal, les Adieux à Saint-Pétersbourg, est dédié à l’ancienne capitale. Alexandre Glazounov (1865-1936) Compositeur, chef d’orchestre, il fut professeur et, au début du siècle dernier, directeur du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Ce grand compositeur russe, auteur d’œuvres symphoniques contribua au développement de la musique de chambre et de ballet. Ses ballets, dont Raymonde est le plus connu, ont été mis en scène à SaintPétersbourg. Il est mort à Paris et ses cendres furent transportées à Leningrad en 1972. Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908) Compositeur, pédagogue, chef d’orchestre. Son œuvre, originale, est d’un caractère profondément national. On lui doit quelques symphonies, cantates, romances, ainsi que quinze opéras, dont Pskovitianka (La jeune fille de Pskov), Sniegourotchka (La Demoiselle des neiges), Sadko, et La Fiancée du tsar. Professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, il eut pour élèves plusieurs grands compositeurs, comme Glazounov, Stravinski ou Prokofiev. On peut visiter son appartement-musée, et sa maison à Tikhvine, dans la banlieue de Saint-Pétersbourg. Modeste Moussorgski (1839-1881) Le célèbre compositeur, vécut, à partir de 1849, à Saint-Pétersbourg. Il composa plusieurs opéras, dont les drames populaires musicaux Boris Godounov et Khovanchtchina, un cycle pour piano intitulé Les Tableaux d’une exposition, et quelques cycles de mélodies pour chant et piano. C’est sans doute dans ce dernier genre qu’il excelle le mieux. Sa musique, profondément novatrice, n’a été reconnue qu’au cours du siècle suivant. Debussy et Ravel y ont porté un intérêt tout particulier. Moussorgski a influencé la plupart des grands compositeurs du XXe siècle. Anton Rubinstein (1829-1894) Compositeur et chef d’orchestre, il est toujours considéré comme l’un des plus grands pianistes du monde. Créateur d’opéras (dont Le Démon, le plus connu), de concertos et d’œuvres symphoniques, il joua un rôle déterminant dans le développement de la culture musicale russe. La Société russe de musique et le Conservatoire de Saint-Pétersbourg, le plus important de Russie (où il a enseigné et qu’il a dirigé pendant dix ans), ont été fondés à son initiative. Piotr Tchaïkovski (1840-1893) Compositeur, chef d’orchestre, pédagogue. Il termina le Conservatoire de Saint-Pétersbourg dans la classe de composition de Rubinstein. Tous les genres musicaux sont représentés dans son œuvre. Ses six symphonies, ses opéras (Eugène Onéguine, La Dame de pique) appartiennent aux chefs-d’œuvre mondiaux. Il fut un novateur dans le genre du ballet : Le Lac des cygnes, La Belle au Bois dormant et Casse-noisette, qui inaugurent le ballet symphonique, auront une influence déterminante sur l’évolution de l’art chorégraphique. Igor Stravinski (1882-1971) Compositeur, chef d’orchestre, il a été l’élève de Rimski-Korsakov. Les premières de ses ballets L’Oiseau de feu, Petrouchka, Le Sacre du printemps ont été présentées par la compagnie des Ballets russes, en 1910-1913, à Paris. Le caractère extraordinairement novateur du Sacre provoqua, lors de sa création, un énorme scandale. A partir de 1914, Stravinski vécut à l’étranger, en Suisse d’abord, en France ensuite (il sera naturalisé Français en 1936) et enfin aux Etats-Unis où, en 1945, il renonce à la nationalité française pour devenir citoyen américain. A cette existence mouvementée correspond une création protéiforme, sans cesse renouvelée, où toutes les acquisitions du passé semblent s’être conjuguées à toutes les découvertes du présent. aRts et cuLtuRe √ 109 Peinture Sous l’influence de Byzance, de qui elle a reçu religion, art, architecture, et littérature, la peinture en Russie est dominée jusqu’au XVIIIe siècle par les thèmes religieux. Suivant des règles strictes, ces œuvres sont souvent le fait de peintres grecs invités à travailler dans le pays et qui enracinent et perpétuent la culture byzantine. C’est avec Pierre le Grand et sa fameuse ouverture européenne que l’art s’émancipe du religieux et renouvelle ses sujets. Installant la capitale à Saint-Pétersbourg, il la coupe des influences culturelles traditionnelles de Moscou afin d’amorcer une nouvelle orientation picturale. Pour cela, il fait venir des peintres étrangers pour former les artistes russes. S’ouvrant à la peinture allemande, française et italienne, la création russe prend un nouvel essor. Ainsi une dichotomie se crée entre Moscou qui devient le sanctuaire de l’art religieux et Saint-Pétersbourg où prend naissance une nouvelle école de peinture. Les Ambulants : naissance de la peinture sociale Cette peinture réaliste conduit progressivement à une peinture sociale qui s’incarne dans le mouvement des Ambulants dont les œuvres à thèmes sociaux se font revendicatives. On les appelle ambulants parce qu’ils sillonnent la Russie pour éveiller le monde paysan à l’art. L’artiste phare de ce mouvement est Ilya Repine dont les œuvres majeures Les Haleurs de la Volga (1870-73), Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie (1880-91) et Ivan le Terrible tue son fils (1885), font grande impression sur la Russie de l’époque par leur réalisme cru et l’impression de vie qui s’en dégage. © STÉPHANE SAVIGNARD Du Xe au XVIIIe siècle : influence de Byzance puis de lOccident phare : le parallèle entre le travail de la terre et la maternité. Puis deux artistes dominent le deuxième quart du XIXe siècle Karl Bryullov et Alexandre Ivanov (1806-1858). Ils contribuent à frayer à la peinture russe une voie propre, indépendante des grands modèles étrangers. « Le Dernier jour de Pompéi est le premier jour de l’art russe », s’exclame un critique devant la toile de Bryullov. L’artiste acquiert alors une réputation dans tout l’Occident. Quant au régime soviétique, il considèrera cette œuvre comme la représentation de la décrépitude de l’ancien régime, vouée à s’effondrer. Puis la peinture russe explore la veine réaliste avec notamment Vassili Perov (1834-1882) qui exploite des thèmes sociaux comme l’alcoolisme. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE La peinture russe s’est d’abord formée en suivant des modèles extérieurs. L’art byzantin demeure l’influence principale jusqu’au XVe siècle, puis à partir du XVIIIe siècle et sous l’influence de Pierre le Grand de Russie prend connaissance et s’inspire des peintres français, allemands et italiens. C’est à partir du XIXe siècle qu’elle trouve sa voie unique et originale qui aura des répercussions sur la création artistique au niveau mondial. On peut considérer que la peinture russe a connu deux âges d’or. La peinture d’icônes qui domine jusqu’au XVe siècle, puis l’avant-garde russe et l’art pour l’art à la fin du XIXe siècle et jusqu’en 1925. Et, phénomène remarquable, cette avant-garde saura retrouver dans une création authentique et originale la spécificité de l’art russe de l’icône. XIXe siècle : émancipation de la peinture C’est à partir du XIXe siècle que la peinture russe s’émancipe des modèles précédents pour trouver sa propre voie. A contre-courant de la vogue du néoclassicisme qui met à l’honneur l’art antique de la Grèce et de Rome, une figure se distingue par l’inventivité de ses créations : Alexeï Venetsianov. Ce peintre s’inspire de la vie rurale dont il exprime le charme et la sérénité en représentant de façon bucolique de très belles scènes de genre. Son tableau, L’été, représentant une paysanne donnant le sein à son enfant est emblématique de son thèmePeintre de rue sur la Place Rouge. 110 Æ aRts et cuLtuRe De lart à visée sociale à lart pour lart C’est à partir de 1885 et jusqu’en 1925, que la Russie connaît une véritable effervescence artistique qui rayonne sur la scène culturelle internationale. Le centre de ce bouillonnement est le domaine d’Abramtsevo de Savva Mamontov où se réunit tout le milieu de la peinture, de l’architecture et de la sculpture. C’est là que se développe le courant symboliste qui influence le monde entier en créant une rupture radicale avec le réalisme. Le folklore national est célébré comme source d’inspiration. C’est un peintre fréquentant Abramtsevo qui rompt avec la tradition de la peinture sociale assise par les Ambulants, et qui donne alors à la création artistique une ampleur toute nouvelle. Ce peintre s’appelle Mikhaïl Vroubel et de son obsession pour le diable va naître une œuvre à tonalité fantastique absolument remarquable (cf. Démon assis, en 1890 et le Démon terrassé, en 1902). Il sera ainsi, à contre-courant du mouvement de l’art social alors en vogue, le précurseur de l’art pour l’art, voire de l’Art nouveau. En 1898, se constitue un groupe d’artistes revendiquant « l’art pour l’art », version russe du Jugendstil (Art nouveau) allemand et de l’Art nouveau français. Ils cherchent à décloisonner les différents types d’art, théâtre, peinture et littérature. La revue qu’ils créent, Le Monde de l’art aura une grande répercussion dans la suite de la création. La grande époque de lavant-garde C’est alors que naît l’avant-garde russe, pierre angulaire de l’histoire de l’art. Le précurseur en est Kandinsky qui oriente la peinture vers l’abstrait pour ne faire ressortir que les couleurs et tourner la peinture vers l’esprit plus que vers la matière. La deuxième grande figure de cette avant-garde est Kazimir Malevitch dont le fameux Carré noir sur fond blanc, qui est un carré noir sur une toile blanche, annonce une réelle rupture dans l’histoire de l’art, coupant la création de la représentation du réel pour l’emmener explorer des dimensions complètement inconnues dans les lignes et les matières, ce que Malevitch lui-même appellera le « suprématisme ». Quant au peintre et sculpteur Vladimir Tatline (1885-1953), il se fait le précurseur du constructivisme. Par ailleurs, Marc Chagall, qui passe la plus grande partie de sa vie à l’étranger, berce ses toiles de rêve enchanté dans des tons oniriques mâtinés de fantastique. Enfin, Kouzma Petrov-Vodkine s’inspire de la peinture d’icônes. Il utilise dans les règles de l’art de la peinture d’icônes, des rouges vifs et la couleur dorée, symbolique de la divinité. Il donne ainsi à ses personnages la même luminosité que les saints iconiques. Du réalisme socialiste destructeur à lunderground créateur Avec la révolution, deux tendances apparaissent, les artistes qui acceptent d’appliquer le réalisme socialiste tel qu’il est défini en 1932 et ceux qui choisissent l’exil. Les canons socialistes imposent de représenter la vie des paysans et des ouvriers sous le jour le plus favorable, pour montrer l’enthousiasme apporté par la révolution. L’art est l’un des plus grands moyens de propagande de l’Etat qui n’hésite pas à l’utiliser pour rendre visuelle son idéologie. Ainsi le métro, construit dans les années 1930 est hautement symbolique car il doit prouver que le socialisme peut faire aussi bien que le capitalisme, aussi nombre d’artistes sont-ils appelés à venir le décorer. Beaucoup d’artistes qui ne respectent pas les canons sont interdits d’exposition. Mais jusqu’en 1945, il n’y a pas de dissidence picturale ni d’underground. C’est avec le dégel de Khrouchtchev à partir de 1953 que commence une nouvelle période. De nombreux artistes violant les dogmes du réaliste socialiste proposent une peinture novatrice voire révolutionnaire. Commence l’époque des expositions d’appartement où l’on montrait les tableaux interdits. Et c’est à la fin des années 1960 qu’on assiste à une séparation entre l’art officiel et le non officiel. C’est alors la naissance d’une peinture d’opposition : Ilya Kabakov, Vitaly Komar et Alexandre Melamid détournent les clichés du réalisme socialiste pour contester une façon de vivre. 1974 marque une date phare : les artistes décident d’organiser des expositions publiques : l’une d’elles sera écrasée par un bulldozer. Depuis les années 1980, l’art, qui n’a plus besoin de correspondre à un modèle ou de s’opposer à lui, se cherche une nouvelle voie. De ce fait, la création connaît une sorte de vide et se cherche de nouveaux repères. On voit réapparaître depuis quelques années des expériences intéressantes et innovantes. Nicolas Polissky et Constantin Batynkov réalisent des performances artistiques très originales dans d’anciens kolkhozes, mettant à contribution toute la population agricole et plaçant la réalisation artistique au cœur même de ce qui fut la production politique. Festivités Janvier w ANCIEN NOUVEL AN ( ) 13 janvier. Le 13 janvier, porte le nom oxymore d’ « ancien nouvel an ». C’est effet la date du nouvel an dans l’ancien calendrier. En ce jour, les Russes cuisinent des varenikis. C’est un plat slave de pâte sans levain farcie à la viande, aux pommes de terre, aux champignons, aux fruits, etc. Mais à cette occasion spéciale, on ne mange pas que des varenikis simples, certains d’entre eux étant également farcis avec des surprises censées délivrer des augures pour l’année à venir : un varenik avec un petit morceau de sucre sera symbole de douceur de vivre, un autre avec un fil de laine prédit un long voyage, un autre avec une pièce est bon signe pour les affaires à venir... Bref, invité dans une famille ce jour là, mâchez avec prudence si vous voulez profiter de l’année à venir ! w FÊTE DE LA BÉNÉDICTION DE L’EAU ( ) 19 janvier. Ce jour-là (non chômé), les croyants vont à l’église chercher de l’eau bénite. Traditionnellement, les Russes plongeaient dans l’eau par des trous de glace bénis par les prêtres afin de laver leur âme de leurs péchés. w NATIVITÉ DU CHRIST ( ) Noël russe, le 7 janvier. Le calendrier julien de l’Eglise orthodoxe russe retardant de 13 jours sur le calendrier grégorien, la Nativité du Christ est fêtée le 7 janvier. Introduite en Russie, au Xe siècle, avec le christianisme, cette fête était considérée par l’Eglise orthodoxe comme la deuxième en importance après celle de Pâques. w NOËL ORTHODOXE ( ) SAINT-PÉTERSBOURG ( ) Le 6 janvier. L’ancien calendrier russe (calendrier julien, avant 1917) possédait deux semaines de retard sur le calendrier utilisé en Occident, ce qui explique la différence de date. Célébrations spéciales dans toutes les églises, mais particulièrement à Notre-Dame-de-Kazan et à la Laure Alexandre-Nevsky. Coupe du monde de football 2018 C’est la Fédération de Russie qui doit accueillir le prochain Mondial de foot en 2018. Comme pour les JO d’hiver de Sotchi 2014, l’événement est prétexte à des chantiers colossaux et lancés au pas de course. Les matchs de la compétition seront répartis entre Kaliningrad (enclave européenne de Russie) et Ekaterinbourg (Oural). Alors que des budgets démesurés avaient été annoncés pour la construction de nouveaux stades et autres infrastructures-vitrines, les autorités russes ont revu dernièrement leurs ambitions à la baisse, notamment à cause de la crise économique. Mais une chose est sûre : la Russie s’apprête à recevoir le monde en grandes pompes à l’été 2018. DÉCOUVERTE Si le jour de fête tombe par exemple un jeudi, le vendredi et le samedi deviennent chômés aussi, mais on travaille le dimanche pour remplacer le samedi ou le vendredi. Si le jour de fête tombe un dimanche, le lundi qui le suit devient aussi un jour férié.L’année scolaire commence le 1er septembre et se termine fin mai. Les vacances scolaires se résument à une semaine en novembre et en mars, et à deux semaines au mois de janvier. L’année universitaire commence entre le 1er et le 15 septembre et se termine fin mai-début juin. Les vacances d’hiver ont lieu d’habitude du 25 janvier au 8 février. Depuis 2004 et pour éviter les nombreux jours de « maladie » que les Russes prenaient pendant la période des fêtes de fin d’année, il a été décidé de créer un congé de 10 jours à l’échelle nationale, du 1er au 10 janvier. Il n’est pas rare de recommencer à travailler le dimanche si c’est le 11 janvier. Par ailleurs, au début de son troisième mandat, Vladimir Poutine a décrété plusieurs jours fériés au début de mai en plus des 1er et 9 mai déjà chômés, ce qui fait que dorénavant, presque personne ne travaille la première dizaine du mois.En moyenne, les congés payés durent 24 jours. La plupart des Russes préfèrent prendre leurs congés en été, pour se consacrer à leur datcha ou aller au bord de la mer. La saison des datchas commence vers le 1er mai et se termine vers le 1er octobre. 112 Æ Festivités w NOUVEL AN ( ) 1er janvier. C’est à la suite d’un décret de Pierre le Grand, daté de 1699, que la Russie a commencé à compter les jours à partir du 1er janvier. Le très européen empereur de Russie avait décidé que son pays ne devait plus se distinguer des autres pays européens en célébrant le passage à la nouvelle année au début de l’automne. Cette tradition païenne et paysanne, qui voulait que l’année commence en même temps que les activités agricoles, n’a pas été pour autant complètement oubliée. Le jour de l’an, aujourd’hui encore, est l’occasion de grandes fêtes familiales qui gardent les traces des vieilles coutumes plongeant dans la nuit des temps et marquées, jusqu’à l’Epiphanie, par la quête du soleil printanier : dans les campagnes, on allume de grands feux de joie en hommage au soleil. Plus généralement, on se réunit autour d’un sapin et, après s’être embrassé sur la bouche et s’être dit le traditionnel S’novym godom ( « à la nouvelle année »), on mange et on boit plus que de raison. wwLe 2 janvier, également férié, les enfants sont à l’honneur ; ils découvrent sous le sapin les cadeaux du Grand-Père Gel et de la Reine des Neiges. Février w FESTIVAL DU MASQUE D’OR « ») ( MOSCOU ( ) www.goldenmask.ru Le festival a lieu dans des dizaines de quartiers de la ville à partir de février jusqu’à la mi-avril. Cela vaut la peine d’acheter des billets à l’avance. Un des plus grands et des plus prestigieux festivals de théâtre dans le pays, combinant performances de tous styles, ainsi que de l’opéra et du ballet, de l’opérette et divers spectacles. C’est en quelque sorte l’équivalent russe de notre Festival d’Avignon. Et quand on connaît l’amour que portent les Russes au théâtre, cela veut dire quelque chose. w JOUR DU DÉFENSEUR DE LA PATRIE ) ( 23 février. Il n’y a pas si longtemps, c’était la fête de l’Armée soviétique. Elle est devenue aujourd’hui la fête (non chômée) des Héros et s’est étendue à tous les hommes. Tous, les jeunes gens et les vétérans surtout, reçoivent des félicitations et des cadeaux. Partout, à la maison, au travail, dans les écoles et les universités, mais principalement dans les établissements militaires, on se réunit autour des repas de fête joyeusement animés. w RECONSTITUTION DE LA BATAILLE D’EYLAU KALININGRAD ) ( En février. Une reconstitution historique pour commémorer la bataille d’Eylau en 1807, où près de 120 000 hommes s’affrontèrent entre l’Empire russe alliée à la Prusse d’un côté et l’Empire français de l’autre. La victoire acquise par Napoléon Ier sera ternie par le coût en vies humaines et par la perte d’officiers de valeur. Mars w CHYL PAZY ( ) ) ABAKAN ( www.khakassia.travel Le 22 mars. Le Nouvel An Khakasse est traditionnellement célébré à l’équinoxe de printemps. C’est l’occasion de célébrations autochtones venues de temps immémoriaux. À un moment où la culture khakasse est en plein renouveau et s’affirme harmonieusement avec la culture russe, c’est l’occasion de mettre en valeur gastronomie et boissons locales (khan talgan, airan), rites chamaniques, danses et feux de purification dans une joyeuse ambiance authentiquement folklorique comme on n’en voit qu’en Russie. À vivre ! w CONCOURS INTERNATIONAL DE CHANT « LE ROSSIGNOL D’AMBRE » ( « ») KALININGRAD ) ( www.yantsolzara.ru Une semaine au début du printemps, toutes les années paires. La prochaine édition aura lieu du 28 mars au 5 avril 2016. Organisé sous l’égide du ministère russe de la Culture, cet événement est consacré à la musique vocale de chambre. Artistes de Russie et du reste du monde. L w FÊTE DE LA FEMME ) ( 8 mars. La journée internationale de la Femme est très suivie en Russie. Institution du calendrier soviétique, cette fête confirmait l’égalité de droits entre hommes et femmes dans la patrie des soviets. Même si cela était très relatif dans les faits. Il est de coutume d’inviter sa dulcinée au restaurant, de se fendre d’un compliment joliment tourné, de participer aux tâches ménagères et, surtout, d’offrir des fleurs à toutes les femmes de son entourage proche. Messieurs, si vous faites montre d’aucune attention ce jour-là, c’en sera fini de votre carrière de Don Juan ou de gendre idéal. Festivités √ 113 Avril w DANCE OPEN – FESTIVAL INTERNATIONAL DE BALLET ( ) ) SAINT-PÉTERSBOURG ( www.danceopen.com Chaque année pendant une semaine durant la deuxième quinzaine du mois d’avril. Rencontres durant lesquelles se produisent non seulement les plus grands danseurs du Mariinsky, w PÂQUES ORTHODOXE ( ) SAINT-PÉTERSBOURG ( ) www.pravoslavie.ru/pasha.htm La Pâques orthodoxe est en général fêtée une semaine après la fête de Pâques des catholiques romains mais ce n’est pas toujours le cas. Fêtées simultanément en 2014 (le 20 avril), leurs dates diffèrent en 2015 (12 avril pour les orthodoxes et 5 avril pour les catholiques) et 2016 (1er mai pour les orthodoxes et 27 mars pour les catholiques). C’est une fête très importante en Russie. Ne manquez pas de passer dans les églises, notamment Notre-Dame-de-Kazan, pendant la semaine sainte et surtout la veillée pascale. Un grand spectacle vous attend. Mai w FESTIVAL INTERNATIONAL DE FEUX D’ARTIFICES DE MOSCOU ( « ») Drakino – SERPUKHOV ( ) & +7 495 995 19 07 www.kaleydoskop-firefest.ru [email protected] Sur l’île Drakino, à Serpukhov, à 100 km au sud de Moscou. Le festival se déroule aux beaux jours, une fois par mois de mai à septembre/octobre. Compter 400 RUB par pers. Des équipes professionnelles du monde entier viennent présenter leurs spectacles pyrotechniques en espérant décrocher la timbale. Le spectacle n’a pas lieu que dans le ciel puisque de nombreux concerts et DJ sont programmés en plein air durant la soirée. © JACKF – FOTOLIA w PÂQUES ( ) Pour l’Eglise orthodoxe, cette fête est la plus importante, elle symbolise le passage de la mort à la vie, de la terre au ciel. On célèbre Pâques le premier dimanche qui suit la pleine lune du 21 mars (le 21 mars si c’est un dimanche), toujours après la Pâque juive. du Bolchoï et de toute la Russie mais aussi du monde entier (Opéra de Paris, American Ballet, etc.). Les danseurs amateurs et professionnels peuvent également participer à des Master Class dispensées par les meilleurs artistes de leur discipline. Un rendez-vous incontournable de danse classique DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE w MASLENITSA ( ) La semaine précédant le Grand Carême orthodoxe, donc plutôt vers le début du mois de mars mais les dates varient chaque année. Originaire des temps païens immémoriaux, c’est la fête qui célèbre la fin de l’hiver et l’arrivée des beaux jours. Partout en Russie, pendant toute la semaine, on mange des crêpes, on organise des concerts folkloriques, des jeux, des foires, des promenades en traîneau. C’est l’équivalent du Mardi gras slave. Mais si cette fête est liée au calendrier religieux (elle a lieu la dernière semaine avant le Grand Carême), elle est bien de source païenne. Tout un rituel lui est associé. On se retrouve dans une des forêts proches de la ville, et l’on fait un grand feu autour duquel on danse en regardant se consumer une poupée de chiffon qui représente l’hiver que l’on chasse et le printemps que l’on réclame. Les blinis que l’on mange sont eux aussi chargés de symboles : cuits dans le beurre (maslo), ils ont donné le mot maslenitsa, mais, ronds et jaunes comme le soleil, ils annoncent aussi le retour du printemps. Pâques Russe. 114 Æ Festivités w FESTIVAL INTERNATIONAL SERGUEI KOURIOKHINE ( ) ) SAINT-PÉTERSBOURG ( kuryokhin.com Compositeur russe, Serguey Kouryokhine était l’un des leaders de la scène underground de Léningrad dans les années 1970. Ce festival est orienté vers l’expérimentation et la musique moderne. w FESTIVAL MUSICAL DES ÉTOILES DES NUITS BLANCHES ( ) ) SAINT-PÉTERSBOURG ( Du 24 mai au 15 août. Durant toute la période des Nuits Blanches, la riche programmation du festival présente les meilleurs danseurs et chanteurs d’opéra du moment, dans deux lieux, le Mariisnkiy et le théâtre de l’Ermitage. w FÊTE DE LA VICTOIRE DE LA GRANDE GUERRE PATRIOTIQUE ( ) 9 mai. Elle continue à être célébrée, et il en sera ainsi tant que les générations traumatisées ainsi que leurs descendants en porteront le souvenir. Commémorant la victoire sur le nazisme lors de la Deuxième Guerre mondiale, les anciens combattants arborent ce jour-là leurs uniformes, leurs décorations et se réunissent sur les places, dans les squares et les parcs des villes et villages russes. La tradition des défilés militaires à l’occasion de la Victoire renaît dans le pays. On fleurit les tombes avec des gerbes d’œillets et des plantes odoriférantes, on honore la mémoire des disparus. Des feux d’artifice illuminent le ciel et retombent sur la terre en bouquets de fleurs. w FÊTE DE LA VILLE ( ) SAINT-PÉTERSBOURG ( ) Le week-end le plus proche du 27 mai. On célèbre l’anniversaire de la fondation de SaintPétersbourg par Pierre le Grand (le 27 mai 1703). Les festivités se concentrent principalement dans le centre-ville dont les axes principaux se parent de drapeaux et de ballons. Le cortège mené par le maire de la ville est composé des corps consitués et des grands représentants de la ville (écoles militaires et de marine, écoles théâtrales et de danse, etc.). Des concerts de gala dans la plupart des salles de spectacles de la ville et l’on pourra admirer un feu d’artifices sur la Neva. Cette fête marque aussi le début des « nuits blanches ». w FÊTE DU PRINTEMPS ET DU TRAVAIL Les 1er et 2 mai. Autrefois marquée par des manifestations et défilés officiels, elle a failli ne pas survivre à la mort de l’URSS, mais est restée finalement jour férié. Depuis peu, cette fête est remise au goût du jour. Le président russe lui-même est d’ailleurs en général présent dans le cortège officiel. Juin w FESTIVAL DU FILM KINOTAVR ) ( SOTCHI ( ) www.kinotavr.ru Juin. Inauguré en 2001, le Festival de cinéma russe Kinotavr se voulait une copie de Cannes. Si les vedettes russes se déplacent régulièrement sur la croisette de Sotchi, les stars internationales sontassez rares et les sélections sont très nationales. Il faut toutefois noter que des projections gratuites sont organisées dans le parc Riviera. w FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE MOSCOU ( ) MOSCOU ( ) www.moscowfilmfestival.ru Chaque année, une semaine à la fin du mois de juin. Le festival international du film de Moscou est l’un des plus anciens festivals de cinéma dans le monde. Pendant une semaine, la ville est sous le charme du cinéma. De nombreuses salles diffusent les films de la programmation du festival, le tapis rouge accueille les étoiles russes et nombre de grandes stars internationales. w FESTIVAL THÉÂTRAL TCHEKHOV ( . . . ) ) MOSCOU ( www.chekhovfest.ru Généralement de mi-mai à mi-juillet. Il a lieu tous les ans entre fin mai et fin juillet. La Russie accueille des troupes de théâtre du monde entier interprétant des pièces de Tchekov (y compris des troupes françaises, mais aussi japonaises, canadiennes, suisses ou argentines). Les grands théâtres de Moscou et de Russie sont également de la fête. Il est possible de consulter le programme sur le site officiel du Festival (en anglais). w FESTIVAL USADBA JAZZ JAZZ) ( MOSCOU ( ) www.usadba-jazz.ru Il vaut mieux vérifier la date et l’endroit sur le site officiel en avance. Compter 2 500 RUB pour une journée. Le «Manoir Jazz» est le plus grand festival en plein air de la Russie (dans le parc Tsaritsyno). On y écoute bien sûr du jazz, mais aussi du funk, de la musique du monde, du rock, et bien d’autres genres encore. Le festival se déroule sur deux jours et rassemble les amateurs de musique qui affluent de tout le pays. Festivités √ 115 w JOUR DE LA RUSSIE ( ) Le 12 juin. La Fête de la Souveraineté de la Fédération de Russie ( ) célèbre le jour où le Parlement russe démocratiquement élu proclama l’indépendance de la Russie vis-à-vis de l’Union soviétique, le 12 juin 1990. C’est d’abord un jour férié et de protocole (remise de prix par le Président aux personnalités méritantes de la culture et de la science, etc.). Juillet w KALININGRAD CITY JAZZ KALININGRAD ( ) www.jazzfestival.ru Sur 3 jours entre fin juillet et début août. Festival international de jazz qui a lieu dans l’amphithéâtre du parc central de Kaliningrad. w TUN PAIRAM ( ) Sagaiskaya Glade District d’Askizsky Au début du mois de juillet. Au début de l’été, Tun Payram est le grand rendez-vous de la culture khakasse. La date correspond à la fin de la fermentation du premier airan de l’année. Après les rituels traditionnels et chamaniques en habit traditionnels, c’est le temps des compétitions sportives entre les hommes des clans de tout le pays : course de chevaux, lutte khakasse, tir à l’arc ou soulever de pierre sont ponctués de concerts folkloriques et de dégustation d’arak (vodka à base d’airan). Une très bonne occasion de s’imprégner de la culture autochtone de cette région aux confins de la Mongolie. Septembre w COSMOSCOW Gostiny Dvor MOSCOU ( ) www.cosmoscow.com w FESTIVAL DANCE INVERSION MOSCOU ( ) www.dance-inversion.ru/en/ L’édition 2015 s’est tenue dans plusieurs théâtres moscovites de fin septembre à fin novembre. Depuis bientôt vingt ans, Dance Inversion est l’événement majeur en Russie en matière de danse contemporaine. w FESTIVAL EARLYMUSIC ( EARLYMUSIC) SAINT-PÉTERSBOURG ( ) www.earlymusic.ru A partir de la mi-septembre. Ce festival de musique ancienne mondialement réputé donne à entendre la musique du Moyen Age et de la Renaissance, interprétée par des musiciens russes et internationaux. w FESTIVAL INTERNATIONAL CERCLE DE LUMIÈRE ( « ») MOSCOU ( ) www.lightfest.ru Une semaine durant, fin septembre. Entrée gratuite. Ce festival grandiose est un événement annuel durant lequel les grands noms russes et internationaux de la lumière et du multimédia créent des expositions et des mappings vidéo sur les façades des édifices célèbres, des monuments et des bâtiments culturels de Moscou, intégrant ainsi leurs créations dans l’espace architectural de la ville. Mais autant y aller, car c’est visuel ! w FÊTE DE MOSCOU ( ) ) MOSCOU ( 4 septembre Concerts gratuits, feux d’artifices, parades. Les 850 ans de Moscou avaient été l’occasion d’une grande démonstration du maire de l’époque. 2017 se prépare fiévreusement pour les 870 ans ! w FORUM ÉCONOMIQUE DE LA CEI SOTCHI ( ) Début septembre. Ce Davos de la CEI réunit les chefs d’Etats et les dirigeants des principales entreprises. Il n’a pas beaucoup d’intérêt pour le touriste, si ce n’est l’augmentation spectaculaire du prix des chambres d’hôtel pendant les 4 jours que dure le forum. DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE w JOUR DE LA MARINE ( ) SAINT-PÉTERSBOURG ( ) Le 25 juillet. Instituée en 1696 par le tsar Pierre le Grand, cette fête est la célébration de la puissance militaire maritime russe. Parades et démonstrations festives sont organisées dans toutes les mers où est présente la flotte du dernier empire sous le soleil. De Saint-Pétersbourg à Vladivostok, de la Baltique à la mer du Japon, de la flotte russe du Nord à la mer Noire, de la Caspienne au Pacifique. A Piter, la flotte militaire parade sur la Neva et navigue jusqu’à l’Amirauté pendant que les rives s’enjaillent. Si l’uniforme vous plaît, c’est votre jour ! La dernière édition a eu lieu les 13-15 septembre 2015 à Gostiny Dvor, à deux pas du Kremlin. La 1re foire internationale d’art contemporain de Russie se tient de nouveau chaque année depuis 2014. En 2015, une trentaine de galeries ont présenté une sélection d’artistes russes et internationaux. © MIKHAIL STARODUBOV / SHUTTERSTOCK.COM 116 © JETKAT - SHUTTERSTOCK.COM Décorations de Noël aux abords de la cathédrale Basile-le-Bienheureux. © KHAKASSIA TOURIST INFORMATION CENTRE Saint-Pétersbourg et la Neva. Danses traditionnelles lors de Tun Pairan. Festivités √ 117 w OPEN DE TENNIS DE SAINT) PÉTERSBOURG ( SAINT-PÉTERSBOURG ( ) www.spbopen.ru Un semaine entre la deuxième quinzaine de septembre et début octobre. Un tournoi de tennis du circuit ATP 250, de plus en plus populaire. Octobre w FASHION WEEK Ulitsa Ilyinka, 4 Gostiny Dvor ) MOSCOU ( & +7 499 963 82 63 www.fashionweek.ru Du 25 au 29 mars et en octobre. La Fashion Week de Moscou se déroule principalement dans le Gostiny Dvor, l’un des plus beaux parc d’exposition au monde avec ses arcades distinctives, au cœur de Moscou et à une centaine de mètres du Kremlin. w MULTIVISION ( ) SAINT-PÉTERSBOURG ( ) www.multivision.ru Une dizaine de jours entre octobre et novembre. A l’occasion de ce festival international des arts animés (et principalement du film d’animation), les films sont projetés sur le pont du Palais (Dvortsovoy) et la pont de la Trinité (Troitsky), pendant les heures où ils sont relevés. Au petit matin ou en fin de nuit selon votre programme. Projections libres. Novembre w FÊTE DE LA RÉCONCILIATION ( ) Le 7 novembre. Pendant sept décennies, le 7 novembre a été la fête principale de trois générations de Soviétiques : jour anniversaire de la révolution d’Octobre (la prise du pouvoir par les bolcheviks a eu lieu le 25 octobre 1917, selon le calendrier julien alors en vigueur en Russie), il était célébré w FÊTE DE L’UNITÉ NATIONALE ( ) Le 4 novembre. Jour férié qui célèbre la libération de la Russie de l’occupation polonaise en 1612. C’est après cet épisode que la dynastie des Romanov accède au trône et y restera jusqu’à la révolution d’octobre 1917. Décembre w ARTS SQUARE WINTER FESTIVAL SAINT-PÉTERSBOURG ( ) www.artsquarewinterfest.ru Du 14 au 25 décembre. Le festival d’Hiver de la place des Arts est l’un des meilleurs festivals de musique de l’année, il se déroule à la Philarmonie et présente les meilleurs interprètes contemporains. w FESTIVAL D’HIVER « INVITATION ) POUR NOËL » ( MOSCOU ( ) christmas2015.festmoscow.ru Du 12 décembre 2015 au 8 janvier 2016. Généralement sur 4 semaines entre mi-décembre et mi-janvier. C’est la période des marchés de Noël à Moscou ! La capitale russe est enveloppée par les lumières et les sourires des grands et des petits. w RÉVEILLON DE LA SAINT-SYLVESTRE ( ) ) SAINT-PÉTERSBOURG ( Nuit du 31 décembre au 1er janvier. Elle est très fêtée en Russie, avec des concerts sur la place du Palais et sur la pointe de l’île Vassilievski. C’est en fait à ce moment-là que les Russes s’offrent les cadeaux et se retrouvent en famille. Mais, dès 23h, l’envie de faire la fête reprend le dessus et tout le monde sort fêter l’arrivée de la nouvelle année. A bien connaître ce soir-là, la formule consacrée : « S’Novim Godom ! » ( en cyrillique, soit : « Bonne année ! »). DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE w BIENNALE D’ART CONTEMPORAIN DE MOSCOU ( ) MOSCOU ( ) www.moscowbiennale.ru Au mois d’octobre tous les deux ans. Les prochaines éditions sont prévues en 2015 et 2017. Depuis sa création en 2003, cet événement figure parmi les rendez-vous d’art contemporain les plus prestigieux au niveau mondial. La prochaine éditions est prévue en 2017. avec faste et force défilés militaires. C’est le 7 novembre 1990 que la révolution d’Octobre a été fêtée officiellement pour la dernière fois sur la place Rouge à Moscou ; ce jour-là, comme chaque année, l’Armée soviétique a défilé d’un même pas impeccable devant les tribunes du mausolée de Lénine occupées par Gorbatchev, Eltsine et Loukianov (le président du Parlement et l’âme du putsch d’août 1991). Aujourd’hui, la journée n’est même plus fériée et est principalement fêtée par les communistes et nostalgiques de l’URSS de tout poil qui se retrouvent et profitent de l’occasion pour sortir drapeaux, slogans et vêtements vintage dignes des plus belles heures du brejnévisme. Cuisine russe Bien sûr, il est permis de penser que la cuisine russe n’existe pas, et qu’elle ne consiste qu’en des zakouski, ces petites choses que l’on mange en buvant de la vodka : crêpes, caviar, concombres, pirojki, champignons marinés… mais il faudra éviter de le dire à un Russe. Eviter également de s’aventurer à soutenir que les fiertés traditionnelles de la cuisine russe proviennent en fait d’autres traditions culinaires, qu’il s’agisse par exemple des pelmeni, ces raviolis venus de Chine ou du borchtch, soupe à base de chou et de betteraves née en Ukraine. Ces distinctions nationales, comme ces fiertés jalouses, sont de peu d’importance, car ce que vous trouverez ici est de toutes les manières très différent de l’Europe de l’Ouest. Dans la médiocrité prétentieuse, comme dans l’originalité délicieuse. Aujourd’hui, on trouve à Moscou la cuisine de tous les pays du monde. De grands chefs français y dirigent des cuisines, que vous n’aurez vraisemblablement pas la perversion – sinon les moyens financiers – de vouloir fréquenter. La cuisine caucasienne est également très appréciée, généralement populaire et plutôt bon marché. Ne pas y goûter serait une erreur de parcours tant elle appartient aujourd’hui à la culture culinaire russe. Les restaurants italiens sont légion et médiocres. Autre fantaisie, les restos japonais, dont raffolent les nouveaux Russes. Pour ceux qui veulent goûter les plats russes traditionnels, on peut proposer ce menu. En entrée : des soupes chaudes comme des schi, rassolnik, bortsch, solianka, des soupes de poisson, de légumes et des soupes à base de lait. Pour l’été, des soupes froides, préparées à base de kvas, d’eau ou de lait fermenté. On mangeait des soupes avec des gâteaux : avec la pâte feuilletée ou brisée, avec ou sans levure ; des gâteaux ouverts ou fermés, cuits dans le four ou sur le poêle, farcis au brouet, aux légumes, au fromage blanc, aux petits pois, au poisson, à la viande, à la volaille – sans oublier les gâteaux sucrés. Rarement festins et fêtes se passaient de crêpes, symbole pour le peuple russe de soleil, de beaux jours, de joyeux mariages et d’enfants en bonne santé. Le plus consistant des zakouski : viande froide, saucisson, poisson salé ou fumé (du hareng, des sourimi, du saumon, de l’esturgeon, des sprats, etc.), différentes salades, tomates, concombres, légumes marinés, le tout avec beaucoup d’herbes. Pour le plat de résistance, qui n’est pas forcément un plat unique (la table doit être couverte de plats différents), il se compose souvent d’une viande rôtie ou grillée, de boulettes, de poisson ou de poulet garnis. Ces plats sont accompagnés de riz, de pommes de terre à l’eau ou frites, parfois de sarrasin. Les pelmeni (des raviolis russes) sont à ne pas manquer : on les déguste cuits ou frits, avec de la crème fraîche. Au dessert, on mange des fruits, parfois une glace, ou l’on boit du café ou du thé avec des gâteaux, tartes, biscuits ou de la confiture. Parmi les boissons alcoolisées, la plus répandue est sans doute la vodka (ce qui ne veut pas dire que les Russes ne boivent que cela), ainsi que différentes sortes de bières russes, du cognac arménien, du champagne, de nombreuses sortes d’eaux-de-vie. Parmi des boissons non alcoolisées, on vous proposera de l’eau minérale gazeuse, différents jus de fruits ou boissons aux fruits. Les desserts sont souvent recouverts d’une crème douteuse. Notons qu’il est fréquent de ne pas boire en mangeant et de faire suivre le repas d’une grande tasse de thé. Produits caractéristiques Fruits et légumes ( ) On trouve sur les marchés à peu près tous les fruits et, en été, des vendeurs proposent des pastèques à chaque coin de rue. Les marchés regorgent également d’herbes, de la coriandre au persil plat en passant par l’aneth, très prisé avec le poisson. Le pays est suffisamment vaste et le climat assez varié pour fournir à ses habitants les produits les plus divers. Les Russes sont de grands amateurs de baies, qu’ils savent reconnaître et dont ils font des conserves pour l’hiver. En particulier, les sorbes et les canneberges, que l’on trouve également au Canada et qui sont très résistantes au froid : on les laisse geler sur le balcon sans dommage, nature ou écrasées avec du sucre (kloukva). La kloukva possède également des vertus médicinales : on l’utilise en boisson avec du citron (morse). Parmi les fruits © STÉPHANE SAVIGNARD cuisine Russe √ 119 DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Omouls fumés, délice du Baïkal. rouges de forêts, les myrtilles (tchernika), dont on fait des confitures et des pirojki, et qui ont la réputation de soigner les maladies des yeux. Une variété particulière de myrtilles (goloubika) ne se rencontre pas en France : elle est un peu moins sucrée et plus recherchée que sa cousine plus connue. Les Russes raffolent des légumes (tomates, concombres, oignons…) marinés dans le vinaigre et salés. Une façon de joindre l’utile à l’agréable et de manger des légumes en hiver, alors qu’ils sont hors de prix sur les marchés. Avec les tchiadas, ces champignons qui poussent sur les bouleaux, on fait des tisanes très bénéfiques. Viandes ( ) On trouve principalement du porc et du mouton, mais également du bœuf et de la volaille. La viande étant pour certains trop chère et périssable, on achète des conserves, et le cornedbeef (touchonka) est très prisé. Cependant les viandes congelées ont fait leur apparition. Même parmi les Russes plus aisés, le steak saignant a du mal à s’imposer : la viande se consomme bouillie (dans les soupes) ou très cuite. Charcuterie ( ) Le sempiternel kolbassa (genre de cervelas) est sur toutes les tables en toute occasion. Présent dans les salades composées, au petit déjeuner et au dîner, il remplace souvent la viande dans les familles modestes. Il porte des noms rigolos, comme « le saucisson du docteur » ou « le saucisson de l’amateur ». Une version plus « française » et plus chère est également disponible. Les saucisses ressemblent un peu à nos saucisses de Strasbourg. On les vend dans la rue en hot-dogs ou accompagnées de pommes de terre chaudes. Le lard, pratiquement sans « maigre » (sala), est servi en entrée en tranches très fines avec du pain et se consomme, en hiver principalement, avec de la vodka. Il est parfois frit, accompagnant les éternelles pommes de terre. Il parfume aussi les bouillons qui servent ensuite de base aux différentes soupes. Poissons ( ) Ils se présentent frais, fumés (à froid ou à chaud) ou séchés. Ils ne sont pas très bien cuisinés dans les restaurants, où il vaut mieux se rabattre sur les valeurs sûres : saumon, esturgeon, thon. On consomme des poissons de mer et de rivière. Vous trouverez des brochets, carpes et des sandres congelés dans les grandes poissonneries, parfois des coquilles Saint-Jacques, congelées également et très bon marché. Les poissons séchés, enveloppés dans une feuille de papier journal (voblas), se consomment souvent dans la rue avec une bonne bière russe ou un verre de vodka. Certains poissons fumés sont excellents (saumon ou esturgeon). 120 Æ cuisine Russe © ANA NEVENKA – ICONOTEC elles vous sont proposées encore chaudes, à la campagne, sur les bords des routes (koupi rakov, « achète des écrevisses »). Non seulement elles sont délicieuses, mais leur prolifération dans les rivières russes prouve que certains cours d’eau sont ici moins pollués que chez nous. Caviar ( Écrevisses ( ) Les nombreuses rivières fournissent à foison ces délicats crustacés d’eau douce. On les pêche à partir de juin, début de la saison de reproduction, et on en trouve facilement pendant tout l’été. Rapportées toutes fraîches par les pêcheurs occasionnels, et grillées aussitôt avec de l’aneth, ) Abandonnez l’espoir d’en trouver de l’excellent à bas prix ! Mais gardez deux exigences cependant : un emballage de verre et une date de mise en boîte pas trop ancienne (la diffusion étant restreinte, de vieilles boîtes stationnent en attendant preneur). Moyennant ces précautions, vous pourrez rapporter à vos amis un cadeau peu coûteux mais dont la réception apporte plus de plaisir que la dégustation proprement dite : trop pressé, pâteux et fade. Par ailleurs, on trouve à Moscou du très bon caviar destiné à l’exportation, à des prix proches des prix français. Au restaurant, il vaudrait mieux ne pas confondre caviar rouge ( , krasnaïa ikra, les œufs de saumon) et caviar noir ( , tchiornaïa ikra, œufs d’esturgeon). Indiqués sous la même dénomination sur les cartes : « ikra » ( ). Le caviar noir provient de trois catégories de poissons : le meilleur, le bélouga ( ), l’ossetrina ( ) et le sevrouga ( ). Repas Plats ( ) wwSolianka ( ). On désigne par ce terme tout ce qui ressemble à une choucroute ou à une soupe au chou. Le chou est la base de nombreux plats russes, dont une choucroute spécifique au pays. Les saucisses et le chou cuisant ensemble lui donnent une saveur inoubliable. Demandez donc à vos amis russes de cuisiner pour vous ce plat succulent et simple à préparer. wwSiliodka ( ë ). Une entrée traditionnelle, aussi courante que chez nous : des harengs à l’huile, agrémentés d’oignons crus, mais pas toujours servis avec des pommes tièdes. Le must en la matière est un plat superbe, de couleur violette, appelé siliodka pod chouboï, « les harengs sous un manteau de fourrure » : il s’agit de harengs que recouvrent de nombreuses couches de légumes (pommes de terre, betteraves rouges, etc.), la betterave colorant en violet la mayonnaise qui nappe ce plat délicieux. wwSalades ( ). Elles sont souvent très appétissantes et joliment présentées. Les plus classiques sont à base de viande (bœuf, poulet), carottes, pommes, œufs durs et de l’indispensable mayonnaise. A propos, si vous voulez épater vos amis russes, la préparation d’une mayonnaise à la main suscite toujours beaucoup d’admiration. On prépare aussi de nombreuses salades de légumes et crudités, composées de concombres, tomates, oignons frais, betteraves, et assaisonnées à la crème fraîche. Le terme de « vinaigrette » sur une carte de restaurant n’indique pas un assaisonnement mais une salade composée qui ressemble à notre macédoine de légumes. wwChachlik ( ). Bien que cette recette de brochettes de porc vienne du Caucase, elle fait désormais partie intégrante des menus russes. Dès les beaux jours, l’un des grands plaisirs est de faire mariner la viande et d’aller à la campagne la faire griller entre amis. Sur les marchés, les vendeurs caucasiens proposent cuisine Russe √ 121 On fait blanchir les feuilles de kapousta (chou) et on les garnit d’un mélange de viande de bœuf hachée crue, d’oignons, de riz, et on ferme. Les petits paquets ainsi obtenus sont cuits à la vapeur ou au bain-marie, et se dégustent avec de la crème fraîche. wwKotlety po kievski ( ). Du blanc de poulet pané en forme de pilon, avec au centre une noisette de beurre, le tout recouvert de chapelure. Les morceaux peuvent être servis avec ou sans os. A essayer… Un petit conseil : pour percer la panure avec votre couteau, choisissez le côté du morceau et non le dessus. Les geysers d’huile sont fréquents. Soupes ( ) Fumantes en hiver et rafraîchissantes en été, elles sont une composante indispensable du repas et souvent le plat unique pour la majorité des Russes. La soupe au riz et aux pommes de terre ou les simples bouillons de poulet ou de bœuf (toujours parfumés avec des oignons, des carottes, de l’aneth et du persil que l’on retire de la casserole après la cuisson) sont servis avec des pirojki. Des mets très appréciés en hiver pour lutter contre le froid. wwBorchtch ( ). Qu’il soit ukrainien ou russe, c’est une spécialité à goûter absolument. Une soupe à base de bouillon de bœuf, chou, carottes, betteraves, pommes de terre, oignons, laurier, persil et aneth. Une cuillère de crème fraîche juste avant la dégustation adoucit le borchtch et le rend plus onctueux. La variante végétarienne est également très bonne. Comme beaucoup de plats, le borchtch est encore meilleur le lendemain. wwChtchi ( ). C’est la soupe au chou, un grand classique qu’il faut goûter au moins une fois. Le chou est longuement lavé, pas du tout agressif au goût et la soupe est agréablement aromatisée. wwOukha ( ). Les Russes ont aussi leur soupe de poisson, accompagnée de pommes de terre et parfumée de laurier. En été, essayez les traditionnelles soupes froides, un délice… wwOkrochka ( ). On fait aussi une délicieuse soupe d’été avec le kvas : coupez menu des pommes de terre préalablement cuites et épluchées et mettez-les dans un grand plat creux. Ajoutez en vrac et coupez en petits morceaux : des concombres, des radis, de l’aneth cuit, des oignons, puis ce qui vous reste, du jambon, du saucisson, des saucisses… Arrosez le tout de kvas, tournez avec une cuillère de crème et bon appétit ! DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE des mélanges d’épices spéciaux (et divins !) pour la marinade. Ajoutez des oignons, des quartiers de tomates, le jus d’un citron, pressez la viande (un poids sur le couvercle suffit), laissez reposer et vous pouvez commencer votre « chachlik party ». Il existe une multitude de préparations et les Russes seront ravis de vous en faire partager les subtilités. wwPelmeni ( ). L’un des standards de la cuisine russe, ces sortes de gros raviolis cuits traditionnellement à la vapeur sont à l’origine un plat sibérien que l’on trouve également dans la cuisine chinoise. Mouton, porc, bœuf, champignons, pommes de terre, c’est la qualité de la farce qui fait toute la différence d’un pelmeni à l’autre. Les supermarchés en proposent au rayon des surgelés. Dans les restaurants, ils sont hélas souvent cuits dans l’eau, ce qui ôte de leur saveur. Ils sont presque toujours accompagnés de crème fraîche. wwKasha ( ). La kasha est une bouillie d’avoine, sucrée ou salée, de sarrasin ou de semoule de blé, avec du lait. C’est un plat modeste et digeste, souvent réservé aux enfants, mais que l’on trouve fréquemment dans l’alimentation quotidienne des Russes. La plus courante est la kasha de sarrasin, la gretchka, qui est servie en accompagnement. Sa préparation se fait traditionnellement non à l’eau, mais au lait et nécessite des heures de repos pour que les grains gonflent bien. Le goût de la gretchka désarçonne souvent les étrangers, surtout lorsqu’elle leur est servie au petit déjeuner… Reste que ce plat est excellent pour la santé. Accompagné de petits légumes, c’est même un plat à la fois nourrissant et hautement diététique. wwPirojki ( ). Beignets de pâte brisée, farcis généralement à la viande mais délicieux également en version sucrée : à la confiture, à la compote, aux pommes. Parmi les classiques, la composition œuf-chou est excellente et les pirojki aux pommes de terre ne sont pas mal non plus. On peut les acheter dans la rue à des babas qui arrondissent ainsi leurs fins de mois. wwPlov ( ). Le plov, lorsqu’il est « à la russe », est simplement un plat de riz ou de graines de sarrasin (cuites dans très peu d’eau), qui accompagne différents plats de bœuf en sauce. wwGaloubtsy ( ). Les galoubtsy, ou dolma, sont originaires des anciennes Républiques du Sud de l’ex-URSS. Les feuilles de chou remplacent les traditionnelles feuilles de vigne, que l’on peut tout de même trouver sur les marchés, conservées dans de l’eau salée. © VLADIMIR V. GEORGIEVSKIY / SHUTTERSTOCK.COM 122 Æ cuisine Russe Paska, gâteau de Pâques russe. Fromages (C ) Desserts ( wwTvorog ( ). Fromage d’accompagnement un peu fade, qui ressemble à la brousse et garnit habituellement les blini ou les pirojki. Lorsqu’il est consommé seul, il peut être salé (avec de l’ail, des oignons frais et de l’aneth), ou bien sucré (avec des raisins secs, du miel et de la confiture). C’est ainsi que vous trouverez en Russie du fromage au chocolat (syrok) ! wwA part le tvorog, les Russes sont de grands consommateurs de fromages à pâte cuite et tous d’origine industrielle. L’un des moins chers et des moins fades est le kolbassny syr, un fromage fumé en forme de saucisson, vestige de la gastronomie soviétique. wwSmetana (C ). Accompagnement quasi obligatoire des pelmeni, du borchtch et de poissons fumés, la smetana est une crème fraîche aigre, beaucoup moins fade que sa lointaine cousine normande. Le dessert n’est absolument pas une spécialité russe. Pour être agréables aux touristes qui y sont habitués, les restaurants proposent souvent à la fin du repas une coupe de glace à la vanille (deux boules), saupoudrée de chocolat râpé, ou des gâteaux industriels douteux. Si vous tenez absolument à terminer sur du sucré, mieux vaut en rester au bon vieux blini à la confiture. Toutes sortes de viennoiseries, sucrées et salées, sont vendues dans les rues. Pour un petit creux, les brioches au pavot sont idéales. wwPrianiki ( ). Ce sont de petits pains d’épices fourrés à la confiture et recouverts d’un nappage en sucre. Comme les bonbons, on peut les acheter au poids. wwTort ( ). Ce n’est pas une tarte mais un gâteau très sucré à base de crème au beurre et d’une pâte en biscuit, souvent si bien décoré que l’on jurerait qu’il est en carton. Le thé est plus que conseillé pour aider à le faire passer ! wwBoublik ( ). V iennoiseries, biscuits. Des biscuits salés et croquants en forme d’anneau, très appréciés, et que l’on trouve sur les marchés ou aux abords des kiosques, avec d’autres spécialités de même type. Pain ( ) Deux sortes de pain sont généralement proposés : le pain blanc (batone) et le pain noir (tchiorny khleb). Aliment de base, le pain russe, surtout le noir, est bien souvent excellent. Un peu acide, parfois épicé ou même légèrement sucré, le pain se décline en multiples recettes et le choix est beaucoup plus large qu’en France. ) cuisine Russe √ 123 Alcools et boissons ) Bière ( ) C’est une boisson très répandue et qui se boit en toute occasion. Les étrangers sont parfois surpris de voir des jeunes filles boire à même la bouteille et en pleine rue des bières d’un demilitre. Etrangères ou russes, on les trouve (les bières) toutes dans les kiosques ou magasins traditionnels. À noter qu’une récente loi interdit aux kiosque la vente d’alcool après 23h. A table, la bière ne détrône pas la vodka, mais peut la remplacer en accompagnant certains plats spécifiques, notamment un poisson salé, le vobla, qu’on assomme et qu’on frappe sur la table pour l’attendrir un peu car il est très sec de nature. Il se consomme habituellement dans les profondeurs des tavernes, où il n’y a que des hommes, et où une femme vertueuse n’aurait pas l’idée d’entrer. La bière courante est souvent blonde et légère, ce qui permet d’en boire de grosses quantités. Certaines marques produisent des bières blanches ou ambrées fort sympathiques. ) Pour les grandes occasions, la Russie a son champagne qui est resté « soviétique » (sovietskoïé champagnskoïé), une sorte de mousseux dont le prix peu élevé explique en partie qu’on en abuse. Servi pour les grandes occasions (anniversaires, fêtes…), ce mousseux est tout à fait acceptable et sa version douce accompagne très bien les pâtisseries. Vin ( DÉCOUVERTE DE LA RUSSIE Champagne ( (Khvanchkara – – et Kinzmaraouli – – les préférés de Joseph Staline) et les cognacs d’Arménie sont également populaires en Russie. Attention aux contrefaçons des vins géorgiens dès lors qu’ils sont bizarrement peu chers. A cette réserve près, les vins géorgiens, gorgés de soleil et correctement vinifiés, vous offriront d’agréables surprises. Evitez les vins moldaves ou russes, qui sont souvent additionnés d’éléments chimiques peu recommandables et vous assureront une belle « casquette en plomb ». Préférez les vins chiliens, souvent de bon rapport qualité-prix. On trouve aussi des vins français et italiens dans les magasins, au cas où la nostalgie vous gagnerait… © STÉPHANE SAVIGNARD Vodka ( Bien sûr ! Les Russes en usent et en abusent, au point que l’un des premiers actes politiques de Gorbatchev, en 1985, pour remettre le pays au travail, avait été de promulguer des lois limitant la vente de la vodka et autres alcools. Mais il n’y gagna qu’impopularité et dut très vite en venir à l’évidence que prohibition et Russie ne font pas bon ménage. La vodka, faite à partir du blé ou de la pomme de terre, est généralement de qualité honnête et souvent peu chère. Les plus raisonnables se contentent d’un ou deux verres par repas (des petites doses de 5 cl environ), mais quand la fête bat son plein, les toasts et les dégustations ne se comptent plus. En Russie, la vodka est présente à chaque moment de la vie, et même au-delà puisque l’un des rites funéraires prévoit de placer à table une assiette et un verre de vodka à l’intention du défunt. De même au cimetière, où l’on installe, à côté de la tombe visitée, une petite table, une chaise, avec quelques parts de gâteau et deux verres de vodka, pour permettre aux proches de se sentir moins accablés. La vodka fournit également l’un des cocktails favoris des Russes : on y met des fruits à macérer (cassis, citron, etc.) qui donnent un goût parfumé au breuvage. La vodka de Vladimir, fabriquée sous la marque Prince d’Argent, est délicatement parfumée et très agréable. La Stolitchnaïa et la Moskovskaïa sont en principe les plus pures, encore qu’il faille être bien sûr de leur provenance. Les bouteilles doivent sortir de l’usine Kristall, gage de qualité. Le must reste la Rousski Standart. Pour la boire comme les Russes, il faut la boire cul sec, et non pas par petites gorgées comme le font les touristes. C’est de cette manière, et sans la mélanger au cours du repas avec une autre boisson alcoolisée, qu’elle est la plus efficace. Pour éviter d’être malade, il faut toujours manger en buvant, même si vous n’avez pas faim. ) Le vin est de plus en plus consommé en Russie, surtout dans les lieux branchés, mais il est rarement de qualité. Comparativement, il est plus cher que la vodka. Les vins de Géorgie Bière de Sibérie 124 Æ cuisine Russe Kephir ( ) Cette boisson à base de petit-lait fermenté est très populaire et appréciée pour les multiples vertus qu’on lui prête, même si les novices la trouvent aigre. Essayez le kephir Danone, moins abrupt pour un palais occidental. C’est un régal ! Kvas ( ) Breuvage typiquement russe à base… de jus de pain rassis. A mi-chemin entre le cidre et le Coca-Cola suivant les préparations, le kvas est très désaltérant et, paraît-il, excellent pour la santé. L’été, il sert à la préparation d’une délicieuse soupe froide appelée okrochka. Thé ( ) Très répandu et très consommé dans toute la Russie. Pourtant, vous aurez sans doute beaucoup de difficulté à trouver du vrai thé russe au goût particulier, puissant et un peu fumé. Non seulement dans les hôtels, mais même dans les boutiques où, malgré l’emballage et l’inscription en russe, il vient, à 90 %, d’Inde ou de Ceylan. Ce n’est pas dramatique puisqu’il est assez bon, mais les intransigeants de la couleur locale risquent d’être déçus. Le thé « russe » qui n’est pas d’importation est celui de Géorgie (grouzinski tchaï) ou de Krasnodar (krasnodarski tchaï), pas très bon. Faites les boutiques avec un Russe, si vous voulez avoir une chance de dénicher de l’authentique et en rapporter. Traditionnellement, on sirotait le thé à travers un morceau de sucre gardé dans la bouche ou bien on l’accompagnait de quelques cuillères de confiture (varienié). Dans tout foyer russe digne de ce nom, un samovar était gardé constamment sur le feu afin d’avoir à tout moment de l’eau bouillante pour le thé. Pour plus d’informations sur le sujet, référez-vous à tous les bons vieux classiques russes. Ironie de l’histoire, la grande maison de thé Kouzmitchiov a quitté le pays pour Paris au moment de la révolution. A la bergamote, parfumés aux agrumes et aux épices, ce sont certainement les meilleurs thés russes, mais on ne les trouve pas en Russie ! Eau minérale ( ) Fortement conseillée plutôt que l’eau du robinet, dont l’absorption est à proscrire pour éviter toute mauvaise surprise (quelques petites douleurs, gastro-entérite, ou, au pire, hépatite). Les marques locales sont nombreuses et de bonne qualité. Mais les marques occidentales sont chères. Parmi les eaux minérales gazeuses courantes, si vous les aimez pétillantes, choisissez la Borjomi, du nom d’une ville de Géorgie. Cette source importante arrose de son eau en bouteille toute la Russie. Recettes Borchtch ( ) Faites bouillir, pendant une heure et quart environ, des morceaux de bœuf de bonne qualité. Pendant ce temps, dans un peu de bouillon de viande, faites cuire des carottes et une betterave râpées, et un peu de lard si vous le désirez. Au bout d’une demi-heure, ajoutez dans la casserole avec la viande, un chou coupé menu et, une dizaine de minutes plus tard, quelques pommes de terre coupées en morceaux et un oignon entier. Un quart d’heure avant la fin de la cuisson, rajoutez les carottes et les betteraves râpées que vous avez déjà fait cuire séparément. Enlevez l’oignon et rajoutez, une minute avant la fin de la cuisson, de l’aneth et du persil hachés. Consommez ce borchtch avec de la crème fraîche. Pelmeni ( ) Pour faire la pâte, prenez un kilo de farine tamisée, dans laquelle vous allez incorporer petit à petit un œuf (ou deux), du sel et de l’eau. Travaillez la pâte pendant une dizaine de minutes jusqu’à ce qu’elle ne colle plus aux doigts et soit bien élastique. Pour la farce, hachez de la viande de bœuf et de la viande de porc, salez, poivrez et ajoutez à volonté persil, ail, oignons… Si vous ne possédez pas l’ustensile indispensable qu’on trouve chez toutes les bonnes ménagères russes et qui permet de fabriquer une trentaine de pelmeni à la fois, vous devrez les confectionner à la main. Avec un rouleau à pâtisserie, étalez la pâte jusqu’à ce qu’elle soit très fine et découpez des cercles avec un verre à moutarde renversé. Au centre de chaque cercle, placez une petite quantité de farce et refermez dessus la pâte en formant une sorte de petit croissant que vous farinez. Vous pouvez engager toute la famille pour cette étape, surtout si vous manquez d’expérience. Les pelmeni se congèlent très facilement (ils doivent être bien farinés pour ne pas coller), vous pouvez donc en faire une centaine d’avance ! Ensuite, jetez-les dans l’eau bouillante salée avec quelques feuilles de laurier ; ils sont cuits dès qu’ils remontent à la surface (au bout de 4 ou 5 min). Selon votre goût, mangez-les avec de la crème et du vinaigre ou au beurre. LA VERSION COMPLETE DE VOTRE GUIDE RUSSIE 2016 en numérique ou en papier en 3 clics à partir de 9.99€ Disponible sur