Pasolini essay 2013 - a third floor production
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Pasolini essay 2013 - a third floor production
La chanson traditionnelle italienne dans l’œuvre cinématographique de Pier Paolo Pasolini La musique populaire n’a pas d’histoire ; son niveau culturel se pose hors des événements historiques ; elle est toujours pré historique. Même quand on connaît la date de naissance, sa location est toujours en dehors de l’histoire. – Pier Paolo Pasolini1 Pier Paolo Pasolini s’avère incontournable dès que l’on aborde la poésie ou le cinéma italien. Il apparaît moins souvent dans le contexte de la musique traditionnelle italienne. Nous espérons montrer comment son appel aux musiques populaires comme bande sonore pour ses films est un cas intéressant quand l’on veut considérer le rapport entre le passé et la musique. Autour du vingt-cinquième anniversaire de la mort de Pasolini, sont sortis trois ouvrages sur la musique dans son œuvre cinématographique.2 Ajoutons à ceux-ci une tesi di laurea de l’an 20003 et nous sommes en présence d’à peu près deux mille pages.4 Il paraît qu’actuellement ce thème suscite un intérêt non négligeable. Parmi ceux que nous avons pu consulter, il n’y a que Roberto Calabretto qui a soulevé la question du rôle de la musique dite populaire ou traditionnelle dans les films de Pasolini.5 C’est une problématique digne des recherches approfondies et quoique nous ne saurions pas en faire autant ici, nous espérons examiner certains aspects de la musique populaire dans ce corpus cinématographique.6 1 [I] Entretien reproduit dans PASOLINI, Pier Paolo, Le regole di un illusione, p. 274. Les citations que nous avons traduites de l’italien ou l’anglais sont indiquées par [I] ou [A] dans la note de bas de page accompagnatrice : les citations sont données en langue originale dans l’appendice. 2 CALABRETTO (1999) ; FREITAG ; MAGALETTA. 3 GERARDO MY. 4 Nous signalons ici un colloque qui, bien qu’axé plutôt sur l’esthétique et la littérature de Pasolini, indique que cet intérêt actuel ne réside pas exclusivement en Italie ou en Allemagne : Pier Paolo Pasolini : Pour une anthropologie poétique. Colloque du 8-9 mars 2002 à l’Université de Paul Valery-Montpellier III. [Actes à paraître édités par BIANCOFIORE, Angela]. 5 Malheureusement, nous attendons toujours l’arrivée du livre de MAGALETTA à la Bibliothèque Nationale à Paris. Le livre n’est pas catalogué ni à la British Library, Londres ni à la Biblioteca Nazionale, Florence. 6 GERARDO MY constate : [I] « en dépit du grand nombre de recueils et articles dédiés au cinéma pasolinien […] on se trouve dans la présence d’une lacune dans la bibliographie sur l’auteur, ce qui est démontré par les très récentes études vouées au rôle de l’élément musicale dans le cinéma de Pasolini » (« Conclusion », 2e paragraphe). Aidan O’Donnell 1 Ayant présenté un survol de toute la musique utilisée dans les films de Pasolini ainsi que son expérience musicale, nous considérerons la fonction des chansons dans ses films et nous en esquisserons la provenance de quelques-unes. Son approche à la culture italienne traditionnelle - surtout dans le contexte de l’ethnomusicologie italienne de l’après-guerre - sera prise en compte tout en essayant de déceler le rapport entre le passé et l’utilisation de ce répertoire dans un médium décidément moderne. La musique dans les films de Pasolini peut se diviser en deux grands groupes : celle composée pour le film ; celle qui existait déjà. La musique produite exprès pour ses films fut fournie par des compositeurs tels que Gato Barbieri7, Benedetto Ghiglia, Ennio Morricone, Carlo Rustichelli et Piero Umiliani. Cette musique est souvent de la musique instrumentale / orchestrale mais il y a aussi du free jazz ainsi qu’un corpus de chansons écrites pour les films8. Ce qui nous intéresse ici est son appel aux musiques pré existantes, qu’il exploita à partir des enregistrements, qu’il fit arranger par ses collaborateurs musicaux et, surtout, qu’il présenta directement à travers les personnages de ses films. Dans cette musique réappropriée, nous trouvons un grand éventail de genres. Il y a — cette partie étant vraisemblablement la plus importante — les compositeurs dits savants9 : Albinoni ; Beethoven ; Bach ; Chopin ; Donizetti ; Mozart ; Offenbach ; Orff ; Prokofiev ; Puccini ; Alessandro Scarlatti ; Verdi ; Vivaldi ; Wagner.10 Le metteur en scène puise aussi dans la musique populaire. Il fait appel aux musiques traditionnelles (instrumentales ou vocales) en provenance de : L’Afrique du Nord ; l’Afrique centrale ; l’Angleterre ; la Bulgarie ; le Cuba ; l’Écosse ; l’Espagne ; les États Unis ; l’Inde ; l’Iran ; l’Irlande11 ; l’Italie ; le Japon ; la Macédoine ; La Roumanie12 ; la Russie ; le Tibet.13 Ne pouvant pas se permettre d’examiner ici son utilisation de toutes ces musiques nous nous intéresserons à son exploitation de la chanson italienne. Ayant donc fait cette délimitation il nous reste huit films : Accattone (1961) ; Mamma Roma (1962) ; La ricotta (1963) ; Comizi d’amore (1964) ; Uccellacci e uccellini (1966) ; Il 7 Il s’agit de la musique improvisée par un quatuor de jazz (dont Barbieri assura le saxophone) pour le film Appunti per un’Orestiade africana. 8 La chanson d’introduction pour Uccellacci e uccellini ou Cosa sono le nuvole? pour le film du même nom en sont des exemples. 9 Pasolini s’est fait critiquer sur plusieurs occasions à propos de son recours à la musique savante. Voir GELMETTI (p. 57) : [I] « Une utilisation dé historicisant de la musique », « une espèce de chaos informatique ». Considérons aussi les propos de Massimo MILA (ADORNO & EISLER, p. 10) : [I] « …un lieu commun depuis que Pasolini a utilisé les chorales sublimes de la Passion selon S. Mathew pour les scènes les plus dépravées de la misère humaine dans Accattone ». Morricone aussi, s’est plaint de ce qu’il voyait comme un mode (BERTINI, p. 171) : [I] « Ben, après Accattone malheureusement, tout le monde s’est mis à utiliser Bach dans les films et l’exploitation de Bach s’est dégénérée… ». 10 On renvoie le lecteur à l’ouvrage de CALBRETTO (1999) pour les données exactes sur les extraits musicaux exploités par Pasolini. 11 Dans le cas des enregistrements irlandais nous voyons l’apport des recueils d’Alan Lomax et Seamus Ennis leurs enregistrements des années cinquante permirent à Pasolini d’exploiter des musiques traditionnelles comme bande sonore pour I Racconti di Canterbury. 12 Dans le cas des mélodies roumaines il s’agit des arrangements par Luigi Malatesta et ce cas tombe donc quelque part entre nos deux parties - étant d’une part une musique traditionnelle existant déjà mais en même temps une musique « composée » pour le film. 13 cf. le note de bas de page 11. Aidan O’Donnell 2 Decameron (1971) ; I Racconti di Canterbury (1972) ; Salò o le 120 giornate di Sodoma (1975). Il en sort un corpus d’une vingtaine de chansons.14 Nous voudrions évoquer brièvement les connaissances et les attitudes musicales de Pasolini afin de dresser l’arrière plan des choix qu’il fit en dirigeant l’élément musical de ses films. Mis au violon à quatorze ans et ensuite au piano, ces pratiques ont été importantes dans la vie de Pasolini adolescent mais n’ont pas duré longtemps. Néanmoins, son penchant pour la musique de Bach donna lieu à deux écrits intitulés Il Siciliano. Schede sulla Sonata n. 1 in Sol minore et Studi sullo stile di Bach quand il avait une vingtaine d’années.15 Contemporain à ses activités instrumentales il monta une chorale pour chanter des villotte dans le dialecte de sa région Friule.16 La chorale en chantait aussi bien des vieilles que des originales - ces dernières étant basées sur des textes friulians de Pasolini - et se produisait en concert sur au moins deux occasions17. Quoi qu’il en soit, il se montrait assez conservateur dans la sélection de la musique savante pour ses bandes sonores, puisant particulièrement dans les maîtres baroques (surtout Bach) et pendant longtemps il exprimait une méfiance quant à tout ce qui touchait à l’opéra. Selon son biographe, Siciliano : « Il aimait la musique du dix-huitième siècle et il ne s’intéressait pas au romantisme musical »18 Plus tard il s’intéressa à l’opéra et cet intérêt se renforça dès son amitié avec Maria Callas. Mais nous ne voudrions pas postuler une thèse du cinéaste comme profondément engagé avec la musique - que ce soit la musique dite « savante » ou celle dite « populaire ». Nous présentons plutôt, un cinéaste avec une expérience musicale valable - bien qu’assez brève.19 14 Nous exclurons aussi le film (et donc sa musique) Che cosa sono le nuvole ? : ayant consulté les dépôts normaux, ce film s’avère impossible à visionner. 15 Ces études sont présentes dans CALABRETTO (1999), p. 152-54 ; p. 161-62. 16 La villota se chantait à plusieurs voix et se basait sur les mélodies populaires - elle fut une forme minore du XVIe siècle dans la région autour de Venise. PIROTTA (2001, p. 669) la décrit comme : [A] « un espèce de chant lyrique en strophes de 8 ou 11 syllables qui s’avère maintenant rare autant monophonique que polyphonique ». 17 GERARDO MY, 1.1. 18 [I] SICILIANO, p. 434. 19 Vers la fin de sa vie il écrivit : « Ebbene, ti confiderò, prima di lasciarti, / che io vorrei essere scrittore di musica, / vivere con degli strumenti / dentro la torre di Viterbo che non riesco a comprare, / nel paesaggio più bello del mondo, dove l’Ariosto / sarebbe impazzito di gioia nel vedersi ricreato con tanta / innocenza di querce, colli, acque e botri, / e lì comporre musica / l’unica azione espressiva / forse, alta, e indefinibile come le azioni della realtà », Poeta delle ceneri (extrait), 1966-67, p. 2083-84. Aidan O’Donnell 3 II Il faudrait constater, dans un premier temps, que l’on n’a nullement affaire à un groupe de chansons homogène. Sont chantés dans ces films : – Des extraits d’un air d’opéra (repris par des personnages) – Des chansons munies d’un compositeur et parolier – Des corruptions de chansons munies d’un compositeur et parolier – Des chansons populaires napolitaines – Des chansons traditionnelles de la région de Campana – Des stornelli romains20 La présentation des chansons est variée : on entend le chant accompagné à la guitare, le chant à voix nue, un chant à l’unisson, une seule ligne mélodique partagée entre plusieurs chanteurs, des chants sifflés par une personne ou par un groupe, ainsi que un duel de chant. Les chansons forment en premier lieu un élément de l’arrière-plan auditif. Elles permettent au metteur en scène de créer une ambiance sonore - les scènes d’Il Decameron où une grande foule forme l’arrière plan à l’action (au marché, dans une ville quelconque etc.) s’appuient sur un mélange de voix, de bruits d’animaux, de moments de musique instrumentale, de cris et de chansons pour évoquer le chaos d’une ville à l’époque. Dans cet exemple (tiré d’une scène de marché), on devrait tenir compte du fait que des recueils de gridi ou « cris » furent édités depuis les années 1920 en Italie.21 La qualité du son n’est pas très bonne et les cris se font entendre simplement comme un élément du chaos sonore avec lequel la scène s’ouvre. On peut entendre six cris, qui cèdent, vers la fin de l’extrait, à une chanson. Exemple musical 1 : « scène du marché » (Il Decameron - Tingoccio e Meuccio). 57” Souvent une chanson agit comme leitmotiv. Certaines chansons reparaissent au sein d’un seul épisode ainsi qu’en d’autres épisodes du même film : tel est le cas avec Canto delle lavandaie del vomero qui reparaît plusieurs fois dans le premier épisode (« Andreuccio ») d’Il Decameron, mais qui revient aussi tout au long du film. Il s’agit d’un des éléments constants dans un film marqué par sa construction épisodique. Elles permettent aussi d’évoquer le côté régional de l’Italie où se déroulent ces films. Les Napolitains chantent Fenesta’ ca lucive e mo’ non luce dans Accattone et dans Il Decameron (Ciappelletto) quand ils veulent souligner leur origine napolitaine.22 On chante Canto delle lavandaie del vomero dans la rue quand la « sœur - perdue de vue 20 [I] « Stornello : chant populaire, particulièrement de l’Italie centrale, composé de deux endecasillabi précédés d’un quinario qui rime ou porte une assonance avec le deuxième, surtout avec l’invocation du nom d’un fleur dans le quinario » D OGLIOTTI, Miro et ROSIELLO, Luigi, lo Zingarelli 1998, Bologna, Zanichelli, 1998. 21 PRATELLA, F.B., Saggio di gridi, canzoni, cori e danze del popolo italiano, Bologna, Bongiovanni, 1919 ; CARAVAGLIOS, C., « Gridi di venditori napoletani trascritti musicalmente », Il Folklore Italiano, 1, 1925, p. 87115 ; « Il contenuto poetico ed il contenuto musicale nei gridi dei venditori ambulanti napoletani », Atti della Accademia Pontaniana, 62, 1932, p. 151-81. 22 Dans Il Decameron, Ciappelletto précède cette chanson avec la réflexion : « Napoli, Napoli mia! Soltanto chi ti perde te vo’ bene » (« Seulement celui qui te perde, t’aime »). Dans Accattone, les Napolitains se présentent comme des menaces d’ailleurs et ne sont pas, justement, de Rome. Aidan O’Donnell 4 depuis longtemps » d’Andreuccio lui conseille que « Ecco, adesso ti fai un bel sonno e domani mattina te ne vai. Napoli non è una città da girarasi di notte ».23 La chanson dans l’arrière-plan sert à renforcer l’idée qu’Andreuccio n’est plus chez lui. Cet exemple n’est pas d’une très haute qualité mais on entend néanmoins, une strophe de la chanson avant que le dialogue n’apparaisse. Il s’agit d’un des rares cas où le chanteur s’accompagne (ici, avec guitare) et la chanson se fait entendre dans l’arrière-plan quand le dialogue commence. Exemple musical 2 : Canto delle lavandaie (Il Decameron - Accattone). 48” La chanson peut aussi faire une partie intégrale du scénario. Le duel de chant avec lequel Mamma Roma commence en est un exemple.24 Ici la chanson n’est pas simplement un élément dans l’histoire, il s’agit d’une partie essentielle de l’histoire. Les chanteurs qui se regardent en même temps qu’ils essaient de se surpasser rappellent nombreuses traditions vocales, y compris le canto a chitarra de Sardegne.25 Dans cet exemple, le contexte est celui d’un mariage où une invitée (Mamma Roma) chante en premier au jeune marié et ensuite à la mariée : coupé par les contributions des autres invités. En écoutant cet exemple, on entend une des caractéristiques typiques du stornello romain, à savoir la structure de trois lignes, la première utilisant le formule « fior de… » (« fiore de menta / fleur de menthe » par exemple). Exemple musical 3 : Fiore de gaggia / Fiore de sabbia / Fiore de menta / Fior de cocuzza / Fiore de mmerda (Mamma Roma). 2’ 04” La chanson peut également - sans pour autant faire partie directement du narratif - y être liée au niveau du texte - déclenchée par un événement dans l’action du film. Barcarolo romano (qui sonne après la plongée réussite d’Accattone dans le Tiber) et Voja de lavorà vieneme addosso (quand Accatone part au travail) en sont des exemples. Elles sont toutes les deux chantées pour leurs textes car le premier raconte une histoire qui tourne autour du fleuve et le deuxième est une plainte d’un travailleur qui part au travail. Vu que la grande partie des chansons est diegétique, elles font presque toujours une contribution au narratif. Certaines chansons, il est vrai, sont non diegétiques : il y a du chant sicilien dans Comizi d’amore et « Zesa Viola / La Zita in cerca di un marito » s’utilise ainsi dans Il Decameron mais la grande majorité sont chantées par des personnages. Même quand quatre ragazzi ivres chantent « In priggione nun ce vengo » (Accattone), qui n’a aucun lien textuel, nous sommes renseignés sur les personnages et la chanson reste donc un élément dans le narratif. Un dernier exemple du rapport entre narratif et chanson est « Madonna dell’angeli » (Accattone), suscité par les propos d’un personnage (Balilla) sur les difficultés que 23 « Voilà, maintenant tu dors et demain matin tu t’en vas. Napoli n’est pas une ville à flâner la nuit ». Mamma Roma : « Fior de gaggia / quando canto io con allegria / mo’ se io dico tutto rovino ‘sta compagnia » ; Carmine : « Fiore de sabbia, / tu ridi, scherzi, fai la santa donna, / e invece in petto schiatti da la rabbia » ; Mamma Roma : « Fiore de menta / fermete lingua, ché ce sta n’innocente: / è mejo che nun veda e che nun senta » ; Sposa : « Fior de cucuzza / ‘na donna per ‘sti baffi andava pazza, / e adesso che li perde ce va in puzza »; Mamma Roma : « Fiore de merda / io me so liberata de ‘na corda / adesso tocca a ‘n’altra a fa la serva ». 25 Ou bien la tradition lausavisur en Iceland ou la tradition basque bersulari. 24 Aidan O’Donnell 5 représentent les femmes : « Eh, donne maledette! Prima te portano ar Cielo e poi…te lasciano là! ».26 Ici, on entend un personnage se mettre à chanter en réponse à ces propos et un deuxième personnage qui s’empare de la mélodie et poursuit la chanson. Exemple musical 4 : Madonna dell’angeli (Accattone). 20” Les chansons sont souvent très différentes en ce qui concernent leur propre histoire et deux exemples devraient illustrer ceci. Le premier est la chanson « La Sagra di Jarabub » qui fut une chanson populaire de la fin de l’ère fasciste (écrite ca. 1940). Elle raconte l’histoire d’un soldat qui ne veut pas de la nourriture - du plomb dans son fusil (ainsi que son patriotisme) lui suffira27. Dans Accattone (1961) la même chanson se présente transformée dans une demande pour un kilo de pastasciutta et la promesse du personnage crevant qu’il la mangera toute.28 La chanson « Canto delle lavandaie del vomero » (cf. exemple musical n° 2) par contre remonte au XIIIe siècle.29 Il s’agit d’une des chansons napolitaines les plus vieilles et bien qu’elle soit une chanson d’amour au fond, elle acquit une signification politique pendant la domination aragonaise du XVe siècle.30 Ces chansons avec leurs histoires particulières et leurs fonctions variées, présentent un côté de l’attitude de Pasolini à la chanson traditionnelle italienne. Cette même attitude se manifesta également ailleurs et nous nous pencherons maintenant sur le contexte autour du choix de ces chansons en ce qui concerne ses autres actions et tenant compte de l’Italie de l’après-guerre. 26 « Femmes maudites, en premier elles te portent aux cieux, et puis…elles t’y laissent ! ». « Colonnello, non voglio pane / dammi piombo del mio moschetto / c'è la terra del mio sacchetto / che per oggi mi basterà ». 28 “Colonnello non voglio pane / voglio un chilo di pastasciutta / so’ sicuro la magno tutta / nemmeno un filo ne lascerò” 29 CALABRETTO (1999), p. 508. 30 1442-1501. [I] « Pendant la domination aragonaise elle assuma un sens de protestation politique : derrière les récriminations de l’amoureux c’était facile de cacher la déception provenant de la non réalisation de tant de promesses du nouveau gouvernement ; et ‘moccaturo’ acquérit un sens de ‘fazzoletto, bout de terre’ » VETTORI, p. 321. 27 Aidan O’Donnell 6 III Alors en 1955, on était presque au début de la recherche, du recueil et de l’enregistrement de la musique populaire (alias paysan) italienne […]. – Diego Carpitella 31 Pendant l’ère fasciste en Italie, l’idée de l’étude des traditions populaires fut fortement promue par le gouvernement. Grâce à l’importance d’un concept du « peuple », le Museo nazionale delle arti e tradizioni popolari vit le jour en 1941. Cette attitude ne fut pas réservée à l’Italie et se manifesta aussi en Allemagne, en Finlande et en Russie.32 Mais en Italie, des revues se voulant scientifiques apparurent dès 1925 (Il Folklore Italiano, édité par un fasciste proclamé : Raffaele Corso) et 1930 (Lares). L’impulse derrière ces actions fut un nationalisme qui cherchait à construire une idée historique de l’Italie comme état et dans ce but, visait l’élimination des régions. Le directeur du Comitato Nazionale Italiano per le Tradizioni Popolari mit ces deux concepts en opposition quand, en 1934, il dit : Le Comitato cherche à animer et à encadrer les arts traditionnels et le folklore des provinces variées de l’Italie pour faire une vision unifiée et un cours d’action unifié. Le régime cherche à enlever toute forme et tout vestige des vieilles divisions régionalistes du contexte de la vie nationale. Quand le fascisme demande que l’on ne parle plus des régions en Italie, il a raison, parce que le régionalisme a été une des pestes de notre histoire.33 Des purges linguistiques eurent lieu - enlevant le mot folklore de la langue italienne en raison du k et le mot région des communications officielles comme un soutien au principe esquissé ci-dessus.34 Les décennies après la guerre ont vu naître en Italie, toute une infrastructure à l’égard des musiques traditionnelles35 - autant à travers les centres de recherche que les maisons de disques et des revues. Mais comme les propos de Carpitella (en exergue ci dessus) l’indique, la visite de Lomax en 1954 reste un point cardinal. 31 [I] Pris de son « Introduzione » à : BARTÓK, Béla, Scritti sulla musica popolare, Torino, Boringhieri, 1977. cf. SIMONE, p. 543-44 pour des références bibliographiques sur la manipulation de la recherche ethnologique par des états totalitaires du vingtième siècle. 33 [A] SIMONE, p. 546. 34 La lettre k ne fait pas partie de la langue italienne. 35 Grâce aux efforts de Georgio Nataletti et Giulio Razzi, le Centro Nazionale Studi di Musica Popolare fut fondé à Rome en 1948. S’enchaînèrent la visite de Lomax en 1954, le fondement du mouvement Cantacronache à Turin à la fin du même décennie et la parution des revues Il Nuovo Canzoniere Italiano (1962) et Canti sociali italiani (1963). Dans la même période l’Archivio etnico-linguistico-musicale (Aelm) entama ses activités au sein de la Discoteca di Stato et le Museo nazionale delle arti e tradizioni popolari commença un travail important quant à la musique. Par ailleurs, naquirent l’Instituto Ernesto De Martino à Milan en 1966 et, aux années soixante-dix en Lombardie, le Servizio per la cultura del mondo popolare. Les maisons de disque telles « Dischi del Sole », « Albatros » et « Fonit Cetra », quant à eux, ont assuré un support sonore incontournable. Aujourd’hui on trouve encore plus de centres de recherche ainsi que une Società Italiana di Etnomusicologia. L’enseignement de l’ethnomusicologie est présent dans les universités italiennes depuis trente ans maintenant - à Bologne depuis 1973 et à Rome depuis 1976. [Données résumées à partir des articles de LEYDI (1993), PIRROTTA (2001) et GALLO & MAGRINI (1982)]. 32 Aidan O’Donnell 7 En 1955 - un an après la tournée de Lomax - est apparu le recueil de poésie populaire de Pasolini. Avec la publication de Canzoniere popolari, Pasolini essuya des critiques à propos de l’absence de transcriptions mélodiques - il y donna simplement des textes qui, pour lui, tenaient de l’intérêt en tant que textes poétiques. Ceci n’était pas par mépris des mélodies populaires mais plutôt en raison de ses inclinations artistiques c’était bien un poète avant tout.36 Peu après la parution de son recueil il justifiait sa décision : « rappelle-toi qui chaque livre est un tout dans ses limites : le mien est un livre de poésie populaire, et une telle poésie - autant que je le sait - est tout à fait autonome à l’égard de la musique : qui ne sert pas à sa compréhension, au contraire… »37 et, avec un raisonnement peut-être plus convaincant : « J’étais d’accord avec Carpitella pour faire un appendice musical au recueil : mais ensuite c’était clair que la chose, si longue, ne servait à rien, et si c’était long, elle compliquait trop le travail - c’était un livre à part ».38 Il expliqua que son intérêt était esthétique, et que les préoccupations ethnologiques et scientifiques étaient autre chose : Celui de la musique est un problème esthétique d’un autre ordre : et si l’on le pose en rapport avec la poésie, il devient un problème scientifique - folklorique : quelque chose qui dépasse mes intérêts […]. Le peu d’exemples isolés [de recueils spécifiques de chansons de prison et de chansons teppa] que j’ai rencontré ça et là, ne me sont jamais parus beaux (et tu sais que j’ai adopté un canon esthétique, bien qu’il coïncide avec des valeurs documentalistes et historiques.39 Son intérêt pour les traditions populaires se poursuivirent quand il se déplaçait à l’étranger pour les tournages de ses films. Parfois, il faisait ses propres enregistrements sonores qui servaient pour ses bandes sonores : Je me trouvais à Katmandu, et je m’y trouvais parce que parmi mes hobbies, il y a celui de recueillir de la musique populaire. Je ne savais pas qu’exactement ces jours-là a Bhadgaon, il y avait une grande fête populaire et religieuse, correspondant plus ou moins à notre Pâques ou Noël. […] mon vrai intérêt envers tout ce que se passait était - pour un collectionneur de musique populaire - trop émotionnel et réel […].40 Quel qu’ait été son véritable rôle de collectionneur de musique traditionnelle, il est au moins clair que le cinéaste se concevait ainsi sur des occasions particulières. Nous savons en plus que souvent il connaissait très bien la provenance des chansons italiennes qui apparaissaient dans ses films.41 Quand le « Premier Colloque sur les études ethnomusicologiques en Italie » eut lieu vers la fin de 197342, Pasolini y assista43 et entendit le bilan de la recherche 36 Ainsi fait-il partie d’une tendance italienne à collectionner des textes en préférence aux mélodies. Cette tendance remonte à la fin du XIXe siècle - on pense par exemple à I Canti popolari del Piemonte (1888) de Constantino Nigra. 37 [I] Lettere, le 6 janvier 1956. 38 [I] Ibid., le 18 janvier 1956. 39 [I] Ibid., le 6 janvier 1956. Les italiques sont de notre part. 40 [I] PASOLINI, (1992), p. 45. 41 Dans le chapitre « Poesia folclorica e canti militari » de Canzoniere popolari il discute de la provenance d’Addio mia bella addio et, dans le chapitre précédent « Italia meridionale », de Fenesta’ ca lucive e mo’ non luce. 42 CARPITELLA, Diego (éd.), L' etnomusicologia in Italia. Atti del "Primo Convegno sugli studi etnomusicologici in Italia", Roma, 29.XI-2.XII.1973, Palermo, Flaccovio, 1975. Aidan O’Donnell 8 ethnomusicologique italienne. Il a du se sentir acteur dans les mêmes domaines que les ethnomusicologues - bien que nullement dans la même façon. On est sûr, au moins, qu’il partageait certaines inquiétudes avec eux. Pour Pasolini, le consumérisme et l’acculturation étaient en train de réussir ce que le fascisme avait souhaité installer : l’anéantissement des cultures multiples et régionales de l’Italie. Aucun centralisme fasciste n’a réussi à faire ce qu’a fait le centralisme de la culture des consommateurs. Le fascisme proposait un modèle, réactionnaire et monumental, qui néanmoins restait une idée morte. Les cultures particulières variées (paysanne, sousprolétariate, ouvrière) continuaient tranquillement à se conformer à leurs anciens modèles : la répression se limitait à leur adhérence à des paroles. Aujourd’hui, par contre, l’adhésion aux modèles imposés par le Centre, est totale et inconditionnée.44 Il s’agissait d’un thème bien cher à Pasolini - qui ne sous-estimait point sa gravité: « Pourquoi cette tragédie dans au moins deux tiers de l’Italie ? Pourquoi ce génocide dû à l’acculturation imposée malicieusement par les classes dominantes ? ».45 Lomax avait déjà en parlait : Les paysans de l’Italie aussi, comme ceux de l’Amérique et de l’Espagne, ont un goût musical, et eux aussi voudraient entendre leurs chansons. Alors qu’aujourd’hui ils sont tenus au silence des enceintes des écrans cinématographiques, des appareils radio et télévision. Petit à petit, à contrecoeur, ils renoncent aux belles anciennes chansons et ils apprennent des mauvaises imitations des chansons hollywoodiennes, parisiennes ou sud-américaines.46 Mais Pasolini avait encore d’autres préoccupations : vers la fin de sa vie, il écrit sur la particularité des cultures populaires urbaines, surtout à l’égard de ce qu’il appelait le « sous-prolétariat »47. Prenant la personne d’Ernesto De Martino, il s’interrogeait sur le pourquoi du manque d’intérêt scientifique envers des cultures populaires urbaines : C’est vraiment dommage que De Martino - au lieu de s’occuper des cultures populaires de la Lucania - ne se soit jamais occupé des cultures populaires de Naples. D’ailleurs, aucun ethnologue ni anthropologue ne s’est jamais occupé, avec la même précision et absolutisme scientifique utilisé pour les cultures populaires paysans, des cultures populaires urbaines. Une étude comme celle de Levi-Strauss sur quelques petits peuples sauvages est inconcevable pour le peuple de Naples, par exemple.48 Il n’est pas difficile de trouver des propos qui résument les intérêts ethnomusicologiques comme essentiellement non urbains. Adelaide Reyes-Schramm cite Kunst et Nettl en expliquant la provenance de cette attitude : Un des déterrents principaux à l’étude de la musique dans les régions urbaines a été l’idée tenue depuis longtemps du matériau de l’ethnomusicologie : ‘toute musique folk et musique 43 SASSU, Pietro dans un entretien avec Roberto Calabretto (Udine, 23 octobre 1995). CALABRETTO (1999), p. 185. 44 [I] PASOLINI, « L’acculturazione e l’acculturazione », p. 22. 45 [I] PASOLINI, « Il genocidio », p. 229. 46 [I] LOMAX, p. 6. PIRROTTA (2001, p. 666) nous confirme cette menace avec un exemple particulier : [A] « à partir des années 1950, les ballades des femmes ont souffert un décroissement progressif suite à la migration massive de la campagne vers les villes, et le désintégration des familles multiples à familles dispersées ; ceci marqua la fin des occasions collectives pour le chant et pour l’échange entre femmes. » 47 Sottoproletariato. 48 [I] PASOLINI (1975), p. 230. Aidan O’Donnell 9 de tribu et toute sorte de musique non occidentale’ (K UNST). La stipulation ‘non occidentale’, mise ensemble avec une préoccupation forte pour ‘l’authentique’, par lequel était entendu ‘tout ce qui est vieux, tout ce qui ne change pas…immune au monde moderne’ (NETTL) a eu un effet spécifiquement puissant [...]. 49 On pourrait dire qu’autant que les ethnomusicologues faisaient abstraction de l’Italie du Nord pendant longtemps pour privilégier le Sud dans leurs recherches, l’idée des musiques urbaines souffrait tandis que les chercheurs enquêtaient après « la plus authentique » auprès des communautés rurales italiennes. Il s’agissait néanmoins d’une réaction tout à fait normale face à la folklorisation qui se trouvait dans les villes de l’époque. Les chansons des films de Pasolini par contre, plusieurs étant urbaine et dans leur provenance et dans leur présentation dans les films, proposent l’importance du sottoproletariato comme dépôt de la culture traditionnelle italienne et comme moyen de connaître le passé. Dans les films de Pasolini, surtout ceux de la période dite « sous-proletériate » et ceux de la série Trilogia della vita, il puise dans la musique traditionnelle (et particulièrement la chanson traditionnelle) comme moyen de raconter des histoires qui privilégient des personnages italiens marginalisés. Il méprend souvent l’origine temporelle de la musique populaire dans ces films. Non pas simplement avec les chansons dont nous avons discuté ici, mais aussi avec d’autres genres musicaux (Les premières esquisses pour une ré interprétation d’une tragédie grec s’accompagnent du free jazz50 ; un Dies Irae du douzième siècle se trouve déplacé à un accordéon sur le tournage d’un film51). L’attitude de Pasolini au passé, peut-être naïve, identifiait un lien entre les cultures italiennes marginalisées et ceux des pays non européens et pré industriels : la chanson traditionnelle lui a permis de puiser dans cette musique italienne pour répondre à ce qu’il percevait comme l’oppression du fascisme et, plus tard, de l’acculturation. Les chansons sont rarement divorcées des activités des caractères. Elles sont présentées comme une partie intégrale de la vie. Elles sont des « chansons en contexte » qui souvent apparaissent sans accompagnement - et fréquemment il y a simplement quelques lignes. Elles sont diegétiques (elles sont chantées dans le film) et rarement sont-elles non diégetiques (comme bande sonore de l’arrière-plan). Elles sont liées au narratif au niveau du texte et permettent un rôle pour la richesse linguistique des régions italiennes. Dans les premiers films « sous-proletériat » les chansons sont souvent dans le dialecte romain et avec Il Decameron, souvent dans le dialecte napolitain. Ainsi font-elles partie de son opposition aux idées centralistes. Comme moyen de renforcer son idée que la musique traditionnelle existait hors de l’histoire et suivant la recommandation de Roberto Leydi (voir ci-dessus) Pasolini puisait dans les premières enquêtes de terrains ethnomusicologiques. Il se servait du travail de Lomax et Carpitella en Italie, celui de Seamus Ennis en Irlande et Peter Douglas Kennedy au Royaume Uni. Les enregistrements disponibles grâce à 49 [A] REYES-SCHRAMM, p. 2. Les références ont été enlevées de cette citation et sont : KUNST, Jaap, Ethnomusicology, 3e éd., The Hague, Martinus Hijhoff, 1969, p. 1 ; NETTL, Bruno, The State of Research in Orally Transmitted Music. 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Donizetti 1832 Mamma Roma (L’elisir d’amore) Stornelli romains Fiore de gaggia/ Fiore Stornelli --Mamma Roma de sabbia/ Fiore de menta/ Fiore de cocuzza / Fiore de mmerda In priggione nun ce Stornello --Accattone vengo Me ne vojo annà verso Stornello --La ricotta Terracina Voja de lavorà vieneme Stornello --Accattone addosso Chansons militaires / des partisans Sul ponte di Perati Canto militare coll. 194453 Salò o le 120 giornate di Sodoma Scarpe rotte Canto popolare Uccellacci e uccellini partigiano Chansons napolitaines Fenesta’ ca lucive e mo’ Giulio Genoini XVIe century Il Decameron ; Accattone non luce Guglielmo Cottrau / ; I Racconti di Canterbury 54 Mariano Paolella 1854 Canto delle lavandaie Canto napolitano XIIIe century Il Decameron 52 ca. 1848-59 PASOLINI (1955), p. 399. 54 CALABRETTO (1999), p. 544 (note de bas de page 6): L’histoire de cette chanson est liée à celle de « La Baronessa di Carini ». 53 Aidan O’Donnell 19 del vomero Chansons de la région Campana La cammesella Chansons --traditionnelles La zuppa l’è cotta --campana Canto dei portatori --Canto delle olivare --Zesa Viola / La Zita in cerca di un marito Aidan O’Donnell Il Decameron La Riccotta Il Decameron Il Decameron Il Decameron 20