Résumé d`œuvre : Le Rouge et le Noir de Stendhal

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Résumé d`œuvre : Le Rouge et le Noir de Stendhal
Fiche Cours
Nº : 91030
FRANÇAIS
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LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE
Résumé d’œuvre :
Le Rouge et le Noir de Stendhal
Plan de la fiche
1. Contexte de création
2. Résumé
Contexte de création
Avec Le Rouge et le Noir, Stendhal part comme pour Armance d’un matériau qui n’est pas le sien. Ce n’est cependant plus d’une
source littéraire mais journalistique qu’il s’inspire. La Gazette des tribunaux des 28, 29, 30 et 31 décembre 1827 a en effet publié
le compte-rendu de l’affaire Berthet, du nom d’un jeune homme du Dauphiné qui a tiré sur la mère des enfants dont il a été le
précepteur. Stendhal s’y intéresse ainsi qu’à une autre affaire, celle de Lafargue, déjà évoquée dans les Promenades dans Rome et,
en octobre 1829, décide d’en tirer un roman qu’il appelle alors Julien. Il en commence la rédaction et, le 8 avril, vend son roman
à l’éditeur Levavasseur pour la somme de 1 500 francs, et un tirage prévu de 1 500 exemplaires. Le livre sort en novembre 1830
avec le sous-titre « Chronique de 1830 » qui ne peut manquer pour les contemporains de faire allusion à l’actualité récente, la
Révolution de mai. Le roman se divise en deux livres, l’un consacré à la vie de Julien en province à Verrières puis à Besançon (trente
chapitres), et l’autre portant sur Julien depuis son arrivée à l’hôtel de la Mole (quarante-cinq chapitres). Par commodité et pour
davantage de lisibilité, on divisera le résumé en cinq parties distinctes :
• Verrières (chapitres I à XXIII, livre premier)
• Le séminaire de Besançon (chapitres XXIV à XXX, livre premier)
• L’arrivée à Paris (chapitres I à XIX, livre second)
• Seconde conquête de Mathilde (chapitres XX à XXXIV, livre second)
Le bonheur, enfin ? (chapitres XXXV à XXXXV, livre second).
Résumé
Verrières (livre premier, chapitres I à XXIII)
Avant le début du roman, Stendhal, comme à son habitude, fait figurer un « Avertissement » qui souligne que le texte a été composé
pendant les événements de 1830 et écrit en 1827, soit pendant l’affaire Berthet.
L’histoire débute par le récit d’un promeneur qui découvre la « jolie ville au bord du Doubs » qu’est Verrières, les scies à bois sur la
rivière, la fabrique des toiles peintes et surtout celle de clous qui appartient à Monsieur le maire, décrit comme un « homme à l’air
affairé et important » d’une cinquantaine d’années. Nommé M. de Rênal, le maire possède aussi une maison aux jardins magnifiques.
Le promeneur note que la seule chose importante dans ce pays est de rapporter du revenu, malgré la beauté des lieux et de la
Terrasse appelée cours de la Fidélité qui surplombe la vallée. La famille de Rênal est en promenade, et le voyageur décrit Madame
de Rênal comme « une femme de trente ans, mais encore assez jolie ». Les deux époux discutent de savoir s’il faut « prendre chez [eux]
Sorel, le fils du scieur de planches » afin d’en faire un précepteur pour leurs trois enfants, et faire pendant à M. Valenod, directeur du
dépôt de mendicité et possesseur de deux beaux chevaux normands.
La décision étant prise, M. de Rênal rend visite au père de Julien Sorel, qui prétend vouloir consulter son fils avant toute décision,
ce qu’il fait après l’avoir fait tomber, car Julien, juché sur la scie, lisait le Mémorial de Sainte-Hélène au lieu de surveiller la machine
lorsque son père est arrivé. Julien est un « petit jeune homme de 18 à 19 ans, faible en apparence, avec des traits irréguliers, mais délicats,
et un nez aquilin ». Il ne veut surtout pas être domestique, déteste ses frères et son père à qui il fait promettre qu’il ne mangera pas
chez les Rênal avec le personnel. Le père Sorel accepte l’arrangement avec M. de Rênal et Julien, avant de se rendre à son nouvel
emploi, juge « qu’il serait utile à son hypocrisie d’aller faire une station à l’église ». Alors il rêve à Paris, et considère qu’il faut être prêtre,
et non soldat comme aux temps de Napoléon qu’il admire tant. Dans l’église, il aperçoit des rideaux rouges sur les fenêtres et voit
un morceau de papier imprimé sur les « détails de l’exécution et des derniers moments de Louis Jenrel, exécuté à Besançon » qui le font
réfléchir à sa propre destinée.
Vient le moment de la première rencontre entre Julien et Madame de Rênal : les deux personnages sont embarrassés, Madame
de Rênal par la beauté et la timidité du précepteur, et Julien par la politesse et les bonnes manières de l’épouse du maire. Il fait
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l’émerveillement des enfants et de toute la maison en récitant la Bible par cœur, ce qui fait qu’ « au bout d’un mois, Monsieur de
Rênal lui-même le respectait ». La vie chez les Rênal est assez monotone, sinon qu’Elisa, la femme de chambre de Madame de Rênal,
est amoureuse de Julien. Madame de Rênal, seulement préoccupée par ses enfants, commence à s’intéresser au jeune précepteur,
lui propose de l’argent pour son linge, ce que Julien refuse avec orgueil. La vie de celui-ci « se composait ainsi d’une suite de petites
négociations ; et leur succès l’occupait beaucoup plus que le sentiment de préférence marqué qu’il n’eût tenu qu’à lui de lire dans le cœur
de Madame de Rênal ». Il refuse le mariage avec Elisa, ce qui provoque la joie de Madame de Rênal qui se demande : « Aurais-je de
l’amour pour Julien ? » A Vergy, dans une propriété à l’écart de Verrières où les Rênal se sont installés, Madame de Rênal, Madame
Derville, une amie, et Julien passent les soirées dans le jardin. Celui-ci touche la main de Madame de Rênal par hasard. Dès lors, il se
fait un devoir d’obtenir cette main. Il prend alors sa décision : « Au moment précis où dix heures sonneront, j’exécuterai ce que, pendant
toute la journée, je me suis promis de faire ce soir, ou je monterai chez moi me brûler la cervelle », de façon quelque peu mélodramatique.
Quand dix heures sonnent, il prend la main de Madame de Rênal et la garde ; c’est la première étape. Il s’agit maintenant de dire à
Madame de Rênal qu’il l’aime…
Cependant, Julien s’inquiète pour un portrait de Napoléon caché sous sa paillasse, qu’il demande à Madame de Rênal d’aller
chercher et de brûler. Celle-ci, jalouse car ne sachant pas qu’il s’agit de Napoléon, s’exécute. M. de Rênal et Julien se disputent, et le
précepteur réussit à obtenir une augmentation et un congé pour aller voir son ami Fouqué. Méditant debout sur un roc immense,
il contemple un oiseau de proie qui décrit des cercles, se comparant lui-même à Napoléon. Il part ensuite, après avoir constaté la
froideur de Madame de Rênal qu’il attribue à sa position sociale inférieure, et parvient à une grotte où il écrit ses pensées, pour une
fois délivré de son hypocrisie contrôlée. Il rêve d’amour et de Paris… Parvenu chez Fouqué, il refuse d’être son associé comme
marchand de bois car il se sent promis à de grandes choses, et revient ensuite à Vergy. Là, il retrouve Madame de Rênal qui s’est
beaucoup inquiétée de Julien en son absence. Elle se trahit en lui prenant d’elle-même sa main ; Julien se dit alors : « Je me dois à
moi-même d’être son amant. » Il élabore un plan de campagne, donne un baiser à Madame de Rênal, « rien de moins agréable et pour
lui et pour elle », et globalement est durant toute la journée d’une sottise absolue, d’une grande maladresse alors qu’il croit être un
don Juan. Il propose à Madame de Rênal d’aller dans sa chambre à deux heures du matin mais elle refuse, offusquée. Cependant, il
décide de se rendre effectivement dans sa chambre et, « quelques heures après, quand Julien sortit de la chambre de Madame de Rênal,
on eût pu dire, en style de roman, qu’il n’avait plus rien à désirer ». Cependant, il reste obsédé par l’idée du devoir et ne connaît pas le
bonheur, se posant même la question : « Etre heureux, être aimé, n’est-ce que ça ? »
Le lendemain, Julien, « fidèle à ce qu’il appelait le devoir », retourne dans la chambre de Madame de Rênal et « trouva plus de bonheur
auprès de son amie, car il songea moins constamment au rôle à jouer ». Il devient amoureux et passe son temps avec sa maîtresse, malgré
les difficultés que causent les écarts de fortune entre Madame de Rênal et lui. Celle-ci fait de Julien un garde d’honneur lorsqu’un
roi visite la ville de Verrières, et Julien se sent un héros, fier sur son cheval et dans un bel uniforme. Endossant la soutane pour
assister le curé Chélan, il aperçoit l’évêque d’Adge, jeune homme qui s’entraîne à donner la bénédiction, et rencontre brièvement
le marquis de la Mole à qui il trouve l’air hautain et insolent. Le lendemain de la visite du roi, tout Verrières est choqué que Julien ait
été propulsé garde d’honneur alors qu’il est fils de charpentier, et l’on commence à soupçonner l’amour entre le jeune précepteur
et Madame de Rênal. C’est alors que le plus jeune fils Rênal tombe malade ; sa mère s’accuse en voulant « avouer son crime à Dieu
et aux hommes ». Le jeune enfant guérit mais Madame de Rênal semble toujours obsédée par sa culpabilité. Quelques jours plus
tard, M. de Rênal reçoit une lettre anonyme « qui lui apprenait dans le plus grand détail ce qui se passait chez lui ». Les deux amants
décident alors de rédiger une fausse lettre anonyme que Madame de Rênal s’empresse de montrer à son mari en demandant le
renvoi de Julien, afin de prouver son innocence. M. de Rênal se décide, après de nombreuses tergiversations, à éloigner Julien de
Vergy et à l’envoyer à Verrières. Là, Julien s’occupe du curé Chélan, est invité chez les Valenod où « tout […] était magnifique et neuf,
et on lui disait le prix de chaque meuble. Mais Julien y trouvait quelque chose d’ignoble et qui sentait l’argent volé ». Après une visite de
Madame de Rênal à Verrières où elle retrouve Julien, le soupçon de ses amours parvient à nouveau aux oreilles de son mari, qui
n’en rappelle pas moins Julien. Le jeune homme revient à Vergy où il écoute le chanteur Géronimo de passage chez les Rênal. Mais
Elisa, entrée au service de M. Valenod, dévoile l’amour de son ancienne maîtresse et de Julien au curé Chélan qui exige que Julien
parte sous trois jours pour le séminaire de Besançon ou chez son ami Fouqué. Julien prévient Madame de Rênal et lui promet de
revenir la voir trois jours après son départ, ce qu’il fait, alors que Madame de Rênal semble s’être enfermée dans le désespoir ;
enfin, Julien part pour Besançon.
Le séminaire de Besançon (livre premier, chapitres XXIV à XXX)
Julien, en apercevant la citadelle de Besançon, regrette de ne pas pouvoir devenir soldat ; il entre dans un café où il fait preuve d’une
extrême timidité et rencontre une jolie serveuse ; il laisse son paquet civil chez l’hôtesse de l’hôtel des Ambassadeurs et, vêtu de
son habit noir de prêtre, se dirige vers le séminaire. C’est la vision d’un « enfer sur la terre » qui attend le jeune homme, confronté
à un portier terrifiant et à un abbé au visage d’une laideur repoussante. Julien s’évanouit pendant que cet abbé nommé Pirard,
directeur du séminaire, lit la lettre que lui adresse le curé Chélan ; une fois Julien revenu à lui, il est accepté au séminaire et choisit
comme confesseur l’abbé Pirard lui-même, croyant bien faire. Mais le narrateur note que « toutes les premières démarches de notre
héros qui se croyait si prudent furent, comme le choix d’un confesseur, des étourderies ». Après plusieurs mois, Julien s’aperçoit qu’il est
perçu comme hautain et méprisant par ses camarades, que ses succès en classe le desservent et qu’il est détesté de tous, ayant l’air
de trop penser. Surnommé « Martin Luther » par les autres élèves, il est obligé de se défendre de leurs attaques. Heureusement,
l’abbé Chas-Bernard, directeur des cérémonies à la cathédrale, demande à Julien de l’aider à orner l’église de Besançon pour une
procession qui émeut profondément le jeune homme : « L’âme de Julien, exaltée par ces sons si mâles et si pleins, errait dans les espaces
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imaginaires. Jamais il ne fera un bon prêtre, ni un grand administrateur. Les âmes qui s’émeuvent ainsi sont bonnes tout au plus à produire un
artiste. » Il rencontre Madame de Rênal et Madame Derville à la fin de la cérémonie, ce qui le replonge dans ses pensées.
Peu de temps après, l’abbé Pirard le nomme répétiteur pour le Nouveau Testament, lui témoignant ainsi son attachement.
Les examens sont d’abord très positifs pour Julien, qui est cependant rétrogradé officiellement pour trop bien connaître les
poètes profanes, en réalité pour être le protégé de l’abbé Pirard. Celui-ci est effectivement victime d’une cabale visant à le faire
démissionner, notamment de la part du grand vicaire M. de Frilair et de l’abbé Castanède, professeur au séminaire. La conspiration
obtient le résultat escompté et l’abbé Pirard envoie Julien porter sa lettre de démission à l’évêché. L’évêque de Besançon, ravi de
la conversation de Julien, lui fait don de huit volumes de Tacite. L’abbé Pirard s’en va ensuite pour Paris où il est nommé grâce au
marquis de la Mole dans une cure très riche de banlieue. Il n’oublie pas Julien qu’il propose pour secrétaire au marquis de la Mole ;
celui-ci accepte et Julien doit gagner la capitale. Sur le chemin de Paris, Julien emprunte une échelle et, à la tombée de la nuit, rend
visite à Madame de Rênal, qui résiste d’abord puis finit par lui céder. Julien reste toute la journée caché chez sa maîtresse avant
qu’on ne trouve finalement l’échelle. Julien sort par la fenêtre et décide de regagner Paris en prenant la route de Genève pour
tromper d’éventuels poursuivants. C’est la fin du livre premier. Dans la chronologie interne du roman, on est en 1828.
L’arrivée à Paris (livre second, chapitres I à XIX)
Avant son arrivée à Paris, Julien assiste dans la voiture de poste à une discussion entre Saint-Giraud, un aristocrate qui souffre de
vivre en Province, et l’imprimeur Falcoz, qui regrette Napoléon. Une fois dans la capitale, Julien se rend justement sur les traces de
Napoléon à la Malmaison (résidence de l’Empereur) puis, le soir du troisième jour, chez l’abbé Pirard qui lui explique ce que l’on
attend de lui, en quoi consiste le travail de secrétaire. Il rappelle à Julien l’histoire de la famille de la Mole, et notamment de Boniface
de la Mole qui a eu la tête tranchée le 26 avril 1574 sous Charles IX. Il s’interroge sur Julien en déclarant : « Avec ce je ne sais quoi
d’indéfinissable, du moins pour moi, qu’il y a dans votre caractère, si vous ne faites pas fortune, vous serez persécuté ; il n’y a pas de moyen
terme pour vous. » Julien, ému d’avoir trouvé un père en l’abbé Pirard, arrive devant l’hôtel de la Mole et pénètre dans les salons,
« patrie du bâillement et du raisonnement triste ». Présenté au marquis, puis rhabillé de pied en cap, il s’extasie sur la bibliothèque de
l’hôtel de la Mole, et dîne ensuite avec le marquis et la marquise, le comte de la Mole et Mathilde, leurs deux enfants, et atténue un
peu par sa brillante érudition la mauvaise impression qu’il a faite au marquis en écrivant cela avec deux « l ». Julien découvre non
sans stupéfaction que tout le monde est extrêmement poli avec lui, même le jeune Norbert de la Mole, fils du marquis, avec qui il
fait du cheval. Cependant, « malgré tant de bontés, Julien se sentit bientôt parfaitement isolé au milieu de cette famille. Tous les usages lui
semblaient singuliers, et il manquait à tous. Ses bévues faisaient la joie des valets de chambre ».
Julien apprécie cependant le marquis de la Mole, plus que sa femme et les dîners où il est obligé d’assister. Mathilde l’entend ainsi
confier à l’abbé Pirard qu’il s’ennuie mortellement à ces dîners et estime que Julien « n’est pas né à genoux ». C’est pourquoi
elle l’invite à rester le soir avec elle et le petit groupe d’admirateurs qui l’entourent, parmi lesquels ses prétendants aristocrates,
Messieurs de Luz et de Croisenois. Le jeune secrétaire progresse dans son travail et donne satisfaction au marquis, mais continue
à s’ennuyer. Suite à une méprise, il se bat en duel avec le chevalier de Beauvoisis dont il admire alors « la gravité, mêlée d’une
certaine fatuité modeste ». Le chevalier blesse Julien au bras ; « enchanté de son adversaire » au départ, puis vexé de s’être battu avec
le secrétaire du marquis de la Mole, il fait courir le bruit que Julien est en fait le fils naturel d’un grand seigneur. Le marquis de la
Mole, amusé, accepte la « promotion » de Julien et l’invite à fréquenter l’Opéra afin de se défaire de ses manières provinciales qui
subsistent. Peu à peu, et notamment à la faveur d’une attaque de goutte qui cloue le marquis au lit, Julien est de plus en plus apprécié
de son maître qui lui offre un « habit bleu » qu’il doit porter lorsqu’il n’est pas en service ; avec cet habit bleu, il est traité en égal
par le marquis pour qui il éprouve « une sorte d’attachement ». Ce qui marque le mieux les bonnes relations entre le maître et son
protégé est la croix que le Marquis donne à Julien après un séjour de deux mois à Londres où il « connut enfin la haute fatuité [grâce
à] de jeunes seigneurs anglais qui l’initièrent ».
Au chapitre VIII, Mathilde est obligée de s’avouer que Julien « manque de légèreté, mais non pas d’esprit ». Elle s’ennuie elle aussi dans
le monde aristocratique du faubourg Saint-Germain car « elle avait le malheur d’avoir plus d’esprit que MM. De Croisenois, de Caylus, de
Luz et ses autres amis ». Elle demande alors à Julien de l’accompagner au bal de Madame de Retz où, dès son arrivée, elle rencontre
un succès universel, sauf auprès du jeune secrétaire de son père, occupé à discuter avec un condamné à mort, le comte Altamira.
Malgré ses succès, elle s’interroge : « Y a-t-il une raison pour que je m’ennuie moins quand j’aurai changé mon nom pour celui du marquis
de Croisenois ? » Pendant ce temps, Julien est « au comble du bonheur » de pouvoir discuter avec « son condamné à mort » de Danton
et des grands hommes de la Révolution. Le lendemain, il rencontre Mathilde dans la bibliothèque ; elle est vêtu de noir, ce qui ne
laisse pas d’étonner Julien. On lui explique que Mathilde porte en fait le deuil de son aïeul Boniface de la Mole. Il remarque aussi que
la jeune femme semble le distinguer particulièrement des autres hommes. Il a de longues conversations avec elle, et commence à
soupçonner quelque chose : « Il serait plaisant qu’elle m’aimât ! », pense-t-il tout en remarquant la singulière beauté de Mathilde.
Mathilde, qui trouve quant à elle chez Julien quelqu’un qui ne l’ennuie pas, compare les mérites du jeune homme et ceux de ses
prétendants, envisageant avec joie une relation avec lui : « Entre Julien et moi, il n’y point de signature de contrat, point de notaire, tout est
héroïque, tout sera fils du hasard. » Seulement, elle ne sait pas si Julien l’aime… Pendant ce temps, Julien s’interroge de son côté en se
demandant si l’on ne cherche pas à se moquer de lui, croyant « à Mademoiselle de la Mole la duplicité de Machiavel ». Il reçoit alors
une lettre de la jeune femme, « tout simplement une déclaration d’amour » qu’il ne sait trop comment interpréter : est-elle sincère ou
est-ce un jeu afin de se moquer de lui ? Après un échange de lettres, Mathilde demande à Julien de monter chez elle le soir même,
ce qui le plonge dans l’angoisse : « C’est clair, on veut me perdre ou se moquer de moi, tout au moins », se dit-il. Mais il a peur d’être pris
pour un lâche et, prenant toutes ses précautions, décide d’aller rendre visite à Mathilde dans sa chambre. Après une longue attente
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dans le jardin, Julien se présente à la fenêtre de Mathilde à une heure du matin « fort embarrassé, il ne savait pas comment se conduire,
il n’avait pas d’amour du tout ». Il connaît seulement un bonheur d’ambition, bien éloigné du bonheur trouvé auprès de Madame de
Rênal dans cette « nuit bien singulière plutôt qu’heureuse ».
Le lendemain, Mathilde a « l’air sec et méchant » et semble ne pas s’apercevoir de l’existence de Julien. Au bout de trois jours, la
brouille semble définitive et « Julien faillit devenir fou en étant obligé de s’avouer qu’il aimait Mademoiselle de la Mole ». Il veut partir dans
le Languedoc pour voir les terres du marquis qui refuse, ayant besoin de Julien à Paris. Julien est alors fou d’amour et d’angoisse et
l’avoue à Mathilde qui conçoit pour lui un profond mépris. Cependant, à l’opéra, grâce à la musique, « Mathilde fut ce soir-là comme
Madame de Rênal était toujours en pensant à Julien ». Celui-ci, pendant ce temps est désespéré et pense se suicider quand un éclair de
génie le fait rejoindre Mathilde dans sa chambre le soir même ; le bonheur des deux amants est total. Mathilde donne à Julien tout
un côté de ses cheveux et Julien se sent « au comble du bonheur ». Malheureusement, le lendemain, « elle ne song[e] guère à l’amour ;
ce jour-là, elle [est] lasse d’aimer ». Julien se plonge à nouveau dans un noir désespoir.
Seconde conquête de Mathilde (livre second, chapitres XX à XXXIV)
Julien « ne comprenait nullement le caractère de la personne singulière que le hasard venait de rendre maîtresse absolue de tout son
bonheur ». Mademoiselle de la Mole affirme tout simplement à Julien qu’elle ne l’aime plus et qu’elle veut « guérir à jamais [son] petit
amour-propre des idées qu’il a pu se figurer sur [s]on compte. » Julien casse alors un vase du Japon et, dédaignant l’émotion de la mère
de Mathilde, affirme que c’est le symbole de ses sentiments pour Mathilde, brisés à jamais. Cependant, il est toujours malheureux
lorsque le marquis lui dit qu’il a besoin de lui et de sa mémoire pour une mission à risque. Julien est en fait chargé de prendre
en note une discussion entre divers grands personnages de la France de la Restauration ; le narrateur affirme à ce moment du
roman que « la politique […] est une pierre attachée au cou de la littérature et qui, en moins de six mois, la submerge […] C’est un coup
de pistolet au milieu d’un concert » et n’en raconte pas moins la scène. Les différents personnages présents discutent des mesures
à prendre pour que la France redevienne une vraie monarchie. Le marquis de la Mole affirme qu’il faut une armée, mais, selon un
autre personnage, c’est impossible sans le clergé. La discussion est infinie et dure jusqu’à trois heures du matin. Ensuite, le marquis
et Julien en rédigent un résumé et le jeune homme est chargé d’aller réciter cette « note secrète » à un haut dignitaire étranger qui
n’est pas nommé. Julien s’en va, manque de se faire arrêter par l’abbé Castanède, espion des jésuites et professeur au séminaire
de Besançon, mais parvient à remplir sa mission. Il est chargé d’attendre à Strasbourg la réponse que le haut dignitaire doit lui
faire parvenir. Il reste là, prenant les conseils du prince Korassof qu’il avait rencontré à Londres afin de savoir comment il peut
reconquérir le cœur de Mathilde. Le prince lui affirme qu’il faut :
• voir tous les jours celle qu’il aime ;
• faire la cour à une dame de sa société, mais sans passion. Ce sera Madame de Fervaques, fille d’un riche industriel ;
• écrire des lettres passionnées à cette dernière dame. Pour ce faire, le prince confie à Julien six volumes de lettres d’amour.
Julien revient à Paris après avoir recueilli la réponse à la note secrète ; il décide de suivre les conseils du prince Korassof. Pour cela,
il se rend chez le comte Altamira pour lui avouer (faussement) qu’il aime Madame de Fervaques et lui demander des conseils pour la
séduire. Le comte, qui a déjà fait la cour à la maréchale de Fervaques, lui confie des lettres qu’elle lui a écrites. Le soir, au dîner chez
le marquis où est présente Mathilde et dans le salon des la Mole, il commence sa cour à la maréchale de Fervaques. Il lui fait des
phrases, puis recopie sa première lettre qu’il trouve d’un ridicule consommé, allant jusqu’à s’endormir dessus. Il porte cette lettre
le lendemain à la maréchale, et la retrouve le soir, lui parlant avec éloquence car, de la place où il est installé, il aperçoit les yeux de
Mademoiselle de la Mole. L’ambition de Julien semble s’être évanouie. Il est tout à son amour pour Mathilde et à sa tentative de
reconquête. Il écrit sa deuxième lettre en méditant amèrement sur les phrases insensées qu’il recopie : « Au milieu des plus hautes
pensées sur le néant, sur la mort, sur l’infini, etc., je ne vois qu’une peur abominable du ridicule », se dit-il. Pendant quinze jours, il continue
son manège, et finit par être invité à dîner chez la maréchale sur qui il produit une impression positive. Mathilde en vient alors à
admirer la fausseté de Julien, qu’elle entend professer les idées les plus éloignées de ce qu’il pense, avec aplomb et détermination.
Elle admire aussi la physionomie du jeune homme qui est devenu un véritable dandy, extrêmement bien habillé. Madame de
Fervaques quant à elle finit par répondre à Julien qui ne décachettera que la première lettre qu’elle lui envoie. Mathilde en aperçoit
une et reproche à Julien d’être infidèle : « Voilà ce que je ne puis souffrir […] vous m’oubliez tout à fait, moi qui suis votre épouse. » Julien,
de peur de perdre Mathilde une nouvelle fois, lui répond avec froideur ; quand Mathilde découvre les lettres non décachetées de la
maréchale, elle lui avoue à nouveau son amour et Julien triomphe : « La voilà donc, cette orgueilleuse, à mes pieds ! »
Cependant, « Julien [est] plus étonné qu’heureux » avant de se sentir « pénétré d’amour jusque dans les replis les plus intimes de son
cœur » demande à Mathilde des « garanties ». En effet, il ne croit pas à la constance de Mademoiselle de la Mole et refuse de lui
dévoiler entièrement son cœur et l’étendue de son amour. Il se permet simplement de pleurer en entendant le Mariage secret de
Cimarosa à l’opéra, pendant que Mathilde, dans sa loge, pleure également. Il se compare alors à « un général qui vient de gagner à
demi une grande bataille » avant de « se trahir » devant un berceau de chèvrefeuilles : « Sa faiblesse fut complète. Il lui peignit avec
ces couleurs vraies qu’on n’invente point l’excès de son désespoir d’alors. » Se reprenant, il explique à Mathilde qu’il mentait, venant
contredire l’affirmation du narrateur ! Pendant ce temps, Mathilde aime Julien et finit par tomber enceinte. Julien, qui a des remords
envers son protecteur, porte alors au marquis une lettre de Mathilde qui lui avoue tout. Le marquis de la Mole injurie Julien, voyant
tous ses espoirs d’un beau mariage pour sa fille s’évanouir. De peur d’être assassiné par des hommes du marquis, Julien va se
confesser à l’abbé Pirard. Après de nombreuses tergiversations, le marquis donne deux terres de Languedoc à Mathilde et Julien.
Mais Mathilde veut absolument se marier avec Julien et le dit à son père. Celui-ci donne « un brevet de lieutenant de hussards pour M.
le Chevalier Julien Sorel de La Vernaye » malgré sa peur que Julien ne soit qu’un séducteur.
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Le bonheur, enfin ? (livre second, chapitres XXXV à XXXXV)
Cette peur se voit confirmée par une lettre que le marquis reçoit où Madame de Rênal explique que Julien, « couvert par une
apparence de désintéressement et par des phrases de romans, [a pour] unique objet […] de parvenir à disposer du maître de la maison et de
sa fortune ». La nouvelle de sa disgrâce atteint Julien alors qu’il est dans son régiment, « ivre d’ambition, et non pas de vanité ». Le jeune
homme décide de partir pour Verrières, sans que le roman n’explique ses motivations. Il achète des pistolets et, dans l’église « aux
fenêtres voilées avec des rideaux cramoisis », tire à deux reprises sur Madame de Rênal qui est blessée. Julien est enfermé en prison
et plaide coupable de tout ce dont on l’accuse. Il écrit ensuite une lettre à Mathilde où il affirme qu’elle doit l’oublier. Le geôlier lui
apprend cependant que Madame de Rênal va mieux et Julien se réjouit de cette nouvelle, ainsi que de son transfert dans « l’étage
supérieur d’un donjon gothique » à Besançon. Il y reçoit la visite du curé Chélan, proche de la mort, et de son ami Fouqué qui veut
tout faire pour le sauver. Plus tard, c’est Mathilde, vêtue en paysanne, qui vient le voir et, « malgré ses préventions contre Mademoiselle
de la Mole, que d’ailleurs, il ne s’avouait pas bien nettement, Julien la trouva fort jolie ». Mathilde paye les meilleurs avocats et rencontre
l’abbé de Frilair pour qu’il sauve Julien de la mort. L’abbé est d’accord et affirme qu’il fera tout pour sauver le jeune criminel.
Julien avoue s’ennuyer auprès de Mathilde dont le dévouement excessif l’exaspère. C’est qu’il est à nouveau « éperdument amoureux »
de Madame de Rênal… Celle-ci a écrit de sa main aux trente-six jurés pour que Julien soit sauvé; l’abbé de Frilair pour sa part
promet à Mathilde l’acquittement de Julien grâce à la composition du jury dont il contrôle la majorité. Lorsque Julien paraît au
tribunal, « on eût dit ce jour-là qu’il n’avait pas vingt ans ; il était mis fort simplement, mais avec une grâce parfaite ; ses cheveux et son front
étaient charmants ». Il prononce un discours pour affirmer qu’il est « un paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune » et
qu’il ne sera pas jugé par ses pairs mais par « des bourgeois indignés ». Le jury délibère et condamne Julien à mort. Mathilde, cachée
derrière un pilier de la salle du tribunal, laisse échapper un cri et Julien est emmené dans une chambre destinée aux condamnés à
mort où il médite sur son sort : « Moi seul, je sais ce que j’aurais pu faire… Pour les autres, je ne suis tout au plus qu’un peut-être. » Le
lendemain du jugement, il trouve Madame de Rênal à son chevet lorsqu’il se réveille. Elle lui demande de faire appel et promet de
venir le voir pendant les deux mois avant l’exécution de la sentence tous les jours. Julien lui avoue : « Sache que je t’ai toujours aimée,
que je n’ai aimé que toi » et dit de Mathilde : « C’est ma femme, mais ce n’est pas ma maîtresse. » Pendant les trois jours où Madame de
Rênal reste à Besançon avant qu’elle ne soit rappelée par son mari, Julien est heureux. Il ne supporte de voir ni Mathilde ni Fouqué ;
à son père qui est venu le voir, il parle d’argent pour se défaire de lui ; il médite sur la mort. Lorsque Madame de Rênal revient, il
est pris d’un « amour effréné ». On apprend en passant la mort du marquis de Croisenois, tué en duel pour défendre l’honneur de
Mathilde. Mais Julien goûte dans sa prison « une insouciance et douce gaieté » déclarant à Madame de Rênal : « Je serais mort sans
connaître le bonheur, si vous n’étiez venu me voir dans cette prison. »
Le jour de l’exécution, « un beau soleil réjoui[t] la nature », et Julien, qui ne manque pas de courage, meurt avec bravoure. Fouqué
rachète la dépouille de Julien et Mathilde vient la chercher pour l’enterrer en grandes pompes. Quant à Madame de Rênal, « elle
fut fidèle à sa promesse. Elle ne chercha en aucune manière à attenter à sa vie ; mais, trois jours après Julien, elle mourut en embrassant ses
enfants ».
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