théâtre - Scènes Magazine
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scènes magazine © Simon Gosselin les particules élémentaires à vidy-lausanne et bonlieu-annecy ISSN 1016-9415 271 / avril 2015 CHF. 12.-- 12 € s o m m a i r e 6 cinéma 6 8 9 10 11 12 cine die / raymond scholer cinémas du grütli en avril / christian bernard cinémathèque suisse en avril / raymond scholer sous la loupe : phoenix / christian bernard nyon, visions du réel / catherine graf les films du mois /e. beck, c. bernard, s. lachat, l. perret 18 opéra 18 20 21 22 24 26 27 28 28 29 29 30 31 32 grand théâtre : entretien avec christof loy / éric pousaz lausanne : solaris / pierre-rené serna madrid : el publico / pierre-rené serna scala de milan : fin d’hiver / éric pousaz berlin : de macbeth à lady macbeth de mzensk / éric pousaz bâle : daphné / éric pousaz strasbourg : vie parisienne & clemenza di tito / éric pousaz avignon : la bohème / françois jestin lyon : romeo und julia / françois jestin monte-carlo : eine florentinische tragödie & pagliacci / f. jestin nice : cosi fan tutte / françois jestin saint-étienne : la clemenza di tito / françois jestin mémento opéra vernier : rusalka / éric pousaz 34 35 36 38 40 42 43 44 la comédie : orlando ou l’impatience / anouck molendijk entretien : olivier chiacchiari / laurence tièche le poche : festival les singulières / rosine schautz vidy-lausanne : les particules élémentaires / christine ramel théâtre saint-gervais : ahmed belbachir & othello / r. schautz bonlieu annecy : les marchands & celui qui tombe vidy-lausanne : le manuscrit des chiens & bit entretien : rené zahnd / frank fredenrich 47 nuithonie : les arbres pleurent-ils aussi ? / valérie vuille 48 50 52 53 54 55 56 57 58 59 60 agenda romand / yves allaz agenda genevois / martina diaz portrait : alexandre mayer / pierre jaquet portrait : olivier schnyder / beata zakes portrait : orchestre symphonique suisse des jeunes / yves allaz portrait : lionel cottet / yves allaz portrait : adam laloum / yves allaz entretien : christian chamorel / pierre-rené serna portrait : orchestre national de lyon / frank langlois cully jazz festival / frank dayen concerts au conservatoire / frank fredenrich 34 théâtre 47 danse 48 musique 271 / avril 2015 livres 61 61 ailleurs 62 62 expositions 63 63 entretien : matthias zschokke / émilien gür chronique lyonnaise / frank langlois 64 66 68 70 72 72 73 73 74 74 75 75 musée jenisch : fred deux / nadia el-beblawi mamco : des histoires sans fin / nadia el-beblawi zurich : inspiration japonaise / régine kopp lausanne : de raphaël à gauguin / sarah clar-boson amsterdam : rembrandt / régine kopp mémento beaux-arts : france cassel : la flandre et la mer mémento beaux-arts : ailleurs conegliano : carpaccio, l’automne magique d’un maître mémento beaux-arts : suisse romande galerie red zone : olivier morel mémento beaux-arts : suisse alémanique winterthur : victor chocquet et les impressionnistes paris 76 76 77 77 78 80 83 84 85 86 86 86 87 87 petit saint-martin : la maison d’à côté /gilles costaz créteil : animal / vegetable / mineral / stéphanie nègre opéra de paris : le chant de la terre / stéphanie nègre jeu de paume : florence henri & taryn simon/ chr. pictet opéra : faust de toujours / pierre-rené serna chronique des concerts / david verdier encarts - comédie française : innocence / théâtre de la ville : antigone / petit montparnasse : une journée particulière / rond-point : le miroir de jade / sélection musicale d’avril / françois lesueur mémento théâtre théâtre de l’œuvre : les larmes amères de petra von kant théâtre hébertot : des gens bien / gilles costaz mémento expositions fondation louis vuitton : les clefs d’une passion les mémentos 88 88 89 90 91 91 92 93 93 94 94 encarts : go au galpon / angels au grütli / brigitte rosset à la comédie / pierre richard III à vernier encarts - au victoria hall : le motet & ciné-concert / 200% orchestre au bfm / la visite de la vieille dame à carouge victoria hall : leonidas kavakos la parfumerie : je suis un saumon grand théâtre : le procès de médée chambésy : le chant de l’âme théâtre des osses, givisiez : le menteur spectacles onésiens : 2000 ans de mensonge la grange au lac, évian : l’orchestre des pays de savoie théâtre novarina, thonon : la double inconstance ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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Pourtant, voilà que du Levant – d’un « Etat » qui se dit « islamique » – nous parviennent de bien tristes images qui feraient que l’écrivain se retourne dans sa tombe s’il pouvait les voir. Une nouvelle ère de briseurs de pierre, d’iconoclastes, s’est levée telle que l’histoire en a produite quelques unes aux heures les plus sombres de décivilisation humaine. Des pioches et des masses fendent à nouveau l’air pour s’abattre aveuglément sur des pièces du patrimoine mondial de l’humanité, défigurant avec la plus extrême des laideurs quelques unes des plus hautes incarnations de ce que la force de l’esprit humain a pu créer. De ces statues décapitées, de ces bas-reliefs atomisés en Irak par l’Etat islamique, sourd la plus violente des régressions reptiliennes, celle qui s’attaque à la culture comme le lieu de la liberté, de la création et de l’expression, comme l’espace d’humanité à réduire absolument par toutes les idéologies obscurantistes qui prétendent à une révolution des mœurs et à un retour aux fondamentaux d’une pureté criminogène. Aujourd’hui, c’est dans le musée de Mossoul et dans l’antique cité de Nimrod qu’on réduit en ruine la métaphysique, hier ce fut au Mali avec la destruction des tombeaux des saints musulmans, avant-hier en Afghanistan avec les Bouddhas de Bâmiyân… Autant de signaux qui nous alarment et qui doivent nous rendre encore plus sensibles à la défense des patrimoines de l’humanité dans le monde, mais tout autant à un soutien renforcé aux divers domaines de la culture en Occident. Les nouveaux autodafés culturels s’allument un peu partout, menaçant le foyer de la plus haute expression de l’évolution humaine, la diversité de ses cultures. L’enseignement historique fut pourtant brutal, même si la mémoire oublie : - Là où l’on brise des statues, où l’on dresse des bûchers pour les livres, bientôt on martyrisera frénétiquement des hommes. La formule national-socialiste du IIIe Reich avait été on ne peut plus claire à ce sujet, toute révolution qui promet la délivrance dans la régression sociétale ne peut aboutir qu’aux vomissures les plus abjectes à l’encontre du genre humain. Combien de musées pillés, combien de « guerre à la culture » allons-nous laisser passer sans réaction ? Fort heureusement, du moins on aimerait se raccrocher à cette idée, les politiques et les idéologies, comme les hommes qui les agitent, passent ; la culture quant à elle, survit. Toutefois, dans ce combat intemporel entre la pierre et le sabre, entre la plume et l’épée, entre la liberté et la répression, les pertes sont nombreuses et nous devons nous méfier d’une indifférence crasse qui se résumerait à se dire que cela n’arrive qu’aux autres. La culture doit être protégée à n’importe quel prix, surtout en période de récession qui n’ose pas dire son nom en Occident, surtout là où la clique des lithoclastes ne peut prétendument pas l’atteindre, afin que personne ne puisse dire encore que lorsqu’il entend le mot culture, une envie irrépressible de sortir son révolver le prenne. Protégeons donc la culture de manière solidaire, à commencer par les sites directement menacés, subventionnons toute création culturelle qui se ferait jour ici et ailleurs, pratiquons un mécénat éclairé, agissons politiquement pour qu’enfin cette sainte ignorance millénariste qui émerge trouve les conditions de son auto-destruction. Et puisque que les couteaux qui s’agitent aujourd’hui se réclament faussement d’une religion de l’Islam à laquelle manifestement leurs cerveaux gangrénés n’entendent rien, rappelons urgemment des mots d’importance, même au Levant : - croître en humanité c’est avant tout croître en science. La culture précède donc la parole. Même un « philosophe pour classe de terminale » avait déjà pu l’enseigner… CR/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é le cinéma au jour le jour Cine Die 65e Berlinale (5-15 février) 6 Compétition Le film sans doute le plus attendu était Knight of Cups de Terrence Malick. J’avais déjà souffert avec To the Wonder (2012). Dans ce nouveau film, encore moins de scénario, moins de narration, des allusions bien trop succinctes à un père, à un frère, à plusieurs compagnes, tous en relations conflictuelles avec le personnage central (Christian Bale), mais pour le reste il faut se contenter de mouvements de caméra sur de riches demeures et piscines, sur de belles femmes, éternellement jeunes et sveltes, juchées sur des escarpins vertigineux, sur des réceptions mondaines où apparaissent des gloires fanées comme Ryan O’Neal ou Michael Wincott, sur des couchers de soleil derrière des palmiers bruissants et sur des vagues qui n’en finissent pas de déferler. Pas de quoi appeler ça un film, mais c’est beau à regarder. Une baudruche, Malick ? Je commence à le croire. Heureusement qu’il n’a pas remporté de prix. S’il y a une absence de prix à regretter, c’est pour Peter Greenaway qui livre avec Eisenstein in Guanajuato son film le plus accessible et le plus stimulant depuis 8 1/2 Women (1999). On se rappelle qu’en 1931, le Elmer Back dans «Eisenstein in Guanajuato» cinéaste soviétique Eisenstein, à la suggestion de Chaplin, entreprit un voyage au Mexique pour y tourner un documentaire, financé par le romancier américain Upton Sinclair, Que viva Mexico. Chez Greenaway, Eisenstein arrive en limousine comme une diva excentrique, mais prude et se laisse assez rapidement dépuceler par son guide mexicain. Il découvre les délices capitalistes du luxe et de la luxure quasi simultanément. L’homosexualité du cinéaste a toujours été soigneusement balayée sous le tapis de la décence communiste, et il est fort à parier qu’aujourd’hui il n’en irait pas autrement dans le climat homophobe qui prévaut en Poutinie. Greenaway s’y donne à cœur joie pour montrer un Eisenstein au début gêné par ses poignées d’amour et peu enclin à se déshabiller devant autrui, qui va découvrir son propre corps à mesure qu’il s’habitue aux douches fréquentes (en Russie, on ne connaît que la baignoire) pour échapper à la canicule. Ouvrant grandes les écluses de l’hédonisme et laissant Eduard Tissé et Grigori Aleksandrov sillonner le pays pour filmer des festivités liées à la Journée des morts, le maître ne quitte guère le lit immense où il pérore entre deux étreintes sur le stalinisme, étalant une culture d’autant plus étonnante qu’elle repose uniquement sur des acquis théoriques. L’acteur finlandais Elmer Bäck investit le personnage avec une a c t m a intensité de tous les instants et sa logorrhée incessante (incorporant des citations directes des écrits d’Eisenstein), débitée avec un accent savoureux, contribue autant à la réussite du film que les acrobaties stylistiques (montage agressif, split screen avec angles ou timing différents, inserts multiples, couleur alternant avec noir/blanc) du cinéaste. Trois autres films tournant autour de personnages historiques et peu appréciés par la critique étaient en compétition. Ainsi on estimait Nicole Kidman bien trop hollywoodienne pour incarner une grande dame du début du 20e siècle, l’exploratrice et archéologue anglaise Gertrude Lowthian Bell, dans le très classique Queen of the Desert. Werner Herzog s’essaie là justement à jouer avec les codes narratifs du biopic traditionnel, où le réalisateur est censé meubler les ellipses biographiques de la vie privée avec des inventions romantiques de son cru. Pour la première fois de sa carrière, Herzog filme une histoire centrée sur un personnage féminin, avec des scènes d’amour, et il s’en tire plutôt bien. La salle a ri lorsque Nicole prend un bain en plein désert dans une baignoire pliable en toile, mais Gertrude Bell avait bel et bien un tel dispositif dans ses bagages. Ce qui a fasciné sans doute le cinéaste dans la carrière de cette femme issue de la haute société victorienne, c’est sa curiosité et son courage sans bornes, son sens des langues et de la poésie, sa prédilection pour la solitude (rendue plausible par les deux liaisons platoniques et malheureuses invoquées dans le film) : tout ce qui lui fait traverser de long en large la péninsule arabique, la Mésopotamie, la Syrie et l’Asie Mineure et se lier d’amitié avec des chefs de tribu, un inestimable plus lors de la Conférence du Caire en 1921, où c’est elle et T.E. Lawrence (Robert Pattinson !) qui fixent les frontières du mandat britannique après la dislocation de l’Empire Ottoman. Kidman, avec son habituel port altier et son regard bleu perçant, incarne à merveille cette femme, sûre de pouvoir changer le monde. Isabel Coixet raconte dans Nobody wants the Night ce qui est arrivé à Josephine Peary (jouée par Juliette Binoche), lorsqu’elle a voulu rattraper, en 1908, l’expédition de son mari Robert, qui estimait pouvoir atteindre le pôle Nord avant l’hiver arctique et la nuit permanente. Arrivée sur l’île d’Ellesmere au camp de base, une simple cabane appuyée contre un rocher, elle découvre que son mari a déjà poussé plus loin. De plus, une jeune Inuit, qui se révélera être sa maîtresse (incarnée par Rinko Kikuchi : les Japonaises semblent prédestinées pour les rôles d’esquimaudes depuis Yoko Tani dans The Savage Innocents (1960 ) de Nicholas Ray) attend son retour dans un igloo voisin de la cabane : elle est enceinte. Et l’hiver arctique a déjà commencé, il n’y a plus de bois à brûler, la nourriture va manquer et le bébé va naître : les deux femmes sont condamnées à s’entraider ! Les personnes ont existé et se sont rencontrées 9 ans plus tôt, mais Juliette Binoche dans «Nobody wants the Night» u a l i t é c i n é m a Burghart Klaussner, Johann von Bulow et Christian Friedel dans «Elser» le scénario réinvente leur histoire, à des fins hautement dramatiques. Elser d’Oliver Hirschbiegel raconte l’histoire de l’attentat perpétré par un jeune Souabe, Georg Elser, contre les dirigeants du parti nazi le 8 novembre 1939 à Munich dans la cave de la brasserie Bürgerbräu, où ils avaient coutume de célébrer le putsch raté de 1923. Malheureusement, Hitler, Goebbels, Bormann, Himmler et von Ribbentrop avaient déjà quitté les lieux depuis 13 minutes quand la bombe artisanale, dissimulée dans un pilier à côté du pupitre où Hitler prononçait ses discours, explose. Arrêté au moment où il essayait de passer clandestinement en Suisse, Elser passe aux aveux sous la torture. Hitler ne voulant pas admettre qu’Elser ait agi seul (il doit être un agent des Britanniques !), le malheureux est maintenu en prison jusqu’au 9 avril 1945, date où il est abattu « sur ordre supérieur » par les SS. Hirschbiegel suit scrupuleusement le déroulement des faits tels qu’ils peuvent être vérifiés sur Wikipedia (tout comme il l’avait fait pour les derniers jours de Hitler dans Der Untergang (2004)), et les acteurs et la reconstitution sont tout simplement remarquables d’authenticité. Dans la section Berlinale Special, deux autres films racontant des histoires vraies présentaient un intérêt certain : Woman in Gold (Simon Curtis) revient sur les démêlés qui opposèrent Maria Altmann (incarnée par Helen Mirren), la propriétaire du célèbre portrait de sa tante Adele Bloch-Bauer I. (réalisé avec moult feuilles d’or par Gustav Klimt en 1907, connu sous le sobriquet « Goldene Adele » et confisqué par les Nazis après l’Anschluss), à l’Etat autrichien, qui l’exposait jusqu’en 2006 au Palais Belvédère à Vienne. Love & Mercy (Bill Pohlad) raconte le calvaire qu’a subi la tête créative des Beach Boys, Brian Wilson, lorsqu’il tombe sous la férule de son psychothérapeute, qui lui avait diagnostiqué une schizophrénie paranoïde et l’a bourré de médicaments pour l’avoir à sa merci. Paul Dano et John Cusack incarnent Wilson à 20 ans de distance. Le prix de la mise en scène fut donné ex æquo à Body de la Polonaise Malgorzata Szumowska et Aferim ! (Bravo !) du Roumain Radu Jude. Ce dernier film, tourné en 35 mm monochrome scope lumineux, évoque un sujet tabou, l’esclavage des Roms en Valachie, qui ne fut aboli qu’en 1856. L’histoire se déroule en 1835 : un policier et son blanc-bec de fils (qui apprend le métier) sillonnent la campagne à cheval à la recherche d’un esclave qui s’est échappé après avoir cédé aux avances de la femme de son maître, un boyard puissant. Le papa est une grande gueule qui prodigue ses aphorismes à longueur de journée et il ne semble y avoir qu’un pope rencontré en route qui soit encore plus raciste que lui. Ils s’emparent d’un gamin rom qui se cache dans un village, le revendent au marché, puis retrouvent le fugitif pour lequel ils implorent la mansuétude du seigneur, mais en vain. Le boyard, ridicule dans son accoutrement, mais omnipotent dans sa vengeance, castre le pauvre hère. Le problème des Roumains avec leurs Roms ne date pas d’hier. El Club du Chilien Pablo Larrain (Prix du Jury) traite d’un groupe de prêtres qui partagent une maison avec une religieuse sur la côte chilienne. Est-ce une maison de pénitence ? L’arrivée d’un nouveau pensionnaire perturbe leur train-train. Un homme lance sous leurs fenêtres des accusations très détaillées de pédophilie contre le nouvel arrivé. Celui-ci se suicide. L’Eglise envoie alors un enquêteur dynamique pour régler le problème. Tout se déroule dans une semi obscurité métaphorique, aussi nébuleuse que les décisions du Vatican concernant les errements de son clergé. Maria Mercedes Croy dans «Ixcanul» Ixcanul du Guatémaltèque Jayro Bustamante (Prix Alfred Bauer) montre les velléités d’indépendance d’une jeune paysanne Kaqchikel réduites à néant parce qu’elle ne parle pas la langue des Conquistadors. Elle est trahie par le chef d’équipe de la plantation auquel ses parents (illettrés comme elle) l’ont promise contre son gré. Il donne le bébé dont elle vient d’accoucher (qui n’est pas le sien) en adoption, extorquant le consentement de la famille en leur faisant croire qu’ils signent un acte de décès. Quant à Taxi de Jafar Panahi, il mérite pleinement l’Ours d’Or à cause du superbe pied de nez aux autorités iraniennes. Panahi, qui ne peut se montrer en public, s’est improvisé chauffeur de taxi, a fixé une caméra pivotante sur le tableau de bord de son véhicule et invite des clients triés sur le volet dans sa sphère privée roulante, où les quatre vérités sont déclinées à qui veut bien les entendre. Au mois prochain Raymond Scholer Mihai Comanoiu et Alberto Dinache dans «Aferim!» a c t u a l i t é 7 c i n é m a On a aimé la reconstitution de l’année 1952 (le film va jusqu’à mimer stylistiquement un film de l’époque avec ses couleurs chaudes), qui voit le couronnement d’Elizabeth II, l’apparition concomitante du premier poste de TV dans la famille et la sortie anglaise de Rashomon de Kurosawa astucieusement intégrée à l’intrigue, comme l’est la cinéphilie de Bill, toujours prompt à évoquer tel classique du cinéma en Avec Queen and Country sélectionné au festival de Cannes (Quinzaine des rapport avec ce qu’il vit. réalisateurs) en 2014, le grand cinéaste britannique John Boorman revient Si le cinéaste de 82 ans porte un regard à 82 ans sur sa jeunesse, pour un chant du cygne (?) en forme de délicieuse légèrement nostalgique sur la période, il sait comédie douce-amère. parfaitement suggérer en quoi elle marque un basculement pour la On avait un peu perdu Grande-Bretagne qui a de vue celui qui nous a cessé d’être une grande donné, entre autres, le chefpuissance, ce qu’atteste son d’œuvre qu’est Délivrance engagement en Corée dans (1972). Non pas qu’il eût le sillage des Américains. Si cessé de tourner, mais ses cette guerre est maintenue deux précédents films In hors-champ, ses effets My Country (2003) et The dévastateurs sur ceux qui en Tiger’s Tail (2006) ne sont reviennent sont montrés pas sortis en Suisse. Son avec crudité lors de la visite dernier film vu sur nos effectuée par Bill dans un écrans a été Le Tailleur de hôpital militaire. Cette Panama (2001) réjouissanséquence à elle seule change te comédie parodique d’ala perspective sur une coméprès le roman homonyme die réussie finalement pas si de John le Carré. Avec légère que ça. Bill (Callum Turner) et sa sœur Dawn (Vanessa Kirby) dans «Queen and Country». Queen and Country il signe la suite du semi-autobiographique Hope and toutefois sur chacun : le possible départ par tira- Week-end Geneviève Sellier Les 25 et 26 avril, la spécialiste des repréGlory (1987) ou la Seconde Guerre mondiale ge au sort pour la Corée où un contingent britansentations de genre de l’Université de vue avec les yeux de Bill Rohan, jeune garçon nique participe à la coalition menant la guerre Bordeaux, propose une rencontre intitulée « de sept ans qui habite avec sa famille la banlieue sous pavillon de l’ONU… Histoires de couple et guerre des sexes dans le de Londres soumise au Blitz. Mais très vite le cadre s’élargit à l’occasion cinéma français : de l’ancienne vague à la nouOn retrouve donc Bill en 1952, en âge de des permissions, synonymes de retour dans la velle vague ». L’occasion de montrer que le faire son service militaire. A la caserne, il fait la famille et de dragues en ville. Bill et Percy, en cinéma des années 50, cinéma de studios, d’acconnaissance de Percy Hapgood, forte tête avec fait des “virgin soldiers”, feront l’apprentissage teurs et de scénaristes durablement et injustequi il se lie d’amitié. Ensemble ils s’entendront de l’amour et découvriront qu’à leur âge les pour affronter une hiérarchie volontiers portée femmes sont plus mûres que les hommes et ment disqualifié par la Nouvelle Vague qui n’a au sadisme, le pompon revenant au Sergent savent ce qu’elles veulent. Bill tombe amoureux eu de cesse de taper sur la fameuse “qualité Bradley, vieille ganache ayant avalé le code d’une froide et mystérieuse beauté blonde aper- française”, a produit des films aux accents très militaire. Chargés de former les recrues à la çue au cinéma, qui l’attise (réjouissante maîtri- modernes concernant l’émancipation des femdactylographie, ils établissent avec leurs “élè- se des sous-entendus) tout en le prévenant qu’il mes (Minne l’ingénue libertine (1950) de ves” une complicité toujours menacée par la n’a rien à attendre d’elle et qu’il nomme Jacqueline Audry), la dénonciation de la domipossible irruption d’un officier. Boorman s’a- Ophélia (elle se révélera physiquement dépen- nation patriarcale (La Vérité sur Bébé Donge muse à pointer sans trop de méchanceté l’espè- dante d’un homme qu’elle n’aime pas et suici- (1952) d’Henri Decoin), ou les difficultés des ce de génie propre aux officiers britanniques en daire…), tandis que Percy, plus prolétaire, jette relations amoureuses (Trois chambres à matière d’hypocrisie, de cynisme et d’homo- son dévolu sur la brune Sophie, une infirmière Manhattan (1965) de Marcel Carné). Et que la sexualité refoulée (savoureuse séquence de l’in- pulpeuse et bonne fille. Au terme d’un chasse- Nouvelle Vague, formellement si subsersive, a terrogatoire de Bill par les officiers du MI5). On croisé digne de Cosi fan tutte, chacun épousera parfois une vision des rapports homme / femme est le plus souvent du côté des comédies genre celle qui fera son bonheur. Pour Bill ce sera très traditionnelle. MASH, même si la dureté du drill auquel sont Sophie, tandis que Percy trouvera son bonheur Christian Bernard soumis les recrues fait penser à l’occasion à avec Dawn, la très libre et craquante sœur de Full Metal Jacket de Kubrick. Une ombre plane Bill… cinémas du grütli John Boorman, Geneviève Sellier 8 a c t u a l i t é c i n é m a hallucinant d’authenticité. Le contraire absolu de Inju, la bête dans l’ombre (2008), métadiscours déconcertant et hyper esthétique sur le cinéma de genre. Pour finir, ne manquez pas l’auto plaidoirie de Jacques Vergès, le défenseur des indéfendables, dans L’Avocat de la terreur (2007). avril à la Cinémathèque suisse Barbet Schroeder Si on fait abstraction de l’absence du documentaire The Charles Bukowski Tapes (réalisé en 1987 dans la foulée de Barfly, dans lequel Mickey Rourke incarne l’alter ego du poète de la biture), ainsi que de quelques courts-métrages, le programme Barbet Schroeder est une vraie intégrale. On aura donc l’occasion de revisiter la trajectoire de ce semi Suisse qui, après des études de philosophie et un passage aux Cahiers du Cinéma, se lance dans la production en fondant, à l’âge de 21 ans, avec Eric Rohmer, les Films du Mickey Rourke dans «Barfly» Losange. L’essor de la Nouvelle Vague s’en trouva amplifié, comme le montre le titre paradigmatique de la maison, Paris vu par… (1965), un film à sketches signé par Godard, Chabrol, Rouch, Rohmer, Pollet et Douchet. En 1969, Schroeder passe à la mise en scène avec More, sans doute le premier film à aborder de face l’actualité de la drogue et des leurres qu’elle suscite : More ou comment on devient accro à l’héroïne dans le paradis hippie d’Ibiza. Afin de pouvoir distribuer le film internationalement sans encombre, Schroeder le produit au Luxembourg et devient ipso facto le créateur du premier long métrage de fiction luxembourgeois, quand bien même on y parle l’anglais (la naissance d’un cinéma parlé luxembourgeois n’eut lieu que dans les années 80, grâce à Andy Bausch). Après Ibiza, Schroeder met le cap sur la NouvelleGuinée orientale où il réalise un moyen métrage (Sing-Sing, 1971) puis un long métrage de fiction, La Vallée (1972), où Bulle Ogier (future compagne du cinéaste) poursuit la quête d’un a c t u bonheur fantasmé. Changement de continent : Les contes cinématographiques sous prétexte de réaliser un film de propagande à des frères Grimm la gloire du régime ougandais, le cinéaste gagne Parmi les 8 titres de cette rétrospective un la confiance du dictateur et réalise le documen- peu maigrichonne, quatre ne sont pas si courants taire Général Idi Amin Dada : autoportrait que ça. Cinderfella (Jerry Lewis, 1980) inverse (1974). L’émule du roi Ubu y est fascinant de les rôles du conte : Lewis incarne le fils gentil naïveté et de mégalomanie. Avec Maîtresse qui, après la mort de son père, se retrouve à la (1976), Schroeder se plonge dans la France gis- merci de sa belle-mère prétentieuse et de ses cardienne qui vient non seulement de découvrir deux vauriens de demi-frères, du moins jusqu’à à le cinéma porno, mais aussi les déviances sexuel- la visite de la princesse Charmein du Grandles. Refusant toute titillation voyeuriste, Duché de Monrovia. The Company of Wolves Schroeder traite son sujet comme un documenta- (Neil Jordan, 1984) évoque l’éveil à la sexualité riste et nous invite à une des- de la jeune Rosaleen au moyen de la très suggescription détachée des pra- tive symbolique des canidés, chère aux allégotiques sadomasochistes ries. Dans The Pied Piper (Jacques Demy, 1972), entre deux êtres mus par un le chanteur Donovan campe le joueur de flûte qui amour absolu. Koko, le débarrassera Hamelin de ses rats et se heurtera à gorille qui parle (1978) l’ingratitude des autorités avec les conséquences montre à quel point les qu’on connaît, et dans The Brothers Grimm gorilles sont nos cousins, (Terry Gilliam, 2005), Monica Bellucci campe puisqu’on peut leur ensei- une sorcière envoûtante – le Reine des Miroirs gner le langage des sourds- qui requiert le sacrifice de 12 vierges pendant une muets. Après une fiction sur éclipse pour se (re)faire une beauté ! la pernicieuse passion du jeu (Tricheurs, 1984), le cinéas- Roy Andersson A Pigeon sat on a Branch Reflecting on te entame une carrière hollyExistence : le titre a été inspiré au maître suéwoodienne qui durera une quinzaine d’années et dont les quatre premiers titres sont bien des films d’auteur. Outre le déjà mentionné Barfly, citons Reversal of Fortune (1990, sur le procès von Bulow, un des plus médiatiques de l’histoire des Etats-Unis, l’auteur propose un jeu de miroirs d’un monde ambigu et figé, pris dans ses contradictions, son cynisme et son système d’apparences et de masques), Single White Female (1992, où Bridget Fonda «A pigeon sat on a branch reflecting on existence» (Roy Andersson) subit la jalousie maladive et l’emprise diabolique de sa timide colocataire) et Kiss of Death (1995, un polar énergique avec Nicolas dois par un tableau de Pieter Bruegel l’Ancien. Cage dans une composition savoureuse et hallu- Lion d’Or à Venise l’année passée, le film est cinée de parrain paranoïaque). Les trois suivants dévoilé au Capitole le 28 avril : humour noir sont un tantinet plus anonymes. Mais La virgen garanti ! Raymond Scholer de los sicarios (2000) sur les sentiments d’un écrivain vieillissant pour un ado, tueur au service des narcotrafiquants, tourné en vidéo haute définition à fleur de pavé dans Medellin, la létale, est a l i t é 9 c i n é m a sous la loupe Phoenix Phoenix, film parfait, confirme le vent nouveau soufflant sur le cinéma allemand et la place de maître que Christian Petzold y occupe. 10 Le cinéma allemand et l’Histoire de l’Allemagne au XXème siècle. Si le nom de Fassbinder est généralement associé à l’évocation du nazisme, pour ce qui est de la RDA, ce sont deux succès publics, Good Bye Lenin ! (2003), de Wolfgang Becker, et La Vie des autres (2006), de Florian Henckel von Donnersmarck qui viennent à l’esprit. A la satire amusée et nostalgique du premier, au drame paranoïde finement tricoté du second, est venu s’ajouter en 2012 Barbara de Christian Petzold, tragédie située en Allemagne de l’Est en 1980, qui touchait plus juste et plus profond dans la description des effets intimes de la suspicion généralisée. Aujourd’hui Phoenix, film parfait, confirme Auschwitz. Elle retourne dans Berlin en ruines, accompagnée de sa fidèle amie Lene (Nina Kunzendorf) employée de l’Agence juive où elle fait des recherches, et qui, elle, a quitté l’Allemagne pour Londres avant la guerre. Reconstruction Le chirurgien chargé de lui reconstruire un nouveau visage (“le même qu’avant”, insiste-telle) la prévient : ce ne sera plus vraiment le même. Tout juste remise de son opération, confortablement installée chez Lene qui lui fait miroiter en vain un départ à deux pour la Palestine, Lenny n’a qu’une idée, retrouver la trace de son mari Johnny (Ronald Zehrfeld) malgré les réticences de son amie. Sa recherche la mène au Cabaret Phoenix, fréquenté par les Américains, où Johnny est employé comme garçon. Johnny ne la reconnaît pas mais perçoit Nina Hoss dans «Phoenix» © Look Now! une certaine resle vent nouveau soufflant sur le cinéma allemand semblance avec celle qu’il croit disparue et lui et la place de maître que Christian Petzold y propose 20.000$ si elle accepte de se faire passer occupe. pour sa femme pour lui permettre ainsi de dispoDès la séquence d’ouverture, le film sur- ser de son argent. Lenny ayant accepté de venir prend, sonne juste et fait réfléchir. Allemagne, vivre dans le souterrain qu’il occupe, Johnny, tel 1945. A un checkpoint, des soldats américains un Pygmalion, tel Scottie/Johnny dans Vertigo contrôlent une confortable voiture à plaques suis- d’Hitchcock, va faire revivre une morte qui ne ses. Ils sont brutaux et obligent la passagère à l’est pas, l’habiller, la faire marcher, la faire écrienlever les bandages qui recouvrent complète- re (exercice brillamment réussi bien sûr!) pour le ment son visage. Ce visage, nous ne le verrons jour où ils réapparaîtront devant leurs amis (“ne pas, seulement l’expression du soldat qui fait t’inquiète pas, personne ne te posera de quessigne de passer. A nous de comprendre en un tions…”). Et plus il la retrouve (on se dit consinstant l’étendue des contrôles alliés en tamment qu’il va la reconnaître), plus ils font ce Allemagne en 1945, la traque des Nazis dont que font les couples amoureux (prendre le café le beaucoup jouaient aux blessés pour échapper aux matin, se promener dans la nuit, il lui fait son lit, recherches. Celle dont le visage a été détruit par lui apporte à manger, lui achète des robes), plus une balle est la chanteuse Nelly Lenz (Nina cette réplique d’une histoire d’amour qui fut Hoss) seule survivante d’une famille déportée à paraît hantée. C’est que trop de morts sont passés a c t u a par là. Morts que Lene, se sentant abandonnée, choisira de rejoindre, tournant le dos à son projet de nouvelle vie en Palestine (“les morts m’attirent davantage que les vivants” seront ses derniers mots dans une lettre d’adieu.) Nelly quant à elle - fantôme revenu d’entre les morts (elle est souvent filmée à contre-jour), à la fois elle-même et son double - poursuit quelque chose avec une opiniâtreté qui confine à la folie. Mais quoi au juste ? Le temps d’avant ? Un amour devenu impossible ? Le sait-elle elle-même ? Chemin faisant, elle découvrira comment Johnny l’a trahie pour survivre, et elle s’en ira. Art du récit Mais ce n’est pas tant l’intrigue elle-même que l’art du récit qui captive. Avec un sens de l’économie sans défaut, le film multiplie les notations significatives renvoyant les unes aux autres. Ainsi dans la déclinaison des figures du double, on peut rapprocher la chanson “Night and Day” chantée devant les Américains du “Phoenix” dans une mise en scène expressioniste très années 20, de la proposition du chirurgien de donner à Lenny un “visage tout autre, celui de Lotte Lenya par exemple” (qui fut l’épouse de Kurt Weil dans les années 20, lui-même compositeur de la chanson “Speak Low” (1948) dont le rôle est central dans le film): façon subtile de pointer l’amnésie des Allemands de 1945 à l’égard du nazisme, entre américanisation et nostalgie de la République de Weimar… Que tout cela se passe dans une ville détruite et à reconstruire comme le visage de Lenny témoigne du sens aigu de Petzold de l’esprit des lieux et du rapport entre décor (le tournage des prodigieux amoncellements de briques s’est fait en Pologne) et intrigue. Les intérieurs à la fois méticuleusement et sobrement reconstitués, ancrent les personnages dans leur appartenance sociale. L’art avec lequel Petzold inscrit l’Histoire de l’époque dans une dimension politique de l’espace et de l’architecture impressionne. Quant à l’Holocauste, l’irreprésentable qui hante constamment le film, Petzold a compris comme Alain Resnais avant lui, qu’il ne pouvait être approché que par ses traces et ses conséquences. L’angoisse de Nelly voulant retrouver son visage, redonner vie à son corps, être reconnue, renvoie au texte de Jean Cayrol pour Nuit et Brouillard : “Quand les alliés ouvrent les portes… Toutes les portes… Les déportés regardent sans comprendre. Sont-ils délivrés ? La vie quotidienne va-t-elle les reconnaître ?” Christian Bernard l i t é c i n é m a visions du réel 2015 Haute qualité, surprises, profondeur Les spectateurs qui viennent à Nyon prendre le pouls du réel ne seront pas déçus. Un choix rigoureux a été opéré à partir des 3200 films reçus, dégageant l'image d’une tension entre deux pôles : celui de la violence au Moyen Orient et dans l'ex-empire soviétique, et celui, en Occident, d'une recherche d'ailleurs et de spiritualité. La région du Caucase est à l'honneur cette année. Tensions dans ces vallées, où la Russie tente d'exacerber contre ses voisins les révoltes indépendantistes de minorités. La Géorgie est l'invitée du Focus, avec 15 films de jeunes réalisateurs qui en veulent. Il faudra découvrir Madonna, portrait de la seule femme chauffeur de bus de ce pays, en compétition dans les moyens métrages. Par ailleurs, l'un des ateliers «Madonna» est consacré au cinéaste Harutyun Khachatryan, dont la douzaine de films mondialement reconnus ont redonné à l'Arménie une place dans la cinéphilie contemporaine. Il est également directeur du Golden Apricot International Film Festival, l'un des plus importants festivals du Caucase. Ses films inclassables tissent des liens subtils entre observation fine du quotidien, dissolution de l'Empire soviétique et diaspora arménienne. Ne pas manquer Frontière (Border, Sahman) qui a remporté à juste titre de nombreux prix, entre autres pour l'originalité de son point de vue. L'autre atelier est consacré à Vincent Dieutre, dont l'œuvre, sur les pas de Marguerite Duras, Chantal Ackerman, et plus lointainement Pasolini et Naomi Kawase, navigue entre l'autofiction, l'intime et l'expérience collective. Le Serterce d'or Maître du Réel Raiffeisen est attribué cette année à Barbet Schrœder dont a c t u Pas de souci, prenez connaissance d'une expérience surprenante avec Alice cares de Sander Burger. Manufacturing romance, de Jian Fan et Hongfang Chai, ou comment la mondialisation met à mal les traditions familiales chinoises, au travers des choix intimes que doivent assumer deux couples de jeunes travailleurs chinois émigrés dans la grande ville de Shenzhen. Qu'arrive-t-il dans les hauts plateaux andins paradisiaques du Chili inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco ? Que deviennent les fla- les fictions font l'objet d'une rétrospective à la Cinémathèque de Lausanne. On pourra revoir à Nyon ses documentaires/portraits d'Idi Amin Dada, de Vergès ou de Bukowski en se souvenant des polémiques suscitées, et découvrir Koko le gorille qui parle, moins médiatisé à l'époque. Longs métrages La compétition des longs métrages réserve des surprises de taille quant au futur et au présent. Grozny Blues du Suisse Nicola Bellucci nous fait vivre la résistance de femmes cinéastes et photographes engagées dans la défense des droits humains dans l'impitoyable univers tchétchène et son président islamiste stipendié par Moscou. Homeland (Irak Year Zero), un film radical de 6 heures, projeté l'après-midi du 23 avril. Le cinéaste a filmé sa famille et ses proches avant, puis après l'invasion américaine. A partager, suivi d'un débat. Dans Anthill, de Vladimir Loginov (Estonie, 2015), des Russes ont pris possession d'un parking souterrain pour y aménager sauna, résidence secondaire, centre de réparation... De l'autre côté de l'Atlantique, dans California City, de Bastian Gunther, un homme à la recherche de son ancien amour, traque les moustiques des piscines abandonnées par les propriétaires victimes des subprimes. Une contre-utopie qui fait froid dans le dos : The Erpatak model de Benny Brunner, ou la dictature en marche dans un village de Hongrie, sous ses traits les plus vils. Dominic Gagnon, avec Of the North, a de nouveau fait son marché sur les films amateurs de Youtube, cette fois-ci à l'intérieur du cercle polaire. Un montage qui est loin, très loin de la mise en scène de Nanouk et des Inuits que nous imaginons. Et quelle solution pour les personnes âgées isolées de nos sociétés ? a l i t «The Tentmakers of Cairo» mants roses, les lamas, les rares habitants.... Réponse avec Surire de Bettina Perut et Ivan Osnovikoff. Une pause presque hors du temps avec des artisans tisserands égyptiens, The Tentmakers of Cairo de Kim Beamish. Amérique latine : deux longs voyages, l'un au fil d'une mémoire de ce qui a disparu, Paraguay remembered de Dominique Dubosc, l'autre à bord d'un camion livreur d'eau dans une région frappée de sécheresse, Seca de Maria Ramos. Autour de la recherche pour mener une vie différente, on suivra un diplomate italien qui sculpte dans la roche, avec une équipe locale, la résidence de ses rêves, Karst de Vladimir Todorovic. Cinq femmes en recherche spirituelle bâtissent un temple œcuménique en Patagonie, Mothers of the Gods de Pablo Aguero. Imagine... Stefan Schwietert ose une autre contre-utopie en postulant que toute la musique a disparu de la terre ; à nous, à vous, sur l'impulsion d'un combattant culturel, d'inventer de nouveaux airs, libres des royalties pour les grands groupes. Et enfin un sujet très inattendu : The Visit de Michael Madsen, ou une investigation des activités « Bureau des affaires spatiales de l’ONU »... Une belle moisson pour stimuler notre imagination et notre sens critique. Catherine Graf Nyon, du 17 au 25 avril, www.visionsdureel.ch é 11 c i n é m a piés, brûlés, les chiens faméliques, les chevaux morts dans la rue… Ainsi, le film fait penser à Guernica et devient poème tragique et lyrique, par sa bande son très travaillée, où musiques et chants ont toute leur importance, au même titre que les bruits de la guerre, le crépitement des balles, les explosions, les murs qui s’effondrent, mais aussi le bruit des doigts sur le clavier d’ordinateur, le bruit des connexions internet, de Skype et le dialogue entre le cinéaste exilé et la jeune preneuse d’images… Qui, sur le conseil de Mohammed et pour éclairer leur quotidien, passe les images de Charlot boxeur dans City Lights à des gamins qui font école dans les ruines. A la fin de cette deuxième partie, Simav suit un jeune orphelin qui sait où sont les snipers dans Homs et qui, rayonnant de vie malgré tout, va dialoguer tous les jours au cimetière avec son père mort. Et qui, avec son coquelicot trouvé dans les ruines, illumine le film d’une lueur d’optimisme. Quel choc, quel film ! Les films du mois «Eau argentée, Syrie autoportrait» © Adok films 12 EAU ARGENTEE, SYRiE AUTOPORTRAiT un film d’Ossama Mohammed et Wiam Simav Bedirxan, (France-Syrie, 2014) Ossama Mohammed est un cinéaste syrien qui a quitté son pays deux mois après le début du soulèvement de 2011 contre el-Assad pour se rendre au Festival de Cannes. Menacé par le pouvoir, il n'est jamais retourné en Syrie. De son exil en France, il cherche comment rendre compte de ce qui s’y passe en visionnant et rassemblant le plus possible d'images et de vidéos amateurs qui circulent sur Internet, Youtube, Facebook, etc. A partir de ce matériau brut, en montant certaines de ces images, il tente dans le premier tiers du film de rendre compte chronologiquement de ce qui s’est passé réellement, des premières marches pour la liberté aux premiers morts sous les balles du pouvoir, des tortures dans les geôles d'Assad (eh oui, les tortionnaires se filment et diffusent leurs “pratiques“ sur le net!) aux massacres de masses et aux bombardements sur les villes et leurs populations. Ce montage raconte l'histoire récente de la Syrie dans une sorte de journal collectif des victimes et des tueurs, journal qui donne à voir des images souvent filmées au téléphone portable, des images tremblées, bougées, instables, sales, mais lisibles. Des images douloureuses, abjectes, déchirées de cris et de bruits divers. Des images qui vont de la naissance d'un bébé auquel on coupe son cordon ombilical aux images d’enfants a morts, des images d'un jeune homme quasi nu torturé par des hommes en uniformes qui l'humilient en l'obligeant à baiser leurs bottes ou en le violant avec une matraque aux images de quidams tués en direct. Images parfaitement lisibles, mais qui passent fugacement, évitant de flatter tout voyeurisme chez le spectateur. Et pour tenter de respirer un peu, des images parisiennes, gouttes d’eau, pigeons sur un toit, striures d’escaliers roulants… Et sur le défilement de ces images, la voix du cinéaste qui s'interroge sur le cinéma, sur ce qui déclenche le besoin de cinéma et sur l'histoire du cinéma et la manière de dire l’indicible (il évoque un étudiant qui voulait créer un ciné-club après une projection d'Hiroshima mon amour), sur la nécessité de réinventer le cinéma, en utilisant les nouvelles images pour en faire des images justes pour dire la tragédie syrienne. Journal découpé en petits chapitres, journal qui prend parfois des allures de poème (tragique). Dans la deuxième partie du film, la multiplicité des images cueillies sur le Net fait place à des images tournées par une jeune Kurde, Wiam Simav (nom qui veut dire « Eau argentée ») Berdixan dans Homs détruite par le pouvoir. Tenaillée par le besoin urgent de filmer ce qui se passe, cette jeune femme a pris contact avec Mohammed pour lui demander des conseils. Cette deuxième partie est donc une sorte de journal intime de Simav qui filme sa ville détruite, les cadavres arrachés à la rue à l’aide de câbles et de grappins (aller les chercher signifie la mort certaine sous les balles d’un sniper), les chats estro- c t u a Serge Lachat LE PRéSiDENT de Mohsen Makhmalbaf, avec Misha Gomiashvili, Dachi Orvelashvili, (Allemagne, France, Géorgie, Grande-Bretagne, 2014) Ayant quitté l’Iran où ses films étaient interdits ou sévèrement censurés, Mohsen Makhmalbaf mène depuis 10 ans avec sa famille la vie d’un exilé pourchassé (il évoque quatre tentatives d’assassinat), un exilé qui n’a pourtant cessé de tourner en Afghanistan (Kandahar, 2001, sélectionné à Cannes), en Inde, Israël, Tadjikistan… Tourné en Géorgie, Le Président est un conte politique situé dans un pays imaginaire dont le tyran a été renversé. Sa tête mise à prix, c’est déguisé en musicien des rues que l’ex-dictateur, accompagné de son petit-fils de 5 ans, traverse son pays vers un hypothétique salut venu de la mer où un bateau les attend. Ils se retrouvent confrontés à la souffrance et à la haine que le Président a suscitées et ils n’échapperont pas à la Révolution. On pense à la Roumanie des Ceaucescu, à l’Irak de Saddam Hussein, à la Lybie de Kadhafi… La dictature est dénoncée d’abord sur le mode de la farce. Alors qu’il vient de signer l’ordre d’exécution d’un opposant âgé de 16 ans, le Président amuse son petit-fils en allumant et éteignant sur un simple coup de téléphone les lumières de la capitale qui s’étend à leurs pieds… La révolte ayant éclaté, la famille présidentielle fuit l i t é c i n é m a dans sa limousine rallongée vers l’aéroport au milieu des manifestants et des tirs de l’armée. Tous partent sauf le Président qui choisit de rester avec son petit-fils, dans l’espoir de sauver le régime. Mais la révolution triomphe (amusante scène de retournement de veste de la fanfare protocolaire) et il ne leur reste que la fuite dans la clandestinité… Le portrait de la révolution qui s’ensuit est, lui, sombre : les soldats, qui ne sont plus payés, rançonnent et pillent aux checkpoints; la majorité du peuple écrasée par la misère, la prostitution et les violences subies n’est plus qu’une masse haineuse qui réclame vengeance (et la tête du Président et de son petitfils); le discours d’un tenant des “valeurs démocratiques” apparaît complètement isolé… Faut-il porter ce pessimisme au crédit du “réalisme” du cinéaste, qui déclare avoir voulu montrer que “la violence qui préexistait à la révolution se perpétue par la suite, d’une manière ou d’une autre. Et, malheureusement, cela constitue une spirale infernale dans laquelle plusieurs peuples et pays se trouvent piègés, et dont ils sont incapables de s’extraire.” ? On ne peut s’empêcher de trouver problématique cette vue surplombante et “globalisante” (rançon de l’exil pour Makhmalbaf ?) qui s’en tient à une synthèse de situations politiques diverses (Syrie, Iran, Russie, Lybie etc.) qui finalement ne fait pas découvrir grand chose au spectateur, constamment invité à moments, une fable pseudo-brechtienne plutôt bancale et un patchwork stylistique assez laborieux. Christian Bernard iNHERENT ViCE un film de Paul Thomas Anderson, avec Joaquin Phoenix, Josh Reese Brolin, Witherspoon, Owen Wilson, Benicio de Toro… (USA, 2014) Inspiré du livre de Thomas Pinchon, Inherent Vice est un polar noir. Anderson suit suffisamment les codes du genre pour que son film fasse penser à bien des films noirs classiques, surtout au Big Sleep de Hawks, dont l’intrigue est réputée indéchiffrable. Celle du film d’Anderson l’est encore bien plus, entraînant son spectateur dans une histoire à tiroirs, dans des situations qui lui font perdre pied et le confrontant au surgissement incessant de nouveaux personnages qui, à chaque fois que l’histoire semble prendre une direction, la font «Le Président» © Frenetic Films reconnaître du déjà-vu dans les médias. Quant à la forme de conte, portée par le regard de l’enfant qui ne cesse d’interroger son grand-père sur les horreurs côtoyées, elle tire le film vers la rédemption du Président (il jettera son pistolet…) censé renouer avec sa propre humanité. On peine à s’intéresser à cette “prise de conscience” peu crédible. Au total, malgré quelques bons a c t u «Inherent Vice» © Fox Warner bande de motards nazis, aidé par une jeune assistante qui connaît le grec ancien, qu’il croise des prostituées asiatiques, des toxicos plus ou moins atteints, des dentistes (il faut bien soigner les dents des héroïnomanes !) cocaïnés et obsédés sexuels qui semblent avoir mis au point un dispositif d’évasion fiscale par bateau, un bateau qui, par ailleurs sert au trafic de narcotiques… Vous perdez le fil de cette histoire ? Tout est fait pour vous égarer, même la présence d’une narratrice supposée mettre de l’ordre dans cet univers psychédélique (on est dans l’ère Nixon, en 1970) n’est d’aucune aide. Au gré d’une mise en scène brillantissime et incroyablement rythmée, le spectateur est entraîné, même sans avoir consommé aucune substance, dans un trip paranoïaque, mais en même temps euphorique, violent, mais en même temps drôle, porté par une pléiade d’acteurs tous excellents, filmés en gros, voire très gros plans et qui semblent prendre un plaisir communicatif à jouer dans cette reconstitution des années 70 avec leur mot d’ordre « sex, drugs and rock’n’roll » où, sur fond de guerre du Vietnam, tout semble partir en quenouille. Serge Lachat bifurquer vers tout autre chose. En simplifiant beaucoup, on peut dire que l’ex-petite amie du protagoniste Larry Sportello, appelé Doc (est-il médecin comme le laisse supposer le cabinet dans lequel on le voit entrer fréquemment sans qu’il soigne jamais personne ou plutôt « privé » chargé de ramener les adolescentes fugueuses au foyer ?) vient l’appeler à l’aide a parce que le richissime promoteur immobilier dont elle est la maîtresse est menacé d’être interné dans un asile de fous par sa femme et l’amant de celle-ci, moyen pour eux de mettre la main sur sa fortune. A peine a-t-elle demandé de l’aide qu’elle disparaît et que Doc est sérieusement menacé par un flic pourri, puis poursuivi par une l i t LE GRAND MUSéE documentaire de Johannes Holzhausen Au sein du gigantesque bâtiment du musée d’histoire de l’art de Vienne, un microcosme semble foisonner. De la rénovation d’une aile du musée au travail minutieux des restaurateurs, le é 13 c i n é m a 14 documentaire de Johannes Holzhausen explore sous toutes ses coutures les coulisses de l’établissement. Sans commentaire ni interview, Le Grand Musée invite le spectateur à faire un « zoom » sur cet univers à l’occasion du réaménagement de l’institution. A travers un dédale de couloirs et de salles, la caméra oscille entre balayeurs, techniciens, historiens de l’art, gardiens, responsables marketing et restaurateurs, sans chercher à se focaliser sur des individualités. Le documentaire nous montre successivement avec plein d’humour le déplacement de salle en salle d’un employé du musée avec une trottinette, la découverte d’un insecte microscopique dans un tableau de Rembrandt ou des restaurateurs en pleine opération, armés de gants en latex et de pinceaux. Sous cette apparence désordonnée, le documentaire rend visible des réserves fermées au public (le Kunstkammer) et nous guide à travers deux univers qui se superposent. Alors que la nouvelle directrice de l’établissement, Sabine Haag, mène avec ardeur les froides batailles budgétaires lors des conseils d’ad- les gros plans détaillés sur les toiles). A l’émouvant et modeste départ à la retraite du directeur de l’armurerie succède une grande et pompeuse réception pour l’arrivée du président autrichien le jour de l’inauguration du musée. Le documentaire minimise pourtant l’importance de l’événement. Tandis que la caméra filme en contre-plongée les invités attablés dans le hall du musée, elle se désolidarise rapidement de la cérémonie pour balayer d’un long travelling latéral l’expression des visages inertes et silencieux des statues et des tableaux restés à l’ombre des visiteurs. Le documentaire, qui cherche à l’origine à placer les employés sur un pied d’égalité, invite toutefois le spectateur à se distancier de l’implacable logique commerciale et politique et à se laisser guider au milieu de ces œuvres dissimulées. En opposant la dimension artistique et marchande de l’institution, Le Grand Musée témoigne ainsi de la naissance d’une nouvelle génération à travers laquelle l’œuvre d’art hésite entre son statut de marchandise et son appartenance à un héritage historique. Eléonore Beck de ce « Bloody Sunday » pour la première fois montré à la télévision et relayé par les médias qui va « secouer » l’opinion publique américaine, encourager d’autres marches avec des participants blancs (avec aussi l’assassinat par le Ku Klux Klan de Viola Liuzzo, la militante blanche des Droits civiques dans la nuit qui suivit la dernière marche du 25 mars) et pousser le président Johnson à signer le Voting Rights Act… Venue du cinéma documentaire, la réalisatrice Ava DuVernay réussit, dans son film, à faire prendre conscience avec intelligence et sensibilité des difficultés rencontrées par le mouvement de Martin Luther King à la fois dans ses négociations avec le pouvoir à Washington et dans ses rapports avec d’autres mouvances plus extrémistes du côté de ceux qui luttaient pour l’égalité des droits dans une Amérique encore largement raciste. Même si Selma est de facture « académique », n’est pas totalement dénué de manichéisme et succombe même parfois à la caricature (particulièrement des « méchants Blancs »), la réalisatrice évite néanmoins de nombreux pièges du « film à sujet » et reste d’une louable retenue «Le Grand Musée» © Xenix films ministration, des employés débattent sur les nouvelles stratégies marketing à adopter. Réduite à sa valeur marchande, l’œuvre d’art devient objet de consommation. Il s’ensuit alors une véritable joute commerciale (les œuvres peuvent être vendues à la concurrence) où l’œuvre prend également le risque de perdre sa visibilité (des milliers d’œuvres ne peuvent être exposées à l’intérieur du musée). A l’inverse, la fragilité et la complexité du travail de restauration de la maquette d’un navire impérial ou la séparation douloureuse et émouvante pour un vieil homme d’un costume d’époque appartenant à son père restituent aux œuvres toute leur historicité. On passe de la froide distance des restructurations marketing à une proximité émotionnelle et physique avec les œuvres que confère la forme du film (en attestent a «Selma» © Atsushi Nishijima / Pathe films SELMA un film d’Ava DuVernay, avec David Oeylowo, Tom Wilkinson, Carmen Ejogo, Tim Roth, Oprah Winfrey,… (USA, 2014) Selma est d’abord un lieu-dit. Situé juste devant le pont Edmund Pettus, ce lieu a été choisi le 7 mars 1965 par Martin Luther King et 600 de ses partisans comme point de départ d’une marche pacifique qui devait les conduire à Montgomery. Au cours de cette marche, les manifestants ont été attaqués d’une manière particulièrement violente par les forces de « l’ordre » et les rednecks d’en face, encouragés par un shérif fasciste et le gouverneur de l’Etat d’Alabama Georges Wallace. C’est le spectacle c t u a dans l’emploi de la musique et des « effets lacrymogènes ». Elle témoigne par ailleurs d’une finesse indéniable dans son montage des scènes intimes, des scènes politiques et des scènes de violence. Elle montre ainsi un Martin Luther King certes charismatique (véritable prêcheur) et fin politique, mais aussi hésitant sur la conduite à tenir, fragilisé par ses problèmes familiaux et parfois franchement surprenant dans ses choix (lorsqu’il interrompt sur une intuition la deuxième marche au milieu du pont par exemple)… A l’heure où des policiers blancs tuent sans hésitation de jeunes Noirs prétendument en infraction et à l’heure de la résurgence d’un racisme décomplexé, le rappel de ce que fut dans les années soixante la lutte du mouvement non-vio- l i t é c i n é m a lent pour l’égalité des droits est pour le moins bienvenu. Serge Lachat LE HOCkEY, LES éCHECS ET LE BOLCHOï de Gabe Polsky Nul besoin d’être amateur de hockey sur glace pour apprécier le jeu de l’équipe soviétique surnommée « l’Armée rouge ». Rapidité, fluidité, efficacité, le souffle nous manque devant une telle maîtrise, une telle abnégation engagée afin de réaliser des chefs-d’œuvre de jeu à la gloire de l’Union soviétique. «Red Army» © Frenetic Le film Red Army de Gabe Polsky, cinéaste et producteur états-unien d’origine russe, plonge le spectateur dans la grandeur et la désillusion soviétique. Au travers du récit de Viacheslav Fetissov, joueur légendaire du HK CSKA Moscou, club de l’armée emblématique de l’Union soviétique, c’est l’histoire d’un système et d’une utopie dans ses contradictions et ses folies qui est retracée. Le hockey sur glace, ici métaphore d’une idéologie qui veut s’imposer aux autres, représente avec subtilité et pertinence la mise en place d’un objet de propagande mondiale. En effet, en période de guerre froide, la compétition sportive fait office de champ de bataille, où les sportifs remplacent les soldats. Il s’agit de prouver au monde que les idéaux défendus par le système s’imposent par leur supériorité à tous niveaux. Terriblement épuisant, l’entraînement des joueurs réveille stupeur et indignation, mais suscite également admiration et respect face à la créativité et à l’entente hors norme régnant au sein de l’équipe. Le film ne tombe jamais dans une démarche manichéenne, au contraire, il rend à l’histoire sa complexité si essentielle pour un regard concerné par des évé- a c t u nements tant discutés, tant simplifiés. Celle-ci est notamment incarnée par le protagoniste principal, « Slava » Fetissov, qui raconte son histoire avec recul et authenticité, évitant ainsi au spectateur de ne pas mobiliser trop de jugements hâtifs et injustifiés. Le montage très dynamique alternant images d’archive et entretiens créent un puzzle où chaque pièce, chaque fragment, nous permettent d’avancer dans cette épopée héroïque de la grande armée rouge (de hockey). Tout cela ficelé par une musique incarnant les sentiments de l’équipe soviétique, on ne peut pas se perdre, la musique vous guide. Pris par un tourbillon d’images et d’événements, le spectateur le plus ignorant soit-il sur le hockey sur glace, peut devenir supporter inconditionnel des soviétiques. Tout est sportif, tout est preuve de puissance. Tout s’entremêle au service du pouvoir, ici le hockey qui s’inspire des stratégies du jeu d’échecs et des chorégraphies des danseurs du Bolchoï. Harmonie de l’intelligence et de la grâce, qui brille de mille feux pour atteindre une perfection inégalée. Plus qu’un film autour de la guerre froide et du bloc soviétique, il renseigne sur le présent, sur l’actualité de la Russie, héritière de l’échec communiste. Le film est produit par Werner Herzog, avec qui Gabe Polsky avait déjà collaboré pour The Bad Lieutenant : Port of call New Orleans (2009). Ce dernier a co-réalisé The Motel Life (2012) et signe seul Red Army. Lou Perret STiLL ALiCE un film de Richard Glatzer et Wash Westmoreland, avec Julianne Moore, Kirsten Stewart, Alec Baldwin… L’Alice du titre est une femme comblée qui aborde la cinquantaine avec fougue et optimisme : heureusement mariée et mère de trois enfants adultes, elle s’épanouit dans sa carrière de professeur de linguistique à l’Université de Columbia. Seule sa fille cadette qui s’est lancée dans une carrière d’actrice sans avoir passé par les « grandes écoles » semble lui donner quelques soucis. Jusqu’au jour où, dans un cours, elle ne réussit pas à retrouver un mot, ou se met à répéter la même phrase, ou, pire, jusqu’au jour où, effectuant son jogging habituel, elle ne sait plus où elle est. Elle consulte un spécialiste dont le diagnostic est terrible : elle est frappée d’un Alzheimer précoce (et héréditaire, ce qui la culpabilise par rapport à ses enfants potentiellement menacés). Film à « sujet », à sujet « tire-larmes » qui plus est, Still Alice fait redouter le pire. Heureuse surprise, Richard Glatzer et Wash Westmoreland évitent plein de pièges. Aidés par des acteurs, particulièrement Julianne Moore, bien sûr, mais aussi Alec Baldwin, qui jouent tout en retenue, les cinéastes renoncent de leur côté à trop recourir aux images du passé heureux (on ouvre à peine un album de photos, des images super-8 ou «Still Alice» © Frenetic films a l i t é 15 c i n é m a 16 vidéo certes, mais toujours les mêmes), à trop multiplier les scènes racoleuses. Certains reprocheront peut-être au film de se dérouler dans un milieu grand-bourgeois et intellectuel où les problèmes sont exclusivement relationnels (on insiste trop sur le conflit des deux sœurs) et psychologiques (comment affronter sa propre dégénérescence ?). Mais en évacuant ainsi les problèmes matériels, les cinéastes permettent de découvrir comment Alice met en œuvre toutes ses ressources intellectuelles pour tenter de freiner les effets de sa maladie en utilisant son ordinateur portable et son iPhone comme substituts de sa mémoire défaillante. Bien sûr, rien ne permet de faire obstacle à l’évolution de la maladie et l’émotion prend le spectateur à la gorge, mais de manière souvent subtile : ainsi par exemple, Alice, alors qu’elle est encore en forme, s’enregistre sur son ordinateur pour se dicter, lorsqu’elle ne tiendra plus, la marche à suivre pour se suicider. Le moment venu, Alice au bout du rouleau se voit sur l’écran et écoute ses propres consignes, mais les oublie à plusieurs reprises avant d’arriver à la boîte de médicaments voulue ; elle comprend enfin qu’elle doit monter avec son ordinateur jusqu’à la commode où elle a caché ses pilules. Scène particulièrement forte dans son jeu tragicomique et dans le troublant face-à-face entre une Alice encore vaillante et une Alice détruite. Pour louable qu’elle soit, cette représentation « soft » de l’Alzheimer précoce a pourtant le défaut, selon les spécialistes, d’empêcher de prendre la pleine mesure de l’horreur que représente cette maladie à la fois pour le/la malade, mais aussi pour son entourage. Serge Lachat VOYAGE EN CHiNE un film de Zoltàn Mayer, avec Yolande Moreau, Qu Jing Jing, Lin Dong Fu, Liu Ling Zi, Dong Qing, André Wilms… (France, 2014) Liliane, la soixantaine fatiguée, finissant sa vie aux côtés d’un homme attentionné, mais qu’elle ne semble pas vraiment aimer, soignante dans un hôpital, apprend une nuit la mort de leur fils unique dans un accident en Chine où il s’était établi comme photographe. Effondrée, pour pouvoir rapatrier son corps, elle décide de partir seule (elle insiste) dans ce pays où elle n’avait pas eu le courage d’aller du vivant de ce fils. Plongée seule dans Shanghaï, dépendant au début complètement de l’aide d’autrui et malgré les problèmes de langue, elle réussit à gagner le petit village des montagnes du Sichuan où vivait ce fils. Peu à peu, ce voyage de deuil se transforme en découverte de ce fils qu’elle ne connaissait finalement pas si bien et qu’elle n’avait plus revu depuis des années (dans un cahier, elle lui écrit ce qu’elle vit, découvre et ressent comme elle n’avait jamais pu le faire de son vivant), en découverte du cercle d’amis et de la femme avec qui il vivait, en découverte d’un autre monde (elle découvre les rituels funéraires du taoïsme) et finalement en voyage initiatique. La réussite de Zoltàn Mayer dans ce film, c’est qu’il nous donne à voir une Chine à hauteur d’homme (pardon, de femme), loin des clichés et des parcours touristiques. Une Chine accueillante (même dans les dédales administratifs !), bienveillante, presque magique (arrivée dans le village, Liliane se laisse guider par une chanson de «Voyage en Chine» a c t u a Brel et entre dans une cour où des amis fêtent son fils disparu) ! Au contact de ces gens simples, d’une grande générosité (un banquier retraité lui explique qu’il veut redonner ce que la vie lui a généreusement donné), Liliane et nous avec elle découvrons des gens drôles, pudiques, profondément humains. Alors bien sûr on peut reprocher à ce Voyage en Chine d’enjoliver la réalité, d’occulter les problèmes du quotidien chinois, de peindre les femmes trop belles… Mais en même temps pourquoi rechigner devant le regard d’un cinéaste qui croit en la fraternité humaine et en la beauté de notre planète ? Serge Lachat BiG EYES un film de Tim Burton, avec Amy Adams, Christopher Waltz, Terence Stamp… (USA, 2014) Big Eyes s’ouvre sur deux déclarations liminaires : le film raconte une histoire qui s’est vraiment passée et place en exergue une citation d’Andy Wahrhol : « Je pense que ce qu’a fait Keane est formidable ! Si c’était mauvais, il n’y aurait pas tant de gens pour l’aimer ». Deux déclarations qui indiquent immédiatement deux « niveaux » du film de Burton. D’une part, il raconte l’histoire d’une femme, Margaret, qui, à l’ouverture du film, quitte le domicile conjugal avec sa fille de 5-6 ans, s’installe à San Francisco où elle décroche un petit boulot en peignant des images sur des berceaux. On est dans les années 50 et la vie n’est pas facile pour une femme seule avec un enfant. Pour gagner un peu mieux sa vie et celle de sa fille, elle essaie de vendre sur les marchés les portraits d’enfants aux gros yeux qu’elle peint avec tout son cœur. Sans grand succès jusqu’au jour où elle rencontre un baratineur qui se prétend lui aussi peintre et qui essaie de vendre des vues de Paris où il prétend avoir étudié aux Beaux-Arts. Walter séduit Margaret en moins de temps qu’il faut pour le dire en lui affirmant qu’elle a du talent, mais qu’elle ne sait pas se vendre. Ayant fait un scandale en se battant avec un patron de bar qui avait accepté d’exposer les tableaux du couple dans le couloir menant aux toilettes, il découvre que la une des journaux confère une célébrité instantanée, et il comprend immédiatement que cette célébrité fait vendre et que le succès artistique se construit sur des « événements » et sur un storytelling émouvant (les grands yeux seraient le souvenir des yeux des l i t é c i n é m a «Big Eyes» avec Amy Adams (Margaret) © Ascot-Elite enfants dans Berlin détruit en 1949 …) ! Très vite, les tableaux d’enfants aux yeux écarquillés vont se vendre, comme vont se vendre encore mieux les posters que Walter en fait tirer. Mieux, après avoir épousé Margaret, il la persuade de lui laisser signer de son nom à lui (Keane) ses œuvres qui remportent un succès phénoménal, malgré la critique des connaisseurs. Le couple s’enfonce dans le mensonge (Margaret découvre que Walter n’est que mensonge !) en même temps qu’il accumule tous les signes de richesse. Jusqu’au jour où, après le scandale provoqué par le choix sans concours d’une de « ses » œuvres pour le pavillon de l’UNICEF à la New York World's Fair de 1964, Margaret ne tiendra plus et criera la vérité après avoir fui avec sa fille à Hawaï où elle devient Témoin de Jéhovah. Walter la poursuivra, essaiera de lui faire un pro- cès, le perdra avant de finir misérablement, alors que Margaret récupérera une partie de sa fortune et peindra jusqu’à la fin de ses jours. Mais bien sûr, derrière ce drame conjugal et cette escroquerie, ce qui intéresse Tim Burton, c’est de dénoncer un milieu artistique qui fonctionne selon les lois du marché. Du supermarché, faudrait-il dire, puisque le cinéaste montre Margaret faisant ses courses et prenant une boîte de soupe Campbell (allusion aux Campbell Soup Cans peints par Wahrhol en 1962, Wahrhol à qui l’on doit la remarque liminaire évoquée plus haut). Burton est trop malin pour se lancer dans un débat sur la nature de l’art et sur ce qui fait la vraie valeur artistique d’une œuvre, mais il dénonce dans son film les dysfonctionnements du marché de l’art qui fonctionne sur du vent et selon des recettes publicitaires (plus c’est gros, plus ça marche ! C’est pour cela que Christopher Waltz surjoue en permanence). Significativement, l’effondrement des prix des œuvres de Margaret est moins dû au jugement « intransigeant » porté par le critique d’art intransigeant qu’incarne Terence Stamp qu’à la découverte de la supercherie et de la signature usurpée. 17 Serge Lachat WWW.BONLIEU-ANNECY.COM T. 04 50 33 44 11 COUP SERGE & PAUL ALAIN FATAL KAKUDJI KERSTENS PLATEL MAR.5 MAI LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES MICHEL HOUELLEBECQ JULIEN GOSSELIN MAR.12 | MER.13 MAI ©John Hogg ©Angélica Liddell MAR.28 | MER.29 AVR. 2015 EXTRAIT DE PROGRAMMATION SOLO ROBERTO FONSECA JEU.21 MAI ©Tomas MIna Luces MAR.28 | MER.29 AVR. VEN.3 | SAM.4 | MAR.7 | MER.8 AVR. CELUI QUI TOMBE YOANN BOURGEOIS ©Simon Gosselin CHUT FANNY DE CHAILLÉ CARTA DE SAN PABLO A LOS CORINTIOS ANGÉLICA LIDDELL ©Chris Van Der Burght MAR.7 | MER.8 | JEU.9 AVR. ©Marc Domage LES MARCHANDS JOËL POMMERAT ©Elizabeth Carecchio 14 • 15 o p é r entretien avec christof loy, metteur en scène Mais qui est donc Médée ? Christof Loy est un metteur en scène très présent en Suisse en ce début d'année. Après une remarquable Daphné de Richard Strauss à Bâle en février dernier, il est à Genève pour signer la réalisation scénique de Medea de Cherubini. Avant les vacances d'été, il sera enfin à l'Opéra de Zurich pour de très attendus I Capuleti e i Montecchi de Bellini avec Joyce di Donato et Anita Hertig dans les rôles principaux. 18 Dans la version italienne de l'opéra de Cherubini que le Grand Théâtre a préférée à la mouture française avec passages parlés, le metteur en scène voit une des partitions musicales les plus fascinantes de son temps. D'une part, par la structure formelle de ses ensembles et de ses airs, l'ouvrage rappelle les grandes architectures classiques chères à Gluck; de l'autre, l'écriture de l'accompagnement instrumental, avec ses nombreuses formules heurtées et ses audacieuses ruptures dans les extraordinaires scènes où l'héroïne laisse parler sa fureur, annonce Beethoven, voire le Weber du Freischütz et les grandes réussites postérieures du romantisme allemand. L'impression est à vrai dire encore renforcée par l'utilisation à Genève des récitatifs composés au milieu du 19e siècle par Franz Lachner pour une série de représentations à Francfort-sur-le-Main en lieu et place de l'original français. Ma première question porte précisément sur ce choix, qui fera grincer les dents de plus d'un amateur de la première version rédigée dans la langue de Corneille car, selon eux, c'est la seule qui soit capable de rendre justice au projet musical initial ambitieux du compositeur. N'est-il pas frustrant pour un metteur en scène de se voir privé de passages parlés où ses possibilités de maîtriser à sa guise le temps dramatique sont nettement plus variées ? Pour moi, ce n'est pas le cas. Depuis que j'ai commencé à travailler pour le théâtre, l'opéra a e a Il faut être clair : ce sont ces récitatifs qui ont permis à Médée de retrouver sa place dans le répertoire lyrique actuel. Sans Maria Callas (et Franz Lachner!), il est fort probable que les occasions de rencontrer ce chef-d'œuvre seraient encore plus rares qu'aujourd'hui. Par ailleurs, les passages parlés dans la version originale sont écrits en alexandrins. Ces vers ont une musicalité propre qu'il est très difficile de servir correctement pour un interprète étranger quand il maîtrise imparfaitement la langue française. Or, les chanteurs français capables d'aborder actuellement ce répertoire ne sont pas légion. Vaut-il alors la peine, au nom d'une hypothétique fidélité à l'original, de faire débiter des vers par des interprètes qui ne peuvent les faire vivre de l'intérieur, faute d'une connaissance suffisamment subtile de la prosodie française ? Le récitatif a l'avantage d'imposer une direction claire à la pensée qui s'exprime, même lorsque l'interprète ne maîtrise pas l'italien, en l'occurrence. Cela facilite pour moi le choix du geste dramatique efficace et la mise en place d'une chorégraphie des mouvements qui corrobore l'influx musical. il y a pourtant rupture dans le discours musical quand on entend la façon dont Lachner a utilisé le récitatif. Christof Loy © Eduard Straub été mon principal champ d'action et je ne me suis jamais senti limité par le temps qu'impose au responsable de la scène le flux de la musique dicté par le chef d'orchestre et, plus généralement, par la partition. Que représente alors, dans l'organisation de votre travail, l'irruption de passages abordés sur le mode du récitatif accompagné écrit dans un style qui se rapproche des grands ouvrages romantiques qu'un siècle et demi sépare de l'écriture de Médée ? n t r e Certes, mais c'est aussi ce qui fait le prix de son travail. Les airs et ensembles sont fortement marquées au sceau de l'écriture lyrique propre à la fin du 18e siècle, alors que l'orchestration de Cherubini, notamment dans l'extraordinaire final, annonce déjà les bouleversements harmoniques chers aux grands auteurs du 19e. L'auteur du récitatif fait le joint entre ces deux univers et permet d'unifier un discours qui n'est pas sans ambivalence dans sa forme première déjà. Ici, à Genève, je tiens à ce que le public sente ces différences de niveau dans le discours. Ces 'clashes' sont comme autant de hiatus qui mettent à jour les personnalités complexes des personnages qui ne se laissent pas définir par une étiquette d'une parfaite limpidité de sens. Pour vous, qui est donc Médée ? Une sorcière ? une femme aimante ? une mère éplorée ? une furie aux pulsions assassines ? Il n'y a pas de réponse à pareille question. Lorsque j'ai pris contact avec Jennifer Larmore t i e n o p é r a (qui sera Médée sur les planches genevoises), j'ai échangé bon nombre de courriels avec elle pour discuter de la conception qu'elle se faisait du rôle. Et j'ai remarqué d'énormes différences entre nos deux approches. Car une phrase revenait systématiquement sous ses doigts : elle tenait avant tout à rendre le personnage de Médée aussi antipathique que possible. Or pour moi, Médée n'est pas un personnage rebutant ; elle est victime autant que bourreau et ne maîtrise aucunement la partition que le destin lui fait jouer. Je fais en conséquence tout mon possible pour convaincre l'interprète de mon point de vue en comparant l'héroïne de Cherubini à la Phèdre de Racine qui se voit comme une victime des caprices de Venus (“C'est Vénus tout entière à sa proie attachée“, dit-elle d'ellemême lorsqu'elle peine à comprendre les sentiments qui l'assaillent). Médée ne veut donc pas le mal. Elle se sent habitée par une force qui la dépasse et l'oblige à faire ce que sa raison ou son cœur réprouvent. Lorsqu'elle supplie par exemple Créon de lui accorder un répit en l'autorisant à rester à Corinthe ne serait-ce qu'un jour de plus, elle ne procède pas à un vil calcul mais semble réellement prête à tous les sacrifices, comme le suggère la musique d'une admirable éloquence que le compositeur lui réserve en ce moment précis. Je veux alors la montrer comme un être d'une totale sincérité, non comme un esprit machiavélique. Médée, c'est quelqu'un qui se cherche et ne découvre qu'un point noir et flou en son centre. D'où ses interminables atermoiements, ses retours en arrière et ses brusques accès de rage destructrice lorsqu'elle perd la maîtrise de son esprit. passé. Mais plus il tente de convaincre Glauce de l'honnêteté de son projet matrimonial, plus il s'enferre dans une système d'affirmations qui peinent à convaincre. Cherubini se montre, dans le premier air de Jason, d'une incroyable modernité de pensée lorsqu'il fait répéter toujours le même texte au chanteur, car il dévoile jusqu'à l'absurde l'impossibilité où se trouve le personnage de sortir d'un mode de pensée qui le paralyse et rend son plaidoyer toujours plus superficiel... Quant à Glauce, elle est une très jeune femme et je suis persuadé que si elle avait eu cinq ans de plus au moment où commence l'opéra, elle se serait opposée elle-même aux projets matrimoniaux de son père et de Jason car elle en aurait compris les véritable enjeux! On le voit : tous les personnages ont des personnalités fracturées au point qu'ils ne peuvent atteindre un équilibre satisfaisant entre raison et pulsion. Comment comptez-vous rendre visibles ces ruptures ? Cela commencera par le décor qu'a conçu Herbert Murauer. Il y joue avec le bois, mais mêle à des ornements classiques divers éléments qui annoncent l'irruption d'une sensibilité nouvelle à la conception d'un décor de théâtre. D'une nature domestiquée et rendue agréable à l'œil telle qu'on la découvrait dans la peinture galante du 18e siècle, on passe à un univers plus sauvage, plus menaçant. Les comportements Diriez-vous la même chose des autres personnages ? Certainement. Jason n'est plus l'aventurier sans peur et sans reproche parti hardiment à la conquête de la Toison d'or que la légende s'est plu à décrire longuement mais un homme dont la vie privée est ébranlée. Il a aimé Médée, il aime maintenant Glauce et ne sait comment se débarrasser de son premier amour qui lui rappelle les heures troubles de son e n GTG-Marko Letonja by Tanja Niemann des personnages doivent eux aussi rendre visibles ces alternances dans le sentiment. Dans le travail quotidien effectué avec les chanteurs, nous reprenons sans cesse tel ou tel moment de l'œuvre, rajoutons une coupure ou en supprimons une autre selon que la nouvelle 'version' nous paraît plus apte à souligner les cassures intérieures dont nous parlions plus tôt. A ce titre il ne serait pas erroné de parler de cette mise en scène comme d'une sorte de projet artistique en devenir ('workshop in progress') dont les diverses composantes évoluent au fur et à mesure que l'ensemble prend forme. C'est souvent en arrivant au terme d'une scène que nous découvrons, dans ces débuts, des motifs dramatiques que nous avons négligés de mettre en exergue, comme s'ils étaient de seconde importance. Il s'agit alors de reprendre le travail pour corriger le tir! De même, les interactions musicales entre les moments de réflexion et les affrontements plus directs ne se révèlent pas à première lecture. Mais lorsqu'il s'incarne dans une forme scénique, le relief dramatique des personnages dépeints par la musique gagne en subtilité ou même en ambiguïté. Vous me demandiez : qui est Médée ? Je vous répondrai que je le sais de moins en moins au fur et à mesure que le spectacle prend forme; et je suis même persuadé que Cherubini lui-même, dans sa musique du moins, n'aurait su apporter un réponse claire à pareille demande!... Propos recueillis par Eric Pousaz Médée au Grand Théâtre les 9, 12, 15 18, 21 & 24 avril dir. Marko Letonja, Orchestre de la Suisse Romande, m.e.s. Christof Loy. Grand Théâtre à 19h30, le 12 à 15h (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) Jennifer Larmore. Crédit Audra Melton t r e t i e n 19 o p é r a à lausanne Solaris au Théâtre des Chanmps-Elysées Solaris L’opéra Solaris est né d’une série de rencontres : entre un compositeur, Dai Fujikura, un librettiste tout autant chorégraphe et metteur en scène, Saburo Teshigawara, et un sujet tiré d’un roman, lui-même objet de réalisations cinématographiques. 20 Le roman Solaris (« ensoleillé » en latin), fut écrit en 1961 par l’auteur polonais Stanislaw Lem. Il traite, sous forme de science fiction, d’une planète, Solaris, où les êtres ne sont parfois qu’apparence. Ainsi du personnage féminin central, réincarnation en forme d’image d’un être disparu. Une façon d’interrogation sur l’existence et son essence, comme aurait dit Sartre, sertie d’un décorum de science fiction propice à l’imagination. Et c’est ainsi que l’ont conçu les cinéastes Andreï Tarkovski, puis plus récemment Steven Soderbergh, pour des films au succès mondial. Comme l’explique lui-même Fujikura, l’idée première de son opéra, de son « espaceopéra », a germé il y a six ans. C’est alors qu’il s’entretint du projet avec son ami Teshigawara. Le projet se conforte rapidement d’une commande de l’Ensemble Intercontemporain. Et dès lors, les choses se mettent en place. Teshigawara écrit le livret, d’un seul jet, en japonais. Et Fujikura s’attelle à en faire une tra- duction en anglais, tout en tenant compte de la prosodie qu’il souhaite. À la suite vont de pair composition musicale et composition scénique, l’une rejaillissant sur l’autre, à deux voix. L’entente, à en croire les deux protagonistes, fut parfaite. Émerge ainsi une conception globale, qui veut que les personnages soient dédoublés, un chanteur doublé d’un danseur ; dans l’esprit aussi de cette trame qui joue sur le double. Il y a aussi une référence architecturale, voire à un certain théâtre de marionnettes traditionnel japonais, le bunraku. Une déclinaison de la question du double, de l’absurde, qui ne serait pas si éloignée du théâtre de Beckett. Pierre-René Serna Opéra de Lausanne, le 24 à 20h, le 26 à 15h Dir. Erik Nielsen, Ensemble intercontemporain, m.e.s. Saburo Teshigawara. (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) La création de Solaris revient au Théâtre des Champs-Élysées, à Paris, avant une reprise à l’Opéra de Lille puis à l’Opéra de Lausanne. Cet opéra dû à deux Japonais, mais à destination d’un public européen, s’affirme comme une franche réussite. Musicalement, tout d’abord. Sous le patronage de l’Ensemble Intercontemporain et de l’Ircam (pour un subtil traitement électroacoustique), on pouvait craindre une musique complexe, certes, mais quelque peu rébarbative. Que nenni ! C’est une sonorité chatoyante, enveloppante, qui se dégage des quatorze instruments de la fosse, de leurs échos dans le chant du plateau et sa répercussion électronique dans la salle même. Une « musique en 3D » ! à l’instar de certaines images projetées sur scène (pour lesquelles invite est faite de chausser des lunettes « 3D »). Le chant tient certes de la déclamation, qui pourrait rendre l’ensemble lancinant. Mais l’écueil est évité. Par une variété des interventions vocales, mais aussi par l’animation du plateau. En regard de chanteurs plantés droits et statiques à l’avant ou l’arrière-plan, leur double dansé s’agite de manière incessante dans une expression qui donne alors tout son relief au dire chanté. La scène est pourtant réduite à un simple cadrage, presque à sa simple expression : une boîte immaculée, violemment éclairée et propice aux ébats animés ou aux poses statuaires. Mais c’est ainsi que le charme opère. Saluons les participants de cette réussite. À commencer par les chanteurs, tous excellents bien que sonorisés (électroacoustique oblige), et en particulier Sarah Tynan dans le rôle principal bien lancé de Hari (l’héroïne à l’image douteuse). Excellents tout autant les danseurs. Et les instrumentistes, sous la direction d’Erik Nielsen. P.-R. S. «Solaris» © Vincent Pontet a c t u a l i t é o p é r a à madrid Création mondiale de El Público Le Teatro Real, l’Opéra de Madrid, réserve toujours une programmation des plus originales. C’est ainsi que quasiment chaque saison fait une place à la création contemporaine. Cette fois : El Público, commande (du temps de Gerard Mortier et désormais dédié à sa mémoire) au compositeur Mauricio Sotelo, d’après García Lorca, et une attachante production. La pièce théâtrale de Lorca fut écrite vers 1930, peu de temps avant la disparition de l’écrivain. Mais elle devait rester dans les cartons, et ce n’est que 56 ans plus tard que l’œuvre fut créée à la scène. La pièce est une sorte d’allégorie du monde théâtral, à la fois surréaliste et hallucinatoire, imprégnée des fantasmes propres à son auteur, dont les travestissements (d’homme en femme) et l’homosexualité. Une trame, ou plutôt une absence de trame, qui se prête d’autant à un traitement musical. Aidé du librettiste Andrés Ibañez, le compositeur Mauricio Sotelo (né en 1961) l’a bien compris, qui dans sa musique pratique aussi le mélange foisonnant des genres. C’est ainsi qu’une écriture savante dans l’héritage postsériel, se complète de références appuyées à des musiques traditionnelles, avec force percussions et traitement dans le style flamenco (qui appartient tant à l’univers de Lorca). Cela aurait pu verser dans le disparate, mais la sauce prend. Et mieux, l’œuvre sait réserver des surprises tout en sachant se renouveler ; comme lors d’une seconde partie, avec l’apparition du chœur (le public en question, muet jusque-là) et l’éclatement de la musique dans la salle elle-même. Une réussite, dans le cadre si parcimonieux en l’espèce de l’opéra contemporain. Il est vrai que la restitution au Teatro Real y participe pleinement. Robert Castro conçoit une mise en scène ébouriffée, qui joue de tra- a c t u reconnus de ce répertoire (les chanteurs Arcángel et Jesús Méndez, et le danseur Rubén Olmo) tout à leur aise sur une scène lyrique. Thomas Tatzl, Josep Miquel Ramón et l’éblouissante soprano Gun-Brit Barkmin leur donnent la contrepartie du chant savant, mais qui en l’espèce n’est pas pris à rebrousse-chant. Les uns et les autres discrètement sonorisés, pour se fondre dans le traitement général électroacoustique. Le Chœur titulaire du Teatro Real se révèle parfait dans ses interventions d’ensemble, comme pour des parties solistes ou en petite formation qui lui sont dévolues (et pour leur part, sans aucune sonorisation). Excellent tout autant, le guitariste flamenco Juan Manuel Cañizares. Les vingtquatre instrumentistes du Klangforum Wien, cosmopolite formation spécialisée dans la musique contemporaine qui fait le déplacement à Madrid, s’avèrent d’une efficacité redoutable sous la battue méticuleuse de Pablo Heras-Casado, étoile montante de la direction d’orchestre internationale. Fantoches «El Publico» © Javier del Real vestissements et de travestis, de masques et d’archétypes : une façon de commedia dell’arte revue par Dalí et Pedro Almodóvar. S’ajoutent des chorégraphies, contemporaines ou flamenco, qui donnent une vie de chaque instant. Entre des lumières changeantes et des décors abstraits mais évocateurs, le résultat esthétique est indéniable. Les chanteurs et personnages se partagent en deux catégories : des interprètes traditionnels au monde de l’opéra, et d’autres issus du flamenco. Parmi ces derniers, des noms a l i t Une autre production lyrique emprunte à Madrid des sentiers inédits : Fantochines (les Fantoches). Il s’agit d’un opéra de chambre, ou une petite zarzuela, écrit en 1923 par Conrado del Campo (1878-1953), compositeur glorifié en son temps et hors de son pays (par Honegger par exemple). Donné à l’auditorium de la Fondation Juan March, mais sous l’égide du Teatro de la Zarzuela, l’ouvrage surprend ; de par sa complexe écriture musicale, qui pourrait faire penser à du Mahler teinté des audaces d’un Stravinsky. Pour ce marivaudage à trois personnages, Tomás Muñoz plante une délicate action scénique, entre marionnettes grandeur nature et jeu virevoltant. Sonia de Munck, Borja Quiza et Fabio barrutia s’acquittent avec bagout de leurs exigeantes parties vocales. Les huit instrumentistes (orchestration originale) issus de l’Orchestre de la Communauté de Madrid, sonnent à ravir sous la direction de José Antonio Montaño. Pierre-René Serna é 21 o p é r a fin d’hiver à la scala A la recherche de la beauté perdue Le Milanais aime qu'on lui serve ses ouvrages lyriques dans un bel emballage et n'a cure des relectures hasardeuses typiques de certaines productions d'outre-Rhin. Les mises en scène régulièrement mises à l'affiche au Teatro alla Scala frappent toujours par la beauté de leurs décors et de leurs costumes et par l'atmosphère de suprême esthétisme qui les caractérisent. Si l'œil est régulièrement à la fête, il faut pourtant bien admettre que la musique passe parfois au second plan car elle se mue alors en fond sonore greffé sur une galerie d'images grandioses... Les trois spectacles récemment mis à l'affiche illustrent parfaitement les qualités et les limites d'un tel art de la transposition scénique. 22 servent de cadre idéal à l'incroyable degré de sophistication auquel atteint une musique qui ne se dissocie pas du texte qu'elle habille, ils enferment néanmoins le livret dans un carcan interprétatif dont certaines scènes se passeraient volonLe couronnement de Poppée La reprise de cette mise en scène parisienne tiers. On pense à la scène de réjouissance que montée par Robert Wilson en juin passé au Palais Néron organise après le suicide ordonné de Garnier mettait en fait un point final à la trilogie Sénèque : les déplacements calculés au millimètre des deux joyeux compères qui s'enivrent pour fêter l'occasion ne créent pas la surprise et s'inscrivent sans rupture dans le contexte de la danse funèbre sur laquelle se déroule le bain tragique du philosophe. De même, les adieux d'Octavie ne semblent-ils pas très différents, par leur atmosphère retenue, de la scène finale où le couronnement de Poppée se déroule sur un plateau quasi vide avec deux «Le Couronnement de Poppée» © Lucie Jansch / Scala de Milan acteurs qui ne se regardent monteverdienne que l'artiste américain a montée même pas. Pourtant, il est indéniable que le charsur les planche de la Scala après L'Orfeo en 2009 me opère et que ces plus de trois heures de et Le Retour d'Ulysse en 2011. La beauté plas- musique passent la rampe sans jamais lasser l'autique de ces véritables happenings scéniques diteur. L'utilisation parcimonieuse de quelques empreints de hiératisme reste bien sûr la même éléments décoratifs d'une somptuosité soufflante, au fil des spectacles et, dans le cas de ce nouveau comme cet if déraciné qui accompagne la mort Couronnement de Poppée, enthousiasme tou- de Sénèque, les grandioses éclairages en contrejours les inconditionnels de ce type de stylisation jour qui laissent dans l'ombre le visage des chanautant qu'elle irrite les partisans d'une représenta- teurs alors que leurs visages sont baignés d'une tion plus sensible aux diverses atmosphères lueur blafarde grâce à la parfaite maîtrise dont musicales que recèle cette partition miraculeuse. font preuve les éclairagistes suiveurs et une vériSi les costumes élisabéthains, chargés de souli- table mise en mouvement chorégraphiée des gner la dimension shakespearienne du sujet, et la colonnes et des arbres qui surgissent des coulisgestuelle quasi chorégraphique des chanteurs, ses pour habiller la scène donnent à ce spectacle a c t u a une touche de magie qu'on n'est pas prêt d'oublier. La direction de Rinaldo Alessandrini se met au diapason de la mise en scène et refuse toute emphase inutile au point qu'elle tombe parfois dans la monotonie par excès de rigorisme musicologique. Mais le texte, toujours parfaitement audible malgré l'immensité de l'auditorium, suffit à maintenir vive une tension qui ne se relâche jamais. Miah Persson, une Poppea aux épanchements sensuels et aux accès de colère d'autant plus ravageurs qu'ils sont retenus à l'extrême domine comme il se doit le Nerone vocalement plus effacé de Leonardo Cortellazzi. Monica Bacelli prête son timbre sombre et vibrant à une Ottavia dont la grandeur tragique trouve un subtil écho dans le Seneca aux graves puissants d'Andrea Concetti. Sara Mingardo déçoit par contre avec son Ottone qui manque de tempérament dramatique dans la scène finale des aveux. L'importante distribution des rôles secondaires, la désopilante Arnalta d'Adriana di Paola et la nourrice travestie de Giuseppe di Vittorio en tête, sont irréprochables et transforment chacune de leur scène, quelque brève qu'elle soit, en une pièce essentiel du puzzle tragique que construit patiemment le génie destructeur du tyran en devenir. (Représentation du 27 février) Lucio Silla Changement radical d'atmosphère avec ce Lucio Silla de Mozart importé directement du Festival de Salzbourg. Les décors, grandioses, évoquent ces gravures surchargées du XVIIIe siècle qui permettaient de se faire de l'Antiquité une image fortement idéalisée, peuplée de bergers enrubannés, d'amoureuses pâmées et de tyrans au grand cœur. D'énormes toiles peintes et quelques praticables vont et viennent sans bruit sur le plateau mais ne donnent pas vraiment à comprendre les enjeux des passions qui habitent les personnages et que la musique du jeune Mozart dépeint avec un art consommé du détail révélateur. Il faut dire que le livret ne se distingue pas par sa richesse dramatique : dès le départ, les jeux sont faits et la psychologie des personnages n'évoluent guère jusqu'au divertissement final où Silla décide de pardonner à ceux qu'il considérait comme des gêneurs dans un acte grandiose de grâce générale qui paraît bien surprenant. Mais le metteur en scène et chorégraphe Marshall Pynkoski n'a vraiment rien à dire sur ce sujet dont il ne sollicite pas assez les rares ressorts dramatiques. Il se contente de faire esquisser divers pas de danse aux chanteurs et enrichit les ensembles choraux et autres intermèdes instrumentaux d'exercices dansés gracieux et légèrement ridicu- l i t é o p é r a anciens habitués du Mehta des grands soirs, l'orchestre et les chœurs théâtre. Son pire crime : du théâtre milanais rappellent une fois de plus avoir purement et sim- qu'ils n'ont pas de rivaux dans ce type de plement supprimé le bal- musique: la cohésion des voix et la beauté de let dans la scène de tri- chaque registre dans les chœurs, les textures omphe (en parfait accord instrumentales diaphanes des cordes dans l'acte du reste avec le chef du Nil ou l'éclat des trompettes dans les scènes Zubin Mehta qui avoue d'ensemble font littéralement courir le frisson que cet intermède choré- dans la salle et justifient amplement que l'on se graphique paralyse la rende à Milan pour entendre cette musique jouée «Le Couronnement de Poppée» avec Marianne Crebassa et Inga Kalna © Scala de Milan progression du final au comme il se doit. Les voix, par contre, allient le les qui ont un petit air de déjà-vu. Ces plus de lieu d'en rehausser l'efficacité théâtrale)! Plus pire et le meilleur. Dans la première catégorie trois heures et demie de musique paraissent au grave me paraît pourtant l'absence totale d'idée tombe malheureusement le Ramfis catastrofinal bien longues et il ne vient à personne l'idée directrice, comme si le spectateur n'avait qu'à se phique de Matti Salminen qui devrait songer à de regretter les nombreuses coupures sauvages contenter d'admirer les magnifiques décors abandonner au plus vite les emplois verdiens tant dont a notamment été victime le personnage conçus par Ferdinand Wogerbauer. Or si Verdi son timbre le lâche dans les moments les plus d'Aufidio, tout simplement rayé de la distribu- s'intéresse réellement au drame du trio tragique exposés. Il fut d'ailleurs conspué par le public, au tion!... La troupe réunie pour l'occasion est domi- formé d'Amneris, Aida et Radamès, il est non même titre que l'Aida raffinée mais trop faible de née haut-la-main par le Cecilio de Marianne moins soucieux de mettre en évidence la respon- timbre de Kristin Lewis qui, vu son jeune âge, Crebassa : voix pleine et puissante, aigus impé- sabilité du pouvoir politique et de la religion dans devrait laisser mûrir son interprétation dans des rieux, ligne de chant suprême de maîtrise et d'é- l'écrasement des passions qui vont conduire ce théâtres moins prestigieux. Fabio Sartori, un Radamès aux aigus éclalégance ... tout concourt à faire de ce personnage trio à la mort. Or cet aspect n'apparaît pas dans le le pivot dramatique de l'ouvrage. Kresimir travail scénique concocté par Peter Stein, où tout tants et au profil vocal d'une fermeté admirable, Spicer, qui alterne avec Rolando Villazon dans le se déroule comme cela s'est toujours fait sur les et Anita Rachvelishvili, une Amneris grandiose à rôle titre, a plus de peine à rendre crédible ce per- scènes traditionnalistes. Il faut attendre les toutes la vocalité opulente, se rangent, eux, sans contessonnage qui passe d'un éclat de colère à un autre dernières minutes de l'opésans motivation psychologique digne de ce nom: ra pour découvrir le seul au jeu scénique inutilement agité correspond un élément neuf apporté au chant heurté, parfois en difficulté avec la justes- spectacle par le metteur en se, mais tout de même suffisamment riche en scène allemand lorsqu'il inflexions pour faire exister le personnage sur ce demande à Amneris de se plateau écrasé par ses imposantes toiles peintes. couper les veines sur le Le rôle d'une difficulté d'exécution diabolique de tombeau des deux amants Giunia est confié à la voix superbe d'aisance de enterrés vivants... Mais il Lenneke Ruiten; son seul défaut est de paraître faut bien reconnaître qu'une constamment à son point de rupture... Excellente telle approche reste parfaiInga Kalna dans le rôle travesti de Lucio Cinna et tement valable dans un Celia primesautière de Giulia Semenzato. Ce pays où Verdi fait partie du spectacle marquait les débuts milanais de Marc patrimoine commun et où Minkowski : sa direction énergique, son souci de chaque Italien rêve de voir contrastes dynamiques, son sens imparable des ses opéras représentés «Aida» avec Kristin Lewis et Anita Rachvelishvili © Scala de Milan alliages de timbres des instruments solos (notam- comme le compositeur a pu ment dans l'inoubliable dernier air de Silla l'imaginer à l'époque de leur création. Il y a donc te dans la seconde catégorie et sont fêtés par un accompagné d'un magistral trio instrumental beaucoup de défilés dans la scène du triomphe, public en délire à la fin de la représentation. formé d'un hautbois, un cor et un basson) lui ont quelques mouvements de danse dans la scène de George Gagnidze se contente de quelques belles valu une ovation méritée en plein spectacle, la consécration de l'épée ou dans la chambre envolées en Amonasro, un personnage qu'il ne comme les Milanais aiment les offrir aux artistes d'Amneris qui se prépare à recevoir l'être aimé de parvient pas à rendre intéressant, - mais il faut qu'ils adoptent sans réserve. (Représentation du retour en triomphateur. Conçue pour durer des bien dire que Verdi ne s'est pas vraiment soucié années, cette version permettra de nombreux d'en faire un rôle marquant; il complète néan28 février) changements de distribution sans souffrir des moins avec efficacité un ensemble de solistes personnalités diverses qui seront amenées à s'y inégaux qui n'ont pas tous su rallier les suffrages Aida Après les déluges décoratifs de l'Aida mon- produire. Peut-on finalement demander autre du nombreux public accouru à cette matinée tée par Franco Zeffirelli en décembre 2006 pour chose à un théâtre de répertoire lorsqu'il s'agit de lyrique dominicale. (Représentation du 1er mars) Roberto Alagna et Violeta Urmana, Peter Stein proposer une nouvelle version d'un de ses cheEric Pousaz propose du drame égyptien de Verdi une vision vaux de bataille les plus prestigieux ? chambriste qui n'a pas eu l'heur de plaire aux Dirigés avec fougue et subtilité par un Zubin a c t u a l i t é 23 o p é r a richesse de nuances dont leurs nombreuses interventions sont pourvues alors que Rollando Villazon exploite, lui, sans retenue aucune les possibilités devenues bien restreintes d'un timbre d'une rare laideur, le tout s'accompagnant d'un jeu scénique qui frise les tics du théâtre de Grand-Guignol. (Représentation du 11 février) à berlin De Macbeth à Lady Macbeth Le Staatsoper affichait un Macbeth réunissant Placido Domingo dans le rôle-titre et René Pape en Banquo, tandis que le Deutsche Oper proposait, entre autres, le Barbier de Séville imaginé par katharina Thalbach, ainsi qu’une Lady Macbeth de Mzensk avec la katerina vibrante d’Evelyn Hertzlizius. Staatsoper : Domingo en Macbeth, son 145e rôle 24 Depuis qu'il s'est réapproprié le répertoire de baryton, Placido Domingo ne connaît plus de frein. Avec le Macbeth de Verdi, cet Everest du répertoire italien réservé aux voix corsées, le ténor espagnol aborde son cent-quarante-cinquième rôle, si l'on en croit son site Internet officiel. Malgré les réserves critiques d'usage lorsqu'il s'agit de juger un ténor s'attaquant à un grand rôle de baryton, il faut bien admettre que le chanteur s'avère très à l'aise dans cet emploi. La voix reste bien sûr très (trop?) claire, mais pourquoi ne devrait-elle pas l'être, à partir du moment où le spectateur n'est pas trompé sur la prestation offerte lorsqu'il est prêt à payer sa place plus de 300 Euros pour entendre son divo préféré ? Le passage des ans se fait sentir dans un certain essoufflement, sensible par exemple lorsque le cantabile exigerait des phrases très longues sur le souffle, ce que le chanteur ne peut plus offrir à plus de soixante-quatorze ans. De même, la puissance se restreint, phénomène particulièrement dommageable aux grands ensembles qui terminent les deux premiers actes où l'artiste devient soudain inaudible car il se trouve en compétition avec presque l'ensemble de la distribution, le chœur et un orchestre peu enclin à la demi-mesure sous la direction à la “teutonne“ de Daniel Barenboïm. Mais quel punch ! quel charisme ! lorsqu'il est en scène, on ne voit et n'entend que lui tant la qualité du timbre et la souplesse de l'intonation paraissent intactes. Le reste de la distribution ne manquait néanmoins pas de points forts, à commencer par le Banquo d'un René Pape dont le timbre de basse est actuellement à son zénith et d'une Lady Macbeth aux possibilités vocales inouïes: le mezzo soprano ukrainien Liudmyla Monastyrska réussit en effet l'exploit rare de chanter avec distinction chaque note de ce rôle meurtrier, sans effet de grossissement inutile de l'émission, sans camouflage de quelques notes difficiles d'accès dans la vocalise, et surtout sans trace d'acidité ou d'agressivité dans un timbre qui garde aplomb et franchise dans le fortissimo le plus éperdu. Les chœurs se hissent à la hauteur de l'occasion et fascinent par la Liudmyla Monastyrska (Lady Macbeth), Placido Domingo (Macbeth) © Mara Eggert a c t u a Deutsche Oper : Le Barbier de Séville, place aux jeunes! La plus grande salle d'opéras allemande (2800 places!) affichait complet pour cette quarante-sixième représentation de la version du Barbier de Séville signée de Katharina Thalbach. Et ce ne sont pas les noms illustres des chanteurs engagés qui ont eu cet effet réjouissant sur les caisses de l'institution, car plusieurs de ses rôles principaux étaient confiés à des boursiers du Cercles des Amis de l'Opéra berlinois... Mais le prix maximum des place ne dépasse pas les 80 Euros, ce qui explique peut-être aussi la présence dans les rangées du parterre de nombreux jeunes adeptes de l'art lyrique à l'enthousiasme tonitruant dès la chute du rideau... La mise en scène n'a pris aucune ride et continue à susciter le rire à un rythme soutenu tant les trouvailles restent drôles malgré les diverses distributions qui se sont succédé sur ce plateau. C'est pourtant du côté de la distribution qu'il faut chercher les causes des satisfactions artistiques qu'offre cette soirée exemplaire. Le chef des choeurs de la maison, William Spaulding, se mue ici en directeur d'orchestre : sa battue est animée mais non précipitée; les égards qu'il prend envers ses chanteurs encore jeunes et peu expérimentés permettent un déroulement sans heurts des grands ensembles et la musique scintille comme au premier jour. John Chest en Figaro propose un portrait tout en finesse du rôle titre et ses rodomontades attirent à raison toutes les sympathies d'autant que le chant est à la fois puissant, cultivé et hyper-expressif. En Comte Almaviva, le jeune Matthew Newlin, encore boursier, séduit par un timbre admirablement souple, parfois encore vert dans l'aigu il est vrai; mais ce ténor sait déjà faire preuve d'une assurance scénique et d'un abattage vocal tels qu'il justifie amplement la confiance mise en lui. Il en va de même pour la Rosina vif-argent de Stéphanie Lauricella, également récipiendaire d'une bourse ; malgré son jeune âge, elle pourrait en remontrer à maintes collègues plus âgées sur l'art de mettre le public dans sa poche sans donner dans les clowneries inutiles. La voix est ample, solaire et grimpe dans l'aigu avec une facilité qui justifie le l i t é o p é r a triomphe que lui réserve le public la fin de son air. Excellent Bartolo d'Andrew Harris, irrésistible Basilio de Thomas Lehman (un boursier newyorkais!) et inénarrable Berta de Ronnita Miller. On l'aura compris : malgré l'absence de vedettes ce Barbier valait amplement le déplacement. (Représentation du12 février) La Belle au Bois Dormant : une curieuse entrée en matière Le Ballet d'Etat berlinois a changé de directeur en début de saison, mais il aura fallu attendre plus de cinq mois avant de voir le nouvel arrivant à l'oeuvre. La première déception concerne le choix de sa carte de visite : au lieu de proposer une chorégraphie nouvelle conçue expressément pour mettre en valeur les atouts de sa compagnie, l'artiste espagnol s'est contenté de réchauffer une chorégraphie conçue en 2011 pour le Théâtre Mikhailovsky de Saint Petersburg, le deuxième théâtre lyrique de la grande ville russe dont le prestige n'a pas le rayonnement international du Marinsky dirigé par l'infatigable Valery Giergiev. S'il s'était agi d'une grande réussite, le public eût pu approuver sans réserve ce plat réchauffé, mais que dire d'un spectacle où tout est certes parfaitement en place mais où la recherche de perfection technique fait virer la représentation à une démonstration technique glacée et glaçante ? La précédente mouture, montée en 2005 par Vladimir Malakhov, n'était certes pas une réussite visuelle exemplaire avec ses décors poussiéreux avant même la première, mais la chorégraphie avait gardé la magie des grandes productions à la russe et permettait à chaque danseur de marquer le rôle de sa personnalité tout en exhibant une technique hors pair. Dans la version actuelle, le premier souci du directeur de la compagnie semble avoir été de gommer tout ce que la tradition doit à Marius Petipa. La pantomime a passé à la trappe et se voit remplacée par une suite de pas pressés qui ne signifient rien et donnent une tournure inutilement agitée aux séquences narratives. Quant aux grands moments chorégraphiques attendus, ils se signalent par de nombreuses ruptures dans le mouvement qui tuent toute tentative de fluidité expressive; les pas de deux sont enrichis de nombreux portés réduisant souvent le danseur au rôle de faire-valoir alors que le vocabulaire chorégraphique, teinté de modernisme, freine le tempérament des danseurs au lieu de le solliciter tant la succession de figures paraît complexe et, au final, étouffante. Le ballet berlinois se montre parfaitement à la hauteur de ce nouveau défi. Il s'acquitte de sa a c t u tâche avec un panache réjouissant qui rend l'expérience d'autant moins enthousiasmante qu'elle paraît ici stérile dans les obstacles qu'elle met systématiquement à l'épanouissement des tempéraments individuels. Iana Salenko en Princesse Aurore aligne les prouesses avec une constance ahurissante sans pourtant parvenir à rendre sensible la personnalité complexe du personnage; de même, le Prince Désiré de Leonid Sarafanov, invité pour l'occasion du Théâtre Mikhailovsky de Saint-Petersburg où cette version fut créée, reste d'abord athlète avant d'être amoureux. La beauté des décors et des costumes d'Angelina Atlagic ajoute à la flatteuse impression d'ensemble du spectacle sans transcender un travail qui restera parmi les plus décevants de ceux qui ont été présentés sur cette scène au cours des saisons passées. (Première du 11 février) Lady Macbeth de Mzensk ou le triomphe du sexe Première nouvelle production lyrique de la saison après la remise en état du bâtiment de la Deutsche Oper, cette nouvelle version de l'opéra de Chostakovitch se veut dérangeante. L'action est systématiquement orientée vers le sexe : située par le metteur en scène Ole Anders ne manque pas de provoquer quelques ricanements dans la salle quand le mari cocu se fait assommer à coups de tête de thon!... Le décor magique d'Erland Birkeland rétablit heureusement un semblant d'équilibre en donnant à l'action un cadre riche en atmosphères brumeuses du meilleur effet mais cela ne suffit pas à sauver de l'ennui une représentation marquée au sceau des comportements caricaturaux de mâles en rut toujours prêts à tomber le pantalon. Les voix nous dédommagent pourtant de ce parti-pris dramatique réducteur et discutable, à commencer par la Katerina vibrante d'Evelyn Hertzlizius qui domine le plateau de son soprano clair d'émission et sûr d'intonation. Sir John Tomlinson est tout aussi grandiose en beau père lubrique: sa scène de mort a quelque chose de la grandeur de celle de Boris Godounov, mais sur le mode grotesque, tant la voix s'avère encore riche de réserves sur tout le registre. Thomas Blondelle, en mari trompé, séduit par son chant raffiné et déplacé dans cet univers lubrique alors que Maxim Aksenov exhibe sans contrainte un timbre d'une pétulante santé qui convient idéalement à ce coq de village aux pattes fragiles. Le reste de l'importante distribution ainsi que les choeurs se hissent avec aisance à la hauteur des «Lady Macbeth de Mzensk» © Marcus Lieberenz Tandberg sur une petite île norvégienne perdue au large de la côte, elle se déroule en vase clos au sein d'une petite communauté où règne la loi de la jungle, le plus fort opprimant le plus faible sans risque de se voir remettre à l'ordre. Les femmes, bien entendu, sont les premières victimes de cette situation et servent à faire soit la cuisine, soit la carpette. Le poisson est omniprésent; il sert d'objet de plaisir mais peut se muer en arme létale lorsqu'il s'agit de liquider un gêneur, ce qui a l i t protagonistes sous la direction passionnée, mais plus symphonique que théâtrale de Donald Runnicles. Jouée devant une salle comble, la sixième reprise de ce spectacle prouve que l'opéra, dans certaines villes du monde, n'est pas encore vraiment mort et peut attirer les foules même si Mozart, Verdi ou Bizet sont absents de l'affiche. (Représentation du14 février) Eric Pousaz é 25 o p é r a à bâle Daphné Daphné est l'une des dernières créations de Richard Strauss; créé en 1938 sous la direction de karl Böhm à Dresde, l'opéra n'est jamais parvenu à s'imposer au répertoire et fait aujourd'hui encore figure de rareté lorsqu'il est programmé par un théâtre aventureux. Bâle a pris le risque de proposer une version scénique de cette pastorale tragique en en confiant la réalisation à Christof Loy, un des metteurs en scène les plus discutés du moment. Son approche est radicalement opposée à ce qu'on attend dans ce répertoire : on ne voit donc pas de bergers batifolant dans de verts pâturages, pas de reconstitution d'un monde idéalisé à l'antique, pas de transformation magique de Daphné en arbre mythique. L'action se déroule au contraire pendant une fête de la bière (à Munich?). Les hommes portent chemises blanches et culottes de cuir, les femmes s'accommodent d'un 'dirndl' seyant. Daphné n'est que la serveuse d'une cantine que possèdent son père Peneios et sa mère Gaea. Elle est sans cesse houspillée par une gent masculine prompte à tomber la chemise et se réfugie dans le rêve en caressant une misérable petite plante en pot qu'elle soigne comme la prunelle de ses yeux. Elle repousse les avances d'un adorateur timide - Leukippos - car elle ne consent pas à perdre une once de sa pureté originelle. Même Apollon ne la fait pas fléchir. Quand elle tue son amoureux devenu trop entreprenant, elle est emmenée sans façon par la police tandis que le corps sans vie de l'amant malheureux reste abandonné sur la scène. La voix off de Daphné transformée en arbre résonne alors dans le lointain comme la réminiscence d'un bonheur passé, d'une occasion manquée. Evacuer ainsi toute dimension magique a un prix, certes, et les dix dernières minutes de l'opéra paraissent bien artificielles. Mais l'action y gagne en lisibilité et les enjeux dramatiques en véracité. Ainsi représentée, Daphne retrouve une vigueur et un impact scénique que les versions plus traditionnelles ont tendance à gommer outrageusement sous une élégance de convention. Agneta Eichenholz se révèle sublime de bout en bout dans le rôle écrasant de l'héroïne: l'aigu sonne clair et domine un orchestre pourtant puissant avec une aisance qui frise l'effronterie; et quelle fluidité dans le débit, quelle richesse de nuances dans les longs monologues qui lui sont dévolus!... On ne saurait imaginer mieux sur quelque plan que ce soit, tant le naturel du jeu scénique s'accorde parfaitement à la fraîcheur et à l'aisance du chant en toute circonstance... Rolf Romei, dans le rôle difficile de Leukippos, se hisse sans peine à son niveau avec son ténor clair et délié qui lui permet de brosser de son admirateur transi un portrait délicatement coloré. La voix plus raide de Marco Jentsch convient bien au personnage d'Apollon malgré quelques notes élevées d'une facture plutôt malhabile. Hanna Schwarz en Gaea rappelle une fois de plus que les ans ne semblent pas avoir de prise sur son timbre velouté et charmeur alors que la basse sonore et virile d'accents de Thorsten Grümbel dote le personnage de Peneios du poids dramatique idéal. L'orchestre placés sous la direction de Hans Derwanz privilégie les effusions lyriques à la mise en exergue des innombrables raffinements d'instrumentation dont le compositeur a parsemé sa partition. Devant tant de beautés sonores alignées sans recherche de contrastes, l'oreille finit par ne plus s'y retrouver et s'abandonne à une sorte d'assoupissement bienheureux qui nuit finalement à l'intelligibilité du propos. (Représentation du 8 avril) Eric Pousaz a c t u a l i t é o p é r a à l’opéra du rhin Vie parisienne Offenbach ne passe pas toujours facilement la rampe comme l'ont démontré quelques représentations récentes sur sol romand. Car il faut d'abord prendre le temps de récrire le livret pour l'enrichir de quelques gags bien tournés sur l'actualité du moment; ensuite, les chanteurs sont invités à s'investir dans le chant et la danse autant que dans la musique pour pouvoir s'imposer sur tous les plans. Enfin, on attend de la mise en scène qu'elle soit à la fois légère de touche et inspirée dans ses mouvements d'ensemble autant que dans la mise sur pied de retournements de situation toujours fort improbables; le tout, servi bien frappé, doit en outre satisfaire aux lois de l'esthétique, charmer l'œil sans tomber dans le kitsch et conserver au spectacle un rythme qui ne se relâche jamais tout en veillant à permettre au texte de passer la rampe facilement.... Cela a été parfaitement réussi dans cette réalisation de l'Opéra du Rhin signée de Waut Keuken, un ancien assistant de Robert Carsen. L'action est située dans le hall d'arrivée encombré de la Gare de l'Ouest à Paris où le metteur en scène sait utiliser avec élégance et parcimonie un plateau tournant dont il tire les effets les plus inattendus ; personnages et pièces de mobilier disparaissent et apparaissent comme par enchantement sans entraver le déroulement soutenu de l'action. La vulgarité inhérente au genre est traitée avec finesse, les responsables de la scène préférant l'allusion discrète et le sous-entendu décalé au gag franchement grivois. Les dialogues, resserrés, accumulent les jeux de mots et font presque regretter la rapidité de leur débit tant est grande la concentration de fines plaisanteries dans les quelques répliques bien tournées qui font «La vie parisienne» le lien entre les séquences musicales. La © Alain Kaiser distribution est entraînée par la baguette experte de Claude Schnitzler, qui a dirigé plus d'une cinquantaine de fois cet ouvrage et qui sait en doser les diverses composantes avec la précision d'un orfèvre de haut vol. Par son jeu entraînant, jamais brouillon ou inutilement bruyant, l'Orchestre symphonique de Mulhouse régale l'assistance en lui donnant envie de danser tout en assurant aux nombreux chanteurs réunis pour l'occasion un soutien infaillible en toute circonstance. Les voix réunies ce soir-là n'ont à vrai dire rien d'exceptionnel mais elles remplissent leurs rôles avec une enviable assurance. Chaque trait d'esprit fait mouche dans les dialogues et chaque effet musical est traité avec soin pour que le langage d'Offenbach déploie tous ses sortilèges. On retiendra surtout la Métella au chant corsé de Delphine Aidan, le Gardefeu au timbre charmeur de Guillaume Andrieux et le Frick hâbleur de Christophe Montagne dont les interventions homériques paraissaient d'autant plus admirables qu'il remplaçait au pied levé le titulaire subitement tombé malade. Mélanie Boisvert incarne une Gabrielle au chant encore pointu et trop léger, Anaïs Mahikian une Pauline agréablement délurée lorsqu'il s'agit de pousser la chansonnette et Marc Van Ardale un Brésilien vindicatif mais presque inaudible dans l'exposé de ses couplets. Superbes d'assu- a c t u a l rance, par contre, le Bobinet un brin fêlé de Thomas Morris ou le Baron de Gondremarck lubrique de Christian Tréguier dont les rodomontades vocales avaient tendance à reléguer au second plan les accents plus subtils du chant de sa Baronne, campée par une Agnieszka Slawinska délicieusement coquette. En bref : une soirée comme on souhaiterait en voir à chaque fin d'année pour entrer dans l'an neuf avec une dose suffisante de bonne humeur. (Représentation du 18 janvier) Une Clemenza di Tito réduite à l'essentiel L'ultime opéra seria de Mozart est avant tout un drame psychologique, et la metteuse en scène Katharina Thoma a eu raison de se concentrer sur l'interaction entre les personnages au lieu de chercher à épicer une action scénique relativement pauvre d'éléments dramatiques extérieurs afin de maintenir la tension. Le décor élaboré de Julia Müer placé sur une scène tournante définit trois lieux : un jardin pour les rencontres informelles, une chambre pour les scènes plus intimistes et un lieu de réception aussi froid qu'impersonnel pour les moments où les impératifs de la vie publique passent avant ceux de la vie privée. En faisant sans cesse virevolter ce décor, le spectateur se sent transporté dans la tête des personnages où les sentiments contradictoires se mêlent, où les désirs inavoués et frustrés s'entrechoquent et où la raison finit par céder le pas face aux impératifs du cœur ou de l'ambition. Le procédé, efficace en soi, eût pourtant mérité d'être utilisé avec plus de parcimonie pour éviter la surcharge inutile, mais dans sa conception d'ensemble, cette traduction scénique convainc de bout en bout. L'orchestre symphonique de Mulhouse est dirigé par Andreas Spering, un chef qui s'est fait une spécialité des relectures 'à l'ancienne'. Les tempos sont vifs, les accompagnements des airs ont du relief et vibrent à l'unisson des passions chantées, - en un mot : le langage dramatique de Mozart n'a jamais paru aussi vivant et complexe au point que cette approche vivifiante rend peu compréhensible le relatif dédain des programmateurs de salles lyriques à l'encontre de cette partition. La distribution réunie pour l'occasion frappe d'abord par la magnifique complémentarité des timbres, malgré une défection de dernière minute due à la maladie de Jacquelyn Wagner; cette dernière a pourtant tenu à incarner Vitellia scéniquement, tandis que le chant était confié à Elodie Hache, familière du rôle, qui se tenait sur le côté de la scène. La représentation n'a pas souffert de cette substitution de dernière minute tant les deux artistes semblaient aborder le rôle avec la même conception : vocalité ardente, vocalise portée sur le panache plutôt que sur l'intériorité et propension marquée à l'emphase... Stéphanie d'Oustrac aborde le personnage central de Sesto dans la même perspective avec un timbre chaleureux qu'entache parfois une émission qui «La Clemenza di Tito» © Alain Kaiser devient brouillonne dans le haut de la tessiture. Malgré la beauté du grain de sa voix claire, Benjamin Bruns reste un bien pâle Titus : son ténor exigu peine à passer la rampe et l'interprétation manque de punch, de dignité, de vraie grandeur au point que son pardon final semble bien arbitrairement télescopé pour permettre le happy end d'usage. Chiara Skerath est une Servilia à la personnalité déjà affirmée dont le chant ravit à chaque instant, contrairement à l'Annius résevé au style plutôt hésitant d'Anna Radziejewska. Comme à leur habitude, les choeurs font excellente figure... (Représentation du 6 avril) Eric Pousaz i t é 27 o p é r a à avignon 28 à lyon La Bohème Romeo und Julia On gardait une dominante de grisaille parisienne comme souvenir de la mise en scène de Nadine Duffaut pour le Théâtre Antique d'Orange en juillet 2012, et l'impression générale qui domine est la même ce soir. Dans le cadre de la saison de l’Opéra de Lyon, le théâtre de la Croix-Rousse monte le rarissime Romeo und Julia, composé par Boris Blacher en 1943. La nouvelle production est très loin de se résumer à un modèle réduit du spectacle vu aux Chorégies, le réseau de rues du 5ème arrondissement ayant toutefois évidemment disparu pour resserrer l’action sur la scène plus exiguë. Un plateau tournant permet d'enchaîner vite entre les deux premiers actes... même trop vite sans doute en perdant l'évanouissement des dernières notes du duo d'amour alors que les choristes prennent déjà place au quartier latin derrière des voiles en transparence. Les tons gris et marron conviennent parfaitement à la mansarde des Bohèmes, ainsi qu'au III pour la Barrière d'Enfer bien éclairée par des rais de lumière devant un braséro enflammé, mais le II chez Momus manque tout de même de couleurs. L'élément le plus marquant ce soir est la qualité musicale de l'Orchestre Régional Avignon Provence, placé sous la baguette de Balàzs Kocsàr, chef qui dirige avec franchise, ampleur, volume, et paraît avoir décuplé la concentration des musiciens. Brigitta Kele prolonge la lignée des Mimi roumaines, après notamment Cotrubas, Vaduva, Gheorghiu, son interprétation est musicale et délicate, son grand air du III rempli d'émotion constituant vraisemblablement le climax de la soirée. Sa compatriote Cristina Pasaroiu projette vaillamment et se montre belle et crédible dans le rôle de Musetta. Côté masculin, Florian Laconi compose un Rodolfo volontaire et franc du gosier, beaucoup plus à l'aise dans le chant en force que lorsqu'il doit alléger, moments où l'intonation perd de sa précision. Le manque d'utilisation de ces nuances piano retire de l'émotion, en particulier dans les tout derniers moments de l'opéra. Lionel Lhote (Marcello) déploie avec sûreté et puissance son beau timbre, tandis que l'autre baryton Yann Toussaint (Schaunard) est moins aguerri pour la dynamique du rythme et la gestion du souffle. La basse Ugo Guagliardo (Colline) remplit son office mais ne laisse pas à l'oreille une interprétation inoubliable de son air « Vecchia zimarra ». François Jestin Puccini : LA BOHEME – le 17 février 2015 à l’Opéra Grand Avignon «Romeo und Julia» © Stofleth Classé dans la catégorie « Entartete Musik » ( musique dégénérée ) par les nazis, l'opéra devra attendre 1947 pour sa création concertante puis 1950 pour sa première scénique au festival de Salzburg. L'effectif orchestral dirigé par Philippe Forget est réduit à neuf musiciens, pour un son souvent chambriste mais jamais relégué au second plan. D'une durée d’une heure 15 minutes, la pièce se concentre sur les principales scènes du chefd'œuvre de Shakespeare, essentiellement autour des amants de Vérone, alors que les quatre autres chanteurs (Lady Capulet, Tybalt, Capulet, et une soliste féminine) commentent l'action ou la situation à la manière du chœur antique. Une autre composante très caractéristique de cet opus est la présence récurrente de la chanteuse et diseuse Maria Mallé, accompagnée au piano seul, dont le prologue en allemand plonge d’entrée le spectateur dans l'ambiance prenante du cabaret berlinois. La langue chantée est l'anglais ce soir, mis à part la conclusion post-mortem qui repasse à l'allemand. Le couple des amoureux est un peu déséquilibré, surtout visuellement. Si Laure Barras compose une Juliette jeune et belle, le Roméo de Tyler Clarke se situe moins dans l'imagerie traditionnelle, avec notamment un maquillage de clown blanc sur le visage. Vocalement la soprano s'élève au-dessus du lot grâce à sa musicalité hors pair, mais le ténor interprète aussi sans faiblesse sa partition très aigue. La mise en scène de Jean Lacornerie allie efficacité et économie des moyens, par exemple lorsque dans la partie finale chaque amant est tour à tour enveloppé d'une bande de papier déroulant, à la manière de l’embaumement d'une momie égyptienne. François Jestin Blacher : ROMEO UND JULiA – le 28 janvier 2015 au Théâtre de la Croix-Rousse «La Bohème» – acte 2 © Delestrade a c t u a l i t é o p é r a à monte-carlo Double affiche Que ce soit en allemand ou en italien, les drames de la jalousie font des dégâts à Monte-Carlo ! Pour une fois, l’affiche s’écarte de l’habituelle formule Cav / Pag, puisque i Pagliacci sont précédés ce soir du petit bijou Eine florentinische Tragödie dont le chef d’orchestre Pichas Steinberg fait ressortir la beauté et la séduction immédiate de la musique. La production de Daniel Benoin est extrêmement élégante, dans les décors de Rudy Sabounghi où le rouge domine : mobilier, riches étoffes du marchand Simone, costumes, parquet et marqueterie acajou, jusqu’au soleil rougeoyant qui se couche au loin sur Florence. Par rapport à la période du 16ème siècle mentionnée dans le livret tiré de la pièce d’Oscar Wilde, un portrait de Mussolini est présenté à Simone lorsqu’il sort de sa demeure, puis celui-ci revient en nouvel adepte du salut fasciste, chemise noire et poignard au côté. Côté vocal, le ténor Zoran Todorovich est suffisamment héroïque pour soutenir la ligne tendue du rôle de Guido, et il forme un couple sensuel avec Barbara Haveman qui lui donne la juste réplique dans l’emploi assez modeste de Bianca. Malheureusement le baryton-basse Carsten Wittmoser, qui remplace Samuel Youn prévu dans le programme de la saison, ne possède pas l’ampleur et l’arrogance qu’on attend d’un Simone. Le timbre est joli, mais avec les yeux fixés en permanence sur le chef il ne se montrejamais terrifiant ni effrayant, en peinant trop souvent pour se faire entendre. Leo Nucci © Opéra de Monte-Carlo Josè Siri (Nedda) possède aussi une voix jolie et volumineuse, et le reste de la distribution est à la hauteur, qu’il s’agisse du timbre élégant du baryton ZhengZhong Zhou (Silvio) ou du deuxième ténor Enrico Casari (Peppe). La capacité d’adaptation de Pichas Steinberg à ce répertoire est assez bluffante, il parvient à faire entendre une somme de détails, aux instruments à vent en particulier, et sait maintenir la tension sur scène sans recourir à un excès de décibels. La production d’Allex Aguilera reste dans l’imagerie traditionnelle des clowns et du cirque, en montrant l’envers du décor comme dans l’opéra de Leoncavallo. François Jestin von Zemlinsky : EiNE FLORENTiNiSCHE TRAGÖDiE Leoncavallo : i PAGLiACCi – le 22 février 2015 à l’Opéra de Monte-Carlo – Salle Garnier à nice Cosi fan tutte Les spectacles de l'Opéra de Nice se suivent et ne se ressemblent pas : après un exceptionnel Peter Grimes le mois précédent, voici un Così fan tutte plutôt « così così ». Zoran Todorovich et Barbara Haveman © Opéra de Monte-Carlo Pas de problème en revanche de projection du son pour les protagonistes des Pagliacci en 2ème partie ! Dès la fin de son prologue, Leo Nucci (Tonio) recueille un tonnerre d’applaudissements. Avec Placido Domingo, le baryton italien est, à bientôt 73 ans, plus que jamais une exception dans le paysage lyrique mondial. Ses capacités vocales semblent intactes, et l’acteur est à son summum, pouvant passer en un éclair de la comédie au drame ; dans ce dernier registre, ses dernières paroles « la commedia è finita » sont absolument glaçantes. En prise de rôle, le ténor Marcelo Alvarez (Canio) produit également un raz-de-marée d’émotion, timbre idéal dans ce rôle, instrument puissant, et juste ce qu’il faut de sanglots pour son air « Vesti la giubba ». La soprano uruguayenne Maria a c t u a l C'est d'abord le plateau vocal qui accuse des faiblesses, ceci dès les premières interventions du baryton basse Armand Arapian, peu stable et en déraillement incontrôlé dès qu'il pousse la note. On sait qu'une certaine “tradition de malcanto“ existe pour le rôle d'Alfonso, depuis l'insupportable vibratello trémulant de Claudio Desderi, en passant par le bien fatigué Ruggero Raimondi au festival d'Aix-en-Provence en 2005, mais au moins ces glorieux aînés avaient une présence et une verve qu'on cherche en vain ce soir. Les jeunes premiers sont corrects sans plus, le baryton Mattia Olivieri (Guglielmo) offre un beau timbre pour les récitatifs, mais est en panne de grave dans le chant et fait entendre quelques sons fixes. Valerio Contaldo (Ferrando) est un ténor certes musical, mais étroit et nasal qui manque de séduction, y compris dans « Un’aura amorosa ». i t é 29 o p é r a Nathalie Manfrino et Daniela Pini © Jaussein 30 Côté femmes, Marie-Bénédicte Souquet est une gentille et piquante Despina mais trop souvent inaudible dans la partie basse du registre. Heureusement les jeunes amantes évoluent à un niveau supérieur, en commençant par la Dorabella de Daniela Pini, timbre de mezzo riche et somptueux. Quant à Nathalie Manfrino, les moyens sont sans doute devenus aujourd’hui plus larges que les exigences du rôle de Fiordiligi, mais l'émotion est au rendez-vous, ainsi que la maîtrise de la technique : suraigus, passages d'agilité et grands écarts de la partition. La direction musicale de Roland Kluttig est surtout solide et sérieuse, à défaut d'originalité et de charme. On relève cependant de nombreux problèmes de coordination avec le plateau, en termes de décalages et petits faux-départs ; seulement six solistes sont pourtant en scène et il s' agit de la dernière représentation de la série… La production de Karen Stone, qui arrive du théâtre de Magdebourg, est simple et ne déploie pas de grands moyens. Deux parties sur un plateau tournant, une terrasse blanche devant et un côté jardin à l’arrière où sont placés deux fauteuils coquillages et une piscine en plastique. L'animation vidéo de nuages qui passent en fond de plateau pendant le premier acte est trop prosaïque pour enchanter l’œil, on préfère encore l'image fixe du Vésuve après l'entracte. Il faut reconnaître toutefois que le jeu des acteurs reste vivant et amusant au premier degré. cloisons et poteaux. Le personnel va et vient en arrière-plan, le chariot à bagages repasse plusieurs fois et on dresse puis débarrasse les tables de la salle du restaurant au fond. Avant l'ouverture c'est une comédienne qui déclame quelques alexandrins de la Bérénice de Racine, cette Bérénice toute de rouge vêtue apparaissant à nouveau en début et fin du 2ème acte. Des fumerolles puis fumées s'échappent lors de l'incendie du Capitole, et c'est dans un hall dévasté que reprend l'opéra après l'entracte, alors que les dernières flammèches finissent de se consumer. La distribution vocale est complètement renouvelée par rapport aux représentations parisiennes, le rôle-titre étant confié à Carlo Allemano, ténor possédant une assise impressionnante dans le grave, mais dont les ascensions vers l'aigu ne sont pas toujours aussi stables, particulièrement en première partie. Deux jeunes sopranos sont issus de l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris, Élodie Hache (Vitellia) dotée d'une voix séduisante et large, qui peut encore gagner en naturel sur les passages d'agilité, et Maria Savastano (Servilia) dont la musicalité n'est jamais prise en défaut. La mezzo Giuseppina Bridelli compose un formidable et très engagé Sesto, timbre plein de couleurs et superbement projeté, Anna Brull (Annio) globalement moins puissante dispose d'un ambitus encore plus large dans l'extrême grave, alors que la basse Adam Palka (Publio) ne se situe malheureusement pas à ce niveau d'excellence. La direction musicale de David Reiland prend ses marques pendant l'ouverture, avec certains silences gardés de manière un peu solennelle, François Jestin Mozart : COSi FAN TUTTE – le 21 février 2015 à l’Opéra de Nice «La Clemenza di Tito» © Cauvet mais on se laisse très vite convaincre par le bon niveau de tension qui soutient le plateau, l'attention portée aux chanteurs, le sérieux et l'application qui dominent. Les chœurs, bien préparés par Laurent Touche, sont en grande forme, et en fosse les bois relèvent toutes les difficultés de la partition avec panache, ce qui est un peu moins vrai pour les pupitres de cuivres. à saint-étienne La Clemenza di Tito François Jestin Coproducteur du spectacle, l'Opéra Théâtre de Saintétienne reprend la Clemenza di Tito dans la mise en scène de Denis Podalydès, créée au Théâtre des Champs-Elysées en décembre dernier. Mozart : LA CLEMENZA Di TiTO – le 1er mars 2015 à l’Opéra Théâtre de SaintEtienne L'action est transposée avec goût et intelligence dans les années 1930 et confinée au lobby d'un grand hôtel aux riches et hautes boiseries sur les a c t u a l i t é o p é r a genève s Les Caprices de Marianne Grand Théâtre (022/418.31.30) s Medea (Letonja-Loy) – 9, 12, 15, 18, 21, 24 avril lausanne Opéra (021.315.40.20) s Solaris (Nielsen-Teshigawara) – 24, 26 avril zurich Opernhaus (044.268.66.66) s Anna Bolena (Yurkevich-del Monaco) – 2 avril s Lucia di Lammermoor (SantiMichieletto) – 6, 11, 16, 19, 22, 25 avril s La Traviata (Armiliato-Hermann) – 18, 21, 24, 28 avril s Fidelio (Poschner-Homoki) – 26, 29 avril paris Champs-Elysées (01.49.52.50.50) s Ein Sommernachtstraum (Gatti) – 16 avril Opéra Comique (0.825.01.01.23) s Le Pré aux clercs (McCreesh-Ruf) – 2 avril s Ciboulette (Equilbey-Fau) – 27, 29 avril Opéra National (08.92.90.90) Bastille : s Rusalka (Hrusa-Carsen) – 3, 7, 10, 13, 16, 18, 23, 26 avril s Die Zauberflöte (Trinks-Carsen) – 17, 20, 24, 27, 30 avril Garnier : s Le Cid (Plasson-Roubaud) – 2, 6, 9, 12, 15, 18, 21 avril (Schnitzler-Thomas) – 12, 14 avril – 11, 13, 15, 18, 20, 22 avril barcelone Liceu (34.934.85.99.13) s Carmen (Fournillier-Bieito) – 17, 20, 23, 26, 29 avril s I due Foscari (Zanetti) – 30 avril lyon Opéra (0826.30.53.25) s Carmen (Minasi-Py) – 30 avril madrid marseille Opéra (04.91.55.11.10) s Der Fliegende Holländer (FosterRoubaud) – 21, 24, 26, 29 avril montpellier Opéra National (04.67.60.19.99) s La Clemenza di Tito (MasmondetKeesmaat) – 3, 5, 7, 9, 12 avril strasbourg Opéra National du Rhin (03.89.36.28.28) s Tristan und Isolde (KoberMcDonald) – 2 avril, les 17 et 19 avril à Mulhouse s Ariane et Barbe-Bleue (Calligari-Py) – 26, 28, 30 avril toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) s Castor et Pollux (Rousset-Clément) – 2 avril s Massacre (Rundel-Lagarde) – 12, 14, 15, 17 avril amsterdam De nederlandse Opera (31.20.62.55.456) s Macbeth (Albrecht-Breth) – 3, 6, 9, 12, 15, 18, 22, 25, 28 avril Teatro Real (34/90.224.48.48) s La Traviata (Palumbo-McVicar) – 20, 21, 23, 24, 25, 26, 28, 29, 30 avril londres ROH (0044/207.304.4000) s Madama Butterfly (Luisotti-CaurierLeiser) – 4, 6, 9 avril s Il Turco in Italia (PidoCaurier/Leiser) – 11, 15, 18, 20, 25, 27 avril florence Teatro del Maggio Musicale (39/056.27.79.350) s La Traviata (Mehta-Brockhaus) – 1er, 2, 4, 7, 8 avril rome Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55) s Lucia di Lammermoor (R.Abbado- Ronconi) – 2, 4, 8, 10, 12 avril turin Teatro Regio (39/011.881.52.41) s I Puritani (Mariotti-Ceresa) – 14, 16, 18, 19, 21, 22, 23, 26 avril vienne Staatsoper (43/1514447880) s Elektra (Laufenberg-Glittenberg) – 1er, 4, 7, 11, 16 avril s Parsifal (Schneider-Mielitz) – 2, 5, 8 bruxelles avril La Monnaie (32/70.23.39.39) avignon s Der Rosenkavalier (Fischer-Schenk) s Penthesilea (Morlot-Mitchell) – 2, 4, Opéra Grand Avignon – 6, 9, 12 avril 7, 9, 12, 14, 16, 18 avril (04.90.82.81.40) s Anna Bolena (YurkevitchGénovèse) – 10, 13, 17, 20 avril s L'Italiana in Algeri (Lopez-CobosPonnelle) 18, 23, 27, 30 avril s Madama Butterfly (Auguin-Gielen) – 22, 24 avril s Eugène Onéguine (Langrée-Richter) – 25, 28 avril s Don Pasquale (Lopez-Cobos-Brook) – 26, 29 avril Theater an der Wien (43/15.88.85) s Gli Uccellatori (Gottfried-Happel) – 1er, 8, 10, 12 avril s Le Nozze di Figaro A Paris, à l’Opéra-Comique, reprise de la production de février 2013 de «Ciboulette» «Ciboulette» © DR E. Carecchio (Minkowski-Breisach) a c t u a l i t é s Zaïs (Rousset) – 17 avril s Siroe (Petrou) – 21 avril berlin Deutsche Oper (49/30.343.84.343) s Die Zauberflöte (Gnann-Krämer) – 2,10 avril s Carmen (Carter-Schuhmacher) – 4 avril s Turandot (Repusic-Fioroni) – 5 avril s La Traviata (Repusic-Friedrich) – 9, 12 avril s Roméo et Juliette (Runnicles-Waltz) – 18, 20, 22, 28 avril s Lohengrin (Runnicles-Holten) – 19, 25 avril s Don Carlo (Runnicles-Marelli) – 23, 26, 30 avril Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s Tannhaüser (Barenboim-Waltz) – 2, 5 avril s Parsifal (Barenboim-Tcherniakov) – 3, 6, 12, 18 avril s Aufstieg und Fall des Stadt Mahagonny (Marshall-Boussard) – 9, 11, 16 avril s Emma und Eginhard (JacobsHöckmayr) – 26, 29 avril s Die Entführung auf dem Serail (Moulds-Thalheimer) – 30 avril Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Gianni Schicchi / Le Château de Barbe-Bleue (Nanasi-Bieito) – 5, 12, 17 avril s Don Giovanni (Nanasi-Fritsch) – 4, 11 avril s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 3, 25 avril s Ball im Savoy (Benzwi-Kosky) – 6 avril s Moses und Aron (Jorowski-Kosky) – 19, 24, 28 avril new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) s Lucia di Lammermoor (BeniniZimmermann) – 1er, 4, 7, 10 avril s Ernani (Levine-Samartini) – 4, 8, 11 avril s Don Carlo (Nézet-Séguin-Hytner) – 2, 6, 11, 15, 18, 22, 25 avril s Aida (Domingo-Frisell) – 9, 13, 17, 20 avril s Cavalleria Rusticana/Pagliacci (Luisi-McVicar) – 14, 18, 21, 25, 29 avril s Un Ballo in maschera (LevineAlden) – 23, 28 avril s The Merry Widow (Luisi-Stroman) – 24, 27, 30 avril 31 o p é r a invitation : le théâtre de bienne et soleure à vernier Rusalka Bien qu'elle se produise assez régulièrement en tournée en Suisse romande, notamment au Théâtre de Vevey où ses spectacles sont présentés avec régularité, l'institution mixte du Théâtre de Bienne et Soleure est encore peu connue au bord du Léman. Un peu d'histoire... 32 Au départ, les deux villes disposaient chacune d'un théâtre municipal chargé de présenter tout au long de la saison hivernale des spectacles divers : opéras, opérettes, spectacles de Noël, drames et comédies... A Bienne, les premières scènes sur tréteaux apparurent aux 17ème et 18ème siècles, d’abord dans la salle de l’hôtel de ville et plus tard dans la cave de celui-ci. Ne disposant pas d'une troupe fixe, les organisateurs de spectacles faisaient appel à des troupes itinérantes étrangères. En 1842, l’ancien arsenal communal datant de 1591 est transformé en un théâtre équipé d’une vraie scène. La gestion de ce dernier est attribuée à la Société du Théâtre fondée en 1841. D’autres agrandissements suivirent jusqu’en 1928. Le rezde-chaussée fut radicalement transformé en 1932 et devint l’actuel foyer du théâtre alors que le bâtiment lui-même subissait une cure de jouvence complète en 1980 seulement. Au 19ème siècle, le théâtre présentait avant tout du théâtre dramatique : contes mis en scène, spectacles historiques ainsi que divers titres du grand répertoire. Avec l’instauration des abonnements en 1853, on compléta l'affiche avec des opéras et des opérettes. On y ajouta plus tard des spectacles en langue française. De fréquents changements de direction et des dates de représentations aléatoires faillirent avoir raison de l’établissement; dès lors, un partenariat plus étroit avec d’autres villes fut recherché. Mais c’est seulement en 1972 que ces efforts conduisirent à un succès durable avec la collaboration des autorités soleuroises. A Soleure, ancienne cité des ambassadeurs, la tradition théâtrale était encore presque plus vivace et connaissait une première apogée dès la première moitié du 16ème siècle déjà avec les représentations régulières de tragédies chrétiennes et antiques jouées sur la place de l’église StOurs. À partir du milieu du 17ème siècle, le collège des jésuites se rend célèbre grâce aux représentations annuelles que donnent ses élèves dans certaines galeries commerciales. En 1729, une a plus grande salle est construite dans un bâtiment du collège. Cette dernière constitue l’actuel théâtre municipal qui est décoré en 1753/1754 par Anton Rebsam : son auditorium est considéré aujourd'hui encore comme l'un des plus beaux de Suisse. Le bâtiment est attribué à la ville de Soleure en 1803. Il est rénové en 1856. Il élargit ses activités en 1881/1882. Une saison pleine et régulière - comportant des comédies, des pièces classiques, des opéras et des ballets - n'est mise en place qu’au milieu du 19ème siècle. Après une passe difficile, on fait appel au directeur du théâtre de Bienne qui reprend en 1895 la charge de celui de Soleure durant cinq saisons. Il se produisait ainsi avec son ensemble à Soleure avant le nouvel an et à Bienne pendant la deuxième moitié de la saison. Environ vingt ans plus tard, le théâtre se dote d'un orchestre et d'un choeur engagés sur une base fixe. Cependant, des problèmes financiers nécessitent bientôt une restructuration. En 1927, les difficultés s'accumulant, Soleure et Bienne décident de mettre leurs forces en commun pour maintenir une activité culturelle digne de ce nom dans les deux cités sans faire exploser les budgets communaux réservés à la culture. On attribua à ce théâtre un ensemble de chambre formés de musiciens engagés à l'année et chargés d'accompagner des spectacles lyriques dans les deux villes, ainsi qu'à Granges et Olten. A la suite d'une crise structurelle, la structure est dissoute en 1971 pour renaître sous une forme légèrement amaigrie l'année suivante. Sous l'impulsion de son nouveau directeur d'alors, l'affiche fait la part belle aux talents de jeunes compositeurs contemporains, suisses et étrangers, mis en alternance à l'affiche avec les grands classiques du théâtre parlé aussi bien que chanté. En 1995, le théâtre se dote d'un ensemble symphonique sous le nom de 'Neues Städtebundtheater' mais se sent quelque peu à l'étroit dans ses deux salles dont la jauge ne dépasse pas les 300 spectateurs. Depuis 1998 il dispose à Bienne d'un ancien cinéma de près de 500 places pour y jouer des ouvrages qui nécessitent des équipes artistiques plus développées et des mises en scène plus élaborées. A Soleure, c'est un ancien manège, la Rythalle, qui permet certains écarts vers le 'gigantisme'... Parallèlement à ses activités lyriques, l'orchestre propose bien sûr une saison symphonique où les plus grands noms de la musique instrumentale viennent se produire avec régularité. Depuis l'an passé, le théâtre est dirigé par Dieter Kaegi, qui fut notamment directeur de productions au Festival d'Aix-en-Provence de 1990 à 1998 et qui a signé deux mises en scène au Grand Théâtre : Roméo et Juliette de Gounod avec Leontina Vaduva et Markus Haddock en 1996 et, un mois auparavant la même année, L'Enlèvement au Sérail de Mozart, un spectacle repris en 2001 pour la venue de Nathalie Dessay en Konstanze aux côtés de Roberto Sacca et Kurt Rydl... Rusalka Déjà présentée à Vevey, cette version vaut surtout par le travail de réécriture auquel s'est livré le compositeur slovaque Marian Lejava pour adapter l'opulente orchestration de Dvorak aux dimensions réduites des fosses des salles à Bienne et Soleure. Si la perte de substance harmonique est inévitable, force est pourtant de reconnaître que l'opéra fonctionne bien sous ce nouveau costume et pourrait même gagner encore en popularité si d'autres théâtres de dimensions modestes s'intéressaient de plus près à pareille formule. Eric Pousaz Salle des Fêtes du Lignon le vendredi 17 avril à 20h et le dimanche 19 avril à 15h. Billetterie : 022/306.07.80 ou www.vernier.ch/billetterie «Rusalka» c t u a l i t é Photo © Francis Traunig forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin t h é â t r e d’avignon à la comédie de genève Orlando ou l’Impatience « Orlando- Je voudrais écrire une pièce, elle s’appellerait L’Impatience. Elle aurait le visage de mon impatience, un peu folle et drôle malgré tout et parfois on n’y comprendrait vraiment plus rien. C’est l’histoire d’un garçon qui cherche un père et qui va de théâtre en théâtre, dans la loge de sa mère- qui est une actrice de génie-, il réclame le nom, le nom… » 34 ranger avec ce manque, ceux qui croient en Dieu l’appellent la grâce, ceux qui voudraient croire le nomment l’Absence, ceux qui vivent ce manque comme une flamme le proclament impatience (…) Et il y a ceux qui voient dans leur manque une fleur, une mer, un théâtre. Nous sommes nés pour nommer notre manque. Pour que le manque ne manque pas, pour qu’il devienne un trésor d’absence où la parole vit, Ce nom qui ne sera jamais le bon, ces noms tracés de façon aléatoire par la mère, menant le jeune héros à rencontrer différentes figures de pères à travers les multiples façons d’aborder le théâtre et la vie. La forme répétitive de la pièce débouche cependant sur la maturation - pour ne pas dire le vieillissement - d’Orlando, qui deviendra à son tour père, adoptera passagèrement une attitude désabusée et productiviste sur son art. Cette épopée nous mène donc à la rencontre des types de théâtre, entre tragique, politique et farce philosophique, tout en plaçant le politique et l’éthique au cœur de l’action. «Orlando ou l’Impatience» © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon Surabondance «Orlando ou l’Impatience» © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon a Cette sorte de méta-comédie kaléidoscopique passe comme souvent chez Olivier Py par la surabondance d’un verbe qui tente à tout prix de cerner l’innommable, par des situations comiques, la scénographie toujours pertinente et efficace de Pierre-André Weitz, et par l’incarnation engagée des comédiens. Créé à Avignon dans le contexte des grèves de l’intermittence - le spectacle s’ouvrait sur un texte visionnaire de Victor Hugo sur les coupes budgétaires culturelles - Orlando tourne en France avant de s’arrêter à Genève, ville qui aura connu le travail d’Olivier Py à travers ses mises en scènes d’opéras au Grand Théâtre, de théâtre (Le Soulier de satin), ses textes (Siegfried, nocturne) et ses propres créations comme Illusions comiques, Epître aux jeunes acteurs pour que la parole soit rendue à la parole. La critique aura relevé l’excessivité des logorrhées, des pensums philosophiques. Nous retiendrons avant tout la tentative d’un homme de nommer le manque : « Chacun devra s’ar- c t u a pour qu’il devienne une cloche qui sonne et acclame les noces obscures de notre boue avec la vérité éternelle de l’amour ». Oui, Olivier Py se répète, nous sert une énième pièce sur la quête du père, mais c’est par la démesure de ce désir de dire, d’oser renouveler son geste à l’infini - la dernière figure paternelle se nommera d’ailleurs le Père renouvelé qu’il peut espérer donner corps à cette parole, et qu’elle se transcende dans la Joie. Anouk Molendijk Orlando ou l’Impatience, d’Olivier Py, mise en scène par Olivier Py, scénographie de Pierre-André Weitz avec Jean-Damien Barbien, Laure Calamy, Eddie Chignara, Matthieu Dessertine, Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer, Stéphane Leach et François Michonneau, du 23 au 26 avril à la Comédie de Genève. informations et réservations sur www.comedie.ch et 022 320 50 01. l i t é t h é â t r e raient germer dans leurs jeunes esprits. Il est encore plus fondamental de s’y atteler fermement lorsque ces préjugés portent les noms de racisme et de xénophobie. les marionnettes de genève Le Vilain Petit Mouton La pièce créée en 2011 dans la foulée de la campagne d’affichage de l’UDC stigmatisant l’étranger, le différent de soi, l’autre, est reprise ce printemps. L’auteur Olivier Chiacchiari a écrit une farce politique mêlant les émotions primaires : rire, tristesse, peur qui conduisent non pas à la résignation ni à la lâcheté, mais à une salutaire désobéissance. Entretien avec l’auteur. Le Vilain petit mouton : est-ce une commande de Guy Jutard ou une proposition spontanée de votre part ? Olivier Chiacchiari : Il s’agit d’une commande très libre de Guy Jutard avec qui j’entretiens un compagnonnage artistique depuis 2006. Son idée de départ était d’élaborer une fable sur la base des affiches de l’UDC. Une belle occasion de développer ce qu’elles m’inspirent et d’y apporter une réponse artistique. En substance, ma réponse tient en ces quelques lignes : au-delà des affiches en question, ce qui m’interpelle, c’est cette persistance de l’être humain à travers les siècles à vouloir se représenter en moutons. De Esope à nos jours, en passant par la Bible et La Fontaine, les exemples ne manquent pas. Alors à mon tour, je me suis penché sur le quotidien de ces ruminants grégaires pour voir ce qu’ils avaient de commun avec nous. Et pour ma part, j’en tire la conclusion suivante : cessons de nous comparer à eux, car quel que soit l’angle sous lequel on les appréhende, leur condition n’est pas enviable, mais alors pas du tout. S’agit-il d’une fable politique inspirée par l’actualité locale mais à valeur universelle ? Je crois que n’importe quel écrivain un tant soit peu sincère avouera vouloir atteindre l’universel par le biais du particulier. N’est-ce pas le sens même de l’art ? Quoi de plus stimulant en tant qu’artiste que d’évoquer l’infiniment grand en se penchant sur l’infiniment petit ? Lorsque la grande histoire rejoint la petite histoire du personnage, lorsque les grandes problématiques e n t r politiques et sociales se retrouvent dans les tracas singuliers du protagoniste, la dramaturgie opère et la fable mérite d’être proposée au public, du moins à mon sens. Croyez-vous à la portée pédagogique du théâtre, pour enfants ou pour adultes ? En réalité, je crois moins à la pédagogie qu’à la force cathartique de la fable. On n’éduque pas au théâtre, on suggère, on invite, on partage. Une scène n’est pas une salle de cours mais un lieu de rencontre. Si la rencontre opère, alors la pièce a une petite chance de marquer les esprits, qu’ils soient petits ou grands. Au théâtre encore, on convoque l’affect et l’émotion. Personnellement, j’ai la chance de travailler sur une émotion pas si fréquente que cela sur les scènes contemporaines : le rire. Comme j’aime à le rappeler, il y a des rires qui m’honorent et des rires qui m’embarrassent, toute situation comique inspirée d’un propos dramatique gagne en pertinence et en profondeur. Le rire pour le rire, qui ne cherche que le bon mot ou la blague en négligeant le sens, ne m’intéresse pas. Rappelez-nous le détail de votre collaboration avec le TMG. «Le vilain petit mouton» © Cédric Vincensini Le répertoire du TMG met souvent en scène les préjugés et comment les dépasser : est-ce plus facile avec un public très jeune qui précisément n’est pas censé en avoir ? Lorsque j’écris pour les adultes j’ai envie de fustiger, de radicaliser, de ne montrer que le côté obscur pour aller au bout de la satire. Mais lorsque j’écris pour le jeune public, je me surprends à adoucir les angles et à vouloir donner de l’espoir. Car même s’il est nécessaire de les alerter sur les travers de nos sociétés, pour paraphraser Edward Bond, les enfants méritent de croire que des dieux veillent sur le monde. Pour les adultes, il est souvent trop tard, un préjugé ancré est un préjugé acquis. C’est une pure perte de temps que d’œuvrer à les extirper. En revanche, il est fondamental de fournir aux enfants des clés – fussent-elles fictives et théâtrales – pour prévenir les préjugés qui pour- e t i e La Cour des petits en 2006, création du Vilain petit mouton en 2011 et Les Lois du marché en 2013. En plus d’un compagnonnage professionnel, cette collaboration qui dure désormais depuis plus de dix ans s’est transformée en une belle histoire d’amitié. Quels sont vos sujets de prédilection? Les grandes injustices mêlées aux petites lâchetés du quotidien, sous toutes leurs formes possibles et imaginables. Propos recueillis par Laurence Tièche Le Vilain petit mouton au Théâtre de Marionnettes de Genève, du 15 avril au 3 mai. Réservations au 022.807.31.00 et sur www.marionnettes.ch n 35 t h é â t r e Mardi 14 avril, 20h30 : COMPLèTEMENT DUTRONC festival au poche Les singulières 36 Mercredi 15 & jeudi 16 avril, 19h : BARBARA, L’AGE TENDRE Consistant en 14 soirées exceptionnelles, il réunira une cinquantaine de comédiens romands ayant participé à la vie du Poche ces douze dernières années. Vendredi 17 avril, 20h30 : VAë̈NA’S PROJECT avec Séverine Vaëna (chant) Jéremie Creix (trombone), Claude-Alain Burnand (piano) Patrick Perrier (basse) Francis Stoessel (batterie) Pourquoi Les singulières ? Car il s’agit de soirées ‘singulières’, c’est-à-dire étonnantes et rares, qui donneront l’occasion aux artistes participants de s’aventurer un peu en dehors de leurs sentiers habituels, comme l’a souhaité la maîtresse des cérémonies Françoise Courvoisier, de façon à leur faire changer de répertoire et d’emploi, et de montrer aux spectateurs certains de leurs talents cachés. Samedi 18 avril, 19h : MATHILDE de Véronique Olmi avec Christian Gregori Françoise Courvoisier Quatorze soirées extraordinaires aussi en ceci qu’elles ont été parfois inventées et montées en quelques jours, pour des raisons de calendrier et de disponibilités des artistes, souligne, enthousiaste, Françoise Courvoisier. Et enfin, cadeau surprise pour le public du petit théâtre en Vieille-Ville que la directrice quittera à la fin de la saison, La Septième Vallée de Jacques Probst - auteur dramatique que l’on ne présente plus - datant de 1978 et dédiée à Philippe Mentha, pièce qui liera en un bouquet final polychrome vingt comédiens pour seulement deux représentations (6-7 mai)! De la chanson pour lancer ce festival transversal avec d’abord un spectacle autour de Jacques Dutronc, un autre autour de Barbara, puis le Vaëna’s project qui proposera quelques compositions originales superposées à des standards de jazz. Puis suivront du théâtre-performance à deux personnages (Mathilde de Véronique Olmi avec Christian Gregori et Françoise Courvoiser), le stand-up de David Gobet, le monologue L’Intime du large créé en 2004 de Fabienne Guelpa, aux accents presque durassiens, le solo humoristique de Pierre Miserez, puis le Joyeux Bordel en trio de Bérangère Mastrangelo, Philippe Mathey et Lee Maddeford. En seconde partie de festival, un texte de et par Serge Martin, un concert de Claude Darbellay avec Michèle Courvoisier au piano (Winterreise de Schubert), un duo né d’une série d’improvisations retranscrites qui nous parlera a Mardi 21 avril, 20h30 & Mercredi 22 avril, 19h : DIS-LUI BIEN QUE TU VIENS DE MA PART! de et par David Gobet Jeudi 23 avril, 19h : L’INTIME DU LARGE de et par Fabienne Guelpa Vendredi 24 avril, 20h30 & 7 Samedi 25 avril, 19h : EXCUSEZ-MOI de et par Pierre Miserez Mardi 28 avril, 20h30 : JOYEUX BORDEL avec Bérangère Mastrangelo, Philippe Mathey (chant) et Lee Maddeford (chant et piano) Françoise Courvoisier © Alan Humerose du bonheur…d’être (mal)heureux, , une création de Vincent Bonillo et Fanny Pelichet, un concert de Martin Reinmann (Six Sonates d’Isaÿe pour violon seul), une évocation de Grisélidis Réal par une jeune interprète française, Julie Allainmat, et last but not least le texte de Jacques Probst : « Votre visite m’honore. La visite du plus grand poète de la nation m’honore ….. Souvent j’ai désiré rencontrer l’auteur de si fortes œuvres. Vos poèmes… renouvellent le sens de notre littérature. Un souffle d’incroyables épaisseurs de poussière » dit le Président au poète Corbeau en début de pièce. Allons donc gaiment entendre tous ces ‘souffles d’incroyables épaisseurs’ printaniers qui ‘honorent’ l’art de la scène et montrent comment faire un théâtre pluriel de façon délibérément singulière ! Mercredi 29 avril, 19h : LA JETÉE DES ESPOIRS de et par Serge Martin Jeudi 30 avril, 19h : WINTERREISE (Le Voyage d’Hiver) de Schubert avec Claude Darbellay (chant) Michèle Courvoisier (piano) Samedi 2 mai, 19h : PARADISE NOW ! texte Julie Gilbert, son Pierre Audétat Mardi 5 mai, 20h30 : SIX SONATES D’YSAŸE avec Martin Reinmann (violon) Mercredi 6 mai & jeudi 7 mai, 19h : LA SEPTIÈME VALLÉE de Jacques Probst Rosine Schautz Vendredi 8 mai, 20h30 & 14 Samedi 9 mai, 19h : TOI, L’IMBÉCILE, SORS! de Grisélidis Réal www.lepoche.ch Réservations : 022 310 37 59 pass 10 soirées : 100.- c t u a l i t é t h é â t r e 37 a «Complètement Dutronc» avec Julien Tsongas «Dis-lui bien que tu viens de ma part !» © Sébastien Monachon «Mathilde» avec Christian Gregori par Marc Vanappelghem «L’intime du large» avec Fabienne Guelpa © Dorothee Thebert c t u a l i t é t h é â t r e à vidy-lausanne et bonlieu-annecy Les particules élémentaires Pourquoi et comment des jeunes s'emparent-ils d'un des premiers opus de Michel Houellebecq, qui il y a quinze ans sonnait le désenchantement d'une époque et le glas des illusions de 68 ? De la vision maniaco-dépressive houellebecquienne et du cynisme désabusé de l'auteur, le jeune Julien Gosselin (26 ans au moment de sa mise en scène à Avignon en 2013) renvoie de savoureux tableaux brossant allègrement l'apologie de la jeunesse et du culte du corps de l'époque avec ses désastres idéologiques collatéraux. Comme il s'emparerait de l'album-photos de ses parents pour mieux dézinguer les racines de la mythologie familiale. Saga balzacienne d'aujourd'hui ? Les particules élémentaires sont comme une longue description clinique qui disséquerait les pulsions de notre société en mettant à jour ses contradictions les plus profondes. Et touche droit au but, en pleine ère libérale-libertaire, confondant libéralisme et libération sexuelle, liberté individuelle et individualisme. Où le tout consommation masque la misère sociale et relationnelle qui pointe, où la science et la technique vont peu à peu remplacer l'humain, les revendications féministes pour l'égalité annoncer la notion de genre… Tout cela joyeusement épinglé dans un spectacle qui fait son miel de ces années 90 croquées crûment et sans pitié. Tant les quinze ans qui nous séparent du moment de l'action du livre ont eu un effet sur l'accroissement de la désespérance et du manque d'amour conjoints à la chute du monde occidental, auquel le spectacle fait constamment référence. Cette adaptation de l'œuvre culte de notre littérature de fin de siècle, ne nous épargnant aucune impudence d'alors, paraîtrait presque vintage, tant les violences du libéralisme sauvage d'aujourd'hui renvoient à une société bien plus désintégrée, radicalisée, démoralisée ! Parti pris collectif C'est avec une approche chorale - loin d'être naïve - que le jeune metteur en scène s'empare du texte avec le collectif de sa compagnie “Si vous pouviez lécher mon cœur“, comme s'il fallait pour mieux décrypter la complexité de l'œuvre, a c t u livrer ces histoires individuelles à une lecture multiple rassemblée sur un même plateau, histoire d'assumer collégialement ces destins narcissiques brisés dans leur envol au miroir des illusions et dont la recherche d'idéal va se fracasser à une réalité sordide, mais dont la poursuite d'absolu reste intacte... «Les particules élémentaires» © Simon Gosselin Ce dispositif choral accentue l'effet ironique de l'écriture, où se chevauchent cynisme et naïveté, dépression et excitation, descriptions technico-scientifiques et envolées lyriques. On passe de monologues dignes d'une tragédie à des scènes de sit-com hilarantes (les ateliers de hathayoga-tantra et les salutations au soleil au Lieu du Changement…), en passant par des pages de littérature SF new-age (annonçant la troisième grande mutation métaphysique de notre ère !), sur fond de belles vidéos d'Irlande ou de mélodies pop interprétées en live par les comédiens. Pour la première adaptation théâtrale de Michel Houellebecq en France, Julien Gosselin se réjouit de confronter son œuvre la plus essentielle, au plateau. Les particules élémentaires a l i t représentent pour lui “un texte au potentiel théâtral très fort“. « Toute son œuvre est stylistiquement centrée sur le pari de faire se côtoyer descriptions wikipédiesques, récit romanesque, poèmes », déclare-t-il. « Le style de l'auteur répond, par ailleurs, à mon désir de combiner sur la scène la pensée, la science, la poésie et l'art théâtral ». La possibilité de l'amour ! Evoluant dans un espace sans décor, les dix acteurs restent présents face au public tout le long de la pièce, “pour incarner narrateurs et personnages, pour participer aux images collectives ainsi qu'à la création musicale, en direct sur scène“. La réussite du spectacle tient à cette orchestration commune de ces récits indépendants, illustrant l'extension du domaine de la lutte individuelle, dans une mise en scène très visuelle où l'alternance du chœur, de la narration et d'épisodes joués, entraîne le public au plus près de l'écriture, au cœur de l'illusion théâtrale, entre rires et émotion. Sa transposition sur scène donne vie à un roman qui en livre bien peu, et la représentation, portée par une troupe d'acteurs qui habitent non seulement les mots de Houellebecq mais aussi l'auteur précisément - arpentant la scène en Pierrot lunaire à la mèche torve et l'accoutrement inimitable -, entraîne le public dans ses différents niveaux de lecture, le tenant en haleine quatre heures durant. On vagabonde d'un premier degré, voulu et assumé, collé au texte dont l'obscénité des obsessions sexuelles le dispute aux élans poétiques, à une dimension comico-satirique pleine d'humour jusqu'à un final en forme d'ode métaphysique à la foi dans un monde meilleur, plaçant l'homme, auquel le texte est dédié, en conclusion de la pièce. Liberté, justice, amour, les vieilles valeurs morales judéo-chrétiennes ont finalement de beaux jours devant elles… Christine Ramel Les particules élémentaires de Michel Houellebecq. Adapt & m.e.s. Julien Gosselin. -- Du 29 avril au 1er mai. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, à 19h (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) - les 12 et 13 mai. Bonlieu Scène nationale, Annecy é 39 t h é â t r e d’une traduction à une autre il reste toujours ce souffle, cette puissance poétique qui fait que l’on reconnaît toujours ‘la voix’ de Shakespeare. théâtre saint-gervais genève 40 Othello Vous êtes-vous spécialement préparé physiquement pour jouer Othello ? Dans une mise en scène réduite à 5 comédiens, Eric Salama propose sa vision de la plus ‘sublime’ pièce de Shakespeare au sens premier du terme, car faisant vivre au spectateur les émotions fortes voire les tortures de l’âme que subissent des personnages englués dans une tragédie destructrice menant invariablement à la mort. En fait, physiquement non. Je travaille tout le temps, j’enchaîne les rôles, donc mon corps est fait, je tiens bien physiquement. Bon, j’ai perdu 30 kilos... ?? Oui, je voulais, je voulais ça pour le rôle. L’intrigue d’Othello en quelques mots: un noble général à la peau noire (Othello, « le Maure ») tout juste marié en secret à la jeune Desdémone, s’apprête à combattre les Turcs à la tête de la flotte vénitienne, mais les navires turcs sont détruits par une tempête. Iago, officier d’Othello, et l’un des plus célèbres « méchants » de l’histoire du théâtre, profondément blessé de ne pas avoir obtenu la place de second de son ‘seigneur’, échue à Cassio, fera tout pour ruiner le mariage du Maure et conduire son maître à sa perte. Il n’aura de cesse d’improviser subtilement jeux de projections et manipulations, et d’user de ces sous-entendus toxiques qui engendrent chez l'autre des pensées troubles inoculant goutte à goutte le poison de la jalousie si néfaste à la personnalité intérieure de tout un chacun. Iago a ainsi recours à un nombre incalculable de stratagèmes qui peu à peu porteront leur fruit et convaincront Othello de tuer son épouse. Avec une folle détermination, il entreprend de lui faire croire que Desdémone le trompe avec Cassio, son jeune lieutenant. Emilia, l’épouse de Iago, ira pour sa part et en complice voler le mouchoir qu’Othello avait offert à sa femme et déposera le bout de tissu dans la chambre de Cassio pour le faire incriminer. Othello, tout à sa méprise, finira par étouffer Desdémone, avant qu’Emilia ne lui révèle le fin mot du complot ourdi par Iago. Par mesure de rétorsion, Othello la tuera, et comprenant quel monstre il a été, se suicidera. Cassio, lui, sera nommé gouverneur de Chypre, et Iago torturé avant d’être exécuté. Depuis plus de 400 ans, le personnage d’Othello fascine, au point qu’il a donné lieu à la création d’un concept psychiatrique, le syndrome d’Othello, trouble du comportement communément appelé jalousie pathologique. Quelques insinuations bien aiguisées suffiront en effet à Iago pour semer le doute dans e l’esprit d’Othello. La jalousie prend souvent racine, paraît-il, chez les individus présentant une faille dans leur ego. Mais au départ, comme l’analyse Eric Salama, le vrai jaloux de la pièce, c’est Iago, et non Othello. Obsédé par l’idée fantasmée que sa femme le trompe avec tout le monde, l’officier injecte sa propre « pathologie » à son général. Eric Salama passe nos modes de vie et nos états intérieurs au scanner, signant ici une adaptation resserrée formée de cinq comédiens au lieu de la vingtaine prévue par l’auteur anglais, lecture dramatique qui met le doigt là où ça fait mal, replaçant l’être inhumain - mon semblable, mon frère comme dirait Baudelaire - au centre d’un dispositif délibérément contemporain. Ahmed Belbachir Rosine Schautz Entretien : Ahmed Belbachir Comment avez-vous abordé le rôle, et plus globalement comment abordez-vous Shakespeare ? C’est en fait des retrouvailles. Shakespeare est l’auteur que j’ai le plus joué, c’est aussi mon auteur préféré. Il y a des années, j’ai joué Edmond dans le Roi Lear mis en scène par Langhoff. Dans ma pièce Le Silence de Cathy (jouée au Poche en juin 2012, NdR) je citais Othello, le Maure, l’étranger qui doit accepter sa différence, accepter son identité que les autres n’acceptent pas forcément. Pour ce qui en est de Shakespeare, j’aime que sa langue soit métaphorique, qu’elle soit bourrée d’images, j’aime sa richesse. Que l’on passe n t r e Othello, est-ce pour vous une tragédie domestique comme on l’a dit parfois ? Une tragédie domestique ? Je ne sais pas…. Je vois Shakespeare quoiqu’il raconte comme un historien de l’humanité entière. C’est total. C’est l’historien du monde. Chez lui, il n’y a pas une intrigue. La jalousie qui mène à la folie, qui pousse au meurtre, oui, c’est un peu une tragédie domestique, c’est également une injustice car il est un chef militaire reconnu. Mais à cause de sa ‘race’, de sa différence de race, il est minoré. Et Iago utilise ce point faible-là précisément. Othello n’a pas confiance en lui-même, car il est ‘noir’. Il se sent dévalorisé. « ... La faiblesse de mes mérites… me fera douter de sa fidélité car elle avait des yeux pour me choisir » dit-il à sa jeune épouse qui le retrouve à Chypre. Des yeux pour me choisir. Il doute de cet amour, mais elle t i e n t h é â t r e a eu des yeux pour le choisir ! Il a un problème par rapport à son statut d’étranger. Iago utilise les trois points faibles d’Othello pour l’amener à sa perte : il est maure, il est plus âgé que sa femme, et il l’a épousée en secret, contre la volonté de son père. Iago se sert donc de ces trois points de vulnérabilité, sous-entendant que si elle a été capable de tromper son propre père en l’épousant, elle sera capable d’en faire de même avec lui. Il est ‘vieux’, donc Iago ironise sur ses possibilités physiques dans un avenir proche, et dernière fourberie, il lui fait comprendre qu’ils ne sont pas de la même race. Là, la question à se poser c’est peut-être : on se sent chez soi dans l’endroit où on travaille, ou dans l’origine qui coule dans nos veines ? C’est un des points de vue qui nous a plu de travailler avec Eric Salama. Que penser de iago qui pousse Othello au meurtre par le seul discours ? Encore une fois, c’est ce qui fait que la langue de Shakespeare est riche. Il a tout compris de ces manipulateurs qui mentent, qui rendent fou par leurs discours, ces gens qui sont au cœur des royaumes, voire à la tête de ceux-ci. Pour moi, il n’a jamais été égalé. Personne n’arrive à écrire comme lui. Ses textes ne sont jamais didactiques. Mais poétiques. Pour penser le monde avec élévation. C’est une sorte de comète. Comme si la Nature avait inventé un génie pour parler d’elle. Réduire la pièce à cinq personnages, pourquoi ? Il faudrait demander à Eric Salama. Dans sa mise en scène, il démonte, entrecoupe, fait des rajouts, des raccords, des inserts. Il veut rendre contemporain, et parler à travers la pièce des problèmes contemporains. Et cinq, c’est pour lui un bon chiffre pour jouer ensemble sur un plateau. Othello me parle beaucoup. Son point faible, sa vulnérabilité d’être étranger me parle. Je l’ai vécu de l’intérieur : mes parents et leurs différences de culture (mon père algérien musulman, ma mère française catholique) ont fait de moi celui que je suis aujourd’hui. La problématique ne me laisse pas indifférent, je la connais par cœur, c’est mon histoire. Ces métissages, ces départs, être voyageur où que l’on soit… Petit à petit ça s’estompe, mais c’est là. Alors oui, jouer Othello c’est un peu jouer mon parcours, jouer mon ‘étrangeté’ et la sublimer. Propos recueillis par Rosine Schautz Du 15 au 30avril. Théâtre Saint-Gervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) Jouer Othello c’était un rêve ? Oui, j’ai toujours rêvé de jouer ce rôle. Je me sentais taillé pour ça. C’est une chance inouïe qu’Eric m’ait vu dans Le Silence de Cathy et qu’il me propose ensuite de jouer Othello. Car 41 RUSALKA OPÉRA D’ANTONÍN DVOŘÁK THÉÂTRE ORCHESTRE BIENNE SOLEURE CAMERATA DE LAUSANNE VENDREDI 17 AVRIL — 20h DIMANCHE 19 AVRIL — 15h SALLE DES FÊTES DU LIGNON PIERRE AMOYAL, VIOLON CHRISTIAN CHAMOREL, PIANO Place du Lignon 16 — Vernier MOZART DÉCOUVREZ MENDELSSOHN LA SAISON 2015 24 AVRIL 2015 À 20H00 TEMPLE DE LA CROIX D’OUCHY LAUSANNE INFOS ET RÉSERVATIONS: CAMERATALAUSANNE.CH Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie e n t r e t i e n Bonlieu Scène Nationale, Annecy Location / réservation : 04.50.33.44.11 / [email protected] photo © Elizabeth Carecchio « Les marchands » de Joël Pommerat du 7 au 9 avril 2015 photo © Magali Bazi « Celui qui tombe » de Yoann Bourgeois du 28 au 29 avril 2015 Théâtre de Vidy, Lausanne Location / réservation : 021 / 619.45.45 / www.billetterie-vidy.ch « BIT» conception de Maguy Marin du 22 au 24 avril 2015 « Le manuscrit des chiens III » de Jon Fosse du 28 avril au 10 mai 2015 photo © Didier Grappe photo © Pablo Fernandez t h é â t r e entretien : rené zahnd Vidy sous la loupe Personne n’était mieux placé que René Zahnd, l’ancien bras droit de René Gonzalez, pour évoquer l’histoire du théâtre de Vidy. Après son départ de la scène du bord de l’eau, il s’est attelé à une nouvelle collection d’ouvrages consacrés aux auteurs dramatiques. Vous vous êtes penché sur un demisiècle d'histoire du Théâtre de Vidy. Quels ont été les moments qui vous semblent les plus emblématiques de ces 50 saisons ? 44 René Zahnd : Ce qui me frappe, ce n’est pas tel ou tel moment emblématique, même s’il y en a forcément eu beaucoup. Non, ce qui me frappe, c’est le mouvement d’ensemble qui anime ce demi-siècle d’existence. Une saga comme celle du Théâtre de Vidy s’inscrit dans une histoire beaucoup plus large, qui est forcément celle notre société. Imaginez un peu à quel point le monde a bougé entre 1964 et 2014 ! Cette interaction entre un contexte, avec ses forces sociales, politiques, économiques d’une part, et, d’autre part, un lieu défini dès le départ comme une « maison » de création et de production, est passionnante. Impossible de séparer une programmation théâtrale, considérée comme un geste d’ensemble, du contexte qui la voit naître. Dans l’exemple de Vidy, on peut bien sûr énumérer des étapes qui sont emblématiques autant des époques successives que de l’histoire récente du théâtre : la mise en place d’outils de travail, la revendication d’une identité locale (en réaction aux tournées parisiennes), des débats politiques marqués par un clivage gauche-droite, des révolutions esthétiques et structurelles (les créations collectives), une ouverture au monde, un éclatement de la notion traditionnelle de l’art dramatique pour déboucher sur l’avènement du « spectacle vivant », une internationalisation du propos ou encore l’arrivée des écritures de plateau, qui mêlent de multiples formes d’expression. Cette histoire est donc solidaire de l’évolution de la société. Cette évolution, elle l’épouse parfois, ou la précède, ou la reflète simplement. C’est ce qui me frappe. Comme me frappe aussi, qu’au-delà des grands discours, tout cela reste profondément humain : une affaire d’individus et d’équipes qui sont les acteurs de leur temps. e Quels ont été les rapports entre ce lieu de création et les autorités lausannoises ? Dans un premier temps, quelqu’un comme Charles Apothéloz (qui a fondé les Faux-Nez en 1948) est considéré comme un trublion qui livre de grandes batailles contre l’establishment politique et artistique. Vingt-cinq ans plus tard, il est lui-même contesté par une nouvelle généra- ou entre l’aide aux institutions et le soutien de la création dite indépendante. Le Théâtre de Vidy est devenu, surtout depuis l’arrivée de Matthias Langhoff en 1989, puis de René Gonzalez en 1990 un des fleurons de cette action d’envergure. Ils sont rares, ceux qui aujourd’hui parmi les élus tiennent les « théâtreux » pour des saltimbanques plus ou moins dérangeants ou encore pour une sorte de mal nécessaire (une fatalité en somme !). Désormais, la perception d’une activité comme celle du « Théâtre au bord de l’eau » prend en compte des éléments qui excèdent largement le champ artistique. On analyse les retombées en termes d’image, de tourisme, d’emplois, d’économie… Vous avez été le bras droit de René Gonzalez : comment définir à posteriori sa manière de diriger cette institution ? Rétrospectivement, je me rends compte à quel point j’ai eu une chance inouïe de participer à cette aventure pendant quatorze ans. Merci la René Zahnd © Helene Mauler tion, aux idées différentes, qui lui reproche de capter tous les pouvoirs. Dans l’intervalle, des structures sont toutefois mises en places (production et formation), avec le soutien des autorités. C’est au cours des années quatre-vingt que les pouvoirs publics semblent prendre conscience de la valeur ajoutée que représente la vie artistique. Se développe alors une véritable politique culturelle. Celle-ci repose sur quelques principes, notamment l’équilibre à trouver entre le rayonnement international et l’ancrage local, n t r e vie ! René Gonzalez était à la fois un patron, un complice et un « poteau », pour faire un emprunt à son vocabulaire. Il était tout entier porté par sa passion. Ancien comédien, il avait gardé une fibre artistique très riche, qui lui permettait d’entretenir une qualité de dialogue exceptionnel avec les créateurs. Mais le plus étonnant, c’est que son goût pour la poésie se doublait d’un solide sens des affaires. C’était un négociateur redoutable et un gestionnaire hors norme. Il a fait de Vidy un foyer de création foi- t i e n t h é â t r e sonnant, jouant en virtuose des possibilités que lui offraient les quatre salles à disposition ou la possibilité de monter un chapiteau à proximité immédiate du bâtiment. En ouverture de saison, il n’était pas rare que nous ayons quatre ou cinq spectacles par soir et notre principal problème devenait la gestion du parking, pour accueillir les quelque 1200 ou 1500 personnes annoncées ! Au bilan, sous sa direction, il y a peut-être eu 650 spectacles différents au programme. Chaque saison, les dernières années, comptait environ 500 représentations à Lausanne et au moins autant en tournée. Quant au public, il affluait, puisque les statistiques font état de 80'000 à 110'000 entrées par saison. Enfin il faut rappeler que le budget se bouclait avec un autofinancement de 50 à 60%, grâce notamment au jeu des coproductions et à la vente des spectacles en tournée. Ce ratio est exceptionnel dans le théâtre public. Ces deux décennies ont été d’une richesse extraordinaire et je suis persuadé qu’on n’en mesure pas encore pleinement le caractère miraculeux. Ceci, grâce à une personnalité d’exception (qui se qualifiait de « gestionnaire d’utopies »), mais aussi grâce à un lieu, un soutien politique, un travail d’équipe, une curiosité du public, un paysage francophone et international favorable : c’est la conjonction de tous éléments, et sans doute de quelques autres, qui a permis cette explosion créatrice. Vous venez de créer une collection consacrée à des auteurs de théâtre. Pouvezvous nous présenter ce projet ? Avec Hélène Mauler, nous traduisons des pièces de l’allemand depuis une dizaine d’années (de Horváth à Brecht, de Mayenburg à Bärfuss…). A ce titre nous sommes invités dans des écoles de théâtre. A chaque fois, lorsque les étudiants nous demandent de leur citer un livre qui soit une bonne introduction à un auteur, nous sommes empruntés. Bien sûr, les bibliographies sont souvent abondantes ! Mais soit les ouvrages traitent de tel aspect spécifique, soit ils datent. Coup de folie de notre part ? Nous avons imaginé de palier à ce manque en créant une collection intitulée « Le théâtre de », consacrée aux auteurs de tous les temps et de tous les pays. Il e n t r «Mokhor» de René Zahnd, mise en scène de Philippe Morand avec Hassane Kassi Kouyaté joué à Théâtre de Vidy lors de la saison 2006-2007 © Anouk Schneider faut croire que l’idée sonne juste puisque nous avons trouvé un éditeur enthousiaste (Ides et Calendes), qui bénéficie d’une excellente diffusion francophone (Volumen/Le Seuil), et un financement pour trois ans, à raison de quatre volumes par année. Chaque volume est l’œuvre d’un spécialiste qui s’adresse à un large public (étudiants, acteurs, amateurs de théâtre…). D’une taille réduite (environ 120 pages) et d’un prix très accessible, les livres se veulent une introduction à l’œuvre dramatique d’un auteur. Ce printemps paraissent Eschyle par Florence Dupont et Pasolini par Pierre Katuszewski. Plus tard, viendront Büchner par Jean-Louis Besson, Tennessee Williams par Christophe Pellet, Tchekhov par Georges Banu, Victor Hugo par Florence Naugrette… Bref, nous rêvons de bâtir une sorte de petite bibliothèque idéale de l’amateur de théâtre. consacrer un jour un texte au barbu d’Altdorf ! Et pourtant cette histoire légendaire est passionnante. Et comme les sources fiables n’existent pas, comme le modèle imposé est celui de Schiller (résolument basé sur des valeurs telles que la patrie, la famille et la religion chrétienne), il est clairement autorisé de broder, c’est-àdire de rêver à partir d’un canevas. « Mon » Guillaume Tell est donc une sorte de chamane qui court la montagne, aux rêves de liberté bien différents de ceux poursuivis par la société de cette Suisse primitive, qui semble songer avant tout aux problèmes de taxes et d’impôts (déjà !). Ma grande chance est d’avoir rencontré François Marin. Dans sa mise en scène, la pièce sera jouée l’été prochain à Sion, en plein air, à l’occasion du trentième anniversaire du Nova Malacuria, un théâtre valaisan très dynamique. Propos recueillis par Frank Fredenrich Et votre chantier d’écriture personnelle, où en est-il ? Je continue d’écrire, d’écrire, et d’écrire, même s’il devient de plus en plus en difficile d’être monté pour un auteur comme moi qui ne fait pas de mise en scène. Heureusement, de temps en temps, une pièce voit encore le jour ! Dans les prochaines semaines paraîtra chez Actes Sud – Papiers une réinterprétation d’une histoire à laquelle je ne pensais jamais m’intéresser : Guillaume Tell. Victime comme tant d’autres du poids des clichés, je n’aurais jamais imaginé e t i e Publications : Vidy, un théâtre au présent, 50 ans d’histoire, de René Zahnd, Favre, 2015, 288 p., richement illustré. Guillaume Tell, de René Zahnd, Actes Sud – Papiers, 2015. Les deux premiers volumes de la collection « Le théâtre de », chez ides et Calendes : Eschyle de Florence Dupont et Pasolini de Pierre katuszewski. n 45 015 au Saison 2014/2 TANCREDI T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH MIGROSGIOACCHINO ROSSINI MARS 20 22 25 27 29 L-CLAS E R U T L U C T N E POUR-C Victoria Hall Jeudi 23 avril 2015 à 20 h ACADEMY OF ST MARTIN IN THE FIELDS Julia Fischer (direction et violon), Oliver Schnyder* (piano) Œuvres de Haydn, Mendelssohn, Schönberg *Soliste suisse Samedi 30 mai 2015 à 20 h LONDON SYMPHONY ORCHESTRA Daniel Harding (direction), Janine Jansen (violon) Œuvres de Rushton**, Mendelssohn, Mahler **Compositeur suisse Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch FARNIENTE COMPAGNIE UN AIR DE RIEN THÉÂTRE | NUITHONIE Jeudi 30 avril-20H Vendredi 1er mai-20H Une exploration ethnologique et poétique de notre société, de nos conditionnements autour des vacances d’été, rituel collectif hérité des congés payés. Délicieusement caustique! WWW.EQUILIBRE-NUITHONIE.CH RÉSERVATIONS FRIBOURG TOURISME ET RÉGION 026 350 11 00 SICS d a n s espace nuithonie, villars-sur-glâne La danse au centre Dans sa nouvelle création, Les arbres pleurent-ils aussi ? Fabienne Berger questionne notre rapport au monde organique visible ou invisible, dans l’univers hautement technologique et connecté dans lequel nous vivons aujourd’hui. Mais comment convoquer la nature sur un plateau de théâtre ? Entretien avec la chorégraphe. e véritables médiums, cherchent à révéler le lien enfoui. On peut par exemple imaginer des corps inadaptés à leur environnement et qui sont donc en constant déséquilibre. Puis peu à peu, ils s’adaptent à leur environnement et investissent leurs mouvements pour détecter des chemins vers d’autres formes d’existence hybrides et poétiques. Vous êtes une habituée des dispositifs scéniques mêlant à la fois vidéo, lumière et musique. Que nous réservez-vous pour cette création ? Il y aura effectivement tout un dispositif scénique, mais je veux laisser la surprise. Nous nous sommes demandé comment nous pouvions fabriquer du vivant sur un plateau de théâtre. Ce que j’aimerais, c’est qu’il y ait des interactions entre les danseurs et ce dispositif. Ce n’est pas juste un décor planté là. Il évolue et provoque des sensations à la fois chez les danseurs et chez le spectateur. J’imagine que parvenir à un tel résultat demande une grande collaboration entre les différentes personnes, comment travaillez vous avec eux ? «Les arbres» © compagnie fb Le titre de votre création est formulé en question. Que souhaitez-vous exactement interroger ? Nous allons questionner notre rapport à la nature en général. Que savons-nous du reste du monde vivant qui nous entoure et comment capter ce qui semble imperceptible à première vue ? En mettant à l’épreuve notre faculté à ressentir les autres formes d’existence, cette création invite le spectateur à investir ses propres sensations. Il faut comprendre le mot nature dans un sens très large. Nous en faisons partie et à cet égard nous voulons également interroger notre place dans cette société, où l’on se coupe de plus en plus de l’organique. Vous avez longtemps travaillé sur notre rapport aux médias, d’où vient cette envie de travailler sur la nature ? Je pense que cela vient de préoccupations très e n t r personnelles. Je ne veux pas faire de grands discours écologiques, mais si l’on regarde de plus près, j’ai l’impression que nous nous retrouvons dans une impasse. J’ai le sentiment que nous sommes de plus en plus coupés de la réalité, les pieds sur terre mais le reste du corps penché sur nos écrans. Et cela change notre rapport au corps, nous nous retrouvons souvent courbés sur nos portables. Sans être rétrograde, je pense que nous pouvons aspirer à l’équilibre entre l’avancée technologique et la préoccupation de préserver notre lien à la nature. Un vaste projet donc, comment comptez-vous faire transparaître cela à travers la danse et le mouvement ? Nous travaillons en équipe. C’est une petite troupe, ce qui nous permet de dialoguer efficacement entre nous et d’éprouver ensuite les processus de création directement sur le plateau. Cette cohésion est primordiale pour moi, car c’est un projet qui engage danse, musique, vidéo et lumière dans une même respiration. Pour ce faire je me suis entourée d’artistes confirmés issus des arts plastiques et visuels. Propos recueillis par Valérie Vuille ven 24 avril à 19:00, sam 25 avril à 20:00, jeu 30 avril à 20:00, ven 1 mai à 20:00, sam 2 mai à 20:00 : Les Arbres pleurent-ils aussi ? Par la Compagnie Fabienne Berger Nuithonie / Petite Salle (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51) Le corps et la danse resteront au centre, pour moi c’est primordial. Je veux vraiment travailler sur ce clivage entre l’homme et la nature. Les danseurs, dont les corps agissent comme de e t i e n 47 m u s i q scènes d’avril Agenda romand A côté des nombreux concerts de circonstance propres à la période pascale, on relèvera surtout la création, à l’Opéra de Lausanne, de Solaris de Daï Fujikura, en coproduction avec le Théâtre des Champs-Elysées, l’ircam-Centre Pompidou et l’Opéra de Lille, ainsi que la présentation, par l’OSR à Beaulieu, d’une vaste composition de John Adams pour grand orchestre intitulée Harmonielehre. 48 A Lausanne, l’Opéra présente Solaris, opéra en quatre actes de Daï Fujikura sur un livret du scénographe et chorégraphe Saburo Teshigawara, inspiré du roman de science-fiction de Stanislas Lem. Créé à Paris en mars au Théâtre des Champs-Elysées, l’ouvrage est conduit par Erik Nielsen, à la tête de l’Ensemble Intercontemporain, de cinq chanteurs et d’un groupe de danseurs (ve 24 et di 26). A l’Opéra également, l’Orchestre de Chambre de Lausanne donnera son 8e concert d’abonnement, sous la direction de Bertrand de Billy, avec Tobias Moretti, récitant, et Marysol Schalit, soprano. Beethoven est au programme, avec la musique de scène d’Egmond et la 5e Symphonie ( lu 27 et ma 28). Au même endroit, pour son 6e concert du Dimanche, l’OCL obéira à la baguette de Gustavo Gimeno et Lionel Cottet jouera la partie solistique du Concerto pour violoncelle No 2 de Bernhard Heinrich Romberg. La 3e Symphonie de Schubert figure aussi au programme (di 12). Au Salon Bailly de l’Opéra, on retrouvera le violoncelliste Lionel Cottet au 5e Entracte du Mardi, cette fois en compagnie des violonistes Alexander Grytsayenko et Olivier Blache, et de l’altiste Eli Karanfilova, pour le Quartettsatz de Schubert et Marisol Schalit © Vera Markus a le 2e Quatuor de Borodine (ma 28). Pour le 3e concert Découvertes de la saison, au BCV Concert Hall, l’OCL, conduit par Andris Poga, accueillera le pianiste et présentateur Jean-François Zygel, qui mettra tout son talent à dévoiler et commenter les beautés de la Symphonie italienne de Mendelssohn ( le 1er avril). A la Cathédrale, le Chœur Hostias, avec l’OCL, des solistes et les Vocalistes Romands, présenteront, sous la direction de Renaud Bouvier, la Passion selon Saint Jean de J.S. Bach (me 22). Au Théâtre de Beaulieu, l’Orchestre de la Suisse Romande, avec à sa tête Markus Stenz, propose un programme captivant pour son 7e concert d’abonnement, avec la Siegfried-Idyll de Wagner, le Concerto pour violon de Sibelius, avec Leonidas Kavakos en soliste, et la découverte de Harmonielehre, importante partition de John Adams datant de 1985 (je 30). A la Salle Paderewski, les Concerts de Montbenon reçoivent Brigitte Meyer et Pascal Godart pour un très prometteur récital à deux pianos comportant la Sonate K. 448 de Mozart, l’Andante et Variations op.46 de Schumann, les Variations sur un thème de Haydn de Brahms, ainsi que la superbe Suite No 2 Op. 17 de c t u a u e Rachmaninov (ve 24). A la HEMU, l’Ensemble Fiacorda, emmené par le violoniste Robert Zimansky, présentera des œuvres de Rudolf Kelterborn, Isang Yun, Stephanie Haensler (*1986) et d’Helena Winkelmann (*1974) Die Rheinsirene (2013) pour septuor (lu 20). A Morges, le Théâtre de Beausobre reçoit l’Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes, fort d’une centaine de musiciens de 15 à 25 ans qui, sous la conduite de Kai Bumann, chef attitré de l’OSSJ, joueront Une Symphonie alpestre, op.68, de Richard Strauss, tandis que Pavlos Serassis sera le soliste du sublime Concerto pour clarinette K. 622 de Mozart (di 26). Paul Meyer © Vandoren - Edith Held A Rolle, au Rosey Concert Hall, le flûtiste Emmanuel Pahud, le clarinettiste Paul Meyer et un groupe d’instrumentistes à cordes des Berliner Philharmoniker joueront des œuvres de Mozart, de Rossini et l’admirable Quintette avec clarinette de Brahms (ve 24). A Nyon, à l’Eglise catholique, la soprano Isaline Dupraz et l’organiste Olivier Borer présenteront une œuvre de circonstance pour le vendredi saint Les Leçons de ténèbres de Michel Richard Delalande, né à Paris en 1657, mort à Versailles en 1726 (ve 3). A Romainmôtier, deux concerts sont annoncés à l’abbatiale : celui de l’Ensemble Vocal de Poche de Genève, dans des Motets de Vendredi Saint (ve 3), ainsi que celui de l’Ensemble Vocal de Saint-Maurice, avec l’Orchestre de Chambre du Valais et des solistes, sous la conduite de Pascal Crittin, dans le l i t é m u s i q u e Requiem de Mozart et la Missa Sancti Mauritii de Joseph Eybler. (di 19). A Lutry, Il Giardino Armonico se produira aux Concerts Bach en compagnie de la mezzo soprano Marie-Claude Chappuis dans des pages de C.Ph. Telemann et de C.Ph.E. Bach (di12). A Vevey, à la Salle del Castillo, le pianiste Adam Laloum, magnifique Prix Clara-Haskil de 2009, consacrera son récital d’Arts et Lettres à la Sonate K. 576 de Mozart, aux Impromptus D.935 de Schubert, ainsi qu’aux poétiques Davidsbündlertänze de Schumann (ve 24). A Montreux, à l’Auditorium Stravinski, se tiendra du 9 au 11 avril le 51e Montreux Choral Festival. Au même endroit, les Carmina Burana de Carl Orff réuniront deux chœurs, trois solistes, deux pianistes et un ensemble de percussions, sous la baguette d’Yves Bugnon (ma 28). A Monthey, au Château, le Marquis de Saxe interprète des œuvres pour quatuor de saxophones (di19). Au foyer du Crochetan, le ténor Valerio Contaldo et le pianiste Didier Puntos présentent des Lieder de Schubert d’après Goethe, le cycle Dichterliebe de Schumann sur des poèmes de Heine et des extraits des Mörike-Lieder de Hugo Wolf (di 26). A Martigny, la Fondation Gianadda invite deux lauréats du Concours Géza Anda, Filippo Gamba et Christoph Berner, à interpréter des œuvres de Schubert et de Schumann pour piano et piano à quatre mains (je 16). A Sion, à la Fondation de Wolff, le Trio Nota Bene présentera des pages de Fauré et de Chausson pour piano, violon et violoncelle Trio Nota Bene (ve 3). A Sierre, à l’Hôtel-de-Ville, le pianiste Cédric Pescia a inscrit des œuvres de Bach, de Kurtag, de Bartok et de Beethoven à l’affiche de son récital (di 19). A Neuchâtel, à la Collégiale, Robert a c t u Bouvier sera le lecteur du Chemin de Croix pour un temps présent, sur un texte de Denis Müller et une musique de Simon Peguiron (ve 3). Au Temple du Bas, le violoncelliste Gary Hoffmann et le pianiste Nelson Goerner interpréteront trois Sonates : l’Opus 99 de Brahms, l’Opus 65 de Chopin et celle de Debussy (je 30). A la Basilique NotreDame, le chœur In illo tempore, que dirige Alexandre Traube, annonce un Office des Ténèbres faisant alterner chant grégorien et pages de Tomas Luis de Victoria (ve 3). Au Temple du Bas, l’Ensemble Symphonique Neuchâtel uni à l’Orchestre de Chambre fribourgeois, sous la conduite d’Alexander Mayer, avec le concours de la soprano Anne Kathrin Fetik, interprétera les Sept Lieder de jeunesse (1928) d’Alban Berg et la 4e Symphonie (1900) de Gustav Mahler (di 26). Même concert à Fribourg, au Théâtre Equilibre, le mardi 28. A La Chaux-de-Fonds, à la Salle Faller, la pianiste Esther Walker et le violoncelliste Joël Marosi offriront une intégrale de l’Oeuvre pour violoncelle et piano de Félix Mendelsshon (je 23). A l’Heure bleue, le récital du flûtiste Emmanuel Pahud comportera des pages de Georg Philipp Telemann et d’André Jolivet données en alternance (me 29). A Bienne, au Stadttheater, Harald Siegel conduira deux représentations du King Arthur de Purcell (me 1 et 22), tandis que la mezzo soprano Carine Séchaye incarnera Carmen et le ténor Roger Padullés sera Don José dans La Tragédie de Carmen d’après Bizet du trio Constant-CarrièreBrook (je 9, di 12, me 21), et que T 42 Dance Projects de Misato Inoue et Félix Duméril présentera Tango des pas perdus sur des musiques d’Astor Piazolla et du tango argentin traditionnel (sa 25 et di 26). Au Palais des Congrès, l’Orchestre Symphonique Bienne Soleure, conduit par Boian Videnoff, jouera Haydn, Prokofiev et le rare 2e Concerto pour piano de Tchaïkovski, avec Marian Lapsansky en soliste (me 15). A la Salle de la Loge, le vio- a l i t Marian Lapsansky © Peter Brenkus loniste Giuliano Carmignola et la pianiste Yasuyo Yano interpréteront deux Sonates de Mozart – les K. 377 et 378 - et deux de Beethoven – les Op. 12 et 24 (di 26). A Porrentruy, le Chœur de chambre jurassien, deux solistes, et les Basler Kammersolisten, conduits par Mark Kölliker, présenteront Ein deutsches Requiem de Brahms (ve 3). A Delémont, l’Ensemble Vocal Tourdion, pour le concert de son 20e anniversaire, bénéficiera du soutien de l’Orchestre de Chambre jurassien (sa 25 et di 26). A Fribourg, à l’Aula Magna, deux concerts sont programmés : l’un du Sinfonieorchester Wuppertal, conduit par Toshiyuki Kamioka, dans la 3e Symphonie et le Concerto pour violon de Brahms, avec Valeriy Sokolov en soliste (me 29) ; l’autre du pianiste Vadym Kholodenko, né à Kiev en 1986, qui consacrera son récital aux Variations Diabelli de Beethoven et aux 24 Préludes op. 34 de Chostakovich (ma 28). A Bulle, C.P.E. Bach, Haydn et Beethoven sont à l’affiche du récital de pianoforte du claveciniste Dirk Boerner, professeur à Berne, Lyon et à la Schola Cantorum Basiliensis (di 26). Yves Allaz é 49 m u s i q u e en avril Agenda genevois Le mois d’avril recevra de nombreux orchestres invités au Victoria Hall, parmi lesquels le Prague Festival Orchestra, présent le 4 avril. Carmina Burana de Carl Orff, le Boléro de Ravel ou encore les Danses polovtsiennes de Borodine sont au programme. 50 Le 12 avril, le Motet de Genève propose d’entendre la Messa di Gloria de Puccini et le In Terra pax de Frank Martin. On pourra aussi écouter le 15 avril l’Orchestre National de Lyon dirigé par Alain Altinoglu ; accompagnés par Emmanuel Pahud à la flûte, ils joueront l’Apprenti sorcier de Dukas, le Concerto pour flûte de Ibert, la Fantaisie brillante sur Carmen, pour flûte et orchestre de Bizet, arrangé par Borne, et des œuvres de Ravel. Les solistes de Neuchâtel, dirigés par Sergey Ostrovsky, proposent le 17 avril un programme varié, où des œuvres de Pergolèse, Bach, Schubert ou Rachmaninov se côtoieront. Le dimanche 19 avril, l’Orchestre de la Suisse Romande sera renforcé par l’Orchestre du Collège de Genève pour un ciné-concert : ils joueront alors des grands tubes de la musique classique et du cinéma. Le 23 avril, l’on retrouvera l’Academy of St Martin in the Fields, dirigée par la violoniste Julia Fischer ; Olivier Schnyder sera au piano. Résonneront alors le Concerto pour piano, vio- Julia Fischer © Decca / Uwe Arens lon et cordes en ré mineur de Mendelssohn, le Concerto pour violon et cordes en sol majeur de Haydn ainsi que La Nuit transfigurée de Schönberg. Le 24 avril, l’Orchestre des varia- a tions symphoniques, dirigé par Baghdassarian, accompagnera le pianiste Vittorio Forte dans le Concerto pour piano et orchestre No 3 de Beethoven : la seconde partie de soirée sera dédiée à la 7e symphonie du compositeur allemand. Le 29 avril, l’on retrouvera l’OSR pour écouter le Concerto pour violon et orchestre de Sibelius, avec Leonidas Kavakos au violon. Markus Stenz sera le directeur de la soirée, où résonneront aussi le Siegfried-Idyll de Wagner et Harmonielehre de Adams. Le 30 avril enfin, l’Orchestre de Chambre de Genève s’unira à la Fanfare du loup pour une soirée « 200% orches-tres », qui propose de retracer la vie quotidienne genevoise lors de la libération du canton de l’occupation française… à découvrir au BFM. Les amateurs de musique contemporaine se retrouveront le 21 avril au Studio ErnestAnsermet autour de Salomé Kammer qui, accompagnée par l’Ensemble Contrechamps, interprétera notamment des lieder de Schönberg. Le 17 avril, dans la Cathédrale, résonneront les accents de la Passion selon Saint-Jean servie par le Chœur de chambre, l’orchestre et les solistes de la HEM dirigé par Celso Antunes. Sur la scène du Grand Théâtre enfin, Médée de Cherubini sera à l’honneur au mois d’avril. Deux projections du célèbre film de Pasolini, avec Maria Callas, seront effectuées les 7 et 8 avril pour s’y préparer, à l’heure du déjeuner. Puis, les 9, 12, 15, 18, 21, 24 avril, Marko Letonja sera dans la fosse avec l’OSR pour soutenir Jennifer Larmore dans le rôle éponyme, Andrea Carè comme Jason et Daniel Okulitch en tant que Créonte. La mise en scène sera quant à elle assurée par Christof Loy. La découverte du c t u a mythe se poursuit le 16 avril grâce à Marc Bonnant, Bernard-Henri Lévy et Alain Carré, qui transporteront le public dans l’Antiquité et ses mystères, dans une mise en scène d’Alain Carré. Enfin, les amateurs lyriques ne manqueront pas le récital de Diana Damrau, toujours au Grand Théâtre, le 23 avril. Accompagnée à la harpe par Xavier de Maistre, elle interprétera des œuvres de Richard Strauss, Liszt, Dvořák et Smetana. Dans le domaine de l’opéra, signalons encore la pestation du Théâtre Bienne Soleure à la Salle des Fêtes du Lignon dans Rusalka, les 17 et 19 avril. Concernant le jazz et les musiques du monde, l’Orquesta Buena Vista Social Club et Xavier de Maistre © Marco Borggreve Omara Portuondo seront le 16 avril sur la scène du Théâtre du Léman alos que, sur la scène du Victoria Hall, on pourra entendre Dee Dee Bridgewater et sa fille China Moses le 21 avril, et Mnozil Brass le 30 avril. Toujours au rayon “musique du monde“, l’Ensemble Nuryana proposera de la musique d’Inde et d’Afghanistan, le 17 avril à l’AMR-Sud des Alpes. Trois concerts sont au menu du Geneva Camerata en avril. Le 18 avril, il accueille le pianiste Matan Porat, le flûtiste Roy Amotz et le violoncelliste Ira Givol à la Salle Frank Martin pour un concert en famille. Ces trois musiciens se retrouveront le 20 avril à La Comédie de Genève pour un concert sauvage. Finalement, le 21 avril à la Société de lecutre, David Greilsammer évoquera la cour du Roi Soleil en compagnie de solistes du Geneva Camerata. Martina Díaz l i t é DI 1ER – VIRGINIE FALQUET piano & PATRICK GENET violon VE 6 – HUIT FEMMES de Robert Thomas Comédie laFERME de laCHAPELLE JE 12 – RADIO TRENET de Jacques Pessis Comédie ME 18 – FABULA BUFFA d’après Dario Fo Comédie AVRIL ME 1ER – LES ROIS VAGABONDS Humour musical DI 19 – LES ANNÉES spectacle musical d’Yvette Théraulaz à Martigny VE 24 – Nouvel Album de MARC AYMON ME 29 – JE VOUS AI COMPRIS de Valérie Gimenez et Sinda Guessab laFERME de laCHAPELLE MA 24 – FRÈRES DE SANG Théâtre visuel PASCALE FAVRE — LAETITIA SALAMIN — FRANÇOIS SCHAER RELIEFS 28 février au 12 avril 2015 MARS GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Ville de Lancy République et canton de Genève PIERRE RICHARD III Théâtre des Marionnettes de Genève ÉCRIT PAR C. DUTHURON & P. RICHARD MISE EN SCÈNE C. DUTHURON PRODUCTION J.-M. DUMONTET MERCREDI 29 AVRIL — 20h SALLE DES FÊTES DU LIGNON Place du Lignon 16 — Vernier LE VILAIN PETIT MOUTON Dès 6 ans 15 avril au 3 mai 2015 La désobéissance d’un jeune mouton qui rêve de nouveaux horizons et d’un monde plus juste. Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie tm g nette n mario s Rue Rodo 3 – Genève • 022 807 31 07 • www.marionnettes.ch m u s i q u e alexandre mayer au théâtre équilibre, fribourg Un Allemand en terres romandes Alexander Mayer dirigera l'Orchestre de Chambre fribourgeois le 28 avril au Théâtre Equilibre à Fribourg. Le concert sera précédé d'une présentation de la 4e symphonie de Mahler. 52 Alexandre Mayer by Tashko Tasheff Agé de 39 ans et originaire de Sarrebruck en Allemagne - d'une maison musicale selon ses propres termes - Alexander Mayer est un boulimique de la direction. Nouveau maestro du Sinfonietta de Lausanne, il conduit également l'Ensemble Symphonique de Neuchâtel. Fin avril, c'est à la tête d'une formation fribourgeoise qu'on va le retrouver. C'est, enfin, un familier de l'Ensemble vocal de Lausanne. Alexander Meyer mène une double carrière : de pianiste et d'organiste d'une part, de chef d'autre part; il a étudié avec des personnalités comme Neeme Järvi, Jorma Panula ou Max Pommer. Sa carrière a été marquée par l'obtention d'un Premier prix au Concours international a de direction de Tokyo, en 2003. Dès l'âge de 4 ans, il voulait diriger... Friand de rencontres, il s'est consacré aux jeunes (Orchestre des jeunes de Sarre, Orchestre des jeunes de Terrebonne, au Québec); selon ses dires il apprend « beaucoup d'eux. Ils restent critiques, mais c’est toujours très positif. J’aime ça. » Il a aussi donné de son temps aux amateurs (très) éclairés (Orchestre de Kaiserslautern) et bien évidemment aux professionnels du monde entier (Orchestres de Tokyo, Osaka, Paris, StPétersbourg, Luxembourg....) De ses expériences d'organiste - qui s'insèrent dans une tradition de trois générations du côté paternel - il prétend avoir retenu un sens du sacré et de la rigueur. De la famille de sa mère, tsigane, il affirme avoir hérité d'un sens du mouvement et de l'improvisation. Selon lui, ces deux tendances le nourrissent ! Rencontrer, découvrir... Son mentor, Neeme Järvi, toujours en quête de nouvelles musiques, l'a particulièrement marqué. L'Estonien a développé chez l'Allemand un sens de la quête. Ce besoin d'explorer les musiques va de pair avec un désir de rencontrer les gens, de leur transmettre sa passion : le lancement de la saison 2011-2012 de l'Ensemble Symphonique de Neuchâtel a été fêté sur le tempo d'une flash mob - grande première pour une formation symphonique -, soit une série de concerts éclairs et impromptus. En c t u a lâchant ses instrumentistes à vent au travers des marchés de La Chaux-de-Fonds et de Neuchâtel, ainsi qu'aux Entilles et à la Maladière, Alexander Mayer est allé à la rencontre des gens : « Je souhaite qu'on joue pour tous et partout. » Adepte des nouvelles technologies, il poste fréquemment des séquences sur YouTube et anime régulièrement son site internet dans lequel il laisse de nombreux messages. Au concert, il utilise parfois le multimédia pour bien présenter l'œuvre; c'est dans cet esprit que s'ouvrira la soirée fribourgeoise. Phalange en développement On connaît moins l'Orchestre de Chambre Fribourgeois - fondé en 2008 à l'initiative des autorités du canton - que ses homologues lémaniques, et c'est injuste ! Ces professionnels, dont l’effectif de base correspond à la formation dite de Mannheim, comptent 37 musiciens : 24 archets, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales; cette formation peut être facilement élargie en fonction des besoins (trombones, percussions, harpe, cordes supplémentaires etc.). L'ensemble a les moyens de présenter les affiches les plus attractives. Son chef titulaire, Laurent Gendre, s'est attaché à lui faire aborder les répertoires les plus variés, à enrichir leur palette, dans l'objectif de développer et de multiplier les activités. Une phalange à suivre, en somme ! Pierre Jaquet Concert le 28 avril à 20 h Théâtre Equilibre, Place Jean-Tinguely 1, 1700 Fribourg Direction: Alexander Mayer Soliste: Anne- kathrin Fetik, soprano Alban Berg: 7 frühe Lieder Gustav Mahler: Symphonie n°4 A 19h20, au bar du 3e étage: introduction à l’écoute de la symphonie n°4 de G. Mahler par M. Bruno Mégevand, président de la Société Gustav Mahler de Genève (présentation ouverte à tous) Concert d’Abonnement n°4 Tarifs : 55.-/50.-/20.Billetterie : Fribourg Tourisme et région 026 350 11 00 Sites internet: http://alexander-mayer.com/ http://www.ocf.ch/ l i t é m u s i q u e olivier schnyder Et la suite ? Déguster la musique Un trio de classiques germaniques, une formation autant mythique que britannique, deux jeunes talents aux affinités zurichoises, dont une femme à la baguette (et à l’archet): c'est un menu raffiné pour les fines bouches, concocté par Oliver Schnyder et Julia Fischer. Trois villes ont marqué le parcours du pianiste suisse Oliver Schnyder : Zurich, New York et Baltimore. Dans cette dernière, il se perfectionne auprès du légendaire Leon Fleisher…. Avant de retourner à Zurich, et mettre le public de Tonhalle à ses pieds : son Concerto en sol mineur de Saint-Saëns régale les mélomanes. On acclame désormais “le poète du piano“… Non sans raisons… Anciens cépages et nouveaux assemblages De tradition très classique, Oliver Schnyder cisèle et aère son jeu. Nul doute, il a bien appris les leçons de son mentor. Loin de se contenter d’une perfection tactile, il vise les étoiles : la performance n’est jamais aussi parfaite que l’œuvre en soi… a-t-il dû entendre plus d’une fois…)… Il semble jouer sur une scène au clair de la lune, en évitant tout artifice. Il n’aveugle pas le public par des exploits techniques… Rien de trop. Son jeu suggère, titille l’imagination, joue avec les sens. Dans son approche des concertos de Haydn, par exemple, « la quête du cantabile est centrale». Tel un top chef du XXIe siècle, il opte pour une « prise de distance » face à la partition, afin de « mieux assembler les ingrédients fins, les sublimer et les mettre en valeur »… « Rien à voir avec une paëlla… » précise-t-il d’un ton amusé. Serait-il fin gastronome également ? a c t u Son aventure avec Haydn a commencé dans son enfance : à l’âge de 10 ans, il passe une nuit blanche à enregistrer sur cassette son œuvre fétiche, le Concerto en ré majeur. Il veut se mesurer aux grands… Bientôt, il monte sur scène. Sauf que… à l’époque de Haydn, il était de coutume d’improviser les cadences… Aujourd’hui, Oliver Schnyder regrette de ne pas avoir le talent d’improvisateur; il a pourtant trouvé une manière de relever le défi, en commandant les cadences auprès son ami compositeur — homonyme de surcroît — Daniel Schnyder, dans lequel il a reconnu l’âme sœur du classique viennois. Il a su adopter le même Ses cadences, ainsi que quelques jolies incartades dans un univers plus contemporain (Martinu, Schulhoff, le Suisse Martin Derungs ou le Britannique David Noon), parfois teintées de jazz (comme la mythique Rhapsody in Blue de Gershwin, sans oublier le Concerto pour piano de Daniel Schnyder), ouvrent peut-être quelques portes hors d'un parcours bien léché. La quarantaine tout juste passée, Oliver Schnyder aurait pu explorer de nouvelles pistes, s’aventurer sur quelques terrains moins connus… Si sa discographie reste très bordeaux/bourgogne (Haydn, Mozart, Liszt et Schumann, en fût de chêne, label RCA Red Seal chez Sony), on pourrait peut-être bientôt s’attendre à des projets plus osés. Les nouvelles collaborations avec l’Orchestre Symphonique de la radio Danoise, et le statut de premier Artiste Etoile sous la baguette de Mario Venzago à Berne, ouvrent des perspectives très prometteuses pour changer d’horizon. Une tournée en Asie se profile également. Il y a aussi son propre trio, créé en 2012 avec Andreas Janke au violon et Benjamin Nyffenegger au violoncelle. On souhaiterait les voir passer commande auprès d’un compositeur national… Au plus grand plaisir des mélomanes suisses, toujours curieux de voir évoluer une personnalité musicale de ce gabarit. Beata Zakes Concert Migros 23 avril 2015 à Genève Academy of St Martin in the Fields. Oliver Schnyder (piano) Julia Fischer (direction et violon) Joseph Haydn : Concerto pour violon et cordes en sol majeur Hob. Viia:4 Felix Mendelssohn Bartholdy : Concerto pour piano, violon et cordes en ré mineur Arnold Schönberg : «La Nuit transfigurée» op. 4 Olivier Schnyder langage musical, à la fois intelligent et innocent, tout gardant la griffe “Daniel Schnyder“. Schnyder & Schnyder, chef et commis… le plaisir de musique devient presque gustatif. a l i t Billetterie: Service culturel Migros Genève Rue du Prince 7, 1204 Genève Tél.: +41 (0) 22 319 61 11 é 53 m u s i q u e portrait Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes Sur les six concerts de la tournée de printemps de l’Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes, deux auront lieu en Suisse romande : l’un à Morges au Théâtre de Beausobre le dimanche 26 avril, l’autre à Neuchâtel au Temple du Bas le dimanche 17 mai. Deux œuvres figurent au programme de ces concerts donnés sous la conduite de kai Bumann, chef attitré de l’OSSJ depuis 1996 : le Concerto pour clarinette de Mozart et Une Symphonie alpestre (Eine Alpensinfonie), une œuvre majeure de Richard Strauss. 54 Formé d’une centaine de jeunes musiciens de 15 à 25 ans, suisses ou habitant ou étudiant en Suisse, l’Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes a donné son premier concert en janvier 1971 à St-Moritz. Il présente actuellement deux séries de 12 à 14 concerts par année, une au printemps, l’autre en automne. Les musiciens sont engagés sur concours deux fois par an, en janvier et en juin. Avant le coup d’envoi de la tournée, ils travaillent seuls à la maison les œuvres retenues, puis sont réunis pour la préparation des concerts lors d’un weekend de répétitions à Zurich et d’une semaine de travail intensif en avril et octobre, à SaanenGstaad et Interlaken pour 2015. L’an dernier, l’orchestre, véritable pont entre les cultures nationales, comptait une vingtaine de musiciens provenant de Suisse romande, répartis à part presque égale entre ceux qui y jouaient d’un instrument à cordes et ceux qui pratiquaient un instrument à vent. Le clarinettiste Pavlos serassis Les solistes Les solistes des concerts sont parfois des membres de l’orchestre. C’est le cas de Pavlos Serassis, clarinettiste grec formé à Athènes et Bâle, qui jouera la partie solistique du concerto de Mozart lors de la prochaine tournée de l’orchestre, à Saint-Gall, Morges, Zurich, Berne, Neuchâtel et Wichtrach entre le 25 avril et le 20 mai. L’an dernier, Lionel Cottet était le soliste de la tournée de printemps, avec le Concerto pour violoncelle de Dvorak,. Au printemps 2010, Louis Schwitzgebel-Wang interprétait le Concerto pour piano No 1 du compositeur suisse Hans Huber (1852-1921). Le Trio Rafale de Zurich, le bassoniste Marc Trénel ou encore le joueur de marimba Manuel Leuenberger ont été quelques-uns des solistes les plus récents. La pianiste française Delphine Bardin a joué avec l’OSSJ le Concerto en sol de Maurice Ravel quelques années après avoir obtenu le Prix ClaraHaskil. Pour la tournée de cet automne, Andreas Janke, Konzertmeister de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, devrait être le soliste du brillant Concerto pour violon d’Aram Khatchaturian, et la 11e Symphonie de Chostakovich également à l’affiche. Un des concerts se donnera à Fribourg au Théâtre Equilibre, les cinq autres en Suisse alémanique. Les tournées L’OSSJ a entrepris des tournées à l’étranger. La première répondait à une invitation du Festival du Schleswig-Holstein, suivie de concerts à Copenhague, Malmö et Stockholm. En 2002 à Berlin, dans le cadre de l’Europäischer Musik Sommer, l’orchestre a donné en création Angor de Rolf Urs Ringger et exécuté la 3e Symphonie de Gustav Mahler. Il a effectué une Le chef Kai Bumann a c t u a tournée en Pologne en 2005, avec des concerts à Zakopane, à Cracovie et à Kezmarok, en Slovaquie. En 2008, il se rendait en Ecosse au Festival International de la Jeunesse à Aberdeen. En 2013, il s’est produit au Musikverein de Vienne et dans la salle de la Philharmonie slovaque à Bratislava, en compagnie du chœur Neue Wiener Stimmen. Des expériences inoubliables pour ces jeunes musiciens. D’autres projets de tournée sont en préparation. Les chefs Depuis sa fondation il y a plus de quarante ans, l’OSSJ a la particularité d’avoir été dirigé par des chefs qui sont restés très longtemps à sa tête. Ce fut le cas de Klaus Cornell, qui a présidé de 1971 à 1984 aux destinées d’une formation qui est, elle, par sa nature même, en constant renouvellement. Ce fut aussi le cas d’Andreas Delfs, de 1985 à 1995, et c’est encore le cas de son actuel directeur artistique, Kai Bumann, né à Berlin en 1961, choisi en 1998 par les membres de l’orchestre parmi plusieurs candidats et qui dirige aujourd’hui encore tous les concerts de l’orchestre. Les soutiens L’OSSJ bénéficie de l’aide financière de la Confédération, des cantons, des communes, de fondations privées et de la société de patronage de l’orchestre. PostFinance apporte également son soutien à l’OSSJ en qualité de sponsor principal. Yves Allaz Renseignements sur : www.sjso.ch l i t é m u s i q u e portrait Lionel Cottet Le violoncelliste Lionel Cottet sera à l’Opéra de Lausanne, le 12 avril, le soliste du 6e « Concert du Dimanche » de l’OCL conduit par le jeune chef Gustavo Gimeno. Au programme figurent la 3e Symphonie de Schubert ainsi qu’une rareté, le 2e Concerto pour violoncelle de Bernhard Heinrich Romberg, une partition dont le soliste de ce concert s’est fait le champion depuis qu’il l’a inscrite à son répertoire et enregistrée à Hof, en Bavière, pour une importante firme de disques. Né à Genève en 1987, Lionel Cottet a étudié le violoncelle auprès de François Guye au Conservatoire de sa ville natale, avant de se perfectionner auprès de Clemens Hagen au Mozarteum de Salzbourg et de Thomas Grossenbacher à la Hochschule für Musik de Zurich. Il bénéficie des conseils de grands maîtres de son instrument au Verbier Festival & Academy, à Londres, à Prades, ainsi qu’à l’International Music Academy Switzerland que dirige Seiji Ozawa. Lionel Cottet reçoit le soutien de diverses institutions et devient également boursier et soliste du Pour-Cent culturel Migros. Il est lauréat en 2011 du Swiss Ambassador’s Award, entreprend une première tournée de récitals en Grande-Bretagne, se produit à Manchester, à Edimbourg, au Wigmore Hall de Londres. En 2012-13, il complète sa formation à New York à la Juilliard School, auprès de Joël Krosnick, le violoncelliste du Quatuor Juilliard, pendant qu’à la même école le pianiste Louis Schwitzgebel-Wang suit de son côté les cours d’Emmanuel Ax. Les deux amis forment un duo piano-violoncelle qui dure depuis plus de dix ans et ne cesse de se produire avec succès, en Suisse comme ailleurs. En 2010 déjà, lors d’un comcert organisé par les Amis de l’OSR au Conservatoire de Genève, le duo avait eu l’occasion d’enregistrer un double album de sonates de Beethoven, Mendelssohn, Webern et Rachmaninov qui avait contribué à faire connaître le grand talent de ces deux musiciens, invités aussi bien aux Sommets Musicaux de Gstaad qu’au Septembre Musical de MontreuxVevey ou au Festival Musique et Neige des Diablerets. Prestations Lionel Cottet vient aussi de se produitre en duo avec le guitariste Federico Diaz, en mars au Conservatoire de Genève pour les « Zamis de l’OSR », club de mélomanes de moins de 25 ans. Il joue aussi en trio – il l’a fait à Philadelphie pour l’Astral Artists - en quatuor, ou en quintette avec le Quatuor Terpsycordes. En solo, il a enregistré plusieurs pages pour violoncelle seul notamment pour la RTS et la télévision NHK de Tokyo. Lionel Cottet a joué en soliste avec plusieurs orchestres, en Suisse avec le Sinfonietta de Lausanne ou l’Orchestre de la Suisse italienne, à l’étranger, avec l’Academy of St–Martin in the Fields, l’Orchestre Symphonique d’Etat de Russie et celui de la Radio polonaise. Il a aussi été le soliste, dans le Concerto pour violoncelle de Dvorak, de la tournée de printemps 2014 de l’Orchestre Symphonique Suisse des Jeunes. Lionel Cottet s’engage aussi avec passion pour la promotion de la a c t u a l 55 Lionel Cottet musique de notre temps. Il collabore avec l’Oesterreichisches Ensemble für Neue Musik à Salzbourg. Il a interprété le Canto di Speranza de BerndAlois Zimmermann au Festival des Jardins Musicaux de Cernier, et Pranam III de Jean-Luc Darbellay à Berne. Une œuvre plaisante A Lausanne, Lionel Cottet interprétera une œuvre méconnue du grand public : le Concerto pour violoncelle et orchestre No 2 de Bernhard Heinrich Romberg, un contemporain de Mozart et de Beethoven, né en 1767, mort en 1841. Ce concerto, Cottet l’a enregistré pour Sony Classical en 2013, en compagnie du Hofer Symphoniker conduit par Luca Bizzozero, jeune chef originaire de Lugano qui a accompli une partie de ses études musicales à Genève et exerce actuellement l’essentiel de son activité en Europe centrale et en Russie. Sur ce même enregistrement Sony, disponible en double CD ou par téléchargement, figure, outre une Sonate et deux Ouvertures, un autre concerto, dû à la plume d’Andreas Romberg, cousin de Bernhard : le Concerto pour violon No 3, interprété lui aussi par un jeune et excellent soliste, Yury Revich, né à Moscou en 1991. Avec le concerto de Romberg, compositeur qui a écrit pour le violoncelle, dont il était un virtuose accompli, pas moins d’une dizaine de concertos, les mélomanes lausannois peuvent s’attendre à découvrir une œuvre plaisante et raffinée, apparentée à celles qu’écrivaient pour cet instrument Haydn et Boccherini quelques années auparavant. Yves Allaz www.ocl.ch/billetterie i t é m u s i q u e portrait Adam Laloum Le pianiste Adam Laloum sera de retour à Vevey pour le dernier concert de la saison 14/15 d’Arts et Lettres, vendredi 24 avril à la Salle del Castillo, six ans après avoir remporté haut la main dans cette ville le prix Clara-Haskil 2009, ainsi que le prix du public. Trois chefs-d’œuvre figurent au programme de son récital : la Sonate K. 576 de Mozart, les 4 Impromptus op. 142 de Schubert, ainsi que les Davidsbündlertänze (Danses des compagnons de David) de Robert Schumann. Adam Laloum se présente à 22 ans aux épreuves du Concours Clara Haskil « pour se tester, pour savoir s’il peut supporter la pression ». Il y fait grande impression, joue magnifiquement, avec toute la sensibilité et l’intériorité attendues dans cette œuvre sublime, le Concerto en ut mineur K. 491 de Mozart et obtient le Prix du jury et celui du public. Laloum ne se présentera à aucun autre concours, mais s’en ira à Hambourg se mettre à l’écoute d’Evgueni Koroliov, qu’il considère comme « un poète du clavier », lui-même Prix Haskil 1977, avant d’aborder une carrière de récitaliste et de concertiste toujours soucieuse de préserver le plus grand naturel et la plus grande spontanéité possibles dans ses interprétations. Ennemi de toute routine, Laloum, artiste à la sensibilité à fleur de peau joue « avec son cœur » et mérite pleinement d’être considéré à son tour par la critique aussi bien que par le public comme un authentique poète du piano. Le piano à fleur de peau 56 Adam Laloum © Carole Bellaiche Né à Toulouse en 1987, Adam Laloum commence l’étude du piano à l’âge de dix ans au Conservatoire de sa ville natale, auprès de Daniel Beau, professeur exigeant dont il dira qu’il a été le premier à le sensibiliser à la beauté du son. Il intègre à 15 ans le Conservatoire National Supérieur de Paris dans la classe de Michel Béroff et obtient en 2006 son diplôme de formation supérieure. A Paris, il travaille aussi avec d’autres personnalités musicales de premier plan. Il tire également grand profit des cours de musique de chambre de Claire Désert et des masterclasses de Dmitri Bashkirov et de Paul Badura Skoda, avant de suivre un cycle de perfectionnement au CNSM de Lyon, en classe de Géry Moutier. Rencontré à l’Académie Ravel en 2007, Jean-Claude Pennetier lui fait, dira-t-il, découvrir le sens du mot « vocation » : « Mon idée de la musique et du rôle de l’interprète a pris alors une tout autre dimension ». a c t Hôte de nombreux festivals, petits et grands, Adam Laloum se produit deux fois à Verbier, à Lucerne, à St-Ursanne, à Zermatt, à Bad Kissingen (D), à Bilbao, au Japon, en Jordanie, à La Roque d’Anthéron, à la Folle Journée de Nantes, et dans toute la France. En juillet dernier, il a aussi pris part à la 1ère édition des nouvelles Rencontres musicales d’Evian, ressuscitées à la Grange au Lac après treize années d’interruption. Avec orchestre, il a joué le 3e Concerto de Beethoven à Verbier avec Charles Dutoit. Il est l’invité de l’Orchestre de Paris, de celui du Mariinsky à Saint-Pétersbourg, de celui de Shenzen en Chine, de celui bien sûr du Capitole de Toulouse pour le 1er Concerto de Brahms sous la conduite de Kazuki Yamada, et d’un grand nombre d’autres formations, en France et dans le monde. En musique de chambre, il a fondé avec la violoniste Mi-sa Yang et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière une formation baptisée Trio Les Esprits, par référence sans doute au trio éponyme de Beethoven. Adam Laloum a signé à ce jour deux beaux enregistrements pour le label Mirare : le premier en 2011, consacré entièrement à des œuvres du jeune (les Variations op. 21) et du vieux (l’Opus 117) Johannes Brahms, le second en 2013 à deux œuvres majeures de Schumann, la Sonate No 1 et la Grande Humoresque, cette dernière reconnue comme une partition d’une difficulté extrême, exigeant de son interprète non seulement une vélocité digitale hors du commun, mais encore un sens poétique et une intelligence supérieure du texte. Des qualités que Laloum possède de toute évidence. Un nouveau CD vient de paraître chez Mirare, à nouveau consacré à Brahms, et comportant les deux Sonates op. 120 ainsi que le Trio op. 114, avec le clarinettiste Raphaël Sévère et le violoniste Victor JulienLaferrière. Avec l’altiste Lise Berthaud, Laloum a aussi publié chez Aparté en 2013 un très bel album comportant les Märchenbilder op.113 de Schumann, la Sonate Arpeggione de Schubert, ainsi que la version pour alto et piano de la Sonate op. 120 No 2 de Brahms. Adam Laloum, un artiste qui appartient sans conteste à la fine fleur des pianistes de la nouvelle génération. Yves Allaz Billetterie : +41 (0)21.925.94.94 u a l i t é m u s i q u e entretien Christian Chamorel Christian Chamorel est un pianiste parmi les plus fêtés de la planète des concerts. il sera le 24 avril à Lausanne, sa ville natale, pour un récital en compagnie du violoniste Pierre Amoyal et de la Camerata de Lausanne. Comment voyez-vous, d’une manière générale, votre rôle d’interprète ? Considérez-vous que la musicalité doit l’emporter sur la virtuosité ? C’est à mon sens une question qui ne se pose pas. Car on ne peut pas faire de distinction véritable entre virtuosité et musicalité. Ou plus précisément : la virtuosité fait partie intégrante de la musicalité. Après, il y a bien sûr des différences de difficulté technique au sein du répertoire pianistique. Mais vous ne pourrez jamais exprimer pleinement votre musicalité si vos doigts vous trahissent... Quel serait votre répertoire de prédilection ? En tant qu’interprète : les romantiques allemands, comme Schumann et Brahms. Cela dit, je joue aussi beaucoup de répertoire français en musique de chambre. Sinon, Mozart est le compositeur que j’écoute le plus souvent. Je connais mieux, paradoxalement, Don Giovanni que certaines pièces que j’ai pu jouer il y a quelques mois ! Christian Chamorel © DR Pouvez-vous dire quelques mots de présentation du concert que vous offrez à Lausanne ? comme l’autre, par l’idée, finalement simple, d’avoir du plaisir ! Il s’agit de deux concertos donnés avec Pierre Amoyal et la Camerata de Lausanne. Le Concerto KV 414 de Mozart ne compte pas parmi ses plus complexes, mais il possède un charme mélodique irrésistible. Mozart voulait se mettre les Viennois dans la poche avec cette œuvre ! Le Double Concerto pour violon, piano et orchestre de Mendelssohn est une œuvre de jeunesse – composée à 14 ans ! – passionnante de par ses influences stylistiques : Bach, Mozart, mais aussi des contemporains comme Weber. Dans ce concert, vous partagez la vedette si l’on peut dire, avec Pierre Amoyal. Comment concevez-vous ce partage, cet échange, avec un autre soliste ? Êtes-vous à l’origine du choix des œuvres de ce programme ? Je me réjouis énormément, d’autant plus que j’avais déjà joué avec lui il y a quelques années. Plus le partenaire a une vision artistique forte de ce qu’il joue, plus le dialogue est riche et s’installe facilement. Et plus le public est happé par le processus. C’est pourquoi je pense que la musique de chambre est plus facile que le récital soliste : vous êtes constamment nourri et porté par la dynamique que vous créez avec votre partenaire. Bien sûr, pour cela, il faut savoir être réceptif et s’ouvrir complètement... Cela s’est fait, bien entendu, en concertation avec Pierre Amoyal. Nous étions guidés, l’un e n t r e t i e Parmi vos prochains projets, quels sont ceux qui vous tiennent particulièrement à cœur ? Je ferai mes débuts avec l’Orchestre symphonique de Berne cet été pour le Premier Concerto de Beethoven. Je me réjouis aussi énormément d’une tournée au Japon cet automne, car le public japonais est particulièrement fervent. Pierre Amoyal ne vous dirait sûrement pas le contraire ! Propos recueillis par Pierre-René Serna 24 avril. Camerata de Lausanne & Christian Chamorel, piano. Programme : Mozart (Concerto pour piano et orchestre en la majeur No 12 k 414) et Mendelssohn (Concerto pour violon, piano et orchestre à cordes en ré mineur). Eglise de la Croix d’Ouchy à 20h (rés. [email protected]) n 57 m u s i q u e victoria hall, genève L’Orchestre national de Lyon En mars 2014, à l’occasion d’un concert au Victoria Hall, l’Orchestre national de Lyon était présenté dans ces mêmes colonnes (n°260, p.59). Le 15 avril prochain, dans ce même temple de la musique (mais avec le chef Alain Altinoglu et le flûtiste Emmanuel Pahud), l’OnL est de retour. Quel bilan depuis un an ? 58 Essentiellement porté par la Ville de Lyon, l’Orchestre national de Lyon appartient au quintolet des grands orchestres français, aux côtés des deux formations permanentes de Radio France (Orchestre philharmonique de Radio France et Orchestre national de France), de l’Orchestre de Paris et de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Ses nombreuses invitations à l’étranger plaident pour lui : une tournée de deux semaines au Japon mais aussi Vienne, Bratislava, Barcelone. Et… Genève, ce 15 avril, où le chef invité Alain Altinoglu (sa carrière internationale le conduit du Metropolitan Opera à Bayreuth) et le flûtiste Emmanuel Pahud joueront un programme français : Dukas, Ibert, Borne et Ravel. Les auditeurs genevois apprécieront que, depuis l’an passé, cet orchestre a encore gagné en cohésion et en densité. Probablement, le travail que Leonard Slatkine, son directeur musical, mène depuis 2011 et une ambitieuse politique de chefs invités se conjuguent-ils. Côté Slatkine, mentionnons ses deux plus intéressantes réalisations : Alain Altinoglu @ Fred Toulet une Symphonie alpestre de Strauss qui, heureuse de musarder à travers vallées et cimes, saluerait les récits d’Adalbert Stiftung ; et une Symphonie n°2 de Brahms, rhapsodique et chatoyante. Enserrée dans les formes rigoureuses, la poétique de Slatkine aime à dénouer la lourde tradition (sorte de doxa irréfléchie) orchestrale d’outre-Rhin pour laisser les talentueux solistes et pupitres de l’orchestre s’exprimer en liberté. Quant aux chefs invités, mentionnons quelques-uns parmi les moments particulièrement rares qu’ils ont proposés : Alain Altinoglu, avec une Symphonie n°6 de Beethoven, toute en fluide liberté ; Alan Gilbert et une Symphonie n°4 de Tchaikovski au lyrisme tendu et rigoureux ; Sylvain Cambreling, avec un flamboyant et épique Taras Bulba de Janáček et avec une Symphonie n°7 de Beethoven qui a conjugué luminosité contrapuntique et lyrisme exalté. Et parmi les solistes remarquables : Isabelle Faust, Nicolas Znajder et Denis Matsuev. À signaler en passant : Matsuev, ogre du piano, a renvoyé Yuja Wang à son modeste, anonyme et insipide pianisme. Ce fut le 28 février dernier, lors de la première tournée du fameux Orchestre de la Tonhalle de Zürich avec Lionel Bringuier. Par ailleurs, ce concert fait déjà douter que leur association durera : sans idées (formelles ou poétiques), le nouveau directeur musical a techniquement pêché, imprécis rythmiquement et inapte à équilibrer les pupitres, notamment dans une Valse de Ravel, à peine en place. Revenons à l’OnL. En 2017, il devra choisir entre poursuivre, pour trois ans encore, avec Leonard Slatkine (né en 1944) ou ouvrir une nouvelle aventure. Pourquoi pas avec quelques-unes des baguettes qui, récemment, lui ont laissé de durables souvenirs : Osmo Vänskä, Jukka-Pekka Saraste, Sylvain Cambreling et Alain Altinoglu. Assurément, 2017 se prépare aujourd’hui. Frank Langlois 15 avril. Les Grands Interprètes. Orchestre National de Lyon, dir. Alain Altinoglu, Emmanuel Pahud, flûte (Dukas, ibert, Bizet, Ravel). Victoria Hall à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, 022 319 61 11, Stand info Balexert, Migros NyonLa Combe) Emmanuel Pahud a c t u a l i t é m u s i q u e cully jazz festival, du 10 au 18 avril Cully Jazz en cure de jouvence La programmation de cette 33e édition s'annonce moins bleue et plus jeune. Elle devrait néanmoins satisfaire ses fans, une fois encore. Le Cully Jazz semble exploiter à fond, et davantage cette année, sa différence d'avec son voisin Montreux Jazz Festival. Tandis que ce dernier puise toujours dans le carnet d'adresses de feu Nobs des anciennes gloires pour assurer son quota d'artistes jazz, le Cully Jazz rajeunit d'année en année. Le doyen de la manifestation culliéranne s'avère être le chanteur et saxophoniste camérounais Manu Dibango (dont Michael Jackson puis Rihanna ont plagié le très disco Soul Makossa). Du haut de ses 82 ans, celui qui remonter la moyenne d'âge. Le joueur de oud tunisien présente son dernier album Souvenance, entouré de rien moins qu'une vingtaine de musiciens, dont l'orchestre à cordes bernois String of Birds. Le talonnant de deux années, la chanteuse de blues Pura Fé a récemment quitté le trio amérindien Ulali pour entamer une carrière solo. Après le militant Tuscarora Nation Blues, sa dernière perle, l'album Sacred Seed, milite pour une musique métissée d'accents indiens, noirs et folk américains. C'est le groupe des puînés qui forme ensuite la plus grande partie de l'affiche. Ils sont surtout chanteurs : Lisa Simone (fille de Nina), Gregory Porter (Liquid Spirit), Big Daddy Wilson (Ain't No Slave)... Parmi eux se trouvent des artistes nationaux pas effrayés par la barrière des lanDaniel Humair 4tet © Emmanuelle Vial gues : Stephan Eicher (Campari accompagna un temps Herbie Hancock ou Soda ou Weiss nid was es isch) et Elina Duni Serge Gainsbourg devance largement par son (Ka Një Mot). Ou ce sont des pianistes confirâge vénérable tous les autres artistes program- més : Brad Mehldau, ici comme presque tout més à Cully. le temps en trio, et le toujours surprenant Son cadet John Scofield affiche une quin- Moncef Genoud. Le saxophoniste prodigieux zaine d'années de moins au compteur. Sa guita- Joshua Redman promet de rester dans la soul re, s'en souvient-on, a été grattée aux côtés du et le funk, au lieu de suivre les notes de papa grand Miles, de Chet Baker et autres George Dewey, abstraitiste free jazz à la fin de sa vie. Duke. Dans le Lavaux, Scofield se produit en tandem avec le chanteur et pianiste Jon Cleary Enfin les benjamins se composent des (Help Me Somebody). Encore plus jeune car né chanteuses trentenaires Zara MacFarlane, en 1957, Anouar Brahem contribue aussi à Mayra Andrade, Laetitia Bourgeois (FM a c t u a l i t Lisa Simone © Frank Loriou Laeti), et de la violoniste Sarah Neufeld (à Cully en tandem avec Colin Stetson). A côté, d'elles, Dom La Nena paraît à 25 ans presque une gamine - mais quelle voix déjà ! Parmi ce que certains ne manqueront pas de traiter d'excès de jeunisme, figure également ce concert baptisé New Generation au Temple, avec Jibcae, alias Claire Huguenin (vocaliste), Julie Campiche (harpe), Jeremias keller (basse) et un vieux de la vieille - ah ! quand même ! -, l'indéboulonnable pianiste Malcom Braff. Enfin, notre coup de cœur va au concert Sweet and Sour du quatuor transgénérationnel du Genevois septantenaire Daniel Humair. Le batteur de Dexter Gordon, Lee Konitz ou Richard Galliano a l'audace de réunir le jeune saxophone soprano fou Gaston Parisien (la toile de tente culliéranne s'en souvient encore), l'accordéoniste Vincent Peirani et le bassiste Jérôme Regard pour ce qui s'annonce comme une expérience inédite de jazz français contemporain. Comme on l'entend, cette programmation montre que la relève jazz est assurée, et qu'elle se métisse de plus en plus d'influences variées et spécifiques. Selon le Cully Jazz, la valeur musicale n'attend donc pas le nombre des années. Frank Dayen Cully Jazz Festival, du 10 au 18 avril, www.cullyjazz.ch é 59 m u s i q u e concerts au conservatoire De la musique avant toute chose A une époque pas si lointaine, les conservatoires de musique... conservaient avant tout un état d'esprit qui semblait réservé à une minorité quelque peu élitaire. On y pénétrait respectueusement tant l'ambiance paraissait peu propice à l'épanouissement, surtout si l'on observait de sages apprentis musiciens placés sous la férule d'enseignants fort sérieux. Univers généralement très masculin, seule l'inévitable harpiste venant rompre cette uniformité. 60 Les temps ont changé, la formule de Bob Dylan (peu enseigné dans les conservatoires malgré tout) s'est imposée au fil des années. On a connu les « journées portes ouvertes », chacun y mettant du sien pour faire bonne figure et attirer les jeunes talents. Et désormais les conservatoires tendent à offrir de plus en plus des journées portes ouvertes à longueur d'année, sous l'heureux prétexte de faire connaître la richesse et la qualité de l'enseignement comme c'est le cas à Genève. Depuis la formation de la Haute Ecole de Musique, partie intégrante des HES-So (Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale) et sous la houlette de Philippe Dinkel, la salle du Conservatoire de la Place Neuve (ou de Neuve comme on voudra!) accueille désormais de nombreuses manifestations musicales venues s'ajouter aux concerts de musique de chambre qui y sont organisés depuis longtemps (Temps et Musique et Grands Interprètes notamment). pagnie des solistes Marion Grange (soprano), Marie-Hélène Ruscher (alto), Werner Güra Projet Concerts Ainsi une partie non négligeable des quelque cinq cents étudiants que compte la Haute Ecole de Musique genevoise peuvent avoir une certaine visibilité en étant intégrés à des projets présentés soit dans cette salle du Conservatoire, ou encore au Victoria Hall pour des œuvres symphoniques ou encore dans d'autres lieux. C'est ainsi que le 17 avril le Cheur de Chambre, l'Orchestre et les solistes du département vocal de la HEM de Genève investiront la Cathédrale Saint-Pierre pour interpréter la Passion selon Saint-Jean de J.-S. Bach en com- a gonglée. Le Centre ARCOOP à Carouge accueillera le 18 avril l'Ensemble à cordes de la HEM sous la direction de Jean Jacques Balet avec Simao Alcoforado-Barreira (violoncelle) et Sonia Kacem (installation et performance) en solistes pour interpréter Sieben Worte de Sofia Gubaidulina. Musique contemporaine encore avec la soprano Salome Kammer, le pianiste Stefan Wirth, l'Ensemble Contrechamps et le Centre d'Informatique et d'Electroacoustique de la HEM placés sous la direction de Michael Wendeberg (œuvres de Bauckholt, Schönberg et Zender au Studio Ernest-Ansermet de 21 avril). Début mai, place à une enseignante de fraîche date mais de réputation bien établie, la violoncelliste Ophélie Gaillard, soliste du Concerto pour violoncelle de Schumann lors d'un concert qui verra l'Orchestre de la HEM dirigé par Laurent Gay interpréter également le Prélude du 3e acte des Maîtres chanteurs de Wagner ainsi que la Symphonie n°4 de Brahms (au Victoria Hall le 3 mai). Ophélie Gaillard © DR (ténor), Jörg Dürmüller (ténor), Marcin Habela (baryton), Stephan MacLeod (baryton-basse) sous la direction de Celso Antunes. L'Institut Jaques Dalcroze célébrant cette année son 100ème anniversaire, on pourra aller y entendre une création chorégraphique et musicale des étudiants intitulée Crôa, les enfants de la nuit également le 17 avril, tandis qu'un autre programme sera proposé le week-end des 9 et 10 mai sous l'intitulé Pop, la fête remuante et c t u a Ces concerts qui se poursuivront jusqu'à l'été ne sont que la partie la plus visible du travail effectué à la HEM genevoise. Mais il conviendrait de mentionner d'autres activités plus académiques, colloques, recherches, production d'archives sonores et de vidéo, sans oublier le soutien aux études musicologiques et bien entendu un site renouvelé et facebook, en attendant une newsletter. Médiatiser les activités, mais également promouvoir l'exposition au public des musiciens dans tous les domaines, que ce soit symphonique, musique de chambre, répertoire baroque ou chant, tel est le projet que sous-tend cette activité désormais bien visible pour les mélomanes tant soit peu curieux. Quant aux jeunes interprètes, ils découvrent ainsi les conditions du travail professionnel, incluant « le stress et l'adrénaline » d'une période de répétitions précédant un concert. Avec en prime des possibilités de voyages, en Suisse à Zurich ou Bâle, mais également vers des destinations beaucoup plus exotiques : Bahia au Brésil, Singapour, Shanghai ou Tokyo pour les plus chanceux. Une ouverture au monde bienvenue pour une institution évidemment cosmopolite. Frank Fredenrich l i t é l i v r e s Aujourd'hui, je trouve que l'ennui est une sensation reposante et même agréable. Elle permet de porter une attention plus intense à ce qui nous entoure. C'est précisément la qualité du personnage de mon roman : avec ses deux yeux, il observe son environnement de telle manière que celui-ci devient étrange, inquiétant et décalé. Et pourtant, il ne se passe rien d'extraordinaire. Il est tout simplement plus attentif aux détails. matthias zschokke L'Homme qui avait deux yeux Sommes-nous victimes d'une survalorisation de l'expérience ? Le 18 février, l'écrivain suisse-allemand Matthias Zschokke était invité à La Librairie du Boulevard à Genève, où il présentait son roman L'Homme qui avait deux yeux, qui vient d'être traduit aux éditions Zoé. également dramaturge et cinéaste, Matthias Zschokke a élaboré une œuvre exigeante à l'humour délicieux, souvent comparée à celles de Robert Walser et de Samuel Beckett. Dans L'Homme qui avait deux yeux, l'histoire d'un personnage qui a la particularité d'être si banal que personne ne le reconnaît, l'auteur porte un regard irrévérencieux et lucide sur le monde qui l'entoure. Entretien. Dans votre livre précédent, Courriers de Berlin, vous écriviez : « CE QUE nous sommes, ce qui fait de nous Monsieur Tout le monde, voilà la question ». Peut-on considérer L'Homme qui avait deux yeux comme une tentative d'élucidation de ce mystère ? Nous nous trouvons tous banals et nous pensons tous que la vie des autres est plus exaltante que la nôtre. Cela rend notre propre banalité encore plus difficile à supporter. Dans L'Homme qui avait deux yeux, je me suis intéressé à cette banalité pour voir si, observée de près, elle constituait un phénomène intéressant. Je trouve que oui : à mes yeux, le quotidien importe beaucoup plus que l'extraordinaire, l'aventureux – tout ce que l'on qualifie de romanesque. Notre expérience du virtuel nous a éloigné du réel. Nous vivons de plus en plus retranchés derrière nos ordinateurs et nos tablettes. Par conséquent, nous nous imaginons que la « vraie vie » est impressionnante et grandiose. Or, c'est loin d'être le cas. Ce besoin de richesse voué à ne pas être assouvi appauvrit notre expérience du quotidien. La manière dont vous traitez la sexualité est étonnante, car vous la ramenez à quelque chose d'ordinaire. La sexualité est un domaine qui fait peur. On croit que c'est à travers elle qu'on se réalise, qu'on découvre la vraie vie, l'aventure. Dans mon roman, j'ai essayé de lui ôter cet aspect sulfureux. Pourquoi devrait-on avoir une vie sexuelle extravagante ? Je n'en comprends pas la raison. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si ce sont les hommes politiques et les managers qui ont une sexualité excessive. Ces hommes-là n'ont pas le temps d'avoir une vie privée, alors ils essaient de combler ce manque comme ils le peuvent. Vous évoquez à plusieurs reprises la pauvreté du langage. Selon vous, à quoi servent les mots ? Je me rends compte que je ne trouve jamais le bon mot, la phrase juste. On n'arrive jamais à écrire ce qu'on veut. C'est le grand problème de l'écriture : vous voulez dire quelque chose, mais vous ne trouvez pas les mots. C'est le chemin menant de ce quelque chose au verbe que je trouve fascinant et magique. L'Homme qui avait deux yeux est votre huitième roman. Quel regard portez-vous sur votre parcours d'écrivain ? Je n'ai jamais pensé être écrivain. J'ai toujours écrit par hasard et je ne sais d'ailleurs toujours pas si je suis vraiment écrivain. Mon premier roman, Max, est un livre peu élaboré. Je l'ai écrit un peu comme ça venait, sans aucune contrainte. Aujourd'hui, je prends l'écriture plus au sérieux. Il s'agit d'un domaine délicat, qui exige de la prudence. Paul Valéry considérait l'écriture comme une activité ennuyeuse. Quelle est la nature de votre rapport à l'écriture ? Je ne m’observe pas beaucoup, c'est difficile à dire... Parfois, c'est dans la nullité la plus totale, quand j'ai la tête complètement vide, qu'une phrase surgit. Ensuite, je me mets à l'observer et je me demande pourquoi je l'ai écrite. Matthias Zschokke © Agence Opale Dans votre roman, la banalité devient extraordinaire, elle frappe par son étrangeté. La vie est ennuyeuse et vide de sens, mais, paradoxalement, c'est cela qui la rend passionnante. Propos recueillis par Emilien Gür L'Homme qui avait deux yeux, trad. de l'allemand par Patricia Zurcher, Zoé, 254 p. Il est nécessaire d'accepter l'ennui, car on ne peut pas y échapper. Quand j'étais jeune, il m'arrivait de m'ennuyer et je trouvais cela horrible. e n t r e t i e n 61 a i l l e r s qui, pour autant, n’a rien à voir avec le roman Peter Shelmilh de Chamisso. En outre, la distribution est inégale, hormis les deux beaux rôles féminins (Anne Alvaro et Éléonore Joncquez). chronique lyonnaise Eloge du vide Théâtre des Célestins Durant le mois précédent, les deux principaux spectacles (Le prince de Hombourg et La vie de Galilée) que le TNP et le Théâtre des Célestins ont présentés laissent une impression mitigée. Deux paradoxaux choix dramaturgiques (ou évitements, à chacun d’en décider) en sont la probable cause. Théâtre National Populaire 62 u Créée l’été dernier dans l’avignonnaise cour du Palais des papes, cette nouvelle production du Prince de Hombourg, dirigée par Giorgio-Barberio Corsetti, tourne maintenant dans des salles abritées, où elle trouve davantage ses marques. La scénographie crée les conditions de la fluidité : deux plateaux latéraux (celui sis au côté jardin, est mobile et porte, en sa face antérieure, trois marches et un rideau de scène) et un troisième, sis au fond, dont le plateau peut se dresser à la verticale (lors d’un beau moment, Hombourg le chevauche sur fond de projection équestre). Corsetti a bien étrangement lu cette pièce exceptionnelle. Imaginant un Hombourg que ses rêves dévertèbrent et placent “hors-sol” (telles ces tomates qui poussent loin de tout humus), il a écarté deux consistants essentiels, l’un est politico-historique, l’autre touche à l’autobiographie. La représentation finie, le spectateur néophyte demeure ignorant que cette pièce cite les guerres napoléoniennes sur le sol de la future Allemagne. La guerre ici montrée est décorative, tandis que la tempête libératrice issue de la Révolution de 1789 est évacuée. Quant à l’autobiographie, Corsetti omet que le rôle-titre est le modèle-même du héros romantique, tel Napoléon dans le tableau Bonaparte au pont d’Arcole d’Antoine-Jean Gros : le cheval fend l’espace, tandis que, torse et regard, le cavalier se tourne vers l’arrière et scrute l’ennemi qui, le vainquant, le rendra héroïque à jamais. Sans ce substrat, reste un rôle vide, À raison, cet établissement s’enorgueillit de convier des compagnies non-francophones (avec des sur-titrages en français). Comment ne pas se réjouir que le célèbre Armin Petras y soit invité pour présenter un autre roc du répertoire : La vie de Galilée de Brecht. Ou plutôt Leben des Galilei. Certes, le spectateur au moins quadragénaire doit (et peine à) oublier la sublime et ultime mise en scène que, en 1990, à la Comédie Française (alors à un de ses zéniths) Antoine Vitez présenta. Comme son confère Corsetti (serait-ce un air du temps ?), Armin Petras néglige deux composantes essentielles de la pièce : son incandescente portée politique et la dense nature autobiographie. S’il est une pièce que la politique constitue, c’est bien celle-ci : totalitarisme papal et nazisme y jouent un théâtre d’ombre si prégnant qu’ils y prennent chair. Or, ici, chaque phrase politique est déniée (et vidée de son sens) par des tics clownesques, absolue et signalétique mécompréhension de la distanciation brechtienne. Enfin, comment est-il possible de ne pas voir que, pour sa première fois, Brecht s’est intégralement identifié à son rôle-titre ? «La Vie de Galilée» © Matthias Horn Négligeant cet aspect, Armin Petras crée des silhouettes que le spectateur n’identifie pas et qui, errantes, deviennent interchangeables et anonymes. Sans jamais porter, le texte est recouvert par un lassant et prévisible brouhaha dramaturgique. À sa troupe (difficile d’en évaluer la qualité), Armin Petras a demandé un unique simulacre. Les nombreux lycéens présents sont repartis avec l’idée que Brecht préfigure les Guignols de l’info et qu’ainsi ricaner avec un texte et ses personnages permet de se faire généreusement applaudir. Sinistre, non ? Dans ce triomphe du divertissement (capitaliste) sur l’esprit du service public de la culture (établi, pierre par pierre, depuis le début du XXe siècle), Corsetti et Petras sont-ils des isolats ou constituent-ils une avant-garde ? Frank Langlois «Le Prince de Hombourg» © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon a c t u a l i t é e x p o s i t i o n s elles seront du reste qualifiées par les membres du groupe surréaliste de Kleepathologies. musée jenisch vevey Fred Deux Le musée Jenisch retrace le parcours de l'œuvre graphique de Fred Deux à travers la donation d'un ensemble unique en Suisse de 60 dessins. L'exposition Le For intérieur souligne toute la singularité de cet artiste, dessinateur génial et écrivain, qui fut pour un temps proche des Surréalistes. De quoi faire une traversée perturbante dans l'imaginaire de cet homme âgé aujourd'hui de 91 ans. Certains titres d'exposition montrent du doigt la complexité d'une œuvre et nous emmènent simplement au cœur des préoccupations de l'artiste. Sous le titre Le For intérieur, le musée de Vevey désigne le lieu intime dans lequel se joue l'univers étrange de Fred Deux. Délires cauchemardesques, où se devinent des corps et des têtes informes, un monde vu de l'intérieur, où les chairs se soulèvent et les boyaux se déploient. Des fragments d'anatomies de l'homme et de la femme y sont omniprésents. Pourtant ce n'est ni l'horreur ni la répugnance qui dominent. C'est une œuvre habitée. Les dessins restituent minutieusement dans le détail des angoisses et des troubles, ceux propres à l'artiste, mais aussi des évidences qui nous appartiennent parfois. Klee, ainsi que le catalogue qui a marqué ses débuts créatifs. Ses élans intérieurs s'expriment d'abord par des taches de couleur sur papier, qu'il superposera à des signes aux graphismes énigmatiques, puis progressivement de ces taches naîtront des figures. Certaines d'entre De ses premiers pas artistiques, Fred Deux gardera une approche intuitive de la composition. Aucun plan, aucune esquisse préalable. Tous ses dessins se développeront au fur et à mesure devant lui, il se laisse guidé par sa main, même dans les grands formats. Il travaille la ligne, s'inspire d'un détail, rejoint des tracés, invente des organismes étranges, et relie le chaos de son monde souterrain. Cela donne une œuvre introspective, hors du temps, magnifique et fascinante. A ce titre le texte accompagnant l'un des deux livres uniques est significatif. Présentés dans la salle centrale ces ouvrages mêlent les dessins à l'écriture. Dans Rituel, été 1980, on y surprend quelques mots, notamment que « la main de l'homme rend les tremblements du sang par la pointe du crayon », la main de l'artiste ne devient alors que le capteur d'une force. Cette approche se retrouve aussi dans son attrait pour les arts primitifs, une passion qu'il a partagé avec sa compagne Cécile Reims, graveur interprète reconnu, en particulier d'Hans Bellmer et Léonor Fini. Marqué par une enfance miséreuse, Fred Deux s'en inspire pour devenir écrivain. Une enfance qu'il a magnifiquement raconté dans son récit autobiographique La Gana, publié à la fin des années 50 sous le pseudonyme de Jean Douassot. Il mènera ainsi de front l'écriture et l'art du dessin. Dans cette œuvre toute d'introspection se devine un travail patient et méticuleux forgé au fil du temps, on imagine tout à fait l'artiste solitaire, penché sur sa table à dessin, concentré dans sa quête d'approcher au plus près les détails du corps et de l'esprit. élans intérieurs Fred Deux n'est pas un peintre, il a œuvré uniquement par le dessin. C'est ce que montre les trois salles de l'exposition qui ne constituent qu'un extrait du corpus énorme des 5000 dessins que compte son œuvre. La découverte de la peinture de Paul Klee, en 1948 par le biais d'un catalogue d'exposition, le révélera à l'art. De cette première impulsion, associée à sa rencontre avec le Surréalisme des années 1940 et 1950, le jeune artiste osera des recherches graphiques originales inspirées des procédés surréalistes privilégiant l'apparition d'images. Quelques-unes de ces tentatives ont été réunies dans l'exposition avec deux lithographies de Paul a c t Nadia El Beblawi Fred Deux, «L'Ornementation dans la négation», 2008 Crayon de graphite, encre de Chine, crayon de couleur aquarellé et argenté sur papier structuré saumon,3579 × 345 mm, Musée Jenisch Vevey – Collection de la Ville de Vevey © Musée Jenisch Vevey. Photo Claude Bornand, Lausanne u a l i t é Musée Jenisch Vevey, Fred Deux. Le for intérieur, jusqu'au 24 mai. 63 expos itions mamco Des histoires sans fin Avec ce troisième volet du cycle Des histoires sans fin, le musée d'art moderne et contemporain de Genève poursuit une série d'expositions, entamée fin 2013, qui s'associe en partie aux festivités organisées pour le vingtième anniversaire de l'institution. Le parcours se développe dans le dédale des salles pour se perdre dans les collections. 64 Ce n'est pas moins de douze expositions qui sont présentées au Mamco, une abondance artistique qu'il n'est pas toujours facile de décoder ou de chapeauter d'un sens. Cette mosaïque de propositions s'appuie sur la volonté de témoigner des travaux d'artistes reconnus, tout comme de pointer des œuvres de la scène artistique actuelle. On y découvre des Brett-Bilder de Bernhard Johannes Blume, les délires pornographiques d'Antoine Bernhart, des peintures de François Dilasser, des toiles d'Agnes Martin, des Charges-objets de Jean-Michel Sanejouand, mais également des sculptures d'Emilie Ding, des installations de Mounir Fatmi, des toiles graphiques de Stephen Felton, un film de Katharina Hohmann & Frank Westermeyer et des photographies de Bruno Serralongue. cadre du vingtième anniversaire du Mamco par le Frac Île-de-France. L'espace du 4e étage se voit plonger dans l'obscurité pour mieux servir les vidéos et projections d'une quinzaine d'artistes. Les œuvres se révèlent par bribes, les indices sont fugaces, comme la constellation dans Polka Dot de Mark Geffriaud qui se dévoile un court instant au gré du balayage d'un faisceau lumineux. Propos plus intimiste pour l'Uruguayen Alejandro Cesarco et sa vidéo The Two Stories où la désuétude des images croise le langage. Au lieu de raconter une histoire, c'est les pensées du narrateur, ses instants de distractions ou de nervosité, qui forment la bande son. Les sentiments intérieurs éprouvés face au réel s'exposent ainsi ouvertement à la lumière des mots. After Dark et autres objets En se baladant dans les autres étages, on découvre une très belle série de 11 tableaux d'Agnès Martin. Disparue il y a une dizaine d'années à l'âge de 92 ans, cette figure majeure A ces présentations perdues dans les collections du musée, se pose en force la proposition After Dark conçue spécialement dans le Agnes Martin, Untitled 74-14, 1974, coll. particuliere. Photo : Ilmari Kalkkinen – Mamco, Geneve de l'abstraction américaine, qui opta dans les années 60 pour une abstraction géométrique, a toujours associé un formalisme rigoureux à une approche sensible du rendu. La série présentée dans l'institution genevoise, qui comprend 10 tableaux aux formats identiques et un grand format, témoigne d'une étape charnière dans sa pratique picturale où elle travaille uniquement la structure de la grille. La subtilité de cette peinture est que malgré un système de représentation répétitif, l'artiste parvient à jouer sur la sensibilité au point que ces toiles en deviennent des objets méditatifs. Au détour d'un couloir apparaissent les tableaux massifs de la Fribourgeoise Emilie Ding qui surprennent par leur puissance. Dans ses Until the evening of the écho, l'artiste se joue des sensations visuelles et physiques. Pour l'exposition, elle a créé d'immenses plaques de béton apposées contre le mur, laissées à l'état naturel et animées en surface par des reliefs géométriques. Les saillies orthogonales croisent des motifs délicats peints en noir où se devine parfois un soleil ou des volutes. impact Sous le titre La terre est un crocodile, en référence à la question du droit du sol, les photographies de Bruno Serralongue rapportent les conditions ouvrières d'aujourd'hui. Bien qu'inspiré par les actualités, il évite les conditionnements de l'information en se réappropriant des événements médiatisés. Que ce soit les migrants postés à Calais, la lutte ouvrière dans le nord de la France ou la construction du futur aéroport de Nantes, il dégage tout catastrophisme et s'attache à ne pas photographier les personnes à leur insu. L'artiste travaille sa prise de vue et contrôle la profondeur de champ, il parvient ainsi à transcrire une réelle présence Bojan Sarcevic, «Untitled (film 4), Only after Dark», 2007, coll. Frac Ile-de-France. Photo : Ilmari Kalkkinen – Mamco, Geneve a c t u a l i t é expos itions des sujets, parfois avec esthétisme comme dans Ramassage collectif des pommes de terre aux rosiers. L'impact des clichés tient autant à la beauté de certaines images qu'aux revendications sociales ou conditions de vie qu'elles traduisent. L'incontournable Mounir Fatmi est présent avec vingt-cinq sculptures, installations et films. Une petite monographie qui permet de saisir comment l'artiste parvient à mettre en abyme le sens de ses œuvres et comment il se joue de certains thèmes comme l'aliénation, que ce soit face à la machine ou aux carcans culturels. Blinding Light (lumière aveuglante) par exemple superpose la reproduction d'un sujet d'inspiration religieuse à la photographie d'une salle de chirurgie. La surimpression noir et blanc reprend une peinture de Fra Angelico où deux saints greffent une jambe noire pour remplacer la jambe malade d'un homme blanc. Jeu de symbole autour du miracle et de l'acceptation de la différence. Plus menaçante est sa machine à aiguiser dont la lame circulaire dentée, ajourée de calligraphie arabe reprenant le verset sur l'unicité de Dieu, traverse un mur. Particulièrement impressionnant The Teorist qui forme un bas-relief en câble d'antenne, le motif représente un personnage penché sur une roue d'aiguisage affutant un couteau. Lecture ambiguë du titre, paradoxe du blanc sur blanc, inspirée d'une des dernières œuvres réaliste de Malévitch, la vision prend forme uniquement à partir du moment où on s'éloigne de l'image. 65 Mounir Fatmi, «Le Paradoxe», 2013. Photo : Ilmari Kalkkinen – Mamco, Geneve L'exposition Des histoires sans fin est copieuse, mais à force de multiplier les propositions, elle en devient parfois difficile à digérer. La multiplication des informations et visites commentées sont évidemment les bienvenues, mais pourrait laisser croire que l'art contemporain ne peut être abordé qu'avec une forme de mode d'emploi. Une présentation plus digeste, moins pléthorique, pourrait à ce titre aider à simplement voir. Dans le cadre des festivités des 20 ans du Mamco s'ajoute des expositions organisées à la Fondation Martin Bodmer et au Musée Rath, ainsi l'intéressante structure itinérante conçue par Fabrice Gygi Le Voyageur qui partira à la rencontre du public en se déplaçant dans le canton de Genève pour terminer en juin à Annecy. Nadia El Beblawi Mamco, Cycle des histoires sans fin, séquence-printemps 2015, jusqu'au 10 mai 2015. Bruno Serralongue, «Abri #4, Calais, avril 2007», Serie Calais, Mamco, 2015. a c t u a l i t é expos itions Lièvre se mettent à fabriquer des meubles inspirés par le Japon, qui, comme la vitrine présentée en forme de pagode, combine avec raffinement des éléments de style japonais et de fonctionnalité européenne. Sur les murs de la première salle, Japonaiserie (1887) de Van Gogh ou Le Qu’auraient été les œuvres de Monet, Bonnard ou Degas, pour ne citer qu’eux, Père Tanguy (1887) parlent d’eux-mêmes, tansans leur engouement pour la culture et l’art japonais ? A partir de 1860 et dis que Gauguin compose une Nature morte à jusqu’en 1910, la société française, à commencer par les collectionneurs et les l’estampe japonaise (1889), prêtée exceptionartistes sont pris par une véritable japomania. Dès 1854, le Japon, qui n’était nellement par le Musée d’Art Contemporain de en contact qu’avec la Hollande et la Chine, s’ouvre sur l’Occident. Une Téhéran. Le Japon avait apporté de nombreux ouverture à laquelle ont largement contribué les expositions universelles de objets inconnus des Occidentaux, comme des Vienne en 1873 et Paris 1878. paravents, des éventails, des masques de théâtre et il n’est pas rare de voir les artisDifficile pour nous, qui sautes français les intégrer dans leurs tons si facilement dans un avion compositions, comme le fait pour nous rendre à l’autre bout du Pierre-Auguste Renoir avec sa monde, d’imaginer cette fascinaNature morte au bouquet et évention qu’a exercé un pays si exotique tail (1871) ou Edouard Manet et si étranger, sur les Français. C’est avec son Panier fleuri (1880) ou bien à cette période, définie par le Odilon Redon avec son Vase au terme de japonisme, que le guerrier japonais (1905). Kunsthaus de Zurich consacre une Par rapport à l’esthétique de grande et stimulante exposition l’art européen, les artistes découréunissant plus de 350 tableaux, vriront de nouvelles voies grâce à bois gravés et objets d’art d’artistes l’estampe japonaise, dans les français et japonais. sujets mais aussi les principes de composition. Non seulement une nouvelle vision du monde mais Dialogues A l’heure où l’étranger inquièaussi une nouvelle manière de le te et fait peur, le directeur rappelle représenter. Les estampes imporque le japonisme peut être compris tées que les artistes purent voir comme un paradigme pour l’ouverleur semblaient très modernes par ture sur une autre culture et d’autres des perspectives inhabituelles, gens. Deux cultures qui dialoguent, des vues plongeantes ou ascensans que cela ne suscite jalousie ou dantes abruptes, une simplificaenvie. Mais le japonisme n’est pas tion radicale et des couleurs lumiun terme générique homogène neuses et puissantes. Les artistes comme l’est l’impressionnisme. eux-mêmes se mirent à collecTrois démarches artistiques diffétionner ces estampes. Un des thèrentes inspirées par le Japon strucmes favoris de l’estampe japonaiturent l’exposition, divisée en dix se est celui des fleurs exotiques et sections. Il y est d’abord question en particulier des chrysanthèmes, de la représentation d’objets et de importés en Europe dans les motifs dans les œuvres d’artistes années 1860. La série des occidentaux, puis de la transposiGrandes Fleurs (1833/1834) de Vincent van Gogh «Japonaiserie» (d’après Keisai Eisen), 1887 tion et l’interprétation de thémaHokusai fait la part belle aux Huile sur coton, 110,3 x 60 cm. Musée Van Gogh, Amsterdam (Fondation Vincent van Gogh) tiques inspirées par le Japon et de chrysanthèmes et seront le sujet l’intériorisation des procédés stylismême du tableau de Gustave tiques et de techniques japonaises. bles mais aussi des estampes, des gravures sur Caillebotte, Quatre vases avec des chrysanthèDès la première salle, « Paris dans la fiè- bois et des peintures. Celui qui voulait être alors mes (1893). D’autres comme Emile Gallé ou vre du Japon », on rappelle au visiteur combien moderne, se devait de montrer des objets japo- René Lalique s’inspireront à leur tour directeles expositions universelles de Paris, en 1867 et nais dans son intérieur et à cet égard le tableau ment de la flore exotique : iris, glycines, azalées 1878, ont familiarisé le public avec diverses de James Jacques Joseph Tissot, Jeunes femmes ou nénuphars orneront les objets art nouveau productions de la culture japonaise, comme des regardant des objets japonais (1869)est révéla- de ces artistes. Une place privilégiée est évilaques, des céramiques, des textiles, des meu- teur. Des artisans français comme Edouard demment offerte à Claude Monet, qui pour son kunsthaus, zurich : degas, gauguin, monet... influence japonaise 66 a c t u a l i t é expos itions jardin de Giverny, avec son bassin de nymphéas et le pont de bois, conçu en 1893, s’est lui aussi inspiré des gravures japonaises. Le critique Louis Vauxelles parlait « d’un rêve extrêmement oriental ». Et à partir de 1903, Monet se concentre sur le sujet des nymphéas qu’il travaille en séries et dont plusieurs versions, en provenance des quatre coins du monde ont été réunies. tané, ne peut se comprendre sans la référence à ses modèles japonais comme Hiroshige. En coupant volontairement la tête de la servante, Degas suivait un procédé stylistique appliqué dans les estampes, qui consistait à couper les motifs principaux sur le bord de l’image. Lorsqu’en 1888 Gauguin rejoint van Gogh à Arles, l’exotisme de cette culture leur sert aussi à formuler leurs propres idéaux et visions utopiques. « Je souhaite, écrit Vincent Van Gogh à son frère Théo, que tu puisses passer un temps ici. Tu sentirais combien on y voit autrement, on voit plus avec des yeux japonais, on sent la couleur autrement ». Cette réinterprétation des principes de l’art japonais peut aussi se lire dans l’œuvre de James McNeil Whistler, qui pratique la peinture par touches. Nés après 1860, les artistes comme Pierre Bonnard, Maurice Denis, Paul Ranson, Edouard Vuillard étaient plus familiers de l’art japonais et le groupe des Nabis, présent dans le parcours, se distingue par son goût de la décoration et des arts appliqués. Les quatre panneaux décoratifs Femmes au jardin (1890/1891) de Pierre Bonnard ont été créés comme paravent. Plusieurs témoignages photographiques ou manuscrits rappellent aussi les voyages de Français curieux du Japon comme le fut Emile Guimet, qui publia à son retour ses expériences sous le titre Promenades japonaises (1878). Pour compléter et pimenter ce panorama, un espace réservé à l’art érotique japonais, organise un face-àface entre des shunga (appelés images de printemps) hautement érotiques et une série de gravures de Picasso (1968) intitulée Raphaël et la Fornarina, inspirées directement de plusieurs des gravures érotiques japonaises qu’il avait acquis. En 2014, de nombreux événements célébraient les 150 ans de relations bilatérales entre la Suisse et le Japon. Cette exposition à facettes multiples et originales peut servir de piqûre de rappel à ceux qui l’auraient oublié ! Répercussions Car les représentations sérielles de motifs, du Mont Fuji, des ponts, des cascades ou de la mer sont au cœur de l’œuvre de Katsushika Hokusai ou Utagawa Hiroshige et séduiront les artistes français. La série des 36 Vues du Mont Fuji (1831) d’Hokusai trouve son correspondant avec les 36 Vues de la Tour Eiffel (1902) d’Henri Rivière, qui possédait par ailleurs une des plus importantes collections d’estampes japonaises. Quant au motif de la mer agitée et des vagues, telles que les représentent Hiroshige et Hokusai, opposant le premier et l’arrière-plan par aplats étagés, il a inspiré Gustave Courbet qui a peint plusieurs variations sur ce thème de la vague. De manière générale, l’esthétique de l’estampe japonaise polychrome aura de larges répercussions sur l’art graphique français. Après avoir visité en 1890 l’exposition, riche d’environ sept cents estampes japonaises, à l’Ecole des BeauxArts de Paris, Mary Cassatt crée une série de dix gravures colorées dans le style de Kitagawa Utamaro, simplifiant les formes en grands aplats compacts et contours appuyés. La génération suivante de Toulouse-Lautrec ou Valloton reprendra à son tour les techniques de gravure japonaise. Les Katagami, par exemple, sorte de pochoirs créant des ornements très stylisés et expressifs, ont influencé l’œuvre gravée de Valloton. Le motif du bain ou de la femme à la toilette, que reprendra à profusion Edgar Degas –trois versions du Petit déjeuner après le bain (vers1895/1898) sont présentées - rappelle l’iconographie de Kitagawa Utamaro. L’œuvre de Degas, si moderne par cette volonté de rendre l’instan- a c t Claude Monet «Massif de chrysanthèmes», 1897 Huile sur toile, 130,8 x 88,9 cm. Collection particulière Régine Kopp Utagawa Hiroshige «Dans le sanctuaire Kameido Tenjin (Kameido Tenjin keidai)», 1856 Planche 65 de la série des Cent vues d’Edo (Meisho Edo hyakkei) Gravure sur bois polychrome, 34,2 x 22,5 cm. Bibliothèque nationale de France, planche ayant fait partie de la collection Henri Rivière u a l i t Jusqu’au 10 mai 2015, www.kunsthaus.ch é 67 expos itions fondation de l’hermitage, lausanne De Raphaël à Gauguin L’art du dessin n’est généralement que trop peu mis à l’honneur en Suisse en comparaison des nombreuses affiches de tableaux souvent pré- et post-impressionnistes qui trustent les programmations des institutions helvétiques. Pour la Fondation de l’Hermitage, l’occasion de se démarquer est donc trop belle pour être manquée, et quelle plus belle collection que celle du mécène et ancien banquier Jean Bonna aurait-elle pu trouver pour tirer son épingle du jeu ? 68 Cet ensemble rare et d’une qualité éblouissante constitue en effet l’une des plus prestigieuses et pointues au monde, assemblée en à peine trois décennies, et réussit le pari d’allier pour le ravissement du spectateur à la fois une promenade à travers plus de cent cinquante œuvres dans l’histoire de l’art, du primitivisme flamand à Käthe Köllwitz, et la découverte du monde artistique personnel d’un seul individu, soit l’histoire d’une réunion prolixe, celle de l’infiniment grand et l’infiniment petit. ture du temps de Giorgio Vasari mais devenant rapidement art à part entière. Aucune agitation, aucun dessin qui choque, qui dérange, qui agresse, tout n’est presque « qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté » pour paraphraser Baudelaire : le paradis artistique du collectionneur répond clairement à son inclination à une sérénité visuelle désirée et revendiquée. Cette dernière n’excluant en rien la diversité même lorsque l’on est un pur amoureux du papier, l’ensemble des œuvres présentées explore toute la palette des médiums et techniques possibles : mine de plomb, encre et lavis, gouache, pastel, sanguine, déclinés en autant de chefs-d’œuvre. On ne se lasse pas d’admirer les sensuelles sanguines des maîtres de la Renaissance italienne, telle l’Etude d’un piquier et deux cavaliers pour La Conversion de Saint Sérénité visuelle Amateurs d’esquisses, de premiers jets, de frémissements et premières sources d’inspiration, passez votre chemin, car la splendide collection de dessins anciens de Jean Bonna, qui a déjà eu l’honneur de plusieurs prestigieuses cimaises comme le Metropolitan Museum de New York ou la National Gallery d’Edimbourg en 2009, répond à une esthétique bien définie, celle des dessins finis, détaillés, léchés pour certains, foisonnants pour d’autres, pour atteindre parfois le statut de véritables peintures sur papier. Si le collectionneur avoue avoir acquis ses trésors en fonctionnant toujours au coup de cœur, marque des authentiques passionnés, la remarquable cohérence de l’ensemble ne manque pas d’étonner et d’impressionner, tant celui-ci semble construit autour de critères bien précis. Les goûts personnels de Jean Bonna l’ont d’abord porté vers une certaine idée de la Grâce, vers des compositions équilibrées, souvent apaisées et reposantes, donc vers des créations majoritairement indépendantes, illustrant aussi l’affranchissement progressif du dessin, encore considéré comme subordonné à la pein- a François Boucher «Buste d'une jeune fille en chemise vue de dos, les cheveux attachés», vers 1740 trois crayons sur papier chamois, 288 x 237 mm, collection Jean Bonna © photo Patrick Goetelen, Genève c t u a l i t é expos itions Hans Hoffmann, «Un marcassin», 1578 aquarelle et gouache sur traces de pierre noire, sur vélin préparé en blanc crème, 297 x 451 cm collection Bonna © photo Patrick goetelen, Genève ses mains... un livre : le papier, encore et toujours, autre témoignage de l’immense amour que lui voue Jean Bonna et qui l’a aussi conduit, sans surprise, à bâtir une fabuleuse collection d’ouvrages anciens. Sarah Clar-Boson De Raphaël à Gauguin, trésors de la collection Jean Bonna, Fondation de l’Hermitage, Lausanne, jusqu’au 25 mai 2015 Paul, la célèbre tenture du Vatican de Raphaël, sans aucun doute le plus prestigieux dessin de toute l’affiche lausannoise avec l’Etude pour La Vierge au long cou du Parmesan, icône absolue du Maniérisme, ou le Marcassin de Hans Hoffman, digne héritier du Lièvre frémissant d’Albrecht Dürer, dont la virtuosité technique dans le rendu du pelage soyeux du petit animal n’a d’égale que la tendresse spontanée suscitée par le sujet. 69 Remarquable cohérence La promenade ne se limite guère aux différentes techniques, et l’exposition lausannoise a préféré regrouper l’accrochage par écoles et époques, et si l’approche chronologique peut paraître comme une solution de facilité, elle se justifie dans le cas de la forte cohérence de la collection de Jean Bonna. Ainsi, c’est à une authentique promenade dans l’histoire de l’art que celle-ci invite, avec une prédilection pour les œuvres de la Renaissance (Jean Bonna ayant confessé que son plus grand choc artistique fut la découverte de la Chapelle Sixtine), et un penchant assumé pour les Italiens, d’Andrea del Sarto au Parmesan et jusqu’à Tiepolo et Guardi, le seul regret actuel du collectionneur étant « de ne pas encore posséder de Rubens, de Van Dyck, de Léonard de Vinci ni de MichelAnge », excusez du peu... Enfin, en clin d’œil malicieux au collectionneur, l’exposition s’ouvre sur un rare dessin de deux anges, provenant de l’entourage de Dirk Bouts, une authentique rareté lorsque l’on sait que les Primitifs Flamands dessinaient souvent directement sur le support de leurs compositions à l’huile. L’un des deux anges tient dans a c t u Jacques Le Moyne de Morgues «Feuille d’études : deux coquelicots, nielle des blés et bleuet», 1555-1560 aquarelle et gouache sur quelques traits à la pierre noire, 215 x 159 m collection Jean Bonna © photo Patrick Goetelen, Genève a l i t é expos itions Washington où le travail du pinceau y est extrêmement expressif. Lorsqu’il se représente en 1661 sous les traits de l’apôtre Paul, ce n’est pas non plus innocent, quand on sait combien l’apôtre fut non conformiste et immensément humble. L’Autoportrait à 63 ans, peint l’année de sa mort en 1669, fait apparaître un homme frêle, à la peau pâteuse, les mains mollement croisées et le cheveu fragile mais l’exécution de la peinture reste Après Londres, où cette exposition, organisée en collaboration avec la National vigoureuse et sensible. Gallery, a fait le bonheur de tous les amateurs de l’âge d’or hollandais et de Tout au long de sa vie, Rembrandt explore le son artiste le plus célèbre, Rembrandt, c’est au tour d’Amsterdam, d’accueillir monde visible avec toutes ses singularités, rejecette rétrospective centrée sur cette période la plus audacieuse et la plus tant les codes de la beauté et du laid. Seule comppersonnelle de la créativité de l’artiste. te l’observation empirique, c’est-à-dire peindre d’après nature, paysages, têtes, animaux, végétaux. Tel est son credo, illustré dans l’exposition Un exploit que ce panorama complet de premier hérétique de la peinture ». En somme, sous le titre L’observation de la vie. Pour ses desl’œuvre tardif, de 1652 environ à 1669, année de un artiste libre et que cette exposition célèbre sins montrant par exemple une jeune femme attasa mort, qui réunit 40 peintures, 20 dessins, 30 dans chacune des neuf sections proposées. chée à la potence, l’artiste va sur place, réalise gravures. Le volet hollandais montrant toutefois Cette liberté se lit d’emblée dans les trois esquisses, dessine le corps supplicié, crodes tableaux en exclusivité comme Portrait de quelques autoportraits tardifs de la première quant le corps affaissé sur la potence, sans se famille, Portrait de Jan Six, Jacob et l’Ange, salle. Bien que s’inspirant de la longue tradition laisser émouvoir et dessine l’atroce comme le même si, comme le regrette Gregor Weber, direc- de l’autoportrait d’artiste propre à l’Europe du beau. Il fait de même avec les paysages, chemiteur du département des Beaux-Arts, il manque Nord - pas moins de quatre-vingts à son actif - il ne le carnet à la main pour représenter des arbres, l’Autoportrait de 1658 conservé à la Frick ne s’y conforme cependant que rarement et n’hé- des fermes, des polders, des églises qu’il réalise Collection. site pas à se peindre avec des traits épais et des in situ. Des dessins qu’il réutilisera dans ses graboucles hirsutes, comme le montre celui de 1659 vures qui étaient aussi des produits commeren provenance de la National Gallery de ciaux, contrairement aux dessins. Et que penser Un artiste libre C’est à partir de chacune de la Femme assise au torse nu des spécificités qui compose le près d’un poêle (1661/1662), spectaculaire talent de son œuvre dessinée à la plume, au pintardif que s’est construit le parceau, à l’encre brune et rehauscours : une exaltation sans sé de gouache blanche, une concession de l’humble ou du femme nue qui n’a rien d’une laid, une recherche de l’éventail beauté mythique, Manet ne la le plus large possible de sources renierait pas, tant elle est visuelles, une approche expériexpressive et d’après nature. mentale de la technique expresMême démarche pour la sive, un talent pour le rendu de la Femme au bain, un chapeau à lumière, son obstination à saisir ses côtés (1658), on sent comles états émotionnels les plus bien Rembrandt se plaît à imiprofonds de l’humanité. Dans ter la vie sans aucune sorte de cette dernière période et en dépit sélection et surtout pas d’idéade sa tragédie personnelle, sa lisation. Quant à La leçon d’adébâcle financière, le spectre de natomie du docteur Joan la vieillesse, la renommée de Deyman (1656), dont une gral’artiste est croissante mais survure italienne représentant le tout l’artiste ne fait aucun comChrist mort lui aurait servi de promis, pour être au goût du modèle, âmes sensibles s’abjour, poursuit ses innovations stenir. La présentation du ventechniques radicales et ne dévie tre ouvert et du crâne trépané pas de sa représentation naturadu cadavre, dont les pieds sales liste du monde. Un artiste faisant font face au spectateur, relève fi des règles de l’art et refusant d’un naturalisme sans concesde suivre l’exemple de ses présion. Rembrandt, «Autoportrait avec deux cercles», vers 1665-1669. The Iveagh Bequest, Kenwood House, London décesseurs, faisant de lui « le rijksmuseum, amsterdam Rembrandt, les années de plénitude 70 a c t u a l i t é Un défi aux normes La grande salle des portraits s’attache avant tout à montrer comment il défie les normes artistiques, apportant ses règles pour une approche personnelle et inventive. Si Rembrandt a peint beaucoup de portraits, sollicité par sa renommée d’artiste talentueux, à partir de 1630, il n’en accepte que rarement. Réservé jusqu’à la fin du 16° siècle à l’aristocratie, le portrait devient dans cette Amsterdam très prospère, le passage obligé pour asseoir le statut social des fonctionnaires et des riches marchands avec leurs épouses. En témoignent le Portrait de Jacob Trip (1661) et le Portrait de Margaretha de Geer (1661). Lui, évoqué dans sa fragilité physique, elle, dans son autorité. Le Portrait de Catrina Hooghsaet (1657) nous montre là aussi une femme indépendante, préférant la compagnie de son perroquet à celle de son second mari, dont elle vit séparée. Dans le Portrait d’une jeune femme avec un petit chien (1662/1665), composition simple et voluptueuse, Rembrandt se sert des attributs caractéristiques des femmes stylées de l’époque, comme la soie ou la fourrure mais rompt avec le style lisse et fluide, privilégiant des traits libres et ondoyants pour évoquer la robe et des touches plus fines pour rendre le détail du bijou. Dans Les Syndics (1662), il élimine les détails de composition superflus et cherche par sa technique à maîtriser la lumière pour mieux attirer le regard du spectateur. Son talent à rendre les effets de lumière était largement reconnu au 17° siècle et il savait mieux que personne user du clair-obscur. Raison suffisante d’y consacrer une section particulièrement bien étayée. Sa fascination de la lumière ne concernait pas seulement ses tableaux mais aussi ses eaux-fortes et gravures, pour lesquelles il utilisait différents sortes de papiers et d’encres. Pour structurer les compositions de ses eaux-fortes, il use de contrastes marqués et d’effets inhabituels comme dans L’Adoration des bergers, eau forte, burin et pointe sèche (1657). Dans Le serment de Claudius Civilis ou la conspiration des Bataves (1661/1662), c’est par l’application empâtée de la couleur qu’il obtient l’effet de la lumière. Une place centrale et essentielle a été réservée dans le parcours aux expérimentations techniques, si différentes de celles de ses contemporains celles qui font que Rembrandt continue de nous fasciner. Que ce soit l’utilisation de la pointe sèche pour obtenir ses effets chromatiques, une a c t u Rembrandt «Portrait de famille», vers 1665. Herzog Anton Ullrich Museum, Braunschweig technique extrêmement novatrice, qui gagne en importance dans les gravures tardives : Les trois croix (1653) sont à cet égard un chef-d’œuvre de son art graphique, parvenant en même temps à créer de fabuleux contrastes lumière-obscurité. Dans ses peintures, comme dans Lucretia (1666), il se sert souvent de couteaux pour appliquer d’épaisses couches de couleurs sans les noyer. Rembrandt choisit aussi des points de vue novateurs et assigne un rôle spécifique au spectateur, en fixant un moment d’intimité auquel il associe celui qui regarde. Son Portrait de famille (1665), le seul qu’il a peint est un tableau de genre dépassant les autres par la chaleur de l’interaction entre les personnages, qui sourient entre eux et se touchent affectueusement. L’étreinte très émouvante dans La Fiancée juive (1665) des deux protagonistes et le regard amoureux qu’ils s’échangent a fait dire à Vincent Van Gogh qu’il « aurait volontiers passé quinze jours assis devant le tableau, avec pour seule nourriture un quignon de pain ». On retrouve cette puissante intimité dans Une femme se baignant dans une rivière (1654) et la fascination du corps de la femme se devine aisément. Du même potentiel émotionnel sont les gravures de cette période tardive mais aussi les dessins : Femme endormie (1654) s’inscrit dans cette observation d’un moment d’intimité, si délicatement représenté. De l’intimité à la contemplation, la frontière est mince et la section évoque des philosophes (Homère), des apôtres (Simon, Barthélémy), non plus peints en pied sur des panneaux mais à micorps sur des toiles plus grande, pour augmenter les possibilités expressives du visage. Rembrandt a l i t sent-il la mort venir ? Toujours est-il que les personnages sont en proie à une profonde introspection. Il se concentre sur le conflit intérieur auxquels sont confrontés ses personnages, délaissant l’expression extérieure des passions au profit de l’émotion intérieure. Bethsabée au bain tenant la lettre de David (1654) est une composition introspective et la pose méditative de Bethsabée dissimule un conflit intérieur précis, auquel participe le spectateur : doit-elle obéir à l’ordre du roi ou rester fidèle à son époux ? Dans le cas de Lucretia (1664), le conflit intérieur entre chasteté et luxure est le moment de doute peint par Rembrandt, juste avant de commettre l’irréparable tandis que dans Jacob et l’Ange (1659), le peintre saisit la lutte entre crainte et espoir. Chacun de ces tableaux prouve l’immense talent de Rembrandt de raconter des histoires et de permettre à celui qui regarde de les terminer. Au conflit succède la réconciliation et cette dernière section, empreinte de paix et de sérénité, clôt le parcours. Jacob bénissant les fils de Joseph (1656) est une scène marquée par la sérénité et la réconciliation comme l’est Le retour du fils prodigue (1669) le plus grand tableau produit à la fin de sa vie. La réconciliation poussée à son plus haut degré de perfection. Cette aspiration à la paix de l’esprit a dicté à l’artiste son choix de sujets et de compositions picturales vers la fin de sa vie créative. Un idéal qui n’a rien perdu de son actualité ! Régine Kopp Jusqu’au 17 mai 2015 Ouvert tous les jours de 9 à 17heures www.rijksmuseum.nl/fr/rembrandt é 71 expos itions en FRANCE Giverny Annemasse Levis Carroll. Jusqu’au 6 avril Villa du Parc : Le monde entier jusqu'à aujourd'hui. Jusqu’au 30 mai. l franc e Rétrospective Tania Mouraud. Jusqu’au 5 octobre l Musée des impressionnismes : Degas, un peintre impressionniste? Jusqu’au 19 juillet. Meudon Musée Rodin : Robert Doisneau l (1912-1994). Sculpteurs et sculptures. Jusqu’au 19 novembre Lens Bourg-en-Bresse Le Louvre : Un parcours inédit à Nice Monastère royal de Brou : En noir Musée national Marc Chagall : l l et en couleurs. Jusqu‘au 26 avril travers l'histoire du temps. Jusqu’à fin 2017 l Marc Chagall, œuvres tissées. Jusqu’au 22 juin Camjac Lille Château du Bosc : ToulouseLaM : Aloïse Corbaz en constel- Rouen Lautrec. Jusqu’au 30 avril Musée dest beaux-arts : Trésors l l lation. Jusqu’au 10 mai Cannes Lyon Centre d’art La Malmaison : Jean Musée des confluences : Les l Fautrier - La figuration libérée. Jusqu’au 26 avril. Cassel Musée de Flandre : La Flandre l et la mer - de Pieter l’Ancien à Jan Brueghel de Velours. Du 4 avril au 12 juillet 72 Enghien Centre des Arts : Rouge, vert, l bleu, blanc - Rencontre entre l’espace, la lumière et le mouvement. Du 10 avril au 28 juin Evian Palais Lumière : Les Contes de l fées - Perrault, Grimm, Andersen, l résors d’Emile Guimet & Dans la chambre des merveilles. Jusqu’au 26 juillet A la Conquête du pôle Sud. Jusqu’au 28 juin. l de Sienne. Aux origines de la Renaissance. Jusqu’au 17 août. St-Tropez L’Annonciade : Les 60 ans du l musée. Hommage aux donateurs. Jusqu’au 1er juin. Strasbourg Marseille Musée d'Art Moderne et MuCEM : Raymond Depardon l l 300 ans du Hochberg. Jusqu’au 1er novembre AiLLEURS Amsterdam Rijksmuseum : Rembrandt - les l années de plénitude. Jusqu’au 17 mai. Aoste Centre Saint-Bénin : Alessandro Mendini - de Proust à Cattelan. Jusqu’au 26 avril. l Bilbao Musée Guggenheim : Niki de l Saint Phalle. Jusqu’au 11 juin. Bruxelles Bozar : F . Portraits de l ACES THEN la Renaissance aux Pays-Bas & FACES NOW. Portraits photographiques europeens depuis 1990. Jusqu’au 17 mai. L’Empire du Sultan. Le monde ottoman dans l’art de la Renaissance. Jusqu’au 31 mai. l Hangar H18, Ixelles : Wabi Sabi Shima - de l’esthétique de la perfection et du chaos dans l’archipel nippon. Du 24 avril au 24 mai. Un moment si doux. Jusqu‘au 9 mars. History Zero. Stefanos Tsivopoulos. Jusqu’au 13 avril. Contemporain : Jusepe de Ribera à Rome, le premier Apostolado. Jusqu’au 31 mai. l l Metz Centre Pompidou-Metz Dresde Wingen Staatliche Kunstsammlungen : Musée Lalique : 1715 - 2015 : les Toulon Martigues Hôtel des Arts : Pedro Cabrita Musée Ziem : Vlaminck, Lalique, Picasso... dix années de donations et d’acquisitions. Jusqu’au 4 mai l : Reis « Les lieux fragmentés ». Jusqu’au 19 avril l l Dahl et Friedrich. Paysages roman- Musée de Flandre, Cassel La Flandre et la mer de Pieter l’Ancien à Jan Brueghel de Velours Plongez dans l’univers envoûtant des marines flamandes et hollandaises des XVIe et XVIIe siècles, embarquez dans l’une des fameuses caraques peintes par Pieter Bruegel l’Ancien, affrontez le déchaînement des flots et des batailles navales, puis succombez à la poésie des paysages portuaires et des larges horizons... Au travers d’une sélection exceptionnelle de peintures et de gravures des XVIe et XVIIe siècles, cette exposition portera un regard neuf sur la représentation de la mer dans l’art flamand. Jan Brueghel l'Ancien (Bruxelles,1568-Anvers,1625) «Scène portuaire avec le départ de saint Paul pour Césarée», 1596 Huile sur cuivre Raleigh, North Carolina Museum of Art © North Carolina Museum of Art a g e Si les marines sont une spécialité de la peinture hollandaise, ce sont les artistes flamands qui en sont les véritables inventeurs. Le développement économique et maritime de la Flandre aux XVIe et XVIIe siècles ainsi que les batailles navales ont largement contribué au succès de ce thème. Au-delà d’une vision historique et sociale, les peintres se laissent porter par le pouvoir imaginatif et fascinant de la mer. Un monde peuplé de monstres et de divinités. . Du 4 avril au 12 juillet 2015 n d a expos itions en europe Palais Sarcinelli, Conegliano (Trévise) Carpaccio Vittore Carpaccio, «Triptyque de Santa Fosca», reconstitué pour la première fois depuis 50 ans «Le martyre de Saint Pierre», Musée Correr, Venise / «San Sebastiano». Strossmayerova Galerija Starih Majstora, Zagabria / «San Rocco». Accademia Carrara, Bergamo tiques. Jusqu’au 3 mai. L’héritage de Jérôme Bosch. Jusqu’au 15 juin Ferrare Palazzo dei Diamanti : La rose de l feu. Barcelone de Piccaso et Gaudi. Du 19 avril au 19 juillet. Florence Galleria degli Uffizi : Gherardo l delle Notti, peintures étranges et scènes joyeuses. Jusqu’au 25 mai. Forli Musée San Domenico : Boldini. Le spectacle de la modernité. Jusqu’au 14 juin. l Francfort Schirn Kunsthalle : l Les Affichistes. Jusqu’au 25 mai. l Städelmuseum : Jean Jacques de Boissieu. Jusqu‘au 10 mai. Monet et la naissance de l’Impressionnisme. Jusqu’au 21 juin. La Haye Mauritshuis : Une maison de caml pagne à New York : chefs-d’œuvre de la Frick Coll. Jusqu’au 10 mai. Londres British Museum : Définir la beau- té - le corps dans l’art de la Grèce antique. Jusqu’au 5 juillet. Histoire des Indigères australiens. Du 23 avril au 2 août l Courtauld Gallery : Goya - l’album des sorcières et des femmes âgées. Jusqu’au 25 mai. l National Gallery : Peder Balke. Jusqu’au 12 avril. Inventing Impressionism. Jusqu’au 31 mai l National Portrait Gallery : Sargent - Portraits d’artistes et d’amis. Jusqu’au 25 mai. l Royal Academy of Arts : Rubens et son legs. De Van Dyck à Cézanne. Jusqu’au 10 avril. l Tate Modern : Louise Bourgeois. œuvres sur papier. Jusqu’au 12 avril. l Wallace Collection : Joshua Reynolds, expériences en peinture. Jusqu’au 7 juin. Madrid Musée du Prado : Les cartons de l tapisserie de Goya dans le contexte de la peinture de cours. Jusqu‘au 25 mai l Musée Thyssen-Bornemisza : Raoul Dufy. Jusqu’au 17 mai. Paul Delvaux, une promenade avec l’amour et la mort. Jusqu’au 7 juin. l a g e n Après la grande exposition organisée au Palais du Doge de Venise en 1963, c’est au tour du Palais Sarcinelli de présenter une étonnante exposition consacrée aux œuvres tardives de Carpaccio et à la “découverte“ de son fils Benedetto. Une importante crise culturelle et politique a pris place entre la fin du XVe et le premier quart du XVIe siècle : guerres, modifications des alliances internationales, recherche artistique, hérésie et inquisition. Carpaccio a été aux prises avec cette atmosphère, et a été profondément influencé par elle comme en témoignent plusieurs mises à jour dans sa peinture. Mais une nouvelle période se profilait aussi, encore plus dramatique et agitée, plus temporelle et impartiale, qui vit l’apparition sur la scène de l’art de jeunes artistes comme Giorgione, Titian, Lotto, Pordenone et Sebastiano del Piombo. L’exposition suit Carpaccio dans ses pérégrinations entre les frontières du nord de la république et l’Istrie, en quête d’un code artistique surprenant. De cette période datent des œuvres excellentes et originales, tels que La Rencontre d’Anne et Joachim, pour l’église de Saint-François à Trévise, ou le Triptyque de Saint Fosca, parmi nombre d’autres œuvres. L’atelier du maître a ensuite produit des œuvres inspirées par les peintures de Carpaccio, ou véritables reformulations de celles-ci, jusqu’à ce que son fils Benedetto, un peintre d'intonations naïves, adepte des couleurs brillantes, n’induise un changement graduel dans le style de son père. Il constituera une plaisante surprise dans cette exposition. . Jusqu’au 28 juin 2015 Rovigo Milan Palazzo Roverella : Le démon de Palazzo Reale : Art lombard des l l Visconti aux Sforza. Jusqu’au 28 juin. LéONARD DE VINCI 1452-1519. Du 15 avril au 19 juillet. Munich Städtische Galerie la modernité - Peintres visionnaires. Jusqu’au 14 juin. Stuttgart Staatsgalerie : Oskar Schlemmer. Visions d’un nouveau monde. Jusqu’au 6 avril. l im Lenbachhaus : August Macke et Franz Marc, une amitié artistique. Jusqu’au 26 avril l Padoue Palais du Mont de Piété : C’est la Venise Peggy Guggenheim Collection: l guerre ! 100 ans de conflits au feu de la photographie. Jusqu’au 31 mai. “Alchemy“ par Jackson Pollock. Jusqu’au 6 avril. Charles Pollock une rétrospective. Jusqu’au 14 septembre l l l Vienne Rome Albertina (Albertinapl.) Degas, Complesso Monumentale del Vittoriano : Le prince des songes. Joseph dans les tapisseries médicis de Pontormo et Bronzino. Jusqu’au 12 avril. l Galleria nazionale d’arte moderna : Artistes du XIXe siècle. Thèmes et redécouvertes. Jusqu’au 14 juin. l Musée Capitolin : L’âge de l’angoisse. De Commode à Dioclétien. Jusqu’au 4 octobre. l Scuderie del Quirinale : Matisse arabesque. Jusqu’au 21 juin d a Cézanne, Seurat. Jusqu’au 3 mai. Sturtevant - Drawing Double Reversal. Jusqu’au 10 mai. La beauté de la nature - Aquarelles du XIXe siècle. Jusqu’au 31 mai. Vincenza Basilica Palladiana l : Toutankhamon, Caravage & Van Gogh - Le soir et les nocturnes, des Egyptiens au XXe s. Jusqu’au 2 juin. 73 expos itions Genève Art Bärtschi & Cie : Rafael Lozanol 74 Hemmer. Jusqu’au 23 mai. l Art en île - Halle Nord (pl. de l’île 1) Jonas Hermenjat, Anne Le Troter, Nicolas Momein, Julie Schmid, Emilie Tappolet, Mathias Zieba. Jusqu’au 18 avrl l Art & Public (Bains 37) Zhang Wei. Jusqu’au 8 mai. l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de jeux. Quand les artistes entrent dans la partie. Jusqu’au 30 mai. l Blondeau & Cie (Muse 5) David Maljkovic. Jusqu’au 9 mai. l Cabinet d’arts graphiques : “Pardonnez-leur“. Jusqu’au 14 juin. l Centre d'art Contemporain (VieuxGrenadiers 10) Ernie Gehr - Bon Voyage // Raphael Hefti - Solo show. Jusqu’au 26 avril l Centre de la Photographie (Bains 28) Interfoto, expo collective. Du 9 avril au 31 mai. l Espace JB (Noirettes 32) Martin Parr. Jusqu’au 1er mai. l Espace Muraille (5, pl. Casemates) Monique Frydman. Jusqu’au 2 mai l Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Pascale Favre, Laetitia Salamin, François Schaer / Reliefs. Jusqu’au 12 avril. Barbara Cardinale, Lucie Kohler, Oablo osorio / D’ânes à zèbre. Du en 17 avril au 31 mai. l Fondation Bodmer (Cologny) Sade, un athée en amour. Jusqu’au 12 avril l Galerie Bernard Ceysson (7, Vieux-Billard) Nicolas Momein. Jusqu’au 23 mai. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Fifo Stricker. Jusqu’au 26 mai. l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Sélection - Dieter Roth, Markus Raetz, Hans Schärer, Philippe Schibig. Jusqu’au 24 avril. l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers) Maureen Kaegi, Christina Zurfluh. Jusqu’au 23 mai. l Galerie Mitterand + Cramer (Bains 52) These basic forms of beauty. Jusqu’au 16 mai. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Jean-Luc Manz. Jusqu’au 16 mai. l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue) Jean-Louis Perrot. Jusqu’au 23 avril. l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des histoires sans fin, printemps 2015 - avec Antoine Bernhart, François Dilasser, émilie Ding, .... & La Collection du Frac Île-de-France. Jusqu’au 10 mai l Médiathèque du Fonds d'Art Contemporain (Bains 34) Limes Voyages de frontière. Jusqu’au 23 mai. l Musée Ariana (Av. Paix 10) Jean Marie Borgeaud, La terre au corps. s uis s e Jusqu’au 26 avril. Le verre artistique de Saint-Prex. Jusqu’au 1er novembre. l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Christiane Baumgartner White Noise. Jusqu’au 28 juin. l Musée d’ethnographie (Bd CarlVogt 65-67) Les rois mochica. Divinité et pouvoir dans le Pérou ancien. Jusqu’au 3 mai. l Musée Rath (pl. Neuve) Biens publics. Jusqu’au 26 avril. l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Faillir Etre Fingué. Jusqu’au 16 mai. William Eggleston, from Black and White to Colour & PhotoBooks Elysée. Coll. Schifferli. Jusqu’au 3 mai. l Musée Historique (pl. Cathédrale 4) Christian Coigny, photographies. Jusqu’au 15 juin. Fribourg Espace Tinguely - Saint-Phalle : l Sculpture et architecture dans l’oeuvre de Niki de Saint Phalle. Jusqu’au 31 décembre l Fri-Art (Petites Rames 22) Robert Heinecken. Lessons in Posing Subjects. Jusqu’au 3 mai. Lausanne Collection de l’Art brut (Bergières Mézières Musée du papier peint : Fusions l 11) André Robillard. Jusqu’au 19 avril. Pascal Tassini & Eric Derkenne. Jusqu’au 10 mai l Espace Arlaud : Carte blanche à Yves Dana. Jusqu’au 26 avril. l Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) De Raphaël à Gauguin. Trésors de la collection Jean Bonna. Jusqu’au 25 mai l Mudac (pl. Cathédrale 6) Nirvana les étranges formes du plaisir. Jusqu’au 26 avril. Le verre vivant II. Jusqu’au 1er novembre. l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Paris, à nous deux ! Artistes de la collection à l’assaut de la capitale. Jusqu’au 26 avril l Musée de l’Elysée (Elysée 18) l - œuvres en verre contemporaines. Jusqu’au 3 novembre. Vis-à-vis / Visarte. Jusqu’au 31 mai. Lens / Crans Fondation Pierre Arnaud : Réalisme. La Symphonie des contraires. Jusqu’au 19 avril. l Martigny Fondation Pierre Gianadda : l Anker, Hodler, Vallotton... Coll. Bruno Stefanini. Jusqu’au 14 juin l Fondation Louis Moret (Barrières 33) Alexandra Roussopoulos. Du 18 avril au 24 mai. l Manoir de la Ville : Céline Peruzzo, Red Zone, galerie d’art contemporain Olivier Morel - Qui peut démêler ces lacis ? La galerie d’art contemporain Red Zone expose jusqu’à mi-mai les acryliques et aquarelles de l’artiste français Olivier Morel, qui s’est fait connaître autant par ses dessins et peintures, que par ses gravures ou sculptures, sans oublier son rôle d’illustrateur de livres pour enfants. «Lacis à l'intérieur, lacis à l'extérieur. Tout ce qui naît est pris dans ce lacis. Voici la question: Qui peut démêler ces lacis?» se demande un moine bouddhiste, en 430 avant J:C, au Sri Lanka, dans le Visuddhimagga (Chemin de la pureté). Olivier Morel, dans son désir de peindre l'idée de l'objet plutôt que l'objet de sa contemplation, avec ses touches rapides et sûres, donne tout son sens à cette question, dans ses peintures d'arbres et de racines. Immédiatement, face à son œuvre, faces à ces enchevêtrements de racines, on comprend ce que peut être le sort de l'homme pris dans le lacis de ses désirs d'objets autant que de sensations. En même temps qu'Olivier Morel s'interroge sur le destin de l'homme, il renoue avec la tradition picturale chinoise, dans laquelle l'arbre est très souvent présent et porteur de symboles. . à découvrir jusqu’au 9 mai 2015 Olivier Morel «Forêt», 97 x 130 a g e n d a expos itions en s uis s e Collection Oskar Reinhart «Am Römerholz», Winterthur Victor Chocquet, ami et collectionneur des impressionnistes Renoir, Cézanne, Monet, Manet L'année 2015 marquera le cinquantenaire de la mort d'Oskar Reinhart (1885-1965). C'est l'occasion de rendre hommage au collectionneur par une manifestation qui mette en valeur ce qu'il a accompli. L'exposition sera ainsi consacrée à Victor Chocquet (1821-1891), véritable promoteur de l'impressionnisme français dont Reinhart fera le fer de lance de sa collection. Victor Chocquet était un admirateur d'Eugène Delacroix, mais il fut surtout l'un des premiers amis, mécènes et collectionneurs des impressionnistes. Pierre-Auguste Renoir «Portrait de Monsieur Chocquet», 1875–1876 Huile sur toile, 46×36 cm. Collection Oskar Reinhart «Am Romerholz», Winterthour Gaël Epiney, Cécile Giovannini, Dexter Maurer. Jusqu’au 24 mai. Paul Cezanne «Portrait de Victor Chocquet», 1876 –1877. Huile sur toile, 46×36 cm. Collection particuliere OUTRE SARiNE Morges Maison du Dessin de Presse : Aarau Aargauer Kunsthaus : Miriam l Dessins pour la paix - L'égyptienne Doaa Eladl et le Palestino-Syrien Hani Abbas, lauréats du prix Cartooning for Peace 2014. Jusqu’au 26 avril Neuchâtel Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut l 74) Dürrenmatt à Neuchâtel. Du 19 avril au 6 septembre l Laténium (Hauterive) Aux origines des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai l Musée d'art et d'histoire (espl. Léopold-Robert 1) Renzo Ferrari. Visions nomades. Jusqu’au 20 avril. l Musée d'ethnographie (St Nicolas 4 ) Imagine Japan. Jusqu’au 19 avril. Vevey Alimentarium (quai Perdonnet) l Detox. Jusqu’au 30 avril. l Cabinet des estampes : Printmaking by. Jusqu’au 31 mai. l Musée Jenisch : Fred Deux - Le For intérieur. Jusqu’au 24 mai. l Cahn. Jusqu’au 12 avril Bâle Cartoon Museum (St. Albanl Vorstadt 28) Peter Gut. Jusqu’au 21 juin. l Fondation Beyeler (Riehen) Alexander Calder Gallery III. Jusqu’au 6 sept. Paul Gauguin. Jusqu’au 28 juin. l Kunsthalle : Vincent Meessen & Thela Tendu. Jusqu’au 24 mai. Mark Leckey. Jusqu’au 31 mai l Dreiländermuseum (Lörrach) Max Laeuger. L’œuvre intégrale. Jusqu’au 3 mai. Au-delà de la splendeur - Facettes de SaintPétersbourg. Du 25 avril au 21 juin. l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) One Million Years - système et symptôme. Jusqu’au 5 avril. De Cézanne à Richter. Jusqu’au 14 février 2016. l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Belle Haleine – L'odeur de l'art. Jusqu’au 17 mai. Yverdon Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14) Berne Centre Paul Klee (Monument im l Alphabrick. Jusqu’au 31 mai a g l Fruchtland 3) Henry e Moore. n Lors de la vente de sa célèbre collection en 1899, celle-ci comprenait plusieurs œuvres de choix de Delacroix, Pierre-Auguste Renoir et Paul Cézanne et d'autres non moins significatives de Gustave Courbet, Édouard Manet et Claude Monet. Cette collection montrait avant tout les protagonistes majeurs de l'impressionnisme, ceux-là mêmes auxquels Oskar Reinhart donnera plus tard sa préférence. . Jusqu’au 7 juin 2015 Jusqu’au 25 mai. Klee à Berne. Jusqu’au 17 janvier 2016 l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Coll. Kunst Heute, Ici et Maintenant. Jusqu’au 26 avril. Bienne PhotoforumPasqu’Art : Sebastien l Stadler. Jusqu’au 5 avril. Regine Petersen, Aleix Plademunt, Jonathan Roessel, Yann Laubscher. Du 19 avril au 14 juin. Riggisberg Abegg-Stiftung : Le triomphe l des ornements. Tissus de soie du XVe siècle italien. Du 26 avril au 8 novembre. Winterthur Collection Oskar Reinhart “Am l Römerholz“ : Victor Chocquet & les impressionnistes. Jusqu’au 7 juin. l Fotomuseum (Grüzenstr. 44) Paul Strand. Jusqu’au 17 mai l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Meinrad Schade – La guerre sans la guerre. Jusqu’au 17 mai l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Oranje ! Chefsd’œuvre de la peinture hollandaise. Jusqu’au 5 avril. The English Face - Portraits miniatures. Jusqu’au 15 juillet. Zurich Saint-Gall Kunsthaus (Heimpl.1) Hodler/ Kunstmuseum : Isabelle Lartault - Schnyder. Jusqu’au 26 avril. Monet, l l Michel Verjux. Jusqu’au 26 juillet. Soleure Kunstmuseum : Turo Pedretti, l une rétrospective. Jusqu’au 25 mai. Peter Stoffel. Jusqu’au 14 juin. Weil / Rhein Vitra Design Museum : l Afrikanische Moderne. Jusqu’au 22 mai. Making Africa. A Continent of Contemporary Design. Jusqu’au 13 sept. d a Gauguin, Van Gogh... Inspiration japonaise. Jusqu’au 10 mai l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Do It Yourself Design. Jusqu’au 31 mai l Museum Oskar Reinhart «Am Römerholz» (Haldenstr. 95) Victor Chocquet, ami et collectionneur des impressionnistes Renoir, Cézanne, Monet, Manet. Jusqu’au 7 juin. l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) À cordes et à corps - Instruments de musique de l'Inde. Jusqu’au 9 août. 75 p a r i théâtre du petit saint-martin La Maison d’à côté La Maison d’à côté de Sharr White est à l’affiche du Petit Saint Martin dans la mise en scène imaginée par Philippe Adrien, avec une brochette de comédiens admirables, parmi lesquels figure Caroline Sihol, qui se révèle bouleversante dans un rôle qui est sans conteste l’un des plus importants de sa carrière. Juliana, la scientifique qui a conçu le médicament le plus approprié contre la perte de mémoire, est victime du mal qu’elle combat chez ses patients et dans un circuit médical international ! Tel est l’ingénieux scénario de l’auteur américain Sharr White, dont Gérald s Sibleyras a écrit une version française tirée au cordeau. Juliana est, en fait, sur plusieurs pentes dangereuses à la fois. Elle perd le contact avec la réalité, se sépare de son mari, court hagarde d’une conférence à l’autre, focalise son attention sur « la maison d’à côté » qui lui appartenait et qu’elle croit encore à elle, alors que la bicoque a été vendue. Dans ce dédale mental qui change tous les jours, elle reçoit l’appui de quelques personnes, dont son mari qui ne s’est pas totalement éloigné d’elle. Au cœur du drame, il y a en réalité le départ d’un enfant, Laura, qui, jeune fille, a coupé les ponts. Juliana ne peut admettre l’absence de Laura, qui est peut-être de retour. Double vertige Sharr White construit sa pièce sur deux vertiges : celui - psychiatrique - de l’amnésie naissante en train de détruire certaines zones du cerveau, celui – psychanalytique - d’une tragédie refoulée qui remonte à la surface et modifie la perception de la réalité. C’est une très bonne pièce, avec une habileté et une vision carrée de la science qui sont très américaines et ne sont pas tout à fait les nôtres. Philipe Adrien assure une fort belle mise en scène, toute de pudeur, de secrets, de surprises feutrées. Tout en utilisant la vidéo, il compose des images plus intérieures que spectaculaires, plus faites d’émotions douces que de coups de théâtre. Hervé Dubourjal (le mari), Léna Bréban (dans plusieurs rôles) et Stéphane Comby (dans trois rôles tout à fait mineurs) ont tous une fermeté tendre dans cette course vers une guérison improbable. Caroline Sihol, qui incarne Juliana, joue là l’une des prestations les plus importantes de sa carrière. Elle est admirable et bouleversante dans la traduction de l’égarement, de la souffrance mentale et du sentiment d’abandon. Elle est la flamme dansante du spectacle, celle qu’on emporte avec soi une fois la pièce finie. 76 Gilles Costaz La Maison d’à côté de Sharr White, adaptation de Gérald Sibleyras, mise en scène de Philippe Adrien, décor de Jean Hass, lumières de Pascal Sautelet, vidéo d’Olivier Roset, musique et sons de Stéphanie Gibert, costumes de Caroline Sihol, collaboration artistique de Laura koffler, avec Caroline Sihol, Hervé Dubourjal, Léna Bréban, Stéphane Comby. Petit Saint-Martin, tél. : 01 42 08 00 32. Caroline Sihol dans «La Maison d’à côté». Photo Laurencine Lot. a c t u a l i t é p à la maison des arts de créteil a r i s à l’opéra de paris Animal / vegetable / Le Chant de la terre mineral Difficile de trouver modes d’expression artistiques plus éloignés l’un de l’autre que le punk et la danse classique. Pourtant, ils font partie intégrante de la construction artistique et personnelle du chorégraphe anglais Michael Clark et sa dernière création, Animal / vegetable / mineral présentée les 6 et 7 février à Créteil, en est l’illustration. Après une formation classique au Ballet royal de Londres et quelques années comme soliste au Ballet Rambert, Michael Clark crée sa compagnie en 1984. Très vite, il devient un acteur important de l’avant-garde, collaborant avec, entre autres, le couturier Alexander McQueen, le groupe de rock Wire ou le cinéaste Peter Greenaway, tout en créant des œuvres pour l’Opéra de Paris, le Deutsch Oper de Berlin ou le Scottish Ballet. Depuis 2005, il est artiste associé au Barbican Center de Londres. Animal / vegetable / mineral est organisé en trois parties correspondant chacune à un univers musical et esthétique. La première partie est faite de courtes variations sur l’album White bread, black bear de Scritti Politti, groupe de punk se réclamant du situationnisme. Visage impassible, les danseurs se lancent dans des solos ou des duos qui mêlent élégance classique et abstraction géométrique. La gestuelle Harry Alexander by Jake Walters de Michaël Clark se nourrit de l’académisme et de la post modern danse américaine. Les vidéo de Charles Atlas, complice de toujours, crée un fond de scène coloré, vibrant, passant du bleu au rose, du mauve au vert à chaque morceau. Le deuxième mouvement est plus tonique, sur les morceaux de Sex Pistols et PIL, groupe formé par Johnny Rotten. Les gestes sont plus athlétiques, avec des portés acrobatiques. Les corps s’élancent sur scène comme des bombes. L’écran noir du fond de scène laisse apparaître un cône de lumière puis des phrases mystérieuses nous prennent à partie : Why me ? Les mots s’affolent. Des silhouettes en ombre chinoise apparaissent. La troisième partie est chorégraphiée sur des morceaux de PULP et Relaxed muscle, formations musicales de Jarvis Cocker qui apparait en vidéo, grimé. Dans les trois mouvements, la danse épouse les rythmes du rock et crée à chaque fois un véritable univers. Les variations de Michaël Clark ont cela de fascinant qu’elles mêlent raffinement du classique et énergie brute. Les danseurs apparaissent comme une armée de soldats décidés et langoureux, sorte de milice au langage fascinant qu’ils donnent à voir tout en gardant une part de mystère. Le Chant de la terre est la nouvelle création de John Neumeier pour le ballet de l’Opéra de Paris. Pour cette commande, présentée du 24 février au 12 mars, le chorégraphe américain directeur du ballet de Hambourg a choisi d’utiliser la symphonie chantée Le Chant de la terre de Gustav Mahler. 77 «Le Chant de la terre» - Photo Ann Ray Pour Le Chant de la terre, Gustav Mahler est parti de textes chinois du huitième siècle, traduits en allemand au début du vingtième siècle. Il s’agit de poèmes sur les différents âges de la vie, les sentiments qui vont avec, toujours en lien avec la nature. Le ballet est centré sur le parcours d’un personnage masculin, avec ses rencontres, ses doutes et ses moments d’emphase. La chorégraphie néo-classique et la scénographie convoquant la nature – course du soleil, plan incliné vert gazon – s’inscrivent dans la veine de la Troisième symphonie, également au répertoire de l’Opéra de Paris, mais en moins poignant. On se perd un peu dans les hésitations du héros, dansé par Florian Magnenet, même si le premier danseur fait preuve d’une vraie présence scénique. Il forme un très beau duo avec Vincent Chaillet, sorte de double. Dorothée Gilbert, figure féminine énigmatique, offre un visage fermé laissant peu de place à l’émotion. Les scènes de groupe, image de la jeunesse et de la vie, sont joliment enlevées avec Léonore Baulac qui se remarque particulièrement. Stéphanie Nègre La danse en avril : L’Histoire de Manon de Kenneth MacMillan sera à l’affiche de l’Opéra de Paris du 20 avril au 20 mai. Cette série verra les adieux à la scène d’Aurélie Dupont. Le LA Dance project sera au Châtelet du 8 au 11 avril avec un programme réunissant Roy Assaf, Sidi Larbi Cherkaoui et Benjamin Millepied. Enfin, le Béjart Ballet Lausanne sera au Palais des congrès du 4 au 6 avril avec Le Presbytère. Stéphanie Nègre a c t u a l i t é p a r i s musée du jeu de paume Florence Henri Miroir des avant-gardes, 19271940. Femmes à l’honneur Le Jeu de Paume présente en ce moment le travail de deux artistes femmes photographes, chacune pionnière à son époque : Florence Henri (1893-1982) et Taryn Simon née en 1975. L’une dans l’avant-garde plasticienne des années 20-30, imprégnée du Bauhaus et des surréalistes, l’autre dans une recherche expressive purement conceptuelle de notre société contemporaine.. 78 Autoportrait 1928, Florence Henri Épreuve gélatino-argentique d'époque, 39,3 x 25,5 cm. Staatliche Museen zu Berlin, Kunstbibliothek. Florence Henri © Galleria Martini & Ronchetti a c t u Proche du Bauhaus, Florence Henri évolue au cœur de l’intelligentsia artistique européenne de son époque : influencé par le constructivisme, le cubisme et le surréalisme, son travail est une recherche permanente de reconstruction d’images par fragmentation du champ. C’est par des expositions multiples, des jeux d’ombres portées, de combinaisons de négatifs par superposition ou juxtaposition qu’elle retire tout aspect documentaire à ses photos, créant ainsi une équivoque entre réalité et virtualité. Sa photographie est, à ce stade, une synthèse parfaite entre la peinture abstraite géométrique et les innovations photographiques de la Nouvelle Vision. Florence Henri se voit ainsi reconnue pour sa contribution au cours de cette période fondamentale où l’outil photographique sert à libérer la vision de l’Homme et à l’ouvrir à de nouvelles expériences. L’exposition est constituée principalement de tirages d’époque ainsi que de quelques documents et publications ; elle présente un vaste panorama de la production photographique de Florence Henri. Ce travail développé entre 1927 et 1940, comprend aussi bien ses autoportraits, compositions abstraites, portraits d’artistes, nus, photomontages, photocollages, que des photographies prises à Rome, à Paris et en Bretagne. Au départ, essentiellement attirée par le potentiel créatif qu’offrent objectifs, négatifs, tirages, Florence Henri se concentre essentiellement sur cette démarche et fait surtout des natures mortes, objets, et très peu de portraits. Par souci alimentaire, elle ouvre un studio à Paris en 1929, et, répondant à des commandes, se diversifie. Ce studio rivalise avec celui de Man Ray. Elle y donne des cours de photographie que fréquentent, entre autres, Lisette Model et Gisèle Freund. Cependant malgré des publications de l’époque, l’œuvre de Florence Henri demeure largement méconnue, ceci d’autant plus qu’elle ne conservait dans ses archives que sa “recherche personnelle” et non ses travaux de commandes… Cette rétrospective d’une photographe peu médiatisée au sein de l’histoire de la photographie, met bien en évidence les influences formidables que l’environnement artistique exerce sur ce medium. Jusqu’au 17 mai 2015 a l i t é p a r i s dibilité de la photo- cendants de l’individu concerné, au centre la graphie en tant que narration de l’événement relaté – violence, résitémoin et arbitre de lience, corruption et survie – et, à droite, les justice. Condamnés à témoignages de l’époque, preuves tangibles des de lourdes peines – faits. A nous d’interpréter, quitte à mettre à mal pour certains à la nos certitudes… peine de mort - pour Dans The Picture Collection, Taryn Simon viol, enlèvement ou met en évidence le besoin irrépressible d’archiencore meurtre, tous ver et d’organiser les informations visuelles, et les sujets de l'artiste attire l’attention sur les mains invisibles qui ont été finalement sont à l’origine de systèmes de collecte appamis hors de cause remment neutres. Depuis 1915, La “Picture après avoir dormi des Collection” (Manhattan) rassemble 1,29 million centaines ou plutôt de tirages, cartes postales, affiches et images des milliers de jours découpées avec soin dans divers livres et maga«Composition Nature morte», 1931, Florence Henri en prison. zines, organisées selon un système de catalogaÉpreuve gélatino-argentique datée de 1977, 23 x 30 cm. Collection particulière, courtesy Archives Florence Henri, Gênes. Florence Henri Dans An ge complexe de plus de 12 000 rubriques, il s’a© Galleria Martini & Ronchetti American Index of git de la plus grande bibliothèque iconograthe Hidden and Unfamiliar, Taryn Simon mon- phique de prêt au monde. tre sous forme de tirages couleur ce qui normaL’artiste voit dans cette immense archive Taryn Simon lement demeure caché et soustrait au regard des un précurseur des moteurs de recherche sur Vues arrière, Americains. Ce travail « découvre le fossé entre Internet. Ce futur, autrefois des plus improbaNébuleuses stellaire et Le bureau de la propagande les individus auxquels l’accès au savoir est bles, apparaît aujourd’hui au cœur de cette accordé et le reste de la population » à travers accumulation, comme si l’analogique y préfiguextérieure. des objets, des lieux et des espaces choisis par rait le digital. Dans des montages combinant Artiste américaine née à New York en l’artiste. 1975, Taryn Simon se concentre sur l’impact Contraband dresse l’inventaire des images et leur influence croissante sur notre des articles saisis par les douaniers société. Depuis plusieurs années elle construit américains à l’aéroport internatioune œuvre ambitieuse, résultat d’un processus nal John F. Kennedy de New York. d’investigation aussi discret que rigoureux. Par Taryn Simon a passé cinq jours et une recherche au sein de l’accumulation des quatre nuits sur place pour photoimages au fil des ans, elle réorganise celles-ci et graphier en continu 1’075 objets les réutilise en fonction de nos préoccupations interdits d’entrée aux États-Unis, à sociétales. Ses travaux aboutissent à une inter- propos desquels elle a également rogation d’une part sur la puissance et la natu- rassemblé des informations. La re du non-dit, et, d’autre part, sur la précarité méthode de classement de ces imades mécanismes de survie, mettant à mal nos ges évoque celle d’une collection certitudes. Ses pièces mélangent photographie, entomologique : dans leurs boîtes texte et graphisme dans le cadre de projets de plexiglas, elles constituent une conceptuels qui traitent de la production et de la archive des perceptions du danger «Cutaways, 2012» Single Channel Video, 3 minutes circulation de la pensée commune à travers les et des désirs à l’échelle mondiale. Dimensions Variable. Courtesy of the artist © 2014 Taryn Simon politiques de représentation. A Living Man Declared Dead Visuellement, l’œuvre de Taryn Simon and Other Chapters I – XVIII est le résultat de des « entrées » potentielles de séries, elle mêle souci documentaire et création artistique quatre années de recherche (2008-2011) durant reconstitue des montages arbitrairement combiavec des images fortes et singulières, présentées lesquelles Taryn Simon a voyagé à travers le nés. majoritairement sous forme d’installations et monde pour recueillir les histoires associées à Dans cet accrochage, par le contraste entre remettant en question notre vision de l’environ- différents événements. Parmi les sujets abordés la rigueur de ces inventaires et leurs destinanement dans lequel nous croyons vivre. Pour ce se trouvent entre autres des victimes du génoci- tions aléatoires, Taryn Simon dans chacune de faire, l’artiste joue sur les interstices entre de en Bosnie, les descendants et témoins survi- ses séries témoigne de la difficulté d’appréhenimage et texte dans lesquels se confondent tra- vants d’un criminel nazi, etc. À la fois cohéren- der la réalité. duction, manipulation et interprétation. te et arbitraire, la collecte de Taryn Simon dresSa série la plus ancienne, The Innocents, se une cartographie des rapports entre le hasard, Jusqu’au 17 mai 2015 documente dans de grands tirages couleur et en les liens du sang et autres facteurs du destin, Christine Pictet video plusieurs cas de condamnations illégiti- dans une présentation systématique : à gauche, mes aux États-Unis et pose la question de la cré- cases, remplies ou non, des ascendants et des- a c t u a l i t é 79 p a r i s Martinoty. D’où ce résultat scénique minimal, assez passe-partout. Cela offre toutefois à se concentrer sur la musique, qui pour sa part convainc entièrement. L’opéra de Gounod, restitué quasi au complet y compris pour l’un des facultatifs ballets (plus de trois heures de musique !), resplendit aussi bien côté vocal qu’orchestral. Krassimira Stoyanova plante la meilleure Marguerite du moment, de projection pleine et pleinement assurée dans tous les registres, avec de surcroît une prononciation française impeccable. On ne saurait en dire autant de tous ses compagnons de plateau, bien que d’égale excellence vocale ; comme le Faust intensément lyrique de Piotr Beczala, et le Méphisto caverneux d’Ildar Abdrazakov. Entre ces chanteurs slaves, la lyonnaise Anaïk Morel dispense un chant de beau style français pour son Siebel. Michel Plasson dirige avec science une partition qu’il connaît comme peu, révélant ses délicatesses et ses inspirations. opéra Faust de toujours Faust fait son grand retour à la Bastille. Dans une conception renouvelée, musicalement affirmée, mais toutefois moins aboutie côté mise en scène. 80 Monde actuel A Bastille : «Faust» © Vincent Pontet / Opéra National de Paris La présente saison de l’Opéra de Paris est une saison de transition. Si le directeur en poste est Stéphane Lissner, la programmation actuelle a été conçue par le directeur antérieur, Nicolas Joel. Ce qui explique que pour le moment il y ait peu de nouveautés et davantage des reprises, au contraire de la prochaine saison qui vient d’être annoncée. Le récent Faust présenté à la Bastille constitue toutefois un cas spécifique. Après avoir été inscrit dans le programme général de saison comme une reprise de la production en 2011 de Jean-Louis Martinoty, l’ouvrage a été annoncé ensuite, seulement un petit mois avant, comme une « nouvelle mise en scène ». Ce qui ne veut pas dire « nouvelle production ». Nuance sémantique… Car s’il y a un autre metteur en scène, Jean-Romain Vesperini, le décor se résume plus ou moins à celui déjà vu : une grande bibliothèque de structure métallique concave, qui enserre les personnages. Ces derniers sont vêtus à la façon des années 1930, ce qui n’est guère original par les temps qui courent, mais ce qui en revanche les différencie de la précédente présentation. Et autre différence : l’action se fait beaucoup plus simple, au a rebours de la surenchère d’intentions antérieure, avec bien peu d’éléments scéniques ou de mouvements. Dans un ensemble des plus discrets, comme une juste mise en place. Il semble qu’ait joué l’ire de Michel Plasson, qui se refusait à diriger l’opéra dans la conception prévue par Philippe Boesmans est un compositeur dont le talent est bien servi. Puisque ses opéras connaissent des reprises saluées par le public et la critique (comme on dit). Au Monde, son dernier opéra, ne fait pas exception, créé l’an passé à la Monnaie de Bruxelles et redonné en grandes pompes à l’Opéra-Comique. Le livret revient à Joël Pommerat, qui signe aussi la mise en scène. Il s’agit d’un huis clos (encore un !), qui confronte les personnages d’une même famille, sans qu’on sache trop de quoi il retour- «Au monde» © DR /E.Carecchio c t u a l i t é p a r i s dans sa voix et son jeu, gêné par une déficiente élocution française. Geoffroy Jourdain dirige tout ce beau monde, en compagnie de douze musiciens choisis par lui et pour la circonstance, ainsi que le Jeune Chœur de Paris, avec une acuité sans cesse en éveil. L’instrumentation un peu grêle, desservie par l’acoustique sourde du théâtre, s’affirme la soirée passant d’une réelle présence. Quand le chœur, pour sa part, ne lâche pas la bride. Pélléas pour l’Histoire Pelléas et Mélisande dans la réalisation de Robert Wilson, est de ces productions qui ne vieillissent pas. Et qui font honneur à l’Opéra de Paris. À la Bastille, pour cette énième reprise «Iphigenie en Tauride» © Mirco Maglioccab / Opera national de Paris ne ni ce qui les motive. Et ainsi, pendant près de deux heures… La musique qui les accompagne est belle, de nature essentiellement consonante, qui gagnerait cependant à être écoutée en extraits. Car l’ensemble prend mal sa forme : entre une constante déclamation sur des mots prosaïques (« Ferme la porte. », « As-tu bien dormi ? », etc.) et un soutien orchestral qui pallie vaille que vaille cette absence de lyrisme (du livret comme du traitement vocal). Une resucée de Pelléas, comme on en a déjà entendu cent fois. La réalisation scénique est pourtant séduisante esthétiquement, avec d’impressionnants éclairages zébrés sur un fond noir, au sein d’un unique décor de salon (qui s’éternise un peu). Les personnages y vont et viennent. L’Orchestre philharmonique de Radio France est sans reproche, parfaitement travaillé et mené par Patrick Davin. Et le plateau vocal tout autant, d’où se détachent la fraîche Fflur Wyn, le franc Yann Beuron et une Patricia Petibon au sommet de son art. Torride Iphigénie L’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris accomplit des prouesses. Comme dans le cas de cet Iphigénie en Tauride qu’il présente au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, dans une production digne de concurrencer les meilleures dans des salles autrement renommées (comme la Bastille, pour rester dans le même cadre). Jacques Osinski, qui a fait ses premières armes auprès de Claude Régy, Lev Dodine et Herbert Wernicke (excusez du peu !), signe une réalisation scénique intense. Avec de rares moyens matériels, mais une grande science théâtrale. Un décor unique, constitué de la chambre ordinaire d’un appartement quelconque, des costumes a c t u 81 «Pelléas et Mélisande» © Elisa Heberer / Opéra National de Paris actuels ou tout autant intemporels, des éclairages judicieux : tout est en place pour que le drame s’installe. Et celui-ci noue la gorge, dès les premiers instants, les premières mesures, avec des personnages habités, torturés. L’intervention du groupe des choristes, luimême, se fait pareillement dramatique, reclus en bloc sur les côtés du décor dans des poses hiératiques dessinées de façon quasi chorégraphique. Mais la transmission des interprètes constitue la substance, sans laquelle ce drame ne serait pas. Bravo aux solistes de l’Atelier lyrique ! Andreea Soare, grande prêtresse dans un rôle-titre où elle impose sa forte personnalité, Oleksiy Palchykov et Gemma Ni Bhriain campent des incarnations transcendantes, dans l’expression alliée à la sûreté vocale. Les uns et les autres, il est vrai, chanteurs affirmés qui ne sont plus au stade de la révélation. On serait plus réservé pour Piotr Kumon, grommelant a l i t depuis 1997 (!), il n’est que de se laisser baigner à nouveau par l’aura de lumières irréelles, de gestes et poses d’une portée quasi mystique. L’accomplissement de l’opéra de Debussy ! Elena Tsallagova campe une Mélisande rêvée, idéale jusque dans son élocution. Stéphane Degout figure un Pelléas d’excellente facture. La direction de Philippe Jordan semble se délecter des détails, quitte à s’y appesantir, pour ensuite devenir mieux animée. Belle et pas bête La Philharmonie II, puisqu’ainsi convientil désormais de désigner ce que l’on appelait naguère la salle de concert de la Cité de la Musique, s’ouvre à un « film-opéra ». En l’espèce, la Belle et la Bête (1945), le célèbre et beau film de Jean Cocteau, serti d’une musique conçue en 1994 par Philip Glass. Le Philip Glass Ensemble (une dizaine d’instrumentistes é p a r i s Philharmonie : «La Belle et la Bête» © dherouville 82 sous la direction de Michael Riesman), les voix adaptées de Michael Purnhagen, Hai-Tings Chinn, Marie Mascari et Peter Stewart, ainsi qu’une sonorisation appropriée (pour une musique de film) : le tour (de manivelle) est joué. Et la projection en noir et blanc se nimbe d’atours d’une musique colorée, avec ces sonorités foisonnantes et entêtantes que le compositeur sait distiller. Opéra français La Philharmonie I, cette fois, la grande et prestigieuse salle de concert inaugurée tout récemment, se donne à « l’opéra romantique français ». Meyerbeer, Gluck (romantique ?), Bizet, Berlioz, Massenet, Offenbach, mais aussi Thomas, Delibes, Dietsch, Méhul, Poniatowski (le compositeur, qui connaît ?) et… Verdi (celui, français, de Don Carlos), forment prétexte à un florissant florilège d’airs et ensembles. Les Musiciens du Louvre-Grenoble, pour leur apparition à la Philharmonie, s’emportent ou se font brise câline, sous la battue habitée de Marc Minkowski. Julie Fuchs, Marianne Crebassa, Stanislas de Barbeyrac, Florian Sempey, Nicolas Courjal, et la venue surprise d’Ewa Podles, ne sont pas en reste d’enthousiasme communicatif. Pour des pages bien choisies, qui convaincraient presque des vertus de l’opéra français du XIXe siècle. a Soleils d’hiver Le hasard de la programmation parisienne veut que se succèdent deux récitals paradoxaux : Schubert transmis pas des interprètes méditerranéens, et des airs de zarzuelas défendus par des artistes venus du froid. L’église Métropole Grecque-Orthodoxe de Paris (à deux pas des Champs-Élysées) résonne ainsi des sonorités peu orthodoxes de Winterreise. On avait déjà pu applaudir le baryton grec Dimitris Tiliakos à Paris, dans le rôle-titre de Macbeth (en 2009 à la Bastille). Ici, il se révèle l’acteur sensible de son personnage, faisant un sort à chaque nuance, de la note susurrée à l’ardeur emportée, dans une présence quasi opératique. Tout aussi investi, son compatriote Vassilis Varvaresos lui donne la réplique pianistique avec un égal feu intérieur. Autre récital qui s’apparente à un privilège : au Théâtre Adyar, ravissant bijou Art déco à deux pas de la Tour Eiffel, pour des extraits de zarzuelas plutôt inattendus de la part d’un chanteur géorgien et d’un pianiste d’origine ukrainienne. Zaal Khelaia, soliste de l’Opéra de Tbilissi, offre avec éclat sa toute première prestation en France. Les magnifiques arias signés Francisco Alonso, Jacinto Guerrero, Federico Moreno Torroba, José Serrano ou Pablo Sorozábal, trouvent un intercesseur à leur hauteur, alliant lyrisme et caractérisation. Le Pavarotti des barytons ! Jusqu’à la prononciation, espagnole bien évidemment, tout aussi bien lancée. Nicolaï Maslenko l’accompagne d’un piano délié sans cesse musical. Ce concert placé sous l’égide Lyric’Ame, se combine d’un soutien en faveur de « Vision du Monde », une ONG qui parraine les enfants en difficulté de par le monde. Un beau programme hors des sentiers battus, dignement et talentueusement servi, et une bonne action. Pierre-René Serna Zaal Khelaia c t u a l i t é p chronique des concerts Une Philharmonie qui tient ses promesses La grande salle de la Philharmonie de Paris affiche complet pour les mois à venir. Sans doute l'effet conjugué d'une politique tarifaire attractive et l'appel d'air que provoque une programmation de haut vol dans une salle – enfin – à la dimension des ambitions musicales de la capitale française. La création française du concerto pour violon Aufgang de Pascal Dusapin était confiée au très virtuose Renaud Capuçon, accompagné par Myung-Whun Chung et l'Orchestre Philharmonique de Radio-France. Cette élévation ne décolle pas vraiment d'une forme relativement classique. Après une introduction dans les aigus stratosphériques, la suite déroule de longues tenues destinées à faire entendre la qualité de son du violon solo. Le dialogue en ostinato avec les cuivres et les percussions ne dépasse guère l'intention d'une forme de brillance extravertie. La Quatrième symphonie de Brahms réconcilie le public avec un répertoire plus routinier sous nos latitudes, même s'il faut attendre l'allegro energico et ses variations pour avoir une idée du maelström sonore que dissimule cette symphonie. Philharmonie encore avec la venue de l'Orchestre Philharmonique de Berlin placé sous la houlette de son (encore) directeur musical Simon Rattle. En introduction du programme se déploie l'impressionnant Tableau pour orchestre d'Helmut Lachenmann, œuvre composée en 1989. Cette vaste fresque sonore éclate avec une éblouissante netteté des contours et des timbres. Ce préambule idéal sert d'écrin introductif à la monumentale Symphonie Résurrection de Gustav Mahler. Dès les premiè- a c t u res mesures, le chef anglais fait parler la poudre et fait éclater un tsunami de notes dans la résonance naturelle de la Philharmonie. Une palette Simon Rattle infinie de nuances se dégage de cette interprétation à couper le souffle. Dans le final, les deux solistes, Magdalena Kožená et Kate Royal, surent tresser à merveille leurs interventions à cel- a r i s les du Chœur de la radio néerlandaise. Un très grand moment. Quelques jours plus tard, Marris Jansons débarqua aux commande d'une autre phalange prestigieuse, le Concertgebouw d'Amsterdam. Au programme, la très rare suite du Bourgeois Gentilhomme de Richard Strauss et la 4e symphonie de Gustav Mahler. Dans la première pièce, Jansons dégage les volumes et les alliages de timbres sans pour autant sembler didactique ou ennuyeux. La symphonie de Mahler est autrement plus enlevée ; n'hésitant pas à jouer la carte de la dramaturgie et de la lisibilité du continuum sonore. La saveur réflexive des mouvements lents ne cherche pas dans les Ländler viennois un modèle d'inspiration explicite. Le final aérien permet à Dorothea Röschmann de chanter cet extrait du Knabenwunderhorn avec une élégance souveraine. Concertgebouw d'Amsterdam et Philharmonie encore pour le dernier grand rendez-vous de cet avant-printemps. Cette fois-ci, c'est au tour du jeune Andris Nelsons de se lancer dans l'aventure parisienne avec un célèbre concerto pour violon (Sibelius) et une symphonie peu jouée (la 10e de Chostakovitch). La violoniste AnneSophie Mutter officie dans Sibelius avec un son plein et souple. Une curieuse tendance à arrêter l'archer à mi-course dessine dans l'espace sonore des courbes assez affectées. Le chef letton ne s'en offusque pas pour autant, menant le navire à bon port sans chercher à jouer le rapport de force avec une soliste visiblement préoccupée par la beauté et le grain du timbre. Dans Chostakovitch, la magie opère et l'on voit se dérouler une fresque vivante, pleine d'atmosphères – tantôt conflits, tantôt calmes inquiétants. La petite harmonie est en état de grâce et la précision des cuivres n'a aucun équivalent. On pensait avoir atteint un sommet avec Berlin, en voici un autre… tout aussi haut. David Verdier Mariss Jansons a l i t é 83 p a r i s Comédie-Française Théâtre de la Ville Une première à la Comédie française : la création de la dramaturge allemande Dea Loher, figure bien connue des scènes de langue allemande en tant qu'auteure et metteure en scène (au Deutsches Theater de Berlin, au Thalia Theater de Hambourg ou encore au Burgtheater de Vienne). Tandis que Sandrine Bonnaire tente une expérience originale au Théâtre du Rond-Point, une autre vedette des salles obscures de sa génération se produira en v.o. anglaise – sur-titrée ! - au Théâtre de la Ville. En effet, Juliette Binoche sera la tête d'affiche de l'Antigone de Sophocle dans Innocence Antigone Denis Marleau © François Roy 84 Partant d'un fait divers qui n'est pas sans rappeler “la Chute“ de Camus - deux travailleuses clandestines sont témoins de la noyade d'une femme dans la mer sans rien tenter pour la sauver - Dea Loher met en place les histoires parallèles des personnages « qui sont en prise avec leurs drames intimes, ou leurs désillusions ou leurs déceptions » selon le metteur en scène Denis Marleau. . Jusqu’au 1er juillet 2015 Juliette Binoche une mise en scène d'Ivo van Hove interprétée par des comédiens britanniques. Une version que l'on annonce très actuelle mettant en évidence « une femme qui, par son courage, défend des valeurs profondément et universellement humaines ». . Du 22 avril au 14 mai 2015 Billetterie : 01.44.58.15.15 ou achat en ligne Billetterie : loc. 00331 42 74 22 77, www.theatredelaville-paris.com Petit Montparnasse Théâtre du Rond-Point Une Journée particulière Le Miroir de Jade Corinne Touzet et Jérôme Anger dans «Une Journée particulière» © Manuelle Toussaint Adapter au théâtre le film d'Ettore Scola, un des musts de la production transalpine de la fin des années 1970 - avec comme interprètes le duo LorenMastroianni - aurait pu se révéler périlleux. Mais la version conçue pour la scène par Gigiola Fantoni et traduite par la spécialiste Huguette Hatem s'est révélée parfaitement pertinente. Proposée dans le « Off » avignonnais en 2013, servie par une séduisante Corinne Touzet (sans l'uniforme qui l'a fait connaître sur les petits écrans) et un partenaire au jeu également subtil (Jérôme Anger) dans une mise en scène habile de Jérôme Lidon, cette adaptation s'avère con-vaincante pour servir une thématique toujours d'actualité autour de la pro-blématique de l'homosexualité et de l'acceptation ou de la résistance à l'oppression. . Jusqu’au 3 mai 2015 «Le Miroir de Jade» © JeanLouis Fernandez « Prendre des risques », c'est ainsi que Sandrine Bonnaire définit sa démarche en entreprenant une aventure scénique inhabituelle puisqu'il s'agit d'une pièce dans laquelle les mouvements remplaceront les mots. Avec la complicité d'une amie de jeunesse qui est danseuse et chorégraphe, Raja Shakarna, elle proposera en compagnie de quatre autres interprètes, dont deux musiciens, une histoire de femme tentant de renouer avec la vie. . Jusqu’au 11 avril 2015 Billetterie : loc. 00331 44 95 98 21 www.theatredurondpoint.fr Billetterie : 00331 43 22 77 74, www.theatremontparnasse.com a c t u a l i t é p Sélection musicale d’avril : Valeur sûre à la Bastille à partir du 3 avril avec le retour de Rusalka de Dvorak dans la mise en scène de Robert Carsen : à cette occasion, Jakub Hrůša dirigera l'orchestre maison avec dans les rôles principaux : Olga Guryakova (Rusalka), Khachatur Badalyan (Le Prince), Larissa Diadkova (Ježibaba) et Dimitry Ivashchenko (L’Esprit du lac), dernière le 26 avril. En alternance à partir du 17 avril et jusqu'au 28 juin, Carsen toujours cette fois avec Die Zauberflöte de Mozart : au pupitre Constantin Trinks (A) et Patrick Lange (B), sur scène Mauro Peter (A) et Julien Behr (Tamino), Edwin Crossley-Mercer (A), Bjorn Bürger (B) (Papageno), Jacquelyn Wagner (A) Camilla Tilling (B) (Pamina) et Jane Archibald (A) ou Olga Pudova (B) (Königin der Nacht). Le cycle Convergences se poursuivra le 14 avril avec un récital de la basse Franz Josef Selig accompagné au piano par Gerold Huber (Schubert, Wolf, Strauss). Le 22 avril Nelson Goerner jouera Debussy, De Falla, Granados, en compagnie de Marthe Keller qui dira des poèmes et des textes en prose de Maeterlinck, puis ce sera au tour d'Annick Massis de chanter avec Antoine Palloc (Piano) des œuvres de Verdi, Puccini, Bellini, Messiaen.... le 29 avril. a r i s La Philharmonie célèbre Bach avec sa Messe en si donnée le 3 avril par the English Baroque Soloists dirigé par John Eliot Gardiner et Esther Brazil, Hannah Morrison, Claire Wilkinson et Peter Davoren. Bach toujours le 4 avec La Passion selon Saint-Jean par l’Akademie für Alte Musik Berlin et le RIAS Kammerchor dirigé par René Jacobs et les interprètes Sunhae Im, Christophe Dumaux, Sebastian Kohlhepp et Johannes Weisser, le 5 place étant faite à la Saint Matthieu dirigée par Christophe Prégardien, et le Concert Lorrain en compagnie des artistes suivants : Hana Blazikova, James Gilchrist, Julian Prégardien et Dietrich Henschel. Opéra en concert le 7 avec Orfeo ed Euridice de Gluck chanté par Franco Fagioli et Malin Hartelius et dirigé par Laurence Equilbey (Insula Orchestra et Accentus). Ute Lemper donnera un programme Berlin Années Folles le 18 accompagnée par l’Orchestre de Paris (Hindemith, Weill et Künneke), suivi le 19 par un cabaret autour de Weill « De Berlin à Broadway » toujours par Ute Lemper et Vana Gierig au piano. Soirée Madrigaux guerriers de Monteverdi le 20 par les Arts Florissants et Paul Agnew voix et direction. La grande Joyce DiDonato sera en concert le 25 avec Alan Gilbert et le New York Philharmonic (Salonen, Ravel et Strauss). A Versailles Leçons de Ténèbres de Couperin le 1er avril par Vincent Dumestre au théorbe et à la tête du Poème Harmonique avec Ana Quintans, Le 1er avril au TCE, Passion selon Saint Matthieu de Bach avec Lucile Richardot, Sylvia Abramowicz. Le 3, Messie de Haendel par Adriana Ingela Bohlin, Paula Murihy, Mark Padmore Kucerova, David DQ Lee, Julien Behr et Jussi (L’Evangéliste) et Stephan Loges (Le Christ) et Lehtipuu, et l’Ensemble Matheus dirigé par Jeanl'Orchestra of the Age of Enlightenment dirigé par Christophe Spinosi. Le 4 Bach et la SaintMark Padmore, suivie le 3 avril par la Passion Matthieu par Hana Blažikov, Sophie Harmsen, selon Saint-Jean de Bach par Philippe James Gilchrist, Julian Prégardien, Martin Berner Herreweghe à la tête du Collegium Vocale Gent et Dietrich Henschel par Le Concert Lorrain et avec les solistes Grace Davidson, Damien Christophe Prégardien. Guillon, Benjamin Hulett (L’Evangéliste) et La comédie-ballet de Molière et Lully Le Tobias Berndt (Le Christ). Le 11, Philippe Bourgeois Gentilhomme sera représentée du 8 au Jaroussky accompagné par Jérôme Ducros et le 12 dans une mise en scène signée Denis Quatuor Ebène donneront un récital consacré à Podalydès avec l’Ensemble La Révérence dirigé Verlaine mis en musique par Fauré, Hahn, par Christophe Coin. Puis le 16, place au Debussy, Cheminade... (Les Grandes Voix). Combattimento di Tancredi e Clorinda de Requiem de Mozart le 12 avec Hasnaa Bennani, Monteverdi interprété par Miriam Allan, Hannah Yasmina Favre, Robert Getchell et Alain Buet, Morrison, Lucile Richardot, Stéphanie Leclercq, placés sous la direction de Jean-Claude Malgoire Paul Agnew et Cyril Costanzo, Les Arts et La Grande Ecurie et la Chambre du Roy. Florissants dirigés par Paul Agnew. Toujours dans le cadre des Grandes Voix, le 13 Le 21 enfin opéra en concert avec Lucio Sandrine Piau et le Kammerorchesterbasel interSilla de Mozart chanté par Franco Fagioli préteront des œuvres de Sarro, Albinoni, Haendel (Cecilio), Olga Pudova (Giunia), Paolo Fanale Sabine Devieilhe sera Mélisande à Tourcoing © Caroline Doutre et Porpora. Le 16, place à l'Orchestre National de (Lucio Silla), Chiara Skerath, (Cinna), Ilse Eerens France dirigé par Daniele Gatti avec Lucy Crowe et karine Deshayes qui (Celia), conception et mise en espace confiée à Rita Cosentino avec l’Insula joueront Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn ainsi que Hamlet de Orchestra placé sous la direction de Laurence Equilbey. Liszt et Macbeth de Strauss. Le 17 enfin, le ténor Vittorio Grigolo sera en Le 10 avril, récital Andreas Scholl Salle Gaveau, au programme des récital avec Vincenzo Scalera (Bellini, Rossini, Donizetti, Verdi, Tosti, Cantates italiennes de Händel, Caldara et Scarlatti accompagnées au claveLeoncavallo...) grâce au concours des Grandes Voix cin par Tamar Halperin, une coproduction Les Grandes Voix. Au Comique, reprise d’un succès avec Ciboulette de Reynaldo Hahn, à partir du 27 avril et ce jusqu’au 7 mai, spectacle dirigé par Laurence Equilbey à la tête de l’Eensemble Accentus et de l’Orchestre de chambre de Paris mis en scène par Michel Fau avec Mélody Louledjian, Tassis Christoyannis et Julien Behr et les comédiens Andréa Ferréol, Michel Fau et Jérôme Deschamps. a c t u a l Ailleurs en France : A Tourcoing les 19, 21 et 23 avril Pelléas et Mélisande dirigé par Malgoire et mis en scène par Christian Schiaretti. Vu et entendu : A l'Opéra Comique le 24 février, Au Monde de Boesmans, seconde exécution d'un chef-d'œuvre de et par Joël Pommerat. François Lesueur i t é 85 p a r i s t Théâtre de l’œuvre Les larmes amères de Petra von Kant «Les larmes amères de Petra von Kant» © Huma Rosentalski D’après le metteur en scène Thierry de Peretti, cette œuvre de Fassbinder “est une pièce de crise, la crise que traversent tous les personnages mais aussi la crise de l’époque, l’Allemagne des années 1970. A travers le portrait d’un groupe féminin d’aujourd’hui, il s’agit de montrer la violence qui traverse les rapports intimes, sexuels, politiques, la cruauté des rapports maître-esclave...“ . Jusqu’au 22 avril 2015 86 h é ANTOINE (01.42.08.77.71) Le Système de Antoine Rault m.e.s. Didier Long - avec Lorànt Deutsch et Stéphane Guillon - jusqu’au 30 avril ARTISTIC ATHéVAINS (rés. 01.43.56.38.32) u Espèces d’espaces de Georges Perec - m.e.s. Anne-Marie Lazarini jusqu’au 19 avril ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) u Anna Christie de Eugène O’Neill m.e.s. Jean-Louis Martinelli - avec Mélanie Thierry, Féodor Atkine... jusqu’au 26 avril BOUFFES PARISIENS (01.42.96.92.42) u A gauche, en sortant de l’ascenseur de Gérard Lauzier - m.e.s. Arthur Jugnot - jusqu’au 9 mai COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Hinkemann de Ernst Toller - m.e.s. Christine Letailleur - jusqu’au 19 avril COMéDIE DES CHAMPS ELySéES (01.53.23.99.19) u Le Père de Florian Zeller - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch - jusqu’au 28 juin. COMéDIE FRANçAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) t HéBERTOT (01.43.87.23.23) Des Gens bien de David LindsayAbaire - m.e.s. Anne Bourgeois - jusqu’au 30 mai - avec Miou Miou LA BRUyèRE (01.48.74.76.99) u On ne se mentira jamais ! d'Eric Assous, avec Fanny Cottençon et Jean-Luc Moreau - jusqu’au 30 avril MADELEINE (01.42.65.07.09) u Le Souper de Jean-Claude Brisville - m.e.s. Daniel Benoin - jusqu’au 10 mai MATHURINS (01.42.65.90.00) u Fabrice Luchini - Poésie ? - jusqu’au 27 mai NOUVEAUTéS (01.47.70.52.76) u Le Tombeur de Robert Lamoureux - m.e.s. Jean- Luc Moreau - jusqu’au 17 mai ODéON EUROPE (01.44.85.40.40) u Ivanov d’Anton Tchekhov - m.e.s. Luc Bondy - création - du 7 avril au 3 mai u Billetterie : 01.44.53.88.88 u â r e ATELIERS BERTIER Toujours la tempête de Peter Handke - m.e.s. Alain Françon - création - jusqu’au 2 avril OEUVRE (01.44.53.88.88) u Les larmes amères de Petra von Kant de Rainer-Werner Fassbinder m.e.s. Thierry de Peretti - jusqu’au 22 avril PALAIS ROyAL (01.42.97.40.00) u Des Souris et des Hommes de John Steinbeck - m.e.s. JeanPhilippe Evarste, Philippe Ivancic jusqu’au 18 avril RIVE GAUCHE (01 43 35 32 31) u Le joueur d’échecs de Stefan Zwieg - adapt. Eric-.E. Schmitt m.e.s. Steve Suissa - avec Francis Huster - jusqu’au 31 mai SAINT-GEORGES (01.48.78.63.47) u Les stars - avec Daniel Prévost et Jacques Balutin - jusqu’au 30 avril u Théâtre Hébertot u Les Estivants de Gorki - m.e.s. Gérard Desarthe - jusqu’au 25 mai u Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare - m.e.s. Muriel MayetteHoltz - jusqu’au 25 mai u Innocence de Dea Loher - m.e.s. Denis Marleau - jusqu’au 1er juillet u Lucrèce Borgia de Victor Hugo m.e.s. Denis Podalydès - du 14 avril au 19 juillet STUDIO-THéâTRE (01.44.58.98.98) u Dancefloor Memories de Lucie Depauw - m.e.s. Hervé Van der Meulen - jusqu’au 10 mai VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) u Les enfants du silence de Mark Medoff - m.e.s. Anne-Marie Etienne - du 15 avril au 17 mai EDOUARD VII (01.47.42.59.92) u Un dîner d’adieu d’Alexandre de la Patellère et Matthieu Delaporte jusqu’au 25 avril ESSAïON (01 42 78 46 42) u Fin de Partie de Beckett - m.e.s. Jean-Claude Sachot - jusqu’au 4 avril u Conversation ou Le voyage d’Ulysse de Primo Levi et Ferdinando Camon - m.e.s. Dominique Lurcel jusqu’au 26 mai Des Gens bien A Boston, une jeune femme perd son travail de caissière. On lui conseille d’aller frapper à la porte d’un de ses amis d’enfance, un enfant des faubourgs qui a échappé à la condition ouvrière et exerce la profession de médecin. Entre la femme pauvre et l’ami parvenu la rencontre est d’abord amicale. L’épouse noire du médecin est également très cordiale. Mais riches et pauvres peuvent-ils se comprendre ? Dans la lutte pour la vie, y at-il encore des « gens bien » ? Sur ces thèmes sociaux on pouvait craindre d’un auteur américain comme David Linsay-Abaire une écriture trop carrée. «Des gens bien» © Francine Lot C’est au contraire mené avec finesse, l’adaptation de Gérald Aubert dégageant la vérité humaine sous le réalisme. Anne Bourgeois réalise là l’une de ses mises en scène les plus sensibles, faite de touches d’une belle tendresse et d’une terrible âpreté. Et il y a Miou-Miou dont le retour au théâtre est un véritable événement : elle compose un personnage enfantin et indestructible, bouleversant. Elle est entourée de Patrick Catalifo, Alissa Maïga et Brigitte Catillon. Que des gens bien ! G.C. . Jusqu’au 30 mai Billetterie : 01.43.87.23.23 ou réservation en ligne a g e n d a p a r i s b e a u x - a r t s Fondation Louis Vuitton Les Clefs d’une passion La Fondation Louis Vuitton présente, dans le cadre de la troisième phase de son inauguration, une importante exposition à caractère historique intitulée «Les Clefs d’une passion». . Elle réunit un choix restreint d’œuvres majeures fondatrices de la modernité qui ont contribué à changer le cours de l’histoire de l’art du XXe siècle – de Mondrian et Malevitch à Rothko, de Delaunay à Léger et Picabia, de Munch à Dix et Giacometti, de Matisse à Kupka et Severini. Dans la continuité de ce qui avait été annonceé, cette exposition exprime la volonté de la Fondation de collaborer avec des institutions muséales majeures, françaises et internationales, telles que musée de l’Ermitage de Saint Pétersbourg, la Tate Moder de Londres, le MoMA de New York, ou le Musée Pouckhine de Moscou. Dans le cadre de cette manifestation, un colloque se tiendra autour de l’exposition les 12 et 13 juin 2015. Il traitera diverses questions actuellement partagées par de nombreuses institutions : « que signifie collectionner aujourd’hui ? », « qui fait désormais l’histoire de l’art ? », « quel est l’impact du marché dans ce jeu ? » ou encore, « sur quoi se fonde l’iconicité d’une œuvre ? » Henri Matisse «La Danse» 1910, huile sur toile, 260 x 391 cm, The State Hermitage Museum, Saint-Pétersbourg Photograph © The State Hermitage Museum /Vladimir Terebenin , 2014. ©"State Hermitage Museum, Saint Petersbourg, 2015" © Succession H. Matisse Atelier Grognard l VLAMINCK – jusqu’au 25 mai Bibliothèque Nationale l FRANçOIS IER, POUVOIR ET IMAGE – jusqu’au 21 juin Centre Pompidou l QU’EST-CE QUE LA PHOTOGRAPHIE ? – jusqu’au 1er juin l JEFF KOONS – jusqu’au 27 avril l TéLéMAQUE – jusqu’au 18 mai Cité du cinéma, St.Denis l HARRy POTTER – du 4 avril au 6 septembre Cité de la Musique l DAVID BOWIE – jusqu’au 30 mai l PIERRE BOULEZ – jusqu’au 28 juin Fondation Cartier pour l'art contemporain l BRUCE NAUMAN – jusqu’au 21 juin Fondation Louis Vuitton l LES CLEFS D’UNE PASSION – du 1er avril au 6 juillet Grand Palais l VELáZQUEZ – jusqu’au 13 juillet l LUMIèRE ! Le cinéma inventé – jusqu’au 14 juin l JEAN PAUL GAULTIER – du 1er avril au 3 août l ICôNES AMéRICAINES. Chefs-d’œuvre du SFMoma & de la collection Fisher – du 8 avril au 22 juin a g Halle St. Pierre l LES CAHIERS DESSINéS – jusqu’au 14 août. Institut des Cultures d’Islam l CHERCHEZ L’ERREUR – jusqu’au 19 avril Jeu de Paume l FLORENCE HENR & TARyN SIMON & VANDy RATTANA – jusqu’au 17 mai La Maison Rouge l MATHIEU BRIAND - ET IN LEBERTALIA EGOUN PROJET & JéRôME ZONDER - jusqu’au 10 mai Maison de l'Amérique latine l CARMEN PERRIN – jusqu’au 16 mai Maison de la Photographie l MARCEL BOVIS – jusqu’au 26 avril Musée des arts décoratifs l DéBOUTONNER LA MODE – jusqu’au 19 juillet Musée d’art du judaïsme l MAGIE. Anges et démons dans la tradition juive – jusqu’au 28 juin Musée d’art moderne l GEORGES NOëL. La traversée des signes – jusqu’au 3 mai l LA PASSION SELON CAROL RAMA – du 3 avril au 12 juillet l MARKUS LüPERTZ. Une rétrospective – du 17 avril au 19 juillet e n . du 1er avril au 6 juillet 2015 87 Musée Bourdelle l MANNEQUINS D'ARTISTE, MANNEQUINS FéTICHES – du 1er avril au 12 juillet Musée Cognacq-Jay l LUMIèRES : CARTE BLANCHE à CHRISTIAN LACROIX – jusqu’au 19 avril. Musée Dapper l L’ART DE MANGER - Rites et traditions – jusqu’au 12 juillet Musée Jacquemart-André l DE GIOTTO à CARAVAGE - Les passions de Roberto Longhi – jusqu’au 20 juillet Musée du Louvre l NEW FRONTIER IV : FASTES ET FRAGMENTS – jusqu’au 27 avril. l POUSSIN ET DIEU – du 2 avril au 29 juin l LA FABRIQUE DES SAINTES IMAGES. ROME-PARIS, 1580-1660 – du 2 avril au 29 juin Musée du Luxembourg l LES TUDORS – jusqu’au 19 juillet Musée Maillol l LE BAISER – jusqu’au 26 juillet Musée Marmottan-Monet l LA TOILETTE. Naissance de l’intime – jusqu’au 5 juillet Musée de Montmartre l L’ESPRIT DE MONTMARTRE ET L’ART MODERNE 1875-1910 – jusqu’au 25 d a septembre Musée d’Orsay l PIERRE BONNARD. Peindre l’Arcadie – jusqu’au 19 juillet l DOLCE VITA. Art décoratif italien 1900-1940, du Liberty au Design industriel – du 14 avril au 13 sept. Musée du Quai Branly l LES MAîTRES DE LA SCULPTURE DE CôTE D’IVOIRE – 14 avril au 26 juillet Musée Zadkine l DES(T/S)INS DE GUERRE – jusqu’au 14 juin Palais Galliera l JEANNE LANVIN – jusqu’au 23 août Palais de Tokyo l LE BORD DES MONDES & TAKIS, champs magnétiques & BOUCHRA KHALILI – jusqu’au 17 mai Petit Palais l LES BAS-FONDS DU BAROQUE. La Rome du vice et de la misère – jusqu’au 24 mai l CARMEN ET MéLISANDE, drames à l’Opéra Comique - jusqu’au 28 juin Pinacothèque l AU TEMPS DE KLIMT. La Sécession à Vienne – jusqu’au 21 juin l LE PRESSIONNISME. Les chefsd’œuvre du graffiti sur toile – jusqu’au 13 septembre. m é m e n t o Théâtre du Galpon, Genève Théâtre du Grütli La Compagnie de l'estuaire fête ses 20 ans avec un spectacle de danse et sculpture en mouvement. Avec GO, Nathalie Tachhella questionne les territoires, et nos constructions culturelles, intimes et sociales. Cett création chorégraphique est un point de départ. Un plateau sur lequel différentes configurations vont se déployer. C’est une construction de territoires symboliques, et cette injonction que l’on se fait à soi-même ou que l’on reçoit d’autrui à l’instant qui ! précède la mise en mouvement. G0 (Ground zéro) est une critique des groupes dominants qui se répartissent les territoires sur «GO» © Claire Goodyear lesquels se développent leurs projets économiques et sociaux. . du 21 avril au 3 mai 2015 Au bout de la route, il y a Los Angeles. La Cité des Anges attire des migrants du monde entier, séduits par le rêve américain et portés par le sentiment qu'ici tout est possible. GO 88 Angels Alexandre Simon et Cosima Weiter ont rencontré, interrogé et filmé ces personnes issues de différentes communautés pour saisir ce qui caractérise leur exil. Constitué de monologues, le texte met en lumière les solutions que ces migrants ont trouvées pour subsister ou prospérer à Los Angeles. Comment envisagent-ils leur avenir et l'évolution des relations entre les différentes communautés qui constituent la population de la ville ? Face au public, le comédien Pierre-Isaïe Duc leur prête sa voix. La musique de Blaine Reininger, obsédante comme Pierre-Isaïe Duc © Lionel Flusin peut l'être le vrombissement des véhicules qui sillonnent inlassablement L.A., accompagne ce spectacle . Du 21 avril au 3 mai 2015 Billetterie : Billetterie : 022/888.44.88, [email protected] La Comédie de Genève Salle des Fêtes du Lignon Brigitte Rosset - Seule en scène Nouveau solo pour la comédienne, et nouvelle tranche de vie pour ce quatrième “one-woman show“ au titre singulier : «Tiguidou - Tout le mal que l’on se donne pour se faire du bien». L’on sait que la grande force de ses spectacles est de ne donner à voir que des personnages qu’elle a vus, de ne parler que de ce qu’elle a traversé, avec un regard précis, plein d’acuité, irrésistible d’humour... Alors, n’hésitez pas à aller écouter ce qu’elle a à nous dire ! Brigitte Rosset © Stephane Gros . Du 28 avril au 3 mai 2015 Billetterie : 022 / 320.50.01, [email protected] Pierre Richard III Eternel maladroit, faux distrait, tendre pitre, Pierre Richard est un type à la mer qui livre sur scène sa vie d’artiste et ses regrets d’homme à partir de ses récits et d’extraits de films. Avec son metteur en scène et complice Christophe Duthuron, le réalisateur, poète et comédien continue à se livrer sur scène. A soixante-dixhuit ans, il danse entre les images du passé, peuplées de camarades croisés, et ses souvenirs d’aujourd’hui. Il raconte les rencontres, les accidents, les rêveries, les cauchemars. Et le temps qui reste, dont il faut profiter en urgence. Seul en scène, il joue tout, comédies et tragédies des vies agitées. Les récits des tournages, des tournées, des débuts et des ratés, Pierre Richard traversées du désert et montées vers les cimes. Tout tient le public captif et en haleine, au bord des larmes, entre deux rires. . 29 avril 2015 Billetterie : www.vernier.ch/billetterie, ou Service culturel Migros Genève a g e n d a m é m Victora Hall A la direction musicale : Romain Mayor. Et les solistes sont Brigitte Hool, soprano, Isabelle Henriquez, alto, Julien Behr, ténor, Gilles Cachemaille, baryton, et Jérémie Brocard, basse. Isabelle Henriquez . Dimanche 12 avril 2015 à 18h L’Orchestre de Chambre de Genève dirigé par Arie Van Beek et la Fanfaredulouporchestra s’associent pour une création mondiale, en relation avec la fin de l’occupation française à Genève, en 1814, et dans le cadre du bicentenaire de l'entrée de Genève dans la Confédération suisse. Sur la base des éditions N° 42 du 1er juin 1814 et/ou du N° 31 du 20 mai 1815 des “Affiches, Annonces et Avis Divers de la Ville de Genève“, un collectif de compositeurs issu des deux ensembles musicaux puise dans les annonces et avis de ce périodique afin d’en tirer une narration musicale poétique, mettant en avant les réalités et tracas de la vie quotidienne face à cet événement capital de l’histoire de Genève. Arie Van Beek Billetterie : L'OCG +41 22 807 17 90 ~ [email protected] & Starticket et aussi, sur place une heure avant le concert Théâtre de Carouge Victoria Hall La visite de la vieille dame Dürrenmatt revisité par le magicien Porras ! Ce pas de deux grinçant jusqu’à l’apocalypse vous sera offert par le Teatro Malandro sur la scène de la salle François-Simon. Pour la troisième fois depuis la fondation du Teatro Malandro, Omar Porras crée ce bijou vitriolé, campant lui-même une vieille dame exubérante, emperruquée et en dentelles. Un spectacle musical et festif, où le baroque d’Omar Porras épouse celui de l’auteur suisse alémanique. A déguster sans modération ! Ciné-Concert Dans le cadre des Concerts du dimanche de la Ville de Genève, et sous la baguette de Philippe Béran, les orchestres du Collège de Genève et de la Suisse Romande joueront des grands tubes de la musique classique. De “2001, l’odyssée de l’espace“ à “Black Swan“ en passant par 2La Grande Vadrouille2, on ne compte plus les films qui puisent dans le répertoire classique. De grands moments de cinéma seront ainsi projetés, accompagnés de leur musique originale interprétée en direct. Philippe Béran © Jacques Blanc L’occasion peut-être de formuler une autre hypothèse: et si c’était ces chefs-d’œuvre musicaux qui avaient élevé au rang de mythe ces scènes cinématographiques ? A vous d’en juger ! . Dimanche 19 avril 2015 à 11h . Du 17 avril au 9 mai 2015 Location : Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Cité Seniors Billetterie en ligne: http://billetterie-culture.ville-ge.ch Billetterie en ligne : http://tcag.ch e o . Jeudi 30 avril 2015 à 20h Billetterie : Ville de Genève : 0800 418 418 (gratuit) / +41 22 418 36 18 (payant ; depuis l’étranger) / billetterie-culture.ville-ge.ch / Maison des arts du Grütli / Espace Ville de Genève / Cité Seniors / Genève Tourisme / sur place, une heure avant le concert g t 200 % Orchestres Le Motet de Genève présente, en collaboration avec L’Orchestre de Chambre de Genève, un concert réunissant Giacomo Puccini (Messa di Gloria) et Frank Martin (In Terra Pax). a n Bâtiment des Forces Motrices Puccini / Martin «La visite de la vieille dame» © Jean-Paul Lozouet e n d a 89 m é m GENEVE concerts 90 u 1.4. : Série Prélude. OSR, dir. Benjamin Levy, SARKIS OHANESSIAN, commentaires (Dvorak, Bernstein). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 11.4. : MARCuS MILLER, jazz. Salle des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets FNAC, TicketCorner) u 14.4. : HuBERT-FELIx THIEFAINE, rock. Salle des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets FNAC, TicketCorner) u 15.4. : Les Grands Interprètes. ORCHESTRE NATIONAL DE LYON, dir. Alain Altinoglu, EMMANuEL PAHuD, flûte (Dukas, Ibert, Bizet, Ravel). Victoria Hall à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, 022 319 61 11, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 16.4. : Prestige Artists. ORquESTA BuENA VISTA SOCIAL CLuB, & Omara Portuondo - Tournée d’adieu. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) u 17.4. : Les vendredis de l’ethno. ENSEMBLE NuRYANA, musique d’Inde et d’Afghanistan. AMR-Sud des Alpes à 21h30 (préloc. 022/716.56.30) u 17.4. : J.-S. BACH - PASSION SELON SAINT-JEAN. Chœur de Chambre, orchestre et solistes de la HEM, dir. Celso Antunes. Cathédrale StPierre, Genève, à 20h (rés. 022/738.56.50) u 18.4. : Concert en Famille no. 3. FARCES ET ATTRAPES MuSICALES ! Geneva Camerata, dir. David Greilsammer. Matan Porat, piano, Roy Amotz, flûte, Ira Givol, violoncelle. Salle Frank Martin à 11h (billetterie en ligne sur le site du Geca) u 18.4. : CONCERT Au CENTRE ARCOOP. Orchestre à cordes de la HEM de Genève, dir. Jean Jacques Balet. Simão AlcoforadoBarreira, bayan (Gubajdulina). Centre Arcoop, rue des Noirettes 22, Carouge, à 20h30 u 19.4. : Concert du dimanche de la ville de Genève. ORCHESTRE Du COLLèGE DE GENèVE & ORCHESTRE DE LA SuISSE ROMANDE, dir. Philippe Béran (R. Strauss, J. Strauss, Haendel, Mozart, Wagner). Victoria Hall à 11h (rens. 0800.418.418, billets : Alhambra, Grütli) u 19.4. : Concert du Dimanche de la Ville de Genève. ORCHESTRE Du COLLèGE DE GENèVE ET OSR, dir. e n t Philippe Béran (musique classique au cinéma). Victoria Hall à 11h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 20.4. : Concert Sauvage no. 3. 64 THINGS SHOW. Matan Porat, piano, Roy Amotz, flûte, Ira Givol, violoncelle. La Comédie de Genève à 19h30 (billetterie en ligne sur le site du Geca) u 21.4. : Raconte-moi la Musique n°2. DANS LA COuR Du ROI SOLEIL, présenté par David Greilsammer, avec des solistes du Geneva Camerata. Société de Lecture à 12h (loc. 022 311 45 90) u 21.4. : Jazz Classics. DEE DEE BRIDGEWATER, vocals & CHINA MOSES, vocals & band. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac / Ticketcorner) u 21.4. : SALOME KAMMER, soprano, ENSEMBLE CONTRECHAMPS, dir. Michael Wendeberg, STEFAN WIRTH, piano (Bauckholt, Schönberg, Zender). Studio Ernest-Ansermet à 20h (billets en vente sur place 45 min. avant le début du concert ou en ligne sur www.contrechamps.ch) / de 18h à 19h30 : Schönberg Contemporain de son temps - technique, médias, jeux, conférence de Brice Pauset u 23.4. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ACADEMY OF ST MARTIN IN THE FIELDS, dir. et violon JuLIA FISCHER, OLIVIER SCHYDER, piano (Haydn, o Mendelssohn, Schönberg). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) u 24.4. : ORCHESTRE DES VARIATIONS SYMPHONIquES & VITTORIO FORTE, piano (Beethoven). Victoria Hall à 20h30 u 25.4. : FRERO DELAVEGA, pop. Salle des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets FNAC, TicketCorner) u 29.4. : Série Symphonie. OSR, dir. Markus Stenz, LEONIDAS KAVAKOS, violon (Wagner, Sibelius, Adams). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 30.4. : Prestige Artists. MNOZIL BRASS. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac / Ticketcorner) u 30.4. : CALI, rock & chansons française. Salle des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets FNAC, TicketCorner) u 30.4. : Concert de soirée No. 7. 200% ORCHESTRES. L’OCG, dir. Arie Van Beek, Fanfaredulouporchestra (NN). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) opéra u 5.4. : OPERA MANIA - airs et ballet d’opéra par l’Opéra National de Russie. Théâtre du Léman à 18h (loc. www.theatreduleman.com) u 9, 12, 15, 18, 21, 24.4. : MEDEA de Luigi Cherubini, dir. Marko Letonja, Orchestre de la Suisse Romande, Victoria Hall Leonidas Kavakos Le violoniste grec, l’un des jeunes virtuoses du violon les plus recherchés, sera en avril l’invité de l’Orchestre de la Suisse Romande, lors d’un concert de la série Symphonie placé sous la direction de Markus Stenz. A cette occasion, il sera l’interprète du “Concerto pour violon et orchestre en ré mineur op. 47“ de Jean Sibelius. Auparavant, l’OSR aura interprété la “Siegfried-Idyll“ de Wagner; en clôture, l’on pourra entendre l’Harmonielehre de John Adams. . 29 avril 2015 Billetterie : 022 /807.00.00, [email protected], ou en ligne Leonidas Kavakos. Crédit Marco Borggreve a g e n m.e.s. Christof Loy. Grand Théâtre à 19h30, le 12 à 15h (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) u 17 et 19.4. : RuSALKA, de Dvorak par le Théâtre Orchestre Bienne Soleure. Salle des Fêtes du Lignon, le 17 à 20h, le 19 à 15h (billetterie : www.vernier.ch/billetterie, ou 022/306.07.80) u 23.4. : Récital DIANA DAMRAu, soprano, xAVIER DE MAISTRE, harpe. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) théâtre u Du 10 au 19.4. : FEYDEAu à MOTO d'après Georges Feydeau, m.e.s. Gaspard Boesch. Théâtre Pitoëff, mar-mer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 17h (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) u 14, 15, 18 et 19.4. : DANS LA BOuTIquE FANTASTIquE de et avec Chine Churchod et Gaëtan Aubry, dès 4 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à 19h, mer à 15h, sam+ dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 15 au 30.4. : OTHELLO de Shakespeare, m.e.s. Eric Salama. Théâtre Saint-Gervais, grande salle, mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30 (loc. 022/908.20.20 ou www.saintgervais.ch) u Du 15.4. au 3.5. : LE VILAIN PETIT MOuTON d'Olivier Chiacchiari, m.e.s. Guy Jutard, création, dès 6 ans. Théâtre des Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (rés. 022/807.31.07) u Du 17.4. au 9.5. : LA VISITE DE LA VIEILLE DAME de Friedrich Dürrenmatt, par le Teatro Malandro, m.e.s. Omar Porras. Théâtre de Carouge, salle François-Simon, mar-mer-jeu et sam à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u 18 et 19.4 : La saison des P’tits Loups. SuPER ELLE, par le Théâtre Artiule. Théâtre du Loup, à 11h et 15h (rés. 022/301.31.00) u Du 21.4. au 3.5. : PIèCES DéTACHéES de et m.e.s. Valérie Poirier. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeusam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) u Du 21.4. au 3.5. : ANGELS de Cosima Weiter, m.e.s. Alexandre Simon et Cosima Weiter, création. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun ([email protected] / 022/888.44.88) d a m é m Théâtre de La Parfumerie e n t o Grand Théâtre à 19h30 Je suis un saumon Le Procès de Médée En marge des représentations de “Médée“ de Luigi Cherubini qui ont lieu les 9, 12, 15, 18, 21 et 24 avril, le Grand Théâtre convoque trois orateurs modernes : Marc Bonnant, Bernard-Henri Lévy et Alain Carré pour nous transporter dans l’Antiquité et ses mystères par la seule force de leur verbe fécond. Ravivez votre passion de la mythologie en assistant à cette joute oratoires imaginées sous la forme d’un procès homérique et éblouissant. Patrick Mohr Merveilleuse allégorie de la vie, “Je suis un saumon“ a été créé originellement par Philippe Avron en Avignon en 1998, puis a reçu en 1999, le Molière du meilleur One Man Show. Après les succès de ses deux solos “Le Relais“ et “La Source“, Patrick Mohr se lance le défi de se réapproprier librement ce merveilleux texte accompagné par un contrebassiste et deux flutistes virtuoses. . Du 21 avril au 10 mai 2015 Réservation : 022 / 341.21.21 u Du 21.4. au 24.5. : JEAN ET BéATRICE de Carole Fréchette, m.e.s. Mariama Sylla. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny, mar au sam à 20h00, dim à 18h00 (rés. 022/786.86.00) u Du 23 au 26.4. : ORLANDO Ou L'IMPATIENCE de et m.e.s. Olivier Py. La Comédie de Genève, jeu-sam à 19h, ven à 20h, dim 26 avril à 15h exceptionnellement (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u Du 23 au 26.4. et du 30.4. au 2.5. : A L’AèDE de Mathias Glayre, création. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u 28 et 29.4. : L’APPEL DE LONDRES de Philippe Lellouche, avec l’auteur, Vanessa Demouy, Christian Vadim et David Brecourt. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) u Du 28.4. au 3.5. : BRIGITTE ROSSET SEuLE EN SCèNE de Brigitte Rosset, m.e.s. Jean-Luc Barbezat. La Comédie de Genève, mar-mer-jeusam à 19h, ven à 20h, dim à 17h (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u 29.4. : PIERRE RICHARD III, de et avec Pierre Richard. Salle des Fêtes du Lignon à 20h (billetterie : www.vernier.ch/billetterie, ou 022/306.07.80) a g danse u Du 15 au 25.4. : uNE FEMME Au SOLEIL de Perrine Valli, création. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. EauxVives, à 20h30 (réservation en ligne sur : http://www.adc-geneve.ch/) u 18 et 19.4. : ROMEO & JuLIET par Rock The Ballet. Théâtre du Léman, le 18 à 20h, le 19 à 14h et 19h (loc. www.theatreduleman.com) u Du 21.4. au 3.5. : GO ! par la Compagnie de l’estuaire, danse. Le Galpon (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) divers u 12.4. : APéRITIF CRèVE-CœuR, lecture avec Anne Vaucher et Alain Carré. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny, à 11h (rés. 022/786.86.00) u 16.4. : LE PROCèS DE MéDéE, m.e.s. Alain Carré, avec Marc Bonnant, Bernard-Henri Lévy, Alain Carré. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) u 25.4. : TAP FACTORY, chorégraphie de Vincent Pausanias. Théâtre du Léman à 15h et 20h (loc. www.theatreduleman.com) e n . Jeudi 16 avril 2015 Billetterie : http://www.geneveopera.ch/ Alain Carré u Du 24 au 26.4. : Laboratoire spontané. SuZETTE IN PROGRESS, concert rock, dès 8 ans. Théâtre Am Stram Gram, ven à 19h, sam+dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) LAUSANNE concerts u 1.4. : Concert Découvertes. LA SYMPHONIE ITALIENNE, OCL, dir. Andris Poga, Jean-François Zygel, conception, piano et commentaires, musique de Felix Mendelssohn Bartholdy. BCV Concert Hall à 17h (Billets sur place ou 021 345 00 25) u 12.4. : Les Concerts J.S. Bach de Lutry. MARIE-CLAuDE CHAPPuIS, soprano & IL GIARDINO ARMONICO (C.Ph. Telemann et C.Ph.E. Bach). Temple de Lutry à 17h (Billets : Hug Musique ou à l'entrée dès 16h le jour du concert / rés. Point I, quai G. Doret, Lutry, Tél. 021 791 47 65) u 12.4. : Concert du dimanche. O.C.L., dir. Gustavo Gimeno, LIONEL COTTET, violoncelle (Romberg, Schubert). Opéra de Lausanne à 11h15 (locl. OCL. 021 345 00 25) u 12.4. : BRIGITTE BALLEYS, alto et Anne Chollet, orgue & Ensemble instrumental (J.-S. Bach «Vergnügte Ruh» - BWV 170). Eglise St.Laurent à 18h (rés. www.cantateetparole.org) u 24.4. : CAMERATA DE LAuSANNE & PIERRE AMOYAL, violon solo & CHRISTIAN CHAMOREL, piano (Mozart, Mendelssohn). Eglise de la Croix d’Ouchy à 20h (rés. [email protected]) d a u 27 et 28.4. : O.C.L., dir. Betrand de Billy, MARYSOL SCHALIT, soprano, TOBIAS MORETTI, récitant (Beethoven). Salle Métropole à 20h (Billetterie : 021/345.00.25) u 28.4. : Les Entractes du mardi. ALExANDER GRYTSAYENKO et OLIVIER BLACHE, violon, ELI KARANFILOVA, alto, LIONEL COTTET, violoncelle (Schubert, Borodin). Salle Métropole à 12h30 (Billetterie de l’OCL 021/345.00.25) u 30.4. : OSR, dir. Markus Stenz, LEONIDAS KAVAKOS, violon (Wagner, Sibelius, Adams). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou chez Passion Musique) opéra u 21.4. : Forum Opéra – SOLARIS. Conférence de Georges Reymond. Salon Alice Bailly de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (Billets en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) u 24 et 26.4. : SOLARIS de Daï Fujikura, dir. Erik Nielsen, Ensemble intercontemporain, m.e.s. Saburo Teshigawara. Opéra de Lausanne, le 24 à 20h, le 26 à 15h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne : www.opera-lausanne.ch) théâtre u Du 7 au 12.4. : DuBé Du BOuT Du BIC, dir. Christophe Papadimitriou, concert, dès 3 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u Du 10 au 19.4. et 3.6. : EN 36 ANS DE THéâTRE DE KLéBER-MéLEAu, m.e.s. 91 m é m e n t Fondation Heim, Chambésy Le Chant de l’âme L’occasion vous est offerte de découvrir deux jeunes talents - révélations magistrales selon certains - dans un répertoire aux musiques d’inspiration juive. Au piano, Vincent Thévenaz, qui réalise des arrangements admirables pour accompagner les œuvres de Ravel (Kaddisch), Achron (Hebrew Melody op.33) et Bloch (Baal Shem).... et se fend de quelques improvisations en intermède. Au violon, Bianca Favez, qui sait varier les sonorités selon les o 19h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u du 29.4 au 2.5. : LE GRAND HôPITAL - LE quINTETTE POuRSuITE par Eustache. Théâtre 2.21, mar-sam à̀ 21h, dim à̀ 17h (loc. sur : www.theatre221.ch/) danse u jeudi 23, vendredi 24, samedi 25, dimanche 26, mercredi 29, jeudi 30.4., vendredi 1, samedi 2, dimanche 3.5. : PAN, chor. Tania de Paola. Espace culturel des Terreaux, jeu+sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 17h (billetterie 021 320 00 46) divers Vincent Thévenaz et Bianca Favez 92 œuvres, sans tomber dans la caricature d’un violon pseudo-yiddish. Le programme inclut également Three Jewish Dances op.192 de Marc Lavry, et la Sonate en Sol Majeur op.44 de Paul Ben-Haïm. . 15 avril 2015 à 20h u Du 24 au 26.4. : ATELIER LABO 3 théâtre / danse / performance et/ou pluridisciplinaire. Théâtre de L’Arsenic (rés. en ligne) u Du 20.4. au 3.5. : Fécule, Festival des cultures universitaires. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page de chaque spectacle) 6 chemin du Champ de Blé à Chambésy / Billetterie à l’entrée Philippe Mentha, création. Théâtre Kléber-Méleau, ma-me-je 19h00 – ve 20h30 – sa 19h00 – di 17h30 – lu relâche (loc. au 021 625 84 29 ou Achat en ligne sur vidy.ch) u du 14 au 26.4. : SI ON SAVAIT / TRIO NO. 1, DuRCH EIN FENSTER, m.e.s. Jérôme Giller, Pierric Tenthorey. Théâtre 2.21, mar-ven à̀ 20h30, merjeu-sam à̀ 19h, dim à 18h (loc. sur : www.theatre221.ch/) u 14.4. au 3.5. : PLAY STRINDBERG de Frédéric Dürrenmatt par la Cie Voeffray-Vouilloz, m.e.s. Joseph E. Voeffray. Pulloff Théâtre, Industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h et di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch, ou 021 311 44 22) u Du 16 au 26.4. : CHAMBRE D’AMIS, de Antoine Jaccoud, par les Cies Futur3, Cologne & Selma 95. Théâtre de L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h (rés. en ligne) u 17 et 18.4. : CASTING par Lausanne Impro. Théâtre 2.21, à 20h loc. sur : www.theatre221.ch/) u Du 21 au 24.4. : LES FONDATEuRS FONT Du THéâTRE, conception Zoé Cadotsch et Julien Basler. Théâtre de L’Arsenic, ma, je 21h / me, ve 19h (rés. en ligne) u Du 21 au 24.4. : SINGSPIELE avec David Mambouch. Conception Maguy Marin. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez, mar-mer à 19h, jeu à 14h15 et 21h30, ven à 14h15 et 19h (loc. 021/619.45.45) u Du 22 au 24.4. : BIT avec David Mambouch. Conception Maguy Marin. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mer-ven à 20h30, jeu à 19h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) ) / 23.4. Rencontre autour de BiT u Du 22.4. au 10.5. : LE DéRATISEuR DE HAMELIN de Yves Ali Zahno, m.e.s. Julie Burnier et Frédéric Ozier, création, dès 7 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u Du 28.4 au 3.5. : PAS GRAND-CHOSE PLuTôT quE RIEN, de et m.e.s. Joël Maillard. Théâtre de L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h (rés. en ligne) u Du 28.4. au 10.5. : LE MANuSCRIT DES CHIENS III de Jon Fosse, m.e.s. Guillaume Béguin. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez à 18h30, jeu à 14h15 et 18h30 (loc. 021/619.45.45) / 30.4. - Rencontre autour du manuscrit des chiens III. u Du 29.4. au 1.5. : LES PARTICuLES éLéMENTAIRES de Michel Houellebecq. Adapt & m.e.s. Julien Gosselin. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, à a g BLESSuRE de Pierre-Yves Chapalain, m.e.s. Anne-Margrit Leclerc et Eric Petitjean u 11.4. : BRIGITTE, indie pop folk u 18.4. : CLINTON FEARON, reggae + Green Valley Vibes u 28.4. : Anniversaire - 30 ans. ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE, dir. Nicolas Chalvin (Bach, Schönberg, Pärt). Gaillard - Espace Louis Simon u 29.4. : RIquET de Antoinette Herniotte, m.e.s. Laurent Brethome u 29 et 30.4. : FAIR-PLAY de Patrick Thibaud bienne Loc. : www.spectaclesfrancais.ch / guichet du TOBS, Théâtre municipal / Points de vente Ticketportal u 10.4. : RuSALKA, de Dvorak. Théâtre Municipal à 19h30 u 21.4. : SILLONS, hip-hop par la Cie Zahrbat / Brahim Bouchelaghem. Théâtre Palace à 20h15 u 24, 25 et 26.4. : LE FILS quI... de et avec Sandro De Feo, Collectif Illusion éphémère, création. Théâtre de Poche, ven-sam à 20h15, dim à 18h u 28.4. : D’ACIER d’après le roman de Silvia Avallone, Cie L’outil de la ressemblance, m.e.s. Robert Sandoz. Théâtre Palace à 20h15 AiLLEURS fribourg annecy BONLIEu SCèNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u Du 3 au 8.4. : CARTA DE SAN PABLO de et m.e.s. Angélica Liddell u Du 7 au 9.4. : LES MARCHANDS de Joël Pommerat u Du 28 au 29.4. : CELuI quI TOMBE de et m.e.s. Yoann Bourgeois u 28 et 29.4. : CHuT, un projet de Fanny de Chaillé annemasse RELAIS CHâTEAu-ROuGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 1.4. à l’Auditorum : SuR LE RING LE PIANO AMBuLANT, m.e.s. André Fornier u 3.4. : THE ROOTS, chor. Kader Attou, Compagnie Accrorap, CCN de la Rochelle u 8.4. à 14h30 : Ciné-Concert. CHIENS DE TOuS POILS par Joseph d'Anvers u Du 8 au 10.4. : PHILOCTèTE, uNE e n THéâTRE EquILIBRE à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) u 5.4. : LE MESSIE de Haendel, par l’Ensemble Orlando Fribourg - dir. Laurent Gendre & Le Parlement de Musique - dir. Martin Gester, avec Magali Arnault Stanczak, soprano, Julien Freymuth, alto, David Munderloh, ténor, Raymond Ayers, basse. Eglise du Collège St.Michel à 17h (rés. [email protected]) u Du 22 au 26.4. : L'APRèS-MIDI D'uN FOEHN, chor. Fia Ménard, par la Compagnie Non Nova u Du 22 au 24.4. : VORTEx, chor. Fia Ménard, par la Cie Non Nova u 28.4. : Concert 4. ORCHESTRE DE CHAMBRE FRIBOuRGEOIS, dir. Alexander Mayer, ANNE-KATHRIN SETIK, soprano (Alban Berg, Gustav Mahler) givisiez THéâTRE DES OSSES, 20h, di à 17h (loc. 026/469.70.00) u Du 21.4. au 3.5. : LE MENTEuR de Carlo Goldoni, m.e.s. François Marin d a m la chaux-fds THéâTRE POPuLAIRE ROMAND / CENTRE NEuCHâTELOIS DES ARTS VIVANTS (loc. 032/967.60.50, www.tpr.ch) u 6, 8, 11, 15 et 18.4., Cinéma ABC: LA SORCIèRE DANS LES AIRS de Max Lang et Jan Lachauer, dès 4 ans u 22.4. : AVISHAI COHEN TRIO, jazz. L’Heure bleue à 20h15 u 23.4. : Série parallèles. ESTHER WALKER, piano & JOëL MAROSI, violoncelle. Salle Faller à 20h15. u 29.4. : EMMANuEL PAHuD, flûte (Jolivet, Teleman). L’Heure bleue à 20h15 (Billetterie Arc en scènes) u 29 et 30.4. : TIMELOSS de et m.e.s. Amir Reza Koohestani. Beau-Site à 20h15 martigny u Du 16 au 19.4. : LES ANNéES de et avec Yvette Théraulaz, m.e.s. Philippe Morand. Théâtre Alambic à 19h30, le 18 à 19h, le 19 à 17h (rés. & loc. au 027/722.94.22 ou [email protected]) monthey THéâTRE Du CROCHETAN à 20h (loc. 024/471.62.67) u Du 14 au 17.4. : L'APRèS-MIDI D'uN FOEHN et VORTEx d'après Debussy, cirque, danse, jonglerie u 18.4. : LES ANNéES de et avec Yvette Théraulaz, m.e.s. Philippe Morand u 21.4. : L'AFFRONTEMENT de Bill C. Davis, m.e.s. Steve Suissa u 24.4. : KALA JuLA, musique du monde u 26.4. : RéCITAL VOIx ET PIANO, Valerio Contaldo, ténor, Didier Puntos, piano (Schubert, Schumann, Wolf) u 30.4. : PYGMALION BLuES !, dir. et piano David Greilsammer, Geneva Camerata (Haydn, Purcell, Mozart) montreux Auditorium Stravinski, 20h15 sauf mention contraire (loc. 021/962.21.19) u 9.4. : MONTREux CHORAL FESTIVAL morges THéâTRE DE BEAuSOBRE à 20h sauf mention contraire (loc. 024/471.62.67) u 1.4. : LE CERCLE DES ILLuSIONISTES de et m.e.s. Alexis Michalik, Théâtre u 3.4. : PASSION SELON SAINT MARC de Reinhard Keiser, avec Thierry Daenzer et l'Ensemble Baroque de Joux. Temple à 17h (rés. 021/801.15.02) Théâtre des Osses, Givisiez Le Menteur é m e u 22.4. : KARIM SLAMA, A part ça, globalement, ça va plutôt bien u 26.4. : ORCHESTRE SYMPHONIquE SuISSE DES JEuNES, dir. Kai Bumann. Théâtre de Beausobre à 17h (rés. 021/804.97.16) neuchâtel THéâTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) u 1.4. : EN ATTENDANT GODOT de Samuel Beckett u 3.4. : CHEMIN DE CROIx POuR uN TEMPS PRéSENT de Denis Müller, musique de Simon Peguiron. Récitant : Robert Bouvier. Collégiale à 17h (rés. [email protected]) u 19.4. : J.-S. BACH - PASSION SELON SAINT-JEAN. Chœur de Chambre, orchestre et solistes du Départ. vocal de la HEM, dir. Celso Antunes. Temple du Bas à 17h u 23.4. : HAMLET 60 d'après Shakespeare u 26.4. : 20'000 LIEuRES SOuS LES MERS d'après Jules Verne, par la Compagnie Imaginaire Théâtre u 26.4. : CONTES DES RIVAGES de et par Ariane Racine, conte onex SPECTACLES ONéSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou [email protected]) u 19 et 22.4. : Récrés Spectacle. MAGIE? MAGIE! Par la Compagnie Tricyclett', dès 4 ans u 23 et 24.4. : C. ALéVêquE ET S. REINALDI - 2000 ANS DE MENSONGE, de, n t m.e.s. et avec Christophe Alévêque, humour plan/ouates (loc. 022/888.64.60) u 17.4. : LISA SIMONE, Concert. Espace Vélodrome à 20h u 25.4. : PICCOLI SENTIMENTI de et m.e.s. Alain Moreau et Antonio Catalano, Théâtre de marionnettes. Espace Vélodrome à à 11h et 16h30 pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) u 24.4. : ASOBI, chor. Kaori Ito u 25.4. à 19h : Amdathtra. KALA JuLA - MALI rolle ROSEY CONCERT HALL (Ticketcorner) u 24.4. : CORDES Du BERLINER PHILHARMONIKER. EMMANuEL PAHuD, flûte, PAuL MEYER, clarinette, DAISHIN KASHIMOTO, violon, MAJA AVRAMOVIC, violon, JOACHIN RIquELME GARCIA, alto. STEPHAN KONCZ, violoncelle (Mozart, Rossini, Brahms) sierre THéâTRE LES HALLES (www.theatre-leshalles.ch / loc. 027/452.02.90) u Du 13 au 18.4. : THE MINI FESTIVAL / les 13 et 14 à 19h : ôte donc le serpent que tu as dans ta culotte, Ilka conférence spectaculaire / les 13 et Spectacles Onésiens 2000 ans de mensonge Christophe Alévêque et Serena Reinaldi se produiront à la salle communale d’Onex dans un spectacle intitulé "Deux mille ans de mensonge". «Le Menteur» © Mercedes Riedy François Marin met en scène un spectacle virevoltant et rythmé, emmené par une dizaine de comédiens, dont Nicolas Rossier dans le rôle du Menteur et Jacques Roman dans celui de Pantalon. . du 21 avril au 3 mai 2015 Billetterie en ligne : www.theatreosses.ch/ Signalons que ce spectacle sera également joué le 5 mai à Bienne (Spectacles français, Théâtre Palace), et le 8 mai à Sion (Théâtre de Valère) a g e n En exclusivité mondiale, découvrez la véritable histoire de Jésus et de Marie-Madeleine. Une magnifique histoire d’amour très mal racontée depuis plus de deux mille ans ! Mauvaise foi, no tabou, liberté totale ! Vous voilà avertis, mais humour garanti ! . 23 et 24 avril à 20h30 Billetterie : 022/879.59.99, [email protected] d a o «Deux mille ans de mensonge» 93 m é m e n t o La Grange au Lac, Evian Théâtre M. Novarina, Thonon Lors de son concert à Evian, l’Orchestre des Pays de Savoie et le maestro Nicolas Chalvin accueillent le duo de pianistes Lidija et Sanja Bizjak, des musiciennes qui se produisent sur d’importantes scènes internationales, où chacune de leur apparition enthousiasme le public. La compagnie RL présente, dans la mise en scène de René Loyon, cette comédie moderne et acide de Marivaux, admirable analyse des mœurs du 18e siècle qui explore le sentiment amoureux dans tous ses états. Malgré la drôle d’atmosphère générée par cette pièce, la farce et la satire qui y sont contenues amuseront sans nul doute le public. Histoire à deux pianos La double inconstance Lidija et Sanja Bizjak 94 «La double inconstance» - photo Lot Lors de ce concert, elles seront les solistes du “Concerto n°10 pour deux pianos en mi bémol majeur K 365“ de Mozart. Le programme de la soirée inclut également la “Pastorale d’été“ de Honegger, “L’Amour sorcier, suite d’orchestre d’après le ballet“ de De Falla et “Le carnaval des animaux“ de Saint-Saëns. . Samedi 11 avril 2015 à 20h Billetterie en ligne : billetterie.mal-thonon.org/ 14 à 21h : Blockbuster par K7 productions / les 15 et 16 à 19h : Parision, danse par la Cie Nicolas Turicchia / les 15 et 16 à 21h : La dernière idole, par le groupe ACM / les 17 et 18 à 19h : Nous souviendrons-nous, par la Cie Tétanotwist / les 17 et 18 à 21h : Bist tu tot ?, danse par la Cie Monochrome / le 19.4. : Les Années de et par Yvette Théraulaz u Du 29.4. au 1.5. à 19h30 : ION. Chor. Cindy Van Acker. sion THéâTRE DE VALèRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 1.4. : LES ROIS VAGABONDS, concerto pour deux clowns par Karavane productions (F) u 19.4., hors les murs : LES ANNéES d'Yvette Théraulaz, m.e.s. Philippe Morand. Théâtre Alambic à 17h u 24.4. : MARC AYMON u 29.4. : JE VOuS AI COMPRIS de et m.e.s. Valérie Gimenez et Sinda Guessab, par Groupov (BE) PETITHéâTRE (rés. 027 321 23 41, [email protected]) u Du 16 au 26.4. : C’EST PEuT-êTRE, par l'ascenseur à poissons | cie et la Cie In Verso. Horaires : jeu-sam à 19h, ven à 20h30, et dim à 17h thonon-évian MAISON DES ARTS, ESPACE MAuRICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 1.4., Evian : DE PASSAGE de Stéphane Jaubertie, m.e.s. J. Bert u 3.4. : CéCILE MCLORIN SALVANT, jazz u 7.4. : ENTRE LES ACTES de Virginia Woolf, m.e.s. Lisa Wurmser u 9 et 10.4. : CONCERTO POuR DEux CLOWNS de et par Julia Moa Caprez et Igor Sellem u 11.4., Evian : ORCHESTRE DES PAYS DE SAVOIE, dir. Nicolas Chalvin. SANJA ET LIDIJA BIZJAK, piano (Mozart, Falla, Honegger, SaintSaëns) u 14 et 15.4. : LES TROIS PETITS COCHONS de Noëlle Revaz, m.e.s. Georges Grbic u 29 et 30.4. : LA DOuBLE INCONSTANCE de Marivaux, m.e.s. René Loyon a g . 29 et 30 avril 2015 Billetterie en ligne : billetterie.mal-thonon.org/ vevey LE REFLET - THéâTRE DE VEVEY, à 20h, sauf mention contraire (billetterie sur www.lereflet.ch) u 24.4. : LA BIBLIOTHèquE, chor. Fiona Hirzel, Compagnie Envol, cirque u 24.4. : Arts & Lettres. ADAM LALOuM, piano (Bach - Schumann). Salle del Castillo à 19h30 (loc. + 41 21 925 94 94) u 26.4. : LA BOîTE à GANTS de et m.e.s. Clément Paré et Grégory Truchet ORIENTAL-VEVEY, rue d’Italie 22 (rés. 021/925.35.90, www.orientalvevey.ch) u 22 au 26.4. : CH.Au - THE MuSICAL, par la Cie Ch.Au. Oriental-Vevey, rue d’Italie 22, mer-jeu-ven à 20h, sam à 19h, dim à 17h30 (rés. 021/925.35.90 ou www.orientalvevey.ch) villars s/gl. ESPACE NuITHONIE, à 20h (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51) u Du 22 au 26.4. : BLANCHE-NEIGE, dir. Jérôme Kuhn, m.e.s. Julien Chavaz u Du 23 au 25.4. : POuR LE MEILLEuR ET POuR LE PIRE par le Cirque Aïtal u Du 24.4. au 2.5. : LES ARBRES PLEu- e n RENT-ILS AuSSI ? Par la Compagnie Fabienne Berger u Du 30.4. au 1.5. : FARNIENTE par la Compagnie un Air de Rien, m.e.s. Sandra Gaudin yverdon THéâTRE BENNO BESSON (loc. 024/423.65.84) u 9.4. : BELCEA quARTET, Corina Belcea et Axel Schacher, violon, Krzysztof Chorzelski, alto, Antoine Lederlin, violoncelle (Haydn, Britten, Brahms) u Du 22 au 28.4. : FARNIENTE de la Compagnie un Air de Rien, m.e.s. Sandra Gaudin THéâTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle u 17.4. : SOFA, par la Compagnie du Cachot, improvisation u 18.4. : LE CRI quOTIDIEN par la Compagnie Les Anges au Plafond, dès 6 ans u 18.4. : OBJECTION VOTRE HONNEuR !, par la Compagnie du Cachot, improvisation u 23.4. : SéRIE SHAKESPEARE par Les arTpenteurs u 24.4. : MMMH !, chanson u Du 29.4. au 1.5. : ITALIE-BRéSIL 3 à 2 de Davide Enia, m.e.s. Alexandra Tobelaim d a BARBARA, L’ÂGE TENDRE AVEC AUDE CHOLLET ADRIAN FILIP MERCREDI 15 & JEUDI 16 AVRIL, 19H LE POCHE VAËNA’S PROJECT MATHILDE DE VÉRONIQUE OLMI AVEC CHRISTIAN GREGORI FRANÇOISE COURVOISIER SAMEDI 18 AVRIL, 19H LE POCHE COMPLÈTEMENT DUTRONC AVEC CASTOU CHRISTINE VOUILLOZ CÉLINE NIDEGGER PATRICIA MOLLET-MERCIER KATHIA MARQUIS BASTIEN SEMENZATO JULIEN TSONGAS ANTONY METTLER MARDI 14 AVRIL, 20H30 LE POCHE AVEC SÉVERINE VAËNA JÉREMIE CREIX CLAUDE-ALAIN BURNAND PATRICK PERRIER FRANCIS STOESSEL VENDREDI 17 AVRIL, 20H30 LE POCHE DIS-LUI BIEN QUE TU VIENS DE MA PART! JOYEUX BORDEL AVEC BÉRANGÈRE MASTRANGELO PHILIPPE MATHEY LEE MADDEFORD MARDI 28 AVRIL, 20H30 DE ET PAR DAVID GOBET MISE EN SCÈNE ALEXANDRA THYS LE POCHE MARDI 21 AVRIL, 20H30 & MERCREDI 22 AVRIL, 19H LE POCHE EXCUSEZ-MOI DE ET PAR PIERRE MISEREZ VENDREDI 24 AVRIL, 20H30 & SAMEDI 25 AVRIL, 19H LE POCHE L’INTIME DU LARGE DE ET PAR FABIENNE GUELPA JEUDI 23 AVRIL, 19H LE POCHE WINTERREISE DE SCHUBERT AVEC CLAUDE DARBELLAY MICHÈLE COURVOISIER JEUDI 30 AVRIL, 19H SIX SONATES D’ISAŸE LE POCHE LA JETÉE DES ESPOIRS DE ET PAR SERGE MARTIN MERCREDI 29 AVRIL, 19H LE POCHE AVEC MARTIN REINMANN MARDI 5 MAI, 20H30 LE POCHE PARADISE NOW ! DE ET PAR VINCENT BONILLO & FANNY PELICHET TEXTE JULIE GILBERT SAMEDI 2 MAI, 19H LE POCHE LES LE S SINGUS INGULIÈRES LI ÈRES LE POCHE GENÈVE, L EP OCHE G ENÈVE, THÉÂTRE VIEILLE-VILLE TH ÉÂT ÂTRE EN V IEILLE-VILLE www.lepoche.ch w ww.lepoche.ch AVRIL MAI 2015 14 AV RIL > 9 M AI 2 015 SOIRÉES 14 S OIRÉES EXCEPTIONNELLES E XCEPTIONNELLES AU POCHE A UP OCHE ! LA SEPTIÈME VALLÉE TOI, L’IMBÉCILE, SORS ! DE GRISÉLIDIS RÉAL AVEC JULIE ALLAINMAT RÉNALD LABAN VENDREDI 8 MAI, 20H30 & SAMEDI 9 MAI, 19H LE POCHE DE JACQUES PROBST AVEC MARGARITA SANCHEZ ANNE VOUILLOZ JULIA BATINOVA JULIANA SAMARINE ROLAND VOUILLOZ JOSÉ LILLO CLAUDE VUILLEMIN RAOUL TEUSCHER MERCREDI 6 MAI & JEUDI 7 MAI, 19H LE POCHE