La bourse de Paris n`a pas tenu ses promesses en 2014

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La bourse de Paris n`a pas tenu ses promesses en 2014
mercredi 31 décembre 2014 LE FIGARO
16
L'ÉVÉNEMENT
La Bourse de Paris n’a pas tenu ses promes
Après une forte remontée au premier semestre, le CAC 40 a effacé tous ses gains depuis l’été, victime de la morosité
DANIÈLE GUINOT £@danieleguinot
Baisse de l’indice
CAC 40 depuis le
1er janvier
4 600
4 400
3 800
4 295,95
> 31 déc. 2013
en %
2,5
LA SPECTACULAIRE
CHUTE DES TAUX
2,0
1,5
»
CHRISTOPHE DONAY,
0,822
1,0
CHEF STRATÉGISTE
DE PICTET & CIE
31 déc. 2013
FORCE4MEDIA
3 600
MARS
Orange a survolé
le palmarès du CAC 40
C
Le palmarès des quarante plus
grandes valeurs parisiennes se révèle contrasté avec autant de gagnants que de perdants : au 30 décembre, 21 valeurs affichent une
performance positive sur un an,
quand 19 sont en retrait. La palme
revient à Orange, en hausse de
57 %. Après cinq années de baisse
consécutives, le titre avait commencé à se redresser en 2013 et les
derniers résultats du groupe ont
montré sa capacité à stabiliser son
taux de marge sur fond d’amélioration de la performance commerciale en France et en Europe.
Tout en excluant une opération
capitalistique de grande ampleur,
l’ex-France Télécom, à qui les années 2000 n’avaient guère souri, a
aussi séduit les investisseurs par sa
volonté de rationaliser son portefeuille, avec la cession annoncée
de ses parts dans EE en GrandeBretagne et le rachat de Jazztel en
Espagne. Généralement, les télécoms ont bénéficié d’un courant
d’achat : Numericable-SFR a pris
53 %, dopé par le rapprochement
des deux entreprises, et Iliad, maison mère de Free, 30 %.
Revenu au sein du CAC 40 après
treize années d’absence, Valeo
prend la deuxième place du palmarès. Le titre a ajouté 29 % de
gains aux 120 % engrangés en
2013. La reprise du marché automobile européen s’est globalement confirmée tout au long de
l’année, faisant du Vieux Continent le deuxième moteur du groupe après l’Asie. L’automobile connectée constitue en outre un
gisement de croissance sur lequel
Valeo est bien positionné.
Complétant le podium, Veolia
Environnement a grimpé de 25 %,
favorisé par la baisse de son endettement et le maintien d’un dividende confortable. Dans le vert
pour la troisième année consécutive, le titre demeure cependant encore nettement en deçà de ses sommets d’avant la crise financière.
MAI
»
STRATÉGISTE CHEZ
CHOLET DUPONT
Le
pessimisme
actuel envers
la France est
exagéré
»
PETER VAN DER WELLE
CHEZ ROBECO
JUIN
ANNE BODESCOT
[email protected]
VINCENT GUENZI,
STRATÈGE
C’est du jamais-vu : pour la première fois de son histoire,
le taux d’intérêt de la dette publique française à 10 ans est
tombé sous la barre de 1 %, à 0,82 % fin décembre. En un an,
l’OAT française (référence des emprunts d’État) a vécu
une chute de plus de 150 points de base. Le mouvement est
général en Europe : les investisseurs, inquiets de la faiblesse
de la croissance, se ruent sur les actifs jugés les plus sûrs,
même s’ils ne leur rapportent pratiquement plus rien.
JUILLET
AOÛT
SEPTEMBRE
Les gérants pleins d’espoirs pour 2015
Un
apaisement
des tensions
internationales
entraînerait
des flux
importants
vers les
actions
VS E-MEDIA
GUILLAUME BAYRE
£@GuillaumeBayre
À l’opposé, ArcelorMittal a
subi une cinquième année
consécutive de baisse, perdant
29,6 % en raison de la faiblesse
persistante des cours des matières premières. Plombée plus spécifiquement par la chute du pétrole, synonyme de diminution
des budgets des majors, la société
parapétrolière Technip a abandonné 29 %. Troisième des plus
fortes baisses du CAC 40, Airbus
Group a mis fin à une séquence
de cinq exercices consécutifs de
progression. La fin d’année a été
particulièrement difficile pour
l’ex-EADS qui a cédé 26,5 %. La
direction a déclaré ne plus attendre qu’une stabilité du niveau de
bénéfice opérationnel à horizon
2016 et a reconnu une déception
sur la dynamique commerciale
de son appareil très gros porteur
l’A 380.
Hors de l’indice phare, 2014 a
été sans ambiguïté l’année des
biotechs : les cinq plus fortes
hausses du CAC « all tradable »
reviennent à cinq de ces jeunes sociétés biopharmaceutiques : Adocia, DBV Technologies, Genfit,
Nanobiotix et Erytech. ■
AVRIL
30 déc. 2014
Source : Bloomberg
Infographie
FÉVRIER
> 4 595
que l’effondrement du rouble dans
le sillage des cours de l’or noir et les
craintes d’une nouvelle crise politique en Grèce, a fait à nouveau dévisser les marchés (le CAC perdant
près de 10 % en six séances).
« Le retour d’une forte volatilité
sur les marchés européens et dans
une moindre mesure américains a
aussi coïncidé avec l’arrêt de la politique monétaire accommodante de la
Réserve fédérale américaine », souligne Mathieu L’Hoir. De son côté,
Pierre Sabatier, stratège chez PrimeView, considère que l’Europe est
arrivée à la fin d’un cycle. « La disparition des craintes d’une crise systémique a fait baisser les taux obligataires et soutenu les actions. Mais
ce moteur a disparu car les taux sont
très bas. Les résultats des entreprises, dont les marges restent faibles,
ne peuvent pas encore servir de nou-
TAUX DE L’OAT À 10 ANS
La crise
systémique
en Europe
peut
revenir
ÉVOLUTION
DU CAC 40 EN 2014,
en points
JANVIE R
pétrole, signe d’une baisse de la demande mondiale et d’une offre excédentaire, a eu raison de l’optimisme des investisseurs. La stagnation
des économies française et italienne
et le ralentissement surprise de la
production industrielle en Allemagne ont amplifié le repli des Bourses, le CAC 40 plongeant de 11,5 %
en quinze jours. Cette secousse a été
suivie d’un beau rebond, grâce notamment à la mise en place d’une
nouvelle politique monétaire accommodante au Japon. Mais, début
décembre, un nouveau cocktail explosif de mauvaises nouvelles, telles
10 juin 2014
4 200
4 000
Londres ou encore Milan devraient
finir en légère baisse, alors que Lisbonne (- 26,8 %) et Athènes
(- 29,86 %), pénalisée par une nouvelle crise politique, accusent le
coup. « Les marchés européens ont
enregistré une performance décevante. Cela est dû à une avalanche
d’éléments négatifs tant sur le plan
géopolitique avec la crise en Ukraine
qu’économiques », explique Mathieu L’Hoir, stratégiste chez Axa
IM. Les espoirs de reprise économique en Europe ne se sont pas concrétisés. La zone euro est restée engluée dans la crise et les risques de
déflation se sont accrus. Au début
de l’automne, la chute des cours du
PICTET & CIE
- 1,17 %
MARCHÉS C’est une année
boursière très contrastée et chahutée qui s’achève aujourd’hui, avec
Wall Street au sommet, des marchés européens en petite forme et
des pays émergents aux performances très hétérogènes.
La Bourse de Paris, qui avait retrouvé ses niveaux de 2008 à la fin
du premier semestre, devrait tourner la page de 2014 à 14 heures, légèrement dans le rouge (hier, le
CAC 40 a perdu 1,68 % à 4 245
points, soit un recul de 1,17 % depuis le 1er janvier). Une contre-performance que les spécialistes
n’avaient pas anticipée. Les secteurs cycliques (industrie, matériaux de base) et pétroliers ont été
les plus malmenés. A contrario, les
télécoms (+ 58 %) ont enregistré un
rebond spectaculaire. Dans une
bien moindre mesure, les secteurs
défensifs (santé, biens de consommation…) et les valeurs technologiques ont aussi bien résisté. Après
avoir connu une année extrêmement agitée, l’indice des petites valeurs tire lui aussi son épingle du jeu
(+ 7,60 %).
Les Bourses de Francfort
(+ 2,65 %) et de Madrid (+ 3,66 %)
seront les seules sur le Vieux Continent à clôturer 2014 sur un gain relativement modeste. En revanche,
L’année 2015 devrait être plus faste
pour les actions européennes que
2014. C’est du moins ce qu’imaginent les sociétés de gestion, nombreuses à prévoir une hausse de 7 %
à 11 % du CAC 40 l’an prochain (lire
le tableau ci-dessous). L’indice vedette de la Bourse de Paris devrait
ainsi finir autour de 4 600 à 4 800
points. Une poignée d’optimistes
– Amundi, CPR AM ou Lazard Frères Gestion – espèrent même le voir
bondir de plus de 15 %, vers les
5 000 points.
L’an dernier, déjà, à la même
époque, les stratèges se plaisaient à
annoncer une hausse des actions
européennes. Espoir déçu car la timide reprise économique qu’ils attendaient sur le Vieux Continent a
fait long feu, et les profits des entreprises n’ont pas été au rendez-vous.
Partie remise ? Cette nouvelle année en tout cas va démarrer sous de
meilleurs auspices. « La baisse du
pétrole est un coup de fouet pour
l’économie mondiale. Et celle de
l’euro bénéficiera aux actions européennes », rappelle Julien-Pierre
Nouen, stratégiste chez Lazard Frè-
res Gestion. Surtout, la Banque centrale européenne (BCE) laisse espérer une politique monétaire plus
accommodante. « Ce sera un grand
soutien pour les marchés », affirme
Generali Investments Europe.
Même si quelques stratèges, comme
Mathieu L’Hoir chez Axa IM, se demandent si la BCE aura bien la liberté d’aller aussi loin que Mario
Draghi le souhaite, les gestionnaires
ne voient pas la déflation gagner
l’Europe. « Les politiques de reflation à l’œuvre partout dans le monde
doivent réussir », prédit CPR AM.
Meilleure visibilité
aux États-Unis
Mais la croissance européenne restera faible. En France, les réformes
structurelles, si elles voient le jour,
« pourraient miner la croissance des
salaires et peser sur les ventes de détail dans le pays », souligne Robeco.
Impressionnés de voir Wall Street
voler ces derniers mois de record
en record, quand les places européennes sombraient dans la morosité, de nombreux épargnants sont
prêts à faire le pari des actions américaines, dont les performances
sont dopées par l’envolée du dollar.
« Mais le marché américain est
plus cher et monte depuis longtemps.
À quel niveau les gérants voient-ils le CAC 40 dans un an ?
CAC 40 EN POINTS FIN 2015, en points
Pictet
4 250
KBL Richelieu Gestion
4 600
Cholet Dupont
4 800
Russell Investments
4 320
La Française AM
4 600
ING IM
4 800
Groupama AM
4 400
Natixis AM
4 600
Montpensier Finance
4 800
Edram
4 430
Mirabaud AM
4 600
Ofi AM
4 800
SwissLife Banque Privée
4 485
Mandarine Gestion
4 625
Primonal AM
4 850
Quilvest Gestion
4 500
State Street Global Ad.
4 665
Amundi
5 000
Oddo AM
4 500
Syz AM
4 680
CPR AM
5 000
Saxo Banque
4 530
BNP Paribas IP
4 700
Lazard Frères gestion
5 100
Robeco
4 550
Candriam
4 700
Generali Investments Europe
4 600
Axa IM
4 800
Infographie
Il va se stabiliser », prévoit JeanMarie Mercadal, directeur général
délégué chez Ofi AM. D’autant que
la Réserve fédérale américaine
s’apprête à relever ses taux directeurs. Une décision que les marchés
apprécient d’ordinaire peu. Autant
de raisons, pour de nombreux gérants, de préférer l’Europe en 2015
« car les valorisations y sont attrayantes, et que les marges bénéficiaires des entreprises peuvent
s’améliorer », note BNP Paribas IP.
D’autres sont moins affirmatifs.
Car les États-Unis, où l’investissement et l’emploi repartent,
« auront entre 3 % à 3,5 % de croissance l’an prochain », rappelle State
Street Global Advisors. Ce dynamisme devrait continuer à soutenir
les profits des entreprises. « C’est là
où la visibilité des résultats est la plus
forte et c’est là qu’il faut aller »,
renchérit Groupama AM. L’Europe,
avec sa dette de plus en plus lourde
“
La hausse des profits
dans la zone euro
sera soutenue
CPR AM
”
et sa croissance anémique, est jugée
plus risquée. « Tous nos espoirs sont
tournés vers les États-Unis et nulle
part ailleurs », martèle Christophe
Donay chez Pictet, qui n’a plus
d’actions de la zone euro en portefeuille. La banque suisse est
d’ailleurs le plus pessimiste de tous
les établissements interrogés, et
l’un des rares à prédire en 2015 une
nouvelle année blanche pour la
Bourse de Paris.
Pessimistes ou optimistes pour
2015, tous les stratèges sont en tout
cas d’accord pour promettre une
année riche en rebondissements
sur les marchés, soulignant « le retour de la nervosité des investisseurs ». De trop fortes attentes sur
la croissance mondiale, la politique
de la BCE, ou la vigueur de l’appréciation du dollar pourraient susciter de cuisantes déceptions. C’est
d’ailleurs surtout au second semestre que les places européennes devraient accélérer l’allure, quand les
investisseurs y verront plus clair. ■
ANDREW BURTON/AFP
ses en 2014
économique et des risques géopolitiques.
veau moteur d’investissement », estime-t-il.
Wall Street au plus haut
historique
A contrario, à Wall Street, le millésime 2014 restera dans les annales.
La Bourse de New York s’est rarement aussi bien portée, pulvérisant
une pluie de records historiques
tout au long de l’année. Le Dow Jones clôturera ce soir sa sixième année consécutive de hausse, juste en
dessous des 18 000 points (+ 8,54 %
par rapport au 1er janvier 2014). Du
jamais-vu ! Le Nasdaq, au plus haut
depuis quatorze ans, gagne plus de
14 %. « Contrairement à ce que l’on
constate dans les autres régions du
monde, la croissance américaine est
plus robuste, tout comme le résultat
des entreprises. De plus, la Bourse de
New York inclut de nombreuses va-
leurs défensives de qualité, très recherchées en 2014 », justifie Didier
Saint-Georges, managing director
et membre du comité d’investissement de Carmignac. La Bourse de
Tokyo s’est également bien tenue
(+ 9 %).
Les pays émergents ont, eux,
connu des fortunes très diverses, les
producteurs de pétrole étant pénalisés. Également fragilisée par les
sanctions internationales liées au
conflit en Ukraine, la Bourse de Moscou (- 19 %) a sévèrement accusé le
coup. À l’opposé, l’Asie boursière
s’en est plutôt bien sortie. En particulier, la Bourse de Bombay (+ 29 %),
portée par les espoirs de réforme du
pays, et celle de Shanghaï (+ 30 %).
« En fin d’année, la baisse des taux
d’intérêt a incité les épargnants
chinois à investir en Bourse », explique Didier Saint-Georges. ■
DOW JONES, en points
17 991
18 000
16 576
16 000
15 000
31 décembre 2013
30 décembre 2014
(en séance à 18h)
4 245,54
30 déc. 2014
> 415 005,38
décembre 2014
> 316 918,62
octobre 2014
Infographie
CATÉGORIE
Actions de la zone euro
Actions américaines
Actions japonaises
Actions des pays émergents
Obligations zone euro
Obligations à haut rendement
Infographie
+ DÉCEMBRE
1,95 %
+ 2,26 %
+ 22,3 %
+ 6,37 %
+ 5,86 %
+ 5,33 %
+ 4,38 %
Source : Europerformance Six Telekurs, chiffres arrêtés au 19/12/2014
Ces sicav qui ont fait
des prouesses
ANNE BODESCOT
[email protected]
Les meilleurs gestionnaires d’actions françaises sauvent l’honneur.
Des fonds célèbres comme Centifolia ou Gallica, chez DNCA, ou MAM
Entreprises familiales, chez Meeschaert, ont gagné plus de 5 % cette
année, et battu le CAC 40. Mais ils
sont éclipsés par ceux dédiées aux
petites valeurs, dopés par le lancement du PEA PME. En tête du palmarès, Pluvalca Initiatives PME, de
la Financière Arbevel, s’est ainsi
envolé de 16 % en 2014, selon Europerformance. Avec une progression de plus de 10 %, Portzamparc
PME ou CCR Microcap se distinguent aussi.
Les fonds dédiés à la zone euro,
plus diversifiés, ont moins souffert
que les sicav cantonnées à la France. En privilégiant des actions peu
liées au cycle économique, en
jouant des tendances de long terme
(vieillissement de la population…),
en préférant les entreprises qui
comptent sur leur dynamique propre pour se développer, Sycomore
European Growth, par exemple,
l’un des fonds vedettes de Sycomore AM, a réussi à grimper de plus de
7 %. Même performance pour Tobam Anti Benchmark Euro Equity,
régulièrement à l’honneur dans les
classements, porté par un portefeuille très diversifié, et la volonté
de miser sur des sociétés aux stratégies innovantes. À l’honneur
également, un gérant américain,
Legg Mason, dont le fonds sur les
actions de la zone euro progresse de
près de 9 %.
Mais ces belles performances
sont éclipsées par celles, spectaculaires, des meilleurs fonds d’actions
américaines. Le meilleur de la classe, Janus Opportunistic Alpha, qui
réplique un fonds à succès outreAtlantique, bondit ainsi de 35 % en
un an. Commercialisé en France
depuis mars, il ne s’intéresse qu’aux
valeurs américaines méconnues,
peu suivies par les analystes. Juste
derrière lui, d’autres fonds emblématiques gagnent aussi plus de
30 %, comme ceux de Fidelity (FF
American Fund, ou FF American
Spécial Situations).
TORU YAMANAKA/AFP
PERFORMANCES MOYENNES DES SICAV EN 2014
O CTOBREActions françaisesNOVEMBRE
NIKKEI, en points
18 000
17 450
17 000
16 291
16 000
De nouvelles fermetures de cabinets sont attendues,
ainsi qu’une « grève de la carte Vitale ».
SANTÉ Dans son conflit avec
les professions de la santé, Marisol
Touraine a déminé un des fronts,
mais pas le principal. La Fédération
de l’hospitalisation privée (FHP),
qui regroupe les dirigeants de
1 000 cliniques et hôpitaux privés,
renonce en effet à sa grève illimitée
qui devait débuter le 5 janvier. Une
décision prise après que la ministre
de la Santé s’est engagée à mettre
en place, début janvier, un groupe
de travail pour réfléchir aux
conditions dans lesquelles les cliniques appartenant au « service
public hospitalier » (SPH) pourront avoir des médecins pratiquant
des dépassements d’honoraires.
Jusqu’à présent, le projet de loi
santé interdisait une telle souplesse. « Les dangers premiers de ce
texte de loi sont écartés à ce jour,
même si nous restons vigilants », a
toutefois prévenu Lamine Gharbi,
le président de la FHP.
Se démarquant du patronat des
cliniques, le « Bloc » – qui réunit
des syndicats de spécialistes libéraux travaillant en établissements - a quant à lui précisé qu’il
appelait toujours à la grève à
compter de lundi. La colère ne diminue pas non plus chez les autres
syndicats de médecins. « La porte
de la concertation est toujours
ouverte », a rappelé mardi sur
Europe 1 la ministre de la Santé.
« Ce n’est pas un gage suffisant. Il
faut réécrire le projet de loi santé à
80 % », lui répond Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, le premier syndicat de médecins. Les
praticiens s’opposent à la généralisation du tiers payant (avance de
frais), à l’autorisation de vacciner
accordée aux pharmaciens et à
une réforme de l’organisation du
système de soins synonyme pour
eux d’étatisation. Les généralistes
réclament quant à eux une revalorisation de la consultation de 23 à
25 euros.
ve des généralistes et des spécialistes – qui a débuté le 23 décembre et été rejointe lundi par SOS
Médecins – s’achèvera bien ce
mercredi, MG France maintient
son appel à la fermeture des cabinets le 6 janvier.
Au-delà, les principaux syndicats se concertent pour lancer une
« grève de la carte Vitale », les
médecins remettant à leurs patients des feuilles de soins papiers.
Avec charge pour eux de les envoyer à l’Assurance-maladie. Le
but ? Noyer la Sécu. À Marisol
Touraine qui a estimé mardi que
les patients seraient pénalisés par
un remboursement plus lent, les
syndicats répondent que seuls les
patients volontaires reviendraient
à la feuille de soins.
Le climat reste donc très tendu
avec la ministre de la Santé. « Dans
la manifestation de Rennes, nous
avons entendu parler de déconventionnement », avertit Jean-Paul
Hamon, président de la Fédération
des
médecins
de
France.
« D’autres fermetures de cabinets et
des manifestations ne sont pas impossibles », ajoute Claude Leicher,
tandis que Jean-Paul Ortiz parle,
lui, de « guérilla ». Les Français
n’en ont visiblement pas fini avec
la grogne des médecins… ■
SOS Médecins a rejoint
lundi le mouvement
de grève débuté
le 23 décembre par les
médecins généralistes.
PHILIPPE HUGUEN/AFP
Nouvelle grève le 6 janvier
« Lorsqu’on voit comment Marisol
Touraine a cédé aux urgentistes et
a lâché du lest aux cliniques, nous
sommes amers », déclare Claude
Leicher, président de MG France,
syndicat de généralistes. Si la grè-
15 000
14 000
13 000
Le chèque-santé disponible vendredi
31 décembre 2013 30 décembre 2014
ÉRIC DE LA CHESNAIS
£@plumedeschamps
De bonnes surprises
Malgré la forte volatilité des Bourses
émergentes cette année, les gérants
les plus talentueux dans cette catégorie ont aussi récompensé leurs
souscripteurs, avec des hausses de
15 % à plus de 20 %. C’est le cas notamment du fonds Templeton
Emerging Markets Small Companies, du fonds de JP Morgan sur les
petites valeurs émergentes, ou encore des ceux de Nordea (Emerging
Stars ou Emerging Markets Focus).
Mais la surprise de l’année est venue des fonds obligataires, dopés
par la baisse des taux d’intérêt, que
personne n’attendait. Les plus
brillants parmi ceux qui misent sur
les obligations euro long terme, ont
progressé de 10 % à 20 %.
Les épargnants friands de fonds
diversifiés sur toutes les classes
d’actifs doivent souvent se contenter de performances plus mitigées.
Mais Carmignac Patrimoine redore
son blason après plusieurs années
de performances décevantes, et gagne plus 7 %. Eurose, le fonds vedette de DNCA, lui, progresse de
moins de 5 %, comme M & G Optimal Income, « qui bat toujours des
records de collecte », selon JeanPaul Raymond, directeur du développement de Quantalys. ■
Les cliniques renoncent
à leur grève, les médecins
durcissent leur mouvement
CÉCILE CROUZEL £@ccrouzel
17 000
1717
DAX, en points
9 860
10 000
9 552
9 500
9 000
8 500
30 décembre 2013
30 décembre 2014
Chèque-Restaurant,
chèqueculture, voyage, cadeau… l’éventail est large. À partir de vendredi,
il faudra aussi compter sur les chèques-santé. « Cela fait trois ans que
nous travaillons sur ce dispositif »,
explique au Figaro Vincent Daffourd, cofondateur de Care Labs
SAS, la société émettrice des premiers chèques-santé distribués en
France. Le principe, simple, suit les
règles du chèque-cadeau. Le bénéficiaire peut être salarié d’une petite ou d’une grande entreprise, du
secteur public ou privé, qui a décidé d’octroyer, dans le cadre de sa
politique sociale, ce nouvel avantage en nature.
« Le chèque-santé est défiscalisé
et exonéré de charges sociales et
patronales, à hauteur de 156 euros
par an et par salarié », précise Manuela Diaz, associée de Catalane
Performances, un centre de formation d’Argelès qui va distribuer
des chèques-santé à ses salariés.
Selon Care Labs SAS, une centaine
d’entreprises - dont une de
46 000 salariés - ont déjà adopté ce
produit. S’il en existe un, le comité
d’entreprise peut participer à ce
financement.
Le bénéficiaire pourra utiliser ses
chèques-santé pour payer des actes non remboursés par la Sécu,
comme l’orthodontie ou la part de
la consultation d’un médecin généraliste qui dépasse le plafond
remboursé par l’Assurance-maladie et la mutuelle. « Il n’y aura pas
de problème de rendu de monnaie, le
chèque-santé est dématérialisé, indique Vincent Daffourd. Il prend la
forme d’une carte de crédit ou d’une
application téléchargeable sur
smartphone. »
Banque et mutuelle
Dix mille professionnels de santé ont
déjà donné leur accord pour être réglés par ce nouveau système. Il s’agit
d’ostéopathes, de psychothérapeutes ou encore d’opticiens… « Nous
visons les 100 000 praticiens dans notre réseau à la fin 2015 et l’émission de
10 000 chèques-santé », insiste Vincent Daffourd. En attendant que leur
entreprise ne se convertisse au chèque-santé, les salariés pourront
prochainement se tourner vers leur
banque, compagnie d’assurances ou
mutuelle pour obtenir des chèquessanté. Mais à leurs frais. « Nous allons signer un accord avec la mutuelle
ViaSanté du groupe Ag2R La Mondiale et avons d’autres partenariats
en cours d’achèvement », assure le
responsable. ■
Le chèque« santé
est
dématérialisé.
Il prend la
forme d’une
carte de crédit
ou d’une
application
téléchargeable
sur
smartphone
VINCENT DAFFOURD
»
C
C
EM BRE
mercredi 31 décembre 2014
ÉCONOMIE
L'ÉVÉNEMENT
REUTERS
s
LE FIGARO