Santé: le manifeste des 59 - MRC Nouvelle

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Santé: le manifeste des 59 - MRC Nouvelle
Santé: le manifeste des 59
par Carole Beaulieu
8 Mars 2012
Pourquoi suit-on sans ronchonner le traitement prescrit par un médecin pour lutter contre un
cancer et refuse-t-on celui prescrit par ces experts-là pour soigner notre réseau public ? Ils font
pourtant métier d'observer et d'analyser les systèmes de santé partout dans le monde et savent
lesquels permettent de fournir le plus de services, au plus grand nombre, à moindre coût.
Ces chercheurs savent pourquoi encore trop de Québécois ne trouvent pas de médecins de
famille. Ils savent même quoi faire pour changer ça ! Ils savent aussi comment faire afin que le
système fournisse plus de services pour le même prix. Mais qui écoute les nerds de nos jours ?
À moins qu'ils ne gagnent des fortunes, comme Bill Gates, leur savoir attire moins l'attention que
les coups d'éclat des grandes gueules.
Un recours accru au financement privé empirera les problèmes, disent-ils. « Le système de
santé québécois a une jambe malade - la manière dont on produit les soins - et une jambe saine
- la manière dont on finance les soins. Les chantres de la privatisation veulent couper la jambe
saine et laisser le marché s'occuper de la gangrène dans l'autre jambe. »
C'est la manière dont on produit les soins qui doit changer. Pas celle dont on les finance (les
impôts). Il faut organiser le réseau autrement, changer le mode de rémunération des médecins,
faire plus de place aux généralistes et moins aux spécialistes, mettre l'accent sur les soins de
proximité (la première ligne, comme on dit dans le jargon), donner plus de pouvoirs aux autres
professionnels de la santé (infirmières, pharmaciens, sages-femmes, etc.). Les solutions sont
connues. Il manque le courage politique de les appliquer.
Après avoir lu la lettre des 59, vous n'écouterez plus de la même manière les appels à la
privatisation du réseau ou les discours des politiciens d'antichambre, comme le président de la
Fédération des médecins spécialistes, Gaétan Barrette, qui se voit déjà ministre d'un
gouvernement caquiste.
Cette lettre est un bon antidote à l'ignorance et à la propagande.
Elle énonce 10 principes de base que les signataires jugent « incontournables ». Notamment : «
Que les facultés de médecine et le Collège des médecins interviennent pour modifier le ratio
omnipraticiens/spécialistes de manière à ce que la majorité [c'est bien écrit la majorité] des
médecins choisissent la médecine de famille et que le nombre de postes par spécialité soit
établi en fonction des besoins de santé anticipés. »
Une telle mesure ne plaira pas aux aspirants médecins. La spécialisation paie beaucoup mieux
que l'omnipratique. (Les spécialistes sont d'ailleurs responsables d'une bonne part de
l'augmentation des coûts.) Les Québécois ont besoin de généralistes, de services de proximité
et de prévention - qui réduiront leurs besoins de spécialistes.
Le rôle du gouvernement est de mettre les impôts au service de la collectivité. En aura-t-il le
courage ?
Manifeste des 59: lettre ouverte à Yves Bolduc, ministre de la
Santé
Cette lettre ouverte a été envoyée le 30 janvier 2011 au premier ministre du Québec, au ministre
de la Santé, aux fédérations médicales, à l'AQESSS, à l'OIIQ, l'INESSS, au Collège des
médecins. Elle a été en même temps soumise au Devoir, à La Presse et au Soleil. Lors de sa
soumission initiale, elle était cosignée par 38 experts en analyse du système de santé. Depuis,
de nombreux médecins, chercheurs et décideurs ont voulu rajouter leur signature.
*
*
POUR UN SYSTÈME DE SANTÉ DE QUALITÉ POUR TOUS
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Nous souhaitons tous vivre longtemps et en bonne santé. Et tous, à un moment donné, nous
ferons l'expérience de la maladie. À ce moment, nous aimerions recevoir des soins de qualité, le
plus rapidement possible, dans un environnement accueillant et rassurant. C'est l'objectif de
notre système de santé. Malheureusement, les résultats des recherches, des évaluations et des
analyses que nous menons sur le système de santé du Québec nous inquiètent pour l'avenir. La
source de nos inquiétudes peut être résumée en trois constats objectifs.
Premier constat, les problèmes de notre système de santé ne sont pas dus à un simple manque
d'argent. Les données montrent que le Canada et le Québec sont parmi les juridictions qui
dépensent le plus en santé à l'échelle mondiale. Pourtant, par rapport aux grands pays
développés nous avons proportionnellement peu de lits, peu de médecins et peu d'infirmières
par habitant. Dit simplement nous payons très cher pour relativement peu de ressources et ceci
est un fait objectif et indiscutable. Encore plus problématique, au cours des dernières années
nos dépenses de santé ont crû nettement plus vite que la richesse collective sans que ces
investissements massifs ne se traduisent par une amélioration de la quantité ou de la qualité
des services offerts. En fait, et nous y reviendrons, l'accessibilité aux soins est de plus en plus
limitée. Le fait que ce soient les dépenses de santé privées qui augmentent le plus rapidement
n'est pas étranger à cette réalité. Les leçons des dernières années indiquent hors de tout doute
que d'ajouter plus d'argent dans le système actuel, que ce soit de l'argent public ou du
financement privé, n'est pas la solution aux problèmes auxquels le système est confronté.
Second constat, le problème se situe au niveau de l'organisation du système de santé et de la
manière dont on produit les soins, pas au niveau des grands principes sur lesquels repose notre
système public et universel d'assurance maladie. Malheureusement, il existe des groupes
d'intérêts puissants qui utilisent les problèmes réels du système comme arguments pour tenter
de rendre socialement et politiquement acceptable une privatisation du financement. Or, le
système de financement actuel fondé sur une cotisation principalement par le biais des impôts
(plus on est riche plus on paye) et un accès sur la base des besoins (couverture universelle) est
un actif fondamental qu'il faut conserver. Ce système d'assurance publique est sain et produit
effectivement les résultats escomptés en termes d'équité d'accès aux soins. Pour prendre une
analogie, le système de santé québécois a une jambe malade, la manière dont on produit les
soins, et une jambe saine, la manière dont on finance les soins. Les chantres de la privatisation
veulent couper la jambe saine et laisser le marché s'occuper de la gangrène dans l'autre jambe.
L'effet prévisible d'un recours accru au financement privé est un accroissement des problèmes.
Il n'existe absolument aucune base scientifique crédible ni aucune leçon tirée d'un autre pays
qui permettent de justifier le financement privé du système de santé. Au contraire, nous devons
réaffirmer et renforcer le caractère public du financement de notre système de santé.
Troisième constat, la trajectoire d'évolution du système de santé est inquiétante. Les services
auxquels la population a accès stagnent ou se dégradent. On déplore des problèmes d'accès
aux services de première ligne, aux services diagnostiques, aux services spécialisés. Les
professionnels sont désabusés, souvent épuisés et peu appuyés dans leur pratique.
Simultanément, on observe le développement d'un secteur privé peu et mal encadré qui
consomme une part croissante de nos ressources humaines et financières, qui contribue peu à
la santé de la population, mais qui créé des iniquités dans l'accès aux soins. Finalement, les
besoins de la population évoluent (augmentation des maladies chroniques, vieillissement de la
population) et vont créer de nouveaux défis. Or, nous croyons que les interventions actuelles ne
permettent ni de corriger les dysfonctionnements du système, ni de l'orienter de façon à mieux
répondre aux défis futurs.
En tant qu'experts en analyse des systèmes de santé, nous sommes profondément inquiets et
nous pensons qu'il est urgent de sortir de la complaisance, du corporatisme et de l'attentisme.
Pour maintenir un système de santé en mesure de couvrir les besoins de l'ensemble de la
population avec les ressources financières dont nous disposons, il faut à court terme
profondément transformer la manière dont les soins sont offerts. Ni la cause des problèmes
actuels ni leurs solutions ne se trouvent au niveau individuel. Les professionnels qui travaillent
dans le système de santé sont, dans leur immense majorité, compétents et bien intentionnés.
De même, l'épouvantail du patient surconsommateur qui encombre les urgences et les couloirs
des hôpitaux devrait aller rejoindre les autres personnages imaginaires qui font peur aux petits
enfants et arrêter d'encombrer les débats sérieux. Les solutions sont systémiques, collectives et
publiques. Elles passent par une révision profonde de la façon dont la médecine au sens large
est pratiquée, ce qui implique de repenser le rôle et les fonctions des professionnels, des
établissements et du Ministère. Nous devons développer une vision collective de ce que serait
un système de santé adapté aux défis de demain. Pour sortir de l'ornière où le débat est enlisé,
nous proposons dix principes de base qui sont incontournables pour faire face aux défis actuels.
Un système public et universel
Prétendre qu'il y a quoi que ce soit à attendre d'un recours accru au financement privé, que ce
soient les paiements directs ou les assurances complémentaires, relève soit de l'ignorance ou
de la propagande. Défendre des soins de qualité, accessibles et collectivement abordables
implique, avant toute chose, un financement public. Il faudrait donc mettre fin au processus de
désassurance passive de services ainsi qu'aux divers « frais afférents » demandés aux patients
et rapatrier au sein des services couverts par la RAMQ l'ensemble des tests diagnostics,
procédures et matériels nécessaires aux soins et dont l'efficacité a été scientifiquement
démontrée. Un vrai régime universel d'assurance médicaments permettrait des économies
substantielles. Par ailleurs, certains services actuellement financés sur une base privée
pourraient être intégrés au système public de santé. Ainsi:
1. Le financement du système doit reposer sur une contribution progressive en fonction du
revenu de façon à offrir de façon équitable à chacun tous les soins requis.
Des soins de première ligne de proximité
L'ensemble des connaissances scientifiques disponibles confirme qu'une première ligne forte a
des effets positifs sur la santé des personnes sur la qualité et sur les coûts du système de santé.
Une première ligne forte offre à la totalité de la population des soins de premier contact
accessibles en tout temps, des soins globaux à toutes les périodes de la vie, pour la majorité
des problèmes de santé, tout en offrant une fonction de coordination pour les services
diagnostiques et spécialisés nécessaires. En conséquence, la solution aux problèmes actuels
implique:
2. que le gouvernement mette en place et soutienne avec beaucoup d'énergie et de
cohérence le déploiement d'organisations de soins réellement responsables de fournir
l'ensemble des soins de proximité à la population de son territoire 24 h sur 24 h, 7 jours sur 7.
3. que le gouvernement, les ordres professionnels et les fédérations médicales travaillent
collectivement pour que la prise en charge des patients en première ligne soit globale
multidisciplinaire avec un rôle et une étendue de pratique accrus pour les pharmaciens, les
infirmières, les sages femmes, et autres professionnels.
4. que les médecins omnipraticiens actuellement en exercice réorientent leurs modes de
pratique vers une vraie médecine familiale, au sein de ces organisations.
5. que ces organisations de première ligne jouent un rôle central et déterminant dans l'accès
aux services diagnostiques, aux soins spécialisés et dans la coordination des soins pour les
patients dont ils ont la responsabilité. Les organisations et professionnels de santé de deuxième
et troisième ligne tels les centres hospitaliers et les médecins spécialistes doivent orienter
prioritairement leurs rôles, fonctions et services de façon à supporter ces organisations de
première ligne.
6. que les facultés de médecine et le Collège des médecins interviennent pour modifier le ratio
omnipraticiens/ spécialistes de manière à ce que la majorité des médecins choisissent la
médecine de famille et que le nombre de postes par spécialité soit établi en fonction des besoins
de santé anticipés.
7. que les organisations locales de santé, d'éducation, de services aux ainés, de services
municipaux, etc. travaillent de façon coordonnée et fassent de la prévention des problèmes de
santé une de leurs responsabilités.
Organiser la dispensation de soins
Le prix unitaire des services et la rémunération des professionnels sont nettement plus élevés
au Canada et même au Québec que dans la plupart des pays industrialisés. Même si nos
dépenses sont élevées, nous avons donc proportionnellement relativement peu de médecins,
peu d'infirmières et peu de lits. Il est possible d'offrir à toute la population du Québec des soins
accessibles et de première qualité avec les ressources humaines et matérielles actuelles, mais
uniquement si, de façon proactive et collectivement, nous révisons la façon dont est structurée
l'offre de soins. Ceci implique entre autres:
8. que le Ministère, les Agences et les établissements implantent un système d'information
clinique et administratif unifié pour à la fois soutenir les professionnels dans leur travail et
produire une information fiable sur le fonctionnement des organisations et du système.
9.
que le Ministère et les Agences s'assurent que les modes de financement des
établissements et de rémunération des professionnels soient cohérents avec les modes de
pratiques souhaités. Ceci implique aussi que les liens financeur-financés, employeurs-employés
soient modifiés afin de donner aux diverses organisations du système de soins des leviers pour
l'organisation des services dont ils sont responsables.
Des soins pertinents
De nombreux services médicaux et chirurgicaux sont offerts à des patients pour lesquels ces
interventions ne sont pas indiquées ou encore sont utilisés malgré l'absence de preuves
scientifiques convaincantes de leur efficacité. Ces services non pertinents constituent un volume
et des coûts très importants. Pour améliorer la santé et la qualité de vie de la population et pour
limiter les dépenses inutiles, il faudrait:
10. que le Collège des médecins, le Ministère et l'INESSS fassent de la pertinence des soins un
dossier prioritaire et interviennent de manière coordonnée et agressive pour limiter autant que
possible la dispensation de soins non pertinents.
Nous sommes parfaitement conscients que toutes ces propositions sont politiquement difficiles à
mettre en œuvre et qu'elles risquent de se heurter au lobby de groupes d'intérêt puissants.
Toutefois, en tant qu'experts et en tant que citoyens nous croyons qu'il est indispensable et
urgent d'agir pour garantir un accès à tous à un système de santé de qualité. L'histoire de notre
système de santé est une saga de mesures à la pièce et de réformes à demi-implantées. Nous
ne pouvons continuer ainsi. Seuls un renforcement du système public d'assurance et une
transformation profonde, intégrale et cohérente de l'organisation des soins permettront de mieux
répondre à nos besoins de santé, d'aujourd'hui et de demain.
Publié le 02 avril 2012
Médecins québécois vers le privé: l'exode
continue
Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil
(Québec) L'exode des médecins québécois hors du réseau public de la santé s'accentue. Au cours
de la dernière année, une quinzaine de plus se sont laissés charmer par le chant des sirènes du
privé.
Quelque 230 docteurs ont maintenant tourné le dos à l'État.
«Il y a une augmentation qui est graduelle depuis quelques années», indique le porte-parole
auprès des médias de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), Marc Lortie. «Au 22
mars, il y avait 160 omnipraticiens et 71 spécialistes qui étaient "non participants" au régime
d'assurance maladie, pour un total de 231. Ça représente à peu près 1,3 % des médecins du
Québec. Il y en avait 217 à peu près à la même période l'an passé.»
Où est la différence pour le patient? Dans le porte-monnaie! «Le médecin non participant peut
demander les honoraires qu'il veut, explique M. Lortie. Toutes les cliniques médicales sont des
cliniques privées. Mais, pour la plupart, ce sont des médecins [payés par] le régime d'assurance
maladie. La différence, c'est le statut du médecin. Quand vous faites affaire avec un médecin non
participant, vous devez payer le montant qu'il demande.»
Un docteur québécois ne peut à la fois pratiquer pour l'État et facturer ses honoraires aux patients
dans une clinique privée. «On ne peut pas avoir deux chapeaux en même temps.» S'il veut se
libérer de ses obligations envers les établissements de santé publics et se consacrer à son art
seulement dans les locaux de son entreprise, le praticien doit se «désinscrire». «Le médecin doit
envoyer un avis écrit, explique M. Lortie. Il n'a pas à fournir de raison. On ne fait que prendre
acte de la demande. Au bout de 30 jours, le médecin devient non participant au régime public.»
Si un docteur regrette son choix et désire réintégrer le réseau public, ce sera plus rapide; en huit
jours, il sera accueilli.
La désertion des médecins vers le secteur privé est lente, mais constante. En 2008, 155 médecins
n'adhéraient plus au régime public d'assurance maladie, 88 omnipraticiens et 67 spécialistes.
Un phénomène inquiétant? Plus ou moins 18 000 médecins ont facturé des honoraires l'an
dernier, tempère Marc Lortie. La RAMQ se tient toutefois loin du débat : «Nous, on est là pour
prendre acte de la décision du médecin.» Au ministre de la Santé d'intervenir s'il juge le nombre
de transfuges trop élevé.
Cliniques dans la région
Dans la région de la capitale, quelques cliniques privées ont ouvert leurs portes au cours des
dernières années. Du nombre, les trois points de service duDr Marc Lacroix dans les secteurs
Lac-Beauport, Cap-Rouge et Saint-Jean-Chrysostome. Moyennant une contribution de 1100 $ par
année, le client aurait droit à un rendez-vous dans un délai de 48 heures. Les non-membres
pourraient également le visiter en échange de 200 $. Il y a même des promotions, des spéciaux,
dans le site Internet.
Un compétiteur, Médicina, opère dans le secteur Vanier. Une autre succursale de la compagnie
vient d'ouvrir à Saint-Nicolas, sur la rive sud du fleuve. La facturation est un peu différente. La
liste des prix est disponible sur la vitrine Web de l'entreprise
Difficile de se trouver un médecin de famille
MÉLANIE LABRECQUE
Publié le 22 mars 2012
Saint-Apollinaire, la clinique médicale de l’endroit accueille encore de nouveaux patients. Cependant, ces derniers doivent
résider à Saint-Apollinaire et ne pas avoir de médecin de famille dans un kilométrage raisonnable. Par exemple, une
personne qui vient tout juste de déménager de Québec à Saint-Apollinaire et qui a son médecin de famille à Québec devra
continuer d’aller visiter son médecin dans la Vieille Capitale. Cependant, si la personne qui emménage à Saint-Apollinaire
arrive de Sherbrooke ou de Montréal, on ne la refusera pas.
À la clinique, on confirme également que des gens de Québec et des environs appellent régulièrement pour voir si le
médecin ne pourrait pas les accepter comme patients. Un seul médecin pratique à cette clinique.
Du côté du CLSC de Laurier-Station, on n’a pas voulu confirmer si les médecins de famille qui y pratiquent prennent de
nouveaux patients. On a référé Le Peuple aux services administratifs.
Du côté de Sainte-Croix, les cinq médecins qui y pratiquent ne prennent plus de patients. Cependant, le Dr Normand Drolet
explique qu’ils en acceptent sous certaines conditions, par exemple les membres de la famille d’un patient déjà inscrit aux
GMF. Cependant, il note que ce n’est pas un «bar ouvert» et qu’il y a certaines limitations. De plus, la clinique sans rendezvous permet de pallier les besoins les plus urgents.
Mission impossible
À Saint-Agapit, les médecins n’accueillent plus de nouveaux patients. On confirme même une longue liste d’attente pour
avoir accès à un médecin de famille. La clinique est également à la recherche de médecin pour suffire à la demande.
Une clinique sans rendez-vous, le vendredi matin, permet aux gens qui n’ont pas de médecin de famille d’avoir accès à un
professionnel dans le cas d’une urgence. Dans les autres cas, la clinique dirige les patients vers le Centre Paul-Gilbert ou le
CLSC, à Laurier-Station.
Du côté de Saint-Patrice, les deux médecins qui y pratiquent sont débordés. D’ailleurs, la clinique accueille seulement les
patients provenant de Saint-Patrice, de Saint-Narcisse, de Saint-Sylvestre et de Sainte-Agathe. Les mêmes médecins
opèrent également un bureau à Saint-Narcisse, à raison de quelques jours par semaine.
Le seul médecin de Sainte-Agathe n’accueille plus de nouveaux patients. Les patients sont dirigés vers le CLSC à LaurierStation.
Seulement quatre au CSSS Alphonse Desjardins
300 nouveaux médecins de familles
MÉLANIE LABRECQUE
Générales - Publié le 22 mars 2012 à 08:00
Seulement quatre nouveaux médecins de famille, sur les 300 qui gradueront des différentes facultés de médecine
en 2012, viendront pratiquer sur le territoire du Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Alphonse Desjardins.
En tout, le ministère de la Santé, pour 2012, a autorisé la venue de neuf nouveaux médecins de famille sur tout le territoire
de la Chaudière-Appalaches. Ce territoire s’étend de la Beauce à Montmagny, en passant par Thetford Mines, Lotbinière,
Lévis et Bellechasse.
De plus, un nombre de places équivalentes seront ouvertes aux médecins de famille pratiquant déjà dans une autre région.
Puisqu’ils sont considérés comme des professionnels autonomes, les médecins sélectionnés pour travailler sur le territoire
du CSSS Alphonse-Desjardins pourront travailler dans la clinique de leur choix, dans le secteur de leur choix. Cependant, ils
devront donner 12 heures par semaine à des activités médicales particulières, soit en CHSLD, en hospitalisation, en urgence
ou en obstétrique.
Plus de demande que de postes disponibles
Au CSSS Alphonse-Desjardins, on confirme avoir reçu plus de demandes de la part des nouveaux médecins que de postes
disponibles. De la vingtaine qui a sollicité un poste, les deux tiers voulaient travailler sur le territoire couvert par le CSSS
Alphonse-Desjardins.
«Chaque année, on comble nos postes contrairement à certaines régions. On peut dire que la région est attrayante, on peut
dire que le CSSS est attrayant, parce que la majorité des médecins vont faire leurs activités médicales particulières dans le
CSSS», a souligné le Dr François Aumont, directeur des services professionnels au CSSS Alphonse-Desjardins.
Lotbinière a besoin de médecins six à huit médecins
supplémentaires
MÉLANIE LABRECQUE
Générales - Publié le 22 mars 2012 à 08:00
Il faudrait de six à huit médecins de famille supplémentaires dans la MRC de Lotbinière, estime le Dr Normand
Drolet, chef du département de médecine générale à l’Agence de santé de Chaudière-Appalaches. «Il ne faut pas
négliger l’âge des médecins. Plusieurs, dans la MRC de Lotbinière, ont plus de 55 ans et peuvent prendre leur
retraite dans les prochaines années.»
Actuellement, deux des cinq médecins qui pratiquent à Sainte-Croix sont âgés de 64 ans, les deux médecins qui pratiquent à
Saint-Patrice ont la cinquantaine. «Les docteurs Nantel et Duquet sont un couple. Ils ont entre 50 et 55 ans. C’est un cas qui
va devenir problématique dans cette région quand ils décideront de prendre leur retraite», a-t-il souligné.
«À Saint-Agapit, la moyenne d’âge des médecins tourne autour de 55 ans», ajoute-t-il.
Du même souffle, il confirme la pénurie de médecins dans la MRC de Lotbinière. Les besoins pour la MRC sont plus grands
que ceux de la région Chaudière-Appalaches. Cependant, souligne le Dr Drolet, la région n’est pas aussi défavorisée que la
région de Bellechasse qui a un besoin encore plus important de médecins de famille.
Augmenter le nombre de médecins
«Mon objectif c’est d’augmenter de façon substantielle le nombre de médecins qui peuvent venir pratiquer dans notre région
[Chaudière-Appalaches]. Il faudrait augmenter leur nombre d’au moins six. Ça fait deux ans qu’on est gelé à 17 médecins
par année.»
Actuellement, les plans régionaux d’effectifs médicaux (PREM) prévoient que neuf nouveaux médecins de famille peuvent
venir pratiquer dans la région Chaudière-Appalaches et huit médecins qui ont au moins un an d’expérience en région sont
autorisés à venir pratiquer en Chaudière-Appalaches.
Une rencontre est prévue en avril, le Dr Drolet et ses collègues tenteront de convaincre le ministère de la Santé de la
nécessité d’augmenter le nombre de médecins prévu au PREM de Chaudière-Appalaches. «Ce n’est pas facile de
convaincre ces fonctionnaires-là que nous avons besoin de plus de médecins. C’est la même méthode pour toute la
province. S’ils font une exception pour nous, il y a beaucoup d’autres régions qui vont crier.»
Un guichet qui fonctionne
D’un autre côté, le Dr Drolet souligne que malgré un manque de médecins de famille dans la région de Lotbinière, toutes les
personnes qui étaient à la recherche d’un médecin ont pu en trouver un par le guichet d’accès aux patients orphelins. «Tous
les patients de la MRC qui ont fait une demande au guichet se sont trouvé un docteur», a-t-il conclu.
De plus, plusieurs personnes de la MRC consultent un médecin à l’extérieur de la région et vont à Québec ou à Lévis,
confirme le Dr Drolet
Dans 27 pays de l'OCDE - Santé: la première ligne fait la
différence
«Que le système soit public, privé ou mixte, ça n'influence pas la
performance», affirme un chercheur
Amélie Daoust-Boisvert 21 février 2012 Santé
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
«Toutes les évidences portent à croire que c'est l'organisation des soins qui entraîne l'efficience d'un système»,
souligne le chercheur Éric Tchouaket.
Les listes d'attente interminables nous le rappellent: le Canada investit beaucoup dans son
système de santé... pour une performance somme toute moyenne. Et ce n'est pas un autre débat
entre le privé et le public en santé qui va améliorer le portrait, mais bien une réflexion profonde
sur l'organisation des soins, trop peu axés sur la première ligne, conclut Éric Tchouaket, qui a
passé cinq ans à établir une comparaison entre les systèmes de santé de 27 pays de
l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
«Que ce soit public, privé ou mixte, ça n'influence pas la performance», résume le chercheur, qui
a mené ces travaux dans le cadre d'un doctorat en santé publique à l'Université de Montréal.
«Toutes les évidences portent à croire que c'est l'organisation des soins qui entraîne l'efficience
d'un système», poursuit celui qui a déposé une thèse sur l'influence du financement sur la
performance des systèmes de soins.
Après un an à colliger des données de sources diverses et quelques autres à les analyser, il a
classé les pays dans quatre catégories selon la performance de leur système de santé. Le
ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui a souvent jeté à la face des critiques que le Québec
jouissait «de l'un des meilleurs systèmes de santé au monde», pourrait, à la lumière des
résultats, nous placer sans mentir dans la moyenne des pays industrialisés. «Le Canada se situe
dans le ventre mou des pays développés» aux côtés de la Belgique et de l'Islande, dit en riant M.
Tchouaket. En clair, «ça coûte cher pour ce que ça donne». Et en ce sens, on fait moins bien que
la France et les pays scandinaves, mais mieux que l'Allemagne ou l'Italie.
«Les résultats ne sont pas mauvais», ajoute M. Tchouaket à la défense de notre système de
santé.
Choisir la première ligne
À un jeune étudiant en médecine qui songeait à se diriger vers une spécialité, Éric Tchouaket, un
brin provocateur, a lancé que s'il voulait vraiment aider le système de santé, c'est la médecine de
famille qu'il lui fallait choisir. Et son interlocuteur de lui répondre: «Je suis au courant, mais ça ne
rapporte pas d'argent.» «Voilà, déplore l'expert en économie de la santé, le débat était clos!»
Cette anecdote résume bien les problèmes qui, selon son analyse, minent la performance du
réseau.
«On voit la pénurie d'infirmières et de médecins de famille», dit-il: il faut pourtant privilégier les
ressources humaines, surtout en première ligne. Alors que la France compte de plus en plus de
sages-femmes, par exemple — et performe bien, merci — au Québec, c'est monnaie courante
pour une femme dont la grossesse se déroule normalement d'être suivie par un gynécologue. Un
exemple parmi d'autres. «On ne met pas beaucoup dans les ressources matérielles non plus»,
ajoute M. Tchouaket, c'est-à-dire dans le nombre de lits au sein des hôpitaux, des centres de
soins de longue durée ou des institutions en santé mentale, entre autres. Où va l'argent? «Les
technologies de pointe, la spécialisation»...
Il remarque aussi que la rémunération à l'acte semble nuire à la performance, quitte à déplaire
en osant attaquer le mode de rémunération des médecins. «Quel que soit le contexte
organisationnel, elle amène une performance moins élevée, remarque-t-il. Le paiement à l'acte a
quand même des effets bénéfiques sur la qualité des soins, mais pour l'efficience... On peut voir
par exemple des médecins faire revenir des patients pour être payés davantage.» Il ajoute que,
dans les pays scandinaves (les champions de la performance), les médecins en établissement
sont salariés: «De bons salaires, et l'État contrôle mieux les dépenses.»
«Mais ce serait difficile pour un candidat, dans le contexte électoral actuel, d'annoncer qu'il va
abolir le paiement à l'acte des médecins!», estime le Camerounais d'origine établi au Canada
depuis six ans.
À l'image des pays performants, «on a intérêt à miser sur la première ligne, les soins à domicile,
les ressources humaines. Il faut penser à des incitatifs pour amener les gens à pratiquer dans la
première ligne», croit celui qui effectue maintenant un stage postdoctoral au Centre de recherche
de l'Hôpital Charles-LeMoyne et à la Direction de la santé publique de la Montérégie.
Des pistes d'amélioration
La France et les pays scandinaves apparaissent comme les plus performants. Pourtant, leurs
systèmes de santé sont assez différents. Leur trait commun dont on devrait peut-être s'inspirer,
c'est leur propension à privilégier la première ligne, les soins de proximité.
La France dépense beaucoup, laisse une place au privé, mais en a pour son argent. Les pays
scandinaves, eux, délient moins facilement les cordons de leurs bourses, mais investissent
l'argent surtout en première ligne. Deux recettes gagnantes.
«La France a un système de financement un peu bizarre, un partenariat public-privé fort, mais
régulé par l'État. Il y a beaucoup d'assureurs privés. Les dépenses sont à peu près les mêmes
qu'au Canada, mais ils ont une meilleure performance pour leur argent», résume Éric Tchouaket.
La Suède, La Norvège et la Finlande, pour leur part, ont privilégié des systèmes presque 100 %
publics, mais où toute l'organisation tourne autour de la première ligne.
Les pays en queue de peloton ont privilégié un système plus individualiste, où les assureurs
privés jouissent d'une forte présence. États-Unis, Suisse, Allemagne: «le système répond bien
pour ceux qui ont un certain revenu», selon M. Tchouaket. Mais plus encore que la présence du
privé, c'est l'organisation des soins qui rogne sur leur performance: technologie de pointe et
soins ultraspécialisés l'emportent sur la première ligne. Tout cela pour une facture beaucoup plus
élevée qu'ailleurs et un système malgré tout moins performant.
***
Le Canada, un pays prometteur
On peut regrouper 27 pays de l'OCDE selon la performance de leurs systèmes de santé.
Performance limitée
Allemagne, Autriche, États-Unis, Grèce, Hongrie, Irlande, Luxembourg, Nouvelle-Zélande,
République tchèque, Suisse
Performance intermédiaire
Pays fragiles: Corée du Sud, Espagne, Italie, Royaume-Uni
Pays prometteurs: Belgique, Canada, Danemark, Islande, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie
Performance satisfaisante
Australie, Finlande, France, Japon, Norvège, Suède
Publié le 30 janvier 2012 à 14h09 | Mis à jour le 31 janvier 2012 à 07h01
Saint-Boniface pige deux médecins à Sainte-Thècle
Guy Veillette
Le Nouvelliste
(Saint-Boniface) La Coopérative de solidarité santé de Saint-Boniface pourra finalement prendre son
envol grâce à deux médecins recrutés dans le même type de service, à Sainte-Thècle.
La docteure Véronique Caya recevra ses premiers patients sur la rue Langevin en mai. Quant à sa
collègue, Samiha Poudrier, son arrivée est prévue en février 2013, après un congé de maternité.
Le président de la Coopérative de solidarité santé de Saint-Boniface, André Caron, a profité de
l'inauguration officielle des locaux de ce nouveau service, hier matin, pour confirmer le recrutement de
ses deux premiers médecins. Comme mesure incitative, elles n'auront pas de loyer à payer.
«Nous offrons exactement les mêmes avantages qu'à Sainte-Thècle», fait-il remarquer. Et à quelle
réaction s'attend-il de cette communauté de la MRC de Mékinac? «On va savoir ça ces jours-ci!»,
prévoit-il. «Certains vont dire qu'on va déshabiller Pierre pour habiller Paul, mais moi, je ne vois pas ça
comme cela. C'est chacun son tour!»
M. Caron rappelle qu'en décembre 2010, Saint-Boniface perdait la docteur Suzanne Ducharme-Déry, qui
décidait également de poursuivre sa pratique ailleurs. «Elle nous avait laissé 1600 patients orphelins»,
précise-t-il. «Nous avons été ébranlés mais maintenant, on reprend les guides. C'est ce qui se passe pour
nous et les autres feront ce qu'ils ont à faire. C'est la vie!»
Le président estime que l'arrivée des deux médecins entraînera le transfert d'environ 800 patients. Selon
lui, 80 % d'entre eux proviennent de Saint-Boniface, Trois-Rivières ou Shawinigan. Jusqu'ici, la
coopérative locale a recruté près de 2400 membres.
M. Caron n'éprouve visiblement aucun remord à recruter dans un autre village de la région. «Si le
gouvernement nous donnait des médecins, on en aurait!», lance-t-il.
«Ces deux médecins se sont présentées ici pour s'en venir à Saint-Boniface, parce que ce sont des
résidentes de Saint-Boniface. Elles nous ont demandé si nous pouvions les recevoir. Si on veut des
médecins un jour, il faut avoir des gens d'expérience pour que de jeunes médecins se greffent à
l'équipe.»
Forte compétition
Cette inauguration survenait le matin même de la publication d'une lettre d'opinion du docteur
Guillaume Langlois dans Le Nouvelliste. Il manifestait sa déception à la suite des promesses qui n'ont pas
été livrées à la Coopérative de solidarité santé de Bécancour, secteur Sainte-Gertrude. Débordé dans sa
pratique, le jeune médecin a lancé un cri du coeur qui n'est pas passé inaperçu.
«Je trouve dommage qu'on soit rendu à vivre ce genre de situation», commente M. Caron. «Oui, ça
inquiète la population, mais je ne pense pas que ce soit représentatif de ce qui se vit dans le milieu.»
M. Caron n'a jamais fait de cachette sur la nécessité d'offrir certains avantages pour que sa coopérative
soit attrayante pour les précieux professionnels de la santé. En décembre, les membres ont accepté de
verser une contribution annuelle de 50 $ pour lutter à armes égales avec d'autres organisations qui ne
s'enfargent pas dans les fleurs du tapis dans cette surenchère.
Les déclarations de M. Caron avaient causé un certain malaise du côté de la nouvelle coopérative de
santé de Grand-Mère, où on assure que les frais annuels ne seront pas utilisés pour absorber les loyers
des médecins.
«Quand on a l'argent dans les poches, on en fait ce qu'on veut et on peut dire ce qu'on veut», fait
remarquer M. Caron. «De notre côté, nous sommes transparents. Nous disons simplement que la
contribution annuelle de nos coopérants servira à offrir des services gratuits aux médecins pour obtenir,
en retour, des services de santé.»
André Caron convient que ce modèle emprunte un terrain très glissant. «Ça va venir dangereux»,
reconnaît-il. «À certains endroits, on a donné des condos aux médecins pour qu'ils s'installent chez eux.
Où ça va s'arrêter, on ne le sait pas.»
La coop santé de Saint-Boniface souhaite accueillir deux autres médecins dans ses nouveaux locaux.
Deux psychologues se partageront également un bureau à cet endroit au cours des prochaines semaines.
Publié le 31 janvier 2012 à 07h37 | Mis à jour à 07h37
Trois médecins de moins à Sainte-Thècle: «C'est une
catastrophe»
Vincent Gauthier
Le Nouvelliste
(Sainte-Thècle) Pendant que l'ambiance était à la fête du côté de Saint-Boniface, l'humeur était plutôt à la
déception à la Coopérative de solidarité santé de Sainte-Thècle où on vient de perdre deux des trois
médecins qui y travaillaient.
Pour cette petite municipalité, cela porte maintenant à trois le nombre de médecins ayant quitté SainteThècle au cours des quatre derniers mois pouraller pratiquer ailleurs en Mauricie.
En octobre dernier, pour des raisons familiales, un autre médecin avait déménagé ses pénates afin de
s'installer à Shawinigan. «Pour nous autres, c'est une catastrophe», clame la présidente de l'organisme,
Marthe Saint-Arneault.
Dans le cas présent, c'est également pour des motifs familiaux que les deux médecins ont décidé
d'accepter l'offre de la Coopérative de solidarité santé de Saint-Boniface. Évidemment déçu de ne pas
avoir pu retenir dans son patelin Véronique Caya et Samiha Poudrier, le maire Alain Vallée trouve tout de
même leurs motivations légitimes. «C'est toujours décevant, mais on ne peut pas les attacher. La demande
est plus forte que l'offre. Je comprends quand même leur décision qui est d'ordre familial», explique le
maire deSainte-Thècle.
Pour l'instant, il semble que le Dr Mélanie Cossette-Gagnon devra tenir le fort seule d'ici à ce que la
Coopérative - qui compte plus de 1000 membres - déniche un ou des collègues. La priorité de la
Coopérative sera d'abord de trouver des solutions pour accommoder les membres malgré le manque de
ressources.
En même temps, il faudra commencer à recruter de nouveaux candidats pour parvenir à répondre à la
demande. «On va voir au cours des prochaines semaines ce qu'on peut faire. On va faire notre possible
pour garder notre clientèle, sauf qu'un médecin ne peut pas tout faire», mentionne Mme Saint-Arneault.
Encore, une fois, tout le travail est à refaire afin de séduire un nouveau médecin qui voudra bien
transporter sa carrière jusqu'à Sainte-Thècle.
«On va toujours être obligés de se battre. Dans un monde idéal, on aimerait qu'ils viennent demeurer ici et
qu'ils fondent une famille, mais ce n'est pas toujours évident», indique le maire Vallée, qui a lui-même
fondé l'organisme de santé thèclois.
Le son de cloche est le même pour l'actuelle présidente de la Coopérative. «On est loin des autoroutes,
loin des grands centres. Mais je vais m'entêter et continuer à chercher. Si on peut en trouver un autre, on
va être très heureux», soutient Mme Saint-Arneault.
Publié le 30 janvier 2012 à 07h02 | Mis à jour à 07h02
«Les jeunes médecins en région sont
condamnés»
À 31 ans, le docteur Guillaume Langlois est épuisé par l'importante charge de travail qui l'attend
jour après jour.
Myriam Bacon
Le Nouvelliste
(Trois-Rivières) Un jeune médecin du secteur Sainte-Gertrude lance un véritable cri du coeur.
Dans une lettre d'opinion publiée ce matin dans nos pages, Guillaume Langlois déplore la
surcharge de travail et le manque de soutien auxquels il est quotidiennement confronté. Surtout, il
s'inquiète de la pratique de la médecine dans les petits villages.
«Les jeunes médecins en région sont condamnés. Les campagnes sont oubliées. [...] Je suis
témoin impuissant d'un échec retentissant», écrit-il dans une lettre qu'il signe «Guillaume
Langlois, médecin de village».
Originaire de Longueuil, Guillaume Langlois s'est installé à Saint-Grégoire en 2006 après avoir
fait ses études de médecine à l'Université de Montréal. Il comptait parmi les deux médecins qui
se sont investis dans le démarrage d'une coopérative dans le secteur Sainte-Gertude.
La nouvelle Coopérative de solidarité santé de Sainte-Gertrude a ouvert ses portes en septembre
2008 et, en octobre, elle affichait complet.
«Pendant 3 ans et demi, j'ai été à la tête d'une clinique de plus de 3000 patients. À bout de bras,
j'ai supporté leurs joies, leurs peines. Avec eux, j'ai côtoyé la mort, la souffrance, le désespoir.
J'ai vibré au rythme de leurs états d'âme, j'ai pleuré et prié pour eux. J'ai aussi eu mon lot de
bonheur, mes joies immenses. J'ai soigné et supporté ces gens de mon mieux, avec tout mon
coeur et ma dévotion. J'ai sauvé une centaine de vies, et aidé une centaine d'autres à partir en
paix. Des miracles, j'en ai vu des dizaines, témoin privilégié de l'impossible. À 31 ans, j'ai
l'impression d'avoir vécu plus que ma propre vie», écrit-il.
Déjà au moment de l'ouverture, les médecins avaient entrepris des démarches pour que la coop
puisse se faire reconnaître comme Groupe de médecine familiale (GMF). Cette reconnaissance,
soutenait-on alors, serait certainement un facteur qui favoriserait le développement de la
coopérative de santé.
Plus de trois ans plus tard, «l'aide du Groupe de Médecins de Famille (GMF) n'est jamais arrivée,
l'infirmière spécialisée nous a encore à ce jour été refusée. Quant à l'aide gouvernementale... entre
vous et moi, on n'y a même jamais vraiment pensé!», écrit le Dr Langlois.
Dans sa lettre, Guillaume Langlois décrit ses espoirs de jeune médecin, nouvellement installé
dans un village où on lui a «fait miroiter un avenir heureux, une pratique médicale idéale, des
projets à n'en plus finir». Il parle des espoirs suscités en lui à cette époque.
«J'ai voulu innover, accroître mon efficacité et mon expertise, repousser les limites de
l'impossible. J'ai surtout voulu montrer à l'ensemble du Québec qu'un médecin bien organisé, bien
équipé, bien entouré, peut décupler ses capacités.»
Mais le portrait devient plus sombre. L'importante charge de travail, qu'il croyait temporaire, se
maintient.
«La surcharge de travail qui devait être temporaire, une simple crise de courte durée, s'est
prolongée, éternisée. L'équipe unie qui a oeuvré à m'attirer a éclaté. Les projets ont rapidement
stagné, se sont figés», relate-t-il
Le Dr Langlois déplore qu'il soit si difficile pour un médecin de s'établir dans un village et,
soutient-il, la lourdeur administrative qui entoure la pratique de la médecine n'est en rien pour
renverser la vapeur.
«Toutes les lois soufflent vers les grands centres, y propulsent les nouvelles recrues impuissantes.
Elles déracinent ceux qui veulent s'épanouir dans les villages, ceux qui rêvent de proximité. Et
cette tendance est loin de se renverser. Tout s'accélère, tout se complique», écrit-il.
S'il est fatigué d'avoir «dû passer des milliers d'heures à gérer, négocier, rencontrer, convaincre,
superviser, encourager, réconcilier... alors que [son]seul désir était de soigner», le Dr Langlois
voulait, hier, toutefois rassurer ses patients. «C'est sûr que je ne laisse pas tomber mes patients. Il
n'est pas question de cela.»
«Pour mes patients, c'est sûr que je reste là et que je vais trouver une solution. Je ne sais pas
laquelle et comment, mais c'est sûr que je ne laisse pas tomber mon monde», a-t-il indiqué au
Nouvelliste.
Inauguration du Centre médical Donnacona
COMMUNIQUÉ
Donnacona, le 15 décembre – inauguration de l’agrandissement du Centre médical Donnacona
Le 12 octobre 2005, le Centre de santé et de services sociaux de Portneuf tenait à l’Hôtel de Ville
un point de presse pour présenter la nouvelle formule du Centre Médical Donnacona. Il s’agissait,
alors, d’une solution novatrice pour assurer le maintien et bonifier l’accessibilité aux services
médicaux.
De concert avec le Centre de santé de services sociaux de Portneuf et la Ville de Donnacona, la
Clinique médicale Donnacona cédait le pas au Centre Médical Donnacona par la création d’un
organisme à but non lucratif (OSBL).
En octobre 2010, les travaux d’agrandissement de 600 000,$ démarrent et permettent maintenant
:
• une superficie supplémentaire de 2 700 pieds carrés
• la mise en place d’une salle de conférence
• cinq (5) bureaux de médecin
• deux bureaux d’infirmière
• un bureau administratif/secrétariat
• deux (2) salles de bain, en plus de réaménager la réception et la salle d’attente.
Nous offrons maintenant le service d’une infirmière spécialisée en plus de 3 infirmières GMF à
temps plein. Le centre médical Donnacona compte quatorze (14) médecins qui pratiquent avec et
sans rendez-vous et dix (10) autres médecins, en rotation, qui travaillent à la clinique sans rendezvous, que l’on peut qualifier de médecins dépanneurs.
La clientèle peut compter aussi sur plusieurs spécialités : gynécologie, orthopédie, cardiologie,
dermatologie, psychologie, diététiste, orthésiste.
Des 28 000 consultations annuelles en 2005, le Centre médical de Donnacona reçoit à ce jour 50
000 consultations. C’est un service de santé régional, de haut niveau, digne des grandes villes.
Pour la Ville de Donnacona, la santé est au cœur de nos préoccupations. C’est dans cet esprit que
le conseil a investi, depuis 2007, près de 100 000,$ pour le fonctionnement du centre médical.
L’équipe administrative, ainsi que le conseil d’administration étaient présents, jeudi, le 15
décembre pour inaugurer les nouveaux locaux du Centre médical de Donnacona.
Nous pouvons nous qualifier, sans contredit, de modèle à suivre.
Un clé en main pour séduire les médecins
NATALIE DE BLOIS
Publié le 30 novembre 2011
Une quarantaine d’invités ayant collaboré à la mise en œuvre de la
Coopérative de santé de Ferme-Neuve étaient présents vendredi soir pour l’inauguration de ces lieux prometteurs. La
mission de la Coop est de dispenser aux résidents du bassin nord de la Lièvre des services médicaux, de promotion et de
prévention de la santé.
Jolie et fonctionnelle, la nouvelle clinique a tout pour plaire aux médecins : trois vastes bureaux avec salle d’examen
attenante, un bureau de consultation de professionnel, unw mini-salle d’urgence, une salle de conférence ainsi qu’une salle
d’attente relaxante aux murs parés d’œuvres d’art signées par des artistes de la Lièvre. Après cinq ans d’efforts, la
population de Ferme-Neuve a toutes les raisons de s’ennorgueillir de cette splendide réalisation qui sera un milieu de travail
agréable et attrayant pour les médecins. «La Coop est maintenant un argument concret dans les démarches de recrutement
de médecins», souligne le président de la Coop, Daniel Lacroix.
Faire d’un problème une solution
La région de Ferme-Neuve était confronté en 2007, à l’éventualité de se retrouver sans médecin pratiquant. Médecins
fondateurs, les Dr Pierre Comtois et Luc Laurin se sont saisis du problème et ont rapidement rallié d’autres dynamiques
porteurs de cette cause cruciale. Avec Daniel Lacroix en tête, une Coopérative a été créée. Des partenaires (financiers,
municipaux et politiques) se sont associés au projet. La municipalité de Ferme-Neuve a donné un bon coup de main au
projet en cédant son hôtel de Ville à prix raisonnable. «Notre Coop, c’est le résultat d’une volonté citoyenne de prise en
charge face à notre santé personnelle et collective. Il ne s’agit pas de remplacer l’État ou de privatiser la médecine mais bien
d’assurer une proximité de services pour maintenir notre qualité de vie», note Daniel Lacroix.
Services
Le 1er novembre dernier, le Dr Pierre Comtois, qui pratiquera trois jours semaine à la clinique, accueillait son premier
patient. Dès janvier, les Dr Luc Laurin et Dre Guindon du Groupe de médecine familiale de la Lièvre se partageront 1 1/2
jours semaine. La Coop offrira aussi des locaux aux médecins résidents de l’Unité de médecine familiale. Supervisés par le
Dr Comtois, ces étudiants finissants effectueront des stages à la Coop et recevront des clients. Plus de gens auront ainsi
accès à un médecin. Des médecins urgentologues, en fin de carrière et des étudiants finissants démontrent aussi de l’intérêt
pour la clinique. «Nous aspirons à devenir un GMF satellite, ce qui nous permettrait d’augmenter l’offre de service», ajoute le
président.
Membership en hausse
C’est aussi avec le soutien de 1200 membres que la Coop de santé ouvrait ses portes. Par ce geste, ces adhérents savent
bien qu’ils n’auront pas d’accès privilégié aux soins mais ils contribueront à régler le problème de pénurie de médecins. A la
fin de l’année 2012, la Coop devrait compter 1750 membres puis 2200 en 2013.
Grâce à la persévérance et à la volonté des fondateurs de la Coopérative, la menace de pénurie de services de santé à
Ferme-Neuve s’est muée en une opportunité fort intéressante qui contribuera à amener de nouveaux médecins à choisir de
s’établir dans les Hautes-Laurentides.
«Pas de membres, pas de coop. Pas de coop, pas de médecins», résume Daniel Lacroix.
Médecins de famille: un objectif irréaliste, dit la Fédération des médecins
Publié le 05 décembre 2011 à 19h23 | Mis à jour à 19h23
Pierre Saint-Arnaud
La Presse Canadienne
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) juge irréaliste l'objectif d'un médecin de
famille pour chaque Québécois d'ici 2016, tel qu'énoncé par le ministre Yves Bolduc dans une entrevue à
La Presse Canadienne.
La Fédération fait valoir qu'il faudrait un ajout net de plus de 1100 médecins en cinq ans, soit 220 par
année, pour arriver à cet objectif. Son président, le docteur Louis Godin, se demande d'ailleurs comment
le ministre Bolduc peut contester le fait qu'il manque toujours plus de 1000 omnipraticiens au Québec
puisque les données de son propre ministère le confirment.
Le docteur Godin note qu'au rythme actuel, il faudrait près de 10 ans pour atteindre l'objectif fixé par le
ministre et non cinq. En 2011, l'ajout net d'omnipraticiens n'a été que de 135, soit bien en deçà des 220
requis pour en arriver au nombre voulu. De plus, 51 postes d'omnipraticiens n'ont pas trouvé preneur
cette année, ce qui signifie que les ajouts n'arrivent même pas à combler des besoins encore plus
modestes que ceux visés par le ministre.
En fait, au cours des cinq dernières années, seulement 1525 des 1818 postes disponibles en médecine
familiale ont été comblés, le manque à gagner représentant des étudiants qui ont décidé soit de se
spécialiser, soit d'aller travailler ailleurs qu'au Québec.
Le docteur Godin se dit par ailleurs surpris d'entendre le ministre Bolduc affirmer que 75 pour cent des
Québécois ont un médecin de famille et qu'il est faux de prétendre que 2 millions n'en ont pas. Le
président de la Fédération rappelle au ministre qu'avec 8 millions d'habitants, une couverture à 75 pour
cent signifie que 25 pour cent n'ont pas de médecin, ce qui équivaut bel et bien à 2 millions de citoyens.
La Fédération conteste également l'affirmation du ministre de la Santé selon laquelle la moitié des
étudiants en médecine choisissent la médecine familiale, alors que c'est le ministère lui-même qui fixe
les proportions et que celles-ci sont présentement à 45 pour cent des postes en médecine familiale et 55
pour cent en spécialité.
Le docteur Godin qualifie de très ambitieux et de grosse commande l'objectif d'un médecin de famille
par Québécois d'ici cinq ans. Selon lui, pour espérer s'en approcher, il faudrait que plus de la moitié des
étudiants en médecine choisissent la médecine familiale, que leurs tâches dans les hôpitaux soient
réduites ou à tout le moins contrôlées, que l'organisation du travail soit revue et que les besoins de soins
n'augmentent pas, ce qui semble peu réaliste dans un contexte de vieillissement de la population.
Il précise que la Fédération est tout à fait en faveur d'un tel objectif, mais ajoute que cela ne lui paraît
pas plus réaliste pour autant.
Médecins de famille : la solution Bolduc
ambitieuse mais atteignable, dit la FMOQ
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) estime que l'objectif fixé par le ministre
de la Santé, Yves Bolduc, pour mettre un terme à la pénurie de médecins de famille d'ici 2016 est
ambitieux, mais tout de même atteignable.
Le ministre Bolduc a déclaré dimanche qu'il compte notamment sur le nombre supplémentaire de
médecins formés depuis 2003 pour permettre à chaque Québécois qui le souhaite d'avoir accès à un
médecin de famille.
Selon le président de la FMOQ, plusieurs conditions devront être remplies pour que l'objectif puisse être
atteint, dont l'augmentation du nombre d'étudiants en médecine familiale. Louis Godin croit également
que la demande de soins devra cesser de croître de façon importante et que le ministère devra être en
mesure d'apporter plus de soutien aux médecins omnipraticiens qui sont déjà là pour mettre fin à
la pénurie.
« 2016, ça demeure un objectif ambitieux, mais si tout était réalisé, ce serait peut-être atteignable. » —
Louis Godin, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
Pour M. Godin, la solution au problème passe notamment par une réorganisation du travail. « Il faut
être capable de s'adapter à la réalité locale et régionale. Les groupes de médecine familiale, c'est
intéressant, mais on a encore 1500 à 2000 médecins à qui il faut donner du support. Il faut s'assurer que
le patient qui a besoin d'une consultation rapide puisse voir un médecin sans aller à l'urgence », affirmet-il.
Assez d'effectifs, selon les médecins spécialistes
De son côté, le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) maintient que le
nombre de médecins est suffisant. « On le dit depuis toujours et le ministre l'a confirmé, il y a assez de
médecins au Québec. Il y a un problème de capacité et d'heures travaillées », estime Gaétan Barrette.
Selon M. Barrette, le ministre de la Santé aurait dû imposer aux médecins omnipraticiens une
augmentation de salaire conditionnelle à « une augmentation de production. »
En réponse au ministre Bolduc, qui affirme que trop de médecins sont formés dans certaines spécialités
médicales, tandis que d'autres sont délaissées, le président de la FMSQ reproche à Yves Bolduc d'avoir
créé un nouveau programme de formation en chirurgie cardiaque en sachant que cela n'était
pas nécessaire.
Gaétan Barrette a par ailleurs refusé de dire s'il songeait ou non à être candidat pour la Coalition avenir
de Québec de François Legault en vue des prochaines élections. « J'en ai un travail et il n'y a pas
d'élections », s'est-il contenté de répondre en entrevue au RDI.
Des médecins de famille qui voudraient
travailler en Estrie en sont empêchés par le
ministère de la Santé
Mise à jour le vendredi 25 novembre 2011 à 16 h 26 HNE (radio-canada)
Alors que 17 nouveaux médecins de famille ont fait une demande pour exercer en Estrie cette
année et que les besoins sont chiffrés à 40 médecins, le ministère de la Santé n'accorde que
sept postes.
« On est très loin de combler ces besoins. Depuis 2004, le ministère de la Santé considère que
nous avons un médecin pour 600 personnes alors que selon nos calculs, il y a un médecin pour
1600 personnes. C'est 50 % de ce qui est évalué », déplore la chef du département régional de
médecine générale, la Dre Raymonde Vaillancourt.
Selon les chiffres du ministère de la Santé, l'Estrie est donc mieux positionnée que bien des
régions du Québec par rapport au nombre de médecins.
Le ministère de la Santé accorde aussi des postes pour cinq « anciens facturants », soit des
médecins existants. Mais ces derniers sont difficiles à attirer. Deux de ces postes ne sont pas
encore pourvus. S'ils ne trouvent pas preneurs, ils seront perdus et ne pourront être attribués à de
nouveaux médecins.
Selon la Dre Vaillancourt, le fait la région soit un milieu universitaire pose problème. « Par
exemple, 32 % des nouveaux médecins qui s'installent ici quittent leur poste après trois ans parce
que leur conjoint a terminé sa formation. Aussi, 42 % des médecins font de la deuxième ligne
(obstétrique, par exemple) alors que la moyenne provinciale est de 36 %. Ça, c'est fait au
détriment de la population qui a besoin d'un médecin en première ligne », déplore-t-elle.
La Dre Vaillancourt souhaite une rencontre avec le ministère de la Santé dans les plus brefs
délais afin de trouver une solution à cette problématique.
Les médecins de famille sélectionnés entreront en fonction en janvier 2012.
Plus de 6000 Sherbrookois n'ont pas de médecin de famille. À Magog et dans la MRC des
Sources, ils sont plus de 2000 à en être privés.
Pouvoirs accrus aux pharmaciens - Un consensus qui craque
Les omnipraticiens rappellent en commission parlementaire qu'«un
pharmacien ne sera jamais un médecin»
Amélie Daoust-Boisvert 30 novembre 2011 Santé
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Le Dr Louis Godin
Le beau consensus autour du projet de loi octroyant des pouvoirs accrus aux pharmaciens s'est
craquelé à Québec hier. En commission parlementaire, les médecins omnipraticiens et les
infirmières
ont
exprimé
plusieurs
réserves.
«Préoccupée»,
la
Fédération
des
médecins
omnipraticiens du Québec (FMOQ) estime carrément qu'un projet de loi est superflu, mais
l'entérine à condition que des balises strictes soient établies pour éviter des dérapages.
Le projet de loi 41 vise à élargir le champ d'action des pharmaciens. Prolonger ou ajuster une
ordonnance, administrer un médicament aux fins d'enseignement, prescrire des analyses de
laboratoire ou des médicaments: la FMOQ «ne tolérera aucune dérive», écrit-elle dans son
mémoire. Eux qui semblaient plutôt satisfaits au lendemain de l'annonce du 15 novembre, les
omnipraticiens sont apparus inquiets, hier.
Dans un mémoire de quelques pages, la FMOQ assure qu'elle «partage les buts et les objectifs»
du projet de loi. Mais sur les moyens, la dissension est importante.
Plusieurs informations ont circulé depuis l'annonce initiale, à savoir qu'un pharmacien pourrait
prescrire un médicament contre les nausées à une femme enceinte, ou un antiviral pour un feu
sauvage. Cela a alimenté le changement de ton de la FMOQ, a expliqué aux députés son
président, le Dr Louis Godin. Il demande au Collège des médecins d'éviter «de banaliser l'exercice
de la médecine». «Un pharmacien ne sera jamais un médecin», ajoute la FMOQ dans son
mémoire. «L'identification de ces conditions devra émaner d'un raisonnement scientifique et non
pas de quelconques sondages d'opinion», avertit-elle. Les omnipraticiens craignent aussi qu'en
comptant davantage sur leur pharmacien, les patients les visitent moins souvent et que cela
entrave «la qualité du suivi médical».
La FMOQ, ainsi que l'Ordre des infirmières, s'inquiète aussi du fait que «le pharmacien pourrait
possiblement tirer des bénéfices des médicaments qu'il prescrit et vend tout à la fois». «Le
législateur doit trouver des moyens» de prévenir les conflits d'intérêts, a averti la présidente de
l'Ordre des infirmières, Gyslaine Desrosiers.
La FMOQ croit que «la modification de la Loi sur la pharmacie ne constitue pas la meilleure voie».
Pour le Dr Godin, «pour la majorité des éléments, ça aurait pu être réalisé» dans le cadre
législatif actuel.
Infirmières laissées pour compte
Le projet donne aux infirmières le sentiment d'avoir été laissées pour compte. Elles voudraient
pouvoir prescrire certains médicaments ou en ajuster la posologie, de même que prescrire
certains traitements et radiographies aux patients, à l'instar des nouveaux pouvoirs accordés aux
pharmaciens.
Invoquant qu'il s'agit d'une de leurs compétences, elles sont aussi très réfractaires à accorder
aux pharmaciens le droit d'administrer des médicaments comme l'insuline pour enseigner la
technique aux patients, et demandent que cette activité soit retirée du projet de loi.
Le Collège des médecins et l'Ordre des pharmaciens, qui ont collaboré étroitement pour en
arriver à cette annonce, ont tenté de rassurer leurs collègues.
Alors que les infirmières ravivaient également le débat autour des ordonnances collectives, qui
vivotent dans certaines régions, le ministre de la Santé Yves Bolduc a fait preuve de fermeté avec
les différents professionnels de la santé. «Aujourd'hui, on en donne beaucoup aux pharmaciens.
Une fois que ça va être adopté, je vais m'attendre à ce que les ordonnances collectives
fonctionnent. Je ne m'attends plus à faire de l'arbitrage entre les trois ordres professionnels.»
Le président du conseil d'administration du Conseil pour la protection des malades, Paul G.
Brunet, a confié au Devoir craindre que la FMOQ fasse dérailler un projet de loi pour lequel, enfin,
«le Collège des médecins a fait preuve de collaboration, d'innovation et d'ouverture».
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Enquêtes sur trois coopératives de santé
LES PERSONNES CONSULTÉES AVAIENT LA PERCEPTION QU'IL ÉTAIT
OBLIGATOIRE D'ÊTRE MEMBRES ET DE PAYER UNE COTISATION
ANNUELLE POUR AVOIR ACCÈS À UN MÉDECIN
LE PAIEMENT À L'AVANCE D'UNE COTISATION ANNUELLE SOUS
FORME DE FORFAIT DE SERVICES MÉDICAUX CONTREVIENT À LA LOI
SUR L'ASSURANCE MALADIE
QUÉBEC, le 28 sept. 2011 /CNW Telbec/ - À la suite des enquêtes qu'elle a
menées auprès de la Coop de Solidarité Santé La Prairie, de la Coop de
Solidarité Santé Pointe-du-Lac et de la Coop Santé Gatineau, la Régie de
l'assurance maladie du Québec (RAMQ) conclut que la majorité des
personnes consultées lors de ces enquêtes avaient la perception qu'il était
obligatoire d'être membre de la coopérative et de payer une cotisation
annuelle pour avoir accès ou plus rapidement accès à un médecin.
Les enquêtes ont aussi démontré que le paiement à l'avance d'une cotisation
annuelle s'apparentait à un forfait. Ce forfait pouvait comprendre l'accès à
des services non assurés, à des fournitures ou des frais accessoires à des
services assurés pour lesquels les personnes pouvaient être facturées à coût
moindre ou, encore, les obtenir sans frais additionnels. La RAMQ considère
que ce type de forfait est illégal.
Rappelons que l'accès à un médecin et aux services médicaux ne doit pas
être conditionnel au paiement d'une somme d'argent. Une contribution
financière exigée de quelque manière que ce soit d'une personne assurée
pour avoir accès ou une priorité d'accès à un médecin contrevient à la Loi sur
l'assurance maladie. Il s'agit là de principes liés à l'universalité et à
l'accessibilité aux services médicaux.
Dissiper la confusion et se conformer à la Loi sur l'assurance maladie
Par conséquent, les trois coopératives doivent prendre les mesures
appropriées afin de dissiper toute confusion, de sorte que les personnes
assurées n'aient pas la perception qu'elles doivent être membres et payer
une cotisation annuelle pour voir ou continuer de voir leur médecin. De plus,
les trois coopératives de santé doivent modifier leurs règles de cotisation
annuelle afin que celles-ci servent à financer leur fonctionnement et non à
constituer un forfait annuel de services médicaux à l'intention des personnes
assurées.
Par ailleurs, les enquêtes ont révélé que les médecins qui pratiquent dans
ces coopératives n'ont reçu aucune rémunération directe ou indirecte.
Les trois coopératives de santé de même que la Fédération des coopératives
de services à domicile et de santé du Québec ont été informées des
conclusions des enquêtes de la Régie, qui s'attend à ce que les trois
coopératives se conforment à la Loi sur l'assurance maladie.
Remboursement des frais illégalement facturés aux personnes
assurées
Les personnes qui ont déboursé des frais considérés comme illégaux dans
ces trois coopératives peuvent demander un remboursement à la RAMQ. À
cette fin, des factures détaillées et des preuves de paiement originales
démontrant que de tels frais ont été payés doivent être jointes. La demande
de remboursement doit être faite dans l'année suivant la date du paiement.
Publié le 28 octobre 2011
Trois nouveaux médecins à Roberval
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Une cérémonie spéciale a eu lieu, hier, à l'hôpital de Roberval, afin de souligner l'arrivée de trois
nouveaux médecins. La présidente du conseil d'administration du Centre de santé et de services
sociaux du Domaine-du-Roy, France Guay, la directrice des services professionnels et
hospitaliers, la Dre Suzanne Gagné, la Dre Isabelle Marchand et le Dr Nicolas Tremblay étaient
réunis pour l'occasion.
Le Quotidien, Isabelle Tremblay
Isabelle Tremblay
Le Quotidien
(ROBERVAL) Le Centre de santé et de services sociaux Domaine-du-Roy annonce l'arrivée de
trois nouveaux médecins.
Il s'agit des docteurs Isabelle Marchand et Nicolas Tremblay, tous deux médecins de famille et du
Dr Racine Sanou, spécialiste en radiologie, qui se joignent à l'équipe d'une cinquantaine de
médecins généraux et spécialistes.
D'entrée de jeu, la présidente du conseil d'administration du centre, France Guay, a mis en vitrine
tous les efforts de l'équipe qui est responsable du recrutement. « L'équipe multiplie ses activités
pour offrir des services de qualité à la population ainsi que pour favoriser le recrutement, mais il
faut être patient », a indiqué Mme Guay.
Selon le directeur général Jacques Dubois, cet établissement comporte plusieurs caractéristiques
favorables pour attirer de nouveaux médecins dans la région. « Nous offrons un environnement
physique exceptionnel, mais aussi des équipements à la hauteur des attentes des professionnels. »
Le volet humain est aussi au coeur des priorités de M. Dubois et de son équipe de gestion. «
Réussir à attirer les médecins à s'implanter est une chose, mais leur rétention est un facteur
déterminant. Ici, les humains rendent leur milieu de travail intéressant et stimulant. Cela fait toute
la différence et demande des efforts au quotidien », a indiqué M. Dubois.
Présentation des médecins
Le Dr Sanou a intégré le département de la radiologie à la mi-septembre, ce qui constitue une
véritable bouffée d'air frais pour l'équipe en place. Il est né à Dakar, au Sénégal et a complété ses
études en médecine à l'Université de Ouagadougou au Burkina Faso en 2002. Il s'est aussi
spécialisé en radiologie diagnostique à l'Université Henri Poincaré à Nancy en France en 2009.
En plus des examens courants en radiologie, le Dr Sanou s'occupera des examens de résonance
magnétique de la population du territoire.
Les médecins Isabelle Marchand et Nicolas Tremblay forment un couple. À la fin de leurs études,
en 2006, ils ont débuté leur carrière aux Îles-de-la-Madeleine.
La Dre Marchand est originaire d'Alma et a vécu plusieurs années à Roberval. Son arrivée dans le
milieu constitue un retour auprès des siens. « Nous sommes très heureux de nous établir dans la
région avec nos deux enfants », a mentionné Isabelle Marchand, qui sera au travail la semaine
prochaine.
Dre Isabelle Marchand aura une pratique en gériatrie et à l'unité de gériatrie active de même qu'en
centre de soins de longue durée.
Le Dr Nicolas Tremblay travaille présentement à l'urgence et se joindra à une équipe à
l'hospitalisation.
Publié le 24 octobre 2011
Le pied de grue pour avoir un médecin
Plus d'une centaine de personnes ont fait la file devant la Coopérative de santé de Sainte-Thècle
alors qu'on y tenait une journée d'inscriptions.
Myriam Bacon
Le Nouvelliste
(Trois-Rivières) Certains faisaient la queue depuis plus de quatre heures. Vendredi, une longue
file s'allongeait devant les locaux de la Coopérative de santé de Sainte-Thècle. Plus d'une
centaine de personnes s'étaient déplacées dans l'espoir d'obtenir le suivi d'un médecin de famille
alors que s'y tenait une journée d'inscriptions.
Pour la présidente de l'organisme, Marthe Saint-Arneault, il s'agit là d'une manifestation évidente
du manque de médecins en dehors des centres urbains.
«Ça me dit que dans notre région, surtout Saint-Tite, Sainte-Thècle, Hervey-Jonction, Lac-auxSables; on manque de médecins. S'il y avait ce nombre de personnes devant la porte et qu'elles
attendaient depuis 8 h 30, c'est clair qu'il y a un manque de médecins», soutient Mme SaintArneault.
Les responsables de la coopérative prévoyaient prendre les inscriptions de 13 h à 21 h. Or, vers
15 h 30, toutes les places disponibles étaient déjà comblées, indique Mme Saint-Arneault.
«Quand on a fermé, c'est qu'on a dû fermer. On a vu qu'il y a des gens qui arrivaient encore, mais
le médecin ne pouvait plus en prendre d'autres», indique la présidente de la coopérative.
Rappelons qu'à la suite de l'arrivée de la Dre Mélanie Cossette-Gagnon, la coopérative avait
invité les personnes n'ayant pas de médecin de famille à venir s'inscrire. Faisant suite au départ
d'une médecin de la coopérative, l'arrivée de la Dre Cossette-Gagnon permettait à l'organisme
d'offrir un peu plus de 250 nouvelles places.
Parmi les gens qui faisaient la file vendredi, certains avaient «un besoin urgent» d'être suivis par
un médecin, soutient Mme Saint-Arneault. D'autres étaient des malades chroniques, mentionne la
présidente. Ainsi, au nombre de ceux qui attendaient «il y avait quelqu'un qui avait un cancer et
qui n'était pas capable de trouver de médecin de famille pour le suivre. C'est problématique», dit
Mme Saint-Arneault.
Si la présidente de la coop aimerait bien pouvoir accueillir de nouveaux médecins et ainsi offrir
plus de places, elle souligne que l'attraction et la rétention des médecins en dehors des centres
urbains sont difficiles. Ce phénomène, Marthe Saint-Arneault l'attribue en partie aux demandes
des centres hospitaliers qui «souvent vont exiger que le médecin reste très proche de l'hôpital
pour faire des actes médicaux».
«Souvent, nous, ici en région, on est pénalisés et ils sont loin de nous aider de ce côté-là», dit-elle
des centres hospitaliers.
«Si les hôpitaux nous aidaient à avoir des médecins chez nous, dans notre région, il me semble
qu'on désengorgerait les urgences et alors ça fonctionnerait beaucoup mieux chez eux.»
Or, «on est obligés de nous débrouiller par nous autres. On est obligés de donner aux médecins
des facilités; sans ça, ils ne viendraient pas», déplore Mme Saint-Arneault.
Avec plus de 1000 membres, la coopérative de Sainte-Thècle est la deuxième en région à avoir
vu le jour, quelque temps après celle de Saint-Étienne-des-Grès. Trois médecins y travaillent.
De son côté, la présidente poursuit sa recherche de nouveaux médecins pour la coopérative. «J'ai
envoyé une lettre à la fédération des médecins omnipraticiens pour qu'elle l'envoie aux médecins
résidents. Ça fait deux que j'envoie cette année et je n'ai pas encore eu de résultats à date.»
Publié le 27 septembre 2011 à 07h24 | Mis à jour à 07h24
Opération séduction pour les futurs médecins
Étudiante de troisième année, Karol-Ann Dupont, de Shawinigan, a notamment discuté avec Roselyn
Leclerc et Dominique Tardif, du CSSS de Bécancour-Nicolet-Yamaska.
Photo: Krystine Buisson
Vincent Gauthier
Une soixantaine d'étudiants de médecine du Campus de l'Université de Montréal en Mauricie ont eu droit
à une opération séduction de la part des différents établissements de l'Agence de santé et des services
sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec, lundi.
Avec cette première édition du Rendez-vous de la relève médicale, l'objectif était d'échanger sur les
services offerts par les différents établissements tout en soulignant les avantages de travailler en région,
afin d'éventuellement convaincre ces futurs médecins de s'y installer pour y faire carrière.
S'étant lui-même installé à Drummondville il y a 25 ans, le Dr Benoît Gervais était bien placé pour vanter
les attraits d'un boulot de médecin en dehors de grands centres comme Montréal et Québec.
«On espère qu'en sortant d'ici, ils connaissent pleinement les particularités de la pratique ici
comparativement à Québec et Montréal. C'est totalement différent. En pratiquant en région dans ma
carrière, j'ai pu prendre plus de responsabilités et toucher à plus de facettes de la médecine
comparativement aux grands centres, où il y a plus de spécialistes», indique le chef du département
régional de médecine générale.
Étudiante en deuxième année, Justine Lafleur-Careau dit avoir appris à connaître davantage la région plus
en profondeur.
«Ça nous donne une vision plus étendue de la région et des différentes pratiques propres à chaque endroit.
Aussi, on se sent davantage interpellés et on sent qu'on peut plus changer les choses», mentionne
l'étudiante originaire de Québec qui aimerait bien demeurer dans la région au terme de ses études.
Sa collègue Mélody Djuimo adore simplement le fait de pouvoir s'exiler de Montréal... tout en demeurant
assez près de la famille.
«Ça permet de s'éloigner du stress de Montréal. Tout ce dont on a besoin est situé très près ici. En plus,
c'est assez proche de chez moi pour aller visiter la famille. Je me serais mal vue devoir aller jusqu'à
Chicoutimi pour étudier», lance-t-elle.
Rester chez soi
Pour Karol-Ann Dupont, qui est originaire de Shawinigan, ce rendez-vous lui a permis d'étendre ses
horizons au-delà de sa ville natale.
«Je m'aperçois que toutes les pratiques sont différentes d'un milieu à l'autre, que ce soit dans des milieux
hospitaliers ou autre. J'essaie aussi de voir où je pourrais me placer dans quatre ans», explique l'étudiante
de quatrième année, qui opterait, de préférence, pour Shawinigan.
En plus des huit centres de santé et de services sociaux représentés (Trois-Rivières, Haut-Saint-Maurice,
Vallée-de-la-Batiscan, l'Énergie, Bécancour-Nicolet-Yamaska, Drummond, Maskinongé, Arthabaska-del'Érable), le centre de réadaptation InterVal, Domrémy Mauricie-Centre-du-Québec et le département
régional de médecine générale ont également pris part à l'événement.
«On veut sensibiliser les étudiants sur ce que sont les établissements dans notre région, dont les huit
réseaux locaux et les partenaires régionaux. Il n'y a pas juste le CHRTR dans notre région. C'est pour
qu'ils fassent un choix plus éclairé, notamment au niveau de leurs stages», indique Patrick Hubert,
conseiller aux affaires médicales à l'Agence de santé et de services sociaux.
Bien qu'on ne parle plus de pénurie de médecins dans ces deux régions, il demeure toujours important
d'assurer la relève.
«On a environ 85 % de nos effectifs sur le territoire présentement, alors il reste encore un 15 % à aller
chercher. Par contre, on a vraiment remonté le creux de vague d'il y a quelques années. On se retrouve
maintenant dans le milieu de peloton au niveau provincial», souligne M. Hubert.
La «séduction» n'a pas suffi!
Publié le 21 Juillet 2011
Gérard Martin
La Coopérative de solidarité santé Robert-Verrier cessera définitivement ses activités le 31 août prochain,
à quelques jours du 10e anniversaire de son inauguration officielle, le 17 septembre 2001, mais une
douzaine d'années après son lancement à Saint-Cyrille-de-Wendover par un groupe d'administrateurs
bénévoles sous la présidence de Guy Parenteau.
Ainsi en ont décidé à l'unanimité les membres de cette coopérative ayant pris part à une assemblée
générale spéciale, le 11 mai dernier.
Face à une impasse financière impossible à surmonter de toute évidence sans l'arrivée de nouveaux
médecins, ils ont donc opté à contrecoeur pour cette solution, non sans avoir reconnu les retombées
positives apportées par la Coop de solidarité santé Robert-Verrier au cours de la dernière décennie.
Les derniers espoirs évanouis de voir arriver à la clinique de Saint-Cyrille les trois médecins étrangers
désireux de venir y pratiquer ont sans doute contribué à sonner le glas de la coopérative cyrilloise.
Leur arrivée, s'ajoutant à la présence des deux médecins toujours en poste, aurait permis de maintenir
l'espoir en vue d'obtenir un statut de Groupe de médecine familiale (GMF).
Il y a aussi, il faut le reconnaître, le déménagement prochain de la pharmacie qui a joué dans la balance,
faute de ne pas avoir été en mesure d'obtenir les ressources financières pour procéder à
l'agrandissement souhaité par cet important locataire.
La fin d'un beau projet
Cette décision de mettre un terme aux activités de cette institution, connue à ses débuts sous le nom de
Coop de Services santé Robert-Verrier, vient pour ainsi dire anéantir les efforts surhumains d'un groupe
de bénévoles d'une douzaine de municipalités rurales ayant multiplié les démarches depuis la fin des
années 1990, sous l'impulsion de Robert Verrier, pour mettre sur pied une coopérative de santé ayant
pour mission de faciliter le maintien des soins de proximité dans ce milieu à la suite de la disparition
graduelle des derniers médecins de campagne.
Ayant acquis l'hôpital de Radisson et ayant déménagé et assemblé les 12 modules constituant cet édifice
préfabriqué sur un terrain fourni par la Municipalité moyennant un investissement initial de 700 000 $, les
initiateurs de la jeune coopérative ont réussi dès lors à mobiliser l'appui de la population d'une douzaine
de municipalités des alentours.
Le but initial était incidemment, d'offrir en milieu rural, à proximité des bénéficiaires, des services de santé
efficaces et diversifiés pour maintenir un haut niveau d'occupation du territoire, tout en y stimulant la vie
économique et sociale.
Un autre objectif de cette coopérative, la deuxième du genre à voir le jour au Québec après celle de SaintÉtienne-des-Grès, était de procurer aux professionnels concernés un cadre de travail différent et adapté
aux réalités du monde rural.
C'est à ce niveau que les administrateurs de la Coop de solidarité santé Robert-Verrier ont pu constater
que la grande et la petite séduction ont leurs limites, ceux-ci étant incapables d'attirer en nombre suffisant
ou même de garder ces professionnels de la santé.
Comme mentionné, l'un des derniers combats des administrateurs de la Coop aura été de se tourner vers
les médecins étrangers pour tenter de s'approcher du nombre requis de médecins susceptible de
conduire à une reconnaissance ou à une adhésion à un GMF (Groupe de médecine familiale) et aux
avantages financiers qui viennent avec.
Il semble cependant, selon l'un des administrateurs de la coop qui préfère garder ses commentaires pour
l'instant, que le Collège des médecins du Québec n'ait pas livré la marchandise dans ce dossier, du moins
en ce qui a trait au changement de destination du 1er médecin étranger attendu à Saint-Cyrille.
De fait, en dépit de certains engagements des politiciens et de partenaires du domaine de la santé, aucun
autre professionnel ne s'est pointé, de sorte qu'à l'heure actuelle, il ne reste que les deux mêmes
médecins à l'origine à se partager la besogne, après avoir pourtant atteint le cap des cinq à un certain
moment, soit entre 2006 et 2009.
Situation différente pour la pharmacie qui loue une partie importante des installations de la rue Martel
depuis nombre d'années, depuis 2000 en fait, car c'est l'incapacité d'obtenir l'agrandissement nécessaire
à son expansion et la visibilité désirée qui a amené sa propriétaire à prendre la décision de quitter pour se
doter de son propre immeuble, juste devant la coopérative, en bordure de la rue Principale.
De fait, déjà aux prises avec une dette hypothécaire de l'ordre de 288 000 $ et une autre de 12 000 $ en parts
privilégiés, la Coop a été dans l'impossibilité de répondre à toutes les exigences qui lui auraient permis d'obtenir cet
important prêt du Centre financier aux entreprises des Cantons de Drummond.
L'une de ces exigences, semble-t-il, consistait à la fourniture d'une confirmation écrite concernant l'entente de
principe en lien avec l'arrivée de nouveaux médecins.
Une autre exigence avait trait à une substantielle mise de fonds dans le projet d'agrandissement.
Dans les deux cas, cela a été mission impossible.
Même si la Coop de solidarité santé Robert-Verrier n'aura survécu qu'une décennie, elle aura néanmoins démontré
son utilité, voire sa nécessité, dans ce bassin rural comptant 17 000 personnes.
Avec ses 4700 membres, la Coop estime à plus de 70 000 le nombre de visites faites à cette clinique en y incluant les
prises de sang, le vaccin annuel, ainsi que les services de la nutritionniste (4 ans), en physiothérapie (6 ans) et d'un
psychologue (1 an) durant son existence d'une décennie.
Une pharmacie et deux médecins
Mais comme tout n'est pas sombre pour les gens de Saint-Cyrille et des environs, la nouvelle pharmacie Familiprix
ouvrira ses portes le 15 août prochain.
Un bâtiment moderne de quelque 6000 pieds carrés prendra la relève sur un emplacement acquis majoritairement de
la Municipalité et en partie de la Caisse populaire, dans un espace où il était question jusqu'à tout récemment
d'aménager un parc municipal.
La propriétaire, Nathalie Cloutier, estime qu'elle sera maintenant mieux en mesure de répondre aux besoins de la
clientèle, d'autant plus que quatre employés à temps plein et trois autres à temps partiel seront au service de la
population dès l'ouverture.
L'autre bonne nouvelle, c'est que la pharmacienne-propriétaire a fait aménager des bureaux pour accueillir les deux
médecins oeuvrant à la coopérative, les Dres Isabelle Fontaine et Lyne Garceau, et possiblement l'infirmière, Mme
Cloutier n'étant pas en mesure de le confirmer dans ce dernier cas.
Quant au bâtiment de la rue Martel, les administrateurs ont offert à la Municipalité de Saint-Cyrille-de-Wendover de
l'acquérir moyennant un prix équivalent au total de la dette.
Les élus municipaux ont incidemment mandaté un architecte pour évaluer la qualité de la construction en fonction
d'une nouvelle vocation à lui donner.
D'autres promoteurs auraient également manifesté un certain intérêt pour cet immeuble qui a fait la fierté des Cyrillois
en dépit de la triste fin que connaît la Coop de solidarité santé Robert-Verrier.
Dossiers médicaux: un échec sur toute la ligne
L'informatisation du réseau coûtera au bas mot 1,4 milliard et ne sera
achevée qu'en 2016
Robert Dutrisac 5 mai 2011 Québec
Seulement 29 000 dossiers électroniques ont été ouverts alors que 680 000 usagers devaient être desservis.
Québec — La création des dossiers médicaux informatisés, le projet Dossier santé du Québec
(DSQ), dont les coûts étaient évalués à 563 millions en 2006, est un «échec», conclut le
Vérificateur général du Québec. L'informatisation du réseau de la santé coûtera au bas mot 1,4
milliard et ne sera achevée qu'en 2016, six ans plus tard que le prévoyait l'échéancier.
«J'ai constaté que les paramètres initiaux du projet fixés en 2006 concernant les coûts, la portée
et l'échéancier ne seront pas respectés. Compte tenu de ces résultats, je considère que le projet
sous sa forme définie à l'origine n'existe plus et en ce sens, est un échec», a affirmé, hier, le
vérificateur général, Renaud Lachance en conférence de presse au cours de laquelle il a dévoilé le
deuxième tome de son rapport à l'Assemblée nationale pour l'année 2010-2011.
Cet échec sur toute la ligne est en quelque sorte consacré puisque l'an dernier, le ministère de la
Santé et des Services sociaux (MSSS), après avoir englouti 308 des 563 millions, décidait
d'abandonner le DSQ tel que conçu à l'origine. On projetait d'établir une plateforme unique pour
ces dossiers informatisés. Or, on mise maintenant sur la constitution de dossiers patients
électroniques (DPE), utilisant diverses plateformes informatiques, dans les cliniques privées et les
établissements de santé, des DPE qui sont, dans certaines cliniques ou certains établissements,
déjà utilisés. C'est la voie qu'ont empruntée les autres provinces. Achever l'implantation des DPE
au Québec coûtera plus de 900 millions, selon les évaluations obtenues par le VG.
Le nouveau projet DSQ consistera à assurer l'interconnexion des différents systèmes, leur
«interopérabilité» et leur sécurité, a expliqué Renaud Lachance. Pour ce volet, le VG croit que les
coûts dépasseront les 563 millions prévus par le MSSS en dépit des assurances que ses hauts
fonctionnaires persistent à fournir.
Quant à la somme de 308 millions déjà investie, Renaud Lachance serait «le premier surpris si
tous les coûts que l'on a mis dans ce dossier [à ce jour seraient] récupérables dans la nouvelle
stratégie».
D'ailleurs, le VG se montre très critique de la reddition de comptes effectuée par le ministère.
Ainsi, pour diminuer artificiellement la note associée au DSQ, le MSSS impute des coûts de
certains sous-projets du DSQ au budget courant alors qu'ils ne sont pas encore terminés.
L'évaluation des coûts par le ministère est «non crédible», écrit le VG.
En raison du changement de stratégie, Renaud Lachance relève que le ministère pourrait perdre
52 millions que devait lui verser le gouvernement fédéral, par l'entreprise d'Inforoute santé du
Canada (ISC), qui subventionne une partie des coûts de l'informatisation du réseau de la santé
des provinces.
Selon Renaud Lachance, le Québec accuse à cet égard un retard par rapport aux autres provinces
et se retrouve dans le peloton de queue avec les territoires du Yukon et du Nunavut. ISC, qui
verse ses subventions en fonction de l'avancement des projets, n'a déboursé que 38 % du
financement total prévu, comparativement à 74 % en moyenne pour les autres provinces.
Lancé dans la région de Québec à l'automne 2009, le projet-pilote de DSQ en est encore à ses
«balbutiements», souligne-t-il: seulement 29 000 dossiers électroniques ont été ouverts alors
que 680 000 usagers devaient être desservis. D'ailleurs, le député de Shefford et porte-parole de
l'Action démocratique du Québec en matière de finances publiques, François Bonnardel, se
demandait hier pourquoi ce projet-pilote se poursuivait.
Interrogé à l'Assemblée nationale par M. Bonnardel et la députée de Taschereau et porte-parole
de l'opposition officielle en matière de santé, Agnès Maltais, le ministre de la Santé et des
Services sociaux, Yves Bolduc, a convenu que son ministère avait «révisé» sa stratégie. «Le
projet initial est différent, mais beaucoup amélioré. Et c'est faux de dire qu'on n'est pas
informatisé, et on est rendu au même niveau que les autres provinces», a-t-il soutenu. La
radiologie et les laboratoires sont informatisés et certaines cliniques également, a-t-il signalé.
«J'invite la députée à aller voir sur le terrain qu'est-ce qui se passe et à arrêter de lire des
choses», a lancé le ministre, qui semble douter que la lecture du rapport du VG soit d'une
quelconque utilité.
Agnès Maltais a souligné que selon les médecins, l'informatisation des cliniques permettrait de
desservir 20 % plus de personnes dans un contexte où le quart de la population québécoise n'a
pas de médecin de famille.
Ratés informatiques
En matière de projets informatiques, il n'y a pas que le DSQ qui connaît des ratés, loin de là.
Dans un autre chapitre de son rapport, Renaud Lachance constate que les deux tiers des projets
informatiques menés par le gouvernement connaissent des dépassements de coûts, ne
respectent pas leur échéancier ou encore ne remplissent pas leurs promesses. Le Secrétariat du
Conseil du trésor (SCT) passe outre sa propre directive: plus de la moitié des projets, dont la
valeur totale s'élève à 3,2 milliards, n'ont aucun dossier d'affaires. Pour ces projets, on n'a donc
pas défini les besoins, présenté des solutions possibles et évalué les risques. Seulement 11 %
des projets ont un dossier d'affaires complet.
Le VG s'est penché sur sept projets d'envergure d'une valeur globale de 1,4 milliard, dont le
DSQ, pour établir que trois d'entre eux s'étaient soldés par un échec, deux autres ont connu des
difficultés et deux seulement furent couronnés de succès.
Le modèle de «gouvernance» est «non fonctionnel» puisque le SCT n'a pas d'expertise interne en
informatique, note le VG. Le gouvernement dépend de consultants externes, bien davantage que
d'autres administrations publiques. Le pourcentage des dépenses en informatique cédées à
l'externe par les États dans le monde varie de 8 % à 24 %, selon Gartner Group cité par le VG.
Au Québec, c'est 52 % du pactole qui va aux consultants externes, souvent des fonctionnaires
qui ont devancé leur retraite pour se joindre à des firmes de services-conseils et qui offrent leurs
services à plus cher à leur ancien employeur, fait remarquer le VG. Qui plus est, ce sont souvent
ces mêmes firmes qui rédigent les appels d'offres, faute d'expertise au sein du gouvernement.
Médecine familiale - Le manque d'investissement a un prix
Dans une campagne publicitaire, les omnipraticiens rappellent l'urgence
d'investir
Louise-Maude Rioux Soucy Le Devoir 20 avril 2011
Après avoir soulevé un important mouvement de solidarité sur Facebook et YouTube, les médecins de
famille enfoncent un peu plus le clou. Cette fois, ils le font par le biais d'une campagne publicitaire
destinée à rappeler l'urgence d'investir en médecine familiale. Une démarche qui égratigne les choix du
gouvernement Charest, alors que plus de deux millions de Québécois sont toujours sans médecin de
famille, cela, même si le Québec compte jusqu'à 20 % plus d'omnipraticiens que la moyenne
canadienne.
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) s'est inspirée des milliers de
témoignages reçus au cours de la dernière année pour construire cette campagne qui met en lumière
un fort sentiment d'impuissance. «On montre des situations réelles qui sont la conséquence directe des
choix de ce gouvernement. Ces conséquences ne touchent pas qu'un individu, mais toute sa famille»,
raconte son président, le Dr Louis Godin.
La FMOQ, qui négocie présentement un réajustement salarial, se défend d'instrumentaliser la détresse
des gens avec son slogan «Plus d'investissements en médecine familiale. Moins de souffrance». C'est
toute la question de l'accès aux soins qui est au coeur de cette campagne qui vise d'abord la
revalorisation et la réorganisation d'une profession boudée par la relève, tempère le Dr Godin. «Il est
clair que si vous n'avez pas de médecin de famille, vous n'avez pas accès à la prévention et au suivi.
Cela n'est pas sans conséquence. Cela peut parfois même être grave.»
Investissements faibles
Malgré plusieurs cris à l'aide, les investissements dans la première ligne sont restés marginaux ces
dernières années. Au total, seuls 2,9 % du budget total de la santé seraient consacrés aux soins de
première ligne offerts en clinique, calcule la fédération, chiffre que ne conteste pas Québec. «Ce faible
degré d'investissement fait de la médecine familiale le parent pauvre du secteur de la santé au
Québec, et cela est inacceptable», affirme le Dr Godin.
Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, ne nie pas qu'une pénurie mine la première ligne. Il estime
néanmoins que les mesures mises en place ces dernières années pour valoriser la profession et
«l'augmentation importante des admissions en médecine ces dernières années» vont finir par porter
leurs fruits, note son attachée de presse, Natacha Joncas-Boudreau. Il se donne pour cela un horizon
de cinq ans.
Cinq ans, c'est trop optimiste, voire irréaliste, juge le président de la FMOQ. «Je ne dis pas qu'on ne
peut pas y arriver dans des délais raisonnables. Mais cela va prendre des gestes concrets. Avec moins
de 40 % des étudiants qui choisissent présentement la médecine familiale, on n'arrive même pas à
maintenir l'offre de services actuelle. Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les projections ministérielles.»
Les démons des coopératives de santé
Louise-Maude Rioux Soucy Le Devoir, 16 avril 2011
La solidarité des débuts est empoisonnée par la logique de marché
Auréolée d'une approche sociale et solidaire, la coopérative de santé est confrontée à des démons qui
vont au-delà de l'accessibilité universelle aux soins. Les mécanismes implacables d'attraction de la maind'œuvre médicale la livrent en effet aux règles du marché et à la surenchère. Un mélange qui suscite
bien des questions, mais peu de réponses.
Entreprise à but lucratif ou service essentiel, la coopérative de santé? Le litige entourant son
financement par des municipalités a remis cette épineuse interrogation au goût du jour cette semaine.
La question est fondamentale puisqu'elle déterminera les limites légales d'un modèle d'affaires qui se
cherche encore et qui, ce faisant, prête de plus en plus flanc à la critique.
Il ne faut pas se leurrer, si les coopératives ont connu un essor aussi important — plus d'une
cinquantaine en 15 ans —, c'est d'abord parce que le contexte québécois leur est favorable, explique la
juriste spécialisée en santé Marie-Claude Prémont. «Le moteur qui est derrière tout ça, c'est le médecin
qui veut accroître ses revenus, pas l'accessibilité aux soins. Les coopératives de santé sont le fruit de
comportements d'affaires de la part de médecins qui essaient de trouver des formules pour profiter
d'une certaine pénurie de ressources.»
La solidarité des débuts est effectivement de plus en plus ébranlée par la compétition qui va croissant
avec la pénurie de médecins de famille. C'est ainsi que des municipalités ont franchi le pas qui a plongé
Québec dans l'embarras en finançant des coops même si la loi précise que cela ne fait pas partie de
leurs compétences. «Les municipalités ne sont pas à blâmer, croit Mme Prémont. Elles sont confrontées
à un jeu commercial qui se joue au-dessus de leur tête. Elles ont des populations vulnérables qui
réclament une solution de remplacement à la solution publique qui ne fonctionne pas.»
Née de la volonté populaire, la coopérative de santé permet en effet aux petites et moyennes
communautés d'accéder à des services médicaux près de chez elles. «La Loi sur la santé garantit
l'accessibilité aux soins; ce qu'elle ne prévoit pas, en revanche, c'est la proximité. La coop est un bon
moyen de consolider ou de proposer un service de proximité», résume Benoit Caron, directeur général
de la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec (FCSDSQ).
Cette proximité est bien souvent vitale pour la santé d'une municipalité en raison de son puissant
pouvoir d'attraction et de rétention. Le problème, c'est que les coopératives sont considérées comme
des entreprises privées individuelles ou à capital-actions dans leurs relations avec ces mêmes
municipalités, note Marie-Joëlle Brassard, directrice de la recherche et du développement au Conseil
québécois de la coopération et de la mutualité.
Or, toute la société québécoise est organisée en fonction du lucratif et du non-lucratif, explique Mme
Brassard. «Dans les ministères, spécialement au Revenu, on conçoit toujours les politiques et les
programmes en fonction de cette logique binaire opposée.» Pour la coopérative, qui cherche d'abord à
répondre à un besoin, mais ne renie pas le profit, la position est tout simplement intenable.
La boîte de Pandore
C'est cette double identité qui est au coeur du litige qui oppose la municipalité de Yamaska à la
Coopérative de solidarité santé Shooner-Jauvin de la municipalité voisine de Pierreville. En 2009, huit
citoyens de Yamaska ont déposé une plainte au ministère des Affaires municipales, des Régions et de
l'Occupation du territoire (MAMROT). Ceux-ci reprochaient à leur municipalité de s'être engagée à
débourser 18 000 $ par année pendant cinq ans pour financer la coop, financement que la loi interdit. La
direction régionale de la Montérégie leur ayant donné raison, la municipalité de Yamaska a décidé de
retirer ses billes, au grand dam de la coopérative qui a fait appel à ses avocats-conseils. Québec a eu vent
de l'affaire, une réflexion conjointe a même été entreprise par le MARMOT conjointement avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), mais un an plus tard, rien n'a encore filtré de ces
échanges.
Sur le terrain, ce flou entretient la division. D'un côté, il y a ceux qui s'en tiennent à la loi, qui précise
qu'une municipalité ne peut agir que selon ses compétences, ce qui exclut le financement ou la
subvention d'un établissement commercial, catégorie dans laquelle le MARMOT range la coopérative. De
l'autre, des voix font valoir que la nature même des coopératives de santé — qui offrent un service de
proximité jugé essentiel — leur confère un statut particulier. Ceux-ci évoquent souvent les articles 91 et
101 de la Loi sur les compétences municipales, qui prévoit qu'une municipalité ou une MRC peut
accorder une aide financière pour l'exploitation d'un établissement de santé. Maintenant, une
coopérative peut-elle être considérée comme un établissement de santé? C'est loin d'être acquis, note
Marie-Claude Prémont dans un texte cosigné par le Dr Réjean Hébert, doyen de la Faculté de médecine
de l'Université de Sherbrooke.
Ce n'est là qu'un des écueils décrits par les deux experts dans ce texte éclairant paru en novembre
dernier dans La Revue juridique Thémis. Certaines des stratégies retenues pour attirer les médecins
soulèvent en effet d'importants questionnements éthiques autant que déontologiques. Au premier chef,
celle qui consiste à offrir un loyer gratuit ou au rabais et un soutien administratif à des médecins qui
comptent déjà sur une rémunération majorée de 35 % pour couvrir leurs frais d'exploitation.
La loi est pourtant claire: le médecin ne peut exiger et recevoir, pour un service assuré, que la
rémunération prévue à l'entente. Tout financement supplémentaire est contraire à la loi. «Si on veut
garder la formule des coopératives, ajustons alors la rémunération», propose Mme Prémont, qui est
aussi professeure titulaire à l'École nationale de l'administration publique (ENAP). Jusqu'ici, ni le
gouvernement ni la Régie de l'assurance maladie du Québec n'ont voulu ouvrir cette boîte de Pandore,
préférant s'en remettre au Collège des médecins du Québec.
Ce dernier, dans une mise au point datée de 2008, explique que la prohibition en matière de locaux
gratuits ou au rabais n'est pas une règle absolue. Il précise qu'un médecin peut continuer à bénéficier
d'un tel avantage s'il exerce dans une région en pénurie ou soumise à des conditions socioéconomiques
particulières. Pile-poil là où les coopératives sont devenues une nécessité.
De la gratuité à la solidarité
L'autre bête noire des coopératives est le paiement d'une part sociale et d'une cotisation annuelle qui
peut se heurter au principe de la gratuité des soins. Trois coopératives font d'ailleurs l'objet d'une
enquête de la RAMQ à ce sujet. Elles sont toutes soupçonnées d'avoir exigé le paiement d'une cotisation
pour avoir accès aux médecins. Ce que la loi interdit formellement.
Le dilemme est cornélien. Comment répondre aux besoins et aux désirs des membres d'une coopérative
dans un réseau public de santé qui, en garantissant l'universalité des soins, prohibe les privilèges? «C'est
une réalité des coopératives de santé avec laquelle elles doivent composer, répond Benoît Caron. Elles
doivent travailler sur la promotion de la solidarité pour assurer la proximité des services, par le biais de la
cotisation annuelle notamment, mais elles ne peuvent en aucun cas l'exiger.»
Cette règle n'est pas sans causer des frictions, spécialement quand plusieurs municipalités sont
concernées et que l'une d'elles décide de retirer son financement, comme c'est arrivé à la Coop ShoonerJauvin. «C'est nous qui payons la bâtisse, mais nous ne pouvons pas empêcher qui que ce soit d'y avoir
accès», confirme son président, André Descôteaux. Ce qui ne plaît pas à tous, poursuit celui qui est aussi
maire de Pierreville. «Il y en a qui trouvent ça "cheap" en maudit. Il me semble que c'est gênant d'aller
au buffet d'une réception quand tu n'as pas payé ton billet.»
Avec toutes ces zones grises, ils sont de plus en plus nombreux au Québec à réclamer des règles plus
strictes, voire carrément un encadrement législatif. Mais selon la FCSDSQ, légiférer n'est pas nécessaire
puisque trois mécanismes veillent déjà au grain: la Loi sur les coopératives, le Collège des médecins et la
Loi canadienne sur la santé. «Il ne faut pas ajouter des lois, mais faire respecter les lois», conclut Benoit
Caron.
Lettre d'une citoyenne en colère au ministre de la Santé et des Services sociaux
Par Ginette Pilon
Upton, Montérégie
Monsieur le ministre,
Dieu sait qu’au Québec cela prend de la détermination, de la ténacité et de la patience
pour passer au travers du système médical afin d’obtenir une meilleure santé et la
guérison, voilà que maintenant se rajoute au système les coopératives médicales, d’autres
bâtons dans les roues !
Pendant plus de 9 ans depuis 1998 j’ai vécu à Acton Vale sans aucun désagrément pour
consulter la clinique médicale que celui de me lever tôt parfois et d’attendre longtemps
l’ouverture des portes de la clinique à l’intérieure de l’entrée pour prendre rendez-vous.
C’était même convivial au début on s’assoyait par terre dans l’entrée puis on amenait nos
chaises avant qu’ils ne décident que ces humains-là seraient plus confortables sur des
bancs …On connaissait nos positions d’arrivées, les très jeunes enfants passaient en
premier et les autres se mettaient en ligne pour prendre rendez-vous et tout le monde
était heureux…
Puis un jour certain des médecins près de la retraite qui ne voulait plus s’occuper de
l’administration de la clinique et voulaient la rendre alléchante pour la venue de la relève
souhaitée dans ce coin de pays on implanté ce système de coopérative médicale.
Maintenant il y a 5 médecins dont 3 sont présents sur une base de deux à trois jours
semaines, un qui vient une fois par mois … la coopérative ne prend plus d’adhésion, car
elle ne peut pas fournir plus de médecins de famille qu’avant ! Ceux qui ont adhérés à la
coop bénéficient du merveilleux privilège de se retrouver sur une liste d’attente pour un
jour avoir un médecin de famille ! Le statut de membre ne donne pas accès
automatiquement à un médecin de famille à ceux qui n’en ont pas… c’est ce que la
population à découvert
il parait que la moitié des gens qui ont adhérés ne sont pas
satisfaits.
C’est le bordel pour prendre rendez-vous et c’est discriminatoire, on se fait juger et
répondre sèchement quand on n’est pas membres, c’est plein de règles pour les appels
des non-membres, pour ce qui reste de « temps de rendez-vous » il faut appeler dans un
délai de temps très court après les membres ce qui fait que c’est pratiquement inutile
d’appeler, car tout le monde se « garroche » sur le téléphone à telle heure donnée par la
secrétaire donc en même pas une minute les rendez-vous sont tous pris pour les nonmembres ! Je me suis même fait dire de ne pas essayer d’avoir un rendez-vous tel ou telle
journée que cela ne servait à rien d’appeler… pour les non-membres, tout serait déjà pris
par les membres …
Il y a aussi des périodes de deux semaines dans le mois où les non-membres ne doivent
pas appeler pour prendre rendez-vous avec un certain médecin, mais après ce délai s’il
reste du temps! Les enfants petits et grands ados qui n’ont rien payé issus d’un couple
membre passent avant les non membres … C’est-tu démocratique cela ? La part sociale
coûte 10 $ à laquelle s’ajoute 75 $ pour les gens de la MRC d’Acton et 100 $, pour les nonrésidents de la MRC déjà ils mentionnent que cela pourra augmenter au fil des ans selon
les besoins de ses membres … !
Donc les résidents adhérents ceux qui payent auront eux le couteau sur la gorge tout le
temps et la certitude de payer en fonction des augmentations futures et où s’arrêtera ces
augmentations ? La coopérative essaie de trouver toutes sortes de nouveaux avantages
pour se donner des justifications d’existence, mais entre vous et moi la seule qui compte
n’est-ce pas de se faire soigner et de voir un médecin ! En plus à quoi sert le 30% financier
qui est remis aux médecins par la RAMQ pour l’administration de leur pratique ? Est-ce
que cette somme est réinvestie dans la coopérative il semble que la majorité des
médecins la garde pour eux !!
Le CLSC d’Acton Vale me semble être le parent pauvre délaissé sous-utilisé …pourtant
bien utile pour prendre nos prises sanguines et autres soins. C’est lui qui devrait être
amélioré, utiliser pour de nouveaux services ou de nouvelles ressources que la coopérative
voudrait implantés afin d’offrir de meilleurs services à la population soi-disant, pas besoin
pour cela d’être membre d’une coopérative! La caisse populaire au lieu d’investir ses
fonds dans l’élaboration d’une coop médicale payante pour la population aurait mieux fait
d’agir plus judicieusement en renforçant financièrement les structures déjà existantes du
CLSC d’Acton Vale en les améliorant .
Il ne faut plus permettre l’addition de nouvelles coopératives médicales pour attirer des
médecins ce qui créent deux classes de citoyens, mais travailler de concert avec les
ressources en places comme les CLSC pour les améliorer, les développer. Pourquoi ne pas
considérer abolir et réunir toutes ces petites cliniques régionales, de cantons, de petits
villages sous une ou deux grosses cliniques de région où la population pourrait converger ?
Imposez, établissez et délimitez des zones périphériques régionales normatives devant
obligatoirement recevoir ces MÉGAS cliniques qui desserviraient adéquatement les
populations rurales les CLSC de village complèteront le tout. Pour un apport normal en
médecins qui réunirait tous les médecins de ces petits villages, des services constants de
qualité et adéquats faut-il avoir un médecin obligatoirement sur le pas de notre porte ? Il
faut d’après moi globaliser plus que cela pour éviter la folie des coops qui ne fait que
leurrer le peuple québécois… et le desservir .
Je demeure maintenant à Upton dans la MRC d’Acton Vale qui se situe à 10 minutes du
village d’Acton et par écoeurement et désespoir de cause je me suis dirigé vers une autre
clinique bien plus loin de chez moi celle du Carrefour médical de la Vallée-du-Richelieu où
vit ma fille. À cet endroit la démocratie règne encore et quand le médecin veut nous
revoir suite à nos résultats d’examen on passe entre deux patients et c’est efficace ! Je
ne suis pas une citoyenne de deuxième classe pour cette clinique qui jouit d’un excellent
emplacement, convivial, fort pratique avec pharmacie intégrée et de nombreux
médecins... cela m’a fait beaucoup réfléchir sur la pertinence d’avoir une clinique à ma
porte inutile, payante ,frustrante versus une méga clinique de comté …
Améliorer les CLSC si nécessaire selon les besoins en innovant des liens avec des
structures médicales à l’extérieur du village même. On veut attirer des médecins, mais
paradoxalement ce sont les humains qui vivent dans ces villages qui vont finir par s’en
aller, car on ne peut les prendre en otages impunément dans un système de santé ou
l’égalité s’applique à tous.
Bien à vous,
Coops de santé: Québec dans l'embarras
Le financement provenant de municipalités est au coeur d'un litige que
personne n'ose trancher
Louise-Maude Rioux Soucy 11 avril 2011 Santé
Le modèle coopératif en santé a du plomb dans l'aile. Déjà, trois coopératives sont dans le collimateur
de la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ). Au moins une autre, la Coopérative de
solidarité santé Shooner-Jauvin, financée en bonne partie par dix municipalités, a fait l'objet d'une
plainte au ministère des Affaires municipales, Régions et Occupation du territoire (MAMROT), a appris
Le Devoir. Un dossier chaud qui embête aussi le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
C'est que l'enjeu est gros. Il dépasse les questions habituelles entourant la légalité des cotisations
annuelles que réclament certaines coopératives. Cette fois, la controverse amène les élus sur un autre
terrain: celui des subventions accordées par des municipalités à une poignée de coopératives de santé.
Le modèle est marginal, mais il fait déjà beaucoup jaser à Québec. Personne encore n'a osé trancher
quant à la légalité de ce nouveau modèle d'affaires.
La loi indique qu'une municipalité peut agir en fonction de ses compétences, explique la porte-parole
du MAMROT, Émilie Lord. Or «ces compétences n'incluent pas le financement ni la subvention d'un
établissement commercial, y compris les coopératives».
C'est sous ce principe que huit citoyens de Yamaska ont fait parvenir une plainte au MAMROT en 2009.
Ceux-ci reprochaient à leur municipalité de s'être engagée à débourser 18 000 $ par année pendant
cinq ans pour financer la coop située dans la municipalité voisine de Pierreville.
Ils y faisaient valoir que le financement des services de santé est de compétence provinciale. Ils
affirmaient aussi que le financement consenti par leur municipalité était en fait une subvention allouée
à une entreprise, chose interdite au Québec. Dans un avis rendu le 26 janvier 2010 dont Le Devoir a
obtenu copie, la direction régionale de la Montérégie leur avait donné raison. Le dossier a donc été
transmis au Comité de coordination des plaintes du MAMROT.
Ébranlé, le conseil municipal de Yamaska s'est alors rangé du côté des contestataires. Il a donc retenu
sa contribution pour les années 2010 et 2011. Avisé de cette décision, le coordonnateur au traitement
des plaintes du MAMROT a fermé le dossier avant même d'avoir eu à se prononcer. «La plainte a été
fermée puisque la municipalité a suspendu son aide», explique Émilie Lord.
Sur le terrain toutefois, le conflit est resté entier. Le retrait de Yamaska a plongé la coopérative dans
une position intenable, déplore son président, André Descôteaux. «Quand on a monté le projet, on a
calculé un budget serré. Yamaska nous a mis dans une situation déficitaire», relève celui qui est aussi
maire de la municipalité de Pierreville, où loge la coopérative.
Selon Françoise Lacasse, directrice générale de la coopérative, le contrat signé en 2008 par les dix
municipalités — contrat d'une valeur totale de près de 600 000 $ sur cinq ans — est «parfaitement
valide et doit donc être honoré». «Tout est légal de fond en comble. Notre avocate nous affirme que
les municipalités peuvent avancer des fonds pour servir leur population dans un établissement de
santé.»
C'est aussi ce qu'affirme Benoit Caron, directeur général de la Fédération des coopératives de services
à domicile et de santé du Québec (FCSDSQ). «Les dix municipalités ont convenu conjointement de
financer les opérations de la coopérative de façon à éviter aux citoyens d'avoir à assumer une
contribution annuelle qui aurait pénalisé les moins nantis. C'est un modèle marginal, avec lequel je
suis plus ou moins confortable, mais ce n'est pas interdit.»
Zones grises
Pas d'accord, répond la conseillère municipale de Yamaska, Diane de Tonnancourt. Le problème, c'est
que personne à Québec ne veut se prononcer. Le MARMOT a fermé le dossier et le MSSS renvoie le
tout à la RAMQ, qui, elle, rappelle que «l'accès à un médecin ne doit jamais être conditionnel au
paiement d'une somme d'argent». «La coopérative n'en est pas encore arrivée à cette extrémité, mais
elle y a songé», déplore Mme de Tonnancourt, qui craint des représailles.
Dans une lettre datée du 8 septembre 2010, la coop a en effet écrit à la municipalité de Yamaska pour
la prévenir, que, faute de respecter ses obligations, «nous aviserons aussi votre population que nous
devrons temporairement cesser d'accepter de nouveaux membres et que les membres actuels en
attente de médecin, ne pourront avoir recours aux services de la coop». La lettre a choqué Mme de
Tonnancourt qui y a vu la menace d'un frein à l'accessibilité aux soins de santé.
La coopérative s'en défend bien. Il n'a jamais été question de limiter l'accès aux médecins, chose
interdite par la loi, affirme Mme Lacasse. «C'est seulement la partie coop qui était concernée. Et même
ça, on l'a laissé tomber. On a eu d'autres réunions depuis et nous avons décidé de remettre le tout
entre les mains des avocats.» Yamaska a fait la même chose. À leur grand regret, les deux parties se
parlent donc désormais par l'entremise de leurs avocats-conseils.
Les deux parties estiment avoir été abandonnées à leur sort par Québec. «Je suis conscient qu'il y a
une zone grise, note M. Descôteaux. Et je pense qu'elle est entretenue par le gouvernement qui ne
met pas ses culottes. C'est ben commode les coops pour eux, on désengorge les urgences et c'est aux
municipalités de s'arranger avec ça.» C'est aussi l'avis de Mme de Tonnancourt. «Le gouvernement fait
la sourde oreille. Il ne veut clairement pas toucher à ça. Et, plus le problème grossit, plus il se
braque.»
Si le gouvernement n'est pas prêt à trancher, il dit être préoccupé par la situation. La question du
financement des coopératives par les municipalités est toujours en analyse au MAMROT. Le MSSS a été
sollicité de même que les deux cabinets concernés. «C'est le gouvernement qui va statuer lorsque cet
examen sera terminé», promet-on au cabinet du ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard.
Aucun échéancier n'a été encore arrêté.
Publié le 31 mars 2011
Allô, docteur!
Mario Roy
La Presse
Version revue, améliorée et privée d'Info-Santé, le service téléphonique DocTel se présente
comme l'équivalent virtuel d'une clinique médicale où on aurait éliminé l'attente, la gratuité et la
présence physique du praticien. Il s'agit d'une demi-médecine, en somme, qui hérisse le Collège
des médecins du Québec et ébrèche le principe de l'universalité des soins de santé.
Certes, l'administration de «soins» par téléphone peut être problématique et doit certainement être
analysée et encadrée. Cependant, l'initiative a un point commun avec la révision des actes
médicaux permis aux pharmaciens ou aux infirmières: elle est a priori utile.
Et ce, pour les raisons qu'on connaît, évidemment liées à l'accès aux services de première ligne.
Dans la vraie vie, en effet, deux millions de Québécois n'ont pas de médecin de famille et il leur
est extrêmement difficile d'en trouver un: en Montérégie, on a déjà organisé une loterie dont le
«prix» était précisément un médecin de famille! Le nombre de cliniques médicales traditionnelles
est en diminution (33% de moins en 10 ans, selon la revue Protégez-vous) et leur financement
famélique, égal à 3% du budget de la santé. Enfin, les salles d'urgence des hôpitaux sont dans un
état chronique de désorganisation, sans espoir réaliste que les choses s'améliorent dans un avenir
prévisible.
Peut-on s'étonner alors que, de partout, surgissent des chemins parallèles, pas toujours strictement
conformes à la loi, offrant aux citoyens des soins de santé qu'ils n'obtiendront que très
difficilement, ou pas du tout, autrement?
Les pouvoirs publics sous-estiment grandement le niveau de frustration existant au sein de la
population devant ce véritable bris de contrat dont se rend coupable l'État en matière de soins de
santé. C'est d'ailleurs une situation dont la Cour suprême avait pris acte en 2005 dans l'arrêt
Chaoulli. Et il n'y a plus personne pour croire que la situation sera meilleure à moins de
changements radicaux dans le système. Or, aucun empire bureaucratique monopolistique n'en est
capable: combien de ministres s'y sont-ils cassé les dents?
En outre, lesdits pouvoirs, fussent-ils appuyés par tous les preachers collectivistes du Québec, se
mettent un doigt dans l'oeil jusqu'au coude s'ils croient que les gens vont se laisser mourir sans
rien faire. Ce n'est pas pour faire plaisir au grand Capital que le citoyen est prêt à payer pour être
soigné (en plus de payer aussi pour le système qui ne le soigne pas), c'est parce qu'il estime ne
plus avoir le choix. Même des organismes publics, CSST et SAAQ, recourent aujourd'hui à la
médecine privée!
DocTel rejoindra-t-il la douzaine de cabinets et entreprises qui font l'objet d'enquêtes de la part de
la Régie de l'assurance maladie du Québec parce qu'ils dispensent des soins en marge, peut-être,
des cadres légaux?
De ça, au moins, l'État est parfaitement capable...
Publié le 29 mars 2011
L'accès difficile à un médecin favorise le
privé
Pierre Pelchat
Le Soleil
(Québec) L'ouverture de cliniques médicales privées n'est pas qu'une question d'idéologie. Cette
tendance répond avant tout à la difficulté de plus en plus grande d'avoir accès rapidement à un
médecin, à ses soins dans les établissements publics.
C'est ce qu'a soutenu, jeudi, le professeur de science politique à l'Université Laval Raymond
Hudon, lors d'une conférence organisée par le Parti québécois (PQ) sur le campus universitaire.
Le chercheur a invité le parti souverainiste et d'autres groupes en faveur du maintien du régime
public à faire preuve de réalisme politique.
«Les gens sont prêts à payer pour accéder plus rapidement à des services de santé. On ne peut pas
simplement jouer à l'autruche. Il n'y a rien de pire que de se faire des illusions avec des
solutions», a-t-il affirmé, en présence de la critique du PQ en santé, Agnès Maltais, et de la
médecin Saideh Khadir, qui est un des membres fondateurs du groupe Médecins québécois pour
un régime public.
Les lobbys
M. Hudon, qui se présente comme un partisan du régime public, a étudié les nombreux lobbys
dans le domaine de la santé au cours des dernières années. Il poursuit des recherches sur le
processus ayant conduit au jugement Chaouli de la Cour suprême qui a permis de souscrire à une
assurance maladie privée il y a quelques années.
Le professeur a rappelé qu'en 2004, 45 % des Québécois étaient d'accord pour payer des frais
pour avoir accès plus rapidement à des services de santé. Il estime qu'il aurait été utopique, dans
un tel contexte, de priver les Québécois de la liberté d'avoir une assurance privée. «Cela a fait
quelques belles heures pour l'ADQ [Action démocratique du Québec]», a-t-il dit.
Il explique aussi le développement du privé dans la santé par un changement de valeurs dans la
population. «On a aujourd'hui un citoyen consommateur un peu comme quand il va au Walmart.
Il se dit qu'il paie des impôts et qu'on doit donc lui donner des services. Et s'il n'est pas capable
d'avoir des services dans le public, il veut avoir accès au privé, et la pression est là», a avancé M.
Hudon.
«Il ne faut pas se cacher ça non plus, sinon on arrive à des solutions qui n'ont pas de prise, qui ne
correspondraient pas aux attentes des gens», a-t-il poursuivi.
CSST, SAAQ
La pression en faveur du privé dans la santé vient aussi d'organismes publics. «De gros clients du
privé en santé sont la CSST [Commission de la santé et de la sécurité du travail] et la SAAQ
[Société de l'assurance automobile du Québec]. Pour que ça coûte moins cher, ces organisations
préfèrent aller dans le privé que d'attendre et payer des prestations pendant plusieurs mois
d'attente», a-t-il indiqué.
Le professeur fait le même constat avec des entreprises privées sans toutefois leur jeter le blâme
ou les accuser de mauvaise foi. «Il y a des entreprises privées qui préfèrent payer un droit d'accès
annuel de 1100 $ à un employé dans une clinique privée que d'avoir cet employé à régime réduit
pendant une longue période parce que le public n'est pas accessible rapidement. Ce sont des
constatations qu'il faut faire», a-t-il souligné.
M. Hudon a aussi parlé d'une expérience personnelle vécue cette semaine quand on lui a donné
un rendez-vous en juin pour une prise de sang dans un hôpital de Québec, soit dans un délai de
trois mois. «J'ai frappé un mur. Avant, j'avais un rendez-vous le lendemain», a-t-il raconté. À son
avis, les responsables du réseau public de la santé ne se préoccupent pas assez de ce type de
problèmes d'accès aux services qui ne peut que favoriser la privatisation des services de santé.
Le professeur de science politique n'a pas présenté de solutions au problème d'accès aux services
publics de santé lors de la conférence. Tout au plus il a avancé l'idée d'avoir plus de médecins et
d'améliorer leur rémunération.
Il a reconnu que le régime public est très efficace pour prodiguer certains soins. «Les cas de
cancer sont bien gérés dans des délais raisonnables à ce que j'ai vu dans mon entourage. Ils sont
diagnostiqués et opérés rapidement», a-t-il dit.
LUNDI 14 FÉVRIER 2011
Pour le salariat des médecins
Le paiement à l'acte est devenu un obstacle à la performance du système
médical
Claude Saint-Laurent - Médecin 14 février 2011
Secourir est le noyau de la motivation profonde du médecin. Des actions multiples, des
personnes nombreuses, des moyens souvent énormes s'additionnent pour réaliser,
dans la situation de maladie, l'intervention préservative ou curative que le médecin est
appelé à produire.
Jadis, pour cette action, le médecin était récompensé par des honoraires qu'il fixait, le
plus souvent possible, au taux indiqué par la tradition ou l'Ordre des médecins.
Aujourd'hui, il s'assure d'un revenu par un paiement qui lui est fait directement ou
indirectement par l'intermédiaire d'une compagnie d'assurance ou d'un service d'État
(au Québec, la Régie de l'assurance maladie, RAMQ).
Dans les pays dits développés, plus de 80 % des médecins sont rémunérés par un tiers.
Cette rémunération est basée sur le paiement à l'acte ou sur le salaire. Quant au
paiement direct, par honoraires, il a subi le sort des coutumes anciennes comme le
transport en carrosse ou le port du chapeau feutre.
La critique la plus fréquente porte sur le coût excessif de l'administration des systèmes
fondés sur la fragmentation des actes médicaux complémentaires, dit paiement à l'acte.
Aux États-Unis, par exemple, les analystes de ce système lié aux tiers payants
assurances) soulignent les dépenses exorbitantes induites par cette méthode; ils font
valoir le fait simple et brutal que le médecin a tout intérêt à multiplier, sinon à privilégier
les actes qui le paient le plus. Cela est vrai également au Québec.
Néanmoins, cette méthode n'est pas en soi ce qui brouille le plus la motivation —
secourir — et l'action du médecin. Bien sûr, il saute aux yeux qu'il est extrêmement
compliqué, même avec les ordinateurs, de recomposer, en vue d'un paiement,
l'ensemble des actes qui ont été numérotés et doivent correspondre à un diagnostic.
Cette activité secondaire — noter, compter, inclure ou exclure et évaluer ses actes —
s'impose au médecin comme une pure conduite mercantile. Elle le force à se comporter
comme un entrepreneur.
Le médecin entrepreneur
Comme travailleur autonome, le médecin doit s'assurer d'asseoir son affaire sur une
base valable: emprunter, mettre en marche son bureau, embaucher des assistants,
prévoir à court et à long terme les aléas de son entreprise, mettre de côté de quoi payer
des vacances indispensables, un plan de retraite, des risques de poursuite, les
responsabilités civiles et tous les coûts d'une vie familiale sans cesse perturbée par ses
obligations professionnelles.
Il apparaît déjà qu'un système plus simple serait, pour la RAMQ, de pourvoir à sa place
à toutes ses préoccupations. On pourrait ainsi l'aider à revenir vers les siens, travailleurs
de la santé, c'est-à-dire vers tous ceux qui l'accompagnent, le soutiennent et le
confirment dans son œuvre sanitaire, plutôt que de le pousser vers les comptables, les
conseillers financiers, les assureurs et les divers entrepreneurs qui cherchent sa
compagnie. Ce système plus simple, c'est le salariat.
Les échecs du système
Quand on fait le bilan des échecs du système québécois, il revient sans cesse à la
surface que c'est à la première ligne, c'est-à-dire au niveau du médecin de famille, donc
de la détection et du suivi de la maladie, que se produit le raté le plus grave et le plus
conséquent.
Notre ministre de la Santé, et d'autres avant lui, a fait valoir et a tenté de réaliser une
solution admirable, le groupe de médecine familiale (GMF). Face aux besoins des
patients éventuels, le GMF offre la présence d'une équipe de travailleurs médicaux dont
le coordonnateur est un médecin: un médecin coordonnant son expérience et son savoir
avec l'ensemble des expériences et des savoirs des autres, infirmières, travailleurs
sociaux, thérapeutes divers, techniciens, etc.
À noter que tous ces intervenants, sauf le médecin, sont des salariés. Salariés qui
peuvent sans arrière-pensées dispenser leurs services en les arrimant à ceux des
autres. Le médecin, lui, se voit contraint de protéger ses actes et de réserver son temps,
car il n'est pas payé pour la durée de son service, mais pour le nombre d'actes. On a vu
le mouvement d'incrédulité et de désapprobation que le représentant des médecins
généralistes (président de la FMOQ) a suscité en exigeant 60 000 $ en compensation
annuelle pour le temps d'assistance et de surveillance consacré à ses associés dans les
GMF. [...]
Le salariat médical dans le monde
Il est tout à fait étonnant, pour celui qui l'ignore, d'apprendre que 14 % des médecins
québécois (internes, résidents, chercheurs, professeurs, médecins de médecine
industrielle, d'hygiène publique, etc.) et 80 % des médecins des pays scandinaves
(démocratiques, libres et prospères) sont salariés.
D'apprendre aussi que tous les médecins anglais (Royaume-Uni) travaillent en régime
salarial et que, même en France, un mouvement naissant mais appréciable pousse les
nouveaux médecins à réclamer le salaire plutôt que le système de remboursement
étatique établi sur la base du paiement à l'acte ou à forfait.
Le Dr Olivier Vinot, de Lyon, comparant le système français au salariat anglais, écrit:
«Le système anglais est bien plus clair, plus rationnel et plus dans l'esprit d'un service
public que le nôtre. Le revenu des médecins anglais (tous salariés, généralistes et
spécialistes) est supérieur à celui des médecins français.»
Rappelons en passant que la critique internationale a toujours célébré le système
médical français comme le plus performant du monde. Il nous fallait attendre la critique
des médecins français pour découvrir qu'ils ne s'y trouvaient pas aussi bien payés et
aussi libres de collaborer ouvertement à l'efficacité d'un système vraiment public, et
qu'ils souhaitent se pourvoir d'une couverture salariale pour y accéder.
Notre ministre et le salariat
Notre ministre de la Santé pourrait offrir à tous les médecins qui le souhaiteraient, et en
particulier aux entrants, de bénéficier du contrat salarial. Si l'on pense aux centaines et
bientôt aux milliers de jeunes femmes qui arrivent dans la profession, on peut deviner
qu'une majorité d'entre elles verraient dans le salariat la possibilité de concilier leur rôle
de médecin avec celui de mère de famille et de citoyenne à part entière.
Le ministre devra faire valoir, en plus des arguments administratifs déjà mentionnés, les
avantages suivants: il assurera aux médecins salariés des congés de maladie, des
vacances annuelles, des stages de formation, un plan de retraite et il garantira le
paiement des assurances professionnelles. Il maintiendra pour chacun la même liberté
que maintenant et le même revenu réel, ainsi que le droit de se joindre aux syndicats
des travailleurs de la santé.
Ainsi rassuré, il ne fait aucun doute que le Collège des médecins (tous administrateurs
salariés) pourra y voir une nouvelle ouverture sur le bien public, qui est sa raison d'être.
***
Claude Saint-Laurent – Médecin
Publié le 10 février 2011
Même les primes ne suffisent pas
Laura Lévesque
Le Quotidien
(ROBERVAL) Même avec des primes d'installation et de rétention de 40 000 $ pour les quatre
premières années et des rémunérations majorées jusqu'à 140% après 20 ans de pratique, les
omnipraticiens ne se bousculent pas aux portes des hôpitaux de Roberval et Dolbeau-Mistassini.
Contrairement aux établissements du Saguenay, les centres de santé et de services sociaux
(CSSS) du Domaine-du-Roy, Maria-Chapdelaine et Lac- Saint- Jean-Est se trouvent dans une
région désignée. Cette appellation leur permet de verser des primes et de meilleurs salaires à leurs
médecins.
Visiblement, l'argent n'est pas un argument suffisant pour attirer des omnipraticiens. Même avec
l'arrivée de plusieurs nouveaux médecins au cours de la dernière année, le CSSS Domaine- duRoy cherche encore de nouveaux effectifs médicaux. «Ce n'est pas ces primes qui font qu'un
médecin décide de venir ici ou non. Mais c'est un gros avantage. Si on vous disait que vous alliez
gagner 40% de plus que votre voisin, vous seriez plus tentés de rester», plaide Manon Tremblay,
responsable du recrutement médical au CSSS.
Recrutement record au CSSS Antoine-Labelle
Natalie De Blois
28 janvier 2011
Actualités Les régions du Québec regorgent d’attraits susceptibles de plaire aux jeunes médecins. Comme dans le
film «La Petite séduction», les régions multiplient les efforts pour inciter les médecins à les choisir. Au
CSSS Antoine-Labelle, on a fait appel aux services d’un agent recruteur, Patrice Deslauriers, pour mettre
en valeur l’ensemble de nos atouts. «J’insiste sur le fait que je n’œuvre pas seul. Je me vois un peu
comme le chien qui lève le lapin. Il y a toute une équipe qui travaille avec moi», précise Patrice
Deslauriers. A ce titre, il souligne l’apport particulier du Dr Luc Laurin, chef du département régional de
médecine générale, qui a permis l’obtention d’un nombre record de permis d’exercice s’inscrivant dans le
Plan régional d’effectifs médicaux », souligne Patrice Deslauriers.
Résultats exceptionnels
Les activités de recrutement médical ont donné des résultats exceptionnels pour l’année 2011. Alors que
la moyenne annuelle se situe autour de deux nouveaux médecins, le CSSS a signé avec 11 nouveaux
médecins qui, dès l’obtention de leur permis, viendront pratiquer chez nous cette année. Les premiers
nouveaux médecins devraient arriver dès juillet prochain. En tout, cinq de ces médecins sont des
finissants québécois, trois sont des médecins français, un en provenance de la Suisse, un de Cuba et un
autre du Liban.
«Ces résultats sont le fruit d’une attitude générale que nous avons envers les médecins qui viennent en
stage ici ou qui comblent des quarts de dépannage. Nous prenons toujours soin de bien accueillir nos
gens. Les médecins qui viennent ici, s’ils ne choisissent pas de revenir, vont parler positivement à leurs
collègues de leur expérience à Mont-Laurier. C’est un effet d’entraînement», mentionne M. Deslauriers.
Besoins comblés
« Nous nous réjouissons de ces résultats, car cette arrivée massive de nouveaux médecins réduira notre
dépendance envers des médecins dépanneurs, ce qui permettra d’augmenter la qualité des soins et de
réaliser des économies d’environ 100 000 $ pour notre établissement. Ces économies pourront être
affectées à bonifier les soins offerts à la population.», ajoute le directeur général, Jean-Pierre Urbain.
L’arrivée de ces 11 nouveaux médecins vient combler la presque totalité des besoins des deux hôpitaux,
du CLSC et CHSLD. «Il nous reste un anesthésiste et un chirurgien à recruter», ajoute Jean-Pierre
Urbain. Ce «onze d’un coup» est d’autant plus prometteur que les médecins qui arrivent en groupe auront
davantage tendance à tisser des liens. «Des neuf qui sont arrivés dans les années 1970, huit pratiquent
toujours ici», note Patrice Deslauriers. Car non seulement faut-il recruter, mais l’on espère aussi que les
médecins demeurent.
Médecins de famille
Maintenant que les besoins des hôpitaux sont comblés, on entend se concentrer sur la prise en charge
médicale. Actuellement, 30% de la population de la région ne dispose pas de médecin de famille. «Nous
avons besoin de sept à huit médecins pour faire de la prise en charge», dit Patrice Deslauriers.
Dans l’intervalle, même si l’embauche des nouveaux médecins concerne exclusivement la desserte en
milieu hospitalier, ceux-ci seront encouragés à bonifier l’offre de services en médecine familiale.
Comment le Centre médical Saint-Vallier, de Québec, a recruté cinq
jeunes médecins
par Denis Méthot / L'actualité médicale
18 Avril 2010
Ces dernières années, le centre médical Saint-Vallier, de Québec, un cabinet privé à la fois groupe de
médecine familliale et clinique-réseau, est parvenue à recruter au total cinq jeunes médecins. La Dre
Caroline Tremblay a été la première il y a quatre ans.
La Dre Caroline Tremblay
Après avoir exercé dans Portneuf, où elle a fait de l'urgence et s'est initiée au travail en cabinet, elle a
choisi de poursuivre dans une clinique médicale privée parce qu'elle souhaitait faire de la prise en charge
et du suivi de clientèle. Après avoir visité plusieurs endroits à Québec, elle a choisi, à 29 ans, de se fixer
au Centre médical Saint-Vallier. Elle n'a jamais regretté son choix ni sur le plan clinique ni en matière
d'environnement de travail. « J'aime la médecine globale, le côté humain derrière le patient. J'ai toujours
voulu faire du suivi de clientèle. » En plus de ses heures de bureau, elle fait ses AMP en gériatrie dans un
CHSLD et de la garde dans sa clinique.
Recrutement
Au cours des années qui ont suivi son arrivée, quatre autres jeunes médecins dans la trentaine sont venus
grossir les rangs de la clinique médicale, qui compte aujourd'hui 12 omnipraticiens. Parvenir à embaucher
cinq nouveaux médecins, alors que la relève est si difficile à attirer dans les cliniques privées, relève
pratiquement de l'exploit. Mais qu'est-ce qui est si attractif au Centre médical Saint-Vallier, quels sont les
ingrédients de sa réussite ? La Dre Tremblay avance diverses explications.
« J'ai des consoeurs qui ont eu de mauvaises expériences dans des groupes, quand elles sont tombées
enceintes ou ont été malades, raconte-t-elle. Certains médecins ne sont pas toujours conciliants sur ces
questions. Ici, à la clinique médicale, j'ai trouvé tout le contraire. Je n'ai jamais senti de pressions quand
j'ai été victime d'un accident puis lorsque je suis tombée enceinte. C'est ce que j'aime particulièrement
dans notre clinique. Les gens font attention les uns aux autres. »
Selon le médecin, le fait que le Centre médical Saint-Vallier soit constituée en GMF (l'un des premiers au
Québec) et en clinique réseau a aussi contribué à faciliter l'embauche. « Ici, nous travaillons avec des
infirmières compétentes et bénéficions d'un soutien dans le suivi des différentes pathologies en GMF, au
sans-rendez-vous et à la liaison avec la deuxième ligne. C'est l'infirmière qui fait le pont quand on lui
adresse des patients. L'interdisciplinarité est une approche très intéressante pour un jeune médecin qui
débute.
Il est certain qu'il faut consacrer du temps à la gestion pour faciliter ce travail, mais cela rapporte »,
indique la Dre Tremblay, responsable de la cliniqueréseau depuis 2007.
Elle a aussi observé l'effet d'entraînement que suscite la présence de jeunes médecins : les jeunes attirent
les jeunes. Au Centre médical Saint-Vallier, où près de la moitié des omnipraticiens ont plus de 50 ans,
l'intégration des jeunes médecins aux cliniciens d'expérience s'est faite en douceur. La chimie s'est bien
opérée et chaque groupe comprend les besoins et les attentes de l'autre.
« Selon moi, il est important que, dans une équipe, on montre une ouverture envers les médecins qui
exercent depuis longtemps et veulent diminuer leurs heures ou se retirer du sans-rendez-vous. Il convient
que, nous, jeunes médecins, les appuyions et qu'ils nous appuient à notre arrivée. C'est ce que j'ai trouvé
ici. C'est une formule gagnante », affirme-t-elle.
Autre élément positif, le Centre médical Saint-Vallier s'est donné une organisation de travail qui permet
une meilleure conciliation travail-famille. « Avec des enfants, précise la Dre Tremblay, on ne peut pas se
permettre de travailler une soirée en cabinet et d'en passer d'autres en formation. Ici, on donne beaucoup
de formation continue à l'heure du lunch ou certains après-midis. »
Après quatre ans passés dans cette clinique médicale, la Dre Caroline Tremblay ne changerait pour rien
d'autre à Québec. « Ici, c'est une famille. Nous nous encourageons entre collègues à voyager, à reprendre
notre souffle.
Favoriser la relève dans les cabinets d’omnipraticiens
par Denis Méthot / L'actualité médicale
18 Avril 2010
Si les jeunes médecins ne sont pas attirés par la pratique en cabinet privé, de nombreux postes risquent de
demeurer vacants. De plus, l'érosion de cette partie essentielle de la première ligne, si elle devait se
produire, entraînerait une charge encore plus lourde pour les cliniques-réseaux et les urgences d'hôpital,
dont certaines sont déjà sollicitées au-delà de leurs capacités. Quels gestes devront être posés afin
d'amener les jeunes médecins à adopter la pratique en cabinet ? Voici quelques pistes de solution qui ont
été avancées par des médecins rencontrés dans le cadre du présent dossier :
- attirer plus de jeunes vers la médecine de famille, ce qui pourra se faire si le gouvernement répond aux
demandes de la FMOQ lors du renouvellement de l'entente;
- augmenter les stages de résidents en cabinet privé afin que les futurs omnipraticiens se familiarisent avec
cette pratique;
- séparer les revenus des omnipraticiens en cabinet de leur composante technique afin de s'assurer que leur
rémunération, une fois les frais de bureau payés, ne sera plus inférieure à celle de leurs confrères
travaillant dans les hôpitaux;
- offrir une gratuité de loyers lors des premiers mois afin de permettre aux jeunes médecins de rentabiliser
leur période de démarrage en cabinet;
- renforcer la culture entrepreneuriale chez les jeunes médecins et leur faire voir les bons aspects d'une
pratique privée hors établissement où les médecins sont leurs propres patrons;
- faciliter la facturation ou mieux former les jeunes à ce niveau, ce qui leur permettrait d'améliorer leurs
revenus en accomplissant le même travail;
- abolir les AMP ou les transformer et reconnaître la prise en charge comme une forme d'AMP;
- augmenter le nombre de GMF et de cliniques-réseaux;
- accroître la pratique interdisciplinaire avec les infirmières et autres professionnels de la santé :
psychologues, travailleurs sociaux, physiothérapeutes, pharmaciens, nutritionnistes, etc.;
- accroître l'accessibilité aux plateaux techniques, qui sont recherchés par les jeunes médecins;
- modifier la rémunération en cabinet, offrir une rémunération de base et ajouter une rémunération à l'acte
pour les cas lourds et compliqués;
- rémunérer les médecins pour la formation et la supervision des infirmières de GMF et cliniques-réseaux;
- être rémunéré pour un acte exécuté par une infirmière, sous la supervision d'un médecin, à la façon des
dentistes avec les hygiénistes dentaires;
- pouvoir faire payer des frais de gestion aux patients, comme le font des cabinets de médecins
spécialistes;
- adapter l'organisation du travail, les horaires et la formation continue afin de mieux les concilier avec les
valeurs de la nouvelle génération de médecins.