Mademoiselle Julie
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Mademoiselle Julie
Mademoiselle Julie d'August Strindberg Traduction de Francis Azéma L'auteur (1849-1912) Auteur dramatique et écrivain suédois né à Stockholm en 1849, August Strindberg, généreux dans ses idéaux, fut un individualiste forcené. Marqué par Kierkegaard et Nietzsche autant que par Rousseau et Zola, il se lança avec enthousiasme aussi bien dans un spiritisme qui devait le mener près de la folie que dans les idéaux socialistes qui l'obligèrent à s'exiler. Célébré autant que haï par ses contemporains, il passera ainsi du naturalisme au mysticisme, du récit historique au théâtre intimiste, de l'humanisme à l'aigreur, pour arriver au triste constat que la société est décadence et l'être humain d'une duplicité effrayante. Il commença des études de mèdecine à l'université d'Uppsala, mais fut bientôt attiré par le métier de comédien. Ses débuts furent peu propices, et, devant renoncer à jouer des pièces, il se mit à en ecrire. En septembre 1870, le Théâtre Royal de Stockholm donna son acte A Rome, et en l872 il acheva son premier chef-d'oeuvre, Maître Olof. Pour sa première femme, actrice débutante, il composa ses deux drames "mediévaux", Le Secret de la Guilde (1880) et La Femme de Sire Bengt (1882). Ayant publié en 1879 son premier roman, La Chambre rouge, il se mit à analyser les relations maritales dans une série de nouvelles, Les Mariés (1884). puis coup sur coup en 1887-1888, il écrivit les cruelles confidences dramatiques qu'il est convenu d'appeler ses drames naturalistes : Père, Mademoiselle Julie, Les Créanciers. Antoine admira la première pièce, et promit de l'inscrire au programme du Théâtre Libre, mais c'est finalement Lugné-Poe qui la monta, en décembre 1894, après avoir donné Les Créanciers. En janvier 1893, le Théâtre Libre avait joué Mademoiselle Julie. Après son divorce, Strindberg voyagea pendant quelques années, puis traversa la grande crise physique et psychologique dont il retraça le déroulement dans Inferno (1897). Il composa en 1898 la trilogie du Chemin de Damas, que suivirent La Danse de mort (1900) et Le Songe, (1901). Il créa en 1902, à Stockholm, le Théâtre Intime, salle d'essai qui fut peut-être le berceau de l'expressionnisme, et où fut jouée, entre autres, La Sonate des fantômes (1908). Grand admirateur des romans de Zola, Strindberg fut fortement influencé par le drame tiré de Thérèse Raquin. Il envoya au romancier, en 1887, le manuscrit de sa propre traduction française de Père, et en 1892 il proposa à son éditeur de traduire en suédois La Faute de l'abbé Mouret. Outre des pamphlets comme Drapeaux noirs ou Mariés!, on lui doit une autobiographie complaisante: Le Fils de la servante, des récits historiques, dont Destins et visages. Il est décédé en 1912 d'un cancer. La pièce Histoire : La nuit des feux de la Saint-Jean, sous l'influence de l'excitation charnelle de la danse, Mademoiselle Julie et le domestique de son père se jouent du rêve et de la réalité pour descendre dans les enfers de la séduction… où la rage d'absolu, la question de l'honneur et l'inacceptation de leur condition sociale les amènent à leur perte. Mademoiselle Julie est l'une des pièces d'August Strindberg parmi les plus complexes dans l'approche psychologique des personnages, chargés d'ambiguïté et d'hésitations. Le drame qui va lier Julie, l'aristocrate, et Jean le domestique de son père, ne se résout pas dans la seule analyse sociale. A l'opposition de classes se mêle celle des sexes et, plus profonde encore celle que chacun se livre à lui-même dans la contradiction de ses désirs. Lorsqu'au bout de ce rapport de répulsion-attirance, domination-soumission, haine-fascination qui les lie, les deux protagonistes succombent enfin à leur désir, c'est l'échec. L'incompréhension qui les sépare, leur incapacité à démêler la nature des leurs sentiments, les éloignent irrémédiablement. Dans la cuisine, qui est le théâtre de cette "tragédie naturaliste" (comme la sous-titre Strindberg), l'auteur se livre à une analyse des êtres qui interroge sans donner de réponse. Le spectateur ne s'en sort pas avec des conclusions manichéennes : le pouvoir peut changer de mains et celui qui opprime le fait parfois avec d'autres armes que celles que l'on croit voir. Mademoiselle Julie d'August Strindberg a été créée en 1889 et raconte, comme toutes ses pièces, aussi un peu de sa vie à lui: son père était commerçant, sa mère une ancienne serveuse, Strindberg détestera sa vie durant ce qu'il appela le «sang d'esclave» qui coulait dans ses veines mais ne se retrouvait pas davantage dans la classe moyenne à laquelle appartenait sa famille. D'ailleurs, bien plus que la terrible lutte des sexes qui a lieu sous nos yeux sur scène, ce sont les observations sur la lutte des classes, sur l'ascension sociale qui sont restées les plus actuelles aujourd'hui. Car si, enfant déjà, Jean, le fils de métayer, était tombé follement amoureux de Mademoiselle Julie, c'était surtout de sa richesse, de son château et de sa vie d'enfant gâtée et choyée. Quand elle l'aguiche, le drague et le provoque la nuit de la Saint-Jean, lorsque nous les retrouvons sur scène, il se laisse séduire par la femme mais aussi par l'idée d'être l'amant de sa maîtresse, il est conscient de cette transgression et veut utiliser Julie comme un premier échelon sur ce qu'il s'est imaginé comme plan de son ascension. Il veut s'élever alors que Julie, noyée dans un incommensurable mal-être, ne rêve que de disparaître sous terre. Dans ces deux mouvements opposés, leurs trajectoires se croisent et ce moment deviendra fatidique à Julie. Selon Strindberg lui-même, le malheur de Julie serait dû en grande partie à son éducation, voulue par une mère féministe très libre, «Cet être à moitié femme à moitié homme n'a pas de moi, porte le mal de vivre en elle-même,» écrit la dramaturge Carole Lorang dans une note explicative de la production. Et: «la misogynie de Strindberg me semble être bien plus qu'une haine vis-à-vis de la gent féminine ou la croyance qu'elle est inférieure à l'homme: c'est une peur fondamentale de se confronter à la différence, à l'Autre qui fascine. Peur de perdre le contrôle, de se laisser dévorer ? Et de se laisser séduire, de se mettre à nu devant l'autre.» Extrait Le traducteur et metteur en scène Comédien, metteur en scène, directeur artistique, professeur au Conservatoire National de Région de Toulouse (depuis 1989) mais aussi dans son école le Passage à Niveau (fondée en 2oo2) et ses ateliers d’initiation pour les adolescents et les adultes Graines d'acteur (créés en 1995), il professe, dirige, créé, joue… avec la même passion. Depuis 1994, il met en scène et interprète des textes des répertoires classique et contemporain au sein de sa compagnie, récemment rebaptisée Les vagabonds. En 2oo1, Paul Berger lui confie la direction artistique du Théâtre du Pavé. Depuis sa reprise du lieu, il y crée ses spectacles. Tout d’abord, Les oranges d’Aziz Chouaki, puis Outrage au public de Peter Handke, Les justes d’Albert Camus, La mouette d’Anton Tchekhov et enfin un cycle ambitieux consacré à Jean-Luc Lagarce en février, mars et avril 2oo5 avec Derniers remords avant l'oubli, Juste la fin du monde, Les règles du savoir-vivre dans la société moderne, L'apprentissage et Le bain. Ses créations remportent l’adhésion d’un public qui lui devient fidèle. Lors de la saison dernière, il a crée avec Les vagabonds « Le misanthrope » de Molière, et repris 3 de leurs créations (« Derniers remords avant l'oubli », « Les règles du savoir-vivre dans la société moderne»et « Le loup et le loup » . Cette année, il met en scène Mademoiselle Julie d'August Strindberg, La Musica deuxième et La douleur de Marguerite Duras. Notes de mise en scène Mademoiselle Julie est considéré à juste titre comme la première pièce du théâtre moderne. L’apparition de la psychologie des personnages, le réalisme, le traitement de thèmes jamais abordés dans le théâtre ou la littérature ont bouleversé le regard des spectateurs et des critiques au point que, la peur prenant le dessus - et avec elle, la bêtise - la censure a vite fait son oeuvre épaisse etgrasse. (qu’on ne s’y trompe pas, c’est parfois encore le cas aujourd’hui,l’absence de soutien de “certains” subventionneurs incompétents ou frileux, amenant souvent une forme de censure déguisée).Quoi de plus beau, quoi de plus fort que de choisir cette oeuvre et cet auteur pour rouvrir le Grenier Théâtre aux spectacles et aux spectateurs. Strindberg, comme Tchékhov, rêvait d’un théâtre à dimension humaine, untout petit espace ou l’Art prendrait le pas sur le spectaculaire, ou le sourire,la larme, le murmure, le regard du comédien aurait bien plus d’importance que la majesté des décors. Qui voit encore le regard du comédien dans certains théâtres ? Combien de petites salles aujourd’hui ? Combien de petits bonheurs ? Le propos est lui aussi d’une étrange modernité. Parler sans tabou du désir sexuel au féminin sans faire monologuer ses parties intimes, parler de lutte des classes sans dresser la guillotine, de religion sans sectarisme, relève d’une finesse et d’un regard sur le monde et les Hommes rarement atteints à l’époque. ****** “Pères, ne laissez jamais votre fille seule le soir de la fête au village.” Mademoiselle Julie, la fille du comte, a envie. Envie de rire, de danser, de s’enivrer de rires et de vin, d’être belle et de plaire aux garçons. Jean, le domestique de Monsieur, ne rêve lui que d’une chose : gravir les marches qui le mèneront loin des bottes à cirer et des basses besognes. Julie sera pour lui cette première marche. Profitant de son innocence, il la possédera froidement pour la jeter ensuite dans la boue et le désespoir, sous le regard de Christine, la cuisinière, amoureuse résignée, effondrée, écoeurée. ****** Traduire, c’est trahir un peu. Ne connaissant comme mots suédois que Volvo et Ikéa, il était difficile de parler de fidélité absolue, de respect au mot près. Pourtant, entouré de nombreuses traductions françaises, connaissant bien l’auteur, la pièce et les comédiens qui la joueraient, respectant chaque réplique, le travail d’écriture s’est fait sur le rythme, l’énergie, la violence du propos, en évitant constamment le grain de sel personnel. Et pour être tout à fait franc, après lectures d’anciennes versions, puisse Strindberg se retourner dans sa tombe, il se remettra à l’endroit... Sylvie Maury : Julie Elève de Corinne Mariotto puis de Francis Azéma au Grenier Théâtre dès 1997, Sylvie Maury intègre ensuite le Conservatoire National de Région de Toulouse dont elle sortira deux ans plus tard avec la mention très bien et les félicitations du jury du concours de sortie. Elle a, dès lors, joué dans plusieurs créations de la compagnie : Tartuffe, peut-être…, Outrage au public, Les justes , La mouette, Juste la fin du monde, Derniers remords avant l'oubli. Elle fut également la Reine Gertrude dans Hamlet, mis en scène par Luca Franceschi à Montpellier en 2oo3. Parallèlement , elle joue et danse dans les deux dernières créations de dansethéâtre de la chorégraphe Brigitte Fischer dans "Requiem U238" créé au Théâtre du Pavé en 2oo4 et "Petites histoires douces et cruelles" créé en 2oo5. Et elle interprète en 2006 Célimène dans le Misanthrope de Molière de Francis Azéma. Grégory Bourut : Jean C'est durant ses études que Grégory Bourut découvre sa passion pour les planches. Sa maîtrise de philosophie en poche, il continue à jouer dans des compagnies de théâtre amateur. En 2oo2, il intègre l'école professionnelle que vient d'ouvrir Francis Azéma, le Passage à Niveau, où il suivra les enseignements de Francis Azéma, Brigitte Fischer, Denis Rey, Michel Broquin, Richard Sammel, Christelle Boizanté, Anne-Marie Bernard-Klapholz... Il interprète l’inspecteur mélancolique dans Roberto Zucco de Koltès et Démétrius dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Déjà présent auprès des vagabonds pour Les justes et La mouette, en tant que figurant, il devient l'un des leurs dès la saison 2oo4-2oo5, avec le rôle d'Antoine dans « Juste la fin du monde » de Jean-Luc Lagarce, dirigé par Francis Azéma. Parallèlement, il danse et joue dans des créations danse-théâtre de Brigitte Fischer. Et il interprète en 2006 Acaste dans le Misanthrope de Molière de Francis Azéma. Corinne Mariotto : Christine Comédienne chevronnée, Corinne Mariotto joue sous la direction de Francis Azéma depuis 1991, mais aussi de Maurice Sarrazin, René Gouzenne, Jean-Pierre Beauredon, Patrick Séraudie, JeanClaude Bastos, Franck Ramon, François Fehner... Femme de théâtre, elle participe cependant à quelques courts et longs métrages pour le cinéma et la télévision, et est un temps chroniqueuse pour TLT. En 1993, elle participe à la fondation du Grenier Théâtre. Elle est également responsable de la programmation jeune public du Théâtre du Pavé : « Les p’tits Cailloux. » Pédagogue, elle intervient dans l’atelier de pratique artistique du théâtre du collège Michelet, a dirigé l’atelier d’initiation au théâtre pour adolescent du Grenier Théâtre, intervient sur l’atelier d’initiation adulte Graines d'Acteur, professe durant des stages pour les élèves de l'école Le Passage à Niveau. Elle a joué entres autres dans Le Misanthrope (Arsinoé), Eugène ou le choisi (Marguerite),Les règles du savoir vivre dans la Société Moderne , Derniers Remords avant l'oubli (Hélène), La Mouette de Tchekhov (Paulina Andreevna),Outrage au public de Peter Handke, L'avare de Molière (Elise), Le contestataire de Dieu d'après le livre de Job (L'infirmière), Cyrano de Bergerac de Edmond Rostand (Roxane)... Prix de vente du spectacle Pour nos co-producteurs : 1 représentation : 1 000€ 2 représentations : 1 500€ + défraiements Pour achats hors co-production : 1 représentation : 1 200 € HT 2 représentations : 2 000 € HT + défraiements Achat des deux spectacles (Mademoiselle Julie + La Musica deuxième de Marguerite Duras) Pour nos co-producteurs : 1 représentation : 2 000 € 2 représentations : 2 500 € + défraiements Pour achat hors co-production : 1 représentation de chaque spectacle : 2 200 € HT 2 représentations de chaque spectacle : 3 000 € HT + défraiements