Une technique de valorisation du fumier : Le compostage en tas

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Une technique de valorisation du fumier : Le compostage en tas
S.U.A.D.
Chambre d’Agriculture du
Bas-Rhin
Une technique de valorisation du fumier
le compostage en tas
Lorsque la fertilisation est essentiellement d'origine organique comme en agriculture biologique, le
traitement des fumiers ou le compostage fait partie d'une pratique courante souvent réalisée à
l'épandeur à fumier par le passé.
Depuis une dizaine d'années des retourneurs d'andains d'origine autrichienne, et depuis peu
française permettent de faciliter le compostage des fumiers.
La technique du compostage
Le compost résulte de la transformation du fumier grâce à
l'aération par un ou plusieurs passages dans un hérisson. Cette
aération déclenche le processus de décomposition de la matière
organique par les micro-organismes. La transformation se
manifeste par une augmentation de la température. Après un
mois on obtient déjà un produit différent du fumier de départ, un
produit humifié, stabilisé et homogène : le futur compost.
Quelles sont les conditions de réussite ?
• L'aération et la structure du tas influencent la réussite du produit. Pour obtenir un bon compost il ne faut pas un produit trop sec
(ex. : fumier de cheval), ni un produit trop humide. La bonne humidité est celle d'un produit mouillé qui, pressé dans la main, ne
rend pas d'eau.
• Un bon produit de départ évolue favorablement.
Exemple: un fumier avec 6 à 8 kg de paille (brin long) par Unité Gros Bétail et par jour ou 4 à 5 kg de paille (brin court 4 à 5 cm)
par U.G.B. et par jour.
• Toutes les matières organiques ayant un rapport carbone sur azote C/N > 20 peuvent être compostées en tas.
Pour cela on peut utiliser un épandeur à fumier classique à poste fixe pour l'aération.
Un passage lors de la mise en tas associé à un passage au bout d'un mois permettent un bon compostage.
Le retourneur d'andains facilite ce travail et permet de multiplier les passages. C'est un matériel qui peut être utilisé en commun
par des groupements d'agriculteurs.
Au départ, il faut former des andains
Dimensions (m) Largeur
Hauteur Longueur
Structure normale 2,00
1,50
illimitée
Un andain de plus de 2,5 m aura du mal à évoluer
L'évolution du tas de compost
Au cours du compostage la masse totale est réduite d'environ 50 % essentiellement par
combustion du carbone et perte d'eau
Le volume du tas de compost diminue avec le temps, car les matériaux se tassent et sont
découpés en particules de plus en plus petites par les vers de terre, les insectes, etc. De
plus, il se produit des pertes de carbone sous forme de gaz carbonique. Les éléments
minéraux nécessaires aux plantes (phosphore, potassium, magnésium, calcium ... ) restent
présents dans le tas, mais, comme le volume de ce dernier diminue, le compost est de plus
en plus concentré.
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Une technique de valorisation du fumier
le compostage en tas
Le compostage, c'est l'assainissement du fumier
Les avantages du compostage :
• Suppression des odeurs désagréables
• amélioration de l'hygiène, réduction de la transmission des maladies
• réduction du pouvoir germinatif des mauvaises herbes
• conservation et amélioration de la valeur fertilisante
• activation de la vie du sol.
L'évolution d'un fumier sans oxygène entraîne de nombreuses pertes, surtout en
humus. Des essais menés en 1956 au cours desquels un compost de fumier a été
comparé à une fertilisation à base de fumier et à base d'engrais minéraux ont montré
que ce compost de fumier entraînait une augmentation du taux d'humus des terres
ainsi qu'une meilleure disponibilité du phosphore, du potassium et du magnésium.
Evolution du fumier dans un tas composté
comparé à du fumier épandu et enfoui dans un
champ (d'après Claude Bourguignon LAMS)
30 T de fumier/ha épandu et enfoui = 3 T d'humus/ha
30 T de fumier composté en tas = 10 T de compost = 5 à 6 T d'humus/ha
Grâce au compostage on peut assurer une meilleure valorisation du capital
fertilisant des engrais de ferme, mais attention il faut éviter le lessivage des
éléments fertilisants d'un tas en plein air.
Influence da la matière organique du compost
sur la vie microbienne
Mesurée par le GRAB( Groupe de Recherche en Agriculture Biologique),
la part d’agrégats stables dans le sol traduit bien l’activité des microorganismes du sol : le compost permet d’assurer une « vie du sol »
stable au fil des mois, beaucoup plus longtemps que le fumier ou qu’un
engrais vert.
Le retournement du tas, il favorise :
- l'aération (développer l'activité microbienne, c'est augmenter la température dans le tas)
- l'émiettement
- l'homogénéisation.
il peut se réaliser à l'aide :
- d'un chargeur frontal (aération par paquet)
- d'un épandeur (bonne aération) mais nécessite beaucoup de temps et de
manipulations
- d'une composteuse ou retourneur d'andain (bonne aération) très rapide.
Le retournement influence directement l'évolution, tout dépend du moment et
du nombre de retournements.
Le meilleur moment pour retourner le tas :
• teneur en 02 < 5 % • teneur en C02 > 36 % • température > 65°C.
L'objectif de cette manipulation vise le maintien du tas à 50°C pendant 3
semaines et évite ainsi les échauffements du tas qui ne doivent pas dépasser
65°C.
Dès que la température dépasse 55° C on enregistre des pertes (azote
gazeux) à 70°C on observe 10 à 15 % de pertes en azote.
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le compostage en tas
Les pertes par eaux de ruissellement
peuvent être importantes pour l'azote et la
potasse .
• l'azote (N) pertes moyennes de 10 %
• la potasse (K20) les pertes peuvent aller au-delà de 40 %
(données de la Gesamtshochschule de Kassel-Witzenhausen
(RFA)).
De fortes pluies peuvent tomber sur le tas dès la fin de la phase de
ralentissement de l'activité microbienne (dès que la température
baisse), ceci justifie l'intérêt de recouvrir le tas.
Les différents types de couvertures :
• paille
• feutre à compost (qui laisse passer l'air)
• couverture de repousse (colza - légumineuse)
• sous toit et sur aire bétonnée.
Comment améliorer un fumier avant
compostage ?
Il ne sert a rien de composter un produit trop humide ou
trop sec.
Fumier trop humide
ajouter des "absorbants" d'eau qui fixent les éléments :
• pailles, ou mélanger à un fumier sec (exemple : fumier de cheval)
• copeaux ou écorces de bois déchiquetées
(attention ! pas de résineux, pas de .chêne)
• poudres de roche absorbant aussi l'eau et amènent des éléments minéraux (P
K Hg Ca) selon l'origine (ex. phosphate naturel).
Fumier trop sec
il faut l'humidifier : • lisier ou purin
• eau.
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le compostage en tas
Quelle utilisation pour le compost ?
Le fumier composté peut être utilisé facilement, c'est un produit homogène (qui se répartit bien) que l'on utilise à faibles doses, 10 à 20 T/ha.
Sur prairie :
Le compost peut être appliqué en cours de végétation sans problème puisqu'il n'est pas préjudiciable à la flore et l'appétence de l'herbe n'est
pas réduite sur les prairies pâturées.
Sur les autres cultures :
Le compost peut être apporté sur les cultures soit au labour mais aussi sur la végétation (plus près des besoins).
L'objectif est d'amener des petites quantités mais sur l'ensemble de la surface tous les ans.
Le compost entretien l’activité des micro- et macro organismes du sol
Quel type de compost utilisera-t-on ?
Sur la culture en place:
• on épandra toujours un compost bien mûr.
Sur sol nu:
• sur sol calcaire il faut utiliser un compost mûr puisque la
minéralisation est lente.
• sur sol sableux on peut utiliser du fumier pailleux peu évolué, surtout
au printemps, l'évolution et la minéralisation seront rapides.
Intérêt technico-économique
Par rapport à l'utilisation du fumier, le compost est économiquement
intéressant, la diminution des volumes à épandre (et les intérêts
phytotechniques du compost) compense le coût de la technique et par
l'augmentation du taux d'humus des terres ainsi qu'une meilleure
disponibilité du phosphore, du potassium et du magnésium.
références :
S.U.A.D. Bas-Rhin - Institut ITAB
mais aussi FIBL(Suisse), l'Université de Kassel (All.)
et l'Université libre de Bruxelles (Belgique).
Financement Conseil Général du Bas-Rhin